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Les sédiments anthropiques

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<strong>Les</strong> sédiments <strong>anthropiques</strong> – Méthodes d’étude et perspectives 469crottes a pour autre conséquence d’augmenter la fréquence,extrêmement faible dans les dépôts actuels, desdents lactéales rhizolysées perdues par les animaux sur lelieu du parcage (Helmer 1984).Le second mode de minéralisation des accumulationsorganiques issues de l’élevage est le brûlage. <strong>Les</strong> enquêtesethno-archéologiques indiquent qu’autrefois lesbergers y mettaient le feu dans le but d’assainir la bergerieen cas de maladie du troupeau. Aujourd’hui, cettemotivation a disparu et le brûlage n’est plus effectué quepour réduire le volume des fumiers accumulés, sansavoir à les extraire manuellement.La période de mise à feu est, semble-t-il, toujours ledébut de l’automne, après une longue période d’inoccupationet de séchage, en préalable à une nouvelle utilisationde la bergerie. L’allumage est facile : on ajoute un peu depaille ou des branches à quelques plaques soulevées etmises en tas. La combustion ne produit pas en un feu vif,avec flammes, mais se réduit à un feu qui couve et progresselentement ; un feu de profondeur au sens deA. Metro (1975). <strong>Les</strong> avis convergent pour reconnaîtrequ’il serait très difficile de l’arrêter une fois allumé. Lacombustion dure très longtemps (deux mois pour la dernière,dans la grotte 2108A représentée figure 10).Le sol de la bergerie est alors couvert d’une couche decendre très poreuse ; le feu a épargné les secteurs les plushumides (proches des parois, sous les égouttoirs) qui subsistentsous la forme des banquettes et de petits îlots(fig. 10, planche photo 2l) surplombant d’une trentaine decentimètres la surface du sol. Cette hauteur varie, évidemment,avec l’hydratation. Le contact cendre/fumier est soulignépar un mince horizon charbonneux noirâtre rougissanten profondeur. Banquettes et accumulations cendreusessont rapidement recouvertes par une nouvelle couche decrotte au cours de la nouvelle utilisation de la bergerie,alors que se poursuit la lente réduction de volume des dépôtsnon brûlés déposés antérieurement. La figure 9 détaillel’évolution séculaire de ces stratigraphies. On y remarquel’importance relative grandissante que prennent les horizonsbrûlés dont l’épaisseur, qui évolue peu, est compriseentre le tiers et la moitié de l’épaisseur de départ ; end’autres termes, les horizons brûlés correspondants à une(ou quelques) année(s) occupent une épaisseur équivalenteou supérieure aux horizons minéralisés lentement déposéspendant des dizaines d’années voire des siècles. Laperception du temps dans de telles séquences reste doncextrêmement difficile.C’est dans ces horizons brûlés, bariolés et poreux, queles crottes peuvent, éventuellement, être fossilisées. Ellesrestent cependant difficilement attribuables à un animalparticulier tant est grande la variabilité saisonnière. Ce n’estque sous le microscope, en lame mince, que certainesstructures (convolutées ou « en dentelle », à pores aplatiset parallèles ; planche photo 2g, h et i) semblent pouvoirdifférencier les chèvres et les moutons des bovins (Brochieret Claustre 2000, Guélat et al. 1998). Inversement, si lesstructures sont bien fossilisées par le brûlage, leurs élémentsconstitutifs ne le sont pas : les sphérolites, lorsqu’ilssont préservés, sont devenus opaques et l’opale végétale estsoit très dégradée soit fondue.Le brûlage des accumulations de crottes, lorsqu’il est volontaire(des cas de brûlages en grotte déclenchés par lafoudre sont connus), a quelques conséquences archéologiquesimportantes : il implique une utilisation intermittentedu site, autrement dit, que celui-ci est une étape dansle mouvement cyclique annuel d’une partie (ou d’une)communauté agro-pastorale ; plus localement, il impliqueque les amendements n’étaient pas utilisés dans les cultures,que celles-ci soient absentes (s’il s’agit d’un site spécialisédans une activité unique) ou que l’intérêt de la fumuredes champs ne soit pas perçu.Le problème des litières est un problème difficile étudiéen détail à partir des dépôts holocènes récents de la Caunade Bélesta (Brochier et Claustre 2000 et planche photo 2jet k). L’ajout de litière pourrait être une pratique aussi ancienneque le Néolithique. Il reste cependant très difficilede le différencier d’une autre pratique, tout aussi banale :le nourrissage. L’ambition est sans doute d’ailleurs illusoirepuisque, de l’avis même des bergers, les fourrages souilléspar les animaux jouent le rôle de litière.Nous avons évité, jusqu’ici, d’employer le terme fumierque tous les lexicographes s’accordent à définir comme unmélange d’excréments animaux et de litière utilisécomme engrais ou, plus largement encore, comme n’importequelle accumulation de produits végétaux et animauxen voie de putréfaction. S’ajoute à ces sens agronomiques,le sens archéologique, comme dans l’expression « fumierlacustre », désignant un dépôt à dominante organique decomposition extrêmement variée, d’origine aussi bien domestiquequ’animale. On mesure à quel point l’emploi dece terme peut créer de confusion. Si l’on veut détailler unjour aussi bien les techniques d’élevage que l’histoire desfaçons culturales, des termes sans ambiguïté sont nécessaires.Il nous semble en particulier urgent, devant l’accumulationde données géoarchéologiques, de bien différencierles accumulations brutes d’excréments d’herbivores(simplement compactées) de celles dans lesquellesl’homme a introduit, quelle qu’en soit la finalité, des restesvégétaux. Si l’adjonction de paille, de feuilles, etc. est clairementétablie (litière) et bien qu’il soit difficile de diffé-

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