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la guadeloupe - Manioc

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LESANTILLES FRANÇAISES,PARTICULIÈREMENTLi GUADELOUPE,DEPUIS LEUR D É C O U V E R T E JUSQU'AU 1er N O V E M B R E 1825,PARLe colonel BOYER-PEYRELEAU (EUGÈNE-EDOUARD)OUVRAGE ORNÉ D'UNE CARTE NOUVELLE DE LA GUADELOUPE ET DEQUATORZE TABLEAUX STATISTIQUES.DEUXÈMEÉDITIONTOME TROISIÈMEA PARIS,CHEZ LADVOCAT, LIBRAIREDE S. A. R. MONSEIGNEUR LE DUC DE CHARTRES,Pa<strong>la</strong>is-Royal, galerie de bois.M. DCCC XXVI.


LESANTILLES FRANÇAISES,PARTICULIÉREMENTLA GUADELOUPE,DEPUISLEUR D É C O U V E R T E JUSQU'AU Ier NOVEMBRE 1825.


IMPR. DE CARPENTIER-MÉRICOURT,Rue de Grenelle-S.-Honoré, n° 59.


LESANTILLESFRANÇAISES,PARTICULIÈREMENTLA GUADELOUPE,DEPUIS LEUR DÉCOUVERTE JUSQU'AU 1er NOVEMBRE 1825,PARLE COLONEL BOYER-PEYRELEAU (EUGÈNE-ÉDOUARD),OUVRAGE ORNÉ D'UNE CARTE NOUVELLE DE LA GUADELOUPE ET DEQUATORZE TABLEAUXSTATISTIQUES.Nos colonies des îles Antilles sont admirables,elles ont des objets de commerce que nous n'avonsni ne pouvons avoir; elles manquent de cequi fait l'objet du nôtre.Esprit des Lois, liv, at, chap. 21.DEUXIÈMEÉDITION.TOME TROISIÈME.A PARIS,CHEZ LADVOCAT, LIBRAIREDE S. A. R. MONSEIGNEUR LE DUC DE CHARTRES,Pa<strong>la</strong>is-Royal, galerie de bois.M. DCCC XXVI,


NOTEESSENTIELLE,LORSQUE <strong>la</strong> fortune mit l'auteur de cet ouvrage en présencede militaires accusateurs devant des militaires juges,cette espèce d'ennemis, qu'il n'avait jamais eu àcombattre, le trouva sans expérience et sans armes.Quoiqu'il eût passé sa vie au milieu des camps, il étaitresté aussi étranger aux tribunaux de l'armée qu'aux tribunauxde <strong>la</strong> cité. Sur un champ de bataille si nouveaupour lui, il avait besoin de défenseurs; les premiers qu'i<strong>la</strong>ppe<strong>la</strong> n'eurent pas le courage de se charger de sa cause,que cependant ils trouvaient belle, et lui refusèrent leursecours. Il en appe<strong>la</strong> d'autres : accoutumés à braver <strong>la</strong>contagion du malheur, ceux-ci accoururent ; mais dansune affaire récente et d'une douloureuse célébrité, ilsavaient fait entendre des vérités hardies; les accentsde leur voix courageuse parurent trop redoutables, ilfallut leur imposer silence et en réc<strong>la</strong>mer de nouveaux.Dans le cours des dépositions il entendit prononcerde lâches apologies, d'impudens mensonges et des calomniesodieuses ; il voulut parler, démasquer les imposteurs, prouver <strong>la</strong> fausseté de certains témoignages ;ses amis arrêtèrent <strong>la</strong> parole sur ses lèvres et refoulèrentl'indignation au fond de son âme.Dans les entre-actes de ce drame judiciaire, il donnaitcours à ses transports mal contenus par une prudencedont il ne concevait ni l'utilité ni les motifs, et


VItoujours ce silence, favorable à l'accusation, semb<strong>la</strong>it luiêtre imposé sous peine de <strong>la</strong> vie. Tout ce que l'impudencede ses ennemis inventa pour le perdre et pour colorerleur haine, à peine lui en <strong>la</strong>issa-t-on indiquer <strong>la</strong>réfutation. Quel devait être et quel fut en effet le prix.d'une résignation si extraordinaire une sentence demort !Cependant, soustrait, par un acte, de clémence, auxdernières conséquences d'un arrêt, que peut-être onpermettra à celui qu'il devait frapper de ne pas considérercomme un acte de justice, l'officier, objet de tant depersécutions, tâchait d'oublier ses malheurs, et cou<strong>la</strong>itdans <strong>la</strong> retraite des jours ignorés. Seul avec ses souvenirs, il observait le plus rigoureux silence ; un profondmépris pour les méchans qui l'avaient sacrifié à leur ambition, du dédain pour les hommes qu'au moment dupéril il avait épargnés, et qui, moins généreux, cherchèrentleur salut dans sa perte, était toute <strong>la</strong> vengeanceque sa constance permettait à de justes ressentimens. I<strong>la</strong>vait même renoncé à <strong>la</strong> dernière partie du travail qu'ilpublie aujourd'hui, et ne vou<strong>la</strong>nt pas entretenir le publicni de lui ni de ses persécuteurs, il ne poussait pasau-delà de l'année 1794, L'HISTOIRE DE LA GUADELOUPE ,si difficile et si épineuse depuis cette époque contemporaine.Mais il est des hommes qui jugent mal des autresparce qu'ils n'ont jamais sondé que leur cœur, étudiéque leur âme. Prenant <strong>la</strong> circonspection pour de <strong>la</strong> timidité; croyant, parce que l'outrage viendrait de loin, pouvoirreproduire aujourd'hui les noirs mensonges de 1816,et flétrir <strong>la</strong> réputation d'un honnête homme avec lemême succès qu'ils avaient attaqué sa vie, ils ont em-


VIIprunté une plume exercée de longue main dans l'art desdé<strong>la</strong>tions et des calomnies, pour faire insérer dans l'almanachhistorique de <strong>la</strong> Guadeloupe, en juin 1822 , l'articlesuivant :1815. — « On commençait à goûter le bonheur, le» commerce renaissait, tout annonçait <strong>la</strong> prospérité,» lorsque les événemens survenus en France vinrent plon-» ger <strong>la</strong> colonie dans le deuil et lui faire craindre un chan-» gement qu'elle ne pouvait empêcher.» Le gouverneur LINOIS fut entraîné par le commandant» des troupes BOYER DE PEYRELEAU. Le colonel VATABLE» seul résista; quelques employés secondèrent les premiers,» et le 18 juin on arbora le pavillon de <strong>la</strong> révolte. Pas un» homme estimé ni estimable ne prit part à cette rébellion.» La plus grande partie des gens de couleur resta fidèle» à son Roi, malgré les promesses et les menaces qu'on» lui fit. Cependant l'on était sur le bord du précipice» et des mesures révolutionnaires renaissaient quand l'île» fut prise, le 10 août suivant, par sir James LEITH et» par l'amiral DURHAM. Les chefs français révoltés em-» portèrent <strong>la</strong> haine des colons pour leur trahison, et le» mépris général pour leur indigne conduite et leur lâcheté,» car ils ne surent ni se défendre ni mourir, et l'on pré-» tend qu'ils s'humilièrent au point d'arborer eux-mêmes» le pavillon ang<strong>la</strong>is sur le morne Houel. Le comte de» LINOIS et l'adjudant-général BOYER, arrivés en France,» y passèrent à un conseil de guerre. »Cet article et deux décrets de <strong>la</strong> convention, ma<strong>la</strong>droitementrappelés , excitèrent dans toute <strong>la</strong> colonie un mouvementsi vif et si spontané d'indignation, que l'autorité,après avoir approuvé <strong>la</strong> publication de cet almanach, se


VIIIvit forcée d'en arrêter <strong>la</strong> vente. Mais déjà un grand nombred'exemp<strong>la</strong>ires avaient été livrés au public et plusieursétaient parvenus à Paris.Forcé d'imposer silence à <strong>la</strong> calomnie qui cherche àtromper <strong>la</strong> France, l'auteur de l'Histoire de <strong>la</strong> Guadeloupese voit donc contraint de faire paraître <strong>la</strong> partie deson ouvrage qu'il avait résolu de ne pas publier. La véritéva répondre au mensonge ; si les faits sont accusateurs ,il faut s'en p<strong>la</strong>indre à ceux qui l'ont mis dans <strong>la</strong> fâcheusenécessité de les révéler. Il n'a dit que ce qui était rigoureusementnécessaire pour lier les événemens , pour confondrel'imposture , et s'est tu sur tout le reste. Non qu'i<strong>la</strong>it oublié ou qu'il ignore les choses et les documens surlesquels il garde le silence ; mais parce que, dédaignantl'exemple qu'il a reçu, il se justifie et n'accuse pas. Acet égard, ceux-là mêmes qui paraîtront lui tenir moinscompte de sa discrétion , dans le secret de leur consciencelui rendront plus de justice.Cette publication devient d'autant plus nécessaire queM. de LINOIS , ayant tout récemment fait imprimer etdistribuer à profusion l'extrait du jugement qui l'a acquittéhonorablement, semble aussi ne vouloir exhumer leprocès de <strong>la</strong> Guadeloupe, après sept ans d'oubli, quepour en faire de nouveau retomber tout l'odieux sur lecolonel BOYER.


HISTOIRE POLITIQUEDESANTILLES FRANÇAISES,PARTICULIÈREMENTDE LA GUADELOUPE,DEPUIS LEUR DÉCOUVERTE JUSQU'A LA RÉVOLUTION.


LIVRE HUITIÈME.Expédition et succès des Fraçais aux îlesdu Vent. — Les Ang<strong>la</strong>is y envoient desforces considérables. — État politique deces îles. — 1794 à 1801.CHAPITRE I ER .Contraste dans <strong>la</strong> conduite des Ang<strong>la</strong>is à <strong>la</strong> Martiniqueet à <strong>la</strong> Guadeloupe. — Leurs excès dans cette dernièreîle. — Arrivée d'une expédition française.An IIL'ANGLETERRE voyait avec orgueil les succès1794}qu'elle obtenait sur tous les points de l' Archipel Américain; maîtresse de presque toute <strong>la</strong> partie françaisede Saint-Domingue, que ses trames et ses séductionslui avaient soumise, elle caressait l'idée d'enleverpour toujours à <strong>la</strong> France cette précieuse colonie


Au II( 12 )(1794) où elle envoyait des renforts considérables (1), avecl'intention d'en écarter les Espagnols aussitôt que<strong>la</strong> conquête, à <strong>la</strong>quelle ils vou<strong>la</strong>ient bien coopérer,lui en aurait été assurée.Souveraine absolue aux îles du vent, elle se f<strong>la</strong>ttaitque l'hydre toujours renaissante des factions nepermettrait pas de long-temps à <strong>la</strong> France , d'ailleursoccupée de faire tête à l'Europe , de <strong>la</strong> troubler dans<strong>la</strong> possession de ces îles. Elle ne songea qu'à s'attacher, par des faveurs, ceux qui pouvaient êtreutiles à ses intérêts dans cette partie du monde,tandis qu'elle intimiderait, par des sévérités exemp<strong>la</strong>ires, les hommes dont elle pouvait suspecter lessentimens,La Martinique, que sa position, l'étendue de sonport, ses fortifications, et le dévoûment prononcéd'une faible, mais influente partie de ses habitans,lui rendaient précieuse, appe<strong>la</strong> ses libéralités intéressées.Elle fut attentive à cicatriser les p<strong>la</strong>ies deses guerres intestines par une administration bienfaisanteet des priviléges nombreux qu'elle lui accorda,sans jamais démentir cette bienveil<strong>la</strong>ncependant les neuf années de sa domination. Les chefsqu'elle lui donna furent chargés d'y faire fleurir l'agriculture,le commerce et les institutions colo-(1) Bryand Edwards , 3 e vol., pag. 462 et 463-


males ; tous s'en acquittèrent avec zèle, et le généralKeppel, qui l'administra le dernier, acquit lesdroits les plus mérités à l'estime et à <strong>la</strong> reconnaissancede <strong>la</strong> colonie.( 13 )Mais <strong>la</strong> Guadeloupe qui, depuis 1759 jusqu'à1763, avait impatiemment porté le joug des Ang<strong>la</strong>is,quelques faveurs qu'ils lui eussent accordées pourlui faire perdre le souvenir de leurs incendies et deleurs dévastations ; <strong>la</strong> Guadeloupe, dont les sentiroenspour <strong>la</strong> mère-patrie commandaient des égards,fut traitée avec une rigueur que le machiavelismedu cabinet de Saint-James peut seul expliquer.L'entrée des Ang<strong>la</strong>is dans cette colonie, avaitété signalée par le massacre de <strong>la</strong> garnison du fortFleur d'Épée (2); à peine le général Dundas en futnommé gouverneur, qu'on vit s'appesantir sur elleune main de fer qui l'accab<strong>la</strong> de <strong>la</strong> tyrannie <strong>la</strong> plusoppressive qu'elle eût encore connue. Une force deplus de quatre mille hommes, rassurant ces vainqueursavides sur leur conquête, fit succéder unesombre stupeur à l'agitation révolutionnaire. Quelquescolons, altérés de vengeances, servirent <strong>la</strong>politique britannique en se faisant revêtir du titrede commissaires , et l'on vit alors déporter au loin,An II(1794)(1) Il faut se rappeler que c'est un Ang<strong>la</strong>is impartial,Bryan Edwards, qui re<strong>la</strong>te ce fait, 3 e vbl.,pag. 461.


( 15 )An IIet <strong>la</strong> Thétis , du brick l'Espérance, et de cinq bâtimensde transport, sous les ordres du(1794)capitainede vaisseau Leyssegues (1). Elle appareil<strong>la</strong> de l'îled'Aix, le 4 floréal an 2 ( 23 avril 1794) ayant à bordles deux commissaires civils, Chrétien et VictorHugues (2), le général de division Aubert, le généralde brigade Cartier, l'adjudant-général Rouyer,un bataillon de chasseurs des Pyrénées,fort de83o hommes , commandé par le chef de bataillonBoudet et l'adjudant-major Paris {3), une compagnied'infanterie de 123 hommes, et deux compagniesd'artillerie de 200 hommes, commandéespar le capitaine Pe<strong>la</strong>rdy (4), formant un total de1153 hommes de troupes. Elle reçut l'ordre de se(1) Aujourd'hui vice-amiral en retraite à Paris; il commandait<strong>la</strong> Pique, et avait été obligé de rentrer à Rochefort,en mars 1793 (pag. 426 du 2 e vol., chapitre 10 dulivre VII. )(2) Chrétien était un des quatre commissaires embarquéssur <strong>la</strong> Pique, et rentrés à Rochefort avec le capitaineLeyssegues; Victor-Hugues avait été récemment nommé.(3) Une lettre de Hugues, écrite de Cayenne au ministreDecrès, et insérée dans le Moniteur du 25 germina<strong>la</strong>n 10 (15 avril 1802) , dit que Paris, n'était alorsque sergent.(4) Aujourd'hui général de division en retraite à Versailles.


(l7 )crifice de leurs opinions, de leurs querelles, de leursAn IIinimitiés ; s'armer, devenir soldats , et se jeter (1794)dans les bras de ce petit nombre de militaires français, pour chasser un ennemi dont les excès n'épargnaientpersonne (1).(1) Mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe , pag.52 et 55 du 1 er vol.Mémoires particuliers et correspondance officielle, communiquéspar plusieurs généraux, etc., etc.III.2


( 18 )CHAPITRE II.Les Français s'emparent de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. — L'amiralJervis vient les bloquer avec des forces considérables.An IILES commissaires civils instruits que l'escadre(1794)ang<strong>la</strong>ise s'était momentanément éloignée de <strong>la</strong> Guadeloupe,se déterminèrent à tenter une attaquesubite sur <strong>la</strong> grande terre, et firent débarquer le2 juin, avec les troupes, un corps de matelots, à <strong>la</strong>pointe des Salines au-dessus du Gozier. L'ennemiqui n'avait pas prévu cette attaque, ne se présentaque lorsque le débarquement était déjà opéré ; il futrepoussé, et les Français prirent des positions oùils se retranchèrent.Le 8 prairial ( 6 juin) le fort Fleur d'Epée, danslequel s'étaient jetés les équipages de tous les bâtimensde commerce ang<strong>la</strong>is de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, défendupar 900 hommes, seize pièces de canon etun obusier, fut enlevé d'assaut, à minuit, par lesgénéraux Cartier et Rouyer. L'ennemi, étonné de


( 19)tant d'audace, s'enfuit épouvanté, abandonna sespositions en arrière du fort, se retira au-delà de <strong>la</strong>Rivière Salée, attribuant cet échec à l'inconduite età <strong>la</strong> terreur panique des royalistes servant sous sesbannières, et les accusa d'avoir pris <strong>la</strong> fuite (1).Dès qu'il fut jour, les Français entrèrent à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, s'emparèrent des 87 bâtimens decommerce ang<strong>la</strong>is qui se trouvaient dans le port,de magasins immenses de denrées coloniales appartenantaux habitans, et que les Ang<strong>la</strong>is avaient confisquées.Une foule de patriotes entassés dans lesprisons furent mis en liberté.Si les Français eussent profité de ce moment desuccès, qu'à <strong>la</strong> guerre on ne retrouve plus; s'ilseussent poursuivi, sans relâche, l'ennemi démoralisépar sa défaite; il leur eût été facile de s'assurer dupassage de <strong>la</strong> Rivière Salée, en établissant deux piècesde canon à <strong>la</strong> Gabarre, et de prendre position surl'autre bord, au Morne Saint-Jean ; c'était l'avisdu général Aubert, en le suivant, que de mauxauraient été épargnés ! mais on donna le temps auxAng<strong>la</strong>is de revenir de leur frayeur ; ce fut sans ordrequ'on al<strong>la</strong> se présenter deux fois devant <strong>la</strong> RivièreSalée, pour se retirer à l'approche de faibles partis ;et les deux pièces de canon ne furent p<strong>la</strong>cées qu'àun quart de lieue de <strong>la</strong> Gabarre. L'ennemi se targuaAn II(1794)(1) Bryan Edwards, vol. 4, pag. 465.


( 20 )An IIde cette faute pour revenir en force au poste Saint-(1794)Jean; il s'y fortifia avec soin; une batterie formidablele rendit maître du passage de <strong>la</strong> rivière, etpriva ses adversaires de <strong>la</strong> seule eau douce qu'onpouvait puiser au dégorgement de deux ruisseaux.Les Ang<strong>la</strong>is passèrent <strong>la</strong> rivière le 10 prairial,(8 juin), s'emparèrent du poste Le Sage, et s'acheminèrentvers <strong>la</strong> ville. Le général Aubert ycourut et les repoussa, mais, atteint d'une balle à<strong>la</strong> poitrine, le commandant qui lui succéda ne profitapas de ce premier succès pour faire avancer lesdeux pièces jusqu'à <strong>la</strong> rivière.Pendant ce temps, le capitaine Leissegues fitentrer sa petite escadre dans le port, et en fermal'entrée aux Ang<strong>la</strong>is par des bâtimens qu'il cou<strong>la</strong>dans <strong>la</strong> passe, par des batteries qu'il arma avec l'artilleriedes frégates , et par des canonnières qu'il seprocura en rasant de petits bâtimens de commerce.Ces ouvrages étaient à peine terminés, que l'amiralJervis se présenta devant <strong>la</strong> Basse-Terre, où il déposale général en chef Grey, le 7 juin (1); quatrejours après, il parut devant <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, avecsix vaisseaux, dont un à trois ponts , douze frégates(1) Le général Dundas, gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe ,était mort à <strong>la</strong> Basse-Terre , de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die du climat, le1er juin, <strong>la</strong> veille de l'arrivée des Français, et avait étéenterré c<strong>la</strong>ns le fort Saint-Charles.


( 21 )ou corvettes, cinq cannonières , et seize transports,chargés de troupes et de tout l'attirail nécessairepour un siège. Il débarqua ses troupes au Gozier ;mais au lieu d'attaquer vivement les Français, encoremal établis, et pressés entre deux corps d'armée,chacun infiniment supérieur en forces , les Ang<strong>la</strong>iss'amusèrent à se retrancher, ne s'approchèrent dufort Fleur-d'Épée que par degrés, et suivant les règlesde l'art, jusqu'à <strong>la</strong> position dominante duMorne Mascotte que les Français n'avaient pu conserverfaute de défenseurs. Ils s'occupèrent alors àbombarder, avec cinq batteries, le fort qu'ils battaientpar mer avec leurs canonnières ; tandis qu'à<strong>la</strong> Rivière Salée , le camp retranché qu'ils avaientformé à Berville, bombardait, du Morne Saint-Jean , <strong>la</strong> ville et le port de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, etqu'une batterie à fourneaux, établie au Morne Savon,tentait de l'incendier.Tout était en feu dans le petit cul-de-sac; lesFrançais, se trouvant dans <strong>la</strong> position <strong>la</strong> plus pénible,firent une vaine tentative dans <strong>la</strong> nuit du 1 ermessidor(19 juin) contre le morne Savon. Ils ne furentpas plus heureux le 9 et le 11 (27 et 29 juin) dansdeux attaques du morne Mascotte. Leurs colonness'étant égarées <strong>la</strong> nuit, furent écrasées, et le bombardementcontinuant pendant un mois, porta detous côtés <strong>la</strong> mort et l'incendie, tandis que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>diedu climat faisait dans les rangs d'affreux ravages.An II(1794)


An II(1794)(22 )Le commissaire de <strong>la</strong> convention, Chrétien, étaitmort dès son arrivée à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître (1). Lesgénéraux Cartier et Rouyer avaient péri (2). Lestroupes exténuées par <strong>la</strong> fatigue et le manque d'eau,privées de tout, excepté de sucre et de café, succombaient,d'une manière effrayante, sous ce fléaudestructeur, et faisaient des efforts impuissans contreun ennemi formidable qui les bloquait de toutesparts.Le valeureux Dumont, commandant du fort deFleur-d'Epée, après avoir déployé ses talens et sonintrépidité pour défendre ce fort, se voyait au momentde céder, faute de munitions (5). Ce qu'il restaitde ces braves, touchait au moment de sa perte,lorsqu'une tentative des Ang<strong>la</strong>is, malheureusementexécutée, vint changer <strong>la</strong> face des affaires (4).(1) Chrétien, homme juste, éc<strong>la</strong>iré, désintéressé etbrave, avait monté à l'assaut du fort Fleur d'Épée, pourencourager les troupes; il emporta les regrets de tous lesmilitaires de l'expédition.(2) Cartier mourut d'un excès de fatigue sous ce cielbrû<strong>la</strong>nt, et Rouyer des suites d'un éc<strong>la</strong>t de bombe ; tousles deux, braves et bons militaires, furent très-regrettés.(3) Le chef de bataillon Dumont, renvoyé plus tardpar Victor Hugues, se retira en France.(4) Mémoire du général Pe<strong>la</strong>rdy; rapport de VictorHugues, inséré dans le Recueil des Lois de <strong>la</strong> Marine,vol. 5 , pag. 38.


( 23 )CHAPITRE III.Position désespérée des Français, — Leur victoire à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître. — Ils forcent le camp de Berville à ca -pituler.MAÎTRES absolus de <strong>la</strong> mer, recevant toutes sortesde secours de leurs îles de l'Archipel (l); les Ang<strong>la</strong>iss'indignèrent qu'une poignée de Françaisabandonnés à eux-mêmes, exténués par <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die,resserrés dans une ville ouverte, fussent sourds àtoutes les propositions, et osassent leur résister silong-temps ; ils voulurent en finir par une attaquedécisive. Dans <strong>la</strong> nuit du 13 au 14 messidor (1 e r2 juillet ), après avoir fait feu de toutes leurs batteriespendanthuit heures consécutives, deux colonnesde mille hommes chacune, s'avancèrent en silence,auAn II(1794)(1) Bryan Edwards dit, page 465, du 3 e vol : que Saint-Christophe envoya , à elle seule , un corps considérablede volontaires , levés au dépens de <strong>la</strong> colonie.


Au II( 24)égorgèrent les postes avancés de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,(1794)pénétrèrent dans <strong>la</strong> ville, en furent bientôt maîtresses,et <strong>la</strong> mirent dans un épouvantable désordre.11 ne restait aux Français que le morne du Gouvernementsur lequel Victor Hugues s'était réfugié avecles chefs et le restant des troupes. Les Ang<strong>la</strong>is,pressés autour de ce poste, attendaient le jour pourl'enlever, mais dès qu'il parut, ces braves qui s'étaientmis en mesure, foudroyèrent, avec leur artillerie, les masses ennemies qu'une frégate, mouilléeau fond du port, mitrail<strong>la</strong>it à bout portant. Aumoment où ces masses ébranlées parurent chanceler, les Français se précipitèrent sur elles, les mirenten déroute, prirent leur artillerie , et les poursuivirent,<strong>la</strong> bayonnette aux reins, jusqu'à leursretranchemens.Les Ang<strong>la</strong>is n'avouèrent que <strong>la</strong> perte du généralSymes, du colonel Gomm, du capitaine de vaisseauRobertson, celle de 23 officiers et 475 hommestués, blessés ou pris , tandis qu'on l'évalua à800 hommes.Victor Hugues consacra le souvenir de ce hautfait, en donnant au morne du Gouvernement, lenom de morne de <strong>la</strong> Victoire, qu'il a conservé ; età <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître celui de Port de <strong>la</strong> liberté,ce que <strong>la</strong> convention confirma (1).(1) Décret du 25 fructidor an 2 ( 11 septembre 1794 ).vol. 5, page 43 du Recueil des Lois de <strong>la</strong> Marine.


( 25 )An IILes Ang<strong>la</strong>is tentèrent, <strong>la</strong> nuit suivante, une nouvelleattaque contre le fort Fleur d'Epée, mais(1794ayant été repoussés , l'amiral Jervis quitta ce rivagefuneste, le 17 messidor (5 juillet), et porta les débrisde ses troupes, et ceux des colons consternés quis'étaient précipités au milieu d'elles, au camp deBerville sur <strong>la</strong> rive opposée. Un bras de mer dequarante toises de <strong>la</strong>rge, fut alors pour les Ang<strong>la</strong>iset <strong>la</strong> foule des réfugiés , un océan tuté<strong>la</strong>ire , sur <strong>la</strong>rive duquel ils entendaient en frémissant le cri deliberté répété par des milliers d'esc<strong>la</strong>ves qui venaientd'être affranchis.Cependant les batteries de Saint-Jean et du morneSavon ne cessaient pas de tirer ; <strong>la</strong> ville ruinée parles incendies , était remplie de décombres ; dix bâtimensavaient été coulés , <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Thétis et <strong>la</strong>gabarre <strong>la</strong> Prévoyante étaient fortement endommagées; <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die qui venait de moissonner le généralAubert, le seul chef de l'expédition qui restâtencore (1), continuait ses ravages.Victor Hugues trouva dans <strong>la</strong> vigueur de son espritet de son caractère, des ressources pour faireface à tout. Il sut enf<strong>la</strong>mmer le courage des indi­(1) Le général de division Aubert, homme de mérite ,n'avait jamais pu s'accorder avec Victor Hugues, et ve-.nait d'être destitué par ce commissaire quand <strong>la</strong> mortl'enleva.


An II(1794)( 26 )vidus de toutes les c<strong>la</strong>sses, et fit une levée de deuxmille hommes de couleur, en état de porter les armes.Le capitaine d'artillerie Pé<strong>la</strong>rdy, ancien militairequi s'était fait distinguer par sa bravoure etson activité, fut nommé général de division, commandanten chef <strong>la</strong> force-armée, et particulièrementchargé de diriger et d'accélérer tout ce quiavait trait à l'artillerie. Le commandant Boudetfut fait général de brigade, et eut <strong>la</strong> tâche d'organiseret d'exercer les troupes , tandis que le commissairesurveil<strong>la</strong>it tout avec une prodigieuse activité,ne se fiant qu'à lui seul du soin de l'administrationcivile et militaire.Entièrement dépourvu de munitions , il parvintà s'en procurer par les Américains, et attira prèsde lui tous les patriotes français réfugiés dans lesîles neutres, malgré <strong>la</strong> rigueur du blocus, et quoiqueles Ang<strong>la</strong>is eussent signifié à toutes les nations que<strong>la</strong> Guadeloupe étant en état de siége, ils s'empareraientde tout bâtiment qui en approcherait à quatrelieues.Mais ces faibles secours ne changeaient rien à <strong>la</strong>position malheureuse de cette intéressante expédition; ses rangs s'éc<strong>la</strong>ircissaient d'une manière effrayantepar le bombardement, surtout par <strong>la</strong> fièvrejaune,et les Ang<strong>la</strong>is se f<strong>la</strong>ttaient qu'avec de <strong>la</strong>persévérance , ils forceraient les Français de serendre à discrétion. Le général Grey, dans l'attentedes renforts qu'il avait encore demandés en Europe,


( 2 7 )crut devoir se retirer à <strong>la</strong> Martinique avec quelquesgros vaisseaux, à cause de l'hivernage, et chargeale général Graham de continuer les opérations enson absence.Cette diminution de forces navales, enhardit lesFrançais, leur inspira le dessein de devenir à leurtour assiégeans , et d'aller attaquer l'ennemi dansson camp, en l'iso<strong>la</strong>nt de ses communications avecles deux mers.Tandis que le commandant Leissegues et ses marins, rivaux d'audace et de zèle des soldats dontils partageaient les dangers, préparaient tout ce qui,dans leur arme, devait concourir à l'exécution duprojet, l'intrépide général Pé<strong>la</strong>rdy établissait, à <strong>la</strong>gabarre de <strong>la</strong> Rivière Salée, une batterie de deuxpièces de 18, en face de celle des Ang<strong>la</strong>is.Il forma les troupes sur trois colonnes, leurdonna ses instructions et s'embarqua le soir du5 vendémiaire (26 septembre) à <strong>la</strong> tète de <strong>la</strong> principale,celle de gauche. Véritables émules des anciensFlibustiers, ces braves marins, ces valeureuxsoldats, montés sur des pirogues et de frêles embarcations, passèrent de nuit sous le feu de l'escadreang<strong>la</strong>ise qui était à l'ancre, sans être aperçus ,et allèrent débarquer à <strong>la</strong> Goyave. Le général Pé<strong>la</strong>rdyse mit aussitôt en marche , et, à <strong>la</strong> faveur desténèbres ou des halliers, arriva le lendemain versmidi au Petit Bourg. 11 fondit aussitôt sur l'ennemisans lui donner le temps de se reconnaître, lui tuaAn II(1794)An III(1794)


An III(1794)(28)140 hommes , s'empara de <strong>la</strong> pointe à Bacchus oùil fit 160 prisonniers, désencloua les canons et lespointa contre un vaisseau et une frégate, mouillésau pied de <strong>la</strong> batterie, pour protéger les magasinsqu'on y avait établis. Ces bâtimens occupés à recueillirles fuyards, eurent beaucoup à souffrir,dans le désordre de leur appareil<strong>la</strong>ge, et furentcontraints de mettre le feu à une gabarre de 24 canonsqui n'eut pas le temps de lever l'ancre.Le général Pé<strong>la</strong>rdy n'ayant perdu que huithommes dans cette attaque, s'empara de toute l'artilleriedes Ang<strong>la</strong>is, de 160 barils de poudre et devastes magasins de vivres, dont les Français avaientle plus grand besoin (1). L'importance de ses prises,et <strong>la</strong> nécessité de se maintenir dans une positionqui coupait les communications du camp de Bervilleavec l'escadre, ne permirent pas à ce générald'aller plus loin et d'effectuer sa jonction avec lesdeux autres colonnes.Le général Boudet commandant celle de droite,s'était embarqué le même soir au Morne-à-l'eau, etmalgré le feu très-vif d'une frégate, était parvenuà débarquer au Lamentin. Il traversa sans obstacle(1) Il traita avec beaucoup d'égard les prisonniers ang<strong>la</strong>is,et relâcha tous les nègres français qu'il prit. Lesémigrés b<strong>la</strong>ncs de ce poste parvinrent tous à se réfugierà bord des Ang<strong>la</strong>is.


( 29 )<strong>la</strong> baye Mahaut, et arriva le soir du 6 vendémiaire(27 septembre) à l'habitation Paul, où il s'établit,non loin du camp de Berville.Il y fut joint le lendemain matin, par <strong>la</strong> troisièmecolonne, celle du centre, commandée par le chef debataillon Bures. A l'heure fixée, elle s'était présentéeà <strong>la</strong> Rivière Salée, avait démasqué <strong>la</strong> batteriede dix-huit, repoussé les ennemis, qui fuirent avecprécipitation dans <strong>la</strong> crainte d'être coupés par <strong>la</strong>colonne du général Boudet, et avait traversé <strong>la</strong> rivièresur un pont vo<strong>la</strong>nt jeté à <strong>la</strong> hâte.Le camp de Berville se trouvant complétementcerné , le commissaire Hugues envoya l'ordre augénéral Boudet de l'attaquer sans dé<strong>la</strong>i avec les deuxdernières colonnes réunies. Cette attaque faite, le8 vendémiaire (29 septembre), à quatre heures dumatin, avant d'avoir reconnu le terrain, fut fataleaux Français. L'ennemi, prévenu par un imprudentsignal, les écrasa dans le défilé où ils vinrents'entasser, par suite de leur mauvaise disposition.Ils y perdirent 400 hommes, l'élite des troupes ; legénéral Boudet eut l'épaule fracassée par un biscayen; le chef de bataillon Paris , opéra <strong>la</strong> retraiteavec ordre, et fut nommé général par le commissaire.D'après l'ordre de Victor Hugues , le général Pé<strong>la</strong>rdyaccourut avec 5oo hommes de sa colonne, etjugea indispensable d'établir des batteries dont lefeu produisit le meilleur effet contre les retranche-An III(1794)


( 30 )An IIImens ennemis. Il s'apprêtait à forcer le camp, lorsquele général ang<strong>la</strong>is adhéra, le 15(1794)vendémiaire( 6 octobre), à <strong>la</strong> sommation qui lui fut faite de capitulerdans le dé<strong>la</strong>i de quatre heures (1).(1) Mémoires particuliers, Bryan Edwards, fin du 3evol. Rapport de M. de Fermond, fait en l'an III (1794)


( 31 )CHAPITRE IV.Capitu<strong>la</strong>tion des Ang<strong>la</strong>is au camp de Berville.—Ils sontchassés du fort Saint-Charles. — Les Français restentmaîtres de <strong>la</strong> Guadeloupe, de Marie-Ga<strong>la</strong>nte et de <strong>la</strong>Désirade.LE général Graham, dont les troupes n'avaientpoint été épargnées par les ma<strong>la</strong>dies et que l'escadre, mouillée à deux portées de canon de son camp,abandonnait à lui-même sans faire aucune tentativeen sa faveur, déc<strong>la</strong>ra qu'il ne pouvait plus tenir, etappe<strong>la</strong>, à un conseil de guerre, les chefs des Françaisémigrés qui s'étaient battus avec lui. Des articlessuffisamment favorables aux Ang<strong>la</strong>is ( 1 ), furentdébattus et signés. Mais, ô honte ! ils n'offrirent desalut qu'aux seuls chefs des émigrés, en faveur dequi on obtint une chaloupe couverte ; et vouèrentAn III(1794)(1) Sufficiently liberal towards the Bretish, etc.Bryan Edwards, vol. 3, pag. 472.


An III(1794)( 32 )huit cents infortunés à <strong>la</strong> mort, que <strong>la</strong> loi sanguinairede ce temps prononçait contre eux. Commeon redoutait leur désespoir, on leur tint ces conventionssecrètes. La chaloupe couverte se présenta;vingt-deux privilégiés s'y embarquèrent; les autres,apprenant trop tard leur malheur, s'y précipitèrenten foule, mais les Ang<strong>la</strong>is les repoussèrent, voulurentmême faire sortir ceux qui s'y trouvaient ensus du nombre prescrit. Le capitaine de port de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître qui commandait <strong>la</strong> chaloupe, l'estimableMonroux, du parti que les Ang<strong>la</strong>is appe<strong>la</strong>ientdes brigands, fut révolté de l'atrocité britannique, et repoussant à son tour ces Ang<strong>la</strong>is, ils'écria : Plût à Dieu que ma chaloupe fût assezgrande pour les sauver tous ! Il partit le cœurserré, et al<strong>la</strong> déposer les 22 élus à bord du vaisseauThe Boyne qui était à l'ancre.Les Ang<strong>la</strong>is, au nombre de 1400, furent renvoyéssur leur escadre, prisonniers sur parole, et <strong>la</strong>issèrentau pouvoir des Français, le 16 vendémiaire aumatin (7 octobre), 38 bouches à feu, 2000 fusils,une quantité considérable de munitions et de vivreset les 800 victimes qu'ils venaient de sacrifier à leurpolitique.Les habitans et les troupes ne négligèrent aucunmoyen de sauver ceux qu'ils purent de ces malheureux,sans calculer le danger auquel leur humanitéles exposait.L'inexorable commissaire de <strong>la</strong> convention, fit


(33)subir à 3oo b<strong>la</strong>ncs environ et à une centaine de (1794)gens de couleur libres, le sort, cruel auquel ils étaientcondamnés, et destina aux travaux publics une centained'esc<strong>la</strong>ves (1).Ainsi les exploits de cette valeureuse expédition ,dont les détails sont peu connus en Europe et quin'en sont pas moins des plus bril<strong>la</strong>ns qu'aient enfantél'enthousiasme de <strong>la</strong> liberté et l'amour de <strong>la</strong>patrie, furent souillés par cet acte barbare. Tandisqu'il ne manquait à <strong>la</strong> gloire du vainqueur, que <strong>la</strong>générosité de donner des armes à ces victimes dé<strong>la</strong>issées, pour venger leur injure dans le sang desperfides qui venaient de les livrer à <strong>la</strong> mort.(1) On est étonné de trouver dans Bryan Edwards lesdétails révoltans de cette exécution , dont l'odieux ne peutretomber que sur les Ang<strong>la</strong>is.Victor Hugues, dans son rapport à <strong>la</strong> convention , du26 frimaire an m, fait monter à 1 2 0 0 le nombre desémigrés qu'il fit prisonniers, et à 865 ceux qu'il fit fusiller: mais l'assertion plus véridique de témoins occu<strong>la</strong>iresdigues de foi, les réduit au nombre, malheureusementtrop considérable , que nous avons rapporté.L'exécution se fit aussitôt après <strong>la</strong> reddition , avant ledépart des Ang<strong>la</strong>is. On assure que leur général voulut yassister h côté de Victor Hugues , et que ce commissairelui dit, en <strong>la</strong>ngage du temps : Mon. devoir veut que jeme trouve ici, mais toi, qui t'oblige à venir repaître tesyeux du sang français que je suis forcé de répandre !!!III. 3


(34)An III Cette capitu<strong>la</strong>tion du camp de Berville, connue(1794)aux Antilles sous le nom de capitu<strong>la</strong>tion du camp deSaint-Jean, sera, dans le nouveau monde, un monumentéternel de <strong>la</strong> déloyauté de ses auteurs, quiseuls, pouvaient en renouveler le déplorable exemple,l'anné suivante, à Quiberon.L'expression cruelle d'un Ang<strong>la</strong>is, au récit decette affaire de Quiberon : un émigré fusillé, unsoldat de <strong>la</strong> république tué, ce sont deux Françaisde moins (1), et l'excuse que le ministre Pitt en donnaau parlement, quand il lui annonça que du moinsle sang ang<strong>la</strong>is n'y avait pas coulé (2) offrent <strong>la</strong>mesure de <strong>la</strong> haine que certains Ang<strong>la</strong>is portent àtout ce qui est Français. Saint-Jean et Quiberon,ont appris aux deux hémisphères que l'homme n'aqu'une patrie, et que <strong>la</strong> société étrangère qu'i<strong>la</strong>dopte, n'est qu'une marâtre impitoyable, qui lesacrifie tôt ou tard à ses intérêts.Le général Pe<strong>la</strong>rdy se mit en marche, le 20 vendémiaire(11 octobre), pour <strong>la</strong> partie de <strong>la</strong> Basse-Terre , que les Ang<strong>la</strong>is occupaient encore, n'amenant,pour toute artillerie, à cause des pluies et deschemins défoncés, que deux des petites pièces capturées.A son approche, les troupes britanniques(1) Commerce maritime d'Audouin, 1er vol. pag. 210.(2) Chronologie de l'Histoire de France, en 1820,pag. 118.


