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B11b - de l'Université libre de Bruxelles

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UNIVERSITE LIBRE DE BRUXELLESFaculté <strong>de</strong> Philosophie et LettresEléments <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> l’orunguLangue bantu du Gabon (<strong>B11b</strong>)O<strong>de</strong>tte AMBOUROUEThèse présentée en vue <strong>de</strong> l’obtention dugra<strong>de</strong> académique <strong>de</strong>Docteur en Philosophie et Lettres; Orientation: LinguistiqueSous la co-direction <strong>de</strong> MesdamesBetty VANHOUDTClaire GREGOIREAnnée académique2006-2007


1INTRODUCTIONLes parlers du groupe myènè ont bénéficié d’un certain intérêt dans les étu<strong>de</strong>slinguistiques bantu. Toutefois, les acquis sont fragmentaires et portent sur <strong>de</strong>s pointsprécis <strong>de</strong> la langue. Aussi avons-nous choisi <strong>de</strong> réaliser une étu<strong>de</strong> globale <strong>de</strong> la langue,du moins <strong>de</strong> sa variante orungu qui, jusqu’ici, n’a quasiment pas été décrite.L’orungu, classé en <strong>B11b</strong> par Guthrie, est l’un <strong>de</strong>s parlers utilisés par un groupesocio-culturel qui se désigne sous le nom <strong>de</strong> Ngwè-myènè 1 ou sous celui <strong>de</strong> Myènè,dénomination administrative qui est <strong>de</strong> plus en plus employé. Cet ensemble regroupe lesMpongwè <strong>de</strong> l’estuaire du Gabon, les Nkomi, les Galwa, les Adyumba et les Enénga duBas-Ogooué. On a souvent, à tort, intégré le benga dans ce groupe, alors qu’il n’y a pasd’intercompréhension entre cette langue et les parlers omyènè. Les membres <strong>de</strong> cettecommunauté essentiellement linguistique parlent l’omy3n (le myènè) dont lesvariantes dialectales sont dans l’ordre : /eowan/, /euwan/, /ealwan/,/eomyan/, /edyumbyan/ et /eneyan/. "Ce groupe couvre une forte unitésociologique, tant et si bien qu’on a confondu le nom <strong>de</strong> la langue (mye ne : je dis) avecle nom <strong>de</strong> l’ancêtre, assimilant a priori langue et race ou langue et ethnie" 2 .La présente étu<strong>de</strong> concerne donc l’omyènè-orungu, c'est-à-dire la variante enusage dans la région <strong>de</strong> Port-Gentil, chef lieu <strong>de</strong> la province <strong>de</strong> l’Ogooué-Maritime, etdans quelques villages au bord <strong>de</strong> l’Ogooué, principalement dans le village Abélogo1d’où nous sommes native. On ne saurait faire l’étu<strong>de</strong> d’une langue, sans faire référenceau peuple qui la parle. Ainsi, dans les lignes qui suivent, nous présenterons brièvementle peuple wmy3n.Localisation et démographieLes Ngwè-myènè, peuple côtier et lacustre occupent une large partie <strong>de</strong> la côteouest du Gabon allant <strong>de</strong> Libreville jusqu’au Vernan-Vaz, qui regroupe les provinces <strong>de</strong>l’Estuaire, <strong>de</strong> l’Ogooué-Maritime et du Moyen-Ogooué. Installés à Libreville et à laPointe Denis, sur les rives droite et gauche <strong>de</strong> l’Estuaire, les Mpongwè constituent lapartie septentrionale du groupe. En longeant la côte vers le sud, on trouvesuccessivement les Orungu du Cap Lopez et les Nkomi du Fernan-Vaz. Au niveau du1 « Mère <strong>de</strong>s Myènè ».2 AMBOUROUE-AVARO J., 1981, Un peuple gabonais à l’aube <strong>de</strong> la colonisation : le Bas-Ogowe auXIXe siècle, Paris, Karthala, pp. 50-51.


2<strong>de</strong>lta <strong>de</strong> l’Ogooué, entre Omboué et Port-Gentil, en remontant le fleuve, on trouve lesGalwa dans la région <strong>de</strong>s lacs et à Lambaréné, les Adyumba au lac Azingo et lesEnénga au lac Zilè.«Le pays <strong>de</strong>s Orungu ou Eliwa-Bendje est un pays maritime. Il comprend l’îleMandji proprement dite, mais aussi et surtout les pays <strong>de</strong> la baie <strong>de</strong> Nazareth(Orembogange) avec ses nombreuses criques, la côte jusqu’à Osengatanga. La limitethéorique avec les terres <strong>de</strong>s Mpongwè au nord est la rivière Awanyè et le lieuditLyanyè. On y trouve <strong>de</strong> vieux sites et d’anciens villages comme Apomandé, Mbilapè,Abunawiri et Wézè dans les parages <strong>de</strong> l’Orembogange, Izambè ou Mpémbé,Osengatanga sur la côte nord. Mais le "Cap Lopez " historique s’étend aussi enprofon<strong>de</strong>ur sur la rive droit <strong>de</strong> l’Ogowe jusqu’à "Dambo"» 3 .La population ngwè-myènè est estimée à 46743 4 habitants, répartie comme suit :- 1000 à 2000 Adyumba- 1000 à 5000 Enénga- 2000 à 11000 Galwa- 1000 à 4000 Mpongwè- 10000 Orungu- 20000 NkomiOn constatera que ces chiffres sont vagues et approximatifs sauf pour les Orunguet les Nkomi. De manière générale, l’orungu (comme la quasi-totalité <strong>de</strong>s languesgabonaises) se pratique dans le cadre familial ou dans les palabres coutumières. Latentative d’introduction <strong>de</strong>s langues nationales dans l’enseignement est, en effet, encoreau sta<strong>de</strong> embryonnaire.Organisation sociale et politiqueStructure familiale et claniqueLe mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s anciens, leur organisation sociale et politique étaientétroitement liés à leur niveau technique. Mais ces techniques, élaborées par les hommesau moment <strong>de</strong> leur fixation, ont considérablement évolué jusqu’à disparaîtrecomplètement aujourd’hui. Elles ont été plus ou moins remplacées par <strong>de</strong>s techniquesimportées. Pourtant le type d’organisation sociale et politique qui en dépendait n’a pasencore tout à fait disparu. Ainsi, la société Ngwè-myènè (excepté les Mpongwè) est3 AMBOUROUE-AVARO J., op cit p.104.4 http.//www.ethnologue.com/


3matrilinéaire, comme la quasi-totalité <strong>de</strong>s sociétés gabonaises. Elle se rattache au type<strong>de</strong> sociétés segmentaires où les relations claniques, lignagères et parentales jouent unrôle fondamental. On rencontre par ordre <strong>de</strong> complexité croissante :- la famille nucléaire (/nyomba/ qui vient <strong>de</strong> +yomba "(se) marier").- la progéniture (/o/ou /w/) qui désigne l’ensemble <strong>de</strong>s enfantsissus d’une même mère.- le clan (/mbuwe/) qui est la pierre angulaire <strong>de</strong>s systèmes fondés sur laparenté. Il regroupe <strong>de</strong>s individus se réclamant d’un ancêtre commun. Leculte totémique ayant disparu, le clan se rattache plus fréquemment à unancêtre humain, souvent mythique. Ainsi <strong>de</strong> lignage, le groupe <strong>de</strong>vient clan.- le lignage (/ozmb/) est défini comme "le sous-groupe" matrilinéaire duclan par Agondjo-Okawé. Il dépend du clan. Comme le clan, le lignage serattache à une femme-ancêtre dont on ne peut savoir <strong>de</strong> quelle femme elle<strong>de</strong>scend elle-même. «Sans personnalité juridique en raison <strong>de</strong> sa dynamiquepropre et <strong>de</strong>s tensions qui l’opposent ou pourraient l’opposer au clan, lelignage est un clan en puissance. La prolifération <strong>de</strong>s clans et leurrenouvellement ne sont que la consécration <strong>de</strong> l’indépendance plus ou moinsaffirmée d’anciens lignages par scission » 5 . A l’origine, la société myènèétait donc matrilinéaire puisque le mot /ozmb/ dérive <strong>de</strong> /ezmb/«sœur». Etymologiquement, la traduction <strong>de</strong> /ozmb/ est donc«matrilignage». Aussi la venue au mon<strong>de</strong> d’un enfant <strong>de</strong> sexe féminin estellesaluée avec le plus grand enthousiasme, d’où l’expression :/mbuwe n ezmb ee dyla/ « un clan (avec) une sœur ne peutdisparaître». Les pouvoirs sont concentrés dans le clan maternel et entre lesmains <strong>de</strong> l’oncle maternel qui est pratiquement le "père" <strong>de</strong> ses neveux et quipossè<strong>de</strong> sur eux <strong>de</strong>s droits étendus. Corrélativement la transmission <strong>de</strong>s biensse fait d’un homme aux fils <strong>de</strong> ses sœurs, l’aîné ayant la plus gran<strong>de</strong> part. Ils’agit là <strong>de</strong>s biens personnels, car la propriété immobilière est clanique etcollective. Mais avec le changement <strong>de</strong>s conditions d’existence, la sociétéorungu, comme les autres sociétés constituant le groupe myènè, a évoluévers un système mixte voire patrilinéaire avec une affirmation <strong>de</strong> lapatrilocalité.5 AGONDJO-OKAWE P., 1967, Structures parentales gabonaises et développement p. 58


4Le mariage est exogamique : on se marie en <strong>de</strong>hors du clan /mbuwe/ et dulignage /ozmb/. Cependant cette règle présente <strong>de</strong>s exceptions 6 . On distingue eneffet :- le mariage intraclanique (/oyombano w mbuwe mo/ «le mariage dumême clan») soit avec une autorisation, soit à titre pénal, pour régulariser uninceste.- le mariage intralignager dit «cloches du village» (/aelee m kala/),la cloche étant le symbole <strong>de</strong> la puissance et <strong>de</strong> l’autorité. Un tel mariagerenforce le droit du clan sur les enfants car le père n’est pas un étranger.C’est par conséquent un mariage politique.Organisation politique 7L’organisation politique était <strong>de</strong> nature patriarcale. Le pouvoir était détenu parune minorité <strong>de</strong> vieux et le chef était assisté par l’assemblée <strong>de</strong>s anciens. A l’époque oùces systèmes ont été créés, il était normal qu’il en fût ainsi car la connaissance reposaitsur l’expérience directe et l’âge était le critère <strong>de</strong> la connaissance. On parlera à justetitre <strong>de</strong> gérontocratie. Ainsi donc la société traditionnelle myènè se caractérisait parl’absence d’Etat et même, à la limite, d’organisation politique spécialisée, l’autoritéoscillant entre quatre formes emboîtées :- la chefferie <strong>de</strong> village et <strong>de</strong> lignage, circonscrite à la case (/nao/) et dontl’autorité représente une forme politique mineure, est assumée par l’aîné dulignage, l’aîné <strong>de</strong> la famille paternelle étendue.- la chefferie <strong>de</strong> clan est basée sur la propriété terrienne (/nce/). Le chef <strong>de</strong>clan a pour mission l’organisation <strong>de</strong> l’espace et l’administration <strong>de</strong>s choses.- la chefferie d’ethnie (/n/) ou royaume est la forme supérieure dupouvoir. Le royaume inclut l’ensemble <strong>de</strong>s clans parmi lesquels on choisit lechef (/oa/). Traditionnellement, le roi avait pour mission <strong>de</strong> veiller à lacohésion interne <strong>de</strong>s clans et à la protection <strong>de</strong> ceux-ci contre les agressionsexternes.6 AGONDJO-OKAWE P., Structures parentales gabonaises et développement, p.847 AMBOUROUE-AVARO J., op cit, p.67-70


5Le corpusL’ensemble <strong>de</strong>s données sur lesquelles repose notre étu<strong>de</strong> est fourni par nous,puisque nous sommes nous-même locutrice native du parler orungu. Nous avonségalement eu recours à notre père, le pasteur Emmanuel Igana-Oyembo pour vérifier etconfirmer certains <strong>de</strong> nos propos. Les dictionnaires mpongwè-français et françaismpongwè<strong>de</strong> Raponda, ont été également d’une ai<strong>de</strong> précieuse. Nous aurions vouluenregistrer quelques contes, malheureusement le conteur du village est décédé bienavant notre retour au Gabon. Cela dit, nous nous considérons comme étant uneinformatrice et une locutrice fiable qui maîtrise parfaitement sa langue, d’autant plusque nos parents sont tous les <strong>de</strong>ux Orungu et que tous les habitants <strong>de</strong> notre village et<strong>de</strong>s villages environnants le sont également. Notre séjour en France et en Belgique n’apu altérer une longue et constante pratique <strong>de</strong> notre langue.Etu<strong>de</strong>s antérieuresUn certain nombre <strong>de</strong> travaux et d’écrits ont été consacrés à la langue omyènèou à l’une ou l’autre <strong>de</strong> ses variantes. Les premiers écrits datent <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième moitiédu XIX e et du début du XX e siècle et sont l’œuvre <strong>de</strong> missionnaires. Il s’agitessentiellement <strong>de</strong> catéchismes, <strong>de</strong> dictionnaires, <strong>de</strong> la traduction <strong>de</strong> la Bible, <strong>de</strong> recueils<strong>de</strong> cantiques et <strong>de</strong> grammaires. Certains <strong>de</strong> ces travaux constituent <strong>de</strong>s sourcesd'informations considérables, malgré les mélanges dialectaux (notamment dans laBible), l’absence <strong>de</strong> notations tonales et quelques erreurs phonétiques. D’autres enrevanche (notamment ceux du XIX e siècle) correspon<strong>de</strong>nt très peu à la langue actuelle.Beaucoup plus récemment, on relève quelques étu<strong>de</strong>s linguistiques qui ont étéconsacrées à certains parlers du groupe, parmi lesquelles on peut citer les étu<strong>de</strong>sdiachroniques <strong>de</strong> Mouguiama-Daouda (1990) et Blanchon (1991) sur le mpongwè, <strong>de</strong>Cl. Grégoire et J-P. Rékanga (1994) et J-P. Rékanga (1994) sur le nkomi. Ces étu<strong>de</strong>ssont centrées sur les réflexes du proto-bantu dans les divers parlers myènè, décrivent lamanière dont les phonèmes ont évolué et donnent une interprétation historique <strong>de</strong> ce quia dû conditionner les alternances consonantiques qui constituent un trait marquant dugroupe.Pour ce qui est <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s synchroniques, on peut citer celles <strong>de</strong> Jacquot(1976 ;1983) sur l’ensemble <strong>de</strong>s parlers B10. L’auteur fait une étu<strong>de</strong> phonologique etmorphologique comparée <strong>de</strong>s différents parlers myènè. L’analyse morphologique estcentrée sur l’établissement <strong>de</strong>s classes nominales et sur l’alternance consonantique.Visiblement gêné par le conditionnement <strong>de</strong> ces alternances, l’auteur distingue lesalternances systématiques et les alternances non systématiques. Dans les Actes du


6séminaire sur l’alphabet scientifique <strong>de</strong>s langues du Gabon, Libreville,1989, Tchen-Damas et Cl. Grégoire dégagent respectivement les phonèmes du mpongwè et dunkomi. Les Eléments <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription du mpongwè, Libreville, 1990 <strong>de</strong> Mouguiama-Daouda et L’étu<strong>de</strong> morphosyntaxique du verbe en mpongwe, Libreville, 1990 <strong>de</strong>Ogouamba sont <strong>de</strong>s premières approches <strong>de</strong>scriptives intéressantes même si ellesmanquent <strong>de</strong> précision dans l’analyse morphologique et ne résolvent pas les problèmes<strong>de</strong> la tonalité qui est toutefois notée, ce qui est important.Dans les Premières observations sur le système tonal du myènè-nkomi, Lyon,1991, Cl. Grégoire étudie la tonalité <strong>de</strong>s substantifs canoniques <strong>de</strong> thème dissyllabiqueet celle <strong>de</strong>s syntagmes dans lesquels ces substantifs interviennent. Elle met en lumièreun certain nombre <strong>de</strong> faits parmi lesquels la gran<strong>de</strong> variabilité <strong>de</strong> la tonalité <strong>de</strong>slexèmes. Elle relève également l’uniformisation <strong>de</strong> la tonalité structurelle <strong>de</strong>s thèmesnominaux monosyllabiques et dissyllabiques ainsi que <strong>de</strong> la tonalité <strong>de</strong>s radicauxverbaux. Elle fait mention <strong>de</strong> la fonction grammaticale <strong>de</strong> la tonalité au sein <strong>de</strong>l’opposition indéfini/défini.Dans Tonal domains in Galwa, 1996, pdf sur Internet, Philippson et Puèchpoursuivent cette première analyse en l’étendant à la quasi-totalité du système. Cetteétu<strong>de</strong> est non seulement d’un exceptionnel intérêt théorique mais aussi remarquable parl’étendue et la diversité <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> tonalité qu’elle envisage. Elle établit les diversschèmes tonals qui caractérisent les nominaux, propose une explication <strong>de</strong> leurréalisation à l’indéfini et au défini en suggérant qu’un ton haut flottant s’adjoint, dans cecas, à la séquence préfixale et justifie <strong>de</strong>s diverses représentations propres aux lexèmesdans la quasi-totalité <strong>de</strong>s environnements syntaxiques pertinents. Il s’agit là d’unecontribution majeure à la compréhension <strong>de</strong>s systèmes tonals très complexes queprésentent les parlers B10. Centrée essentiellement sur le parler galwa, l’étu<strong>de</strong> propose<strong>de</strong>s notes relatives à d’autres variantes du myènè comme le nkomi et le mpongwè.Même si le parler orungu n’y est pas examiné, nous <strong>de</strong>vons beaucoup à cette étu<strong>de</strong> dontnous rejoindrons les conclusions sur plusieurs points. Nous sommes donc re<strong>de</strong>vable àses auteurs, quoique nous ayons opté pour une perspective moins orientée par un choixthéorique préalable et plus pragmatiquement consacrée, dans un premier temps, à laseule <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s données.Présentation générale ou méthodologieNotre recherche se propose d’apporter une vue d’ensemble du système <strong>de</strong>l’omyènè-orungu, sans prétendre décrire tous les faits, mais en incluant les planssegmental et tonal dans une analyse conjointe <strong>de</strong>s niveaux phonologique,morphologique et post-lexical. Cette vision globale nous a paru d’autant plus nécessaire


7que l’absence <strong>de</strong> toute <strong>de</strong>scription a, jusqu’à présent, exclut l’orungu du développement<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s comparatives (notamment <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s comparatives tonales) qui portent surles parlers du groupe B10. C’est dans le but d’apporter un premier ensemble <strong>de</strong> donnéesanalysées, aussi complet et rigoureux que possible, que nous avons opté pour un modèle<strong>de</strong>scriptif assez simple.Notre ambition n’est pas <strong>de</strong> poursuivre un objectif théorique, encore moins <strong>de</strong>tester ou <strong>de</strong> démontrer les hypothèses d’une école. Toutefois pour atteindre nosobjectifs, il nous fallait choisir un cadre théorique et méthodologique. Nous avons optépour un modèle structuraliste rigoureux mais aussi proche que possible <strong>de</strong> cequ’exigeaient les données elles-mêmes. Nous avons tenté <strong>de</strong> visualiser, à partir <strong>de</strong>sstructures <strong>de</strong> base jusqu’aux représentations phonétiques, les différentes étapes d’unprocessus où interviennent à la fois <strong>de</strong>s contraintes morphologiques et syntaxiques.Ainsi au niveau tonologique, les nombreuses variations tonales <strong>de</strong>s constituants sontexpliquées par <strong>de</strong>s formes structurelles stables subissant <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> représentation quiagissent tantôt lors <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s mots, tantôt lors <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s syntagmesou <strong>de</strong>s phrases. Cette optique n’a pas permis <strong>de</strong> donner une solution adéquate àl’ensemble <strong>de</strong>s questions posées, mais le système tonal <strong>de</strong>s parlers myènè est sans doutetrop complexe pour qu’une première approche, <strong>de</strong> quel que type qu’elle soit, puisseapporter une <strong>de</strong>scription vraiment satisfaisante <strong>de</strong> tous les aspects <strong>de</strong> sonfonctionnement.Organisation du travailCe travail qui se veut synchronique, a été effectué indépendamment <strong>de</strong> touteconsidération historique. Il s’articule en trois parties. La première décrit la phonologie,le système <strong>de</strong> classes nominales et les alternances consonantiques. L’inventaire <strong>de</strong>sphonèmes (segmentaux et tonals) qui caractérisent l’organisation structurelle <strong>de</strong> lalangue, la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> leurs traits pertinents ainsi que les différents processusphonologiques liés aux segments formels constituent le premier chapitre <strong>de</strong> cette partie.Nous y présentons également les principaux phonèmes tonals et leurs réalisations. Nousdécrivons ensuite le système <strong>de</strong>s classes et leur implication sur les modificationsformelles du thème en formulant les règles d’allomorphie. Nous terminons cettepremière partie par la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s alternances consonantiques et <strong>de</strong>s mécanismes quiles déterminent.La <strong>de</strong>uxième partie traite <strong>de</strong> la morphologie et <strong>de</strong> la tonologie lexicale. Nous yprésentons successivement les formes substantivales, les formes adjectivales, les formespronominales, les formes verbales et les formes nomino-verbales. Dans les formesnominales (substantifs et adjectifs), l’ensemble <strong>de</strong>s schèmes tonals est analysé en vue <strong>de</strong>


8démontrer les processus <strong>de</strong> dérivation qui sous-ten<strong>de</strong>nt le passage <strong>de</strong> la forme indéfinieà la forme définie. La <strong>de</strong>scription tonale a été faite en disséquant chaque élément dudiscours en unités morphémiques et en tenant compte aussi bien du ton haut que du tonbas. Pour ce qui est <strong>de</strong>s formes pronominales, nous avons traité simultanément tous lesaspects <strong>de</strong> la tonologie (qu’ils soient morphologiques ou syntaxiques) afin d’éviter <strong>de</strong>sredites qui auraient allongé notre exposé <strong>de</strong> manière inutile. Dans les formes verbales,nous traitons essentiellement <strong>de</strong> la dérivation et <strong>de</strong> la flexion verbale aux différentstiroirs. Quant aux formes nomino-verbales, nous les analysons et nous tentons <strong>de</strong>présenter leurs différentes fonctions syntaxiques.Les lexèmes ainsi analysés conduiront à la troisième partie consacrée à latonologie post-lexicale. Dans cette partie, nous décrivons les modifications <strong>de</strong>s schèmes<strong>de</strong> tonalité propres aux lexèmes lorsqu’ils sont à la fois placés dans certainsenvironnements tonals et dans certaines situations syntaxiques, en tenant compte dutype tonal propre aux unités lexicales. Pour rendre la lecture plus aisée, nous traitons, en<strong>de</strong>ux sections distinctes, les modifications que subissent les schèmes <strong>de</strong> tonalité lorsqueles lexèmes sont employés à l’indéfini et lorsqu’ils sont employés au défini.Nous avons donc procédé, tout au long <strong>de</strong> ce travail, à une analysedérivationnelle en partant <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> base jusqu’à la forme réalisée. Cette démarchepourra déconcerter. Néanmoins, elle a le mérite <strong>de</strong> visualiser les différentes étapesd’application <strong>de</strong>s processus. Par ailleurs, il nous a paru que cette métho<strong>de</strong>, en formulant<strong>de</strong>s règles qui prévoient les diverses formes et réalisations sous lesquelles lesmorphèmes ou les lexèmes se manifestent au sein du mot ou du syntagme (compte tenu<strong>de</strong> l’environnement dans lequel ils se trouvent placés), permet <strong>de</strong> dégager <strong>de</strong>srégularités <strong>de</strong> fonctionnement intéressantes notamment dans la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>sprocessus tonals. La <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> la langue <strong>de</strong>vient ainsi plus systématique et plusclaire.Enfin <strong>de</strong> marquer la distinction entre structure et réalisation, les formes <strong>de</strong> basesont présentées entre barres verticales tandis que les formes réalisées sont placées entrecrochets et notées en transcription phonétique. L’emploi <strong>de</strong>s barres obliques indiquentque la forme citée relève d’un niveau intermédiaire. Afin <strong>de</strong> faciliter la lecture, nousavons préféré séparer les mots par <strong>de</strong>s blancs dans les formes réalisées. Les symbolesutilisés sont ceux <strong>de</strong> l’alphabet phonétique africain (API).


11PREMIERE PARTIEPHONOLOGIE, SYSTEME DE CLASSES ET ALTERNANCESCONSONANTIQUESI.1- PHONOLOGIELa valeur pertinente <strong>de</strong>s phonèmes est établie à partir <strong>de</strong> paires minimales que lelecteur pourra trouver dans l’annexe n° 1.1.1.1- Les voyellesL’orungu compte sept phonèmes vocaliques dont les traits pertinents sont lepoint d’articulation et le <strong>de</strong>gré d’aperture. La série antérieure et la série postérieureforment une corrélation. Ainsi les voyelles se définissent et se distinguent comme suit :/i/ : voyelle fermée (1 er <strong>de</strong>gré d’aperture) (i/e, , a), antérieure (i/u)/u/ : voyelle fermée (1 er <strong>de</strong>gré d’aperture) (u/o, , a), postérieure (u/i)/e/ : voyelle mi-fermée (2 e <strong>de</strong>gré d’aperture) (e/i, , a), antérieure (e/o)/o/ : voyelle mi-fermée (2 e <strong>de</strong>gré d’aperture) (o/u, , a), postérieure (o/e)// : voyelle mi-ouverte (3 e <strong>de</strong>gré d’aperture) (/i, e, a), antérieure (/)// : voyelle mi-ouverte (3 e <strong>de</strong>gré d’aperture) (/u, o, a), antérieure (/)/a/ : voyelle ouverte (4 e <strong>de</strong>gré d’aperture) (a/i, u, e, o, ,), centrale( a/i, u, e, o, , )i e a o uAntérieur + + + - - - -Postérieur - - - - + + +Central - - - + - - -Fermé + - - - - - +Mi-fermé - + - - - + -Mi-ouvert - - + - + - -Ouvert - - - + - - -


12A l'exception <strong>de</strong> //, // et /u/ qu’on ne rencontre pas en position initiale, toutesles autres voyelles apparaissent dans toutes les positions : position initiale, médiane etfinale. Voici quelques exemples :[i] → [ncn] «<strong>de</strong>s mouches»[e] → [eee] «un arbre»[] → [o] «un brochet»[a] → [awana] «<strong>de</strong>s enfants»[] → [aknd] «<strong>de</strong>s bananes plantains»[o] → [oolo] «un pied»[u] → [ncunu] «<strong>de</strong>s fourmis»Si on ne relève pas <strong>de</strong> voyelles intrinsèquement longues dans la langue, on noteen revanche, un léger allongement vocalique après une semi-voyelle ou une semivoyelleprécédée d’une consonne. On note aussi un allongement <strong>de</strong> la première voyelledu thème.Les voyelles nasales sont complètement absentes dans la langue. Les voyellesrestent orales même lorsqu’elles sont entourées <strong>de</strong> nasales.1.1.2- Les consonnes et semi-consonnesD’un point <strong>de</strong> vue phonétique, les consonnes et les semi-consonnes <strong>de</strong> l’orungusont les suivantes : [m], [n], [], [], [mp], [mb], [nt], [nd], [k], [], [mf], [nc], [nj],[p], [p h ], [], [t], [t h ], [], [f], [v], [], [s], [z], [c], [l], [], [k], [], [y], [], [w] ; d’oùle tableau phonétique ci-après :


13Mo<strong>de</strong> d’articulationPoint d’articulationBilab. Labio-<strong>de</strong>nt.Apicoalvéo.Dorso-pal.Labio-pal.Labio-vélDorso-vélNasale m n Mi-nasale Sour<strong>de</strong> mp mf nt NkSonore mb nd Affriquée Sour<strong>de</strong>cSonoreSour<strong>de</strong>ncAffriquée minasaleSonorenjExpl p t kOccl AsprSour<strong>de</strong>p ht hImpl Sonore Sour<strong>de</strong> f sFricSonore v z Latérale lBattue Continue y wLes occlusives aspirées apparaissent <strong>de</strong>vant /u/et les non aspirées figurentpartout ailleurs. Les occlusives non implosives apparaissent après une nasale et lesimplosives correspondantes figurent dans tous les autres cas. On notera qu’il n’y a pasd’implosive dorso-vélaire.Voici quelques exemples illustratifs pour chaque son :[p] → [polo] «<strong>de</strong>s obscénités»[p h ] → [p h up h u] «blanc»[] → [eanda] «une peau»[] → [aa] «une aile»[m] → [aman] «<strong>de</strong>s mauvaises herbes»[mp] → [ampaza] «<strong>de</strong>s jumeaux»[mb] → [mbom] «<strong>de</strong>s calebasses»[mf] → [mfelin] «<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> mettre»[f] → [efu] «une couverture»


14[t] → [tt] «une banane douce»[t h ] → [t h ut h u] «du vin <strong>de</strong> palme»[] → [ena] «pleurer»[n] → [onm] «une langue»[nt] → [ntmbe] «<strong>de</strong>s planches»[nd] → [ndndnd] «<strong>de</strong>s libellules»[s] → [els] «un foulard»[z] → [ozzi] «un pilon»[l] → [oll] «une papaye»[] → [ee] «<strong>de</strong>s arbres»[k] → [kaa] «frire»[] → [oee] «un banquet»[] → [omba] «un porc-épic»[nc] → [ncozo] «<strong>de</strong>s chaussures»[nj] → [njna] «<strong>de</strong>s gorilles»[k] → [kamb] «<strong>de</strong>s antilopes»[] → [oo] «une boîte»[y] → [oya] «une feuille»[] → [oye] «un cheveu blanc»[w] → [wawo] «eux»[c] → [cwana] «une marmite»Dans une optique phonologique, 18 phonèmes ont été retenus : /p/, /b/, /m/, //, /f/,/v/, /t/, /d/, /n/, /s/, /z/, /l/, //, /k/, //, //, /y/ et /w/ que nous représentons dans letableau ci-après avec leurs traits pertinents.Mo<strong>de</strong> d'articulationLieu d'articulationCONS. Voisé Nas Occl. Fric. Lat. Cont Bat. Lab. Dent. Pal. Vél.p - - + - - - - + - - -b + - + - - - - + - - -m + + + - - - - + - - - + - - + - - - + - - -f - - - + - - - + + - -v + - - + - - - + + - -t - - + - - - - - + - -d + - + - - - - - + - -n + + + - - - - - + - -s - - - + - - - - + - -


15Mo<strong>de</strong> d'articulationCONS. Voisé Nas Occl. Fric. Lat. Cont.Lieu d'articulationBat. Lab. Dent. Pal. Vél.z + - - + - - - - + - -l + - - - + - - - + - - + - - - - - + - + - -k - - + - - - - - - - + + - + - - - - - - - + + + + - - - - - - - +y + - - - - + - - - +w + - - - - + - + - - +a- Le statut phonologique accordé à la labio-<strong>de</strong>ntale [v] mérite d’être discuté.Cette consonne apparaît parfois comme la variante <strong>libre</strong> <strong>de</strong> //, notamment chez lesjeunes locuteurs qui habitent la ville. Cette réalisation <strong>de</strong> // par [v] est sans doutedue à l’influence du français. Ainsi par exemple, le mot pour désigner "le genou" seraprononcé soit [vuva], soit [ua] ; la <strong>de</strong>uxième réalisation est celle admise par lacommunauté.D’autre part, [v] apparaît également comme la variante <strong>libre</strong> <strong>de</strong> /w/ dans lesformes verbales, particulièrement à l’impératif, au passé éloigné et au subjonctif quandla forme infinitive atteste la labio<strong>de</strong>ntale sour<strong>de</strong> [f] à l’initiale du radical. De cettefaçon, <strong>de</strong>s formes infinitives comme :[faa][fnya][fema]«craindre»«retourner»«se tromper»correspon<strong>de</strong>nt, par exemple, aux impératifs :ou bien :[waa] «crains »[nya] «retourne»[ema] «trompe-toi»[vaa][vnya][vema]«crains»«retourne»«trompe-toi»


16- au passé éloigné, on a :[myawa][myany][myaem]«j’avais craint»«j’étais retourn黫je m’étais trompé»[myava][myavny][myavem]«j’avais craint»«j’étais retourn黫je m’étais trompé»- au subjonctif, on a :[azeawae][azeanye][azeaeme]«que nous craignions»«que nous retournions»«que nous nous trompions»[azeavae][azeavnye][azeaveme]«que nous craignions»«que nous retournions»«que nous nous trompions»Cependant, il arrive que la latitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> réaliser [w] ou [v] n’existe pas. Cesemplois obligatoires <strong>de</strong> [v] pour [w] permettent <strong>de</strong> lever certaines ambiguïtéssémantiques dans les formes verbales. Ainsi, les formes impératives suivantes :[venza] «fais cuire» <strong>de</strong> [fenza] «faire cuire»[valuna] «sarcle» <strong>de</strong> [faluna] «sarcler»[vala] «laisse» <strong>de</strong> [fala] «laisser»[vunza] «fais plier» <strong>de</strong> [funza] «faire plier»sont différenciées <strong>de</strong> celles citées ci-<strong>de</strong>ssous où la consonne <strong>de</strong> l’infinitif correspondantest [] :[wenza] «fais bouillir» <strong>de</strong> [enza] «faire bouillir»[waluna] «affûte» <strong>de</strong> [aluna] «affûter»[wala] «rends visite» <strong>de</strong> [ala] «rendre visite»[wunza] «multiplie» <strong>de</strong> [unza] «multiplier»


17Ce sont ces <strong>de</strong>rniers exemples qui nous permettent d’accor<strong>de</strong>r, à la consonne v, le statut<strong>de</strong> phonème.b- Si la réalisation <strong>de</strong> la nasale dorso-palatale [] est irréfutable, son statutphonologique, par contre, peut paraître discutable. Il pourrait être établi à partir <strong>de</strong>spaires minimales ci-après :[ama][nama][mama]«un animal»«<strong>de</strong>s membres»«<strong>de</strong>s dictateurs»Toutefois, [] n’est pas retenu comme un phonème, mais plutôt comme laréalisation <strong>de</strong> la séquence n+ y, à partir d’exemples comme :[ayama][oyembo][ayn]«l’espèce animale»«une chanson»«l’espèce ailée»qui s’opposent aux substantifs suivants formés sur les mêmes thèmes :[ama][emb][n]«un animal»«un chanteur»«un oiseau»Dans la suite du texte, c’est la graphie ny qui sera retenue. Ainsi, par exemple,les lexèmes désignant «animal», «chanteur» et «oiseau» seront notés : [nyama],[nyemb], [nyn]. Une règle peut prévoir que la succession /n+y/est réalisée par lanasale dorso-palatale [].c- // apparaît, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, <strong>de</strong>vant une consonne vélaire [k] ou []ainsi que <strong>de</strong>vant la semi-consonne labio-vélaire [w]. On pourrait donc être tenté <strong>de</strong>conclure qu’il n’a pas <strong>de</strong> statut phonologique. Toutefois, il apparaît aussi àl’intervocalique ou <strong>de</strong>vant une voyelle, à l’initiale <strong>de</strong> mot (exemples : [omba],[omba] «un porc-épic, <strong>de</strong>s porcs-épics», [omb], [omb] «un varan, <strong>de</strong>s varans»)par l’application d’une règle <strong>de</strong> Meinhof que l’on serait autorisé à considérer commeassez figée. De plus, il coexiste <strong>de</strong>vant [w] avec les consonnes nasales [n] et [m]d’une manière qui rend son occurrence difficile à prévoir en termes purementphonologiques. Nous avons, en effet, simultanément :


18[nwa] «se battre»[omwa] «arriver»[owanto] «une femme»Il y a donc intérêt à lui conférer le statut <strong>de</strong> phonème à part entière.d- Les consonnes /y/ et /w/ ont un double statut : d’une part, elles sontattestées comme phonèmes et à ce titre s’opposent aux autres consonnes <strong>de</strong> la languecomme on peut le constater dans les paragraphes 2.15 et 2.16 <strong>de</strong> l’annexe. En outre,elles sont respectivement les réalisations <strong>de</strong> /i/ et <strong>de</strong> /u/, /o/ou // lorsque cesphonèmes sont placés <strong>de</strong>vant une autre voyelle (Cf. Contacts <strong>de</strong> phonèmes). Parailleurs, la vélaire /w/est représentée par la labio-palatale [] lorsqu’elle est suivied’une voyelle antérieure ou <strong>de</strong> la palatale /y/./w/ → [] / ⎯ i, e, , yExemples :[omb][oee][oe][oye][eya]«un génie»«un banquet, un festin»«un cheveu»«un cheveu blanc»«bon» cl.7e- En conférant le statut <strong>de</strong> phonème à [] plutôt qu’à [], nous rejoignons<strong>de</strong>s auteurs tels que Cl. Grégoire (1980) pour le nkomi et Mouguiama-Daouda (1990)pour le mpongwè. Nos propres comparaisons avec les autres langues du groupe B nousfont adopter cette position. En effet, [] et [] ne s’opposent pas et ont une distributioncomplémentaire : [] n’apparaît qu’après une consonne nasale et [] dans tous lesautres contextes ; [] et [] sont donc les réalisations d’un même phonème que l’onnotera //. Du reste, [k] n’a pas <strong>de</strong> correspondant sonore figurant en tout contexte et[] n’a pas d’équivalent sourd. Ceci dit, pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, dans lesreprésentations structurelles, c’est // qui sera noté alors que dans les réalisationsphonétiques, la fricative sera notée conformément aux règles allophoniques que voici :


19// → [] / N ⎯// → [] / ailleursExemples :[oewa][ewa]«la vague»«le remous»De la même manière et pour <strong>de</strong>s raisons analogues, nous avons retenu <strong>de</strong>sphonèmes /b/ et /d/ dont les réalisations sont prévues par une règle d’allophonie puisqueces phonèmes sont réalisés non implosifs après consonne nasale et implosifs dans lesautres contextes. Nous noterons ces réalisations dans les formes phonétiques citées àtitre d’exemples.f- Les affriquées [c] et [j] non plus, n’ont pas été retenues comme phonèmes ence qu’elles sont <strong>de</strong>s réalisations combinatoires. En effet [c] est la variante combinatoire<strong>de</strong> /s/ après consonne nasale qui peut, toutefois, ne pas avoir <strong>de</strong> représentationphonétique. Toutefois, pour aboutir à [c] il faut que la fricative sonore /z/ qui est, enprincipe, l’unité consonantique <strong>de</strong> base, s’assourdisse en /s/. Nous avons ainsi lesreprésentations suivantes :|# -n+zua#| |#-n+znd-n#|→ |#-n+sua#| → |# -n+snd-n#|→ |#-n+cua#| → |# -n+cnd-n#|[ncua][ncndn]«<strong>de</strong>s fruits du Saccoglottis gabonensis»«<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> supporter»L’occurrence <strong>de</strong> |z|à l’initiale du thème est confirmée par les substantifssuivants :[ozua] «type d’arbre (Saccoglottis gabonensis) 8 »[ozndy] «un consolateur»8 RAPONDA-WALKER A., 1934, Dictionnaire Mpongwè-Français, Metz, Imprimerie <strong>de</strong> « La LibreLorraine », 640p.


20On notera l’absence <strong>de</strong> la nasale et, par conséquent, l’absence <strong>de</strong> la mutation <strong>de</strong>/s/ dans le mot pour désigner «couteau», soit : [swaka]. En revanche, on retiendracomme cas particulier, le passage <strong>de</strong> // à [c] dans les réalisations du numéral «trois »après les préfixes <strong>de</strong> classes 9/10 (<strong>de</strong> type nasal), alors qu’il est réalisé /t/ en classe 10bet // dans les autres classes. On a en effet :Classe 3 : [mamb ao] «trois serpents»Classe 10 : [n<strong>de</strong>o ncao] «trois amis»Classe 10b : [ea tao] «trois biscuits»En ce qui concerne l’affriquée [j], cette consonne apparaît notamment là où onnote un /y/ à l’origine. A première vue, [j] apparaît comme étant la réalisation <strong>de</strong> /y/après nasale si l’on considère les lexèmes ci-après :+yemb-«chanter»[oyembo] «une chanson» cl.14[njembn] «une manière <strong>de</strong> chanter» cl.9+y-[eya][njn]«boire»«un ivrogne» cl.7«une manière <strong>de</strong> boire» cl.9Toutefois, si nous examinons d’autres exemples ci-après, nous constatons qu’iln’y a pas <strong>de</strong> modification dans la réalisation <strong>de</strong> /y/ après nasale ; ce qui remet en causenotre première hypothèse d’analyse. On a en effet :<strong>de</strong> même :+yemb-«chanter»[oyembo]«une chanson» cl.14[nyemb]«un chanteur» cl.9+yom- «fumer »[e eyomo] «un poisson fumé» cl.7[kond nyomo] «<strong>de</strong>s carpes fumées» cl.10Selon notre raisonnement, nous <strong>de</strong>vrions avoir :*[njemb]*[kond injomo]«un chanteur»«<strong>de</strong>s carpes fumées»


21Il apparaît donc que [j] n’est pas la réalisation <strong>de</strong> /y/ après nasale ou du moinsque /y/ n’est pas le seul élément qui entre dans la réalisation <strong>de</strong> [j]. Vu que lamodification se produit à une limite morphologique et vu qu’il s’agit <strong>de</strong> lexèmesdérivés, contexte où la double préfixation n’est pas rare comme nous le verrons dans lamorphologie, nous en déduisons que [j] est la réalisation du contact <strong>de</strong> la nasale avecnon pas un mais <strong>de</strong>ux phonèmes, en l’occurrence /d/ et /y/. En effet, nous avons <strong>de</strong>sformes telles que :[yembo][yoma][ya]«<strong>de</strong>s chansons» cl.10b«une fumigation» cl.10b«action <strong>de</strong> boire» cl.10bAinsi donc, dans leur forme sous-jacente, l’analyse morphologique <strong>de</strong>s lexèmespour désigner la "manière <strong>de</strong> chanter" ou la "manière <strong>de</strong> boire" nous donne :→→→|# -n-d+yemb-n-#||# -n-d+yemb-n-#||# -n+dyemb-n-#|[njembn]<strong>de</strong> même :→→→⏐# -n-d+yn-n-#⏐⏐# -n-d+yn-in-#⏐⏐# -n+dyn-n-#⏐[njn]Lors <strong>de</strong> la dérivation, le radical verbal est accompagné du préfixe <strong>de</strong> l’infinitifauquel vient se rajouter le préfixe <strong>de</strong> classe 9. Le préfixe <strong>de</strong> classe 10b <strong>de</strong> l’infinitifperd sa voyelle <strong>de</strong>vant la semi-consonne initiale du radical, puis s’intègre dans le thèmeet forme avec le gli<strong>de</strong> une articulation complexe. C’est donc la combinaison <strong>de</strong> la<strong>de</strong>ntale et <strong>de</strong> la palatale après nasale qui donne la réalisation affriquée.g- On remarquera l’absence <strong>de</strong>s consonnes mi-nasales. Elles n’ont pas étéretenues comme phonèmes parce que, selon nous, elles s’analysent comme <strong>de</strong>scombinaisons <strong>de</strong> phonèmes. En effet, ces articulations apparaissent le plus souvent


22(exclusivement pour les combinaisons nasale + consonne sour<strong>de</strong>) à une frontièremorphologique, contexte dans lequel la consonne initiale du thème subit <strong>de</strong>s mutations,comme nous le verrons plus loin à propos <strong>de</strong>s contacts <strong>de</strong> consonnes. Il nous paraît doncplus adéquat <strong>de</strong> considérer que les séquences nasale + consonne constituent une suite <strong>de</strong>phonèmes, les seules admises dans la langue avec les séquences consonne + semivoyelle,et les combinaisons [pl] et [k] que nous trouvons dans [plakes]« unetaie» et [ks] «une croix».1.1.3- Les processus phonologiquesLa concaténation <strong>de</strong>s morphèmes et <strong>de</strong>s mots dans la chaîne parlée entraîne unecontiguïté phonématique dont les séquences peuvent, dans certains cas, n’être pasconformes aux habitu<strong>de</strong>s articulatoires <strong>de</strong>s locuteurs. Avant leur réalisation effective,ces séquences subissent <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> restructuration d’ordre phonologique. Ce sontces restructurations que nous allons présenter dans les paragraphes ci-après.1.1.3.1- Les contacts vocaliquesLes contacts vocaliques mettent en relief essentiellement <strong>de</strong>ux phénomènes : lasemi-vocalisation et l’élision. A ces <strong>de</strong>ux phénomènes fondamentaux vient s’ajouter lacontraction.Afin <strong>de</strong> mieux visualiser les contacts vocaliques, nous proposons <strong>de</strong> lesprésenter d’une part à l’intérieur du lexème et d’autre part à l’intérieur du syntagme.1.1.3.1.1- La semi-vocalisation1- A l’intérieur du lexèmeA l’intérieur du lexème, la semi-vocalisation concerne uniquement les voyelles/i/ et /o/ . Cette règle générale s’applique aux limites <strong>de</strong> thème et <strong>de</strong> morphème avectoutefois une exception pour la voyelle /i/. En effet, cette <strong>de</strong>rnière s’efface <strong>de</strong>vant unautre /i/ dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> morphème (cf.§ 1.1.3.1.2). En tenantcompte <strong>de</strong> ce qui vient d’être dit, on peut schématiser la semi-vocalisation par les règlesgénérales suivantes :


23i → y / — Vo → w / — VIllustration:|# -m+#| → [my] «<strong>de</strong>s brochets»|# n+n #| → [nyn] «celui-ci (en parlant d’un œuf)»|# +o--a#| → [oya] «aiguise»|# -d+na-a#| → [nya] «manger»|# -d+ma-a #| → [mya] «connaître, savoir»|# o-mo+ana #| → [owana] «un enfant»|# o-mo+mb #| → [omb] «une sauce»|# o+n #| → [wn] «celui-là» cl.1Lorsqu’il y a concaténation <strong>de</strong> trois voyelles, la semi-vocalisation s’effectueprioritairement entre les <strong>de</strong>ux voyelles séparées par une limite <strong>de</strong> thème.|# -+ma #| → |# -y+ma#| → [yma] «<strong>de</strong>s choses»|# -+la #| → |# -y+la#| → [yla] «<strong>de</strong>s régimes<strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme»|# -+mbl #| → |#-y+mbl #| → [ymbl] «<strong>de</strong>s balais»2- A l’intérieur du syntagmeAu contact <strong>de</strong>s mots qui constituent un syntagme, la semi-vocalisation concernebien entendu la voyelle /i/, mais aussi toutes les voyelles postérieures. Elle peut êtreobligatoire ou facultative.2a- Elle est obligatoire quand le premier lexème est dissyllabique ou lorsque lavoyelle finale du premier lexème est précédée <strong>de</strong> la fricative bilabiale //.


24Exemples :|# ku ≠ myee#| → [k myee] «beaucoup <strong>de</strong> résidus»|# ezo ≠ eolo #| → [ez eolo] «un gros mortier»|# a ≠ ala #| → [aw ala] «<strong>de</strong> longs bras»|# efu ≠ ewya #| → [ef eya] «une belle couverture»|# at ≠ amee #| → [aty amee] «beaucoup d’excréments»|# as ≠ owao #| → [asy owao] «il a approché la pirogue»|# ao ≠ ake #| → [aoy ake] «il avait vomi <strong>de</strong>s œufs»|# az≠ ewona #| → [azey ewona] «il avait approché uncouvercle»Toutefois, lorsque les <strong>de</strong>ux voyelles mises en contact sont i<strong>de</strong>ntiques, la semivocalisationne s’applique pas ; l’élision est alors obligatoire.|# odo ≠ oolo#|→ [o oolo] «un grand lit»|# ae ≠ kl ≠ mban#|→ [ae kl mban] «il avait montré <strong>de</strong>ux chemins»2b- Dans les autres cas où le premier lexème est plurisyllabique et non terminé par i,la semi-vocalisation est facultative. Lorsque la semi-vocalisation facultative n’est pasappliquée, elle est remplacée par le phénomène d’élision. Voici quelques exemples <strong>de</strong>réalisations alternantes :|# akuku ≠ amna #| → [akukw amna] «<strong>de</strong> nouvelles voiles»|# kndo ≠ ke #| → [knd ke] «une banane grillée»|# ol ≠ own #| → [ooly on] «une autre liane»ou avec élision <strong>de</strong> la voyelle finale :|# akuku ≠ amna #| → [akuk amna] «<strong>de</strong> nouvelles voiles»|# kndo ≠ ke #| → [knd ke] «une banane grillée»|# ol ≠ own #| → [ool on] «une autre liane»


25Remarque :Lorsqu’une voyelle est semi-vocalisée ou élidée, le ton qu’elle portait n’est pasnécessairement effacé. Nous reviendrons sur ce point en étudiant la tonalité postlexicale.1.1.3.1.2- L’élision1- A l’intérieur du lexèmeA l’intérieur <strong>de</strong> mot, lorsque <strong>de</strong>ux voyelles entrent en contact, c’estgénéralement la première qui est élidée. Voici les différents cas observables à l’intérieurdu lexème.e + a = a e-ze+alna → [ezalna] «un peigne» cl.7e + i = i e-ze+ila → [ezla] «un régime <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme» cl.7e + = e-ze+ma → [ezma] «une chose» cl.7e + e = e e-ze+en → [ezen] «un débarcadère» cl.7e + o = o e-ze+o → [ezo] «un mortier» cl.7e + = e-ze+n → [ezn] «un autre (cl.7)»e + u = u e-ze+uma → [ezuma] «type <strong>de</strong> serpent d’eau douce» cl.7a + a = a a-wa+ana → [awana] «<strong>de</strong>s enfants» cl.2a + e = e a-ma+ee → [amee] «beaucoup» cl.6a + = a-ma+na → [amna] «nouveau» cl.6a + = a-ma+n → [amn] «d’autres» cl.6a + i = i ma+n → [mn] «ceux…ci» cl.6i+ i = i a-a+z-- → [az] «il s’était rapproché» cl.12- A l’intérieur du syntagmeLes différents phénomènes <strong>de</strong> contact et le type d’élision (<strong>de</strong> V1) qui ont étérelevés à l’intérieur du lexème sont aussi valables entre <strong>de</strong>ux lexèmes, sachant qu’on netrouvera jamais les voyelles [u], [] et [] à l’initiale du <strong>de</strong>uxième lexème.


26Illustration :|# ake ≠ ampolo #| → [ak ampolo] «<strong>de</strong> gros œufs»|# mpen<strong>de</strong> ≠ mbya #| → [mpend mbya] «<strong>de</strong> belles jambes»|# eee ≠ em #| → [ee emi] «un (seul) arbre»|# ozae ≠ ompolo #| → [oza ompolo] «une gran<strong>de</strong> lumière»|# awana ≠ aao #| → [awan aao] «trois enfants»|# ezaa ≠ ezee #| → [eza ezee] «une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> sel»|# mamba ≠ mban #| → [mamb mban] «<strong>de</strong>ux serpents»|# oll ≠ oluu #| → [oll oluu] «un vieux papayer»|# ew ≠ eyomo #| → [e eyomo] «un poisson fumé»|# ozono ≠ ombya #| → [ozon ombya] «une belle tige <strong>de</strong> rotin»Observation généraleOn remarquera, à partir <strong>de</strong>s exemples ci-<strong>de</strong>ssus, que le ton que portait une voyelleélidée peut avoir une inci<strong>de</strong>nce sur la tonalité du mot qui suit. Les mécanismes qui sousten<strong>de</strong>ntces changements tonals seront étudiés dans la section réservée à ce propos. Onnotera aussi que c’est généralement la première voyelle qui s’éli<strong>de</strong>, mais ce n’est pastoujours le cas. En effet, dans quelques contextes, c’est la <strong>de</strong>uxième voyelle qui s’éli<strong>de</strong> :il s’agit <strong>de</strong> l’initiale <strong>de</strong>s possessifs et <strong>de</strong> la première voyelle du morphème <strong>de</strong> plurieldans les formes verbales injonctives.Illustration :|# oll ≠ w# | → [oll ] «un papayer à lui»|# ew ≠ zam #| → [e zam] «un poisson à moi»|# ezao ≠ zan #| → [ezao zan] «un livre à vous»|# yandy-a=e-an #| → [yanjaen] «travaillez donc»|# za-n-a-o=an# | → [zanoon] «soyez souvent bénis»


271.1.3.1.3- L’assimilation1- L’assimilation régressiveL’assimilation régressive touche exclusivement la voyelle <strong>de</strong> la pré-finale|-a-|et celle <strong>de</strong> l’épenthèse homophone qui la précè<strong>de</strong> immédiatement. Elle produitl’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> la voyelle <strong>de</strong> ces morphèmes avec la voyelle finale.|# a-e- +kol-a-a#| → [ekolaa] «il achète d’habitu<strong>de</strong>»|# a-a+ol-a- #| → [aol] «il achetait»|# a-e-e- + kol-a-e #| → [eek3olee] «il n’achetait pas»|# a-a+ wol-a-o #| → [awoloo] «il était frappé»ou «on le frappait»2- L’assimilation progressiveL’assimilation progressive touche la voyelle <strong>de</strong> certaines extensions qui suiventimmédiatement le radical verbal et crée l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> cette voyelle avec celle du radical,sauf si cette <strong>de</strong>rnière est [a] auquel cas, la distinction entre les <strong>de</strong>ux voyelles estmaintenue. En voici quelques exemples :mais :+wek-l--a → [ekelya] «croire, avoir confiance»+zk-l--a → [sklya] «rincer»+zk-l--a → [sklya] «abîmer, gaspiller»+lumb-l-a → [umbula] «s’enflammer»+yak-l--a → [yaklya] «errer, flâner»+ak-l--a → [paklya] «commencer»De même :+wo-t--a → [ootya] «maintenir avec force»+ul-t-a → [kuluta] «frotter avec force»+z-t--a → [stya] «aiguiser superficiellement »mais :+nyam-t--a → [nyamtya] «faire <strong>de</strong>s conjectures»


281.1.3.1.4- La contractionIl existe un autre type <strong>de</strong> contact vocalique dont les manifestations sont limitées à<strong>de</strong>s contextes spécifiques et dont le résultat est une voyelle d’un autre timbre. Il s’agit<strong>de</strong> la combinaison <strong>de</strong> /a/, constituant une finale verbale, avec /i/ constituant l’initiale<strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong>s classe 8 et 9 ou avec l’initiale d’un verbe à l’infinitif.Illustration:Avec les substantifs <strong>de</strong> classe 8|# youna ≠ yma #| → [youne yma] «lave le linge (les choses)»|# myes3za ≠ pl#| → [myes3ze pl] «j’essuie <strong>de</strong>s assiettes»|# akaa ≠ w #| → [akae ] «il a frit <strong>de</strong>s poissons»Avec les substantifs <strong>de</strong> classe 9|# noa ≠ kala #| → [noe kala] «bâtis un village »|# epka ≠ mbuma #| → [epke mbuma] «il grille une tomate»|# ebep3ana ≠ kai#| → [eep3ane ka] «il sculptera unepagaie»Avec un infinitif, nous avons, par exemple, les réalisations suivantes :[euta][eute yanja][eute smbuna]«il cherche»«il veut travailler»«il veut se cacher»S’il est assez facile <strong>de</strong> déterminer les voyelles en contact dans le cadre <strong>de</strong>scombinaisons entre forme verbale et substantif, ce n’est pas le cas dans la combinaisonentre <strong>de</strong>ux verbes. Nous savons que le préfixe <strong>de</strong> l’infinitif est celui <strong>de</strong> la classe 10b,soit - et que l’augment <strong>de</strong> cette classe est la voyelle /i/. Ce contexte a + i rentre biendans la logique <strong>de</strong>s combinaisons avec les substantifs. Toutefois lorsqu’on met ensecon<strong>de</strong> position <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> classe 10b, la contraction ne se produit pas et lasecon<strong>de</strong> voyelle est conservée, puisqu’on a les réalisations ci-après :|# esa ≠ dya #| → [es ya] «il coupe <strong>de</strong>s feuilles»|# ws3a ≠ kon #| → [s3 kon] «ils font une provision <strong>de</strong>bois <strong>de</strong> chauffage»


29Nous venons <strong>de</strong> voir, à partir <strong>de</strong>s formes concaténées citées plus haut, que c’estl’association <strong>de</strong> a + i qui donne la réalisation [e] et que seule la voyelle latente [i]renvoyant à l’augment <strong>de</strong>s classes 8 et 9 est susceptible d’engendrer la contraction 9 . Dece fait, nous avions pensé, dans un premier temps, que l’infinitif était composé non pasd’un, mais <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux préfixes nominaux dont l’un est bien entendu le préfixe <strong>de</strong> classe10bet dont l’autre serait le préfixe <strong>de</strong> classe 8, dans la mesure où l’effacement <strong>de</strong>s préfixes<strong>de</strong> classes 10b et 8 <strong>de</strong>vant une consonne justifie la configuration <strong>de</strong> l’infinitif telle quenous la connaissons. Le préfixe <strong>de</strong> classe 9 est exclu pour <strong>de</strong>s raisons phonotactiques.En effet, si le premier préfixe <strong>de</strong> l’infinitif était celui <strong>de</strong> la classe 9, il se manifesterait,dans la réalisation, par son maintien <strong>de</strong>vant une consonne sonore qui serait celle dupréfixe nominal <strong>de</strong> classe 10b.Nous avons abandonné cette hypothèse car, non seulement les élémentspréfixaux <strong>de</strong> la classe 8 ne se manifestent quasi jamais mais également, parce qu’un telagencement nous paraît très compliqué morphologiquement. Nous pensons donc que lamutation vocalique observée lorsque <strong>de</strong>ux verbes sont mis en contact résulte d’unphénomène exceptionnellement figé et très ancien. Il n’en <strong>de</strong>meure pas moins que lesvoyelles impliquées dans ce contact sont la voyelle [a] d’une finale verbale et lavoyelle augment [i]. Le résultat du processus est le rehaussement <strong>de</strong> la voyelle /a/ ouinversement, l’abaissement <strong>de</strong> la voyelle haute /i/. Notons que la réalisation <strong>de</strong> cessyntagmes offre <strong>de</strong>ux possibilités d’interprétation et, donc <strong>de</strong>ux possibilités d’analyse.On peut attribuer la voyelle résultante soit au premier lexème soit au second. En effet,on peut aussi bien transcrire :que :[ekae ][eep3ane ka][eka e][eep3an eka]«il frit du poisson (litt. il frit <strong>de</strong>s poissons)» cl.8«il sculptera une pagaie» cl.9«il frit du poisson (litt. il frit <strong>de</strong>s poissons)»«il sculptera une pagaie»L’augment <strong>de</strong> ces substantifs n’apparaît généralement pas. Cependant, la <strong>de</strong>uxièmetranscription pourrait sembler plus adéquate puisqu’ailleurs, c’est la finale verbale quis’éli<strong>de</strong> comme en témoignent les combinaisons suivantes :9 Cette contraction est impossible avec les augments <strong>de</strong> classes 4 et 5 ( qui sont également représentés parla voyelle /i/) car ils ne sont latents.


30[youn owao] ← |# youna ≠ owao#| «lave la pirogue»[omb y] ← |# omba ≠ y #| «enlève les chemises»[epoy okwaa] ← |# epoya ≠ okwaa #| «il aiguise unemachette»Nous avons choisi la première transcription pour <strong>de</strong>ux raisons. La premièreraison, déjà notée, est la quasi-totale absence <strong>de</strong> l’augment pour ces lexèmes,notamment dans leur forme "citée". La <strong>de</strong>uxième raison est liée à la tonalité <strong>de</strong>slexèmes en position 2.Comme nous le verrons plus loin, tonologiquement l’infinitif se comportecomme un nominal plein ; c’est-à-dire qu’il a <strong>de</strong>ux configurations tonales : uneconfiguration entièrement basse qui est celle <strong>de</strong> base (tonalité à la forme indéfinie) etune configuration tonale i<strong>de</strong>ntique à la configuration générale que les nominaux ont à laforme définie, soit B+HB ( [olomba] «le <strong>de</strong>ssus»). Si nous examinons les réalisations ciaprès:[eute yanja][eute smbuna]«il veut travailler»«il veut se cacher»nous nous apercevons que l’infinitif n’a ni l’une ni l’autre <strong>de</strong> ces configurations. Il estentièrement haut, alors que la finale du premier verbe porte un ton bas. Ce paysage tonalest observé lorsque le lexème, notamment l’adjectif qualificatif, est <strong>de</strong> schèmeentièrement bas et précédé <strong>de</strong> ton haut comme en témoignent les exemples suivants :|# owana ≠ owao #| → [owan owao] «un petit enfant»|# nao ≠ nyao #| → [nao nyao] «une petite maison»Ceci nous laisse penser que l’infinitif est ici dans sa forme tonale <strong>de</strong> base, mais qu’il estprécédé d’un ton haut flottant. Or si la voyelle contractée appartenait au lexème <strong>de</strong>droite, donc à l’infinitif, nous aurions les réalisations suivantes :*[eut eyanja]*[eut esmbuna]


31ce qui n’est pas le cas. D’où notre choix d’attribuer la voyelle contractée à la finale dupremier lexème. Notons que les problèmes tonals que posent ces formes serontenvisagés plus loin <strong>de</strong> manière détaillée.1.1.3.2- Les contacts consonantiquesLes contacts consonantiques concernent principalement les combinaisons NC(nasale +consonne) où la nasale est ou n’est pas syllabique. La nasale <strong>de</strong>vienthomorganique à la consonne. Nous avons par exemple :N + p → (m)p[paza] «une gale» ~ [mpaza]«<strong>de</strong>s gales»N + b → mb ou N + b → mb[mbwa] «un chien» ~ [mbwa] «<strong>de</strong>s chiens»N + t → (n)t[tuma] «une fourchette» ~ [ntuma]«<strong>de</strong>s fourchettes»N + d → nd ou N + d → nd[n<strong>de</strong>o] «un ami» ~ [n<strong>de</strong>o] «<strong>de</strong>s amis»N + k → ()k[kala] «un village» ~ [kala] «<strong>de</strong>s villages»N + → ou N + → [alo] «une boîte» ~[alo] «<strong>de</strong>s boîtes»On note également les combinaisons ci-après qui engendrent la mutation <strong>de</strong> laconsonne initiale <strong>de</strong>s thèmes nominaux et <strong>de</strong>s radicaux verbaux. Cette alternance seratraitée plus loin.N + →[ea][pan](m)p«la nourrice» cl.7«la manière <strong>de</strong> porter» cl.9N + w → mb ou N + w → mb[epl eya] «une belle assiette» cl.7[mbwa mbya] «un beau chien» cl.9N + → (n)t[awan aeo] «rien que <strong>de</strong>s enfants» cl.2[kala snteo] «rien que <strong>de</strong>s villages» cl.10


32N + l → nd ou N + l → nd[ezaom ela] «une longue lettre»[n<strong>de</strong>o nda] «une longue amitié»N + v → (m)f[vano][mfan]«le refuge»«les manières <strong>de</strong> fuir»N + →[oula][kula]()k«le noyer»«les noix»N + s 10 → (n)c[ozua][ncua]«type d’arbre» cl.3«les fruits <strong>de</strong> cet arbre» cl.10Les parenthèses indiquent que, lorsque la consonne est sour<strong>de</strong>, tantôt la nasaleest réalisée tantôt elle ne l’est pas. Elle n’est pas réalisée dans le mot lorsque celui-ci esten forme <strong>de</strong> citation ou à l’initiale <strong>de</strong> phrase et lorsque la voyelle augment n’est pasréalisée. On comprendra donc que ce cas <strong>de</strong> figure concerne essentiellement lessubstantifs <strong>de</strong> classe 9 et, dans une moindre mesure, ceux <strong>de</strong> la classe 10 en positioninitiale dans un syntagme énumératif puisque dans ce contexte, l’augment est absent.On a ainsi :[ntuma]«<strong>de</strong>s fourchettes»mais :[tuma ncao ]«trois fourchettes»En revanche, en phrase, la nasale est toujours réalisée dans la mesure où lavoyelle finale du premier lexème ou la voyelle augment lui sert d’appui. Ainsi on a :mais :[tuma]«une fourchette»[kamb]«une antilope»[yn nt3uma] «ceci c’est une fourchette»[eanda z kamb] «une peau d’antilope»10 Comme nous l’avons vu à la page 9, /s/ constitue une première étape à la réalisation affriquée puisquela consonne initiale est |z| comme en témoigne le substantif en classe 3.


33Pour ce qui est <strong>de</strong>s combinaisons N+n, N+m ou encore N+, nous les noteronspar une seule nasale puisque aucune gémination n’est réalisée. D’autre part, les seulescombinaisons admises par la langue sont celles qui associent une nasale et une consonneou une semi-voyelle. Nous avons donc :+nomba [nomba] «une montagne»+mn [mn] «un mulet»+w-n [n] «une manière <strong>de</strong> se gratter»1.1.3.3- Les règles phonologiquesLes contacts ci-<strong>de</strong>ssus permettent d’établir les règles phonologiques suivantes :Règle 1 :La voyelle⏐i⏐ est élidée <strong>de</strong>vant un autre ⏐i⏐ dont elle est séparée par unelimite <strong>de</strong> morphème.⏐i⏐ → φ / ⎯ − ⏐i⏐Illustration:|# a-a+bek-l-- #| → [aekel] «il a cru»|# a-a+yk-l--#| → [aykl] «il avait jugé»Règle 2 :Lorsqu’elle est précédée <strong>de</strong> /w/, la voyelle ⏐o⏐ est élidée <strong>de</strong>vant une autrevoyelle dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème.⏐o⏐ → φ / w ⎯ + VIllustration:|# o-wo+ao #|→ [owao] « une pirogue »→|# o -wo+mb ≠ o -wo+ao #|[omb ow3ao] «le petit bras du fleuve»


34Règle 3 :La voyelle fermée ⏐i⏐ et la voyelle mi-fermée ⏐o⏐ sont obligatoirementreprésentées par les semi-voyelles correspondantes quand elles sont placées <strong>de</strong>vant uneautre voyelle (i<strong>de</strong>ntique ou différente) dont elles sont séparées par une limite <strong>de</strong> thèmeou <strong>de</strong> morphème.|i|et |o| → [+ Cont.] / ⎯ V+-Cette règle générale peut-être décomposée en trois sous-règles comme suit :Règle 3a :⏐i⏐ → [y] / i - ⎯ + V (v = i ou ≠ i)Illustration :|# na ≠ -+mbl #|→ [n ymbl] «avec <strong>de</strong>s balais»→|# a-wa+ana ≠ wa+a ≠ -+la #|[awana yla] «<strong>de</strong> petits régimes <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme»Règle 3b :|i| → [ y ] / ⎯ V+-Illustration :|#-m+aa #| → [myaa] «<strong>de</strong>s outils en fer»|#-d+nd--a #| → [pndya] «faire semblant»


35Lorsqu’il y a une suite <strong>de</strong> trois voyelles, la limite <strong>de</strong> thème déterminel’application prioritaire <strong>de</strong> la règle à la voyelle qui la précè<strong>de</strong>.Règle 3c :|o| → [ w ] / ⎯ V+-Illustration:|# o-mo+ana ≠ o-mo+ao #|→ [owan owao] «un petit enfant»→|#o-mo+mb ≠ o-mo+ee #|[omb oee] «beaucoup <strong>de</strong> soupe»|# +-o-a #|→ [wa] «sors»N.B. : La règle 1c n’est pas appliquée lorsque la voyelle /o/ est précédée <strong>de</strong> laconstrictive vélaire /w/ auquel cas, elle s’éli<strong>de</strong>.→→| # o-wo+ao #|[owao] «une pirogue»|#o -wo+mb ≠ o -wo+ao #|[omb ow3ao] «le petit bras du fleuve»Règle 4 :Placé <strong>de</strong>vant une limite <strong>de</strong> thème ou <strong>de</strong> morphème, tout phonème vocalique nonexposé à la semi-vocalisation est élidé <strong>de</strong>vant une autre voyelle dont il est séparé parune limite <strong>de</strong> thème.V → φ / ⎯ + V


36Illustration:→→|# e-ze+alna #|[ezalna] «un peigne»|# a-ma+ao ≠ a-ma+ee #|[amaw amee] «beaucoup <strong>de</strong> pirogues»L’élision vocalique s’applique également dans les contextes évoqués dans lesrègles 1 et 2 ainsi que dans les suivants :Règle 4a :Lorsqu’elle est précédée <strong>de</strong> la nasale bilabiale ⏐m⏐, la voyelle du préfixe s’éli<strong>de</strong><strong>de</strong>vant la fricative bilabiale // et <strong>de</strong>vant la continue labiale /w/ dont elle est séparée parune limite <strong>de</strong> thème.V → φ / m ⎯ +///w/Illustration:→→→|# o-mo+wena ≠ o-mo+olo #|[omben ompolo] «un grand chasseur»|# -m+wumu ≠ -m+olo #|[mbumw mpolo] «<strong>de</strong> gros ventres <strong>de</strong> poisson»|# a-ma+wumu ≠ a-ma+olo #|[ambumw ampolo] «<strong>de</strong> gros ventres»|# a-ma+aza # a-ma+wan #|→ [ampaz amban] «<strong>de</strong>ux jumeaux»(Cette règle s’accompagne d’une <strong>de</strong>uxième transformation, celle <strong>de</strong> l’initiale du thème ;celle-ci sera présentée plus loin.)


37Règle 4b :Lorsqu’elle est précédée <strong>de</strong> la <strong>de</strong>ntale ⏐d⏐, la voyelle du préfixe s’éli<strong>de</strong> <strong>de</strong>vantla continue palatale /y/ dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème et la consonne<strong>de</strong>ntale s’intègre dans l’attaque <strong>de</strong> la première syllabe du thème.⏐i⏐ → φ / d ⎯ + /y/Illustration:→|# -d+ya ≠ -d+na #|[ya yna] «<strong>de</strong> nouvelles feuilles»|# -d+yaa ≠ -d+ee #|→ [ya yee] «beaucoup <strong>de</strong> silures (synodontis) 11 »Règle 5 :La fricative labiale sonore || est réalisée par l’occlusive labiale sour<strong>de</strong> [p]lorsqu'elle est placée <strong>de</strong>rrière une nasale labiale dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong>thème.⏐ ⏐ → [ p ] / m + ⎯Illustration:|# a-ma+a #⏐ → |# a-m+a #⏐ → [ampa] «<strong>de</strong>s branches»|# a-ma+ombo #⏐ → |# a-m+ombo #⏐ → [ampombo] «<strong>de</strong>s abcès»11 RAPONDA-WALKER, A. op.cit


38L’occurrence <strong>de</strong> // à l’initiale du thème nominal est confirmée par :[a] «une branche» cl.5[ombo] «un abcès» cl.5Règle 6 :La nasale⏐n⏐ tonale ou non tonale acquiert le point d’articulation <strong>de</strong> laconsonne subséquente dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème et forme avec elleune séquence homorganique.⏐n⏐ → [+ α] / ⎯ + C [+ α]Illustration :|# -n+bwa #| → [mbwa] «un chien»|# -n+kala #| → [kala] «<strong>de</strong>s villages»|# -n+ma #| → [ma] «<strong>de</strong>s tambours»|# -n+buma #| → [mbuma] «<strong>de</strong>s tomates»Règle 7 :La nasale bilabiale |m| est représentée par la dorso-vélaire sonore [] lorsqu'elleest immédiatement suivie d’un [w] issu du processus <strong>de</strong> semi-vocalisation et placé<strong>de</strong>vant une limite <strong>de</strong> thème.|m| → [] / ⎯ w +Illustration:|# o-mo+ana ≠ o-mo+n #⏐→ [owan on] «un autre enfant»|# o-mo+anto ≠ o-mo+ao #⏐→ [owant 3owao] «une petite femme»


39Cette règle montre non seulement que la nasale est homorganique à la semivoyelle[w] mais aussi qu’à l’intérieur du préfixe, c’est le trait vélaire <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnièrequi est prédominant, alors qu’en présence d’une limite <strong>de</strong> thème c’est le trait labial quiprédomine ( |#-n+we #⏐ → |#i-m+we #⏐ → [mbe] «mauvais» cl.10).Enfin, [mw] est attesté tel quel lorsque la consonne nasale est située à la finale duradical verbal et que -w- représente la réalisation d’un suffixe -o- suivi d’une voyellefinale ( [omwa] «arriver»).Règle 8 :La continue labiale sonore |w| est réalisée par l’occlusive labiale sonore [b]lorsqu'elle est placée <strong>de</strong>rrière la nasale /m/dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong>thème.⏐w ⏐ → [b] /m + ⎯Illustration :|# -n+we #| → |# -m+we #| → [mbe] «mauvais» cl.10|# a-ma+wumu #⏐ → |# a-m+wumu #⏐ → [ambumu] «<strong>de</strong>s ventres» cl.6L’occurrence <strong>de</strong> /w/ à l’initiale du thème nominal est confirmée par :[ee] «mauvais» cl. 7[wumu]«un ventre» (cl.5)Règle 9 :Dans un mot dissyllabique <strong>de</strong> type (V)-N + CsonVNCsonV, la consonne situéeà l’initiale du thème est effacée et la nasale homorganique <strong>de</strong>vient l’attaque <strong>de</strong> lapremière syllabe du thème (Règle <strong>de</strong> Meinhof).C [+ son.] → φ/ (V)-Ν + ⎯ VNC [+ son.]


40Illustration :|# -n+omba #|→ |#-+omba #|→ |#-+omba #|→ [omba] «<strong>de</strong>s porcs-épics»|# a-ma+wemba #|→ |# a-m+wemba #|→ |#a-m+bemba #|→ |#a-m+emba #|→ [amemba] «<strong>de</strong>s trous»L’occurrence <strong>de</strong> /w/ à l’initiale du thème est confirmée par la forme du singulier[emba].Il faut dire que la tendance actuelle est <strong>de</strong> reconstruire le singulier à partir dupluriel, soit : [memba]. Ainsi coexistent <strong>de</strong>ux formes au singulier pour une seule formeau pluriel.Règle 10 :La latérale alvéolaire sonore|l| est réalisée par l’occlusive <strong>de</strong>ntale sonore [d]lorsqu'elle est placée <strong>de</strong>rrière une nasale dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème.⏐l ⏐ → [d ] / n + ⎯Illustration :|# -n+bom ≠ -n+la #⏐ → [mbom nda]«une longue calebasse»|# -n+too ≠ -n+ll- #⏐ → [nto ndl]«<strong>de</strong>s bâtons tendres»L’occurrence <strong>de</strong> /l/ à l’initiale du thème adjectival est confirmée par :[el ela][ozon oll]«une longue robe»«une liane tendre»


41Règle 11 :La battue alvéolaire sonore|| est réalisée par l’occlusive alvéolaire sour<strong>de</strong> [t]lorsqu'elle est placée <strong>de</strong>rrière une nasale dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème.⏐ ⏐ → [t] / n + ⎯Illustration :|# -n+nd- #| → [ntnd] «<strong>de</strong>s balafres»|# -n+bute ≠ -n+eo # ⏐ → [mbut nteo] «<strong>de</strong>s bouteilles vi<strong>de</strong>s»par :L’occurrence <strong>de</strong> // à l’initiale du thème nominal ou adjectival est confirmée[ond] «un trait» (cl.3)[epl eeo] «une assiette vi<strong>de</strong>» (cl.7)Règle 12 :L’occlusive vélaire sonore || est réalisée par sa correspondante sour<strong>de</strong>[k]lorsqu'elle est placée <strong>de</strong>rrière une nasale dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème.⏐ ⏐ → [k] / N + ⎯→ [] / ailleursIllustration :|# -n+wa #| → [kwa] «<strong>de</strong>s tarots»|# -n+kondo ≠ -n+a-e #| → [kond kae]«<strong>de</strong>s carpes frites»par :L’occurrence <strong>de</strong> //à l’initiale du thème nominal ou adjectival est confirmée[ewa]«espèce d’igname» cl.7[e eae] «un poisson frit» cl.7


42N.B. Si cette règle est régulière à l’initiale <strong>de</strong>s thèmes dérivés déverbatifs, ce n’est pastoujours le cas partout. En effet, on relève <strong>de</strong> nombreux cas où //est maintenu aprèsnasale. L’occurrence <strong>de</strong> l’une ou l’autre consonne est très difficile à prévoir et noussupposons que la règle qui prévoit la réalisation [k] <strong>de</strong> //après nasale n’est pasarrivée à son terme.[oewa][ewa][uwa][owa]«la vague»«le remous»«le bouclier»«le cochon»Règle 13 :La fricative sonore |s| est réalisée par l’affriquée sour<strong>de</strong> [c] lorsqu'elle estprécédée par une nasale dont elle est séparée par une limite <strong>de</strong> thème.⏐s⏐ → [c] /n + ⎯Illustration :|# -n+zmb- #⏐ |# -n+zua #⏐→ |# -n+smb- #⏐ → |# -n+sua #⏐→ |#-n+cmb- #⏐ → |# -n+cua #⏐→ [ncmb] → [ncua]«<strong>de</strong>s reproches» «<strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong> l’ozuga»L’occurrence <strong>de</strong> /z/ à l’initiale du thème nominal est confirmée par :[ozmb][ozua]«action <strong>de</strong> reprocher»«espèce d’arbre»Règle 14 :Précédée d’une nasale dont elle est séparée ou non par une limite <strong>de</strong> thème, laséquence ⏐dy⏐ est réalisée par l’affriquée [j].


43⏐dy⏐ → [j] / N (+ ) ⎯Cette règle s’applique postérieurement à l’élision vocalique et au passage <strong>de</strong> laconsonne préfixale dans l’attaque <strong>de</strong> la syllabe initiale du thème.Illustration :Forme <strong>de</strong> départ : |# -n-d+yemb-n #⏐Elision vocalique : |# -n-d+yemb-n #⏐Insertion du PN dans le thème : |# -n+dyemb-n #⏐Réalisation affriquée <strong>de</strong> la séquence : [njembn]«<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> chanter»Il en est <strong>de</strong> même pour :|-n-d+y-n⏐ → [njn] «<strong>de</strong>s traitements médicaux»où l’occurrence <strong>de</strong> [y] en attaque <strong>de</strong> la syllabe initiale du thème nominal est confirméepar :[yembo][ya]«<strong>de</strong>s chants»«un traitement»et où l’existence d’un thème à initiale /y/ est confirmée par l’impératif <strong>de</strong>s verbes :[yemba][ya]«chante»«soigne»Règle 15 : Cette règle d’assimilation se subdivise en <strong>de</strong>ux sous-règles :Règle 15a :La voyelle ⏐a⏐comprise dans la pré-finale ⏐-a-⏐est assimilée auxvoyelles [e i o] <strong>de</strong> la finale verbale.ee⏐a⏐ → i / - — - i #oo


44Illustration :|# a-e- +dyandy-a-a #|→ [eyanjaa] «il a l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> travailler»|# a-a+dyandy-a- #|→ [ayanj] «il a déjà travaillé»|# a-e-e- +dyandy-a-e #|→ [eey3anjee] «il ne travaillait pas d’habitu<strong>de</strong>»→|# a-e-e- +dyandy-n-a-o #|[eey3anjnoo] «on ne travaillait pas d’habitu<strong>de</strong> pour lui»(litt. «il n’était pas souvent travaillé pour»)Règle 15b :La voyelle du sufixe <strong>de</strong> l’inchoatif s’assimile à la voyelle du radical lorsquecelle-ci est différente <strong>de</strong> /a/.Illustration :mais :+wek-l--a → [ekelya] «croire, avoir confiance»+zk-l--a → [sklya] «rincer»+zk-l--a → [sklya] «abîmer, gaspiller»+lumb-l-a → [umbula] «s’enflammer»+yak-l--a → [yaklya] «errer, flâner»+ak-l--a → [paklya] «commencer»Règle 16 :La voyelle |a| <strong>de</strong> la finale verbale et la voyelle |i| augment <strong>de</strong>s classes 8 et 9se contractent en [e].⏐a⏐ ≠ ⏐i⏐→ [e]


45Illustration:→|# a-a ≠ -+ma ≠ -+w #|[e ym3a yw] «donne quelques affaires»→|# a-e -be+ko-a ≠ -n+bwa #|[eek3oe mbwa] «il attachera un chien»La règle 16 est une règle mineure. En effet, la contraction <strong>de</strong> |a+i| en /e/ estl’apanage <strong>de</strong>s seuls augments <strong>de</strong>s classes 8 et 9. L’augment <strong>de</strong>s classes 4, 5, 10 et 10b,représenté également par la voyelle ⏐i⏐ ne provoque pas la contraction sauf, pour celui<strong>de</strong> la classe 10b, lorsque le préfixe est celui d’un infinitif. On a ainsi :|# azwen3oa ≠ tondo #|→ [azen3o tondo] «nous confectionnons <strong>de</strong>s paniers»|# enamba ≠ l #|→ [enamb l] «il cuit une citrouille»|# wdy3oma ≠ nyz #|→ [wy3om nyz] «ils fument <strong>de</strong>s silures»|# esa ≠ kon #|→ [es kon] «il fait <strong>de</strong>s provisions <strong>de</strong> bois <strong>de</strong> chauffage»|# azwe3uta ≠ ≠ tnda #|→ [aze3ute tnda] «nous voulons écrire»Règle 17 :La voyelle⏐i⏐et les voyelles postérieures⏐u⏐, ⏐o⏐, et ⏐⏐ sont représentéespar les semi-voyelles correspondantes lorsqu’elles sont placées <strong>de</strong>vant une autre voyelledont elles sont séparées par une limite intérieure <strong>de</strong> syntagme.|i| → [y] ≠─|o| → [w] #V


46Illustration :→|# ampa ≠ ampolo #|[ampay ampolo] «<strong>de</strong> grosses branches»|# kuku ≠ l #|→ [kuk l] «une lour<strong>de</strong> toile»→→|# dodo ≠ lunu #|[o luu] «d’anciennes balances»|# zn ≠ elendna #|[zn elendna] «ceci est un arc»La semi-vocalisation <strong>de</strong> ces voyelles est obligatoire lorsqu’elles constituent lafinale d’un thème monosyllabique.|# ati ≠ amee #| → [aty amee] «beaucoup d’excréments»|# ku ≠ myna #| → [k myna] «<strong>de</strong> nouveaux résidus»|# do ≠ l #| → [ l] «une lour<strong>de</strong> pierre»|# a ≠ ala #| → [aw ala] «<strong>de</strong> longs bras»Remarque :Lorsque les <strong>de</strong>ux voyelles sont i<strong>de</strong>ntiques ou lorsque les voyelles |u|et||sontsuivies d’une voyelle |o|, c’est alors l’élision qui est appliquée.|# k ≠ nyee #| → [k nyee] «beaucoup d’encre»|# odo ≠ ompolo #| → [o ompolo] «un grand lit»|# obu ≠ owna #| → [o owna] «un nouveau trou à rat»|# oz ≠ ola #| → [oz ola] «une longue pipe»Règle 18 (générale) :Toute voyelle qui n’est pas semi-vocalisable ou contractable est élidée <strong>de</strong>vantune autre voyelle i<strong>de</strong>ntique ou différente dont elle est séparée par une limite intérieure<strong>de</strong> syntagme.⏐V⏐ → φ / ⎯ ≠ V


47Illustration :|# eee ≠ ezao #|→ [ee ezao] «un petit arbre»|# ew ≠ eolo #|→ [e eolo] «un gros poisson»|# ezma ≠ ele #|→ [ezm ele] «un objet trouvé»|# amba ≠ wya #|→ [amb ya] «c’est une bonne chose»L’élision vocalique s’applique également lorsque les voyelles |i|et |o|sontsuivies d’une voyelle i<strong>de</strong>ntique ou lorsque les voyelles ⏐u⏐ et⏐⏐ sont placées <strong>de</strong>vantla voyelle ⏐o⏐et ce, même si le premier lexème est dissyllabique.|# l ≠ ao #| → [l ao] «trois cor<strong>de</strong>s»|# owao ≠ owao #| → [owa owao] «une petite pirogue»|# otutu ≠ onmb #| → [ot h ut onmb] «<strong>de</strong> la fumée noire»|# on ≠ ombe #| → [on ombe] «un vieux méchant»N.B. : L’élision <strong>de</strong> la voyelle antérieure /i/ et <strong>de</strong>s voyelles postérieures /u/, /o/ et // estfacultative, hormis lorsqu’elles constituent la finale d’un substantif <strong>de</strong> thèmemonosyllabique, auquel cas, la semi-vocalisation est obligatoireRègle 19 :La continue palatale /y/ précédée <strong>de</strong> consonne est élidée <strong>de</strong>vant la voyelle /i/dont elle est séparée par une limite intérieure <strong>de</strong> syntagme. Cette règle est postérieureaux règles d’élision énoncées en 16./y/ →φ / ⎯ ≠ /i/


48Illustration :|# pklya ≠ be #| → [pkl e] «<strong>de</strong> mauvaises pensées»|# wmbya ≠ olo #| → [wmb olo] «un gros serpent noir»1.1.3.4- L’aphérèseL’aphérèse concerne soit la séquence préfixale dans sa totalité, soit uniquementle préfixe nominal, soit uniquement la voyelle augment. Elle s’applique aux substantifs<strong>de</strong> classes 8, 9, 10 et 10b, aux formes verbales <strong>de</strong> classe 1 ainsi qu’aux formespossessives.Sur le plan prosodique, les tons <strong>de</strong>s morphèmes touchés par l’aphérèse ne sontpas effacés, ils restent flottants et sont dynamiques lorsque le substantif est en phrase,comme nous le verrons dans la tonologie post-lexicale.Il est important <strong>de</strong> noter que l’aphérèse touchant les augments <strong>de</strong> classes 8 et 9s’applique postérieurement à l’assimilation partielle en /e/ <strong>de</strong> la finale verbale|a|(règle 16) et à la représentation par /y/ du préfixe nominal <strong>de</strong> classe 8 <strong>de</strong>vant lesthèmes à initiale vocalique (règle 3a p.34). Pour le reste, elle s’applique comme suit :1- Dans les substantifs <strong>de</strong> classe 8, elle touche l’augment et le préfixe nominalnon semi-vocalisé en tout contexte, sauf lorsque le substantif est précédé du connectifou <strong>de</strong> l’indice associatif |na|, auquel cas elle ne touche que le préfixe nominal.mais :→|# -+la #| → [la] «<strong>de</strong>s robes»|# -+m ≠ -+nay #| → [m n3ay] «quatre haches»|# -+mbl #| → [ymbl] «<strong>de</strong>s balais»|# +n ≠ -+m#| → [yn 3m] «ce sont <strong>de</strong>s haches»|# +n ≠ -+ymbl #| → [yn y3mbl] «ce sont <strong>de</strong>sbalais»|# -m+ene ≠ +a ≠ -+m#|[mpene y m] «<strong>de</strong>s manches <strong>de</strong> haches»→|# -+ymbl ≠ na ≠ -+m#|[ymbl n m] «<strong>de</strong>s balais et <strong>de</strong>s haches»


492- Dans les substantifs <strong>de</strong> classes 9 et 10, elle touche le préfixe nominal lorsquele thème commence par une consonne nasale :|# -n+menda #| → [menda] «une hachette»|# -n+m #| → [m] «<strong>de</strong>s ignames»|# -n+nomba #| → [nomba] «<strong>de</strong>s montagnes»→→|# o-mo+ene ≠ o+a ≠ -n+menda#|[ompene menda] «le manche d’une hachette»|# o-mo+kwaa ≠ na ≠ -n+menda #|[okwaa n menda] «une machette et une hachette»3- Dans les substantifs <strong>de</strong> classe 9, elle touche :a- la séquence préfixale dans son ensemble lorsque le substantif dont le thèmecommence par une consonne sour<strong>de</strong> est placé à l’initiale <strong>de</strong> phrase.|# -n+kma #⏐ → [kma] «un singe»|# -n+poo #⏐ → [poo] «un rat»mais :|# -n+bom # ⏐ → [mbom] «une calebasse»|# -n+y# ⏐ → [y] «une chemise»b- l’augment vocalique en tout contexte sauf lorsque le substantif est précédé duconnectif ou <strong>de</strong> l’indice associatif.mais :→→|# -n+bom #⏐ → [mbom] «une calebasse»|# -n+y #⏐ → [y] «une chemise»|# -m+londa ≠ +a ≠ -n+bom #|[londa y mbom] «<strong>de</strong>s graines d’une calebasse»|# o-mo+kand ≠ na ≠ -n+y #|[okand n y] «un pantalon et une chemise»


504- Dans les formes verbales <strong>de</strong> classe 1, l’aphérèse s’applique au préfixe verbal|# a-a+w- #| → [aw] «il/elle avait pris»|# a-e- +kol-a #| → [ekola] «il/elle achète»|# a-e- +dyemb-z-a #| → [eyembza] «il/elle fait chanter»4- En classe 10b, l’aphérèse s’applique dans les formes infinitives ainsi qu’ausubstantif et au numéral qui le détermine. Elle touche la totalité <strong>de</strong> la séquence préfixalesauf si la consonne du préfixe nominal s’insère dans l’attaque <strong>de</strong> la première syllabe duthème dont l’initiale est|y|(règle 2d). Dans ce cas, l’aphérèse ne s’applique qu’àl’augment |-|.|# -d+amb-n-a#⏐ → [kambna] «prier»|# -d+lea ≠ -d+wan #⏐ → [ea an] «<strong>de</strong>ux biscuits»|# -d+kumbu ≠ -d+ao #⏐ → [kumbu tao] «trois bretelles»|# -d+yna#⏐ → [yna] «rire»|# -d+ywa#⏐ → [ywa] «se reposer»5- Dans les formes possessives, l’aphérèse touche la première voyelle du possessiflorsque la voyelle finale du lexème qui précè<strong>de</strong> est différente <strong>de</strong> /a/. Dans les autres cas,la première voyelle du possessif est maintenue et, le cas échéant, son maintien entraînel’élision <strong>de</strong> la voyelle finale /a/ du lexème précé<strong>de</strong>nt.|# otondo ≠ w#⏐ → [otondo ] «un panier à lui»|# kuku ≠ ny#| → [kuku ny] «une toile à lui»|# en<strong>de</strong> ≠ ny #⏐ → [end ny] «un messager à toi»|# ewe ≠ zawo #⏐ → [ewe zawo] «un poisson à eux»|# l ≠ yazo #⏐ → [l yazo] «<strong>de</strong>s cor<strong>de</strong>s à nous»|# ezmbl ≠ zan #⏐ → [ezmbl zan] «un balai à vous»|# els ≠ zam #⏐ → [els zam] «un foulard à moi»[z zaman][zazo zasus][zan zas][zam zasuka]«le sien (le travail), il est fini»«le nôtre (le travail), il est avanc黫le vôtre (le travail), il est bloqu黫le mien (le travail), il est sur le point <strong>de</strong> finir»


51mais :⏐# aba ≠ mam#⏐ → [a mam] «<strong>de</strong>s mangues à moi»⏐# awana ≠ w #⏐ → [awan w] «<strong>de</strong>s enfants à toi»⏐# alasa ≠ mam #⏐ → [alas mam] «<strong>de</strong>s oranges à moi»1.1.3.5- L’épenthèseL’épenthèse concerne uniquement les verbes <strong>de</strong> thème +CV(V)- ou +CCV- danscertains tiroirs <strong>de</strong> la conjugaison. Elle y adjoint <strong>de</strong>s éléments |-en-|et |-a-|.|-en-|apparaît après le radical, lorsque le verbe est conjugué au passé proche ouau passé éloigné. Comparons :+lemb-[aemb][alemb]+na-[anyen][anyen][anyen]+a-[aten][aen][aen]+nwa-[anen][anen]«essayer»«il a essay黫il avait essay黫manger»«il a mang黫il avait mang黫il mangeait ou il était en train <strong>de</strong> manger»«chasser»«il a chass黫il avait chass黫il chassait ou il était en train <strong>de</strong> chasser»«se battre»«il s’est battu»«il s’était battu»alors que nous <strong>de</strong>vrions avoir :*[any]*[any]*[any]«il a mang黫il avait mang黫il mangeait ou il était en train <strong>de</strong> manger»


52*[at]*[a]*[a]«il a chass黫il avait chass黫il chassait ou il était en train <strong>de</strong> chasser»|-a-| apparaît lorsque le verbe est conjugué dans un aspect duratif. On peutcomparer les formes ci-après :+nndy-[ennja][annji]«enseigner»«il enseigne»«il enseignait»avec les formes suivantes :+pa-[epafl][apaaa]«donner»«il/elle donne»«il/elle donnait souvent ou il/elle était en train <strong>de</strong> donner ( iln’y a pas longtemps)»L’épenthèse |-a-|aurait pu être analysée comme le redoublement <strong>de</strong> lapréfinale. Toutefois, les règles tonales qui s’appliquent aux syllabes post-radicalessuggèrent le contraire. En effet, la règle <strong>de</strong> redoublement du ton haut du radical sur unesyllabe suivante montre que la succession <strong>de</strong> |-a-a-| est constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxmorphèmes distincts (bien que homophones) puisque la préfinale est réalisée haute. Ilsemble qu’il y a, dans ces formes, une première règle qui produit un radical étendu parla combinaison du radical avec l’épenthèse dont le ton haut se redouble ensuite sur lapréfinale. C’est le même mécanisme qui se produit avec l’épenthèse |-en-|.1.1.4- Les tonèmes1.1.4.1- Inventaire <strong>de</strong>s tonsAvant <strong>de</strong> dégager les tonèmes proprement dits, nous nous proposons <strong>de</strong> faire laliste <strong>de</strong>s différentes hauteurs <strong>de</strong> la voix (ou tons) attestées dans la langue. L’orunguprésente <strong>de</strong>s tons dits ponctuels et <strong>de</strong>s tons modulés. Au nombre <strong>de</strong> trois, les tonsponctuels sont :


531- Le ton haut, désigné par H et noté par un accent aigu ( ).[mn][n][mb][oambaka]«<strong>de</strong>main»«celui-ci»«une sardine»«une racine»2- Le ton bas, désigné par B et noté par un accent grave ( ).[omamba][ezalna][swaka]«un serpent»«un peigne»«un couteau»3- Le ton haut-abaissé caractérisant un niveau intermédiaire entre le ton haut etle ton bas, désigné par A et noté par un trait vertical ( ).[l3asa][ez3en][epok3olo]«l’orange»«le débarcadère»«le chapeau»Les tons modulés sont d’une extrême rareté en orungu. Cependant, quelquesréalisations ont été relevées.1- Le ton <strong>de</strong>scendantLe ton <strong>de</strong>scendant désigné par HB et noté par un accent circonflexe ( ^ ) serencontre principalement dans les cas suivants : à l’infinitif <strong>de</strong> type A <strong>de</strong>s verbes dont leradical est <strong>de</strong> type CV, CVV ou CCV, dans les formes conjuguées (du subjonctif, <strong>de</strong>l’impératif itératif neutre, du passé proche et du passé irréel itératif) <strong>de</strong> ces mêmesverbes, dans la forme brève <strong>de</strong> l’adverbe interrogatif "comment ", dans l’adjectifinterrogatif "combien", dans le pronom indéfini "tout" simple ou redoublé et dans lesformes nomino-verbales d’antériorité.Illustration:Verbes à l’infinitif (typeA) :[nyafl][pafl][nwafl]«manger»«donner»«se battre»


54Formes conjuguées :[myeanye][onya][apa][azwaose]«que je mange»«mange <strong>de</strong> nouveau»«il/elle a donn黫si nous avions défriché <strong>de</strong> nouveau»Adverbe interrogatif :mais :[anee 3oo sfl] «comment allez-vous ?»[anee 3oo sn] «comment allez-vous ?»Adjectif interrogatif :[ak aknd amyafl] «combien <strong>de</strong> bananes plantains reste-t-il ?»[azwadk amyafl] «nous sommes restés combien ?»Pronom indéfini :De même :[ampaa moufl][awana woufl][ampaa mouufl][awana wouufl]«toutes les lois»«tous les enfants»«toutes les lois»«tous les enfants»Remarque :On notera que le ton montant BH représentable par un accent circonflexe inversé( ) n’est jamais réalisé en orungu.2- le ton haut abaissé-basLe ton haut abaissé-bas, que nous noterons par un accent vertical suivi d’unaccent grave ( 3a ) se rencontre sur le thème +mya «combien» et dans la conjugaison<strong>de</strong>s verbes dont le radical est <strong>de</strong> type CV, aux tiroirs du présent, du passé proche et dupassé négatif <strong>de</strong> l’indicatif.


