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Les sédiments anthropiques

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462 GÉOLOGIE DE LA PRÉHISTOIREhumaine et/ou animale des zones humides, c’est avanttout dans l’approche micro-chronologique qu’elles sontutiles au géoarchéologue.De l’information ponctuelle, anecdotique,à la zonation et à l’évolution.La technique de préparation décrite plus haut se prêtebien à l’estimation semi-quantitative des différents constituants.On peut utiliser une échelle à cinq classes d’abondance: 0 – absent, 1 – présent, 2 – rare, 3 – moyen et4 – abondant. Une sixième classe – dominant – est parfoisnécessaire dans les sites d’abris sous roche ou de grottedans lesquels quelques types de poussière forment, à euxseul, la majeure partie du sédiment.Il est également possible de traiter les fréquences absolues(n type x/g), plus laborieusement obtenues, en utilisantles méthodes mises au point par les palynologues : contrôledu poids et des volumes (Cour 1974) ou méthode baséesur l’adjonction d’une quantité connue de spores de lycopodesà l’échantillon (Stockmarr 1971).Que l’on choisisse l’option semi-quantitative ou quantitative,les décomptes de poussières (et les autres descripteursgéoarchéologiques) se prêtent parfaitement à l’analysestatistique. <strong>Les</strong> méthodes factorielles, AFC simples oumultiples et classifications hiérarchiques, débouchent surla détermination des faciès et sur la zonation géoarchéologique.L’analyse des correspondances multiples, en particulier,permet de croiser les informations hétérogènesissues de l’analyse géoarchéologique : information qualitative(chroma et value Munsell, par exemple), semi-quantitative(classes d’abondances des différentes poussières <strong>anthropiques</strong>ou détritiques) ou quantitative (résultatsd’analyses chimiques ou morphologiques). C’est grâce auxtechniques de l’analyse des données qu’il est possible d’obtenirune image synthétique des processus sédimentaires.Des critères de signification génétique ou dynamique inconnueprennent alors un sens. <strong>Les</strong> associations pertinentesde descripteurs, qui ne sont pas autre chose que desfaciès géoarchéologiques, sont propres à chaque site etdoivent être, en conséquence, à chaque fois reconstruites.Dans la séquence de Font-Juvénal, par exemple, les associationsdes descripteurs de la fraction limoneuse (poussières<strong>anthropiques</strong>) définissent trois faciès : les faciès decombustion (i.e. faciès d’habitation), les faciès de parcageet les faciès mixtes dans lesquels sont présentes en proportionéquivalente tous les types de poussières. Chacun de cesfaciès est caractéristique d’organisations et d’activités spécifiques.Reportés dans la stratigraphie (fig. 5), ils permettentd’effectuer une zonation géoarchéologique significativedes activités qui se sont déroulées dans le site.Il est souvent possible de trouver une signification, archéologiqueou environnementale, aux axes factoriels. Laposition des points échantillon sur ces axes permet alorsde restituer l’évolution de quelques paramètres fondamentaux.C’est ainsi, par exemple, qu’il a été possible d’obtenirune courbe synthétique d’évolution du degré d’anthropisationdu sédiment dans et à proximité du marais de laResclauze dans l’Hérault; d’obtenir, également, une restitutiondes débits de la source qui alimentait le marais entrele Néolithique ancien et l’époque romaine. Sur celle-ci(fig. 6) apparaissent très nettement trois périodes de crisesxériques : la première au Néolithique ancien entre 4500 et3900 BC, la deuxième au néolithique moyen vers 3400 BCet la troisième à l’époque romaine (l’assèchement est alorsdû à un captage). Si la troisième crise est anecdotique etclairement d’origine anthropique, les deux premières,mises en évidence dans d’autres sites du sud de la Franceou du nord de l’Espagne (elle y sont responsables de fortesérosions des formations superficielles) semblent être généraleset d’origine climatique.L’analyse canonique des correspondances (ACC) ouvre,quant-à elle, la voie à un croisement, réel et objectif, desdonnées géoarchéologiques et environnementales, pourpeu que l’on ait réalisé les échantillonnages conjointement.Poussières et micro-chronologieLe concept de couche archéologique, ou mieux d’unité archéologiqueminimale, est la pierre angulaire de toute démarchearchéologique. Dans les sites de milieu humide, lahaute résolution temporelle, atteinte grâce aux recherchesdendrochronologiques, autorise l’archéologue à aborderdes sujets centraux : démographie, cycles agro-pastoraux…(Lambert et al. 1983 ; Petrequin et al. 1998), aujourd’huiencore inaccessibles à partir des sites de milieu sec.<strong>Les</strong> exemples qui suivent illustrent le rôle que les poussières<strong>anthropiques</strong> peuvent jouer, en milieu sec, dans l’affinementde notre perception du temps.Arrêt de sédimentation<strong>Les</strong> sphérolites, les POCC, constitués de cristaux de très petitestaille, donc à grande surface spécifique, se sont révéléstrès sensibles à la dissolution. Handicap dans certains cas,ce caractère est particulièrement intéressant lorsqu’il s’agitd’obtenir, à des fins archéologiques, le découpage le plusfin des unités sédimentaires. <strong>Les</strong> hiatus que l’on peut ainsisouligner peuvent être brefs, parfois de l’ordre du siècle.L’échelle d’altérabilité que fournissent les sédiments <strong>anthropiques</strong>est la suivante : disparition des oxalates de calcium,disparition de la cellulose, disparition des sphérolites,disparition des POCC, et, enfin, corrosion puis

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