(35)abandonnèrent toutes les hauteurs et toutes les positionsen les dévastant. Elles évacuèrent <strong>la</strong> ville de<strong>la</strong> Basse-Terre, après avoir détruit l'arsenal, lesmagasins, les batteries, brûlé les affûts, et cassé lestourillons des pièces.Le général Prescott, ayant exclu de ses rangstous les émigrés, se renferma dans le fort Saint-Charles , avec 860 hommes de troupes de ligne.Le général Pe<strong>la</strong>rdy arriva devant ce fort, le 22vendémiaire (14 octobre), s'établit sur l'habitationVermont, et commença les travaux du siége, euattendant qu'on lui envoyât, de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,l'artillerie et les munitions nécessaires. 11 organisaune administration provisoire dans les quartiers ,désabusa les noirs, qui ne vou<strong>la</strong>ient plus rien faire,sous prétexte qu'ils étaient libres, parvint à les ramenerau travail, et à se faire apporter des vivreset des bois pour <strong>la</strong> construction des batteries.Il ne reçut quelques canons qu'au mois de novembre, et il commençait à tirer avec succès , lorsqueVictor-Hugues, qu'une ma<strong>la</strong>die avait retenu à<strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, arriva à <strong>la</strong> Basse-Terre.Les travaux étaient terminés, toutes les batteriesal<strong>la</strong>ient être démasquées, et une attaque généraleétait ordonnée , quand les Ang<strong>la</strong>is, ne jugeant pasà propos de <strong>la</strong> soutenir, se sauvèrent à bord d'uneescadre de sept vaisseaux et quatre frégates, mouillée,depuis quelques jours, sous le fort. Trois de cesvaisseaux, venus d'Angleterre avec des secours, n'ar-An III(1794)


An III(1794)(36)rivèrent que pour être témoins de cette fuite. Lanuit du 19 au 20 frimaire (10 au 11 décembre), ilss'embarquèrent, dans le plus grand silence, par <strong>la</strong>poterne du bord de <strong>la</strong> mer, fuyant honteusementcette terre, désolée par leurs manœuvres et leursexcès, emportant <strong>la</strong> malédiction de tous les partis,qu'ils avaient encourue, sans en retirer d'autre fruitque d'avoir fait beaucoup de malheureux.Les Français entrèrent à trois heures du matindans le fort, très-étonnés d'y trouver 76 pièces degros calibre en bon état, 75 milliers de poudre,plus de 20,000 boulets, 1,200 gargousses pleines,150 mille cartouches, 854 fusils, et beaucoup devivres. Cette conquête ne leur coûtait que 14 hommestués, quelques blessés, et 58 jours d'un siége,prolongé par le manque absolu d'artillerie, dont lemauvais temps avait retardé l'arrivée.Pendant <strong>la</strong> durée de ce siége, quarante hommes,de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, réfugiés à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,s'embarquèrent sur des pirogues, mirent pied àterre dans leur île, s'emparèrent des batteries, firentprendre <strong>la</strong> fuite à une frégate et à une corvette,qui y étaient mouillées, et délivrèrent leurs compatriotesde <strong>la</strong> présence des Ang<strong>la</strong>is (1).(1) Au moment où ils s'emparaient de Marie-Ga<strong>la</strong>nte,M. Coquille, ex-constituant, et alors commissaire desAng<strong>la</strong>is dans <strong>la</strong> colonie, se donna <strong>la</strong> mort.


( 37 )Ainsi, une expédition de deux frégates et de1,150 hommes, manquant de tout, dont les cinqsixièmes périrent dans les combats ou par <strong>la</strong> fièvrejaune, lutta pendant six mois et vingt jours, contreprès de 8,000 Ang<strong>la</strong>is, bien approvisionnés, maîtresde <strong>la</strong> mer, soutenus par des escadres formidables,et leur enleva <strong>la</strong> Guadeloupe, Marie-Ga<strong>la</strong>nteet <strong>la</strong> Désirade. Une tyrannie insupportable et ledesespoir de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ne devaient-ils pas produirede tels résultats?An III(1794)


( 38 )CHAPITRE V.La Guadeloupe sous l'agent Victor Hugues.An III.(1794)APRÈS l'expulsion des Ang<strong>la</strong>is, toute trace d'oppositionse trouvant effacée par <strong>la</strong> mort des colonspris au camp de Berville, ou par <strong>la</strong> fuite de <strong>la</strong> majeurepartie des propriétaires que <strong>la</strong> terreur expatria, et qui allèrent porter aux îles voisines, surtoutà <strong>la</strong> Martinique, un surcroît de bras et de biens ,un nouvel ordre de choses s'établit à <strong>la</strong> Guadeloupe.La colonie était dans le plus grand dé<strong>la</strong>brement ;les nègres , égarés par le décret du 16 pluviôse an 2(4 février 1794) se refusèrent au travail, élevèrentdes prétentions et se réunirent au quartier des Abymcspour les faire valoir. Victor Hugues marchacontre eux, les défit, et par des exemples sévèresles renferma pour toujours dans les bornes qu'ilvoulut bien leur assigner. 11 les reconnut pourFrançais, mais rien de plus. Il substitua à l'ancienneservitude une discipline militaire, dont <strong>la</strong>rigueur fut le correctif de <strong>la</strong> licence des lois révo-


(39)lutionnaires. Les b<strong>la</strong>ncs, les gens de couleur et lesnoirs furent indistinctement rangés sous sa domination,et les infractions furent punies sans différencede couleur et de condition. Tout tremb<strong>la</strong>itsous <strong>la</strong> même loi ; <strong>la</strong> mise en surveil<strong>la</strong>nce de tous lesparens d'émigrés, les commissions militaires, lefatal instrument qu'on traînait dans tous les quartiers, frappant et menaçant toutes les têtes qui auraientvoulu s'élever, flétrirent, g<strong>la</strong>cèrent tous lescœurs, et firent rentrer dans <strong>la</strong> foule ce qui auraitpu tendre à s'en détacher. Ce despotisme n'étaitpoint fardé par les qualités séduisantes d'un Pisistrate;un cynisme dégoûtant en accroissait l'horreur.La Guadeloupe n'offrit plus l'aspect d'unecolonie française; elle devint une sorte de puissance,isolée au milieu des mers, ne conservant le nomfrançais que pour le faire redouter. Toute distinctionfut proscrite parmi ses habitans, et tous furentappelés à <strong>la</strong> défense de l'intégrité de son territoire.Une armée de près de dix mille soldats exercés etaguéris , ôta aux Ang<strong>la</strong>is jusqu'à l'idée d'une invasion.Les côtes furent hérissées de batteries, bienarmées et bien défendues, qui assurèrent le cabotage,en dépit des menaces impuissantes de l'ennemiperché sur les rochers des Saintes. De nombreuxcorsaires, bravant les quarante vaisseaux, frégatescl corvettes britanniques qui les poursuivaient danstoutes ces mers, désolèrent le commerce ang<strong>la</strong>is,An III(1794)


( 40 )An IIIenlevèrent ou brûlèrent plus de 150 bâtimens (1),(1794)jetèrent sur les habitations une grande quantité denègres, pris à bord des bâtimens ennemis qui venaientd'en faire <strong>la</strong> traite sur les côtes d'Afrique,et conduisirent de vive force, dans les ports de <strong>la</strong>colonie, les navires des Etats-Unis d'Amérique quirefusaient d'y apporter leurs denrées.Les nègres qui n'étaient pas soldats ou marins,furent contraints de cultiver les terres. Les revenusdes biens séquestrés, des habitans absents, furentversés dans le trésor public. Ces biens montaientà plus de huit cents millions de livres du pays ; lesdenrées coloniales , prises aux Ang<strong>la</strong>is , ou confisquées, furent expédiées en France, en grandequantité.L'île, devenue à <strong>la</strong> foi militaire et agricole, sesuffit à elle-même, et brava, pendant toute <strong>la</strong> guerre,le courroux et les forces imposantes de <strong>la</strong> Grande-Bretagne. L'activité inquiète des têtes exaltées ayautbesoin d'aliment, Victor Hugues <strong>la</strong> dirigea au déhors;l'on vit des hommes de toute couleur se précipiter,à l'envi, dans de fragiles barques, et aller-,au nom de <strong>la</strong> république, faire trembler les Ang<strong>la</strong>isdans leurs propres colonies. Des intelligences furent(1) Voir le tableau, n° 2, des prises faites sur les Ang<strong>la</strong>ispar les Corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe, à <strong>la</strong> fin du 2e vol.


(41)pratiquées à Sainte-Lucie, à <strong>la</strong> Grenade, à Saint-Vincent, et des secours de toute espèce y furentenvoyés, pour y fomenter et entretenir <strong>la</strong> guerre,malgré toutes les escadres qui les protégeaient.L'audace du chef, <strong>la</strong> force de son caractère et lesformes acerbes qu'il employait dans tous ses rapports,avaient pénétré les Ang<strong>la</strong>is d'un tel effroi,qu'ils frémissaient à son seul nom. Mais rien de sapart ne les avait g<strong>la</strong>cés de terreur comme l'arrêtéqu'il avait publié le 19 frimaire (10 décembre),pour faire exhumer les restes du général gouverneurDundas, enterré six mois auparavant dans le fortSt.-Charles , et les faire jeter à <strong>la</strong> voirie. A <strong>la</strong> p<strong>la</strong>cede l'inscription tumu<strong>la</strong>ire, il fit élever une pierreportant d'un côté cet arrêté , et de l'autre <strong>la</strong> listedes griefs imputés à ce général; monument révoltantqui devait être détruit aussitôt après le départde celui qui l'avait fait élever.Tout respectait <strong>la</strong> Guadeloupe au dehors ; uneobéissance passive conservait un calme stupide audedans ; les magasins étaient remplis , l'artillerie setrouvait dans un état formidable; mais ce gouvernementextraordinaire, concentré dans une seulemain, et ne reposant que sur <strong>la</strong> violence du commandement,devait crouler en perdant son appui( 1 ) .An III(1794)(1) Rapport de Victor Hugues et Pièces officielles du


An III(1794)(42 )La nouvelle des succès de l'expédition, parvenueen France, avec l'exagération des rapports de cetemps, avait répandu <strong>la</strong> joie dans <strong>la</strong> Convention.L'assemblée s'était empressée de confirmer tous lesactes de son délégué, de conférer au capitaine devaisseau Leissegues, le grade de contre-amiral, etde faire partir de Brest, le 27 brumaire (17 novembre),une division chargée de porter à <strong>la</strong> Guadeloupe, des troupes, des armes, des munitions etdeux nouveaux commissaires qu'on donnait pourcollègues à Victor Hugues. Celui-ci prévenu par <strong>la</strong>canonnière <strong>la</strong> Cruelle, expédiée à l'avance, envoya<strong>la</strong> corvette <strong>la</strong> Carmagnolle et <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Pique,au devant de <strong>la</strong> division , pour changer son pointd'attérage et lui faire éviter les forces ang<strong>la</strong>ises quicroisaient au vent des îles. Biais <strong>la</strong> Carmagnolle futobligée de se jeter à <strong>la</strong> côte de <strong>la</strong> Désirade, après uncombat sang<strong>la</strong>nt contre <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> B<strong>la</strong>nche ; et <strong>la</strong>Pique fut amarinée par deux vaisseaux à <strong>la</strong> suited'une action meurtrière avec <strong>la</strong> même frégate,La division, commandée par le capitaine de vaisseauDuchenne, arriva à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, le 17nivôse an 5 (6 janvier 1795). Elle était composéedu vaisseau rasé l'Hercule, de plusieurs transports,et venait de perdre un de ces derniers bâtimens ,26 frimaire an III; Mémoire du général Ambert; BryanEdwards, vol. 3, pag. 475


(43)chargé de 554 soldats , de canons et de munitions,qu'un vaisseau et une frégate ang<strong>la</strong>ise lui avaient enlevéà vue de <strong>la</strong> Désirade.Le même jour de son arrivée, elle débarqua lescommissaires, Goyrand destiné pour Sainte-Lucie,Lebas pour <strong>la</strong> Guadeloupe ; le bataillon de <strong>la</strong> réunion, fort de 700 hommes, ayant pour chefs Chauronet Fouché ; celui des Antilles,formé de 5oob<strong>la</strong>ncs, de 200 hommes de couleur, commandé parle chef de bataillon Cottin; et une compagnie d'artilleriede 120 canonniers ; en tout 1520 hommes.L'attitude menaçante que ce surcroît de renfortsdonnait à <strong>la</strong> Guadeloupe, ouvrit les yeux des Ang<strong>la</strong>is,et leur fit redoubler d'efforts et de surveil<strong>la</strong>nce,pour écarter des dangers qu'ils avaient étéloin de prévoir. Dans le principe, méprisant le petitnombre de leurs adversaires, ils avaient mis à prix<strong>la</strong> tête des républicains , en avaient fait pendre plusieurs, emprisonné et déporté beaucoup d'autres,sans distinction d'âge, de sexe ou de couleur, sousprétexte d'extirper les germes de l'insurrectionqu'ils pouvaient propager. Mais ces mesures cruellesleur attirèrent de sang<strong>la</strong>ntes représailles et changèrent<strong>la</strong> guerre des Antilles en une lutte d'extermination.An III(1795)


( 44 )CHAPITRE VI.Reprise de Sainte-Lucie par les Français. — Leurs succèsaux îles du Vent. — Expédition formidable de l'Angleterre;ses opérations se réduisent à s'emparer de Sainte-Lucie. — Situation de <strong>la</strong> Guadeloupe,An III(1795)LES Français avaient conservé à Sainte-Lucieun parti qui s'était maintenu contre les Ang<strong>la</strong>is,au moyen de <strong>la</strong> guerre des bois. Mais quoique<strong>la</strong> fièvre jaune combattît pour lui, il était au momentde succomber sous les coups des 34e 61e68 e et 69e régimens britanniques, lorsque <strong>la</strong> nouvelleen parvint à <strong>la</strong> Guadeloupe. Le commissaireGoyrand, brave, actif, doux et humain, partaussitôt avec des troupes, met en défaut <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>ncedes croiseurs, parvient à débarquer dans l'île et seréunit au parti français que sa présence électrise.Malgré <strong>la</strong> supériorité des Ang<strong>la</strong>is, il les attaque,le 4 floréal ( 22 avril ) leur met près de 700hommes hors de combat, et les oblige à s'enfermerdans le fort du Morne-fortuné. 11 les poussa avec


( 45 )tant de vigueur, que les Ang<strong>la</strong>is craignant d'êtreenlevés d'assaut, s'enfuirent précipitamment surleur escadre, dans <strong>la</strong> nuit du 5o prairial (18 juin),abandonnant leurs femmes et leurs enfans, quifurent renvoyés trois jours après. Le commissaireGoyrand, maître de Sainte-Lucie, y établit uneadministration bienfaisante, qui le fit chérir et estimerdes colons.A <strong>la</strong> Guadeloupe, Victor Hugues et Lebas, exerçaient, de concert, un pouvoir qui ne connaissaitd'autres limites que leur volonté. Le 14 messidor(a juillet), ils embarquèrent pour France le généralPe<strong>la</strong>rdy, qui refusait de se plier à leurs capriceset dont l'influence et les glorieux souvenirs leurportaient ombrage. Il fut bientôt suivi par tousceux dont les services, les talens ou les vertus courageusespouvaient offusquer l'esprit altier descommissaires (1).Les armemens n'étaient pas moinstrès-actifsdans <strong>la</strong> colonie, et les Ang<strong>la</strong>is, malgré toutes leurscroisières, ne purent empêcher qu'on ne fît de nouvellestentatives sur <strong>la</strong> Grenade, <strong>la</strong> Dominique etSaint-Vincent. Ici les Caraïbes s'unirent aux Français, qu'ils avaient toujours préférés, et leur chefayant été pris et pendu, ces sauvages vindicatifsAn III(l795)(1) Mémoire du général Pe<strong>la</strong>rdy, et Pièces officiellescommuniquées.


( 46 )An IIImassacrèrent tous les Ang<strong>la</strong>is qui tombèrent entre(1795)leurs mains. Mais ils finirent par succomber ; lesAn IV(1795)An IV(2796)Ang<strong>la</strong>is en firent périr un grand nombre et déportèrentpresque tous ceux qui restaient dans <strong>la</strong>petite île BonaireFerme.(2), d'où ils gagnèrent <strong>la</strong> Côte-Les commissaires français, plus heureux dansleurs entreprises contre Saint-Eustache et Saint-Martin, réussirent à les enlever aux Ang<strong>la</strong>is, et lesrestituèrent à <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>nde , ne se réservant que <strong>la</strong>partie française de Saint-Martin.La Martinique et les autres colonies ang<strong>la</strong>ises,furent menacées. Le cabinet de Londres, effrayé detant de succès, qui pouvaient lui devenir funestes,s'occupa de réunir à <strong>la</strong> Barbade des armemens considérablesqu'il destinait à expulser une secondefois les Français des Iles du vent.Pendant que ces armemens étaient conduits aurendez-vous, le contre-amiral Leissegues, en croisièreavec sa petite escadre, au vent de <strong>la</strong> Barbade,enlevait successivement, aux convois venant d'Europe, quinze bâtimens chargés d'armes, de muni-(1) L'île Bonaire, à peu de distance, dans l'est, decelle de Curaçao, est de peu d'importance; elle produitdu coton, et on y élève des bestiaux, ainsi que danscelle d'Aruba, dans le sud-ouest, pour l'approvisionnementde Curaçao, dont elles dépendent toutes les deux.


(47)lions , de vivres et de 700 soldats destinés à fairepartie de cette expédition.Cet appareil menaçant, que les rapports du tempsfont monter à 20,000 hommes de troupes, commandéespar le général Abercombrie, parut enfindevant Sainte-Lucie, au mois de germinal (avril), eten commença l'attaque sur le champ. Quelle opiniâtrerésistance ce général n'éprouva-t-il pas de<strong>la</strong> part des 1500 Français qui défendaient <strong>la</strong> colonie!et que d'Ang<strong>la</strong>is furent moissonnés dans les diverscombats qui se livrèrent chaque jour pendant unmois ! Cette défense héroïque méritait d'être couronnéedu succès ; mais l'armée ennemie, pourvued'un attirail immense, finit par l'emporter, et lebrave Goyrand,réduit à l'extrémité , fut forcé decapituler. Toutefois, le mal qu'il avait fait à l'ennemi,surtout en le retenant pendant un mois dansles parages mal-sains de Sainte-Lucie, où <strong>la</strong> fièvrejaune exerçait ses ravages, l'avait tellement épuisé,que le général Abercombrie n'osa plus courir leshasards d'une tentative sur <strong>la</strong> Guadeloupe, et futforcé de se contenter de <strong>la</strong> conquête de Sainte-Lucie (1).Le gouvernement directorial, qui avait commencé,en France, le 14 brumaire an 4 (5 novem-An IV(1796)(1) Le commissaire Goyrand se retira à Paris où ilmourut en 1799.


(48)An VCes deux agens continuèrent à faire peser sur <strong>la</strong>(1796)colonie le régime révolutionnaire qui l'opprimait.An V(1797)An VI(1797)An IVbre 1795)j <strong>la</strong> troisième période de <strong>la</strong> résolution ,(1796)était hors d'état d'envoyer à <strong>la</strong> Guadeloupe les secoursqu'elle lui demandait. 11 arrêta, le 26 pluviose(15 février), que les commissaires Victor Hugues etLebas , prendraient le titre d'agents du directoire,et jouiraient d'un pouvoir égal au sien, pendantdix-huit mois, à compter du jour de <strong>la</strong> réceptionde l'arrêté,Privés des secours qu'ils s'étaient f<strong>la</strong>ttés de recevoirde <strong>la</strong> métropole, ils se virent obligés de renoncer àleurs projets d'armement contre les îles ennemies,et de se concentrer à <strong>la</strong> Guadeloupe.Peu occupés désormais d'opérations militaires,ils se livrèrent à de vastes spécu<strong>la</strong>tions de commerce,et le seul dommage que les Ang<strong>la</strong>is éprouvèrentà cette époque, leur fut causé par les nombreuxcorsaires que les agents faisaient armer, etdont ils étaient les principaux actionnaires ; ainsi<strong>la</strong> république profita peu de leurs prises (I). Unnouvel arrêté du directoire , rendu le 29 ventoseAn VI an 6 (19 mars 1798), venait de proroger encore(1798)pour dix-huit mois, les fonctions des agents. Mais<strong>la</strong> santé altérée de Lebas, dont le caractère modéré,dans le partage du pouvoir, tempérait <strong>la</strong> fougue(1) Victoires et Conquêtes etc., des Français, t. 7.


(49)impétueuse de son collègue, l'obligea de retourneren France au mois de floréal suivant (mai) (1).L'ambition de Hugues, débarrassée de ce concurrentimportun, ne connut plus de barrières. Ils'entoura de créatures qui f<strong>la</strong>ttèrent ses volontés; ilcréa une agence par <strong>la</strong>quelle il disposa, à son gré,de <strong>la</strong> régie des biens des émigrés, des diverses branchesde l'administration et des finances, de l'armementdes corsaires et de tout le commerce qu'il renditentièrement exclusif (2). Il rétablit les douanes,anéanties avec les anciennes institutions, et ne recevantpas les secours qu'il demandait à <strong>la</strong> métropole,il se borna à exercer, contre les Ang<strong>la</strong>is, <strong>la</strong>guerre de corsaires, qu'il avait de bonnes raisonspour pousser avec activité.La course se fit alors avec éc<strong>la</strong>t et entretint lecommerce dans une sorte de splendeur qui, bienque factice et temporaire, suppléait au déficit quel'absence des institutions coloniales avait causédans les productions du sol. Les neutres furent peuménagés, et dans les ports même de <strong>la</strong> colonie, ilsAn VI(1798)(1) À son arrivée à Bordeaux, Lebas adressa au directoire,dans le mois de messidor (juillet), un rapport satisfaisantsur l'état de <strong>la</strong> Guadeloupe. Depuis lors, il avécu en France, retiré des affaires et peu favorisé par <strong>la</strong>fortune.(2) Moniteur du 3 germinal an vu.III. 4


An VI( 50 )se virent exposés à des vexations qui nE tardèrent(1798)pas à amener <strong>la</strong> mésintelligence et <strong>la</strong> guerre avec lesEtats-Unis d'Amérique, les seuls qui alimentaientnos colonies dans ces temps difficiles. Cette circonstanceet les nombreuses dénonciationS que depuisquatre ans Victor Hugues avait provoquées contrelui (I), déterminèrent le directoire à lui retirer sespouvoirs.(1) Moniteur du 3 germinal an vu. Lettre du généralPé<strong>la</strong>rdy à un représentant.


( 51 )CHAPITRE VII.Envoi d'un nouvel agent du directoire à <strong>la</strong> Guadeloupe.— Il est embarqué dix mois après, et renvoyé enFrance.LE conseil des Anciens et celui desCinq-Cents,au milieu des incertitudes qui les agitaient, s'étaientoccupés sans succès, des troubles de St,-Domingueet de l'admission des députés des colonies. Ces discussionsn'avaient servi qu'à aigrir encore plus lesesprits ; portées au delà des mers elles étaient devenuesl'occasion de malheurs nouveaux et toujourscroissans.Sur le rapport d'Eschassériaux, les conseils légis<strong>la</strong>tifsse déterminèrent à faire jouir les coloniesdes lois constitutionnelles. Le directoire fut autoriséà y envoyer de nouveaux agents chargés defaire des règlemens de culture pour établir les obligationsréciproques des propriétaires et des cultivateurs,d'assurer des moyens d'éducation aux enfans, et de subsistance aux vieil<strong>la</strong>rds et aux infir-An VI(1778)


An VI(1798)An VII(1798)( 52)mes. Ces agents devaient organiser une gendarmeriepour veiller à <strong>la</strong> sûreté intérieure, rappeler lesfugitifs qui n'avaient pas porté les armes contreleur pays, et faire recouvrer leurs revenus à ceuxdont les biens avaient été séquestrés (1).Le général de division Desfourneaux, qui venaitde servir à Saint-Domingue, fut nommé, le 17 prairia<strong>la</strong>n 6 (5 juin 1798), agent particulier du directoireà <strong>la</strong> Guadeloupe, pour dix-huit mois, à compterdu jour de son entrée en fonctions; et le généralde division Pé<strong>la</strong>rdy fut désigné, le 17 messidor(5 juillet), pour y retourner en qualité de commandantde <strong>la</strong> force armée, sous les ordres du nouve<strong>la</strong>gent.Partis de l'Orient., le 7 vendémiaire an 7 (28 septembre1798), sur les frégates <strong>la</strong> Volontaire et l'Insurgenie,ils déposèrent à Cayenne l'agent Burnel,en remp<strong>la</strong>cement de l'agent Jeannet, et arrivèrentà <strong>la</strong> Guadeloupe, le 2 frimaire (22 novembre),n'ayant avec eux d'autres troupes que 168 hommesde <strong>la</strong> 58e demi-brigade.Victor Hugues avait été prévenu de son remp<strong>la</strong>cement,par une lettre du ministre de <strong>la</strong> marine,qui lui enjoignait, le 26 prairial (14 juin), de cesserses fonctions à l'arrivée du général Desfourneaux.(1) Commerce Maritime, par Audouin , 1ER vol. , pag.248 et suiv.


(53 )Environné de nombreux affidés qui cherchaient;par toutes sortes de bruits, à jeter de <strong>la</strong> défaveursur <strong>la</strong> personne et sur <strong>la</strong> mission du nouvel agent,Hugues se crut assez fort pour éluder l'ordre de remettreson autorité; il imagina, chaque jour , desprétextes pour <strong>la</strong> conserver. Mais ayant à luttercontre l'ancienne influence du généralPé<strong>la</strong>rdy,qu'appuyait le concours de l'administration municipale, ses partisans espérèrent de les mettre endéfaut en formant un complot contre le généralDesfourneaux. Cet agent prévenu à temps, le déjouapar l'embarquement subit de son antagoniste,qu'il renvoya en France (I).Le général crut devoir se contenter d'emprisonnerAn VII(1798)(1) Moniteurs du 3 et du 11 germinal an vu ; lettres dugénéral Pé<strong>la</strong>rdy à un représentant, et du président Robinsonà un aide-de-camp de Hugues.De retour à Paris, Victor Hugues fut nommé, le 1ERseptembre 1799, agent du directoire à Cayenne. Il resta dans cette colonie jusqu'au 12 janvier 1809, qu'il <strong>la</strong>rendit, par capitu<strong>la</strong>tion , aux Espagnols de l'Amérique dusud, réunis aux Portugais du Brésil. En 1811, il fut traduit,à Paris, devant un conseil de guerre, qui l'acquitta.On assure que, s'étant rendu très-utile, en 1814 , auxarmées étrangères, il obtint le titre de commissaire duroi pour se retirer, en 1817, sur les biens qu'il possèdeà Cayenne, et qu'il y est devenu aveugle.


An VII(1799)( 54 )quelques-uns des fauteurs les plus remuant; maiscette mesure fut insuffisante pour annihiler le parti ;elle ne servit qu'à stimuler sa vengeance, et le rendreplus prudent sur les moyens de <strong>la</strong> satisfaire.Maître de <strong>la</strong> colonie, et n'ayant pas à redouterles Ang<strong>la</strong>is, le nouvel agent espéra pouvoir <strong>la</strong> constituerà son gré, et y rétablir les cultures, qui n'étaientplus qu'un objet secondaire ; mais les moyensétaient encore impuissans pour les rappeler à leurancien état. Il s'occupa d'abord de ramener, dansl'administration , les formes légales dont l'avaitprivée l'usage immodéré du pouvoir de son prédécesseur.Les réformes qui s'opérèrent, froissèrentdes intérêts , firent des mécontents, qu'on ne pouvaitpas se trouver en mesure de comprimer.On crut aussi pouvoir rappeler les nègres à l'assiduitéet au travail, en statuant, par un arrêté du22, pluviôse an 7 (10 février 1799), que tous lespropriétaires paieraient, aux nègres cultivateurs, lequart du revenu. Aucune époque, aucun moden'ayant été déterminés pour en faire <strong>la</strong> répartition,cet arrêté n'eut aucun effet, à Cause des retenuesque les propriétaires avaient à faire aux nègrespour frais de nourriture , d'entretien , de chirurgieet autres objets. Un pareil accord ne pouvant d'ailleurssubsister entre des b<strong>la</strong>ncs peu nombreux, etune multitude de noirs qui aurait couvert sa hainepour le travail, par des murmures sur <strong>la</strong> répartition


des produits, il était, impossible de calculer lesAn VII(1799)conséquences qui pouvaient en résulter (1).Le système de fermage des biens des absens, quel'agent jugea à propos d'adopter dans l'intérêt del'état et des propriétaires, donna naissance à denouveaux inconvénients. Ces propriétés,aprèsqu'il en eût restitué plusieurs à des colons trop injustementcompris dans <strong>la</strong> mesure générale duséquestre , étaient au nombre de 1005 pour <strong>la</strong> Guadeloupeet ses dépendances. Elles rapportaientannuellement près de six millions tournois, d'aprèsles comptes de l'administration, quoiqu'elles fussent,tombées dans un état déplorable depuis leur séquestre, tant par <strong>la</strong> mauvaise gestion de <strong>la</strong> régie, quepar les malheurs de <strong>la</strong> guerre. Le général Desfourneauxespéra les relever, eu imposant aux fermiersl'obligation de les réparer, et en les autorisant àrechercher les nègres dépendans de ces biens,excepté ceux employés au service de terre ou demer.( 55 )(1) Mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, 1er vol., pag. 236 ;Mémoire du général Ambert , 3 esection.Toussaint Louverture avait bien mis ce système enusage à Saint-Domingue l'année précédente; mais i<strong>la</strong>vait un ascendant tout puissant sur les nègres ses pareils, qui étaient libres et qui ne devaient travailler chezleurs maîtres que pendant cinq ans, au prix du quart des.revenus. ( Pamphile Lacroix , tom. Ier, pag. 352.)


( 56 )An VII(1799)Ce fut sans doute un premier pas vers le rétablissementde l'ordre et de <strong>la</strong> culture. Mais ces recherchesexcitèrent des défiances , et les fermiers furentportés, par leur intérêt, à forcer le travail des nègres,à les <strong>la</strong>isser dépérir faute de soins, et à abandonnerà <strong>la</strong> dégradation, par <strong>la</strong> difficulté de les rétablir,les établissemens de manufacture si précieux parleur valeur. Ce mode d'administration en détruisantles moyens d'exploitation et les ressources du sol,aurait peut-être, contre le vœu de l'agent, amené <strong>la</strong>ruine complète de ces biens, s'il eût été soumis àl'épreuve du temps, mais un pouvoir invinciblevint en arrêter le cours (1).Le directoire était, à cette époque, tombé dans untel discrédit, que chacun prévoyait sa chute commetrès-prochaine.Le général Desfourneaux, instruit que ce premiercorps de l'État vou<strong>la</strong>it le faire remp<strong>la</strong>cer à <strong>la</strong> Guadeloupe, fut empressé de justifier sa conduite dans<strong>la</strong> colonie, en faisant signer une adresse aux officiers,le premier jour complémentaire an 7 ( 17 septembre1799). Quelques jours après, plusieurs de ces officiersannoncèrent qu'étant à sa table, le 6 vendé-(1) Il s'éleva plus tard des discussions sur les bauxpassés pour ce fermage. Toutes les pièces furent envoyéesen France, et ont passé sous les yeux de <strong>la</strong> courdes comptes, où elles restent déposées.


( 57 )miaire an 8 ( 28 septembre 1799), le général leuravait dit : que si le directoire envoyait d'autresagens pour le remp<strong>la</strong>cer, il était disposé à les repousserpar <strong>la</strong> force. Ses ennemis s'emparèrent dece propos, l'envenimèrent aux yeux des troupes, etle leur dépeignirent comme une trahison. Ceux quidisaient l'avoir entendu , allèrent en faire leur déc<strong>la</strong>rationà <strong>la</strong> municipalité, le 11 vendémiaire (3 octobre), et au même instant les officiers de tous lescorps exigèrent l'arrestation de l'agent et de plusieursindividus de sa suite, qui furent embarquésà bord d'un bâtiment de là rade, pour être envoyésen France.Les autorités civiles et militaires réunies, choisirent,d'un commun accord, le général Pé<strong>la</strong>rdypour administrer <strong>la</strong> colonie jusqu'à ce que le directoireeût envoyé de nouveaux chefs. Ce général usainutilement de tout son crédit pour appaiser lemouvement; en vain il représenta qu'il manquaitdes lumières nécessaires pour gouverner, tout futinutile, il se vit obligé d'acquiescer au vœu général.Cependant on souscrivit à <strong>la</strong> condition qu'il imposade nommer, au plutôt, une commission d'agence,composée de trois membres, pour gouverner provisoirement.Les administrations municipales des deux villes,constatèrent, par une déc<strong>la</strong>ration du 7 vendémiaire(9 octobre), que l'acceptation momentanée du généralPé<strong>la</strong>rdy avait sauvé <strong>la</strong> colonie, et que le gé-AnVIII(1799)


Are VIII(1799)( 58 )néral Paris, commandant à <strong>la</strong> Basse-Terre, etMM. Dano et Rocherupés, avaient été nommésagens provisoires.Quatre chaloupes ang<strong>la</strong>ises se présentèrent dans<strong>la</strong> nuit du 26 vendémiaire (16 octobre) sur <strong>la</strong> rade;elles furent repoussées, et le bâtiment du généralDesfourneaux fit voile aussitôt pour <strong>la</strong> France (1).(1) Registres de l'administration municipale de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, n° 37 ; Déc<strong>la</strong>rations faites par les deuxmunicipalités, le 17 vendemiaire an VIII; Adresses detoutes les autorités de <strong>la</strong> Guadeloupe au corps légis<strong>la</strong>tifet au directoire, du 26 vendemiaire an VIII ; Pièces officiellesadressées au ministère de <strong>la</strong> marine.Le général Desfournaux, à son arrivée en France,trouva le gouvernement consu<strong>la</strong>ire établi. Cette affairen'eut aucun autre résultat, et il fut employé dans l'expéditiondu général Leclerc à Saint-Domingue. Il est aujourd'huien retraite à Paris.


( 59 )CHAPITREVIII.Trois nouveaux agens sont envoyés à <strong>la</strong> Guadeloupe. —Embarquement de l'un d'eux. — Entreprise contrel'île de Curaçao. — Etat de <strong>la</strong> Guadeloupe. — Succèsdes Ang<strong>la</strong>is aux Antilles.APRÈS le départ du général Desfourneaux, l'agenceprovisoire mit en vigueur et fit publier <strong>la</strong> loiorganique du 4 brumaire an 6 ( 25 octobre 1797 ) ,qui formait de <strong>la</strong> Guadeloupe et de ses dépendances,un département divisé en 27 cantons, dont <strong>la</strong> Pointeà-Pîtreétait le chef-lieu, et y établissait cinq tribunauxcorrectionnels ; ainsi que <strong>la</strong> loi du 12 nivôsean 6 (1 e rjanvier 1798) qui déterminait l'organisationconstitutionnelle des colonies , arrêtait l'envoide trois agens du directoire aux îles du vent, précisaitl'étendue de leurs fonctions, et fixait leurdurée à dix-huit mois. Ces lois avaient été jusquelàtenues secrètes.La Guadeloupe n'attendit pas long-temps lesnouveaux chefs qu'on lui avait annoncés.An VIII(1799)


An VIII(1799)(60)L'agent Jeannet, qui avait été rappelé de Cayenne;l'ex-constituant Baco de <strong>la</strong> Chapelle, que l'île deFrance, n'ayant pas voulu le reconnaître commeagent, avait déporté à Manille; et le général deLavaux , connu par son noble dévoûment à Saint-Domingue (1), furent nommés agens du directoireà <strong>la</strong> Guadeloupe, le 15 fructidor an 7 ( 1er septembre1799 ). Rendus à Rochefort où ils apprirent lesévénements du 18 brumaire , ils précipitèrent leurdépart, de crainte que le nouveau gouvernement neretirât leurs pouvoirs, et mirent à <strong>la</strong> voile, le 25 brumaire(16 novembre), sur <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Vengeanceet <strong>la</strong> corvette le Berceau.Arrivés à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître , le 20 frimaire (12 décembre),avec une compagnie d'artillerie de marine,l'adjudant-général Jeannet, frère de l'agent, le chefde brigade Magloire Pé<strong>la</strong>ge, homme de couleur de<strong>la</strong> Martinique , que nous verrons bientôt jouer un(1) Pamphile Lacroix dit, tom. 1 er , pag. 296 : « Lesgouvernemens qui se sont succédés en France, n'ont paspayé au général de Lavaux le tribut de reconnaissancepublique que mérita son dévouement. Sa position , à St.-Domingue fut une des plus étranges et des plus difficilesoù se soit jamais trouvé un chef militaire. »Pour connaître les détails de sa belle conduite , il fautconsulter , dans l'ouvrage ci-dessus, l'époque de 1792 à1796 ; le Recueil ang<strong>la</strong>is Annual register de 1794 ; et levol. 5 des Victoires et Conquêtes, article colonies.


( 6 1 )•grand rôle à <strong>la</strong> Guadeloupe (1) et le mulâtre Delgrès,chef de bataillon, aide-de-camp de l'agent Baco (2),ils furent accueillis avec empressement.La Guadeloupe était tranquille ; elle jouissaitd'un calme dont elle avait été long-temps privée, etparaissait oublier ses discussions politiques et lesthéories incendiaires dont elle avait été trop longtemps<strong>la</strong> victime. Le retour des nègres à leurs atelierssemb<strong>la</strong>it présager que le terme des maux étaitAu VIII(1799)(1) Pé<strong>la</strong>ge était fort jeune lors des premiers troublesde <strong>la</strong> Martinique où il se prononça en faveur des p<strong>la</strong>nteurs.De <strong>la</strong> bravoure, du sang-froid et des talens militairesle firent distinguer par ses chefs. Pendant le siégede 1794, il se battit contre les Ang<strong>la</strong>is avec tant de courageet d'intelligence, que le général Rochambeau lenomma lieutenant sur le champ de bataille. A son arrivéeen France, on le fit capitaine des grenadiers du bataillondes Antilles. II se couvrit de gloire à <strong>la</strong> prise de Sainte-Lucie , en 1795 , ainsi qu'en défendant, l'année suivante,cette île contre les Ang<strong>la</strong>is qui firent <strong>la</strong> garnison prisonnière.Échangé en 1798, il servit à Fécamp , à Mor<strong>la</strong>ix,et obtint, en 1799, le brevet de chef de brigade, pourpartir comme aide-de-camp de l'agent Jeannet.(2) Ce Delgrès est le même que nous verrons aide-decamp de l'amiral Lacrosse, un des chefs de <strong>la</strong> révolte, etqui se fera sauter avec 3oo des siens, pour éviter d'êtrepris par les troupes du général Richepanse.


( 6 2 )An VIII(1800)arrivé ; <strong>la</strong> culture renaissait et le commerce reprenaitson industrieuse activité.Les agens venaient de recevoir de <strong>la</strong> métropole<strong>la</strong> confirmation de leurs pouvoirs, avec le titre d'agensdes consuls ; tous les trois semb<strong>la</strong>ient pénétrésdes mêmes vues pour le bien public; Jeannet etBaco étaient à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et le général de Lavauxà <strong>la</strong> Basse-Terre, où sa probité, son désintéressement, et ses qualités militaires lui avaient acquisun grand crédit parmi les gens de couleur. Au moisde germinal an 8 ( mars 1800 ) ses deux collèguespartent inopinément, <strong>la</strong> nuit, de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître;arrivés à <strong>la</strong> Basse-Terre, à <strong>la</strong> pointe du jour, ilsréunissent les troupes, envoient le général Paris,à <strong>la</strong> tête d'une compagnie de grenadiers , pour arrê -ter l'agent de Lavaux, qu'on enlève à l'auditoirequ'il pérorait dans une église, et qu'on embarquesur-le-champ pour France , sans que <strong>la</strong> colonie enéprouve <strong>la</strong> moindre commotion. On se contenta dedire aux habitans que cet agent se faisait redouterpar ses conciliabules avec les gens de couleur, etqu'il cherchait à leur donner l'é<strong>la</strong>n et <strong>la</strong> directionde ceux de Saint-Domingue ; lui qui, au Cap, en1796, avait lutté contre eux avec tant d'énergie, etavait failli périr victime de Vil<strong>la</strong>tte,chefs (I).un de leurs(1) Le général de Lavaux fut pris par les Ang<strong>la</strong>is dans


(63 )Les délégués Jeannet et Baco, vou<strong>la</strong>nt persuaderà <strong>la</strong> France que leur conduite était exempte detoute ambition, s'adjoignirent pour troisième agentM. Bresseau, alors employé comme commissairedu gouvernement colonial, dans le quartier de <strong>la</strong>Baye-Mahaut.Cette agence s'appliqua moins à créer de nouvellesinstitutions, qu'à régler <strong>la</strong> marche de celles déjàétablies et à spécifier c<strong>la</strong>irement les actes qui pouvaient,<strong>la</strong> contrarier, <strong>la</strong>issant le soin de les poursuivreau tribunal criminel extraordinaire, aux jugescorrectionnels et aux conseils de guerre.Un voile épais couvre encore aujourd'hui lescauses de <strong>la</strong> tentative infructueuse que ces troisagens firent contre l'île de Curaçao, l'alliée de <strong>la</strong>France ; les résultats suivans sont les seuls qui soientparvenus à <strong>la</strong> connaissance du public.La frégate <strong>la</strong> Vengeance, arrivée à <strong>la</strong> Guadeloupele 12 décembre 1799, avec les agens , repartitpour France le 11 pluviose an 8 (31 janvier 1800) ,ayant à son bord le général Pé<strong>la</strong>rdy (I). Attaquée ,An VIII(1800)sa traversée. Rentré en France, il y vécut dans <strong>la</strong> retraite.Élu , en 1820 , membre de <strong>la</strong> chambre des députés par ledépartement de Saône-et-Loire ; il s'est toujours montréle digne défenseur de <strong>la</strong> Charte et des libertés françaises.(1) Ce général retournait en France par suite des dispositionsde l'arrêté du directoire, qui rappe<strong>la</strong>it les générauxde division employés en sous-ordres aux colonies.


An VIII(l800)(1) Cette frégate appareil<strong>la</strong> à <strong>la</strong> hâte, <strong>la</strong>issant, à terre,le général Pé<strong>la</strong>rdy, qui fut obligé de retourner, sur unbâtiment neutre, à <strong>la</strong> Guadeloupe , pour pouvoir se rendreà Paris.La frégate fut prise, en mer, par les Ang<strong>la</strong>is; celui qui<strong>la</strong> commandait donna sa démission, à son retour en France.(1) Le gouverneur de Curaçao soumit ses griefs à songouvernement, alors allié de <strong>la</strong> France, et l'agent Jean-(64)après sa sortie, par <strong>la</strong> frégate ang<strong>la</strong>ise <strong>la</strong> Constel<strong>la</strong>tion, le combat fut meurtrier, et ces deux bâtimenss'abandonnèrent, <strong>la</strong> nuit, se croyant mutuellementcoulés bas. La Vengeance fut obligée degagner l'île de Curaçao pour se radouber. Elle yétait depuis huit mois, lorsque les agens Jeannet,Baco et Bresseau tentèrent de s'emparer de cettecolonie, sous le prétexte vrai ou faux, qu'elle vou<strong>la</strong>itsedonneraux Ang<strong>la</strong>is. Une expédition commandéepar l'adjudant-général Jeannet, et dirigée parl'agent Bresseau, fut embarquée sur des goëlettespour se porter à Curaçao.Les Hol<strong>la</strong>ndais , craignant que <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Vengeancene fût d'un trop grand secours à cet armement,trouvèrent le moyen de <strong>la</strong> faire partir (1).L'expédition échoua dans son entreprise de conquête, mais elle provoqua de <strong>la</strong> part des habitansde cette île, des p<strong>la</strong>intes graves qui éc<strong>la</strong>tèrent aprèsson départ (2).