55Illustration :Sur le thème «combien » :[awan amy3a ] «combien d’enfants ?»[anom amy3a ] «combien d’hommes ?»[nao my3a ] «combien <strong>de</strong> maisons ?»Tiroir du présent :[awana wny3a ][anome wt3a ][cwana ypy3a ]«les enfants mangent»«les hommes chassent»«la marmite brûle»Tiroir du passé proche :[wanw3a ]«ils se sont battus»[azwat3a skamb] «nous avons chassé <strong>de</strong>s antilopes»[wamy eombe zay3a n a3nda]«ils ont su l’heure à laquelle les étrangers sont arrivés»Tiroir du passé négatif :[kma seety3e ambena]«les singes n’ont pas eu peur <strong>de</strong>s chasseurs»[eep3e ya3o y]«il n’a pas donné ses livres»[anto weety3e ]«les femmes n’ont pas eu peur»1.1.4.2- Les oppositions significativesBien qu’ayant cinq types <strong>de</strong> réalisation tonale, le système <strong>de</strong> l’orungu présentetrès peu <strong>de</strong> paires tonales opposant <strong>de</strong>s lexèmes. Par contre, les paires minimalesopposant <strong>de</strong>s lexèmes à <strong>de</strong>s formes verbales ou <strong>de</strong>s syntagmes indéfinis à <strong>de</strong>s syntagmesdéfinis sont extrêmement nombreuses. En voici quelques-unes :


56[oa] Vs [oa]«<strong>de</strong>s épouses»«déménage (imp.)»[pa] Vs [pa] Vs [pa]«<strong>de</strong>s os» «donner(typeB)» «donner (type A)»[nwa] Vs [nwa] Vs [nwa]«bats-toi» «se battre(typeB)» «se battre(type A)»[pa] Vs [pa]«<strong>de</strong>s gouvernails»«fais signe <strong>de</strong> la main»[ezo] Vs [ezo]«un mortier»«le mortier»[ezalna] Vs [ezalna]«un peigne»«le peigne»[el ela] Vs [el 3ela]«une robe longue»«la longue robe»[onom ope] Vs [onom 3ope]«un petit homme»«le petit homme»[n o3a] Vs [n oa]«c’est un roi»«c’est le roi»1.1.4.3- Les réalisationsLes tons hauts et les tons bas sont réalisés <strong>de</strong> manière tout à fait distincte. Le tonhaut-abaissé est réalisé à un niveau intermédiaire entre le ton haut et le ton bas ; le ton<strong>de</strong>scendant débute au niveau haut pour terminer au niveau bas sur une même syllabe.Plus subtil, le ton abaissé-bas combine, dans la réalisation <strong>de</strong> la syllabe, un ton <strong>de</strong>niveau intermédiaire et un ton bas.Représentations :[l3asa] « l’orange » [ pa ] « donner »- -l3a- -sa___pa__


57[azeny3a ]«nous mangeons»a- -ze- -ny3a____En fonction <strong>de</strong> son environnement, un ton peut subir <strong>de</strong>s variations dans saréalisation. On note ainsi <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> downdrift et <strong>de</strong> downstep.1.1.4.3.1- Le downdriftComme dans la plupart <strong>de</strong>s langues, la courbe intonative <strong>de</strong> l’énoncé orungu<strong>de</strong>scend progressivement. Cette situation s’applique également au mot <strong>de</strong> telle sortequ’un ton quelconque est toujours réalisé plus bas qu'un ton i<strong>de</strong>ntique dont il est séparépar un ton différent.Illustration :/owonyawonya/ → [owonyawonya] «le papillon»o- -wo- -nya- -wo- -nya___ _ _→o- -wo- -nya- -wo- -nya_____1.1.4.3.2- Le downstepL’énoncé orungu se caractérise aussi par le phénomène <strong>de</strong> downstep puisqu’ilatteste <strong>de</strong>s tons hauts abaissés. Ce phénomène peut s’étendre à toute une série <strong>de</strong> tonshauts successifs <strong>de</strong> telle sorte que ces tons hauts sont réalisés comme une série <strong>de</strong> tonshauts abaissés <strong>de</strong> même niveau que le premier, créant <strong>de</strong> ce fait une terrasse tonale.


58Représentation :[n o3ambak oluu]«ceci c’est une ancienne racine»- -no- -3a- -mba- -ko- -lu- -u_ __ _ _ __Bien que nous paraissant simple, la notation que nous utilisons mérite quelquesprécisions. La syllabe marquée par un accent vertical signifie qu’elle doit être réaliséelégèrement plus bas par rapport au ton haut qui précè<strong>de</strong>, <strong>de</strong> telle sorte que la successiondu discours prendra ce ton abaissé comme nouveau registre <strong>de</strong> référence. Les syllabescomprises entre la faille tonale et le ton bas, bien que notées par un accent aigureprésentant le ton haut, sont réalisées au même niveau que celle marquée par la failletonale. En somme, l’abaissement concerne le registre <strong>de</strong> toutes les syllabes suivantesqui portent un ton haut. La notation <strong>de</strong> la phrase ci-<strong>de</strong>ssus :[in o3ambak oluu],correspond donc à la notation [in o ↓ ambak oluu] utilisée par d’autresauteurs.1.1.4.3.3- Le multi-abaissementOn note également dans la langue la succession <strong>de</strong> plusieurs tons hauts abaissés,formant ainsi <strong>de</strong>s escaliers tonals.Illustration :[awan 3aw3an][py3a 3al3os][3ut 3o3nd 3ow3anto]«les <strong>de</strong>ux enfants»«ils pressent les citrons»«ils cherchent la femme étrangère»


59Représentation :- -3u- -t3o- -3- -nd3o- -w3a- -nto_______I.2- SYSTEME DE CLASSES ET ALTERNANCES CONSONANTIQUES1.2.1- Les classes nominales1.2.1.1- L’augment1.2.1.1.1- La structure <strong>de</strong> l’augmentAux classes où les <strong>de</strong>ux voyelles sont représentées (ou peuvent l’être), la voyelleaugment est i<strong>de</strong>ntique à celle du préfixe nominal. A ce titre, elle se révèle un élémentprécieux pour déterminer <strong>de</strong> manière générale la voyelle du préfixe puisque, dans laplupart <strong>de</strong>s cas, celle-ci est élidée, comme nous le verrons plus loin dans la section 1.2.3sur l’attribution <strong>de</strong>s voyelles aux préfixes <strong>de</strong> classes. L’emploi <strong>de</strong> l’augment est nonseulement un indice révélateur du statut nominal d’une forme, mais il constitueégalement la seule marque <strong>de</strong> classe dans <strong>de</strong> nombreux cas.Illustration :|# e-ze+la # | → [ezla] «un régime <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme»|# o-mo+ana #| → [owana] «un enfant»|# a-ma+eno # | → [aeno] «<strong>de</strong>s piliers»|# e-ze+oa # | → [eoa] «une blessure»Dans les syntagmes comportant un numéral, l’augment contribue à exprimer lecaractère défini du substantif <strong>de</strong> classe 10.


60[mbom mban][mbom 3mb3an]«<strong>de</strong>ux calebasses»«les <strong>de</strong>ux calebasses»1.2.1.1.2- Liste et tonalité <strong>de</strong>s augmentsSi chaque préfixe nominal est précédé d’un augment, il y a en revanche moins <strong>de</strong>différenciation dans l’augment que dans les préfixes <strong>de</strong> classes. Le tableau ci-après endresse la liste.Classes Augment Classes Augment1 o- 7 e-2 a- 8 -3 o- 9 -4 - 10 (s)-5 - 10b (s)-6 a- 14 o-On peut remarquer l’i<strong>de</strong>ntité formelle entre les augments <strong>de</strong>s classes 1, 3 et 14 ;entre les augments <strong>de</strong>s classes 4, 5, 8, 9, 10 et 10b et entre les augments <strong>de</strong>s classes 2 et6. Cette relative indifférenciation n’est pas source d’ambiguïté, puisque les accords nesont pas les mêmes. L’augment a une tonalité basse.1.2.1.1.3- Les variantes <strong>de</strong> l’augmentA la forme indéfinie <strong>de</strong>s substantifs et <strong>de</strong> certains adjectifs, l’augment <strong>de</strong>sclasses 10 et 10b présente une variante <strong>libre</strong> <strong>de</strong> structure CV, s-, qui est utilisée aprèsun démonstratif ou dans la forme citée en réponse à la question «qu’est-ce que c’est ?».Illustration:classe 10[nyama][snyama][sn nyama][sn snyama][nao snyee]«<strong>de</strong>s animaux»«<strong>de</strong>s animaux»«ce sont <strong>de</strong>s animaux»«ce sont <strong>de</strong>s animaux»«<strong>de</strong> nombreuses maisons»


61classe 10b[ya][sya][sn ya s att][sn sya s att]«<strong>de</strong>s feuilles»«<strong>de</strong>s feuilles»«ce sont <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> bananier»«ceci, ce sont <strong>de</strong>s feuilles <strong>de</strong> bananier»1.2.1.1.4- L’élision <strong>de</strong> l’augmentL’augment est régulièrement présent à toutes les classes sauf aux classes 8 et 9.Dans ces <strong>de</strong>ux classes, il n’est réalisé qu’après l’indice associatif et après le connectif.Illustration :Avec les substantifs <strong>de</strong> classe 8[ymbl][ymbl wan][ymbl luu]«<strong>de</strong>s balais»«<strong>de</strong>ux balais»«<strong>de</strong> vieux balais»mais :[mpene y ymbl][otondo n ymbl wan]«<strong>de</strong>s manches <strong>de</strong> balais»«un panier et <strong>de</strong>ux balais»Avec les substantifs <strong>de</strong> classe 9[ma][ma mpolo][ma ncao]«un tambour»«un grand tambour»«trois tambours»mais : [mb n ma] «une cithare et un tambour»[ot ma]«un bruit <strong>de</strong> tambour»On peut donc émettre l’hypothèse qu’il existe un augment latent pour lessubstantifs <strong>de</strong>s classes 8 et 9 qui se manifeste uniquement après l’indice associatif etaprès le connectif.N’est pas représenté non plus l’augment <strong>de</strong> classe 10 sur le substantif et sur lenuméral, dans un syntagme numéral à la forme indéfinie.


62[mbute][mbut mpolo]«<strong>de</strong>s bouteilles»«<strong>de</strong> grosses bouteilles»mais :[mbute mban]«<strong>de</strong>ux bouteilles»Il est en revanche facultatif pour le substantif, dans le même contexte, lorsque lesubstantif est <strong>de</strong> classe 10b.[yembo][yembo tao]«<strong>de</strong>s chansons»«trois chansons»mais aussi :[yembo tao]«trois chansons»A la forme définie, l’augment peut être ou non représenté sur le substantif et,éventuellement, il peut être représenté sur les <strong>de</strong>ux termes du syntagme.[to3o mb3an][nto3o mb3an][nto 3mb3an]«les <strong>de</strong>ux bâtons»«les <strong>de</strong>ux bâtons»«les <strong>de</strong>ux bâtons»Bien que tolérée, la <strong>de</strong>rnière réalisation est peu utilisée par les adultes : elle estsurtout employée par les enfants.Il en est <strong>de</strong> même pour les substantifs <strong>de</strong> classe 10b[yemb3o tao][yemb3o tao]«les trois chansons»«les trois chansons»1.2.1.1.5- L’autonomie <strong>de</strong> l’augmentBien qu’il joue un rôle grammatical très réduit dans l’expression du défini, nousavons séparé l’augment du préfixe nominal. Le choix <strong>de</strong> cette analyse repose sur quatrearguments :


63- Le premier argument tient au fait que l’augment est toujours réalisé (sauf enclasses 8et 9 où il ne l’est que dans certains contextes), même lorsque lepréfixe nominal est élidé et que, <strong>de</strong> ce fait, il tient lieu <strong>de</strong> préfixe tout enmanifestant son autonomie par rapport à ce morphème.- Le second argument est imposé par le fonctionnement tonal, plusprécisément dans l’expression du défini qui est possible grâce à l’insertiond’un ton haut flottant propre à l’augment. Nous décrirons le fonctionnement<strong>de</strong> ce ton flottant dans les pages qui vont suivre.- La troisième raison tient au fait que l’augment est (ou peut être) absent dansle syntagme numéral ou dans certains substantifs, notamment les substantifs<strong>de</strong>s classes 8 et 9.- Enfin l’autonomie <strong>de</strong> l’augment repose également sur le fait que, dansquelques cas, ses variantes sont liées à l’expression <strong>de</strong> l’indéfini (variante s<strong>de</strong> la classe 10).1.2.1.2- Les préfixes nominaux1.2.1.2.1- La liste <strong>de</strong>s préfixes nominauxA l’instar <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s langues bantu, l’orungu se présente comme unelangue pourvue <strong>de</strong> classes d’accord à morphèmes préfixés, comprenant 12 classes. Lesformes suivantes sont celles que les préfixes présentent dans le système nominal.Classes Préfixes Classes Préfixes1 mo- 7 ze-2 wa- 8 -3 mo- 9 n-4 m- 10 n-5 n- 10b d-6 ma- 14 wo-Comme on peut le constater, l’orungu ne comporte pas <strong>de</strong> préfixes locatifs nimême <strong>de</strong> préfixe <strong>de</strong> classe 15, préfixe <strong>de</strong> l’infinitif dans <strong>de</strong> très nombreuses languesbantu. Pour exprimer la localisation, les locuteurs placent <strong>de</strong>vant le substantif le


64morphème |o| (vestige <strong>de</strong> la classe locative 17 : Cl . Grégoire 1975) dont le statut est,en général, analogue à celui d’une préposition, comme en témoignent, par exemple, lesénoncés suivants :[o n3nce]«dans la chambre»[azek3nda o kala] «nous allons au village »[pl yee o taulu]«les assiettes sont sur la table»[ee wanapa o 3oso y owao] «il est assis à l’avant <strong>de</strong> la pirogue»Les préfixes nominaux dont nous venons <strong>de</strong> présenter la forme structurelle,présentent différentes formes selon l’initiale du thème.1.2.1.2.2- Préfixes nominaux et initiale <strong>de</strong> thèmeL’initiale du thème, qu’elle soit vocalique ou consonantique implique unemodification plus ou moins importante du préfixe, qui se manifeste soit par l’élision oula semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle, soit par l’élision totale du préfixe lui-même. Cettereconfiguration peut s’accompagner ou non d’une modification <strong>de</strong> la consonne initialedu thème lui-même.1- Préfixes nominaux et initiale vocaliqueLes thèmes à initiale vocalique exigent l’adaptation du préfixe. Cette adaptationse présente sous <strong>de</strong>ux formes, selon la nature <strong>de</strong>s voyelles mises en contact. Il y a d’unepart l’élision <strong>de</strong> la voyelle du préfixe et, d’autre part, sa semi-vocalisation.a- Il y a élision <strong>de</strong> la voyelle |e|ou |a|du préfixe, ainsi que <strong>de</strong> la voyelle |o|précédée <strong>de</strong> la labio-vélaire /w/, lorsque ces voyelles sont en contact avec la voyelleinitiale du thème. Ainsi, on a par exemple :|# e-ze+ma #| → [ezma] «une chose»|# a-wa+ana #| → [awana] «un enfant»|# o-wo+ao #| → [owao] «une pirogue»b- La semi-vocalisation a lieu quand la voyelle du préfixe est |i| ou |o|, lavoyelle du thème pouvant être i<strong>de</strong>ntique ou différente. Lorsque la voyelle est |o|, lasemi-vocalisation est possible quand la consonne du préfixe est différente <strong>de</strong> laconsonne /w/. La semi-vocalisation peut dans certains cas, entraîner la modification <strong>de</strong>


65la consonne |m| du préfixe qui est réalisée par la nasale vélaire [], par assimilation surle trait vélaire <strong>de</strong> [w], dans les classes 1 et 3.Illustration :Cas <strong>de</strong> semi-vocalisation|# -+la #| → [yla] «<strong>de</strong>s régimes <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme» cl.8|# -m+aa #| → [myaa] «<strong>de</strong>s outils en fer» cl.4Cas <strong>de</strong> semi-vocalisation avec modification <strong>de</strong> la consonne du préfixe|# o-mo+ana #| → [owana] «un enfant» cl.1|# o-mo+ #| → [o] «un brochet» cl.3Pour les préfixes nominaux <strong>de</strong> structure C (classes 9 et 10), on note la variante|-n+|qui sera réalisée ny.|# i-n+bwa ≠ -n+n #|→ |# -n+bwa ≠ -ny+n #|[mbwa nyn] «un autre chien»→|# -n+ka ≠ s-n+na #||# -n+ka ≠ s-ny+ na#|[ka snyna] «<strong>de</strong> nouvelles pagaies»2- Préfixes nominaux et initiale consonantiqueL’influence <strong>de</strong> la consonne initiale du thème sur le préfixe s’exerce <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxmanières, selon la nature <strong>de</strong> la consonne du thème et selon la structure du préfixenominal. Il s’agit d’un processus d’assimilation et d’élision.a- L’assimilation concerne les préfixes nominaux <strong>de</strong> classes 9 et 10 <strong>de</strong> structureC. Il s’agit d’une assimilation régressive : la nasale est réalisée [m] <strong>de</strong>vant les consonneslabiales, [] <strong>de</strong>vant les consonnes vélaires et [n] <strong>de</strong>vant les autres consonnes (cf. règlesphonologiques). L’assimilation peut s’accompagner <strong>de</strong> l’alternance <strong>de</strong> la consonne duthème et ce, principalement dans les thèmes dérivés. Les formes suivantes entémoignent :


66+wo-n-[mbona]+nd-[ntnd]+on-[mponn]«crier»«une clameur» cl.9«écrire, tracer»«<strong>de</strong>s traits» cl.10«regar<strong>de</strong>r»«<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r» cl.10b- L’élision consiste dans la suppression du préfixe nominal. Elle peut être totaleou partielle.L’élision partielle consiste en la suppression <strong>de</strong> la voyelle du préfixe. Elleintervient dans <strong>de</strong>ux contextes :1- quand l’initiale du thème est la fricative bilabiale [] ou la labio-vélaire [w]pour les préfixes <strong>de</strong> classes 1, 3, 4 et 6 ; on peut schématiser comme suit :V → ø / m ― +wDans ce contexte, l’élision s’accompagne toujours d’un changement du mo<strong>de</strong>d’articulation <strong>de</strong> la consonne initiale du thème (cf.1.2.2.3 Préfixes nominaux etallomorphes, § les classes 1 et 3).2- pour le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 10b, l’élision <strong>de</strong> la voyelle s’effectuelorsque l’initiale du thème est la palatale [y].L’élision totale rési<strong>de</strong> dans la suppression du préfixe entier ; elle a lieu dans <strong>de</strong>nombreux cas, notamment lorsque l’initiale du thème est une consonne autre que cellesprécé<strong>de</strong>mment citées (c’est-à-dire // et /w/ mises en présence <strong>de</strong>s préfixes <strong>de</strong>sclasses 1, 3, 4 et 6) et lorsque <strong>de</strong>s consonnes nasales sont mises en contact avec lepréfixe <strong>de</strong> classe 9 et 10. Dans certains cas, l’élision totale peut s’accompagner d’unealternance <strong>de</strong> la consonne initiale du thème (cas <strong>de</strong> la classe 10b). Les faits sont décritsen détail ci-<strong>de</strong>ssous.


671.2.1.2.3- Préfixes nominaux et allomorphesExaminons et illustrons ce qui se passe pour chaque préfixe <strong>de</strong> classe.LA CLASSE 1°mo-Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente trois allomorphes : w-, m- et φ.w- quand l’initiale du thème est vocalique°mo- →w- / - + V+ana [owana] «un enfant»+n [on] «autre»m- quand l’initiale du thème est une consonne non occlusive labiale- occl°mo- → m- / - + C + lab+wena [ombena] «un chasseur» 12+olo [ompolo] «un gros»φdans tous les autres contextes°mo- →φ- / - + ailleurs+nome [onome] «un homme»+a [oa] «un roi, un chef»Pour aboutir à l’allomorphe w- à partir <strong>de</strong> la forme structurelle mo-, les <strong>de</strong>uxrègles suivantes doivent être appliquées :12 L’occurrence <strong>de</strong> [w] à l’initiale du thème est confirmée par [owena] « une partie <strong>de</strong> chasse » cl.14


681- La voyelle |o| précédée par |m| et suivie d’une voyelle se semi-vocaliseen [w]2- La consonne |m| <strong>de</strong>vient vélaire par assimilation sur le trait vélaire <strong>de</strong> lasemi-consonne [w] suivante.L’allomorphe m- provoque l’alternance <strong>de</strong>s continues labiales <strong>de</strong> l’initiale duthème avec les occlusives correspondantes, sonore si la continue est |w|et sour<strong>de</strong> si elleest||.w → b / m- → p / m-LA CLASSE 2Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente <strong>de</strong>ux allomorphes : w-, φ-.w- quand l’initiale du thème est vocalique°wa- →w- / - + V+ana [awana] «<strong>de</strong>s enfants»+ee [aee] «nombreux»φ- quand l’initiale du thème est une consonne°wa- →φ- / - + C+nome [anome] «<strong>de</strong>s hommes»+a [aa] «<strong>de</strong>s rois, <strong>de</strong>s chefs»LA CLASSE 3°wa-°mo-Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente trois allomorphes : w-, m- , et φ.w- quand l’initiale du thème est vocalique°mo- →w- / - + V


69+ [o] «un brochet»+aa [owaa] «un outil en fer»+ao [owao] «un petit»m- quand l’initiale du thème est une consonne non occlusive labiale- occl°mo- → m- / - + C + lab+wumu [ombumu] «ventre <strong>de</strong> poisson»+olo [ompolo] «<strong>de</strong> l’honneur»φdans tous les autres contextes°mo- →φ- / - + ailleurs+tondo [otondo] «un panier»+kl [okl] «un chemin»LA CLASSE 4°m-Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente trois allomorphes : my-, m-, et φ-my-quand l’initiale du thème est vocalique°m- →my- / - + V+ [my] «<strong>de</strong>s brochets»+aa [myaa] «<strong>de</strong>s outils en fer»+ao [myao] «<strong>de</strong>s petits»


70m- quand l’initiale du thème est une non occlusive labiale- occl°m- →m- / - + C+ lab+wumu [mbumu] «<strong>de</strong>s ventres <strong>de</strong> poisson»+olo [mpolo] «<strong>de</strong>s honneurs, <strong>de</strong>s gros»φ- dans tous les autres cas°m- →φ- / - + ailleurs+tondo [tondo] «<strong>de</strong>s paniers»+kl [kl] «<strong>de</strong>s chemins»LA CLASSE 5°n-Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente <strong>de</strong>ux allomorphes : ny-, et φ-ny- quand l’initiale du thème est une voyelle.°n- →ny- / - + V+anto [nyanto] «une assemblée <strong>de</strong> filles»+na [nyna] «nouveau»D’un usage régulier dans les formes adjectivales, cet allomorphe est rarementutilisé dans les substantifs où tout semble indiquer qu’il tend, <strong>de</strong> manière générale, às’intégrer dans le thème. En fait, beaucoup <strong>de</strong> substantifs que nous considérons commeayant une variante zéro <strong>de</strong> ce préfixe (φ) à l’instar <strong>de</strong> [nyaa] «un gra<strong>de</strong>» et <strong>de</strong>[nyoy] «une voix», permettent trois analyses différentes :1- La première analyse consisterait à considérer qu’il s’agit <strong>de</strong> thèmes à initialevocalique. Ce qui se traduirait par :


71|# -n+aa #||# a-ma-n+aa #| au pluriel par addition <strong>de</strong>s préfixes <strong>de</strong> classes 6 et 5.2- La <strong>de</strong>uxième analyse consisterait à considérer qu’il s’agit <strong>de</strong> thèmes dontl’initiale est /y/. Soit :|# -n+yaa #||# a-ma-n+yaa #| au pluriel aussi par addition <strong>de</strong>s préfixes <strong>de</strong> classes6 et 5.3- La troisième analyse consisterait à considérer que l’allomorphe|n|dupréfixe <strong>de</strong> classe 5 est intégré au thème substantival. Soit :|# -n+nyaa #||# a-ma+nyaa #| au plurielLa première analyse peut être justifiée :a- par la nécessité <strong>de</strong> poser l’allomorphe |n| pour les adjectifs qui ontindiscutablement un thème à initiale vocalique comme +na «nouveau» ou+ao «petit».|# -n+nn ≠-n+na#| → [nn nyna]«un nouveau foie»|# -n+tt ≠-n+ao #| → [tt nyao]«une petite banane douce»b- par la coexistence <strong>de</strong> [anto] «les femmes» et <strong>de</strong> [nyanto] «une assemblée<strong>de</strong> femmes»Dès lors, la liste <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> classe 5 ayant un thème à initiale vocalique setrouverait élargie.La <strong>de</strong>uxième analyse pourrait être justifiée par la coexistence <strong>de</strong> |+yomb-|«semarier» et <strong>de</strong> [nyomba] «une famille». Mais ce n’est pas le traitement général quand lethème (et le radical verbal dont il est issu) commence par +y. Dans ce cas, c’est plutôt|-ni-|qui disparaît entièrement. Les exemples suivants en témoignent :


72+ye- a → [yea] «un chargement»+y-n- o → [ynno] «une entrée»+yan- o → [yano] «une parenté, une naissance»+yan- a → [yana] «une nombreuse progéniture»+yn-a → [yna] «un sourire, un rire»La troisième analyse est sans doute meilleure et elle explique mieux la forme dupluriel. Ainsi les substantifs ci-après seront analysés avec une séquence ny faisant partiedu thème :[nyaa][anyaa]«un gra<strong>de</strong>»«<strong>de</strong>s gra<strong>de</strong>s»[nyy][anyy]«une voix»«<strong>de</strong>s voix»[nyemba][anyemba]«un vampire»«<strong>de</strong>s vampires»[nyeme][anyeme]«une grossesse»«<strong>de</strong>s grossesses»Il en est <strong>de</strong> même pour [nyomba] «une famille », malgré le fait que l’on peutêtre sûr que le thème qui le compose a un lien historique avec le radical |+yomb-|«semarier». Le pluriel [anyomba] «<strong>de</strong>s familles» confirme la tendance à intégrer le préfixe<strong>de</strong> classe 5 au thème, telle qu’elle a été décrite plus haut.|y|)φ- quand l’initiale du thème est une consonne (même si cette consonne est°n- →φ- / - + C+nyoy [nyoyi] «une voix»+yna [yna] «un sourire, un rire»+tt [tt] «une banane douce»+ke [ke] «un œuf»


73LA CLASSE 6Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente <strong>de</strong>ux allomorphes : m- et φ-m- quand l’initiale du thème est une voyelle ou une non occlusive labiale°ma- →m- / — + V-occl/ — + C + lab+ao [amao] «<strong>de</strong>s pirogues»+n [amn] «d’autres»+wumu [ambumu] «<strong>de</strong>s ventres»+aza [ampaza] «<strong>de</strong>s jumeaux»φ- dans les autres contextes°ma- →φ- / - + ailleurs+tt [att] « <strong>de</strong>s bananes douces»+ke [ake] « <strong>de</strong>s œufs»LA CLASSE 7°ma-°ze-Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente <strong>de</strong>ux allomorphes : z- et φ-z- quand l’initiale du thème est vocalique°ze- →z- / - + V+mbol [ezmbol] «un balai»+la [ezla] «un régime <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme»+n [ezn] «un autre»


74φ- dans les autres contextes°ze- → φ- / - + C+taa [etaa] «une natte»+kuu [ekuu] «un hibou»LA CLASSE 8Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente <strong>de</strong>ux allomorphes : y- et φy- quand l’initiale du thème est vocalique°- →y- / - + V+mbol [ymbol] «<strong>de</strong>s balais»+la [yla] «<strong>de</strong>s régimes <strong>de</strong> noix <strong>de</strong> palme»+n [yn] «d’autres»φ- dans les autres contextes°- →φ- / - + C+taa [taa] «<strong>de</strong>s nattes»+kuu [kuu] «<strong>de</strong>s hiboux»+la [la] «<strong>de</strong>s longs»LA CLASSE 9°-°n-Le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 9 est homorganique <strong>de</strong> la consonne initiale duthème et, <strong>de</strong> ce fait, présente trois allomorphes : m-, -, n-. L’allomorphe φ- apparaîtlorsque le thème commence par une consonne nasale ou, dans un mot placé à l’initialeabsolue, lorsque le thème commence par une consonne sour<strong>de</strong>. Toutefois, en phrase, ilest réalisé homorganique <strong>de</strong> la consonne sour<strong>de</strong> située à l’initiale du thème.L’allomorphe ny- apparaît quand l’initiale du thème est vocalique.


75Réalisations homorganiques :m- quand l’initiale du thème est une labiale sonore°n- →m- / - + C labiale sonore+bwa [mbwa] «un chien»+we [mbe] «mauvais»- quand l’initiale du thème est une vélaire sonore°n- →- / - + C vélaire sonore+owa [owa] «un cochon»+uwu [uwu] «un hippopotame»n- quand l’initiale du thème est une <strong>de</strong>ntale sonore°n- →n- / - + C <strong>de</strong>ntale sonore+<strong>de</strong>o [n<strong>de</strong>o] «un ami»+dk [ndk] «un étage»n- quand l’initiale du thème est la palatale /y/+yemb [nyemb] «un chanteur»+yama [nyama] «un animal»+yn [nyn] «un oiseau»On notera que cet allomorphe ne porte pas <strong>de</strong> ton puisque, dans ce cas, la nasales’intègre à l’attaque <strong>de</strong> la première syllabe du thème.


76Autres réalisations :φ- quand l’initiale du thème est une nasale ou une consonne sour<strong>de</strong> nonprécédée <strong>de</strong> voyelle.°n- → φ- / (V)― + C [ + nas ]# ― + C [- sonore ]+nambn [nambn] «une manière <strong>de</strong> cuisiner»L’occurrence <strong>de</strong> [n] à l’initiale du thème est confirmée par l’impératif du verbe :[namba] « cuisine ».+suwa [cuwa] «une mer»+kolo [kolo] «un soir»En phrase, c’est la voyelle finale du mot précé<strong>de</strong>nt ou la voyelle augment quipermettent le maintien <strong>de</strong> la consonne nasale lorsque le thème commence par uneconsonne sour<strong>de</strong>. La consonne nasale subit les mêmes règles d’homorganicité que cellesqui s’appliquent en présence d’une consonne sonore.[o ncuwa][o k3olo][o ncuwa][aa n kolo]«à la mer»«ce soir»«l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la mer»«le matin et le soir»L’allomorphe ny- figure quand l’initiale du thème est vocalique :+ao [nyao] «petit»+na [nyna] «nouveau»LA CLASSE 10°n-Le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 10 présente les mêmes allomorphes que le préfixenominal <strong>de</strong> classe 9, sauf qu’à l’initiale <strong>de</strong> phrase, la nasale est maintenue, même <strong>de</strong>vantune consonne sour<strong>de</strong> lorsque l’augment assure le support vocalique indispensable à sa


77réalisation. Rappelons qu’en classe 10, l’augment est toujours présent sauf lorsque lesubstantif est accompagné d’un numéral, auquel cas, il est obligatoirement absent àl’indéfini et optionnellement absent au défini. Nous avons ainsi les formes ci-après :[mbuma][mpoo][ma][kma][m][ntoo][n<strong>de</strong>o]«<strong>de</strong>s tomates»«<strong>de</strong>s rats»«<strong>de</strong>s tambours»«<strong>de</strong>s singes»«<strong>de</strong>s ignames»«<strong>de</strong>s bâtons»«<strong>de</strong>s amis»Il arrive que les préfixes <strong>de</strong> classes 9 et 10 ne soient pas structurellementreprésentés dans certains substantifs dont les accords (ou certains accords au moins) sefont toutefois dans ces classes. Ces formes ne sont pas nombreuses ; <strong>de</strong>ux seulement ontété relevées. Il s’agit <strong>de</strong>s mots qui signifient « père » et « couteau ».+e → [e] «un père»[ae] «<strong>de</strong>s pères» cl.2[e nyn][eute e y]«un autre père» cl.9«il cherche son père»+swaka → [swaka] «un couteau»[swaka] «<strong>de</strong>s couteaux»[swaka mpolo][swak mpolo][epoya sswaka]«un grand couteau»«<strong>de</strong> grands couteaux»«il aiguise <strong>de</strong>s couteaux»On peut constater que, même à l’intérieur du syntagme, la nasale du préfixe n’estpas représentée, mais que dans le même temps, les accords se font en classe 9 ou 10,notamment en ce qui concerne le mot pour désigner «couteaux». Il en va autrement pourle mot signifiant «père». Le comportement <strong>de</strong> ce substantif est très irrégulierprincipalement dans ses accords. S’il fait son pluriel en classe 2 - ce qui fait <strong>de</strong> lui unsubstantif dont l’appariement est exceptionnel- et si ses accords sont réguliers dans <strong>de</strong>ssyntagmes nominaux comme :[e nyn][ae awani]«un autre père» cl.9«<strong>de</strong>ux pères» cl.2


78il en va autrement quand ce substantif occupe la fonction <strong>de</strong> sujet. Au singulier, lesaccords verbaux se font alors à la classe 1, tandis qu’au pluriel (PN2), les accords sefont en classe 2 pour le verbe et le démonstratif mais en classe10 pour le possessif :[e yan ayen][ae sam wayen][ae n wayen]«votre père est arriv黫<strong>de</strong>s pères à moi sont arrivés»«ces pères-ci sont arrivés»LA CLASSE 10b°d-Ce préfixe présente trois allomorphes : dy- , d- et φdy- quand l’initiale du thème est une voyelle°d- →dy- / - + V+na [yna] «nouveaux»+ee [yee] «nombreux»d- quand l’initiale du thème est la palatale /y/°d- →d- / - + /y/+ya [ya] «<strong>de</strong>s feuilles»+yoo [yoo] «<strong>de</strong> la fièvre»L’occurrence <strong>de</strong> /y/ à l’initiale du thème est confirmée par [oya] «unefeuille» et [oyoo] «<strong>de</strong> la fièvre, une santé».φ- quand l’initiale du thème est une consonne°d- →φ- / - + C+on [kon] «<strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»+lala [ala] «<strong>de</strong>s palmes»


79Le préfixe <strong>de</strong> classe 10b entraîne <strong>de</strong>s mutations consonantiques à l’initiale <strong>de</strong>sthèmes nominaux <strong>de</strong> telle sorte que les consonnes non occlusives sonores sontreprésentées par les occlusives sour<strong>de</strong>s correspondantes, sauf |l| et |w|qui sontremplacées par les implosives sonores[] et [] tandis que la fricative <strong>de</strong>ntale sonore|z|est représentée par la sour<strong>de</strong> correspondante [s].Exemples :+on → [kon] «<strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»+lala → [ala] «<strong>de</strong>s palmes»+ambo → [pambo] «<strong>de</strong>s écorces»+wya → [ya] «<strong>de</strong> bons»+oe → [toe] «<strong>de</strong>s plaines»+zono → [sono] «<strong>de</strong>s tiges <strong>de</strong> rotin»L’occurrence <strong>de</strong>s consonnes initiales est confirmée par les formes du singuliersuivantes :[oon]«un bois <strong>de</strong> chauffage»[olala]«une palme»[oambo]«une écorce»[eya]«un bon» cl.7[ooe]«une plaine»[ozono]«une tige <strong>de</strong> rotin»LA CLASSE 14Le préfixe <strong>de</strong> cette classe présente trois allomorphes : bw-, w- et φ-bw- quand l’initiale du thème est vocalique et qu’il y a un préfixe additif <strong>de</strong>classe 6, 3 ou 4.ma-°wo- → bw-/ mo- — + V°wo-mi-+ao [ambwao] «<strong>de</strong>s pirogues»+n [ambn] «<strong>de</strong>s seins»+ [omb] «un génie»[mb]«<strong>de</strong>s génies»


80Les étapes suivantes sont nécessaires à la réalisation bw <strong>de</strong> wo+.Forme <strong>de</strong> départ : |# a-ma-wo+ao #|Elision vocalique du PN6 : |# a-m-wo+ao #|Mutation consonantique : |# a-m-bo+ao #|Semi-vocalisation : |# a-m-bw+ao #|Réalisation :[ambwao]De même :Forme <strong>de</strong> départ : |# o-mo-wo+ #|Elision vocalique du PN3 : |# o-m-wo+ #|Mutation consonantique : |# o-m-bo+ #|Semi-vocalisation : |# o-m-bw+ #|Réalisation :[omb]w- quand l’initiale du thème est vocalique°wo- →w- / - + V+ao [owao] «une pirogue»+endya [oenja] «une journée»φ- quand l’initiale du thème est une consonne°wo- →φ / - + C+wandya [owanja] «un flanc»+lea [olea] «un biscuit»+pe [ope] «court»Ces formes-ci ne peuvent pas se confondre avec celles qui précè<strong>de</strong>nt car leurpluriel est :[anja] «<strong>de</strong>s flancs»[ea] «<strong>de</strong>s biscuits»[pe] «courts»


81Récapitulatif :L’ensemble <strong>de</strong>s faits observés montre que l’initiale du thème a une influencemarquante sur la forme du préfixe. Mais il n’en reste pas moins que le préfixe exerceaussi une action sur l’initiale du thème. En effet, si l’initiale du thème entraîne diversesallomorphies du préfixe nominal, ce <strong>de</strong>rnier peut déterminer l’assimilation <strong>de</strong> laconsonne initiale du thème ou, <strong>de</strong> manière générale, la mutation <strong>de</strong> cette consonneinitiale.En somme, l’initiale du thème et la forme du préfixe nominal ont une actioninterdépendante l’une sur l’autre. Les principales répercussions entraînées par lesdifférents allomorphes <strong>de</strong>s préfixes nominaux sont l’alternance <strong>de</strong>s consonnes àl’initiale du thème et les changements tonals dont nous traiterons plus loin.1.2.1.2.4- Tableau <strong>de</strong>s différentes formes <strong>de</strong>s préfixes nominauxallomorphes.Voici un tableau donnant une vue d’ensemble <strong>de</strong>s préfixes nominaux et <strong>de</strong> leursa- pour les préfixes <strong>de</strong> classes autres que ceux <strong>de</strong>s classes 9 et 10Classes °PN I II III IV V1 mo+ w+ m+ φ φ φ2 wa+ w+ φ φ φ φ3 mo+ w+ m+ φ φ φ4 m+ my+ m+ φ φ φ5 n+ ny+ φ φ φ φ6 ma+ m+ m+ φ φ φ7 ze+ z+ φ φ φ φ8 + y+ φ φ φ φ10b d+ dy+ φ d+ φ φ14 wo+ w+ φ φ bw+ φ


82Explications :°PN =forme structurelleI = thème commençant par une voyelleII = thème commençant par les labiales // et /w/III = thème commençant par la palatale /y/IV = après préfixe additif m-V = thème commençant par une consonne autre que celles évoquées dansles colonnes précé<strong>de</strong>ntesb- pour les classes 9 et 10Classe °PN I II III IV V VI9 n+ ny+ (m)+ ()+ (n)+ n+ φ10 n+ ny+ m+ + n+ n+ φ°PN = forme structurelleI = thème commençant par une voyelleII = thème commençant par une labialeIII = thème commençant par une vélaireIV = thème commençant par une <strong>de</strong>ntaleV = thème commençant par la palatale /y/VI = thème commençant par une nasale1.2.1.2.5- L’attribution <strong>de</strong>s voyelles aux préfixes nominauxCompte tenu du nombre important <strong>de</strong> voyelles élidées dans les préfixes, onpourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’il y a lieu d’en postuler dans les formes <strong>de</strong> base aussi bien pourles préfixes nominaux que pour les préfixes d’accords. Les voyelles // et /o/ sont lesseules à échapper à cela puisqu’elles sont représentées par les semi-voyellescorrespondantes lorsque l’initiale du thème est une voyelle. Les préfixes nominaux etles préfixes d’accords <strong>de</strong>s classes 1, 3, 4, 5, 8, 10b et les préfixes d’accord <strong>de</strong> la classe 9ne posent donc aucune difficulté en ce qui concerne la détermination <strong>de</strong> leur voyelle.Le préfixe nominal <strong>de</strong> la classe 14, en revanche, pourrait être |-o+|s’il n’yavait pas l’allomorphe -bw- après le préfixe nominal additif :


83- <strong>de</strong> classe 6 ou <strong>de</strong> classe 4 au pluriel[ambwao][ambn][mb]«<strong>de</strong>s pirogues»«<strong>de</strong>s seins»«<strong>de</strong>s génies»- <strong>de</strong> classe 3 au singulier[omb][ombwambwa]«un génie»«une fente»L’inscription <strong>de</strong> la voyelle /a/ pour le préfixe nominal et le préfixe d’accord <strong>de</strong>classe 2 se justifie non seulement par la phonotactique mais également par leur présenceeffective respectivement dans la forme du pluriel <strong>de</strong> l’interrogatif «qui» et du pronomsubstitutif «eux » <strong>de</strong> classe 2 où le préfixe pronominal est redoublé, soit : [wamnd]et[wawo]. En effet, si les préfixes en question avaient une structure uniquementconsonantique nous aurions les réalisations ci-après :* [ayn] «l’espèce ailée»* [ayama] «l’espèce animale»* [ayoo] «<strong>de</strong>s notables»puisque la séquence wy est attesté dans :[aya][ayen]«beaux» cl.2«il était venu»Or nous avons :[ayn][ayama][ayoo]«l’espèce ailée»«l’espèce animale»«<strong>de</strong>s notables»Les voyelles qui posent problème et qui ne sont jamais représentées sont :- la voyelle /a/ pour le préfixe <strong>de</strong> classe 6- la voyelle /e/ pour le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 7 et pour les préfixesd’accords <strong>de</strong> classe 10.L’inscription <strong>de</strong> ces voyelles dans les formes <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s préfixes se justifie parla phonotactique.


84Il en est <strong>de</strong> même pour le préfixe <strong>de</strong> classe 7 où si nous avions une voyellepostérieure nous <strong>de</strong>vrions avoir :* [ez] «un poisson»* [ezwona] «un couvercle»puisque la séquence zw est également possible et attestée dans :[az][zee][ztt]«nous»«transi»«très étroit»Or nous avons :[e][ewona]«un poisson»«un couvercle»Nous en déduisons que les préfixes <strong>de</strong> classes 2 et 7 ont une voyelle sous-jacente/a/ et /e/ dans la mesure où dans les mêmes contextes, les préfixes <strong>de</strong> structure CV sonttotalement élidés. Nous avons par exemple en classe 5 (n-) les réalisations suivantes :[n][yna]«un sein»«un sourire, un rire»En ce qui concerne la classe 6, comparons les formes <strong>de</strong> l’adjectif +pe « petit,court » en combinaison avec <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> classes 3, 4, 9 et 6.[okl ope][kl pe][too mpe][attw ape]«un court chemin» cl.3«<strong>de</strong> courts chemins» cl.4«un bâton court» cl.9«<strong>de</strong> courtes bananes douces» cl.6On peut remarquer que seul le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 9 <strong>de</strong> structure C estréalisé dans la forme adjectivale et que les préfixes <strong>de</strong> structure CV n’y sont pasreprésentés. Ceci indique que le préfixe <strong>de</strong> classe 6 n’est pas une consonne nasale, maisqu’il est <strong>de</strong> structure CV, comparable à celle <strong>de</strong>s préfixes <strong>de</strong> classes 3 et 4.En tenant compte <strong>de</strong> tout ce qui vient d’être dit, nous en déduisons qu’il y a <strong>de</strong>svoyelles latentes dans les préfixes <strong>de</strong> classes et qu’il est préférable <strong>de</strong> les poser en


85synchronie. Par ailleurs, le choix <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong> la voyelle <strong>de</strong>s préfixes est conditionnépar la voyelle <strong>de</strong> l’augment, étant entendu que, pour les préfixes où la voyelle estréalisée, cette <strong>de</strong>rnière est i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> l’augment.Pour ce qui est <strong>de</strong>s préfixes d’accord <strong>de</strong>s classes 10 et 10b, le choix <strong>de</strong> la nature<strong>de</strong> la voyelle est totalement arbitraire puisque les préfixes d’accords n’ont pasd’augment et que toutes les voyelles antérieures, sauf la voyelle /i/ (puisqu’elle ceserait semi-vocalisée <strong>de</strong>vant la voyelle initiale du thème), auraient pu y figurer. Parailleurs, leur attribuer une voyelle tient au fait que les autres préfixes à initialeconsonantique ont une voyelle. C’est donc par analogie avec les autres préfixes quenous leur avons octroyé la structure CV.1.2.1.2.6- Les couples <strong>de</strong> classesBien que certains substantifs se présentent sous une forme unique, la plupart <strong>de</strong>ssubstantifs connaissent l’opposition singulier / pluriel, donnant les couples d’oppositionsuivants.SingulierPluriel1 23 45 67 89 1014 10bVoici un exemple illustratif pour chaque couple.1 → 2 [owana] «un enfant» [awana] «<strong>de</strong>s enfants»3→ 4 [owaa] «un outil en fer» [myaa] «<strong>de</strong>s outils en fer»5→ 6 [l] «une citrouille» [al] «<strong>de</strong>s citrouilles»7→ 8 [ezma] «une chose» [yma] «<strong>de</strong>s choses»9→ 10 [ndum] «un poisson-chat» [ndum] «<strong>de</strong>s poissons-chats»14→ 6 [owao] «une pirogue» [amao] «<strong>de</strong>s pirogues»ou[ambwao] «<strong>de</strong>s pirogues»14→ 10b [ozono] «une tige <strong>de</strong> rotin» [sono] «<strong>de</strong>s tiges <strong>de</strong> rotins»


861.2.1.2.7- Les schèmes d’accordComme dans les autres langues bantu, les classes nominales régissent l’ensemble<strong>de</strong>s accords en orungu. Le tableau suivant donne la liste <strong>de</strong>s préfixes pronominaux etverbaux dont l’occurrence est régie par l’accord :Classes PN PP PV1 mo- o- a-2 wa- wa- wa-3 mo- o- o-4 m- - -5 n- ni- ni-6 ma- ma- ma-7 ze- ze- ze-8 - - -9 n- - -10 nse-13se-10b d-14 wo- o- o-1.2.1.3- Tons et classes nominalesLes préfixes nominaux et le préfixe verbal <strong>de</strong> classe 1 portent un ton bas ; tandisque les préfixes pronominaux et les autres préfixes verbaux portent un ton haut.Nasale syllabique et tonsComme les autres préfixes, la nasale préfixale <strong>de</strong> classes 9 et 10 eststructurellement syllabique et pourvue d’un ton. Toutefois, le ton qu’elle porte a uncomportement particulier. En effet, il est tantôt réalisé sur la consonne nasale, tantôtabsent <strong>de</strong> cette consonne. Les exemples suivants en témoignent :13 Le choix <strong>de</strong> la voyelle <strong>de</strong> ce préfixe pronominal (et du préfixe verbal <strong>de</strong> même classe) pose <strong>de</strong>sproblèmes car elle n’est jamais représentée. Toutefois nous savons que c’est une voyelle antérieure (autreque /i/ ) puisque si elle avait été postérieure, nous aurions une semi-vocalisation, conformément à larègle <strong>de</strong> contact vocalique à l’intérieur du mot. Pour les mêmes raisons, on ne peut pas non plus supposerque cette voyelle est antérieure et du premier <strong>de</strong>gré.


87mais :[mbute][ma][ndaa nyn][mbw3a n3ay][mbute][ma][o ndaa myn]«une bouteille»«un tambour»«un autre motif»«les quatre chiens»«<strong>de</strong>s bouteilles»«<strong>de</strong>s tambours»«à ce propos»On peut constater que la nasale préfixale est syllabique uniquement lorsque lesubstantif est à l’initiale absolue. Elle n’est, en revanche, pas tonale lorsqu’elle estprécédée d’une voyelle (la voyelle <strong>de</strong> l’augment ou la voyelle <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe dumot qui la précè<strong>de</strong>). Nous signalons, par ailleurs, que l’effacement du ton <strong>de</strong> la nasaleest postérieur à l’application <strong>de</strong>s règles tonales tant à l’intérieur du mot qu’à l’intérieurdu syntagme comme nous le verrons dans les sections consacrées à ces règles ainsiqu’au traitement du ton <strong>de</strong> la nasale située en position non-initiale.En position interne, aucun ton n’est donc transcrit sur la nasale préfixale. Ellefait plutôt partie d’une articulation complexe en combinaison avec la consonne initialedu thème.1.2.1.4- Remarques générales1- Le substantif <strong>de</strong> classe 10b fait ses accords en classe 10.2- A l’exception <strong>de</strong> la classe 1, tous les préfixes verbaux sont i<strong>de</strong>ntiques auxpréfixes pronominaux.3- La nasale préfixale porte ou ne porte pas <strong>de</strong> ton selon qu’elle est placée àl’initiale absolue ou qu’elle est précédée d’une voyelle.4- Les préfixes pronominaux et les préfixes verbaux connaissent les mêmesvariantes dans les mêmes contextes.5- Le substantif <strong>de</strong> classe 14 fait ses accords en classe 3. Cependant il resteencore quelques vestiges d’accords <strong>de</strong> classe 14 dans la langue, et les <strong>de</strong>uxprincipes d’accord peuvent coexister. Ainsi on a :Avec les accords en classe 3[omb 3ow3ao wakamn][omb 3ompolo wanunjo][owa 3ompolo watol][oya 3ombezo wanyeno n mbon]«le petit fleuve a tari»«le grand fleuve est ferm黫la gran<strong>de</strong> pirogue est percée»«la feuille verte est mangée par leschèvres»


88Avec les accords en classe 14[omb 3ow3ao wakamn][omb 3oolo wanunjo][owa 3oolo watol][oya 3oezo wanyeno n mbon]«le petit bras du fleuve a tari»«le grand bras du fleuve est ferm黫la gran<strong>de</strong> pirogue est percée»«la feuille verte est mangée par leschèvres»Si les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières constructions peuvent être employées indifféremment etsont donc <strong>de</strong>s variantes <strong>libre</strong>s, il en va autrement pour les <strong>de</strong>ux premières. En effet, lelocuteur utilise volontairement les accords <strong>de</strong> classe 3 ou les accords <strong>de</strong> classe 14. Lessyntagmes nominaux comportant les accords <strong>de</strong> classe 3 qualifient la gran<strong>de</strong>ur oul’étroitesse du fleuve, alors que ceux qui comportent <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> classe 14 désignent<strong>de</strong>ux parties du fleuve et doivent être compris, non comme <strong>de</strong>s syntagmes, mais comme<strong>de</strong>s locutions dotées d’un sens particulier différent <strong>de</strong> leur sens littéral.1.2.2- Les alternances consonantiquesLe phénomène d’alternance est très fréquent en orungu comme dans les autresparlers du groupe Myènè. Nous nous limiterons à présenter le fonctionnement <strong>de</strong>l’alternance en orungu. Seront examinés les consonnes soumises à l’alternance, lestypes d’alternances possibles, les contextes dans lesquels elles apparaissent et lesfacteurs qui les déterminent.1.2.2.1- Consonnes et niveaux d’alternancesDéterminé par <strong>de</strong>ux contextes précé<strong>de</strong>nts dont l’un implique la présence d’uneconsonne nasale tonale ou non tonale qui peut, <strong>de</strong> plus être effacée par <strong>de</strong>s règlesultérieures, le processus d’alternance s’effectue entre <strong>de</strong>s consonnes faibles et <strong>de</strong>sconsonnes fortes. Il utilise diverses procédures <strong>de</strong> renforcement que l'on peut synthétiser<strong>de</strong> manière schématique comme suit :


89CONSONNESORIGINELLESPROCEDURESDE RENFORCEMENTv z w l y CONTEXTES[ +Son.] => [-Son.]f sTOUSCas particulier :-Fric. +Fric.=>+Son. - Son.fTOUS[-Occl.] => [ + Occl.]Cas particuliers :-Adjonction d’uneconsonne occlusivebdyPas <strong>de</strong> consonnenasale précé<strong>de</strong>nteConsonne nasaleprécé<strong>de</strong>ntePas <strong>de</strong> consonnenasale précé<strong>de</strong>nte-AffricationjConsonne nasaleprécé<strong>de</strong>nte-Occl. + Occl.=>+Son. -Son.p t k TOUSCas particulier :Affrication +Assourdissement cConsonne nasaleprécé<strong>de</strong>nte


90Toutes les consonnes qui subissent l’alternance sont <strong>de</strong>s non-occlusives, ycompris la vélaire [], même si nous la représentons généralement par // au niveauphonologique. Toutes sont également sonores, phonétiquement du moins.La première procédure <strong>de</strong> renforcement articulatoire qui est utilisée dans lamutation consonantique est l’assourdissement, tous les autres traits <strong>de</strong>s consonnesoriginelles étant maintenus. Cette procédure est employée pour <strong>de</strong>ux consonnesfricatives : la labio-<strong>de</strong>ntale |v| et la <strong>de</strong>ntale |z|.Le passage <strong>de</strong> |w| à [f], qui est rare et limité aux verbes et aux déverbatifs (cf. §1.2.2.2 ci-<strong>de</strong>ssous) peut être considéré comme un cas particulier <strong>de</strong> ce premier type <strong>de</strong>renforcement puisque la consonne mutée est une fricative sour<strong>de</strong>. Dans ce cascependant, il y a non seulement assourdissement, mais aussi modification du mo<strong>de</strong> et dulieu d’articulation <strong>de</strong> la consonne. L’apparition possible <strong>de</strong> la variante |v| <strong>de</strong> |w| àl’initiale <strong>de</strong>s lexèmes qui attestent cette mutation apparaît donc comme une tentative <strong>de</strong>régularisation.La secon<strong>de</strong> procédure <strong>de</strong> renforcement articulatoire se caractérise, en général,par l’apparition du trait occlusif. La consonne mutée peut être une occlusive sonore qui,conformément aux règles d’allophonie, sera explosive ou implosive selon qu’il y a ounon une consonne nasale précé<strong>de</strong>nte. Dans <strong>de</strong>ux cas particuliers, l’apparition du traitocclusif se fait soit par la création d’une séquence <strong>de</strong> type consonne occlusive semiconsonne(ce qui correspond à l’adjonction d’une occlusive à la semi-consonneoriginelle), soit par le passage à une affriquée. Toutefois, cette consonne affriquée,nécessairement précédée d’une nasale, paraît résulter <strong>de</strong> l’influence <strong>de</strong> la consonnenasale sur la séquence dy produite par la mutation, et non <strong>de</strong> la mutation <strong>de</strong> la semiconsonneoriginelle.Enfin, la troisième procédure <strong>de</strong> renforcement articulatoire observée allie les<strong>de</strong>ux procédures précé<strong>de</strong>ntes. Il y a en effet, dans ce cas, apparition d’une consonneocclusive et assourdissement <strong>de</strong>s consonnes sonores <strong>de</strong> départ, le résultat étant laproduction <strong>de</strong>s trois occlusives sour<strong>de</strong>s [p], [t] et [k]. Dans un cas particulier, le résultatproduit est une affriquée sour<strong>de</strong>, mais là aussi, le caractère affriqué <strong>de</strong> la consonne estlié à la présence d’une consonne nasale. Il est sans doute produit par le contact entre lanasale et la fricative [s] issue <strong>de</strong> la mutation par assourdissement, plutôt que par lecontact direct entre la nasale et la consonne |z| d’origine.


911.2.2.2- L’alternance dans les nomsDans les substantifs et les adjectifs simples ou dérivés, l’alternance est <strong>de</strong> typebinaire. Les paradigmes se présentent comme suit :a)ConsonnesAlternantesz/sConsonnes originelles[ozono]«une tige <strong>de</strong> rotin»Consonnes mutées sansnasale précé<strong>de</strong>nte[sono]«<strong>de</strong>s tiges <strong>de</strong> rotin»w/f[oa]«un ongle»[fa]«<strong>de</strong>s ongles»w/[oea]«une épaule»[ea]«<strong>de</strong>s épaules»l/d[ola] cl.14«long»[a]«longs»y/dy[oyembo]«une chanson»[yembo]«<strong>de</strong>s chansons»/p[oambo]«une écorce d’arbre»[pambo]«<strong>de</strong>s écorces d’arbre»/t[oeo]«vi<strong>de</strong>»[teo]«vi<strong>de</strong>s»/k[oon]«un bois <strong>de</strong> chauffage»[kon]«<strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»


92b)ConsonnesAlternantesv/mfConsonnes originelles[knd vene]«une banane cuite»Consonnes mutées aprèsConsonne nasale[m mfene]«<strong>de</strong>s patates cuites»z/nc 14w/mb[ozua]«esp. d’arbre»(saccoglottisgabonensis) 15[oena]«une partie <strong>de</strong> chasse»[ncua]«les fruits <strong>de</strong> « l’ozua »[ombena]«un chasseur»l/nd[ek ela]«un long banc»[ nda]«un long cou»y/nj[ee eyaue]«un arbre léger»[swaka njaue]«un couteau léger»/(m)p[aza]«un jumeau»[ampaza]«<strong>de</strong>s jumeaux»/nt[epl 3e3eo]«l’assiette vi<strong>de</strong>»[mbut3e nt3e]«la bouteille vi<strong>de</strong>»/k[oula]«esp. d’arbre»(Coula edulis) 16[kula]«<strong>de</strong>s fruits <strong>de</strong>l’ «oula» »Dans les substantifs et les adjectifs déverbaux apparaissent <strong>de</strong>s paradigmes dontl’alternance est <strong>de</strong> type ternaire comme le montrent les exemples suivants :14 Les substantifs dans lesquels on note cette alternance combinent <strong>de</strong>ux procédures dontl’assourdissement constitue la première étape avant la pré-nasalisation15 RAPONDA-WALKER, A., 1934, Dictionnaire Mpongwè-Français, Metz, Imprimerie <strong>de</strong> «La LibreLorraine», 640p.16 RAPONDA-WALKER, A., 1934, Dictionnaire Mpongwè-Français, Metz, Imprimerie <strong>de</strong> «La LibreLorraine», 640p.


93ConsonnesAlternantesConsonnesoriginellesConsonnes mutées sansnasale précé<strong>de</strong>nteConsonnes mutéesaprès consonnenasalev/f/mf[vano]«le refuge»[faa]«la peur»[mfan]«les manières <strong>de</strong> fuir»z/s/nc[ozu]«le sauveur»[suno]«le salut»[ncun]«les manières <strong>de</strong>sauver»w/b/mb[wa]«la tenue»[a]«l’habillement»[mbn]«les manières <strong>de</strong>s’habiller»l/d/nd[ellyo]«la marque, lesceau»[lya]«l’action <strong>de</strong> remarquer»[ndl]«les manières <strong>de</strong>remarquer»y/dy/nj[oyno]«la danse»[yna]«le fait <strong>de</strong> danser»[njnn]«les manières <strong>de</strong>danser»/p/mp[ua]«la jalousie»[p h ua]«l’action d’être jaloux»[mp h un]«les manières d’êtrejaloux»/t/nt[oeuno]«le conseil»[teuna]«le fait <strong>de</strong> conseiller»[nteun]«les manières<strong>de</strong> conseiller»/k/k[amba]«la parole»[kamba]«la commission verbale»[kambn]«les langages»La consonne continue /w/ alterne avec <strong>de</strong>ux consonnes fortes /b/ et /f/. Lefonctionnement <strong>de</strong> la différenciation <strong>de</strong>s consonnes fortes n’est pas défini par lecontexte phonologique. Les alternances qui touchent /w/ peuvent être observées dans lesexemples suivants :


94[oea] → [ea]«l’épaule»«les épaules»[owanja] → [anja]«le flanc»«les flancs»mais :[oea] → [fea]«l’ongle»«les ongles»[nya] → [fnya]«le retour»«le fait <strong>de</strong> retourner»L’alternance w/b est très courante dans la langue ; par contre l’alternance w/fparaît inattendue et est d’un emploi limité. Dans les contextes oùl’alternance w/f apparaît, notamment dans les verbes et dans les dérivés déverbatifs,/w/ est parfois remplacé par [v]. A ce propos, on se reportera au § I.2.a (p.5 etsuivantes).1.2.2.3- Les mécanismes <strong>de</strong> l’alternance dans les nomsToutes les alternances <strong>de</strong> l’orungu opèrent au début <strong>de</strong>s thèmes nominaux et <strong>de</strong>sradicaux verbaux. Lorsqu’on observe les mots comme : [ombo] / [ampombo] «unabcès, <strong>de</strong>s abcès» ou [owanja] / [anja] «le flanc, les flancs» par exemple, onpourrait être tenté <strong>de</strong> poser la variation <strong>de</strong> nombre comme la cause <strong>de</strong> l’alternanceconsonantique dans les nominaux. Ceci n’est pas vrai puisque nous avons : [ouma] /[uma]«un bâton <strong>de</strong> manioc, <strong>de</strong>s bâtons <strong>de</strong> manioc». Nous en déduisons que lesalternances consonantiques sont déclenchées par les préfixes nominaux. Ces <strong>de</strong>rnierspeuvent ainsi être regroupés en trois ensembles en fonction <strong>de</strong> leur effet sur laconsonne initiale du thème ou du radical. On aura alors :1- les préfixes nominaux à effet zéro ; autrement dit les préfixes nominaux quine déclenchent aucune alternance consonantique.2- les préfixes nominaux à effet 1, c’est-à-dire les préfixes qui déclenchent lerenforcement <strong>de</strong> la consonne faible initiale.3- les préfixes nominaux à effet 2, c’est-à-dire les préfixes qui déclenchent lerenforcement <strong>de</strong> la consonne faible initiale et qui peuvent créer, avec laconsonne forte, une attaque syllabique complexe.


95L’effet <strong>de</strong>s préfixes nominaux sur la consonne initiale <strong>de</strong>s thèmes peut êtrerésumé comme dans le tableau ci-après :Classes PN Effet 0 Effet 1 Effet 21 mo- + - +2 wa- + - -3 mo- + - +4 m- + - +5 n- + - -6 ma- + - +7 ze- + - -8 - + - -9 N- + - +10 N- + - +10b d- + + -14 wo- + - -On constate que tous les préfixes nominaux peuvent être sans effet, même ceux<strong>de</strong>s classes 9, 10 et 10b (cf. 1.2.1.2.2).Les préfixes nominaux <strong>de</strong> classes 1, 3, 4 et 6 déclenchent un renforcement et uneprénasalisation uniquement lorsque l’initiale du thème ou du radical (dans lessubstantifs dérivés) est la fricative bilabiale sonore ||ou la labio-vélaire sonore |w|.Devant une consonne faible autre que celles citées précé<strong>de</strong>mment, ils ne déclenchentaucune alternance consonantique ; ce sont alors <strong>de</strong>s préfixes nominaux à effet 0.Seul le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 10b est un préfixe à effet 1.1.2.2.4- L’alternance dans la conjugaisonLes bases verbales qui ne commencent pas par une nasale ont à l’initiale tantôt laconsonne forte tantôt la consonne faible selon le tiroir <strong>de</strong> la conjugaison considéré. Onrencontre la consonne faible dans les formes <strong>de</strong> l’impératif, du subjonctif et dans lesformes du passé éloigné. La consonne forte apparaît dans les autres formes verbales.Cette bipartition <strong>de</strong>s bases verbales peut être représentée par les formes infinitives etimpératives. Nous avons ainsi :


96Forme impérativeForme infinitive[vaa] «fuis» [faa] «fuir, craindre»[zndya] «console» [sndya] «consoler»[wuta] «cherche» [uta] «chercher»[lewana] «oublie» [ewana] «oublier»[ya] «soigne» [ya] «soigner»[ua] «jette» [p h ua] «jeter»[nda] «écris» [tnda] «écrire»[amba] «parle» [kamba] «parler»1.2.2.5- Les mécanismes <strong>de</strong> l’alternance dans la conjugaisonOn peut remarquer que les alternances consonantiques sont i<strong>de</strong>ntiques à cellesqui ont été observées dans les nominaux et qu’elles sont <strong>de</strong> type binaire. Contrairementà ce qui se passe dans les substantifs, il n’y a aucun conditionnement apparent au choix<strong>de</strong> l’une ou l’autre consonne à l’initiale. Toutefois lorsqu’on compare les bases verbalesà l’impératif et à l’infinitif avec les nominaux dérivés en classe 10b, on est frappé par lasimilitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s formes.Forme impérative Forme infinitive Substantifs dérivés[vaa]«fuis»[faa]«fuir, craindre»[faa]«une fuite, une crainte»[zndya]«console»[sndya]«consoler»[sndya]«une consolation»[wuta]«cherche»[uta]«chercher»[uta]«une recherche»[lewana]«oublie»[ewana]«oublier»[ewana]«action d’oublier»[ya]«soigne»[ya]«soigner»[ya]«action <strong>de</strong> soigner»


97Forme impérative Forme infinitive Substantifs dérivés[ua]«jette»[pua]«jeter»[pua]«action <strong>de</strong> jeter»[nda]«écris»[tnda]«écrire»[tnda]«action d’écrire»[amba]«parle»[kamba]«parler»[kamba]«une parole»Nous en déduisons, par conséquent, que l’infinitif orungu est formé à partir dupréfixe nominal <strong>de</strong> classe 10b et que les formes conjuguées à consonnes initiales fortessont construites à partir <strong>de</strong> la forme infinitive. Poser le préfixe nominal <strong>de</strong> classe10bcomme préfixe <strong>de</strong> l’infinitif est justifié par les formes :[yna][yomba][ya]«rire»«se marier»«raconter»dont le thème a, en attaque, une séquence y que l’on rencontre dans les substantifs <strong>de</strong>classes 10b dont le singulier <strong>de</strong> classe 14 a, à l’initiale, une continue palatale /y/. Lesexemples suivants en témoignent :[oyaa] / [yaa]«esp. <strong>de</strong> poisson» «esp. <strong>de</strong> poisson »[oya] / [ya]«une feuille»«<strong>de</strong>s feuilles»1.2.2.6- ConclusionLes alternances consonantiques sont i<strong>de</strong>ntiques dans les formes nominales etdans les formes verbales. De façon générale, même si la mutation consonantique <strong>de</strong>l’orungu ne se manifeste pas <strong>de</strong> manière tout à fait homogène, on peut observer qu’elleest toujours une procédure <strong>de</strong> renforcement articulatoire et qu’elle se fon<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>uxmécanismes majeurs : l’assourdissement <strong>de</strong>s sonores et la transformation <strong>de</strong>s non-


98occlusives en occlusives, ces <strong>de</strong>ux mécanismes pouvant agir séparément ouconjointement.L’affrication est liée à la présence d’une nasale précé<strong>de</strong>nte et ne paraît pastypique <strong>de</strong> la mutation consonantique à proprement parler puisqu’elle semble issue <strong>de</strong>l’influence <strong>de</strong> la nasale sur une consonne déjà mutée. Les cas particuliers sontcertainement l’alternance exceptionnelle entre /w/ et /f/, ainsi que l’alternance y/dyqui n’est sans doute pas due à la mutation <strong>de</strong> la semi-consonne |y|, mais au traitementphonologique d’une séquence |d+y|où se trouve impliquée la consonne d’un préfixe(cf.§ f. p.8 et suivantes).Enfin, le processus <strong>de</strong> l’alternance consonantique est déclenché par les préfixesdans les formes nominales et ce conditionnement peut être envisagé aussi bien dans lesformes verbales quoique les alternances aient acquis, dans ces cas, un <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> figementélevé qui tend à rendre leur conditionnement opaque.


99DEUXIEME PARTIEMORPHOLOGIE ET TONOLOGIE LEXICALEDans cette partie, nous allons présenter les différents morphèmes nominaux,pronominaux et verbaux, avant toute combinaison et en nous limitant à une approchesynchronique.2.1- LES FORMES SUBSTANTIVALES2.1.1- Le thème substantivalLes thèmes substantivaux appartiennent à <strong>de</strong>s types divers, soit par la nature <strong>de</strong>leur initiale, soit par leur composition syllabique, soit encore par leur type tonal. Noustraiterons <strong>de</strong>s différents types tonals et <strong>de</strong> la dérivation.2.1.1.1- Inventaire <strong>de</strong>s schèmes tonalsL’exposé qui suit présente les différents schèmes tonals <strong>de</strong>s thèmes nominaux enisolation et en phrase lorsqu’ils sont à la forme indéfinie après un ton bas.L’un <strong>de</strong>s contextes qui donne le schème tonal le plus stable, ne présentantaucune ambiguïté et aucune variation, est la position complément après l’impératifpluriel ou après l’indice associatif. De ces contextes, nous relevons les schèmes tonalssuivants, en les classant d’après le nombre <strong>de</strong> syllabes :2.1.1.1.1- Les thèmes monosyllabiquesLes substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique présentent tous un schème tonal haut(B+H ) comme le montrent les exemples ci-après :+do [oo] «un lit» cl.3+o [ezo] «un mortier» cl.7+pa [pa] «<strong>de</strong>s os» cl.8+ywe [oye] «un cheveu blanc» cl.14[ynyan oo][ynyan oo n ezo]«faites rentrer un lit»«faites rentrer un lit et un mortier»


1002.1.1.1.2- Les thèmes dissyllabiquesEn isolation et dans les contextes considérés ici, les substantifs <strong>de</strong> thèmedissyllabique présentent quatre types <strong>de</strong> schèmes tonals. On observe :1- Le type A, représentant le schème entièrement haut (B+HH) comme dansles exemples ci-après :+ana [owana] «un enfant» cl. 1+kwaa [okwaa] «une machette» cl. 3+ee [eee] «un arbre» cl. 7+kma [kma] «un singe» cl. 9[ynyan owana]«faites rentrer un enfant»[ean eee]«abattez un arbre»[okwaa n eee]«une machette et un arbre»2- Le type B, représentant le schème entièrement bas (B+BB ) comme dansles exemples suivants :+mamba [omamba] «un serpent» cl. 3+tt [tt] «une banane douce» cl. 5+ao [ezao] «un livre» cl. 7+yama [nyama] «un animal» cl. 9[zan tt][yonan omamba n nyama]«coupez une banane douce»«tuez un serpent et un animal»3- Le type C, représentant le schème bas-haut (B+BH ) comme dans lesexemples ci-après :+l [ol] «une cor<strong>de</strong>» cl. 3+w [e] «un poisson» cl. 7+owa [owa] «un cochon» cl. 9+zono [ozono] «une tige <strong>de</strong> rotin» cl. 14


101[mban ozono][kan e n owa]«raclez une tige <strong>de</strong> rotin»«grillez un poisson et un cochon»4- Le type D, représentant le schème bas-haut bas-haut (B+BH BH) commedans les exemples suivants :+anto [owanto] «une femme» cl.1+uma [ouma] «un bâton <strong>de</strong> manioc» cl.3+los [los] «un citron» cl.5+lasa [alasa] «<strong>de</strong>s oranges» cl.6[yaunan ouma][myee n alasa n los]«réchauffez un bâton <strong>de</strong> manioc»«j’ai <strong>de</strong>s oranges et un citron»Remarque :Partout où la tonalité posée en structure n’est pas directement représentée dansles contextes retenus, la tonalité établie sera justifiée en 2.1.1.2.2.1.1.1.3- Les thèmes trisyllabiquesLes substantifs <strong>de</strong> thème trisyllabique ont les mêmes configurations tonales queles substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique, avec une subdivision du schème tonal <strong>de</strong> type D.On observe ainsi :1- Le type A, représentant le schème entièrement haut ( B+HHH )+toolo [toolo] «du piment» cl. 9+mbl [ezmbl] «un balai» cl. 7+ambaka [oambaka] «une racine» cl. 3+zaklya [ozaklya] «une branchette» cl. 3+uluu [ompuluu] «une grotte» cl. 3[wutan ompuluu][zan oambaka n ozaklya]«cherchez une grotte»«coupez une racine et une branchette»


1022- Le type B, représentant le schème entièrement bas (B+BBB) comme dansles exemples suivants :+keele [okeele] «un adulte» cl. 3+koloo [okoloo] «un arbre sec» cl. 3+ls [els] «un foulard» cl. 7+pondoma [epondoma] «un oreiller» cl. 7[lkizan okoloo][wan els n epondoma]«laissez un arbre sec»«prenez un foulard et un oreiller»3- Le type C représentant le schème bas-haut-haut (B+BHH) comme dansles exemples ci-après :+u-n [mpun] «<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> jeter » cl. 10+amb-n [kambn] «<strong>de</strong>s langages» cl. 10+lend-n [n<strong>de</strong>ndn] «<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> faire » cl. 10[nan kambn snyn]«apprenez d’autres langages»[nan kambn n n<strong>de</strong>ndn snyn]«apprenez d’autres langages et d’autres manières <strong>de</strong> faire»Comme on peut le constater, les thèmes <strong>de</strong> type +BHH sont dérivés. Aucunsubstantif <strong>de</strong> thème simple n’a été relevé dans ce schème.4- Le type D se subdivise en <strong>de</strong>ux sous-types selon que la première ou la<strong>de</strong>rnière syllabe du thème se comporte <strong>de</strong> la même manière que les syllabescorrespondantes dans les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique.- Le type D1 représente le schème bas-haut bas haut ( B + BH B H)+mbl [ambl] «<strong>de</strong>s aubergines» cl. 6[mbl] «une aubergine» cl. 5[lulan ambl] «cueillez <strong>de</strong>s aubergines»


103- Le type D2 représente le schème bas bas-haut bas-haut (B+B BH BH)comme dans les exemples suivants :+ombana [ompombana] «une embrasure» cl. 3+alao [alao] «un canard» cl. 5+pokolo [epokolo] «un chapeau» cl. 7+yn [njn] «une poule» cl.9+cl.10b[wan epokolo]«coiffez-vous d’un chapeau»[zwan alao n njn]«plumez un canard et une poule»2.1.1.1.4 - Les thèmes polysyllabiquesLes substantifs <strong>de</strong> thème polysyllabique sont très rares. La plupart sont <strong>de</strong>sformes composées ou dérivées. Toutefois il reste quelques rares thèmes ayant plus <strong>de</strong>trois syllabes qui nous paraissent irréductibles. On y observe trois types tonals :1- Le type A représentant le schème entièrement haut :+ akano [amakano] «un carrefour» cl. 62- Le type B représentant le schème entièrement bas :+ sla [esla] «un rapporteur» cl. 7+ wambakoe [ewambakoe] «un poisson (espèce)» cl. 73- Le type D représentant le schème bas bas-haut haut bas (B+B BH H B).+ mauulu [omauulu] «un gecko» cl. 3[wutan omauulu] «cherchez un gecko»Nous avons classé ce thème dans le type tonal D parce que, bien qu’ayant unesyllabe en plus, son comportement est analogue à celui <strong>de</strong>s thèmes <strong>de</strong> type D.


1042.1.1.2 - Les tons modulés dans les formes structurellesDans les paragraphes qui précè<strong>de</strong>nt, nous venons d’exposer les différentsschèmes tonals et leur représentation en isolation et en phrase après un ton bas. Commedans beaucoup <strong>de</strong> langues bantu, la tonalité <strong>de</strong> l’orungu présente <strong>de</strong>s configurations quine sont pas fixes. Quoiqu’ils donnent <strong>de</strong>s schèmes tonals stables, les contextes retenusn’offrent pas toujours une correspondance directe entre la forme <strong>de</strong> base et la réalisationeffective. Les schèmes <strong>de</strong> type D sont là pour en témoigner.En effet, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi avoir posé <strong>de</strong>s tons montants en D aulieu <strong>de</strong> poser les formes réalisées comme étant les formes structurelles. L’explication <strong>de</strong>ce choix faisant appel à un contexte particulier, nous allons évoquer partiellement cetenvironnement post-lexical pour montrer que nous avons <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> poser <strong>de</strong>sséquences tonales dans les formes sous-jacentes <strong>de</strong> ces substantifs. Pour cela, nousallons placer ces substantifs après un lexème à ton bas final d’une part et après unlexème à ton haut final d’autre part. Comparons les exemples ci-après :[wutan alasa][wutan ambl][wutan epokolo]«cherchez <strong>de</strong>s oranges»«cherchez <strong>de</strong>s aubergines»«cherchez un chapeau»avec les suivants :[wut al3asa][wut amb3ol][wut epok3olo]«cherche <strong>de</strong>s oranges»«cherche <strong>de</strong>s aubergines»«cherche un chapeau»Excluons pour le moment le ton final <strong>de</strong>s substantifs pour "oranges" et"chapeau" dont il sera question plus loin. Après un ton haut final, on peut remarquer unabaissement tonal sur les syllabes pour lesquelles nous avons posé une séquence tonale.Cet abaissement pourrait s’expliquer par la propagation du ton haut <strong>de</strong> la finale verbalesur l’augment et/ou sur la première syllabe du thème selon que le substantif esttrisyllabique ou quadrisyllabique, entraînant une dissociation du ou <strong>de</strong>s tons bas dusubstantif. L’association du ton bas <strong>de</strong> l’augment ou <strong>de</strong> la syllabe qui précè<strong>de</strong>immédiatement le ton haut, formerait avec celui-ci une séquence BH réalisée abaissée<strong>de</strong>rrière haut. Ce qui conduit à la représentation suivante :


105De même :|# wuta ≠ alasa #|→ |# wuta ≠ alasa #|→ |# wut ≠ alasa #|→ [wut al3asa]|# wuta ≠ epokolo #|→ |# wuta ≠ epokolo #|→ |# wut ≠ epokolo #|→ [wut epok3olo]|# wuta ≠ ambl #|→ |# wuta ≠ ambl #|→ |# wut ≠ ambl #|→ [wut amb3l]Si nous poursuivons ce raisonnement, nous <strong>de</strong>vrions avoir, par exemple, avec<strong>de</strong>s substantifs dont les thèmes sont <strong>de</strong> schème +BH ou +HH :*[wut e3]*[wut e3ee]«cherche un poisson»«cherche un arbre»Or ce n’est pas ces réalisations que nous observons. Les seules réalisations admisesdans ce cas sont :[wut e][wut eee]«cherche un poisson»«cherche un arbre»Ainsi, nous pensons que la séquence BH dont est issue la faille tonale n’est pasle résultat <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> propagation, <strong>de</strong> dissociation et d’association, mais qu’elleest plutôt primaire. Cela montre, d’autre part, que la séquence BH constitue une limite àla propagation du ton haut. Cette analyse permet <strong>de</strong> formuler <strong>de</strong>ux règles principales quiaffectent les substantifs aussi bien au niveau lexical que post-lexical.


1061- La séquence BH est réalisée H après BBH →Η / Β ⎯2- La séquence BH est réalisée haut-abaissée (Ab) après HBH → Ab / Η ⎯Par ailleurs, on comprend mieux pourquoi la langue n’atteste pas <strong>de</strong> mélodiemontante et atteste fréquemment, par contre, l’abaissement et les terrasses tonales.Il reste cependant à expliquer la séquence tonale BH à la finale <strong>de</strong> certains <strong>de</strong>ssubstantifs <strong>de</strong>s dits schèmes. Pour ce faire, nous allons avoir recours au syntagmeadjectival, même si ce n’est pas le lieu pour parler <strong>de</strong> la tonologie post-lexicale.Considérons les énoncés ci-après :[omamb ompolo][e eolo]«un gros serpent»«un gros poisson»et comparons-les avec les suivants :[las 3olo][epokol 3eolo]«une grosse orange»«un gros chapeau»On constate que dans la <strong>de</strong>uxième série d’exemples qui précè<strong>de</strong>nt, laconfiguration tonale <strong>de</strong> l’adjectif est analogue à celle que l’on rencontre après unsubstantif dont la syllabe finale est haute. Il serait difficile d’expliquer une telleconfiguration si on posait les formes pour "orange" et pour "chapeau" avec uniquementun ton bas sur la <strong>de</strong>rnière syllabe. Il convient donc <strong>de</strong> poser une séquence BH finale àces thèmes. Ce qui représente les étapes suivantes :


107Forme <strong>de</strong> départ : |# lasa ≠ olo #|Propagation tonale : |# lasa ≠ olo #|Effacement tonal : |# lasa ≠ olo #|Simplification tonale : |# lasa ≠ olo #|Elision vocalique + : |# las ≠ olo #|Association tonaleRéalisation effective : [las 3olo]«une grosse orange»De même :Forme <strong>de</strong> départ : |# epokolo ≠ eolo #|Propagation tonale : |# epokolo ≠ eolo #|Effacement tonal : |# epokolo ≠ eolo #|Simplification tonale : |# epokolo ≠ eolo #|Elision vocalique + : |# epokol ≠ eolo #|Association tonaleRéalisation effective [epokol 3eolo]«un gros chapeau»Ceci permet <strong>de</strong> dégager la règle suivante :La séquence BH est réalisée B lorsqu’elle est suivie d’une limite <strong>de</strong> phrase oud’une limite <strong>de</strong> syntagme.BH → Β / ⎯ #Elle est, en revanche, maintenue lorsque le substantif est suivi d’un déterminant, commele montrent les exemples ci-<strong>de</strong>ssus. En considérant ce comportement <strong>de</strong> la séquence BHdans les <strong>de</strong>ux contextes envisagés, on peut donc prévoir les réalisations [lasa] et[epokolo], en isolation, à partir <strong>de</strong>s formes thématiques <strong>de</strong> base|# -n +lasa #|et|# e-ze+pokolo #|.2.1.1.3- Semi-vocalisation, élision <strong>de</strong> segment et tonsEn étudiant les préfixes nominaux nous avons pu remarquer qu’ils pouvaient soits’éli<strong>de</strong>r totalement ou partiellement soit voir leur voyelle se semi-vocaliser. Or, cesunités constituent <strong>de</strong>s supports tonals. La question qui se pose est <strong>de</strong> savoir ce que


108<strong>de</strong>vient le ton après l’élision ou la semi-vocalisation du segment qui le supportait etquelle est l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> ces processus sur la configuration tonale générale du mot. C’estce que nous nous proposons <strong>de</strong> montrer dans ce paragraphe.En isolation, le ton bas structurel que portait le préfixe nominal n’a quasimentpas d’inci<strong>de</strong>nce sur la forme réalisée du substantif. La forme structurelle est en effeti<strong>de</strong>ntique à la réalisation sauf pour les schèmes D où les séquences BH subissent lesrègles <strong>de</strong> simplification tonale, comme nous l’avons vu dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt.La correspondance entre la forme structurelle et la forme réalisée <strong>de</strong>s autresschèmes ne veut pas dire, cependant, que l’élision d’un segment entraîneobligatoirement l’effacement du ton qu’il portait. Si cela est vrai lorsque le ton <strong>de</strong> lasyllabe suivante est i<strong>de</strong>ntique au ton <strong>de</strong> la voyelle élidée ou semi-vocalisée, il en vaautrement quand le ton <strong>de</strong> la syllabe suivante est différent. L’i<strong>de</strong>ntité entre les <strong>de</strong>uxniveaux n’est alors qu’apparente. En effet, la forme <strong>de</strong> surface est alors le résultat d’unestratification <strong>de</strong> règles d’association et <strong>de</strong> simplification tonales. Ainsi, on a parexemple :mais :|# o-mo+mamba #| |# e-ze+w #|→ |# o+mamba #| → |# e+w #|→ [omamba] → [e]«un serpent»«du poisson»|# a-ma+mana #| |# -n+ke #|→ |# a+mana #| → |# +ke #|→ [amana] → [ke]«<strong>de</strong>s charbons»«un œuf»De cette analyse se dégagent <strong>de</strong>ux règles :1- Un ton <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision (partielle ou totale) ou <strong>de</strong> lasemi-vocalisation d’un segment est effacé s’il est i<strong>de</strong>ntique au ton suivant.Tσ → φ /⎯ Τσ2- Un ton <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation d’unsegment s’associe au ton <strong>de</strong> la syllabe suivante si celui est différent.