( 65 )A <strong>la</strong> Guadeloupe, les agens prirent des arrêtéspour éloigner les étrangers qui pouvaient être dangereux; ils réprimèrent <strong>la</strong> désertion dans les troupeset dans <strong>la</strong> marine, arrêtèrent le marronage des ateliers,et mirent de l'ordre dans les comptabilités.Ils sévirent contre toute atteinte portée à <strong>la</strong> propriétépublique ou particulière, et continuèrent à maintenirle calme par leurs règlemens (1).La course maritime, toujours précaire lorsqu'ellen'est pas appuyée par une force navale imposante,était à-peu-près anéantie. Les frégates des Etats-Unis, alors en guerre avec <strong>la</strong> France, s'étaient acharnéescontre les corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe, et lesavaient presque tous détruits. Mais les produitsde <strong>la</strong> culture à <strong>la</strong>quelle on s'était adonné, remp<strong>la</strong>çaient, avec un avantage plus réel, ceux de <strong>la</strong> course;et sous ce point de vue <strong>la</strong> colonie jouissait d'un certainbonheur que n'altéra point <strong>la</strong> mort de l'agentBaco (2).An IX(l800)net, à son retour à Paris, fut jugé par un conseil de guerrequi l'acquitta.(1) Mémoire du général Ambert.(2) L'agent Baco de <strong>la</strong> Chapelle fut enlevé par <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>diedu climat, en frimaire an ix (fin de décembre 1800),sur une habitation séquestrée, dans le quartier de <strong>la</strong> baieMahaut.Le chef de brigade du génie Daniau, que Victor-III. 5


An IX(l80l)( 66 )La paix avec les Américains vint augmenter cetétat prospère en offrant au commerce des ressourcesnouvelles (1).La colonie n'en était pas moins assise sur <strong>la</strong> croûted'un volcan ; les bases d'une bonne administration,étaient encore enfouies sous les débris entassés durantdix années de bouleversement, et le gouvernementréparateur de <strong>la</strong> France, ne s'occupera pasplutôt de sonder ces décombres pour déb<strong>la</strong>yer lesol, et construire un nouvel édifice, qu'on verracette croûte s'affaisser et produire une explosionqui manquera d'engloutir <strong>la</strong> Guadeloupe entière.Cependant l'Angleterre , toujours avide de prétextesqui puissent colorer ses entreprises, saisitl'instant où les cabinets de Stokolm et de Copenhague,dans <strong>la</strong> vue de soutenir les principes d'uneneutralité armée, venaient de se confédérer avec <strong>la</strong>Russie , pour les traiter en ennemis , et poursuivrecontre eux le cours de ses succès aux Antilles.Hugues avait nommé à cet emploi, en 1794, mourutégalement à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, vers <strong>la</strong> même époque, etfut enterré au fort Fleur-d'Epée, qu'il avait fortifié etmis dans l'état où on le voit aujourd'hui.(1) Moniteur du 13 messidor an 9 (2 juillet 1801).Le traité de paix, conclu par le premier consul, avecles États-Unis d'Amérique, se trouve dans le Moniteurdu 3o vendémiaire an 9 (22 octobre 1800).


( 67 )Une expédition commandée par le lieutenantgénéralTrigge et l'amiral Duckworth, sortit d'Antigue,et se présenta, le 20 mars, devant Saint-Barthelemy.Cette île, n'ayant que 21 hommes degarnison, capitu<strong>la</strong> sans résistance.Les Ang<strong>la</strong>is allèrent débarquer, le 24 mars, deuxdivisions de quatre mille hommes à Saint-Martin;320 Français ou Hol<strong>la</strong>ndais en formaient <strong>la</strong> garnison;ils étaient soutenus par les équipages de plusieurscorsaires. Mais après une action vive, cesmarins ayant été contraints de regagner leur bordet de prendre le <strong>la</strong>rge, <strong>la</strong> garnison capitu<strong>la</strong> le mêmejour (1).Saint-Thomas et Sainte-Croix se rendirent à <strong>la</strong>première sommation qu'on leur fit, les 28 et 31 mars,quoiqu'il y eût, d'après le rapport ang<strong>la</strong>is, 700 hommesde troupes à Sainte-Croix et 135 à Saint-Thomas.Les vainqueurs enlevèrent 36,000 barriques desucre dans <strong>la</strong> première de ces îles, et se signalèrentpar toutes sortes de vexations et d'injustices (2).An IX(1801)(1) Moniteur du 1er prairial an 9(21 mai 1801), articleAngleterre; le même journal, du 13 messidor ( 2 juillet),contient une proc<strong>la</strong>mation des agens de <strong>la</strong> Guadeloupe,par <strong>la</strong>quelle ils s'étonnaient que 428 soldats, à Saint-Martin, n'eussent résisté qu'un seul jour à 3ooo Ang<strong>la</strong>is.(2) Lettre écrite de Sainte-Croix, dans le Moniteur,du 24fructidor an 9 (11 septembre 1801).


An IX(l80l)(68 )Le 21 avril, les îles de Saint-Eustache et de Saba,appartenant aux Hol<strong>la</strong>ndais, capitulèrent sans coupférir (1).La prise et le pil<strong>la</strong>ge de ces îles, <strong>la</strong> promenadede Nelson en Fin<strong>la</strong>nde, furent, pour l'Europe, unenouvelle mais vaine révé<strong>la</strong>tion des projets ambitieuxdu cabinet d'Albion.(1) Moniteur du 22 prairial an 9 (11 juin 1801.)


( 69 )LIVRE NEUVIÈME.Événemens qui se succèdent à <strong>la</strong> Guadeloupependant l'année 1801.CHAPITRE IERRévolution du 18 brumaire.— Nouvelle organisation descolonies. — Nominations faites pour <strong>la</strong> Guadeloupe.LES Français n'obéissaient qu'en murmurant àun gouvernement sans dignité, jouet de tous lespartis, réduit au misérable expédient de les opposerles uns aux autres, pour les dominer; et l'autoritédu Directoire ne se faisait plus connaître que pardes vexations et des injustices. La loi sur l'empruntforcé de 80 millions, rendue le 16 nivôsean 6 (5 jan-An IX.(l80l)


An IX(l80l)( 70 )vier 1798), avait détruit <strong>la</strong> confiance, anéanti toutesles ressources ; et celle des otages, publiée le 24 messidoran 7 (12 juillet 1799), portait de tous côtésle deuil et <strong>la</strong> terreur. Des colonnes mobiles, parcouraientet déso<strong>la</strong>ient les campagnes, tandis qu'uneinquisition domestique effrayait et tourmentaitles villes. Tout paraissait perdu, lorsqu'on vit accourir,des bords du Nil, l'homme extraordinairequi devait faire succéder <strong>la</strong> vie à <strong>la</strong> mort, l'ordreau chaos et <strong>la</strong> force à <strong>la</strong> faiblesse. Les vœux, lesespérances de <strong>la</strong> France entière, se tournèrent verslui comme vers le libérateur de <strong>la</strong> patrie. La <strong>la</strong>ssitudedes convulsions, le dégoût des choses et deshommes de cette époque, avaient préparé <strong>la</strong> crisedu 18 brumaire, et cette journée concentra le pouvoirentre les mains du plus habile.Le nouveau gouvernement n'eut pas plutôt régénéré<strong>la</strong> France et forcé le continent au repos , qu'ilétendit ses soins aux colonies, et s'occupa desmoyens d'y raviver les cultures et le commerce.Leurs désastres, les ruines encore fumantes deSaint-Domingue avaient complétement désabuséles esprits des fausses doctrines, et des théoriesdangereuses. De tous côtés on demandait le rétablissementde l'ancien code, qui avait fait longtempsprospérer ces possessions, comme étant <strong>la</strong>seule légis<strong>la</strong>tion propre à y comprimer l'esprit derévolte et à y ramener le calme.Une longue expérience avait démontré que le


( 71 )partage du pouvoir entre un gouverneur et unintendant ne produisait que des déchiremens oude l'inertie. On crut remédier à cet inconvénient,en séparant l'administration, <strong>la</strong> justice et l'autoritémilitaire; le gouvernement fut réparti entre uncapitaine-général, un préfet colonial et un grandjuge ou commissaire de justice.Mais l'autorité de ces trois chefs pouvait-elle êtremaintenue dans un équilibre assez juste pour quel'administration coloniale marchât désormais sansentraves? subordonnés, comme ils l'étaient entreeux, par un règlement qui n'était pas assez positif,qui, en leur attribuant des fonctions indépendantes,vou<strong>la</strong>it cependant qu'ils pussent se suppléer et sesuccéder l'un à l'autre, si les circonstances l'exigeaient,ne devait-il pas s'élever des rivalités dontles inévitables effets seraient d'entraver chacun deces pouvoirs dans l'action qui lui était propre etde paralyser <strong>la</strong> force qui devait résulter de leurconcours ?On ne peut deviner par quel motif le premierconsul, qui possédait à un degré si éminent <strong>la</strong> sciencede <strong>la</strong> haute administration et le secret du pouvoir,ne voulut pas reconnaître que l'autorité militairedoit dominer aux colonies, éc<strong>la</strong>irée et avertie pardes comités et par des conseils. Les plus chaudspartisans de l'uniformité des systèmes ne pensentpas sans doute que les colonies , parce qu'elles fontAn IX(l80l)


( 72 )An IX(l80l) partie de <strong>la</strong> France (1), puissent être régies par lesmêmes lois que les départemens? Leur situation lesmet hors de ligne et veut des lois et un régime àpart.Entourées de mers, situées à de grandes distancesde <strong>la</strong> métropole, d'un accès facile à tout ennemiextérieur, les Antilles françaises doivent être misesen état de se suffire long-temps à elles-mêmes.Les foyers de troubles allumés dans leur voisinage,l'esc<strong>la</strong>vage permanent, base de leur agriculture etde leur prospérité , les tiennent dans un éveil continuel.Une popu<strong>la</strong>tion de diverses couleurs, qu'accroissentchaque jour des individus accourus ouamenés sans choix,de toutes les parties de <strong>la</strong> France;une multitude de marins de toutes les nations que lecommerce y attire et dont le ciel de l'équateur faitfermenter les passions, influent à toute heure surleur tranquillité et les mettent dans un état de criseperpétuelle difficile à exprimer, et dont le capitainegénéralVil<strong>la</strong>ret de Joyeuse , essaya de donner uneidée, en disant : que même en temps de paix, sonîle était dans un état de siége moral.Il faut donc aux colonies une puissance forte,(1) Les trois assemblées légis<strong>la</strong>tives avaient reconnu,dans plusieurs de leurs décrets, que les colonies formentune partie intégrante de <strong>la</strong> France.


( 73 ).réprimante, rapide comme le mal qui les menace,et dont elle doit prévenir ou arrêter l'invasion; parconséquent cette autorité doit-être une et dégagéede toute entrave. La concurrence des pouvoirs yest contre <strong>la</strong> nature des choses, a très-bien dit,M. Durand-Mo<strong>la</strong>rd (1).L'arrêté organique des consuls disait, à <strong>la</strong> vérité,qu'en cas d'urgence, le capitaine-général pourrait,comme dans les p<strong>la</strong>ces de guerre, surseoir à l'exécutiondes lois par une déc<strong>la</strong>ration d'état de siége,ce qui annonçait que l'unité d'action et de mouvementétait considérée comme le seul moyen de salut.Mais, puisque les colonies sont toujours à-peuprèsdans cet état d'urgence, pourquoi ne pas yrendre l'unité d'action permanente? C'est le seulmoyen d'éviter les discussions, les rivalités, lesprétentions exagérées, les tracasseries et les conflitsde pouvoir dont les colonies , plus encore que lesagens de <strong>la</strong> métropole, ont eu de tout temps à sep<strong>la</strong>indre.Les Ang<strong>la</strong>is, plus heureux que nous, n'ont jamaisvarié dans ce mode d'administration; il faut leurrendre cet hommage, et réconnaître tout ce qu'ily a de bon dans leurs institutions, quoiqu'on nel'aperçoive pas toujours au milieu des moyensAN IX(l80l)(1) Essai sur les Colonies, petite brochure.


Au IX(1801)( 74 )violens qui leur sont si familiers dans leurs rapportsavec les autres peuples.Le premier soin du consul fut de rassurer lescolons sur les effets du changement qui venait des'opérer en France, et de déc<strong>la</strong>rer que si des différences, qui dérivent de <strong>la</strong> nature des choses et duclimat, nécessitaient d'autres lois, l'état politiquedes noirs n'éprouverait ni atteinte ni modification.La Guadeloupe, toujours fidèle à <strong>la</strong> mère-patrie,au milieu de ses plus grandes divisions, fut l'objetpressant de l'attention du gouvernement. Un arrêtédu 29 germinal an g (19 avril 1801), nomma:capitaine-général, le contre-amiral Lacrosse; préfetcolonial, le conseiller-d'état Lescalier; et commissairede justice , un ancien magistrat, M. Coster.L'organisation de <strong>la</strong> colonie, et <strong>la</strong> distribution despouvoirs entre les trois magistrats chargés de <strong>la</strong>régir, étaient réglées par cet arrêté. Afin que lesinstitutions nouvelles fussent plus promptementsubstituées à celles que l'amiral Lacrosse avait luimêmeétablies, en 1793, à <strong>la</strong> Guadeloupe, on pressason départ, et on lui fit <strong>la</strong>isser en arrière ses deuxcollègues, dont <strong>la</strong> présence dans <strong>la</strong> colonie auraitpeut-être prévenu beaucoup de mal.


( 75 )CHAPITRE II.Arrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe du capitaine-général Lacrosse.— Mort du général Béthencourt; fâcheux effet qu'elleproduit.LE général Lacrosse, partit de Lorient amenant, sur les frégates <strong>la</strong> Cornélie et <strong>la</strong> Cocarde,170 hommes des 30e, 79e et 82e demi-brigades,18 canonniers, et le général de brigade Béthancourt,nommé pour commander les troupes de <strong>la</strong>colonie, en remp<strong>la</strong>cement du général Paris (1).A son arrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe, le 9 prairial(29 mai), il fut reçu avec les démonstrations de <strong>la</strong>confiance que faisait concevoir, pour l'avenir, legouvernement réparateur qui l'envoyait (2). Saposition était difficile, l'aspect encore douteux desAn IX(l80l)(1) Le général Paris, à son retour en France, fut employé,et fit toute <strong>la</strong> guerre d'Espagne; il y fut nommélieutenant-général, et mourut de ma<strong>la</strong>die, après sa rentréeà Perpignan , en 1814.(2) Voir le compte rendu par l'amiral Lacrosse au mi-


An IX(l80l)( 76 )choses rendait l'opinion flottante; <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mationqu'il publia le lendemain, rassura les habitans surles appréhensions qu'ils pouvaient conserver d'unretour vers le passé.Mais le 16 prairial (5 juin), une seconde proc<strong>la</strong>mationvint inspirer d'autres craintes, en annonçantqu'il existait des conspirations et des complots.L'a<strong>la</strong>rme se répandit quand on vit arrêter, <strong>la</strong> nuitsuivante, pour être déportés , quinze individus négociansou pères de famille. De nouvelles arrestations, faites le lendemain, parmi les militaires, etles officiers de couleur qui avaient si bravementrepris et défendu <strong>la</strong> colonie, excitèrent beaucoupde fermentation. Il fallut toute <strong>la</strong> prudence du colonelPe<strong>la</strong>ge, chargé de les exécuter, et l'assuranceque donnaient les vertus du général Béthencourt,pour prévenir une insurrection. Envain <strong>la</strong> colonies'intéressa à ces prisonniers et députa auprès del'autorité pour solliciter leur mise en liberté, envain le général Béthencourt insista pour qu'on adoucîtleur sort, tous furent déportés, à l'exceptiond'un seul capitaine.Le capitaine - général n'avait certainement envue que le bien; mais prétendre anéantir, aussisoudainement, ce que <strong>la</strong> révolution avait consacrénistre Forfait, ses dix premières proc<strong>la</strong>mations ou arrêtésdans le Moniteur du 5 fructidor an 9 (23 août 1801).


( 77 )pendant douze ans, froisser des opinions dont onavait été le premier apôtre, vouloir les remp<strong>la</strong>cerde force, par les idées et les maximes des temps antérieurs, tenter cet acte périlleux, lorsque les septhuitièmes de <strong>la</strong> force armée n'étaient composés quede noirs, ou de gens de couleur non-propriétaires,n'était-ce pas vouloir refouler les eaux d'un torrent,et s'exposer, en l'obligeant à déborder, à s'y faireengloutir?Le mécontentement fut augmenté par <strong>la</strong> demanded'un emprunt de 35o mille francs, faite le 19 prairial(8 juin), à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et par l'avis qu'onse réservait de réc<strong>la</strong>mer un semb<strong>la</strong>ble secours de <strong>la</strong>ville de <strong>la</strong> Basse-Terre. Les colons s'étaient f<strong>la</strong>ttésque les revenus des propriétés séquestrées, desimpositions et des douanes (dont le produit promettaitde s'élever très-haut, d'après le traité depaix qui rétablissait le commerce avec les Etats-Unis), étaient assez considérables pour dispenserde recourir à <strong>la</strong> mesure ruineuse et vexatoire desemprunts.A <strong>la</strong> vérité le capitaine-général s'était p<strong>la</strong>int au ministrede <strong>la</strong> marine, d'avoir trouvé <strong>la</strong> Guadeloupeépuisée par ses guerres, dénuée de ressources, etde ce que ses prédecesseurs avaient, par anticipation,absorbé les revenus d'une année (I).An IX(l80l)(1) Mémoire du fournisseur Mallespine, en 1811,


An IX(l80l)( 78 )La ville de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître remplit sur-lechampl'obligation qui lui était imposée. Mais cetemprunt; l'approvisionnement de tous les magasins;le marché pour les fournitures, conclu avec unfournisseur privilégié, au lieu d'avoir passé par <strong>la</strong>voie ordinaire des enchères; et <strong>la</strong> fer,medes douanes,jusques là administrée par <strong>la</strong> régie, livrée à unparticulier, à un prix bien au-dessous de sa valeur,excitèrent des murmures.Le nombre des mécontens fut encore augmentépar ceux des habitans qui, ayant quitté <strong>la</strong> coloniedepuis 1795, rentrèrent en vertu de <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mationdu 7 messidor (25 juin), avec l'espoir d'être réintégrésdans leurs propriétés, et dont l'attente futtrompée (1).Ces circonstances rendirent plus vive à <strong>la</strong> coloniepage 11 ; Mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe,en 1803, 1er vol, pages 72 et suiv.(1) C'est à cette époque, le 16 messidor an 9 (5 juillet1801), que les anciens agens Jeannet et Bresseau, etle général Jeannet, frère de l'agent, quittèrent <strong>la</strong> coloniepour se rendre en France, sur <strong>la</strong> frégate La Cornélie.M. Bresseau est mort à Paris en 1812; M. Jeannet s'étaitrétiré aux Etats-Unis, ou il a vécu tranquille jusqu'en1822, époque où différens rapports l'ont fait reparaîtreaux colonies, pour faire partie, dit-on, de l'expéditionmystérieuse contre l'île de Porto-Rico. Le général Jeannetvit retiré en France.


( 79 )<strong>la</strong> perte du général Béthencourt; sa douceur, sesqualités, les comptes favorables qu'il adressait auministre, et le bien qu'il s'efforçait de faire à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, où il résidait avec le capitaine-général,l'avaient rendu cher à tous les colons. Lama<strong>la</strong>die du climat, le ravit à leur espoir, le 17thermidor (5 août) (1).Après sa mort, le commandement devait passerau chef qui le suivait dans l'ordre hiérarchiquemilitaire, et revenait au colonel Pé<strong>la</strong>ge;maisle capitaine-général le réunit à son autorité, etajouta à son titre celui de commandant en chef de<strong>la</strong> force armée. Cette mesure amena des discussions,et l'arrêté rendu à ce sujet fut le funeste avant-coureurdes désordres qui agitèrent <strong>la</strong> colonie. La généraleimprudemment battue un jour de décade, à <strong>la</strong>Basse-Terre, pour <strong>la</strong> publication de cet arrêté, fitfaire au public, qui en ignorait le motif, des conjecturessinistres sur <strong>la</strong> tranquillité de <strong>la</strong> colonie,donna lieu à mille bruits capables de <strong>la</strong> compromettre, et à des propos séditieux de <strong>la</strong> part desjeunes conscrits sous les armes (2).An IX(l80l)(1) Le général Béthencourt fut imhumé sur le morne<strong>la</strong> Victoire. Plus tard, quand on voulut app<strong>la</strong>nir ce morne,on transféra ses restes dans le fort Fleur-d'Épée, à côtéde ceux du colonel Daniau; rien n'indique aujourd'hui<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce où ils furent déposés.(2) On avait réuni, en compagnie de chasseurs, les


An IX(1801)An X(l80l)( 80 )Le capitaine-général s'y transporta sur-le-champ,fit investir <strong>la</strong> ville, <strong>la</strong> mit en état de siége, cassa <strong>la</strong>municipalité , ordonna des visites domiciliairesparmi les hommes de couleur qui avaient participéau mouvement, fit arrêter tous ceux qui lui parurentsuspects, et traduisit devant un conseil de guerreles conscrits présumés coupables. Trois d'entre euxfurent condamnés, le 4 fructidor ( 22 août ) à dix ,à cinq et à deux ans de fers ; leur compagnie futdissoute, et ceux qu'on soupçonna de mutinerie,furent incorporés dans les sapeurs où on les soumità un travail dur et pénible. Un mulâtre de23 ans fut condamné à mort le 12 vendémiaire(4 octobre ) et fut fusillé dans les vingt-quatre heures;quatre autres furent renvoyés à <strong>la</strong> décision dupremier chef.La consternation devint générale parmi tous lesgens de couleur lorsqu'on les eut réunis à <strong>la</strong> Basse-Terre, et aussitôt après à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, pourleur déc<strong>la</strong>rer que puisqu'ils étaient les ennemis duGouvernement, on les ferait déporter sans espoirde retour. Beaucoup d'entre eux gémissaient dansles prisons ; plusieurs y étaient déjà morts de misère ;quinze venaient d'être envoyés en dépôt à Marie-jeunes gardes nationaux de toute couleur, auxquels onavait donné le nom de conscrits de <strong>la</strong> garde nationalesédentaire.


( 81 )Ga<strong>la</strong>nte, pendant qu'on préparait des bâtimens pouliesdéporter ailleurs, et chaque jour était marquépar de nouvelles arrestations.Jusques-là le chef de brigade Pé<strong>la</strong>ge, qui conservaitle commandement de <strong>la</strong> Grande-Terre , dontl'avaient investi les agens des consuls, vivait dans <strong>la</strong>meilleure intelligence avec le capitaine-général, quine cessait de donner des éloges à sa conduite , surtoutre<strong>la</strong>tivement aux arrestations dont il avait étéplus spécialement chargé (1).Au X(l80l)(1) Voir le compte rendu, au ministre Decrés, par lecapitaine-général Lacrosse, dans le Moniteur du 14 frimairean 10 (5 décembre 1801); et le mémoire pour leshabitans de <strong>la</strong> Guadeloupe, 1er vol. pages, 75 et suiv.111. 6


( 82 )CHAPITRE III.Journée du 29 vendemiaire (21 octobre), à <strong>la</strong> Pointe à -Pître.An X(1801)Tout paraissait tranquille à <strong>la</strong> Guadeloupe;aucun homme de couleur n'avait encore tentéde remuer , quoiqu'ils composassent <strong>la</strong> grandemajorité de <strong>la</strong> force armée. Le capitaine-général,revenu à <strong>la</strong> Basse-Terre, où il comptait passer deuxmois, recevait journellement des lettres du chefd'état-major et du commissaire-général de police,qui lui annonçaient qu'à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître tout étaitdans le calme et <strong>la</strong> sécurité les plus parfaits; le dernierde ces rapports portait <strong>la</strong> date du 28 vendémiairean 10(1).Pourquoi le lendemain fut-il un jour de douleurpour <strong>la</strong> colonie, et à quelle cause peut on attribuer<strong>la</strong> révolte qui s'y manifesta, si ce n'est à <strong>la</strong> tentativequ'on fit pour s'emparer ce jour-là , de <strong>la</strong> personne(1) Extraits de leurs lettres; mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe,tome 1er, page 93.


( 83 )de tous les officiers de couleur, qu'on destinait probablementà <strong>la</strong> déportation?Le 29 vendémiaire au matin ( 21 octobre ) le capitaineGédéon et plusieurs de ses camarades venaientd'être arrêtés à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre ; on était à<strong>la</strong> poursuite du capitaine Ignace, lorsque le chefde brigade Pé<strong>la</strong>ge, qu'on vou<strong>la</strong>it arrêter aussi, futinvité à passer chez le chef d'état-major. Il s'y renditavec confiance, sans uniforme, et y trouva réunis lecommissaire-général de police et le commissaire dugouvernement, qui lui annoncèrent, d'un air trèsagité,qu'on venait de découvrir une conspirationcontre le capitaine-général. Au même instant, onentendit crier dans les rues, aux armes, au feu, auxAng<strong>la</strong>is ! A ce bruit, Pé<strong>la</strong>ge veut sortir, mais lechef d'état-major le retient et lui déc<strong>la</strong>re qu'il estson prisonnier. Votre prisonnier, s'écrie Pe<strong>la</strong>ge!En vertu de quel ordre? comment pouvez-vousarrêter votre supérieur? (1) En-même-temps il détourne<strong>la</strong> pointe du sabre dont on le menace , éviteun second coup qu'on lui porte, et se sauve à toutesjambes au fort de <strong>la</strong> Victoire, où il trouve toutes lestroupes de couleur en pleine insurrection. Le capitaineIgnace, qui s'était réfugié auprès d'elles,AN X(l80l)(1) Le chef d'état-major n'était que chef de bataillonet se trouvait, en l'absence du général, subordonné auchef de brigade Pé<strong>la</strong>ge, qui commandait l'arrondissement.


An X(l801)( 84 )les avait soulevées et, pendant que Pé<strong>la</strong>ge les pérorait, <strong>la</strong> ville courait les risques d'un horrible massacre.Une compagnie de chasseurs de ligne, descenduedu fort, s'avançait au pas de charge vers <strong>la</strong> maisondu chef d'état-major , croisant <strong>la</strong> bayonnette contrequelques dragons et contre les gardes nationalesb<strong>la</strong>nches, que <strong>la</strong> générale y avait réunis. Le chefd'état-major avait perdu <strong>la</strong> tête et ne savait quefaire et qu'ordonner. Encore un instant, et <strong>la</strong> Pointeà-Pkreal<strong>la</strong>it être le théâtre de <strong>la</strong> plus sang<strong>la</strong>nte catastrophe, lorsque le capitaine Gédéon,auquel letrouble du moment permit de s'échapper du lieu oùon le retenait, s'é<strong>la</strong>nce au milieu des bayonnettesen s'écriant : Que faites-vous, ce n'est pas aux b<strong>la</strong>ncsque nous en voulons ! Pé<strong>la</strong>ge accourt au même instant,et <strong>la</strong> voix de ce chef, qu'ils aiment et qu'ilsrespectent, achève de contenir <strong>la</strong> rage des chasseurs.Mais <strong>la</strong> plupart des officiers arrêtés le matin, ayantprofité du désordre pour s'évader, s'étaient réunisaux insurgés et leur avaient communiqué leur ressentiment.La troupe, échauffée par leurs discours,jura de périr plutôt que de <strong>la</strong>isser enlever ses officiers, rompit ses rangs, força tous les obstacles, etse jeta sur le chef d'état-major,que Pé<strong>la</strong>ge pritsous sa protection. Pour le sauver, il lui conseil<strong>la</strong>de se <strong>la</strong>isser conduire au fort de <strong>la</strong> Victoire; il eutsoin de le p<strong>la</strong>cer au milieu de <strong>la</strong> garde nationale;le commissaire-général de police, le commissaire


( 85 )An Xdu gouvernement, blessé à <strong>la</strong> cuisse, et presque(l80l)tous les b<strong>la</strong>ncs attachés à l'état-major, ou aux autrescorps , furent aussi arrêtés.Par malheur, le 29 vendémiaire était un jour derepos, et il se trouvait à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître un grandnombre de nègres et de gens de couleur , cultivateurs;ils prirent part au mouvement, se mêlèrent avec lesmilitaires, pénétrèrent, en foule, dans <strong>la</strong> maison ducommissaire-général de police et trouvèrent, dans sespapiers, des listes de proscription, qui ne portaientque les noms d'hommes de leur couleur. Ils y trouvèrentaussi une lettre du général annonçant queles premiers qu'on avait embarqués pour France,venaient d'être mis à <strong>la</strong> disposition du ministre de<strong>la</strong> marine, pour être envoyés à Madagascar. Lalecture de ces pièces les rendit furieux; ils étaientprêts à se porter aux plus affreuses extrémités. Pé<strong>la</strong>ge, au milieu de cette terrible agitation, couraitde tous côtés pour calmer les esprits, pour soustraireles b<strong>la</strong>ncs à <strong>la</strong> fureur des troupes et prévenir l'effusiondu sang.Parvenu , à quatre heures du soir, à ramener unpeu de tranquillité, il convoqua, à <strong>la</strong> maison commune,tous les habitans notables de <strong>la</strong> ville; leurcommuniqua ses craintes; et, reconnaissant son insuffisance,il leur fit nommer, au scrutin, une commissionde quatre d'entre eux, pour rester près delui,l'aider de leurs conseils, et pour concerter les dispositionsqu'il convenait de prendre jusqu'à l'arrivéedu capitaine-général, qu'on al<strong>la</strong>it presser de revenir


An x(1801)( 86)à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. Les quatre habitans qui furentélus, MM. Hypolite Frasans avoué, Danois négociant,Delort médecin, et Pénicaut notaire,tous d'une réputation honorable, prirent le titre deCommissaires civils provisoires ( 1 ). Ils s'occupèrentpendant toute <strong>la</strong> nuit, avec Pé<strong>la</strong>ge, des mesures desûreté, et s'empressèrent de députer, au capitainegénéral,deux négocians estimables, MM. Courtois etMey , qui le rencontrèrent à <strong>la</strong> Capesterre.Dès le soir du 29 vendémiaire, des rapportsinexacts avaient fait croire au capitaine-général que<strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre venait de se mettre enrébellion ouverte et que Pé<strong>la</strong>ge, à <strong>la</strong> tête des factieux,s'était fait proc<strong>la</strong>mer chef de <strong>la</strong> colonie.Aussitôt <strong>la</strong> générale avait été battue à <strong>la</strong> Basse-Terre,un arrêté avait déc<strong>la</strong>ré hors de <strong>la</strong> loi Pé<strong>la</strong>ge , ainsique tous ceux qui lui obéiraient; les hommes decouleur suspects, avaient été arrêtés; et le générals'était mis en marche contre <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre , à <strong>la</strong>tête de <strong>la</strong> garnison de <strong>la</strong> Basse-Terre , de <strong>la</strong> gardenationale,et de beaucoup d'artillerie.Les dépêches que les députés lui remirent, de <strong>la</strong>part de Pé<strong>la</strong>ge et des commissaires provisoires ; lesdétails qu'ils lui donnèrent sur <strong>la</strong> situation déplora-(1) Ceux, qui se sont trouvés dans des conjoncturesdifficiles, sauront apprécier l'importance du dévouementde ces citoyens qui ne pouvaient avoir en vue, dans unetelle crise, que le salut de <strong>la</strong> colonie.


( 87 )ble de <strong>la</strong> ville, par l'effet de l'extravagante conduitede son chef d'état-major, détruisirent, en partie, sespréventions, mais malheureusement ils ne suffirentpas pour le déterminer à se rendre à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, où sa présence et de sages dispositions, prisesdans le premier moment, auraient peut-être ramenéle bon ordre. Le général jugea à propos de s'arrêterà <strong>la</strong> Capesterre et se contenta de répondre à Pé<strong>la</strong>geet aux commissaires : « qu'il était indigné des motifs• » et des ordres qu'on lui attribuait pour les arres-» tations..., qu'il protestait n'en avoir donné au-» cun, et n'avoir, au contraire, que de bons témoi-» gnages à rendre de <strong>la</strong> conduite de Pé<strong>la</strong>ge.... qu'il« espérait que tout al<strong>la</strong>it rentrer dans l'ordre—,» que toutes les personnes arrêtées dans le premier» moment al<strong>la</strong>ient être é<strong>la</strong>rgies...... que le gou-» vernement consu<strong>la</strong>ire, qu'ils n'avaient jamais» cessé de méconnaître , marcherait d'un pas plus» assuré dans <strong>la</strong> colonie; que c'était à ces condi-» tions qu'il userait d'indulgence pour une faute» que l'erreur avait fait commettre qu'il s'avan-» çerait le lendemain matin jusqu'au Petit-Bourg,» où Pé<strong>la</strong>ge viendrait conférer avec lui, et qu'on» reconnaîtrait de qui étaient émanés ces ordres» arbitraires (1). »An x(1801)(1) Mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe, tom.1 er , pages 90 à 104.


( 88 )CHAPITRE IV.Suite de cette journée.Au X(1801)DE retour, à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, les députés trouvèrent<strong>la</strong> ville livrée à de nouvelles a<strong>la</strong>rmes et toutesles troupes de couleur dans une agitation égaleà celle de <strong>la</strong> veille. Le bruit de <strong>la</strong> marche du général, avec un appareil de guerre menaçant, y étaitdéjà parvenu. On savait qu'avant de quitter <strong>la</strong> Basse-Terreil avait fait arrêter beaucoup d'hommesde couleur et que ces hommes avaient été mis àfond de cale dans les navires de <strong>la</strong> rade. Un grandnombre d'autres, ayant été poursuivis , avaient pris<strong>la</strong> fuite, par terre ou par mer, et s'étaient venusjoindre aux insurgés, dont ils avaient réveillé toutesles fureurs.La présence de Pé<strong>la</strong>ge était devenue plus que jamaisnécessaire pour les contenir et préserver leshabitans d'imminens dangers ; on le conjura de nepas se rendre au Petit-Bourg, Il se décida à écrirede nouveau au capitaine-général pour l'engager àvenir à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître , où il pourrait facilementrétablir l'ordre et <strong>la</strong> paix, en déc<strong>la</strong>rant, comme il


( 89 )l'avait écrit, qu'il était étranger aux arrestationsqui s'étaient faites; en destituant ceux qui les avaientordonnées ; et en faisant remettre en liberté les personnesque de fausses dé<strong>la</strong>tions avaient fait mettreen prison à <strong>la</strong> Basse-Terre. Les commissaires provisoireslui écrivirent dans le même sens, et ces dépêcheslui furent portées au Petit-Bourg, le 1 erbrumaireau matin (23 octobre), par deux nouveauxdéputés.Mais les événemens se succédaient avec rapidité.Des fuyards , de <strong>la</strong> Basse-Terre et du Petit-Bourg ,arrivaient à chaque instant à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, débitantle bruit que le général ne discontinuait passes dispositions hostiles ; qu'il forçait tous les habitansà s'armer, à grossir le nombre de ses troupes ,et qu'un mécontentement général se manifestaitjusque dans sa garde d'honneur. Ils apportèrentdes affiches, arrachées dans les quartiers, de l'arrêté,non révoqué, qui mettait hors de <strong>la</strong> loi Pé<strong>la</strong>ge ettous ceux qui lui obéissaient. Leurs récits exaspérèrenttellement les mécontens que tous ceux quiavaient des armes demandaient, à grands cris, demarchercontre le Petit-Bourg.Ces nouvelles furent à peu près confirmées parle retour des députés. Mal accueillis par le général,leurs représentations n'avaient rien pu gagner surlui ; ils l'avaient <strong>la</strong>issé flottant dans une perplexitéfâcheuse, et poussé à diverses résolutions par demauvais conseillers qui ne savaient le fixer à aucune,tandis que <strong>la</strong> désertion de ses troupes al<strong>la</strong>itAn X(l80l)


An X(l80l)(90)croissant, et que le général était sur le point d'êtretout-à-fait abandonné.Vers midi une compagnie de grenadiers se présentaen armes à <strong>la</strong> porte de Pé<strong>la</strong>ge et le prévintque <strong>la</strong> force armée le demandait au fort de <strong>la</strong> victoire.Surpris d'une demande et d'un appareil aussisinguliers, il crut que, devenu suspect aux soldats,on venait pour l'arrêter. Sa famille fondait en <strong>la</strong>rmes;il se mit en marche au milieu des grenadiers ,mais, arrivé au fort, il fut accueilli par des acc<strong>la</strong>mationsde joie, et les troupes, formées en carré, leproc<strong>la</strong>mèrent général en chef de l'armée de <strong>la</strong> Guadeloupe.Il vit le piége qu'on lui tendait; en acceptant, ilse rendait complice des insurgés ; en refusant, lecommandement passait à l'officier le plus fougueux,a Ignace, qui vou<strong>la</strong>it à toute force marcher à leurtête pour aller combattre le capitaine-général, et <strong>la</strong>guerre civile s'allumait partout. Pé<strong>la</strong>ge eut en vainrecours à son ascendant pour les détourner de cedessein; ses efforts furent inutiles , et dans cette alternative, il accepta le commandement en chef,mais à condition qu'il n'aurait, d'autre titre que celuide chef de brigade, que lui avait conféré <strong>la</strong> métropole,se promettant de se démettre de ces fonctionsentre les mains du général dès que l'ordre seraitrétabli.Cette première atteinte ne fut pas plutôt portée àl'autorité légitime, que les insurgés, excités parIgnace, Noël, Corbet, Codou et plusieurs autres


( 91 )officiers des plus véhémens, voulurent marcher contrele général, sous <strong>la</strong> conduite du nouveauAn X(l80l)commandanten chef. Pé<strong>la</strong>ge redoub<strong>la</strong> d'efforts pourfaire changer leurs dispositions, mais les rapportsinstantanés des déserteurs rompirent l'effet de sestentatives, et portèrent <strong>la</strong> fureur à un tel point,qu'il n'eut d'autre ressource que de fatiguer ces soldatspar des marches et des contre-marches , queretardait l'artillerie, feignant de chercher à les faireembarquer pour le Petit-Bourg. La nuit étant survenuelui servit de prétexte pour remettre l'expéditionau lendemain.Les commissaires réunirent aussitôt les principauxhabitans de <strong>la</strong> ville et leur firent désigner unedéputation, choisie parmi les hommes les plus respectables,pour aller faire une dernière tentativeauprès du capitaine-général et le ramener à des sentimensde paix. Cette résolution était prise à peine,qu'on vit arriver un aide-de-camp ; il était neuf heuresdu soir. Cet officier remit à Pé<strong>la</strong>ge une lettrepar <strong>la</strong>quelle le général le prévenait qu'il serait lelendemain matin à dix heures au passage de <strong>la</strong> RivièreSalée, pour conférer avec lui, l'assurant qu'ilétait plus que jamais convaincu de son attachementau gouvernement de, <strong>la</strong> métropole.On profita du moment pour éc<strong>la</strong>irer cet aide-decampet lui montrer <strong>la</strong> triste situation de <strong>la</strong> ville.Il vit au fort les soldats dormant à côté de leursfaisceaux, prêts à se mettre en marche à leur réveil,et sentit qu'au lieu de perdre en messages un temps


An X(l80l)(92 )précieux, le général ne comprimerait <strong>la</strong> révolte qu'envenant se montrer aux troupes, en leur promettantl'oubli du passé, et rappe<strong>la</strong>nt leur confiance parquelques marques de bonté. Pénétré de cette vérité,l'officier donna parole de ne rien négliger pour ydéterminer le capitaine-général. On convint, aveclui, que <strong>la</strong> conférence proposée aurait lieu sur mer,à <strong>la</strong> vue du port. Pé<strong>la</strong>ge l'écrivit au général, lui demandade lui faire connaître ses dernières volontéspar une autre pirogue, et l'aide-de-camp repartità une heure après minuit.Le 2 brumaire au point du jour ( 2 4 octobre), Pé<strong>la</strong>geréunit les officiers, leur communiqua <strong>la</strong> lettrequ'il avait reçue, parvint à leur inspirer, ainsi qu'à<strong>la</strong> troupe, le sentiment de leur devoir, et leur fitprêter serment de se soumettre au capitaine-général,dès qu'il paraîtrait.Cependant, <strong>la</strong> pirogue n'arrivant pas, on fit partir<strong>la</strong> députation, composée des vingt-cinq hommesles plus considérés dans les autorités civiles, militaireset le commerce. Ils étaient embarqués etal<strong>la</strong>ient s'éloigner, lorsque le même aide-de-campparut et annonça que le capitaine-général le suivaitde près pour <strong>la</strong> conférence. On partit aussitôt; onaborda le premier chef avec des <strong>la</strong>rmes et des supplications, le conjurant d'oublier le passé et defaire précéder son entrée en ville par un pardongénéreux , afin de détourner les maux d'une guerreintestine.Mais le général reçut les députés avec dureté, les


( 93 )accusa d'être les auteurs de <strong>la</strong> révolte et les menaçade les faire punir. Alors ils prirent un ton plus sévère;le seul M. Lombard, négociant infirme etrespectable , qui s'était fait porter aux pieds du général,continua d'embrasser ses genoux et dechercher à l'attendrir par ses <strong>la</strong>rmes et par sesprières (1).An X(l80.)(1) M. Lombard, quoique paralytique depuis près de dixans, voulut accompagner <strong>la</strong> députation; des grenadiersde couleur accoururent en foule, le prirent dans son fauteuilet le portèrent, sur leurs épaules, jusqu'au lieu del'embarquement.(Mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, tom. 1ER, pages 104 à116.)