109t σ → tσ Tµ / ⎯ ΤµUne autre situation d’effacement doit être envisagée. Il s’agit <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong>classes 8 et 9 où le préfixe et l’augment ne sont pas réalisés. Excluons pour le momentles substantifs <strong>de</strong> classe 9 dont il sera question plus loin. La question qui se pose ici neconcerne pas le <strong>de</strong>venir du ton du préfixe nominal ; les exemples qui précè<strong>de</strong>ntmontrent ce qu’il en advient. La question qui se pose ici est <strong>de</strong> savoir ce que <strong>de</strong>vient leton que portait l’augment. Est-il effacé en même temps que la voyelle augment ou biens’associe-t-il au ton <strong>de</strong> la syllabe du thème ? C’est donc un véritable problème d’analysequi se pose pour ces substantifs. En effet, pour ces substantifs, il y a trois possibilitésd’analyse qui se présentent.1- La première possibilité d’analyse consisterait en la répétition du mécanismeaboutissant à une nouvelle simplification tonale. Soit :|# -+pa #|→ |# +pa #|→ |# +pa #|→ |# +pa #|→ [pa] «<strong>de</strong>s os»2- La secon<strong>de</strong> analyse est celle qui consiste à effacer la séquence préfixale <strong>de</strong>telle sorte qu’il y a une séquence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tons bas flottants qui se réduisent à un seul,lequel va s’associer au ton haut du thème. Soit :|# -+pa #|→ |# +pa # |→ |# +pa #|→ |# +pa # |→ [pa] « <strong>de</strong>s os »L’inconvénient dans cette analyse est qu’il est difficile <strong>de</strong> dire lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxtons, celui <strong>de</strong> l’augment ou celui du préfixe, agit.3- La troisième possibilité d’analyse consisterait à effacer le ton que portaitl’augment, non pas en même temps que l’effacement <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, maispostérieurement et sans association tonale avec le ton du thème. Soit :


110|# -+pa #|→ |# +pa #|→ |# +pa #|→ |# +pa #|→ [pa] «<strong>de</strong>s os»Pour notre part, nous optons pour la <strong>de</strong>rnière analyse, non seulement parparallélisme avec le singulier, mais également à cause du fait que l’augment <strong>de</strong> cessubstantifs réapparaît dans certains environnements, notamment après le connectif.D’autre part, le comportement tonal <strong>de</strong>s ces nominaux en contexte conforte notreanalyse. En effet, si le ton bas que portait l’augment est effacé lorsque le mot est enisolation ou en début <strong>de</strong> phrase, il est maintenu lorsque le lexème est à l’intérieur dusyntagme comme le montrent les exemples suivants :[aolnoo pa][eeenye pa][o pa]«on lui achetait <strong>de</strong>s os»«il ne mangera pas <strong>de</strong>s os»«pour <strong>de</strong>s os»où il serait difficile <strong>de</strong> justifier la configuration tonale du substantif sans poser un tonbas flottant structurel à l’initiale <strong>de</strong> celui-ci sachant que nous avons les mêmesconfigurations tonales au singulier. En effet, dans les syntagmes :[aolno epa][eeeny epa][ epa]«on lui achetait un os»«il ne mangera pas un os»«pour un os»le ton haut <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe du verbe ou <strong>de</strong> la préposition va occuper la voyelleinitiale du substantif, puis le ton bas que portait cette <strong>de</strong>rnière va occuper la positionrestante. D’autre part, s’il y avait répétition du mécanisme, comme le préconisent les<strong>de</strong>ux premières possibilités d’analyse, la séquence BH serait maintenue en phrase etnous aurions une faille tonale sur la syllabe du thème lorsque le substantif est placéaprès un lexème à ton haut final. Nous aurions par exemple :*[aolnoo p3a]*[eeenye p3a]*[o p3a]«on lui achetait <strong>de</strong>s os»«il ne mangera pas <strong>de</strong>s os»«pour <strong>de</strong>s os»


111Remarque :Cette analyse montre que, bien que la séquence préfixale ne soit pas représentée,les processus tonals tiennent compte <strong>de</strong>s positions qu’elle pourrait occuper.La même analyse aurait pu être appliquée aux substantifs <strong>de</strong> classe 9 dans lamesure où certains <strong>de</strong> ces substantifs sont réalisés sans la séquence préfixale commeceux <strong>de</strong> la classe 8. Mais nous n’avons pas retenu la même procédure parce qu’encontexte <strong>de</strong> phrase, la nasale préfixale est réalisée puisque la voyelle finale du premiermot lui sert d’appui, comme le montrent les exemples ci-après :[ka] «une pagaie» ~ [yn k3a] «ceci c’est une pagaie»[too] «un bâton» ~ [yn ntoo] «ceci c’est un bâton»[tombo] «une aiguille» ~ [yn ntombo] «ceci c’est une aiguille»De ces énoncés, on peut déduire que l’élision <strong>de</strong> la nasale préfixale estpostérieure à l’élision <strong>de</strong> l’augment. Le traitement <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> classe 9 réaliséssans séquence préfixale n’est donc pas différent <strong>de</strong> celui <strong>de</strong>s substantifs qui conserventleur nasale syllabique. Il y a seulement une étape supplémentaire dans l’analyse.Illustration :|# -n+bwa #| |# -n+ka#|→ |# n+bwa #| → |# n+ka #|→ [mbwa] → |# +ka #|«un chien» → [ka]«une pagaie»Ainsi donc, contrairement aux substantifs <strong>de</strong> classe 8 où l’effacement <strong>de</strong>l’augment est antérieur à celui du ton qu’il portait, pour les substantifs <strong>de</strong> classe 9,l’effacement <strong>de</strong> la nasale et du ton qu’elle portait se font <strong>de</strong> manière simultanée. Ceciest vrai lorsque le substantif est en initiale absolue. En phrase, le ton que porte la nasalea un comportement particulier qui dépend du ton <strong>de</strong> la syllabe qui précè<strong>de</strong> et du ton <strong>de</strong>la syllabe qui suit. Ce comportement se traduit soit par son effacement soit par sacombinaison au ton <strong>de</strong> la syllabe qui suit ou <strong>de</strong> la syllabe qui précè<strong>de</strong>. Nous reviendronsplus en détail sur ce point lorsque nous abor<strong>de</strong>rons la tonologie post-lexicale.


1122.1.1.4 - RécapitulatifL’établissement <strong>de</strong>s schèmes tonals a permis <strong>de</strong> dégager certains principesgénéraux <strong>de</strong> la tonologie en orungu. Nous retenons que :1- L’unité principale porteuse <strong>de</strong> ton est la syllabe2- Seules les voyelles sont susceptibles <strong>de</strong> porter <strong>de</strong>s séquences tonales3- Les substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique n’ont qu’un seul schème tonal4- Les quatre types tonals observés dans les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabiqueconstituent les schèmes <strong>de</strong> base. Ces schèmes sont adaptés selon le nombre<strong>de</strong> syllabes du thème lorsque celui-ci en a plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux.5- La langue atteste un phénomène <strong>de</strong> déplacement tonal6- Le ton haut se propage vers la droite7- La séquence tonale BH constitue une limite à la propagation du ton haut8- La langue réduit la combinaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux tons i<strong>de</strong>ntiques à un seul9- La langue n’atteste pas <strong>de</strong> réalisation montante10- Le système comprend <strong>de</strong>s règles d’association tonale11- Le système comprend <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> simplification tonale12- L’élision d’un segment porteur <strong>de</strong> ton n’entraîne pas nécessairementl’effacement du ton qu’il portait2.1.1.5 – Tons et dérivation2.1.1.5.1- La dérivation endogèneLa dérivation endogène se subdivise en <strong>de</strong>ux branches : la dérivation parpréfixation et la dérivation par suffixation. Au niveau formel, ce sont les mêmes règlesphonologiques qui s’appliquent aussi bien dans le changement <strong>de</strong> préfixe que dansl’ajout <strong>de</strong> suffixe. Sur le plan tonal, il n’y a pas non plus <strong>de</strong> surprise par rapport à ce quia déjà été observé.a- La dérivation préfixale a recours au changement <strong>de</strong> préfixes. Les substantifsainsi formés sont en rapport <strong>de</strong> sens les uns avec les autres et constituent <strong>de</strong>s groupessémantiques. Ainsi on a par exemple :+ewa 14,10b [oewa] / [kewa] «une vague, <strong>de</strong>s vagues»9, 10 [ewa] / [ewa] «un sillage, <strong>de</strong>s sillages»


113+wlo 7,8 [elo] / [lo] «un travail, <strong>de</strong>s travaux»3,4 [omblo] / [mblo] «un travailleur actif , <strong>de</strong>stravailleurs actifs»+no 6 [ano] «<strong>de</strong> l’eau»7 [eno] «une marée »9,10 [no] / [no] «<strong>de</strong> la pluie, <strong>de</strong>s pluies»+l 3 [ol] «du verre»9,10 [kl] / [kl] «un tesson, <strong>de</strong>s tessons»+na 5 [na] «un plant»9,10 [tna] / [ntna] «une base, <strong>de</strong>s bases»Les préfixes nominaux <strong>de</strong> classes 5/6, ajoutés à un thème désignant un arbre,expriment le sens <strong>de</strong> « fruit <strong>de</strong> …», <strong>de</strong> même que les préfixes nominaux <strong>de</strong> classes 9/10.Ainsi, on a :+ba 3 [oa] «un manguier»5/6 [a] / [aa] «une mangue, <strong>de</strong>s mangues »+los 3 [olos] «un citronnier»5/6 [los] / [alos] «un citron, <strong>de</strong>s citrons»+lasa 3 [olasa] «un oranger»5/6 [lasa] / [alasa] «une orange, <strong>de</strong>s oranges»+ula 3 [oula] «un noyer»9/10 [kula] / [kula] «une noix, <strong>de</strong>s noix»+zua 3 [ozua] «un saccoglottis gabonensis» 179/10 [cua] / [ncua] «fruit du saccoglottisgabonensis»Dans les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers exemples il n’y a pas <strong>de</strong> correspondance tonale entre ledérivé et le nom <strong>de</strong> l’arbre. Les tons sont complètement inversés ; nous ne savons d’oùpourrait provenir ce changement tonal.17 RAPONDA-WALKER, A., 1934, Dictionnaire Mpongwè-Français, Metz, Imprimerie <strong>de</strong> «La LibreLorraine», 640p.


114b- La dérivation par suffixation se fait au moyen <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux morphèmes : lemorphème |-yan| et le morphème|-y|. Ce procédé peut être qualifié d’improductifpuisque les substantifs ainsi formés sont très peu nombreux.b.1- Le suffixe |–yan| permet, à partir du thème qui désigne unecommunauté linguistique, d’obtenir le nom <strong>de</strong> la langue parlée par les locuteurs. Lessubstantifs ainsi obtenus sont en majorité <strong>de</strong> classe 7. Nous signalons que ce suffixe nes’adjoint pas à tous les thèmes référant à une communauté. La liste ci-après estexhaustive. Dans les autres cas, la communauté linguistique et la langue parlée par leslocuteurs sont désignées par un même lexème.Nom <strong>de</strong> la communautéLangue[ouu] cl.3 [euyan][po] cl.9 [eoyan][alwa] cl.9 [ealyan][km] cl.9 [emyan][enea] cl.7 [eneyan][ayumba] cl.9 [eyumbyan][seke] cl.9 [sekyan]On peut constater que la voyelle finale du thème s’éli<strong>de</strong> ou se semi-vocalise ; sielle porte un ton haut, celui-ci se propage vers les syllabes suivantes. Par ailleurs, dansles trois premiers exemples, l’approximante vélaire [w] est palatalisée en [] <strong>de</strong>vant /y/.b.2 – Le suffixe |-y| permet, à partir <strong>de</strong> thèmes qui, en classe 1, désignent"l’homme" et "la femme", d’obtenir <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> classe 9 qui désignent <strong>de</strong>slocalisations. Il s’agit <strong>de</strong>s formes :[nomy] «à droite, le côté droit» ← [onome] «un homme»[nyanty] «à gauche, le côté gauche» ← [owanto] «une femme»Nous signalons qu’il ne faudrait pas se méprendre sur la nature <strong>de</strong> ces dérivés àcause <strong>de</strong> leur traduction. Ce sont <strong>de</strong> véritables substantifs comme le montrent lesexemples ci-après où ils sont employés en fonction sujet.[nomy y yayuw aw]«son côté droit est paralysé»[ndo ny3ant y yipee mby3ambye]«mais son côté gauche est encore vali<strong>de</strong>»


1152.1.1.5.2 – Redoublement <strong>de</strong> thème et tonsDans la langue, le redoublement sert à exprimer l’intensité. Il peut être partiel outotal et il n’est pratiqué que sur <strong>de</strong>s thèmes à initiale consonantique.1- Le redoublement partielLe redoublement partiel se caractérise par l’antéposition <strong>de</strong> la syllabe initiale duthème complet. Dans la majorité <strong>de</strong>s cas, le thème non redoublé n’est plus attesté ; ilsera donné dans les cas où il a subsisté. Nous retenons quatre configurations tonales.La première configuration présente un schème entièrement haut comme lemontrent les exemples ci-après :+pu.pundu [epupundu] 18 «un cul-<strong>de</strong>-jatte» cl.7+u.uu [ouuu] «<strong>de</strong> la plénitu<strong>de</strong>» cl.3+ka.kae [kakae] «une inadvertance» cl.5+ku.kumna [okukumna] «esp.d’oiseau» cl.4+k.kl [okkl] 19 «une gran<strong>de</strong> faim» cl.3La <strong>de</strong>uxième configuration, très rare, présente un schème entièrement bas.+s.sl [essl] «esp.d’oiseau» cl.7La troisième configuration, aussi rare que la <strong>de</strong>uxième, manifeste un ton haut surla première syllabe du thème et une séquence bas-haut sur les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières syllabes.+na.nay [enanay] 20 «huit» cl.7D’un inventaire plus large, la quatrième configuration présente un schème tonal<strong>de</strong> type D2, manifestant un ton bas sur la première syllabe du thème et une séquencebas-haut sur les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières syllabes.18 La forme non redoublée est [pundu] «un billot » <strong>de</strong> classes 9 /1019 La forme non redoublée est [okl] «une faim, une sensation <strong>de</strong> faim » <strong>de</strong> classe 3. On remarquera ladivergence <strong>de</strong> schème tonal entre la forme simple et la forme redoublée.20 La forme non redoublée est [nayi] «quatre» <strong>de</strong> classe 9.


116+bo.bot [oot] «une araignée» cl.5+.n [on] «une étoile» cl.3+s.sl [ossl] «un lézard» cl.3+e.en<strong>de</strong> [oeen<strong>de</strong>] 21 «un fou» cl.3+so.solo [ososolo] «esp. <strong>de</strong> champignon» cl.3S’il est assez aisé <strong>de</strong> reconstituer formellement les thèmes dont sont issus cesredoublés, il n’est pas très aisé <strong>de</strong> reconstituer leur schème tonal, sauf pour les thèmesqui représentent une i<strong>de</strong>ntité tonale sur toutes les syllabes où l’on peut supposer quec’est soit un schème <strong>de</strong> type A, entièrement haut (*/+pundu/) soit un schème <strong>de</strong> typeB entièrement bas (*/+sl/).En ce qui concerne le thème pour «huit», la première syllabe redoublée n’agardé que la partie haute <strong>de</strong> la séquence propre au thème simple. En effet, le thème/+nay/ «quatre» à partir duquel il est formé, présente une séquence tonale sur chaquesyllabe. La réalisation par un ton haut <strong>de</strong> la première syllabe dans le redoublement nesaurait être le résultat d’une simplification tonale à cause du ton bas <strong>de</strong> l’augment,puisque, en phrase, nous n’avons pas :mais :*[awan en3an3ay][awan enan3ay]«huit enfants»«huit enfants»L’absence <strong>de</strong> séquence tonale BH sur la première syllabe du thème dans leredoublement est donc certaine. Tout se passe comme si le premier constituant du thèmeavait été formé à partir <strong>de</strong> la forme réalisée et que seule la reprise avait conservé latonalité structurelle <strong>de</strong> la forme simple. Par ailleurs, il semble qu’il y ait une limitespéciale entre le premier constituant du thème et la reprise, <strong>de</strong> telle sorte que cette<strong>de</strong>rnière paraît comme apposée au premier constituant du thème et que les règles tonaless’appliquent aussi <strong>de</strong> manière indépendante, d’où la réalisation [enanay] au lieu <strong>de</strong>*[enan3ay] comme on s’y attendrait normalement.21 Il existe pour ce même signifié une forme simple [ken<strong>de</strong>], <strong>de</strong> classes 9/10, à partir <strong>de</strong> laquelle ceredoublé est plus que probablement formé. Mais au niveau tonal, le redoublé présente un schèmetotalement différent <strong>de</strong> celui qu’on attendrait dans ce cas, à savoir un schème entièrement bas commecelui <strong>de</strong> la forme simple.


117Enfin, pour la <strong>de</strong>rnière configuration, par contre, il est difficile d’attribuer unschème tonal au thème initial. Aussi les posons-nous tels quels sans faire référence auschème tonal du thème simple à partir duquel ils sont formés ou sensés l’être.2- Le redoublement totalLe redoublement total ne présente guère <strong>de</strong> surprise ni au niveau formel ni auniveau tonal pour certains schèmes. Le thème est simplement repris dans son intégralité.Contrairement au redoublement partiel, il y a <strong>de</strong>s cas où le thème redoublé coexiste avecle thème simple que nous donnerons à chaque fois que c’est possible. Dans ce cas, leredoublé exprime l’intensité. On relève trois configurations tonales dans leredoublement total.La première configuration est <strong>de</strong> type A, représentant une réalisation entièrementhaute, comme le montrent les lexèmes suivants :+paa.paa [opaapaa] «un ennui» cl.3+ondo.ondo [oondoondo] 22 «un grand peureux» cl.1On peut remarquer qu’il y a i<strong>de</strong>ntité tonale parfaite entre la forme simple ou cequi est supposé en être une et la forme redoublée.La <strong>de</strong>uxième configuration est <strong>de</strong> type B, représentant une réalisationentièrement basse du thème. Cette configuration présente un éventail assez large. Envoici quelques exemples :+ky.ky [ekyky] «un nouveau-né» cl.7+lamba.lamba [olambalamba] 23 «une chorégraphie» cl.3+nyemba.nyemba [onyembanyemba] 24 «un sorcier» cl.1+amba.amba [kambaamba] 25 «du bavardage» cl.10b+amba.amba [tambaamba] «une ronce» cl.922 La forme simple <strong>de</strong> ce redoublé est [iondo] « un peureux » <strong>de</strong> classes 5/6. On retiendra égalementle changement <strong>de</strong> préfixe dans le redoublé.23 Ce lexème est beaucoup plus utilisé au pluriel qu’au singulier et la forme simple est [olamba] « ungeste » <strong>de</strong> classes 3/4.24 La forme simple est [inyemba] « un vampire » <strong>de</strong> classes 5/625 Il y a <strong>de</strong>ux formes simples pour ce redoublé. Nous avons, en effet, [amba] «une parole» <strong>de</strong> classe 5et [kamba] «un message oral, une parole» <strong>de</strong> classe 10b. Il paraît vraisemblablement que la formeredoublée est construite à partir <strong>de</strong> la forme simple <strong>de</strong> classe 10b à cause <strong>de</strong> leur i<strong>de</strong>ntité tonale.


118+ulu.ulu [ouluulu] 26 «un hercule» cl.1+ombe.ombe [ombeombe] «un parapluie» cl.5A l’instar <strong>de</strong> la première configuration, on note ici une i<strong>de</strong>ntité tonale parfaiteentre la forme simple et la forme redoublée.La troisième configuration paraît dérivée à partir du type C <strong>de</strong> schème tonal bashaut.Soit les exemples suivants :+t.t [ott] «un toucan» cl.3+puu.puu [puupuu] «un buisson» cl.5+boka.boka [aokaoka] «un entrejambe» cl.6+wonya.wonya [owonyawonya] 27 «un papillon» cl.14+zee.zee [ezeezee] «un annulaire» cl.7Contrairement aux <strong>de</strong>ux configurations qui précè<strong>de</strong>nt où l’on note une i<strong>de</strong>ntitéparfaite <strong>de</strong> type tonal entre la forme simple et la forme redoublée, ici on note uneinversion tonale dans la reprise. Cette inversion peut s’expliquer par le phénomène <strong>de</strong>propagation tonale. En effet, tout se passe comme s’il y avait une limite intérieure <strong>de</strong>syntagme entre le thème initial et sa reprise : le ton haut <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe sepropage sur la syllabe initiale <strong>de</strong> la reprise et le ton bas que portait cette <strong>de</strong>rnière sedéplace à son tour pour se placer sur la syllabe suivante, en occurrence la <strong>de</strong>rnière.Nous en déduisons que dans le redoublement total, les <strong>de</strong>ux thèmes sont séparéspar une limite spéciale dont la perméabilité tonale est i<strong>de</strong>ntique à celle qu’offre la limiteintérieure <strong>de</strong> syntagme. On peut du reste supposer que cette limite spéciale et cette26 La forme simple est [ulu] «une force, une puissance» <strong>de</strong> classes 9/10. On peut constater que cen’est pas uniquement le thème qui est redoublé, mais c’est le lexème en entier, ce qui montre tout <strong>de</strong>même un certain <strong>de</strong>gré d’intégration <strong>de</strong> la nasale préfixale dans le thème.27 Le pluriel <strong>de</strong> ce dérivé est [onyaonya] où la mutation consonantique est répétée dans la reprise,contrairement à ce qui se passe pour le redoublé signifiant «du bavardage» où la mutation consonantiquen’est pas répétée dans la reprise. Cette répétition <strong>de</strong> la mutation consonantique dans la reprise peuts’expliquer <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières : la première explication est celle qui consisterait à dire que c’est le mot enentier qui est repris, c’est-à-dire le préfixe nominal et le thème (sans l’augment) et la <strong>de</strong>uxième est cellequi consiste à dire que le redoublement est postérieur à la mutation consonantique. Pour notre part, nousavons opté pour la secon<strong>de</strong> explication en ce que, non seulement, elle s’harmonise avec les autresredoublés mais elle permet également une analyse simplifiée. Ainsi, au pluriel, la structure <strong>de</strong> ce redoubléest la suivante : |#i-di+wonya.bonya #|. Nous signalons que la tendance actuelle, notamment chezles enfants, est <strong>de</strong> reclasser ce redoublé en classes 3/4 sans effectuer la mutation <strong>de</strong> la consonne initiale duthème, <strong>de</strong> telle sorte que ce redoublé apparaît comme un redoublé second où le fonctionnement <strong>de</strong>l’alternance consonantique est bloqué.


119perméabilité tonale ne sont pas appliquées seulement pour les redoublés <strong>de</strong> type tonal C,mais qu’elles sont aussi présentes dans les <strong>de</strong>ux autres configurations. Toutefois ellesn’y sont pas visibles parce que, dans ces cas, toutes les syllabes portent <strong>de</strong>s tonsi<strong>de</strong>ntiques ; il n’y a pas <strong>de</strong> contraste tonal et par conséquent, il ne peut pas y avoir <strong>de</strong>modifications.2.1.1.5.3 – Les déverbatifsConstituant <strong>de</strong> nombreuses entrées lexicales, les déverbatifs sont composés àpartir d’une base verbale dont le radical est formé tantôt sur l’une ou l’autre forme(consonne initiale faible ou forte) et <strong>de</strong> morphèmes dérivatifs dont quelques-uns vont <strong>de</strong>pair avec un préfixe <strong>de</strong> classe déterminé, tandis que la plupart se retrouvent dans plusd’une classe nominale. La composition d’un déverbatif peut se schématiser commesuit :Préfixe nominal – Radical verbal (- extension) – Morphème dérivatifVoici la liste <strong>de</strong>s morphèmes dérivatifs répertoriés :-a --e --o -ini-isi -i-u1- Classe du préfixe et sens du dérivéLa plupart <strong>de</strong>s dérivés sont <strong>de</strong> classes diverses et <strong>de</strong> sens variables. Seuls lesdérivés en -i, -isi et -ini présentent une certaine régularité dans le choix ducouple <strong>de</strong> classes. Les dérivés en -i et en -isi désignent l’agent d’une action prisdans un sens général et sont <strong>de</strong> classes 3/4. Les dérivés en -ini sont <strong>de</strong> classes 9/10 etdésignent la manière <strong>de</strong> faire quelque chose.Les dérivés en -a sont <strong>de</strong> classes diverses. Ceux <strong>de</strong> classes 5/6 désignent <strong>de</strong>manière générale <strong>de</strong>s noms d’action considérés d’un point <strong>de</strong> vue bien déterminé,particulier ; ceux <strong>de</strong> classes 7/8, désignent l’instrument <strong>de</strong> l’action et ceux <strong>de</strong> classe 10b,<strong>de</strong>s noms d’action pris dans un sens plus général.


1202- Tons et morphèmes dérivatifsLa distinction haut-bas relevée dans les radicaux verbaux en proto-bantu et dansd’autres langues bantu actuelles n’est pas (ou plus) attestée en orungu. En effet, tous lesradicaux verbaux ont un ton lexical bas dans cette langue.Les morphèmes dérivatifs qui consistent en une seule voyelle, sont tantôt hautstantôt bas selon que le radical lui-même est réalisé avec un ton haut ou un ton bas dansle dérivé. Cette double réalisation tonale du radical pourrait être le vestige d’uneopposition entre radical à ton haut et radical à ton bas attestée dans un état antérieur <strong>de</strong>la langue. Le ton haut du radical se propagerait sur le morphème final en effaçant le tonbas qu’il porte. Toutefois la coexistence <strong>de</strong> dérivés comme [okamb] «un avocat» (<strong>de</strong>type tonal B) et [amba] «une parole» (<strong>de</strong> type tonal A) qui sont tous les <strong>de</strong>ux forméssur le même radical verbal |+amb-|«parler» ne semble pas <strong>de</strong> nature à confirmercette hypothèse. D’autre part, bien que formé sur l’une ou l’autre forme, le radical dudérivé n’a pas toujours la même tonalité que dans les formes verbales, c’est-à-dire unton haut quand le radical a une consonne initiale forte et un ton bas quand il a uneconsonne initiale faible. Ainsi dans une étu<strong>de</strong> qui se veut synchronique, cette instabilitétonale liée à la dérivation pose le problème du ton lexical <strong>de</strong>s morphèmes dérivatifs.Aussi poserons-nous un dérivatif à ton bas quand la forme réalisée est entièrementbasse, un dérivatif haut lorsque le radical verbal et le morphème dérivatif ont <strong>de</strong>s tonsdifférents et un dérivatif à ton haut précédé d’un ton haut flottant quand la forme estréalisée entièrement haute, le ton haut flottant se propageant à gauche jusqu’à la syllabedu radical. Pour les dérivés <strong>de</strong> type D, nous poserons un dérivatif avec une séquence BHprécédée d’un ton haut et d’un ton bas flottants. Ces tons flottants vont se placer sur lasyllabe du radical et former ainsi une séquence BH nécessaire au schème tonal D. Cettesuccession <strong>de</strong> tons flottants peut paraître lour<strong>de</strong>, mais nous n’avons pas trouvé unesolution meilleure. On trouve ainsi dans les dérivés formés à partir <strong>de</strong> dérivatifsvocaliques les quatre schèmes tonals.Les dérivatifs <strong>de</strong> structure VCV ont une tonalité plutôt stable : le suffixe –iniest entièrement haut, et les dérivés qu’il sert à former ont un schème tonal <strong>de</strong> type C,étant entendu que le radical verbal a un ton lexical bas. Le dérivatif –s est bas-hautbas-haut et les substantifs qu’il sert à former se rangent donc dans le type tonal D2.


1213- Illustration3. 1- Le dérivatif - ~ Le dérivatif -i sert à former le thème <strong>de</strong> nombreux substantifs quiappartiennent aux classes 3/4 mais aussi à d’autres classes. Il exprime, grosso modo,l’agent <strong>de</strong> l’action. Cependant, on trouve également d’autres sens. En l’absence d’uneétu<strong>de</strong> statistique, il semblerait néanmoins que le dérivatif <strong>de</strong> type - soit le plusfréquent mais les substantifs dérivés peuvent être <strong>de</strong> type A ou B.suivantes :a- Avec un dérivatif à ton bas, nous avons, par exemple, les formes dérivées[onok][onnj][okamb][oa] 28«un menteur » cl.3< +nok- «mentir»«un enseignant» cl.3< +nndy- «enseigner»«un juge, un procureur» cl.3< +amb- «parler»« un créateur » cl.3 ø< +a- «créer, fabriquer»b- Avec un dérivatif - , on peut citer les exemples suivants :[nyaz][nyemb][ao][eslyan][eom]«un éternuement» cl.9< +yaz- «éternuer»«un chanteur» cl.9< +yemb- «chanter»«<strong>de</strong>s vomissures» cl.6< +o- «vomir»«un caractère moqueur» cl.7< +zl--an- «se moquer»«un apôtre» cl.7< +om- «envoyer»28 Ce dérivé semble être formé à partir d’un dérivé second où le lien avec le radical verbal n’est plusressenti comme tel et où l’augment tient lieu <strong>de</strong> préfixe. C’est ce qui expliquerait l’absence <strong>de</strong> la mutationconsonantique à l’initiale du thème et l’élision totale du préfixe nominal. On peut donc considérer que lepréfixe nominal <strong>de</strong> classe 3 et le préfixe nominal <strong>de</strong> classe 4 à la forme au pluriel sont structurellementreprésentés par leur allomorphe zéro.


122c- Lorsque le radical verbal est <strong>de</strong> type CV(V), il y a insertion du suffixe|-a-|ou |-en-|. Ce qui donne les formes ci-après :[nya][zen]«un glouton» cl.5< +na- «manger»«quelqu’un qui va fréquemment aux toilettes»< +za- «déféquer»3.2- Le dérivatif - a ~ -a ~ -aLe dérivatif -a entre dans la formation <strong>de</strong> substantifs <strong>de</strong> classes 5/6, 7/8 et 10b.Les dérivés <strong>de</strong> classes 5/6 désignent l’instrument ou le résultat <strong>de</strong> l’action exprimée parle verbe. Les substantifs formés à partir <strong>de</strong> ce dérivatif sont <strong>de</strong> type A ou B. Toutefois,lorsque le thème est formé par le redoublement d’un radical verbal monosyllabique, lesubstantif est <strong>de</strong> type C et utilise donc le dérivatif -a.En classes 5/6, on trouve par exemple :[wa][amba][oma]«un vêtement»< +w- «s’habiller»«une parole»< +amb- «parler»«une génération»< +om- «grandir, croître»[unjna]«une floraison»< +undy-n- «fleurir»En classe 7/8 le dérivé désigne, <strong>de</strong> manière générale, l’instrument ou le résultat<strong>de</strong> l’action exprimée par le verbe.[eanjuna] «un filtre»< +andy-un- «filtrer»[elna] «une râpe»< +l-n- «râper pour»[etoka]«un puits» cl.7< +ok- «creuser»


123[enda][emba][eooa][eyaya] 29«une grosseur»< +end- «grossir»« une allusion»< +mb- «faire allusion»«<strong>de</strong> la transpiration»< +o-o- «transpirer»« une cicatrice»< +a- «se brûler»Avec le préfixe <strong>de</strong> classe 10b, on obtient <strong>de</strong>s dérivés qui expriment l’action d’unpoint <strong>de</strong> vue plus général.[sndna][kanjuna][kalwa]«<strong>de</strong> la patience»< +znd-n- «patienter»«un filtrage»< +andy-un- «filtrer»«un changement»< +al-o- «changer»3.3 – Le dérivatif - o ~ -oLes dérivés en -o sont <strong>de</strong> classes différentes et expriment <strong>de</strong>s sens variés selonla classe. Le dérivatif porte tantôt un ton haut précédé d’un ton haut flottant, tantôt unton bas. Ainsi :a- En classes 5/6, on obtient <strong>de</strong>s dérivés qui désignent le moyen ou l’instrumentpar rapport à l’action exprimée par le verbe. Les substantifs dérivés sont <strong>de</strong> typeA ou B.[yumbuno][yzno]«une cachette»< +yumb-un- «cacher»«un appui»< +yz- «s’appuyer»29 Avec ce radical <strong>de</strong> type - CV-, on assiste à un autre procédé <strong>de</strong> dérivation. En effet, il y a redoublement<strong>de</strong> thème. On relève également [pya] «brûlure» <strong>de</strong> classes 9/10 .


124[lwano][olo]«une <strong>de</strong>meure»< +lwan- «habiter»«un prix»< +ol- «acheter»b- Les dérivés <strong>de</strong> classes 7/8 désignent également l’instrument ou le résultat <strong>de</strong>l’action exprimée par le verbe. Les substantifs sont <strong>de</strong> type A ou B.[enzo][eeo][enambo][eyano]«une mesure»< +n-z- «mesurer»«un puits, une fontaine»< +e- «puiser»«un mets»< +namb- «préparer, cuire»«une tache <strong>de</strong> naissance»< +yan- «accoucher»c- En classe 3, ces substantifs (<strong>de</strong> type A ou B) désignent le résultat <strong>de</strong> l’actiondécrite par le verbe. On y trouve d’autres sens également.[okeo][oyno][ooo][ozlyo]«une part, une portion» cl.3< +e- «partager»«une danse»< +yn- «danser»«un lien, une attache»< +o- «lier, attacher»«une moquerie»< +zl-- «se moquer»d- En classe 10b, ces substantifs sont <strong>de</strong> type B et désignent, dans leur ensemble,l’action elle-même.[yno] «<strong>de</strong> l’obéissance»< +y- «entendre»[suno] «un salut»< +zun-n- «sauver»[ymbunyo] «<strong>de</strong> la purification»< +ymb-un-- «rendre propre, purifier»


1253.4- Le dérivatif - e ~ -e ~ -eLe dérivatif -e est peu productif et forme <strong>de</strong>s thèmes appartenant à un nombreréduit <strong>de</strong> classes, parmi lesquelles les classes 3/4 et 7/8.En classes 3/4, les substantifs ainsi formés, désignent <strong>de</strong>s patients (et sont <strong>de</strong>type A ou B) ou <strong>de</strong>s agents (et sont <strong>de</strong> type C). On a par exemple :[onje][okote][oumbe][okue]«un élu»< +ndy- «choisir, élire»«un prisonnier»< +ot- «saisir, attraper»«une surprise»< +lumb- «surprendre»«un indigent, un pauvre»< +u- «être pauvre»b- Les dérivés <strong>de</strong> classes 7/8 désignent, <strong>de</strong> manière générale, le résultat d’unverbe d’action, mais peuvent aussi désigner l’agent. Les substantifs ainsi formés sont <strong>de</strong>type A, C ou D. Soit les exemples suivants :[epue][eole][eene] 30«une perruque»< +u- «couvrir»«un coup <strong>de</strong> poing»< +wol- «frapper»«un morceau»< +en- «couper»3.5 – Le dérivatif - ~ - ~ - Comme pour les autres dérivatifs, les dérivés en - sont <strong>de</strong> classes diverses etdésignent l’instrument ou le résultat <strong>de</strong> l’action exprimée par le verbe. Les substantifsformés à partir <strong>de</strong> ce dérivatif sont <strong>de</strong> type B, C et D. En voici quelques exemples :30 On relève également un autre dérivé <strong>de</strong> classes 9/10 pour le même signifié, soit [tene]


126[kmb][ond][eyn] 31[ekn]«<strong>de</strong> la raclure <strong>de</strong> bois, du copeau» cl.9< +mb- «racler»«un voyage» cl.14< +nd- «marcher, partir»«un miroir» cl.7/8< +yen- «voir»«une expectoration» cl.7/8< +n- « tousser»[alat] «une union, <strong>de</strong> l’harmonie» cl. 6< +lat- «unir, joindre»3.6- Le dérivatif - ~ - ~ - ~ - Bien que la liste ci-après ne soit pas exhaustive, les substantifs dérivés à l’ai<strong>de</strong>du morphème - sont très peu nombreux. Dans la plupart <strong>de</strong>s cas, ils sont <strong>de</strong> classes7/8. On note également quelques exemples dans d’autres classes. Les substantifs ainsiformés désignent l’agent ou le résultat <strong>de</strong> l’action du verbe et sont <strong>de</strong> type A, B, C, D etD2 pour les polysyllabiques. En voici quelques exemples :[etemz] «ce qui trompe» cl.7< +em-z- «tromper»[ozu] «un sauveur» cl. 3cf. +zu-n- «sauver»[eu]«un dégoût» cl.7< +lud-n- «être dégoûté, avoir le dégoût»[elewany] «un oubli» cl.7< +lew-an-- «faire oublier»[akt]«<strong>de</strong>s questions, <strong>de</strong>s interrogations» cl.6< +t- «interroger, questionner»[easz] «un exagérateur» cl.7< +as-z- «exagérer»31 Ici on assiste à une harmonie vocalique régressive entre la terminaison et la voyelle du radical. Il s’agitd’un cas exceptionnel.


1273.7- Le dérivatif - uLe dérivatif |- u|est le moins productif <strong>de</strong> tous. Un seul substantif a étérelevé et il est <strong>de</strong> type D. Il s’agit <strong>de</strong> :[esku]«un hoquet»cf. +zk-um- «sangloter»3. 8- Le dérivatif -nLe dérivatif |–n| présente une régularité certaine tant au niveau <strong>de</strong> lasignification qu’à celui <strong>de</strong> la tonalité. Il a, en effet, une tonalité haute. Les substantifsformés à l’ai<strong>de</strong> du dérivatif |–n| signifient : «la manière <strong>de</strong> faire». Ils sont tous <strong>de</strong>classes 9/10 et <strong>de</strong> schème tonal <strong>de</strong> type C. A titre d’exemples on peut citer les formessuivantes :[kndn][njnn][ponin][kambn]«une démarche»< +nd- «marcher»«une manière <strong>de</strong> rire»< +yn- «rire»«une manière <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r»< +on- «regar<strong>de</strong>r»«un langage»< +amb- «parler»Avec un radical <strong>de</strong> type +CV(V)- ou <strong>de</strong> type +CCV-, il y a insertion d’un affixe|-en-|. En voici quelques exemples :[penn][tenn][pyenn][tyenn][nenn]«une manière <strong>de</strong> donner»< +a- «donner»«une manière <strong>de</strong> chasser»< +a- «chasser»«une manière <strong>de</strong> se brûler»< +a- «se brûler»«une manière d’avoir peur»< +a- «avoir peur»«une manière <strong>de</strong> se battre»< +nwa- «se battre»


1283. 9- Le dérivatif -sLe dérivatif |–s| permet <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> classes 3/4 quidésignent l’agent qui accomplit l’action en tant que profession. Il a un schème bas-hautbas-haut et les substantifs qu’il sert à former sont <strong>de</strong> type tonal D2. A titre d’exemples,on peut citer les formes suivantes :[oes][onds][os][oums]«un bûcheron»< +we- «abattre»«un scribe, un écrivain»< +nd- «écrire»«un prophète»< +- «prophétiser»«un couturier»< +um- «coudre»Dans cette série d’exemples, on remarquera que les préfixes nominaux <strong>de</strong>classes 3 et 4 sont entièrement élidés, puisqu’on a au pluriel les formes [es]«<strong>de</strong>s bûcherons », [s] «<strong>de</strong>s prophètes », alors que l’initiale <strong>de</strong> thème est // ou/w/, environnements dans lesquels on <strong>de</strong>vrait avoir l’élision <strong>de</strong> la voyelle du préfixenominal et la mutation <strong>de</strong> la consonne initiale du thème. Nous <strong>de</strong>vrions avoirnormalement :*[omps]«un prophète»*[ombes]«un bûcheron»*[mps]«<strong>de</strong>s prophètes»*[mbes]«<strong>de</strong>s bûcherons»comme dans :+wumu [ombumu] / [mbumu] «partie(s) ventrale(s) <strong>de</strong> poisson»+olo [ompolo] / [mpolo] «un gros, <strong>de</strong>s gros»On pourrait penser que ces dérivés combinent <strong>de</strong>ux préfixes nominaux.Toutefois, s’il est aisé <strong>de</strong> déduire l’existence d’une combinaison <strong>de</strong>s préfixes pour cessubstantifs, il est plus difficile d’établir la nature du second. En examinant la liste <strong>de</strong>spréfixes nominaux et leur inci<strong>de</strong>nce sur l’initiale du thème, seuls les préfixes <strong>de</strong> classes5 et 7 sont susceptibles <strong>de</strong> rentrer dans cette succession sans ambiguïté puisqu’ils


129s’éli<strong>de</strong>raient <strong>de</strong>vant l’initiale du thème. Mais il ne s’agit pas d’une hypothèse trèsvraisemblable.On peut aussi penser que ces substantifs pourraient être <strong>de</strong>s dérivés "seconds",c’est-à-dire <strong>de</strong>s dérivés formés sur d’autres dérivés notamment <strong>de</strong> classe 5 puisque nousavons :[a][ea]«une prophétie»«un abattage»Dans les dérivés «seconds», le lien avec le verbe et le fonctionnement <strong>de</strong>l’alternance seraient bloqués. De tels faits montrent certainement le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> figementassez fort <strong>de</strong>s mécanismes d’alternance et le fait que, synchroniquement, l’augment tendà être ressenti comme un préfixe, ce qui permet ce type d’exceptions. Par souci <strong>de</strong>simplicité d’analyse, nous poserons pour ces dérivés un préfixe zéro, d’où les structuressuivantes : Aug – PN 3 ø + Thème au singulier et Aug – PN 4 ø + Thème au pluriel.Remarque :On notera que la tendance est <strong>de</strong> former les dérivés sur l’une ou l’autre <strong>de</strong>sformes du radical verbal et que le ton du radical est souvent i<strong>de</strong>ntique à celui dudérivatif.4- Conclusion :En définitive, les thèmes <strong>de</strong>s substantifs se distinguent par :1- Leur structure. En effet, les thèmes <strong>de</strong>s substantifs se subdivisent en <strong>de</strong>uxgran<strong>de</strong>s catégories :- les thèmes simples inanalysables- les thèmes dérivés utilisant <strong>de</strong>ux procédures, le redoublement et lesmorphèmes dérivatifs.2- La nature <strong>de</strong> leur initiale qui entraîne une restructuration du préfixe nominalet le nombre <strong>de</strong>s syllabes qui est d’une importance capitale dans le fonctionnent <strong>de</strong>stons.


1302.1.1.6- L’expression du définiEn isolation, les nominaux orungu présentent <strong>de</strong>ux schèmes tonals. Pour plus <strong>de</strong>clarté, nous les présentons, dans les lignes qui suivent, d’après leur nombre <strong>de</strong> syllabeset leur type tonal. Les thèmes <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> trois syllabes ne seront pas présentés ici.2.1.1.6.1- Les substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabiqueComme nous l’avons vu dans les pages précé<strong>de</strong>ntes, les substantifs <strong>de</strong> thèmemonosyllabique présentent un seul schème tonal, le schème tonal B+H. Voici donc les<strong>de</strong>ux schèmes dans lesquels ils se présentent, avec leur séquence préfixale selon qu’ilssont à l’indéfini ou au défini.Schème 1 Schème 2[oa] «un roi» [oa] «le roi»[oa] «un manguier» [oa] «le manguier»[ezo] «un mortier» [ezo] «le mortier»[pa] «un os» [pa] «l’os»2.1.1.6.2- Les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabiqueVoici les <strong>de</strong>ux schèmes <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique.TYPE TONAL SCHEME 1 SCHEME 2A [owana] «un enfant» [owana] «l’enfant»B [omamba] «un serpent» [omamba] «le serpent»C [ol] «une liane» [ol] «la liane»D [alasa] «<strong>de</strong>s oranges» [al3asa] «les oranges»


1312.1.1.6.3- Les substantifs <strong>de</strong> thème trisyllabiqueVoici les <strong>de</strong>ux schèmes <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> thème trisyllabique.TYPE TONAL SCHEME 1 SCHEME 2A [oambaka] «une racine» [oambaka] «la racine»B [ezalna] «un peigne» [ezalna] «le peigne»C[mpun] «<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong>jeter»[mpun] «les manières<strong>de</strong> jeter»DD1 [mblo] «une aubergine» [mb3l] «l’aubergine»D2 [epokolo] «un chapeau» [epok3olo] «le chapeau»2.1.1.6.4- Interprétation <strong>de</strong>s tableauxLes substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique ont tous une même configuration auschème 2 et ils y ont une tonalité inversée, par rapport à la tonalité <strong>de</strong> base.Dans les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique, nous avons, à partir <strong>de</strong>s quatreconfigurations du schème 1, <strong>de</strong>ux configurations tonales dans le schème 2. Les schèmes<strong>de</strong> type A, B et C se réduisent à une seule configuration, et ceux <strong>de</strong> type tonal D ontchacun leur représentation propre.De même, les cinq représentations tonales <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> thème trisyllabiquedu schème 1 se rassemblent en trois configurations dans le schème 2. Les schèmes A, Bet C ont une même réalisation dans le schème 2 et les schèmes <strong>de</strong> type D y ont leurréalisation particulière.Ainsi coexistent dans la langue <strong>de</strong>ux schèmes tonals pour les nominaux ; leschème 1 exprime la forme indéfinie et le schème 2 la forme définie.


1322.1.1.6.5- Les principes généraux du marqueur du définiLes différents types tonals regroupés dans la forme indéfinie (schème 1)constituent la tonalité <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s nominaux. Vu le nombre réduit <strong>de</strong>s configurationsdans la forme définie (schème 2), nous déduisons ces <strong>de</strong>rnières à partir <strong>de</strong>s formesstructurelles <strong>de</strong> la forme indéfinie. Pour cela, nous supposons la présence d’un ton hautflottant <strong>de</strong>rrière l’augment. Ce ton flottant va entraîner un certain nombre <strong>de</strong> processusqui ont pour effet <strong>de</strong> changer la configuration tonale <strong>de</strong>s substantifs et d’aboutir ainsiaux réalisations observées à la forme définie. Ces processus sont : la dissociation,l’association et la propagation. Pour mieux saisir ces processus, nous proposons <strong>de</strong> lesexpliquer selon les types tonals et le nombre <strong>de</strong> syllabes.Le passage <strong>de</strong> la forme indéfinie à la forme définie entraîne un certain nombre<strong>de</strong> mécanismes dont les principes généraux sont les suivants :1- Le premier principe consiste dans l’association du ton haut flottant au préfixenominal et dans la propagation du ton bas que portait ce <strong>de</strong>rnier sur toutes lessyllabes du thème. Cette propagation n’est possible que si le thème necontient pas <strong>de</strong> séquence tonale ; lorsque le thème en contient une, lapropagation est arrêtée.2- Le <strong>de</strong>uxième principe concerne la dynamique du ton haut <strong>de</strong>venu flottantsuite à l’élision ou à la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle du préfixe nominal ouà l’élision entière <strong>de</strong> celui-ci. Ce ton va s’associer à la première syllabe duthème si le thème nominal compte plus d’une syllabe et qu’il ne contient pas<strong>de</strong> séquence tonale. Lorsque le thème est monosyllabique ou lorsque lasyllabe initiale du thème contient une séquence tonale, le ton haut flottants’associe à gauche.2.1.1.6.6- Les différents processus tonals du marqueur du défini1- Les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabiqueLe type A :Pour les substantifs <strong>de</strong> type tonal A, à l’instar <strong>de</strong> [owana] «un enfant», le tonhaut flottant associé à l’augment va s’associer au préfixe nominal et le ton bas queportait ce <strong>de</strong>rnier va occuper toutes les syllabes du thème. Puis, le ton haut <strong>de</strong>venuflottant à la suite <strong>de</strong> la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle du préfixe va, à son tour,s’associer à la première syllabe du radical. On peut schématiser comme suit :


133|# o -mo+ana #|→ |#o-mo+ana #|→ |#o-mw+ana #|→ [owana] « l’enfant »Le type B :Pour ce qui est <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> type B, comme [omamba]« un serpent », onpeut appliquer la même procédure. Mais comme le thème est déjà entièrement bas, ilnous semble inutile <strong>de</strong> faire agir le ton bas du préfixe. Ainsi, on a :|# o -mo+mamba #|→ |# o-mo+mamba #|→ |# o+mamba #|→ [omamba] «le serpent»Le type C :Le processus qui agit ici est le même que celui qui agit dans les types A et B.Ainsi on a la schématisation ci-après :|# o -mo+l #|→ |# o mo+l #|→ |# o+l # |→ [ol] «la liane»Le type D :Pour les substantifs <strong>de</strong> type D, comme [lasa] «une orange», la procédure estdifférente par rapport à ce qui se passe pour les trois schèmes qui précè<strong>de</strong>nt. En effet,lorsque le ton haut flottant associé à l’augment se place sur le préfixe nominal, le tonbas que portait ce <strong>de</strong>rnier est effacé car sa propagation est bloquée par la séquencetonale BH. De même, lorsque le préfixe nominal s’éli<strong>de</strong>, le ton haut qu’il portait ne peuts’associer à la première syllabe du thème, mais va se placer sur l’augment et remplacerle ton bas qu’il portait. Enfin, la séquence tonale finale va être simplifiée en un ton bas


134et celle que porte la première syllabe du thème va être réalisée haut-abaissée car placéeaprès un ton haut. On a ainsi les étapes suivantes :|# -n+lasa #|→ |# -n+lasa #|→ |# +lasa #|→ |# +lasa #|→ [l3asa] «l’orange»2- Les substantifs <strong>de</strong> thème trisyllabiqueLe ton haut flottant, marque <strong>de</strong> la définition, agit ici <strong>de</strong> la même manière quedans les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique. En effet, celui-ci s’associe au préfixenominal et le ton bas que portait ce <strong>de</strong>rnier occupe toutes les syllabes du thème et ce, àcondition qu’il n’y ait pas <strong>de</strong> séquence BH. Le ton haut <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong>l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle du préfixe ou <strong>de</strong> l’élision totale <strong>de</strong>celui-ci va s’associer, à son tour, à la première syllabe du radical si celle-ci ne porte pas<strong>de</strong> séquence tonale, dans le cas contraire il s’associe à la voyelle augment. Soit lesschématisations suivantes :Le type A :[oambaka] « une racine »|# o -mo+ambaka #|→ |# o-mo+ambaka #|→ |#o+ambaka #|→ [oambaka] «la racine»Le type B :[epondoma]«un oreiller»|# e -ze+pondoma #|→ |# e-ze+pondoma #|→ |# e+pondoma #|→ [epondoma] «l’oreiller»


135Le type C :[mpun]«<strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> jeter»|# -n+u-n #|→ |# -n+un #|→ |# -m+un #|→ |# -m+pun #|→ |# -mpun #|[mpun] «les manières <strong>de</strong> jeter»On notera que les mêmes mécanismes s’appliquent lorsque le préfixe nominalest une nasale. Toutefois, le ton <strong>de</strong> la nasale se reporte sur la première syllabe du thèmelors <strong>de</strong> la constitution <strong>de</strong> la séquence NC, opération au cours <strong>de</strong> laquelle la nasale perdsa syllabicité.Les mêmes mécanismes s’appliquent à l’initiale absolue lorsque l’augment n’estpas réalisé mais, lors <strong>de</strong> son élision, le ton qu’il portait s’associe à la nasale syllabiqueet le ton haut que portait cette nasale s’associe à la première syllabe du thème. Soit lesreprésentations suivantes :|# -n+lend-n #| |# -n+w-n #|→ |# i-n+lendn #| → |# -n+wn #|→ |# -n+lendn #| → |# -n+wn #|→ |# n+lendn #| → |# n+wn #|→ [n<strong>de</strong>ndn] → [mbn]«la manière d’agir»«la manière <strong>de</strong> prendre»Lorsque la séquence préfixale (augment +préfixe nominal) n’est pas réalisée, lesmêmes règles tonales s’appliquent.|# -n+on-n #| |# -n+nd-n #|→ |# -n+onn #| → |# -n+ndn #|→ |# -n+onn #| → |# -n+ndn #|→ |# m+onn #| → |# +ndn #|→ |# m+ponn #| → |# +kndn #|→ [ponn] → [kndn]«la manière <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r»«la manière <strong>de</strong> marcher»


136Le type D :Les substantifs <strong>de</strong> schème tonal D1, à l’instar <strong>de</strong> [mbl] «une aubergine»se comportent <strong>de</strong> la même manière que les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique <strong>de</strong> type D.Le ton bas du préfixe dissocié à la suite <strong>de</strong> l’association du ton haut flottant, est effacécar sa réassociation est bloquée par la séquence tonale que porte la syllabe initiale duthème. Puis le ton haut <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision du préfixe nominal va sepositionner, à son tour, sur l’augment. Ainsi, on a la représentation suivante :|# -n+mbl #|→ |# -n+mbl #|→ |# +mbl #|[mb3l] «l’aubergine»Pour les substantifs <strong>de</strong> schème tonal D2, comme [epokolo] «un chapeau» leton haut flottant va s’associer au préfixe nominal et le ton bas du préfixe nominal vaoccuper une seule position car sa progression est bloquée par la séquence tonale BH.Puis le ton haut <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision du préfixe va s’associer à son tourà la première syllabe du thème. Soit la représentation suivante :|# e -ze+pokolo #|→ |# e-ze+pokolo #|→ |# e+pokolo #|→ |# e+pokolo #|[epok3olo] «le chapeau»3- Les substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabiquePour les substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique, comme [oa] «un roi», le tonhaut flottant s’associe au préfixe nominal et le ton bas que portait celui-ci va occuper lasyllabe du thème. Puis, le ton haut <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision du préfixenominal se place sur l’augment car il ne peut pas s’associer à la syllabe du thèmepuisque cette <strong>de</strong>rnière est également la syllabe finale. Soit la représentation suivante :|o -mo+a| > |o-mo+a| > |o +a| > [oa] «le roi, le chef»


137Il en est <strong>de</strong> même pour les substantifs monosyllabiques <strong>de</strong> classe 8. Pour cessubstantifs, l’effacement <strong>de</strong> la séquence préfixale est postérieur à l’application <strong>de</strong>srègles tonales. De cette façon, on a :|# -+pa #|→ |# -+pa #|→ |# +pa #|→ |# +pa #|[pa] «les os»Pour les substantifs <strong>de</strong> classe 9 placés à l’initiale absolue où la séquencepréfixale n’est pas réalisée, nous avons la représentation suivante :|# -n+se #|→ |# -n+se #|→ |# n+se #|→ |# n+se #|[ce]«la terre»On peut constater que, dans ce cas, l’élision <strong>de</strong> l’augment est préalable à celle dupréfixe (qui est du reste maintenu en phrase), contrairement à ce qui se passe pour lessubstantifs <strong>de</strong> classe 8, où c’est d’abord l’élision du préfixe qui s’effectue. Si nousaboutissons au même résultat pour ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> substantifs, leur traitement n’est,en revanche, pas similaire.2.1.1.6.7- L’expression du défini dans les dérivésLes déverbatifs ont le même comportement tonal que les substantifs simples <strong>de</strong>même schème.[oes] 32 → [oe3s]«un bûcheron»«le bûcheron»[onds] 33 → [ond3s]«un écrivain»«l’écrivain»32 Nous rappelons que ce substantif a un schème tonal <strong>de</strong> type D2. Sa structure est donc |#o -mo+we-is #|33 La structure <strong>de</strong> ce dérivé est : |# o -mo+nd-is #|


138[akt] → [akt]«<strong>de</strong>s interrogations»«les interrogations»[okeo] → [okeo]«une part»«la part»[etoka] → [etoka]«un puits»«le puits»Il en est <strong>de</strong> même pour les dérivés par redoublement partiel ou total. La limitespéciale laisse passer le processus d’association du ton bas à toutes les syllabes duthème lorsque tous les tons sont i<strong>de</strong>ntiques et qu’il ne compte pas <strong>de</strong> séquence.[ouuu] → [ouuu]«<strong>de</strong> la plénitu<strong>de</strong>»«la plénitu<strong>de</strong>»[oondoondo] → [oondoondo]«un grand peureux»«le grand peureux»[essl] → [essl]«esp.d’oiseau»«esp.d’oiseau»[ekyky] → [ekyky]«un béb黫le bébé»[ombeombe] → [ombeombe]«un parapluie»«le parapluie»[oot] → [o3ot]«une araignée»«l’ araignée»Par contre, lorsque le thème redoublé est <strong>de</strong> schème bas-haut, donc <strong>de</strong> tonsdifférents, la limite spéciale bloque l’association du ton bas. Nous précisons que lapropagation du ton haut final du premier thème est antérieure à l’application <strong>de</strong>s règlesrelatives à la définition. On a ainsi les configurations suivantes :[oken<strong>de</strong>ken<strong>de</strong>] → [oken<strong>de</strong>ken<strong>de</strong>]«une tranquillit黫la tranquillité»[aokaoka] → [aokaoka]«un entrejambe»«l’entrejambe»[owonyawonya] → [owonyawonya]«un papillon»«le papillon»


139Illustration :|# o -wo+wonya.wonya #| |# o -mo+ken<strong>de</strong>.ken<strong>de</strong> #|→ |# o -wo+wonya.wonya #| → |# o -mo+ken<strong>de</strong>.ken<strong>de</strong> #|→ |# o-wo+wonya.wonya #| → |# o-mo+ken<strong>de</strong>.ken<strong>de</strong> #|→ |# o+wonya.wonya #| → |#o+ken<strong>de</strong>.ken<strong>de</strong> #|[owonyawonya][oken<strong>de</strong>ken<strong>de</strong>]«le papillon»«la tranquillité»2.2- LES FORMES ADJECTIVALESD’une manière générale, les formes adjectivales sont <strong>de</strong>s déterminants du nomqui utilisent le préfixe nominal. La majorité est composée d’adjectifs qualificatifs ; maison y trouve également <strong>de</strong>s numéraux, <strong>de</strong>s interrogatifs et <strong>de</strong>s indéfinis. Nous présentonsici leurs caractéristiques générales, puis nous passerons en revue les thèmes <strong>de</strong>sdifférents adjectifs et leur tonalité.2.2.1- La structure <strong>de</strong>s formes adjectivalesToutes les formes adjectivales ont une structure semblable qui consiste en unthème muni d’un préfixe nominal et d’un augment dont la classe est déterminée parl’accord avec le substantif. Elles n’ont donc pas <strong>de</strong> classe propre comme les substantifs.Même lorsque le substantif déterminé n’est pas exprimé, l’adjectif a toujours unpréfixe qui est celui correspondant à la classe dans laquelle est le substantif que l’onsuppose sous-entendu. Les différents allomorphes du préfixe et les règles relatives àl’initiale du thème sont i<strong>de</strong>ntiques à ceux relevés pour les substantifs.2.2.2- Tons et thèmes adjectivauxNous regroupons sous l’appellation d’adjectif, les interrogatifs, les indéfinis, lesnuméraux cardinaux et les qualificatifs. Le contexte que nous avons choisi pourdéterminer les schèmes tonals <strong>de</strong>s adjectifs est la position après |na|dans laconstruction copule e+na.


1402.2.2.1- L’interrogatifL’interrogatif +mya "combien" questionne sur la quantité et a une tonalité<strong>de</strong>scendante. A cause <strong>de</strong> son sens, il n’existe qu’au pluriel. Son initiale étant uneconsonne nasale, le préfixe dont il est doté est représenté par son allomorphe zéro. Nousavons ainsi, les constructions suivantes :|# wee ≠ na ≠ amya ≠ awana #| → [ee n amya awana]«ils en ont combien, les enfants ?»|# wee ≠ na ≠ mya ≠ tondo #| → [ee n mya tondo]«ils en ont combien, les paniers ?»|# azwee ≠ na ≠ amya ≠ aba #| → [azee n amya aa]«nous en avons combien, les mangues ?»Remarque :L’interrogation peut être également exprimée à l’ai<strong>de</strong> du pronom interrogatif+en «quel, lequel ?», comme le montrent les énoncés suivants :[tondo yen] «quels paniers ?»[ezao zen zk3amb3o ] «<strong>de</strong> quel livre parles-tu ?»ou par les mots interrogatifs comme : [mnd] «qui ?» ou [an<strong>de</strong>] «que ? quoi ? quel ? » :[mnd 3ek3amba] «qui parle ?»[wn mnd es3oka] «qui est-ce qui crie ? »[ayanjn mnd] «pour qui avait-il travaillé ?»[ae3ut 3an<strong>de</strong>] «que cherches-tu ? »[eombe n<strong>de</strong>] «quand ? (litt. quel temps ?) »[e n<strong>de</strong>] «quel poisson ? »[anyomano m an<strong>de</strong>] «quelles querelles ? (litt. <strong>de</strong>s querelles <strong>de</strong> quoi ?)»On notera l’élision <strong>de</strong> la voyelle initiale <strong>de</strong> l’interrogatif signifiant "que, quoi ouquel" lorsque la voyelle finale du mot qui précè<strong>de</strong> est autre que /a/. Ce comportement <strong>de</strong>la voyelle <strong>de</strong> l’interrogatif est i<strong>de</strong>ntique à celui <strong>de</strong> la voyelle initiale du possessif (cf.2.1.2.2). On notera aussi les modifications tonales <strong>de</strong> l’interrogatif "qui". En effet, eninitiale ou placé après un ton bas, il a une tonalité haut-bas, comme le montrent lesexemples ci-après :


141[myek3nda na mnd] «je vais avec qui ?»[ayanjna mnd] «il a travaillé pour qui ?»Précédé d’un ton haut final, en revanche, il est réalisé entièrement bas, commeon peut le voir dans les exemples qui sont cités plus haut et dans les suivants :[nya sa mnd] «<strong>de</strong> la nourriture à qui ?»[o mnd] «pour qui ?»[awut mnd] «il cherchait qui ?»Ce comportement tonal <strong>de</strong> l’interrogatif signifiant "qui" est i<strong>de</strong>ntique, commenous le verrons plus loin, à celui <strong>de</strong>s substantifs définis après un ton haut. Ce qui laissepenser que le mot signifiant "qui ?" est déjà à la forme définie. En effet, la configurationHB sous laquelle il se présente est la représentation générale <strong>de</strong>s thèmes nominaux à laforme définie.On notera qu’au pluriel, c’est-à-dire lorsque l’interrogation porte sur plusieurspersonnes, l’interrogatif signifiant "qui" est doté d’un préfixe nominal <strong>de</strong> classe 2comme le montrent les exemples suivants.[wamnd k3amba][wamnd wn]«qui parle ?» ou «qui sont ceux-là qui parlent»«qui sont ceux là?»On peut donc supposer qu’au singulier, lorsque l’interrogation porte sur unepersonne, il a un préfixe nominal <strong>de</strong> classe1 à signifiant zéro.Il est, par ailleurs, intéressant <strong>de</strong> constater que ces mots interrogatifs peuventêtre précédés d’un connectif. On peut donc considérer, à partir <strong>de</strong>s représentationstonales qu’ont les substantifs définis dans ce même contexte, que la tonalité <strong>de</strong> base <strong>de</strong>ces interrogatifs est <strong>de</strong> type tonal A, et que l’interrogatif "quoi" fonctionne comme lessubstantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique alors que l’interrogatif "qui" se comporte commeceux <strong>de</strong> thème dissyllabique.On notera également la modification tonale <strong>de</strong> l’initiale du verbe lorsqu’il estplacé après l’interrogatif [mnd] ([mnd 3ek3amba] «qui parle »). Si la réalisationhaut-abaissée <strong>de</strong> la syllabe du radical s’explique par le fait qu’elle porte une séquence


142BH sous-jacente placée après un ton haut 34 , la réalisation haute <strong>de</strong> l’initiale <strong>de</strong> la formeverbale s’explique par le fait que c’est une forme relative et qu’il y avraisemblablement, un ton haut flottant qui précè<strong>de</strong> la forme verbale.Pour le reste, ces <strong>de</strong>ux interrogatifs modifient la configuration tonale dudémonstratif. En effet, placé après l’un <strong>de</strong> ces interrogatifs, le démonstratif est réaliséentièrement bas, comme nous le verrons plus loin.2.2.2.2- Les indéfinisLes adjectifs indéfinis regroupent trois thèmes dissyllabiques et appartiennent à<strong>de</strong>ux types tonals, le type A (entièrement haut) et le type C (BH). Il s’agit <strong>de</strong> : +w, +ee et +n. Ayant tous une initiale vocalique, les préfixes nominaux doivent doncs’adapter à cet environnement, comme dans les substantifs.a- L’adjectif indéfini +w signifie « quelques », « peu » ou encore « certains ». Ils’emploie exclusivement aux classes du pluriel.Exemples :|# wee ≠ na ≠ aww ≠ awana #| → [ee n aw awana]«ils en ont peu, les enfants»|# aknd ≠ amw ≠ mabn #| → [akndw amw man]«certaines bananes sont pourries»|# aww ≠ waknd #| → [aw waknd]«quelques-uns sont partis»b- L’adjectif indéfini +n signifie « autre». En voici quelques exemples :|# ee ≠ na ≠ amn #| → [ee n amn]«il en a d’autres» cl.6|# ee ≠ na ≠ yao ≠ yn #| → [ee n yao yn]«il a d’autres livres»|# elmb ≠ ezn #| → [elmb ezn]«une autre histoire»34 Cette séquence est simplifiée en un ton haut quand l’initiale <strong>de</strong> cette forme verbale porte un ton bas,soit [ekamba] ; elle est réalisée haut-abaissée dans les autres formes verbales comme par exemple[myek3amba] « je parle ».


143L’idée <strong>de</strong> « autre » est également exprimée par le thème numéral +m utilisé àla forme définie 35 , comme on peut le constater dans les exemples suivants :De même :[em][em3][eza em][eza 3em3]«un, un seul» cl.7«l’autre» cl.7«un (seul) livre»«l’autre livre»c- L’adjectif indéfini +ee signifie « beaucoup», « nombreux ». Employé avec unsubstantif singulier, il exprime la quantité d’un point <strong>de</strong> vue unitaire ; avec un substantifpluriel, il exprime la quantité dans une optique plus générale. On peut ainsi avoir lesconstructions suivantes :Avec <strong>de</strong>s substantifs au singulier|# ee ≠ na ≠ nyee #| → [ee n nyee]«il en a en masse» cl.5|# tt ≠ nyee #| → [tt nyee]«une masse <strong>de</strong> bananes douces»|# swaka ≠ nyee #| → [swaka nyee]«une masse <strong>de</strong> couteaux»Avec <strong>de</strong>s substantifs au pluriel|# ee ≠ na ≠ amee #| → [ee n amee]«il en a beaucoup» cl.6|# yao ≠ yee #| → [yao yee]«beaucoup <strong>de</strong> livres»|# mamba ≠ myee #| → [mamb myee]«beaucoup <strong>de</strong> serpents»35 Pour la tonalité <strong>de</strong>s différents adjectifs à la forme définie il faut se reporter au paragraphe 2.1.2.1.3.


1442.2.2.3- Les numérauxComme dans d’autres langues bantu, seuls quelques numéraux ont, en orungu,les caractéristiques <strong>de</strong> l’adjectif ; les autres sont <strong>de</strong>s substantifs. Les adjectifs numérauxexpriment les nombres <strong>de</strong> 1 à 5 ; soit :+m+wan+ao+nay+tan«un»«<strong>de</strong>ux»«trois»«quatre»«cinq»a- Comme nous l’avons déjà dit à propos <strong>de</strong>s adjectifs indéfinis, le numéral +m a le sens <strong>de</strong> «autre » lorsque le substantif, exprimé ou sous-entendu, est employéà la forme définie.b- Le flap // qui caractérise l’initiale du numéral « trois », est anormalementreprésenté par l’affriquée [c] après nasale. Nous employons le terme “anormal”puisque, dans le même contexte et selon les règles <strong>de</strong>s alternances consonantiques, //alterne avec /t/ et, /t/ reste [t]. Le passage <strong>de</strong> // à [s] échappe aux règlesphonologiques générales <strong>de</strong> la langue dans son état actuel et apparaît donc comme uneexception dans une étu<strong>de</strong> qui se veut synchronique. Ainsi, on a :mais :[yao ao][ala tao][nyama ncao][swaka ncao]«trois livres»«trois palmes»«trois animaux»«trois couteaux»c- Le numéral +tan, qui vu son sens, s’emploie exclusivement avec <strong>de</strong>ssubstantifs pluriels, ne s’accor<strong>de</strong> pas avec les substantifs <strong>de</strong> classes 9,10. Dans lesystème <strong>de</strong> comptage et pour exprimer le nombre en classe 10, on adjoint un préfixe <strong>de</strong>classe 3 au thème. C’est ce substantif qui se juxtapose au substantif <strong>de</strong> classe 10 engardant le préfixe qu’il a dans le système <strong>de</strong> comptage. A titre d’exemples, on peut citerles syntagmes ci-après :


145mais :[mamb tan][att atan][yalna tan][ala tan][to otan][y otan][nyam otan]«cinq serpents» cl.4«cinq bananes douces» cl.6«cinq peignes» cl.8«cinq palmes» cl.10b«cinq bâtons»«cinq chemises»«cinq animaux»2.2.2.4- Les qualificatifs <strong>de</strong> thème simpleLes adjectifs qualificatifs regroupent un nombre limité d’éléments. Outre lanature <strong>de</strong> leur initiale, les thèmes <strong>de</strong>s qualificatifs appartiennent à <strong>de</strong>s types variés, soitpar leur composition syllabique, soit par le rapport <strong>de</strong> leur forme avec le verbe. Afin <strong>de</strong>présenter <strong>de</strong> manière claire les différents schèmes tonals <strong>de</strong>s adjectifs qualificatifs, nousproposons d’en dresser une liste en fonction du nombre <strong>de</strong> syllabes.1- Les thèmes monosyllabiquesLes adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique sont au nombre <strong>de</strong> quatre. Ils sont tous<strong>de</strong> type tonal A, comme les substantifs <strong>de</strong> thème équivalent. Il s’agit <strong>de</strong> :+ la «grand, long »|# ee ≠ na ≠ ola #| → [ee n ola] « il en a un grand »+ pe «court, petit »|# ee ≠ na ≠ ope #| → [ee n ope] « il en a un petit »+ we «méchant, mauvais »|# ee ≠ na ≠ ombe #| → [ee n ombe] «il en a un méchant»+wya«bon, beau»|# ee ≠ na ≠ ombya #| → [ee n ombya] «il en a un bon»que nous trouvons dans <strong>de</strong>s syntagmes tels que :[eln ela][olal ope][eln ee][akndw ambya]«une longue râpe»«une palme courte»«une mauvaise râpe»«<strong>de</strong> bonnes bananes»


1462- Les thèmes dissyllabiquesPlus nombreux que les adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique, les adjectifs <strong>de</strong> thèmedissyllabique regroupent trois types tonals : le type A, B et C.Dans le type tonal A, <strong>de</strong> schème entièrement haut, on trouve les adjectifssuivants :+olo«gros»|# ee ≠ na ≠ ompolo #| → [ee n ompolo] «il en a un gros»+na«nouveau, neuf»|# ee ≠ na ≠ ezna #| → [ee n ezna] «il en a un nouveau»+wezo«cru, vert»|# ee ≠ na ≠ ambezo #| → [ee n ambezo] «il en a <strong>de</strong>s crus»Un seul thème est <strong>de</strong> type tonal B, <strong>de</strong> schème entièrement bas. Il s’agit du thèmepour « petit, mince » ; soit :+ao« petit, mince»|# ee ≠ na ≠ owao #| → [ee n owao] «il en a un mince»|# elna ≠ ezao #| → [eln ezao] «une petite râpe»Le type tonal C <strong>de</strong> schème bas-haut, regroupe les thèmes suivants :+luu«vieux, ancien»|# ee ≠ na ≠ oluu #| → [ee n oluu] «il en a un vieux»+nmb«noir»|# ee ≠ na ≠ onmb #| → [ee n onmb] «il en a un noir»+eo«vi<strong>de</strong>, sans mélange, sans rien»|# ee ≠ na ≠ oeo #| → [ee n oeo] «il en a un qui est vi<strong>de</strong>»Le thème +eo a aussi le sens <strong>de</strong> "uniquement" ou "rien que", employé avec<strong>de</strong>s substantifs pluriels. On a par exemple :[lond eo][ntoo steo][lwan eo]«uniquement <strong>de</strong>s agrumes»«rien que <strong>de</strong>s bâtons»«rien que <strong>de</strong>s jeunes gens»


147Le nombre <strong>de</strong> syllabes a une gran<strong>de</strong> importance dans la dérivation adjectivale.En effet, le nombre <strong>de</strong> réduplication thématique est fonction du nombre <strong>de</strong> syllabes,comme nous le verrons dans suite <strong>de</strong> l’exposé.2.2.2.5- La dérivation adjectivaleLa dérivation adjectivale utilise <strong>de</strong>ux procédés : la réduplication et ladéverbalisation.a- La réduplicationLa réduplication s’emploie pour exprimer <strong>de</strong>s intensifs et se caractérise par larépétition du mot en entier. Cette procédure s’applique aux adjectifs <strong>de</strong> thèmedissyllabique. On a ainsi :[okl ompol ompolo][att alu aluu][eln eza ezao][too nyao nyao]«une très large route» cl.3«<strong>de</strong> très anciennes bananes douces» cl.6«une très petite râpe» cl.7«un très petit bâton» cl.9L’expression <strong>de</strong> l’intensité peut aussi être marquée par le triplement du thèmepour les adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique. On a ainsi :[okl olalala][kl mbembembe][eln eyayaya][aknd ambembembe][too ndandanda][nto ndandanda]«une très longue route» cl.3«<strong>de</strong> très mauvaises routes» cl.4«une très belle râpe» cl.7«<strong>de</strong> très mauvaises bananes plantains» cl.6«un très long bâton» cl.9«<strong>de</strong> très longs bâtons» cl.10On peut constater, dans ces constructions, que pour certaines classes, c’estl’adjectif dans sa totalité qui est répété, c’est-à-dire avec son préfixe. L’insertion dupréfixe dans la reprise est facilement décelée en classes 3, 4, 6, 9 et 10 par le maintien<strong>de</strong> la nasale et par la mutation <strong>de</strong> la consonne initiale du thème. Aux autres classes, ilsemble que le triplement ne concerne que le thème.


148Par ailleurs, le triplement <strong>de</strong>s thèmes adjectivaux monosyllabiques pose donc unvéritable problème d’analyse. En effet, s’il est assez facile <strong>de</strong> justifier l’insertion dupréfixe dans la reprise, il est moins aisé <strong>de</strong> statuer sur l’analyse d’une notation conjointeou disjointe. Pourtant, d’après les phénomènes <strong>de</strong> contacts vocaliques, les règlesmorphologiques relatives aux préfixes nominaux et à l’initiale du thème décrites plushaut, ainsi que d’après les règles tonales, il est impossible d’avoir et surtout d’expliquerune graphie disjointe <strong>de</strong> ces dérivés. Tout semble indiquer que le redoublement estpostérieur aux règles phonologiques <strong>de</strong> l’adjectif simple et que le procédé <strong>de</strong>redoublement est figé. C’est pour toutes ces raisons que nous avons opté pour unenotation conjointe <strong>de</strong> ces dérivés. Nous en déduisons, du reste, que les dérivés partriplement <strong>de</strong> lexèmes possè<strong>de</strong>nt un schème tonal imposé et ne résultent pas <strong>de</strong> lajuxtaposition <strong>de</strong> mots.Nous avons choisi, en revanche, une graphie disjointe pour les adjectifs <strong>de</strong>thème dissyllabique redoublés, parce que le comportement tonal et les règlesphonologiques <strong>de</strong> contact s’appliquent normalement. Pour ces dérivés, les formesadjectivales se juxtaposent l’une à l’autre <strong>de</strong> telle sorte qu’on se trouve dans unesituation i<strong>de</strong>ntique à celle qu’on a en présence d’une limite intérieure <strong>de</strong> syntagme ; leschème tonal <strong>de</strong> base <strong>de</strong> l’adjectif est maintenu dans le redoublement et se modifienormalement sous l’effet <strong>de</strong>s règles.b- La dérivation déverbativeComme pour les substantifs, la dérivation adjectivale déverbative s’effectue aumoyen <strong>de</strong> morphèmes dérivatifs suffixés au radical verbal. On peut la schématisercomme suit :Préfixe nominal + Radical verbal – Morphème dérivatifNous signalons, par ailleurs, que tous les radicaux ne peuvent pas produire <strong>de</strong>sdérivés. D’autre part, les adjectifs dérivés se présentent le plus souvent dans quelquesclasses seulement et déterminent <strong>de</strong>s substantifs sémantiquement sélectionnés.Pour ce qui est <strong>de</strong>s tons, tous les dérivatifs portent un ton haut et s’adjoignent àun radical verbal. Les adjectifs ainsi formés sont donc tous <strong>de</strong> schème tonal <strong>de</strong> type C(+BH).


149Nous allons maintenant passer en revue les différents morphèmes dérivatifs quipermettent <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s adjectifs qualificatifs.1- Le dérivatif –oUn seul radical se combine à ce dérivatif. Il s’agit du radical |+yom-| «fumer,sécher». En voici quelques exemples :[e eyomo][ya yomo][kul nyomo]«un poisson fum黫<strong>de</strong>s feuilles sèches»«<strong>de</strong>s noisettes séchées»2- Le dérivatif –Bon nombre <strong>de</strong> radicaux s’accommo<strong>de</strong>nt du dérivatif - qui est plus productifque le dérivatif –o. En voici quelques exemples :[nyama mbend] «un animal féroce» cl. 9[mbwa mbend]«un chien méchant» cl.9< +wend- «se fâcher, se mettre en colère»[owan oll]«un enfant fragile» cl.1[ee ell]«un bois tendre» cl.7[ozon oll]«une tige <strong>de</strong> rotin molle» cl.14< +ll- «se ramollir, s’affaiblir »[too nd]«un bâton lourd» cl.5[epl el]«une assiette lour<strong>de</strong>» cl.7[eza el]«un livre lourd» cl.7< + l- «peser, être lourd»[owan oyl]«un enfant difficile» cl.1[ee eyl]«un bois dur » cl.7[n yl]«une langue difficile» cl.5< + yl- «durcir, s’affermir »


1503- Le dérivatif –eLe dérivatif –e a une productivité beaucoup plus gran<strong>de</strong> que les <strong>de</strong>ux autres.Voici quelques cas illustratifs :[e eae]«un poisson frit» cl.7[att aae]«<strong>de</strong>s bananes frites» cl.6[m kae]«<strong>de</strong>s patates frites» cl.10< + a- «frire»[ezm ele]«un objet trouvé» cl.7[swaka n<strong>de</strong>]«un couteau trouvé» cl.9< + l- «trouver»[aknd ampke]«<strong>de</strong>s bananes grillées» cl.6[m mpke]«<strong>de</strong>s ignames grillées» cl.10< + k- «griller»[att anambe]«<strong>de</strong>s bananes douces cuites» cl.6[mbend nambe]«<strong>de</strong>s arachi<strong>de</strong>s cuites» cl.10[kul nambe]«<strong>de</strong>s noisettes cuites» cl.10< + namb- «cuire»[y kole]«une chemise achetée» cl.9[el eole]«une robe achetée» cl.7[eta eole]«une natte achetée» cl.7< + ol- «acheter»Remarques générales :1- Les dérivatifs adjectivaux portent tous un ton haut.2- Les formes adjectivales constituent un nombre limité d’éléments, environune vingtaine toutes catégories confondues, mais susceptible d’être élargigrâce à la dérivation, notamment pour les adjectifs qualificatifs. Bien quecomprenant un nombre restreint d’unités, la catégorie "adjectif" telle qu’elleest définie par les africanistes, est bel et bien présente, et mêmeabondamment représentée.


1513- Les formes adjectivales confirment les règles <strong>de</strong> variation phonologiquerelative à la nature vocalique ou consonantique <strong>de</strong> l’initiale du thèmeobservées dans les substantifs.4- Outre les formes adjectivales présentées ci-<strong>de</strong>ssus, l’expression <strong>de</strong> la qualitése fait aussi au moyen du syntagme connectif <strong>de</strong> type :Substantif + Connectif + Substantifou par une relative subjective dont le verbe est la copule |-e|et où la qualitéest exprimée par la suffixation du morphème <strong>de</strong> l’antériorité|-pa| à une formeverbale infinitive.Exemples :[tt ny mbaka][y ya 3elo][onamba njon][owanto na]«une banane verte»«une chemise rouge»«un tissu luxueux»«une femme intelligente, instruite»[y yee klopa][mbuma yee napa][nao see kembopa]«une chemise (qui est) repassée»«une tomate (qui est) pourrie»«les maisons (qui sont) peintes»2.2.3- L’adjectif et l’expression du définiL’expression du défini n’est pas le seul apanage du substantif. Elle concerneégalement les adjectifs. Il est vrai que l’adjectif a une fonction <strong>de</strong> détermination et seplace à cet effet après le substantif. Toutefois, il n’en <strong>de</strong>meure pas moins vrai quel’adjectif, notamment l’adjectif qualificatif, peut être employé substantivement et a doncune forme définie en lui-même.Nous rappelons pour mémoire que les adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique ont<strong>de</strong>ux schèmes : le schème haut et le schème haut-bas. Les adjectifs <strong>de</strong> thèmedissyllabique, quant à eux, ont quatre schèmes tonals, à savoir : le schème entièrementhaut (type A), le schème entièrement bas (type B), le schème bas-haut (type C), et leschème bas-haut bas-haut (type D). Ces différents schèmes sont représentés par lesthèmes suivants :


152a- Pour les monosyllabiques :+la+mya«long»«combien»b- Pour les dissyllabiques :+olo+ano+lunu+nay«gros»«petit, mince»«ancien, vieux»«quatre»Munis d’un préfixe nominal <strong>de</strong> classe 1 ou <strong>de</strong> classe 2 par exemple et employéssubstantivement, ces adjectifs ont les réalisations suivantes :Forme indéfinieForme définie[ola] «un grand» [ola] «le grand»[amya] 36«combien»[ompolo]«un gros»[ompolo]«le gros»[aao]«trois»[a3ao]«les trois»[owao] «un petit»[awan]«<strong>de</strong>ux»[ow3ao][aw3an]«le petit»«les <strong>de</strong>ux»[oluu] «un ancien» [ol3uu] «l’ancien»[anay] «quatre» [an3ay] «les quatre»où l’on peut constater que, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique <strong>de</strong> type Aet <strong>de</strong>s adjectifs <strong>de</strong> thème dissyllabique <strong>de</strong> type D, il n’y a pas <strong>de</strong> correspondance entreles représentations tonales <strong>de</strong>s substantifs et celles <strong>de</strong>s adjectifs au défini. En effet,l’initiale <strong>de</strong>s formes adjectivales porte partout un ton haut. Ce ton haut initial peut êtreexpliqué pour les adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique : le ton haut flottant <strong>de</strong> ladéfinition va s’associer au préfixe nominal et le ton bas que portait ce <strong>de</strong>rnier va36 Cet adjectif n’est jamais utilisé à la forme définie.


153s’associer, à son tour, à la syllabe du thème ; puis, lors <strong>de</strong> l’élision du préfixe, le tonhaut qu’il portait va se placer sur l’augment. Ceci correspond à ce qui a été dit plus hauten ce qui concerne les substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique et pourrait être étendu auxadjectifs dont le thème dissyllabique est haut. Toutefois, l’examen <strong>de</strong>s réalisationspropres aux adjectifs <strong>de</strong> schème entièrement bas ou <strong>de</strong> schème bas-haut nous donne uneautre vision <strong>de</strong>s choses.En effet, ces <strong>de</strong>ux types d’adjectifs ont la même réalisation et, en ce qui lesconcerne, la réalisation haute <strong>de</strong> l’augment ne saurait être due au ton haut flottant dudéfini. Ces adjectifs attestent, d’autre part, une séquence tonale BH réalisée par unabaissement sur la syllabe initiale du thème, syllabe qui, dans la forme <strong>de</strong> base, porte unton bas. On peut donc penser que les mécanismes entraînés par le ton haut flottant dudéfini agissent ici <strong>de</strong> la même manière que dans les substantifs définis <strong>de</strong> même schème<strong>de</strong> telle sorte que nous avons une configuration tonale B+HB. La réalisation haute <strong>de</strong>l’augment ne peut donc s’expliquer que par la présence d’un autre ton haut flottant quiprécè<strong>de</strong> la séquence préfixale. Ce ton va dissocier le ton bas <strong>de</strong> l’augment qui, à sontour, va s’associer au ton haut que porte la syllabe initiale du thème, formant ainsi uneséquence tonale qui sera réalisée par l’abaissement.On peut, <strong>de</strong> la même manière, penser que le ton haut flottant qui marque ladéfinition agit aussi pour les adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique et les adjectifs <strong>de</strong> thèmedissyllabique <strong>de</strong> schème entièrement haut, comme il le fait dans les substantifs définisdont le schème et le nombre <strong>de</strong> syllabe sont équivalents. D’autre part, on peut aussipenser que le ton haut flottant structurel placé à l’initiale <strong>de</strong>s adjectifs <strong>de</strong> thèmedissyllabique BB et BH, est aussi présent à l’initiale <strong>de</strong>s adjectifs <strong>de</strong> thèmemonosyllabique et <strong>de</strong>s adjectifs <strong>de</strong> thème dissyllabique entièrement haut et qu’il a uncomportement particulier dans ces cas-là.Pour les adjectifs <strong>de</strong> thème monosyllabique, on dira que ce ton haut structureln’agit pas puisque dans ces cas l’initiale <strong>de</strong> l’adjectif porte un ton haut (comme dans lessubstantifs équivalents). En revanche, pour les adjectifs <strong>de</strong> thème dissyllabiqueentièrement haut, ce ton va dissocier le ton bas <strong>de</strong> l’augment qui, à son tour, au lieu <strong>de</strong>s’associer au ton haut que porte la syllabe initiale du thème comme pour les adjectifs <strong>de</strong>schème BB et BH, va occuper toutes les positions restantes.De ce qui précè<strong>de</strong>, on peut conclure que l’adjectif à la forme définie est précédéd’un ton haut flottant. L’action <strong>de</strong> ce ton est postérieure aux règles tonales <strong>de</strong> définition.Cette analyse a l’avantage <strong>de</strong> généraliser la présence du ton haut flottant <strong>de</strong>vant toutes


154les formes autonomes <strong>de</strong> l’adjectif. On verra que ce traitement est justifié par d’autresfaits <strong>de</strong> tonalité qui seront décrits par la suite, et notamment par les réalisations que l’onobserve pour les substantifs à la forme définie lorsqu’ils sont précédés d’un ton haut àl’intérieur du syntagme.Illustration :- schème tonal <strong>de</strong> type A|# o -mo+la #| |# o -mo+olo #|→ |# o -mo+la #| → |# o-mo+olo #|→ |# o +la #| → |# o-m+olo #|→ |# o +la #| → |# o-m+olo #|[ola][ompolo]«le grand»«le gros»- schèmes tonals <strong>de</strong> type B et C|# o -mo+ao #| |# o -mo+luu #|→ |# o-mo+ao #| → |# o-mo+luu #|→ |# o -mw+ao #| → |# o +luu #|→ |# o-mw+ao #| → |# o+luu #|[ow3ao][ol3uu]«le petit»«l’ancien»réalisée.Les règles s’appliquent aussi même lorsque la séquence préfixale n’est pasExemples :|# -+la #| |# -n+olo #|→ |# -+la #| → |# -n+olo #|→ |# +la #| → |# -n +olo #|→ |# +la #| → |# n+olo #|→ |# +la #| → |# n+olo #|[la] → |# m+olo #|« les longs» → |# m+polo #|[polo]«le gros»


1552.3- LES FORMES PRONOMINALESLa réalisation tonale <strong>de</strong>s formes pronominales est, dans plusieurs cas, difficile àjustifier et elle est souvent dépendante du contexte dans lequel les pronoms se trouventutilisés. Par ailleurs, l’observation <strong>de</strong> la tonalité <strong>de</strong>s formes pronominales en phrasepermet, dans certains cas, d’apporter <strong>de</strong>s précisions relatives à leur structure tonale <strong>de</strong>base. Si, pour les formes nominales et verbales, nous avons prévu qu’un chapitreparticulier soit consacré à la tonologie post-lexicale, nous traiterons simultanément tousles aspects <strong>de</strong> la tonologie <strong>de</strong>s formes pronominales dans la présente section, afind’éviter <strong>de</strong>s redites qui allongeraient notre exposé <strong>de</strong> manière inutile.2.3.1- Les indices <strong>de</strong> personneVoici la liste <strong>de</strong>s indices personnels :Personne Singulier Pluriel1 [my] «moi» [az] «nous»2 [a] «toi» [an] «vous»3 [ay] «lui, elle»On remarquera que l’indice personnel <strong>de</strong> troisième personne du pluriel n’est pasreprésenté dans le tableau. Son absence s’explique par le fait qu’il n’existe pas enorungu. Pour rendre ce qui est traduit en français par le pronom personnel «eux», leslocuteurs orungu emploient le substitutif <strong>de</strong> classe 2.Comme on peut le constater, les indices personnels se présentent sous lesformes <strong>de</strong> Préfixe pronominal + Thème ou (formatif a)-Préfixe pronominal + Thème. La liste <strong>de</strong>s préfixes est la suivante :1 e pers. sg. → m+2 e pers. sg. → -o+3 e pers. sg. → -+1 e pers. pl. → - zo+2 e pers. sg. → -no+


156Si la nature <strong>de</strong> la voyelle <strong>de</strong>s préfixes <strong>de</strong> la première et <strong>de</strong> la troisième personnesdu singulier ne pose pas <strong>de</strong> problème, il n’en va pas <strong>de</strong> même pour les préfixes <strong>de</strong>sautres personnes où plusieurs possibilités sont offertes. En effet, selon les règlesphonologiques relatives aux contacts <strong>de</strong> voyelles, chacune <strong>de</strong>s voyelles postérieuresconviendrait parfaitement. Le choix <strong>de</strong> /o/ comme voyelle <strong>de</strong> base est donc arbitraire.Employés comme complément, les indices personnels (à l’exception <strong>de</strong> lapremière personne du singulier) voient leur voyelle initiale |a-| s’éli<strong>de</strong>r, sauf s’il y ainsistance.Exemples :[myakotz ]«je t’ai compris»[ayombz n]«il vous a mariés»[ eeuto z] «quand on nous cherchera»[ay y pla o n3omba] «il l’entendait <strong>de</strong>puis la montagne»[autaa n an a3nda] «il vous cherchait, vous les étrangers»Sur le plan tonal, la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle rend difficile l’i<strong>de</strong>ntificationdu ton du préfixe. Le choix <strong>de</strong> l’avoir posé haut repose sur le fait que la forme <strong>de</strong>certains d’entre eux, notamment la <strong>de</strong>uxième et la troisième personnes du singulier,rappelle celle <strong>de</strong>s préfixes pronominaux <strong>de</strong>s classes 1 et 4. Il aurait été aussi imaginable<strong>de</strong> poser un ton bas sur la voyelle du préfixe. Ainsi lorsque la voyelle se semi-vocalise,le ton qu’elle portait irait s’associer au ton haut du thème pour former une séquence ;cette séquence serait réalisée par un ton haut puisqu’elle est précédée d’un ton bas, oud’une limite <strong>de</strong> phrase dans le cas <strong>de</strong> la première personne du singulier. Cette analysen’a pas été retenue parce que s’il en était ainsi, nous aurions un ton haut-abaissé sur lavoyelle du thème lorsque les indices personnels sont placés après un lexème dont lasyllabe finale porte un ton haut. On aurait par exemple :* [o n3] «pour vous» ← |# o ≠ anw #|* [o z3] «pour nous» ← |# o ≠ azw #|comme dans :[w an3ay wn] «pour ces quatre-ci» ← |# o ≠ anay ≠ wn #|Or les réalisations correctes sont :[o n] «pour vous» ← |# o ≠ anw #|[o z] «pour nous» ← |# o ≠ azw #|


157où l’indice personnel est réalisé avec un ton bas. Ces changements tonals s’expliquentpar le phénomène <strong>de</strong> propagation tonale (phénomène que nous verrons plus loin dansl’analyse post-lexicale). Le ton haut <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe du premier lexème va sepropager sur l’indice personnel en occupant une seule position et le ton bas dissocié <strong>de</strong>l’initiale va occuper la syllabe du thème. Ainsi l’élision <strong>de</strong> la voyelle initiale <strong>de</strong> l’indicepersonnel est postérieure aux règles tonales.La même procédure s’effectue aussi pour la première personne du singulierpuisqu’on note les mêmes modifications tonales. Cela nous amène donc à penser que cepronom a un ton bas flottant structurel à l’initiale et qu’à une pério<strong>de</strong> donnée <strong>de</strong> lalangue, le pronom personnel <strong>de</strong> première personne du singulier avait unformatif |a-| comme les autres pronoms.Exemples :[o my] « pour moi » ← |# o ≠ my #|[o my] « par moi» ← |# o ≠ my #|Voici d’autres exemples qui vont dans le même sens :[eek3nda na my][myawuti ][omb ay ][annj n]«il partira avec moi»«je t’avais cherch黫enlève-le <strong>de</strong> l໫il vous avait enseigné»Placés après un ton bas final, les indices personnels ont la tonalité qu’ils ont enforme <strong>de</strong> citation.[mya3uta a][atndn y][aya n az]«je te cherchais»«il lui a écrit»«il est venu avec nous»Le maintien du schème initial <strong>de</strong>s indices personnels après ton bas est tout à faitnormal puisque tous les lexèmes conservent leur schème dans cet environnement.Lorsque la forme verbale est à l’un <strong>de</strong>s tiroirs <strong>de</strong> l’indicatif affirmatif, les indicespersonnels <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième et <strong>de</strong> la troisième personnes du singulier sont respectivementreprésentés par les morphèmes - et -, placés après le verbe.