( 94 )CHAPITRE V.Le capitaine-général revient à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître; il estembarqué de vive force.An X APRÈS beaucoup d'hésitations et de pourparlers,(l80l)le capitaine-général céda enfin et ordonna de faireroute pour <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre. Des acc<strong>la</strong>mations dejoie retentirent de toutes parts , et furent répétéespar <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion entière, lorsqu'il entra dans le port.Pé<strong>la</strong>ge s'avança à <strong>la</strong> tête des commissaires et deshabitans pour lui rendre les honneurs accoutumés;mais le général, n'écoutant que le sentiment del'offense faite à son autorité, le reçut avec mépris.Quoiqu'on lui assurât que <strong>la</strong> conduite mesurée dece colonel venait de sauver <strong>la</strong> ville, il lui adressa desreproches violens, lui imputa les torts les plus graves,exigea que lui et tous les officiers donnassentleur démission et que les troupes missent bas lesarmes. Un murmure sinistre s'étant alors fait entendre, le général finit par ces mots : allons à <strong>la</strong> municipalité,de là nous monterons au fort, de <strong>la</strong> victoire,où je parlerai moi-même aux troupes.


( 95 )À <strong>la</strong> commune, le général ne put contenir sonressentiment; il manifesta les mêmes volontés, traitases auditeurs en termes les plus durs, et les menaçade les faire punir tous suivantdes lois.<strong>la</strong> rigueurSes paroles, portées au dehors, et communiniqnéesde proche en proche, irritèrent des passionsqu'il eût été sans doute plus prudent de calmer,et ne tardèrent pas à provoquer une explosiongénérale.Bientôt des chasseurs noirs, commandés par lelieutenant Codou , pénètrent dans <strong>la</strong> salle, <strong>la</strong> baïonnetteen avant, criant d'une voix terrible: vivrelibres ou mourir. Ils brisent <strong>la</strong> balustrade, se font,jour au travers des officiers municipaux, des commissaires,des députés, et sont prêts à percer leurgénéral !.... Pé<strong>la</strong>ge le couvre de son corps , Olivier,Fitteau et le capitaine Gédéon, qui avaient été arrêtéset devaient être déportés, se précipitent au-devautdeces furieux pour le préserver. Pé<strong>la</strong>ge reçoitun coup de baïonnette à <strong>la</strong> figure, qui fait couler sonsang; ce spectacle ralentit <strong>la</strong> fougue des assail<strong>la</strong>ns,et il saisit ce moment pour faire monter le généraldans une chambre haute.Reconnaissant, mais un peu tard, <strong>la</strong> nécessitéde se plier aux circonstances, le général dit à Pe<strong>la</strong>gede se rendre au fort pour haranguer les troupes,leur promettre, en son nom , l'oubli du passé,et les préparer à l'inspection qu'il vou<strong>la</strong>it aller enpasser lui-même. Pe<strong>la</strong>ge accepte cette mission avecAn S(1018)


( 96 )An xjoie, mais avant d'aller <strong>la</strong> remplir, il a soin de p<strong>la</strong>cerdes postes d'hommes dévoués pour veiller à(1601)<strong>la</strong>sûreté du général, et leur fait jurer de le défendreenvers et contre tous.Il venait de partir lorsque le capitaineIgnace,suivi d'un grand nombre de ses satellites , force lesconsignes monte dans <strong>la</strong> salle où est le général,environné des fonctionnaires publics, et lui ditqu'il faut se rendre de suite au fort de <strong>la</strong> victoire ,où sa présence est nécessaire, et où les troupes ledemandent avec instance. Réduit à n'avoir plus devolonté devant ces rebelles, le général descend , sep<strong>la</strong>ce, avec ses aides-de-camp et ceux qui l'entourent,au milieu des détachemens qui l'attendent, etse rend au fort au son d'une musique militaire.Pé<strong>la</strong>ge commençait à haranguer les troupes etune partie de <strong>la</strong> garde nationale réunies. Surpris de<strong>la</strong> prompte arrivée du général, il fait aussitôt battreaux champs, présenter les armes, et des cris d'allégressepartent de tous les rangs. Le général commencel'inspection, ayant à ses côtés Pé<strong>la</strong>ge et tousles fonctionnaires. A peine a-t-il fait vingt pas,qu'un bruit confus s'élève , plusieurs voix font entendreles cris : à bas Lacrosse , vive <strong>la</strong> liberté ! vivrelibres ou mourir! mille autres voix les répètentet les soldats rompent leurs rangs.Pé<strong>la</strong>ge et les commissaires indignés se serrentautour du capitaine-général; les baïonnettes lesécartent. L'audacieux Ignace, qui dirigeait ce mouvement,paraît à <strong>la</strong> tête de ses satellites, pousse le


(97 )capitaine-général dans <strong>la</strong> salle de discipline devant<strong>la</strong>quelle on se trouvait alors, ferme <strong>la</strong> porte sur luiet prend <strong>la</strong> clef en disant : personne autre que moine pénétrera dans cette prison (1).Cet événement extraordinaire qui se passa, pourainsi dire, avec <strong>la</strong> rapidité de l'éc<strong>la</strong>ir, p<strong>la</strong>ça Pe<strong>la</strong>gedans une situation très - difficile.Son autoritéétait plus que chance<strong>la</strong>nte; <strong>la</strong> moindre tentative enfaveur du pouvoir légitime exposait les jours dugénéral ; Ignace, son féroce geolier, avait acquis untrop puissant empire et les eût sacrifiés l'un et l'autre.Pendant les douze jours que le capitaine-généralresta ainsi détenu, il entendit souvent proférer <strong>la</strong>terrible menace de l'égorger, avec tous les individusarrêtés le 29 vendémiaire. Les révoltés poussèrentl'audace jusqu'à vouloir les faire juger militairement.La ville ne cessa de trembler pour eux et n'osacroire au bonheur de sauver leur personne. Pé<strong>la</strong>gey employa tous ses moyens; il parvint à obtenir desrebelles qu'ils ne tremperaient point leurs mainsdans le sang de leur chef et le renverraient en Francesain et sauf. Profitant de ces dispositions favorables,il fit préparer un bâtiment danois pour le rece-An X(1801)(1) Le mû<strong>la</strong>tre Delgrés , 1er aide-de-camp du capitainegénéral, fit de vains efforts pour entrer avec lui, dans <strong>la</strong>salle de discipline; on le repoussa, et nous le verronsbientôt se mettre à <strong>la</strong> tête des révoltés.III7


An X(1801)(98 ).voir, et l'embarqua, le 14 brumaire (5 novembre),avec ses deux aides-de-camp européens.Cette délivrance inespérée comb<strong>la</strong> de joie tous leshabitans ; et le capitaine-général, en mettant le pieddans le canot qui le portait à bord , serra avec transport<strong>la</strong> main de son libérateur.Mais on ne put obtenir le départ des autres détenus; ce ne fut que quelque temps après qu'on réussità les faire sortir de prison et à leur faire donnerdes congés pour se retirer où ils voudraient (1).(1) Mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1er, pages 116à 125, et page 18 des notes.Rapport de témoins ocu<strong>la</strong>ires dignes de foi.


( 99 )CHAPITRE VI.Commandement de Pé<strong>la</strong>ge. — Conseil provisoire. —L'amiralLacrosse à <strong>la</strong> Dominique.LA Guadeloupe, sans chef, ressemb<strong>la</strong>it à un vaisseausans pilote battu par <strong>la</strong> tempête, dont l'équipageet les passagers se disputent <strong>la</strong> direction. Ellese voyait, avec effroi, livrée à <strong>la</strong> merci d'une forcearmée, de plus de quatre mille hommes, dont <strong>la</strong>presque totalité se composait de noirs révoltés, quibravaient le petit nombre de militaires b<strong>la</strong>ncs etde couleur restés fidèles à <strong>la</strong> mère-patrie, et n'écoutaientque les perfides suggestions d'Ignace et deses complices. A ceux-là se joignaient deux millenègres marins, devenus oisifs depuis le traité depaix avec les Etats-Unis ; d'anciens et de nouveauxaffranchis sans propriétés; des vagabonds, accourusde toutes les colonies; une multitude de nègres cultivateurs,à qui le décret, du 16 pluviose an 2, avaitdonné <strong>la</strong> liberté , et qui , ne sachant ni où ellecommence, ni où elle finit, <strong>la</strong> faisaient consisterdans tous les excès de <strong>la</strong> licence ; enfin tous ces Eu-AN X(l80l)


An X(l80l)( 100 )ropéens appelés petits b<strong>la</strong>ncs, matelots déserteurs,gens sans famille et sans aveu, disposés à saisir toutesles occasions de faire main basse sur ce qui offraitune proie à leur avidité.La colonie n'avait à opposer à cette tourbe dangereuseque peu de b<strong>la</strong>ncs, quelques propriétaires etmarchands honnêtes parmi les hommes de couleur,et le petit nombre de colons que l'espoir du bon ordreavait ramenés dans leurs foyers. Quand il eûtété possible de les réunir tous, ils n'étaient, re<strong>la</strong>tivementà leurs adversaires, que dans <strong>la</strong> proportiond'un sur vingt.Après le premier moment de stupeur, les habitansde <strong>la</strong> Pointe-à-Pître se rassemblèrent, commepar inspiration, à <strong>la</strong> municipalité. Le militaire leplus élevé en grade , Pé<strong>la</strong>ge , dont le dévoûment à<strong>la</strong> colonie et à <strong>la</strong> France n'était pas douteux, et qui,plus qu'aucun autre, pouvait préserver <strong>la</strong> Guadeloupedes malheurs qui <strong>la</strong> menaçaient, fut instammentpressé de prendre le commandement jusqu'àl'arrivée d'un nouveau chef. 11 accepta, mais à conditionque les commissaires provisoires continueraientleurs fonctions , et que les colons l'aideraientde leurs lumières et de leurs avis.Ce gouvernement de fait exprima dans tous sesactes son attachement invio<strong>la</strong>ble à <strong>la</strong> métropole,s'occupa d'arrêter les progrès de l'insurrection, decalmer les esprits et de redonner de l'activité auxtravaux. Pour revêtir l'administration d'une autoritéplus légale , Pé<strong>la</strong>ge invita, le 19 brumaire (10


( 101 )novembre), les habitans de tous les quartiers de <strong>la</strong>colonie à concourir à l'organisation d'un gouvernementprovisoire, sous <strong>la</strong> dénomination de conseil,qu'il présiderait en attendant les ordres de <strong>la</strong> France.Il désigna, pour former ce conseil, MM. HyppoljteFrasans et Danois, commissaires actuels ;Côme Corneille, homme de couleur, propriétaire etnotaire; et pour secrétaire-général Pierre Piaud,ancien officier.Les propriétaires, accourus à ces assemblées dequartier, élurent, par des actes solennels, les hommesqui leur étaient proposés, et votèrent des remercîmensà Pé<strong>la</strong>ge et à ceux qui s'étaient joints àlui pour préserver <strong>la</strong> colonie des horreurs d'uneguerre civile.Le conseil provisoire s'instal<strong>la</strong>, le 2 4 brumaire(15novembre), et son premier acte fut de jurer fidélitéet attachement à <strong>la</strong> mère-patrie. Il instruisit le premierconsul des motifs qui l'avaient déterminé à accepterprovisoirementlesrênes du gouvernement etle supplia de donner une base fixe à l'administrationde <strong>la</strong> colonie, par l'envoi d'un délégué immédiat. 11fit prêter, de nouveau, serment de fidélité aux troupeset, s'entourant d'un appareil imposant et defonctionnaires dévoués à <strong>la</strong> France, il chercha àréveiller dans tous les cœurs l'amour de <strong>la</strong> discipline,de l'ordre et du nom français; déjoua lestentatives ambitieuses des factieux; et parvint,malgré leurs p<strong>la</strong>intes et leurs murmures, à les éloignerdes p<strong>la</strong>ces qu'ils avaient usurpées.An X(1801)


An X(1801)( 102 )Cependant le général Lacrosse, rencontrant, lejour de son départ, <strong>la</strong> frégate the Tamer, l'avaitaccostée pour réc<strong>la</strong>mer sa protection, et s'était faitconduire vers l'amiral Duckworth, qui commandaitles forces ang<strong>la</strong>ises à <strong>la</strong> Martinique. Cette confianceen <strong>la</strong> générosité britannique fut punie, ainsi qu'ellel'a été dans tous les temps, et l'amiral Duckworthtraita comme prisonnier l'homme qui venait implorerson appui. Déjà le général Lacrosse se trouvaittransféré à bord d'un vaisseau de 74, prêt à fairevoile pour l'Angleterre , lorsqu'un paquebot apportale premier avis de <strong>la</strong> signature des négociations d'Amiens.Le général Lacrosse profita de cet heureux événementpour demander à descendre à <strong>la</strong> Martinique; mais, repoussé par les habitans, il obtint d'allerà <strong>la</strong> Dominique, où il se fit débarquer, le 3o brumaire(21 novembre). L'espoir qu'à cet te proximité<strong>la</strong> paix ferait naître quelque circonstance assez favorablepour lui permettre de reprendre les rênesdu gouvernement de <strong>la</strong> Guadeloupe , le déterminasans doute à ce parti; mais le séjour qu'il fit dansune île ennemie changea sa position à l'égard de <strong>la</strong>colonie. Depuis long-temps il entretenait desre<strong>la</strong>tions avec le gouverneur Andrew CochraneJohnston. Cet Ang<strong>la</strong>is , un des adversaires de<strong>la</strong> France les plus prononcés, accueillit le généralfrançais et s'empressa de lui offrir un asile,non par un sentiment, d'hospi<strong>la</strong>lité , niais plutôtdans l'attente que <strong>la</strong> présence de ce général lui four-


( 103 )nirait l'occasion de bouleverser <strong>la</strong> Guadeloupe etse venger des armateurs de cette colonie , dont les-corsaires avaient enlevé, à ce gouverneur-négociant,deux bâtimens richement chargés. Il comptait d'ailleursque les conférences d'Amiens n'auraient pasplus de succès que n'en avaient eu celles de Paris,en 1796; celles de Lille, en 1797 5 et que les bâtimens, que ces préliminaires al<strong>la</strong>ient faire expédierpar le commerce de France, deviendraient en partiesa proie (1).Le Miroir de l'Europe, gazette de <strong>la</strong> Dominique,annonça aussitôt « que le capitaine-général» Lacrosse résiderait à <strong>la</strong> Dominique jusqu'à l'ar-» rivée de sept vaisseaux de ligne et de douze mille» hommes de troupes qu'on lui envoyait.... La» France et l'Angleterre devaient réunir leurs for-» ces pour réduire <strong>la</strong> Guadeloupe. Les infâmes in-» surgés devaient tous être déportés à Madagascar.» En attendant le jour affreux de <strong>la</strong> vengeance, les» bâtimens ang<strong>la</strong>is avaient ordre d'intercepter tout» ce qui viendrait deFrance etde le faire entrer à <strong>la</strong>An x(1801)(1) C'est ainsi que l'Angleterre a calculé, à toutes lesépoques de nos traités avec elle, sans jamais dévier de <strong>la</strong>route qu'elle s'est tracée, et qu'indiquait si Lien <strong>la</strong> réponsed'un de ses anciens ministres aux réc<strong>la</strong>mations de notreambassadeur : Si nous voulions être justes avec vous,messieurs les Français, nous n'aurions par six moisd'existence.


An X(l80l)( 104 )» Dominique. » En effet, des croiseurs furent envoyéspour éloigner de <strong>la</strong> Guadeloupe tous les bâtimens,répandre le bruit que cette île était en pleine insurrectionet qu'on s'y égorgeait.Afin que l'article de <strong>la</strong> Gazette ang<strong>la</strong>ise pût produiretout l'effet qu'on en attendait, <strong>la</strong> frégate theTamer fut expédiée, le 2 frimaire ( 23 novembre),à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, sous prétexte d'y annoncer <strong>la</strong>signature des préliminaires de paix; mais en réalitépour y répandre cette gazette. Les troupes ne l'eurentpas plutôt lue, qu'elles entrèrent en fureur;l'idée que l'amiral Lacrosse, et les Ang<strong>la</strong>is qu'ellesavaient battus tant de fois, vou<strong>la</strong>ient venir les soumettreà leur joug vindicatif, excitait <strong>la</strong> plus viveindignation. Ignace, Massoteau, Paléme, Noël,Corbet, Codou et autres meneurs , voyant qu'ons'opposait au projet de descente à <strong>la</strong> Dominique,qu'ils avaient résolu, crurent que Pé<strong>la</strong>ge et le conseilétaient d'intelligence avec le général Lacrosse et lestrahissaient. Ils conspirèrent contre eux, et avisèrentaux moyens de faire passer le pouvoir dans lesmains des seuls noirs.Mais leur complot avorta par <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce dePé<strong>la</strong>ge; et le conseil, sans paraître l'approfondir,iso<strong>la</strong> les conjurés en leur donnant des commandemenséloignés, et neutralisa leur malveil<strong>la</strong>nce en <strong>la</strong>mettant en opposition avec leur ambition.Le conseil, instruit que <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Pensée, expédiéede Brest en parlementaire, pour porter à <strong>la</strong>Guadeloupe, avec <strong>la</strong> nouvelle des préliminaires de


( 105 )paix, le préfet Lescalier et le commissaire de justiceCoster , avait été détournée et était entrée à <strong>la</strong> Dominique,après vingt-huit jours de traversée,s'empressa d'envoyer une députation au capitainede cette frégate pour l'engager à venir remplir samission. Afin de disposer favorablement le gouverneurJohnston, cette députation était chargée delui remettre, sans échange, trois prisonniers deguerre ang<strong>la</strong>is, et une lettre des plus obligeantes.Mais ni les prisonniers, ni <strong>la</strong> lettre, ni les représentationsqu'on lui fit, ne purent rien gagner sur <strong>la</strong>morgue britannique, il empêcha <strong>la</strong> députation d'aborder<strong>la</strong> frégate, et l'obligea de repartir sans avoirrempli sa mission, emportant seulement le numérodu moniteur qui contenait les articles préliminairesdu traité d'Amiens. Ce fut sur ce simple documentque le conseil provisoire s'empressa de proc<strong>la</strong>mer<strong>la</strong> paix , avec <strong>la</strong> plus grande solennité.La frégate <strong>la</strong> Pensée vint se montrer, le 20 frimaire(12 décembre), sur les côtes de <strong>la</strong> Guadeloupe.Vainement une nouvelle députation fut envoyéepour l'inviter, au nom de <strong>la</strong> colonie, à se rendre à<strong>la</strong> Pointe-à-Pitre. Le capitaine répondit : que lesordres qu'il avait du gouvernement siégeant à <strong>la</strong>Dominique s'y opposaient; il se contenta d'envoyerun canot avec un officier chargé de tout voir,de tout examiner et de mettre à terre six soldatsnoirs appartenans à <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Cornélie. On futtrès surpris de trouver dans leurs sacs de nombreuxexemp<strong>la</strong>ires d'une proc<strong>la</strong>mation, datée du 5 fri-An X(l80I)


An X(l80l)( 106 )maire (26 novembre), et faite au nom de Lacrosse,Lescalier et Coster, magistrats composant le gouvernementde <strong>la</strong> Guadeloupe. Elle portait : ,— Qu'ensuite de l'expulsion du capitaine général— Le gouvernement résiderait dans l'île ang<strong>la</strong>isede <strong>la</strong> Dominique jusqu'à <strong>la</strong> prochaine arrivéed'une expédition... — Que tous les employés militaireset civils de <strong>la</strong> colonie, qui n'avaient pasl'agrément de ce gouvernement, étaient déc<strong>la</strong>réstraîtres à <strong>la</strong> patrie, et qu'on engageait tous les bonscitoyens à résister avec courage à leurs usurpations,injustices et vexations—!La frégate al<strong>la</strong> en faire autant à <strong>la</strong> Basse-terre ety débarqua neuf autres militaires noirs chargés d'yrépandre cette même proc<strong>la</strong>mation.Si ces imprimés eussent été remis aux troupes,comme les agents qui en étaient porteurs, avaientordre de le faire, les plus grands troubles en eussentété le résultat ; et on dut s'étonner de ce queMM. Lescalier et Coster, à peine débarqués à <strong>la</strong>Dominique, se. fussent, prêtés à une mesure quipouvait bouleverser <strong>la</strong> Guadeloupe, avant d'avoirréfléchi à ses conséquences et à <strong>la</strong> position dans<strong>la</strong>quelle ils se p<strong>la</strong>çaient.Le conseil fit une nouvelle tentative pour les détromperet députa, vers ces deux magistrats, douzehabitans des plus distingués de <strong>la</strong> Basse-Terre et de<strong>la</strong> Pointe-à-Pître; mais ils ne furent pas plus heureuxque ceux qui les avaient précédés. Arrivés à <strong>la</strong>Dominique, le gouverneur Johnson ne permit qu'à


( 107 )trois d'entre eux de débarquer ; il leur <strong>la</strong>issa à peine An X(l80l)Je temps de remettre à MM. Lescalier et Coster lesdépêches où on leur rendait compte de tous lesactes de l'administration, depuis l'absence du capitaine-général;en les invitant à venir prendre legouvernement de <strong>la</strong> colonie, qu'ils conserveraientavec un fil, et qu'ils ne pourraient qu'anéantir avecune barre de fer.L'inutilité de ces tentatives, jeta <strong>la</strong> Guadeloupedans une grande perplexité. La mauvaise réceptionfaite à ses derniers députés n'y fut pas plutôt connue,que toutes les haînes se réveillèrent; les proposles plus violens furent tenus parmi les noirs, et cespropos ne tardèrent pas à être suivis d'actes qui yrépondaient (1).(1) Mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe, tome1er, pages 125 à 168.


( 108 )CHAPITRE VII.La Guadeloupe sous le conseil provisoire.An X(l80l)Six cents nègres vagabonds, dirigés par troisde leurs agitateurs , s'assemblèrent en armes, dans<strong>la</strong> nuit du 23 frimaire (14 décembre), sur le terrainau-dessus de l'hôpital militaire de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître; leur dessein était de massacrer les b<strong>la</strong>ncs etde piller <strong>la</strong> ville. Des coups de fusils se firent entendreprès de l'arsenal; <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en désordreparcourait les rues , en poussant des cris d'a<strong>la</strong>rme ;l'obscurité de <strong>la</strong> nuit ajoutait à <strong>la</strong> consternation.Pé<strong>la</strong>ge, les membres du conseil, divers officierset les dragons de <strong>la</strong> garde nationale, se réunirent sur<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce pour repousser les brigands ; que pouvaitleur petit nombre, si <strong>la</strong> force armée se joignait à cerassemblement? Heureusement elle resta fidèle; lescompagnies d'élite se prononcèrent pour le bonordre, et imposèrent aux nègres de celles du centre,qui avaient paru prêtes à s'ébranler. De sages dispositionsfurent faites ; on parvint à dissiper les séditieux, à déporter les trois chefs, et à faire rentrer


( 109 )An Xtous les autres dans leurs ateliers ; mais cette insurrectiondonna <strong>la</strong> mesure de ce qu'on devait(1801)appréhender,si <strong>la</strong> Dominique persistait dans l'état deguerre sourde où elle s'était mise à l'égard de <strong>la</strong>Guadeloupe.Le conseil s'était adressé aux autorités supérieuresde <strong>la</strong> Martinique ( 1 ) , dans l'espoir qu'elles pourraientlever les obstacles qui s'opposaient aux communicationsde <strong>la</strong> colonie avec ses magistrats.Il crut qu'une députation moins nombreuse et unvoeu plus généralement exprimé, pourraient mieuxréussir auprès de MM. Lescalier et Coster; il leurenvoya , le 5 nivôse (26 décembre), trois habitansélus par <strong>la</strong> colonie entière. La députation étaitchargée de présenter à ces deux chefs, les adressesde chacun des quartiers, pour les presser instammentde se rendre à leur poste; et les assurer qu'ilsétaient tous disposés à faire aveuglément ce qu'ilsordonneraient.Cette députation ne fut pas mieux accueillieque les précédentes. Un seul de ses membres eut<strong>la</strong> permission de voir MM. Lescalier et Coster, deleur remettre les adresses des habitans, et de leurparler en présence du général Lacrosse et de l'ang<strong>la</strong>isJohnson. Ces deux magistrats ayant trouvé lemoment d'entretenir en particulier le député de <strong>la</strong>(1) Le gouverneur-général Keppel, et l'amiral Duckworth.


An x(1801)( 110 )Guadeloupe, lui témoignèrent le plus grand intérêtpour <strong>la</strong> colonie, mais ils lui avouèrent , Quedans l'espéce de captivité où ils étaient réduits, ilsn'étaient pas libres de suivre leur volonté. La députationreçut l'ordre de s'éloigner et partit sansavoir rien obtenu.Bientôt un manifeste, signé des trois chefs siégeantà <strong>la</strong> Dominique, fut publié. La prétendue rébellionde <strong>la</strong> Guadeloupe contre <strong>la</strong> métropole, futdénoncée à toutes les puissances amies ou alliées ; àtous les commandans de terre et de mer, qui furentrequis d'interrompre toute communication aveccette île, de cesser même d'y porter aucune provisionde bouche, déc<strong>la</strong>rant que, par autorisation desAng<strong>la</strong>is,le lieu fixé, jusqu'à nouvel ordre, pourl'arrivée et le mouil<strong>la</strong>ge des bâtimens, était auxSaintes... !Le conseil chercha à atténuer l'effet de ce manifestepar une réponse qui contenait l'exposé des événemens, celui de sa conduite et une protestation solennelledu dévouement de <strong>la</strong> Guadeloupe à <strong>la</strong>France.Mais le manifeste, jeté à profusion par l'escadreang<strong>la</strong>ise, sur les côtes de l'île, exalta les têtes desmilitaires, donna lieu à mille propos séditieux, etfaillit exciter une insurrection dans plusieurs quartiers.Pé<strong>la</strong>ge et un autre membre du conseil furentobligés de se transporter, à plusieurs reprises, à <strong>la</strong>Basse-Terre, pour y comprimer les perturbateurs,


( 111 )calmer l'agita lion occasionée par <strong>la</strong> découverted'un complot tendant à livrer aux Ang<strong>la</strong>is les fortset les bâtimens de <strong>la</strong> colonie, et pour faire arrêter,juger et exécuter huit nègres coupables d'avoir assassiné,le 28 nivôse (18 janvier), une famille deb<strong>la</strong>ncs sur l'habitation Ducharmoy; on craignaitque tous les autres nègres ne se révoltassent pourdélivrer ces criminels (T.).Ces désordres étaient autant de motifs pour quele conseil n'interrompît pas sa correspondance avec<strong>la</strong> mère-patrie. Divers bâtimens des États-Unis,avaient été déjà chargés de ses dépêches; il avaitmême expédié directement deux goëlettes, pourporter au premier consul, et au ministre de <strong>la</strong>marine, l'hommage de sa fidélité à <strong>la</strong> France et tousles actes de son administration (2). Mais ayant àcraindre que les croisières de <strong>la</strong> Dominique ne leseussent interceptées, il en adressa de nouvelles par<strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Cocarde, qu'il fit caréner et dont ilcompléta l'équipage. Trois députés de <strong>la</strong> colonie s'yembarquèrent avec <strong>la</strong> mission de porter au gouvernementune adresse de chacun des quartiers, etAn X(l802)(1) Les deux frères Sa<strong>la</strong>ger furent massacrés, sur cettehabitation; leur sœur, blessée d'une balle, se défenditen héroïne et parvint à se débarrasser des assassins. Elleest en France mariée au chef de bataillon Gallois.(2) Le Moniteur du 8 floréal an 10 (28 avril 1802)contient l'acte de son instal<strong>la</strong>tion.


An X(1802)( 112 )l'officier qui <strong>la</strong> commandait, donna sa parole deles conduire directement en France, sans toucherà <strong>la</strong> Dominique. Mais en sortant du port, il fit routepour cette île; les députés furent livrés, avec toutesleurs dépêches, et <strong>la</strong> Guadeloupe se trouva privéede <strong>la</strong> seule ressource qui lui restait pour appaiserle gouvernement irrité (1).Aussitôt que les troupes virent cette frégate augmenterle nombre des croiseurs ang<strong>la</strong>is, elles s'imaginèrentque le conseil était d'intelligence avec legénéral Lacrosse pour lui livrer ce bâtiment et quel'envoi de <strong>la</strong> députation en France, n'avait été qu'unprétexte adroit pour avoir des négociateurs à <strong>la</strong>Dominique. Ces idées acquirent plus de force, par<strong>la</strong> sévérité du blocus, et par le camp vo<strong>la</strong>nt, composéde réfugiés , qu'on forma aux Saintes, occupéespar les Ang<strong>la</strong>is. Le parti de l'insurrection crut quePé<strong>la</strong>ge était devenu, pour les b<strong>la</strong>ncs , un instrumentaveugle qu'ils briseraient à l'instant où il ne leur seraitplus utile ; ce parti s'agita de nouveau, menaça dedestituer Pé<strong>la</strong>ge, de casser le conseil et de se donnerun autre chef et un autre gouvernement dont lesb<strong>la</strong>ncs seraient exclus.Tout semb<strong>la</strong>it conspirer pour opérer cette révo-(1) Le même numéro du Moniteur contient aussi unelettre du général Lacrosse, où il rend compte au ministrede l'arrivée de cette frégate à <strong>la</strong> Dominique, de l'arrestationdes députés et de <strong>la</strong> saisie des dépêches.


( 113 )lution. Sur une fausse nouvelle de l'entrée du généralLacrosse à Marie-Ga<strong>la</strong>nte, des officiers b<strong>la</strong>ncs,de <strong>la</strong> Basse-Terre, eurent l'indiscrétion d'annoncerson débarquement prochain à <strong>la</strong> Guadeloupe, sepermirent des menaces, des bravades et poussèrentl'imprudence jusqu'à parler de s'emparer du fort.Les d eux chefs des noirs, les plus ardens, Delgrés etMassoteau, qui commandaient l'arrondissement et<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Basse-Terre, se mirent aussitôt à <strong>la</strong>tête des troupes, marchèrent contre ces officiers,en arrêtèrent douze, qu'ils traînèrent au fort, braquèrentle canon sur <strong>la</strong> ville et menacèrent de mettretout à feu et à sang, si quelque habitant osait proposerde recevoir le général Lacrosse. Les nègresdes campagnes accoururent en foule; Massoteaules enrô<strong>la</strong>. Les douze officiers furent embarqués etrenvoyés de <strong>la</strong> colonie (1) : <strong>la</strong> Basse-Terre étaitplongée dans les plus affreuses a<strong>la</strong>rmes.Un membre du conseil s'y rendit sur-le-champ,et bientôt après, Pé<strong>la</strong>ge s'y transporta à l'improviste,accompagné d'officiers, et de dragons intrépides.11 remp<strong>la</strong>ça, par le capitaine Gédéon, sur lequel onpouvait compter, Massoteau qui exerçait une influencefuneste sur Delgrés, et lui ôta le moyen denuire en le rep<strong>la</strong>çant dans sa compagnie, à <strong>la</strong> Pointeà-Pître.Cet acte d'autorité imposa aux mécontensAn X(1802)(1) Ils allèrent à <strong>la</strong> Dominique.III. 8


An X(l802)(114)pris au dépourvu , on parvint à ramener dans leursateliers les nègres enrôlés par Massoteau,conduite de Gédéon,répondant à l'attente générale,<strong>la</strong> tranquillité se rétablit.et <strong>la</strong>L'espoir d'un meilleur avenir répandit de l'activitésur tous les travaux et l'on n'entendit plusparler ni de complots ni d'insurrections.Le conseil provisoire donna des soins attentifs à<strong>la</strong> police, à l'agriculture et débarrassa le commercede beaucoup d'entraves. Malgré les effortscontinuels des croiseurs de <strong>la</strong> Dominique, et lesbruits qu'ils répandaient, on vit arriver, à <strong>la</strong> Pointeà-Pitreet à <strong>la</strong> Basse-Terre, un grand nombre denavires nationaux et étrangers (1).Le président des États-Unis, Jefferson, y envoya,pour <strong>la</strong> première fois, un agent commercial,M. Edward Jones. Arrêté par les croiseurs qui vou<strong>la</strong>ientle conduire à <strong>la</strong> Dominique, cet agent leurrépondit, « qu'il avait, ordre de se rendre à <strong>la</strong>« Guadeloupe et qu'il ne pouvait, sous aucun pré-(1) Le Moniteur du 19 germinal an 10(8 avril 1802),contient <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration de deux bâtimens de Bordeaux etd'Anvers; à leur départ de <strong>la</strong> Guadeloupe, <strong>la</strong> culture et lecommerce étaient en pleine activité, les mulâtres étaientréunis aux b<strong>la</strong>ncs pour le maintien du bon ordre; quoiqu'ilpût y avoir encore quelques inquiétudes, tout promettaitque le gouvernement légitime y serait rétabli sanssecousse, et on y attendait impatiemment une divisionfrançaise.


( 115 )« texte, allez chercher chez les Ang<strong>la</strong>is le gouver-« nement de cette colonie. » Sa surprise fut grandede ne voir régner que le bon ordre dans l'île qu'onlui avait représentée comme livrée au brigandage ,et à tous les excès (1).Les comptes que produisit le conseil, secondépar l'intégrité et les lumières du chef d'administrationRoustagneuq, offrent aussi <strong>la</strong> preuve d'unesévère économie. Les bonnes mœurs lui durentd'avoir fait fermer les maisons de jeu, et plusieursfamilles, <strong>la</strong> restitution de leurs propriétés séquestrées(2).An X(l802)(1) Après l'arrivée du général Richepance, le préfetLescallier donna congé à cet agent, et les États-Unis n'enont plus envoyé.(2) Mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1er, page 169à 25l.


( 117 )LIVRE DIXIÈME.Expédition du général Richepance ,en 1802.CHAPITRE Ier.Arrivée du général Richepance. — Débarquementtroupes à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître.desLA paix définitive avait été conclue à Amiens, le25 mars 1802. Le bruit se répandait aux Antilles,que <strong>la</strong> France faisait des armemens considérablespour ramener les colonies sous ses lois et y détruirel'esprit de vertige et de révolte qui s'y était introduit.Il n'était question que de l'expédition formidablepartie pour Saint-Domingue , aux ordres du généralLeclerc, et de celle qu'on préparait pour <strong>la</strong> Gua-An x(1802)


An X(1802)( 118 )deloupe, sous le commandement du général Richepance.Ces deux colonies, qu'un gouvernementtrompé, par des rapports sans doute exagérés, sedisposait à traiter avec une égale rigueur, offrirentun contraste frappant des sentimens qui lesanimaient pour leur métropole. On vit Saint-Domingue déployer toutes ses forces, sous les étendardsde Toussaint, pour combattre les Français ets'opposer à leur débarquement, tandis que <strong>la</strong> Guadeloupe, sous les ordres de Pé<strong>la</strong>ge , faisait toutessortes d'apprêts pour les accueillir comme des libérateursardemment désirés.Déjà, dans l'espoir de devancer leur arrivée, leconseil provisoire s'était adressé au général Leclerc,le 4 ventôse et le 5 germinal (23 février et 26mars), lui avait envoyé, à Saint-Domingue, undéputé pour lui faire connaître <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong>Guadeloupe et le conjurer d'y détacher quelquestroupes de son armée avec un général, qui prendraitles rênes du gouvernement, en attendant le généralRichepance. Le général Leclerc, parfaitement instruitdes intentions pacifiques de cette colonie, s'étaitcontenté de lui expédier 200 grenadiers avec legénéral de division Boudet, qu'il savait y être aiméet respecté. Que de maux n'eût pas prévenus cegénéral, s'il y fût arrivé assez à temps pour recevoir<strong>la</strong> soumission des habitans, et désarmer <strong>la</strong> colèredu gouvernement, qui n'eût sans doute plussongé à venger l'outrage reçu dans <strong>la</strong> personne de sondélégué! mais <strong>la</strong> fortune semb<strong>la</strong> se réunir aux enne-


( 119 )An Xmis de <strong>la</strong> Guadeloupe ; <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Clorinde, expédiéeun peu tard pour y porter le général(1802)Boudet,et ses troupes, fut long-temps contrariée par lesvents , et n'arriva qu'après l'expédition.Dans l'intervalle, le général de brigade Sériziat,nommé pour remp<strong>la</strong>cer, à <strong>la</strong> Guadeloupe, le généralBéthencourt, vint de France sur <strong>la</strong> corvette <strong>la</strong> Diligente.Détourné par les croiseurs ang<strong>la</strong>is, il al<strong>la</strong>débarquer à <strong>la</strong> Dominique; mais il répugnait àl'honneur de ce brave guerrier d'habiter une terre,naguère ennemie de <strong>la</strong> France et toujours sa rivaleimp<strong>la</strong>cable. 11 al<strong>la</strong> chercher, aux Saintes , les Françaisdu camp vo<strong>la</strong>nt qui voulurent tenter avec luide prendre terre à Marie-Ga<strong>la</strong>nte, où le parti desnoirs dominait. 11 s'y présenta, protégé par les frégates<strong>la</strong> Pensée et <strong>la</strong> Cocarde, mais au lieu dele combattre, on l'accueillit avec enthousiasme.Bientôt une correspondance intime s'établit entrélui et le conseil, qui lui fournit tous les renseignemenset les approvisionnemens qu'il put désirer.Sa douceur, sa modération et son honnêteté, luiconcilièrent l'amour et l'estime des Guadeloupéens.Le conseil l'invita inutilement à venir à <strong>la</strong> PointeàPître, où on était empressé de lui céder tous lespouvoirs, ce général écrivit qu'un ordre seul, ducapitaine-général, aurait pu l'y déterminer, maisqu'il n'avait jamais reçu cet ordre...! (1).(1) Moniteur du 8 floréal, an 10 (28 avril 1802),


An X(l802)( 120 )Sur l'avis, qu'il transmit au conseil, que l'expéditionavait appareillé, de Brest, le 11 germinal(1 avril), les ordres furent réitérés pour préparerles vivres , les logemens, les hôpitaux et tout ce quipouvait être nécessaire à des troupes harassées par<strong>la</strong> navigation et le changement de climat.L'escadre parut enfin devant <strong>la</strong> Guadeloupe; elleétait composée des vaisseaux de 74 le Redoutable etle Fougueux ; des frégates <strong>la</strong> Volontaire, <strong>la</strong> Conso<strong>la</strong>nte,<strong>la</strong> Romaine et <strong>la</strong> Didon ; de <strong>la</strong> flûte, <strong>la</strong> Sa<strong>la</strong>mandre,et de trois transports, sous les ordres ducontre-amiral Bouvet. Elle avait à bord le général enchef Richepance, dont le nom rappe<strong>la</strong>it des souvenirsde gloire et de désintérressement ; les générauxde brigade Gobert et Dumoutier , l'adjudant-comrnandantchef d'état-major Menard, et 3470 hommesde troupes (1).Compte rendu par le général Lacrosse au ministre.—Mémoireparticulier de M. de Frasans, p. 25; — Mémoirepour <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1ER, pages 252 à 263.(1) Ces troupes se composaient des :Troisième bataillon de <strong>la</strong> 15 ede ligne, chefde bataillon Merlen, fort de 680Deuxième et Troisième bataillons de <strong>la</strong> 66 e ,sous les chefs Cambriels et Brunet 1605Du bataillon expéditionnaire, commandé parPillet (*)..... 460À reporter.... 2745(*) Ce chef de bataillon Pillet est le même qui, devenu général dans


( 121 )La frégate <strong>la</strong> Romaine, expédiée quelques joursavant, pour aller prévenir le capitaine-général Lacrosse,à <strong>la</strong> Dominique, avait rallié l'escadre le 14floréal ( 14 mai ), ayant à son bord le préfet Lescallier,le commissaire de justice Coster, et les officiersréfugiés auprès du capitaine-général.La division entra dans le Petit Cul-de-sac , le 16floréal (6 mai), ayant en tête <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Pensée ,venue de Marie-Ga<strong>la</strong>nte avec le général Sériziat etles 200 militaires qui s'étaient réunis à lui. Le gé-An X(l802)Report.... 2745De cinq compagnies de <strong>la</strong> 37e, ayant à leurtête le chef de bataillon Grenier38oDe deux compagnies de <strong>la</strong> 82 0 , capitainecommandantMonnerot 180D'une compagnie du 6e régiment d'artillerieà pied, capitaine Gélion 105D'un détachement du1ER de chasseurs à cheval,lieutenant Charaman 40Et d'une escouade d'ouvriers, vingt hommescy 203470<strong>la</strong> guerre d'Espagne, a long-temps <strong>la</strong>ngui dans les prisonsd'Angleterre.Il publia, en 1815, On ouvrage intitulé : l'ANGLETERRE VUE A LONDRES ETDANS SES PROVINCES , rempli d'affreux détails sur les mœurs intérieures dece pays, et sur les horribles traitemens qu'on faisait éprouver aux Françaissur les pontons. On s'est récrié sur cet ouvrage, mais aucun deceuxqui ont survécu à <strong>la</strong> barbarie des pontons, ne le trouveraexagéré.Le général Pillel mourut, à Paris, peu après cette publication.