158Exemples :[myek3amb3][myay3en3 ][azeet3ndn]«je parle <strong>de</strong> toi»«je t’ai vu là-bas»«nous t’écrirons souvent»[wz]«habille-le»[ eeknd] «quand il partira»[myek3amb3]«je parle <strong>de</strong> lui»Nous avons opté pour une graphie conjointe, mais les réalisations tonalesmontrent que les règles tonales qui s’appliquent dans ces cas sont i<strong>de</strong>ntiques à celles quis’appliquent entre <strong>de</strong>s mots à l’intérieur d’un même syntagme.Illustration :|# myekamba ≠ #| |# myekamba ≠ #|→ |# myekamb #| → |# myekamb #|→ [myek3amb3] → [myek3amb3]«je parle <strong>de</strong> lui»«je parle <strong>de</strong> toi»|# wza ≠ #| |# o ≠ ebeknda ≠ #|→ |# wza ≠ #| → |# ≠ ebeknda ≠ #|→ [wz] → [ eeknd]«habille-le»«quand tu partiras»Dans les <strong>de</strong>ux premiers exemples, le ton bas <strong>de</strong> la finale verbale s’efface sansentraîner d’inci<strong>de</strong>nces puisque le ton qui suit est bas. Dans les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers,l’application <strong>de</strong>s règles tonales s’effectue sur l’unique syllabe disponible. En effet, leton haut <strong>de</strong> la finale verbale se propage sur la voyelle <strong>de</strong> l’indice personnel et le ton basdissocié va occuper la position restante entraînant l’effacement du ton haut final. C’estce qui explique les réalisations <strong>de</strong>scendantes après une finale verbale à ton haut.Les indices <strong>de</strong> personne peuvent être employés seuls comme réponse à laquestion « qui est-ce ? » ou en phrase. Ils peuvent marquer une forme d’insistance :[my myeek3nda] «moi, je m’en irai »[akan az azw awan 3]«il nous a protégés, nous ses enfants»


159ou encore être renforcés par les adverbes [aka] «seul» et [mam] «même».[my aka][ay aka][az m3am] 37«moi seul»«lui seul»«nous-mêmes»2.3.2- Les pronoms substitutifsLes pronoms substitutifs font référence à <strong>de</strong>s êtres et à <strong>de</strong>s choses dont on vient<strong>de</strong> parler ou dont les actants <strong>de</strong> la conversation ont une connaissance précise. Cespronoms s’accor<strong>de</strong>nt à la classe du nom auquel ils font référence et, à première vue, ilsont la structure canonique suivante : préfixe pronominal + o, sauf à la classe 2 où lepréfixe pronominal est redoublé. En effet, on a :Classes Pronoms Classes Pronoms2 wawo 8 yo3 wo 9 yo4 yo 10 so5 nyo 10b so6 mo 14 wo7 zoExemples :[an wawo panya]«les adultes (eux) n’ont pas encore mangé»[al3t mn 3a mam myeea mo] 38«ces tubercules ne m’appartiennent pas, je ne les prends pas»Lorsqu’on veut focaliser le sujet d’un verbe, on le reprend par le substitutif quiest alors suivi du présentatif no et d’une relative subjective.37 Cette réalisation haut-abaissée sur la première syllabe laisse supposer que cet adverbe a un schèmetonal <strong>de</strong> type D. Sa structure pourrait être : + mam ou + mam.38 Ici le substitutif est réalisé avec un ton bas. Cette réalisation est due à un ton <strong>de</strong> phrase où le ton bas liéà la négation envahit tous les mots suivants jusqu’à la fin <strong>de</strong> la phrase.


160Exemples :[nju so no sy3lz ncaa]«les éléphants, ce sont eux qui détruisent les plantations»[awana wawo no way3emba o 3aa]«les enfants, ce sont eux qui ont chanté ce matin»[ano mo no m3ena]«c’est l’eau qui bout»Tonologiquement, les pronoms substitutifs se comportent <strong>de</strong> la même manièreque les indices personnels. Après un ton haut, ils sont réalisés B pour lesmonosyllabiques et le substitutif <strong>de</strong> classe 2 est réalisé HB. Ils conservent leur schème<strong>de</strong> base après un ton bas. Ces configurations sont i<strong>de</strong>ntiques à celles qu’ont lesnominaux indéfinis placés après un ton haut, comme nous le verrons plus loin. Voiciquelques exemples illustratifs où les substitutifs sont placés après un verbe à finalehaute.[wuta yo] «cherche-le» cl. 9[wuta nyo] «cherche-le» cl. 5[andi mo]«il les aimait» cl.6[azee3uta wawo]«nous les chercherons» cl.2[awana iey3ouna zo] «les enfants le laveront» cl.7et les exemples suivants où le substitutif est placé après la préposition |o|:[o yo] «pour lui» cl. 9[o mo]«pour eux» cl.6[o nyo] «pour lui» cl. 5[o wawo]«pour eux» cl.2[o zo]«pour lui» cl.7Ces représentations nous mènent à postuler la présence d’un ton bas flottantentre le verbe ou la préposition et le substitutif <strong>de</strong> telle sorte que le ton haut <strong>de</strong> la finaleverbale ou <strong>de</strong> la préposition, en se propageant, occupe une ou <strong>de</strong>ux positions selon lespossibilités qui lui sont offertes, alors que le ton bas flottant occupe la position restante.|#o ≠ ≠ yo #| |#o ≠ ≠ wawo #|→ |#o ≠ ≠ yo #| → |#o ≠ ≠ wawo #|→ |#o ≠ yo #| → |#o ≠ wawo #|[o yo] «pour lui»[o wawo] «pour eux»


161Ce ton bas flottant ne saurait provenir du verbe car si c’était le cas, son actions’observerait dans d’autres constructions, notamment sur un substantif défini <strong>de</strong> thèmemonosyllabique ou <strong>de</strong> thème dissyllabique <strong>de</strong> type D. Par ailleurs, il n’est pasimpossible d’envisager que ce ton bas flottant soit aussi présent, en structure, lorsque lesubstitutif est employé en début <strong>de</strong> phrase. Cette hypothèse présente l’avantage <strong>de</strong>généraliser la présence du ton bas flottant <strong>de</strong>vant tous les substitutifs quelle que soit leurposition dans la phrase. Ceci nous amène à reformuler la structure canonique <strong>de</strong>ssubstitutifs en introduisant un ton bas flottant à l’initiale, soit : PP + o.2.3.3- Les pronoms possessifsLes possessifs s’accor<strong>de</strong>nt à la classe du nominal qu’ils déterminent et ont lastructure canonique suivante : (i)- préfixe pronominal + thème.Personne Possessif Personne Possessif1 e sg. -am 1 e pl. -azo2 e sg. - 2 e pl. -an3 e sg. - 3 e pl. -awoLa voyelle initiale du possessif a un comportement particulier par rapport auxrègles générales <strong>de</strong> contacts vocaliques. Elle est maintenue lorsque la voyelle finale dusubstantif est un /a/ qui subit alors l’élision. Elle est élidée dans les autres cas. Cesélisions entraînent la formation d’une séquence BH sur la voyelle restante si les <strong>de</strong>uxvoyelles avaient initialement <strong>de</strong>s tons différents, la voyelle restante pouvant être soit lavoyelle finale du substantif, soit la voyelle initiale du possessif.Exemples :|#okwaa ≠ w ≠ watul #| → [okwa 3 watul]«sa machette est émoussée»|# awana ≠ wawo ≠ wapom #| → [awan wawo wapom]«leurs enfants ont grandi»|# owao ≠ wazo ≠ watol #| → [owao wazo watol]«notre pirogue est percée»|# twe ≠ s ≠ sada #| → [t3e s saa]«ses cheveux ont poussé»


162|# oulu ≠ wan ≠ wape #| → [oulu wan wape]«votre gargoulette est perdue»|# amb3l ≠ m ≠ mabnd #| → [amb3l m mand]«ses aubergines ont mûri»|# ew ≠ z ≠ zanyeno #| → [e3 z zanyeno]«ton poisson a été mangé»|# was ≠ kon ≠ sawo #| → [was kon sawo]«ils ont fait leur provision en bois <strong>de</strong> chauffage»La tonalité <strong>de</strong>s possessifs est curieuse. En effet, les possessifs se présentent avecla tonalité que la quasi-totalité <strong>de</strong>s substantifs ont à la forme définie : une configurationBHB pour les possessifs trisyllabiques et une configuration HB pour les possessifsdissyllabiques. Cette configuration reste stable, même lorsque le substantif est à laforme indéfinie.Exemples :[epl zam] ← |# epl ≠ zam #| «une assiette à moi»[ezaln zazo] ← |# ezalna ≠ zazo #| «un peigne à nous»[aknd m] ← |# aknd ≠ m #| «<strong>de</strong>s bananes à lui»[lond yawo] ← |# lnda ≠ yawo #| «<strong>de</strong>s fruits à eux»Placés après un ton haut final, les possessifs dissyllabiques conservent leurconfiguration HB et les possessifs trisyllabiques sont réalisés HHB.Exemples :[owan wam] ← |# owana ≠ wam #| «un enfant à moi»[kwa yazo] ← |# kwaa ≠ yazo #| «<strong>de</strong>s machettes à nous»[e z] ← |# ew ≠ z #| «un poisson à lui»[pokol3o yawo] ← |# pokolo ≠ yawo #| «<strong>de</strong>s chapeaux à eux»Les configurations tonales dans lesquelles se présentent les possessifs après unton haut sont i<strong>de</strong>ntiques à celles qu’on observe soit pour les substantifs indéfinis <strong>de</strong>thème monosyllabique et <strong>de</strong> thème dissyllabique (type A, B et C) après le connectif parexemple, soit pour les substantifs définis <strong>de</strong> même type après un démonstratif. On adonc <strong>de</strong>ux possibilités pour expliquer les représentations tonales <strong>de</strong>s possessifs. Ou bien


163il y a propagation du ton haut final ; ou bien il y a pont tonal 39 . Toutefois, si la règle <strong>de</strong>propagation tonale du ton haut final (telle qu’elle sera définie dans la tonologie postlexicale)peut expliquer la représentation <strong>de</strong>s formes possessives trisyllabiques, elle nepeut pas, en revanche, expliquer la représentation <strong>de</strong>s formes possessives dissyllabiques.La règle <strong>de</strong> pont tonal est donc plus appropriée ici puisqu’elle permet d’expliquer les<strong>de</strong>ux représentations tonales. Ainsi, pour le <strong>de</strong>rnier exemple, nous avons les étapessuivantes :|# pokolo ≠ yawo #|→ |# pokolo ≠ yawo #|→ |# pokolo ≠ yawo #|→ |# pokolo ≠ yawo #|[pokol3o yawo] «<strong>de</strong>s chapeaux à eux»Ce qui est intéressant à noter ici c’est qu’on peut combiner un substantif indéfinià une forme possessive qui semble être définie vu la configuration tonale sous laquelleelle se présente. Il est aussi intéressant <strong>de</strong> noter que, bien que le substantif soit à laforme indéfinie, la règle <strong>de</strong> pont tonal qui s’applique ici s’applique aussi, comme nousle verrons plus loin, lorsque le déterminant et le substantif sont tous les <strong>de</strong>ux à la formedéfinie.Il paraît très difficile d’établir le schème tonal initial <strong>de</strong>s possessifs dans <strong>de</strong> tellesconditions. Nous les posons donc avec la configuration tonale dans laquelle ilsapparaissent. On a ainsi les <strong>de</strong>ux structures ci-après :a- pour les possessifs trisyllabiques :- PP + H Boù le ton haut du préfixe pronominal s’efface <strong>de</strong>vant le ton haut <strong>de</strong> la première syllabedu thème.b- pour les possessifs dissyllabiques :- PP + B39 La règle <strong>de</strong> pont tonal qui sera décrite plus loin, transforme, en ton haut, un ton bas qui est à la foissuivi d’un ton haut et précédé d’un ton haut dont il est séparé par une limite <strong>de</strong> syntagme.


164où le ton haut du préfixe pronominal se place sur le i initial puisque le thème estmonosyllabique.Par ailleurs, lorsqu’ils sont employés substantivement, c’est-à-dire en fonction<strong>de</strong> substitution, tous les possessifs ont une même configuration tonale H+B(B). Soit lesexemples suivants où le mot pour désigner "panier" est sous-entendu.[w (watol)][ε (watol)][wam (watol)][wazo (watol)][wan (watol)][wawo (watol)]«le tien (est percé)»«le sien (est percé)»«le mien (est percé)»«le nôtre (est percé)»«le vôtre (est percé)»«le leur (est percé)»Cette configuration tonale est analogue à celle que l’adjectif <strong>de</strong> schème haut adans le même contexte et l’on pourrait donc penser que les possessifs ont un schèmetonal haut. Toutefois, il ne faut pas conclure trop vite et négliger le fait que lessubstantifs définis <strong>de</strong> schème tonal A, B et C ont, après le connectif ou après un verbe àfinale haute, une configuration du même type, soit : H+B(B). Quoiqu’il en soit, on peutexpliquer les configurations tonales ci-<strong>de</strong>ssus en postulant l’existence d’un ton hautflottant structurel qui précè<strong>de</strong> la forme possessive et que l’on pourrait considérer commeun morphème <strong>de</strong> nominalisation. On peut formuler l’action <strong>de</strong> ce ton haut flottantstructurel comme suit : le ton haut flottant structurel qui précè<strong>de</strong> la forme possessiveemployée absolument s’associe à la syllabe initiale du possessif et le ton bas <strong>de</strong> lavoyelle initiale dissociée par le placement du ton flottant haut occupe toutes lespositions restantes. Lorsque l’initiale porte déjà un ton haut, comme c’est le cas pour lespossessifs dissyllabiques, ce ton haut initial s’efface. Puisqu’aucun nominal <strong>de</strong> thème+B ou <strong>de</strong> thème +HB n’a été relevé, rien n’empêche <strong>de</strong> supposer que le comportementtonal <strong>de</strong>s possessifs, qui attestent ces schèmes, s’aligne sur celui <strong>de</strong>s nominaux <strong>de</strong> thème+H(H) dans ce contexte.2.3.4- Les pronoms démonstratifsL’orungu distingue <strong>de</strong>ux grands <strong>de</strong>grés d’éloignement bien distincts dont lepremier indique le plus grand rapprochement par rapport au locuteur et le second le<strong>de</strong>gré le plus éloigné. On note aussi <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés progressifs d’éloignement entre ces <strong>de</strong>uxprincipaux pôles. Les démonstratifs ont trois fonctions : la fonction déictique, lafonction <strong>de</strong> présentation et la fonction anaphorique.


1652.3.4.1- Les démonstratifs déictiquesVoici la liste <strong>de</strong>s démonstratifs déictiques.Classes 1 er DegréPP+n2 e DegréPP+3 e DegréPP+n4 e DegréPP+5 e DegréPP+no6 e DegréPP+1 wn w wn w wno w2 wn w wn w wno w3 wn w wn w wno w4 yn y yn y yno y5 nyn ny nyn ny nyno ny6 mn m mn m mno m7 zn z zn z zno z8 yn y yn y yno y9 yn y yn y yno y10 sn s sn w sno s10b sn s sn s sno s14 wn w wn w wno wExemples :[owana n][ezalna z][kon sn][amao m][nao sno][tondo y]«cet enfant-ci»«ce peigne-ci, un peu plus loin»«ces bois <strong>de</strong> chauffage-l໫ces pirogues-là, un peu plus loin»«ces maisons là-bas»«ces paniers là-bas, très loin»Seuls les démonstratifs <strong>de</strong>s premier, troisième, cinquième et sixième <strong>de</strong>gréspeuvent entrer dans une construction <strong>de</strong> phrase non verbale où le démonstratif présenteet où le substantif i<strong>de</strong>ntifie. On a ainsi :[n ow3ana][sn skon]«celui-ci, c’est un enfant»«cela, ce sont <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»


166[sno snao][m amana] 40«cela là-bas, ce sont <strong>de</strong>s maisons»«cela là-bas au loin, c’est du charbon»Tout comme les indices personnels et les pronoms substitutifs, les démonstratifspolysyllabiques sont réalisés avec un ton bas sur la première syllabe lorsqu’ils sontplacés après un lexème à ton haut final.Exemples :[awut zn][o sn][lula nyn][aa ma n][auna yno]«il cherchait cela»«pour ceux-l໫arrache celui-ci»«les mangues <strong>de</strong> celui-ci»«lis ceux-là, là-bas»Ils sont réalisés entièrement bas après les mots interrogatifs [an<strong>de</strong>] «quoi»et [mnd] «qui».- après l’interrogatif [an<strong>de</strong>][znw an<strong>de</strong> zn] «qu’est-ce que c’est que ça ?»[an<strong>de</strong> zn] «qu’est-ce que c’est cela ?»[an<strong>de</strong> zno] «qu’est-ce que c’est là-bas ?»- après l’interrogatif [mnd][mnd n] «qui est-ce ?» (litt. qui celui-ci ?)[mnd wn] «qui est celui-là ?»[wamnd wno] «qui sont ceux-là, là-bas ?»En revanche, précédés d’un <strong>de</strong> ces interrogatifs qui sont le sujet d’une formeverbale relative, les démonstratifs polysyllabiques ont la représentation tonale qu’ils ontà la forme <strong>de</strong> citation ou après un ton bas final, c’est-à-dire qu’ils sont entièrementhauts.40 L’emploi du démonstratif du 6 e <strong>de</strong>gré dans ce contexte est peu fréquent. On lui préfèrera celui du 5 e<strong>de</strong>gré avec, cependant plus <strong>de</strong> précision, comme par exemple [mno i ol3osi amana] «celalà-bas, <strong>de</strong>rrière le citronnier, c’est du charbon ».


167Exemples :[mnd n ek3amba] «qui est celui-ci qui parle ?»[mnd wn ey3na] «qui est celui-là qui rit ?»[an<strong>de</strong> zn zi3ena] «qu’est-ce cela qui bout ?»[an<strong>de</strong> zn zik3uula] «qu’est-ce cela qui gron<strong>de</strong> ?»Aucune explication logique <strong>de</strong> ces faits n’a pu être trouvée et nous lesprésentons tels quels. Dans tous les cas où le démonstratif est réalisé avec un ouplusieurs tons bas, on pourrait postuler la présence d’un ton bas flottant entre le premierlexème et le démonstratif. Comme ce ton bas flottant serait alors placé après un ton hautfinal, il envahirait tout le domaine lorsque le lexème qui précè<strong>de</strong> est un mot interrogatifet une seule position lorsque ce lexème est un verbe. Il serait effacé lorsque ledémonstratif est le sujet d’un verbe relatif, probablement parce que, dans ce cas, unelimite syntaxique forte le mettrait dans une situation comparable à l’initiale absolue.Par ailleurs, on pourrait aussi expliquer les changements tonals observés après[mnd] et [an<strong>de</strong>] en disant que ces interrogatifs engendrent une diffusion <strong>de</strong> tons bascomme le fait le morphème <strong>de</strong> la négation dans les formes verbales. Mais contrairementà ce <strong>de</strong>rnier cas où la diffusion <strong>de</strong> tons bas peut envahir tout l’énoncé, la diffusionengendrée par les interrogatifs [mnd] et [an<strong>de</strong>] se limiterait au mot qui suitimmédiatement. Cette hypothèse se heurte pourtant au fait que le démonstratif <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré6 conserve sa tonalité. En voici quelques exemples illustratifs :[auna y]«lis celui-là, là-bas au loin»[mnd w] «qui est celui-là, là-bas au loin ?»[o w] «pour celui-là, là-bas au loin ?»[an<strong>de</strong> z] «qu’est-ce que c’est là-bas, au loin ?»2.3.4.2- Les démonstratifs présentatifsLes démonstratifs présentatifs sont <strong>de</strong>s composés qui se groupent en <strong>de</strong>uxcatégories : ceux qui sont formés à partir <strong>de</strong> substitutifs et ceux qui sont formés à partird’indices personnels. Comme les pronoms substitutifs, le morphème -- qui s’y ajouteet les indices personnels ont un ton haut final, la syllabe initiale <strong>de</strong>s démonstratifsentièrement hauts est réalisée par un ton bas, sauf dans le démonstratif <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré 6. Voicisous quelles formes ils se présentent :


168a- Les démonstratifs formés à partir <strong>de</strong> substitutifsCl. 1 er DegréPP++PP+n2 e DegréPP++PP+3 e DegréPP++PP+n4 e DegréPP++PP+5 e DegréPP++PP+no6 e DegréPP++PP+2 wwn ww wwn ww wwno ww3 wwn ww wwn ww wwno ww4 yyn yy yyn yy ywno yy5 nynyn nyny nynyn nyny nynyno nyny6 mmn mm mmn mm mmno mm7 zzn zz zzn zz zzno zz8 yyn yy yyn yy yyno yy9 yyn yy yyn yy yyno yy10 ssn ss ssn ss ssno ss10b ssn ss ssn ss ssno ss14 wwn ww wwn ww wwno wwOn notera que la voyelle <strong>de</strong>s substitutifs est ici du troisième <strong>de</strong>gré d’aperture etnon du second, ce qui justifie l’introduction d’un morphème +- dans la structure <strong>de</strong>base. C’est du reste la présence <strong>de</strong> ce morphème dépourvu <strong>de</strong> tout emploi autonome quijustifie le fait que nous considérons les formes analysées comme <strong>de</strong>s mots composés.b- Les démonstratifs formés à partir d’indices personnelsPers. 1 er DegréIP +PP2 e DegréIP+PP+3 e DegréIP+PP+n4 e DegréIP+PP+5 e DegréIP+PP+6 e DegréIP+PP++nno1 sg. mywn myw mywn myw mywno myw2 sg. awwn aww awwn aww anwwno aww3 sg. aywn ayw aywn ayw aywno ayw1 pl. azwwn azww azwwn azww azwwn azww2 pl. anwwn anww anwwn anww anwwno anwwLes démonstratifs présentatifs peuvent se placer indifféremment avant ou aprèsun nom à la forme définie avec lequel ils constituent un énoncé non verbal.


169Exemples :- Après le nom[owana ayn][ezalna zz][kon ssn][amao mm][nao ssno][tondo yy][nj3n ss]«voici l’enfant» (litt. l’enfant, lui celui-ci)«voici le peigne» (litt. le peigne, lui celui-ci)«voilà les bois <strong>de</strong> chauffage»(litt. les bois <strong>de</strong> chauffage, eux ceux-là)«voilà les pirogues»(litt. les pirogues, elles celles-là un peu au loin)«voilà les maisons là-bas»(litt. les maisons, elles celles-là là- bas très loin)«voilà les paniers là-bas (au loin)»(litt. les paniers, eux ceux-là au loin)«voilà un peu plus loin, les poules»(litt. les poules, elles celles-ci un peu au loin)- Avant le nom ou comme antécé<strong>de</strong>nt d’une relative, ils expriment unecertaine focalisation.[ayn owana][myn e3ut3o ][zz ezalna][ssn kon][mm amao][ssno nao][yy tondo]«le voici, l’enfant»«me voici, moi que tu cherches»(lit. me voici qui est cherché par toi)«le voici, le peigne»«les voilà, les bois <strong>de</strong> chauffage»«les voilà, les pirogues»«les voilà là-bas, les maisons»«les voilà là-bas (au loin), les paniers»Les utilisations syntaxiques limitées <strong>de</strong> ces démonstratifs ne permettent pas <strong>de</strong>vérifier quel serait leur comportement tonal après un mot à ton haut final ou après lesinterrogatifs |mnd|et|an<strong>de</strong>|. Il n’est, en effet, pas possible <strong>de</strong> les placer dans cetype <strong>de</strong> contexte.


1702.3.4.3- Les démonstratifs anaphoriquesLes démonstratifs anaphoriques ont la structure m+démonstratif où le sensanaphorique est rendu par le formatif m. Voici la liste constitutive :Cl. 1 er Degrém+PP+2 e Degrém+PP+3 e Degrém+PP+4 e Degrém+PP+5 e Degrém+PP+6 e Degrém+PP+nnno1 mwn mw mwn mw mwno mw2 mwn mw mwn mw mwno mw3 mwn mw mwn mw mwno mw4 myn my myn my myno my5 mnyn mny mnyn mny mnyno mny6 mmn mm mmn mm mmno mm7 mzn mz mzn mz mzno mz8 myn my myn my myno my9 myn my myn my myno my10 msn ms msn ms msno ms10b msn ms msn ms msno ms14 mwn mw mwn mw mwno mwComme les démonstratifs déictiques, les démonstratifs anaphoriques se placentavant ou après le nom à la forme définie et sont réalisés entièrement bas après les motsinterrogatifs signifiant "qui" ou "quoi".Exemples :[awan3a mwn waknd]«ces enfants-là sont partis»(litt. les enfants, ceux-là ( dont on a parlé), ils sont partis)[mbom3 msin satol]«ces calebasses-ci sont percées»(litt. les calebasses, celles-ci (dont on a parlé), elles sont percées)[al3as3a mm m an]«ces oranges-là (dont on a parlé) sont à autrui»(litt. les oranges, celles-là, un peu plus loin, aux autres)


171[mmn n al3t mazo]«ceux-là (dont on a parlé) ce sont nos tubercules»(litt. ceux-là mêmes, ce sont les tubercules à nous)[mnd3 mwn]«qui est celui-là même(dont on parle) ?»[and3e mzn]«qu’ est-ce que c’est cela même(dont on parle) ?»On notera également que les démonstratifs anaphoriques entraînent unemodification <strong>de</strong> la tonalité du lexème qui les précè<strong>de</strong>. On peut déjà le constater dans lesexemples qui précè<strong>de</strong>nt et aussi dans ceux qui suivent :[oambaka] → [oambaka m] «la racine, celle-ci même»[ezalna] → [ezalna mzn] «le peigne, celui-là même»[mpun] → [mpun msn] «les manières <strong>de</strong> jeter,celles-là mêmes»[ompolo] → [ompolo mwn] «le gros, celui-là même»Si, à première vue, on aurait pu expliquer ces représentations par leremplacement du ton bas <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe du nominal par un ton haut, il n’en estrien, comme le montrent les exemples suivants :[oa] → [o3a mn] «le roi, celui-ci même»[mbwa] → [mbw3a myn] «le chien, celui-là même»[epa] → [ep3a mzn] «l’os, celui-là même»[ela] → [el3a mzn] «le long, celui-là même»[owana] → [owan3a mwn] «l’enfant, celui-là même»[omamba] → [omamb3a mw] «le serpent, celui-là même, au loin»[e] → [e3 mn] «le poisson, celui-ci même»[l3asa] → [l3as3a mnyno] «l’orange, celle-là même, là-bas»[epok3olo] → [epok3ol3o mzn] «le chapeau, celui-ci même»[ow3ao] → [ow3a3o mw] «le petit, celui-là même, au loin»[ol3uu] → [ol3u3u mwn] «l’ancien, celui-là même»[aw3an] → [aw3an3 m] «les <strong>de</strong>ux, ceux-là mêmes»[a3ao] → [a3a3o mn] «les trois, ceux-ci mêmes»[an3ay] → [an3ay3 mwno] «les quatre, ceux-là mêmes, là-bas»


172où on peut constater qu’au lieu d’avoir un ton haut sur la <strong>de</strong>rnière syllabe du nominal,on a plutôt un ton haut-abaissé ; ce qui signifie qu’au lieu d’avoir un remplacement duton bas final par un ton haut, on a plutôt une combinaison du ton bas final avec un tonhaut. Vu que les nominaux présentent tous un ton bas final à la forme définie, on peutdonc supposer que les démonstratifs anaphoriques manifestent un ton haut flottantinitial. Les mêmes réalisations s’observent :- après les interrogatifs signifiant "qui" ou "quoi"[mnd3 mwn] «qui est celui-là même(dont on parle) ?»[and3e mzn] «qu’ est que c’est cela même(dont on parle) ?»- après un infinitif[ktz3a mwn][taunyaa mn]«interroger celui-là même»«faire souvent lire celui-là même»- après un verbe conjugué à ton bas final[azep3oya3a myn][pet3aklyaa mzn]«nous aiguisons souvent, celles-là mêmes(ces machettes)»«ils racontent encore souvent, celle-là même(cette histoire)»En somme, toutes ces modifications, nous conduisent à réviser la structure <strong>de</strong>base <strong>de</strong>s démonstratifs anaphoriques. On aura ainsi la structure m+démonstratif aulieu <strong>de</strong> m+démonstratif.Remarques :Pour désigner un lieu proche ou éloigné, les locuteurs orungu emploient <strong>de</strong>sformes qui n’appartiennent pas aux paradigmes étudiés ci-<strong>de</strong>ssus, quoique l’une d’entreelles ait certainement un rapport avec le paradigme du démonstratif du troisième <strong>de</strong>gré.On analysera ces formes comme <strong>de</strong>s adverbes.Exemples :[yaan unu][awana was3eaa n][azeeya oo ee simbwa]«venez ici»«les enfants jouaient l໫nous ne venons pas là-bas, il y a <strong>de</strong>schiens»


173Placés après un lexème dont le ton final est haut, ces adverbes ont lesreprésentations suivantes :[ayen unu][azei n][and oo]«il avait l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> venir ici»«il jouait l໫il avait l’habitu<strong>de</strong> d’aller là-bas»où on peut constater que l’adverbe signifiant «là» a le même comportement tonal queles démonstratifs qui appartiennent aux paradigmes décrits précé<strong>de</strong>mment, c’est-à-direqu’il est réalisé avec un ton bas sur la première syllabe. Nous avons tenté d’expliquercette représentation par la présence d’un ton bas flottant à l’initiale du démonstratif.Pour l’adverbe signifiant «là-bas», le ton haut <strong>de</strong> la finale verbale occupe une seuleposition alors que pour l’adverbe signifiant «ici», ce ton haut n’agit pas puisquel’initiale <strong>de</strong> l’adverbe porte déjà un ton haut.2.3.5- Le pronom connectif2.3.5.1- Forme et StructureLe connectif est constitué d’un préfixe pronominal et d’un thème a. Le préfixes’accor<strong>de</strong> en classe avec le nom qui le régit. Soit la structure : PP + a. Voici comment ilse présente selon la classe :Classes Connectif Classes Connectif1 wa 7 za2 wa 8 ya3 wa 9 ya4 ya 105 nya 10bsa 416 ma 14 waEtant donné que l’augment <strong>de</strong>s nominaux est toujours représenté après leconnectif (même en classes 8 et 9), la voyelle thématique <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier est élidée saufdans les cas où la séquence préfixale n’est pas structurellement représentée, commedans les substantifs qui désignent <strong>de</strong>s couleurs.41 Nous rappelons pour mémoire que la classe 10b fait ses accords en classe 10 ; c’est donc la raison pourlaquelle il n’y a qu’une seule forme du connectif pour ces <strong>de</strong>ux classes.


174[ann m k3aa][awana w mbon][ela za 3elo][y ya yyo]«<strong>de</strong>s foies <strong>de</strong> tortues»«<strong>de</strong>s cabris (litt. <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> chèvres)»«la robe rouge (litt. la robe <strong>de</strong> rougeur)»«la chemise noire (litt. la chemise <strong>de</strong> noirceur)»2.3.5.2- TonalitéLe connectif est <strong>de</strong> type tonal A (haut). Il modifie la tonalité du nom qui le suit.Ces modifications sont décrites dans la tonologie post-lexicale. En revanche,contrairement à ce que Philippson et Puèch (1992) notent pour le galwa, la tonalité dulexème qui précè<strong>de</strong> n’a aucune influence sur la tonalité du connectif, et <strong>de</strong>s formes quile suivent.|#-m+londa ≠ +a ≠ a-ma+l # |[londa y al]«<strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> citrouilles»|#o-mo+ana ≠ o+a ≠ -n+kala # |[owana w kala]«un enfant du village»De la même manière que la préposition locative |o|, le connectif modifie latonalité du démonstratif (déictique) qui le suit. Ainsi, la tonalité <strong>de</strong> base entièrementhaute dont il est doté, se modifie en une tonalité bas haut après le connectif.[yao ya wn yayok][ewlo za wn zaman]«les livres <strong>de</strong> celui-ci sont déchirés»«le travail <strong>de</strong> celui-là est terminé»2.3.4.3- Sens et emploiPronom proclitique, le connectif est normalement suivi d’un nominal. Il peut êtreégalement suivi d’un pronom démonstratif déictique ou anaphorique, d’un adverbe oud’un numéral. Il exprime une relation sémantique très large, difficile à synthétiser où lerapport exprimé peut être :a- l’appartenance ou la possession :[owana w mbwa][nao y oa][y y owana]«le chiot (litt. l’enfant du chien)»«une maison <strong>de</strong> chef»«une chemise d’enfant»


175Le sens <strong>de</strong> l’appartenance est également exprimé par la séquence connectif +démonstratif déictique ou anaphorique.[yao ya wn yayok] «les livres <strong>de</strong> celui-ci sont déchirés»[yma ya mwnw ek3ambo yakoto] «les biens <strong>de</strong> celui-là même dont onparle ont été saisis»b- la matière[nao y ao ][nao y ntme][epl z ooo ]«la maison <strong>de</strong> pierre»«une maison en planche»«une assiette en aluminium»c- le contenu[so ny aa ][mbute y ano][otondo w al3t]«un seau <strong>de</strong> mangues»«une bouteille d’eau»«le panier <strong>de</strong> tubercules»d- le lieu d’origine[ow3anto w εβa][oma w manj][oma w mpow]«la femme venant d’Irèva»«un homme <strong>de</strong> Port-Gentil»«un homme <strong>de</strong> Libreville»e- le lieu d’usage[kla y o][yma y aoy][sn y ela]«une montre-bracelet»«<strong>de</strong>s boucles d’oreilles»«le jupon (litt. vêtement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssous la robe)»f- la pério<strong>de</strong> d’usage[nya s kolo][nya s 3aa]«la nourriture du soir (le dîner)»«la nourriture du matin (le petit déjeuner)»g- la <strong>de</strong>stination[aluu m anto][ncaa s okta][aal m te]«<strong>de</strong> la boisson pour les femmes»«<strong>de</strong>s plantations pour le commerce»«<strong>de</strong> la huile pour les cheveux»


176Suivi d’un numéral, le connectif sert à exprimer la place d’un objet à l’intérieurd’un classement.[owl w mb3an][eka z ao][owana w om]«le <strong>de</strong>uxième mois»«le troisième banc»«le dixième enfant»Le pronom connectif peut également entrer dans <strong>de</strong>s constructions dont ledéterminant est précédé d’un locatif.[el3as za 3o nao][kasa nya 3o kala]«le verre qui reste à la maison»«le marché du village»Suivi d’un adverbe, la séquence désigne une distance, une localisation.[kala ya py3][ncaa sa 3aa][ee ya 3unu][nnj ya 3oo]«le village le plus proche (litt. le village <strong>de</strong>proximité)»«les plantations éloignées»«(litt. les plantations d’éloignement)»«les arbres d’ici»«les enseignant <strong>de</strong> là-bas»Enfin, suivi d’un substantif, la séquence peut exprimé la qualification.[ela za 3elo][y ya yyo][st ya pupu]«la robe rouge (litt. la robe <strong>de</strong> rougeur)»«la chemise noire (litt. la chemise <strong>de</strong> noirceur)»«un drap blanc (litt. un drap <strong>de</strong> blancheur)»2.4- LES FORMES VERBALESDans ce chapitre, nous étudierons les formes verbales. Nous verrons d’abord leséléments du verbe, ensuite ses différentes formes absolutives.2.4.1- Les éléments du verbeNous traiterons successivement du radical et <strong>de</strong> ses extensions, <strong>de</strong>s préfixes, <strong>de</strong>smarques temporelles ou formatifs, <strong>de</strong>s négateurs, <strong>de</strong> l’aspect, <strong>de</strong> la préfinale, <strong>de</strong> la finaleet <strong>de</strong> la post-finale. L’ordre normal <strong>de</strong> ces éléments dans la forme verbale s’établit


177comme suit : préfixe (PV), aspect (Asp), négateur (Neg), formatif (Fo), radical (Rad),extension (Ext), pré-finale (Préfin), finale (Fin), post-finale (Postfin).En plus <strong>de</strong> ces morphèmes segmentaux, on note la présence <strong>de</strong> tons flottants quiparticipent, dans une large mesure, à la réalisation effective <strong>de</strong> la forme verbale. Dansles structures sous-jacentes <strong>de</strong>s différents tiroirs, nous les avons marqués par lesabréviations Tf ou Tfp. Le Tf représente un ton flottant bas ou haut. Lorsqu’il est bas, ilva se combiner avec le ton haut <strong>de</strong> la syllabe suivante ; quand il est haut, il remplace leton bas <strong>de</strong> la voyelle qui suit et ce ton bas s’efface si la syllabe suivante porte un tonbas, mais se combine au ton <strong>de</strong> la syllabe suivante si cette <strong>de</strong>rnière porte un ton haut.L’abréviation Tfp représente les tons <strong>de</strong> phrases dont l’action sera décrite plus loin.Nous constaterons également que certains morphèmes, en plus <strong>de</strong> leur ton fixe, possè<strong>de</strong>un ton flottant qui a une influence sur la syllabe qui suit ou, plus rarement, sur celle quiprécè<strong>de</strong>.2.4.1.1- Les bases verbales2.4.1.1.1- Les radicaux verbauxLes radicaux verbaux se divisent suivant leur structure phonologique et suivantleur composition morphologique.1- La structure phonologiquePhonologiquement, les radicaux se caractérisent par l’alternance <strong>de</strong> la consonneinitiale, la tonalité et la structure syllabique.2- L’alternance consonantiqueComme nous l’avons vu en 1.2.2.4, la plupart <strong>de</strong>s radicaux attestent unealternance <strong>de</strong> leur consonne initiale ; voici quelques exemples qui rappellent ces faits./p [ak] / [apk]«il avait grill黫il a grillé»w/b [ak] / [ak]«il avait refus黫il a refusé»v/f [avel] / [afel]«il avait mis»«il a mis»


178/t [aen] / [aten]«il avait coup黫il a coupé»l/d [alen] / [aen]«il avait pleur黫il a pleuré»z/s [azk] / [ask]«il avait pouss黫il a poussé»/k [al] / [akl]«il avait râp黫il a râpé»y/dy [ayl] / [ayl]«il avait chavir黫il a chaviré»Les formes verbales conjuguées se différencient par la sélection <strong>de</strong> l’une oul’autre forme du radical verbal. De cette façon, les tiroirs du présent, du résultatif, dupassé récent, du futur <strong>de</strong> l’indicatif utilisent la forme avec consonne forte, alors que lestiroirs du passé éloigné ainsi que ceux du pseudo-factif éloigné et du passé irréel <strong>de</strong>l’indicatif, ceux du subjonctif et ceux <strong>de</strong> l’impératif utilisent la forme avec consonnefaible.3- La tonalitéContrairement à d’autres langues bantu où l’on distingue <strong>de</strong>s radicaux à ton hautet <strong>de</strong>s radicaux à ton bas, les radicaux orungu sont tantôt hauts tantôt bas selon la formeverbale considérée. Autrement dit, un radical peut être haut ou bas selon la formeverbale dans laquelle il entre. L’observation <strong>de</strong>s faits montre que les radicaux qui ont unton haut ont en même temps une consonne initiale forte, alors que ceux qui portent unton bas ont en même temps une consonne initiale faible. C’est ce que montrent lesexemples qui précè<strong>de</strong>nt, auxquels on peut ajouter les suivants :- formes verbales utilisant le radical à ton haut et à consonne initiale forte[azwayanj][myeeesoke][etnda]«nous avons travaill黫je ne crierai pas»«il écrit»- formes verbales utilisant le radical à ton bas et à consonne initiale faible[azwayanj][zoka][an<strong>de</strong>]«nous avions travaill黫crie»«s’il avait écrit»


179Par analogie avec les schèmes tonals <strong>de</strong>s nominaux, nous appellerons radical <strong>de</strong>type A (Rad A), la forme du radical qui est dotée d’une consonne initiale forte et d’unton haut et radical <strong>de</strong> type B (Rad B), la forme du radical qui est dotée d’une consonneinitiale faible et d’un ton bas. Cette <strong>de</strong>rnière constitue la forme <strong>de</strong> base. Cette distinctiontonale n’est justifiée par rien et elle n’est pas significative sémantiquement. Quelquesformes conjuguées sont exceptionnellement constituées sur un radical à consonneinitiale faible dont le ton est haut (Rad B H). Ces cas, très rares, sont décrits dansl’examen <strong>de</strong>s différents tiroirs.Notons du reste que dans les formes nomino-verbales (que nous verrons plusloin après les formes conjuguées) et dans les substantifs dérivés qui ont été décrits plushaut, la distinction entre radical A à ton haut et radical B à ton bas ne s’applique pastoujours. On trouve, par exemples, <strong>de</strong>s dérivés qui ont une consonne initiale forte avecun ton bas sur le radical et <strong>de</strong>s dérivés qui ont une consonne initiale faible avec un tonhaut sur le radical. Pour plus <strong>de</strong> détails sur les substantifs dérivés, on se reportera auparagraphe 2.1.1.5.3. Toutefois voici quelques exemples illustratifs :[okamb][etoka][okue][oumbe][epue][kmb][akt][ao][eom][amba][wa]«un juge, un procureur»«un puits»«un indigent, un pauvre»«une surprise»«une perruque»«<strong>de</strong> la raclure <strong>de</strong> bois, du copeau»«<strong>de</strong>s questions, <strong>de</strong>s interrogations»«<strong>de</strong>s vomissures»«un apôtre»«une parole»«un vêtement»4- La structure syllabique du radical <strong>de</strong> baseL’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dérivation verbale a été un moyen précieux pour établir lesstructures syllabiques <strong>de</strong>s radicaux, notamment en fournissant une analyse <strong>de</strong>l’assimilation et <strong>de</strong> la contraction <strong>de</strong>s extensions. On relève les structures suivantes :


1804.1- Les structures CVC, CCVC, CVCC et CVCCCConstituées d’une consonne (ou d’une combinaison <strong>de</strong> consonnes), d’unevoyelle et d’une consonne (ou d’une combinaison <strong>de</strong> consonnes), ces structures sont lesplus nombreuses. On y rencontre toutes les voyelles, toutes les consonnes fricatives etles trois consonnes nasales, mais une partie seulement <strong>de</strong>s combinaisons <strong>de</strong> consonnesusuelles <strong>de</strong> la langue. Les combinaisons <strong>de</strong> consonnes qu’on rencontre à la fin duradical sont les combinaisons nasale + consonne sonore (suivie éventuellement <strong>de</strong>/y/)et la seule qu’on trouve au début du radical, est la combinaison consonne +consonne continue labio-vélaire /w/. On a ainsi :+l- «râper»+el- «s’épuiser, <strong>de</strong>venir stérile»+l- «laminer»+al- «colleter»+l- «ressembler à»+ol- «acheter»+ul- «puiser»+man-+nun-+w-+nwan-+wan-+lwan-+amb-+and-+a-+andy-+nndy-+endy-+ndy-«être fini»«humer»«(se) gratter»«prêter»«emmener»«s’asseoir»«avoir la diarrhée»«monter»«apprêter, créer»«éparpiller, disperser»«enseigner»«disposer, entériner»«choisir, élire»Dans la <strong>de</strong>rnière série d’exemples /y/ ne doit pas être confondu avec le causatifbref et ne doit pas, par conséquent, être considéré comme la voyelle primitive /i/. Dansce cas-ci, la semi-consonne forme une articulation complexe avec la <strong>de</strong>ntale /d/ qui estréalisée par l’affriquée [j] après nasale, comme nous l’avons vu à la section 1.1.2, §f.


181Ainsi par exemple, les thèmes qui signifient «faire monter» et «faire rouler» sontanalysés <strong>de</strong> la manière suivante :[andya] < +and--a «faire monter»[ndya] < +nd--a «faire rouler»alors que les thèmes qui signifient «disperser» et «choisir» sont analysés comme suit :[anja] < +andy-a «disperser»[nja] < +ndy-a «choisir»et leurs causatifs sont :[anjza] < +andy-z-a «faire disperser»[njza] < +ndy-z-a «faire choisir»4.2- La structure CVVCDans cette catégorie, la première voyelle est toujours la voyelle /i/ qui se semivocaliseau contact <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième. On pourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi retenir unestructure différente alors qu’on pourrait l’inclure dans l’une <strong>de</strong> celles qui ont été décritesci-<strong>de</strong>ssus, vu que la voyelle /i/ y est toujours semi-vocalisée. Cette hypothèse aurait puêtre retenue. C’est en étudiant la dérivation verbale et en constatant que la voyelle <strong>de</strong>certaines extensions avait la particularité <strong>de</strong> s’assimiler à la voyelle du radical sauf sicette voyelle est /a/ que nous avons opté pour <strong>de</strong>ux structures différentes. En effet,lorsque le radical est <strong>de</strong> type CwVC, la voyelle <strong>de</strong> l’extension s’assimile à la voyelleréalisée et non à ce qui pourrait être une voyelle primitive dont [w] serait issu. Enrevanche, lorsque le radical est réalisé CyVC, la voyelle <strong>de</strong> l’extension s’assimile en /i/c’est-à-dire à la voyelle /i/dont est issu le [y] , et non à la secon<strong>de</strong> voyelle du radical.Comparons les thèmes verbaux suivants sans combinaison consonantiqueinitiale :+lla«errer, vagabon<strong>de</strong>r»+lkla«brûler complètement»+lumbula«s’enflammer»+zolola«engluer»+zlla«glisser»+aklya«raconter, relater»


182avec ceux qui ont une réalisation consonne + semi-consonne initiale :+wlla«glisser»mais :+nykla«pleuvoir»On constate que le processus d’assimilation se fait <strong>de</strong> manière différente selon que lacontinue est la labio-vélaire /w/ ou la palatale /y/. C’est donc à partir <strong>de</strong> ces cas (bienque peu nombreux) que nous avons accordé aux radicaux réalisés CyVC une structure<strong>de</strong> type CVVC. On a par exemple :+a-+we-+nk-+n-+a-un-«presser, exercer une pression»«éructer, faire un rôt»«s’appuyer sur»«écraser»«mâcher»4.3- Les structures CVV et CCVLes structures CVV et CCV sont très peu représentées. Seuls quelques radicauxont pu être relevés. La secon<strong>de</strong> voyelle est toujours |a| 42 . Il s’agit <strong>de</strong> :+ma-+na-+a- 43+wa-«savoir, connaître»«manger»«craindre, avoir peur»«venir»+zwa-+nwa-+wa-+wa-«défricher»«se battre»«s’égoutter»«tarir»On pourrait également se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi n’avoir pas posé une structure CVpuisque les thèmes (radical + finale) <strong>de</strong> ces verbes sont : +mya, +nya, +wya, +zwa,42 Le fait que la secon<strong>de</strong> voyelle est toujours /a/ s’explique par l’intégration <strong>de</strong> la finale dans le thèmeverbal43 Ce radical présente une variante : +a- puisqu’on a les formes +eza «faire peur» pour le causatif et+ezna «faire peur à»


183+nwa, +wa et +wa. Comme nous l’avons dit plus haut, la dérivation a joué un rôledéterminant dans l’établissement <strong>de</strong>s structures. En effet, lorsqu’on veut, par exemple,exprimer le causatif <strong>de</strong> ces verbes, on obtient les réalisations ci-après :+myez-+nyez-+wyez-+zwez-+nwez-+wez-+wez-«faire savoir, faire connaître»«faire manger»«faire venir»«faire défricher»«faire faire la guerre»«faire égoutter»«faire tarir»alors que le suffixe du causatif est |-z-|comme le montrent les exemples suivants :+ol- «acheter» → +ol-z- «vendre»+um- «coudre» → +um-z- «faire coudre»+u- «plier» → +u-z- «faire plier»+yandy- «travailler» → +yandy-z- «faire travailler»La réalisation par [e] <strong>de</strong> la voyelle du causatif [i] ne peut être expliquée si onpose un radical CV puisque la langue atteste la voyelle /i/ après les semi-voyelles [w] et[y] comme en témoignent les exemples ci-après :[ona][l][onyk][any]«bananeraie qui entoure le village»«à l’intérieur»«broussailleux»«<strong>de</strong> l’urine»Or nous savons que le contact <strong>de</strong> la voyelle |a|avec un |i| latent est souventréalisé [e]. Ce qui laisse supposer que ces radicaux ont une autre voyelle, la voyelle|a|, qui au contact avec la voyelle du causatif, se contracte en la voyelle antérieure dusecond <strong>de</strong>gré et s’éli<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant la voyelle finale. C’est par rapport aux bases dérivées quenous avons accordé, à ces radicaux, les structures CVV et CCV, et non une structureCV qui existe également dans la langue.


184suivants :4.4- La structure CVLa structure CV est la moins représentée <strong>de</strong> toutes. On relève les radicaux+-+a-+a-+za-«se brûler»«chasser»«donner»«déféquer»Les <strong>de</strong>ux premiers radicaux sont incompatibles avec les suffixes applicatif etcausatif. Ce n’est pas le cas du radical pour «donner» qui, lui, atteste une forme /pna/à l’applicatif. Cependant on remarquera que dans cette forme, c’est l’élision quis’applique au détriment <strong>de</strong> la règle phonologique qui consiste à réaliser en [e] lacombinaison a+i. Exceptionnellement, cette règle n’est pas appliquée. En ce quiconcerne le radical pour «déféquer», en revanche, nous avons les formes suivantes :+zen-+zez-«déféquer pour»«faire déféquer»C’est donc par analogie à ce <strong>de</strong>rnier que nous avons attribué la voyelle /a / aux radicauxexprimant les notions <strong>de</strong> «donner» et <strong>de</strong> «chasser». Quant au radical signifiant «sebrûler», il atteste clairement une voyelle /i/ qui se semi-vocalise <strong>de</strong>vant la voyellefinale. Comme nous venons <strong>de</strong> le dire, seul le radical +za-, dans cette série <strong>de</strong> radicaux,est compatible avec ces <strong>de</strong>ux suffixes dérivatifs.2.4.1.1.2- Les bases verbales complexesOn note, dans la conjugaison, <strong>de</strong>s bases verbales complexespolymorphématiques composés <strong>de</strong> radicaux formels qui précè<strong>de</strong>nt le radical principal.Ces radicaux formels sont au nombre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux. Il s’agit <strong>de</strong> |o| et <strong>de</strong> |e| ; |o|indique la répétition d’un procès (aspect itératif) alors que |e| indique que le procèss’accompagne d’un déplacement (aspect «movendi»). Ils sont pratiquement compatiblesavec tous les tiroirs ; toutefois|o|est incompatible avec les tiroirs du pseudo-factif et|e|est incompatible avec l’impératif. Les données sémantiques qu’ils exprimentpeuvent être prises en charge, dans d’autres langues bantu, par <strong>de</strong>s morphèmes préradicauxque Meeussen appelle "limitateurs" 44 . En orungu par contre, |o| et |e|,bien qu’exprimant l’aspect, s’intègrent fortement au lexème radical et forment avec lui44 MEEUSSEN A.E., 1965, Reconstructions grammaticales du bantu, trad. Jos BOUTE S.J, Tervuren


185une base verbale complexe dont le second constituant est, quels que soient le mo<strong>de</strong> oule temps, une forme radicale <strong>de</strong> type A. Ce sont eux qui prennent en charge lesmutations consonantiques initiales et la tonalité qui marque chaque type <strong>de</strong> radical dansla conjugaison. A cet effet, on aura généralement |o| aux temps où le radical simpleest <strong>de</strong> type B et |to|aux temps où celui-ci est <strong>de</strong> type A. De la même façon, on aura|e| lorsque le radical simple est <strong>de</strong> type B et |ke|lorsque celui-ci est <strong>de</strong> type A. Ilexiste pourtant quelques cas exceptionnels où la tonalité du pré-radical n’est pas celleque l’on attendrait en fonction du type <strong>de</strong> consonne initiale dont il est pourvu. L’emploinormal <strong>de</strong>s pré-radicaux peut être observé dans les exemples ci-après :a- les formes du verbe «acheter» au subjonctif :- avec le radical simple[aeaole][azeaole][aole]«que tu achètes»«que nous achetions»«qu’ils/elles achètent»- avec les bases verbales complexes1- itératif[aeaok3ole][azeaok3ole][aok3ole]«que tu rachètes»«que nous rachetions»«qu’ils/elles rachètent»2- movendi[aeaek3ole][azeaek3ole][aek3ole]«que tu ailles acheter»«que nous allions acheter»«qu’ils/elles aillent acheter»b- les formes du verbe «chercher» au passé éloigné :- avec le radical simple[myawut][awawut][azwawut]«j’avais cherch黫tu avais cherch黫nous avions cherché»


186- avec les bases verbales complexes1- itératif[myaout] «j’avais cherché <strong>de</strong> nouveau »[awaout] «tu avais cherché <strong>de</strong> nouveau»[azwaout] «nous avions cherché <strong>de</strong> nouveau»2- movendi[myaeut][awaeut][azwaeut]«j’étais allé chercher»«tu étais allé chercher»«nous étions allés chercher»c- les formes du verbe «chercher» au présent <strong>de</strong> l’indicatif :- avec le radical simple[mye3uta][ae3uta][aze3uta]«je cherche»«tu cherches»«nous cherchons»- avec les bases verbales complexes1- itératif[myet3o3uta] «je cherche <strong>de</strong> nouveau »[aet3o3uta] «tu cherches <strong>de</strong> nouveau»[azet3o3uta] «nous cherchons <strong>de</strong> nouveau»2- movendi[myek3e3uta][aek3e3uta][azek3e3uta]«je vais chercher»«tu vas chercher»«nous allons chercher»Ces formes permettent d’observer que, dans les bases verbales complexes, leradical du verbe principal prend une configuration <strong>de</strong> type A, c’est-à-dire qu’il a uneconsonne initiale forte et un ton haut.L’existence <strong>de</strong> bases verbales complexes itérative et movendi est égalementconfirmée par certaines formes négatives comme celles <strong>de</strong> l’inceptif où, normalement,


187le radical verbal monosyllabique porte un ton haut et où toutes les syllabes qui lesuivent portent un ton bas. On peut comparer :- les formes avec un radical simple[myepatauna][anepatauna]«je n’ai pas encore lu»«vous n’avez pas encore lu»- et les formes avec une base verbale complexe[myepatotauna][azepaketauna][myepaketauna]«je n’ai plus relu»«nous ne sommes pas encore allés lire»«je ne suis pas encore allé lire»- et mieux encore les formes avec une base verbale encore plus complexe qui secaractérise par la combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux pré-radicaux et sont donc, à la fois,itératives et movendi :[myepatoketauna][azepatoketauna]«je ne suis plus allé lire»«nous ne sommes plus allés lire»Comme on peut le constater dans les <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers exemples, les pré-radicaux <strong>de</strong>l’itératif et du movendi peuvent se combiner dans une même forme verbale et constituerainsi une base complexe où leurs <strong>de</strong>ux significations aspectuelles modifient celle duverbe principal. Dans ce cas, le pré-radical itératif précè<strong>de</strong> toujours celui du movendi etc’est lui qui prend en charge les caractéristiques phonologiques et tonales liées à laconjugaison. Le pré-radical du movendi et le radical du verbe principal prennent uneconfiguration <strong>de</strong> type A ( consonne forte et ton haut). Toutefois, à certains temps dunégatif comme l’inceptif, ils sont marqués par le ton bas qui envahit toutes les syllabesqui suivent la syllabe initiale du radical ou <strong>de</strong> la base verbale.L’analyse <strong>de</strong>s bases verbales complexes doit tenir compte <strong>de</strong> nombreux faits liésà la conjugaison et, notamment, <strong>de</strong>s faits <strong>de</strong> tonalité propres aux formes négatives.Même si, <strong>de</strong> manière générale, l’utilisation <strong>de</strong> "limites spéciales" n’est pasrecommandable dans la <strong>de</strong>scription morphologique, il nous a semblé que les faitsobservés conduisaient à admettre que, dans une base verbale complexe, le premier préradicalest précédé d’une limite spéciale et que les autres constituants (second préradicalou radical du verbe principal) sont, quant à eux, précédés d’une limite <strong>de</strong> radicalnormale +. Cette procédure permet, à la fois, d’i<strong>de</strong>ntifier clairement la syllabe qui porteles caractéristiques phonologiques et tonales liées à la conjugaison et <strong>de</strong> maintenir la


188distinction souvent indispensable entre la base verbale et le post-radical constitué <strong>de</strong>sextensions, <strong>de</strong> la pré-finale et <strong>de</strong> la finale, ainsi que <strong>de</strong>s post-finales éventuelles.2.4.1.1.3.- Les bases verbales dérivées par suffixationLes extensions verbales apportent une nuance particulière au sens général duverbe. Elles peuvent présenter <strong>de</strong>s variantes selon la structure syllabique du radical etrépondre à <strong>de</strong>s mécanismes d’assimilation vocalique. Lorsqu’elle est appliquée,l’assimilation implique que la voyelle <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong>vienne i<strong>de</strong>ntique à celle duradical ou à la première voyelle du radical si ce <strong>de</strong>rnier est <strong>de</strong> type CVVC. Voici la liste<strong>de</strong>s différentes extensions qui ont été relevées.1- Le causatifOn relève <strong>de</strong>ux suffixes causatifs, un causatif long et un causatif bref. Lecausatif long est -z- et le causatif bref est --. Le suffixe le plus employé est lecausatif long.Exemples :+oa «nouer» > +oza «faire nouer»+ola «acheter» > +olza «vendre»+ola «percer» > +olza «faire percer»+uma «coudre» > +umza «faire coudre»+wa «inciser» > +wza «faire inciser»+wana «apporter» > +wanza «envoyer»+yaa «presser» > +yaza «faire presser»+wyea «éructer» > +wyeza «faire éructer»Lorsque le radical est <strong>de</strong> type CVV ou CV, la règle qui prévoit la représentation/e/ pour a+i s’applique. On a ainsi :+nya «manger» > +nyeza «faire manger, pardonner»+za «déféquer» > +zeza «faire déféquer»+wya «venir» > +wyeza «faire venir»Le causatif bref -- permet lui aussi <strong>de</strong> rendre <strong>de</strong> façon plus ou moins nettel’expression du causatif qui n’est plus analysable à proprement parler. Cette forme queRaponda 45 qualifie d’archaïque se rencontre dans la plupart <strong>de</strong>s cas (mais pas toujours)45 RAPONDA-WALKER A., 1934, Principes élémentaires <strong>de</strong> la langue mpongwèe, dans Dictionnairempongwè-français, Metz, Imprimerie <strong>de</strong> la Libre Lorraine, p. XV.


189comme une extension liée au radical, formant avec ce <strong>de</strong>rnier une unité. Il est toutefoisopposable à son absence dans quelques cas.+ndya+wya+wulya+wmbya+zya«feindre, faire semblant»«attendrir, supplier»«dire»«honorer»«tenter»+na «se calmer» > +nya «faire calmer»+nda «marcher» > +ndya «faire marcher»+nda «aimer» > +ndya «faire plaisir»Il arrive parfois qu’un radical puisse utiliser les <strong>de</strong>ux suffixes causatifs. Le senscausatif est alors plus évi<strong>de</strong>nt avec la forme longue -z- mais, si le verbe originel estintransitif, l’emploi du causatif bref aboutit à la formation d’un verbe transitif dont lesens causatif est tout <strong>de</strong> même manifeste.+anda «monter» > +andya «hausser, élever»> +andza «faire monter»+wena «bouillir» > +wenya «faire bouillir»> +wenza «faire bouillir»+zmba «s’arrêter» > +zmbya «arrêter, retenir»> +zmbza «faire arrêter»+oya+oza+wambya+wambza«aiguiser»«faire aiguiser»«<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r»«<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r, interroger»Lorsque le radical dépourvu <strong>de</strong> suffixe n’existe pas, l’utilisation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxsuffixes peut entraîner une certaine opposition <strong>de</strong> sens. Cette opposition ne semble plusporter sur l’expression plus ou moins nette du causatif, mais plutôt sur celle du réfléchi(causatif bref) et du causatif proprement dit.


190Exemples :+bya+bza+wdya+wdza+zolya+zolza+zubya+zubza«se mouiller»«faire mouiller»«se bosseler, s’aplatir»«bosseler, aplatir»«s’introduire, passer sous»«introduire, faire passer sous»«se mouiller»«mouiller»2- L’applicatifLe suffixe <strong>de</strong> l’applicatif est -n-.Exemples :+amba «parler» > +ambna «parler pour, prier»+oa «attacher, nouer» > +ona «attacher pour, nouer pour»+nda «écrire» > +ndina «écrire pour, écrire à»+wea «abattre» > +wena «abattre pour»+wola «frapper» > +wolna «frapper pour»+wa «inciser» > +wna «inciser pour»+wana «apporter» > +wanna «apporter pour»+yaa «presser» > +yana «presser pour»+wyea «éructer» > +wyena «éructer pour»+nwa «se battre» > +nwena «se battre pour»+nya «manger» > +nyena «manger pour»+za «déféquer» > +zena «déféquer pour»On notera également l’emploi du morphème -n- avec un sens réversif dans :+zaa «maudire» > +zana «bénir»


1913- Le réciproqueLa réciprocité est exprimée par le suffixe -an-. Lorsque le radical est <strong>de</strong> type CVou CVV, il y a insertion, <strong>de</strong>vant le suffixe -an-, d’un élément -a-, homophone <strong>de</strong> lapréfinale. On a ainsi :+ona «regar<strong>de</strong>r» > +onana «se regar<strong>de</strong>r l’un l’autre»+ea «partager» > +eana «se partager»+nda «aimer» > +ndana «s’aimer»+wa «insulter» > +wana «s’insulter»+nda «écrire» > +ndana «s’écrire»+a «donner» > +aana «se donner l’un à l’autre»+mya «connaître» > +myaana «se connaître»+nya «manger» > +nyaana «se manger»Le suffixe -an- peut aussi avoir un sens statif ou réfléchi, comme en témoignentles exemples ci-après :+ua «plier» > +uana «se plier, se courber»+andya «éparpiller» > +andyana «s’éparpiller»+ya «verser» > +yana «s’écouler»+wndya «blesser» > +wndyana «se blesser»4- Le réversifLe réversif est rendu par le morphème -un-. Son emploi sert généralement àinverser le sens du radical :+aa «porter qqch.» > +auna «séparer»+ua «plier» > +uuna «déplier»+a «traîner par terre» > +una «sortir qqch. d’un trou»+aa «compter» > +auna «lire»+yoa «rattacher» > +youna «regretter»Le suffixe réversif peut aussi apparaître comme morphème lié et la notionréversive est alors plus ou moins perceptible dans la signification globale <strong>de</strong> la formedérivée.


192+andyuna+auna+lutuna+wuuna+wuna+yuuna«filtrer»«retourner»«déraciner»«répandre»«expliquer, traduire»«verser, transvaser»Le même suffixe peut également exprimer diverses nuances sémantiques liéesaux notions <strong>de</strong> séparation et/ ou d’intensité :+aka «tailler» > +akuna «détacher»+mba «gratter» > +mbuna «raboter»+nmba «lécher» > +nmbuna «racler»+oka «creuser» > +okuna «déterrer»+vala «laisser» > +valuna «faucher»+yaa «flamber» > +yauna «réchauffer»+yaa «piétiner» > +yauna «fendre»+yoa «écoper» > +youna «laver»+kuna+osuna+nyakuna+yauna+wuuna+zasuna«répéter»«frotter»«asséner un coup»«mâcher»«répandre»«déchiqueter»En opposition avec le translatif, le réversif permet <strong>de</strong> former <strong>de</strong>s verbestransitifs, dans lesquels il est assez souvent associé au causatif bref.On notera que le réversif n’apparaît pas avec les radicaux <strong>de</strong> types +CV- et+CVV.5- Le translatifLe translatif correspond à ce que d’autres comme Sharman (1963), Meeussen(1965), Scha<strong>de</strong>berg (2003), appellent le "réversif intransitif". Il est exprimé par lesuffixe -u- qui apparaît souvent lié, le radical n’étant isolable que grâce à lacommutation du translatif avec d’autres suffixes, notamment le suffixe réversif ou une


193séquence contenant le réversif et le causatif bref. Le translatif est le pendant intransitifdu réversif et marque qu’un passage s’opère d’un état à un autre. On a ainsi :+mbwa ≠ +mbunya«<strong>de</strong>venir blanc»«blanchir»+oswa ≠ +osunya«tomber»«faire tomber»+uwa ≠ +uuna«se délier»«déplier»+ewa ≠ +eunya«se retourner»«faire tourner»+wa ≠ +una«sortir»«tirer <strong>de</strong>hors»+mwa ≠ +mna«se casser, se briser»«médire, calomnier»+abwa ≠ +abunya«se rompre»«rompre»+yambwa ≠ +yamba«s’élargir»«brûler <strong>de</strong> manière diffuse»+ymbwa ≠ +ymbuna«s’éclaircir, s’assainir»«balayer»+zambwa ≠ +zamba«se dissiper, disparaître»«placer»+zozwa ≠ +zozunya«fondre, se liquéfier»«faire fondre»+zdwa ≠ +zdunya«se détacher»«détacher»6- L’inchoatif neutreL’inchoatif traduit une action qui se déroule <strong>de</strong> façon graduelle du début jusqu’àla fin. L’inchoatif neutre est marqué par le suffixe -l- dont la voyelle s’assimile àcelle du radical, sauf quand cette <strong>de</strong>rnière est /a/. C’est d’ailleurs ce <strong>de</strong>rnier cas qui nousa amenée à accor<strong>de</strong>r une voyelle /i/ à l’extension. Très souvent, le suffixe <strong>de</strong>l’inchoatif se combine avec le causatif bref dont le rôle semble être <strong>de</strong> créer latransitivité avec un sens causatif faible, car les verbes formés sans le causatif bref sonttous intransitifs. Ainsi, on a :


194+wlla+lla+lkla+lumbula+nykla+zolola+zlla+wakla+yakla+wllya+llya+lumbulya+zllya+llya+klya+wekelya+zklya+wumbulya+zklya+lklya+yoolya+yklya+aklya+zaplya+aklya«glisser»«errer, vagabon<strong>de</strong>r»«brûler complètement»«s’enflammer»«pleuvoir»«engluer»«glisser»«s’enfoncer dans la forêt»«errer, flâner»«faire glisser»«faire perdre»«enflammer»«faire glisser»«observer, remarquer»«penser»«croire, avoir confiance»«rincer»«chasser»«abîmer, gaspiller»«marcher, s’amuser aux dépens <strong>de</strong>»«tourner en ridicule»«juger»«commencer»«boycotter»«narrer, relater»7- L’inchoatif réfléchiL’inchoatif réfléchi est rendu par la combinaison du suffixe -a- et du suffixeréciproque -an- au sein <strong>de</strong> verbes dérivés qui sont intransitifs. Si le causatif brefs’ajoute à cette séquence, le verbe dérivé est transitif et son sens est assez clairementcausatif, dans la plupart <strong>de</strong>s cas.Les voyelles /a/ <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux premiers suffixes <strong>de</strong> ces séquences s’assimilent à celledu radical lorsque celle-ci est une voyelle ouverte // ou //.


195+alaana+wezaana+nyamaana+emaana+uwaana+ylaana+wolaana+alaanya+alaanya+wezaanya+nyamaanya+emaanya+ylaanya+lnya+lnya+wlnya«se mettre <strong>de</strong> travers»«s’harmoniser»«se gâter, se métamorphoser»«s’enfoncer dans l’erreur»«s’enfoncer dans l’erreur»«noircir, <strong>de</strong>venir noir»«vagabon<strong>de</strong>r, errer»«rendre <strong>de</strong> travers»«espacer»«harmoniser»«gâter, métamorphoser»«tromper lour<strong>de</strong>ment»«noircir, rendre noir»«macérer»«jeter un coup d’œil»«parler couramment une langue»8- Le contactifLe contactif est exprimé par le suffixe –Vt-, dont la voyelle s’assimile toujoursà celle du radical, même lorsque cette voyelle est /a/. Dans la plupart <strong>de</strong>s cas, il secombine avec le causatif bref. Très peu attesté, ce suffixe dénote l’existence d’uncontact entre <strong>de</strong>ux personnes ou <strong>de</strong>ux objets.+ula «puiser» > +uluta «frotter une chose contre une autre»+za «frayer» > +ztya «aiguiser superficiellement»+zka «pousser» > +zktya «encourager, inciter»+wootya+nyamtya+waatya«maintenir avec force»«faire <strong>de</strong>s conjectures»«accrocher, contraindre»9- L’associatifL’associatif exprime une interaction qui peut être une dépendance ou unedissociation. Il est rendu par la combinaison du suffixe -ak- avec le suffixeréciproque -an-. On a ainsi :


196+endyakana+mndyakana+wundakana+zuakana«intervertir»«entremêler»«gâcher, mettre sens <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>ssus»«se disputer, rivaliser»+ta «tricher» > +takana «presser, peser <strong>de</strong> toutson poids, étouffer»+luka «heurter» > +lukakana «se heurter»+nundya «fermer» > +nundyakana «calculer, discuter»+wnda «malaxer» > +wndakana «mélanger plusieurschoses»+yoa «rattacher» > +yoakana «rattacher plusieurschoses»10- Le statifLe statif exprime le fait <strong>de</strong> se mettre ou <strong>de</strong> mettre quelque chose dans un état. Ilest rendu par le suffixe -Vm- où V est i<strong>de</strong>ntique à la voyelle du radical. Ce suffixe estquasiment toujours en séquence avec l’applicatif et/ou le causatif bref, soit :-Vm-n--, la voyelle du premier suffixe s’assimilant à celle du radical.+ooma+zooma«passer son chemin»«briller fort, éblouir»+ua «plier» > +uumna «se recroqueviller»+ata «attacher fortement» > +atamna «se raidir»+oa «attacher» > +oomna «se refermer enparlant d’une feuille»+wanda «saisir brusquement» > +wandamna «se jeter sur, sautersur»+zusa «(s’)approcher» > +zusumna «se tasser, se plisser»+uta «appliquer ru<strong>de</strong>ment» > +utumna «boire goulûment»+ondomna+otomna+ondomna+wandamna+zandamna+atamna+aamna«prendre avec force»«marcher dans la boue»«se révolter, se redresser»«faire attention»«se tenir <strong>de</strong>bout sur la pointe <strong>de</strong>s pieds»«trembler, frissonner»«s’affermir (en parlant d’un bébé)»


197+mna+tmna+zmna+wuumna+yuumna+yuumya+mya+atamnya+mnya+tmnya+zusumnya+atamnya«s’assagir»«laisser cuire un aliment trop longtemps»«s’enfoncer dans la forêt»«se rouler par terre»«se tasser en parlant d’une personne»«tenir <strong>de</strong>s objets serrés dans ses bras»«trembler <strong>de</strong> vieillesse»«faire raidir»«rendre sage, faire assagir»«faire cuire un aliment trop longtemps»«faire plisser»«faire trembler»11- Cas douteuxOn note quelques bases où il serait possible d’isoler un suffixe dérivatif -udontil est difficile <strong>de</strong> déterminer le sens précis vu qu’il n’y a pas toujours un radicalsimple correspondant ou que, s’il en existe un, le rapport sémantique qui existe entre luiet le thème dérivé est souvent opaque. La voyelle <strong>de</strong> ce dérivatif formel a été posée àpartir <strong>de</strong> la forme observée après un radical dont la voyelle est /a/. Dans les autres cas,la voyelle <strong>de</strong> l’extension est i<strong>de</strong>ntique à celle du radical. On a ainsi :+yaua+yya«se dépêcher»«faire attendre un court moment»+ya «cueillir» > +ya «répondre, acquiescer»+za «être bloqué» > +zya «se sé<strong>de</strong>ntariser»+ya «branler» > +yya «frissonner, faire trembler»+oa «tourner en dérision» > +ooa «suer, transpirer»+a «aller à la dérive» > +ya «courir en toute hâte»+ua «être pauvre» > +uua «se torcher»+oa «bâiller» > +ooa «ronger»+a «traîner par terre» > +a «ronfler»La <strong>de</strong>rnière série d’exemples pourrait également s’expliquer par le préredoublement<strong>de</strong> la première partie du radical, vu qu’on a aussi les radicaux simples :


198+-+u-+o-+--«imiter»«diminuer d’intensité (en parlant du soleil)»«lier, nouer, attacher»«baisser»Toutefois, le redoublement partiel n’est pas un phénomène qui s’observerégulièrement dans la langue et le rapport <strong>de</strong> sens avec les radicaux simples n’est pasévi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> sorte que, dans l’état actuel <strong>de</strong> la documentation, cette hypothèse ne sera pasretenue.12- Combinaison et ordre <strong>de</strong>s extensionsComme on l’a déjà vu dans les paragraphes qui précè<strong>de</strong>nt, plusieurs suffixespeuvent se joindre à un radical et former <strong>de</strong>s combinaisons d’extensions oùs’additionnent les sens véhiculés par chacun d’eux. Nous décrivons ci-<strong>de</strong>ssous quelquesunes <strong>de</strong> ces combinaisons. Notons que le causatif bref se combine avec toutes lesextensions et se place dans la plupart <strong>de</strong>s cas en <strong>de</strong>rnière position, sauf lorsqu’il estuniquement associé au suffixe réciproque -an-. Nous avons ainsi :A- Combinaisons <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux suffixes1- Applicatif + causatif (n+)+wulya «dire» > +wulnya «dire à qqn pour»+amna «se <strong>de</strong>ssécher» > +amnya «faire <strong>de</strong>ssécher»+mna «clouer» > +mnya «faire clouer»+ma «envoyer» > +mnya «faire envoyer pour»2- Contactif + causatif (Vt+)+nyamtya+wootya+zktya+ztya«faire <strong>de</strong>s conjectures»«maintenir avec force»«encourager, inciter»«aiguiser superficiellement»3- Réversif + causatif (un+)+uuna «déplier» > +uunya «faire déplier»+una «sortir qqch. d’un trou» > +unya «faire sortir qqch. d’untrou»


199+auna «lire» > +aunya «faire lire»+zuna «se laver» > +zunya «faire laver»+wuna «expliquer, traduire» > +wunya «faire expliquer, fairetraduire»+yuuna «verser, transvaser» > +yuunya «faire verser, fairetransvaser»4- Inchoatif neutre + causatif (l+)+wlla «glisser» > +wllya «faire glisser»+lla «errer, vagabon<strong>de</strong>r» > +llya «égarer»+lkla «brûler complètement» > +lklya «faire brûlercomplètement»+lumbula «s’enflammer» > +lumbulya «enflammer»+yklya+aklya«juger»«commencer»5- Causatif bref + réciproque (+an)+ndya «feindre, faire semblant» > +ndyana«se feindre mutuellement»+nda «marcher» > +endyana«se faire marcher mutuellement»+wya «attendrir, supplier» > +wyana«s’attendrir mutuellement»+wulya «dire» > +wulyana«se dire mutuellement <strong>de</strong>sparoles»+wmbya «honorer» > +wmbyana«s’honorer mutuellement»+zya «tenter» > +zyana«se tenter mutuellement»


200B- Combinaisons <strong>de</strong> trois suffixes1- Associatif + réciproque + causatif (ak+an+)+lukakana «se heurter» > +lukakanya«ajuster, assembler»+nundyakana «calculer, discuter» > +nundyakanya«faire calculer, faireexaminer»+wndakana «mélanger plusieurs > +wndakanyachoses»«faire mélangerplusieurs choses»+yoakana «rattacher plusieurs > +yoakanyachoses«faire rattacherplusieurs choses»2- Inchoatif réfléchi+ réciproque + causatif (an+an+)+wezaana «s’harmoniser» > +wezaanya«harmoniser»+nyamaana «se gâter, se métamorphoser» > +nyamaanya«gâter,métamorphoser»+emaana «se tromper lour<strong>de</strong>ment» > +emaanya«tromperlour<strong>de</strong>ment»+alaanya «espacer»+lnya «macérer»+lnya «jeter un coup d’œil»3- Statif + applicatif + causatif (Vm+n+)+ua «plier» > +uumnya «faire recroqueviller»+ata «attacher fortement» > +atamnya «faire raidir»+oa «attacher» > +oomnya «enrouler en parlantd’une feuille»+zusa «(s’)approcher» > +zusumnya «faire tasser, faireplisser»+uta «appliquer ru<strong>de</strong>ment» > +utumnya «faire boire <strong>de</strong> force»


2012.4.1.1.4- Les bases verbales dérivées par redoublementEn <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’adjonction <strong>de</strong> suffixes dérivatifs, un autre procédé permet <strong>de</strong>créer <strong>de</strong>s bases verbales dérivées : il s’agit du redoublement du thème verbal dans satotalité (base + finale). Ce procédé permet d’exprimer la fréquence <strong>de</strong> l’action.+zya «(s’)approcher» > +zyazya «bercer»+za «couper» > +zaza «découper»+amba «parler» > +ambaamba «bavar<strong>de</strong>r»+lowa «sauter» > +lowalowa «sautiller»+zmbya «s’arrêter» > +zmbyazmbya «s’arrêter fréquemment»+nya «manger» > +nyaanyaa «manger fréquemment»Pour les radicaux <strong>de</strong> type CVV et CCV, seul celui signifiant «manger» peut êtreredoublé. Dans la forme qu’il acquiert, il y a insertion <strong>de</strong> l’épenthèse -a- après leradical. L’expression <strong>de</strong> la fréquence pour ces types <strong>de</strong> radicaux et pour les radicaux <strong>de</strong>type CV, se fait normalement par le redoublement <strong>de</strong> la pré-finale |-a-|, homophoneà l’épenthèse -a- ou par l’adjonction <strong>de</strong> la pré-finale au radical étendu par l’épenthèsehomophone. Peu d’arguments permettent <strong>de</strong> trancher en faveur <strong>de</strong> l’une ou l’autrehypothèse. Mais certains faits d’ordre tonal qui seront signalés plus loin suggèrenttoutefois que c’est la secon<strong>de</strong> qu’il convient <strong>de</strong> retenir. On a ainsi :+nya «manger» > +nyaaa «manger fréquemment»+ya «se brûler» > +yaaa «se brûler fréquemment»+zwa «défricher» > +zwaaa «défricher fréquemment»+nwa «se battre» > +nwaaa «se battre fréquemment»+a «chasser» > +aaa «chasser fréquemment»+a «donner» > +aaa «donner fréquemment»On notera que toutes les voyelles <strong>de</strong> ce post-radical s’assimilent à celle <strong>de</strong> lafinale, comme le montre les formes au passif. Soit :+nya «manger» > +nyooo «être mangé fréquemment»+zwa «défricher» > +zwooo «être défriché fréquemment»+nwa «se battre» > +nwooo «s’être battu fréquemment»+a «chasser» > +ooo «être chassé fréquemment»+a «donner» > +ooo «être donné fréquemment»


2022.4.1.2- Les préfixes verbauxLe préfixe verbal est l’élément initial <strong>de</strong> la forme verbale. Voici la liste <strong>de</strong>spréfixes verbaux.a- Les préfixes verbaux relatifs aux personnesLes préfixes verbaux relatifs aux personnes du discours ont la structuresuivante : (formatif a) + préfixe verbal.Personnes Préfixes Classes Préfixes1 e sg mi- 1 e pl azo-2 e sg ao- 2 e pl anob-Les préfixes verbaux relatifs aux classesClasses Préfixes Classes Préfixes1 a- 7 ze-2 wa- 8 i-3 o- 9 i-4 i-10 se-5 ni-6 ma- 14 o-On remarquera qu’en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s préfixes verbaux relatifs aux personnes et àcelui <strong>de</strong> la classe 1, les préfixes verbaux sont i<strong>de</strong>ntiques aux préfixes pronominaux. Onnotera aussi que le préfixe verbal <strong>de</strong> classe 1 est le seul préfixe <strong>de</strong> classe qui porte unton bas. Ce ton bas a un comportement particulier car, lorsque le préfixe est suivi d’unmorphème vocalique à ton haut (morphème aspectuel ou marque temporelle), il s’éli<strong>de</strong>et le ton bas qu’il portait remplace le ton haut du morphème suivant. Nous verrons dansl’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la conjugaison qu’il s’agit là d’une procédure systématique.2.4.1.3- Le formatif ou marque temporelleL’expression du temps oppose l’absence <strong>de</strong> marque au présent à la présence <strong>de</strong>|-a-|au passé et <strong>de</strong> |-be-|au futur. L’absence <strong>de</strong> marque morphologique pour leprésent a été établie "par commutation avec <strong>de</strong>s morphèmes temporels équivalents qui,


203eux, portent une marque explicite <strong>de</strong> leur nature" 46 . Cette absence correspond àl’indétermination temporelle du présent et elle n’est pas particulière à l’orungu. Elle estattestée dans beaucoup <strong>de</strong> langues bantu. Les morphèmes <strong>de</strong> temps se placent après lemorphème <strong>de</strong> l’aspect lorsqu’il est présent et sont en rapport avec la finale. Lemorphème du passé a une tonalité variable qui est en relation avec l’aspect <strong>de</strong> chaquetiroir considéré.2.4.1.4- Les marques d’aspectL’aspect exprime la représentation que se fait le locuteur du procès exprimé parle verbe, c’est-à-dire la représentation <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> son déroulement (phase <strong>de</strong>réalisation) ou <strong>de</strong> son achèvement (son résultat). Il y a cependant chevauchement entrel’aspectualité et la temporalité en orungu. On peut distinguer <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s catégoriesaspectuelles dans les formes verbales, à savoir : l’imperfectif et le perfectif. SelonComerie (1976 : 16-24, 52-65) cité par Ernst (1991 : 30-31), " l’imperfectif envisage leprocès quant à sa structure interne", c’est-à-dire dans son déroulement, alors que "leperfectif envisage le procès dans sa totalité sans tenir compte <strong>de</strong> sa structure interne".Indiquant l’action dans son déroulement, l’imperfectif est marqué formellementpar les morphèmes |-e-|pour les formes verbales construites avec les préfixes <strong>de</strong>personnes et avec le préfixe <strong>de</strong> classe 1 et |-i-|pour les formes verbales construitesavec les autres préfixes <strong>de</strong> classes. Grammaticalement, l’imperfectif indique un procèsen cours ou en puissance <strong>de</strong> le <strong>de</strong>venir, dont l’expression ne suggère pas explicitementun début ou une fin quelconque. Il exprime le développement non borné du procès etmarque une action indéfinie. En effet, l’aspect imperfectif montre un procès non encoreentamé ou en développement sans aucune sorte <strong>de</strong> limite d’aboutissement. Lemorphème <strong>de</strong> l’imperfectif se place immédiatement après la marque <strong>de</strong> la personne ouaprès le préfixe verbal et est absent dans les tiroirs qui expriment un procès révolu ouconsidéré comme tel.Le perfectif n’est pas marqué morphologiquement. Grammaticalement, ilindique un procès révolu et marque, à l’opposé <strong>de</strong> l’imperfectif, une action définie,entamée et bornée dans le temps. Le perfectif est, par excellence, l’aspect <strong>de</strong>s tiroirs dupassé affirmatif.46 CREISSELS D., 1979, Unités et catégories grammaticales, Grenoble, Université <strong>de</strong>s Langues etLettres, p.79.


204Les modalités aspectuellesEn plus <strong>de</strong>s aspects imperfectif et perfectif, on note ce que nous appelons "lesmodalités aspectuelles" (Modasp). Elles sont exprimées par <strong>de</strong>s morphèmes qui seplacent immédiatement après le morphème aspectuel. Ces morphèmes ne suppléent pasau morphème dont la fonction est <strong>de</strong> marquer l’aspect mais, avec ce <strong>de</strong>rnier, ilsapportent un éclairage différent sur le déroulement du procès. Ce sont :- le morphème <strong>de</strong> persistif |-pe-|qui indique la continuité d’un procès dontle début n’est pas évoqué. Le morphème |-pe-|n’est sémantiquementcompatible qu’avec le présent <strong>de</strong> l’indicatif lui conférant ainsi son senseffectif c’est-à-dire "concomitance, adéquation notionnelle et simultanéitéplus ou moins totale entre l’emploi <strong>de</strong> la forme et la réalité linguistiquequ’elle dénote." 47 Le persistif mettant l’accent sur la cursivité du procès nepeut pas se trouver dans <strong>de</strong>s situations où le procès est prescrit ou non encoreentamé.- le morphème <strong>de</strong> l’inceptif |-pa-|qui indique qu’un procès n’est pas encoreentamé et n’est compatible qu’avec le présent <strong>de</strong> l’indicatif. Il apparaîtuniquement dans les formes négatives.- Le morphème du subjonctif |-a-|qui indique que le procès est l’objetd’un souhait ou d’un désir.2.4.1.5- Les négateursLa négation est marquée par <strong>de</strong>ux morphèmes,|-e-|et |-a-|, si l’on exclut lemorphème <strong>de</strong> l’inceptif, dont l’emploi est lié à l’aspect non encore réalisé du procès etnon à la négation d’une action. |-e-|s’emploie avec les formes verbales <strong>de</strong> l’indicatifet |-a-|s’emploie avec les formes verbales hors <strong>de</strong> l’indicatif. Ce <strong>de</strong>rnier morphèmeporte un ton bas à l’impératif et au subjonctif mais sa tonalité varie selon que la formeconjuguée est construite avec un préfixe <strong>de</strong> personne et <strong>de</strong> classe 1 ou avec un préfixed’une autre classe.Ces morphèmes ou certaines formes verbales dans lesquelles ils entrentpossè<strong>de</strong>nt ce que nous avons appelé <strong>de</strong>s "tons <strong>de</strong> phrase". Ces tons impliquent <strong>de</strong>smodifications tonales particulières qui dépassent le cadre du mot et se propagent sur47 VASSANT A., 1980, « Inci<strong>de</strong>nce et déca<strong>de</strong>nce dans l’analyse du présent français » pp 284-309, inJOLY A. et HIRTLE W.H., 1980, Langage et psychomécanique du langage, Paris, Presses Universitaires<strong>de</strong> Lille et Québec, Presses <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Laval.


205toutes les syllabes placées après eux jusqu’à la fin <strong>de</strong> l’énoncé. Ces tons <strong>de</strong> phrase sontobservés dans les tiroirs négatifs du présent ainsi qu’aux tiroirs <strong>de</strong> l’inceptif, dusubjonctif et <strong>de</strong> l’impératif négatifs.2.4.1.6- La pré-finaleReprésentée par le morphème |-a-|, la pré-finale est compatible avec tous lestiroirs <strong>de</strong> la conjugaison. Cette compatibilité absolue fait <strong>de</strong> la pré-finale un morphème<strong>de</strong> conjugaison, c’est-à-dire un élément <strong>de</strong> formation qui confère un aspect grammaticalrégulier à une forme verbale déjà signifiante. Elle présente une particularité qui consisteen l’assimilation <strong>de</strong> sa voyelle avec la voyelle finale.[walenalen][anweeeenalenee][w3enalenaa][anweeenalenoo]«ils avaient l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pleurer fréquemment»«vous n’aurez pas l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pleurerfréquemment»«ils ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pleurer fréquemment»«vous n’avez pas eu l’habitu<strong>de</strong> d’être pleuréfréquemment»2.4.1.7- La finalePlacée immédiatement après le ou les morphèmes dérivatifs ou après la préfinalequand ceux-ci sont présents, la finale concourt à l’expression du temps,conjointement avec la marque qui précè<strong>de</strong> le radical verbal. Du point <strong>de</strong> vue segmental,on distingue :- la finale|-a| qui se rencontre à tous les tiroirs (affirmatif et négatif) duprésent, au passé récent, au pseudo-factif récent, au futur affirmatif <strong>de</strong>l’indicatif, ainsi qu’à tous les tiroirs <strong>de</strong> l’impératif et à ceux du subjonctifnégatif.- la finale|-i|qui se rencontre à tous les tiroirs du résultatif, du passé éloignéet du pseudo-factif éloigné <strong>de</strong> l’indicatif.- la finale|-e|qui se rencontre à tous les tiroirs négatifs du passé et du futur<strong>de</strong> l’indicatif, ainsi qu’à ceux du subjonctif affirmatif.- la finale|-o|qui se rencontre à tous les tiroirs du passif et <strong>de</strong> l’exhortatif.Les finales actives -a, -i, -e s’opposent donc à la finale passive -o qui estutilisée quel que soit le mo<strong>de</strong> ou le tiroir.


206La tonalité <strong>de</strong> la finale dépend du tiroir <strong>de</strong> la conjugaison. Elle sera décrite dansles chapitres consacrés à la conjugaison. Toutefois, la tonalité <strong>de</strong> la finale et celle duradical déterminent conjointement l’application <strong>de</strong> règles que l’on formulera <strong>de</strong> lamanière suivante :- lorsque le radical est bas et que la finale est haute, le ton haut <strong>de</strong> la finale sepropage vers la gauche sans atteindre le radical. Autrement dit, lorsque lafinale est haute, les extensions, la pré-finale et, <strong>de</strong> façon plus générale,l’ensemble du post-radical ont la même tonalité qu’elle.[awazz][zazzaa]«tu avais fait couper»«aie l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire découper fréquemment»- lorsque le radical est haut et que la finale est basse, le ton haut du radical seredouble sur la syllabe suivante si cette syllabe porte un ton bas et n’est passituée en position finale dans la forme conjuguée. On notera que la syllabequi porte le ton haut issu du redoublement peut être la finale |-a|d’unthème redoublé ou la finale verbale d’une forme conjuguée qui comporte lapost-finale -e. On peut citer, en guise d’illustration, les exemples suivants :[azeanee][azeannjoe][outae][oyoe][aewoe][azeane][azwananz]«que nous accélérions donc»«que nous soyons donc enseignés»«cherche donc <strong>de</strong> nouveau»«sois donc soigné <strong>de</strong> nouveau»«vainquons donc»«que nous accélérions»«nous avons l’habitu<strong>de</strong> d’accélérer réquemment»mais :[azeannjo][outa][oyo][aewo]«que nous soyons enseignés»«cherche <strong>de</strong> nouveau»«sois soigné <strong>de</strong> nouveau»«vainquons»- lorsque le radical et la finale sont hauts, toutes les syllabes comprises entreces <strong>de</strong>ux éléments sont réalisées hautes.


207[aneeetuwaane]«vous ne vous enfoncerez plus dans l’erreur»[omamba ep3zwaswaa]«le serpent se tortillera souvent»On notera enfin que, lorsque le radical et la finale sont bas, toutes les syllabescomprises entre ces <strong>de</strong>ux éléments sont réalisées basses, ce qui est conforme à latendance qui a été décrite plus haut selon laquelle la finale assimile tonalementl’ensemble du post-radical. On a par exemple :[anwakunee]«si vous aviez eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> répéter»[azwaekelye y]«si nous avions cru en lui»2.4.1.8- Les post-finalesLes post-finales sont les <strong>de</strong>rniers éléments constitutifs <strong>de</strong>s formes verbales. Aunombre <strong>de</strong> trois, elles peuvent se combiner dans une même forme. Il s’agit dumorphème |-pa|qui apparaît dans la forme nomino-verbale <strong>de</strong> l’antériorité et <strong>de</strong>smorphèmes |-e|et |-an|qui apparaissent uniquement dans les tiroirs quin’appartiennent pas à l’indicatif.Le morphème |-e| (Mrenf) sert à exprimer soit le renforcement soitl’adoucissement <strong>de</strong> l’impératif avec, dans le second cas, une connotation exhortative.La post-finale –e n’a pas <strong>de</strong> tonalité propre. Sa tonalité est i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> lafinale et elle est, par conséquent, fonction du tiroir considéré. Toutefois, cette i<strong>de</strong>ntitétonale peut être modifiée par l’application <strong>de</strong> certaines règles et, notamment, par cellequi prévoit le redoublement du ton haut du radical verbal sur une syllabe suivante àcondition que cette syllabe ne soit pas située à la finale <strong>de</strong> la forme verbale. On a ainsi :[oyoe][outae]«sois donc soigné <strong>de</strong> nouveau»«cherche donc <strong>de</strong> nouveau»où la finale verbale |-o| ou |-a| est structurellement basse (ce qui détermine le tonbas <strong>de</strong> la post-finale -e) mais subit ensuite le redoublement du ton haut du radicalverbal.|-an-|sert à exprimer le pluriel et l’inclusif dans les formes verbales <strong>de</strong>l’impératif et <strong>de</strong> l’exhortatif. Lorsque les <strong>de</strong>ux éléments sont combinés dans une même


208forme, le morphème <strong>de</strong> pluriel occupe toujours la <strong>de</strong>uxième position. Dans le tableau<strong>de</strong>s structures canoniques, il est représenté par l’abréviation Mpl (morphème <strong>de</strong> pluriel).Par ailleurs, poser |-an|plutôt que |-n|comme morphème <strong>de</strong> pluriel pourraitsusciter <strong>de</strong>s interrogations dans la mesure où la voyelle initiale n’est pas représentéecomme on peut le constater dans les exemples suivants :[olan][omon][yanjaen][zanoen][ayanj3on][aolz3on]«achetez»«soyez envoyés»«travaillez donc»«soyez donc bénis»«travaillons nous tous»«vendons nous tous»Toutefois, lorsqu’on examine les formes <strong>de</strong> l’exhortatif, on constate qu’il y a unabaissement sur la finale verbale. Cet abaissement ne peut pas être expliqué en posantuniquement –n comme morphème <strong>de</strong> pluriel puisque la finale <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong>l’exhortatif exclusif est basse, comme en témoignent les exemples suivants :[ayanjo][aolzo]«travaillons»«vendons»Par ailleurs, lorsqu’on observe les formules <strong>de</strong> salutation :[mbolo][mbolwan][oo][ow3an][ond][ondw3an]«bonjour ( adressé à une seule personne)»«bonjour (adressé à plusieurs personnes)»«viens ( avec moi)»«venez ( vous tous avec moi)»«en route ( partons)»«en route tous ensemble(partons nous tous)»il paraît clair que le morphème pluriel n’est pas -n mais -an ou sa variante- n avec un ton haut initial qui explique la réalisation haut-abaissée que nousobservons dans les formes inclusives <strong>de</strong> l’exhortatif. Ces formes montrent, <strong>de</strong> plus, quecontrairement au morphème -e avec lequel la règle <strong>de</strong> propagation du ton haut duradical peut toucher la finale lorsqu’il est ajouté à la forme verbale, le morphème -ann’offre pas cette latitu<strong>de</strong>. Comme, <strong>de</strong> plus, il a une tonalité invariable et qu’il occupe


209toujours la <strong>de</strong>rnière position dans la forme verbale, on peut considérer qu’il est lavéritable post-finale, alors que -e est, d’une certaine manière, inclus dans l’ensemble<strong>de</strong> la finale verbale.Le morphème |-pa|, dont nous parlerons plus en détail au paragraphe 2.4.4.3,sert à exprimer l’antériorité d’une action par rapport à une autre. Comme le morphème<strong>de</strong> pluriel, il a une tonalité stable.2.4.2- La conjugaison affirmativeCette section expose la conjugaison du verbe. Nous nous limitons ici aux formesabsolutives. Nous emploierons le terme <strong>de</strong> «tiroir» pour désigner les diversesconfigurations que revêt un verbe selon les mo<strong>de</strong>s, les temps, les aspects et l’ordre. Lechoix du mot "tiroir" plutôt que celui <strong>de</strong> temps tient au fait que la notion <strong>de</strong> temps tellequ’elle est définie dans la littérature est très ambiguë et ne cadre pas avec la réalitélinguistique représentée. En effet, si la notion <strong>de</strong> temps en terme <strong>de</strong> localisationgrammaticalisée dans un espace temps existe dans les formes verbales orungu, la placequ’occupe l’aspect est encore plus importante. En effet, la langue utilise un systèmeaspectuel très élaboré pour rendre <strong>de</strong>s réalités linguistiques qu’il serait impossibled’exprimer uniquement par <strong>de</strong>s marqueurs <strong>de</strong> temps. D’autre part, les notions <strong>de</strong> tempset d’aspect sont tellement liées que le mot tiroir nous a semblé plus adéquat. Il estd’ailleurs bien intégré dans les <strong>de</strong>scriptions actuelles.Dans la présente section seront traitées en <strong>de</strong>s sections distinctes, les formesaffirmatives, les formes négatives et les formes nomino-verbales. L’orungu distingue<strong>de</strong>s tiroirs affirmatifs c’est-à-dire <strong>de</strong>s formes qui affirment l’action, l’état ou la qualité,et <strong>de</strong>s tiroirs négatifs qui les nient. Comme à chaque tiroir affirmatif ne correspond pastoujours un tiroir négatif et vice versa, nous traitons les <strong>de</strong>ux ordres séparément àl’indicatif et hors <strong>de</strong> l’indicatif. La langue utilisant un système aspectuel très complexe,chaque modalité aspectuelle peut apparaître seule ou se combiner avec d’autres dansune même forme verbale et exprimer ainsi <strong>de</strong>s réalités linguistiques très spécifiques. Ils’agit notamment <strong>de</strong>s pré-radicaux itératif et movendi et <strong>de</strong> la pré-finale. Considérer cescombinaisons comme relevant <strong>de</strong> tiroirs distincts conduirait à une énumération longueet fastidieuse. Aussi nous les regrouperons sous un même tiroir, en précisantl’emplacement <strong>de</strong>s marques aspectuelles dans la structure <strong>de</strong> base et en donnantquelques exemples illustratifs <strong>de</strong>s formes qui les contiennent. Par ailleurs, on tiendracompte du fait que la présence <strong>de</strong>s pré-radicaux <strong>de</strong> l’itératif et du movendi entraînent<strong>de</strong>s modifications phonologiques et tonales dans le verbe principal. En effet, celui-ci


210acquiert une configuration constante à tous les tiroirs. Cette configuration se caractérisepar une consonne initiale forte et un ton haut sur le radical, la finale étant basse.Toutefois, à certains tiroirs du négatif, la nouvelle configuration tonale qu’acquiert leverbe principal peut être modifiée par <strong>de</strong>s tons <strong>de</strong> phrase.Après le titre qui énonce l’intitulé <strong>de</strong> chaque tiroir, nous donnons sa structure <strong>de</strong>base sous la forme d’un tableau qui comprend également toutes les déclinaisonsaspectuelles susceptibles <strong>de</strong> s’insérer dans cette structure <strong>de</strong> base. Suivent ensuite la<strong>de</strong>scription du sens et <strong>de</strong> l’emploi du tiroir, ses diverses réalisations et quelquesillustrations <strong>de</strong> dérivation tonale lorsque la structure paraît relativement complexe. Lesformes données à titre d’exemples comportent un indice <strong>de</strong> personne ainsi que lespréfixes <strong>de</strong>s classes 1 et 2, vu qu’à l’intérieur d’un même tiroir, la tonalité <strong>de</strong>s formesverbales change très souvent selon la personne ou le préfixe <strong>de</strong> classe sauf, comme nousl’avons dit plus haut, lorsque le préfixe verbal est <strong>de</strong> classe 1. Pour mieux visualiser lecomportement tonal dans les différents tiroirs, nous avons choisi une série <strong>de</strong> troisverbes qui représentent les divers cas <strong>de</strong> figure : le verbe «acheter» présentera la formeverbale minimale, sans extensions ; le verbe «vendre» présentera les verbes avecextension et le verbe «manger», les verbes dont le thème verbal est monosyllabique. Lasérie formelle qui comporte <strong>de</strong>s radicaux complexes sera illustrée par l’itératif. Aubesoin, nous intègrerons certaines formes verbales dans une phrase.Enfin la langue connaissant une distinction <strong>de</strong> voix, nous donnerons égalementles formes verbales à la voix passive.2.4.2.1- Les tiroirs <strong>de</strong> l’indicatif affirmatif2.4.2.1.1- Le présent affirmatif1- StructuresLe présent est formée à partir d’un radical <strong>de</strong> type A, à ton haut et d’une finale|-a|ou|-o| à ton bas. En tenant compte <strong>de</strong>s différents aspects qu’il peut exprimer, letableau représentatif <strong>de</strong>s structures du présent s’établit comme suit :


211Formes PV Imperf Masp Fo RAD A Ext Préfin FinNeutre e/ ø b H B a a/oFormes PV Imperf Masp Fo Prad Tf Prad Tf Rad Ext Préfin FinA A AItérativenonmarquéee/ ø b to ø ø ø H B (a)a/oItérativemarquéee/ ø b to ø b H B (a) a/oMovendinonmarquéee/ ø b ke ø ø ø H B (a) a/oMovendimarquée e/ ø b ke ø ø b H B (a) a/oItérativemovendinonmarquéeItérativemovendimarquéee/ ø b toøb 48kebøH B (a) a/oe/ ø b to b ke b H B (a) a/oPersistive e/ pe b ø ø ø ø H B (a) a/oDans les formes du présent, les règles tonales agissent comme suit : le ton hautdu radical se redouble sur la syllabe suivante si elle n’est pas située en position finale <strong>de</strong>la forme verbale. Puis, chaque ton bas flottant s’associe au ton haut <strong>de</strong> la syllabesuivante et forme ainsi <strong>de</strong>s séquences BH qui sont réalisées soit par un ton haut-abaissési elles sont précédées d’un ton haut soit par un ton haut simple si elles sont précédéesd’un ton bas. Par ailleurs, on notera dans les formes constituées <strong>de</strong> pré-radicaux, ladistinction d’une forme non-marquée et d’une forme marquée. Dans les formesmarquées, le pré-radical (ou les <strong>de</strong>ux pré-radicaux) et le radical principal sont précédésd’un ton bas flottant, ce qui veut dire qu’ils sont réalisés avec un ton haut-abaissé. Enrevanche dans les formes non-marquées, le radical principal n’est généralement pasprécédé <strong>de</strong> ton bas flottant. Toutefois, à l’itératif-movendi, un second ton flottant48 Cette sous ligne représente la structure <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s formes verbales <strong>de</strong> classe 1.


212précè<strong>de</strong> le <strong>de</strong>uxième pré-radical dans les formes <strong>de</strong> classe 1, alors qu’il précè<strong>de</strong> leradical principal aux autres classes et aux formes comportant un préfixe <strong>de</strong> personne.2- EmploiLe présent situe l’énoncé dans l’instant <strong>de</strong> la production du discours ; il exprimeune action en cours au moment <strong>de</strong> l’énoncé. De ce fait, il peut être qualifié <strong>de</strong>progressif. Le présent simple exprime également un fait général, universel sansindication <strong>de</strong> date ou <strong>de</strong> durée ; à ce titre, il peut être qualifié d’atemporel. Suivi d’unadverbe <strong>de</strong> temps approprié, il peut exprimer un futur. Comme nous l’avons dit plushaut, le présent se caractérise par l’absence <strong>de</strong> marque segmentale <strong>de</strong> temps, mais utilisela marque aspectuelle |-e-|ou |--|. La finale est |-a| ou |-o|. Ce tiroir comportequatre aspects : le neutre, l’itératif, le movendi et le persistif. Les spécificités <strong>de</strong> chacund’eux se trouvent dans le tableau général ci-<strong>de</strong>ssus. L’analyse et les illustrations <strong>de</strong> cesaspects fait l’objet <strong>de</strong>s points ci-<strong>de</strong>ssous. Les structures <strong>de</strong> l’itératif et du movendi étanti<strong>de</strong>ntiques, nous ne donnerons que la forme itérative.3- La forme neutreLa forme neutre peut être illustrée par les réalisations suivantes :- sans extension[myek3ola] «j’achète» [aet3omo] «tu es envoyé»[ekola] «il/elle achète» [etomo] «il/elle est envoyé(e)»[k3ola] «ils/elles achètent» [t3omo] «ils/elles sont envoyé(e)s»- avec extension 49[myek3olza] «je vends» [aes3ano] «tu es béni»[ekolza] «il/elle vend» [esano] «il/elle est béni(e)»[k3olza] «ils/elles ven<strong>de</strong>nt» [s3ano] «ils/elles sont béni(e)s»- avec les thèmes monosyllabiques[myeny3a ] «je mange» [aety3o ] «tu es craint»[enya] «il/elle mange» [etyo] «il/elle est craint(e)»[ny3a ] «ils/elles mangent» [ty3o ] «ils/elles sont craint(e)s»49 On notera dans ces formes verbales, l’application <strong>de</strong> la règle tonale relative au redoublement du tonhaut du radical sur une syllabe suivante.


213- à la forme habituelle, intensive[awan 3anome s3akunaa ya]«les garçons ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> démêler les filets <strong>de</strong> pêche»[ym 3awana 3nyoo n kolo]«les plus petits ont l’habitu<strong>de</strong> d’être mis au lit très tôt le soir»Représentation |# m-e- +kol-z-a#| |# m-e- +na-a#|→ |# m-e- +kol-z-a#| → |# m-e- +nya-a#|→ |# m-e+kol-z-a#| → |# m-e+nya-a#|→ |# my-e+kol-z-a#| → |# my-e+nya #|[myek3olza] [myeny3a ]4- L’itératif non-marquéLe présent itératif non-marqué indique une concrétisation probable du procèsexprimé par le verbe. La réalisation <strong>de</strong> l’action n’est pas immédiate. Voici quelquesexemples illustratifs :[nao yin yt3okemboo enom eu]«cette maison-là a l’habitu<strong>de</strong> d’être (probablement)repeinte pendant la saison sèche»[azet3okanjunae fa3nya]«nous avons(parfois) l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> filtrer à nouveau la semoule <strong>de</strong> manioc»[ezmb z eton3mny ay oy3ombo]«sa sœur l’incite (parfois) <strong>de</strong> nouveau à la polygamie»5- L’itératif marquéLe présent itératif marqué indique une concrétisation plus ou moins immédiatedu procès exprimé par le verbe. Voici quelques exemples illustratifs :[azet3ok3anjunae fa3nya]«nous avons l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> filtrer à nouveau (assurément) la semoule <strong>de</strong> manioc»[as3esa mt3op3aa awanj kon o yauna]«les jeunes filles ont l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> redonner(assurément) aux jeunes gens <strong>de</strong>s bûches àfendre»[ondak etok3oaa 3uma]«sa nièce a l’habitu<strong>de</strong> d’attacher à nouveau(assurément) les bâtons <strong>de</strong> manioc»


214Les réalisations ci-<strong>de</strong>ssus nécessitent les étapes suivantes :→→→|# azo-e- to- +kandy-un-a-a#||# azo-e- to- +kandy-un-a-a#||# azo-eto+kandy-un-a-a#||# azw-eto+kandy-un-a-a#|[azet3ok3anjunaa]6- Les formes itératives-movendiLes pré-radicaux itératif et movendi peuvent s’agencer dans une seule et mêmeforme où se combinent les sens <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux modalités aspectuelles. Comme dans lesformes où ils sont employés seuls, on note la distinction d’une forme marquée et d’uneforme non-marquée. Dans la forme marquée, les <strong>de</strong>ux pré-radicaux et le radicalprincipal sont précédés d’un ton bas flottant, ce qui veut dire qu’ils sont réalisés avec unton haut-abaissé. En revanche dans la forme non-marquée, le radical principal n’est pasprécédé du ton bas flottant dans les formes <strong>de</strong> classe 1, alors que c’est le <strong>de</strong>uxième préradical(celui du movendi) qui n’est pas précédé du ton bas flottant dans les formesconstruites avec les autres préfixes verbaux. Voici quelques exemples illustratifs :Forme non-marquée :[azet3oke3na aand]«nous avons (parfois) l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner ramasser les huîtres»[awanj mt3oke3embyana ya]«les jeunes gens vont (probablement) retourner concourir à la nage»[nyw etok3enyaaa ncmbwan]«Inyèwo a (probablement) l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner manger en cachette»Forme marquée :[azet3ok3ek3anjunae fa3nya]«nous avons (assurément)l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner filtrer la semoule <strong>de</strong> manioc»[ampal3ao mt3ok3es3waa o3es]«les canards ont (assurément)l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner picorer le riz»[nyw etok3eny3aaa ncmbwan]«Inyèwo retourne(assurément) souvent manger en cachette»


215Les formes [mt3op3aaa] et [etok3eny3aaa] constituées sur les radicaux+pa- et +na- étendus par le morphème -a- paraissent avoir subi une première règlequi a produit les ensembles morphologiques +pa- et +nya- dont le ton haut s’estensuite redoublé <strong>de</strong> manière à apporter un ton haut sur la pré-finale. Comme le mêmephénomène s’observe avec l’épenthèse -en-, on peut en conclure qu’il s’agit là d’unmécanisme général avec les radicaux <strong>de</strong> type +CV(V)- et que la succession -a-aestbien constituée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux morphèmes distincts même s’ils sont homophones.7- Le persistifLa présent persistif sert à indiquer un procès en pleine cursivité, une action encours non encore achevée dont le début n’est pas évoqué. Il peut, dans la durée,exprimer aussi une action continue, itérative. Le présent persistif permet "concomitance,adéquation notionnelle et simultanéité plus ou moins totale entre l’emploi <strong>de</strong> la forme etla réalité linguistique qu’elle dénote" comme le dit A. Vassant ( dans A. Joly et W.Hirtle, 1980, pp.280-281). Le persistif est le tiroir qui permet d’exprimer véritablementle présent <strong>de</strong> l’indicatif.Exemples :- sans extension[myepek3ola]«j’achète encore»[epek3ola]«il/elle achète encore»[pek3ola]«ils/elles achètent encore»[aepen3jo]«tu es encore en train d’être enseigné»[epen3njo]«il/elle est encore en train d’être enseigné(e)»[pen3njo]«ils/elles sont encore en train d’êtreenseigné(e)s»- avec extension[myepek3olza]«je vends encore»[epek3olza]«il/elle vend encore»[pek3olza]«ils/elles ven<strong>de</strong>nt encore»[aepes3ano]«tu es encore en train d’être béni»[epes3ano]«il/elle est encore en train d’être béni(e)»[pes3ano]«ils/elles sont encore en train d’être béni(e)s»


216- avec les thèmes monosyllabiques[myepeny3a ] [aepety3o ]«je mange encore»«tu es encore craint»[epeny3a ] [epety3o ]«il/elle mange encore»«il/elle est encore craint(e)»[peny3a ] [pety3o ]«ils/elles mangent encore»«ils/elles sont encore craint(e)s»2.4.2.1.2- Les tiroirs du passé affirmatif1- Le résultatif ou parfait1.1- StructuresLes structures du résultatif sont les suivantes :Formes PV Fo RAD A Ext Préfin FinNeutre a H B (a) /oFormes PV Fo PradATfPradATfRadAExt Préfin FinItérative a to ø ø b H B (a) /oMovendi a ke ø ø b H B (a) /oItérativemovendia to b ke b H B (a) /oCes structures ne présentent pas <strong>de</strong> difficultés majeures dans l’application <strong>de</strong>srègles tonales. Le radical étant haut et la finale basse, le ton haut du radical se redoublesur la syllabe suivante si elle ne constitue pas la finale <strong>de</strong> la forme verbale. Puis les tonsbas flottants (dans les formes où ils sont attestés) se combinent chacun à la syllabesuivante pour former <strong>de</strong>s séquences BH.


2171.2- EmploiLe résultatif ou parfait indique à la fois qu’un procès est parvenu à sonterme c’est-à-dire qu’une action est achevée, donc passée et que les conséquences oul’état perdure dans le présent. On pourrait dire aussi que le résultatif exprime un étatprésent qui découle d’une action passée, sans précision <strong>de</strong> durée ou <strong>de</strong> temps ; seulcompte le résultat.1.3- La forme neutreLa tonalité <strong>de</strong> la forme neutre ne présente pas <strong>de</strong> surprise par rapport à lastructure <strong>de</strong> base. Le radical étant haut et la finale basse, la règle tonale qui implique leredoublement du ton haut du radical sur la syllabe suivante s’applique. On a ainsi lesréalisations ci-après :- sans extension[myakol] «j’ai acheté» [awatomo] «tu as été envoyé»[akol] «il/elle a acheté» [atomo] «il/elle a été envoyé(e)»[wakol] «ils/elles ont acheté» [watomo] «ils/elles ont étéenvoyé(e)s»- avec extension[myakolz] «j’ai vendu [awasano] «tu as été béni»[akolz] «il/elle a vendu» [asano] «il/elle a été béni(e)»[wakolz] «ils/elles ont vendu» [wasano] «ils/elles ont étébéni(e)s»- avec les thèmes monosyllabiques[myanyen] «j’ai mangé» [awatyeno] «tu as été craint»[anyen] «il/elle a mangé» [atyeno] «il/elle a été craint(e)»[wanyen] «ils/elles ont mangé» [watyeno] «ils/elles ont étécraint(es)s»On notera que, pour les verbes <strong>de</strong> thème monosyllabique, il y a épenthèse <strong>de</strong>|-en-|après le radical. Par ailleurs, on notera aussi que l’insertion du morphème <strong>de</strong>l’habituel ou <strong>de</strong> l’intensif dans la forme <strong>de</strong> base <strong>de</strong> ce tiroir indique que l’action a déjàété effectuée au moins une fois dans le passé sans indiquer nécessairement une habitu<strong>de</strong>.Dans le discours, la forme verbale est suivie <strong>de</strong> la locution : [n m] «une fois». Leprocès est donc traduit par «déjà» plutôt que par «avoir l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>».


218[awano nao n m]«tu as déjà construit une fois une maison»ou «as-tu déjà construit une fois une maison ?»[anto waknd ta n m]«les femmes ont déjà été une fois à la chasse»[akoko mayufoo n m ncaa]«les ananas ont déjà été volés une fois dans les plantations»[nju sakotoo n m ambo]«les éléphants ont déjà été une fois pris dans les pièges»1.4- La forme itérativePar rapport à la structure <strong>de</strong> base qu’est la structure <strong>de</strong> la forme neutre, laforme itérative (tout comme la forme movendi) se caractérise par l’insertion du préradical|to| (ou|ke|) et d’un ton bas flottant <strong>de</strong>vant le radical du verbe principal. Ceton s’associe au ton haut du radical et forme une séquence BH réalisée haut-abaissée.Exemples :[azwatok3amb nda3a myn o 3aa]«nous avons <strong>de</strong> nouveau parlé <strong>de</strong> ce sujet ce matin»[aomb matoy3any oala w 3]«les moutons ont <strong>de</strong> nouveau renversé le séchoir <strong>de</strong> poissons»[awana watot3oloo ntombo kombenyondo]«les enfants ont été <strong>de</strong> nouveau vaccinés à midi »1.5- La forme itérative-movendiContrairement au présent itératif-movendi <strong>de</strong> l’indicatif où on note unedifférence structurelle selon la classe, le résultatif itératif-movendi ne manifeste pascette distinction. On peut ainsi illustrer le résultatif itératif-movendi par les exemplessuivants :[atok3en3mz ncaa]«il est souvent reparti faire désherber les plantations»[azwatok3en3mz ncaa]«nous sommes souvent repartis faire désherber les plantations»


219[nj3n satok3eny3en osae]«les poules sont souvent retournées picorer les haricots»[as3esa matok3ep3oo att n kaka]«les jeunes filles sont souvent retournées se faire offrir les bananes par la grandmère»qu’on peut représenter comme suit :→→→|# azo-ato- +ke- +nm-z-a-#||# azo-ato- +ke- +nm-z--#||# azo-ato- +ke- +nm-z--#||# azo-ato+ke +nm-z--#|[azwatok3en3mz]La forme [satok3eny3en] constituée sur le radical +na- doté <strong>de</strong>l’épenthèse -en- est suivie d’une pré-finale qui a subi la règle <strong>de</strong> redoublement du tonhaut. Dans ce cas aussi, on doit donc supposer qu’une première règle crée un ensembleradical complexe +nyen- à partir <strong>de</strong> la séquence formée par le radical +na- et lemorphème épenthétique -en-. Cet ensemble est doté d’un ton haut lorsque le radical est<strong>de</strong> type A et d’un ton bas lorsqu’il est <strong>de</strong> type B.On notera que le résultatif itératif-movendi présente une <strong>de</strong>uxième forme quin’exprime pas <strong>de</strong> nuance aspectuelle particulière. Les <strong>de</strong>ux formes sont utilisées <strong>de</strong>manière interchangeable et constituent <strong>de</strong>s variantes <strong>libre</strong>s. La secon<strong>de</strong> forme secaractérise par l’absence du ton bas flottant <strong>de</strong>vant le verbe principal (même pour lesformes verbales <strong>de</strong> classe 1), ce qui se traduit par une réalisation haute <strong>de</strong> la syllabe duradical du verbe principal. Voici quelques exemples <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>uxième forme :[atok3enmz ncaa]«il est souvent reparti faire désherber les plantations»[azwatok3enmz ncaa]«nous sommes souvent repartis faire désherber les plantations»[nj3n satok3enyen osae]«les poules sont souvent retournées picorer les haricots»[as3esa matok3ep3oo att n kaka]«les jeunes filles sont souvent retournées se faire offrir les bananes par la grandmère»


2202- Le passé récent2.1- Structuresainsi :Le passé récent présente le même type <strong>de</strong> structures tonales que le présent. On aFormes PV Fo RAD A Ext Préfin FinNeutre a H B (a) a/oFormesItérativePV Fo PradAatoTfPradATfRadAExt Préfin Finø ø b H B (a) a/oMovendi a ke ø ø b H B (a) a/oItérativemovendia to b ke b H B (a) a/oComme le résultatif, le passé récent ne présente pas <strong>de</strong> difficultés majeures dansl’application <strong>de</strong>s règles tonales. Le ton haut du radical se redouble sur la syllabesuivante si elle ne constitue pas la finale <strong>de</strong> la forme verbale. Puis, dans la forme neutre,le ton haut, <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelledu préfixe remplace le ton bas du formatif, lequel, à son tour, se combine au ton haut duradical. Dans les formes à radicaux complexes, cette étape est postérieure à l’association<strong>de</strong>s tons bas flottants sur les syllabes suivantes.2.2- EmploiLe passé récent sert à exprimer un procès antérieur au moment <strong>de</strong> sonénonciation et qui a eu lieu le jour même ou à un moment <strong>de</strong> la journée. Le passé récentne saurait exprimer un procès qui a eu lieu la veille ce qui serait considéré comme tropéloigné par rapport au moment <strong>de</strong> la production <strong>de</strong> l’énoncé. Sur le plan formel, le passérécent se distingue du résultatif par la voyelle finale et, sur le plan tonal, par un ton bassur le formatif. Ci-<strong>de</strong>ssus, nous donnons les réalisations <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces aspects.


2212.3- La forme neutreLes réalisations <strong>de</strong> la forme neutre sont illustrées par les exemples ci-après :- sans extension[myak3ola]«j’ai acheté»[akola]«il/elle a acheté»[wak3ola]«ils/elles ont acheté»[awat3omo]«tu as été envoyé»[atomo]«il/elle a été envoyé(e)»[wat3omo]«ils/elles ont été envoyé(e)s»- avec extension[myak3olza]«j’ai vendu»[akolza]«il/elle a vendu»[wak3olza]«ils/elles ont vendu»[awas3ano]«tu as été béni»[asano]«il/elle a été béni(e)»[was3ano]«ils/elles ont été béni(e)s»- avec les thèmes monosyllabiques[myany3a ] [awaty3o ]«j’ai mang黫tu as été craint»[anya][atyo]«il/elle a mang黫il/elle a été craint(e)»[wany3a ] [waty3o ]«ils/elles ont mang黫ils/elles ont été craint(e)s»Au passé récent, le morphème <strong>de</strong> l’habituel exprime plutôt la durée quel’habitu<strong>de</strong> et la forme verbale ainsi construite se traduit par l’imparfait.- à la forme habituelle, intensive[azwat3oka amemba o 3aa]«nous étions en train <strong>de</strong> creuser <strong>de</strong>s trous ce matin»[anom awan wa3eae ncaa]«<strong>de</strong>ux hommes étaient en train d’abattre une plantation»[ambwao map3aa awa m m]«les pirogues étaient à la dérive aux environs <strong>de</strong> midi»


222Lorsqu’on insère la préfinale|-a-|dans une forme passive, le procès exprimeplutôt une durée qu’une habitu<strong>de</strong> ou une intensité. Ces formes verbales exprimentl’équivalent <strong>de</strong>s constructions impersonnelles françaises dont le sujet est «on». On aainsi :[al3asa may3izoo o t n]«on cueillait les oranges il y a un instant»litt.«les oranges se faisaient cueillir dans maintenant là»[nao sak3emboo o 3aa]«on peignait les maisons ce matin»litt.«les maisons se faisaient peindre dans le matin»2.4- La forme itérativeLes exemples suivants illustrent les formes du passé récent itératif.[azwat3oy3ambunye mbuza w amu]«nous avons jeté <strong>de</strong> nouveau l’épervier dans les marais»[awanj mat3op3a awana w mbw ambn3o]«les jeunes gens ont donné <strong>de</strong> nouveau le lait aux chiots»[awana wat3on3njoo yembo s no3l]«on a enseigné <strong>de</strong> nouveau les chansons <strong>de</strong> Noël aux enfants»litt. «les enfants ont été <strong>de</strong> nouveau enseignés les chansons <strong>de</strong> Noël»Comme le résultatif itératif-movendi, la forme itérative et la forme movendi dupassé récent (les <strong>de</strong>ux tiroirs ont toujours les mêmes configurations tonales) présententune <strong>de</strong>uxième forme qui n’exprime pas <strong>de</strong> nuance aspectuelle particulière. Les <strong>de</strong>uxformes sont utilisées <strong>de</strong> manière interchangeable et constituent <strong>de</strong>s variantes <strong>libre</strong>s. Lasecon<strong>de</strong> forme se caractérise par l’absence du ton bas flottant <strong>de</strong>vant le verbe principal,ce qui se traduit par une réalisation haute <strong>de</strong> la syllabe radicale du verbe principal.Toutefois les formes verbales qui comportent le préfixe verbal <strong>de</strong> classe 1 conserve leton flottant bas et n’ont donc pas <strong>de</strong> réalisation alternante. Voici quelques exemples <strong>de</strong>cette <strong>de</strong>uxième forme :


223[myat3oyembza]«j’ai fais chanter <strong>de</strong> nouveau»[wat3oyembza]«ils/elles ont fait chanter <strong>de</strong> nouveau»[atoy3embza]«il/elle a fait chanter <strong>de</strong> nouveau»[awak3ekambna]«tu es allé prier»[wak3ekambna]«ils/elles sont allé(e)s prier»[akek3ambna]«il/elle est allé(e) prier»dont la schématisation est la suivante :→→|# m-ato+ dymb-z-a#||# m-ato+ dymb-z-a#||# my-ato+ dymb-z-a#|[myat3oymbza]mais :→→→|# a-ato- + dymb-z-a#||# a-ato- + dymb-z-a#||# a-ato+ dymb-z-a#||# ato+ dymb-z-a#|[atoy3mbza]suivants :2.5- La forme itérative-movendiLes réalisations du passé récent itératif-movendi sont illustrées par les exemples[anwat3ok3en3mza ncaa]«(aujourd’hui) vous êtes souvent retournés faire désherber les plantations»[awanj mat3ok3ep3aa awana mbw ambn3o]«(aujourd’hui) les jeunes gens sont souvent retournés donner le lait aux chiots»[ama3o mmn mat3ok3e3njunoo o 3aa]«(aujourd’hui) on est souvent retourné pour polir ces pirogues-là mêmes ce matin»(litt.«(aujourd’hui) ces pirogues-là mêmes sont souvent retournées pour être polies cematin»)


224La forme alternante facultative est aussi attestée pour ce tiroir et, comme dansles tiroirs précé<strong>de</strong>nts, elle se caractérise par l’absence <strong>de</strong> l’un <strong>de</strong>s tons bas flottants.Toutefois, le processus <strong>de</strong> différenciation touche ici le <strong>de</strong>uxième pré-radical et s’observemême en classe 1. Les exemples suivants en témoignent :[myat3oken3nja][atoken3nja][wat3okeny3a ]«je suis retourné enseigner»«il/elle est retourné(e) enseigner»«ils/elles sont retourné(e)s manger»3- Le passé éloigné3.1- StructuresLes structures du passé éloigné sont les suivantes :Formes PV Fo RAD B Ext Préfin FinNeutreaa B B (a)/o/oFormes PV Fo PradBPrad A Tf RadAExt Préfin FinItérativeMovendiItérativemovendiaa aa aa o ø ø H B (a) /oe ø ø H B (a) /oo ke b H B (a) /oLe passé éloigné présente <strong>de</strong>ux structures à la forme neutre : une structure quis’utilise avec les préfixes personnels et le préfixe <strong>de</strong> classe 1 et une structure quis’utilise avec les préfixes <strong>de</strong> classes différents <strong>de</strong> la classe 1. La secon<strong>de</strong> se distingue <strong>de</strong>la première par l’adjonction d’un ton haut flottant au formatif et une finale basse. Dansles autres formes, seule la variante du formatif différencie les <strong>de</strong>ux structures.


2253.2- EmploiLe passé éloigné situe le procès dans un moment relativement éloigné dans letemps. Ce moment peut être révolu <strong>de</strong>puis un jour, une semaine, un mois voire <strong>de</strong>sannées, mais le locuteur dispose encore <strong>de</strong> repères pour situer l’événement.3.3- La forme neutreDans les formes construites avec les préfixes <strong>de</strong> personne et <strong>de</strong> classe 1, toutesles syllabes du post-radical sont réalisées hautes. Dans les formes construites avec lespréfixes <strong>de</strong> classes différents <strong>de</strong> la classe 1, le ton haut flottant associé au formatifremplace le ton bas du radical qui se redouble ensuite sur la syllabe suivante si elle n’estpas la syllabe finale <strong>de</strong> la forme verbale. Les réalisations <strong>de</strong> la forme neutre sont lessuivantes :- sans extension[myaol]«j’avais acheté»[aol]«il/elle avait acheté»[waol]«ils/elles avaient acheté»[awaomo]«tu étais envoyé»[aomo]«il/elle était envoyée(e)»[waomo]«ils/elles étaient envoyé(e)s»- avec extension[myaolz]«j’avais vendu»[aolz]«il/elle avait vendu»[waolz]«ils/elles avaient vendu»[awazano]«tu étais béni»[azano]«il/elle était béni(e)»[wazano]«ils/elles étaient béni(e)s»- avec les thèmes monosyllabiques[myanyen]«j’avais mangé»[anyen]«il/elle avait mangé»[wanyen]«ils/elles avaient mangé»[awayeno]«tu étais craint»[ayeno]«il/elle était craint (e)»[wayeno]«ils/elles étaient craint(e)s»


226- à la forme habituelle, intensive[azwanyen skondo yaw aa]«nous mangions <strong>de</strong>s carpes hier matin»[anome waen owa]«les hommes chassaient la nuit»[ambwao ma awa m m]«les pirogues allaient à la dérive aux environs <strong>de</strong> midi»On notera l’insertion <strong>de</strong> l’épenthèse |-en-| avec les thèmes monosyllabiques.On peut schématiser tout ceci comme suit :Forme verbale avec préfixe <strong>de</strong> personne→→→→|# a-zo-a+na-en-a-#||# a-zo-a+na-en--#||# a-zo-a+nya-en--#||# a-zo-a+nyen--#||# a-zo-a+nyen--#|[azwanyen]Forme verbale avec préfixe <strong>de</strong> classe autre que la classe 1→→→→|# wa-a +a-en-a-#||# wa-a +a-en--#||# wa-a +en--#||# wa-a+en--#||# wa-a+en--#|[waen]3.4- La forme itérativeVoici quelques exemples du passé éloigné itératif :[azwaon al eamuna]«nous avions l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> replanter <strong>de</strong>s citrouilles pendant la petite saison sèche»[aosaz namb 3y]«il avait l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> redécouper ses pagnes»[yma yaop3kzoo n ompua]«le linge était <strong>de</strong> nouveau emporté plusieurs fois par le vent»


227Dans les formes qui précè<strong>de</strong>nt, la finale est basse. Le ton haut du radical seredouble sur la syllabe qui le suit.3.5- La forme itérative-movendi[anwaokes3z wawo skon yn]«vous êtes souvent retournés leur faire faire <strong>de</strong>s provisions <strong>de</strong> bois <strong>de</strong>chauffage avant-hier»[mbon saok3eny3en pepe y at3t]«les chèvres avaient l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner manger les plants <strong>de</strong> bananiers»[ambo yaok3e3aloo ny mban o sn]«on repartait souvent inspecter les pièges <strong>de</strong>ux fois par semaine»litt. «les pièges étaient souvent allés pour être inspectés <strong>de</strong>ux fois par semaine»4- Le passé irréel4.1- StructuresLes structures du passé irréel sont les suivantes :Formes PV Fo RAD B Ext Préfin FinNeutre a B B (a) e/oFormes PV Fo Prad Prad Tf Rad Ext Préfin FinB AAItérative a o ø ø H B (a) e/oMovendi a e ø ø H B (a) e/oLes exemples suivants illustrent les réalisations du passé éloigné itératifmovendi.Itérativemovendia o ke b H B (a) e/o


228Dans ces structures, le ton haut flottant associé au formatif va remplacer le tondu préfixe s’il est bas et s’efface lorsqu’il haut. Le thème verbal reste inchangé dans laforme neutre. Dans les formes verbales itérative et movendi, la règle <strong>de</strong> redoublementdu ton haut du radical lexical sur la syllabe suivante s’applique d’abord avant l’actiondu ton haut flottant du formatif. Dans les formes itérative-movendi, les règles tonalesagissent <strong>de</strong> la même manière qu’à l’itératif ou au movendi. Toutefois, l’association duton bas flottant au ton haut du radical précè<strong>de</strong> l’action du ton haut flottant du formatif.4.2- EmploiLe passé irréel indique qu’un procès n’a pas été réalisé dans un momentantérieur par rapport au moment <strong>de</strong> l’énoncé et que les conséquences <strong>de</strong> cette absence<strong>de</strong> réalisation se manifestent. Le locuteur ressent un regret. Les différentes réalisationsselon l’aspect sont les suivantes :4.3- Le neutreLes exemples suivants illustrent les réalisations du passé irréel neutre :- sans extension[myaole]«si j’avais acheté»[aole]«s’il/si elle avait acheté»[waole]«s’ils/si elles avaient acheté»[awaomo]«si tu étais envoyé»[aomo]«s’il/si elle était envoyé(e)»[waomo]«s’ils/si elles étaient envoyé(e)s»- avec extension[myaolze]«si j’avais vendu»[aolze]«s’il/si elle avait vendu»[waolze]«s’ils/si elles avaient vendu»[awazano]«si tu étais béni»[azano]«s’il/si elle était béni(e)»[wazano]«s’ils/si elles étaient béni(e)s»


229- avec les thèmes monosyllabiques[myanye]«si j’avais mangé»[anye]«s’il/si elle avait mangé»[wanye]«s’ils/si elles avaient mangé»[awayo]«si tu étais craint»[ayo]«s’il/si elle était craint (e)»[wayo]«s’ils/si elles étaient craint(e)s»L’initiale <strong>de</strong> la forme verbale <strong>de</strong> classe 1, habituellement <strong>de</strong> ton bas, est iciréalisée avec un ton haut. Ce qui pourrait sous-entendre l’insertion d’un ton haut flottantà l’initiale <strong>de</strong> cette forme. On pourrait penser que cette insertion tonale est présente auxautres formes verbales (avant le préfixe) mais qu’elle ne s’y manifeste pas parce que lespréfixes verbaux <strong>de</strong> ces formes portent déjà un ton haut. A cette hypothèse qui estdéfendable en soi, nous avons préféré celle d’un formatif à ton haut précédé d’un autrehaut flottant, où les déclinaisons tonales s’effectuent comme suit :En classe 1→→|a- a +ol-z-e||a-a+ol-z-e||a+ol-z-e|[aolze] «s’il avait guéri»Dans les autres classes→→|a-o- a + ol-z-e||a-o-a + ol-z-e||a-w-a + ol-z-e|[awaolze] «si tu avais guéri»L’épenthèse |-en-| est facultative pour les verbes <strong>de</strong> thème monosyllabiquedans les formes passives. Les <strong>de</strong>ux formes coexistent dans la langue avec, toutefois, unepréférence pour la forme avec épenthèse. Ainsi, l’expression du passif ne se limite pastoujours au remplacement <strong>de</strong> la voyelle finale du verbe puisqu’il n’y a jamaisd’épenthèse à l’actif. Au passif, on a alternance :


230[nj3n yazwo yawo][e zanyo yn][ayo][nj3n yazeno yawo][e zanyeno yn][ayeno]«si la poule avait été plumée hier»«si le poisson avait été mangé avant-hier»«s’il/si elle avait été craint(e)»«si la poule avait été plumée hier»«si le poisson avait été mangé avant-hier»«s’il/si elle avait été craint(e)»4.4- La forme itérativeVoici quelques exemples qui illustrent le passé irréel itératif :[anwaokoe amao meetope]«si vous aviez l’habitu<strong>de</strong> d’attacher <strong>de</strong> nouveau les pirogues, elles ne seraient pasallées à la dérive»[aoploo n eoe a on ezele nyn pukulu]«s’il avait été <strong>de</strong> nouveau massé plus souvent avec assiduité il ne serait plus alité»[anome waoteee azeetonye wamba]«si les hommes chassaient souvent <strong>de</strong> nouveau, nous n’aurions pas connu la disette»litt.«si les hommes chassaient souvent <strong>de</strong> nouveau, nous n’aurions pas mangé ladisette»4.5- La forme itérative-movendiLes exemples suivants illustrent le passé irréel itératif-movendi.[anwaokes3zee wawo kon a nw azezele ku]«si vous aviez eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner leur faire faire <strong>de</strong>s provisions <strong>de</strong> bois <strong>de</strong>chauffage, nous ne serions pas sans feu»[mbon saokeny3ee pepe y at3t a n maman]«si les chèvres avaient eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> retourner manger les plants <strong>de</strong> bananiers, il n’yen aurait plus»[ambo yaoke3aloo ny mban o sn kamb yeetone]«si on avait eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> repartir inspecter les pièges <strong>de</strong>ux fois par semaine,l’antilope n’allait pas pourrir»litt. «si les pièges étaient souvent allés pour être inspectés <strong>de</strong>ux fois par semaine,l’antilope n’allait pas pourrir»


2315- Le pseudo-factif récentTerme que nous empruntons à Maniacky (2003), le pseudo-factif, récent ouéloigné, sert à exprimer une action qui était sur le point <strong>de</strong> s’accomplir. Le procès étantantérieur au moment <strong>de</strong> l’énonciation, il indique donc un passé. Bien qu’utilisant le préradical<strong>de</strong> l’itératif indispensable à son expression, le pseudo-factif est incompatibleavec la notion <strong>de</strong> répétition. Pour exprimer l’itératif, les locuteurs ajoutent à la formeverbale <strong>de</strong> base, le syntagme /ny nyn/ signifiant «une fois <strong>de</strong> plus».5.1- StructuresLes structures du pseudo-factif récent sont les suivantes :Formes PV Fo PradABPradARadAExt Préfin FinNeutreaa to ø H B (a) a/oMovendiaa to ke H B (a) a/oLes formes du pseudo-factif récent présentent <strong>de</strong>ux variantes du formatif selonque la forme verbale est constituée avec un préfixe personnel et/ou un préfixe <strong>de</strong> classequi n’est pas celui <strong>de</strong> la classe1, ou selon qu’elle est constituée avec le préfixe <strong>de</strong> classe1. Lorsque la forme verbale est constituée avec un préfixe <strong>de</strong> personne ou avec unpréfixe <strong>de</strong> classe différent <strong>de</strong> la classe 1, le formatif a une tonalité basse (représentédans le tableau par la première ligne dans les cases correspondantes). Lorsque la formeverbale est constituée avec le préfixe <strong>de</strong> classe 1, le formatif a une tonalité basse et estsuivi d’un ton haut flottant (représenté dans le tableau par la <strong>de</strong>uxième ligne dans lacase correspondante).Dans les formes du pseudo-factif comme dans plusieurs autres tiroirs, on noteral’alternance entre une finale haute (au neutre) et une finale basse qui déterminel’application <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux règles différentes en ce qui concerne les tons <strong>de</strong>s syllabes postradicales.Ainsi, à la forme neutre, la finale et le radical lexical étant hauts, les syllabespost-radicales sont réalisées hautes. A la forme movendi, en revanche, la finale étantbasse et le radical haut, le ton du radical se redouble sur la syllabe suivante si elle n’estpas en position finale <strong>de</strong> la forme verbale. Dans les formes verbales constituées avec lepréfixe <strong>de</strong> classe 1, le ton haut flottant associé au formatif remplace le ton bas du


232premier pré-radical qui, à son tour, s’associe au ton haut suivant et forme ainsi uneséquence BH. Cette séquence est réalisée haut-abaissée car elle est précédée d’un tonhaut.Enfin, au pseudo-factif récent, le premier pré-radical présenteexceptionnellement, une consonne initiale forte mais une tonalité basse, ce qui estsymbolisé dans le tableau par la mention AB.5.2- EmploiLe pseudo-factif récent indique la proximité du procès dans le passé par rapportau moment <strong>de</strong> l’énoncé. De ce fait, il présente quelques caractéristiques du passé récent,notamment la forme du radical et la voyelle finale. Les paragraphes ci-<strong>de</strong>ssous donnentses différentes réalisations.5.3- La forme neutreLes réalisations du pseudo-factif récent "neutre" sont les suivantes :- sans extension[myatokola]«j’ai failli acheter»[atok3ola]«il/elle a failli acheter»[watokola]«ils/elles ont failli acheter»[awatotomo]«tu as failli être envoyé»[atot3omo]«il/elle a failli être envoyé(e)»[watotomo]«ils/elles ont failli être envoyé(e)s»- avec extension[myatokolza]«j’ai failli vendre»[atok3olza]«il/elle a failli vendre»[watokolza]«ils/elles ont failli vendre»[awatosano]«tu as failli être béni»[atos3ano]«il/elle a failli être béni(e)»[watosano]«ils/elles ont failli être béni(e)s»


233- avec les thèmes monosyllabiques[myatonya]«j’ai failli manger»[atony3a]«il/elle a failli manger»[watonya]«ils/elles ont failli manger»[awatopo]«tu as failli être offert»[atop3o]«il/elle a failli être offert(e)»[watopo]«ils/elles ont failli être offert(e)s»- à la forme habituelle, intensive[ow3anto n atop3oswaa omb3na]«cette femme a failli tomber plusieurs fois dans la boue »[yma yatopkzoo n ompua]«le linge a failli être emporté plusieurs fois par le vent»movendi :5.4- La forme movendiVoici quelques exemples qui illustrent la forme du pseudo-factif récent[onjo atok3esuyaa kasa]«Igondjo a failli aller se mouiller pendant longtemps au marché»[anwatoketwaklaa a a3e n azee3atane]«vous aviez failli errer pendant longtemps dans la forêt si nous ne nous étionspas rencontrés»[mbon satokenyaaa pepe y at3t a3e n seek3mbzo]«les chèvres ont failli aller très souvent manger les plants <strong>de</strong> bananiers si ellesn’étaient pas chassées»


2346- Le pseudo-factif éloigné6.1- StructuresLes structures du pseudo-factif éloigné sont les suivantes :Formes PV Fo PradBNeutreaa PradARadAExt Préfin Fino ø H B (a) /oFormes PV Fo PradBMovendiaa PradARadAExt Préfin Fino ke H B (a) /oComme les formes du pseudo-factif récent, celles du pseudo-factif éloignéprésentent aussi <strong>de</strong>ux variantes du formatif, cette fois selon que la forme verbale estconstituée avec un préfixe personnel ou avec le préfixe <strong>de</strong> classe 1, ou selon qu’elle estconstituée avec le préfixe d’une autre classe. Lorsque la forme verbale est constituéeavec un préfixe <strong>de</strong> personne ou avec le préfixe <strong>de</strong> classe 1, le formatif a une tonalitébasse (représenté dans le tableau par la première ligne dans les cases correspondantes).Lorsque la forme verbale est constituée avec un autre préfixe <strong>de</strong> classe, le formatif a unetonalité basse et il est suivi d’un ton haut flottant (représenté dans le tableau par la<strong>de</strong>uxième ligne dans la case correspondante).On notera l’alternance entre une finale haute au neutre et une finale basse aumovendi qui détermine l’application <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux règles différentes en ce qui concerne lestons <strong>de</strong>s syllabes post-radicales.Dans les formes verbales constituées avec les préfixes <strong>de</strong> classes différents <strong>de</strong> laclasse 1, le ton haut flottant associé au formatif remplace le ton bas du premier préradicalqui, à son tour, s’associe au ton haut suivant et forme ainsi une séquence BH.Cette séquence est réalisée haut-abaissée car elle est précédée d’un ton haut.Les radicaux <strong>de</strong> type +CV(V)- sont dotés du morphème -en- au neutre et aumovendi.


2356.2- EmploiLe pseudo-factif éloigné indique un éloignement du procès dans le passé parrapport au moment <strong>de</strong> l’énoncé. Il présente <strong>de</strong>s caractéristiques communes tant auniveau formel que tonal avec le passé éloigné.6.3- Le pseudo-factif éloigné neutreDans la forme neutre, les syllabes post-radicales sont réalisées hautes puisque leradical et la finale sont hauts. Les exemples suivants illustrent les réalisations dupseudo-factif neutre.- sans extension[myaokol]«j’avais failli acheter»[aokol]«il/elle avait failli acheter»[waok3ol]«ils/elles avaient failli acheter»[awaotomo]«tu avais failli être envoyé»[aotomo]«il/elle avait failli être envoyé(e)»[waot3omo]«ils/elles avaient failli être envoyé(e)s»- avec extension[myaokolz]«j’avais failli vendre»[aokolz]«il/elle avait failli vendre»[waok3olz]«ils/elles avaient failli vendre»[awaosano]«tu avais failli être béni»[aosano]«il/elle avait failli être béni(e)»[waos3ano]«ils/elles avaient failli être béni(e)s»- avec les radicaux monosyllabiques[myaonyen]«j’avais failli manger»[aonyen]«il/elle avait failli manger»[waony3en]«ils/elles avaient failli manger»[awaopeno]«tu avais failli être offert»[aopeno]«il/elle avait failli être offert(e)»[waop3eno]«ils/elles avaient failli être offert(e)s»


236- à la forme habituelle, intensive[ow3anto wn aopos omb3na]«cette femme avait failli tomber plusieurs fois dans la boue»[ondoa w waony3ooo n os3 enomo]«ce coq-ci avait failli être mangé plusieurs fois par la genette pendant la saisonsèche»6.4- Le pseudo-factif éloigné movendiDans les formes du movendi, les règles tonales s’appliquent <strong>de</strong> la même façonqu’à la forme neutre. Toutefois, comme la finale est basse, le ton haut du radicalprincipal se redouble sur la syllabe qui suit. Dans les formes constituées avec lespréfixes <strong>de</strong>s classes différents <strong>de</strong> la classe 1, l’abaissement créé par le ton bas dissociéne touche donc qu’une suite <strong>de</strong> tons hauts qui se limite à la première syllabe du postradical.Voici quelques exemples qui illustrent le pseudo-factif éloigné movendi :[anwaoketwakl a a3e n azee3atane]«vous aviez failli aller errer pendant longtemps dans la forêt si nous ne nousétions pas rencontrés»[onjo aokenyen u e anjae]«Igondjo avait failli plusieurs fois aller manger les chenilles chez les Nzebi»[mbon saok3eyufoo a3e n ee3uwoo smbwa]«on avait failli plusieurs fois aller voler les chèvres s’il n’y avait pas eu <strong>de</strong> chiens»litt. «les chèvres avaient failli plusieurs fois aller pour être volées s’il n’y avait pas eu<strong>de</strong> chiens»


2372.4.2.1.3- Le futur affirmatif1- StructuresLes structures du futur sont les suivantes :Formes PV Imperf Fo RAD A Ext Préfin FinNeutre e / be H B (a) a/oFormes PV Imperf Fo Prad Tf Prad Rad Ext Préfin FinAA AItérative e / be to ø ø H B (a) a/oItérative e / be ke ø ø H B (a) a/oItérativemovendie / be to b ke H B (a) a/oDans les formes du futur comme dans plusieurs autres tiroirs, l’alternance entreune finale haute (au neutre) et une finale basse détermine l’application <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux règlesdifférentes en ce qui concerne les tons <strong>de</strong>s syllabes post-radicales. Ainsi, dans la formeneutre où la finale et le radical sont hauts, les syllabes post-radicales sont réaliséeshautes. Dans les autres formes où la finale est basse et le radical haut, le ton du radicalse redouble sur la syllabe suivante si elle n’est pas en position finale <strong>de</strong> la formeverbale. Après l’application <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux règles, le ton haut flottant, associé aumorphème <strong>de</strong> l’imperfectif, remplace le ton bas du formatif qui, à son tour, s’associe auton haut du premier pré-radical. Dans la forme itérative-movendi, cette étape <strong>de</strong> ladérivation tonale est précédée <strong>de</strong> l’association du ton bas flottant sur le <strong>de</strong>uxième préradical.2- EmploiLe futur situe le procès dans l’avenir, après le moment présent, sans repèretemporel précis. Il peut exprimer un avenir proche ou éloigné. La forme verbale peutêtre suivie <strong>de</strong> l’adverbe /nn/ "aujourd’hui" sans pour autant ôter la valeur "futur" auprocès. Le futur est exprimé par le morphème |-be-|placé après celui <strong>de</strong> l’imperfectif.


2383- La forme neutreVoici les réalisations du futur neutre :- sans extension[myeek3ola]«j’achèterai»[eek3ola]«il/elle achètera»[ek3ola]«ils/elles achèteront»[aeet3omo]«tu seras envoyé»[eet3omo]«il/elle sera envoyé(e)»[et3omo]«ils/elles seront envoyé(e)s»- avec extension[myeek3olza]«je vendrai»[eek3olza]«il/elle vendra»[ek3olza]«ils/elles vendront»[aees3ano]«tu seras béni»[ees3ano]«il/elle sera béni(e)»[es3ano]«ils/elles seront béni(e)s»- avec les thèmes monosyllabiques[myeeny3a]«je mangerai»[eeny3a]«il/elle mangera»[eny3a]«ils/elles mangeront»[aeety3o]«tu seras craint»[eety3o]«il/elle sera craint(e)»[ety3o]«ils/elles seront craint(e)s»On peut schématiser ces réalisations comme suit :→→|# m-e -be + kol-z-a#||# m-e -be + kol-z-a#||# m-e-be + kol-z-a#|[myeek3olza] «j’achèterai»


239→→→→|# a-e -be + na-a#||# a-e -be + nya-a#||# a-e-be + nya-a#||# e-be + nya-a#||# e-be + nya#|[eeny3a] «il mangera»4- La forme itérativeLes exemples suivants illustrent les formes du futur itératif :[azeet3oklala a3a mnyn sn3 m3]«nous réexaminerons plus souvent cette loi-là même la semaine prochaine»[oz eet3otomoo ncuu sy3a ]«Ogizi sera <strong>de</strong> nouveau envoyé plus souvent les jours qui viennent»[kondo set3oyomoo mn]«les carpes seront encore fumées plus souvent <strong>de</strong>main»Illustration :→→→|#azo-e -beto + kol-z-a#||#azo-e -be to + kol-z-a#||#azo-e-be to + kol-z-a#||#azw-e-be to + kol-z-a#|[azeet3okolza] «nous vendrons <strong>de</strong> nouveau»5- La forme itérative-movendiVoici quelques exemples illustratifs du futur itératif-movendi[azeet3ok3epaa 3a3nda nya]«nous retournerons donner plus souvent la nourriture aux étrangers»[awana et3ok3eya aa mn]«les enfants retourneront cueillir plus souvent les mangues <strong>de</strong>main»


240[awana et3ok3esunyoo o mben]«les enfants retourneront plus souvent pour être lavés au lac»[kma set3ok3eowalowaa w ampa] 50«les singes retourneront sautiller plus souvent dans les branches»2.4.2.2- Les formes affirmatives hors <strong>de</strong> l’indicatif2.4.2.2.1- Le subjonctif1- StructuresLes structures du subjonctif sont les suivantes :Formes PV Imperf Fo RAD B Ext Préfin Fin PostfinNeutre e/ a H B (a) e/o (e)Formes PV Imperf Fo PradBHTfPradARadAExt Préfin Fin PostfinItérative e/ a o ø ø H B (a) e/o (e)Movendi e/ a e ø ø H B (a) e/o (e)Itérativemovendie/ a o b ke H B (a) e/o (e)Les formes du subjonctif font partie <strong>de</strong> ces rares formes verbales où le radical(ou premier pré-radical) présente exceptionnellement une consonne initiale faible maisune tonalité haute, ce qui est symbolisé dans le tableau par la mention BH. Hormis cetteparticularité morpho-tonale, les formes du subjonctif ne présentent pas <strong>de</strong> difficultésdans l’application <strong>de</strong>s règles tonales. La règle <strong>de</strong> redoublement du ton haut du radicals’applique d’abord, puis dans la forme itérative-movendi, le ton bas flottant qui précè<strong>de</strong>le <strong>de</strong>uxième pré-radical s’associe au ton haut que porte ce <strong>de</strong>rnier et forme une séquenceBH qui est réalisée haut-abaissée.50 Les verbes redoublés se comportent <strong>de</strong> la même manière que les verbes simples. Toutefois, leconstituant issu du redoublement est toujours <strong>de</strong> type B et, tonalement, il semble appartenir au postradical.Ainsi par exemple, dans la forme verbale <strong>de</strong> «sautiller », le ton haut du premier constituant <strong>de</strong> laforme redoublée se répète sur la syllabe suivante et l’ensemble formé par le radical redoublé, la pré-finaleet la finale reste bas.


2412- EmploiLe subjonctif sert, à toutes les personnes, pour exprimer un ordre <strong>de</strong> manièreindirecte ou pour formuler un vœu, un souhait ou une suggestion. Employéinterrogativement, il exprime une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ou une permission. Le subjonctif est rendupar l’emploi du formatif morphème |-a-| placé après le morphème <strong>de</strong> l’imperfectifet celui <strong>de</strong>s finales |-e| à l’actif et |-o| au passif.3- La forme neutreLa forme neutre est réalisée comme suit :- sans extension[myeaole]«que j’achète»[eaole]«qu’il/elle achète»[aole]«qu’ils/elles achètent»[aeaomo]«que tu sois envoyé»[eaomo]«qu’il/elle soit envoyé(e)»[aomo]«qu’ils/elles soient envoyé(e)s»- avec extension[myeaolze]«que je ven<strong>de</strong>»[eaolze]«qu’il/elle ven<strong>de</strong>»[aolze]«qu’ils/elles ven<strong>de</strong>nt»[aeazano]«que tu sois béni»[eazano]«qu’il/elle soit béni(e)»[azano]«qu’ils/elles soient béni(e)s»- avec les thèmes monosyllabiques[myeanye]«que je mange»[eanye]«qu’il/elle mange»[anye]«qu’ils/elles mangent»[aeayo]«que tu sois craint»[eayo]«qu’il/elle soit craint(e)»[ayo]«qu’ils/elles soient craint(e)s»


242- à la forme renforcée[myeaklyee]«que je réfléchisse donc»[eaklyee]«qu’il/elle réfléchisse donc»[aklyee]«qu’ils/elles réfléchissent donc»[aeannjoe]«que tu sois donc enseigné»[eannjoe]«qu’il/elle soit donc enseigné(e)»[annjoe]«qu’ils/elles soient donc enseigné(e)s»4- La forme itérativeLes exemples illustrent le subjonctif itératif.[azeaos3eeee eamuna]«que nous ayons donc l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> défricher <strong>de</strong> nouveau(les plantations) pendantla petite saison sèche»[mama eaoy3mbunyee al 3olo]«que maman fasse balayer plus souvent la gran<strong>de</strong> cour»[al3asa maok3ezooe sn3 m3]«que les oranges soient donc redistribuées plus souvent la semaine prochaine»La forme [azeaos3eeee] constituée sur le radical +swa- dotée <strong>de</strong>l’épenthèse -a- est suivie d’une pré-finale qui a subi la règle <strong>de</strong> redoublement du tonhaut. Comme dans les formes du présent itérative-movendi constituée sur les radicaux<strong>de</strong> type +CCV, on doit aussi supposer qu’une première règle crée un ensemble radicalcomplexe +swa- à partir <strong>de</strong> la séquence formée par le radical +swa- et le morphèmeépenthétique +a- . Cet ensemble est dotée d’un ton haut puisque le radical est ici <strong>de</strong>type A.Illustration :→→→→|#azo-e-ao- +swa-a-a-e =e#||#azo-e-ao- +swa-e-e-e =e#||#azo-e-ao- +swe-e-e =e#||#azo-e-ao- +swe-e-e =e#||#azo-e-ao+swe-e-e =e#|[azeaos3eeee] «que nous ayons donc l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> défricher»


2435- La forme itérative-movendiLes exemples illustrent le subjonctif itératif-movendi.[aneaok3ekemee t h ut h u o nca]«que vous retourniez plus souvent extraire le vin <strong>de</strong> palme à Ntchonga»[as3esa maok3esambee ta3ulu n omanda]«que les jeunes filles retournent plus souvent apprêter la table plus tôt»[m yaok3epoyzooe ee kyapnd]«que les haches soient donc retournées plus souvent pour être aiguisées chez lecharpentier»2.4.2.2.2- L’impératif1- StructuresLes structures <strong>de</strong> l’impératif sont les suivantes :FormesRAD BExt Préfin FinPostfinMrenf MplNeutre B B (a) a/o (e) (an)Formes Prad B PradATfRadAExt Préfin FinPostfinMrenf MplItérativeintimativeItérativemovendiintimativeo ø ø H B (a) a/o (e) (an)o ke b H B (a) a/o (e) (an)FormesPradBHPradATfRadAExt Préfin FinPostfinMrenf MplItérative nonintimativeItérativemovendinonintimativeo ø ø H B (a) a/o (e) (an)o ke b H B (a) a/o (e) (an)


244Nous rappelons pour mémoire que la post-finale |=e| marque le renforcementou l’adoucissement d’un ordre avec dans le second cas, une connotation exhortative. Lapost-finale |=an|, quant à elle, marque le pluriel et l’inclusion.Les formes <strong>de</strong> l’impératif ne présentent pas <strong>de</strong> difficultés majeures dansl’application <strong>de</strong>s règles tonales. Cependant, pour les formes non intimatives, nous avonsété obligée <strong>de</strong> poser le premier pré-radical avec un ton haut bien qu’il ait la consonnefaible à l’initiale. Nous n’avons pas trouvé un meilleur traitement et ceci doit êtreconsidéré comme une irrégularité. En effet, poser un ton haut initial à ces formesimpliquerait une réalisation haut-abaissée sur la syllabe radicale ou sur le <strong>de</strong>uxième préradical,or ce n’est pas ce qui est attesté dans la langue.On notera par ailleurs, l’alternance entre une finale haute à la forme neutre etune finale basse dans les autres formes qui, nous le savons, détermine l’application <strong>de</strong>s<strong>de</strong>ux règles différentes en ce qui concerne les tons <strong>de</strong>s syllabes post-radicales. Ainsi, àla forme neutre, puisque la finale est haute, les syllabes post-radicales sont réaliséeshautes. Dans les autres formes, la finale étant basse, le haut du radical se redouble sur lasyllabe suivante à condition qu’elle ne soit pas en position finale <strong>de</strong> la forme verbale.Dans les formes itératives-movendi, il s’ensuit que, après l’application <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>uxrègles, le ton bas flottant qui suit le <strong>de</strong>uxième pré-radical s’associe au ton haut duradical et forme ainsi une séquence BH réalisée haut-abaissée puisqu’elle est placéeaprès une syllabe haute.2- EmploiL’impératif sert à exprimer un ordre donné à une ou à plusieurs personnes.3- La forme neutreExemples :- sans extension[ola] «achète» [omo] «sois envoyé»[olan] «achetez» [omon] «soyez envoyés»- avec extension[olza] «vends» [zano] «sois béni»[olzan] «ven<strong>de</strong>z» [zanon] «soyez bénis»


245- avec les thèmes monosyllabiques[nya] «mange» [yo] «sois craint»[nyan] «mangez» [yon] «soyez craints»- à la forme renforcée[yanjae] «travaille donc» [zanoe] «sois donc béni»[yanjaen] «travaillez donc» [zanoen] «soyez donc bénis»- à la forme habituelle, intensive[zazaa]«découpe souvent»[zazaaen]«découpez donc souvent»[ylyaylyoo]«sois affermi souvent»[ylyaylyooen]«soyez donc affermis souvent»On remarquera qu’ici, la semi-vocalisation ne s’applique pas à la voyelle finale/o/ au contact <strong>de</strong> la voyelle initiale /a/ du morphème pluriel alors que le contextephonologique et la nature <strong>de</strong>s voyelles s’y prêtent. On assiste, en revanche, à l’élision <strong>de</strong>la secon<strong>de</strong> voyelle. De la même manière, la voyelle /a/ du morphème du pluriel s’éli<strong>de</strong>systématiquement après la voyelle /e/ du morphème <strong>de</strong> renforcement. On pourraitégalement dire que dans ces cas-ci, le morphème <strong>de</strong> pluriel est représenté par sonallomorphe - n.4- La forme itérative intimativeL’impératif itératif intimatif exprime une idée <strong>de</strong> défi et qui pourrait être traduitepar "essaie <strong>de</strong> le refaire et tu verras", cette idée <strong>de</strong> défi étant absente dans la forme nonintimative.Exemples :- à la forme renforcée 51[okolae]«achète donc <strong>de</strong> nouveau»[okola3en]«achetez donc <strong>de</strong> nouveau»[otomoe]«sois donc envoyé <strong>de</strong> nouveau»[otomo3en]«soyez donc envoyés <strong>de</strong> nouveau»51 A la forme renforcée, l’idée <strong>de</strong> défi pourrait se traduire par : "refais-le maintenant si tu peux", à laforme active.


246- à la forme habituelle, intensive[osazaa]«redécoupe souvent»[osazaaen]«redécoupez donc souvent»[onnjoo]«sois <strong>de</strong> nouveau enseigné souvent»[onnjooen]«soyez donc <strong>de</strong> nouveau enseignés souvent»On remarquera la réalisation haute <strong>de</strong> -e alors que structurellement il est baspuisqu’il a la même tonalité que la finale verbale. Cette réalisation haute s’explique parle fait que, le ton haut, <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision <strong>de</strong> /a/ <strong>de</strong> -an, s’associe auton bas <strong>de</strong> -e. La séquence BH issue <strong>de</strong> cette association se simplifie en un ton hautsimple car elle est précédée d’un ton bas.5- La forme itérative-movendi intimativeVoici quelques exemples qui illustrent l’impératif itératif-movendi intimatif.- avec les thèmes monosyllabiques[okeny3a ] [okety3o ]«retourne manger»«retourne pour être craint»[okeny3an][okety3on]«retournez manger»«retournez pour être craints»- à la forme renforcée[okek3olae] 52«retourne donc acheter»[okek3ola3en]«retournez donc acheter»[oket3omoe]«retourne donc pour être envoyé»[oket3omo3en]«retournez donc pour être envoyés»- à la forme habituelle, intensive[okes3azaa]«retourne souvent découper»[okes3azaaen]«retournez donc découper souvent»[oken3njoo]«retourne souvent pour être enseigné»[oken3njooen]«retournez donc pour être enseignéssouvent»52 Nous rappelons pour mémoire que le morphème |-e|qui marque un renforcement ou un conseil, secomporte comme une finale et fait passer la finale dans le post-radical, d’où le ton haut qu’on observe surla finale verbale /a/


2476- La forme itérative non intimativeLes exemples suivants illustrent l’impératif itératif non intimatif.- à la forme renforcée[okolae]«achète donc <strong>de</strong> nouveau»[okola3en]«achetez donc <strong>de</strong> nouveau»[otomoe]«sois donc envoyé <strong>de</strong> nouveau»[otomo3en]«soyez donc envoyés <strong>de</strong> nouveau»On notera que, contrairement à ce qui se passe dans la forme renforcée où le tonhaut du radical du verbe principal se redouble sur la syllabe suivante, qui est ici la finaleverbale, ce redoublement ne s’effectue pas dans la forme [okol3an] «achetez <strong>de</strong>nouveau» où la post-finale est le morphème du pluriel, ce qui se traduit par la réalisationhaut-abaissée <strong>de</strong> l’avant <strong>de</strong>rnière syllabe.- à la forme habituelle intensive[osazaa]«redécoupe souvent»[osazaaen]«redécoupez donc souvent»[onnjoo]«sois enseigné souvent»[onnjooen]«soyez donc <strong>de</strong> nouveau enseigné souvent»7- La forme itérative-movendi non intimativeVoici quelques exemples <strong>de</strong> l’impératif itératif-movendi non intimatif :- avec les thèmes monosyllabiques[okeny3a ] [okemy3o ]«retourne manger»«retourne pour être connu»[okeny3an][okemy3on]«retournez manger»«retournez pour être connus»- à la forme renforcée[okek3olae]«retourne donc acheter»[okek3ola3en]«retournez donc acheter»[oket3omyoe]«retourne donc pour être connu»[oket3omyo3en]«retournez donc pour être connus»


248- à la forme habituelle, intensive[okes3azaa]«retourne découper souvent»[okes3azaaen]«retournez donc découper souvent»[oken3njoo]«retourne pour être enseigné souvent»[oken3njooen]«retournez donc pour être enseignéssouvent»Remarque :Le tiroir <strong>de</strong> l’impératif movendi n’est pas attesté. Pour exprimer l’idée <strong>de</strong>déplacement, les locuteurs utilisent une forme composée construite avec l’impératif duverbe aller et une forme infinitive du verbe à conjuguer. En revanche, la formecombinée itérative-movendi, elle, est attestée. Voici quelques exemples <strong>de</strong> cette formecomposée :[n<strong>de</strong> y3anje][n<strong>de</strong> y3anj3en]«va travailler»«allez travailler»[n<strong>de</strong> p3klyee][n<strong>de</strong> p3klyeen]«va donc réfléchir»«allez donc travailler»La finale <strong>de</strong> l’auxiliaire est normalement la voyelle /a/ comme dans les formesimpératives "simples". La réalisation /e/ qu’on note ici est issue <strong>de</strong> l’application <strong>de</strong> larègle qui prévoit la représentation par /e/ <strong>de</strong> a+i (i étant l’augment latent <strong>de</strong>l’infinitif). On notera, par ailleurs, que la finale du verbe principal est /e/, ce qui estprobablement une marque aspectuelle puisque dans le tiroir composé du passé éloigné,le verbe principal a une finale -i qui est la marque <strong>de</strong> l’accompli, comme entémoignent les exemples suivants :[azwawute taun zo][myawute manz]«nous avons voulu le lire»«j’avais voulu terminer»Dans ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers exemples, on notera que l’auxiliaire a une finale /e/,alors qu’à la forme simple, la finale est la voyelle –i : [azwawut] «nous avionscherché». La conjugaison composée n’étant pas abordée dans le cadre <strong>de</strong> ce travail,nous donnons ces exemples qu’à titre indicatif. Toutefois, ces données sontintéressantes pour l’analyse linguistique et mériteraient <strong>de</strong>s recherches plusapprofondies.


2492.4.2.2.3- L’exhortatif1- StructuresLes structures <strong>de</strong> l’exhortatif sont les suivantes :Formes Fo RAD B Ext Préfin FinPostfinMrenf MplNeutre a H B (a) o (e) (an)Formes Fo PradBHTf Prad A Tf RadAExt Préfin FinPostfinMrenf MplItérative a o ø ø b H B (a) o (e) (an)Movendi a e ø ø b H B (a) o (e) (an)ItérativemovendinonmarquéeItérativemovendimarquéea o b ke ø H B (a) o (e) (an)a o b ke b H B (a) o (e) (an)Comme au subjonctif, les formes <strong>de</strong> l’exhortatif présentent un radical (oupremier pré-radical) à consonne initiale faible mais à tonalité haute, ce qui est symbolisédans le tableau par la mention BH. L’exhortatif distingue, par ailleurs, une formeitérative-movendi non-marquée et une forme itérative-movendi marquée. Les <strong>de</strong>uxformes se différencient par l’absence ou la présence d’un ton bas flottant avant le radicallexical.Les formes <strong>de</strong> l’exhortatif ne présentent pas <strong>de</strong> difficultés majeures dansl’application <strong>de</strong>s règles tonales. Après l’application <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> redoublement du tonhaut du radical sur la syllabe suivante, chaque ton bas flottant s’associe au ton haut <strong>de</strong> lasyllabe qui le suit et forme avec lui une séquence BH réalisée haut-abaissé.2- EmploiL’exortatif sert à exprimer une invitation, une recommandation. Il combine à lafois les caractéristiques du subjonctif (par le formatif), <strong>de</strong> l’impératif (par l’absence <strong>de</strong>préfixe) et celle du passif (par la finale). L’exortatif n’existe qu’à la première personne


250du pluriel sous <strong>de</strong>ux formes distinctes : une forme exclusive <strong>de</strong>s interlocuteurs et uneforme inclusive. On notera la neutralisation <strong>de</strong> la voix.3- La forme neutreLes réalisations <strong>de</strong> la forme neutre sont les suivantes :Exemples :- sans extensionForme exclusive : [aolo] «achetons»Forme inclusive : [aol3on] «achetons nous tous»- avec extensionForme exclusive : [aolzo] «vendons»Forme inclusive : [aolz3on] «vendons nous tous»- avec les thèmes monosyllabiquesForme exclusive : [anyo] «mangeons»Forme inclusive : [anyon] «mangeons nous tous»- à la forme insistante- sans extensionForme exclusive : [aoloe] «achetons donc»Forme inclusive : [aolo3en] «achetons donc nous tous»- avec extensionForme exclusive : [aolzoe] «guérissons donc»Forme inclusive : [aolzoen] «guérissons donc nous tous»- avec les thèmes monosyllabiquesForme exclusive : [anyoe] «mangeons donc»Forme inclusive : [anyo3en] «mangeons donc nous tous»


251A la forme habituelle- sans extensionForme exclusive : [aoloo] «ayons l’habitu<strong>de</strong> d’acheter»Forme inclusive : [aolo3on] «ayons tous l’habitu<strong>de</strong> d’acheter»- avec extensionForme exclusive : [aolzoo] «ayons l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> guérir»Forme inclusive : [aolizoon] «ayons tous l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> guérir»- avec les thèmes monosyllabiquesForme exclusive : [anyooo] «ayons l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> manger»Forme inclusive : [anyoo3on] «ayons tous l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> manger»Tout comme au subjonctif et à l’impératif, on notera que la règle qui prévoit leredoublement du ton du radical sur la syllabe suivante ne s’applique pas à la finaleverbale lorsque la forme comporte la post-finale =an.4- La forme itérativeVoici quelques exemples <strong>de</strong> la forme itérative :- sans extensionForme exclusive : [aok3olo] «rachetons»Forme inclusive : [aok3ol3on] «rachetons tous ensemble»- avec extensionForme exclusive : [aok3olzo] «revendons»Forme inclusive : [aok3olz3on] «revendons tous ensemble»- avec les thèmes monosyllabiquesForme exclusive : [aony3o ] «mangeons <strong>de</strong> nouveau»Forme inclusive : [aony3on] «mangeons <strong>de</strong> nouveau tous ensemble»- à la forme renforcéeForme exclusive : [aon3amboe] «cuisinons donc <strong>de</strong> nouveau»Forme inclusive : [aon3ambo3en] «cuisinons donc <strong>de</strong> nouveau tous ensemble»


252- à la forme habituelle, intensiveForme exclusive : [aok3ambnoo] «prions <strong>de</strong> nouveau souvent»Forme inclusive : [aok3ambnoon] «prions <strong>de</strong> nouveau tous ensemble souvent»5- La forme itérative-movendi non-marquéeLa forme itérative-movendi non-marquée indique que la réalisation du procès estrepoussée à un moment ultérieur, relativement éloigné par rapport au moment <strong>de</strong>l’énonciation.Exemples :- sans extensionForme exclusive : [aok3ekolo] «retournons acheter (plus tard)»Forme inclusive : [aok3ekol3on] «retournons tous ensemble acheter (plus tard)»- avec extensionForme exclusive : [aok3ekolzo] «retournons vendre (plus tard)»Forme inclusive : [aok3ekolz3on] «retournons tous ensemble vendre (plustard)»- avec les thèmes monosyllabiquesForme exclusive : [aok3enyo] «retournons manger (plus tard)»Forme inclusive : [aok3enyon] «retournons tous ensemble manger (plustard)»- à la forme renforcéeForme exclusive : [aok3enamboe] «retournons donc cuisiner (plus tard)»Forme inclusive : [aok3enambo3en] «retournons donc tous ensemble cuisiner(plus tard)»- à la forme habituelle, intensiveForme exclusive : [aok3ekambnoo] «retournons souvent prier (plus tard)»Forme inclusive : [aok3ekambnoon] «retournons souvent prier tousensemble (plus tard)»


2536- La forme itérative-movendi marquéeLa forme itérative-movendi marquée indique le souhait que la réalisation duprocès ait lieu <strong>de</strong> manière imminente après le moment <strong>de</strong> l’énonciation.Exemples :- sans extensionForme exclusive : [aok3ek3olo] «retournons (vite) acheter»Forme inclusive : [aok3ek3ol3on] «retournons (vite) tous ensemble acheter»- avec extensionForme exclusive : [aok3ek3olzo] «retournons (vite) vendre»Forme inclusive : [aok3ek3olz3on] «retournons (vite) tous ensemble vendre»- avec les thèmes monosyllabiquesForme exclusive : [aok3eny3o ] «retournons (vite) manger»Forme inclusive : [aok3eny3on] «retournons (vite) tous ensemble manger»- à la forme renforcéeForme exclusive : [aok3en3amboe] «retournons donc (vite) cuisiner»Forme inclusive : [aok3en3ambo3en] «retournons donc tous ensemble (vite)cuisiner»- à la forme habituelle, intensiveForme exclusive : [aok3ek3ambnoo] «retournons(vite) souvent prier»Forme inclusive : [aok3ek3ambnoon] «retournons(vite) souvent prier tousensembles»2.4.3- La conjugaison négativeLes tiroirs du négatif sont moins nombreux que ceux <strong>de</strong> l’affirmatif. Il arrivequ’à différents tiroirs <strong>de</strong> l’affirmatif correspon<strong>de</strong> une seule forme négative ; nousl’indiquerons le cas échéant. Le négatif est à considérer comme un ordre spécifique etnon comme la simple négation <strong>de</strong> l’affirmatif. En effet, les tiroirs du négatif ne dériventpas directement <strong>de</strong> ceux <strong>de</strong> l’affirmatif. Si, au niveau morphologique, le négatif estmarqué par l’insertion du morphème <strong>de</strong> négation et qu’on peut, <strong>de</strong> ce fait, faire dériverles structures <strong>de</strong>s tiroirs du négatif <strong>de</strong>s tiroirs correspondants <strong>de</strong> l’affirmatif, au niveautonal, cette opération s’avère difficile. C’est pourquoi, les tiroirs du négatif serontanalysés comme <strong>de</strong>s structures indépendantes <strong>de</strong> celles <strong>de</strong>s tiroirs <strong>de</strong> l’affirmatif.


254Par ailleurs, on notera que certains tiroirs du négatif manifestent <strong>de</strong>s tons <strong>de</strong>phrase (Tfp). Ces tons <strong>de</strong> phrase sont <strong>de</strong>s tons flottants (haut ou bas) qui envahissentnon seulement les morphèmes verbaux placés après eux, mais également tous leslexèmes qui suivent jusqu’à la fin <strong>de</strong> l’énoncé. Nous l’indiquerons le cas échéant.Enfin, le morphème <strong>de</strong> l’imperfectif, qui est |-e-| ou |--|selon les préfixesverbaux considérés à la conjugaison affirmative, est partout |-e-| dans la conjugaisonnégative. L’emploi <strong>de</strong> la variante |--|dans les formes verbales négatives construitesavec les préfixes <strong>de</strong> classes autres que le préfixe verbal <strong>de</strong> classe1 est admis par lalangue, mais les locuteurs lui préfèrent la forme en |-e-|. C’est pourquoi, la variante|--|est mise entre parenthèse dans le tableau. A l’inceptif, en revanche, c’est cette<strong>de</strong>rnière que les locuteurs préfèrent utiliser.2.4.3.1- Les tiroirs <strong>de</strong> l’indicatif négatif2.4.3.1.1- Le présent1- StructuresLes structures du présent négatif sont les suivantes :Formes PV Imperf Nég Tfp RAD A Ext Préfin FinNeutre e/() e b H B a a/o…#Formes PV Imperf Nég Tfp Prad Prad Rad Ext Préfin FinA A AItérativee/() e b to ø H B a a/o…#Movendie/() e b ke ø H B a a/o…#Itérativemovendie/() e b to ke H B a a/o…#Les formes du présent négatif manifestent un ton bas <strong>de</strong> phrase (Tfp) situé avantla première syllabe du radical ou du premier pré-radical et la limite <strong>de</strong> son action àdroite est la fin <strong>de</strong> la phrase, ce que marque le symbole <strong>de</strong> la limite <strong>de</strong> phrase # figurantdans le tableau. Ainsi, toutes les syllabes qui suivent le ton bas <strong>de</strong> phrase, sont réaliséesavec un ton bas. La négation porte donc sur l’ensemble <strong>de</strong> l’énoncé.


2552- La forme neutreLa forme neutre nie toutes les actions exprimées par le présent neutre affirmatif.Les exemples suivants illustrent le présent négatif neutre.- sans extension[myeekola]«je n’achète pas»[eekola]«il/elle n’achète pas»[eekola]«ils/elles n’achètent pas[aeetomo]«tu n’es pas envoyé»[eetomo]«il/elle n’est pas envoyé(e)»[eetomo]«ils/elles ne sont pas envoyé(e)s»- avec extension[myeekolza]«je ne vends pas»[eekolza]«il/elle ne vend pas»[eekolza]«ils/elles ne ven<strong>de</strong>nt pas»[aeesano]«tu n’es pas béni»[eesano]«il/elle n’est pas béni(e)»[eesano]«ils/elles ne sont pas béni(e)s»- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[myeenya]«je ne mange pas»[eenya]«il/elle ne mange pas»[eenya]«ils/elles ne mangent pas»[aeetyo]«tu n’es pas craint»[eetyo]«il/elle n’est pas craint(e)»[eetyo]«ils/elles ne sont pas craint(e)s»- à la forme habituelle, intensive[myeewalwaa] [aeetyooo]«je ne dors pas souvent»«tu n’es pas souvent craint»[eewalwaa][eetyooo]«il/elle ne dort pas souvent» «il/elle n’est pas souvent craint(e)»[eewalwaa][eetyooo]«ils/elles ne dorment pas souvent» «ils/elles ne sont pas souvent craint(e)s»


256- en phrases[azeeuta n awana an<strong>de</strong> o kul ano oa]«nous ne voulons pas que les enfants aillent puiser <strong>de</strong> l’eau la nuit»[s yeenya awana w njn oa]«les éperviers ne mangent pas les poussins pendant la nuit»3- La forme itérativeLe présent itératif négatif correspond à la négation <strong>de</strong> toutes les actionsexprimées par le présent persistif. Voici quelques exemples illustratifs <strong>de</strong> la formeitérative du présent négatif.[azeetouta n awana an<strong>de</strong> o kul ano oa]«nous ne voulons plus que les enfants aillent puiser <strong>de</strong> l’eau la nuit»[s yeetonyaa awana njn anaa]«les éperviers ne mangent plus les poussins <strong>de</strong>vant les gens»[as3esa meetonambn awanj ncuu sn]«les jeunes filles ne cuisinent plus pour les jeunes gens ces jours-ci»4- La forme itérative-movendiLe présent itératif-movendi négatif correspond à la négation <strong>de</strong> toutes les actionsexprimées par le présent persistif movendi. Les exemples suivants illustrent les formesdu présent itératif-movendi négatif :[kon seetokesoo nee]«on ne retourne plus souvent couper les bois <strong>de</strong> chauffage dans les îles»litt. «les bois <strong>de</strong> chauffage ne retournent plus souvent pour être coupés dans les îles»[mbwa seetokeyufae oala]«les chiens ne retournent plus souvent voler les poissons sur la claie»


2572.4.3.1.2- L’inceptif négatif1- StructuresLes structures <strong>de</strong> l’inceptif négatif sont les suivantes :Formes PV Imperf Nég RAD A Tfp Ext Préfin FinNeutre (e)/ pa H b B a a/o…#Formes PV Imperf Nég PradATfpPradARadAExt Préfin FinItérativeMovendiItérativemovendi(e)/ pa to b ø H B a a/o…#(e)/ pa ke b ø H B a a/o…#(e)/ pa to b ke H B a a/o…#Comme pour le présent, l’inceptif négatif manifeste un ton bas <strong>de</strong> phrase qui vaenvahir non seulement tous les morphèmes verbaux qui sont placés après lui, maiségalement tous les lexèmes qui suivent la forme verbale. Mais contrairement aux formesdu présent où le ton bas <strong>de</strong> phrase se place immédiatement après le morphème <strong>de</strong>négation, le ton bas <strong>de</strong> phrase <strong>de</strong> l’inceptif se place après le radical ou après le premierpré-radical.2- EmploiL’inceptif négatif exprime un procès non entamé, non encore réalisé au moment<strong>de</strong> l’énonciation.3- La forme neutreLa forme neutre <strong>de</strong> l’inceptif négatif correspond à la négation <strong>de</strong> toutes lesactions exprimées par le résultatif.