An x(1802)( 122 )néral en chef avait passé à son bord, avec l'amiralBouvet et le général Gobert, dans l'intention defaire forcer <strong>la</strong> passe de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, par lesfrégates. Mais dans ce moment arriva, près de lui,une députation du conseil, avec le capitaine deport et douze pilotes, qui vinrent lui protester dudévoûment et de <strong>la</strong> disposition de tous les esprits à<strong>la</strong> plus entière soumission ; ils se donnèrent pourôtages. Le général en chef céda à leurs assurances ;crut à <strong>la</strong> sincérité de <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation que le conseilvenait de faire publier; et, malgré les obsessionsde ceux sortis de <strong>la</strong> Dominique , qui avaient pris àtâche de le porter à des mesures de rigueur contre<strong>la</strong> Guadeloupe, il donna l'ordre du débarquement(1).Les deux vaisseaux allèrent mouiller au Gozier,le reste de l'escadre entra dans le port de <strong>la</strong> Pointeà-Pître,et partout, le 16 floréal an 10, le débarquements'opéra avec sécurité. Les troupes furentaccueillies au milieu des cris d'allégresse par toute<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui demandait comme une faveur deles loger.(1 ) Les membres de <strong>la</strong> députation furent témoins du zèleque ces Français mirent à exciter les troupes et l'équipagede <strong>la</strong> Pensée, contre les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe,qu'ils appe<strong>la</strong>ient des brigands. (Mémoire pour les habitansde <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1er,page 266; mémoire particulierde M. de Frasans, un des témoins, page 17).


( 123 )Le chef de brigade Pe<strong>la</strong>ge reçut, sur le quai, lesofficiers et les troupes qui prenaient terre pouraller se réunir sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Victoire. Il dévora,en silence, les humiliations et les dégoûts donton l'abreuva; sa conduite inspira une telle confiancequ'on le <strong>la</strong>issa libre, quoiqu'on eût d'abord résolude l'arrêter ; le général en chef l'employa même, luidonna ordre de faire évacuer les casernes et les forts,par les troupes coloniales, et de les rassembler dans<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine de Stiwenson pour <strong>la</strong> revue qu'il vou<strong>la</strong>iten passer.Tout al<strong>la</strong>it bien jusques-là; mais en relevant lesdifférens postes, plusieurs officiers, venus de <strong>la</strong> Dominique, eurent l'imprudence d'insulter les soldatsde garde, de les désarmer, de les déshabiller et deles faire conduire, comme des criminels, à bord desfrégates, en leur disant que le général Lacrosse al<strong>la</strong>itarriver et qu'il n'y aurait point de grâce pour lesinsurgés du 29 vendemiaire. Un de ces officiers,d'après le rapport qu'il fit, obtint, du général enchef, l'ordre d'entrer, au pas de charge, dans lefort de <strong>la</strong> Victoire et de foncer à <strong>la</strong> bayonnette contrele détachement que Pé<strong>la</strong>ge y avait <strong>la</strong>issé pour <strong>la</strong>garde des magasins. Ignace, qui le commandait,n'eut que le temps de fuir avec sa troupe , et de seprécipiter du fort dans <strong>la</strong> campagne ; il al<strong>la</strong> semerl'a<strong>la</strong>rme parmi les nègres et leur persuada qu'on lestraitait en ennemis.Ces incartades ne pouvaient manquer d'occasionerbeaucoup d'autres désertions.An X(l802)


An X(l802)( 124)Le général en chef, tranquille possesseur de <strong>la</strong>ville et des forts, se porta, à <strong>la</strong> tête de ses troupes,dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine de Stiwenson, distante d'environ4oo toises de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, où il fut satisfaitdes soins que Pé<strong>la</strong>ge avait mis à réunir les bataillonscoloniaux, au nombre de 12 à 1500 hommes.Il était nuit quand il les vit; il les trouva cependantbeaux et bien sous les armes , leur par<strong>la</strong> le <strong>la</strong>ngagede <strong>la</strong> confiance, de <strong>la</strong> fermeté et leur fit cette courteharangue : Les guerriers que je vous amène ontvaincu l'univers par leur obéissance, obéissez...!mon intention est de me rendre demain matin à <strong>la</strong>Basse- Terre, ou je suis bien aise de vous avoir prèsde moi, et j'ai ordonné que vous vous embarquiezde suite sur les frégates.La moitié de ces troupes s'embarqua avec confianceet ne fut pas plutôt à bord qu'elle fut désarméeet mise à fond de cale.Le reste, et particulièrement les deux compagniesde grenadiers, ne vit dans cet embarquement quel'exécution des menaces inconsidérées faites par desofficiers , et prit <strong>la</strong> fuite à <strong>la</strong> faveur des ténèbres ,furieux contre Pé<strong>la</strong>ge qu'il accusait de les avoir trahis.Il répandit l'a<strong>la</strong>rme partout, et détermina <strong>la</strong>révolte de Delgrès et des troupes de <strong>la</strong> Basse-Terre,qu'on avait vues, ce jour même, dans des dispositionstoutes françaises, et qui avaient concouru , avec empressement, à <strong>la</strong> députation que <strong>la</strong> ville avait envoyéeà <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, pour assurer le généralen chef de leur fidélité et de leur soumission.


( 125 )On ne peut se le dissimuler, les malheurs qui vontaffliger cette colonie furent produits par de fauxrapports et d'imprudentes réactions, que les mémoiresdu temps ont signalés Le général en chefles aurait sans doute prévenus si, ne se fiant qu'àses propres lumières, il eût, en même-temps qu'ildébarqua une partie de ses troupes au Gozier, opéréun autre débarquement à <strong>la</strong> Basse-Terre pour contenirles mécontens qui allèrent s'y réfugier. Maisétranger aux colonies, pouvait-il ne pas se confieraux avis des personnes à qui elles étaient, ou paraissaientdevoir être mieux connues (I)?Au X(l802)(1) Rapports du général en chef Richepance, des 5 et 9prairial an 10 (Moniteur des 22 et 20 messidor an 10)(11 et 14 juillet 1802 ).Rapport du général Gobert, (Moniteur du 28 vendémiairean 11 ( 20 octobre 1802).Mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1ER, pages 252 à274.


( 126 )CHAPITRE II.Révolte des troupes noires, à <strong>la</strong> Basse-Terre. — Débarquementet premiers succès des troupes françaises.An X(1802)LE général Richepance faisait ses dispositions, le17 floréal au matin (7 mai), pour se rendre à <strong>la</strong>Basse-Terre, quand Pé<strong>la</strong>ge , alors gardé à vue pardeux officiers et vingt-cinq soldats, lui adressa unefemme de couleur qui avait rencontré, dans <strong>la</strong> nuit,Ignace, Massoteau, Paléme, Codou et quelquesautres officiers de troupes noires, avec 150 de leurssoldats armés, se rendant au Petit-Canal,s'étaient embarqué pour <strong>la</strong> Basse-Terre (I).où ilsCette nouvelle fit presser le départ. Le généra<strong>la</strong>dressa une proc<strong>la</strong>mation aux habitans pour lestranquilliser (2); il <strong>la</strong>issa les généraux Sériziat etDumoutier pour garder, avec quelques troupes, lepassage de <strong>la</strong> Rivière-Salée, et maintenir l'ordre à<strong>la</strong> Grande-Terre; il dirigea6 0 0 hommes de <strong>la</strong>(1) Depuis ce moment on n'entendit plus parler deMassoteau ; on présuma qu'il avait péri dans ce trajet.(2) Moniteur du 7 thermidor an 10 (26 juillet 1802).


( 127 )15 e demi-brigade, sur les Trois-Rivières et fit embarquerles deux bataillons de <strong>la</strong> 66 esur les frégates.Mais les vents ne leur ayant pas permis de sortirdu port, il fallut transporter ces troupes à bord desvaisseaux mouillés au Gozier. Ce retard, et desvents contraires, ne permirent d'arriver20 floréal devant <strong>la</strong> Basse-Terre.Delgrés,que lequi en commandait l'arrondissement,avait fait mettre au cachot le premier nègre quiavait apporté des nouvelles al<strong>la</strong>rmantes, le 17. Maisles rapports d'une foule de fuyards qui survinrent,le 18, et <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation dans <strong>la</strong>quelle le généralRichepance ne prenait que le titre de général enchef, lui persuadèrent qu'en effet le général Lacrossereprenait le gouvernement de <strong>la</strong> Guadeloupe. Plusque tout autre il devait redouter <strong>la</strong> vengeance de cegénéral, contre lequel il s'était prononcé violemment,après avoir été son premier aide-de-camp; cettecrainte le porta à lever l'étendart de <strong>la</strong> rébellion.Il venait de faire rentrer tous les détachemens etd'envoyer des émissaires pour soulever les ateliers,lorsque Ignace, Paléme, Codou et autres officiersarrivèrent avec leur troupe, entraînant avec euxtous les nègres cultivateurs qu'ils avaient pu recruterle long de <strong>la</strong> route.L'apparition subite de toutes ces hordes de rebellesjetèrent <strong>la</strong> ville dans le désordre le plus époutable,et donnèrent à Delgrés une haute idée de sesforces. Ayant fait rassembler toutes les troupes etles gardes nationales, il adressa aux noirs ce peu deAn X(l802)


An x(1802)( 128 )paroles : Mes amis, on en veut à notre liberté, sachons<strong>la</strong> défendre en gens de cœur, et préférons<strong>la</strong> mort à l'esc<strong>la</strong>vage. Puis il dit aux b<strong>la</strong>ncs :Pour vous, je n'exige pas que vous combattiezavec nous contre vos pères ou vos frères ;déposez vos armes, je vous permets de vous retireroù bon vous semblera. Quelques soldats européens,ayant <strong>la</strong> simplicité de croire à ces paroles, se rendirentau fort pour y déposer leurs armes et prendreleur sac, mais ils furent aussitôt arrêtés et renfermésdans des cachots. La garde nationale fut désarméeavec violence et les rebelles se préparèrent à unedéfense vigoureuse, pil<strong>la</strong>nt et dévastant <strong>la</strong> ville,malgré les supplications des habitans qui ne s'étaientpas enfuis et qui tentèrent vainement de fléchirDel grès.Tel était l'état de <strong>la</strong> Basse-Terre lorsque l'escadrefrançaise y parut, le 20 floréal, à midi, et fut assailliepar une décharge des batteries du fort et de <strong>la</strong>côte, depuis <strong>la</strong> pointe du Vieux-Fort jusqu'à <strong>la</strong> batteriedes Capucins. Le général en chef prévit dèslorsles malheurs qui al<strong>la</strong>ient fondre sur <strong>la</strong> colonie,et ne put s'empêcher de déplorer les préventions et<strong>la</strong> méfiance qu'on lui avait inspirés. Il fit écrire auxrévoltés, par Pé<strong>la</strong>ge, qui était à bord du Fougueux,et leur envoya un officier qui lui était attaché , lecapitaine Prudhomme et l'aspirant de marine Losach(I). Mais ne les voyant pas revenir, les trou-(1 ) Ces deux officiers furent mal traités par Delgrés,


( 129 )pes , conduites par le général Gobert et par Pé<strong>la</strong>ge,débarquèrent sur <strong>la</strong> rive droite de <strong>la</strong> rivière Duplessis,malgré le feu bien nourri des batteries et de<strong>la</strong> mousqueterie des noirs, accourus du fort et de <strong>la</strong>ville.Le capitaine de frégate Lacaille et le lieutenantde vaisseau Mathé protégèrent le débarquement; ilfallut toute <strong>la</strong> valeur des troupes et tout le couragedes officiers pour éloigner l'ennemi du rivage; danscette soirée il fut forcé de se retirer sur <strong>la</strong> rive gauchede <strong>la</strong> rivière des Pères (1).Les rebelles, battus et étonnés de l'ardeur avec<strong>la</strong>quelle les soldats européens gravissaient les mornes, s'étaient retranchés dans une position formidable,défendue par des lignes f<strong>la</strong>nquées de redouteset garnies d'artillerie, d'où il importait de les chasser.Le général en chef, à <strong>la</strong> tête de tous les grenadiersde l'armée, franchit le pont de <strong>la</strong> rivière desPères, le 21 floréal au point du jour (11 mai), etAn x(1802)et jetés, séparément, dans les cachots du fort, avec lesmatelots de <strong>la</strong> chaloupe.(1) Le capitaine Millin, aide-de-camp du général Gobert ;le lieutenant Tessant, de <strong>la</strong> 37e et le sous-lieutenant Rioude <strong>la</strong> 66e y furent tués. Le chef de bataillon Brunet et plusieursautres officiers y furent blessés très-grièvement.Le général en chef, expert en courage, dit, dans sonrapport : que le chef de brigade Pé<strong>la</strong>ge donna, danscette journée, les marques de <strong>la</strong> plus grande bravoure.III.9


Au X(1802)( 130 )marcha au pas de charge sur les retranchemens.L'ennemi fut bientôt obligé de cesser son feu et d'abandonnerses lignes qui furent forcées de front.On le poursuivit vers les Galions et le pont de Nozières,tandis que le général Gobert et Pé<strong>la</strong>ge, marchanten tête des deux bataillons de <strong>la</strong> 66 e , passaientau gué <strong>la</strong> rivière des Pères, vers son embouchure,tournaient les lignes, emportaient <strong>la</strong> batterie desTrois, et entraient rapidement dans <strong>la</strong> ville, qu'ilsoccupèrent jusqu'à <strong>la</strong> rivière auxHerbes.Cette entrée à <strong>la</strong> Basse-Terre sauva les b<strong>la</strong>ncs etles propriétaires de couleur, fidèles, qui se défendaient, barricadés dans leurs maisons, pour éviterd'être pillés et massacrés. La municipalité et le commissaire'dugouvernement avaient rendu les plusgrands services aux habitans; le général en chefvint leur en témoigner sa satisfaction, les maintintdans l'exercice de leur p<strong>la</strong>ce, et n'eut qu'à se louerde leur zèle et de leur dévoûment.Cette journée avait été pénible; on eut à regretterbeaucoup de morts et de blessés (1 ). Les révoltésavaient aussi <strong>la</strong>issé dans les lignes et dans <strong>la</strong> ville ungrand nombre de tués et beaucoup d'artillerie. Maistant qu'ils auraient en leur possession le fort Saint-Charles , qui commande <strong>la</strong> ville, on devait compterpour peu les avantages qu'on venait de remporter.Il fallut donc se résoudre à en faire le siége dans tou-(1) Le lieutenant Guigand, de <strong>la</strong> 66 e , y fut tué.


( 131 )tes les règles, et le géneral Gobert reçut ordre dele cerner du côté de <strong>la</strong> rive droite des Galions. Sadivision servait en même temps de corps d'observation contre l'ennemi retranché au Matouba, quiprofitait de <strong>la</strong> ligne des bois pour venir inquiéter etharceler les troupes de siége, par des attaques combinéesavec les sorties des nègres du fort. On le resserrale 22 floréal, et l'ennemi tenta ce jour-là plusieursattaques, qui furent repoussées avec impétuosité.Pé<strong>la</strong>ge et l'aide-de-camp du général en chef, Charmont,eurent chacun un cheval tué , à <strong>la</strong> tête descolonnes, et le capitaine Rougier , de <strong>la</strong> 66 e , yperdit <strong>la</strong> vie (1) .An X(1802)(1) Rapports, déjà cités, du général en chef, du généralGobert, et mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe,tome 1er, pages 275 à 282.


( 132 )CHAPITRE III.Siége du fort Saint-Charles; les rebelles l'évacuent. —Dévastations de différens quartiers. —Destruction d'Ignaceet de son parti, dans <strong>la</strong> redoute Baimbridge, à<strong>la</strong> Grande-Terre.An X(l802)ON ne pouvait cependant rien entreprendre contrele fort, avant l'arrivée des autres troupes et du généralSériziat, à qui on avait envoyé l'ordre de quitter<strong>la</strong> Pointe-à-Pître, avec le bataillon expéditionnaire.Il s'avançait rapidement, quand il rencontra,aux Trois-Rivières, les 600 hommes de <strong>la</strong> quinzièmedemi-brigade, avec lesquels il fut obligé de tourner<strong>la</strong> position de Dolé; mais il culbuta tous les partis desrebelles qui gardaient les autres défilés pour s'opposerà son passage. Il parut, le 23 floréal (15 mai), surles hauteurs du Palmiste, marcha au morne Houel,où l'ennemi s'était retranché avec deux pièces de 18,l'attaqua, le battit, et lui prit ses canons. Il le délogeade l'habitation Legraët, où un des chefs révoltés futtrouvé parmi les morts ; prit poste sur cette habita-


( 133 )tion, sur celles Duchâteau,Ducharmoy et Desillets,qui sont sur les hauteurs de <strong>la</strong> Basse-Terre.Cette jonction mit le général en chef en mesurede faire le siége du fort. Le général Sériziat futchargé de garder toute <strong>la</strong> ligne, entre <strong>la</strong> rivière desPères et celle des Galions, avec le bataillon expéditionnaireet celui de <strong>la</strong> quinzième demi-brigade. Legénéral Gobert prit le commandement des deux bataillonsde <strong>la</strong> 66 e , destinés aux attaques. L'artillerieet tous les attirails de siége furent débarqués, ettrainés , à bras , sur des mornes escarpés; les matelotsavaient été organisés en compagnies d'ouvriers,et mis à <strong>la</strong> disposition du génie et de l'artillerie.Mais <strong>la</strong> fatigue et le climat engendraient des ma<strong>la</strong>diesqui causaient déjà de grands ravages parmiles troupes. Le général Richepance cherchait tousles moyens d'alléger leurs travaux. Sur les assurancesque lui donna Pé<strong>la</strong>ge , dont les actes de courageet de dévoûment commandaient <strong>la</strong> confiance, il fitchoix de 600 soldats noirs, parmi, ceux désarmés à<strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, et qui étaient détenus à bord del'Escadre. On les incorpora dans les bataillons français, avec lesquels ils ne cessèrent pas de rivaliserde bravoure et de fidélité ; cette mesure fut d'autantplus utile à l'armée, qu'elle lui épargna beaucoupde corvées pénibles.La tranchée avait été ouverte , dans <strong>la</strong> nuit du24 floréal (14 mai), à 5oo toises du fort, devant lefront des cavaliers. Les batteries se trouvèrent terminées, les 26 et 27 , après des fatigues excessives.An X(l802)


An X(l802)( 134 )Le 28, l'ennemi tenta deux attaques : l'une,contre le corps d'observation, à l'habitationLegraët,où le chef de bataillon Pillet le fit repentir deson audace; l'autre par une sortie du fort, que lechef de bataillon Cambriels, commandant de tranchée,attendit avec sang-froid; l'ennemi ne fut pasplutôt parvenu aux ouvrages, qu'il fondit sur lui, à<strong>la</strong> tête de sa troupe, le mit en désordre, tua l'officiercommandant et beaucoup de soldats.On perfectionna les travaux du 29 au 30 floréal ;on perdit ce jour-là, à <strong>la</strong> tranchée, le brave capitainedu génie d'Ambrecère (1).Les batteries, montées de trente bouches à feu ,furent démasquées le 1 erprairial (21 mai ), au pointdu jour, et toute cette journée le feu fut très-vif depart et d'autre. Mais celui du fort commença à seralentir le lendemain matin. Le général Sériziat reçutalors l'ordre de passer les Galions avec une partiede sa division et de descendre le long de cette rivièrejusqu'à <strong>la</strong> mer, pour achever <strong>la</strong> contreval<strong>la</strong>tiondu fort, que <strong>la</strong> difficulté des communications et le(1) Le général en chef cita, dans son rapport, le chefde brigade d'artillerie Desportes et tous ses officiers,comme ayant donné des preuves du plus grand zèle; il fitun grand éloge du capitaine du génie d'Ambrecère, quifut tué, et des autres officiers du génie, parmi lesquelsil distingua le chef de bataillon Fortin, aujourd'hui colonelen retraite à Paris.


( 135 )petit nombre de troupes avait empêché de terminerAn X(1802)plutôt. Ce fut une journée d'honneur pour Pé<strong>la</strong>ge,à qui on en confia l'exécution : il culbuta l'ennemisur tous les points et lui enleva , à <strong>la</strong> baïonnette, <strong>la</strong>position du Bisdary. Les rebelles signalèrent leurretraite par des incendies et des massacres épouvantables.Le 2, au soir, toutes leurs pièces se trouvaientdémontées ou enterrées sous les décombres du fort.N'osant pas attendre qu'ils fussent tout-à-fait enfermés,ils l'évacuèrent, à huit heures du soir, par <strong>la</strong>poterne des Galions, au nombre d'environ 400 hommesde troupes réglées, commandés par Delgrès etaccompagnés d'une foule de noirs armés de toutespièces.Delgrès avait ordonné des dispositions pour fairesauter <strong>la</strong> poudrière aussitôt après l'évacuation , afind'ensevelir, sous les ruines du fort, 150 prisonniersqu'il y détenait, et d'écraser <strong>la</strong> ville qui en est peudistante. Mais le capitaine Prudhomme, qu'il avaitretenu avec l'aspirant Losach,sut, du fond de soncachot, se ménager des intelligences avec des officiersforcés de rester sous les drapeaux des rebelles.On lui ouvrit <strong>la</strong> porte de sa prison, au moment de<strong>la</strong> sortie de Delgrès; il courut à <strong>la</strong> poudrière, enleva<strong>la</strong> mèche, mit en liberté les autres prisonniers,s'arma avec eux pour s'opposer à <strong>la</strong> rentrée de l'ennemi, et baissa le pont-levis. Le général en chef lecomb<strong>la</strong> d'éloges, et lui fit reprendre son service auprèsde Pé<strong>la</strong>ge.


An X(l802)( 136 )Cependant Delgrès, à <strong>la</strong> tète d'une partie desfuyards, s'était jeté dans des sentiers détournés pourgagner les hauteurs du Matouba, tandis qu'Ignace,avec l'autre partie, se dirigeait vers <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,dans l'intention de surprendre et d'incendier cetteville. Le général Gobert et Pé<strong>la</strong>ge se mirent à <strong>la</strong>poursuite d'Ignace avec 700 hommes. Ils l'atteignirent, le 5 prairial ( 23 mai) , au poste retranché deDolé, qui fut emporté à <strong>la</strong> baïonnette. Ils eurentle bonheur de délivrer So femmes et enfans b<strong>la</strong>ncsque ces monstres y avaient réunis pour les fairesauter; l'ardeur des troupes, encouragée par lessignes que ces infortunés leur faisaient des fenêtres,les fit arriver à temps pour tuer le nègre qui al<strong>la</strong>itmettre le feu aux poudres.Une partie des noirs se sauva dans les mornesde <strong>la</strong> pointe du Vieux-Fort, où 3oo hommes de <strong>la</strong>quinzième demi-brigade les tinrent renfermés. Legénéral Gobert et Pé<strong>la</strong>ge suivirent à <strong>la</strong> piste le féroceIgnace, qui brû<strong>la</strong>it et massacrait tout ce qu'il rencontrait,et avait déjà réduit en cendres le bourgdes Trois-Rivières, celui de Saint-Sauveur, et toutle quartier de <strong>la</strong> Capesterre, un des plus riches de<strong>la</strong> colonie.Ces incendies et ces massacres se manifestant detous côtés, ne <strong>la</strong>issaient aucun repos à l'armée. Elleétait forcée à des marches et des contre-marchesnon interrompues, pour se porter sur tous les points,contre des brigands qui ne mettaient plus d'ordredans leurs mouvemens, brû<strong>la</strong>ient et égorgeaient çà


( 137 )et là, el ne suivaient d'autre impulsion que celle deleur fureur et de leur désespoir.Le général Gobert, après avoir dispersé diversesbandes de ces incendiaires, campa auPetit-Bourg,et de sa personne, se rendit par mer à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître où il ne trouva qu'une très-faible garnison. Ilfit quelques dispositions en attendant qu'il pût yfaire entrer du secours, et repartit pour le Petit-Bourg. A peine de retour, il eut à combattre unparti nombreux qui, pour arrêter <strong>la</strong> marche de sestroupes, s'était établi sur l'habitation Paul, d'où ille délogea. Pé<strong>la</strong>ge le poursuivit l'épée dans lesreins , jusqu'aux palétuviers de <strong>la</strong> Rivière-Salée.A <strong>la</strong> fin de l'action, un courrier de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître vint annoncer au général Gobert que <strong>la</strong> villeétait menacée; qu'Ignace,ayant forcé le passagede <strong>la</strong> Rivière-Salée, opiniâtrement défendu par lesfaibles détachemens de <strong>la</strong> 37e et de <strong>la</strong> 82e , avaitparu dans ses environs, à <strong>la</strong> tête de 4oo hommesdisciplinés et d'une multitude de nègres armés depiques, insurgeant tous les ateliers, brû<strong>la</strong>nt tous lesétablissemens; et que <strong>la</strong> ville, ouverte de toutes parts,était incapable de résister à l'attaque dont elle étaitmenacée pour <strong>la</strong> nuit suivante. Le général se voyantdans l'impossibilité d'y conduire, sur-le-champ, sestroupes exténuées, y envoya Pé<strong>la</strong>ge seul, persuadéque sa présence contiendrait momentanément lesrévoltés.La Pointe-à-Pitre était dans les transes quandce chef de brigade y parut : son arrivée rappe<strong>la</strong> <strong>la</strong>An X(l802)


Au X(1802)( 138 )confiance, et son activité sauva <strong>la</strong> ville. 11 réunit cequ'il put trouver de soldats de <strong>la</strong> garde nationale,des garnisons des forts de Fleur-d'Épée, de l'Union, et tint Ignace en échec toute <strong>la</strong> nuit par desdémonstrations simulées.Dès qu'il fit jour, le 5 prairial (25 mai), les rebellesvirent les hauteurs garnies de postes, et crurentque Pé<strong>la</strong>ge avait amené de nombreux renforts.Ils abandonnèrent aussitôt <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine de Stivenson,et se renfermèrent dans <strong>la</strong> redouteBaimbridge,avantageusement construite sur un morne à prèsde mille toises de <strong>la</strong> ville, où ils ne trouvèrent quedeux canons sans affûts.Pé<strong>la</strong>ge profita de cette faute pour les attaqueravec des pièces de campagne et un obusier p<strong>la</strong>céssur une hauteur voisine. Ignace aperçevant le dangerde sa position, tenta de l'évacuer. Il était repoussélorsque le général Gobert, arrivant avec sacolonne, trouva les dispositions de Pé<strong>la</strong>ge parfaites,et poussa l'attaque avec vigueur.L'artillerie fit des ravages affreux parmi les insurges.A six heures du soir, <strong>la</strong> porte de <strong>la</strong> redoutefut abattue; on y pénétra malgré le feu de leurmousquetterie ; ils furent culbutés et. on en fit uncarnage horrible. On y compta 675 de leurs morts,parmi lesquels se trouvait Ignace; 250 prisonniersfurent amenés et fusillés à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. La faveurde <strong>la</strong> nuit permit au reste de se disperser dansles campagnes où on les poursuivit.La redoute fut démolie. Les quartiers des Abymes,,


( 139 )du Gozier et du Morne à l'Eau furent ceux qui,dans <strong>la</strong> Grande-Terre, eurent le plus à souffrir despremiers effets de ce torrent dévastateur (1).An x(1802)(1) Le général Gobert attesta que Pé<strong>la</strong>ge avait sauvé<strong>la</strong> Pointe-à-Pitre.Le général on chef, dans le compte qu'il en rendit auministre, dit : que le chef de brigade Pé<strong>la</strong>ge, avait continuépendant cette action à donner des marques d'un,courage qui tenait de l'héroïsme.Rapports, du général Richepance, insérés dans les moniteursdes 22 et 25 messidor an 10 (11 et 14 juillet1802);Rapport du général Gobert, Moniteur du 28 vendémiairean 11 ( 20 octobre 1802 ) ;Mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1er, pages 283 à294.


( 140 )CHAPITRE IV.Delgrès se fait sauter avec les siens. —Le général Richepancerétablit le bon ordre à <strong>la</strong> Guadeloupe, après l'avoirconquise sur les rebelles.An X(l802)L'EXPÉDITION de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître terminée, legénéral Gobert s'embarqua, avec Pé<strong>la</strong>ge, pour retournerà <strong>la</strong> Basse-Terre. Delgrès, en se retirant anMatouba, comptait sur une puissante diversion de<strong>la</strong> part d'Ignace; et les dispositions qu'il avait faitespour augmenter <strong>la</strong> force défensive de cette position,que <strong>la</strong> nature seule avait, en quelque sorte, rendueinexpugnable, paraissaient le <strong>la</strong>isser maître de refuserun combat désavantageux, et de se répandreà volonté, par des irruptions soudaines, dans toutesles parties de <strong>la</strong> Basse-Terre. Kirwan, Dauphin etJacquiet, officiers braves et intelligens, commandaientsous ses ordres.Le général en chef employa les journées des 6 et7 prairial à rallier ses troupes et à reconnaître <strong>la</strong>position de l'ennemi. Celui-ci avait ses avant-postesen avant de Guichard, au sommet de l'angle formé


( 141 )par <strong>la</strong> rivière Noire et celle des Pères, dont les rivesin X(l802)sont à pic et s'élèvent à plus de cinquante pieds audessusdes eaux. La masse de ses forces était p<strong>la</strong>céeen arrière sur <strong>la</strong> vaste habitation d'Anglemont,défendue par ces deux rivières, et fortifiée de parapetsarmés de palissades et de canons. Une attaquede front étant regardée comme impraticable, le généralen chef se décida à diviser ses forces et à mettredans leur mouvement un ensemble qui lesempêchât d'avoir à combatre isolément.Le 8 prairial ( 28 mai), il mit ses troupes en marchesur deux colonnes. Le deuxième bataillon de <strong>la</strong>66e demi-brigade, commandé par le chef Cambricls,partit de Legraët, à deux heures du matin ,par des chemins qu'il se traça à travers d'affreuxprécipices ; il franchit, sur les derrières de l'ennemi,les mornes Houel et Colin, l'habitation Lasalle d'oùil le délogea, et parvint, en le poursuivant, jusqu'aupresbytère qui domine l'habitation d'Anglemont,ayant ainsi coupé <strong>la</strong> retraite des insurgés dans lesbois.Le 3 ebataillon de <strong>la</strong> même demi-brigade, commandépar le chef Lacroix, ayant moins de cheminà faire, partit trois heures plus tard, et se dirigea,sur <strong>la</strong> gauche, par <strong>la</strong> Montagne Saint-Louis. Ilrencontra bientôt l'ennemi, le poussa devant lui;mais il fut arrêté au morne Fi-fi Massieux, défendupar de l'artillerie, qu'il vint à bout de démonter.Le chef de bataillon Lacroix, atteint d'un biscayen,ne voulut pas quitter son bataillon, qui


An X(1802)( 142 )(1) Divers bruits se sont répandus sur un trait de génétraversa<strong>la</strong> rivière des Pères, repoussant toujoursl'ennemi vers son centre, à d'Anglemont. Deuxcents hommes de ce bataillon furent les seuls quipurent parvenir, à travers une longue suite d'obstacles, à se réunir au commandant Cambriels sur<strong>la</strong> position du presbytère.La réserve de grenadiers, que commandait l'aidede camp du général en chef, Crabé, tenta de pénétrerau poste Guichard, par le passage du Constantin,au confluent des rivières , mais ce passage étantcoupé, ceux qui s'y présentèrent furent tués; cependantles grenadiers, forcés de s'arrêter, le gardèrentavec avantage.Ainsi cernés, les rebelles ne pouvaient éviter d'envenir aux mains avec les troupes de <strong>la</strong> 66e demibrigade,réunies au presbytère. Vers quatre heuresdu soir, le chef Cambriels forma ces troupes surtrois colonnes, se mit à <strong>la</strong> tête de celle du centre ,et au milieu d'une grêle de balles et de boulets,marcha contre les rebelles au pas de charge et sanspouvoir répondre à leur feu. Mais rien ne fut capabled'arrêter ses soldats, et déjà plusieurs avaientmis le pied dans les retranchemens, lorsque lesnègres, qui avaient prévu cet instant, se sauvèrenten masse dans l'habitation d'Anglemont, mirent lefeu aux poudres et se firent sauter au nombre detrois ou quatre cents, parmi lesquels étaient le chefDelgrés et ses officiers (1).


( 143 )Ce spectacle, fut épouvantable ; il y eut un momentde stupéfaction, mais on s'empressa de mettreAn X(1802),à profit le désordre causé par cet événement, et <strong>la</strong>journée se termina par <strong>la</strong> destruction entière desennemis échappés à l'explosion.Les Français perdirent les éc<strong>la</strong>ireurs de leurscolonnes, au nombre d'une trentaine d'hommesavec le lieutenant Faquiant, entrés dans l'habitationau moment où elle sauta. Le chef de bataillon Cambrielsfut légèrement blessé, le capitaine Petit mourutde ses blessures.Cette dernière affaire anéantit le parti des révoltésen détruisant leurs chefs et les plus déterminésd'entr'eux. Presque tous les autres profitèrent del'amnistie pour déposer les armes et rentrer dansleurs ateliers. Palème, Codou Noël, et Corbet furentles seuls qui restèrent armés ; mais retirés dans lesbois comme des brigands, avec quelques débris d'in-rosité peu conforme à l'esprit de destruction qui animaitces révoltés ; on prétend qu'avant de se faire sauter ilsrenvoyèrent 80 soldats b<strong>la</strong>ncs qui se trouvaient prisonniers.Le fait est inexact; ce qui peut avoir donné lieu àce bruit, c'est que dans <strong>la</strong> confusion qui présida à cetinstant fatal, quelques habitans retenus prisonniers àd'Anglemont parvinrent à s'échapper. Sept à huit autres,qui étaient renfermés dans un souterrain de l'habitationn'éprouvèrent aucun mal, et ce ne fut qu'aux cris qu'onleur entendit pousser, qu'on courut les délivrer.


An X(1802)( 144 )surgés, il suffit de simples détachemens pour leurfaire,<strong>la</strong> chasse et protéger les campagnes contreleurs dévastations.Le général en chef, assisté du préfet Lescallier,qui ne l'avait pas quitté depuis son arrivée, n'eutplus à donner des soins qu'au rétablissement de <strong>la</strong>tranquillité et du bon ordre. Tout émigré, que lestroubles avaient éloigné de ses foyers, fut rappeléet réintégré dans son bien, sans examiner quelleavait été sa conduite antérieure. Les élémens de <strong>la</strong>colonie, depuis long-temps confondus, reparurentmieux ordonnés qu'on n'eût osé l'espérer, avant quetant de difficultés n'eussent été vaincues. Mais legénéral Richepance ne voulut pas en confier le soinaux colons, dont les divisions avaient livré <strong>la</strong> colonieà l'ambition des Ang<strong>la</strong>is et à <strong>la</strong> férocité des noirs.Chaque b<strong>la</strong>nc eut un fusil pour défendre son existenceet sa propriété, contre les vagabonds. Lesgens de couleur, propriétaires, et ceux qui avaientmontré, devant les rebelles, qu'on pouvait comptersur leur fidélité, conservèrent leurs armes et furentformés en compagnies séparées.Pour détruire toutes les causes qui pouvaientreproduire <strong>la</strong> rébellion, il écarta des rangs destroupes françaises les noirs et les mulâtres, à l'exceptiond'un petit nombre, réservé pour les corvéesdes cazernes, et de 150 ouvriers dans le corps dessapeurs (1). Trois mille soldats noirs furent embar-(1) Lettre du général Richepance, au ministre, des


( 145 )qués sur les frégates (1). Une commission militaire(1802)fut établie pour juger tous les rebelles pris les armesà <strong>la</strong> main. Elle en fit mettre à mort un nombreconsidérable à <strong>la</strong> Basse-Terre et à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître;mais le général en chef, <strong>la</strong>ssé de tant d'exécutions,auxquelles son cœur répugnait, en arrêta le cours,persuadé que désormais l'oubli du passé était lemoyen le plus assuré d'arriver à une solide pacification(2). On établit alors un dépôt de nègres auxSaintes, où on se contentait d'envoyer ceux qu'onarrêtait comme soupçonnés d'avoir trempé dans <strong>la</strong>révolte. Tandis que tout se co-ordonnait pour releverles ruines des habitations et rétablir l'anciensystème colonial dans son intégrité, <strong>la</strong> sûreté inté-18 et 19 messidor an 10. Moniteur du 24 thermidoran 10 (12 août 1802).(1) Ces frégates les portèrent aux Etats-Unis, qui refusèrentde les recevoir. Elles allèrent en déposer environdeux mille dans les possessions inhabitées de <strong>la</strong> côteferme;mais les gouverneurs espagnols s'étant récriés,l'autre millier fut conduit à Brest, et enfermé au bagne.Quelques mois après on en forma un corps qu'on envoyaà Mantoue , comme plus propre que les troupes françaisesà résister à l'insalubrité du pays. Ce corps fut ensuite envoyéà Naples, et servit au siége de Gaëte, avec une bravoureet une distinction particulières.(2) On évalua à-peu-près à 10,000 nègres, <strong>la</strong> pertede ceux tués dans les combats, déportés, ou fusillés.III. 10


An X(1802)( 146 )rieure et extérieure se trouvait garantie par <strong>la</strong> présenced'une armée d'européens , prête à se porterpartout au besoin (1).(1) Extrait des rapports, du général Richepance, insérésdans les Moniteurs des 22 et 25 messidor an 10(11 et 14 juillet 1802 );Du rapport du général Gobert, Moniteur du 28 vendémiairean 11 (20 octobre 1802);Du mémoire pour <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1er, pages 295et suiv.Du mémoire manuscrit, du général Ambert, remisau ministre de <strong>la</strong> marine, en 1808.


( 147 )CHAPITRE V.Le général Richepance comprime les réacteurs.—Embarquement,pour France, des ex-membres du conseilprovisoire et d'autres habitans.PENDANT que le général Richepance s'appliquait,avec toutes les forces de terre et de mer, à combattre,à <strong>la</strong> Basse-Terre, <strong>la</strong> révolte qu'avaient inconsidérémentprovoquée des réfugiés rentrés aveclui, ces mêmes individus, réunis à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre , ne s'occupaient que de vengeances et de réactions.Leurs propos indiscrets, l'annonce du retourdu général Lacrosse et du rétablissement de l'esc<strong>la</strong>vage, irritaient <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion noire de <strong>la</strong> Grande-Terre; il ne fal<strong>la</strong>it rien moins que les succès journaliersde l'armée pour <strong>la</strong> contenir.Plusieurs habitans du Gozier, faisant le servicede dragons et rassemblés en patrouille, avaient étésurpris, le 22 floréal ( 12 mai ), par un parti de nègresqui les avait horriblement mutilés ; et dès cejour avait commencé l'incendie des habitations dansce quartier et dans celui des Abymes.An X(l802)


Au X(180a)( 148 )Les jeunes conscrits de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, réunisà <strong>la</strong> faible garnison de cette p<strong>la</strong>ce, avaient marchécontre les assassins et prévenu les suites de ce premiermouvement, en tuant leur chef affublé d'ununiforme ang<strong>la</strong>is , du chapeau et du panache, et endispersant ses satellites.Le général Richepance s'était empressé de fairepublier , le 2 4 floréal, deux proc<strong>la</strong>mations annonçant, « Que si, pour détruire <strong>la</strong> funeste résolution» qui s'opposait au rétablissement des trois magis-» trats désignés pour gouverner <strong>la</strong> Guadeloupe et» faire cesser cette guerre cruelle, il ne fal<strong>la</strong>it que» dissiper les craintes qui avaient été inspirées sur» <strong>la</strong> perte de <strong>la</strong> liberté, il assurait que <strong>la</strong> plus lé-» gère atteinte ne serait pas portée à cette liberté,» et promettait l'entier oubli du passé. » Afin demieux calmer l'appréhension des vengeances , ilprit le titre de capitaine général, sous lequel il nes'était pas encore fait reconnaître et publia ses proc<strong>la</strong>mationsconjointement avec le préfet colonial etle commissaire de justice (I).Cependant tous ses efforts et <strong>la</strong> solennité despromesses ne purent comprimer l'esprit de réaction;il fut porté jusqu'à frapper dans les rues, sur lesp<strong>la</strong>ces et sur les chemins, les nègres, les négresses etles gens de couleur qu'on y rencontrait. On dénonça,au commandant de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, et on vint à bout(1) Moniteur du 7 thermidor an 10 (26 juillet 1802).