258Exemples :- sans extension[myepakola]«je n’ai pas encore acheté»[epakola]«il/elle n’a pas encore acheté»[pakola]«ils/elles n’ont pas encore acheté»[aepakoko]«tu n’es pas encore appelé»[epakoko]«il/elle n’est pas encore appelé(e)»[pakoko]«ils/elles ne sont pas encore appelé(e)s»- avec extension[myepakolza]«je n’ai pas encore vendu»[epakolza]«il/elle n’a pas encore vendu»[pakolza]«ils/elles n’ont pas encore vendu»[aepasano]«tu n’es pas encore béni»[epasano]«il/elle n’est pas encore béni(e)»[pasano]«ils/elles ne sont pas encore béni(e)s»- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[myepanya]«je n’ai pas encore mangé»[epanya]«il/elle n’a pas encore mangé»[panya]«ils/elles n’ont pas encore mangé»[aepatyo]«tu n’es pas encore craint»[epatyo]«il/elle n’est pas encore craint(e)»[patyo]«ils/elles ne sont pas encore craint(e)s»- en phrases[azepatom awana mwn o pe ano ol ee o nomba]«nous n’avons pas encore envoyé ces enfants-là puiser <strong>de</strong> l’eau à la source qui se trouvedans la montagne»[ambo ypaalo ncuu sn]«les pièges n’ont pas encore été vérifiés ces jours-ci »


259Remarque :A la forme habituelle, intensive, il est exprimé que le procès n’a jamais étéréalisé, pas même une seule fois au moment <strong>de</strong> l’énonciation. On a ainsi :[myepakuyaa][aepaploo]«je n’ai pas jamais conduit»«tu n’as jamais été massé»[epakuyaa][epaploo]«il/elle n’a jamais conduit»«il/elle n’a jamais été massé(e)»[pakuyaa] [paploo]«ils/elles n’ont jamais conduit» «ils/elles n’ont jamais été massé(e)s»4- La forme itérativeLa forme itérative <strong>de</strong> l’inceptif négatif nie toutes les actions exprimées par leprésent itératif affirmatif. Voici quelques exemples <strong>de</strong> l’inceptif itératif négatif :[azepatotom awana mwn o pe anio ol ee o nomba]«nous n’avons plus envoyé ces enfants-là puiser <strong>de</strong> l’eau à la source qui se trouve dans lamontagne»[awana patos te al mn]«les enfants n’ont plus eu les cheveux coupés ces mois-ci»5- La forme itérative-movendiLa forme itérative-movendi <strong>de</strong> l’inceptif négatif nie toutes les actions expriméespar le présent itératif-movendi affirmatif. En voici quelques exemples :[auwu mawo mpatokenyooo n awana lekl]«les écoliers ne sont plus souvent retournés pour manger leurs corossols»litt. «leurs corossols ne sont plus souvent retournés pour être mangés par les enfants<strong>de</strong> l’école»[anome patokepan ambwao py n ol]«les hommes ne sont plus retournés sculpter les pirogues près <strong>de</strong> la rivière»


2602.4.3.1.3- Le passé1- StructuresLes structures du passé négatif sont les suivantes :Formes PV Imperf Nég Tf RAD A Ext Préfin FinNeutre e/() e b H B (a) e/oFormes PV Imperf Nég Tf PradATfPradATfRadAExt Préfin FinItérativenonmarquéeItérativemarquéee/() e b to ø ø ø H B (a) e/oe/() e b to ø ø b H B (a) e/oe/() e b ke ø ø ø H B (a) e/oe/() e b keøø b H B (a) e/oMovendinonmarquéMovendimarquéeItérativemovendinonmarquéeItérativemovendimarquéee/() e b to ø ke b H B (a) e/oe/() e b to b ke b H B (a) e/oOn notera que le passé négatif a les mêmes structures tonales que celles duprésent affirmatif. Ainsi, le radical du verbe principal étant <strong>de</strong> type A, le ton haut qu’ilporte va se redoubler sur la syllabe suivante. A l’itératif et au movendi, la formemarquée diffère <strong>de</strong> la forme non marquée par la présence d’un ton bas flottant quiprécè<strong>de</strong> le radical verbal. A l’itératif-movendi, elle se distingue par la présence d’un tonbas flottant qui précè<strong>de</strong> le second pré-radical, le radical lui-même étant précédé d’unton bas flottant tant à la forme non marquée qu’à la forme marquée. Tous les tonsflottants bas se combinent au ton haut <strong>de</strong> la syllabe qui suit <strong>de</strong> manière à former <strong>de</strong>sséquences BH qui seront réalisées haut-abaissées si la syllabe qui les précè<strong>de</strong> porte unton haut.


2612- EmploiLe passé négatif correspond à la négation <strong>de</strong> tous les tiroirs affirmatifs du passé.Contrairement à ce qui se passe au présent et à l’inceptif où l’expression <strong>de</strong> la négationporte sur l’entièreté <strong>de</strong> l’énoncé, la négation ne se manifeste ici que sur le prédicatpuisque le passé négatif ne comporte aucun ton <strong>de</strong> phrase.3- La forme neutreLa forme neutre du passé négatif correspond à la négation <strong>de</strong> la forme neutre dupassé récent, du passé éloigné et du passé irréel. Les exemples suivants illustrent lesréalisations <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> base du passé négatif.- sans extension[myeek3ole]«je n’ai pas acheté»[eek3ole]«il/elle n’a pas acheté»[eek3ole]«ils/elles n’ont pas acheté»[aneep3njo]«vous n’avez pas été élus»[eep3njo]«il/elle n’a pas été élu(e)»[eep3njo]«ils/elles n’ont pas été élu(e)s»- avec extension[myeek3olze]«je n’ai pas vendu»[eek3olze]«il/elle n’a pas vendu»[eek3olze]«ils/elles n’ont pas vendu»[anees3ano]«vous n’avez pas été bénis»[ees3ano]«il/elle n’a pas été béni(e)»[ees3ano]«ils/elles n’ont pas été béni(e)s»- avec <strong>de</strong>s radicaux verbaux monosyllabiques[myeeny3e ] [aneety3o ]«je n’ai pas mang黫vous n’avez pas été craints»[eeny3e ] [eety3o ]«il/elle n’a pas mang黫il/elle n’a pas été craint(e)»[eeny3e ] [eety3o ]«ils/elles n’ont pas mang黫ils/elles n’ont pas été craint(e)s»


262- à la forme habituelle, intensive[oandaa ee3ne aa m ay3oo n az]«Ogandaga ne ramassait pas les mangues sauvages avec nous »[koo seek3ooo omanda]«les contes n’étaient pas racontés le jour»4- Les formes itérativesLes formes itératives du passé négatif nient toutes les actions exprimées par lespassés itératifs affirmatifs. La forme itérative marquée exprime une forte négation parrapport à la forme non-marquée, tandis que la forme itérative non-marquée exprime unenégation atténuée par rapport à la forme marquée.4.1- La forme itérative non-marquéeLes exemples suivants illustrent le passé itératif non marqué :[azeet3onmze ncaa]«nous n’avions plus l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire désherber les plantations»[eet3osezee ncaa smpolo]«il n’avait plus l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire défricher <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s plantations»[awana eet3osumnee ez3en oa]«les enfants n’ont plus eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre au débarcadère la nuit»4.2- La forme itérative marquéeEn reprenant les exemples ci-<strong>de</strong>ssus, nous obtenons les réalisations du passéitératif marqué suivantes :[azeet3on3mze ncaa]«nous n’avions (assurément) plus l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire désherber les plantations»[eet3os3zee ncaa smpolo]«il n’avait (assurément) plus l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire défricher <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s plantations»[awana eet3os3umnee ez3en oa]«les enfants n’ont (assurément) plus eu l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre au débarcadère lanuit»


2635- Les formes itératives-movendi5.1- La forme itérative-movendi non marquéeLes exemples suivants illustrent le passé négatif itératif-movendi non marqué :[myeet3oke3on aa m ayoo]«je ne suis plus retourné ramasser <strong>de</strong>s mangues sauvages»[eet3okek3one awan koo]«il n’est plus retourné raconter aux enfants les contes»[eet3oke3ale ambo n eoe]«ils ne sont plus retournés régulièrement visiter les pièges avec assiduité»5.2- La forme itérative-movendi marquéeEn reprenant les exemples ci-<strong>de</strong>ssus, nous avons les réalisations suivantes dupassé négatif itératif-movendi marqué:[myeet3ok3e3on aa m ayoo]«je ne suis (assurément)plus retourné ramasser <strong>de</strong>s mangues sauvages»[eet3ok3ek3one awan koo]«il n’est (assurément) plus retourné raconter aux enfants les contes»[eet3ok3e3ale ambo n eoe]«ils ne sont (assurément) plus retournés régulièrement visiter les pièges avecassiduité»2.4.3.1.4- Le pseudo-factif1- StructuresLes structures du pseudo-factif négatif sont les suivantes :Formes PV Imperf Nég PradABPradARadAExt Préfin FinNeutre e/() e to ø H B (a) e/oMovendi e/() e to ke H B (a) e/o


264Comme dans les formes affirmatives, les formes du pseudo-factif négatifprésentent une irrégularité tonale du premier pré-radical. En effet, bien qu’il ait laconsonne initiale forte, ce morphème a une tonalité basse. On notera, par ailleurs,l’alternance entre une finale haute à la forme neutre et une finale basse à la formemovendi. Cette alternance, nous l’avons vu dans la conjugaison affirmative, déterminel’application <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux règles différentes en ce qui concerne les syllabes post-radicales.Ainsi, dans la forme neutre où la finale et le radical sont hauts, les syllabes postradicalessont réalisées hautes. Dans la forme movendi où, par contre, la finale est basseet le radical haut, le ton du radical se redouble sur la syllabe suivante si elle n’est pas enposition finale <strong>de</strong> la forme verbale.2- EmploiLe pseudo-factif négatif nie toutes les actions exprimées par le pseudo-factifrécent et le pseudo-factif éloigné affirmatif.3- La forme neutreLes réalisations du pseudo-factif négatif neutre sont les suivantes :- sans extension[myeetokole] [aneetopnjo]«je n’ai pas failli acheter»«vous n’avez pas failli être élus»[eetokole][eetopnjo]«il/elle n’a pas failli acheter»«il/elle n’a pas failli être élu(e)»[eetokole][eetopnjo]«ils/elles n’ont pas failli acheter» «ils/elles n’ont pas failli être élu(e)s»- avec extension[myeetokolze]«je n’ai pas failli vendre»[eetokolze]«il/elle n’a pas failli vendre»[eetokolze]«ils/elles n’ont pas failli vendre»[aneetokmbzo]«vous n’avez pas failli être chassés»[eetokmbzo]«il/elle n’a pas failli être chassé(e)»[eetokmbzo]«ils/elles n’ont pas failli être chassé(e)s»


265- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[myeetonye]«je n’ai pas failli manger»[eetonye]«il/elle n’a pas failli manger»[eetonye]«ils/elles n’ont pas failli manger»[aneetotyo]«vous n’avez pas failli être craints»[eetotyo]«il/elle n’a pas failli être craint(e)»[eetotyo]«ils/elles n’ont pas failli être craint(e)s»- à la forme habituelle, intensive[oandaa eetone aa m ay3oo n az]«Ogandaga n’a pas failli ramasser souvent les mangues sauvages avec nous »[mbom seetonoo ompum 3om3]«les calebasses n’ont pas failli être cultivées souvent l’année <strong>de</strong>rnière»4- La forme movendiVoici quelques exemples qui illustrent le pseudo-factif movendi négatif :[aneetoketwaklee o3e n anwa3atana n az]«vous n’aviez pas failli aller errer dans la forêt puisque vous nous avezrencontrés»[onjo eetokenyeee u e anjae]«Igondjo n’a pas failli plusieurs fois aller manger les chenilles chez les Nzebi»[mbon seetokeyufoo o3e n mbwa see]«on n’a pas failli plusieurs fois aller voler les chèvres puisqu’il y a les chiens»litt. «les chèvres n’avaient pas failli plusieurs fois aller pour être volées puisque leschiens sont»


2662.4.3.1.5- Le futur1- StructuresLes structures du futur négatif sont les suivantes :Formes PV Imperf Nég Fo RAD A Ext Préfin FinNeutre e/() e be H B (a) e/oFormes PV Imperf Nég Fo PradAPradATfRadAExt Préfin FinItérative e/() e be to ø ø H B (a) e/oMovendi e/() e be ke ø ø H B (a) e/oItérativemovendie/() e be to ke b H B (a) e/oLes structures du futur négatif ne manifestent pas <strong>de</strong> ton <strong>de</strong> phrase et neprésentent pas non plus <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés dans l’application <strong>de</strong>s mécanismes tonals.Dans la forme neutre, les syllabes post-radicale sont réalisées hautes, puisque, dans cetteforme, la finale est haute. Dans les autres formes, c’est la règle du redoublement du tonhaut du radical sur la syllabe suivante qui s’applique. On notera également l’insertiond’un ton bas flottant <strong>de</strong>vant le radical principal dans la forme itérative-movendi. Ce tons’associe au ton haut du radical et forme ainsi une séquence BH qui est réalisée hautabaissée.2- EmploiLe futur négatif nie toutes les actions exprimées par le futur affirmatif.


2673- La forme neutreLes réalisations <strong>de</strong> la forme neutre du futur négatif sont les suivantes :- sans extension[myeeekole] [aneeepnjo]«je n’achèterai pas»«vous ne serez pas élus»[eeekole][eeepnjo]«il/elle n’achètera pas»«il/elle ne sera pas élu(e)»[eeekole][eeepnjo]«ils/elles n’achèteront pas»«ils/elles ne seront pas élu(e)s»- avec extension[myeeekolze]«je ne vendrai pas»[eeekolze]«il/elle ne vendra pas»[eeekolze]«ils/elles ne vendront pas»[aneeekmbzo]«vous serez pas chassés»[eeekmbzo]«il/elle ne sera pas chassé(e)»[eeekmbzo]«ils/elles ne seront pas chassé(e)s»- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[myeeenye]«je ne mangerai pas»[eeenye]«il/elle ne mangera pas»[eeenye]«ils/elles ne mangeront pas»[aneeetyo]«vous ne serez pas craints»[eeetyo]«il/elle ne sera pas craint(e)»[eeetyo]«ils/elles ne seront pas craint(e)s»- à la forme habituelle, intensive[oandaa eeene aa m ay3oo n az]«Ogandaga ne ramassera pas souvent les mangues sauvages avec nous»[mbom seeenoo ompum 3om3]«les calebasses ne seront pas souvent cultivées l’année prochaine»


2683- La forme itérativeLe futur itératif négatif nie toutes les actions exprimées par le le futur itératifaffirmatif. En voici quelques exemples illustratifs :[oandaa eeetone kula n az]«Ogandaga ne ramassera plus souvent les noisettes avec nous»[mbom seeetonoo ompum 3om3]«les calebasses ne seront plus souvent cultivées l’année prochaine»[mbwa seeetookne a3nda]«les chiens n’auront plus l’habitu<strong>de</strong> d’aboyer sur les étrangers»4- La forme itérative-movendiLe futur itératif-movendi négatif nie toutes les actions exprimées par le le futuritératif-movendi affirmatif. En voici quelques exemples illustratifs :[oandaa eeetoke3ne aa m ay3oo n az]«Ogandaga n’ira plus souvent ramasser les mangues sauvages avec nous»[kwaa yeeetokep3ozoo oe kyap3nd]«on n’ira plus souvent faire aiguiser les machettes chez le charpentier»litt. «les machettes n’iront plus souvent se faire aiguiser chez le charpentier»[elowa zeetokep3uoo sky]«on n’ira plus souvent tirer la seine à Isèkyè»litt. «la seine n’ira plus souvent se faire tirer à Isèkyè»


2692.4.3.2- Les formes négatives hors <strong>de</strong> l’indicatif2.4.3.2.1- Le subjonctif1- StructuresLes structures du subjonctif négatif sont les suivantes :Formes PV Nég RAD B Tfp Ext Préfin Fin MrenfNeutreaaHhbB (a) a/o (e…#)Formes PV Nég PradBHTfpPradARadAExt Préfin Fin MrenfItérativeaaohbø H B (a) a/o (e…#)MovendiItérativemovendiaaaaeohbhbø H B (a) a/o (e…#)ke H B (a) a/o (e…#)Hormis le fait d’avoir un radical (ou un premier pré-radical) à consonne initialefaible mais à tonalité haute, les formes du subjonctif négatif présentent <strong>de</strong>ux variantesdu morphème <strong>de</strong> négation et manifestent <strong>de</strong>s tons <strong>de</strong> phrase opposés selon que la formeverbale est constituée avec un préfixe personnel et le préfixe <strong>de</strong> classe1 ou constituéeavec un préfixe <strong>de</strong> classe autre que la classe 1. Lorsque la forme verbale est constituéeavec un préfixe <strong>de</strong> personne ou avec le préfixe <strong>de</strong> classe 1, le négateur a une tonalitébasse (représenté dans le tableau par la première ligne dans la case correspondante) ; <strong>de</strong>plus, la forme comporte un ton haut <strong>de</strong> phrase qui se situe après le radical ou le premierpré-radical. Lorsque la forme verbale est constituée avec un préfixe <strong>de</strong> classe différent<strong>de</strong> la classe 1, le négateur a une tonalité haute (représenté dans le tableau par la<strong>de</strong>uxième ligne dans la case correspondante) ; la forme comporte un ton bas <strong>de</strong> phrasequi se situe, lui aussi, après le radical ou le premier pré-radical.Dans les formes verbales constituées avec les préfixes personnels, la voyelle dupréfixe verbal s’éli<strong>de</strong> ou se semi-vocalise et le ton haut qu’elle portait se place sur lenégateur. Le ton bas que portait ce <strong>de</strong>rnier s’associe au ton haut suivant et forme ainsi


270une séquence BH. Cette séquence est réalisée haut-abaissée si elle est précédée d’un tonhaut et se simplifie en un ton haut simple si elle est précédée d’un ton bas. Enfin, le tonhaut <strong>de</strong> phrase envahit toutes les syllabes placées après lui jusqu’à la fin <strong>de</strong> l’énoncé.Dans les formes constituées avec les préfixes <strong>de</strong> classes autres que la classe 1,les règles tonales agissent <strong>de</strong> la même manière que dans les formes construites avec unpréfixe <strong>de</strong> personne ou <strong>de</strong> classe 1. Toutefois, comme le négateur est haut, l’élision oula semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle du préfixe n’entraîne aucune modification sur lasyllabe suivante.2- EmploiLe subjonctif négatif nie tous les ordres, vœux et suggestions exprimés par lesubjonctif affirmatif.3- La forme neutreLes exemples suivants illustrent les réalisations <strong>de</strong> la forme neutre du subjonctifnégatif.- sans extension[mya3ola][awa3omo]«que je n’achète pas»«que tu ne sois pas envoyé»[aola][aomo]«qu’il/elle n’achète pas» «qu’il/elle ne soit pas envoyé(e)»[waola][waomo]«qu’ils/elles n’achètent pas»«qu’ils/elles ne soient pas envoyé(e)s»- avec extension[mya3olza]«que je ne ven<strong>de</strong> pas»[aolza]«qu’il/elle ne ven<strong>de</strong> pas»[waolza]«qu’ils/elles ne ven<strong>de</strong>nt pas»[anwa3mbzo]«que vous ne soyez pas chassés»[ambzo]«qu’il/elle ne soit pas chassé(e)»[wambzo]«qu’ils/elles ne soient pas chassé(e)s»


271- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[myany3a]«que je ne mange pas»[anya]«qu’il/elle ne mange pas»[wanya]«qu’ils/elles ne mangent pas»[anway3o]«que vous ne soyez pas craints»[ayo]«qu’il/elle ne soit pas craint(e)»[wayo]«qu’ils/elles ne soient pas craint(e)s»- à la forme renforcée[myal3enalenae]«que je ne pleure donc pas souvent»[alenalenae]«qu’il/elle ne pleure donc pas souvent»[walenalenae]«qu’ils/elles ne pleurent donc pas souvent»[anwa3laloe]«que vous ne soyez donc pas masséssouvent»[alaloe]«qu’il/elle ne soit donc pas massé(e)souvent»[walaloe]«qu’ils/elles ne soient donc pasmassé(e)s souvent»- à la forme habituelle, intensive[azway3ounae pl aka oa ezen]«que nous ne lavions pas souvent les assiettes seules au débarcadère la nuit»[al3os mayaoo mbaka eombe zou]«que les citrons ne soient pas souvent pressés (quand ils sont) verts tout le temps»Illustration :Forme verbale avec un préfixe <strong>de</strong> personne|# m-a+ol- -z-a-a #|→ |# my-a+ol- -z-a-a #|→ |# my-a+ol-z-a-a #|[mya3olzaa] «que je ne ven<strong>de</strong> pas souvent»


272Forme verbale avec le préfixe <strong>de</strong> classe 1|# a-a+len- -a.len-z-a-a=e #|→ |# a-a+len- -a.len-z-a-a= e #|[alenalenzaae] «qu’il ne fasse donc pas pleurer souvent»Forme verbale avec un préfixe <strong>de</strong> classe|# wa-a+len- -a.len-z-a-a#|→ |# w-a+len- -a.len-z-a-a #|→ |# w-a+len-a.len-z-a-a #|[walenalenzaa] «qu’ils ne fassent pas pleurer souvent»4- La forme itérativeLe subjonctif itératif négatif nie tous les vœux et toutes les suggestions expriméspar le subjonctif itératif affirmatif. En voici quelques exemples illustratifs :[azwa3oyounae pl aka oa ezen]«que nous ne lavions plus souvent les assiettes seules au débarcadère la nuit»ou «ne lavons plus souvent les assiettes seules au débarcadère la nuit»[aa maonyooo mbaka eombe zou]«que les mangues ne soient plus souvent mangées (quand elles sont) vertes tout letemps»5- La forme itérative-movendiLe subjonctif itératif-movendi négatif nie tous les vœux et toutes les suggestionsexprimés par le subjonctif itératif-movendi affirmatif. En voici quelques exemplesillustratifs :[azwa3okeyounae pl na wawo knd mo]«que nous n’ayons plus l’habitu<strong>de</strong> d’aller laver les assiettes en même temps qu’eux»[ampaa maokekalunoo mpum mban]«qu’on n’ait plus l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> changer les lois tous les <strong>de</strong>ux ans»litt.«que les lois n’aient plus l’habitu<strong>de</strong> d’aller pour être changées tous les <strong>de</strong>ux ans»


2732.4.3.2.2- Le potentiel1- StructuresLes structures du potentiel négatif sont les suivantes :Formes PV Nég RAD B Tfp Ext Préfin FinNeutreaaH b B (a) e/o…#Formes PV Nég PradBHTfpPradARadAExt Préfin FinItérativeMovendiItérativemovendiaaaaaao b ø H B (a) e/o…#e b ø H B (a) e/o…#o b ke H B (a) e/o…#Similaires aux structures du subjonctif, les formes du potentiel négatif présententnon seulement un radical (ou le premier pré-radical) à consonne initiale faible mais àtonalité haute, mais elles présentent aussi <strong>de</strong>ux variantes du morphème <strong>de</strong> négationselon que la forme verbale est constituée avec un préfixe personnel ou constituée avecun préfixe <strong>de</strong> classe, y compris <strong>de</strong> classe1. Lorsque la forme verbale est constituée avecun préfixe <strong>de</strong> personne, le négateur a la tonalité basse. Il a une tonalité haute lorsque laforme verbale est constituée avec un préfixe <strong>de</strong> classe.Les formes du potentiel négatif manifestent un ton bas <strong>de</strong> phrase qui se placeaprès le radical verbal ou après le premier pré-radical. Dans les formes verbalesconstituées avec les préfixes personnels, la voyelle du préfixe verbal s’éli<strong>de</strong> ou se semivocaliseet le ton haut qu’elle portait se place sur le négateur. Puis le ton bas que portaitce <strong>de</strong>rnier se combine au ton haut suivant et forme ainsi une séquence BH. Enfin, le tonbas <strong>de</strong> phrase envahit toutes les syllabes placées après lui jusqu’à la fin <strong>de</strong> l’énoncé.Dans les formes constituées avec les préfixes <strong>de</strong> classes, les règles tonalesagissent <strong>de</strong> la même manière que dans les formes construites avec un préfixe <strong>de</strong>personne. Toutefois, comme le négateur est haut, l’élision ou la semi-vocalisation <strong>de</strong> lavoyelle du préfixe n’entraîne aucune modification sur la syllabe suivante.


2742- EmploiLe potentiel négatif nie toute possibilité <strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong> l’action exprimée parle verbe sans condition préalable. Formellement le potentiel est proche <strong>de</strong> ce que nousavons appelé le passé irréel (et que d’autres appellent le conditionnel) mais il ne peut seconfondre à lui. En effet, si le passé irréel nécessite ou implique l’accomplissement ounon <strong>de</strong> certaines conditions, le potentiel n’en exige pas. D’autre part, les <strong>de</strong>ux tiroirsprésentent une tonalité différente.3- La forme neutreLes exemples ci-après illustrent la forme neutre du potentiel négatif.- sans extension[mya3ole][awa3omo]«je ne puis acheter»«tu ne peux être envoyé»[ aole] [ aomo]«il/elle ne peut acheter» «il/elle ne peut être envoyé(e)»[waole][waomo]«ils/elles ne peuvent acheter»«ils/elles ne peuvent être envoyé(e)s»- avec extension[mya3olze]«je ne puis vendre»[aolze]«il/elle ne peut vendre»[waolze]«ils/elles ne peuvent vendre»[anwa3mbzo]«vous ne pouvez être chassés»[ambzo]«il/elle ne peut être chassé(e)»[wambzo]«ils/elles ne peuvent être chassé(e)s»- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[myany3e ] [anway3o ]«je ne puis manger»«vous ne pouvez être craints»[anye][ayo]«il/elle ne peut manger»«il/elle ne peut être craint(e)»[wanye][wayo]«ils/elles ne peuvent manger»«ils/elles ne peuvent être craint(e)s»


275- à la forme habituelle, intensive[azway3ounee pl aka oa ezen]«nous ne pouvons laver souvent les assiettes seules au débarcadère la nuit»[al3os mayaoo mbaka eombe zou]«les citrons ne peuvent être souvent pressés (quand ils sont) verts tout le temps»4- La forme itérativeVoici quelques exemples qui illustrent la forme itérative du potentiel négatif.[anwa3onye att metopo o nao yn]«vous ne pouvez plus manger les bananes douces qui seront encore données danscette maison»[nnj yaotukun awana nte aukun wawo eomb eloa]«les enseignants ne peuvent plus fustiger les enfants (quand ils sont) comme ils lefaisaient autrefois»5- La forme itérative-movendiVoici quelques exemples qui illustrent la forme itérative-movendi du potentielnégatif.[aokeyufee ncaa s an oa nce mp]«il ne peut plus aller voler les plantations d’autrui pendant la nuit»[lwan yaokesu mbwa ny nyn]«les jeunes ne peuvent plus aller provoquer les chiens une autre fois»


2762.4.3.2.3- L’impératif1- StructuresLes structures <strong>de</strong> l’impératif négatif sont les suivantes :Formes Nég Tfp RAD B Ext Préfin FinPostfinMrenf MplNeutre a h B B (a) a/o e an…#Formes Nég Tfp PradBPradARadAExt Préfin FinPostfinMrenf MplItérative a h o ø H B (a) a/o e an…#Movendi a h e ø H B (a) a/o e an…#Itérativemovendia h o ke H B (a) a/o e an…#La structure tonale <strong>de</strong> l’impératif négatif ne pose pas <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s difficultés.Toutes les syllabes qui suivent le ton haut flottant <strong>de</strong> phrase sont réalisées hautesjusqu’à la fin <strong>de</strong> l’énoncé. De ce fait, on pourrait se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment on a accordé unton aux morphèmes suivants du verbe. L’attribution <strong>de</strong> ton aux morphèmes qui viennentaprès le ton haut <strong>de</strong> phrase se justifie pour le radical et le premier pré-radical, par le faitque ces morphèmes ont une consonne initiale faible et sont donc normalement bas.Dans les formes itérative, movendi et itérative-movendi, le radical et le <strong>de</strong>uxième préradicalont, à l’initiale, une consonne forte et sont donc normalement hauts. Par ailleurs,nous savons que lorsqu’une forme verbale contient un radical complexe, le <strong>de</strong>uxièmepré-radical et le radical du verbe principal sont hauts ; les morphèmes post-lexicaux, lafinale et éventuellement la post-finale -e, puisqu’elle a la même tonalité que la finale,sont bas. Le morphème <strong>de</strong> pluriel, nous l’avons vu, a une tonalité stable.2- EmploiL’impératif négatif sert à nier tous les ordres exprimés à l’impératif affirmatif. Ilmanifeste un ton haut <strong>de</strong> phrase situé <strong>de</strong>vant le radical verbal ou <strong>de</strong>vant le premier préradical.


2773- La forme neutreLes exemples ci-après illustrent la forme neutre <strong>de</strong> l’impératif négatif.- sans extension[aola] [azao]«n’achète pas»«ne sois pas maudit»[aolan][azaon]«n’achetez pas»«ne soyez pas maudits»- avec extension[aolza]«ne vends pas»[aolzan]«ne ven<strong>de</strong>z pas»[ambzo]«ne sois pas chassé»[ambzon]«ne soyez pas chassés»- avec les radicaux verbaux monosyllabiques[anya]«ne mange pas»[anyan]«ne mangez pas»[ayo]«ne sois pas craint»[ayon]«ne soyez pas craints»- à la forme renforcée[aae awan aka o kolo]«ne laisse donc pas les enfants seuls ce soir»[ambzoen ncuu sn]«ne soyez donc pas chassés ces jours-ci»- à la forme habituelle, intensive[azmbunaan oloo y o]«n’ayez pas l’habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> vous cacher sous les lits»[annjzoon enomo]«ne vous faites pas souvent enseigner pendant la saison sèche»


2784- La forme itérativeLes exemples suivants illustrent les formes <strong>de</strong> l’impératif itératif négatif.[aoyaae kaf njl a ndaae o wa]«ne bois donc plus du café fort avant <strong>de</strong> t’en aller dormir»[aoseaan ooloo otal ma ompaza]«ne jouez plus souvent sous l’échafaudage <strong>de</strong> maman Nwompaza»5- La forme itérative-movendiLes exemples suivants illustrent les formes <strong>de</strong> l’impératif itératif-movendinégatif.[aoknda o ay owan owant oumbe ymba]«ne va plus <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r en mariage sa fille ca<strong>de</strong>tte»[aoketokaany alt o ncaa nyna]«n’allez plus souvent creuser pour arracher les tubercules <strong>de</strong> manioc dans la nouvelleplantation»2.4.3.2.4- L’exhortatif1- StructuresLes structures <strong>de</strong> l’exhortatif négatif sont les suivantes :Formes PV Nég RAD B Tfp Ext Préfin FinPostfinMrenf MplNeutre a H h B (a) a/o e (an…#)Formes PV Nég PradBHTfpPradARadAExt Préfin FinPostfinMrenf MplItérativea o h ø H B (a) a/o (e) (an…#)Movendia e h ø H B (a) a/o (e) (an…#)Itérativemovendia o h ke H B (a) a/o (e) (an…#)


279Les structures <strong>de</strong> l’exhortatif négatif sont i<strong>de</strong>ntiques à celles du subjonctifnégatif construites à partir <strong>de</strong>s préfixes verbaux <strong>de</strong> personnes. Elles manifestent donc unton haut <strong>de</strong> phrase situé après le radical ou après le premier pré-radical. Cela n’est pastrès étonnant puisque, dans les tiroirs affirmatifs, le subjonctif et l’exhortatif ont lemême formatif. Toutefois, les <strong>de</strong>ux tiroirs se distinguent par le fait que, d’une part, lesubjonctif utilise tous les préfixes verbaux alors que l’exhortatif n’utilise que lapremière personne du pluriel et, d’autre part, par le fait que le morphème du pluriel peutêtre utilisé à l’exhortatif alors qu’il ne l’est jamais au subjonctif.2- EmploiL’exhortatif sert à nier toutes les invitations et recommandations exprimées parl’exhortatif affirmatif.négatif.3- La forme neutreLes exemples suivants illustrent les réalisations <strong>de</strong> la forme neutre <strong>de</strong> l’exhortatif- sans extensionForme exclusive : [azwa3ola] «n’achetons pas»Forme inclusive : [azwa3olan] «n’achetons pas nous tous»- avec extensionForme exclusive : [azwa3olza] «ne vendons pas»Forme inclusive : [azwa3olzan] «ne vendons pas nous tous»- avec les radicaux verbaux monosyllabiquesForme exclusive : [azwany3a] «ne mangeons pas»Forme inclusive : [azwany3an] «ne mangeons pas nous tous»- à la forme insistanteForme exclusive :Forme inclusive :[azwaz3mbyazmbyaae]«ne nous arrêtons donc pas souvent»[azwaz3mbyazmbyaaen]«ne nous arrêtons donc pas souvent nous tous»


2804- La forme itérativeLes exemples suivants illustrent les réalisations <strong>de</strong> l’exhortatif itératif négatif.[azwa3okzae kaka n naw aka]«ne laissons plus souvent grand-père seul dans la maison»[awana azwa3opezan eombe z elo kambaamba]«les enfants, ne perdons plus le temps du travail dans le bavardage»5- La forme itérative-movendiLes exemples suivants illustrent les réalisations <strong>de</strong> l’exhortatif itératif-movendinégatif.[azwa3oketaa nju aka]«ne retournons plus souvent chasser seuls les éléphants»[awo yam azwa3oketuminyan wawo okl]«mes frères, ne retournons plus nous tous leur monter le chemin»2.4.4- Les formes nomino-verbalesNous entendons par formes nomino-verbales <strong>de</strong>s lexèmes composés d’un préfixenominal <strong>de</strong> classe variable (classe 9 ou 10b), d’un radical ou thème verbal apte àcomporter <strong>de</strong>s extensions et d’une finale verbale puisqu’elle est -a ou -o selon la voix(actif Vs passif). Les différentes formes nomino-verbales se définissent <strong>de</strong> façonparticulière en ce qui concerne leur comportement syntaxique. Certaines d’entre ellespeuvent avoir à la fois un comportement syntaxique typique <strong>de</strong>s noms (capacité d’êtresujet ou objet) et un comportement syntaxique typique <strong>de</strong>s verbes (avoir un objet ou uncomplément <strong>de</strong> type verbal). On note par ailleurs, qu’elles ne comportent pas <strong>de</strong> marque<strong>de</strong> temps, <strong>de</strong> personnes ou <strong>de</strong> négation mais qu’elles sont aptes à comporter certaines<strong>de</strong>s marques <strong>de</strong> type aspectuel (comme la pré-finale habituelle et la post-finaleexprimant l’accompli) ou à subir <strong>de</strong>s procédures <strong>de</strong> dérivation liées à l’expression <strong>de</strong>l’aspect (redoublement fréquentatif ou intensif).


2812.4.4.1- Les formes nomino-verbales infinitives24.4.1.1- Formation et structureA l’instar <strong>de</strong>s autres langues bantu, l’infinitif orungu est composé d’un préfixenominal <strong>de</strong> classe 10b et d’une base verbale à laquelle on adjoint la finale |-a|pourl’infinitif actif ou la finale |-o|pour l’infinitif passif. On retiendra que l’infinitif négatifn’existe pas.Le préfixe <strong>de</strong> l’infinitif n’est quasiment pas représenté sauf lorsque l’initiale duradical est l’approximante palatale /y/, contexte dans lequel il se manifeste <strong>de</strong> manièrepartielle, comme en témoignent les exemples suivants :+yen- > [yena] «voir»+yn- > [yna] «rire, sourire»+yuf- > [yufa] «voler, dérober»+yan- > [yana] «accoucher»Ceci n’a rien <strong>de</strong> surprenant puisqu’en étudiant les classes nominales, nous avonsvu que le préfixe <strong>de</strong> classe 10b a un allomorphe d- lorsque l’initiale du thème est /y/ etun allomorphe zéro lorsque l’initiale du thème est une consonne autre que /y/. Parailleurs, puisque l’infinitif est <strong>de</strong> classe 10b, on note une mutation <strong>de</strong> la consonneinitiale du radical et la forme <strong>de</strong> citation est donc réalisée avec une consonne forte. Lesexemples suivants en témoignent :+len- > [ena] «pleurer»+n- > [pna] «tiédir»+zul- > [sula] «finir, terminer»+an- > [kana] «préserver»Contrairement aux nominaux dérivés <strong>de</strong> classe 10b où on note la présence <strong>de</strong>l’augment du préfixe, les formes infinitives ont un augment latent qui ne se manifesteque lorsque l’infinitif est complément d’un verbe conjugué à finale /-a/ parl’application <strong>de</strong> la règle qui prévoit la représentation /e/ pour a+i. On a ainsi :[etnda] → [etnd tauna] «il aime la lecture»[myet3nda] → [myet3nd kla] «j’aime le repassage»[wa3uta] → [wa3ut kambna] «ils ont cherché l’église (le lieu <strong>de</strong>prière)»


282mais :[etn<strong>de</strong> tauna][myet3n<strong>de</strong> kla][wa3ute kambna]«il aime à lire»«j’aime à repasser»«ils ont voulu prier»Contrairement aux autres variantes du myènè (nkomi, mpongwè et galwa), laforme <strong>de</strong> citation <strong>de</strong> l’infinitif orungu, n’est pas précédée <strong>de</strong> la préposition locative|o|, même si certains jeunes locuteurs (peut-être par alignement sur d’autres parlers)ont actuellement tendance à utiliser cette forme. Il semblerait toutefois que la formeinfinitive précédée <strong>de</strong> la préposition locative, même dans les autres parlers, soit trèsrécente puisqu’elle n’est mentionnée ni par Gauthier (1912) ni par Raponda (1961). Parailleurs, Teisseres (1957) mentionne ladite préposition comme marque <strong>de</strong> l’infinitiflorsque l’infinitif est complément <strong>de</strong> verbe, mais cette préposition est partout absentedans les formes <strong>de</strong> citation <strong>de</strong> l’infinitif qu’il donne.Dans sa forme <strong>de</strong> citation, l’infinitif manifeste <strong>de</strong>ux configurations tonales : leradical (toujours à consonne initiale forte) est bas dans une configuration et haut dansl’autre. Dans cette <strong>de</strong>rnière, le ton haut du radical se redouble sur la syllabe suivante sielle n’est pas en position finale <strong>de</strong> la forme infinitive. Cette règle propre au verbe,témoigne du caractère verbal <strong>de</strong> l’infinitif. Voici quelques exemples qui illustrent les<strong>de</strong>ux réalisations :Configuration 1 Configuration 2[ambya]«<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r»[kezaana]«harmoniser»[enalena]«pleurer fréquemment»[owalowa]«sauter fréquemment»[pa]«donner»[nya]«manger»[ambya]«<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r»[kezaana]«harmoniser»[enalena]«pleurer fréquemment»[owalowa]«sauter fréquemment»[pa]«donner»[nya]«manger»


283Il semble que la <strong>de</strong>uxième forme est la forme normale puisqu’elle présente laconsonne forte initiale et le ton haut sur le radical, caractéristiques que nous avonsobservées dans le verbe.Les noms déverbatifs <strong>de</strong> classe 10b sont formés à partir <strong>de</strong> la première formepuisqu’ils ont un schème tonal entièrement bas. Mais ces déverbatifs sont différents <strong>de</strong>la première forme <strong>de</strong> l’infinitif en ce que leur augment est présent dans tous lescontextes, même dans leur forme <strong>de</strong> citation. On a ainsi :Forme infinitiveNoms déverbatifs[ambya]«<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r»[nwanza]«prêter»[enalena]«pleurer fréquemment»[ambya]«action <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r»[nwanza]«action <strong>de</strong> prêter»[enalena]«action <strong>de</strong> pleurer fréquemment»2.4.4.1.2- Emplois1- Forme à ton basSi la <strong>de</strong>uxième forme est <strong>de</strong> loin la plus fréquente compte tenu <strong>de</strong> ses emplois, lapremière forme, à ton bas, se rencontre comme forme <strong>de</strong> citation du verbe et dans <strong>de</strong>sénoncés prédicatifs formés à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la copule, qui est absente dans les énoncésaffirmatifs et présente dans les énoncés négatifs et au passé. Voici quelques exemplesillustratifs :[yan enda]«enfanter est une gloire»[yomb k]«se marier est un art»[ombna kan]«vieillir est une maladie»[na osam on kotza k osam on]«apprendre est une autre chose, savoir aussi est une autre chose»


284[tana ezele mbya]«être fou, ce n’est pas bien»[slya aa amb ya]«se moquer, ce n’est pas une bonne chose»[yufa ezele mbya]«voler, ce n’est bien»[yan alu enda]«enfanter était une gloire»2- Forme à ton hautsuivantes :L’infinitif constitué du radical à ton haut apparaît dans les fonctions syntaxiques1- lorsqu’il est accompagné d’une forme <strong>de</strong> type adverbial ou d’un objet. Legroupe infinitif + objet peut constituer le premier terme d’un énoncé prédicatif formé àl’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la copule qui est absente dans les énoncés affirmatifs et présente dans lesautres types d’énoncé, notamment les énoncés négatifs.[uta mbyambye][yanja polo][yuw owao mbe][yon oma se][fnza yen ezele mbya][yanja polo ezele mbe]«chercher bien»«travailler beaucoup»«mourir jeune, c’est mal»«tuer quelqu’un, c’ est un péch黫répondre <strong>de</strong> cette manière n’est pas bon»«travailler beaucoup, ce n’est pas mauvais»Dans le <strong>de</strong>rnier exemple <strong>de</strong> la première série, on est tenté <strong>de</strong> dire que le préfixe<strong>de</strong> l’infinitif détermine l’accord du <strong>de</strong>uxième élément <strong>de</strong> l’énoncé puisque ce <strong>de</strong>rnier est<strong>de</strong> classe 10b. Mais il n’en est rien, car en remplaçant le mot signifiant "péché" par uneautre forme adjectivale, l’accord ne s’effectue pas. Nous en déduisons que la présencedu préfixe <strong>de</strong> classe 10b sert ici à exprimer un sens spécifique du thème +we « mal,mauvais ».[yon oma mbe][nuun oma mbya]«tuer quelqu’un, c’est mauvais»«ai<strong>de</strong>r quelqu’un, c’ est bien»


2852- lorsqu’il est introduit par la préposition locative |o|:a- il peut être complément du verbe et il exprime alors le but. Il peut êtreaccompagné d’un complément <strong>de</strong> type circonstanciel ou d’un objet dans cetteconstruction.[k3nda o yza o kala]«ils vont pour se reposer au village»[azef3nya o yanja]«nous retournons pour travailler»[enuuna my o tul p na o kul ano]«elle m’ai<strong>de</strong> à piler les feuilles <strong>de</strong> manioc et à puiser <strong>de</strong> l’eau»[aze3ut l o ko kon]«nous cherchons <strong>de</strong>s lianes pour attacher <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»[wat3oa zn o tal memba]«ils transportaient du sable pour combler un trou»b- après la copule pour "être", la même structure est utilisée pour exprimer quele sujet a l’obligation d’accomplir l’action décrite par le syntagme d’infinitif.[anome ee o e ncaa ]«les hommes doivent abattre les plantations»lit.«les hommes sont pour le fait d’abattre les plantations»[azee o fnya o yanja]«nous <strong>de</strong>vons retourner travailler»lit.«nous sommes pour le retour pour le fait <strong>de</strong> travailler»On retiendra que, outre le fait qu’il peut comporter <strong>de</strong>s morphèmes verbaux,l’infinitif est un nominal en ce qu’il peut être sujet ou objet d’un verbe mais qu’ilpossè<strong>de</strong> également <strong>de</strong>s caractéristiques verbales en ce qu’il peut avoir un objet ou uncomplément <strong>de</strong> type verbal. On retiendra également qu’il ne régit aucun accord dans laphrase et qu’il possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux formes, une forme à ton bas qui semble être une forme plusnominalisée et une forme à ton haut qui manifeste <strong>de</strong>s caractéristiques verbales plusnettes.


2862.4.4.2- La forme nomino-verbale gérondive2.4.4.2.1- Formation et structureLa forme nomino-verbale gérondive est composée d’un préfixe nominal <strong>de</strong>classe 9, d’une base verbale, <strong>de</strong> la pré-finale|-a-| et <strong>de</strong> la finale |–a| ou |-o|selon que la forme est à la voix active ou à la voix passive. Lorsque radical verbal estmonosyllabique, la pré-finale est redoublée.Exemples :[mbutaa]«en cherchant»litt.«le fait <strong>de</strong> chercher souvent»[kndaa]«en marchant»litt.«le fait <strong>de</strong> marcher souvent»[nyaaa]«en mangeant»litt.«le fait <strong>de</strong> manger souvent»[nwaaa]«en se battant»litt.«le fait <strong>de</strong> se battre souvent»[mbutoo]«en étant cherché»litt.«le fait d’être en recherche souvent»[kndoo]«en étant marché»litt.«le fait d’être en marche souvent»[nyooo]«en étant mangé»litt.«le fait d’être mangé souvent»[nwooo]«en s’étant battu»litt.«le fait <strong>de</strong> s’être battu souvent»On notera que la voyelle <strong>de</strong> la pré-finale s’assimile à celle <strong>de</strong> la finale.L’expression <strong>de</strong> la voix est manifestée lorsque la forme nomino-verbale gérondive estemployée dans une phrase où le verbe principal est au passif ou à l’actif. Exemples :[waoko kokoo]«ils ont été appelés seulement»litt. «ils ont été appelés le fait d’être appelé»[azeeeynzo njn3zoo]«on ne nous fera pas que danser»litt. «nous ne serons pas fait danser en étant dansés»[kondo sey3omo njom3oo]«les carpes seront fumées pour être fumées(les carpes seront uniquementfumées et ne seront pas mises dans la saumure)»


287[anto wey3emba njemb3aa]«les femmes ne feront que chanter»litt. «les femmes chanteront le fait <strong>de</strong> chanter»[azweet3aune ntaunaa]«nous n’avions pas fait que lire»litt. «nous n’avions pas lu le fait <strong>de</strong> lire»Sur le plan tonal, la forme nomino-verbale gérondive a un ton bas sur le radical ;la syllabe suivante est sans doute BH ; les syllabes suivantes sont hautes et la finale estbasse.[mbutzaa]«le fait <strong>de</strong> faire chercher souvent»[tndnaa]«le fait d’écrire souvent pour»[mbaatyaa]«le fait <strong>de</strong> contraindre souvent»[cazaa]«le fait <strong>de</strong> découper souvent»[kambaambaa]«le fait <strong>de</strong> parler souvent»[njnaynaa]«le fait <strong>de</strong> rire souvent»[nyaanyaaa]«en mangeant souvent»[nwaanwaaa]«en se battant souvent»[mbutzoo]«le fait d’être en recherche souvent»[tndnoo]«le fait d’être en écriture souvent pour»[mbaatyoo]«le fait d’être en contrainte souvent»[cazoo]«le fait d’être en découpe souvent»[kambaamboo]«le fait d’être en parole souvent»[njnaynoo]«le fait d’être en rire souvent»[nyaanyaoo]«en se faisant manger souvent»[nwaanwaoo]«en se faisant battre souvent»La configuration tonale <strong>de</strong> ces formes ne correspond à aucun type tonal relevédans les nominaux dérivés. Nous sommes vraisemblablement en présence d’un nouveautype tonal qu’on pourrait ranger dans le type D, vu qu’il présente une séquence BH surla syllabe qui suit celle du radical. Cette séquence est justifiée par l’abaissement observésur cette syllabe lorsque la forme nomino-verbale est précédée d’un lexème à ton hautfinal au sein d’un même syntagme. C’est la règle <strong>de</strong> propagation tonale RPT1 quis’applique alors. Cette règle décrite à la section 3.2.1.1.1. consiste dans la propagationdu ton haut final d’un lexème sur le lexème suivant. Dans ce cas-ci, le ton haut final du


288verbe conjugué ou <strong>de</strong> la préposition locative occupe une position, la présence <strong>de</strong> laséquence BH constituant un obstacle à la propagation du ton haut et du ton bas dissocié.[azwanm njel3aa]«nous désherbions malgré nous, en étant embarrassés»litt.«nous désherbions le fait <strong>de</strong> s’ennuyer souvent»[kondo sey3omo njom3oo]«les carpes seront uniquement fumées (et ne seront pas mises dans lasaumure)»litt. «les carpes seront fumées le fait d’être fumé»[aa o nj3ayaa]«il n’est pas étonnant qu’il ronfle si fort vu qu’il est toujours ivre»litt. «qu’il ne ronfle pas pour le fait <strong>de</strong> boire très souvent»[aombyo o njak3laa]«il n’est pas étonnant qu’il soit agressé vu qu’il est toujours en errance»litt. «qu’il ne soit pas agressé, au fait d’errer»Lorsque la forme nomino-verbale gérondive suit un verbe conjugué à finalebasse, la règle <strong>de</strong> relèvement tonal s’applique à cette finale. Cette règle décrite à lasection 3.2.4. consiste à réaliser avec un ton haut la finale basse d’un verbe conjuguélorsque la première syllabe du thème du lexème suivant porte un bas. On a ainsi :[mbwa see3oke mbokaa say3en ezma]«les chiens n’ont pas aboyé pour aboyer, ils ont vu quelque chose»litt.«les chiens n’ont pas aboyé le fait d’ aboyer, ils ont vu quelque chose»[sz sk3n<strong>de</strong> mpkaa]«les soldats marchent en s’envolant (très vite)»litt.«les soldats marchent le fait <strong>de</strong> s’envoler»[waoko kokoo]«ils ont été appelés seulement»litt. «ils ont été appelés le fait d’être appelés»On aura remarqué, par ailleurs, que l’initiale du radical <strong>de</strong> la forme nominoverbalegérondive est une consonne forte. Ce renforcement pourrait être normal après lanasale préfixale <strong>de</strong> classe 9, mais si le radical verbal a comme initiale la semiconsonne/y/, la représentation observée est [nj] et non [ny] comme, par exemple, dansle dérivé [nyemb] «un chanteur» (radical +yemb-). Or nous savons que [nj] est la


289réalisation <strong>de</strong> /dy/ après nasale. De la même façon, nous avons [c] et non [s] lorsquel’initiale du radical est la <strong>de</strong>ntale /z/ et nous savons aussi que [c] est la réalisation <strong>de</strong> [s]après nasale. On notera la similitu<strong>de</strong> qui existe entre le radical <strong>de</strong> la forme nominoverbalegérondive et la première forme <strong>de</strong> l’infinitif. On peut donc en déduire que laforme nomino-verbale gérondive est segmentalement formée à partir <strong>de</strong> la premièreforme <strong>de</strong> l’infinitif et qu’elle contient, par conséquent, un préfixe <strong>de</strong> classe 10b ou, pourle moins, <strong>de</strong>s traces <strong>de</strong> ce préfixe.2.4.4.2.2- Sens et emploisDe manière générale, la forme nomino-verbale gérondive exprime lasimultanéité d’une action qui accompagne le déroulement <strong>de</strong> l’action principale. En<strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> citation, elle s’emploie dans les contextes suivants :1- elle suit généralement un verbe conjugué dont elle épouse la voix active oupassive <strong>de</strong> façon à former une sorte <strong>de</strong> "série verbale" avec le verbe conjugué. Dans cetemploi, on relève <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> figure différents selon que le verbe conjugué et la formenomino-verbale gérondive sont ou non formés sur le même radical :a- Les <strong>de</strong>ux base sont i<strong>de</strong>ntiquesLorsque le verbe conjugué et la forme nomino-verbale gérondive qui le suit sontformés sur le même radical, la forme nomino-verbale gérondive exprime l’intensité etl’exclusion <strong>de</strong> toute autre action simultanée.[s3e nceaa]«ils ne font que jouer (ils ne se battent pas)»litt. « ils jouent le fait <strong>de</strong> jouer»[azwanm nm3aa]«nous ne faisions que désherber (sans planter)»ou litt. «nous désherbions le fait <strong>de</strong> désherber»[mbolo st3eune nteunaa]«les vieux ne font que conseiller (ils ne gron<strong>de</strong>nt pas)»litt.«les vieux conseillent le fait <strong>de</strong> conseiller»


290Avec un verbe négatif, la forme nomino-verbale gérondive exprime un but quin’est pas celui <strong>de</strong> l’action principale, le but ou la cause réels pouvant être exprimés ousous-entendus.[eey3e mbyaaa]«ils ne sont pas venus pour rien»litt. «ils ne sont pas venus pour le fait <strong>de</strong> venir»[mbwa see3oke mbokaa say3en ezma]«les chiens n’ont pas aboyé pour rien, ils ont vu quelque chose»litt.«les chiens n’ont pas aboyé pour le fait d’aboyer, ils ont vu quelque chose»[mbolo set3eune nteunaa seelyap amba]«les vieux n’ont pas conseillé pour rien, ils ont remarqué un fait»litt.«les vieux n’ont pas conseillé pour le fait <strong>de</strong> conseiller, ils ont remarqué un fait»b- Les <strong>de</strong>ux bases sont différentesLorsque le verbe conjugué et la forme nomino-verbale gérondive qui le suit sontformés sur <strong>de</strong>s bases verbales différentes, la forme nomino-verbale gérondive exprimeune action qui s’effectue en même temps que l’action décrite par le verbe. On distinguele cas où :1- la forme nomino-verbale suit immédiatement le verbe principal : les <strong>de</strong>uxactions sont alors simultanées[k3n<strong>de</strong> njembaa]«ils marchent en chantant»litt.«ils marchent et le fait <strong>de</strong> chanter»[azwanm njel3aa]«nous désherbions malgré nous, en étant embarrassés»litt.«nous désherbions et le fait d’embarrasser»[mbolo sy3embe meaa]«les vieux chantent en somnolant (très lentement)»litt.«les vieux chantent et le fait <strong>de</strong> somnoler»[sz sk3n<strong>de</strong> mpkaa]«les soldats marchent en s’envolant (très vite)»litt.«les soldats marchent et le fait <strong>de</strong> s’envoler»


2912- la forme nomino-verbale est précédée <strong>de</strong> |o|: elle exprime alors le momentou la cause <strong>de</strong> l’action principale et ne suit pas nécessairement le verbe principal.[o mbya3aa awa k ezma z nya]«à peine arrivé, tu as déjà trouvé quelque chose à manger»litt.«au fait d’arriver, tu as déjà trouvé quelque chose à manger!»[aombyo o njak3laa]«il n’est pas étonnant qu’il soit agressé vu qu’il est toujours en errance»litt. «qu’il ne soit pas agressé, au fait d’errer»[aa o nj3aa]«il n’est pas étonnant qu’il ronfle si fort vu qu’il est toujours ivre»litt. «qu’il ne ronfle pas au fait <strong>de</strong> boire»3- la forme nomino-verbale est précédée <strong>de</strong> |k| «seulement» après un verbeprincipal formé sur le radical +lwan- «rester» ou après la copule : elle exprime, dans cecas, une action constante confirmée ou niée.[kyky yw3ana k n<strong>de</strong>naa]«les bébés pleurent constamment»litt. «les bébés restent seulement au fait <strong>de</strong> pleurer»[anto eewana k kambaambaa]«les femmes ne bavar<strong>de</strong>nt pas sans arrêt »litt. «les femmes ne restent pas seulement au fait <strong>de</strong> bavar<strong>de</strong>r»[ee k ntoaa]«il ne fait que vomir»litt. «il est seulement au fait vomir»4- Employée comme prédicat dans un énoncé non verbal, précédée ou non<strong>de</strong>|o|, la forme nomino-verbale gérondive exprime une action envisagée commecaractéristique ou liée à la nature <strong>de</strong> l’entité que représente le premier terme. Voiciquelques exemples illustratifs :[an njembaa]«vous êtes <strong>de</strong> vrais chanteurs »litt. «vous le fait <strong>de</strong> chanter souvent»


292[a njklyaa]«tu es un véritable juge»litt. «toi le fait <strong>de</strong> juger souvent»[azz o nya3aa]«Azizè est une gourman<strong>de</strong>»litt. «Azizè pour le fait <strong>de</strong> manger souvent»2.4.4.3- La forme nomino-verbale d’antériorité2.4.4.3.1- Forme et structureLa forme nomino-verbale d’antériorité est formée à partir d’un radical àconsonne forte et à ton bas (qui peut soit comporter <strong>de</strong>s extensions soit être redoublé),d’une finale|-a| ou |-o|selon la voix et d’une post-finale d’antériorité |-pa|. Laforme nomino-verbale verbale d’antériorité est en fait constituée sur la forme <strong>de</strong>l’infinitif à ton bas que nous avons décrite plus haut.Exemples :[utapa]«le fait <strong>de</strong> chercher avant»[kndapa]«le fait <strong>de</strong> partir avant»[tndapa]«le fait d’écrire avant»[nyapa]«le fait <strong>de</strong> manger avant»[papa]«le fait <strong>de</strong> donner avant»[kekzapa]«le fait d’apprêter avant»[sanapa]«le fait <strong>de</strong> bénir avant»[syazyapa]«le fait <strong>de</strong> bercer avant»[penjaenjapa]«le fait <strong>de</strong> protéger avant»[utopa]«le fait d’être cherché avant»[kndopa]«le fait d’être parti avant»[tndopa]«le fait d’être écrit avant»[nyopa]«le fait d’être mangé avant»[popa]«le fait d’être donné avant»[kekzopa]«le fait d’être apprêté avant»[sanopa]«le fait d’être béni avant»[syazyopa]«le fait d’être bercé avant»[penjaenjopa]«le fait d’être protégé avant»


2932.4.4.3.2- EmploisEn <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> citation, la forme nomino-verbale d’antériorité apparaîtdans les fonctions syntaxiques suivantes :1- comme prédicat d’une proposition incise dont le sujet nominal ou pronominalest aussi celui d’un verbe conjugué suivant qui exprime une action accomplie.Autrement dit, la forme nomino-verbale d’antériorité accompagne un substantif ou unpronom avec lequel elle constitue une sorte <strong>de</strong> proposition participiale qui prend encharge l’expression d’une action antérieure à une autre, les <strong>de</strong>ux actions étantaccomplies par le même sujet.[owana yanopa eouno]«un enfant étant né, il est élevé»[yma younope yk3lo]«le linge étant lavé, il est repassé»[ncaa eopa spezo]«les plantations étant abattues, elles sont brûlées»Le statut verbal du nomino-verbal d’antériorité utilisé <strong>de</strong> la sorte est renforcé parl’existence possible d’un objet ou d’autres compléments typiques du verbe. Elleexprime qu’un état a été atteint avant l’accomplissement d’une autre action par le sujet.On a ainsi :[ay noape nao and y]«lui, après avoir construit la maison, il partit»[wawo sozap k3on wawo so fa a]«eux, après avoir fait couper du bois <strong>de</strong> chauffage, ils les laissèrent dans la forêt»[cenje yembap en3omo zou yee3e nya enna]«la cigale, après avoir chanté pendant toute la saison sèche, elle ne trouva pas <strong>de</strong>nourriture pendant la saison <strong>de</strong> pluie»2- elle peut suivre un verbe conjugué, en ayant elle-même un complément <strong>de</strong>type verbal. Elle indique alors généralement la manière ou l’état dans lequel se trouvaitle sujet au moment où s’est déroulée l’action principale.


294[nj3n saolzo swopa]«les poules ont été vendues plumées»litt. «les poules ont été vendues le fait d’être plumées avant»[asaka wand koopa a n aolo]«les esclaves partaient les mains et les pieds liés»litt.«les esclaves partaient ayant été liés les mains et les pieds»[asesa maynaa koapa namb yawo ]«les jeunes filles dansaient leurs pagnes soli<strong>de</strong>ment attachés»litt. «les jeunes filles dansaient ayant attaché leurs pagnes soli<strong>de</strong>ment»b- elle peut suivre la forme relative <strong>de</strong> la copule et former avec elle une relativedéterminative exprimant que le sujet a été mis dans un certain état avant d’accomplirl’action principale. Dans ce cas aussi, la forme nomino-verbale d’antériorité peut avoirelle-même un complément <strong>de</strong> verbe.[otondo waluwo peapa wao]«le panier qui était perdu a été retrouvé»[e zee yomopa]«un poisson fumé (litt. un poisson qui est au fait d’être fumé avant)»[namba yee ynopa o t3as]«<strong>de</strong>s tissus amidonnés»litt. «<strong>de</strong>s tissus qui sont au fait d’être trempés avant dans <strong>de</strong> l’amidon»Elle peut également suivre la copule sans que celle-ci soit dans une formerelative et avoir un complément <strong>de</strong> verbe. Elle exprime alors l’état.[ee wanapa o 3oso y owao]«il est assis au <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> la pirogue»[anome ee kndapa o mb3oo]«les hommes sont partis au campement <strong>de</strong> pêche»


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297TROISIEME PARTIETONOLOGIE POST-LEXICALE3.1- INTRODUCTIONL’analyse fait apparaître que la mise en contact <strong>de</strong>s mots au sein <strong>de</strong>s énoncéset/ou <strong>de</strong>s syntagmes peut entraîner l’application <strong>de</strong> règles tonales qui relèvent <strong>de</strong>plusieurs ensembles distincts, en fonction soit <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s unités mises en présencesoit du type <strong>de</strong> lien syntaxique unissant ces diverses unités et, notamment, du faitqu’elles relèvent ou non d’un même syntagme ou (mais dans quelques cas seulement)du fait qu’elles sont ou non focalisées.De manière générale, on peut distinguer :1- Les règles <strong>de</strong> réaménagement tonal2- Les règles <strong>de</strong> contact liées à l’élision ou à la semi-vocalisation <strong>de</strong>s voyellesfinalesLes règles du second ensemble agissent <strong>de</strong> façon automatique après les règles <strong>de</strong>réaménagement tonal, l’élision ou la semi-vocalisation d’une voyelle située à la finaled’un mot ayant très généralement lieu <strong>de</strong>vant la voyelle initiale d’un mot suivant,quoiqu’elles soient facultatives dans certains cas. Pour faciliter la lecture <strong>de</strong> l’exposé,nous les décrirons en premier lieu <strong>de</strong> manière qu’on puisse immédiatement distinguerles cas où elles s’appliquent <strong>de</strong>s cas où les représentations s’expliquent par l’applicationantérieure <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> réaménagement tonal. Afin <strong>de</strong> simplifier la terminologie, nousles appellerons «règles <strong>de</strong> contact tonal». On se souviendra cependant qu’ellesdécrivent le comportement du ton final <strong>de</strong>s mots lorsqu’il perd son support segmental àla suite d’un fait d’élision ou <strong>de</strong> semi-vocalisation.Les règles du premier ensemble -ou règles <strong>de</strong> réaménagement tonal- sontbeaucoup plus complexes. Elles décrivent la modification <strong>de</strong>s schèmes <strong>de</strong> tonalitépropres aux lexèmes lorsqu’ils sont à la fois placés dans certains environnements tonalset dans certaines situations syntaxiques, mais elles dépen<strong>de</strong>nt également du type tonalpropre aux unités lexicales. Enfin, leur mo<strong>de</strong> d’application diffère aussi selon que lesunités considérées sont définies ou indéfinies, focalisées ou non focalisées et, lorsqu’ils’agit <strong>de</strong> syntagmes verbaux, <strong>de</strong> certains traits relevant <strong>de</strong> la conjugaison.On distinguera, dans cet ensemble <strong>de</strong> règles :


2981- Les règles <strong>de</strong> propagation tonale2- Les règles tonales <strong>de</strong> focalisation3- Les règles <strong>de</strong> pont tonal4- Les règles <strong>de</strong> relèvement tonal5- Les règles <strong>de</strong> nivellement tonalDe façon générale, on peut dire que les règles <strong>de</strong> propagation du ton haut finals’appliquent à l’intérieur <strong>de</strong>s syntagmes nominaux (où elles ne concernent toutefois queles tons hauts finals <strong>de</strong> certaines unités lexicales) ainsi qu’à l’intérieur <strong>de</strong>s syntagmesverbaux constitués d’un verbe conjugué à finale haute et d’un syntagme nominal suivantdont le centre est l’objet du verbe conjugué. Les règles tonales <strong>de</strong> focalisations’appliquent uniquement au déterminant adjectival d’un substantif indéfini. Les règles<strong>de</strong> pont tonal s’appliquent, en présence d’une limite <strong>de</strong> syntagme, dans <strong>de</strong>s énoncésprédicatifs non verbaux et dans l’ensemble constitué par un sujet nominal et un verbeconjugué qui suit. Les règles <strong>de</strong> relèvement tonal s’appliquent entre un verbe conjuguédont la finale est basse et un substantif objet suivant. Les règles <strong>de</strong> nivellement tonalconcernent la tonalité <strong>de</strong> l’énoncé qui suit certaines formes verbales négatives quels quesoient les constituants et l’organisation syntaxique propres à cette partie <strong>de</strong> l’énoncé.Elles sont donc d’un type tout à fait particulier.Ce bref exposé montre que les règles <strong>de</strong> réaménagement tonal sont effectivementliées à <strong>de</strong>s conditions syntaxiques spécifiques et qu’elles contribuent donc àl’expression <strong>de</strong>s rapports syntaxiques existant entre les unités constitutives <strong>de</strong>ssyntagmes et/ou <strong>de</strong>s énoncés. La manière dont leur application dépend <strong>de</strong>l’environnement tonal, du type tonal <strong>de</strong>s unités et <strong>de</strong> l’opposition indéfini versus définisera décrite dans la suite <strong>de</strong> l’exposé, pour chaque cas particulier.Toutefois, pour les raisons qui ont été évoquées ci-<strong>de</strong>ssus, nous commenceronspar discuter <strong>de</strong>s règles générales <strong>de</strong> contact tonal.3.2- REGLES GENERALES DE CONTACT TONAL3.2.1- Le constituant nominal est à l’indéfini3.2.1.1- Le premier lexème a un ton bas finalLorsque nous plaçons un nominal (substantif ou adjectif) après un lexème à tonbas final, nous constatons que son schème tonal est conservé :[mya] → [lond mya] «combien <strong>de</strong> fruits»[ombe] → [olond ombe] «un mauvais fruit»


299[ompolo] → [olond ompolo] «un gros fruit»[oluu] → [olond oluu] «un vieux fruit»[owao] → [olond owao] «un petit fruit»[owanto] → [olwan owanto] «une jeune femme»De même :[ao] → [lond ao] «trois fruits»[mban] → [lond mban] «<strong>de</strong>ux fruits»[nay] → [lond nay] «quatre fruits»Cela vaut également pour les substantifs :a- dissyllabiques[eka] → [mblk n eka] «un fauteuil et un banc»[mbwa] → [pus n mbwa] «un chat et <strong>de</strong>s chiens»[ao] → [mnd n ao] «<strong>de</strong> l’argile et <strong>de</strong>s pierres»b- trisyllabiques[owana] → [oota n owana] «une mère et un enfant»[e] → [nyama n e] «<strong>de</strong> la vian<strong>de</strong> et du poisson»[omamba] → [e n omamba] «une grenouille et un serpent»[owanto] → [onome n owanto] «un homme et une femme»c- quadrisyllabiques[oambaka] → [mby n oambaka] «<strong>de</strong>s écorces et uneracine»[mpun] → [pua n mpun] «<strong>de</strong>s jets et <strong>de</strong>smanières <strong>de</strong> jeter»[ezalna] → [eyn n ezalna] «un miroir et un peigne»[ambl] → [okolo n ambl] «<strong>de</strong> l’oseille et <strong>de</strong>saubergines»[epokolo] → [koto n epokolo] «une veste et un chapeau»Le ton bas <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe du lexème <strong>de</strong> gauche n’a aucune inci<strong>de</strong>nce surle schème tonal du lexème qui suit. Cette absence d’association que nous appelleronsrègle <strong>de</strong> contact tonal 3 (RCT 3), se caractérise par le fait que le ton bas <strong>de</strong>venu flottantà la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle qui le portait ne modifiepas le schème tonal du lexème qui suit.


3003.2.1.2- Le premier lexème a un ton haut finalSi nous mettons ces nominaux après un démonstratif, c’est-à-dire après unlexème à ton haut final, nous obtenons les réalisations suivantes :[oa] → [n o3a] «celui-ci, c’est un roi»[epa] → [zn ep3a] «ça, c’est un os»[owana] → [n ow3ana] «celui-ci, c’est un enfant»[omamba] → [n omamba] «ça, c’est un serpent»[e] → [zn e] «ça, c’est un poisson»[lasa] → [nyn l3asa] «ça, c’est une orange»où l’on peut remarquer que la configuration prosodique du substantif a changé <strong>de</strong> lafaçon suivante :- B+H → H+Ab- B+HH → H+AbH- B+BH → H+BH- B+HB → H+AbBOn observe les mêmes modifications avec les substantifs quadrisyllabiques ouavec les adjectifs et les numéraux.a- Avec les substantifs quadrisyllabiques[oambaka] → [n o3ambaka] «ça, c’est une racine»[ezalna] → [zn ezalna] «ça, c’est un peigne»[mpun] → [sn mpun] «ça, ce sont <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong>jeter »[ambl] → [mnw amb3l] «ça, ce sont <strong>de</strong>saubergines»[epokolo] → [zn epokolo] «ça, c’est un chapeau»b- Avec les adjectifs et les numéraux[ola] → [n ol3a] «celui-ci, c’est un grand»[ompolo] → [n omp3olo] «celui-ci, c’est un gros»[owao] → [n owao] «celui-ci, c’est un petit»[oluu] → [n oluu] «celui-ci, c’est un ancien»


301De même :[aao] → [n a3ao] «en voici trois»[awan] → [n awan] «en voici <strong>de</strong>ux»[anay] → [n an3ay] «en voici quatre»Les mêmes modifications sont observées également après la copule :[oa] → [e o3a] «il y a un roi»[epa] → [e ep3a] «il y a un os»[owana] → [e ow3ana] «il y a un enfant»[omamba] → [e omamba] «il y a un serpent»[e] → [e e] «il y a un poisson»[lasa] → [e l3asa] «il y a une orange»[oambaka] → [e o3ambaka] «il y a une racine»[ezalna] → [e ezalna] «il y a un peigne»[mpun] → [e mpun] «il y a <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> jeter»[ambl] → [e amb3l] «il y a <strong>de</strong>s aubergines»[epokolo] → [e epokolo] «il y a un chapeau»[amya] → [e amy3a ] «ils sont combien»[ola] → [e ol3a] «il est grand»[ompolo] → [e omp3olo] «il est gros»[owao] → [e owao] «il est petit»[oluu] → [e oluu] «il est ancien»Voici d’autres exemples qui vont dans le même sens :[wanj] → [anw aw3anj] «vous êtes <strong>de</strong> jeunes hommes»[onda] → [aw onda] «tu es un étranger»[keele] → [az keele] «nous sommes <strong>de</strong>s adultes»Ces modifications sont toutes du même type et auraient pu être expliquées par lapropagation du ton haut final du démonstratif si nous n’avions pas les exemples suivantsoù les substantifs sont <strong>de</strong> classe 10 et où l’augment est représenté par sa variante s-


302[smbwa] → [sn smbwa] «ce sont <strong>de</strong>s chiens»[skon] → [sn skon] «ce sont <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»[sswaka] → [sn sswaka] «ce sont <strong>de</strong>s couteaux»[skamb] → [sn skamb] «ce sont <strong>de</strong>s antilopes»De même :[smbwa] → [ee smbwa] «il y a <strong>de</strong>s chiens»[skon] → [ee skon] «il y a <strong>de</strong>s bois <strong>de</strong> chauffage»[sswaka] → [ee sswaka] «il y a <strong>de</strong>s couteaux»[skamb] → [ee skamb] «il y a <strong>de</strong>s antilopes»On s’aperçoit qu’aucune modification tonale n’est attestée et que le substantifconserve son schème <strong>de</strong> base. On peut donc en déduire que, dans le cas présent, c’estbien le ton haut <strong>de</strong> la voyelle finale <strong>de</strong>venu flottant qui s’associe à la voyelle initiale dumot suivant. Nous appellerons ce type d’association tonale, la règle <strong>de</strong> contact tonal <strong>de</strong>type 1 (RCT 1) dont l’action peut être formulée <strong>de</strong> la manière suivante :Un ton haut ou une séquence BH <strong>de</strong>venus flottants à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> lasemi-vocalisation d’une voyelle finale remplacent le ton bas initial du motsuivant. Ce ton bas dissocié crée <strong>de</strong>s séquences tonales BH ou BHB ens’associant avec un ton haut ou une séquence HB suivante ; il s’efface enprésence d’un ton bas ou d’une séquence BH.Lorsque le substantif est <strong>de</strong> classe 8 ou 9 c’est-à-dire sans augment et/ou sanspréfixe réalisés, nous observons les mêmes modifications que celles qui sont observéeslorsqu’il y a élision vocalique, alors qu’il n’y en a aucune. Toutefois si la syllabe initialedu radical porte un ton bas, aucune modification n’a lieu car, comme nous le savons, leton bas n’agit qu’entouré <strong>de</strong> tons hauts.[pa] → [yn p3a] «ceux-ci, ce sont <strong>de</strong>s os»[taa] → [yn t3aa] «ceux-ci, ce sont <strong>de</strong>s nattes»[] → [yn ] «ceux-ci, ce sont <strong>de</strong>s poissons»[ce] → [yn nc3e] «ceci, c’est une terre»[owa] → [yn owa] «ceci, c’est un cochon»[nju] → [yn nju] «ceci, c’est un éléphant»


303De même :[pa] → [ee p3a] «il y a <strong>de</strong>s os»[taa] → [ee t3aa] «il y a <strong>de</strong>s nattes»[] → [ee ] «il y a <strong>de</strong>s poissons»[ce] → [ee nc3e] «il y a une terre»[owa] → [ee owa] «il y a un cochon»[nju] → [ee nju] «il y a un éléphant»Cette situation n’est pas aussi anormale qu’elle n’y paraît au premier abord. Onpeut l’expliquer en disant que l’effacement <strong>de</strong> l’augment et/ou du préfixe nominaln’entraîne pas l’effacement du ton qu’il portait. En initiale absolue, l’influence <strong>de</strong> ce tonn’est pas visible et le ton est inactif. Mais précédé d’un lexème et entouré <strong>de</strong> tons hauts,ce ton bas <strong>de</strong>vient actif : il va s’associer à la voyelle qui suit immédiatement. Le mêmephénomène s’observe lorsque la nasale préfixale <strong>de</strong> classe 9 perd sa syllabicité etconstitue une attaque syllabique complexe avec la consonne suivante, ce qui rendflottant le ton bas qu’elle portait. Ces exemples confirment notre hypothèse d’analyseselon laquelle les modifications tonales que subissent les lexèmes placés après undémonstratif ne sont pas dues à un phénomène <strong>de</strong> propagation tonale mais bien aux tonshauts ou bas <strong>de</strong>venus flottants à la suite <strong>de</strong> l’élision (ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation) <strong>de</strong> lavoyelle finale du démonstratif, à la suite <strong>de</strong> l’effacement <strong>de</strong>s morphèmes préfixaux, ou àla suite <strong>de</strong> l’intégration du préfixe nominal dans l’attaque <strong>de</strong> la première syllabe duthème.Illustration :Forme <strong>de</strong> départ → |# yn ≠ taa#|RCT1 → |# yn ≠ taa #|Réalisation → [ yn t3aa]«ceux-ci, ce sont <strong>de</strong>s nattes»De même :Forme <strong>de</strong> départ → |# yn ≠ nce #|RCT1 → |# yn ≠ nce #|Réalisation → [yn nc3e]«ceci, c’est une terre»


3043.2.2- Le constituant nominal est au définiLorsque le constituant nominal est au défini et précédé d’un ton bas, <strong>de</strong>ux règlestonales sont observées ; les voici :1- Tout ton <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation d’unevoyelle finale s’efface si le ton initial du mot suivant est i<strong>de</strong>ntique à lui ; c’est larègle <strong>de</strong> contact tonal 3 (RCT 3).[owana] → [oota n owana] «la mère et l’enfant»[e] → [nyama n e] «la vian<strong>de</strong> et le poisson»[omamba] → [e n omamba] «la grenouille et le serpent»[oambaka] → [mby n oambaka] «les écorces et la racine»[ezalna] → [eyn n ezalna]«le miroir et le peigne»[mpun] → [pua n mpun]«les jets et les manières <strong>de</strong> jeter»[epok3olo] → [koto n epok3olo]«la veste et le chapeau»[ambe] → [amb3l ambe]«les mauvaises aubergines»[ampolo] → [amb3l ampolo]«les grosses aubergines»[am3ao] → [amb3l am3ao]«les petites aubergines»[al3uu] → [amb3l al3uu]«les anciennes aubergines»[an3ay] → [amb3l an3ay]«les quatre aubergines»2- Un ton bas <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation d’unevoyelle finale s’associe au ton haut initial du mot suivant et forme avec lui uneséquence BH : c’est la règle <strong>de</strong> contact tonal 2 (RCT 2).Cette séquence sera :


305- ou bien réalisée haut-abaissée si la syllabe précé<strong>de</strong>nte porte un ton haut 53[eka] → [amb3l n 3eka] «les aubergines et le banc»[mbwa] → [amb3l n 3mbwa] «les aubergines et les chiens»[ao] → [amb3l n 3ao] «les aubergines et les pierres»[al3asa] → [amb3l n 3al3asa] «les aubergines et les oranges»[ombe] → [olond 3ombe] «le mauvais fruit»[ompolo] → [olond 3ompolo] «le gros fruit»[ow3ao] → [olond 3ow3ao] «le petit fruit»[ol3uu] → [olond 3ol3uu] «le vieux fruit»[ow3anto] → [mb 3ny3anto] «la brebis»[ao] → [lond 3ao] «les trois fruits»[mb3an] → [lond 3mb3an] «les <strong>de</strong>ux fruits»[n3ay] → [lond 3n3ay] «les quatre fruits»- ou bien simplifiée en un ton haut si la syllabe précé<strong>de</strong>nte porte un ton bas.[eka] → [mbl3k n eka] «le fauteuil et le banc»[mbwa] → [pus n mbwa] «le chat et les chiens»[ao] → [mnd n ao] «l’argile et les pierres»[amb3l] → [okolo n amb3l] «l’oseille et les aubergines»[ompolo] → [oambak ompolo] «la grosse racine»[ow3ao] → [oambak ow3ao] «la petite racine»[ol3uu] → [oambak ol3uu] «l’ancienne racine»[ow3anto] → [olwan ow3anto] «la jeune femme»[ao] → [ambak ao] «les trois racines»[mb3an] → [ambak mb3an] «les <strong>de</strong>ux racines»[n3ay] → [ambak n3ay] «les quatre racines»53 La représentation <strong>de</strong>s adjectifs définis en isolation cités dans ces exemples a été expliquée sous 2.2.3


3063.3- REGLES DE REAMENAGEMENT TONAL3.3.1- Règles <strong>de</strong> propagation du ton hautComme nous l’avons dit plus haut, les règles <strong>de</strong> propagation du ton haut finalsont <strong>de</strong>s règles spécifiques liées à certains emplois et à <strong>de</strong>s situations dans lesquellesplusieurs lexèmes constituent ce que nous appellerons un "groupe tonologique". Nousexaminerons au préalable les syntagmes composés <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lexèmes et les situations quiseront traitées dans ce cas sont les suivantes :- substantif + adjectif (ou numéral)- verbe + substantif objet (ou adjectif ou numéral)- présentatif no + patronyme- connectif + substantif- o + substantifOn verra ensuite qu’il peut également arriver, dans certains syntagmes, qu’onait, en succession, plusieurs lexèmes à ton haut final qui se trouvent en situation <strong>de</strong> créerun groupe tonologique avec l’unité lexicale qui suit. Dans ces cas, il est important <strong>de</strong> se<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r comment fonctionnent les règles <strong>de</strong> propagation du ton haut. C’est donc ces<strong>de</strong>ux situations qui seront abordées dans ce groupe <strong>de</strong> règles.3.3.1.1- Syntagmes à <strong>de</strong>ux constituants3.3.1.1.1- Le constituant nominal est à l’indéfiniObservons d’abord les nominaux en secon<strong>de</strong> position dans la constructionsubstantif + adjectif (ou numéral) ; nous obtenons les réalisations suivantes :[e] → [l e] «une mauvaise citrouille»[olo] → [l olo] «une grosse citrouille»[luu] → [l luu] «une ancienne citrouille»[nyao] → [l nyao] «une petite citrouille»[owanto] → [owan ow3anto] «une fille»[aao] → [al aao] «trois citrouilles»[amban] → [al amban] «<strong>de</strong>ux citrouilles»[anay] → [al an3ay] «quatre citrouilles»


307Nous remarquons que les déterminants ont changé <strong>de</strong> configuration et que lescinq schèmes <strong>de</strong> départ se ramènent à quatre. Ainsi les adjectifs ou les numéraux <strong>de</strong>schème entièrement haut et <strong>de</strong> schème bas-haut sont réalisés haut(-haut)-bas (H+HB ouH+B) ; celui <strong>de</strong> schème haut-bas est réalisé haut-haut abaissé-bas (H+AbB) ; ceux <strong>de</strong>schème entièrement bas sont réalisés entièrement haut (H+HH) et ceux <strong>de</strong> schème hautbassont réalisés haut-haut abaissé-bas (H+AbB). Dans ce contexte, l’opposition entreles lexèmes <strong>de</strong> schème entièrement haut et les lexèmes <strong>de</strong> schème bas-haut se trouveneutralisée.On observe quasiment les mêmes configurations tonales pour les substantifsplacés après un verbe conjugué à finale haute. Nous disons quasiment puisque lessubstantifs <strong>de</strong> schème entièrement bas ne sont généralement pas réalisés entièrementhauts comme c’est le cas pour les déterminants adjectivaux et numéraux <strong>de</strong> mêmeschème. On peut en effet observer :a- les substantifs dissyllabiques (thème monosyllabique)[oa] → [aumny oa] «il avait montré un roi, un chef»[epa] → [aumny epa] «il avait montré un os»b- les substantifs trisyllabiques (thème dissyllabique)[owana] → [aumny owana] «il avait montré un enfant»[omamba] → [aumny omamba] «il avait montré un serpent»[e] → [aumny e] «il avait montré un poisson»[alasa] → [aumny al3asa] «il avait montré <strong>de</strong>s oranges»c- les substantifs quadrisyllabiques (thème trisyllabique)[oambaka] → [aumny oambaka]«il avait montré une racine»[kambn] → [an kambn s nyn]«il avait appris d’autres langages»[ambl] → [aumny amb3l]«il avait montré <strong>de</strong>s aubergines»[epokolo] → [aumny epok3olo]«il avait montré un chapeau»


308Seuls les substantifs trisyllabiques <strong>de</strong> classes 9/10 et <strong>de</strong> schème entièrement bassont réalisés entièrement hauts dans ce contexte et acquièrent ainsi le même schème queles adjectifs indéfinis décrits plus haut. Les exemples suivants en témoignent :[y] → [aumny y] «il avait montré <strong>de</strong>s chemises»[cau] → [aumny ncau] «il avait montré du savon»[swaka] → [aumny swaka] «il avait montré <strong>de</strong>s couteaux»[ncn] → [aumny ncn] «il avait montré <strong>de</strong>s mouches»Il est important <strong>de</strong> souligner que si, à première vue, la cause principale <strong>de</strong> lamodification <strong>de</strong>s schèmes tonals <strong>de</strong>s différents lexèmes aurait pu être la réassociation duton haut <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyellefinale du premier lexème, il n’en est rien, comme le montrent les exemples suivants :[a] → [koni sa] «<strong>de</strong> longs bois <strong>de</strong> chauffage»[polo] → [koni spolo] «<strong>de</strong> gros bois <strong>de</strong> chauffage»[uu] → [kon suu] «d’anciens bois <strong>de</strong> chauffage»[yao] → [kon syao] «<strong>de</strong> petits bois <strong>de</strong> chauffage»où nous pouvons constater que les modifications tonales sont i<strong>de</strong>ntiques à celles qui ontété relevées plus haut dans les mêmes constructions, alors que ces exemples necomportent ni élision ni semi-vocalisation d’une voyelle finale. Voici quelques autresexemples qui vont dans le même sens :[mbe] → [mbwa mbe] «un mauvais chien»[polo] → [mbwa mpolo] «un gros chien»[nuu] → [mbwa nuu] «un vieux chien»[nyao] → [mbwa nyao] «un petit chien»[nyanto] → [mbwa ny3anto] «une chienne»[cao] → [mbwa ncao] «trois chiens»[mban] → [mbwa mban] «<strong>de</strong>ux chiens»[nay] → [mbwa n3ay] «quatre chiens»Il en est <strong>de</strong> même avec les substantifs placés après une forme verbale à ton hautfinal où l’élision <strong>de</strong> la voyelle finale du verbe n’est pas appliquée :


309[aumny oa][aumny mbwa][aumny owana][aumny omamba][aumny e][aumny al3asa][aumny oambaka][an kambn s nyn][aumny amb3l][aumny epok3olo]«il avait montré un roi, un chef»«il avait montré un chien»«il avait montré un enfant»«il avait montré un serpent»«il avait montré un poisson»«il avait montré <strong>de</strong>s oranges»«il avait montré une racine»«il avait appris d’autres langages»«il avait montré <strong>de</strong>s aubergines»«il avait montré un chapeau»Il s’ensuit que les modifications <strong>de</strong>s schèmes tonals <strong>de</strong>s nominaux sontantérieures à l’élision ou à la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle finale. Elles sont donc duesà la propagation du ton haut que porte la <strong>de</strong>rnière syllabe du premier lexème. Demanière générale, l’action <strong>de</strong> ce ton haut peut être formulée comme suit :A l’intérieur d’un groupe tonologique dont les constituants sont indéfinis, le tonhaut final d’un lexème se propage sur le lexème suivant et occupe :- trois positions si le lexème est entièrement bas, sauf s’il s’agit d’unsubstantif trisyllabique qui n’appartient pas aux classes 9/10- une position si ce lexème est dissyllabique- <strong>de</strong>ux positions dans tous les autres casLe ou les tons bas dissociés par la propagation du ton haut occupent lespositions restantes.Toutefois :La présence d’une séquence BH constitue un obstacle à la propagation du tonhaut comme à celle du ton bas.Cette règle générale que l’on appellera règle <strong>de</strong> propagation tonale1(RPT1) peutêtre illustrée par les représentations suivantes :Forme <strong>de</strong> départ → |# aumny ≠ owao #|RPT 1 → |# aumny ≠ owao #|RCT 3 → |# aumny ≠ owao #|Réalisation → [aumny owao]«il avait montré un petit»


310Forme <strong>de</strong> départ → |# kon ≠ sda #|RPT 1 → |# kon ≠ sda #|Réalisation → [kon sa]«<strong>de</strong> longs bois <strong>de</strong> chauffage»Forme <strong>de</strong> départ → |# l ≠ luu #|RPT 1 → |# l ≠ luu #|RCT 3 → |# l ≠ luu #|Réalisation → [l luu]«une ancienne citrouille»La limite à la propagation du ton haut et du ton bas peut être illustrée par lesreprésentations suivantes :Forme <strong>de</strong> départ → |# aumny ≠ ambl #|RPT 1 → |# aumny ≠ ambl #|RCT3 → |# aumny ≠ ambl #|Réalisation → [aumny amb3l]«il avait montré <strong>de</strong>s aubergines»Forme <strong>de</strong> départ → |# aumny ≠ epokolo #|Simplification tonale → |# aumny ≠ epokolo #|RPT 1 → |# aumny ≠ epokolo #|RCT 3 → |# aumny ≠ epokolo #|Réalisation → [aumny epok3olo]«il avait montré un chapeau»La règle s’applique également lorsque le nominal est placé en <strong>de</strong>uxième positiondans la construction substantif + connectif + substantif ou après la préposition |o|.1- après le connectifa- Les substantifs dissyllabiques ( thème monosyllabique)[oa] → [y y oa] «une chemise <strong>de</strong> roi»[mbwa] → [no y mbwa] «une <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> chien»[epa] → [ewonjo z epa] «une tête d’os»


311b- Les substantifs trisyllabiques (thème dissyllabique)[owana] → [y y owana] «une chemise d’enfant»[e] → [kazo s e] «<strong>de</strong>s écailles <strong>de</strong> poisson»[omamba] → [kazo s omamba] «<strong>de</strong>s écailles <strong>de</strong> serpent»[lasa] → [ewulu z l3asa] «une épluchure d’orange»c- Les substantifs quadrisyllabiques (thème trisyllabique)[oambaka] → [kuzu y oambaka]«<strong>de</strong> la sciure d’une racine»[mpun] → [an m mpun]«<strong>de</strong>s sortes <strong>de</strong> manières <strong>de</strong> jeter»[ambl] → [londa y amb3l]«<strong>de</strong>s graines d’aubergines»[epokolo] → [onamba w epok3olo]«un tissu <strong>de</strong> chapeau»d- Les substantifs trisyllabiques (thème dissyllabique) <strong>de</strong> classes 9/10[y] → [o y] «une manche <strong>de</strong> chemise»[cau] → [un ny ncau] «<strong>de</strong> la mousse <strong>de</strong> savon»[swaka] → [mpene y swaka] «<strong>de</strong>s manches <strong>de</strong> couteaux»[ncn] → [ea ny ncn] «un nuage <strong>de</strong> mouches»2- après la préposition |o|a- Les substantifs dissyllabiques ( thème monosyllabique)[oa] → [ oa] «pour un roi»[mbwa] → [o mbwa] «pour un chien»[epa] → [ epa] «pour un os»b- Les substantifs trisyllabiques ( thème dissyllabique)[eee] → [ eee] «sur un arbre»[omamba] → [ omamba] «dans un serpent»[e] → [ e] «dans un poisson»[lasa] → [ l3asa] «dans une orange»


312c- Les substantifs trisyllabiques (thème trisyllabique)[oambaka] → [ oambaka] «dans une racine»[mpun] → [ mpun] «sur <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> jeter»[ambl] → [ amb3l] «dans <strong>de</strong>s aubergines»[epokolo] → [ epok3olo] «dans un chapeau»d-Les substantifs trisyllabiques (thème dissyllabique) <strong>de</strong> classes 9/10[y] → [o y] «pour une chemise»[cau] → [o ncau] «pour un savon»[swaka] → [ swaka] «pour <strong>de</strong>s couteaux»[ncn] → [ ncn] «pour <strong>de</strong>s mouches»Les cas particuliersIl est important <strong>de</strong> souligner que la règle <strong>de</strong> propagation du ton haut agit <strong>de</strong>manière particulière dans les cas suivants :1- lorsque le lexème qui doit subir la propagation est formé sur un thèmemonosyllabique aux classes 8 et 9/10, la règle générale s’applique mais la propagationdu ton haut est peu visible. On a, en effet, les réalisations suivantes:[pa] → [aumny pa] «il avait montré <strong>de</strong>s os»[mbwa] → [aumny mbwa] «il avait montré un chien»qu’on peut schématiser comme suit :Forme <strong>de</strong> départ → |# aumny ≠ pa #|RPT 1 → |# aumny ≠ pa #|RCT 3 → |# aumny ≠ pa #|Réalisation → [aumny pa]Forme <strong>de</strong> départ → |# aumny ≠ mbwa #|RPT 1 → |# aumny ≠ mbwa #|désyllabification → |# aumny ≠ mbwa #|Réalisation → [aumny mbwa]


313On peut constater que, pour les substantifs <strong>de</strong> classe 8, l’élision <strong>de</strong> la séquencepréfixale n’a pas entraîné l’effacement du ton qu’elle portait même s’il est difficile <strong>de</strong>dire lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux, celui <strong>de</strong> l’augment ou du préfixe nominal subsiste.2- lorsque le lexème qui doit subir la propagation est formé sur un thèmemonosyllabique portant une séquence HB, la règle générale s’applique mais <strong>de</strong> manièreparticulière. En effet le ton bas dissocié se combine à la séquence HB et forme avec elleune séquence BHB, qui sera réalisée par une séquence haut abaissé-bas portée par lavoyelle finale.[amya] → [al amy3a ] «combien <strong>de</strong> citrouilles»d’où la représentation suivante :Forme <strong>de</strong> départ → |# al ≠ amya #|RPT 1 → |# al ≠ amya #|RCT 3 → |# al ≠ amya #|Réalisation → [al amy3a ]«combien <strong>de</strong> citrouilles»3- lorsque le substantif quadrisyllabique est entièrement bas, la règle générales’applique mais, facultativement, la propagation du ton haut peut être limitée à <strong>de</strong>uxpositions au lieu <strong>de</strong> trois. Les exemples suivants en témoignent :première réalisation[mblk] → [oma mblk] «un taquin»[mbla] → [mby s mbla] «<strong>de</strong>s écorces d’acajou»[cll] → [ond ncll] «un rang <strong>de</strong> termites»[ezalna] → [n ny ezalna] «une <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> peigne»<strong>de</strong>uxième réalisation[mblk] → [oma mblk] «un taquin»[mbla] → [mby s mbla] «<strong>de</strong>s écorces d’acajou»[cll] → [ond ncll] «un rang <strong>de</strong> termites»[ezalna] → [n ny ezalna] «une <strong>de</strong>nt <strong>de</strong> peigne»


314L’alternance qui caractérise le comportement tonal <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> schème Best curieuse. Toutefois, l’examen <strong>de</strong>s faits laisse supposer que la première réalisation estla réalisation normale pour les nominaux <strong>de</strong> type B ; la <strong>de</strong>uxième réalisation et laconfiguration <strong>de</strong>s substantifs dont le thème dissyllabique est <strong>de</strong> type B et qui relèvent <strong>de</strong>classes nominales autres que les classes 9/10, pourraient résulter d’un alignement surle modèle <strong>de</strong>s nominaux <strong>de</strong> type A. On notera que, lorsque les noms patronymiques <strong>de</strong>type B sont placés après le présentatif no, le ton haut peut aussi occuper facultativement<strong>de</strong>ux ou trois positions. On a ainsi :première réalisation[elum] → [n n elum] «celle-ci, c’est Eloumi»[ue] → [n n ue] «celle-ci, c’est Igouwé»[onjo] → [n n onjo] «celle-ci, c’est Igonjo»[ea] → [n n ea] «celle-ci, c’est Iwénga»[olna] → [n n olna] «celle-ci, c’est Oliwina»[kwala] → [n n kwala] «celle-ci, c’est Ikwangila»<strong>de</strong>uxième réalisation[elum] → [n n elum][ue] → [n n ue][onjo] → [n n onjo][ea] → [n n ea][olna] → [n n olna][kwala] → [n n kwala]Le cas <strong>de</strong>s lexèmes entièrement bas paraît montrer que la propagation tonaleobéit plutôt à un critère relatif au nombre <strong>de</strong>s syllabes sur lesquelles elle opère, et non àun critère relatif à la position qu’occupe, dans le mot, la syllabe sur laquelle elles’arrête. En effet, s’il est fréquent qu’elle se termine sur la première syllabe du thème,et/ou qu’elle n’atteigne pas la syllabe finale du lexème, ces <strong>de</strong>ux critères ne sont pasabsolus. Dans le cas <strong>de</strong>s lexèmes plurisyllabiques entièrement bas, la règle paraît êtrequ’elle s’étend sur trois syllabes quelle que soit la position <strong>de</strong> la troisième syllabequ’elle touche à l’intérieur du mot. L’hypothèse d’un "domaine haut ouvert" quipourrait être formulée pour les lexèmes trisyllabiques comme le préconisent Philippson


315et Puèch pour le galwa 54 n’est pas confirmée par les exemples <strong>de</strong>s lexèmesquadrisyllabiques entièrement bas, mais elle est confirmée pour les adjectifs <strong>de</strong> schèmeentièrement bas. L’existence, à titre facultatif, d’une secon<strong>de</strong> réalisation <strong>de</strong>s lexèmes <strong>de</strong>type B où la propagation est limitée à <strong>de</strong>ux positions confirme l’importance particulièreque tend à prendre la première syllabe du thème comme limite à l’expansion du tonhaut, quoique cette limite ne vaille ni pour les adjectifs entièrement bas ni pour lessubstantifs trisyllabiques entièrement bas relevant <strong>de</strong>s classes 9/10. Il est, en effet,important <strong>de</strong> préciser que, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux cas où les trois positions du ton hautsont obligatoires, la réalisation la plus fréquente est la <strong>de</strong>uxième, c’est-à-dire celle où leton haut occupe <strong>de</strong>ux positions. La tendance est donc à l’alignement <strong>de</strong> ces substantifssur ceux <strong>de</strong> type A.3.3.1.1.2- Le constituant nominal est au défini1- Le constituant touché par la propagation est un substantifConsidérons d’abord les exemples suivants où le substantif est placé après unverbe. On observe les réalisations suivantes :a- Les substantifs dissyllabiques ( thème monosyllabique)[oa] → [ayen oa] «il avait vu le roi»[mbwa] → [ayen mbwa] «il avait vu le chien»[epa] → [ayen epa] «il avait vu l’os»b- Les substantifs trisyllabiques (thème dissyllabique)[owana] → [ayen owana] «il avait vu l’enfant»[omamba] → [ayon omamba] «il avait tué le serpent»[e] → [ayom e] «il avait fumé le poisson»[l3asa] → [ay l3asa] «il avait cueilli l’orange»54 PHILIPPSON G., & PUECH G., 1996, Tonal domains in Galwa (Bantu, B11c) http://ddl.ishlyon.cnrs.fr/Annuaires/PDF/Philippson/Philippson_1996.,-pdf,46p.


316c- Les substantifs quadrisyllabiques (thème trisyllabique)[oambaka] → [az oambaka]«il avait coupé la racine»[ezalna] → [aol ezalna]«il avait acheté le peigne»[mpun] → [an mpun m3]«il avait appris les autres manières <strong>de</strong> jeter»[amb3l] → [alul amb3l]«il avait récolté les aubergines»[epok3olo] → [ayuf epokolo]«il avait volé le chapeau»On peut remarquer que les substantifs dissyllabiques, trisyllabiques <strong>de</strong> type D etquadrisyllabiques <strong>de</strong> type D1 ont conservé leur configuration tonale <strong>de</strong> départ. Lessubstantifs quadrisyllabiques <strong>de</strong> type D2 sont réalisés H+BHB et les substantifs <strong>de</strong> typeA, B ou C sont réalisés H+BB(B).Les mêmes réalisations s’observent après la particule |no| dans uneconstruction prédicative non verbale :[oa] → [n n oa] «celui-ci, c’est le roi»[mbwa] → [yn no mbwa] «ceci, c’est le chien»[epa] → [zn n epa] «ceci, c’est l’os»[owana] → [wn n owana] «celui-là, c’est l’enfant»[omamba] → [n n omamba] «ceci, c’est le serpent»[e] → [zno n e] «ceci, c’est le poisson»[l3asa] → [nyn n l3asa] «ceci, c’est l’orange»[oambaka] → [n n oambaka]«ceci, c’est la racine»[ezalna] → [zn n ezalna]«cela, c’est le peigne»[mpun] → [sn n mpun m3]«celles-là, ce sont les autres manières <strong>de</strong> jeter»[amb3l] → [mno n amb3l]«celles-là, là-bas, ce sont les aubergines»[epok3olo] → [zn n epokolo]«ceci, c’est le chapeau»


317L’ensemble <strong>de</strong> ces faits nous amène à formuler la règle générale suivante :Dans un groupe tonologique dont les constituants sont définis, le ton haut finald’un lexème s’associe à la syllabe initiale d’une forme suivante ; le ou les tonsbas dissociés par cette propagation occupent toutes les positions restantes.Cette règle générale que l’on appellera la règle <strong>de</strong> propagation tonale 2 (RPT 2)peut être illustrée par les représentations suivantes :Forme <strong>de</strong> départ → |# az ≠ oambaka #|RPT 2 → |# az ≠ oambaka #|RCT 3 → |# az ≠ oambaka #|Réalisation → [az oambaka]«il avait coupé la racine»Forme <strong>de</strong> départ → |# wn ≠ no ≠ owana #|RPT 2 → |# wn ≠ no ≠ owana #|RCT 3 → |# wn ≠ n ≠ owana #|Réalisation → [n n owana]«celui-ci, c’est l’enfant»Comme nous pouvons le constater dans les exemples cités plus haut, il y a <strong>de</strong>scas où la règle <strong>de</strong> propagation tonale du ton haut et du ton bas n’agit pas ou agit <strong>de</strong>manière particulière. Voici ces cas :1- Lorsque le constituant qui doit subir la propagation tonale est constitué d’unthème trisyllabique <strong>de</strong> type D2, le ton haut occupe normalement une positionet le ton bas dissocié occupe la position suivante en se limitant à elle puisquela troisième syllabe porte une séquence BH qui arrête sa réassociation.Forme <strong>de</strong> départ → |# ayuf ≠ epokolo #|Simplification tonale → |# ayuf ≠ epokolo #|RPT 2 → |# ayuf ≠ epokolo #|RCT 3 → |# ayuf ≠ epokolo #|Réalisation → [ayuf epokolo]«il avait volé le chapeau»


3182- Lorsque le constituant qui doit subir la propagation du ton haut est constituéd’un thème monosyllabique, la propagation tonale ne se produit pas puisque,dans ce cas, la syllabe initiale du substantif porte un ton haut.Forme <strong>de</strong> départ → |# a yen ≠ oa #|RPT 2 → |# ayen ≠ oa #|Réalisation → [ayen oa]«il avait vu le roi»Pour les mêmes raisons, la propagation ne se produit pas non plus lorsque leconstituant qui <strong>de</strong>vrait la subir est <strong>de</strong> type D ou D1. On a ainsi :Forme <strong>de</strong> départ → |# mn ≠ no ≠ alasa #|Simplification tonale → |# mn ≠ no ≠ alasa #|RCT 3 → |# mn ≠ n ≠ alasa #|Réalisation → [mn n al3asa]«celles-ci, ce sont les oranges»Forme <strong>de</strong> départ → |# mn ≠ no ≠ ambl #|RCT 3 → |# mn ≠ n ≠ ambl #|Réalisation → [mn n amb3l]«celles-ci, ce sont les aubergines»3- Enfin, les substantifs <strong>de</strong> type B et C ont une réalisation HAbB qui s’observe :1- lorsqu’ils sont précédés du connectif[omamba] → [kazo s om3amba] «les écailles du serpent»[e] → [kazo s e3] «les écailles du poisson»2- lorsqu’ils sont précédés <strong>de</strong> la préposition |o|[omamba] → [ om3amba] «pour le serpent»[e] → [ e3] «pour le poisson»Il est cependant intéressant <strong>de</strong> noter que, dans les mêmes contextes, lorsque cessubstantifs sont suivis d’un déterminant <strong>de</strong> quelque type qu’il soit, y compris d’un autresubstantif précédé du connectif, ils sont réalisés HBB.


319[kazo s omamba n][o e zn]«les écailles du gros serpent»«l’o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ce poisson-là»[ omamba wa yy] «pour le serpent noir»[ e z ezaa] «pour le poisson salé»Les représentations observées pour les substantifs <strong>de</strong> type B et C dépourvus <strong>de</strong>déterminant et précédés d’un connectif ou <strong>de</strong> la préposition |o| ne s’expliquent paspar l’application normale d’une règle <strong>de</strong> propagation du ton haut. Curieusement, tout sepasse comme si la règle ne s’appliquait pas, laissant la place aux règles tonales <strong>de</strong>contact, c’est-à-dire comme si, dans ces cas, le lexème à ton haut final ne formait pas ungroupe tonologique avec le lexème suivant, ce qui <strong>de</strong>vrait être considéré comme uneirrégularité surprenante. On verra cependant que l’examen <strong>de</strong>s formes adjectivales neconfirme pas cette supposition et conduit à conclure qu’il y a bien un groupetonologique mais que la règle <strong>de</strong> propagation agit <strong>de</strong> manière particulière au sein <strong>de</strong> cegroupe.2- le constituant touché par la propagation est un adjectifLorsqu’on examine les déterminants adjectivaux et nominaux précédés d’unsubstantif <strong>de</strong> type D1, on relève les mêmes configurations tonales que pour lessubstantifs précédés du connectif. Ceci pourrait laisser supposer que la propagationtonale s’applique après ces substantifs, qui ont un ton haut final à la forme définie. On aen effet :[amb3l] → [amb3l ambe] «les mauvaises aubergines»[amb3l] → [amb3l ampolo] «les grosses aubergines»[amb3l] → [amb3l am3ao] «les petites aubergines»[amb3l] → [amb3l al3uu] «les anciennes aubergines»Pour les déterminants numéraux, il en va <strong>de</strong> même sauf pour le numéral <strong>de</strong>thème +ao qui ne se comporte pas comme le qualificatif +olo qui semble pourtantavoir le même schème tonal que lui.[amb3l] → [amb3l aao] «les trois aubergines»[amb3l] → [amb3l amb3an] «les <strong>de</strong>ux aubergines»[amb3l] → [amb3l an3ay] «les quatre aubergines»


320Toutefois, contrairement à ce qui se passe, après le connectif, avec lessubstantifs trisyllabiques <strong>de</strong> type B et C pour lesquels l’insertion d’un déterminantsuivant aligne les configurations tonales sur celles <strong>de</strong>s substantifs <strong>de</strong> type A,l’adjonction d’un second déterminant ne modifie pas la configuration tonale <strong>de</strong>sadjectifs et <strong>de</strong>s numéraux, même s’ils appartiennent à ces <strong>de</strong>ux types. On a ainsi :[amb3l ambe mn][amb3l ampolo mn][amb3l am3ao mn][amb3l al3uu mn]«ces mauvaises aubergines-ci»«ces grosses aubergines-ci»«ces petites aubergines-ci»«ces anciennes aubergines-ci»[amb3l aao mn][amb3l amb3an mn]«ces trois aubergines-ci»«ces <strong>de</strong>ux aubergines-ci»Mais il est surtout important <strong>de</strong> constater que les mêmes configurations tonalesapparaissent sur l’adjectif et le numéral quand le substantif défini a un ton bas final.C’est ce que montrent les exemples suivants :[ezaln ee][ezaln empolo][ezaln ez3ao][ezaln el3uu][ambak ao][ambak mb3an][ambak n3ay]«le mauvais peigne»«le gros peigne»«le petit peigne»«l’ancien peigne»«les trois racines»«les <strong>de</strong>ux racines»«les quatre racines»Si la propagation peut expliquer la représentation <strong>de</strong>s numéraux et <strong>de</strong>s adjectifsdéfinis qui sont précédés d’un substantif dont le ton final est haut, elle ne peut expliquerla représentation <strong>de</strong>s formes adjectivales définies précédées d’un substantif à ton basfinal. On est donc amené à postuler la présence d’un ton haut flottant figurant entre lesubstantif et l’adjectif ou le numéral défini dans ce type <strong>de</strong> structure. Une autreconstatation s’impose. Comme nous l’avons vu dans la tonologie lexicale (2.2.3),l’adjectif peut être employé <strong>de</strong> manière autonome, c’est-à-dire en l’absence <strong>de</strong> toutsubstantif et, au défini, on a dans ce cas les représentations suivantes :


321Type +HH : [aolo n] «ces gros-ci»[a3ao n]«ces trois-ci»Type +BB : [aw3an n] «ces <strong>de</strong>ux-ci»[aw3ao n] «ces petits-ci»Type +BH : [al3uu n] «ces vieux-ci»Type +BH BH : [an3ay n] «ces quatre-ci»Comme on le voit, ces représentations sont i<strong>de</strong>ntiques à celles que l’on observelorsque l’adjectif détermine le substantif, sauf pour le numéral <strong>de</strong> thème +ao qui secomporte cette fois comme les déterminants <strong>de</strong> type B ou C. On peut donc expliquertoutes les représentations tonales <strong>de</strong>s adjectifs et <strong>de</strong>s numéraux définis en postulantl’existence d’un ton haut flottant structurel qui précè<strong>de</strong> ces formes et que l’on pourrait,dans un premier temps, considérer comme un morphème <strong>de</strong> nominalisation, puisqu’ilest également utilisé dans les formes nominalisées du pronom possessif (§ 2.2.3)comme [yam] «le mien» ou [y] «le tien». On verra cependant en II.2 ci-<strong>de</strong>ssous qu’ilexiste une autre hypothèse relative au rôle qu’il joue dans l’énoncé et dans l’expression<strong>de</strong>s sens. De toute manière, on peut estimer que c’est ce ton haut flottant qui déclencheles faits <strong>de</strong> propagation qui s’appliquent sur le déterminant. Ce qui nous amène, auregard <strong>de</strong> ces nouveaux faits, à reformuler la règle générale <strong>de</strong> la propagation du tonhaut <strong>de</strong> la manière suivante :Dans un groupe tonologique dont les constituants sont définis, le ton haut finald’un lexème ou le ton haut flottant structurel s’associe à la syllabe initiale d’uneforme suivante ; le ou les tons bas dissociés par cette propagation occupenttoutes les positions restantes.Illustration :Forme <strong>de</strong> départ → |# l ≠ olo #|RPT 2 → |# l ≠ olo #|RCT 2 → |# l ≠ olo#|Réalisation → [l 3olo]«la grosse citrouille»


322Comme pour les substantifs, il y a <strong>de</strong>s cas où la règle <strong>de</strong> propagation du ton hautne s’applique pas sur l’adjectif ou s’applique <strong>de</strong> manière particulière. On relève les cassuivants :1- lorsque le déterminant est dissyllabique ou trisyllabique <strong>de</strong> type D, la règle nes’applique pas puisque, dans ces cas, la syllabe initiale du déterminant porte un ton haut.On peut supposer que le ton haut flottant est effacé. Exemples :Forme <strong>de</strong> départ → |# l ≠ we #|RPT 2 → |# l ≠ we #|RCT 2 → |# l ≠ we#|Réalisation → [l 3e]«la mauvaise citrouille»Forme <strong>de</strong> départ → |# al ≠ anay #|Simplification tonale → |# al ≠ anay #|RPT 2 → |# al ≠ anay #|RCT 2 → |# al ≠ anay #|Réalisation → [al 3an3ay]«les quatre citrouilles»Toutefois, lorsque l’adjectif est monosyllabique (c’est-à-dire lorsqu’il n’y aaucune représentation segmentale <strong>de</strong> la séquence préfixale) ou lorsqu’il est <strong>de</strong> classe 9(c’est-à-dire doté d’une consonne nasale qui ne peut porter un ton qu’à l’initialeabsolue), le ton haut flottant s’associe au ton bas <strong>de</strong> la voyelle finale du substantifprécé<strong>de</strong>nt, et c’est cette voyelle qui porte alors la séquence BH qui sera représentée parl’abaissement. On appellera cette règle, la règle <strong>de</strong> contact tonal RCT 2b. Forme <strong>de</strong> départ → |# la ≠ la #|RPT 2 → |# la ≠ la #|RCT 2b → |# la ≠ la #|Réalisation → [l3a la]«les longues robes»Forme <strong>de</strong> départ → |# mbwa ≠ mbya #|RPT 2 → |# mbwa ≠ mbya #|RCT 2b → |# mbwa ≠ mbya #|Réalisation → [mbw3a mbya]«le bon chien»


323Il est difficile <strong>de</strong> savoir exactement si, dans ce cas, c’est le ton haut flottantstructurel ou le ton haut du préfixe qui s’associe au ton bas final du substantif puisque,<strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux tons hauts, il n’en subsiste qu’un seul. Les formes <strong>de</strong> la classe 9 et celles<strong>de</strong>s adjectifs dissyllabiques incitent plutôt à supposer l’effacement du ton haut flottant,et l’association du ton haut préfixal à la voyelle finale du substantif.2- Lorsque le déterminant adjectival est <strong>de</strong> type B ou C, les représentationsqu’on observe ne s’expliquent pas par l’application normale d’une règle <strong>de</strong> propagationdu ton haut. Elles ne peuvent pas non plus s’expliquer par les règles tonales <strong>de</strong> contact,ce qui était possible dans le cas <strong>de</strong>s substantifs trisyllabiques <strong>de</strong> type B et C dépourvus<strong>de</strong> déterminant et précédés du connectif ou <strong>de</strong> la préposition |o|. Dans le cas présent,il n’y a aucune raison <strong>de</strong> supposer que le ton haut flottant s’efface entre <strong>de</strong>ux tons baset, puisque la voyelle finale du substantif est basse, c’est le ton haut flottant qui, seul,peut expliquer l’apparition du schème H+AbB qui caractérise le déterminant. Il fautdonc bien admettre que la propagation du ton haut se fait <strong>de</strong> manière particulière lorsquela forme suivante est <strong>de</strong> type B ou C, dans certains cas seulement pour les substantifstrisyllabiques et dans tous les cas pour les déterminants trisyllabiques.Forme <strong>de</strong> départ → |# l ≠ nyao #|RPT2 → |# l ≠ nyao #|RCT2 → |# l ≠ nyao #|Réalisation → [l 3ny3ao]«la petite citrouille»Forme <strong>de</strong> départ → |# l ≠ luu #|RPT2 → |# l ≠ luu #|RCT2 → |# l ≠ luu #|Réalisation → [l 3l3uu]«l’ancienne citrouille»3- Lorsque le numéral pour "trois" est en position initiale ou lorsqu’il est précédéd’un verbe à ton haut final sa représentation s’explique par une application particulière<strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> propagation tonale, comme pour les déterminants <strong>de</strong> type B et C.Forme <strong>de</strong> départ → |# aao ≠ wn#|RPT2 → |# aao ≠ wn#|Réalisation → [a3ao n]«les trois, ceux-ci»


324Forme <strong>de</strong> départ → |# wa ≠ aao #|RCP2 → |# wa ≠ aao #|RCT3 → |# w ≠ aao #|Réalisation → [w a3ao]«prends les trois»En revanche, la règle <strong>de</strong> propagation du ton haut s’applique normalement sur cemême numéral lorsque sa forme autonome est précédée du connectif, y compris si cetteconstruction est employée dans l’expression <strong>de</strong> l’ordinal. On a en effet :Forme <strong>de</strong> départ → |# y ≠ sa ≠ aao ≠ wn#|RPT2 → |# y ≠ sa ≠ aao ≠ wn#|RCT3 → |# y ≠ s ≠ aao ≠ wn#|Réalisation → [y s aao n]«les chemises <strong>de</strong> ces trois-ci»Forme <strong>de</strong> départ → |# owana ≠ wa ≠ ao #|RPT2 → |# owana ≠ wa ≠ ao #|RCT3 → |# owana ≠ w ≠ ao #|Réalisation → [owana ao]«le troisième enfant»Enfin, lorsqu’il est précédé d’un substantif, son comportement tonal, tout à faitparticulier, paraît s’expliquer par la règle <strong>de</strong> pont tonal (RPNT) dont il sera question enII.3.Forme <strong>de</strong> départ → |# awana ≠ aao #|RPNT → |# awana ≠ aao #|RCT3 → |# awan ≠ aao #|Réalisation → [awan 3aao]«les trois enfants»Forme <strong>de</strong> départ → |# amb3l ≠ aao #|RPNT → |# amb3l ≠ aao #|RCT3 → |# amb3l ≠ aao #|Réalisation → [amb3l aao]«les trois aubergines»


325On est donc amené à considérer ce numéral comme étant tout à fait irrégulier.On ne tentera pas <strong>de</strong> lui attribuer un schème tonal spécifique dont il serait le seulreprésentant, mais on peut supposer qu’en réalité, il n’est pas <strong>de</strong> type A, commel’adjectif <strong>de</strong> thème +olo, par exemple.3.3.1.2- Syntagmes à plus <strong>de</strong>ux constituants3.3.1.2.1- Le constituant nominal est à l’indéfini1- Le substantif est suivi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux déterminants adjectivauxExaminons les exemples ci-après :[l l m][al ampol amban][al ampol aao][al ampol anay]«une longue citrouille»«<strong>de</strong>ux grosses citrouilles»«trois grosses citrouilles»«quatre grosses citrouilles»On constate qu’en position N 3 , le numéral a la même configuration tonale quecelle qu’il a en isolation. Cela n’a rien <strong>de</strong> surprenant puisque l’adjectif qui lui estpréposé a acquis une voyelle finale à ton bas. Il en est <strong>de</strong> même pour l’adjectif dans lemême environnement.[ambak a la][ambak a mpolo][ambak a luu][ambak a myao]«trois longues racines»«trois grosses racines»«trois anciennes racines»«trois petites racines»En revanche, lorsque le premier déterminant adjectival ou numéral estentièrement bas, <strong>de</strong>ux réalisations sont observées.Première réalisation[awan awa awan][awan awa a3ao][awan awa an3ay][awan awany awao][awan awany a3olo][awan awany aluu]«<strong>de</strong>ux petits enfants»«trois petits enfants»«quatre petits enfants»«<strong>de</strong>ux petits enfants»«<strong>de</strong>ux gros enfants»«<strong>de</strong>ux vieux enfants»


326Deuxième réalisation[awan awa awan][awan awa aao][awan awa anay][awan awany awao][awan awany aolo][awan awany aluu]«<strong>de</strong>ux petits enfants»«trois petits enfants»«quatre petits enfants»«<strong>de</strong>ux petits enfants»«<strong>de</strong>ux gros enfants»«<strong>de</strong>ux vieux enfants»Dans la première réalisation, on expliquera les modifications tonales du lexèmeen position N 3 en disant que le ton haut <strong>de</strong>venu flottant à la suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> lasemi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle finale <strong>de</strong> l’adjectif ou du numéral occupe l’initiale dulexème suivant. Le ton bas que portait cette <strong>de</strong>rnière s’associe au ton <strong>de</strong> la syllabe quisuit immédiatement si ce ton est haut, déterminant ainsi l’apparition d’un abaissement.Si le ton <strong>de</strong> la syllabe suivante est bas, il disparaît. On remarquera que ce ton hautn’entraîne pas les mêmes modifications que celles qui sont provoquées sur ledéterminant placé en position N 2, par la propagation du ton haut final du substantif, maisqu’en revanche, ce sont les règles <strong>de</strong> contact qui s’appliquent ici. Tout porte à croire queles règles tonales entre le substantif et le premier déterminant sont prioritaires parrapport à celles qui s’appliquent entre les <strong>de</strong>ux déterminants et qu’elles n’appartiennentpas au même sous-ensemble <strong>de</strong> règles tonales, le second déterminant étant exclu dugroupe tonologique du substantif. On a ainsi :Forme <strong>de</strong> départ → |# awana ≠ awan ± aolo #|RPT 1 → |# awana ≠ awan ± aolo #|RCT 1 → |# awana ≠ awany ± aolo #|RCT3 → |# awan ≠ awany ± aolo #|Réalisation effective → [awan awany a3olo]«<strong>de</strong>ux gros enfants»Forme <strong>de</strong> départ → |# awana ≠ awao ± aluu #|RPT 1 → |# awana ≠ awao ± aluu#|RCT 1 → |# awana ≠ awa ± aluu #|RCT3 → |# awan ≠ awa ± aluu #|Réalisation effective → [awan awa aluu]«<strong>de</strong> vieux petits enfants»


327La secon<strong>de</strong> réalisation est plutôt surprenante dans la mesure où le déterminant enposition N 2 <strong>de</strong>vrait porter un ton haut sur la <strong>de</strong>rnière syllabe, alors que les lexèmes enN 3 ont la configuration qu’ils ont en isolation ou après un ton bas. Pour expliquer le faitque leur schème tonal ne se modifie pas dans cette secon<strong>de</strong> réalisation, on doit admettreque, lorsqu’il est suivi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux déterminants dont le premier est entièrement bas, le tonhaut final d’un substantif occupe facultativement <strong>de</strong>ux positions seulement (RPT2).Ceci nous ramène du reste à la configuration générale que les déterminants <strong>de</strong> thèmedissyllabique ont, après un ton haut, lorsqu’ils sont <strong>de</strong> type A ou C.Forme <strong>de</strong> départ → |# awana ≠ awan ± aolo #|RPT 2 → |# awana ≠ awan ± aolo #|RCT3 → |# awan ≠ awany ± aolo #|Réalisation effective → [awan awany aolo]«<strong>de</strong>ux gros enfants»De façon générale, le comportement tonal du premier déterminant et soninci<strong>de</strong>nce sur le second nous montrent que le substantif et le premier déterminantforment un groupe tonologique alors que ce lien tonal n’existe pas entre les <strong>de</strong>uxdéterminants. Cela nous conduit à dire qu’il n’y a pas <strong>de</strong> superposition nécessaire entre"groupe tonologique" et "syntagme" au sens syntaxique habituel <strong>de</strong> ce terme.La coexistence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux réalisations s’observe également lorsque le premierdéterminant numéral est <strong>de</strong> type tonal D.Première réalisation[awan an3ay 3awao][awan an3ay 3a3olo][awan an3ay 3aluu]«quatre petits enfants»«quatre gros enfants»«quatre vieux enfants»Deuxième réalisation[awan an3ay awao][awan an3ay aolo][awan an3ay aluu]«quatre petits enfants»«quatre gros enfants»«quatre vieux enfants»Les configurations tonales <strong>de</strong> la première réalisation ne sont pas surprenantespuisque nous avons vu que les nominaux <strong>de</strong> type D ont une séquence BH sur la <strong>de</strong>rnièresyllabe dont la partie haute s’efface lorsque le nominal est en isolation ou suivi d’une


328limite <strong>de</strong> phrase. Ici cette séquence BH est maintenue et donc sa partie haute agit.Toutefois, les modifications qu’elle entraîne ne relèvent pas <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> propagationdu ton haut et, dans ce cas aussi, le <strong>de</strong>uxième déterminant, bien que faisant partie dusyntagme, ne participe pas au groupe tonologique constitué par le substantif et sonpremier déterminant.Illustration :Forme <strong>de</strong> départ → |# awana ≠ anay ± aolo #|RPT 1 → |# awana ≠ anay ± aolo #|RCT1 → |# awana ≠ anay ± aolo #|RCT3 → |# awan ≠ anay ± aolo #|Réalisation effective → [awan an3ay 3a3olo]«quatre gros enfants»Dans la secon<strong>de</strong> réalisation, la séquence BH située sur la <strong>de</strong>rnière syllabe dunuméral est simplifiée en un ton bas, comme en fin <strong>de</strong> syntagme. Cette simplificationn’est pas due à la propagation du ton haut final du substantif mais elle laisse supposerque le <strong>de</strong>uxième déterminant est non seulement en <strong>de</strong>hors du groupe tonologique formépar le substantif et son premier déterminant, mais également en <strong>de</strong>hors du syntagme luimême.Il se peut qu’une traduction plus appropriée <strong>de</strong> l’exemple cité soit : "quatreenfants, <strong>de</strong>s gros". En effet, on peut effectuer une pause entre les <strong>de</strong>ux déterminants, etle caractère apposé du second déterminant est alors fortement ressentie. Ce qui pourraitêtre illustré comme suit :Forme <strong>de</strong> départ → |# awana ≠ anay # aolo #|Simplification tonale → |# awana ≠ anay # aolo #|RPT 1 → |# awana ≠ anay # aolo #|RCT 3 → |# awan ≠ anay # aolo #|Réalisation effective → [awan an3ay aolo]«quatre gros enfants»On retiendra donc que dans un syntagme indéfini complexe où il y a <strong>de</strong>uxdéterminants adjectivaux qui accompagnent le substantif, le second déterminant ne faitpas partie du groupe tonologique que constitue le substantif et le premier déterminant etqu’il ne forme pas non plus un groupe tonologique avec le déterminant qui le précè<strong>de</strong>.


3292- Le syntagme comporte plusieurs tons hauts finals propageablesIl s’agit dans cette section <strong>de</strong> voir comment fonctionnent les règles <strong>de</strong>propagation lorsque le syntagme comprend, en succession, plusieurs lexèmes dont le tonhaut final se propage, normalement, sur l’unité lexicale qui suit. En effet, on peutprévoir, par exemple, que l’application <strong>de</strong> ces règles au second lexème entraînel’apparition d’un ton bas sur sa syllabe finale, ce qui annulerait la manifestation <strong>de</strong> touterègle <strong>de</strong> propagation entre le second lexème et le troisième alors que, normalement, ceslexèmes forment un groupe tonologique. La question est donc <strong>de</strong> savoir si les règles <strong>de</strong>propagation s’appliquent <strong>de</strong> cette façon ou, au contraire, si elles s’appliquent d’abor<strong>de</strong>ntre le second et le troisième lexèmes, le schème tonal du second lexème n’étant luimêmemodifié par la propagation tonale que dans une étape ultérieure. C’est ce quenous essayerons <strong>de</strong> découvrir dans les sections qui suivent. Les situations qui seronttraitées ici sont les suivantes :- connectif + substantif + adjectif (+ adjectif)- verbe à ton haut final + substantif + adjectif (+ adjectif)- o + substantif + adjectif (+ adjectif)L’ensemble <strong>de</strong> ces syntagmes présente <strong>de</strong>ux réalisations tonales différentes,mais sémantiquement équivalentes, selon que les règles <strong>de</strong> propagation s’appliquentd’abord entre le substantif et le déterminant ou d’abord entre le premier lexème et lesubstantif.- Propagation limitée au premier groupe tonologiqueDans les exemples qui suivent on constatera que l’application <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>propagation s’effectue d’abord entre le connectif et le substantif, ce qui annule lamanifestation <strong>de</strong> toute règle <strong>de</strong> propagation entre le substantif et l’adjectif ou le numéralalors que, normalement, ces lexèmes forment un groupe tonologique. Mais nous verronsplus loin qu’il y a <strong>de</strong>s cas où la propagation peut laisser un ton haut final ou uneséquence BH finale.- connectif + substantif + adjectif (+numéral)Le substantif est <strong>de</strong> type A[kuzu y oambak ombe][kuzu y oambak ompolo][kuzu y oambak owao][kuzu y oambak oluu]«<strong>de</strong> la sciure d’une mauvaise racine»«<strong>de</strong> la sciure d’une grosse racine»«<strong>de</strong> la sciure d’une petite racine»«<strong>de</strong> la sciure d’une ancienne racine»


330[kuzu y ambak ao][kuzu y ambak mban][kuzu y ambak nay]«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> trois racines»«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux racines»«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> quatre racines»[kuzu y ambak a mp3olo][kuzu y oambak ompol oluu][kuzu y ambak nay 3myao]«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> trois grosses racines»«<strong>de</strong> la sciure d’une ancienne grosseracine»«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> quatre petites racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[ewulu z l3as ya][ewulu z l3as olo]«une épluchure d’une belle orange»«une épluchure d’une grosse orange»[ewulu z l3as nyao][ewulu z l3as luu]«l’épluchure d’une petite orange»«l’épluchure d’une ancienne orange»[wulu y al3as aao][wulu y al3as amban][wulu y al3as anay]«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> trois oranges»«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grosses oranges»«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> quatre oranges»[ewulu z l3as y 3olo][wulu y al3as ambany ampolo][ewulu z l3as ol luu]«l’épluchure d’une belle grosse orange»«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux grosses oranges»«l’épluchure d’une ancienne grosseorange»- verbe à ton haut final + substantif + adjectif (+numéral)Le substantif est <strong>de</strong> type A[aumny oambak ombe][aumny oambak ompolo][aumny oambak owao][aumny oambak oluu]«il avait montré une mauvaise racine»«il avait montré une grosse racine»«il avait montré une petite racine»«il avait montré une ancienne racine»[aumny ambak ao][aumny ambak mban][aumny ambak nay]«il avait montré trois racines»«il avait montré <strong>de</strong>ux racines»«il avait montré quatre racines»


331[aumny ambak ompol mban] «il avait montré <strong>de</strong>ux grosses racines»[aumny ambak a mby3a]«il avait montré trois belles racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[aumny l3as e][aumny l3as olo][aumny l3as nyao][aumny l3as luu][aumny al3as aao][aumny al3as amban][aumny al3as anay]«il avait montré une mauvaise orange»«il avait montré une grosse orange»«il avait montré une petite orange»«il avait montré une ancienne orange»«il avait montré trois oranges»«il avait montré <strong>de</strong>ux oranges»«il avait montré quatre oranges»[aumny al3as aa amp3olo] «il avait montré trois grosses oranges»[aumny l3as ol 3e]«il avait montré une grosse mauvaise orange»- o + substantif + adjectif(+numéral)Le substantif est <strong>de</strong> type A[ oambak ombe] «sous une mauvaise racine»[ oambak ompolo] «sous une grosse racine»[ oambak owao] «sous une petite racine»[ oambak oluu] «sous une ancienne racine»[ ambak ao][ ambak mban][ ambak nay]«pour trois racines»«pour <strong>de</strong>ux racines»«pour quatre racines»[ oambak ompol olunu] «sous une grosse ancienne racine»[ ambak a omyao]«pour trois petites racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[ l3as e] «dans une mauvaise orange»[ l3as olo] «dans une grosse orange»[ l3as nyao] «dans une petite orange»[ l3as luu] «dans une ancienne orange»


332[ al3as aao][ al3as amban][ al3as anay]«pour trois oranges»«pour <strong>de</strong>ux oranges»«pour quatre oranges»[ l3as l3a] «dans une longue mauvaise orange»[ al3as ambany aluu]«pour <strong>de</strong>ux anciennes oranges»Dans tous ces exemples, le groupe tonologique formé par le substantif et ledéterminant adjectival ou numéral est rompu puisque le substantif acquiert un schèmequi se termine par un ton bas. La fin du groupe tonologique est ici marquée par unelimite forte qui se traduit par l’absence <strong>de</strong> la manifestation du ton haut situé à la finale<strong>de</strong>s séquences BH dans les substantifs <strong>de</strong> type D. En effet, la séquence BH finale estsimplifiée en un ton bas avant l’application <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> contact tonal. Pour ce qui est<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux déterminants, il n’y a pas <strong>de</strong> surprise puisque que nous avons vu que lorsque lesubstantif était suivi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux déterminants, ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers ne formaient pas ungroupe tonologique et donc que les règles qui s’y appliquent sont les règles tonales <strong>de</strong>contact.Remarque :Il faut également signaler que :1- lorsque le déterminant adjectival ou numéral est <strong>de</strong> type B et que le substantifdéterminé est dissyllabique <strong>de</strong> type A ou trisyllabique <strong>de</strong> types A ou C, on note lesréalisations suivantes :[y y o 3owao][y y owan 3owao][kazo s e 3ezao][y s awan 3awan]«une chemise d’un petit chef»«une chemise d’un petit enfant»«<strong>de</strong>s écailles d’un petit poisson»«<strong>de</strong>s chemises <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux enfants»Ces réalisations sont difficiles à expliquer. On peut supposer que la règle <strong>de</strong>propagation qui s’applique entre le connectif et le substantif repousse le ou les tonshauts finals du substantif et que ceux-ci, <strong>de</strong>venus flottants, se réduisent à un ton haut quis’associe à l’initiale <strong>de</strong> l’adjectif sans déterminer aucun fait <strong>de</strong> propagation, ce quiconfirme bien que l’adjectif et son déterminant ne constituent pas un groupetonologique. Les règles tonales <strong>de</strong> contact qui s’appliquent ensuite déterminent laréalisation abaissée que l’on observe à l’initiale <strong>de</strong> l’adjectif.


333On pourrait également expliquer cette représentation en présumant que le tonhaut final du substantif occupe une position sans qu’il y ait élision <strong>de</strong> la voyelle qui luisert <strong>de</strong> support, puisque la règle <strong>de</strong> propagation s’applique entre le connectif et lesubstantif. Enfin, les règles tonales <strong>de</strong> contact s’appliquent.Dans l’ensemble, ces représentations semblent issues <strong>de</strong> fonctionnementsparticuliers qui diffèrent sensiblement <strong>de</strong> ceux que l’on a observés en général dans lessyntagmes nominaux.2- lorsque le déterminant adjectival est <strong>de</strong> type B (donc entièrement bas) et quele substantif est <strong>de</strong> type D, on note également les réalisations suivantes :[awut al3as 3amao][londa y amb3ol amao][onamba epok3ol 3ezao]«il cherchait <strong>de</strong> petites oranges»«<strong>de</strong>s graines <strong>de</strong> petites aubergines»«un tissu d’un petit chapeau»où la règle <strong>de</strong> propagation entre le connectif ou la forme verbale et le substantif laisse leton haut final ou la séquence BH intacte. Dans ce cas, contrairement à ce que l’on a vuci-<strong>de</strong>ssus, il n’y a pas <strong>de</strong> limite forte après le substantif puisque la séquence BH n’estpas réduite au ton bas. Le substantif et le déterminant adjectival ou numéral ne formentpas un groupe tonologique, ce qui permet l’application <strong>de</strong>s règles tonales <strong>de</strong> contact.En reprenant les mêmes exemples, nous obtenons les réalisations alternantes ciaprès:- Propagation appliquée dans les <strong>de</strong>ux groupes tonologiques- connectif + substantif + adjectifLe substantif complément est <strong>de</strong> type A[kuzu y oambak ombe][kuzu y oambak ompolo][kuzu y oambak owao][kuzu y oambak oluu][kuzu y ambak ao][kuzu y ambak mban][kuzu y ambak n3ay]«<strong>de</strong> la sciure d’une mauvaise racine»«<strong>de</strong> la sciure d’une grosse racine»«<strong>de</strong> la sciure d’une petite racine»«<strong>de</strong> la sciure d’une ancienne racine»«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> trois racines»«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux racines»«<strong>de</strong> la sciure <strong>de</strong> quatre racines»


334Le substantif est <strong>de</strong> type D[ewulu z l3as 3ya][ewulu z l3as 3olo][ewulu z l3as 3nyao][ewulu z l3as 3luu][wulu y al3as 3aao][wulu y al3as 3amban][wulu y al3as 3an3ay]«une épluchure d’une belle orange»« une épluchure d’une grosse orange»«une épluchure d’une petite orange»«une épluchure d’une ancienne orange»«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> trois oranges»«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux oranges»«<strong>de</strong>s épluchures <strong>de</strong> quatre oranges»- verbe à ton haut final + substantif + adjectifLe substantif est <strong>de</strong> type A[aumny oambak ombe][aumny oambak ompolo][aumny oambak owao][aumny ambak aao][aumny ambak amban][aumny ambaka nay]«il avait montré une mauvaise racine»«il avait montré une grosse racine»«il avait montré une petite racine»«il avait montré trois racines»«il avait montré <strong>de</strong>ux racines»«il avait montré quatre racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[aumny l3as 3e][aumny l3as 3olo][aumny l3as 3nyao][aumny l3as 3luu][aumny al3as 3aao][aumny al3as 3amban][aumny al3as 3an3ay]«il avait montré une mauvaise orange»«il avait montré une grosse orange»«il avait montré une petite orange»«il avait montré une ancienne orange»«il avait montré trois oranges»«il avait montré <strong>de</strong>ux oranges»«il avait montré quatre oranges»


335- o + substantif + adjectifLe substantif est <strong>de</strong> type A[ oambak ombe] «sous une mauvaise racine»[ oambak ompolo] «sous une grosse racine»[ oambak owao] «sous une petite racine»[ oambak oluu] «sous une ancienne racine»[ ambak ao][ ambak mban][ ambak n3ay]«pour trois racines»«pour <strong>de</strong>ux racines»«pour quatre racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[ l3as 3we] «dans une mauvaise orange»[ l3as 3olo] «dans une grosse orange»[ l3as 3nyao] «dans une petite orange»[ l3as 3luu] «dans une ancienne orange»[ al3as 3aao][ al3as 3amban][ al3as 3an3ay]«pour trois oranges»«pour <strong>de</strong>ux oranges»«pour quatre oranges»Dans ces exemples, l’ordre d’application <strong>de</strong>s règles tonales est le suivant :- règles <strong>de</strong> propagation entre le substantif et l’adjectif ou le déterminantnuméral- règles <strong>de</strong> propagation entre le premier lexème et le substantif- règles <strong>de</strong> contact tonalIllustration :Forme <strong>de</strong> départ → |# kuzu ≠ ya ≠ oambaka ≠ ompolo #|RPT1 → |# kuzu ≠ ya ≠ oambaka ≠ ompolo #|RPT1 → |# kuzu ≠ ya ≠ oambaka ≠ ompolo #|RCT2 → |# kuzu ≠ y ≠ oambak ≠ ompolo #|Réalisation effective → [kuzu y oambak ompolo]«<strong>de</strong> la sciure d’une grosse racine»


336On notera que, grâce à cette hiérarchisation <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> propagation tonale, lesgroupes tonologiques que forme chaque groupe <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux lexèmes sont respectés, mêmelorsqu’ils entrent dans <strong>de</strong>s constructions plus larges.3.3.1.2.2- Le constituant nominal est au définiContrairement à ce qui se passe dans les constructions à la forme indéfinie, lesgroupes syntaxiques complexes posent peu <strong>de</strong> problèmes à la forme définie. Celas’explique d’une part, par le fait que les représentations tonales <strong>de</strong>s nominaux à la formedéfinie ont généralement un ton bas final et d’autre part, par le fait que les déterminantsadjectivaux et numéraux ont, à l’initiale, un ton haut flottant structurel <strong>de</strong> sorte que leschangements tonals dont ils sont l’objet ne dépen<strong>de</strong>nt pas directement <strong>de</strong> leur contactavec le substantif. Si le substantif centre du syntagme est précédé d’un ton haut qui sepropage, cela ne modifiera donc pas la représentation <strong>de</strong>s lexèmes qui le suivent : ceuxcisubissent l’action du ton haut flottant qui les précè<strong>de</strong>. Il n’y a donc qu’une seulereprésentation tonale possible <strong>de</strong>s syntagmes complexes au défini. En reprenant lesmêmes exemples on a ainsi :- connectif + substantif + adjectif(+numéral)Le substantif est <strong>de</strong> type A[kuzu y oambak ombe][kuzu y oambak ompolo][kuzu y oambak ow3ao][kuzu y oambak ol3uu][kuzu y ambak ao][kuzu y ambak mb3an][kuzu y ambak n3ay][kuzu y ambak a 3mpolo][kuzu y oambak ompol ol3uu][kuzu y ambak n3ay 3my3ao]«la sciure <strong>de</strong> la mauvaise racine»«la sciure <strong>de</strong> la grosse racine»«la sciure <strong>de</strong> la petite racine»«la sciure <strong>de</strong> l’ancienne racine»«la sciure <strong>de</strong>s trois racines»«la sciure <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux racines»«la sciure <strong>de</strong>s quatre racines»«la sciure <strong>de</strong>s trois grosses racines»«la sciure <strong>de</strong> l’ancienne grosse racine»«la sciure <strong>de</strong>s quatre petites racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[ewulu z l3as 3ya][ewulu z l3as 3olo][ewulu z l3as 3ny3ao][ewulu z l3as 3l3uu]«l’épluchure <strong>de</strong> la belle orange»«l’épluchure <strong>de</strong> la grosse orange»«l’épluchure <strong>de</strong> la petite orange»«l’épluchure <strong>de</strong> l’ancienne orange»


337[wulu y al3as 3aao][wulu y al3as 3amb3an][wulu y al3as 3an3ay][ewulu z l3as 3y 3olo][wulu y al3as 3amb3any 3ampolo][ewulu z l3as 3ol l3uu]«les épluchures <strong>de</strong>s trois oranges»«les épluchures <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux grosses oranges»«les épluchures <strong>de</strong>s quatre oranges»«l’épluchure <strong>de</strong> la belle grosse orange»«les épluchures <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux grosses oranges»«l’épluchure <strong>de</strong> l’ancienne grosseorange»- verbe à ton haut final + substantif + adjectif (+numéral)Le substantif est <strong>de</strong> type A[aumny oambak ombe][aumny oambak ompolo][aumny oambak ow3ao][aumny oambak ol3uu][aumny ambak ao][aumny ambak mb3an][aumny ambak n3ay]«il avait montré la mauvaise racine»«il avait montré la grosse racine»«il avait montré la petite racine»«il avait montré l’ancienne racine»«il avait montré les trois racines»«il avait montré les <strong>de</strong>ux racines»«il avait montré les quatre racines»[aumny ambak mpol mb3an]«il avait montré les <strong>de</strong>ux grosses racines»[aumny ambak a 3mbya] «il avait montré les trois belles racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[aumny l3as 3e][aumny l3as 3olo][aumny l3as 3ny3ao][aumny l3as 3l3uu][aumny al3as 3aao][aumny al3as 3amb3an][aumny al3as 3an3ay][aumny al3as 3aa 3ampolo][aumny l3as 3ol e]«il avait montré la mauvaise orange»«il avait montré la grosse orange»«il avait montré la petite orange»«il avait montré l’ancienne orange»«il avait montré les trois oranges»«il avait montré les <strong>de</strong>ux oranges»«il avait montré les quatre oranges»«il avait montré les trois grosses oranges»«il avait montré la grosse mauvaise orange»


338- o + substantif + adjectif(+numéral)Le substantif est <strong>de</strong> type A[ oambak ombe] «sous la mauvaise racine»[ oambak ompolo] «sous la grosse racine»[ oambak ow3ao] «sous la petite racine»[ oambak ol3uu] «sous l’ancienne racine»[ ambak ao ][ ambak mb3an][ ambak n3ay]«pour les trois racines»«pour les <strong>de</strong>ux racines»«pour les quatre racines»[ oambak ompol ol3unu] «sous la grosse ancienne racine»[ ambak a 3my3ao]«pour les trois petites racines»Le substantif est <strong>de</strong> type D[ l3as 3e] «dans la mauvaise orange»[ l3as 3olo] «dans la grosse orange»[ l3as 3ny3ao] «dans la petite orange»[ l3as 3l3uu] «dans l’ancienne orange»[ al3as 3aao][ al3as 3amb3an][ al3as 3an3ay]«pour les trois oranges»«pour les <strong>de</strong>ux oranges»«pour les quatre oranges»[ l3as 3 3la] «dans la longue mauvaise orange»[ al3as 3amb3any 3al3uu]«pour les <strong>de</strong>ux anciennes oranges»3.3.1.3- Observations généralesOn retiendra que, dans une construction à <strong>de</strong>ux unités formant un groupetonologique, la propagation du ton haut final se fait sur l’unité lexicale suivante etqu’elle agit différemment selon que les unités lexicales considérées sont à l’indéfini ouau défini, et selon leur type tonal. On retiendra également que le groupe tonologiqueformé d’un substantif et d’un déterminant adjectival ou numéral peut être maintenu ousupprimé, à l’indéfini, lorsque le substantif est précédé du connectif, d’un verbe à finalehaute ou <strong>de</strong> la préposition |o|. Cela montre qu’il y a une possibilité <strong>de</strong> choix dans la


339hiérarchisation <strong>de</strong>s règles au sein <strong>de</strong> l’énoncé. Le maintien du groupe tonologiqueconstitué d’un substantif indéfini et <strong>de</strong> son déterminant adjectival ou numéral estfonction du fait que le locuteur choisit d’appliquer les règles <strong>de</strong> propagation à cetensemble syntaxique avant d’appliquer celles qui doivent s’appliquer au contact dusubstantif et d’un lexème à ton haut final précé<strong>de</strong>nt. On retiendra enfin que, dans lesmêmes conditions, une séquence BH finale peut être simplifiée en un ton bas, ce qui nese produit généralement qu’à la fin du syntagme. Ce fait pose donc une questionintéressante en ce qui concerne l’analyse syntaxique précise <strong>de</strong>s énoncés où onl’observe.3.3.2- Règle <strong>de</strong> focalisationL’expression <strong>de</strong> la focalisation <strong>de</strong> l’adjectif ou du numéral se traduit, àl’indéfini, par l’insertion d’un ton haut flottant entre le substantif et l’adjectif. Lesmodifications engendrées par ce ton haut flottant sont celles que produit la propagationtonale avec les restrictions qu’imposent le nombre <strong>de</strong> syllabes et le schème initial dudéterminant. On a par exemple :[omamba] → [omamb ola] «un serpent, (c’est) un long»[omamba] → [omamb ompolo] «un serpent, (c’est) un gros»[omamba] → [omamb owao] «un serpent, (c’est) un petit»[omamba] → [omamb oluu] «un serpent, (c’est) un ancien»[omamba] → [omamb ow3anto] «un serpent, (c’est) une femelle»[londa] → [lond ao] «<strong>de</strong>s fruits, (il y en a) trois»[londa] → [lond mban] «<strong>de</strong>s fruits, (il y en a) <strong>de</strong>ux»[londa] → [lond n3ay] «<strong>de</strong>s fruits, (il y en a) quatre»On peut supposer que la focalisation ne s’applique pas uniquement lorsque lesubstantif a un ton final bas mais c’est dans ce cas qu’elle est visible car les substantifsd’autres schèmes tonals ont une syllabe finale à ton haut et génèrent donc à eux seuls lesmêmes changements. De cette façon, l’expression <strong>de</strong> la focalisation est neutralisée.Les modifications relatives à la focalisation ne sont pas issues d’un relèvementtonal <strong>de</strong> la voyelle finale du substantif comme on pourrait être tenté <strong>de</strong> le croire. Il s’agitbien d’une insertion tonale car, lorsque l’élision ou la semi-vocalisation n’est paspratiquée, c’est-à-dire lorsqu’on effectue une légère pause entre le substantif et ledéterminant focalisé, le substantif gar<strong>de</strong> son schème initial tandis qu’on observe lestransformations <strong>de</strong> la configuration tonale du déterminant adjectival.


340[omamba ompolo][omamba owao][omamba oluu]Cette insertion tonale rappelle celle que l’on observe dans les formesadjectivales à la forme définie. En effet, les formes adjectivales manifestent un ton hautflottant initial que nous avons appelé "ton <strong>de</strong> nominalisation". On pourrait donc se<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si les formes adjectivales définies ne seraient pas, en fait, <strong>de</strong>s formesfocalisées, même si cette nuance sémantique n’est pas bien perçue, notamment quandl’adjectif suit le substantif et qu’il n’y a pas <strong>de</strong> pause entre les <strong>de</strong>ux. Dans les formespossessives nominalisées, le ton haut flottant précé<strong>de</strong>nt ne marquerait donc pas lanominalisation, mais plutôt la focalisation. En effet, dans les exemples :[wam waman][wawo wpee]«le mien(le miel), il est fini»«le leur(le miel), il existe encore»le possessif pourrait être un sujet focalisé et ces phrases peuvent aussi être traduites par :«c’est le mien (le miel), il est fini» ou «c’est le leur (le miel), il existe encore».La focalisation <strong>de</strong> l’adjectif qualificatif à l’indéfini exprime une qualité rare,hors du commun. On aura par exemple :[myay3en omamb ompolo ez3en]«j’ai vu un serpent, un (très) gros, au débarcadère»[a els ezna]«il a trouvé un foulard (vraiment) neuf»3.3.3- Règle <strong>de</strong> pont tonalLa règle <strong>de</strong> pont tonal est une règle mineure qui agit uniquement au défini etdans <strong>de</strong>s situations syntaxiques particulières. Elle est énoncée comme suit :Un ton bas situé à l’initiale d’une forme définie <strong>de</strong>vient haut lorsqu’il est à lafois suivi d’un ton haut et précédé d’un ton haut situé à la finale d’un lexèmedont il est séparé par une limite <strong>de</strong> syntagme (RPNT).La règle s’applique :


3411- Au contact entre un démonstratif et un substantif défini, dans un énoncéprédicatif non verbal qui ne comporte pas le morphème |no|. On a ainsi :[owana] → [n owana] «celui-ci, c’est l’enfant»[omamba] → [n omamba] «ça, c’est le serpent»[e] → [zn e] «ça, c’est le poisson»[oambaka] → [n oambaka] «ça, c’est la racine»[ezalna] → [zn ezalna] «ça, c’est le peigne»[mpun] → [sn mpun] «ça, ce sont les manières <strong>de</strong>jeter»[epok3olo] → [zn epok3olo] «ça, c’est le chapeau»2- Au contact entre la copule "être" et un substantif prédicat dans <strong>de</strong>s énoncésexprimant l’existence d’un être vivant ou d’un objet. Exemples :[owana] → [e owana] «il y a l’enfant»[omamba] → [e omamba] «il y a le serpent»[e] → [e e] «il y a le poisson»[oambaka] → [e oambaka] «il y a la racine»[ezalna] → [e ezalna] «il y a le peigne»[mpun] → [e mpun] «il y a les manières <strong>de</strong> jeter»[epok3olo] → [e epok3olo] «il y a le chapeau»3- Au contact entre un indice personnel et un nom qui en est l’apposition.[owana] (+HH) → [aw owana] «toi, l’enfant»[oa] (+BB) → [ay oa] «lui, le créateur»[mblo] (+BH) → [anw mblo] «vous, les travailleurs actifs»[oaano] (+HHH) → [my oaano wan] «moi,votresemblable»[olwan] (+BBB) → [aw olwan] «toi, le jeune»[3s] (+B BH BH) → [an 3s] «vous, les bûcherons»


3424- Au contact entre un démonstratif et un numéral qui lui est apposé.[n awan][n aao][n atan]«ceux-ci, les <strong>de</strong>ux»«ceux-ci, les trois»«ceux-ci, les cinq»5- Au contact entre un nom sujet et une forme verbale accordée en classe1[epes3ea] → [ompum epes3ea] «Ompouma joue encore»[eek3nda] → [wa eek3nda] «Igwanga partira»[eaaune] → [aay eaaune] «qu’Agaya lise»[eesea] → [onom eesea] «un homme ne joue pas»On notera que la règle <strong>de</strong> pont tonal ne s’applique pas lorsque le nominal est <strong>de</strong>thème monosyllabique ou lorsque son thème est <strong>de</strong> type D puisque, dans ces cas, le ton<strong>de</strong> sa voyelle initiale est haute.[oo] → [n oo] «ceci, c’est le lit»[alasa] → [mn al3asa] «ceci, ce sont les oranges»[anay] → [mn an3ay] «ceci, ce sont les quatre»[ambl] → [mn amb3l] «ceci, ce sont les aubergines»Sauf à propos <strong>de</strong>s exemples qui mettent en contact un sujet et une forme verbale,nous nous sommes <strong>de</strong>mandée si nous n’étions pas en présence <strong>de</strong> constructionsfocalisées : la règle qui s’applique dans ces cas-là ne serait pas une règle <strong>de</strong> pont tonalmais plutôt une règle <strong>de</strong> focalisation. En effet, le démonstratif, la copule ou encore lepronom ont un rôle présentatif qui peut déterminer l’emploi d’une forme focalisée.Nous n’avons pas retenu cette hypothèse car les mécanismes tonals qui s’appliquent iciparaissent différents. Même si nous n’avons pas <strong>de</strong> cas concrets <strong>de</strong> focalisation dusubstantif à la forme définie, si on se réfère aux représentations focalisées <strong>de</strong>s formesadjectivales ou possessives, nous <strong>de</strong>vrions avoir une configuration H+BB(B) pour lessubstantifs <strong>de</strong> type A, qui n’est pas celle que nous observons. La règle qui s’applique iciest donc une règle particulière, différente <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> focalisation.


3433.3.4- Règle <strong>de</strong> relèvement tonalEn étudiant le comportement tonal <strong>de</strong>s nominaux en contexte, nous avons vu quele ton bas <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière syllabe d’un lexème n’avait aucune inci<strong>de</strong>nce sur la tonalité dulexème suivant sauf, dans certains cas, si sa syllabe initiale est haute. Cependant enexaminant certains syntagmes verbaux (verbe + substantif), on s’aperçoit qu’il n’en estpas toujours ainsi. En effet, le schème tonal d’un nominal indéfini <strong>de</strong> type B ou C utiliséen fonction objet manifeste un ton haut initial après un verbe dont la voyelle finale estapparemment basse.Considérons d’abord les exemples suivants où <strong>de</strong>s substantifs indéfinis sontprécédés d’un verbe à l’indicatif présent :[k3ola]«ils achètent»[aa] → [k3ol aa] «ils achètent <strong>de</strong>s mangues»[mb] → [k3ol mb] «ils achètent <strong>de</strong>s sardines»[att] → [k3ol att] «ils achètent <strong>de</strong>s bananes douces»[onamba] → [k3ol namba] «ils achètent <strong>de</strong>s tissus»[ouma] → [k3ol uma] «ils achètent <strong>de</strong>s pains <strong>de</strong> manioc»On constate que tous les substantifs indéfinis dont le thème a une syllabe initialehaute conservent leur schème tonal. Par contre, ceux dont le thème a une syllabe initialebasse voient leur augment réalisé avec un ton haut. Les mêmes configurations sontobservées après un verbe à l’infinitif, au résultatif affirmatif, au passé récent affirmatif,au présent du subjonctif et au présent persistif. On a ainsi :1- après un infinitif[uta] «chercher»[ezmbl] → [ut ezmbl] «chercher un balai»[els] → [ut els] «chercher un foulard»[mpun] → [ut mpun] «chercher <strong>de</strong>s manières <strong>de</strong> jeter»[ambl] → [ut ambl] «chercher <strong>de</strong>s aubergines»[epokolo] → [ut epokolo] «chercher un chapeau»La même règle s’applique, toujours à l’indéfini, aux lexèmes adjectivauxnominalisés (qualificatifs et numéraux) comme le montrent les exemples ci-après où lesubstantif signifiant «un panier» est sous-entendu :


3442- au subjonctif présent[myeaole][myeaol ola][myeaol ompolo][myeaol owao][myeaol oluu]«que j’achète»«que j’en achète un long»«que j’en achète un grand»«que j’en achète un petit»«que j’en achète un vieux»3- au résultatif[myakol][myakol om][myakol mban][myakol ao][myakol nay]«j’ai achet黫j’en ai acheté un»«j’en ai acheté <strong>de</strong>ux»«j’en ai acheté trois»«j’en ai acheté quatre»Lorsque le nominal objet est <strong>de</strong> classe 8 ou 9, le relèvement tonal se manifestesur la finale verbale puisque l’augment <strong>de</strong> ces nominaux n’est pas représenté dans cecontexte. On notera que la finale verbale n’est pas réalisée haut-abaissée mais qu’elleest réalisée haute. On a par exemple :[myakol ls][myakol yalna][myakol kamb][myakol mbom]«j’ai acheté <strong>de</strong>s foulards»«j’ai acheté <strong>de</strong>s peignes»«j’ai acheté <strong>de</strong>s antilopes»«j’ai acheté <strong>de</strong>s calebasses»A la forme définie, aucune modification ne se produit, ce qui paraît prévisiblepuisqu’il y a un ton haut soit sur la première syllabe du thème soit sur la premièresyllabe du substantif (substantifs dissyllabiques et substantifs <strong>de</strong> type D ou D1). Lesexemples suivants au passé récent en témoignent :[wak3ola]«ils ont acheté»[aa] → [wak3ol 3aa] «ils ont acheté les mangues»[mb] → [wak3ol mb] «ils ont acheté les sardines»[att] → [wak3ol att] «ils ont acheté les bananes douces»[namba] → [wak3ol namba] «ils ont acheté les tissus»[3uma] → [wak3ol 33uma] «ils ont acheté les pains <strong>de</strong> manioc»


345Vu que seuls les substantifs dont la voyelle initiale est basse sont susceptiblesd’être modifiés, on pourrait penser que les modifications observées sont uniquementconditionnées par le schème tonal du thème. Toutefois, en remplaçant la forme simpledu verbe par une forme dérivée, le causatif par exemple, nous obtenons les réalisationssuivantes :[k3oliza][k3olz aa][k3olz mb][k3olz att][k3olz namba][k3olz uma]«ils ven<strong>de</strong>nt»«ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s mangues»«ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s sardines»«ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s bananes douces»«ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s tissus»«ils ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s pains <strong>de</strong> manioc»où on s’aperçoit que les substantifs, même ceux dont le thème a une syllabe initialebasse, ont tous gardé leurs schèmes initiaux et ne subissent donc pas le relèvementtonal. Il semble donc que c’est à la fois le schème tonal du substantif et le caractère nondérivédu thème verbal qui déclenchent le relèvement tonal. On notera qu’il est difficile<strong>de</strong> dire si c’est la finale verbale ou l’augment du nominal qui <strong>de</strong>vient haut. Toutefois, ense référant au fonctionnement tonologique général, on peut supposer que c’est la finaleverbale qui porte un ton haut dans ces cas et que les règles <strong>de</strong> contact tonal s’appliquentpar la suite. En effet, si c’était l’initiale du nominal qui portait le ton haut, on auraitnormalement un ton haut-abaissé sur cette syllabe ou sur la finale verbale lorsque lenominal est <strong>de</strong> classe 8 ou 9, comme cela se produit dans les exemples suivants :|# wakol ≠ aba# | → [wakol 3aa] «ils ont acheté les mangues»|# wakol ≠ mbwa# | → [wakol3 mbwa] «ils ont acheté le chien»Quoiqu’il en soit, ce ton haut ne provoque pas l’application <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong>propagation tonale puisque les nominaux <strong>de</strong> type B ne sont pas réalisés entièrementhauts et que ceux <strong>de</strong> type C conservent leur ton haut final.3.3.5- Règles <strong>de</strong> nivellement tonalLes règles <strong>de</strong> nivellement tonal concernent la tonalité <strong>de</strong> la portion d’énoncé quisuit certaines formes verbales négatives ou certains morphèmes verbaux contenus dans<strong>de</strong>s formes verbales négatives quels que soient les constituants et l’organisationsyntaxique propres à cette partie <strong>de</strong> l’énoncé. En effet, certaines formes verbales


346négatives ou certains morphèmes contenus dans <strong>de</strong>s verbes négatifs ont la particularité<strong>de</strong> modifier la configuration tonale <strong>de</strong>s lexèmes qui composent l’énoncé d’une manièreassez curieuse car il n’y a dans ces cas-là ni opposition entre le défini et l’indéfini nidifférenciation selon les types tonals <strong>de</strong> base. Selon le tiroir considéré, la négation estrendue soit par le morphème |-e-|pour les tiroirs <strong>de</strong> l’indicatif, soit par lemorphème|-pa-| pour l’inceptif, soit par le morphème |-a-|(ou sa variante|-a-|pour les formes verbales subjonctives construites avec les préfixes <strong>de</strong> classesautres que la classe1) pour le subjonctif et l’impératif, soit encore par la copulenégative|-zele-|. Ces morphèmes ou les formes verbales dans lesquelles ils entrentimpliquent <strong>de</strong>s modifications tonales particulières qui dépassent le cadre du mot et sepropagent jusqu’à la fin <strong>de</strong> l’énoncé, comme nous l’avons vu en étudiant les formesverbales. C’est ce que nous avons appelé "ton <strong>de</strong> phrase". Ainsi :1- toutes les syllabes placées après le morphème <strong>de</strong> négation|-e-| ou placéesaprès la suite <strong>de</strong> morphèmes |-pa-to-|<strong>de</strong> l’inceptif négatif sont réaliséesavec <strong>de</strong>s tons bas quels que soient les leurs tons propres :[myeeknda o ay owan owant oumbe ymba ol om]«je ne vais pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la main <strong>de</strong> sa fille ca<strong>de</strong>tte le mois prochain»[azepatotomo n awana mwn o pe ano ol ee o nomba]«nous n’avons plus été envoyés par ces enfants-là mêmes pour puiser <strong>de</strong> l’eau à la source qui setrouve sur la montagne»Les phrases affirmatives correspondantes sont les suivantes :[myek3nda o ay owan 3 ow3ant oumbe ymba ol 3om3]«je vais <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la main <strong>de</strong> sa fille ca<strong>de</strong>tte le mois prochain»[azwatot3omo n awana mwn o pe ano ol ee o n3omba]«nous sommes envoyés <strong>de</strong> nouveau par ces enfants-là mêmes pour puiser <strong>de</strong> l’eau à la rivièrequi se trouve sur la montagne»2- toutes les syllabes placées après les formes verbales contenant lesmorphèmes |-a -| ou |-zele-| sont dotées d’un ton haut quels quesoient leurs tons propres. On a les exemples suivants :


347[mya3nda o ay owan owant oumbe ymba ol om]«que je n’aille pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la main <strong>de</strong> sa fille ca<strong>de</strong>tte le mois prochain»[aotomaan awana mwn o pe ano ol ee o nomba]«n’envoyez plus ces enfants-là puiser <strong>de</strong> l’eau à la rivière qui se trouve à la montagne»[anez3ele nyn n anaa o kala myn yute kndo n]«vous n’avez plus <strong>de</strong> parents (famille) dans ce village où vous désirez vous rendre»dont on peut comparer la tonalité aux phrases affirmatives correspondantes :[myean<strong>de</strong> o ay owan 3 ow3ant 3oumbe ymba ol 3om3]«que j’aille <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r la main <strong>de</strong> sa fille ca<strong>de</strong>tte le mois prochain»[otoma3an awan3a mwn o pe ano ol ee o n3omba]«envoyez <strong>de</strong> nouveau ces enfants-là mêmes pour puiser <strong>de</strong> l’eau à la rivière qui se trouve àla montagne»[anepee n anaa o kala myn y3ute kndo n]«vous avez encore <strong>de</strong>s parents (famille) dans ce village-là même où vous désirez vous rendre»Dans une phrase interro-négative, la copule négative|-zele-|et toutes lessyllabes suivantes sont, cependant, réalisées avec <strong>de</strong>s tons bas.[anezele nyn n anaa o kala myn yiute kndo n]«vous n’avez plus <strong>de</strong> parents (famille) dans ce village où vous désirez partir ?»[ezele nyn n anaa o kala myn yute kndo n]«il n’a plus <strong>de</strong> parents (famille) dans ce village où vous désirez partir ?»Ces réalisations montrent un parallélisme intéressant entre une propagation duton haut et une propagation du ton bas, l’une et l’autre étant un trait grammatical lié àl’expression <strong>de</strong> la négation et, éventuellement, <strong>de</strong> l’interrogation. L’interprétation etl’analyse <strong>de</strong> faits <strong>de</strong> ce type n’est pas facile et peut certainement prêter à discussion.Toutefois, il nous paraît que ces données plai<strong>de</strong>nt plutôt en faveur d’une hypothèsethéorique qui attribue un rôle actif au ton haut et au ton bas qui paraissent fonctionner,en l’occurrence, <strong>de</strong> manière similaire. Par ailleurs, on pourrait effectivement postuler,pour ces cas-ci, l’hypothèse d’un "domaine haut ouvert" et d’un "domaine bas ouvert"dont les limites à gauche se situeraient à la suite <strong>de</strong> certaines formes verbales ou <strong>de</strong>


348certains morphèmes verbaux contenus dans certaines formes verbales, hypothèse donton a vu qu’elle était contestable pour les substantifs trisyllabiques <strong>de</strong> type B.


349CONCLUSION GENERALENous avons voulu, tout au long <strong>de</strong> ce travail, présenter une vue d’ensemble <strong>de</strong>séléments grammaticaux <strong>de</strong> l’omyènè-orungu. Comme on a pu le voir à travers toutecette étu<strong>de</strong>, nous avons opté pour une démarche <strong>de</strong>scriptive, purement synchronique.L’analyse <strong>de</strong>s faits linguistiques à laquelle nous nous sommes appliquée a permis <strong>de</strong>déterminer la spécificité <strong>de</strong> la langue. Ainsi la première partie a montré que les voyellesrestent orales même lorsqu’elles sont entourées <strong>de</strong> consonnes nasales et que la nasalesyllabique n’est pas représentée <strong>de</strong>vant consonne sour<strong>de</strong> lorsque le mot est en début <strong>de</strong>phrase. L’analyse phonologique a également permis <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce un certainnombre <strong>de</strong>s phénomènes phonologiques liés tant aux segments qu’à la tonalité. Cesphénomènes contribuent au fonctionnement grammatical et sémantique <strong>de</strong> la langue.Les phénomènes segmentaux concernent l’élision, la semi-vocalisation, lacontraction et l’aphérèse. L’élision touche les voyelles et (dans quelques cas seulement)les consonnes. L’élision vocalique touche, <strong>de</strong> manière générale, la première voyellemais, dans quelques cas, elle touche aussi la secon<strong>de</strong>. Elle s’effectue à l’intérieur du motet au contact <strong>de</strong>s mots. L’élision consonantique s’effectue uniquement à l’intérieur d’unmot dissyllabique <strong>de</strong> structure NCVNCV dont les consonnes orales sont sonores et ellene touche que la première <strong>de</strong> ces consonnes (règle <strong>de</strong> Meinhof).La semi-vocalisation, obligatoire à l’intérieur du mot, est facultative entre <strong>de</strong>uxmots, sauf si la voyelle qui doit la subir constitue la finale d’un mot dissyllabique,auquel cas, elle est obligatoire.L’assimilation est régressive ou progressive. L’assimilation régressive concernela voyelle <strong>de</strong> la pré-finale et celle <strong>de</strong> l’épenthèse homophone qui la précè<strong>de</strong> et les rendi<strong>de</strong>ntiques à la voyelle <strong>de</strong> la finale verbale. L’assimilation progressive concerne lavoyelle <strong>de</strong> certaines extensions qui suivent immédiatement le radical et la rend i<strong>de</strong>ntiqueà la voyelle du radical.La contraction s’applique entre la voyelle /a/ d’une finale verbale et la voyelle /i/<strong>de</strong> l’augment latent <strong>de</strong>s classes 8, 9 et 10b. Elle s’applique aussi entre la voyelle /a/comprise dans un radical <strong>de</strong> type CVV ou CCV et la voyelle /i/ d’une extension verbale.L’aphérèse touche la séquence préfixale <strong>de</strong>s classes 8, 9, 10 et 10b.Les phénomènes tonologiques mettent en évi<strong>de</strong>nce les failles ou terrasses tonaleset les escaliers tonals. Les terrasses tonales consistent en la réalisation d’une série <strong>de</strong>tons hauts au même niveau qu’un premier ton haut-abaissé. Les escaliers tonalsconsistent, quant à eux, en une succession <strong>de</strong> tons haut-abaissés.On retiendra que les oppositions tonales lexicales sont peu nombreuses.


350L’analyse retient un système <strong>de</strong> classes régulier et dynamique composé <strong>de</strong> douze(au lieu <strong>de</strong> quinze relevées par Jacquot : 1983) classes nominales constituées d’uneséquence augment-préfixe où l’on note l’absence <strong>de</strong>s classes locatives. Les préfixesnominaux, (quelques-uns seulement) entraînent la mutation <strong>de</strong> la consonne initiale duthème nominal ou verbal. Ce processus d’alternance s’effectue entre <strong>de</strong>s consonnesfaibles et <strong>de</strong>s consonnes fortes, mettant en évi<strong>de</strong>nce trois types procédures.La première procédure est l’assourdissement, les autres traits <strong>de</strong>s consonnesoriginelles étant maintenus.La secon<strong>de</strong> procédure est l’apparition du trait occlusif, la consonne mutéepouvant être sonore et, conformément aux règles d’allophonie, explosive ou implosiveselon qu’il y a ou non une nasale précé<strong>de</strong>nte.La troisième procédure allie les <strong>de</strong>ux premières puisqu’on y relève à la foisl’apparition d’une consonne occlusive et l’assourdissement <strong>de</strong>s consonnes <strong>de</strong> départ.L’analyse morphologique et tonologique <strong>de</strong>s différentes parties du discours apermis <strong>de</strong> révéler certaines particularités. Ainsi on notera la possibilité d’employer lepossessif, qui est une entité définie, avec un substantif indéfini permettant ainsi <strong>de</strong>marquer la spécificité d’un élément parmi un ensemble. La présence <strong>de</strong> bases verbalescomplexes dans la conjugaison et la combinaison <strong>de</strong> plusieurs morphèmes aspectuelsconstituent <strong>de</strong>s faits très intéressants. L’établissement <strong>de</strong>s schèmes <strong>de</strong> tonalité a montrél’existence <strong>de</strong> séquences tonales dans certaines formes structurelles dont les réalisations,dans les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique, correspon<strong>de</strong>nt au schème +H BH du galwa(Philippson et Puèch : 1996). Ces structures sont certes peu communes, mais elles nesont pas impossibles. Blanchon (1989) relève ainsi <strong>de</strong>s schèmes +BH B et +HB B enwumvu. Elles ont été suggérées par le comportement particulier <strong>de</strong> ces lexèmes enphrase. Nous sommes consciente <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong> ces structures, mais nous n’avonspas trouvé <strong>de</strong> solution meilleure pour l’instant. Une autre particularité, dans la langue,est l’existence d’un seul schème pour les nominaux <strong>de</strong> thème monosyllabique.Dans cette <strong>de</strong>uxième partie, nous avons aussi voulu rendre compte <strong>de</strong>smodifications tonales en partant <strong>de</strong> la forme tonale <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s morphèmes constitutifs<strong>de</strong>s mots, en particulier pour ce qui est du passage <strong>de</strong> la forme indéfinie <strong>de</strong>s nominaux àleur forme définie, jusqu’à la réalisation effective. Cette étu<strong>de</strong> a permis <strong>de</strong> mettre enévi<strong>de</strong>nce que l’orungu possè<strong>de</strong> un système tonal très riche et complexe qui secaractérise principalement par le fait que les différents schèmes tonals propres auxconstituants peuvent être réalisés <strong>de</strong> manière extrêmement variable.Si l’examen <strong>de</strong>s faits a montré une neutralisation et une réduction <strong>de</strong>s schèmestonals originels <strong>de</strong>s nominaux à la forme définie, il a aussi montré l’absenced’opposition tonale dans les radicaux verbaux. Cependant, ces <strong>de</strong>rniers présentent une


351double tonalité, haut ou bas selon que le radical est constitué avec une consonne initialeforte ou faible. Cette double représentation du radical est observée dans les dérivésdéverbatifs et dans les formes nomino-verbales puisqu’ils sont constitués sur l’une oul’autre forme du radical. Toutefois, la répartition tonale qui, dans la conjugaison, lie leton bas structurel à la consonne initiale faible et le ton haut structurel à la consonneinitiale forte n’est pas respectée systématiquement au sein <strong>de</strong> ces formes.En plus <strong>de</strong>s distinctions tonales au niveau lexical, la combinaison <strong>de</strong>s unitéslinguistiques en syntagmes ou en phrase a permis aussi <strong>de</strong> monter que, contrairement àcertaines langues bantu où la tonalité d’un mot varie selon sa position dans la phrase, leschème tonal d’un mot varie, en orungu, selon que le mot est précédé d’un ton bas, d’unton haut fixe, d’un ton haut flottant structurel ou encore d’un ton haut <strong>de</strong>venu flottant àla suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation <strong>de</strong> la voyelle du premier mot, faisantapparaître <strong>de</strong>ux grands ensembles <strong>de</strong> règles tonales : les règles <strong>de</strong> réaménagement tonalet les règles tonales <strong>de</strong> contact.Les règles <strong>de</strong> réaménagement tonal contribuent à l’expression <strong>de</strong>s rapportssyntaxiques et à l’expression <strong>de</strong> la focalisation. En effet :a- Les règles <strong>de</strong> propagation du ton haut n’agissent qu’à l’intérieur du syntagmenominal ou verbal (verbe + premier objet). Elles agissent différemment selon que lesyntagme (ou le substantif centre <strong>de</strong> syntagme) est défini ou indéfini, et ellescontribuent à l’expression <strong>de</strong> cette opposition grammaticale. Si, à l’indéfini, lecomportement tonal est régulier et homogène pour les substantifs et les adjectifs, il n’enva pas <strong>de</strong> même à la forme définie où les adjectifs ont un comportement spécial. Il en va<strong>de</strong> même, toujours au défini, pour les substantifs dont le thème dissyllabique est <strong>de</strong> typeB ou C lorsqu’ils sont, par exemple, à la fois précédés d’un connectif et suivis d’unelimite <strong>de</strong> syntagme. Dans ces <strong>de</strong>ux cas, la tendance générale paraît être que les lexèmesdont le thème est entièrement haut se distinguent <strong>de</strong>s autres qui, pour leur part, ten<strong>de</strong>nt àse confondre en une même représentation. Les règles <strong>de</strong> propagation du ton hautaboutissent ainsi à constituer <strong>de</strong>ux ensembles distincts dont l’un est formé par lesnominaux <strong>de</strong> thème entièrement haut et dont l’autre est formé par les nominaux dont lesthèmes relèvent d’autres schèmes. Cette situation crée un problème <strong>de</strong>scriptif difficile àrésoudre, en particulier dans une optique qui distingue <strong>de</strong>s règles tonales lexicales et <strong>de</strong>srègles tonales post-lexicales. Néanmoins, elle permet <strong>de</strong> confirmer les observations <strong>de</strong>Philippson (1991) sur le critère (e) <strong>de</strong> la phonologie lexicale, qui remet en cause ladisposition selon laquelle les règles post-lexicales ne souffriraient pas d’exception. Lesformes définies <strong>de</strong>s nominaux <strong>de</strong> thèmes dissyllabiques ont en effet, lorsqu’elles sontconstituées en lexèmes, un même schéma tonal, à l’exception <strong>de</strong> celles qui sont forméessur un thème <strong>de</strong> type D. Que ces formes définies i<strong>de</strong>ntiques se comportent <strong>de</strong> manière


352différente selon qu’elles correspon<strong>de</strong>nt à <strong>de</strong>s schèmes structurels différents (+HH d’unepart, et +BH ou +BB d’autre part) doit être considéré comme une anomalie. On pourraitsupposer que le comportement particulier <strong>de</strong>s formes dont le thème dissyllabique estentièrement haut peut avoir été renforcé par analogie avec celui <strong>de</strong>s formes dont lethème est monosyllabique. Mais cela n’empêche pas que le problème évoqué ci-<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong>meure, pour le moment, sans solution satisfaisante. Toutefois, malgré une apparentediversité dans les configurations tonales <strong>de</strong>s nominaux définis appartenant au mêmegroupe syntaxique, on note une constance étonnante <strong>de</strong>s modifications tonales. Cetteconstance consiste en ce qu’après un ton haut final, la séquence B+H initiale suivied’une limite <strong>de</strong> mot ou d’un ton bas au moins est réalisée H+B. Cette transformation estaussi appliquée dans les substantifs et les adjectifs <strong>de</strong> type +BB et <strong>de</strong> type +BH où l’onnote une réalisation haut-abaissée sur la première syllabe du thème, ce qui signifie doncqu’il y a un ton bas au moins après le ton haut <strong>de</strong> l’augment. Pour les nominauxmonosyllabiques ou pour les nominaux <strong>de</strong> type D et D1, la règle ne s’applique paspuisqu’ils ont déjà la configuration H+B. La réalisation du numéral trois après unsubstantif reste une exception.Une autre différence dans l’application <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> propagation au défini et àl’indéfini est la limite <strong>de</strong> la propagation et <strong>de</strong> l’association du ton haut. On peut, eneffet, se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r pourquoi la propagation du ton haut s’étend sur une syllabe au définiet sur <strong>de</strong>ux syllabes à l’indéfini. Une réponse pourrait être qu’au défini, la plupart <strong>de</strong>ssubstantifs présente à l’initiale une séquence B+H suivie d’un ton bas au moins, ce quin’est jamais le cas <strong>de</strong>s formes indéfinies puisque les thèmes <strong>de</strong> type +HB n’existent pasen orungu. On pourrait donc supposer qu’en présence d’une séquence B+H suivie d’unelimite <strong>de</strong> mot ou d’un ton bas au moins, la propagation du ton haut se fait uniquementsur la première syllabe et que le ton bas dissocié se propage sur les syllabes suivantessauf s’il rencontre une séquence BH. Ce type particulier <strong>de</strong> propagation s’appliqueraitaussi aux nominaux indéfinis <strong>de</strong> thème monosyllabique. Une telle hypothèse al’avantage <strong>de</strong> justifier le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> la propagation du ton haut par lecontexte phonologique.La hiérarchisation <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> propagation tonale à l’intérieur <strong>de</strong>s constituantssyntactico-tonologiques donne lieu à une application cyclique <strong>de</strong>s règles au niveau postlexical,remettant en cause le principe <strong>de</strong> la cyclicité <strong>de</strong>s règles post-lexicales <strong>de</strong> laphonologie lexicale.b- La règle <strong>de</strong> pont tonal agit à la limite <strong>de</strong> syntagmes, soit dans les structurespropres à l’énoncé prédicatif non verbal défini ou constitué d’une copule et d’unsubstantif prédicat défini, soit pour marquer le rapport entre un pronom et le substantifdéfini qui en est l’apposition.