( 149 )de faire arrêter, comme suspects, les membres del'ex-conseil et différens notables de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître qui furent constitués prisonniers dans le port,à bord de <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Conso<strong>la</strong>nte.Ces haînes, si imprudemment exhumées, ne pouvaientque prolonger le désordre. Les nègres menaçaientde s'insurger sur divers points, mais retenuspar le voisinage et par les victoires de l'armée,ils avaient recours à <strong>la</strong> ruse et à <strong>la</strong> trahison, égorgeaientimpitoyablement tous les b<strong>la</strong>ncs qu'ils pouvaientrencontrer à l'écart, et incendiaient les habitationsauxquelles ils pouvaient mettre le feu sansse découvrir.Le général en chef ayant facilement pénétré <strong>la</strong>cause de ces assassinats, voulut en tarir <strong>la</strong> sourceen <strong>la</strong> dévoi<strong>la</strong>nt dans une nouvelle proc<strong>la</strong>mation, le6 prairial (26 mai). « Quelques hommes, dit-il,» croient que chaque événement doit être regardé» comme une réaction... que les agitateurs n'espè-» rent pas prolonger plus long-temps ces mouve-» mens convulsifs , ils seront réprimés, et un châti-» ment terrible en atteindra les auteurs... Plusieurs» rapports me préviennent que de simples citoyens» sans fonctions, sans autorité, sans autres motifs» que ceux de leurs petites vengeances, se permettent» d'insulter, de frapper, de faire arrêter même des» personnes qui ont le malheur de leur dép<strong>la</strong>ire.» Cette conduite ne peut que maintenir dans l'er-» reur les malheureux séduits par des fourbes...» Tous ceux qui se rendront coupables des excèsAn X(1802)


Au X(l8oa)( 150 )» que je signale, peuvent s'attendre aux punitions» les plus exemp<strong>la</strong>ires... L'armée a été chargée de» combattre, elle l'est donc de vaincre; et-c'est à» elle seule qu'il appartient de punir ou de pardon-» ner. » (1)Deux jours après, une autre proc<strong>la</strong>mation publiéeau nom des trois magistrats Richepance, Lescallieret Coster, rappe<strong>la</strong> à <strong>la</strong> soumission les rebelles detous les points de <strong>la</strong> colonie (2).L'ordre fut donné de reléguer à Marie-Ga<strong>la</strong>nte,ceux qui troubleraient <strong>la</strong> tranquillité de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître et, sur <strong>la</strong> réc<strong>la</strong>mation de Pé<strong>la</strong>ge, dont on nepouvait méconnaître les services , <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Conso<strong>la</strong>ntefut envoyée à <strong>la</strong> Basse-Terre ; le général enchef eut un long entretien avec les détenus , qu'il fitmettre en liberté et qu'il autorisa à retourner dansle sein de leur famille à <strong>la</strong> Pointe- à-Pître ; leur retoury fut célébré comme une fête.Les membres de l'ex-conseil, excepté M. Danoisqui passa aux Etats-Unis, ne tardèrent pas à demanderau général en chef son agrément pour passeren France. Il entrait dans ses intentions de les yenvoyer. Les ayant appelés de nouveau à <strong>la</strong> Basse-Terre, il donna des éloges publics à leur conduite,et leur dit : qu'il avait <strong>la</strong> conscience du bien qu'ilsavaient fait; et que <strong>la</strong> France leur était redevable(I) Moniteur du 7 thermidor an 10 (26 juillet 1802),(2) Même Moniteur.


( 151 )de <strong>la</strong> conservation de tout le sang qu'ils avaient empêchéde verser à l'arrivée des troupes. Ils furentreçus avec beaucoup d'égards, sur le vaisseau leFougueux. Plusieurs autres habitans furent embarquéssur le vaisseau le Redoutable , ainsi que 32 officiersde couleur qui, n'étant plus compris dansle cadre de l'armée coloniale, étaient renvoyés à <strong>la</strong>disposition du ministre de <strong>la</strong> marine (1).Ces deux vaisseaux mirent à <strong>la</strong> voile le 11 messidor(80 juin) et arrivèrent à Brest après 26, joursd'une heureuse traversée (2); peu de temps avantAn X(1802)(1) Dépêches du général Richepance au ministre Decrés, en date des 18 et 19 messidor an 10, insérées auMoniteur du 24 thermidor an 10 (12 août 1802);Mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe, tome 1er,pages 297 à 307.(2) Les quatre membres de l'ex-conseil provisoire,Pé<strong>la</strong>ge, Frasans, Piaud et Corneille, furent arrêtés etdétenus prisonniers à Brest. Transférés dans les prisonsde Paris, pour l'instruction de leur procès, ils demandèrenten vain d'être jugés. Enfin ils publièrent, en deuxvolumes in-8°, un mémoire pour Pé<strong>la</strong>ge, et pour les habitansde <strong>la</strong> Guadeloupe, qu'aucun écrit du temps n'adémenti ; huit jours après cette publication , le 4 frimaire ,an 12 (26 novembre 1803), ils furent mis en liberté, sansjugement, après seize mois de détention.Sur leur demande, <strong>la</strong> cour spéciale criminelle, déc<strong>la</strong>ra ,quelque temps après, qu'ils n'y avait pas lieu à accusa-


An X(1802)( 152 )<strong>la</strong> perte déplorable que les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupene se croyaient pas menacés de faire.tion contre eux et qu'ils étaient libres de retourner dansleurs foyers.Pé<strong>la</strong>ge fut employé, dans son grade de colonel, à <strong>la</strong>guerre d'Espagne, où il donna de nouvelles preuves de savaleur. Il mourut en 1813, après <strong>la</strong> bataille de Vittoria,des suites des fatigues de cette guerre.Hypolite de Frasans est conseiller estimé à <strong>la</strong> cour royalede Paris, et juge adjoint au concours de droit.Piaud était sous-commissaire de marine, employé auxc<strong>la</strong>sses à Bayonne.Corneille vit retiré à Paris.


( 153 )CHAPITRE VI.Rétablissement de l'ancien système colonial Mort dugénéral Richepance Le capitaine-général Lacrosse ,réintégré, reste maître du pouvoir.LE contre-amiral Lacrosse avait quitté <strong>la</strong> Dominiquepour aller attendre, à Marie-Ga<strong>la</strong>nte, leAn X(1802)résultat des opérations de l'armée. Le gouvernementconsu<strong>la</strong>ire avait décidé qu'en réparation de l'offensefaite à l'autorité de <strong>la</strong> métropole, en <strong>la</strong> personnedu contre-amiral, il serait réintégré, pourun mois, dans les fonctions de capitaine-général,qu'il remettrait au bout de ce temps au généralRichepance.Une cérémonie solennelle fut préparée pour sonretour. Il arriva le 17 thermidor (5 août) à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, et le général en chef le reçut, avecpompe, à <strong>la</strong> tête des autorités civiles et militaires,toutes les troupes étant sous les armes. Le soir, aumilieu d'une bril<strong>la</strong>nte illumination, on proc<strong>la</strong>male ré<strong>la</strong>blissement de l'ancien système colonial, ervertu de <strong>la</strong> loi du 3o floréal an 10 (20 mai 1802)


( 154 )An x qui maintenait l'esc<strong>la</strong>vage dans les colonies renduespar le traité d'Amiens, conformément aux(1802)loiset réglemens antérieurs à 1789.On avait cependant promis à <strong>la</strong> nombreuse popu<strong>la</strong>tiondes Antilles, que les droits politiquesdont elle jouissait lui seraient conservés. Cette vio<strong>la</strong>tion,faite à <strong>la</strong> Guadeloupe, aussitôt après sa conquête,fournit, par <strong>la</strong> suite, aux nègres de Saintdomingueun motif p<strong>la</strong>usible de reprendre le sarmes.et de rompre pour toujours les liens qui unissaientà <strong>la</strong> France <strong>la</strong> colonie <strong>la</strong> plus riche qui aitjamais existé.La restauration de <strong>la</strong> Guadeloupe avait déjà coûté<strong>la</strong> vie à un grand nombre des militaires qui l'avaientopérée. Le commissaire de justice Coster était mort,le 29 floréal (19 mai), et avait été remp<strong>la</strong>cé provisoirementpar M. de Saintrac, jusqu'à l'arrivée ducommissaire de justice Bertholio, envoyé par <strong>la</strong>France.Le général Sériziat venait d'expirer, à <strong>la</strong> Basse-Terre, emportant les regrets de tous ceux qui l'avaientconnu. 11 semble que <strong>la</strong> fin des travaux dugénéral Richepance devait être aussi le terme de sonhonorable carrière. Victime des fatigues qu'il avaitessuyées et de <strong>la</strong> saison périlleuse de l'hivernage ,il fut attaqué de <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die du climat, qui faisait desravages affreux parmi les troupes, et succombadix-sept jours après, le 16 fructidor (3 septembre).11 mourut à <strong>la</strong> fleur de l'âge, ayant assez vécu poursa gloire, mais trop peu pour le bonheur de <strong>la</strong>


( 155 )Au XGuadeloupe qu'il avait appris à connaître et dont(l302)il regretta de ne pouvoir réparer les désastres.Les témoignages du deuil public , les <strong>la</strong>rmes quil'accompagnèrent au tombeau attestent combien saperte fut généralement sentie. La France partageacette douleur; le gouvernement, interprète de sonvœu, voulut éterniser le souvenir des exploits duguerrier en décrétant, le 9 germinal an 11 (5o mars1803), que le fort Saint-Charles, où ses restesavaient été déposés, porterait le nom de fortRichepance, à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de celui qu'il tenait du hasard(1)Par cette mort, le dépôt de l'autorité resta entreles mains du capitaine-général Lacrosse, dont <strong>la</strong>position se trouva infiniment plus délicate qu'ellene l'était à son arrivée en 1801. Tout commandaitaux autorités de <strong>la</strong> colonie <strong>la</strong> conduite <strong>la</strong> plus mesuréepour ne pas compromettre le fruit des travauxdu générai Richepance (2).(1) Ce décret, dispensateur d'une récompense nationale,n'a point été rapporté par le gouvernement du roi.Les autorités locales de <strong>la</strong> Guadeloupe doivent être d'autantplus jalouses de veiller à ce qu'il n'y soit pas dérogé,qu'une dos plus belles rues de <strong>la</strong> capitale de <strong>la</strong>France, à <strong>la</strong> quelle un nouveau décret de janvier 1808 ,consacra le même nom, s'appelle toujours <strong>la</strong> rue Richepance.(9.) Une lettre écrite par le préfet Lescallier , au ministre


An X(l802)( 156 )L'état de siége venait de cesser; un reste de rebellesque leur fuite dans les bois avait empêché l'arméed'atteindre, n'était composé que de quelquescentaines de nègres épars, dont <strong>la</strong> moitié seulementavaient des armes, et leur nombre n'était pas plusconsidérable que celui des nègres marrons qui existaientantérieurement ; ils se montraient lorsque <strong>la</strong>faim les pressait, mais ils étaient vivement chassés,et pour les surprendre leurs retraites étaient fréquemmentcernées (1).Ce système de guerre, adopté par le général Richepance,était suivi avec succès par le généralGobert, lorsque ce dernier repassa en France, ainsique le général Dumoutier , pour y rétablir sa santé(2). Le commandement des troupes fut alors dévoluau chef d'état-major Ménard ; il avait possédé<strong>la</strong> confiance méritée du général en chef, et provi­de <strong>la</strong> marine, le 18 thermidor, lendemain de <strong>la</strong> réintégration, annonça que le général Lacrosse était très-aiméà <strong>la</strong> Guadeloupe, et que s'il y avait quelque chose, à rediresur sa conduite, ce serait d'avoir trop ménagé lesméchants, d'avoir eu trop de confiance et de bonté docaractère. (Moniteur du 23 vendémiaire an 11 (13 octobre1802).(1) Dépêche du capitaine-général Lacrosse au ministre,du 24 fructidor an 10. Moniteur du 28 vendémiaire an11 (20 octobre 1803).(2) Le général Gobert, devenu général de division,faisait partie du corps d'armée qui capitu<strong>la</strong> à Baylen en


( 157 )soirement il fut pourvu du grade de général de brigadeAn X, qui lui fut conféré par <strong>la</strong> métropole.(1802)Cependant le capitaine-général, préoccupé descraintes que lui inspirait ce reste de brigands disséminés, que <strong>la</strong> misère devait précipiter contre le ferqui les attendait, fut persuadé de l'existence descomplots qu'on lui dénonçait, et crut devoir dévierde <strong>la</strong> marche tracée par le général Richepance.Les exécutions se renouvelèrent; les nègres de toutsexe, qui avaient été séduits par les chefs ou entraînéspar <strong>la</strong> force de <strong>la</strong> rébellion, furent livrés aug<strong>la</strong>ive des commissions militaires. On réunit lescompagnies de gens de couleur en un corps dechasseurs des bois ; et les jeunes créoles furent appelésà cette guerre, comme conscrits. On fit choix,pour les commander, d'un des officiers qui avaientéchappé, dans <strong>la</strong> chaloupe couverte, au désastredu camp de Saint-Jean, et qui s'était montré lezélé serviteur des Ang<strong>la</strong>is à <strong>la</strong> Dominique.Les partis furent diversement agités par <strong>la</strong> compositionde ce nouveau corps et par le séjour, à <strong>la</strong>Guadeloupe, du gouverneur Cochrane-Johnston.Cet Ang<strong>la</strong>is, épris d'une jeune veuve, propriétaireEspagne, le 22 juillet 1808. Il mourut prisonnier desAng<strong>la</strong>is.Le général de brigade Dumoutier était âgé et vécut enFrance sans emploi; après <strong>la</strong> seconde restauration il seretira à <strong>la</strong> Martinique, où il est mort en 1821.


An x(1802)( 158 )de trois habitations, qu'il avait vue à <strong>la</strong> Dominique, était venu dans le dessein de l'épouser. Le capitaine-généralne pouvant pas se prêter à <strong>la</strong> conclusionde ce mariage, on al<strong>la</strong> le célébrer à <strong>la</strong> Martinique, d'où les deux époux revinrent se fixer à <strong>la</strong>Guadeloupe(1). On ne vit pas sans appréhensionqu'un Ang<strong>la</strong>is de ce rang tint à <strong>la</strong> colonie par degrandes propriétés et à <strong>la</strong> nombreuse famille ducommandant des chasseurs des bois,épouse.par sonLe mécontentement était grand , quand unebande de nègres, poussés peut-être au désespoirpar le rétablissement des potences , égorgea, dans <strong>la</strong>nuit du 14 vendémiaire (6 octobre), diverses personnesdes familles les plus distinguées du quartierde Sainte-Anne. M. d'Estre<strong>la</strong>n, échappé de leursmains, blessé et tout couvert de sang, parvint à rénnir, dans le bourg, quatorze b<strong>la</strong>ncs à <strong>la</strong> tête desquelsil arrêta <strong>la</strong> fureur des assassins , les mit en(1) Ce mariage ne fut pas contracté sous les lois ang<strong>la</strong>ises,comme il est dit a <strong>la</strong> page 58o du 1er volume; ilfut célébré, en 1802, à <strong>la</strong> Martinique, sous le gouvernementfrançais , sans <strong>la</strong> permission du curé de <strong>la</strong> Guadeloupe oùétait le domicile de l'épouse, par le curé d'une autre missionque celle du préfet apostolique qui accorda les dispenses.Aussi ces dispenses furent rétractées peu de joursaprès et, en 1807, on se servit de ce prétexte pour faireannuler le mariage.


( 159 )fuite dans les bois, et rendit un éminent service à<strong>la</strong> colonie.On fit procéder à l'information de cet attentat.Trois b<strong>la</strong>ncs , l'un âgé de 6g ans, ancien chevalierde Saint-Louis, un second ancien commissaire dugouvernement à Sainte-Anne et un troisième sanstitres , furent accusés de s'être mis à <strong>la</strong> tête des assassinset d'avoir voulu opérer un soulèvement dansles quartiers du Moule et de Saint-François. L'immoralité,depuis long-temps reconnue, du premier,qui avait été chassé depuis dix mois de <strong>la</strong> Martinique, donna du poids à l'accusation (I). Ils furentarrêtés avec une soixantaine de noirs et gens decouleur.Le tribunal spécial, créé pour les juger, condamna,le 11 brumaire (2 novembre), le premier deces b<strong>la</strong>ncs à périr dans une cage de fer, exposé sur<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Victoire, nud, à cheval sur une <strong>la</strong>metranchante, et les deux autres à être roués et brûlésvifs sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce. Un seul des condamnés subit sasentence; les deux autres s'étranglèrent dans leurcachot, l'un pour échapper au supplice de <strong>la</strong> roue,et l'autre à celui de <strong>la</strong> cage de fer, le plus affreuxqui ail jamais été inventé. 11 n'était connu jusque làAn XI(1802)(1) Le Moniteur du 23 nivôse an 11 ( 13 janvier 1803),convient l'explosé du rapporteur et du commissaire prèsle tribunal spécial établi pour cette affaire.


An XI(l802)( 160)que des seuls Ang<strong>la</strong>is, qui l'avaient souvent faitendurer à des nègres marrons, dans leurs colonies,entre autres à <strong>la</strong> Dominique (1).La tête des nègres réfugiés dans les bois fut miseà prix; il fut promis pour chacun une portugaise(44 francs); mais cette mesure donna lieu à degrands abus, en excitant <strong>la</strong> cupidité. Les nègresfugitifs furent traqués comme des bêtes fauves , ettous ceux qui se <strong>la</strong>issèrent prendre furent brûlésvifs sur les p<strong>la</strong>ces publiques.Chacun se permettait de censurer ou d'app<strong>la</strong>udirles actes du gouvernement, suivant ses affections et<strong>la</strong> part qu'il y'prenait. Les discours s'étendaientjusque sur le capitaine-général, et les jugemensqu'on en faisait, portaient l'empreinte des passionsencore émues. Inquiet de tout ce qu'on lui rapportait, il voulut comprimer les partis par l'effortseul de sa puissance ; et se voyant en butte au chocdes opinions, il S'abandonna aux défiances qu'ilconçut indistinctement contre ses alentours et contreles colons. Le général commandant les troupesfut arrêté avec plusieurs officiers, et renvoyé enFrance a bord du Jemmapes.Le capitaine-généralmenaçait de se débarrasser, par <strong>la</strong> même voie, detoutes les oppositions qui lui semb<strong>la</strong>ient croître(1) Note 55 du mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe.


( 161 )sans cesse, et cet état d'anxiété aurait pu amenerencore une crise funeste, si l'arrivée du généralErnouf ne l'avait fait cesser (1).Le nombre des troupes venues avec le généralRichepance était considérablement diminué, par <strong>la</strong>ma<strong>la</strong>die qui, à cette époque, exerça les plus grandsravages dans toutes les Antilles. On fut obligé deretenir 405 hommes de <strong>la</strong> septième demi-brigade,que portait, à Saint-Domingue, le navire hol<strong>la</strong>ndais<strong>la</strong> Cybèle forcé par des avaries de relâcher à <strong>la</strong>Basse-Terre le jour même où y mourut le généralen chef. Ce ne fut que quelque temps après qu'onput envoyer à leur destination 180 de ces hommes,lorsque le troisième bataillon de <strong>la</strong> deuxième demibrigaded'artillerie de marine, parti de Lorientle 20 fructidor, fut arrivé à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître;il y débarqua, le 2 brumaire (24octobre), 5o4 hommescommandés par le chef de bataillon Goffard ,qui ne tarda pas à succomber aux ma<strong>la</strong>dies quirégnaient.Quatre compagnies de <strong>la</strong> deuxième demi-brigaded'artillerie de marine, fortes de 250 hommes, arrivèrentaussi, en pluviose (février 1803), expédiéesde <strong>la</strong> Martinique.An XI(1803)(1) Mémoire pour les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe,tome 1 er , pages 308 à 318.Mémoire du général Ambert, et autres documens.III.II


An XI(1803)( 162)L'amiral Vil<strong>la</strong>ret de Joyeuse, nommé capitainegénéralde cette colonie et de Sainte-Lucie, restituéesà <strong>la</strong> France par le traité d'Amiens, en avaitpris possession, le 26 fructidor an 10 (13 septembre1802.) Ce respectable chef, que <strong>la</strong> réputation <strong>la</strong>plus honorable avait précédé à <strong>la</strong> Martinique, eut <strong>la</strong>douleur de voir moissonner promptement, par <strong>la</strong>fièvre jaune, les deux tiers de <strong>la</strong> nombreuse expéditionà <strong>la</strong> tête de <strong>la</strong>quelle il était arrivé. Il sutrappeler, par une administrationpaternelle , lecœur des colons à <strong>la</strong> métropole, et <strong>la</strong>isser dans cettecolonie les souvenirs les plus f<strong>la</strong>tteurs, après septans d'un commandement que les circonstances necessèrent pas de rendre difficile.


( 163 )LIVRE ONZIÈME.Gouvernement du capitaine - généralErnouf à <strong>la</strong> Guadeloupe ; périodede 1803 à 1810.CHAPITRE Ier.Le général Ernouf remp<strong>la</strong>ce le capitaine-général Lacrosseà <strong>la</strong> Guadeloupe.—Rupture du traité d'Amiens.LE gouvernement consu<strong>la</strong>ire, instruit de l'étatde crise de <strong>la</strong> Guadeloupe, avait nommé, le 17ventôse an 11 (8 mars 1803), le général de divisionErnouf capitaine-général de cette colonie, en luiordonnant de presser son départ. Le général s'embarquaà Rochefort, sur <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Surveil<strong>la</strong>nte,avec le général de brigade d'Houdetot, appelé auAn XI(1805)


An XI(1803)( 164 )commandement des troupes, 225 hommes du quatrièmedépôt colonial, une compagnie de 54 gendarmes,et leva l'ancre le 15 germinal (5 avril.)Le général Ernouf fit d'abord route pour <strong>la</strong> Martinique,afin d'aller prendre <strong>la</strong>ngue auprès du capitaine-généralVil<strong>la</strong>ret, et se concerter avec lui surles mesures communes de vigi<strong>la</strong>nce et de sûreté quidevaient former le système général de défense etde protection réciproque des îles du vent.Ce qu'il en apprit, touchant <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong>Guadeloupe, le fit se rembarquer sans dé<strong>la</strong>i ; i<strong>la</strong>rriva à <strong>la</strong> Basse-Terre le 18 floréal (8 mai) aumatin (1).Le général Ernouf apparut aux colons commeun libérateur; sa présence dissipa toutes les craintesen mettant fin aux menaces d'embarquement. Afind'en effacer jusqu'aux traces, il fil partir pourFrance les officiers qui avaient pris part au renvoidu général commandant les troupes.La France régénérée avait espéré combler l'abîmede <strong>la</strong> révolution par l'acte, du 4 floréal an 10, portantamnistie pour les 150,000 prévenus d'émigration.La position plus favorable des colonies permitau gouvernement de les faire jouir du bienfait decette loi dans toute l'extension de sa générosité; unsénatus-consulte du 10 floréal (5o avril), et un ar-(1) Le contre-amiral Lacrosse de retour en France,fut employé dans <strong>la</strong> flotille de Boulogne, où il servitavec distinction; il est en retraite à Paris.


( 165 )rêté consu<strong>la</strong>ire du 28 brumaire an 11 (19 novembre An XI( 1803)1802), supprimèrent toutes les listes locales d'émigrés,formées aux colonies, et ordonnèrent <strong>la</strong> restitution, à leurs propriétaires (1), de tous les biensséquestrés. Le capitaine-général Ernouf eut l'heureusemissionde faire, à <strong>la</strong> Guadeloupe, l'applicationcomplète de ces mesures, que ses prédécesseursn'avaient pu que commencer. Il rétablit dans leurspropriétés, dont aucune n'avait été aliénée, tous lescolons émigrés, qu'une nouvelle faveur de <strong>la</strong> métropoleattendait encore.Les habitations sucrières des colonies sont possédées, en grande partie, par des propriétairescréoles , tandis que le commerce se trouve presqueen entier entre les mains des Européens. Dans leursre<strong>la</strong>tions d'intérêt, le négociant est obligé de fairede grandes avances au p<strong>la</strong>nteur, qui en tire souventdes motifs de haine et de jalousie.Le gouvernement vou<strong>la</strong>nt, dans ces circonstances,favoriser l'agriculture, et rétablir entre elleet le commerce le cours des anciennes re<strong>la</strong>tions,ordonna un sursis au remboursement des dettcs(2).La Guadeloupe respirait enfin, encore étonnéede <strong>la</strong> longue et terrible leçon que venaient de recevoirtoutes les c<strong>la</strong>sses de ses habitans. Les b<strong>la</strong>ncs,(1) Code de <strong>la</strong> Martinique, tome 4e, page 324.0) Voir ce qui a été dit sur cet objet, dans le 1er vol.,page 4oo.


An XI(1803)( 166 )restés fidèles au nom français au milieu de tous lesdangers, songeaient à recueillir le prix de leur persévérancepar d'utiles <strong>la</strong>beurs. Ceux qu'un attachementprolongé pour l'ancien ordre de choses oudes motifs de crainte avaient éloignés de leurs propriétés,se félicitaient de les avoir recouvrées ets'occupaient à les restaurer. Les gens de couleurlibres, avaient abjuré une ambition dénuée de toutespoir dès qu'elle l'avait été de tout appui. Lesnoirs, subjugués par <strong>la</strong> force des armes et par <strong>la</strong>puissance de <strong>la</strong> métropole, étaient rentrés paisibleset soumis dans leurs ateliers. Leur nombre, considérablementdiminué par dix années de bouleversemens,était encore assez grand sur les habitationsdont ils relevaient les édifices incendiés dans lesderniers accès de leur fureur ou dégradés durant <strong>la</strong>longue absence des propriétaires.Tous les fonds, cachés pendant les troubles, reparaissaientdans le commerce et offraient à l'ému<strong>la</strong>tionagricole de nouveaux alimens. L'industriereprenait partout son action vivifiante; uneprochaine récolte promettait l'abondance; tous lescœurs se livraient à l'espérance (1), et <strong>la</strong> coloniebénissait le gouvernement qui l'avait arrêtée aubord du précipice pour <strong>la</strong> rappeler à <strong>la</strong> fécondité etau bonheur, lorsqu'elle apprit <strong>la</strong> rupture du traitéd'Amiens (2).(1) Mémoire manuscrit du général Ambert(2) Cette rupture avait eu lieu du 13 au 2 0 mai 1803


( 167 )Ouvrons l'histoire, toutes ses pages nous disentque les traités de paix ne furent, dans tous les temps,pour l'Angleterre, que des trèves momentanéespour se préparer, par des intrigues , à renouvellerles agressions dès qu'elle croyait pouvoir le faireavec impunité. Pendant les 400 années de cetteguerre déplorable que Guil<strong>la</strong>ume le-Bâtard commençaen 1087 et qui ne finit qu'en 1485 , c'est-àdireà l'extinction de <strong>la</strong> race des P<strong>la</strong>ntagenets, quede tentatives ne fit-elle pas pour arracher <strong>la</strong> Franceà ses rois ! Constante dans ses efforts, <strong>la</strong> malheureusejournée de <strong>la</strong> Hogue décida, en 1692, desa prépondérance maritime. Dès lors, toutes lesguerres qui ont affligé l'Europe furent fomentées etcommencées par l'Angleterre , au milieu de <strong>la</strong> sécuritédes traités , pour satisfaire son ambition et saperles fondemens d'une puissance qu'elle ne cessajamais de regarder d'un œil envieux.Forcée par l'état de ses finances et le vœu national, à traiter de <strong>la</strong> paix à Amiens, le gouvernementbritannique n'y accéda que pour reprendre haleine,réparer ses pertes et conserver ses conquêtes (I); enAn XI(l803)lord Wilworth, ambassadeur d'Angleterre, quitta Parisdans cet intervalle, et selon leur usage immémorial,les Ang<strong>la</strong>is commencèrent les hostilités, avant qu'on sedoutât, en France, que le traité de paix était rompu.(1) Les îles de <strong>la</strong> Trinité et de Cey<strong>la</strong>n, dont les avantagespour l'Angleterre, sont inappréciables et que le traité


An XX(1803)( 168)y souscrivant il se ménageait les, moyens de <strong>la</strong> rompre.Malte, rocher formidable que nos soldatsavaient conquis en six jours et que l'Angleterre neput arracher de leurs mains qu'après six mois d'efforts,Malte al<strong>la</strong>it servir de prétexte à de nouveauxcombats.Jalouse de l'activité de nos ports et de nos arsenaux, de l'énergie qu'imprimait à <strong>la</strong> France entièrecelui qui présidait à ses destins , l'Angleterre , queses usurpations et l'aveuglement obstiné de l'Europe, ont rendue <strong>la</strong> souveraine des mers, n'eutpas plutôt conclu le traité, qu'elle se prépara sourdementà le rompre. Dès que ses vaisseaux furentarmés, que ses nombreux corsaires eurent été disposéssur les points les plus propres à intercepterles communications, elle refusa de rendre Malteaux chevaliers. En vain <strong>la</strong> France réc<strong>la</strong>ma <strong>la</strong> fidélitédue aux engagemens pris, ces engagemens furentméconnus , et l'on croyait encore à Paris les négociationsen activité, que le télégraphe annonçaitdéjà l'enlèvement, dans <strong>la</strong> baie d'Audierne,deux de nos bâtimens de commerce. Nos navires ,trop confians , qui revenaient sur <strong>la</strong> foi des traités,chargés des trésors des deux mondes, furent saisissur toutes les mers, comme ils l'avaient été en 1755,par les forbans qui les attendaient au passage.ded'Amiens lui garantit, sous <strong>la</strong> condition de restituer l'îlede Malte à l'ordre des chevaliers reconstitué.


( 169 )La France, à cette nouvelle, poussa un cri d'indignation.Guerriers, citoyens, magistrats, tousressentirent l'injure et tous voulurent <strong>la</strong> venger. Lanation offrit des soldats, des trésors, des vaisseaux,des marins ; tout le littoral retentit des coups de <strong>la</strong>hache du constructeur; Boulogne aggrandit sonbassin et reçut les nombreuses divisions de <strong>la</strong> flotillc,qui fittrembler l'Angleterre, et contre <strong>la</strong>quelleses efforts impuissans vinrent se briser.Alors elle secoua les torches de <strong>la</strong> discorde sur lenord de l'Europe, qu'elle replongea dans l'abîmede maux dont il sortait à peine. Mais les nouvellescoalitions où elle l'entraîna, pour perdre sa rivale,ne servirent, pendant dix ans, qu'à élever <strong>la</strong> Franceau plus haut degré de puissance et de gloire.An XI(1803)


( 170)CHAPITRE II.La rupture du traité d'Amiens occasionne le désastre deSaint-Domingue, et fait passer Sainte-Lucie et Tabagoau pouvoir des Ang<strong>la</strong>is.— Corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Expédition malheureuse de Deshayes.An XI(1803)CETTE paix de 1802, après <strong>la</strong>quelle les Antillesavaient tant soupiré, ne put donc y luire que quelquesinstans ; on <strong>la</strong> vit s'éclipser avec <strong>la</strong> rapiditéd'un beau jour. La perte de Saint-Domingue suivitde près cette rupture et fut le premier désastre dontl'Angleterre eut à s'app<strong>la</strong>udir,Aux îles du vent, elle courut attaquer à l'improvisteSainte-Lucie, qu'elle enleva d'assaut, le 22 juin1803, malgré les valeureux efforts du brave généralNogués, à qui les ma<strong>la</strong>dies n'avaient <strong>la</strong>issé qu'une poignéede soldats. Elle prit en même-temps Tabagorocher sans défense où commandait le généralCésar Berthiner; mais l'attitude imposante qu'offraient<strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe, malgré lesravages quotidiens de <strong>la</strong> fièvre jaune, ôta aux Ang<strong>la</strong>isl'envie de les auaquer; ils se contentèrent


( 171)d'intercepter leurs communications par de nombreusesAn XIcroisières.(l803)La déc<strong>la</strong>ration de guerre, solennellement proc<strong>la</strong>méedans ces deux colonies, avait été accueillie avecune sorte d'enthousiasme par l'universalité de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.Ce qui naguère aurait produit des a<strong>la</strong>rmeset des troubles eut un effet presque inaperçu dansles conjonctures présentes; chaque habitant se réjouissaitde voir réunis dans les mains du capitainegénéral, par<strong>la</strong> mise en état de siége, tous les moyensde force, qui n'étaient plus que des moyens de conservationsous l'égide du gouvernement puissantqui s'efforçait d'étendre jusqu'aux colonies l'influencede sa mâle vigueur.A <strong>la</strong> Guadeloupe, le capitaine-général prit le titrede général en chef. Il établit près de sa résidence deMont-Repos, sur les hauteurs de <strong>la</strong> Basse-Terre , unbarraquement pour les troupes, dans <strong>la</strong> vue de préserverleur santé et de resserrer les liens de <strong>la</strong> discipline.Les habitans de <strong>la</strong> ville y firent porter, àl'envi, les bois et <strong>la</strong> paille nécessaires; et l'on vits'élever le camp dit de Boulogne,nom du propriétairedu terrain sur lequel il fut construit.L'ang<strong>la</strong>is Johnston Cochrane, d'abord mis ensurveil<strong>la</strong>nce, reçut bientôt l'ordre de sortir de <strong>la</strong>Guadeloupe, et <strong>la</strong> colonie app<strong>la</strong>udit à cette mesurede prudence, exercée envers un ennemi de <strong>la</strong> France,qui ne déguisait pas ses sentimens ; son épouse nele suivit point.


An XI(1803)( 172 )Une amnistie fut accordée aux noirs fugitifs quirentreraient à une époque fixée. Cette amnistieacheva de détruire les derniers élémens de <strong>la</strong> revoke;elle augmenta <strong>la</strong> satisfactioncommune.Tout se faisait avec une confiance réciproque et lesespérances pour l'avenir étaient sans bornes.La guerre, en rompant momentanément l'obligation,toujours onéreuse aux colonies, de n'envoyerleurs productions qu'à leur métropole, et dene recevoir que d'elle tous les objets qu'elles consomment,devint favorable à <strong>la</strong> Guadeloupe. Sesports furent ouverts aux Américains, aux Espagnols, aux Danois et aux Suédois dont <strong>la</strong> concurrenceaugmenta considérablement les objets d'importation,en diminua le prix , et rehaussa celui desdenrées coloniales. Tous les intérêts se dirigèrentvers les cultures et tous les bras libres se préparèrentavec zèle à <strong>la</strong> défense du territoire contre l'aggressiondes Ang<strong>la</strong>is; des corsaires furentarméspour porter le ravage dans leur commerce. L'affluencedes étrangers devint telle que <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre ne tarda pas à se voir un des comptoirs lesplus riches et les plus abondans des Antilles.Mais cette prospérité fut de courte durée. LaGuadeloupe n'était plus cette colonie guerrière qui,sous le régime extraordinaire de 1795, avait arméun nombre considérable de corsaires pour se créerdes ressources et des défenseurs. Devenue colonieagricole, sous un gouvernement réparateur, elle au-


( 173 )rait du se borner à ne délivrer que les lettres demarque nécessaires, pour donner aux marins sansemploi <strong>la</strong> faculté de subsister , en nuisant, par dejustes représailles, au commerce de l'ennemi. Lesgens prévoyans et désintéressés dans les armemensen course ne les virent pas sans peine se multiplierinconsidérément (1). En effet, si ces corsaires jetèrentdans <strong>la</strong> colonie une énorme quantité de marchandises(2) , <strong>la</strong> presque nullité de leur prix portaatteinte à l'agriculture, à l'industrie locale, à cellenationale; et l'on y vit affluer un grand nombred'aventuriers de mœurs déréglées , dont l'esprit ardentet insubordonné compromit quelquefois <strong>la</strong> sû -reté publique. Ainsi le résultat de tous les armemens,malgré leurs riches et nombreuses prises, et malgréleur éc<strong>la</strong>t momentané, fut de nuire à <strong>la</strong> culture, parl'avilissement des productions du sol, et à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,en y mê<strong>la</strong>nt un ramassis de gens sans aveu,qui ne pouvaient qu'inspirer de justes craintes. Lacourse maritime, qui a dû être d'un grand secoursdans le premier âge des colonies , ne pourrait aujourd'huis'y faire, avec une utilité réelle, que dansle cas d'une guerre entre <strong>la</strong> France et les États-Unis.Hormis cette circonstance, on peut dire qu'elleAn XI(1803)(1) Mémoire manuscrit du général Ambert.(2) Voir dans le 2 e vol. , au tableau statistique n° 11,le produit des prises des corsaires, à cette époque.


An XI(1803)(174 )y sera toujours contraire à tout autre genre de spécu<strong>la</strong>tionsoit agricole soit mercantile.Dans les premiers jours de fructidor an xi (Vers<strong>la</strong> fin d'août 1803), on voulut, à <strong>la</strong> Guadeloupe,se servir de corsaires, à défaut de marine de l'Etat,pour aller tenter de détruire les chantiers de radoubd'Antigues et frapper une contribution sur cettecolonie importante, qu'on savait dégarnie de troupes,par l'occupation récente de Sainte-Lucie et deTabago. On réunit à Deshayes, qui n'est distantd'Antigues que de 8 à 9 lieues, dix goëlettes arméesen course , avec plusieurs corps de troupes qui devaients'y embarquer (1). La colonie- ne fut pas sansinquiétude sur cette expédition extérieure qui pouvaitcompromettre les troupes, les armes et lesmunitions nécessaires à sa défense, et le résultatqu'elle eut ne justifia que trop ces appréhensions.La frégate ang<strong>la</strong>ise l'Emeraude, sortie de <strong>la</strong> Dominiqueavec un brick et une goëlette, parut devantDeshayes, au milieu du trouble de l'embarquement,avant qu'on eût fait aucune disposition de défensedans <strong>la</strong> baie; sept, chaloupes ennemies, armées decaronades,commencèrentl'attaque, le 18 fructidor (5 septembre),à 11 heures et demie du soir. Le feu des(1) Ces troupes consistaient en un bataillon de <strong>la</strong> 15edemi-brigade, plusieurs compagnies de couleur et unecentaine de volontaires b<strong>la</strong>ncs.


( 175 )troupes françaises fut très-vif, l'ennemi en souffrirbeaucoup; plusieurs de ses chaloupes furent prisesou coulées par les batteries , mais l'expédition futmise en désordre et dissipée sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge môme deDeshayes, où elle avait été réunie (1).Au XI(1803)(1) Moniteur du 4 prairial an 12 (24 mai 1804); mémoiremanuscrit du général Ambert.


( 176 )CHAPITRE III.Administration de <strong>la</strong> colonieDépart du préfet pourFrance. —Formation du 66E regiment.An XI(1803)LES revenus publics s'amélioraient chaque jour,à <strong>la</strong> Guadeloupe , et <strong>la</strong> métropole contribuait directementà l'entretien de <strong>la</strong> force publique, objet leplus difficile dans un pays épuisé. Le préfet colonialLescallier, qui en avait <strong>la</strong> direction, agissait de sonmieux pour seconder les vues réparatrices du gouvernement.Cet administrateur répartit les chargesde <strong>la</strong> colonie entre une capitation sur les esc<strong>la</strong>ves ,un impôt sur l'industrie et sur les maisons des villes,et entre les douanes qu'il mit en régie, parce queles variations dont les besoins de <strong>la</strong> colonie sont susceptiblesne pouvaient, admettre d'assiette fixe dansl'établissement de cet impôt.Ces ressources étant insuffisantes pour faire faceaux dépenses excessives que les réductions, résultantesde <strong>la</strong> révolte des noirs , avaient occasionées,M. Lescallier jugea à propos d'en chercher de nouvellesdans les circonstances elles-mêmes.


( 177 )Les nègres provenant des prises faites sur les Ang<strong>la</strong>ispendant les troubles, ayant été répandus surles habitations, devenaient <strong>la</strong> propriété de l'état,par le rétablissement de l'esc<strong>la</strong>vage. Le préfet crutaccorder l'intérêt du gouvernement avec celui descultures, en vendant ces nègres aux propriétaires,chez qui ils se trouvaient; le prix en était payableen obligations versées au trésor, à des termes d'échéancequi en facilitaient le paiement.11 fit faire <strong>la</strong> vérification des affranchissemens ensoumettant chaque titre à une taxe, qui variait de40 à 80 francs; il exigea <strong>la</strong> rétribution imposéepar les anciennes lois et que l'état n'avait pas encoreperçue, pour les affranchissemens qui avaient eulieu pendant <strong>la</strong> révolution. Il accorda des dé<strong>la</strong>ispour l'aquittement de cette rétribution, qui était de1200 francs (1).Le besoin de pourvoir aux dépenses urgentes, fitaussi aliéner quelques portions de terrain, alorsinutiles, et qui, par cette aliénation, produisirent <strong>la</strong>seule cafeyère considérable de <strong>la</strong> Guadeloupe (2).Les corsaires alimentaient le commerce par leursprises nombreuses, et depuis le mois d'août 1803,An XI(1803)(1) Correspondance du préfet avec le ministre de <strong>la</strong>marine, dans les Moniteurs de l'an XI (i8o3).Mémoire du général Ambert, et mémoires particuliers,communiqués.(2) Celle de M. Negret, au palmiste.III. 12


An XII(1805)(178)jusqu'au mois d'avril 1804, on compta 92 naviresang<strong>la</strong>is capturés (1).Telle était <strong>la</strong> marche de l'administration , lorsquele Guadeloupe vit s'éloigner le préfet colonial qui<strong>la</strong> dirigeait. M. Lescallier, en butte à de sourdesmenées, contre lesquelles il ne voulut pas avoir àlutter plus long-temps, préféra quitter <strong>la</strong> colonieet se rendre en France.L'arrestation momentanée qui fut faite, vers lumeine époque, du troisième chef de <strong>la</strong> colonie, lecommissaire de justice Bertholio, donna lieu à desconjectures fâcheuses, quoiqu'on feignît de <strong>la</strong> présentercomme l'effet d'une méprise (2).M. Roustagneuq ayant été nommé préfet parintérim, par un arrêté du capitaine-général, le 12vendémiaire an 12 (5 octobre 1803), l'administrationprit une autre direction que celle suivie jusqu'alors.Les gouvernemens coloniaux s'étaient, presquede tout temps, procuré les approvisionnemens aucompte de l'état, qui forment une des branchesprincipales de l'importation , au moyen de soumissionsfaites par tous les négocians, dont <strong>la</strong> con-(1) La vente de ces prises, sans y comprendre les 01dernières, qui n'étaient pas encore liquidées, moulèrent à2,704,159 francs, (rapport du capitaine-général, dsnsle Moniteur du 29 thermidor an 12 (17 août 1804. )(2) Mémoire du général Ambert.