353c- La règle <strong>de</strong> relèvement tonal agit à l’intérieur du syntagme verbal et marqueun lien syntaxique entre le verbe à finale basse et le premier objet indéfini. Elleconstitue ainsi le pendant <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> propagation entre le verbe dont la finale esthaute et son objet. A l’instar <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong> propagation, la règle <strong>de</strong> relèvement tonalpose un problème théorique puisqu’elle tient compte du type tonal du substantif objet.d- Les règles <strong>de</strong> nivellement tonal, quant à elles, constituent <strong>de</strong>s marques <strong>de</strong> lanégation et <strong>de</strong> l’interrogation négative.On peut donc parler d’un conditionnement non seulement grammatical maisaussi syntaxique <strong>de</strong> la tonalité, où le type tonal, la nature du syntagme, la définition <strong>de</strong>slexèmes qui le constituent et le caractère négatif ou interro-négatif <strong>de</strong> l’énoncédéterminent ce que seront les représentations tonales <strong>de</strong>s lexèmes dans la phrase.e- Quant aux règles <strong>de</strong> contact tonal, ce sont <strong>de</strong>s règles phonologiques quis’appliquent automatiquement partout où le contexte rend leur application possible etdécrivent le fonctionnement du ton final <strong>de</strong>s mots lorsqu’il perd son support segmental àla suite <strong>de</strong> l’élision ou <strong>de</strong> la semi-vocalisation.Enfin, on retiendra que l’application <strong>de</strong>s règles tonales est fonction soit <strong>de</strong> lanature <strong>de</strong>s unités mises en présence soit du type <strong>de</strong> lien syntaxique unissant ces diversesunités et, notamment, du fait qu’elles relèvent ou non d’un même syntagme ou (maisdans quelques cas seulement) du fait qu’elles sont ou non focalisées. On retiendraégalement que, contrairement au nkomi où on relève <strong>de</strong>s variations tonales <strong>de</strong>ssubstantifs en début <strong>de</strong> phrase ou <strong>de</strong> syntagme (Cl. Grégoire : 1991), la tonalité <strong>de</strong>ssubstantifs orungu ne manifestent aucune modification dans cette position.Nous ne saurions terminer cette conclusion sans évoquer l’article <strong>de</strong> Philippsonet Puèch sur la tonalité du galwa. Si notre métho<strong>de</strong> d’analyse est différente <strong>de</strong> la leur ence que nous avons voulu montrer les modifications tonales <strong>de</strong>s schèmes <strong>de</strong>s constituantsen partant <strong>de</strong> la forme <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s morphèmes, les <strong>de</strong>ux analyses se rejoignent surplusieurs points. Cependant, le système tonal <strong>de</strong> l’orungu, s’il est semblable à celui dugalwa dans ses mécanismes fondamentaux, en diffère d’une manière significative. Onnotera la différence dans la limite <strong>de</strong> la propagation du ton haut notamment dans lesnominaux <strong>de</strong> schème entièrement bas, la neutralisation <strong>de</strong> tous les schèmes originels audéfini en galwa alors qu’en orungu, les nominaux dont le thème est <strong>de</strong> type D ont unereprésentation particulière dans ce cas. Une autre différence dans l’approcheméthodologique entre nous et les auteurs cités, rési<strong>de</strong> dans le statut accordé au ton bas.Alors que pour nous, le ton bas est dynamique et engendre aussi la modification <strong>de</strong>sschèmes tonals <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s constituants, pour les auteurs cités, le ton bas n’a aucune


354action et est introduit par défaut, un point <strong>de</strong> vue que nous ne partageons pas vu,notamment, les modifications qu’il entraîne dans l’énoncé négatif.En raison <strong>de</strong> leur complexité, l’interprétation et l’analyse <strong>de</strong> certains faits <strong>de</strong>tonalité n’ont pas été aisées. Nous en avons fait une <strong>de</strong>scription sommaire et ces faitsméritent donc <strong>de</strong>s recherches plus poussées qui, en recourant aux données historiques,donneront peut-être <strong>de</strong> meilleures solutions. Il s’agit <strong>de</strong> la double tonalité <strong>de</strong>s radicauxverbaux, <strong>de</strong> la distinction tonale entre les formes verbales d’un même tiroir (les tiroirsdu passé éloigné, du pseudo-factif, du subjonctif…), <strong>de</strong> la tonalité <strong>de</strong>s dérivés et <strong>de</strong> ceque nous avons appelé le ton <strong>de</strong> phrase.Bien que nous ayons voulu présenter une vue d’ensemble <strong>de</strong> la langue, certainscomposants n’ont pas été traités. Il s’agit <strong>de</strong>s prépositions, <strong>de</strong>s verbes défectifs, <strong>de</strong>sauxiliaires, <strong>de</strong> la conjugaison composée, <strong>de</strong>s invariables, <strong>de</strong>s pronoms relatifs et <strong>de</strong> lacomposition.Malgré ces points d’ombre, nous espérons que la présente thèse permettra unemeilleure connaissance <strong>de</strong> la variante <strong>de</strong> l’omyènè-orungu et contribuera à lacompréhension du fonctionnement tonal <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s parlers du groupe B10 et auxétu<strong>de</strong>s comparatives <strong>de</strong>s langues bantu.Nous avons enfin souhaité, par ce travail, fournir un ensemble <strong>de</strong> données quipermettent d’étudier les différences qui existent entre l’orungu et les autres parlers dugroupe. Nous pensons que cette démarche permettra <strong>de</strong> confirmer certains faits déjàobservés dans les autres parlers myènè, mais aussi <strong>de</strong> percevoir la richesse <strong>de</strong>s faits quirestent à étudier. Quelles que soient les limites, méthodologiques ou autres, du travailque nous présentons ici, nous pensons qu’il rendra service dans la mesure où noussommes convaincue que décrire entièrement les différents parlers du groupe B10 est unpréalable indispensable à la compréhension réelle <strong>de</strong>s particularités tonales etmorphologiques qui le caractérisent.


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361ANNEXE 1 : LA VALEUR PERTINENTE DES PHONEMES1- I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s productions phoniques vocaliques et dégagement <strong>de</strong>sphonèmes vocaliquesLes paires minimales suivantes permettent <strong>de</strong> dégager le statut phonologique <strong>de</strong>sunités suivantes :1.1- Le phonème /i/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /i/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/i/- /e/ : [inda] «malaxe (imp.)» Vs [enda] «fâche-toi»/i/- // : [n] «le gigot» Vs [n] «le sein»/i/- /u/ : [ila] «râpe (imp.)» Vs [ula] «puise (<strong>de</strong> l’eau) (imp.)»/i/- /o/ : [o] «une pierre» Vs [oo] «un lit»/i/- // : [ziza] «essuie (imp.)» Vs [zza] «plai<strong>de</strong> (imp.)»/i/-/a/ :[ipi] «le pangolin» Vs [ipa] «la récompense»Ce phonème est réalisé par la voyelle antérieure non arrondie, orale et <strong>de</strong>premier <strong>de</strong>gré d’aperture [i].1.2- Le phonème /e/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /e/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiquésdans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt à propos <strong>de</strong> /i/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/e/-// : [ea] «partage (imp.)» Vs [a] «circoncis (imp.)»/e/-/u/ : [ea] «fuis (imp.)» Vs [ua] «plie (imp.)»/e/-/o/ : [ea] «partage (imp.)» Vs [oa] «attache (imp.)»/e/-// : [endya] «glorifie (imp.)» Vs [ndya] «feins (imp.)»/e/-/a/ : [oenja] «la journée» Vs [owanja] «le flanc»Ce phonème est réalisé par la voyelle antérieure non arrondie, orale et <strong>de</strong><strong>de</strong>uxième <strong>de</strong>gré d’aperture [e].


3621.3- Le phonème //L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème // ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiquésdans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts à propos <strong>de</strong> /i/, /e/ , ainsi que <strong>de</strong>s rapprochementssuivants ://-/u/ : [a] «imite (imp.)» Vs [ua] «plie (imp.)»//-/o/ : [em] «une hache» Vs [eom] «un apôtre»//-// : [mna] «avale (imp.)» Vs [mna] «observe (imp.)»//-/a/ : [enma] «l’infirmité» Vs [enama] «le membre»Ce phonème est réalisé par la voyelle antérieure non arrondie, orale et <strong>de</strong>troisième <strong>de</strong>gré d’aperture [].1.4- Le phonème /u/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /u/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiquésdans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts à propos <strong>de</strong> /i/, /e/ et //, ainsi que <strong>de</strong>srapprochements suivants :/u/-/o/ : [nua] «pagaie(imp.)» Vs [noa] «construis (imp.)»/u/-// : [ou] «une chenille» Vs [o] «un bras»/u/-/a/ : [ou] «une chenille» Vs [oa] «un roi»Ce phonème est réalisé par la voyelle postérieure arrondie, orale et <strong>de</strong> premier<strong>de</strong>gré d’aperture [u].1.5- Le phonème /o/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /o/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiquésdans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts à propos <strong>de</strong> /i/, /e/, // et /u/, ainsi que <strong>de</strong>srapprochements suivants :/o/-// : [oko] «un roseau» Vs [ok] «un héronneau»/o/-/a/ : [oo] «un lit» Vs [oa] «une jachère»Ce phonème est réalisé par la voyelle postérieure arrondie, orale et <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième<strong>de</strong>gré d’aperture [o].


3631.6- Le phonème //L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème // ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiquésdans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts à propos <strong>de</strong> /i/, /e/, //, /u/ et /o/, ainsi que <strong>de</strong>srapprochements suivants ://-/a/ : [o] «un bras» Vs [oa] «un roi»[ona] «regar<strong>de</strong> (imp.)» Vs [ana] «sculpte (imp.)»Ce phonème est réalisé par la voyelle postérieure arrondie, orale et <strong>de</strong> troisième<strong>de</strong>gré d’aperture [].1.7- Le phonème /a/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /a/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiquésdans les paragraphes précé<strong>de</strong>nts et il est réalisé par la voyelle centrale, orale, <strong>de</strong>quatrième <strong>de</strong>gré d’aperture.Les voyelles <strong>de</strong> l'orungu ne posent pas <strong>de</strong> problème <strong>de</strong> notation. Le problèmemajeur que posent les voyelles est leur élision quasi-systématique en fin <strong>de</strong> mot quandle mot suivant commence par une voyelle, cette élision entraînant le plus souvent unemodification <strong>de</strong> la tonalité.2- I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s productions phoniques consonantiques et dégagement <strong>de</strong>sphonèmes consonantiques2.1- Le phonème /p/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /p/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/p/-/b/ : [epoo] «la gorge» Vs [eoo] «le tabouret»/p/-// : [epa] «un os» Vs [ea] «un bocal»/p/-/m/ : [poo] «les gorges» Vs [moo] «le flotteur»/p/-/d/ : [opa] «une lutte» Vs [oa] «une jachère»/p/-/f/ : [opa] «une lutte» Vs [ofa] «une arête»/p/-/k/ : [epa] «l’os» Vs [eka] «le banc»/p/-// : [opa] «une lutte» Vs [oa] «un roi»


364Ce phonème est réalisé par la consonne occlusive bilabiale orale sour<strong>de</strong> [p] sauf<strong>de</strong>vant /u/, contexte dans lequel il est réalisé aspiré [p h ] :/p/ → [p h ] / ⎯ /u/Exemples :/ ampun/ → [ amp h un] "l’écume"/pus / → [ p h us] "un chat"2.2- Le phonème /b/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /b/ ressort d'un rapprochement indiqué àpropos <strong>de</strong> /p/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/b/-/m/ : [oa] «un manguier» Vs [oma] «une personne»/b/-// : [eanda] «la peau» Vs [eanda] «le psaume»/b/-/t/ : [ie] «les péchés» Vs [te ] «les tiges <strong>de</strong> raphia»/b/-/d/ : [oa] «un manguier» Vs [oa] «une jachère»/b/-/f/ : [oa] «un manguier» Vs [ofa] «une arête»/b/-// : [oa] «un manguier» Vs [oa] «un roi»/b/-/k/ : [embe] «la colombe» Vs [kembe] «les tortues <strong>de</strong> mer»Ce phonème est réalisé par la consonne implosive bilabiale orale sonore []sauf lorsqu'il suit une consonne nasale, contexte dans lequel il est réalisé par la nonimplosive[b]./b/ →[b] / Cnas ⎯[]ailleursExemples :/ obembe/ → [oembe] «le sifflet»/ bembe/ → [embe] «la colombe»


3652.3- Le phonème /m/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /m/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /p/ et <strong>de</strong> /b/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/m/-/n/ : [oma] «la personne» Vs [ona] «la régionlombaire»/m/-/t/ : [omondo] «la lisière» Vs [otondo] «le panier»/m/-/d/ : [oma] «une personne» Vs [oa] «une jachère»/m/-/f/ : [oma] «une personne» Vs [ofa] «une arête»/m/-// : [oma] «une personne» Vs [oa] «un roi»/m/-// : [monja] «la feuille <strong>de</strong> raphia» Vs [onja] «type d'arbre»Ce phonème est réalisé par la consonne occlusive bilabiale nasale [m].2.4- Le phonème //L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème // ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /p/, /b/ et /m/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants ://-/w/ : [oo] «le large» Vs [woo] «le fond, la base»//-/f/ : [a] «<strong>de</strong>s bocaux» Vs [fa] «à l’abandon»//-/t/ : [ombo] «l'abcès» Vs [tombo] «les bosses sur latête»//-// : [eoa] «la blessure» Vs [eoa] «l’épouse»//-// : [oono] «la ruse» Vs [oono] «le tas»//-/z/ : [oono] «la ruse» Vs [ozono] «le rotin»Ce phonème est réalisé par la consonne fricative bilabiale orale sonore [].3.5- Le phonème /f/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /f/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /p/, /b/, /m/et //, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/f/-/t/ : [ofe] «le voleur» Vs [ote] «la tige <strong>de</strong> raphia»/f/-/d/ : [ofa] «une arête» Vs [oa] «une jachère»/f/-/k/ : [efao] «la coquetterie» Vs [ekao] «la lordose»/f/-// : [ofa] «une arête» Vs [oa] «un roi»Ce phonème est réalisé par la consonne fricative labio<strong>de</strong>ntale orale sour<strong>de</strong> [f].


3663.6- Le phonème /v/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /v/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/v/-/m/ : [feva] «la lai<strong>de</strong>ur" Vs [fema] «la faute»/v/-/w/ : [vala] «abandonne (imp )» Vs [wala] «rends visite(imp.)»/v/-// : [vala] «abandonne(imp.)» Vs [ala] «dépoussière(imp.)»/v/-// : [vela] «mets (imp.)» Vs [ea] «partage imp.)»/v/-/f/ : [wafal] «ils ont abandonné (récemment)»[waval] «ils ont abandonné( il y a longtemps)»Ce phonème est réalisé par la consonne fricative labio<strong>de</strong>ntale orale sonore [v].2.7- Le phonème /t/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /t/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /b/, /m/, // et /f/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/t/-/d/ : [ota] «l'unité» Vs [oa] «la jachère»/t/-/n/ : [ota] «l'unité» Vs [ona] «les lombaires»/t/-/s/ : [ta] «la chasse» Vs [sa] «le maïs»/t/-// : [ta] «la chasse» Vs [ia] «la fesse»/t/-/l/ : [otando] «le brancard» Vs [olando] «la rive»/t/-/k/ : [te ] «<strong>de</strong>s tiges <strong>de</strong> raphia» Vs [ke] «un œuf»Ce phonème est réalisé par la consonne occlusive apico-alvéolaire orale sour<strong>de</strong>[t] sauf <strong>de</strong>vant /u/, contexte dans lequel il se réalise aspiré [t h ] ./t/ → [t h ] / ⎯ /u/Exemples :/otutu/ → [ ot h ut h u] «la fumée»/otumba/ → [ ot h umba] «la ceinture»


3672.8- Le phonème /d/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /d/ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /p/, /b/, /m/, /f/et /t/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants:/d/- /n/ : [oa] «la jachère» Vs [ona] «la régionlombaire»/d/- /t/ : [oando] «l'ambiance» Vs [otando] «le brancard»/d/- /k/ : [oo] «le lit» Vs [oko] «le roseau»/d/- // : [oa] «une jachère» Vs [oa] «un roi»/d/- /s/ : [ea] «la petite plantation» Vs [esa] «le gazon»/d/- // : [io] «la pierre» Vs [o] «l'acné»/d/- /l/ : [ea] «la petite plantation» Vs [ela] «la robe»Ce phonème est réalisé par la consonne implosive apico-alvéolaire orale sonore[] sauf lorsqu’il suit une consonne nasale, contexte dans lequel il est réalisé par lanon-implosive [d]./d/ →[d] / Cnas ⎯[]ailleursExemples :/danduno/ → [anduno] «la ré<strong>de</strong>mption»/otondo/ → [otondo] «le panier»2.9- Le phonème /n/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /n/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /m/,/t/, et /d/, ainsi <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/n/-/p/ : [ona] «la région lombaire» Vs [opa] «la lutte»/n/-/s/ : [na] «le nom» Vs [sa] «les épis <strong>de</strong> maïs»/n/-/f/ : [ona] «la région lombaire» Vs [ofa] «l’arête»/n/-/l/ : [ona] «la taille»Vs [ola] «les vers intestinaux»


368/n/-// : [nomba] «la montagne» Vs [omba] «le porc-épic»/n/-// : [ona] «la région lombaire» Vs [oa] «le chef, le roi»/n/-// : [na] «le nom» Vs [a] «la fesse»Ce phonème est réalisé par la consonne nasale apico-alvéolaire sonore [n].2.10- Le phonème /s/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /s/ ressort du rapprochement indiqué àpropos <strong>de</strong> /d/, ainsi <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/s/-/z/ : [os] «l'intestin» Vs [oz] «le sable blanc»/s/-/n/ : [asa] «les épis <strong>de</strong> maïs» Vs [ana] «les noms»/s/-/t/ : [asa] «les épis <strong>de</strong> maïs» Vs [ata] «les fagots»/s/-/k/ : [asa] «les épis <strong>de</strong> maïs» Vs [aka] «la sève»/s/-// : [asa] «les épis <strong>de</strong> maïs» Vs [aa] «les rois»/s/-// : [asa] «les épis <strong>de</strong> maïs» Vs [aa] «les fesses»/s/-/l/ : [esa] «le gazon» Vs [ela] «la robe»sour<strong>de</strong> [s].Ce phonème est réalisé par la consonne fricative prédorso-alvéolaireorale2.11- Le phonème /z/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /z/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /s/ et <strong>de</strong> //, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/z/-/n/ : [zaa] «le terrain» Vs [naa] «le clair <strong>de</strong> lune»/z/-/k/ : [oz] «la pipe» Vs [ok] «le héronneau»/z/-/d/ : [ozo] «le visage» Vs [oo] «le lit»/z/-// : [oz] «la pipe» Vs [o] «le bras»/z/-// : [ozo] «le visage» Vs [oo] «l'acné»/z/-/l/ : [ozomba] «la blennorragie» Vs [olomba] «le <strong>de</strong>ssus»sonore [z].Ce phonème est réalisé par la consonne fricative prédorso-alvéolaire orale


3692.12- Le phonème /k/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /k/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /p/, /f/, /t/, /d/ et /z/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants:/k/- // : [ku] «les résidus» Vs [u] «les asticots»/k/- /n/ : [iku] «les résidus» Vs [nu] «le foyer»/k/- /s/ : [okm] «genre d'herbe» Vs [osm] «l’antidote»/k/- // : [oka] «appelle (imp.)» Vs [oa] «attache (imp.)»/k/- /l/ : [oka] «creuse (imp.)» Vs [ola] «perce (imp.)»/k/- /z/ : [oko] «le roseau» Vs [ozo] «le visage»[k].Ce phonème est réalisé par la consonne occlusive dorso-vélaire orale sour<strong>de</strong>2.13- Le phonème //L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème // ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /p/, /b/, /m/, /f/, //, /d/, /k/, /s/ et /z/, ainsi que <strong>de</strong>srapprochements suivants ://-/n/ : [oa] «le roi» Vs [ona] «la région lombaire»//-/f/ : [oa] «un roi» Vs [ofa] «une arête»//-// : [ia] «la forêt» Vs [ia] «la fesse»//-/l/ : [oaa] «le mé<strong>de</strong>cin» Vs [olaa] «le cri»Ce phonème est réalisé par la consonne occlusive dorso-vélaire orale sonore[]après une consonne nasale et par la fricative dorso-vélaire sonore [] ailleurs.2.14- Le phonème //L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /N/ ressort d'un rapprochement indiqué àpropos <strong>de</strong> /m/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants ://-/n/ : [omba] «le porc-épic» Vs [nomba] «la montagne»//-// : [aand] «l'anxiété» Vs [aand] «les huîtres»//-/k/ : [ao] «le médicament» Vs [kao] «l’arôme»//-/y/ : [ao] «le médicament» Vs [yao] «les livres»[].Ce phonème est réalisé par la consonne occlusive dorso-vélaire nasale sonore


3702.15- Le phonème /l/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /l/ ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /b/, /m/, // et /f/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/l/-/d/ : [ela] «la robe» Vs [ea] «la petite plantation»/l/-/k/ : [ola] «achète (imp.)» Vs [oka] «appelle (imp.)»/l/-// : [ola] «achète (imp.)» Vs [oa] «bâille (imp.)»/l/-// : [olala] «la palme» Vs [oala] «la claie»/l/-/z/ : [olwo] «le nasillement» Vs [ozwo] «la flagellation»[l].Ce phonème est réalisé par la consonne latérale apico-alvéolaire orale sonore2.16- Le phonème //L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème // ressort <strong>de</strong> certains rapprochementsindiqués à propos <strong>de</strong> /d/, /l/ et <strong>de</strong>s suivants ://- /n/ : [na] «le plant» Vs [nna] «l’ombre»//- /k/ : [oo] «l’acné» Vs [oko] «le roseau»//- // : [a] «la fesse» Vs [a] «la forêt»//- /s/ : [a] «la fesse» Vs [sa] «le maïs»//- /z/ : [oo] «l’acné» Vs [ozo] «le visage»Ce phonème est réalisé par la consonne battue apico-alvéolaire orale sonore [].2.17- Le phonème /y/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /y/ ressort <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/y/- /l/ : [oyo] «type d’arbre» Vs [olo] «la durée»/y/- // : [oymb] «le parfum» Vs [omb] «la trompette »/y/- /n/ : [oy] «l’herbe coupante» Vs [on] «l’adresse»/y/- /s/ : [oy] «l’herbe coupante» Vs [os] «la contrée»/y/-/w/ : [oy] «l’herbe coupante » Vs [o] «type d’arbre(déf.)»Ce phonème est réalisé par la semi-consonne approximante prédorso-palataleorale sonore [y].


3712.18- Le phonème /w/L'i<strong>de</strong>ntité phonologique du phonème /w/ressort <strong>de</strong>s rapprochements indiqués àpropos <strong>de</strong> //, /v/ et /y/, ainsi que <strong>de</strong>s rapprochements suivants :/w/-/l/ : [oea] «l’épaule» Vs [olea] «le biscuit»/w/-/m/ : [owaa] «l’aurore» Vs [omaa] «la noix»/w/-/b/ : [e] «la gangrène» Vs [e] «le péché»/w/-// : [osawa] «le fumier» Vs [osaa] «la sauce»Ce phonème est réalisé par la semi-voyelle approximante labio-vélaire oralesonore [w] <strong>de</strong>vant les voyelles postérieures ou centrale, et comme la labio-palatale[] <strong>de</strong>vant les voyelles antérieures /i/, /e/ et //, ainsi que <strong>de</strong>vant la semi-consonneprédorso-palatale /y/./w/ → [] / ⎯ /i e y /Exemples :/ew/ → [e] «le ventre»/owena/ → [oea] «l’épaule»/ew/ → [e] «le poisson»/ezan ewya/ → [eza eya] «un beau livre»


372


373ANNEXE 2 : LEXIQUEEn principe, ce lexique est composé <strong>de</strong>s mots qui sont cités dans la thèse afin <strong>de</strong> permettre aulecteur d’i<strong>de</strong>ntifier la consonne <strong>de</strong> base et le schème tonal structurel <strong>de</strong>s mots qu’il rencontre dans lesénoncés cités en exemples. Le lexique est organisé comme suit :- la première colonne présente par ordre alphabétique la forme structurelle <strong>de</strong>s mots. Lesverbes sont donnés avec la voyelle finale <strong>de</strong> l’infinitif actif, dans leur variante à ton bas et àconsonne faible. Les dérivés sont donnés avec la consonne qu’ils ont en représentation s’ilssont dans les classes où il ne se produit pas d’alternance. S’ils sont dans <strong>de</strong>s classes où il y aalternance (notamment en classes 9,10, 10b), ils sont donnés avec la consonne faible qui estcelle <strong>de</strong> leur forme <strong>de</strong> base.- la <strong>de</strong>uxième colonne donne les réalisations à l’indéfini singulier et pluriel pour les formesqui entrent dans l’opposition indéfini/défini. De plus, les formes adjectivales sont donnéesaux classes où la réalisation est peu prévisible sans une connaissance <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>représentation (classes 1, 9 et 10b). Les verbes sont cités dans leur forme infinitive activeton bas et à consonne forte afin <strong>de</strong> visualiser les <strong>de</strong>ux termes <strong>de</strong> l’alternance.- la troisième et la quatrième colonnes donnent respectivement les classes auquelles où le motappartient et la traduction.A-alna [ezalna] [yalna] (7,8) un peigne-am [wam] (1,2) le mien[yam] [sam] (9,10)-ana [owana] [awana] (1,2) un enfantan<strong>de</strong> [an<strong>de</strong>] quoi ?-an [wan] (1,2) le vôtre[yan] [san] (9,10)-anto [owanto] [anto] (1,2) une femme-antw [nyant] (9) à gauche, un côté gaucheanw [an] vous-aa [owaa] [myaa] (3,4) un outil en fer-aa [ezaa] (7) du sel-ao [owao] [awao] (1,2) petit[nyao] [nyao] (9,10)[yao] (10b)-ao [ezao] [yao] (7,8) un livre


374 -aomo [ezaomo] [yaomo] (7,8) une lettreaka [aka] seul-ao [owao] [amao] (14,6) une pirogue[ambwao] (14+6)aw [a] toi-awo [wawo] (1,2) le leur[yawo] [sawo] (9,10)ay [ay] lui-azo [wazo] (1,2) le nôtre[yazo] [sazo] (9,10)azw [az] nousB-ba [a] [aa] (5,6) une mangue[oa] (3) un manguier-baka [aka] [aaka] (5,6) un buisson-baka [mbaka] [mbaka] (9,10) une couleur verte-bak [ak] [ak] (9ø,10ø) un grand plateau <strong>de</strong> boisutilisé en cuisinebanda [anda] sinon-banda [eanda] [anda] (7,8) une peaubau [au] assis-bat [oat] [at] (3,4) un slip-ben<strong>de</strong> [een<strong>de</strong>] [en<strong>de</strong>] (7,8) un cadavre-ben [mben] [mben] (9,10) un cours d’eau-blk [mblk] [mblk] (9,10) <strong>de</strong> la taquinerie-b [mb] [mb] (9,10) une sardine-by [mby] [mby] (9,10) une écorce-bla [mbla] [mbla] (9,10) un acajou-bna [mbna] [mbna] (9,10) un pou-bobot [oot] [aoot] (5,6) une araignée-bole [eole] [ole] (7,8) un poing-bolo [mbolo] [mbolo] (9,10) un vieux, un vieillard-bolo [mbolo] (9) bonjour-bom [mbom] [mbom] (9,10) une calebasse-bon [mbon] [mbon] (9,10) une chèvre-boso [oso] [oso] (9ø,10ø) un <strong>de</strong>vant-bota [oota] [aota] (1,2) une mère-bdy [y] [ay] (5,6) un ingrat-b [mb] [mb] (9,10) un campement <strong>de</strong> pêchebl [l] ancré, immergé


375-bu [ou] [u] (3,4) un trou à rat-buma [mbuma] [mbuma] (9,10) une tomate-bute [mbute] [mbute] (9,10) une bouteille-buza [mbuza] [mbuza] (9,10) un épervier(filet <strong>de</strong> pêche)-bwa [mbwa] [mbwa] (9,10) un chienbwl [l] ancré, immergé-a [pa] (10b) une récompense, un prix-a [ea] [a] (7,8) un flacon-a [pa] (10b) donner-aa [aa] [ampaa] (5,6) une aile-aaa [paaa] [mpaaa] (9,10) un ca<strong>de</strong>au-aklya [paklya] (10b) commencer-ala [eala] [ala] (7,8) une rivale, une coépouse-ala [pala] (10b) épousseter-alao [alao] [ampalao] (5,6) un canard-amba [eamba] [amba] (7,8) une diarrhée-ambo [oambo] [pambo] (14,10b) une écorce-ana [pana] (10b) sculpter-anda [panda] (10b) monter, gravir-anda [eanda] (7) <strong>de</strong> la louange-aa [aa] [ampaa] (5,6) une loi, un décret-a [oa] [a] (3ø,4ø) un créateur-aa [paa] (10b) porter un bébé-a [a] [ampa] (5,6) une personne lai<strong>de</strong>-a [a] [ampa] (5,6) une branche-a [ea] [a] (7,8) une nourrice-an [pan] [mpan] (9,10) une manière <strong>de</strong> porter (unbébé)-asz [easz] [asz] (7,8) <strong>de</strong> la démesure-aza [aza] [ampaza] (5,6) un jumeau-aza [paza] [mpaza] (9,10) une gale-aza [paza] (10b) fouiller-enda [penda] (10b) grossir-enda [eenda] [enda] (7,8) une grosseur-enda [enda] [ampenda] (5,6) une gloire, un honneur-en<strong>de</strong> [ompen<strong>de</strong>] [mpen<strong>de</strong>] (3,4) une jambe-endyaendya[penjaenja] (10b) protéger, préserver-ene [ompene] [mpene] (3,4) un manche-enn [penn] [mpenn] (9,10) une manière <strong>de</strong> donner


376-ena [pena] (10b) attendre-ea [pea] (10b) se perdre, puiser-eza [peza] (10b) perdre-eo [eeo] [eo] (7,8) une fontaine-eza [peza] (10b) brûler-a [pa] (10b) aller à la dérive-ka [pka] (10b) voler, s’envoler-ls [els] [ls] (7,8) un foulard-mb [ompmb] (3) <strong>de</strong> la rosée-pa [epa] [pa] (7,8) un gouvernail-a [pa] (10b) sucer-ka [pka] (10b) griller-klya [pklya] (10b) penser[pklya] (10b) <strong>de</strong>s pensées-na [pna] (10b) envoyer qqch à qqun-nd [end] [nd] (7,8) un nuage-ndye [onje] [nje] (3,4) un élu- [] [amp] (5,6) une ombre, <strong>de</strong> l’ombre[p] (9) <strong>de</strong> l’obscurité-oe [poe] [mpoe] (9,10) un sourd-oo [oo] [ampoo] (5,6) un trou-olo [ompolo] [aolo] (1,2) gros[polo] [mpolo] (9,10)[polo] (10b)-oma [oma] [ampoma] (5,6) une génération-ombana [ompombana] [mpombana] (3,4) une embrasure-ombo [ompombo] [mpombo] (3,4) un nez-ombo [ombo] [ampombo] (5,6) un abcès-ona [pona] (10b) regar<strong>de</strong>r-onn [ponn] [mponn] (9,10) une manière <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r-ono [oono] [aono] (14,6ø) une ruse-oe [eoe] (7) <strong>de</strong> l’assiduité-oa [eoa] [oa] (7,8) une blessure-oya [poya] (10b) aiguiser-oswa [poswa] (10b) tomber-otya [potya] (10b) dénoncerpar-s [os] [os] (3ø,4ø) un prophète-ndya [pndya] (10b) feindren [n] là- [o] [p] (14,10b) une feuille <strong>de</strong> manioc-ua [ua] [ampua] (5,6) un genou-uluu [ompuluu] [mpuluu] (3,4) une caverne-uma [ompuma] [mpuma] (3,4) une année


377-undyna [punjna] (10b) souffler, fleurir[unjna] (5) une floraison-undyu [punju] (10b) <strong>de</strong> la cervelle-un [un] [ampun] (5,6) <strong>de</strong> l’écume, <strong>de</strong> lamousse-ua [ompua] [mpuna] (3,4) du vent[eua] [una] (7,8) une épidémie-ua [pua] (10b) jeter-un [pun] [mpun] (9,10) une manière <strong>de</strong> jeter-upa [pupa] (10b) ventiler-ua [pua] (10b) plier-wa [pwa] (10b) sécher-ya [oya] [ya] (3ø,4ø) un trémail-ya [pya] (10b) se brûler-yaya [eyaya] [yaya] (7,8) une cicatrice-yenn [pyenn] [mpyenn] (9,10) une manière <strong>de</strong> sebrûler-yo [pyo] (9) chaudy [y] noiryy(y) [yy(y)]noirD-da [oa] [a] (3,4) une jachère-daa [ndaa] [ndaa] (9,10) un sujet, un propos-dando [oando] (3) <strong>de</strong> l’ambiance-<strong>de</strong>o [n<strong>de</strong>o] [n<strong>de</strong>o] (9,10) un ami-dk [ndk] [ndk] (9,10) un étage-dndnd [ndndnd] [ndndnd] (9,10) une libellule-da [ea] [a] (7,8) une petite plantation,un jardin-do [eo] [o] (7,8) <strong>de</strong>s pleurs-dso [so] [so] (9ø,10ø) une chique-do [o] [ao] (5,6) une pierre, un caillou-do [oo] [o] (3,4) un lit-do [ndo] (9) mais-do [ndo] [no] (9,10) un obstacle, un hic-dodo [ooo] [oo] (3,4) une balance-doloo [ooloo] [oloo] (3,4) un <strong>de</strong>ssous, sous-dud [eu] [u] (7,8) du dégoût-dumbe [oumbe] (3) <strong>de</strong> la surprise-dum [ndum] [ndum] (9,10) un poisson chat esp.-dyambe [njambe] [njambe] (9,10) du tonnerre


378-dyana [njana] (9) une faim-dyembn [njembn] [njembn] (9,10) une manière <strong>de</strong> chanter-dyee [oyee] [yee] (3,4) un poisson esp.-dylu [njlu] [njlu] (9,10) un menton-dyna [njna] [njna] (9,10) un gorille-dyn [njn] [njn] (9,10) une manière <strong>de</strong> rentrer,<strong>de</strong> soigner-dyn [njn] [njn] (9,10) une poule-dyu [nju] [nju] (9,10) un éléphant-dyn [njn] [njn] (9,10) une manière <strong>de</strong> boireE-en [ezen] [yen] (7,8) un débarcadère-ee [oee] [aee] (1,2) beaucoup, nombreux[nyee] [nyee] (9,10)[yee] (10b)- [w] (1,2) le sien[y] [s] (9,10)-n [on] [an] (1,2) autre[nyn] [nyn] (9,10)[yn] (10b)- [o] [my] (3,4) un brochet-mb [omb] (3) une soupe-w [ow] [aw] (1,2) quelque[nyw] [nyw] (9,10)[yw] (10b)F-fa [ofa] [fa] (3,4) une arêtefa [fa] à l’abandon-fanya [fanya] (9ø) <strong>de</strong> la farine, du gari-fao [efao] [fao] (7,8) <strong>de</strong> la coquetterie-fe [ofe] [fe] (3,4) un voleur-fe [fe] (5) <strong>de</strong> la fraîcheurf [f] sans-fu [efu] [fu] (7,8) une couverture


379 -fula [efula] [fula] (7,8) un affranchi-fun [fun] mou, sans vigueur[ofun] (3) <strong>de</strong> la mollesseG-a [oa] [aa] (1,2) un roi, un chef-a [a] [aa] (5,6) une forêt, unebroussea [a] comme, semblable à-aa [kaa] (10b) moisir-ala [ala] [aala] (5,6) une cour-al [al] [aal] (5,6) <strong>de</strong> l’huile-alo [alo] [alo] (9,10) une boîte-alwa [kalwa] (10b) un changement-amba [amba] [aamba] (5,6) une parole-amba [kamba] (10b) parler[kamba] (10b) une commissionverbale-ambaamba[kambaamba] (10b) bavar<strong>de</strong>r-ambna [kambna] (10b) prier[kambna] (10b) une prière-ambn [kambn] [kambn] (9,10) une manière <strong>de</strong>parler, <strong>de</strong> prier-amna [kamna] (10b) sécher-amuna [eamuna] [amuna] (7,8) une petite saisonsèche-andaa [oandaa] (3) <strong>de</strong> la santé-ando [ando] [ando] (9,10) un crocodile du Nil-andy [oanj] [anj] (3,4) une veine-andyuna [eanjuna] [anjuna] (7,8) un filtre, un tamis[kanjuna] (10b) un filtrage-an [an] (9) autrui-aa [oaa] [aaa] (1,2) un guérisseur, unmé<strong>de</strong>cin-aa [kaa] (10b) frire-ae [eae] [ae] (7,8) frit[kae] [kae] (9,10)[kae] (10b)-ao [ao] [ao] (9,10) un médicament-aso [oaso] [aaso] (1,2) un gourmand-ata [oata] [ata] (3,4) un crocodile esp.-azaaza [azaaza] sec[oazaaza] (3) une sécheresse


380-een<strong>de</strong> [oeen<strong>de</strong>] [een<strong>de</strong>] (3,4) un fou-ekza [kekza] (10b) apprêter-elo [elo] rouge[oelo] (3) une rougeur-emba [kemba] (10b) peindre-embe [oembe] [kembe] (14,10b) une tortue <strong>de</strong> mer-en<strong>de</strong> [en<strong>de</strong>] [aen<strong>de</strong>] (5,6) un messager-eno [eno] [aeno] (5,6) un pilier-ea [ea] [aea] (5,6) une nuée d’insectes-ea [oea] [aea] (1,2) un paresseux-ea [kea] (10b) partager, diviser-ewa [ewa] (5) <strong>de</strong> la joie-ewa [oewa] [kewa] (14,10b) une vague[ewa] [ewa] (9,10) un remous, unsillage-ewa [kewa] (10b) vaincre-ewe [oewe] [ewe] (3,4) un banquet-n [on] [n] (3,4) une étoile-l [ol] (3) un verre (matière)[kl] [kl] (9,10) un tesson-mb [mb] [amb] (5,6) un crâne-nda [knda] (10b) marcher, partir-nda [onda] [anda] (1,2) un hôte, un étranger-ndn [kndn] [kndn] (9,10) une démarche-no [ono] [kno] (14,10b) un ruisseau-nzo [enzo] [nzo] (7,8) une mesure- [o] (3) une o<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>poisson-la [kla] (10b) râper, repasser[kla] (10b) du repassageo [o] pour, sur, <strong>de</strong>-oa [koa] (10b) bâilleroo [oo] là-bas-oka [koka] (10b) appeler-ola [oola] [ola] (3,4) un ver intestinal-ola [kola] (10b) acheter-olo [olo] [aolo] (5,6) un prix-olo [oolo] [aolo] (14,6) un pied-omba [omba] [omba] (9,10) un porc-épic-omba [oomba] [komba] (14,10b) une clôture, unenclos-omba [komba] (10b) mettre une barrière-ombe [eombe] [ombe] (7,8) une époque, untemps-ombeombe[ombeombe] [aombeombe] (5,6) un parapluie


381-ombya [kombya] (10b) encercler, êtreagressé-om [om] [aom] (5,6) une dizaine, dix-on [oon] [kon] (14,10b) un bois <strong>de</strong> chauffage-on [oon] (14) un feu-oa [koa] (10b) attacher, lieroe [oe] <strong>de</strong>boutoe [oe] chez-oo [ooo] [oo] (3,4) un lien, une attache-otza [kotza] (10b) comprendre-owa [oowa] (3) <strong>de</strong> la bile, jaune-owa [owa] [owa] (9,10) un cochon- [o] [a] (14,6) un bras-a [ka] (10b) ronfler-wa [kwa] (10b) sortir-lan [elan] [lani] (7,8) une ressemblance, unephotographie-l [ol] [l] (3,4) une liane-ma [ma] [ma] (9,10) un tambour-ma [kma] (9) une pleine lune-mba [kmba] (10b) racler-mba [emba] [mba] (7,8) une allusion-mb [mb] [mb] (9,10) un varan-nd [ond] [nd] (3,4) un rang, une rangée[end] (7) une troupe[knd] [knd] (9,10) un cortège-nu [onu] [nu] (3,4) une trompe-a [a] [aa] (5,6) une lance- [] [] (9,10) un cou-ya [kya] (10b) baisser, diminuer-w [] [a] (5,6) une guerre-y [oy] [ay] (1,2) un beau-fils, une bellefille-y [y] [y] (9,10) une chemise-u [ou] [u] (3,4) une chenille, un asticot-ua [kua] (10b) souffrir-ue [ue] [aue] (5,6) une porte-uuu [uuu] plein[ouuu] (3) <strong>de</strong> la plénitu<strong>de</strong>-ula [oula] (3) un noyer-ula [kula] [kula] (9,10) une noix, une noisette-ulu [oulu] [ulu] (3,4) une gargoulette-uluta [kuluta] (10b) frotter avec force-uma [ouma] [uma] (3,4) un bâton (un pain) <strong>de</strong>manioc


382-umba [kumba] (10b) porter-umbu [oumbu] [kumbu] (14,10b) une bretelle-umu [umu] (5) <strong>de</strong> l’espoir-une [oune] [une] (3,4) un sourcilunu [unu] ici-uwa [uwa] [uwa] (9,10) un bouclier-uwu [uwu] [uwu] (9,10) un hippopotame-wa [ewa] [wa] (7,8) une igname[kwa] [kwa] (9,10) une igname esp.-waba [waa] [waa] (9, 10) une goyave[waa] (9) un goyavier-wamba [wamba] (9) <strong>de</strong> la disette-wana [owana] [awana] (14,6) une bouche-wana [wana] (4) <strong>de</strong> la salive-wezaana [kwezaana] (10b) harmoniser-wl [ol] (3) une lune[ol] [al] (14,6) un mois-wa [oa] [a] (3,4) une nuit-wa [a] [aa] (5,6) une heure, un momentI-la [ezla] [yla] (7,8) un régime <strong>de</strong> noix <strong>de</strong>palme-n [wn] [wn] (1,2) celui-ci[nyn] [sn] (9,10)- [aw] (2) pays <strong>de</strong>s génies[ombw] [mbw] (3+14,4+14) un génieK-ka [eka] [ka] (7,8) un banc-ka [ka] [ka] (9,10) une pagaie-kaf [kaf] (9ø) du café-kaa [ekaa] [kaa] (7,8) une tortue-kaa [kaa] [akaa] (9ø,2) un grand-père, unegrand-mère-kaka [kaka] (9ø) un grand-père, unegrand-mère(appellatif)-kakae [kakae] (5) <strong>de</strong> l’inadvertance-kala [kala] [kala] (9,10) un village-kama [kama] [kama] (9,10) cent, une centaine


383-kamb [okamb] [kamb] (3,4) un beau parleur, unavocat-kamb [kamb] [kamb] (9,10) une antilope-kand [okand] [kand] (3,4) un pantalon-kan [kan] [kan] (9,10) une maladie-kao [ekao] [kao] (7,8) <strong>de</strong> la lordose-kasa [kasa] [akasa] (5,6) un marché, un pontkat [kat] moyen (aprèsconnectif)-kazo [kazo] [kazo] (9,10) une écaille-ke [ke] [ake] (5,6) un œuf-ke [ke] [ke] (9,10) un utérus-keele [okeele] [keele] (3,4) un adulte-keo [okeo] [keo] (3,4) une partk [k] aussi-kma [kma] [kma] (9,10) un singe-k [k] [ak] (5,6) <strong>de</strong> l’art-ksa [oksa] [aksa] (1,2) un célibataire-ky [ky] (9) froid-kyky [ekyky] [kyky] (7,8) un bébé-kl [okl] [kl] (3,4) un chemin, une route-ko [oko] (3) un roseau-koo [koo] [koo] (9,10) un conte-koko [koko] [akoko] (5,6) un ananas, une canne,du sucre-kolo [kolo] [kolo] (9,10) un soir-kolo [okolo] (3) <strong>de</strong> l’oseille-kombe [kombe] (9) un soleil (astre)-kondo [kondo] [kondo] (9,10) une carpe-kote [okote] [kote] (3,4) un prisonnier-koto [koto] [koto] (9ø,10ø) une veste-kowa [okowa] [akowa] (1,2) un pygmée-k [ok] [k] (3,4) un héronneauk [k] uniquement, seulement-kkl [okkl] (3) une gran<strong>de</strong> faim-kmb [kmb] [km] (9,10) <strong>de</strong> la raclure, ducopeau-knd [knd] [aknd] (5,6) une banane plantain-kndy [knj] [knj] (9,10) une chauve souris-kn [ekn] [kn] (7,8) une expectoration-k [ok] [k] (3,4) une colonne vertébrale-ks [ks] [ks] (9ø,10ø) une croix-kue [okue] [kue] (3,4) un pauvre, un indigent-kuku [kuku] [akuku] (5,6) une voile-kukumna [okukumna] [kukumna] (3,4) un esp. d’oiseau


384-kulu [okulu] [kulu] (3,4) une cor<strong>de</strong>-kumu [ekumu] [kumu] (7,8) une souche-kuu [kuu] [kuu] (9,10) un vautour-kuu [ekuu] [kuu] (7,8) un hibou-kuw [kuw] (9) une absence <strong>de</strong> feu-kusa [kusa] [akusa] (5,6) une éponge-kuwa [okuwa] [kuwa] (3,4) un corps-kuzu [kuzu] (9) <strong>de</strong> la sciure-kwaa [okwaa] [kwaa] (3,4) une machette-kwen<strong>de</strong> [oken<strong>de</strong>] [ken<strong>de</strong>] (3,4) une queue-kyapnd [kyapnd] [kyapnd] (9ø,10ø) un charpentierL-la [ola] [ala] (1,2) grand, long[nda] [nda] (9,10)[a] (10b)-lala [olala] [ala] (14,10b) une palme-lambalamba [lambalamba] (4) une chorégraphie-lamb [lamb] [lamb] (9ø,10ø) une lampe-laa [olaa] [laa] (3,4) un cri-lasa [lasa] [alasa] (5,6) une orange[olasa] (3) un oranger-las [elas] [las] (7,8) un verre-lat [alat] (6) une accointance, unlien-lea [ea] (10b) défendre, empêcher-lea [olea] [ea] (14,10b) un biscuit-lekl [lekl] [lekl] (9ø,10ø) une école-lemba [emba] (10b) essayer-lemba [elemba] [lemba] (7,8) un miracle-lena [ena] (10b) pleurer-lenda [enda] (10b) faire-len<strong>de</strong> [elen<strong>de</strong>] [len<strong>de</strong>] (7,8) une barque-lendna [elendna] [lendna] (7,8) un arc-lenn [n<strong>de</strong>nn] [n<strong>de</strong>nn] (9,10) une manière <strong>de</strong> pleurer-lewana [ewana] (10b) oublier-lewany [elewany] (7) <strong>de</strong> l’oubli-lewe [lee] [alee] (5,6) une paume-lewna [ewna] (10b) désirer-lka [ka] (10b) rester-lkza [kza] (10b) laisser, abandonner


385-ll [oll] [all] (1,2) fragile, mou[ndl] [ndl] (9,10)[l] (10b)-la [a] (10b) trouver-le [ole] [ale] (1,2) trouvé[n<strong>de</strong>] [n<strong>de</strong>] (9,10)[e] (10b)-l [l] [al] (5,6) une citrouille-lwan [olwan] [lwan] (3,4) un jeune-la [ela] [la] (7,8) une robe-la [a] (10b) durer, mettre du temps-ll [ndl] [ndl] (9,10) une manière <strong>de</strong>marquer-llya [lya] (10b) observer, remarquer-llyo [ellyo] [llyo] (7,8) une marque, un sceau-lo [olo] (3) une durée-la [a] (10b) peser, être lourd-l [ol] [al] (1,2) pesant, lourd[nd] [nd] (9,10)[] (10b)-lwa [elwa] [lwa] (7,8) un lac-lowa [owa] (10b) sauter-lowalowa [owalowa] (10b) sautiller-loko [aloko] (6) une hernie-lomba [olomba] (3) le <strong>de</strong>ssus, au <strong>de</strong>ssus,sur-lombna [ombna] (10b) vieillir-londa [olonda] [londa] (3,4) une graine, un fruit-loa [oloa] [aloa] (1,2) premier[noa] [noa] (9,10)[oa] (10b)-los [los] [alos] (5,6) un citron[olos] (3) un citronnier-loso [oloso] [loso] (3,4) un ulcère-lowa [owa] (10b) fon<strong>de</strong>r, créer-lowa [elowa] [lowa] (7,8) une seine-low [elow] (7) <strong>de</strong> la rancune-la [a] (10b) maudire-l [ol] [l] (3,4) une malédiction-ll [oll] [ll] (3,4) une papaye-lmb [elmb] [lmb] (7,8) une histoire-lt [lt] [alt] (5,6) un tubercule <strong>de</strong> manioc-lw [ol] [l] (3,4) une rivière-lw [lw] [alw] (5,6) un hameçon


386-luu [luu] [aluu] (5,6) <strong>de</strong> la boisson alcoolisée-lula [ula] (10b) récolter, déraciner-lumaana [umaana] (10b) enfler-lumbula [umbula] (10b) s’enflammer-luu [oluu] [aluu] (1,2) vieux, ancien[nuu] [nuu] (9,10)[uu] (10b)-lua [ua] (10b) tirer-lwana [wana] (10b) rester, s’asseoir-lwano [lwano] [alwano] (5,6) une <strong>de</strong>meureM-ma [oma] (1) une personne, quelqu’un-mama [mama] (10b) s’étonner-mamba [omamba] [mamba] (3,4) un serpent-mamu [mamu] [amamu] (5,6) un muet-mana [mana] [amana] (5,6) un charbon-mana [mana] (10b) finir, terminer-manda [omanda] (3) un jour (Vs nuit)-man [oman] (3) un pelage-man [man] [aman] (5,6) une mauvaise herbe-maa [omaa] [maa] (3,4) une noix, un rein-mao [mao] [mao] (9,10) une course-mauulu [omauulu] [mauulu](3,4) un gecko-mbno [mbno] [ambno] (5,6) du lait-mbl [mbl] [ambl] (5,6) une aubergine-memba [memba] [amemba] (5,6) un trou-menda [menda] [menda] (9,10) une hachette-meno [omeno] [meno] (3,4) un doigt-mea [mea] [mea] (9,10) un pigeon-meo [omeo] [meo] (3,4) un doigt <strong>de</strong> banane-meo [meo] [meo] (9,10) une corne-ma [ma] (10b) somnoler-mma [mma] (10b) avouer, confesser-mna [mna] (10b) s’habituer-mna [mna] (10b) avaler-mnd [mnd] (9) <strong>de</strong> l’argile-mnd [mnd] [wamnd] (1,2) qui ?mn [mn] <strong>de</strong>main-m [m] [am] (5,6) un pilier-makano [amakano] (6) un carrefour


387-md [m] (9ø) midi-mna [mna] (10b) refuser <strong>de</strong> répondre-ma [ma] (10b) envelopper, emmailloter-monda [monda] [monda] (9,10) un fétiche, une idole-mondo [omondo] [mondo] (3,4) une lisière-mna [mna] (10b) pêcher au lampero-mna [mna] (10b) observer-mn [mn] [mn] (9,10) un mulet (poisson)-m [m] [m] (9,10) une igname-m [m] (9) un[om] (1)[m] (5)-mwa [omwa] [mwa] (3,4) un poil-mya [amya] (2) combien[mya] (10)[mya] (10b)-mya [mya] (10b) savoir, connaîtremy [my] moiN-na [na] [ana] (5,6) un nomna [na] avec, et-naa [onaa] [anaa] (1,2) une être humain-nao [nao] [nao] (9,10) une maison-nama [enama] [nama] (7,8) un membre-namba [onamba] [namba] (3,4) un pagne, un tissu-namba [namba] (10b) faire cuire, cuisiner-nambn [nambn] [nambn] (9,10) une manière <strong>de</strong> cuire, <strong>de</strong>cuisiner-nambo [enambo] [nambo] (7,8) un mets-nanay [enanay] (7) huit-nay [nay] (9) quatre[anay] (2)-ndoa [ondoa] [ndoa] (3,4) un coq-ndyawe [onjawe] [anjawe] (1,2) un Nzebi-nee [nee] [nee] (9,10) une île-nma [enma] [nma] (7,8) une infirmité-nma [nma] (10b) désherber-nmba [nmba] (10b) lécher-nmb [onmb] (3) du miel-nm [onm] [nm] (3,4) une langue( organe), unparler


388-nndya [nnja] (10b) enseigner, instruire-nndy [onnj] [nnj] (3,4) un enseignantnn [nn] aujourd’hui-na [na] (10b) apprendre, s’instruire-n [on] [n] (3,4) <strong>de</strong> l’adresse-n [on] [n] (3,4) un étudiant-n [on] [an] (1,2) un adulte, un aîné-nma [nma] (10b) éteindre-nna [nna] [anna] (5,6) un esprit-nna [nna] (10b) disparaître-nn [nn] [ann] (5,6) un foie-no [no] [no] (9,10) une pluie[no] [ano] (5,6) <strong>de</strong> l’eau[eno] (7) une marée-no [no] [ano] (5,6) une <strong>de</strong>ntno [no] c’est, par (compl. agent)-noa [noa] (10b) bâtir, construire-noom [enoom] (7) neuf-noka [noka] (10b) mentir-nok [onok] [nok] (3,4) un menteur-noma [noma] (10b) mordre-nomba [nomba] [nomba] (9,10) une montagne-nome [onome] [anome] (1,2) un homme, un époux-nomo [enomo] [nomo] (7,8) une saison sèche-nomy [nomy] (9) à droite, un côté droit-none [none] (9) amer, <strong>de</strong> l’amertume-nowl [nowl] [nowl] (9ø,10ø) un noël-na [na] (10b) pleuvoir-nna [enna] [nna] (7,8) une saison <strong>de</strong> pluie-nmb [onmb] [anmb] (1,2) noir, un Noir-n [on] (3) une bizarrerie[n] [an] (5,6) un genre, une espèce-nso [nco] [anco] (5,6) un œil-nsono [ncono] [ancono] (5,6) un sommeil-nu [nu] [anu] (5,6) un foyer, un âtre-numbotowa [onumbotowa] (3) du brouillard-numbu [onumbu] [numbu] (3,4) une lèvre, un bec-nuna [nuna] (10b) humer, sentir-nundya [nunja] (10b) fermer-nua [nua] (10b) allumer-nuuna [nuuna] (10b) ai<strong>de</strong>r, ouvrir-nya [nya] (10b) manger-nya [nya] (10) <strong>de</strong> la nourriture-nya [nya] [anya] (5,6) un glouton


389-nyamtya [nyamtya] (10b) faire <strong>de</strong>s conjectures-nyanto [nyanto] (5) une assemblée <strong>de</strong> femmes-nyaa [nyaa] [anyaa] (5,6) un gra<strong>de</strong>-nyaa [nyaa] [anyaa] (5,6) un coussinet <strong>de</strong> portage-nyeme [nyeme] [anyeme] (5,6) une grossesse-nyembanyemba[onyembanyemba] [anyembanyemba] (1,2) un vampire, unsorcier-nyk [onyk] [nyk] (3,4) une rosée-ny [ny] [any] (5,6) <strong>de</strong> l’urine-nya [nya] (10b) écraser-nyka [nyka] (10b) entasser-nyk [onyk] (3) dru, broussailleux-nyomano [nyomano] [anyomano] (5,6) une querelle-nyomba [nyomba] [anyomba] (5,6) une famille-nyoy [nyoy] [anyoy] (5,6) une voix-nwa [nwa] (10b) se battre, lutter-nwanza [nwanza] (10b) prêter-nwenn [nenn] [nenn] (9,10) une manière <strong>de</strong> se battre-amba [eamba] [amba] (7,8) une dame-jeanne-n [en] [n] (7,8) une corbeille esp.-oo [oo] [aoo] (5,6) une boîte, une tôle-uluulu [ouluulu] [uluulu] (3,4) un herculew [w] soli<strong>de</strong>ment, fortement-k [k] (5) <strong>de</strong> l’encre-wa [a] (10b) se gratterwo- [wo] (9) mère <strong>de</strong>…O -o [ezo] [yo] (7,8) un mortier-odu [wou] (2) tout, toute[you] (9)[sou] (10)-odudu [wouu] (2) tout, toute[youu] (9)[souu] (10)-ondako [oond3ako] [awond3ako] (1,2) un neveu, une nièce


390- [w] (1,2) le tien[y] [s] (9,10)-ma [ezma] [yma] (7,8) une chose-mb [ezmb] [ymb] (7,8) une sœur-mbl [ezmbl] [ymbl] (7,8) un balai-na [owna] [awna] (1,2) nouveau[nyna] [nyna] (9,10)[yna] (10b)-n [wn] (1,2) celui-là, ceux-là[yn] [sn] (9,10)-n [wn] (1,2) celui-là, là-bas[yn] [sn] (9,10)P-pa [epa] [pa] (7,8) un os-pa [opa] (3) une lutte-paapaa [opaapaa] [paapaa] (3,4) un ennui, un problème-pe [ope] [ape] (1,2) petit, court[pe] [mpe] (9,10)[pe] (10b)-pepa [pepa] [pepa] (9ø,10ø) un papier-pepe [opepe] [pepe] (3,4) un plan <strong>de</strong> bananier-pl [epl] [pl] (7,8) une assiette-p [p] [ap] (5,6) un pangolin-plakes [plakes] [plakes] (9ø,10ø) une taie-poo [poo] [mpoo] (9,10) un rat-pokolo [epokolo] [pokolo] (7,8) un chapeau-polo [polo] (10b) <strong>de</strong>s obscénités-pomba [epomba] [pomba] (7,8) un tourteau-pondoma [epondoma] [pondoma] (7,8) un oreiller-poo [epoo] [poo] (7,8) une gorge-pot [pot] [apot] (5,6) une teigne-pue [epue] [pue] (7,8) une perruque-puupuu [p h uup h uu] [ap h uup h uu] (7,8) un buisson-pua [pua] (10b) un jet-pupu [p h up h u] blanc[op h up h u] (3) une blancheur-pupundu [ep h up h undu] [p h up h undu] (7,8) un cul-<strong>de</strong>-jatte


391 -pus [p h us] [pus] (9ø,10ø) un chat-py [py] près[opy] (3) une proximitéR-a [a] [aa] (5,6) une fesse-a [ta] (10b) une partie <strong>de</strong> chasse-a [ta] (10b) chasser-ala [oala] [ala] (3,4) une claie-alya [talya] (10b) combler un trou,remblayer-ambaka [oambaka] [ambaka] (3,4) une racine-ambaamba[tambaamba] [ntambaamba](9,10) une ronce-ambo [oambo] [ambo] (3,4) un piège-and [and] [aand] (5,6) un huître-anya [eanya] [anya] (7,8) un fou-aa [taa] (10b) compter-aano [oaano] [aano] (3,4) un semblable-auna [tauna] (10b) lire[tauna] (10b) une lecture-ao [aao] (2) trois[cao] (9)[tao] (10b)-awa [tawa] (10b) payer une <strong>de</strong>tte, untribut-ea [tea] (10b) montrer-eo [oeo] [aeo] (1,2) vi<strong>de</strong>, uniquement[teo] [nteo] (9,10)[teo] (10b)-euna [teuna] (10b) conseiller-euno [oeuno] [euno] (3,4) un conseil-ena [tena] (10b) couper-ene [eene] [ene] (7,8) un morceau-ene [tene] [ntene] (9,10) un morceau-ena [oena] [ena] (3,4) un benjamin-ee [eee] [ee] (7,8) un arbre-e [e] [ae] (9ø,2) un père-es [oes] (3) du riz-ma [oma] [ma] (3,4) un cœur-mb [omb] [tmb] (14,10b) un fleuve-m [em] [m] (7,8) une hache-nda [tnda] (10b) écrire, tracer


392-nd [nd] [and] (5,6) une épine-ndn [tndn] [ntndn] (9,10) une manière d’ écrire-nds [onds] [nds] (3,4) un écrivain-nd [ond] [nd] (3,4) un trait-na [na] [ana] (5,6) un plant[tna] [ntna] (9,10) une source, une cause-o [oo] [o] (3,4) une acné-oa [toa] (10b) vomir-oe [ooe] [toe] (14,10b) une plaine-o [o] [ao] (5,6) <strong>de</strong> la vomissure-odwa [towa] (10b) être ébréché-ooa [eooa] (7) <strong>de</strong> la transpiration-ok [ok] [aok] (5,6) un bouton-ola [tola] (10b) guérir (intransitif)-oma [toma] (10b) envoyer-omba [tomba] (10b) enlever-om [eom] [om] (7,8) un apôtre-ondoondo[oondoondo] [aondoondo] (3,4) un grand peureux-oa [ooa] [oa] (3,4) un champignon-oa [eoa] [oa] (7,8) une épouse-oa [toa] (10b) déménager,transporter-owa [oowa] (3) six-owa [oowa] [towa] (14,10b) un ciel-owo [oowo] [owo] (3,4) une insulte-oy [ooy] [aoy] (14,6) une oreille-mb [omb] [tmb] (14,10b) une trompette-nda [tnda] (10b) aimer-nda [nda] [anda] (5,6) un amant, unemaîtresse- [e] [] (7,8) une grenouille, uncrapaud- [o] [] (14,10b) un nombril-wa [twa] (10b) insulter-uma [tuma] (10b) coudre-umbe [eumbe] [umbe] (7,8) un ca<strong>de</strong>t[oumbe] [aumbe] (1,2) ca<strong>de</strong>t[tumbe] [ntumbe] (9,10)[tumbe] (10b)-umnya [tumnya] (10b) montrer-ums [oums] [ums] (3,4) un couturier-uwan [uwan] [auwan] (5,6) un pélican-uwuna [tuwuna] (10b) germer-wa [twa] (10b) égoutter-waeno [owaeno] (3) sept


393-we [oe] [te] (14,10b) un cheveu-ya [tya] (10b) avoir peur-yenn [tyenn] [ntyenn] (9,10) une manière <strong>de</strong>craindreS-sa [sa] [asa] (5,6) du maïs-sau [cau] (9) un savon, du savon-saa [caa] [ncaa] (9,10) une plantation, unchamp-saka [osaka] [asaka] (1,2) un esclave-samb [camb] [ncamb] (9,10) un geste-sandyo [canjo] [ncanjo] (9,10) un éloignement-saa [caa] [ncaa] (9,10) un drapeau, unétendard-sae [osae] (3) du haricot-sao [cao] [ncao] (9,10) une nouvelle-sans [canc] (9) en équi<strong>libre</strong>-se [ce] [nce] (9,10) une terre-sendye [cenje] [ncenje] (9,10) une cigale-se [ce] [nce] (9,10) une gazelle-sesa [sesa] [asesa] (5,6) une jeune filles [s] comment ?-s [c] [nc] (9,10) un tilapia (esp.)-s [os] [s] (3,4) un intestin-sku [esku] (7) un hoquet-sll [cll] [ncll] (9,10) un termite-slyan [eslyan] [slyan] (7,8) un caractère moqueur-sna [cna] [ncna] (9,10) un capitaine(poisson)sn [sn] comment ?-s [c] [nc] (9,10) une cuvette-sla [esla] [sla] (7,8) un rapporteur-ssl [ossl] [ssl] (3,4) un lézard-so [co] [nco] (9,10) un chimpanzé-sna [cna] [ncna] (9,10) du sang-sn [cn] [ncn] (9,10) une mouche-sa [esa] [sa] (7,8) du gazon-s [os] [s] (3,4) une genette-st [st] [st] (9ø,10ø) un drap-soe [esoe] (7) <strong>de</strong> la soif-soolo [esoolo] [soolo] (7,8) une corbeille-solo [colo] [ncolo] (9,10) un marteau-sone [cone] [ncone] (9,10) un vélo


394-sone [cone] [ncone] (9,10) un morceau-sondyo [conjo] [nconjo] (9,10) une sangsue-sosolo [ososolo] (3) une esp. <strong>de</strong>champignon-sozo [cozo] [ncozo] (9,10) une chaussure, unpas, une empreinte-sl [cl] [ncl] (9,10) une hanche-smb [cmb] [ncmb] (9,10) <strong>de</strong> la moelle-smb [cmb] [ncmb] (9,10) un quartier-smbwan [cmbwan] (9) en cachette-sn [cn] (9) une honte-sn [sn] [sn] (9ø,10ø) une semaine-sa [ca] [nca] (9,10) un coin-s [es] [s] (7,8) un épervier-ssl [essl] [ssl] (7,8) esp.oiseau-sz [sz] [sz] (9ø,10ø) un soldat-sua [cua] [ncua] (9,10) une gargoulette-suu [cuu] [ncuu] (9,10) un jour-sunu [cunu] [ncunu] (9,10) une fourmi-suwa [cuwa] [ncuwa] (9,10) une mer-swaka [swaka] [swako] (9ø,10ø) un couteau-swana [cwana] [ncwana] (9,10) une marmiteT-ta [ta] [ata] (5,6) un fagot[ota] (3) <strong>de</strong> l’unité-taa [etaa] [taa] (7,8) une natte-taulu [taulu] [taulu] (9ø,10ø) une table-tal [otal] [tal] (3,4) un échaffaudage-tan [otan] (3) cinq-taan [otaan] [taan] (3,4) un européen, un blanc-tas [tas] (9ø) <strong>de</strong> l’amidon-te [ote] [te] (3,4) une tige <strong>de</strong> raphia-temz [etemz] [temz] (7,8) une tromperie-tt [ott] [tt] (3,4) un toucan-tnd [tnd] [ntnd] (9,10) un trait, une balafre-t [t] [at] (5,6) <strong>de</strong>s excréments-tmbe [tmbe] [ntmbe] (9,10) une planche-toolo [toolo] (9) du piment-toka [etoka] [toka] (7,8) un puits-tombo [otombo] [tombo] (3,4) une bosse sur la tête-tombo [tombo] [ntombo] (9,10) une aiguille-tondo [otondo] [tondo] (3,4) un panier


395-tono [tono] [ntono] (9,10) une poitrine-too [too] [ntoo] (9,10) un bâton-too [otoo] [too] (3,4) une canne-tt [tt] [att] (5,6) une banane douce-tuma [t h uma] [nt h uma] (9,10) une fourchette-tutu [ot h ut h u] (3) <strong>de</strong> la fuméeU-uma [ezuma] [yuma] (7,8) un serpent (esp.)V-vala [fala] (10b) laisser, abandonner-valuna [faluna] (10b) sarcler-vaa [faa] (10b) avoir peur, craindre-van [fan] [mfan] (9,10) un oncle maternel-vano [vano] (5) un refuge-vela [fela] (10b) mettre-veln [feln] [mfeln] (9,10) une manière <strong>de</strong> mettre-vema [fema] (10b) se tromper-vena [fena] (10b) cuire-vene [vene] [avene] (5,6) cuit[fene] [mfene] (9,10)[fene] (10b)-vnza [fnza] (10b) répondre-vnya [fnya] (10b) retourner, repartir-vuda [fua] (10b) mépriser-vunda [funda] (10b) se faisan<strong>de</strong>rW-walo [ombalo] [ambalo] (14,6) un oncle maternel-waluna [aluna] (10b) affûter-wambakoe [ewambakoe] [wambakoe] (7,8) esp. poisson-wambya [ambya] (10b) <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r-wandya [owanja] [anja] (14,10b) un flanc-wandy [wanj] [awanj] (5,6ø) un jeune homme-wan [awan] (2) <strong>de</strong>ux[mban] (9)[an](10b)


396-waa [owaa] (3) une aube[aa] (10b) un matin, une matinée-waatya [aatya] (10b) contraindre-waya [ewaya] [waya] (7,8) un appât-we [ombe] [awe] (1,2) mauvais, méchant[mbe] [mbe] (9,10)[e](10b)-wea [oea] [ea] (14,10b) une épaule-wea [ea] (10b) abattre-wes [oes] [es] (3ø,4ø) un bûcheron-wekelya [ekelya] (10b) croire, avoir foi-wena [ena] (10b) bouillir-wena [ombena] [mbena] (3,4) un chasseur-wenza [enza] (10b) faire bouillir-wezo [wezo] [ambezo] (5,6) cru, vert[mbezo] [mbezo] (9,10)[ezo] (10b)-wlo [olo] (3) <strong>de</strong> la peinture-wmba [mba] (10b) veiller-wna [na] (10b) cultiver, enterrer-wn [n] [ambn] (5,6+14) un sein-wn [n] [ambn] (5,6) un gigot-wnza [nza] (10b) faire cultiver-wuna [una] (10b) traduire-wa [oa] [fa] (14,10b) un ongle, une griffe-w [e] [] (7,8) un poisson-wna [ena] (10b) accuser-wya [eya] (10b) appliquer unpansement-wwn [n] [ambwn] (5,6) une cuisse-wlo [elo] [lo] (7,8) un travail[omblo] [mblo] (3,4) un travail actif-wlya [lya] (10b) réserver les restesd’un repas-wmbya [mbya] (10b) honorer-wnda [nda] (10b) malaxer-w [ew] [w] (7,8) une gran<strong>de</strong> spatule-wona [mbona] [mbona] (9,10) une clameur-woka [oka] (10b) aboyer-wola [ola] (10b) frapper-wolaana [olaana] (10b) errer-womwa [omwa] (10b) arriver-wona [ewona] [wona] (7,8) un couvercle-wona [ona] (10b) verser


397-wondyo [ewondjo] [wonjo] (7,8) une tête-wonyawonya[owonyawonya] [onyaonya] (14,10b) un papillon-woo [woo] [amoo] (5,6) une base, unfon<strong>de</strong>ment-wootya [ootya] (10b) maintenir <strong>de</strong> force-wouna [ouna] (10b) élever-wowa [owowa] [owa] (14,10b) un plume-w [aw] (6ø) paralysé-wl [owl] [l] (14,10b) une mouche tsé-tsé-wmbya [wmbya] [ammbya] (5,6) un serpent noir-wna [ombna] (3) <strong>de</strong> la boue-wa [a] (10b) prendre-wu [wu] [amu] (5,6) un marais, unmarécage-wa [a] (10b) s’habiller-wa [wa] [amba] (5,6) une tenuevestimentaire[a] (10b) action <strong>de</strong> s’habiller-wn [mbn] [mbn] (9,10) une manière <strong>de</strong>s’habiller-wu [ombu] (3) <strong>de</strong> la cendre-wulu [ewulu] [wulu] (7,8) une épluchure, <strong>de</strong> labalayure-wulya [ulya] (10b) dire-wumu [wumu] [ambumu] (5,6) un ventre-wuna [una] (10b) abon<strong>de</strong>r-wund [wund] [wund] (9ø,10ø) une fenêtre-wua [ewua] [wua] (7,8) un rayon-wuta [uta] (10b) chercher, vouloir-wya [ombya] [aya] (1,2) bon[mbya] [mbya] (9,10)[ya] (10b)-wya [ya] (10b) venirY-ya [oya] [ya] (14,10b) une feuille-yaue [oyaue] [ayaue] (1,2) léger[njaue] [njyaue](9+10b,10+10b)[yaue](10b)-yakla [yakla] (10b) errer, vagabon<strong>de</strong>r-yale [eyale] [yale] (7,8) <strong>de</strong> la gentillesse-yama [nyama] [nyama] (9,10) un animal[ayama] (2) l’espèce animale


398-yana [yana] (10b) enfanter, accoucher-yana [yana] [ayana] (5,6) une nombreuseprogéniture-yandya [yanja] (10b) travailler-yano [yano] [ayano] (5,6) une parenté[eyano] [yano] (7,8) une tache <strong>de</strong>naissance-yaa [oyaa] [yaa] (14,10b) esp. poisson-yauna [yauna] (10b) fendre-yawo [yawo] (10b) hier-yaza [yaza] (10b) éternuer-yaz [nyaz] [nyaz] (9,10) un éternuement-yea [yea] (10b) charger, activer unfeu-yea [yea] (5) un chargement-yela [yela] (10b) être accablé, êtreembarrassé-yemba [yemba] (10b) chanter-yemb [nyemb] [nyemb] (9,10) un chanteur-yembza [yembza] (10b) faire chanter-yembo [oyembo] [yembo] (14,10b) un chant, une chanson-yena [yena] (10b) voir-yklya [yklya] (10b) juger-yn [eyn] [yn] (7,8) un miroir-yzno [yzno] [ayzno] (5,6) un appui-ya [ya] (10b) hériter-yna [yna] (10b) danser[yna] (10b) fait <strong>de</strong> danser-yno [oyno] [yno] (3,4) une danse-ya [ya] (10b) soigner-yno [yno] [ayno] (5,6) une entrée-ya [ya] (10b) raconter, verser-youna [youna] (10b) laver-yoo [oyoo] [ayoo] (1,2) un notable-yoma [yoma] (10b) fumer, boucaner-yomba [yomba] (10b) se marier[yomba] (10b) un mariage-yona [yona] (10b) tuer-yoa [yoa] (10b) relier, rattacher-yoo [nyoo] [nyoo] (9,10) une jointure-ya [ya] (10b) nager-yno [yno] (10b) <strong>de</strong> l’obéissance-ymb [oymb] (3) un parfum-ymbunyo [ymbunyo] (10b) <strong>de</strong> la purification


399-yna [yna] (10b) rire, sourire[yna] [ayna] (5,6) une sourire, un rire-yn [nyn] [nyn] (9,10) un oiseau[ayn] (2) l’espèce ailée-yn [yn] (10b) avant-hier-ya [ya] (10b) boire-ya [eya] [ya] (7,8) un ivrogne-y [ny] [ny] (9,10) une fois-ywa [ywa] (10b) se reposer-yz [nyz] [nyz] (9,10) un silure-yufa [yufa] (10b) voler, dérober-yuwa [yuwa] (10b) mourir-ywe [oye] [ye] (14,10b) un cheveu blancZ-za [sa] (10b) déféquer-zaa [saa] (10b) maudire-zao [ozao] (3) une malédiction-zaklya [ozaklya] [saklya] (14,10b) une branchette-zakwa [zakwa] pâle, blême-zakwa [ozakwa] (3) une pâleur-zala [sala] (10b) trier-zae [ozae] (3) une lumière-zape [ozape] [sape] (14,10b) une clé-zeezee [ezeezee] (7) un auriculaire-zen [zen] [azen] (5,6) qqun qui va souventaux toilette-zya [sya] (10b) s’approcher, avancer-zyazya[syazya] (10b) bercer-z [oz] (3) du sable blanc-zklya [sklya] (10b) rincer-zlyo [ozlyo] (3) <strong>de</strong> la moquerie-zmb [cmb] [ncmb] (9,10) un reproche-z [oz] [z] (3,4) du sable-ztya [stya] (10b) aiguisersuperficiellement-za [sa] (10b) couper-zw [oz] [z] (3,4) une cuillère-zka [ska] (10b) pousser-zlya [slya] (10b) observer, regar<strong>de</strong>ravec attention-zmna [smna] (10b) gémir-zndna [sndna] (10b) <strong>de</strong> la patience


400-zdn [cndn] [ncndn] (9,10) une manière <strong>de</strong>supporter-zndya [sndya] (10b) consoler-zndy [ozndy] [zndy] (3,4) un consolateur-zo [zo] [azo] (5,6) une douleur, unesouffrance-za [oza] [za] (3,4) un bord, un flanc-zza [sza] (10b) essuyer-zo [ozo] [azo] (14,6) un visagezoe [zoe] accroupi-zolo [ozolo] [zolo] (3,4) un pieu-zomba [ozomba] (3) <strong>de</strong> la blennorragie-zone [ozone] [zone] (3,4) une part <strong>de</strong>chaire(poisson,vian<strong>de</strong>)-zono [ozono] [sono] (14,10b) une tige <strong>de</strong> rotin-zonya [sonya] (10b) faire <strong>de</strong>scendre-z [oz] [z] (3,4) une pipe-za [sa] (10b) faire <strong>de</strong>s provisionsen bois <strong>de</strong> chauffage-z [z] [az] (5,6) une oie-zklya [sklya] (10b) abîmer, gâcher,gaspiller-zmba [smba] (10b) embrasser-zmbuna [smbuna] (10b) se cacher-zna [sna] (10b) enfiler-za [sa] (10b) raccommo<strong>de</strong>r,réparer-z [oz] [s] (14,10b) une douleurd’enfantement-zz [ozz] [zz] (3,4) un pilon-zz [ozz] [zz] (3,4) une querelle-zubya [suya] (10b) se mouiller-zua [cua] [ncua] (9,10) esp. fruit-zua [sua] (10b) taquiner-zula [sula] (10b) finir, terminer-zu [ozu] (3) un sauveur-zuno [suno] (10b) un salut-zuza [suza] (10b) serrer-zwa [swa] (10b) défricher, plumer


IAVANT-PROPOSAu moment <strong>de</strong> terminer ce travail, nous voudrions témoigner notre reconnaissance àtous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, nous ont permis <strong>de</strong> le mener à bien. Ainsi nosvifs remerciements s’adressent, en tout premier lieu, au Professeur Claire Grégoire qui adirigé cette thèse dans la continuité <strong>de</strong> notre mémoire <strong>de</strong> D.E.A. Nous avons trouvé en elleune directrice scientifique toujours disponible pour nous gui<strong>de</strong>r. Qu’elle soit assurée quenous gar<strong>de</strong>rons en mémoire toute l’ai<strong>de</strong> qu’elle nous a apportée, la confiance qu’elle nous atémoignée tout au long <strong>de</strong> ce travail, la patience avec laquelle elle nous a aidée à enaméliorer la rédaction et ses indicibles qualités humaines. C’est grâce à ses encouragements,sa rigueur et grâce à la vigilance avec laquelle elle a relu notre manuscrit que nous avons puprésenter ce travail.Notre expression <strong>de</strong> profon<strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> s’adresse également au Professeur BettyVanhoudt qui a bien voulu se joindre à la direction <strong>de</strong> notre thèse. Ses conseils, sescritiques minutieuses et la même rigueur dans le travail nous ont permis d’approfondir nosanalyses.Notre reconnaissance va également aux Professeurs Gérard Philippson et AnnieRialland qui ont lu <strong>de</strong>s pans importants <strong>de</strong> notre manuscrit et nous ont adressé <strong>de</strong> précieusesobservations, contribuant à nous permettre d’élargir notre vision sur les faits <strong>de</strong> langue.Nous remercions très sincèrement les Professeurs Y. Bastin, B. Janssens, J.P.Rekanga, J. Maniacky, K. Bostoen, V. Rey et Y. Nzang-Bié, pour les conversationspertinentes et pour avoir bien volontiers partagé leurs connaissances et leurs compétences<strong>de</strong>s langues bantu.Nous remercions profondément :- M. Garsou et J. Maniacky pour leurs compétences <strong>de</strong> l’outil informatique qui ontcontribué à améliorer la mise en forme <strong>de</strong> ce travail.- J. Renard pour ses talents artistiques.- Le service <strong>de</strong> linguistique du MRAC pour nous avoir offert un cadre <strong>de</strong> travailoptimal, pour la convivialité et la sympathie <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> son personnel.- Feu Sœur Thérèse qui nous avait reçue avec beaucoup d’enthousiasme à l’AccueilMonfort à Jette, pendant les premières années <strong>de</strong> notre recherche, et Madame Anne Bienfaitpour son hospitalité chaleureuse et pour sa gentillesse familière, durant ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnièresannées.- Nos camara<strong>de</strong>s : A. Van <strong>de</strong>r Veken, J. Koni-Mulwa, M. Somte, B. Ricquier, J.R.Baka, D. Bagère-Bonnot, R. Omanda, J. Bondzi, M. Mikwe-Mebale, N. Nze-Ndoume ; nosamis M. Garsou, J.Renard, D. Bau<strong>de</strong>t, A. Ayeni, P. Membo, J.L. Seillier, A. Bienfait, E.Botchwey, J.B. Nkulikiyinka, S. Ingabire, A. & P. Bienfait, M. Van <strong>de</strong> Vel<strong>de</strong> et à tous ceux


IIque nous ne pouvons citer nommément, pour leurs encouragements, leur confiance et leursympathie.A vous tous, nous voudrions témoigner également notre profon<strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong> pour lesoutien, la solidarité et le réconfort que vous nous avez apportés. Ils ont été déterminantspendant les moments difficiles que nous avons traversés ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rnières années.Nous pensons avec une reconnaissance particulière au feu Professeur J.L. Doneuxqui, avec beaucoup d’enthousiasme, <strong>de</strong> sympathie et <strong>de</strong> chaleur nous a accueillie lors <strong>de</strong>notre premier séjour à <strong>Bruxelles</strong> et nous a introduite avec bienveillance au service <strong>de</strong>linguistique du Musée Royal <strong>de</strong> l’Afrique Centrale (Tervuren).Notre infinie reconnaissance s’adresse à notre compagnon L. Gasmi qui a supatiemment supporter nos nombreuses et longues absences. Son soutien et sesencouragements ont fortement contribué à la réalisation <strong>de</strong> ce travail.Nous remercions notre famille. Nous pensons à notre chère mère Céline Nkondo-Igana qui a été notre première enseignante <strong>de</strong> l’orungu, à notre fils Larry Mensah pouravoir supporté notre absence, aux habitants <strong>de</strong> notre village pour leur sollicitu<strong>de</strong>.Enfin nous pensons avec une très vive émotion à notre regrettée sœur, Maguy, poursa confiance ; à notre regretté papa Emmanuel Igana-Oyembo pour nous avoir poussé àfaire <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s supérieures. Son grand intérêt pour notre thèse et son vif désir <strong>de</strong> participerà <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s scientifiques sur le parler orungu, étaient pour nous une véritablereconnaissance. Il a été pour nous un informateur précieux et d’une générosité hors ducommun. En témoignage <strong>de</strong> cette reconnaissance et <strong>de</strong> la confiance qu’il a su nousmanifester, nous dédions cette thèse à sa mémoire.


IIIABREVIATIONS ET SYMBOLESABREVIATIONSAb ton haut abaissé Lab. labialeAsp aspect Lat. latéraleAspr aspirée Mpl. morphème <strong>de</strong> plurielAug. augment Mrenf. morphème <strong>de</strong> renforcementB ton bas fixe N, Nas. Nasaleb ton bas flottant Nég. négateurBat. battue Occl. occlusiveBH séquence tonale bas-haut pl. plurielC, Cons. consonne PN préfixe nominalCl., cl. Classe Postfin post-finaleCont. continue PP préfixe pronominalDent. <strong>de</strong>ntale Prad pré-radicalEsp. espèce Préfin. pré-finaleExpl explosive PV préfixe verbalExt extension Rad radicalFin finale RCT règle <strong>de</strong> contact tonalFo formatif RPNT règle <strong>de</strong> pont tonalFric. fricative RPT règle <strong>de</strong> propagation tonaleH ton haut fixe sg. singulierh ton haut flottant Son. sonoreImp. impératif Tf ton flottantImperf imperfectif Tfp ton flottant <strong>de</strong> phraseImpl implosive V voyelleIP indice personnel Vél. vélaireSYMBOLES# limite <strong>de</strong> phrase ou <strong>de</strong> syntagme ≠ limite <strong>de</strong> mot✚ limite spécial <strong>de</strong> pré-radical ~ indique une variante+ limite <strong>de</strong> thème ou <strong>de</strong> radical - limite <strong>de</strong> morphème. limite <strong>de</strong> redoublement <strong>de</strong> thème →, > se réalise, <strong>de</strong>vient|| limite <strong>de</strong> forme structurelle ←, < vient <strong>de</strong>[] limite <strong>de</strong> transcription phonétique ø morphème à signifiant zéro/ / limite <strong>de</strong> transcription <strong>de</strong>s unités = limite <strong>de</strong> post-finaledistinctives± sépare, dans un syntagme, un motn’appartenant pas au groupe tonologique


IVTABLE DES MATIERESINTRODUCTION 1PREMIÈRE PARTIE : PHONOLOGIE, SYSTÈME DE CLASSES ET ALTERNANCESCONSONANTIQUES 101.1. PHONOLOGIE 101.1.1. Les voyelles 101.1.2. Les consonnes et semi-consonnes 121.1.3. Les processus phonologiques 221.1.3.1. Les contacts vocaliques 221.1.3.1.1. La semi-vocalisation 221.1.3.1.2. L’élision 251.1.3.1.3. L’assimilation 271.1.3.1.4. La contraction 281.1.3.2. Les contacts consonantiques 311.1.3.3. Les règles phonologiques 331.1.3.4. L’aphérèse 481.1.3.5. L’épenthèse 511.1.4. Les tonèmes. 521.1.4.1. Inventaire <strong>de</strong>s tons 521.1.4.2. Les oppositions significatives 551.1.4.3. Les réalisations 561.1.4.3.1. Le downdrift 571.1.4.3.2. Le downstep 571.1.4.3.3. Le multi-abaissement 581.2. SYSTÈME DE CLASSES ET ALTERNANCES CONSONANTIQUES 591.2.1. Les classes nominales 591.2.1.1. L’augment 591.2.1.1.1. La structure <strong>de</strong> l’augment 591.2.1.1.2. Liste et tonalité <strong>de</strong>s augments 601.2.1.1.3. Les variantes <strong>de</strong> l’augment 601.2.1.1.4. L’élision <strong>de</strong> l’augment 611.2.1.1.5. L’autonomie <strong>de</strong> l’augment 621.2.1.2. Les préfixes nominaux 631.2.1.2.1. Liste <strong>de</strong>s préfixes nominaux 631.2.1.2.2. Préfixes nominaux et initiale <strong>de</strong> thème 64


V1.2.1.2.3. Préfixes nominaux et allomorphes 671.2.1.2.4. Tableau <strong>de</strong>s différentes formes <strong>de</strong>s préfixes nominaux 811.2.1.2.5. L’attribution <strong>de</strong>s voyelles aux préfixes nominaux 821.2.1.2.6. Les couples <strong>de</strong> classes 851.2.1.2.7. Les schèmes d’accord 861.2.1.3. Tons et classes nominales 861.2.1.4. Remarques générales 871.2.2. Les alternances consonantiques 881.2.2.1. Consonnes et niveaux d’alternances 881.2.2.2. L’alternance dans les noms 911.2.2.3. Les mécanismes <strong>de</strong> l’alternance dans les noms 941.2.2.4. L’alternance dans la conjugaison 951.2.2.5. Les mécanismes <strong>de</strong> l’alternance dans la conjugaison 961.2.2.6. Conclusion 97DEUXIÈME PARTIE : MORPHOLOGIE ET TONALITÉ LEXICALE 992.1. LES FORMES SUBSTANTIVALES 992.1.1. Le thème substantival 992.1.1.1. Inventaire <strong>de</strong>s schèmes tonals 992.1.1.1.1. Les thèmes monosyllabiques 992.1.1.1.2. Les thèmes dissyllabiques 1002.1.1.1.3. Les thèmes trisyllabiques 1012.1.1.1.4. Les thèmes polysyllabiques 1032.1.1.2. Les tons modulés dans les formes structurelles 1042.1.1.3. Semi-vocalisation, élision <strong>de</strong> segments et tons 1072.1.1.4. Récapitulatif 1122.1.1.5. Tons et dérivation 1122.1.1.5.1. La dérivation endogène 1122.1.1.5.2. Redoublement <strong>de</strong> thème et tons 1152.1.1.5.3. Les déverbatifs 1192.1.1.6. L’expression du défini 1302.1.1.6.1. Les substantifs <strong>de</strong> thème monosyllabique 1302.1.1.6.2. Les substantifs <strong>de</strong> thème dissyllabique 1302.1.1.6.3. Les substantifs <strong>de</strong> thème trisyllabique 1312.1.1.6.4. Interprétation <strong>de</strong>s tableaux 1312.1.1.6.5. Les principes généraux du marqueur du défini 1322.1.1.6.6. Les différents processus tonals du marqueur du défini 1322.1.1.6.7. L’expression du défini dans les dérivés 1372.2. LES FORMES ADJECTIVALES 1392.2.1. La structure <strong>de</strong>s formes adjectivales 1392.2.2. Tons et thèmes adjectivaux 1392.2.2.1. L’interrogatif 140


VI2.2.2.2. Les indéfinis 1422.2.2.3. Les numéraux 1442.2.2.4. Les qualificatifs <strong>de</strong> thème simple 1452.2.2.5. La dérivation adjectivale 1472.2.3. L’adjectif et l’expression du défini 1512.3. LES FORMES PRONOMINALES 1552.3.1. Les indices <strong>de</strong> personne 1552.3.2. Les pronoms substitutifs 1592.3.3. Les pronoms possessifs 1612.3.4. Les pronoms démonstratifs 1642.3.4.1. Les démonstratifs déictiques 1652.3.4.2. Les démonstratifs présentatifs 1672.3.4.3. Les démonstratifs anaphoriques 1702.3.5. Le pronom connectif 1732.4. LES FORMES VERBALES 1762.4.1. Les éléments du verbe 1762.4.1.1. Les bases verbales 1772.4.1.1.1. Les radicaux verbaux 1772.4.1.1.2. Les bases verbales complexes 1842.4.1.1.3. Les bases verbales dérivées par suffixation 1882.4.1.1.4. Les bases verbales dérivées par redoublement 2012.4.1.2. Les préfixes verbaux 2022.4.1.3. Le formatif ou marque temporelle 2022.4.1.4. Les marques d’aspect 2032.4.1.5. Les négateurs 2042.4.1.6. La pré-finale 2052.4.1.7. La finale 2052.4.1.8. Les post-finales 2072.4.2. La conjugaison affirmative 2092.4.2.1. Les tiroirs <strong>de</strong> l’indicatif affirmatif 2102.4.2.1.1. Le présent affirmatif 2102.4.2.1.2. Les tiroirs du passé affirmatif 2161. Le résultatif ou parfait 2162. Le passé récent 2203. Le passé éloigné 2244. Le passé irréel 2275. Le pseudo-factif récent 2316. Le pseudo-factif éloigné 2342.4.2.1.3. Le futur affirmatif 2372.4.2.2. Les formes affirmatives hors <strong>de</strong> l’indicatif 2402.4.2.2.1. Le subjonctif 2402.4.2.2.2. L’impératif 2432.4.2.2.3. L’exhortatif 249


VII2.4.3. La conjugaison négative 2532.4.3.1. Les tiroirs <strong>de</strong> l’indicatif négatif 2542.4.3.1.1. Le présent 2542.4.3.1.2. L’inceptif 2572.4.3.1.3. Le passé 2602.4.3.1.4. Le pseudo-factif 2632.4.3.1.5. Le futur 2662.4.3.2. Les formes négatives hors <strong>de</strong> l’indicatif 2692.4.3.2.1. Le subjonctif 2692.4.3.2.2. Le potentiel 2732.4.3.2.3. L’impératif 2762.4.3.2.4. L’exhortatif 2782.4.4. Les formes nomino-verbales 2802.4.4.1. Les formes nomino-verbales infinitives 2812.4.4.2. La forme nomino-verbale gérondive 2862.4.4.3. La forme nomino-verbale d’antériorité 292TROISIÈME PARTIE : TONOLOGIE POST-LEXICALE 2973.1. INTRODUCTION 2973.2. REGLES GENERALES DE CONTACT TONAL 2983.2.1. Le constituant nominal est à l’indéfini 2983.2.1.1. Le premier lexème a un ton bas final 2983.2.1.2. Le premier lexème a un ton haut final 3003.2.2. Le constituant nominal est au défini 3043.3. REGLES DE REAMENAGEMENT TONAL 3063.3.1. Règles <strong>de</strong> propagation du ton haut 3063.3.1.1. Syntagmes à <strong>de</strong>ux constituants 3063.3.1.1.1. Le constituant nominal est à l’indéfini 3063.3.1.1.2. Le constituant nominal est au défini 3151. Le constituant touché par la propagation est un substantif 3152. Le constituant touché par la propagation est un adjectif 3193.3.1.2. Syntagmes à plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux constituants 3253.3.1.2.1. Le constituant nominal est à l’indéfini 3251. Le substantif est suivi <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux déterminants adjectivaux 3252. Le syntagme comporte plusieurs tons hauts finals propageables 329-Propagation limitée au premier groupe tonologique 329-Propagation appliquée dans les <strong>de</strong>ux groupes tonologiques 3333.3.1.2.2. Le constituant nominal est au défini 3363.3.1.3. Observations générales 338


VIII3.3.2. Règle <strong>de</strong> focalisation 3393.3.3. Règle <strong>de</strong> pont tonal 3403.3.4. Règle <strong>de</strong> relèvement tonal 3433.3.5. Règles <strong>de</strong> nivellement tonal 345CONCLUSION GENERALE 349BIBLIOGRAPHIE 355ANNEXE 1 : VALEUR PERTINENTE DES PHONEMES 361ANNEXE 2 : LEXIQUE 373

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