( 179 )currence semb<strong>la</strong>it devoir être favorable aux intérêtsdu gouvernement et du commerce. Après le départde M. Lescallier, l'administration coloniale jugea àpropos de se mettre à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce des négocians , enexerçant le droit de préemption, d'une manière àpeu près absolue, sauf à revendre le surplus desobjets que ce mode lui procurait. Elle préféra rudementn'avoir plus à faire qu'à un fournisseur, dontl'emploi avait été inconnu à <strong>la</strong> Guadeloupe jusqu'en1801 , et celui qu'elle rétablit fut exclusivementchargé des achats et des fournitures.Les douanes furent données à ferme, en vendémiairean 12, pour <strong>la</strong> somme annuelle de 981,000 f.Le ministre de <strong>la</strong> marine s'en p<strong>la</strong>ignit, et écrivitque divers calculs, faits sur cet objet, portaient, le revenudes douanes de <strong>la</strong> colonie à près de 2,000,000francs, ce qui donnait lieu de croire que les intérêtsdu gouvernement avaient été lésés dans le prix dubail (1). Ce bail fut concédé au fournisseur-général,qui, ayant ainsi <strong>la</strong> manutention, à peu près exclusive,de toutes les finances commerciales, ne pouvaitqu'exciter l'envie, et faire naître des murmures.Ces murmures ne tardèrent pas à s'étendre ducivil au militaire; le c<strong>la</strong>ssement des officiers, dans<strong>la</strong> nouvelle organisation donnée aux troupes, enfut <strong>la</strong> première cause.An XII( 1803)(1) Instructions données au préfet colonial le in pluviôsean 13 (8 février 1805).


An XIIl804)( 180 )En exécution des ordres de <strong>la</strong> métropole, le 66 erégiment de ligne fut composé, le 1er vendémiairean 13 (23 septembre 1804), du 3 ebataillon de <strong>la</strong> 15edemi-brigade, et des deux bataillons de <strong>la</strong> 66evenus tous les trois à <strong>la</strong> Guadeloupe avec le généralRichepance. Les ma<strong>la</strong>dies du climat faisaient untel ravage parmi les soldats, surtout dans le tempsde l'hivernage, que, malgré les diverses incorporationsqui avaient eu lieu dans ces trois bataillons, <strong>la</strong> force du régiment ne fut, à sa formation,que de 125 hommes.On y encadra des officiers pris dans <strong>la</strong> colonie,à l'exclusion de ceux brévetés par le gouvernement,qui furent renvoyés en France, ou quittèrent enpartie le service. Beaucoup d'anciens militaires sep<strong>la</strong>ignirent aussi de l'avancement précoce, donnéaux officiers d'un grade supérieur dans toutes lesarmes, et de <strong>la</strong> fréquence des promotions (1).Vers cette époque le général d'Houdetot quitta <strong>la</strong>Guadeloupe, pour aller prendre le commandementdes troupes à <strong>la</strong> Martinique.(1) Mémoire du général Ambert.


( 181 )CHAPITRE IV.Avénement de Napoléon à l'empire; adhésion'des Colonies.— Faits d'armes des corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe.—Escadre de l'amiral Missiessy aux Antilles.LE premier consul venait d'ètre élevé au trône An XIIimpérial, le 18 mai 1804. Tribunat, sénat, armée,(1804)fonctionnaires, et 36 millions de Français, touss'étaient empressés de lui prêter serment de fidélité,et le clergé avait mis le dernier sceau à tous ces actespar son éc<strong>la</strong>tante adhésion. Le pape Pie VII, cédantaux sollicitations des pré<strong>la</strong>ts, bien plus qu'àcelles du souverain, s'était empressé de traverserles monts, à l'exemple d'Etienne III, pour venirà Paris sanctifier le choix du nouveau Pépin (1).Témoins ocu<strong>la</strong>ires et narrateurs impartiaux, nousdevons dire que ces nouvelles, portées aux colonies,y produisirent un enthousiasme général ; appelées(1) Chronologie de l'histoire de France, depuis 1787,pages 353, 359.


An XIII(1804)( 182 )à voter sur l'hérédité de <strong>la</strong> dignité impériale , leurvoeu d'adhésion fut spontané. Elles pensaient quecelui à qui on devait l'abolition des lois de rigueur;<strong>la</strong> rentrée de 3o,ooo émigrés, le retour d'une sécuritéque, depuis 1793, on ne trouvait nulle part;qui avait effacé les traces du vandalisme , encouragéles talens, relevé les autels, environné les dépositairesdu pouvoir d'une considération depuis longtempsinconnue ; restauré le crédit public, et remp<strong>la</strong>céle chaos révolutionnaire par un ordre lumineux;que celui-là, disons-nous, protégerait lescolonies, et préviendrait à jamais le retour desmaux effroyables dont elles avaient été les victimes(1),Les corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe célébrèrent cetévénement par des faits d'armes, qui font le plusgrand honneur au courage de ces modernes flibustiers.Quoiqu'ils eussent à lutter contre des forcesimposantes , ils déso<strong>la</strong>ient le commerce britanniquepar leurs nombreuses prises, et poussaient l'assurancejusqu'à se mesurer avec des bâtimens de <strong>la</strong>marine royale britannique plus forts qu'eux. Parmiles combats bril<strong>la</strong>ns qu'ils soutinrent, à cette époque, celui du capitaine Lamarque est surtout digned'éloges. Son corsaire, armé seulement de canonsde six livres de balles, n'avait plus que 75 hommesà bord, quand il fut attaqué, le 26 messidor (15(I) Chronologie de l'histoire de France, page 348.


( 183 )juillet 1804), par <strong>la</strong> corvette de S. M. B. La Lily ,An XIII(1804)forte de 16 canons de 12 et de 105 hommes d'équipage.Le capitaine Lamarque prêta le f<strong>la</strong>nc, et ménageasi bien son feu, qu'il tua beaucoup de mondeà l'ennemi, lui fit des avaries majeures, sauta àl'abordage, et s'empara de <strong>la</strong> corvette, qu'il conduisiten triomphe à <strong>la</strong> Basse-Terre.Ce bâtiment fut envoyé, monté par 20 hommes,aux Saintes , pour y être réparé. La frégate ang<strong>la</strong>ise<strong>la</strong> Ga<strong>la</strong>tée vint croiser aux environs, pour le reconnaîtreet chercher à l'enlever. Cinq barges ,parties de son bord, arrivèrent <strong>la</strong> nuit dans <strong>la</strong> radedos Saintes. Le chef de bataillon Madier, qui y commandaitse tenait sur ses gardes, et avait renforcéles 20 hommes de <strong>la</strong> Lily par 30 soldats. Les Ang<strong>la</strong>isfurent foudroyés par le feu de <strong>la</strong> corvette etdes batteries; trois de leurs barges furent coulées,une quatrième fut prise, et <strong>la</strong> cinquième ne parvintà s'échapper que très-maltraitée ( 1 ).Ces succès étaient le prélude d'événemens maritimesplus importans. La surprise et <strong>la</strong> joie furentau comble, lorsqu'on aperçut les croisières ang<strong>la</strong>ises, qui bloquaient nos îles, maîtresses souverainesdosmers des Antilles depuis <strong>la</strong> révolution, prendrechasse devant une escadre française d'expédition,dont on ne soupçonnait pas encore l'existence.Cette escadre , composée d'un vaisseau à trois1) Moniteur du 11 ventôse an 13 (2 mars 1805).


An XIII(1805)( 184 )ponts, de quatre vaisseaux de 74 canons, de troisfrégates et de deux corvettes, sous les ordres ducontre-amiral Burgues de Missiessy (1), ayant àbord des troupes de débarquement commandées parle général de division Joseph Lagrange (2), étaitpartie de l'île d'Aix le 21 nivôse an 13 (11 janvier1805.)Les instructions de l'amiral lui prescrivaientd'aller aux Antilles attendre, pendant 35 jours, l'escadrede Toulon, et d'employer ce temps à ravitaillernos colonies, et à porter le ravage dans cellesdes Ang<strong>la</strong>is.A leur arrivée à <strong>la</strong> Martinique, le 20 février ausoir, les deux généraux se concertèrent avec le capitaine-généralVil<strong>la</strong>ret, sur <strong>la</strong> direction <strong>la</strong> plus avantageuseà donner aux opérations. Ayant remis à <strong>la</strong>voile le 21 , ils firent route pour aller attaquer <strong>la</strong>Dominique, qu'ils espéraient surprendre. Mais àminuit, le fort Cachacrou,établi à <strong>la</strong> pointe sudestde cette île, annonça <strong>la</strong> présence de l'escadrepar le canon d'a<strong>la</strong>rme et des feux disposés sur <strong>la</strong>côte. Au point du jour, l'escadre se trouva devant<strong>la</strong> ville du Roseau, chef-lieu de <strong>la</strong> Dominique, et arborapavillon ang<strong>la</strong>is.. On lui envoya le capitainede port, pour <strong>la</strong> conduire au mouil<strong>la</strong>ge; mais lescouleurs françaises remp<strong>la</strong>cèrent alors celles an-(1) Aujourd'hui vice-amiral, commandant à Toulon.(2) Membre de <strong>la</strong> Chambre des députés, en 1820.


( 185 )g<strong>la</strong>ises, à bord de tous les bâtimens. Des embarcations,chargées de 15oo hommes de troupes, débordèrentaussitôt pour opérer deux débarquemens,au vent et sous le vent de <strong>la</strong> ville, et attaquer sesforts et ses batteries, qui venaient d'ouvrir leurfeu, tandis qu'une division de chaloupes se dirigeaitvers l'extrémité nord-ouest de l'île, portant goohommes, destinés à débarquer à deux portées decanon du fort prince Rüpers,et à marcher contrece fort, pour l'enlever à <strong>la</strong> baïonnette. Malheureusement,un calme p<strong>la</strong>t empêcha ces dernières chaloupesde se rendre à leur destination, qui auraitassuré <strong>la</strong> conquête de <strong>la</strong> Dominique ; elles furentobligées de déposer leurs troupes au même pointdu second débarquement, à une demi-lieue au norddu Roseau.Rien ne résista à l'impétuosité des Français ; lesAng<strong>la</strong>is furent culbutés dans toutes leurs positions,et se dispersèrent dans les montagnes. Le généralsir Georges Prévost, gouverneur de l'île, se sauva,suivi seulement de deux officiers, dans le fort duprince Rupers, où ses troupes harassées allèrentsuccessivement le rejoindre, après avoir perdu 200hommes tués, blessés ou prisonniers (1).Les Français entrèrent à quatre heures du soir auRoseau, alors en proie aux f<strong>la</strong>mmes que <strong>la</strong> bourreAn XIII(1805)(1) Du côté des Français, il y eut 2 officiers et 32 soldatstués, 5 officiers et 77 soldats blessés.


An XIII(l805)( 186 )des canons ang<strong>la</strong>is, dominant <strong>la</strong> ville, y avait allumées.Malgré tous leurs efforts pour éteindre l'incendie,il ne purent sauver que quelques cases isolées,habitées par des gens de couleur libres.Renfermés dans le fort du prince Rupers , il futfacile aux Ang<strong>la</strong>is de se mettre à l'abri d'un coup demain, par <strong>la</strong> position dominante et les fortificationsde ce point. Le général Lagrange les somma vainementde se rendre; ne croyant pas avoir le tempsde les réduire par un siège régulier, il refusa l'offreque vint lui faire le capitaine-général Ernouf, d'uncorps de grenadiers, pour seconder ses troupes, etse détermina à évacuer l'île. La conquête de <strong>la</strong> Dominique, dont les habitants, presque tous d'originefrançaise, se rappe<strong>la</strong>ient avec p<strong>la</strong>isir d'avoir longtempsappartenu à <strong>la</strong> France (1), aurait lié les communicationsde <strong>la</strong> Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupeet assuré <strong>la</strong> conservation mutuelle de ces trois colonies.Mais après avoir rençonné l'île, désarmé lesmilices, reçu leur parole de ne pas servir d'un an,rasé les batteries, détruit les affûts, les munitions,les magasins et pris vingt-deux navires ang<strong>la</strong>is quise trouvaient au mouil<strong>la</strong>ge du Roseau , les Françaisabandonnèrent <strong>la</strong> Dominique, le 28 février (2).(1) Voir <strong>la</strong> note historique de celle île, page 231 du2e volume.(2) On trouve, dans le 16 e tome des victoires et conquêtesetc., pages 96 et suiv. , tous les détails de cette


( 187 )L'escadre se rendit le même jour à <strong>la</strong> Guadeloupe,passa soixante heures dans <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terre,pour y débarquer les troupes et les munitions destinéesà cette colonie (I), prendre de l'eau et faire<strong>la</strong> juste répartition, entre les soldats et les équipages,du produit de toutes les prises qu'on venditsur le champ.Elle se porta ensuite sur les îles ang<strong>la</strong>ises de Nièveset de Mont-Serrat, qui furent prises sans résistanceet abandonnées, après avoir été rançonnées etdésarmées. 11 n'en fut pas de même à Saint-Christophe; 400 hommes y débarquèrent et s'emparèrent,sans coup-férir, de <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Basse-Terre et desAn XIII(1805)expédition que les rapports des Ang<strong>la</strong>is, suivant leur habitude, transformèrent presque en une victoire remportéepar eux.(1) Ces troupes se composaient :Du 3 e bataillon colonial, fort de 45o(il fut incorporé dans le 66 e régiment, le 20juin suivant, et les officiers lurent renvoyés enFrance).Du 1er bataillon du 26 0 régiment 820D'une compagnie de <strong>la</strong> première demi-brigadehelvétique 109De <strong>la</strong> 16 e compagnie du 5 e régiment d'artillerie; 86D'un détachement du train d'artillerie 16D'un détachement d'ouvriers 20Total 1501


An XIII(1805)( 188 )deux forts qui <strong>la</strong> f<strong>la</strong>nquent; mais les troupes et lesmilices se retirèrent à Brimstone-Hill,positionformidable qui exigeait un siège régulier. On renonçaà l'entreprendre par les mêmes motifs qu'onavait eus de ne pas faire celui du fort du princeRupers, et St-Christophe fut traitée et abandonnéecomme l'avait été <strong>la</strong> Dominique.Des calmes de plusieurs jours ayant empêchél'escadre de se porter contre d'autres colonies ennemies,elle regagna <strong>la</strong> Martinique où elle mouil<strong>la</strong>, le16 mars, pour y déposer les troupes et les munitionsdont elle était chargée pour cette île.Des dépêches, arrivées par le brick lePalinure,enjoignant à l'amiral Missiessy, d'effectuer son retouren Europe, à cause de <strong>la</strong> rentrée de l'escadrede Toulon (1), cet amiral leva l'ancre et se porta surSanto-Domingo afin d'offrir , en faisantroute,quelques secours à cette poignée de Français dont<strong>la</strong> résistance héroïque, sous les ordres du bravegénéral Ferrand, mérite <strong>la</strong> mentionhonorablequ'elle occupe dans les fastes militaires de <strong>la</strong> France.(I) Au moment où l'escadre de Toulon rentrait dans leport, l'amiral Missiessy, avec celle de Rochefort, luttaitcontre <strong>la</strong> tempête et faisait route pour sa destination.,La rentrée de l'amiral Villeneuve, indispensable ou non,fit manquer le but qu'on se proposait, <strong>la</strong> jonction desdeux escadres aux Antilles. ( Victoires et conquêtes etc.,tome 16, page 112).


( 189 )La ville, peu fortifiée , était assiégée depuis vingtquatrejours par une multitude de nègres qui <strong>la</strong> serraientde si près, que leur fusil<strong>la</strong>de tuait à chaqueinstant du monde dans les rues, tandis que leursalliés, les Ang<strong>la</strong>is, <strong>la</strong> bloquaient par mer. La garnisonengagée dans une sortie, était prête à succomberquand l'escadre parut; sa présence <strong>la</strong> sauva, lesAng<strong>la</strong>is prirent chasse, et les noirs levèrent le siège.L'amiral Missiessy et le général Lagrange envoyèrentau général Ferrand le dernier bataillon qui leurrestait, de l'artillerie, des munitions, des vivres, del'argent et firent route pour France.Après une campagne de cinq mois, pendant<strong>la</strong>quelle cette escadre eut <strong>la</strong> gloire d'humilier Albion, de porter <strong>la</strong> terreur dans ses établissemens,d'être utile aux colonies françaises, de faire de nombreuseset riches prises, de mettre en défaut toutesles forces ennemies qui l'attendaient au retour, ellerentra à Rochefort sans avoir éprouvé aucune perte.An XIII(18o5)


( 190 )CHAPITRE V.Escadre combinée de Toulon aux Antilles. — Désastre deTrafalgar.An XIII(1805)L'EXPÉDITION de l'amiral Missiessy avail à peinedisparu de l'archipel américain, que les Ang<strong>la</strong>is reprirentleurs croisières accoutumées devant les îlesfrançaises. Mais leur sécurité fut de courte duréeet l'a<strong>la</strong>rme se répandit de nouveau dans tous leursé<strong>la</strong>blissemens, dès qu'ils eurent connaissance qu'uneescadre combinée, forte de 14 vaisseaux français,de 6 vaisseaux espagnols, de 8 frégates et de 4 corvettes, sous les ordres de l'amiral Villeneuve, étaitarrivée à <strong>la</strong> Martinique, du 12 au 20 mai (1).(1) L'Espagne avait gardé <strong>la</strong> plus stricte neutralité;mais a <strong>la</strong> fin de 1804, l'acte de piraterie le plus déhonté<strong>la</strong> décida à <strong>la</strong> guerre.Quatre frégates de celle puissance, parlies de Montevideo,chargées de trois millions deux cent mille piastres,en espèces (17,280,000 francs), et des plus précieusesmarchandises que fournit l'Amérique du sud, furent atta-


( 191 )L'altitude imposante que le chef du gouvernementétait parvenu à donner à <strong>la</strong> marine françaiseet qu'à aucune autre époque de son histoire, l'Angleterren'a peut-être jamais vu aussi formidable,prouve avec quelle sollicitude il s'occupait d'affranchirles nations du joug de leur plus imp<strong>la</strong>cableennemie. L'apparition des escadres de Missiessy etde Villeneuve, dans les Antilles, avait pour but d'yattirer une partie des forces ang<strong>la</strong>ises d'Europe ; devenir ensuite rallier toutes les divisions françaiseset espagnoles, des ports de l'Océan; de débloquer,avec plus de quarante vaisseaux de ligne, les vingtdeuxvaisseaux et les frégates qu'on tenait tout prêts,à Brest, et d'assurer à <strong>la</strong> flottille de Boulogne lemoyen de traverser <strong>la</strong> Manche avec toutes ses troupes,avant que les flottes ang<strong>la</strong>ises eussent le tempsde se réunir dans le canal.Mais l'exécution de ce vaste p<strong>la</strong>n était confiée anplus inhabile ou au plus nuisible de tous les minis1res, qui ait jamais été imposé à notre marine. Pendantles onze années de sa pernicieuse administration,il sut écarter des grands commandemens lesAn XIII(1805)quées, au moment de leur altérage, par une escadre ang<strong>la</strong>ise, au mépris de <strong>la</strong> paix et des droits les plus sacrés.Une des frégates sauta en l'air pendant l'action, les troisautres furent capturées; l'Espagne indignée déc<strong>la</strong>ra <strong>la</strong>guerre au gouvernement ang<strong>la</strong>is, et réunit ses forces àcelles de <strong>la</strong> France.


An XIII(1805)( 192 )chefs dont il jalousait le mérite, et ce fut à ses capricesque l'Angleterre dut son salut, que notre marineimpute <strong>la</strong> longue suite de ses désastres, et <strong>la</strong>France <strong>la</strong> perte successive de toutes ses colonies,par l'abandon systématique auquel il les condamna(I).Le choix du commandant de l'escadre de Toulon,était le résultat de <strong>la</strong> faveur dont le couvrait ce ministre.Le détail des motifs qui auraient dû l'éloignerde ce commandement, est étranger à cet histoire;on le trouve dans les rapports de <strong>la</strong> bataille navaled'Aboukir, et de l'intempestive rentrée à Toulon,le 21 janvier 18o5 (2). Nous ne suivrons pas cetamiral à sa seconde sortie de Toulon, le 20 mars, etne chercherons pas à pénétrer l'objet qu'il eut envue en passant de jour devant <strong>la</strong> baie de Cadix ,tandis qu'en combinant son passage de nuit, il auraitpu surpendre et enlever les cinq vaisseaux ang<strong>la</strong>isde sir John Orde, qui bloquaient ce port.Nous ne parlerons que de son séjour aux Antilles,et l'on s'étonnera, avec nous , qu'une escadre de 20vaisseaux et douze frégates ou corvettes, ayant à(1) Victoires et conquêtes etc., tome 16, page 88.Chronologie de l'histoire de France, de 1787 à 1818,pages 367, 378, 438 et 461.(2) Ils sont longuement développés dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionimpartiale et judicieuse des événemens maritimes de cetteépoque, tome 16 des victoires et conquêtes etc.


( 193 )bord environ 8000 hommes de troupes, commandéespar le général Law de Lauriston, aide-de-camp deNapoléon, soit restée 22 jours immobile sur sesancres , à épuiser les approvisionnemens de <strong>la</strong>Martinique, pendant qu'une foule de bâtimens decommerce fuyaient en Europe , de tous les pointsde l'archipel, et que les colonies ang<strong>la</strong>ises, a<strong>la</strong>rmées,préparaient d'avance leur capitu<strong>la</strong>tion et leurrançon.Cet armement, le plus formidable que <strong>la</strong> Franceeût fait paraître aux Antilles, depuis <strong>la</strong> guerre desEtats-Unis, se borna à coopérer, avec deux de sesvaisseaux, à <strong>la</strong> prise du fort du Diamant, que le capitaine-généralVil<strong>la</strong>ret de Joyeuse fit enlever auxAng<strong>la</strong>is par 200 hommes de ses troupes, sous lesordres du chef d'escadron , Boyer-Peyreleau, sonaide-de-camp (1).Secouant enfin cette apathie, l'amiral françaisappareil<strong>la</strong>, le 4 juin, de <strong>la</strong> rade du fort Royal, etl'on peut juger de l'importance des projets d'attaquequ'il formait contre les colonies ennemies, puisqu'ilse fit donner, en sus des corps de troupe embarquéssur ses vaisseaux, une partie des garnisons de<strong>la</strong> Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupe. La flotte rangea<strong>la</strong> Dominique, et mit en panne, le 6 juin, devant <strong>la</strong>Basse-Terre, pour recevoir le contingent de soldats,An XIII(1805)(I) Les détails de ce fait d'armes sont consignés dans letome 16 des victoires et conquêtes,etc., pages 122 et suiv.111. I3


An XIII(1805)( 194 )que les généraux Villeneuve et Lauriston, avaientinvité le capitaine-général Ernouf à leur fournir.Elle fit voile aussitôt après, passa à vue de plusieursîles ang<strong>la</strong>ises, prit, le 8 juin, 14 voiles marchandes,chargées de denrées coloniales, qu'elle expédia pour<strong>la</strong> Guadeloupe (1), et eut connaissance, le lendemain, de l'arrivée à <strong>la</strong> Barbade de l'amiral Nelson,venant à sa poursuite avec onze vaisseaux.Un article des instructions données par l'amiralfrançais aux capitaines de vaisseau sous ses ordres,à leur sortie de Toulon, portait: « L'escadre ayant» un but à atteindre, ne chassera aucun bâtiment» qui <strong>la</strong> détournerait de sa route, à moins que ce» ne fût une division de bâtimens de guerre qu'on» aurait <strong>la</strong> certitude de joindre, et dont <strong>la</strong> défaite» formerait un événement assez important pour» mériter de fixer l'attention. »L'occasion était attrayante ( 2 ) , néanmoins l'ami-(I) Ce convoi, parti d'Antigues, se rendait en Angleterresous l'escorte d'une frégate qui s'échappa. Il n'arriva pasà <strong>la</strong> Guadeloupe, le capitaine de <strong>la</strong> frégate L'Hortense,le dirigea sur Porto-Rico,et le bru<strong>la</strong>, le lendemain de cechangement de destination.(2) Nous ne pouvons nous empêcher de rapporter, àce sujet, les paroles de l'amiral Vil<strong>la</strong>ret, désolé de l'inactionoù on le <strong>la</strong>issait et qu'enf<strong>la</strong>mmait l'amour de <strong>la</strong>gloire : « Je donnerais, dit-il , dix ans de ma vie»pour commander l'escadre de Villeneuve, pendant les» deux jours qu'il me faudrait pour aller attaquer Nelson.


( 195 )ral français se dérobant, sans en faire connaître le An XIII(18o5)motif, an vœu des officiers de l'escadre, qui tousvou<strong>la</strong>ient le combat, fit voile aussitôt pour l'Europe.Les troupes qu'il avait empruntées à <strong>la</strong> Martiniqueet à <strong>la</strong> Guadeloupe, furent renvoyées par quatrefrégates, qui les débarquèrent à <strong>la</strong> hâte et dans leplus grand désordre à <strong>la</strong> Basse-Terre (I).Ainsi cette flotte, au lieu des trophées et de l'opulencequ'elle promettait à nos colonies, au lieude leur avoir été utile, comme l'escadre de l'amiralMissiessy, leur fut à charge pendant tout le tempsqu'elle resta dans ces parages; et son départ précipitéqu'on ne manqua pas, dans les Antilles, de représentercomme une fuite de 20 vaisseaux, devantles onze de Nelson, livra <strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe,au besoin, à <strong>la</strong> confusion, et à <strong>la</strong> merci d'unennemi orgueilleux et irrité.Tous ces torts eussent été effacés, si l'escadre, àson arrivée en Europe, eût rempli <strong>la</strong> mission à<strong>la</strong>quelle on <strong>la</strong> destinait , sa réunion avec les autresforces navales "combinées, pour porter un coup» Quels que fussent mes ordres, je serais bien sûr d'être» app<strong>la</strong>udi, en arrivant en France, après avoir écrasé l'a-» mirai le plus redoutable de l'Angleterre.»(1) On éprouva beaucoup de difficultés, faute de bâtimens, pour faire parvenir à <strong>la</strong> Martinique celles qui luiappartenaient, et cette colonie perdit un certain nombrede soldats et d'effets.


AU XIII(18o5)( 196 )mortel à l'Angleterre. Mais le défaut de diligencefit tout manquer (I). Les deux vaisseaux que , malgréle généreux dévouement de l'intrépide Cosmao,l'amiral Villeneuve se <strong>la</strong>issa prendre, le 22 juillet,par l'amiral Calder, qui lui était inférieur de cinqvaisseaux, et <strong>la</strong> destruction totale de <strong>la</strong> flotte française,à Trafalgar, le 2 1 octobre, rendent bien coupablele ministre qui avait maintenu cet amiral dansson commandement, contre <strong>la</strong> volonté du chef del'état et le vœu de <strong>la</strong> France (2).Ce désastre de Trafalgar, le plus humiliant quel'incapacité du chef et les manœuvres douteuses dequelques officiers (nonobstant l'héroïque bravourelu plus grand nombre), aient jamais fait subir aupavillon français , fut rendu complet le 4 novembre.Un contre amiral, qui, disait-on, avait évité de pren-Ire part à <strong>la</strong> bataille, fut pris ce jour-là, avec les(1) Victoires et conquêtes etc., tome 16, page ï 56 etsuivantes.(2) Les Ang<strong>la</strong>is ont adopté, depuis notre révolution,<strong>la</strong> même tactique sur mer que Napoléon a employée avectant de succès sur terre; celle de mettre en action le pluspossible de forces contre une partie de <strong>la</strong> ligne ennemie,afin d'ôter aux ailes le moyen d'arriver assez à temps aupoint d'attaque; <strong>la</strong> défaite de Villeneuve acheva de prouver<strong>la</strong> bonté de cette manœuvre. Espérons que tant d'exemplesfunestes ne seront pas perdus et qu'enfin on s'occuperade donner à notre marine toute <strong>la</strong> force que lui promettentles élémens précieux qu'elle réunit.


( 197 )quatre vaisseaux qu'il avail emmenés, après uneaction de quatre heures, par quatre vaisseaux etquatre frégates commandés par le commodore Strachau.Le ministre de <strong>la</strong> marine de France, premierfauteur de ces maux, eut ordre de convoquer desconseils d'enquête, mais personne ne fut trouvéreprehensible de <strong>la</strong> défaite <strong>la</strong> plus signalée , et dessuites fatales d'un engagement contre des forcesinférieures (I). En Angleterre l'amiral Calder futvivement reprimandé, par une cour martiale, pourn'avoir pas fait, dans les journées des 23 et 24 juillet,tout ce qui était en son pouvoir afin de prendreou détruire , avec ses quinze vaisseaux, les vingtvaisseaux de l'escadre de Toulon, à <strong>la</strong>quelle il n'avaitpu en prendre que deux.An XIII1805)(1) Victoires et conquêtes, tome 16, page 198 et suivantes.Chronologie de l'histoire de France,368.pages 067 etL'infortuné Villeneuve, personnellement brave et pleind'honneur, obtint <strong>la</strong> permission de quitter l'Angleterre,où il était prisonnier, pour venir en France se faire juger;il attendait des ordres à Rennes, lorsqu'on le trouva mortdans son lit, percé de plusieurs coups de couteau. Lesbruits les plus étranges se répandirent sur cet événement;les uns y virent un suicide, les autres un assassinat. Cequ'il y a de plus certain c'est que sa présence auraitjeté un jour important sur tous les faits, et que sa mortarrêta toute recherche ultérieure.


( 198 )CHAPITRE VI.Commerce de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Administration intérieurede cette colonie — Tentative sur <strong>la</strong> Dominique — Envoide troupes et d'armes à Caracas. —Expéditions deMiranda dans cette province.An XIII(18o5)IAPRÈS <strong>la</strong> vaine parade de l'escadre de Toulon ,dans les mers des Antilles, les Ang<strong>la</strong>is y déployèrentdes forces plus redoutables qu'auparavant; et leurscroisières prirent plus particulièrement à tâche d'éloignerdes colonies françaises, dont ils jalousaient<strong>la</strong> prospérité, les bâtimens des puissances neutres.Plusieurs des corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe, que desactions éc<strong>la</strong>tantes continuaient à signaler (I), tombèrentsuccessivement au pouvoir des escadresennemies; mais ces escadres n'étant pas permanentes, le commerce de l'île n'éprouva que de légèresvariations, et sa splendeur se soutint long-temps.(I) Voir le Moniteur du 5 mai 1808.


( 199 )Le commencement de 18o5 avait été marqué parl'établissement d'un impôt additionnel, qui fut acquittésans <strong>la</strong> moindre c<strong>la</strong>meur, car, dans les colonies, l'impôt n'est jamais ruineux quand les moyensde le payer ne sont pas altérés. On avait, d'ailleurs,confiance dans les bonnes intentions du capitainegénéralqui se portait toujours comme médiateurentre l'administration et les colons, et comme conciliateurentre les particuliers. Au moyen de cetimpôt, dont le revenu s'élevait à <strong>la</strong> somme de 3oomille liv. coloniales (180,000 fr. ) , les gardes nationalesfurent dispensées du service personnel ;mais cette mesure donna naissance à divers abus,qui tournèrent au profit des commandans militaires.Cependant les p<strong>la</strong>intes que le préfet Lescallieravait portées, à son arrivée à Paris, furent entenduespar le gouvernement. Le général de brigade Kerversau, connu par <strong>la</strong> guerre qu'il avait faite à Saint-Domingue et par ses talens administratifs, fut nommépréfetcolonialde <strong>la</strong> Guadeloupe, en février 18o5,et y arriva le I cr . juillet suivant.Sous ses ordres, l'administration n'éprouva pasde changement, sa marche continua d'être <strong>la</strong> même;et <strong>la</strong> présence de ce chef produisit une foule d'arrêtéset de règlemens de police qui suffirent pour donnerprise à <strong>la</strong> critique , bien que toute <strong>la</strong> colonie seplût à rendre justice à l'intégrité personnelle de celuiqui prenait et prescrivait toutes ces mesures dedétail.An XIII(1805)


An XIV(1)(1805)( 200 )Il circu<strong>la</strong> des pamphlets offensans par lesquelson essayait de tourner en ridicule les premièresautorités, particulièrement le nouveau préfet etle commissaire de justice, quoique ce dernier setînt dans un isolement absolu , depuis l'arrestationqu'il avait momentanément subie. Le public attribuaces écrits à l'ex-juge fugitif de <strong>la</strong> colonie en 1787,qui venait d'y rentrer depuis peu de temps (2). 11eut beau se vanter d'avoir été, à Paris, le concurrentdu général Kerversau , pour <strong>la</strong> préfecture de <strong>la</strong>Guadeloupe, on crut, avec plus de raison, qu'il vou<strong>la</strong>itse venger de n'avoir pu obtenir aucune p<strong>la</strong>cedans <strong>la</strong> colonie, pas même celle de commissairede police. Les trois premiers chefs , blessés de voirleur dignité ainsi outragée; instruits surtout quecet aventurier était venu lever des contributionssur <strong>la</strong> crédule confiance de quelques habitans, lefirent arrêter, et le chassèrent de <strong>la</strong> Guadeloupe.Un mulâtre nommé Fournes,seul chef qui restâtde <strong>la</strong> révolte des noirs, après avoir échappé àtoutes les poursuites et dédaigné les diverses amnisties, venait d'être saisi et condamné à mort par <strong>la</strong>cour criminelle. En le conduisant au supplice, le31 décembre, on le fit passer devant le capitaine-(1) Un sénatus-consulte du 9 septembre 18o5, rétablitl'usage du calendrier grégorien dans tout l'empirefrançais, à dater du 1er janvier 1806.(2) Voir ce qu'il en est dit à <strong>la</strong> page 38o du 1 er volume.


( 201 )général qui, ayant à ses côtés le président et le procureur-généralde <strong>la</strong> cour d'appel, <strong>la</strong>i accorda solennellementsa grâce, dans l'espoir que cet acteéc<strong>la</strong>tant de clémence produirait un heureux effet.Mais les colons ne virent pas sans anxiété ce mulâtredevenir, dès cet instant, le domestique de confiancedu général; on craignait qu'il n'inspirât àceux de sa caste, le désir de se prévaloir de cetteconfiance.An XIV(18o5)Au commencement de l'année 1806, l'administrationétablit un nouvel impôt additionnel,(1806)de25O mille francs, destiné à <strong>la</strong> réparation des fortifications, et dont le capitaine général se réservaitl'emploi. La colonie garda le silence sur ce surcroîtde contributions, mais elle accueillit avec p<strong>la</strong>isirl'opération faite sur le tarif des monnaies, pourobvier aux abus qui s'étaient glissés dans cette partie(l).Le revenu des douanes, de nouveau mises enrégie, avait été fixé, pour l'état, à 1,740,000 liv.coloniales (1,044,000 fr.); et comme elles rapportaientau-delà de cette somme, le surplus fut répartientre les divers employés, dont les appointemensfurent augmentés de beaucoup.On fit aussi revivre les dispositions , prises parM. Lescallier, re<strong>la</strong>tivement aux libertés, et l'exécutionrigoureuse en fut exigée. On trouva de(0 Voir <strong>la</strong> page 113 du second volume.


( 202 )(1806) nouvelles ressources dans <strong>la</strong> ferme des jeux, dansle remp<strong>la</strong>cement du service personnel de <strong>la</strong> gardenationale, et dans les emplois lucratifs, tels quel'encan de <strong>la</strong> Pointe - à-Pître, dont le possesseurfut tenu de donner annuellement 40,000 livres(24,000 fr.), sur les produits de sa p<strong>la</strong>ce.Les droits sur l'exportation des denrées colonialesfurent augmentés et une taxe, de 2 et demi pourcent, fut prélevée, pendant quelque temps, sur lecommerce, pour fournir aux frais de constructionde <strong>la</strong> cale en pierres, qui existe au débarcadour de<strong>la</strong> Basse-Terre, et d'une autre cale en bois à <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre.Les colons réc<strong>la</strong>mèrent en vain <strong>la</strong> faculté depouvoir acquitter une partie de leurs contributionsen mandats, acceptés par les négocians, qui lesauraient reçus pour comptant, en retour des approvisionnemensqu'ils auraient fournis à l'état,comme ils les recevaient de l'habitant, en échangedes avances en marchandises qu'ils lui faisaient.L'obligation de payer toutes les contributions enespèces, enleva à <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion le produit des bénéficesconsidérables qui se faisaient sur les fournitures, et gréva les habitans, en les forçant de seprocurer de l'argent, qui chaque jour devenaitplus rare (I).Au mois de février 1806, le chef de l'état-major-(1) Mémoire du général Ambert.


( 203 )général, ayant concerté une expédition secrète ,dont le résultat pouvait offrir de grands avantages,passa aux. Saintes à <strong>la</strong> tête de 60 hommes, tant detroupes que de jeunes colons volontaires. 11 s'yembarqua de nuit avec eux, sur deux bâtimens armés, pour aller surprendre, dans <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Dominique, des navires marchands qu'on savait y êtrearrivés d'Angleterre, richement chargés , entreautres le Mars, de 400 tonneaux, dont <strong>la</strong> seule cargaisonétait évaluée à 12 ou 1,5oo,ooo fr. Maisles Ang<strong>la</strong>is, prévenus ou se tenant sur leurs gardes,vinrent à bout de cerner et d'enlever ces deux bâtimens.Le colonel, objet de mille outrages et accabléd'injures, ne put obtenir d'être envoyé prisonnierà <strong>la</strong> Barbade, quoiqu'un cartel d'échange y eûtété établi. Il fut conduit, avec tous ceux de sonexpédition, en Angleterre, et fut détenu, jusqu'en1814, dans les affreuses prisons flottantes, si connuessous le nom de pontons.Peu de temps après cet événement, 15o hommesdu 26E régiment, commandés par un chef de bataillon, ayant avec eux un capitaine d'artillerie, etpourvus de canons, d'armes et de munitions, furentembarqués, à bord de plusieurs corsaires, et envoyés,en qualité d'auxiliaires, à Caracas , ville capitale de<strong>la</strong> province de Venezue<strong>la</strong>, à <strong>la</strong> Terre-Ferme.Dès le principe de <strong>la</strong> révolution française, leshabitans de cette province, fatigués du joug oppressifde l'Espagne, et désirant se donner à <strong>la</strong>France, avaient chargé de cette négociation secrète(1806)


( 204 )(1806) Miranda, né à Caracas. Cet Espagnol, bien accueillien France, se détermina à y prendre du service,et Pétion le fit employer, en 1792 , comme maréchal-de-camp, sous les ordres de Dumouriez, enChampagne. Les événemens qui se succédèrentfirent perdre de vue <strong>la</strong> négociation; et Miranda,à qui l'on eut à reprocher <strong>la</strong> perte de <strong>la</strong> bataille deNerwinde, se sauva en Angleterre, en 1795. 11 reparuten. France, en l8o3,pour intriguer contre legouvernement consu<strong>la</strong>ire, qui le fit déporter ; il seréfugia de nouveau en Angleterre. Parti de Londres,en 1806, il fut à New-York et y prépara, de concertavec le consul-général ang<strong>la</strong>is, les moyens derévolutionner son pays, <strong>la</strong> Terrre-Ferme espagnole.Parvenu à former une petite expédition,Miranda <strong>la</strong> conduisit à l'île de <strong>la</strong> Trinité, alors ang<strong>la</strong>ise, s'y renforça de 5oo volontaires, et se présentadevant l'île de <strong>la</strong> Marguerite, d'où il fut vigoureusement'repoussé.Il se rendit aussitôt à <strong>la</strong> Guayrçtjport d'entrepôt de <strong>la</strong> ville de Caracas situéeà quatre lieues , dans l'intérieur des terres ; mais ily fut entièrement défait par les milices du pays. Cefut un crime, aux yeux de ses compatriotes, de seprésenter à <strong>la</strong> tête des soldats de <strong>la</strong> Grande-Bretagne,avec <strong>la</strong>quelle toute liaison leur était odieuse.C'est ce qui décida le capitaine-général Ernouf à yenvoyer un secours d'hommes , ainsi que des armeset des munitions, qui y furent achetées au poidsde l'or. On ne vit pas sans étonnement 150 Françaisprotéger, parleur seule présence, une étendue


( 2o5 )de 150 lieues de côtes, et une popu<strong>la</strong>tion de 12 cent (1806)mille âmes ; mais ces Français étaient depuis longtempsardemment désirés, car on espérait que Napoléonaccepterait <strong>la</strong> souveraineté de ce vaste territoire.Après être resté environ un an à Caracas, ce détachementrentra à <strong>la</strong> Guadeloupe, sur les bâtimensque le général Ernouf envoya pour le ramener(1).(1) Lorsque <strong>la</strong> province de Venezue<strong>la</strong> se fut déc<strong>la</strong>réerépublique indépendante, en 1810, Miranda y accourutd'Angleterre , où il s'était retiré après sa défaite de <strong>la</strong>Guayra. Débarqué de <strong>la</strong> frégate ang<strong>la</strong>ise <strong>la</strong> Gloire,obtint le commandement en chef de toutes les forces insurgées,s'empara de presque tout le pays, et entra triomphantà Caracas, au mois de novembre 1811. Mais un chefroyaliste, Monteverde, arrive delà Havane avec 4,000,hommes, reprend le pays, après l'épouvantable tremblementde terre qui venait de détruire, en 1812, <strong>la</strong> superbecité de Caracas et force Miranda à capituler, en s'obligeantà le faire transporter, aux États-Unis , avec son étatmajor.Le cruel Monteverde ne se vit pas plutôt le maître,qu'il vio<strong>la</strong> <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion, décima les malheureux Vénézuéliens, et fit couler des ruisseaux de sang, après avoirarrêté, chargé de fers, et envoyé à Cadix Miranda, qui terminason existence dans les cachots de celle ville en 1816.il


( 2o6 )CHAPITRE VII.La Guadeloupe est menacée d'une attaque par les Ang<strong>la</strong>is.— Appel aux armes.— Levée de mille nègres sur <strong>la</strong>Grande-Terre. — Maison de p<strong>la</strong>isance du Matouba. —Apogée de <strong>la</strong> prospérité de <strong>la</strong> Colonie et sa décadence.— Expédition contre Saint-Barthelemy. —Les Ang<strong>la</strong>iss'établissent à <strong>la</strong> Petite-Terre.(1806) POUR faire jouir <strong>la</strong> Guadeloupe de l'avantageaccordé aux colonies, par l'arrêté des consuls du 25ventose an 11 (14 mars 18o3), un colon fut envoyéen 18o6 à Paris, avec le titre de député. Mais legouvernement refusa de l'agréer, parce qu'il n'avaitpas été nommé par <strong>la</strong> chambre d'agriculture, et ordonnade réintégrer dans le trésor colonial les fondsqui en avaient été distraits pour son entretien. Onprit le parti d'ouvrir une souscription, pour couvrirle trésor des avances faites à ce député. La Grande-Terre , se préva<strong>la</strong>nt de ce qu'elle n'avait pas concouruà sa nomination, venait de refuser de remplircette souscription, lorsque le bruit se répandità <strong>la</strong> Guadeloupe, d'une prochaine attaque de <strong>la</strong>


( 207 )part des Ang<strong>la</strong>is. L'a<strong>la</strong>rme fut spontanée; une proc<strong>la</strong>mationdu capitaine-général, publiée le 3i dé­(1806)cembre , appe<strong>la</strong> tous les liabitans aux armes, etordonna que chacun d'eux amènerait avec lui quatrede ses nègres les plus affidés. .C'était l'époque de <strong>la</strong> récolte du sucre, pour <strong>la</strong>quelleon ne peut remp<strong>la</strong>cer les nègres mâles ou­(1807)vriers, dont les événemens antérieurs avaient considérablementdiminué le nombre. Cependant l'inconvénientde cette privation, qu'on ne regardaitque comme momentanée, disparut devant <strong>la</strong> nécessitéde se défendre; chacun s'empressa de marcher;néanmoins les quatre nègres ne furent fournisque par ceux de <strong>la</strong> Grande-Terre. On les réunit,à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, au nombre d'environ mille, etils furent conduits, à <strong>la</strong> Basse-Terre, par les compagniesdes hommes de couleur, que l'on y retint etqu'on caserna.Au grand étonnement de <strong>la</strong> colonie, on enrégimentaces nègres, à <strong>la</strong> suite des corps de ligne, eton leur fit exécuter les travaux particuliers de l'artillerie, des fortifications, du magasin général, del'hôpital, du nettoiement des forts et du barraquementdes troupes. Ils furent aussi employés à <strong>la</strong>construction de deux ponts en bois, l'un sur <strong>la</strong> rivièreaux Herbes, au haut de <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Basse-Terre , et l'autre sur <strong>la</strong> rivière Noire, pour <strong>la</strong> communicationavec le Matouba. On les fit servir auxtravaux d'embellissement de l'habitation du Matouba,à <strong>la</strong>quelle on avait affecté, en 1806, le ter-


( 208 )(1807) rain presbytérial de <strong>la</strong> paroisse, en se contentantd'y construire une maison en bois, pour le servicedu capitaine-général. Dans cette circonstance,on y ajouta de nouveaux logemens , des magasins,des écuries, des canaux, et on <strong>la</strong> transforma, au milieude l'air frais et salubre de ce quartier, en unemaison de p<strong>la</strong>isance des plus agréables, où'ce premierchef s'établit (1).Tous ces travaux occasionèrent <strong>la</strong> dispersion,dans les bois, d'un grand nombre de ces esc<strong>la</strong>ves; ilsinspirèrent de vives inquiétudes; et on fut obligéd'établir des ligues de postes sur les lisières des forêtspour arrêter leur vagabondage.Les compagnies de couleur de <strong>la</strong> Grande-Terreobtinrent seules <strong>la</strong> permission de rentrer dans leursfoyers ; mais ce ne fut qu'au mois d'août, après septmois de corvées, sans solde, et n'ayant reçu, pendantce temps, qu'une modique ration de vivres, souventavariés.Les mille nègres ne furent pas renvoyés; ceuxattachés à leurs maîtres ou à leur petit terrain, s'échappèrentpour aller les rejoindre, au risque despoursuites dont ils étaient menacés; beaucoup périrentde misère, d'autres se louèrent comme libres ,(1) En 1808 on y construisit un magasin à poudre,lorsque le capitaine-général eut décidé de faire de cetendroit, le dernier point de sa défense. (Voir ce qu'ilen est dit à <strong>la</strong> page 192 du iff volume.)


( 209 )divagant à leur volonté; environ soixante furent ( 1807)retenus sur l'habitation du Matouba, et les autresrestèrent au service de divers employés.Le corps d'ouvriers de couleur, créé par le généralRichepance, pour le service du génie, dontil exécutait les travaux avec activité, quoique nerecevant que <strong>la</strong> simple solde, fut incorporé dansles ouvriers de <strong>la</strong> direction d'artillerie, à <strong>la</strong>quelletoutes les faveurs étaient prodiguées. La compagniede gendarmerie fut supprimée; et le 1er bataillondu 26e régiment, venu en 18o5, avec l'amiral Missiessy,fut incorporé dans le 66° régiment. A sonarrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe, <strong>la</strong> force de ce bataillon étaitde 820 hommes ; il se trouvait réduit à 352, parles ma<strong>la</strong>dies, au moment de son incorporation.Les anciens officiers furent renvoyés en France,et des officiers nommés dans <strong>la</strong> colonie obtinrentles emplois vacans.Les instructions de <strong>la</strong> métropole prescrivaientd'apporter <strong>la</strong> plus stricte économie dans les dépensesdes états-majors; il se trouvait, à celui de <strong>la</strong> Guadeloupe,dix adjoints, dont sept venaient d'être toutrécemment nommés.Napoléon, à <strong>la</strong> tête de ses armées, occupé dans lenord de l'Europe à dissoudre les coalitions forméescontre lui, par l'Angleterre, ne pouvait étendreses soins jusque sur les colonies, que le ministrede <strong>la</strong> marine semb<strong>la</strong>it abandonner à elles-mêmes ;cependant <strong>la</strong> Guadeloupe trouva, dans les circonstancesmême de <strong>la</strong> guerre maritime, les moyens d'at-III. 14


(210 )(1807) teindre à un degré de prospérité qu'elle ne connaissaitpas encore. Depuis 1804, époque où sesports s'ouvrirent aux étrangers, jusqu'à <strong>la</strong> fin de1807, l'accroissement de sa popu<strong>la</strong>tion et de soncommerce fut extraordinaire. 11 suffit de jeter lesyeux sur les états qui sont à <strong>la</strong> fin du second volumede cet ouvrage pour se convaincre que cetteépoque à été celle du plus haut degré de <strong>la</strong> splendeurde <strong>la</strong> colonie.Mais bientôt l'embargo mis, en décembre 1807 ,dans les ports des Etats-Unis, par animosité contrel'Angleterre, et le blocus très-resserré de ceux de<strong>la</strong> Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupe, vinrent tarirles sources de leur commerce; cette prospérité detrois années déclina rapidement et s'anéantit pourne plus renaître.Dans l'état actuel du continent américain, le seulmoyen qui reste à <strong>la</strong> France pour faire luire sur sescolonies le peu de jours prospères dont elles peuventencore jouir, c'est d'ouvrir leurs ports à l'étrangerneutre, comme ils sont ouverts aux regnicoles; lesdenrées coloniales reprendront un peu de faveur,le débouché des produits de nos manufactures s'agrandira, et le commerce interlope ne se fera plusau détriment de <strong>la</strong> métropole.Le roi de Suède, Gustave Adolphe IV, égaré etbientôt abandonné par <strong>la</strong> politique ang<strong>la</strong>ise, venaitde rompre subitement l'armistice conclu avec <strong>la</strong>France à Schaltkow le 18 avril 1807. Cette agressionintempestive lui avait fait perdre Stralsund le


(211 )20 août, et l'île de Rugen le 20 septembre, sans (que les Ang<strong>la</strong>is daignassent porter le moindre secoursà ce malheureux prince contre le maréchalBrune qui venait d'attaquer et d'occuper ces deuxpoints importans. Le général Ernouf vou<strong>la</strong>nt tirerparti de cette incartade politique prépara une expéditioncontre l'ile suédoise de Saint-Barthelemy,gardée seulement par quelques soldats de cette nation; mais comme iln'aurait pu, sans s'affaiblir, conservercette conquête, il se contenta d'y envoyerdeux de ses corsaires, qui étaient encore <strong>la</strong> terreurde l'ennemi dans les mers des Antilles. Ces deuxbâtimens, à bord desquels on avait mis des troupes,s'emparèrent de l'île sans coup férir, n'occupèrentses fortifications, peu susceptibles de défense, quependant 24 heures, et retournèrent à <strong>la</strong> Guadeloupechargés de dépouilles; les plus riches étaient cellesdu juif Isaac, accusé d'avoir fourni des armes etdes munitions aux révoltés de Saint-Domingue :Dans cette attaque inopinée, il ne parvint à sauverque sa tête (1),Le vice-amiral Alexandre Cochrane commandait<strong>la</strong> croisière ang<strong>la</strong>ise chargée de faire une guerred'extermination aux colonies françaises de <strong>la</strong> Martiniqueet de <strong>la</strong> Guadeloupe. Dans le courant de1807)(1808)(1) Il est dit dans le Moniteur du 13 mai 1808, que lesdépouilles de l'île Saint-Barthelemy étaient de <strong>la</strong> valeur de00,000 pias tres.


( 212)(1808) février 18o8, il vint déposer ses ma<strong>la</strong>des sur les deuxilôts dits de <strong>la</strong> Petite-Terre, autour desquels il établitson mouil<strong>la</strong>ge. Dès lors on s'occupa, à <strong>la</strong> Guadeloupe,à se prémunir contre une attaque dont onprévoyait que le moment n'était pas éloigné. Leplus sûr moyen parut être celui d'isoler le Matoubaen coupant ses communications, et l'on se tint prêtà s'y renfermer au besoin.CHAPITRE VIII.Prise de Marie-Ga<strong>la</strong>nte par les Ang<strong>la</strong>is—Arrestations àSainte-Rose et leur suite. — Prise de <strong>la</strong> Désirade; lesAng<strong>la</strong>is détruisent <strong>la</strong> léproserie, et envoient les lépreuxà <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. — L'attaque de Saint-Martin leurest funeste.— Tentative des Français sur Marie- Ga<strong>la</strong>nte.LE capitaine ang<strong>la</strong>is Pigot, commandant unefrégate et deux bricks, ayant résolu d'intimiderMarie- Ga<strong>la</strong>nte, pour en obtenir des vivres frais, mità terre, le 2 mars au matin, des matelots et dessoldats de marine, qui s'emparèrent sans opposition,de <strong>la</strong> batterie dite du Maréchal, situécdans<strong>la</strong> Folle-


( 213 )Anse, près Saint-Louis, et marchèrent contre le | 1808]Grand-Bourg. Ils se saisirent d'une douzaine desoldats français, qui composaient toute <strong>la</strong> garnison,tandis que le commandant de l'île cherchait à réunirles colons sur l'habitation Garcin. Le noyau de défensen'existant plus, le rassemblement des gardesnationales fut incertain; et <strong>la</strong> confiance se trouvantdétruite, parle manque de moyens, les habitans lesplus rapprochés du point occupé par l'ennemi capitulèrentafin de sauver leurs propriétés. Le commandant, restant alors entièrement isolé, signa lecartel de reddition, et les capteurs furent tout étonnésde se trouver les maîtres de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, à sipeu de frais. L'amiral Cochrane, averti de cette conquêteinopinée, vint aussitôt y fixer sa station ;mais il ne voulut pas reconnaître les articles signés,et l'île fut dépouillée de ses denrées, partie à titrede subvention de guerre, et partie en les payantdérisoirement avec des bons sur <strong>la</strong> banque d'Angleterre.La prise de Marie-Ga<strong>la</strong>nte occasiona beaucoupde fluctuation à <strong>la</strong> Guadeloupe. Le 21 mars, on yvit arrêter et conduire dans les prisons du fort Richepance,le commissaire-commandant le quartierde Sainte-Rose , le curé et deux habitans, accusésd'avoir communiqué avec des Ang<strong>la</strong>is, qui étaientvenus prendre de l'eau dans leur anse, et d'avoirconspiré pour leur livrer <strong>la</strong> colonie. Le même jour,deux arrêtés du capitaine-général proc<strong>la</strong>mèrent <strong>la</strong>mise en état de siège de <strong>la</strong> Guadeloupe, l'obligation


(1808)( 214 )à tous les bons citoyens de se réunir à l'autorité supérieure,<strong>la</strong> suspension des poursuites judiciaires,et déterminèrent les délits qui seraient considéréscomme crimes de trahison et punis de <strong>la</strong> peine demort. L'exécution des mesures de sûreté fut confiéeau colonel aide-de-camp, chef de l'état-major, et àson allié le commandant de <strong>la</strong> garde nationale.Une commission militaire, composée de septmembres, fut nommée pour juger les quatre prévenus;mais le président de cette commission ayantémis, en particulier, l'opinion qu'ils n'étaient passusceptibles d'être mis en accusation, elle ne futpasconvoquée(1). Toutefois ces prévenus restèrenten prison jusqu'à ce que le capitaine-général , qupartit pour faire une tournée, eût pris des renseignemcnssur les lieux.La croisière ang<strong>la</strong>ise se présenta, le 31 mars,devant <strong>la</strong> Désirade. Les onze hommes qui en formaient<strong>la</strong> garnison , firent un feu très-vif, pendantdeux heures, avec des munitions sauvées d'un bâtimentéchoué depuis peu de jours. Enfin ils capitulèrent, et cette île, entre les mains de l'ennemi,(1) Mémoire du chef de bataillon Merlen, remis auconseil d'enquête en 1811, au procureur-général de <strong>la</strong>cour royale, et consigné au greffe du tribunal de premièreinstance, 11 a été consulté avec <strong>la</strong> circonspection<strong>la</strong> plus délicate, quoique de nombreux témoins eussentdéposé de <strong>la</strong> vérité des faits qu'il contient.


( 215 )lui servit à resserrer davantage le blocus de <strong>la</strong> Gua- | (1808)deloupe, et à intercepter les attérages d'Europe (I).L'établissement des lépreux de <strong>la</strong> Désirade, suspenduen 1788, avait été renouvelé au commencementde <strong>la</strong> révolution, et dans ces temps difficileson ne l'avait pas négligé. La métropole n'avait pascessé d'attirer l'attention de ses délégués, à <strong>la</strong> Guadeloupe,sur <strong>la</strong> nécessité de faire exécuter ponctuellementles anciens règlemens re<strong>la</strong>tifs aux lépreux.Victor Hugues s'était imposé l'obligation de lesfaire soigner aux fiais de l'administration; un capitainey était spécialement chargé de surveiller cetétablissement, qu'auraient certainement respecté lescorsaires de Tunis et d'Alger. Le premier soin deschefs britanniques fut de le détruire. Joignant uneironie ingénieuse à cette inhumanité, ils tirent saisirtous les hideux individus qui s'y trouvaient confinés,et les envoyèrent, sous pavillon parlementaire,à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, dans <strong>la</strong> vue d'infecter ses habitansindignés, mais non surpris d'un acte qui futpour eux le pendant de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion du Camp deSaint-Jean. Ces mesures des Ang<strong>la</strong>is remplirentparfaitement leur but et mirent <strong>la</strong> Guadeloupe dansune situation pénible; toutes ses dépendances étantprises ou menacées, elle n'eut d'autre moyen de(1) Dans le Moniteur du 10 janvier 1809, se trouve <strong>la</strong>déc<strong>la</strong>ration de l'amiral ang<strong>la</strong>is, qui met les îles françaisesen état do blocus le plus sévère.


( 216 )(1808) se préserver de <strong>la</strong> contagion, que de reléguer cesmalheureux à bord d'un ponton.La disette qu'occasionaient le maintien de l'embargodans les ports des Etats-Unis et <strong>la</strong> rigueur dublocus, se faisait déjà vivement sentir, lorsque <strong>la</strong>garde nationale de couleur, dé <strong>la</strong> Grande-Terre, futconcentrée à Sainte-Anne, pour qu'elle fût prête às'opposer à une invasion dans cette partie. Cetteréunion, rassurante contre l'ennemi, était nuisibleaux cultures; elle augmenta les besoins et les privations,par <strong>la</strong> difficulté de se procurer le surcroît derations qu'on avait à distribuer (1).De retour à <strong>la</strong> Basse-Terre, le 1o avril, le capitaine-généralrendit à <strong>la</strong> liberté trois des quatre individusqui avaient été arrêtés à Sainte-Rose. Maisce ne fut pas sans une surprise extrême que <strong>la</strong> colonievit jeter dans un cachot et mettre à un secretrigoureux le quatrième de ces prévenus, M. de Busquet.Cet infortuné eut à gémir pendant quinzemois encore, sans qu'aucune procédure légale justifiâtcette sévérité; une fin prématurée put seulele soustraire à ses souffrances; il mourut le 9 juil-• let 1809 (2).(1) On fut obligé de les renvoyer le 18 juillet.(2) Un mémoireprésenté a l'empereur, en octobre 1811,et remis sous les yeux du ministre de <strong>la</strong> marine, en février1823, par <strong>la</strong> famille de Busquet, contient des détailset des griefs d'une nature si grave, sur cette affaire,, que


( 217 )Le capitaine-général employait tous ses moyens (1808)pour mettre <strong>la</strong> colonie en état de défense contre unennemi qui devenait tous les jours plus menaçant.Dans sa tournée, il avait fait construire des batteriesà Sainte-Rose et sur les points de <strong>la</strong> côte lesplus accessibles, ou prescrit <strong>la</strong> réparation de toutescelles qui étaient dégradées. Il fit travailler, pendantdeux mois, à une ligne de retrancbemensentre <strong>la</strong> rivière des Galions et le Matouba. Maistous ces travaux, que le désir de rendre <strong>la</strong> défenseefficace, faisait juger nécessaires, ne pouvaient sefaire sans nuire à <strong>la</strong> culture et sans aggraver <strong>la</strong> détressedes quartiers cnvironnans.A cette époque les Ang<strong>la</strong>is firent, sur l'île deSaint-Martin, une tentative qui leur devint funeste.Comptant surprendre <strong>la</strong> garnison de cette île, ils yenvoyèrent quatre bâtimens légers, qui débarquèrent200 soldats demarine, commandés par le lieutenantde vaisseau Spearing. Mais le capitaine Preuil,commandant <strong>la</strong> partie française , n'ayant que43 soldats du 66 e . régiment, était sur ses gardes.nous ne pouvons pas nous permettre d'en donner l'analyse;hâtons-nous de dire que ces faits, publics à <strong>la</strong> Guadeloupe,furent, sinon inconnus, du moins étrangers au capitainegénéral;mais qu'ils démontrent combien un premier chefdoit être sobre de confiance, et combien était sage <strong>la</strong> loiqui défendait à tout commandant militaire, d'avoir despropriétés dans <strong>la</strong> colonie où il était en fonction.


(1808)( 218 )Secondé par les Hol<strong>la</strong>ndais, il se défendit vail<strong>la</strong>mment, fit mordre <strong>la</strong> poussière au commandantang<strong>la</strong>is, à bon nombre de ses soldats, et parvint àforcer les autres de se rendre. Le chef de l'escadrilleenvoya un parlementaire, et obtint de suite leuréchange (1).Cependant <strong>la</strong> prise de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, par lesAng<strong>la</strong>is, avait excité le mécontentement du chef del'état. Le capitaine-général, sensible aux reprochesqu'il en avait reçus, et vou<strong>la</strong>nt d'ailleurs éloignerde <strong>la</strong> colonie des voisins si importuns et si dangereux, projeta une expédition dont les préparatifsse firent d'abord aux Saintes : mais <strong>la</strong> position deces îles, trop sous le vent, et les mesures défectueusesque l'on prit, <strong>la</strong> firent manquer. De nouveauxrapports, persuadant que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die avaitréduit <strong>la</strong> garnison ang<strong>la</strong>ise de Marie-Ga<strong>la</strong>nte à 20hommes; que les équipages de <strong>la</strong> station étaienttellement diminués, qu'elle était obligée de se tenirà l'ancre pendant <strong>la</strong> nuit; et que les habitans del'île, exaspérés par le pil<strong>la</strong>ge et les mauvais traitemens,n'attendaient que le moment de se soulevercontre leurs oppresseurs : le capitaine-général jugea(1) Le Moniteur, du 2 octobre 1808 , contient un rapportdu commandant de <strong>la</strong> Barbade, où il est dit que,dans cette expédition , les Ang<strong>la</strong>is n'avaient que 100 hommeset les Français étaient 5oo; c'est le <strong>la</strong>ngage ordinairedes rapports officiels.


( 219 )<strong>la</strong> circonstance favorable pour leur arracher cette (conquête. Le 12 août, 11 envoya l'ordre à M. Cambrlels,colonel du 66' régiment et commandantde <strong>la</strong> Grande-Terre, à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, d'organiserà <strong>la</strong> hâte une expédition , et d'aller surprendre Marie-Ga<strong>la</strong>nte(1). Ce colonel partit de l'anse du petithavre, dans <strong>la</strong> soirée du 21 août, avec 15 piroguesportant 15o soldats, 15 canonniers, et 200 fusilspour armer les habitans; mais contrarié par lesvents, il fut obligé de relâcher à Sainte-Anne. Lelendemain, dans <strong>la</strong> nuit, il se remit en mer, futsurpris par un brouil<strong>la</strong>rd, qui dispersa sa flotille,etne prit terre à Marie-Ga<strong>la</strong>nte que, le 25 au matin .avec 8 pirogues seulement, sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge du Maréchal.Réduit à débarquer de jour, avec 80 hommes,et au moment d'être aperçu d'un vaisseau, d'unefrégate et d'une corvette mouillés à une demi-lieuede lui, il masqua ses mouvemens par des accidensde terrain , et prit position, à g heures, sur les hauteursde l'habitation Liguères. 11 y fut joint aussitôtpar les 13 canonniers, et les 19 soldats de 5 piroguesqui avaient accosté au vieux fort; les quatre autrespirogues avaient viré de bord, et étaient retournéesà <strong>la</strong> Guadeloupe; 24 habitans étant venus se joindreà lui, vers les 10 heures du matin, il disposa sa(1808)( 1 ) Celle expédition a été jusqu'ici présentée sous untel aspect, qu'il nous a paru nécessaire d'en présenter les,détails, pour en donner une idée exacte.


(1808)( 2 2 0 )troupe sur trois colonnes, et marcha vers le grandbourg, par l'habitation Laurent, dans l'espoir d'enleverle fort. Mais les Ang<strong>la</strong>is, qu'on croyait démunis,y avaient ajouté des fortifications arméesde canons, environnées d'une forte palissade; et,outre 3oo hommes qui le défendaient, une frégate,embossée à une portée de fusil, y avait envoyé 100marins. L'attaque commença à une heure; elle futvive; les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> reçurent à bout portant; leursavant-postes repoussés perdirent un adjudant et 16prisonniers ; mais l'artillerie du fort et de <strong>la</strong> frégatearrêta les Français. Sans canons pour forcer le passagedes palissades, ils s'embusquèrent dans les maisonsdu bourg, et continuèrent le feu jusqu'à 5heures et demie; 3oo Ang<strong>la</strong>is, débarqués du vaisseauet de <strong>la</strong> corvette, se portant contre le bourg,le colonel se retira sur l'habitation Bozredon, où i<strong>la</strong>vait déposé ses munitions, et prit position , le soir,en arrière de l'habitation Vatter, où une trentained'habitans vinrent le joindre. La nuit et le joursuivant, l'ennemi le harce<strong>la</strong>, et l'obligea à se retirersur l'habitation Ducausse. Malgré les proc<strong>la</strong>mationset les efforts des Ang<strong>la</strong>is, beaucoup d'habitans vinrent, le 25 et le 26, se réunir aux 112 soldats français,et le nombre des assail<strong>la</strong>ns fut de 443. Le 27au matin, on apperçut 5 vaisseaux, 3 frégates et 8corvettes ou briks ang<strong>la</strong>is ; après des affaires depostes , le colonel se retira en arrière de l'habitationRomain. 11 attaqua l'ennemi le lendemain, maissans succès, et reçut le renfort d'un capitaine et


( 221 )de 28 soldats, venus de Sainte-Anne et débarqués (1608)au Vieux-Fort. Le 2g, après lui avoir fait unevaine sommation , l'ennemi le força de se retirer enarrière de l'habitation Lambale. Le 5o, il fut jointpar un capitaine et 18 hommes, partis des Saintes,et descendus à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge du Maréchal : ce jour-là,l'ennemi présenta deux lignes de 14 à 15oo hommes,et n'engagea qu'un feu de tirailleurs : le 5iau matin, il attaqua <strong>la</strong> gauche des Français avec 5pièces de canon. Les habitans qui avaient fait jusque-làbonne contenance, ne purent résister au feude l'artillerie, et se débandèrent; 40 soldats, embusquésdans un fossé, arrêtèrent l'effort des Ang<strong>la</strong>is,et <strong>la</strong> troupe de ligne se retira en bon ordre jusqu'àSaint-Marc. Le colonel Cambriels se remit en retraiteà <strong>la</strong> nuit, et arriva le lendemain sur l'habitationArmand, où il trouva 190 des habitans de <strong>la</strong>veille. Il reçut encore 17 hommes, partis des Saintes,et débarqués près de Saint-Louis, avec unepièce de 6, sans roues , qu'ils avaient chargée surun cabrouet (charrette du pays.) L'ennemi s'avançaittoujours, et, dans toutes ses attaques, <strong>la</strong> troupede ligne soutenait son choc; 20 habitans furent lesseuls qui partagèrent tous ses dangers. La positionde ce petit corps de soldats était désespérée; exténuésde fatigue et de besoin, se battant sans relâche contre1600 hommes pourvus de tout, et appuyésd'une marine considérable, une plus longue résistancedevint impossible ; ils se virent réduits àmettre bas les armes et à se rendre prisonniers. Le


(1808)( 222 )colonel Cambriels, croyant devoir se soustraire àcette humiliation , prit l'avis de ses deux capitaines,confia le commandement au plus ancien, partit le 2septembre, à dix heures du soir, de son camp deB<strong>la</strong>nchard, et conduit par des guides, al<strong>la</strong> s'embarquerdans un petit canot à deux rames (1).Le lendemain , cette poignée de braves, réduitsà 147 , après 12 jours de fatigues, de privations etde combats contre 1600 Ang<strong>la</strong>is , qu'ils avaienttenus en échec, quoiqu'ils fussent protégés par 22( 1 ) Le colonel Cambriels se rendit auprès du capitainegénéral,qui refusa de le recevoir et le fit remp<strong>la</strong>cer dansle commandement de <strong>la</strong> Grande-Terre. Cet officier s'adressaau ministre de <strong>la</strong> marine pour demander à être jugé,et le 26 avril 1809 il en reçut l'ordre de se rendre enFrance. Il s'embarqua le 15 juin, sur <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Furieusequi futprisc par les Ang<strong>la</strong>is , le 21 juillet, après uncombat de sept heures.Ayant obtenu d'être renvoyé sur parole, il arriva àParis, et remit au ministre de <strong>la</strong> marine, avec un rapportsur son expédition, l'exposé particulier du capitaineà qui il avait <strong>la</strong>issé le commandement, le compte rendupar tous les officiers de l'expédition, les lettres du capitaine-généralet tous les documens qui avaient trait à cetteaffaire. C'est de ces pièces communiquées par M. Cambriels,que nous avons entrait <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion qu'on vient de lire.Cet officier fut nommé colonel du ôi" régiment, le22 août 1812; il est aujourd'hui maréchal decamp endisponibilité à Paris.


( 223 )bâtimens de guerre, se virent contraits de capituler,et furent conduits prisonniers de guerre à <strong>la</strong> Barbade.(1808)CHAPITRE IX.Attaque et prise de <strong>la</strong> Martinique par les Ang<strong>la</strong>is — Dispositionsde défense à <strong>la</strong> Guadeloupe. — Arrivée auxSaintes d'une division française avec des secours.—Les Ang<strong>la</strong>is s'emparent de ces îles.PENDANT l'expédition de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, <strong>la</strong> Guadeloupene vit pas sans regret, annoncer un décretportant <strong>la</strong> destitution du général Ambert, qu'unmariage avait rendu grand propriétaire et que <strong>la</strong>douceur desoncaractcreetsa modération avaient faitaimer. Général de division depuis 170,3, et se trouvantà Paris en i8o4, l° r sd° l'arrestation du généralMoreau dont il était l'ami, on lui enjoignitde se rendre à Rochefort, dans le dé<strong>la</strong>i de 24 heures.Là il reçut l'ordre de s'embarquer sur <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong>Didon, avec le titre de commandant des T R O U P E S ,et <strong>la</strong>survivance du gouvernement de <strong>la</strong> Guadeloupe,où il aborda le 25 avril 1804. Dès son arrivée dans


( 224 )(1808) <strong>la</strong> colonie, le général Âmbert s'était retité sur sonhabitation , sans prendre aucune part aux affaires.A <strong>la</strong> suite de tracasseries, dont sa retraite nel'exempta pas, il fut destitué d'un emploi qu'il n'avaitni demandé ni exercé (I).Le colonel aide-de-camp du capitaine-généralet chef de l'état-major, fut nommé sur-le-champcommandant des troupes (2).Cependant l'a<strong>la</strong>rme se répandit à <strong>la</strong> Guadeloupedans les premiers jours de janvier 1809, en apprenantqu'un armement considérable se préparait à <strong>la</strong>Barbade. En effet les Ang<strong>la</strong>is y réunissaient à grands(1) Le général Ambert partit pour France, à <strong>la</strong> fin d'octobre1808, et présenta au ministre de <strong>la</strong> marine un mémoiresur <strong>la</strong> Guadeloupe. Il demanda long-temps, etobtint,en 1812, que sa conduite fut examinée. Un tribunal présidépar un maréchal de l'empire, porta sur son compte <strong>la</strong>sentence <strong>la</strong> plus favorable; un décret du 17 avril 1812 ,le remit en activité, et il fut employé bientôt après. Legénéral Ambert est en disponibilité à Paris.(2) Cette nomination subite a pu donner lieu de penser,qu'en faisant confier le commandement de l'expédiditionde Marie-Ga<strong>la</strong>nte à M. Cambriels, on avait eu envue de l'éloigner, comme étant le plus ancien colonel; etque son retour à <strong>la</strong> Guadeloupe, en trompant cette attente,avait pu provoquer les bruits qui s'étaient répanduscontre lui, pour l'obliger à s'éloigner de nouveau. (Mémoiredu chef du bataillon Merlen).


( 225 )frais, douze mille hommes de troupes tirées d'Halyfax,de Madère, des Bermudes et de leurs îles duvent. La colonie se croyait au moment d'être attaquéelorsqu'elle reçut l'avis que cette expédition,formée de 82 bâtimens de guerre et de plus de centbâtimens de transport, s'était portée contre <strong>la</strong> Martinique, où elle avait pratiqué des intelligences.L'ex-juge expulsé de <strong>la</strong> Guadeloupe en 18o5,s'était retiré à <strong>la</strong> Martinique, où l'amiral Vil<strong>la</strong>ret,par considération pour sa famille, avait eu <strong>la</strong> bontéde le recevoir et de lui faire conférer un office denotaire. En reconnaissance de ces bienfaits, le bruitpublic lui attribue d'avoir encouragé les ennemisdans leur projet d'attaque de <strong>la</strong> colonie. Aidé de sonfrère, et de quelques habitans, il favorisa l'attérageet le débarquement de l'expédition ang<strong>la</strong>ise, qui seprésenta au quartier du Robert le 29 janvier 1809,à dix heures du soir. Les vigies télégraphiques nesignalèrent <strong>la</strong> présence de l'ennemi que le lendemainmatin à 9 heures , et dès sept heures son débarquementétait entièrement effectué sur ce point.Les Ang<strong>la</strong>is mirent à terre à <strong>la</strong> Martinique douzemille hommes de troupes, plus de 3,000 matelots,et une artillerie formidable.Le capitaine-général Vil<strong>la</strong>ret leur fit éprouver degrandes pertes avant de s'enfermer dans le fort Bourbon.Tous les établissemens de ce fort furent détruitspar un bombardement dont on n'avait pas encoreeu d'exemple dans ces parages; <strong>la</strong> poudrière al<strong>la</strong>itsauter et renverser <strong>la</strong> ville du Fort-Royal, au moll).151809.


( 226 )1809.ment où il céda aux instances des officiers de toutesles armes, et consentit à capituler, après 27 joursde résistance. Les Ang<strong>la</strong>is déc<strong>la</strong>rèrent qu'ils avaienttiré 12,000 bombes et obus et 5 à 6000 boulets degros calibre, sur ce fort qui n'a que six cents toisesde développement; en voyant tous les désastres qu'ilsy avaient produits, ils ne pouvaient concevoircomment on y avait tenu si long-temps (I).(1) (Les détails de l'attaque, et de <strong>la</strong> prise de <strong>la</strong> Martiniquese trouvent dans le 25 evol. des Victoires et Conquêtes,etc., pages 158 et suiv. )Cependant à son retour en France, l'amiral Vil<strong>la</strong>ret futen butte à d'odieuses persécutions que lui suscita sonimp<strong>la</strong>cable ennemi, le duc Decrès. Ce ministre jaloux,usa de son crédit auprès du chef de l'état pour le tromper,et de sa trop puissante influence pour faire blâmer <strong>la</strong> conduitedu respectable amiral. Celui-ci sollicita vivement<strong>la</strong> faveur d'être jugé par un tribunal; mais un jugementaurait mis à nu <strong>la</strong> haine et les trames de son persécuteur;il ne put l'obtenir. Toutefois l'empereur, plus juste apréciateurdes services et du mérite, fit écrire par son ministreà l'amiral, le 12 avril 1811, « qu'après avoir pris» connaissance par elle-même des détails et des circonstancesqui avaient amené <strong>la</strong> reddition de <strong>la</strong> Martinique,» S. M. I. avait décidé qu'il serait employé dans son grade» de vice-amiral sur ses flottes et dans ses ports, de <strong>la</strong>«manière qu'elle le jugerait convenable. » L'empereurl'accueillit à <strong>la</strong> cour, chercha h lui faire oublier les injusticesdu duc Decrès, et lui donna un témoignage


( 227 )Tandis que le capitaine-général de <strong>la</strong> Martiniques'efforçait de repousser l'attaque des Ang<strong>la</strong>is , celuide <strong>la</strong> Guadeloupe recevait, de <strong>la</strong> grande majorité de <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion, une preuve particulière de son attachementinvio<strong>la</strong>ble à <strong>la</strong> France. Won contens de demanderà concourir personnellement à <strong>la</strong> défensede l'île, les colons proposèrent un enrôlement denègres choisis dans leurs ateliers; et, d'après leuroffre, un arrêté du 15 février ordonna <strong>la</strong> levée de15oo nègres. Le 66e régiment ayant porté l'effectifde ses trois compagnies de grenadiers à 140 hommeschacune, on répartit les i5oo nègres dans les15 compagnies du centre. Ils furent armés avec lesfusils que le régiment tenait en réserve, habillés etéquipés au moyen des réquisitions faites sur leshabitans, et, peu de temps après, ce corps offraitune masse de 2800 hommes bien exercés.Par un autre arrêté, du 19 février, le capitainegénéralordonna <strong>la</strong> formation de deux bataillonsd'élite, pris sur les six bataillons de <strong>la</strong> garde nationalede <strong>la</strong> colonie. Ces deux corps, de 1500 hommes,furent réunis à <strong>la</strong> Basse-Terre, dans les pre-1809.éc<strong>la</strong>tant de son estime, en le nommant, le 29 août 1811,gouverneur-général de Venise et de ses dépendances; ily était l'objet de l'amour et du respect des habitans,lorsque <strong>la</strong> mort l'enleva à <strong>la</strong> France, le 25 juillet 1812,après 63 ans d'une vie honorée par des actes de valeur,de grands talens et de solides vertus,


( 228 )1809. miers jours de mars, et p<strong>la</strong>cés, celui de <strong>la</strong> Guadeloupeaux Trois-Rivières, et celui de <strong>la</strong> Grande-Terre à <strong>la</strong> montagne Saint-Louis. Cette troupeétait belle, manoeuvrait assez bien, et était animéedu meilleur esprit.Le même jour, on fit un appel à tous les habitanspour <strong>la</strong> défense de l'île. Les ouvriers, les esc<strong>la</strong>ves,les bestiaux nécessaires, et les magasins particuliersfurent déc<strong>la</strong>rés en réquisition. Le 2 mars, tous lestravaux re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> culture furent suspendus , et lesvivres destinés à <strong>la</strong> nourriture des nègres, furent égalementfrappés de réquisition. Le 6 mars , on ordonnadelivrer à l'administration tous les vêtemens confectionnésque les négocians pouvaient avoir, pourcompléter l'habillement des troupes nouvellementarmées.Après <strong>la</strong> reddition de <strong>la</strong> Martinique, vers le 10du mois de mars, les troupes ang<strong>la</strong>ises qui avaientconcouru à sa prise, furent renvoyées à Halifaxou dans leurs colonies respectives. La Guadelouperespira, et commença d'espérer que sa tranquilliténe serait pas troublée de long-temps. Néanmoinsles deux bataillons de garde nationale, dont <strong>la</strong> présenceétait si nécessaire sur leurs habitations nefurent congédiés que quelques mois après.Les Saintes ne servaient, depuis 1802, que delieu de dépôt pour les nègres qui, à cette époque ,avaient pris part à <strong>la</strong> révolte. Le général Richepance,dans <strong>la</strong> vue d'étouffer tout germe d'insurrection, avait ordonné de les y réunir pour les


(2) Elle était composée des trois vaisseaux de 74, leCourageux, chef de division Troude; le d'Hautpoul, ca-( 229 )envoyer en France, à l'effet de former des bataillonspropres à être employés en Italie. Ce dépôt s'étaitaccru,après <strong>la</strong>mort du général; mais presque tousles nègres qui le formaient avaient disparu successivementdepuis l8o4; des bâtimens portant pavillonsuédois les achetaient, et beaucoup de ces noirsfurent réintroduits dans <strong>la</strong> colonie ; il suffisait de lesfaire changer de nom.Par <strong>la</strong> prise de <strong>la</strong> Martinique, les Saintes devenaientplus importantes : c'était l'unique pointde ralliement où le ministre, éveillé enfin sur lesdangers de <strong>la</strong> Guadeloupe, pouvait envoyer les secoursque réc<strong>la</strong>mait cette île, <strong>la</strong> dernière possessionde <strong>la</strong> France dans l'Archipel américain. Vers <strong>la</strong>fin de mars, <strong>la</strong> garnison des Saintes avait été portéeà 570 hommes soldés (1); <strong>la</strong> garde nationale formait, en outre, une compagnie dont <strong>la</strong> bravoureavait été plus d'une fois mise à l'épreuve. On attendait,chaque jour, l'arrivée des forces annoncées deFrance, lorsqu'une division, partie de Lorient le26 février, parut, le 29 mars , à l'entrée de <strong>la</strong> nuit,dans le canal de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, et vint mouillerle lendemain dans <strong>la</strong> rade des Saintes (2). Elle por-1809(1) Trois cent quatre-vingt dix hommes du 66°, dont9 0 0 nègres de <strong>la</strong> nouvelle levée; une compagnie suisse de70 hommes, 3o chasseurs de couleur et 80 canonniers.


( 230 )1809 tait 5g4 conscrits de <strong>la</strong> i" légion de réserve ou DITdépôt colonial, destinés pour le 66* régiment; etles deux flûtes qui en faisaient partie étaient chargéesd'approvisionnemens.Dès l'arrivée de cette division, tous les croiseursennemis se rallièrent autour des Saintes, et l'onfut obligé de se servir de bateaux caboteurs, pourenvoyer, à <strong>la</strong> Basse-Terre, des farines sous l'escortede 35 de ces conscrits. Tous les autres furent débarquésaux Saintes, ce qui en porta <strong>la</strong> garnisonà 1129 hommes, répartis entre le fort Napoléon,le fort Morel, le fort l'Ilet, l'anse à Mire et le bourg.Le chef de division Troude ne négligea rien pourgarantir ses vaisseaux des entreprises de l'ennemi.Il fit débarquer 2 pièces de 8 pour battre <strong>la</strong> passede l'ouest, en croisant leur feu avec celui du fortl'Ilet ; il offrit des canons pour armer le gros morne,et envoya, le n avril, des hommes de corvée pouraider aux travaux. Le commandant des Saintesétait plein de confiance, lorsque, le 14 avril, aupitaine le Duc; le Polonais, capitaine Mequet; et desdeux frégates armées en flûte, <strong>la</strong> Furieuse, capitaineLemarant et <strong>la</strong> Félicité, capitaine Bigot.A son apparition dans le canal, deux colons, du nombrede ceux toujours prêts à communiquer avec l'ennemi,<strong>la</strong> prenant pour une division ang<strong>la</strong>ise, se rendirent à bord;quel ne fut pas leur désappointement, quand ils virentqu'elle était française ?


( 231 )point du jour, on aperçut 22 nouvelles voiles ang<strong>la</strong>ises,se dirigeant sur les Saintes, avec des bargesà <strong>la</strong> remorque. A onze heures, elles étaient près deterre, derrière le gros morne, et le capitaine d'artillerieBouchardfut envoyé, à midi, pour prendreposition sur cette hauteur, avec 3o chasseurs et 5oconscrits. Parvenu au sommet, il aperçut un corpsd'environ 200 Ang<strong>la</strong>is, gravissant le morne à traversles hailiers, et se dirigeant vers lui. Il fonditaussitôt sur eux, se battit corps à corps avec unofficier ennemi qu'il tua; mais malgré sa bravoureet celle de ses soldats, il fut obligé de céder le terrain,et 15o autres conscrits, venus à son secours,arrivèrent trop tard. Il les réunit à sa troupe surles pitons, et on lui fit le signal de se retirer surl'anse du figuier.1809.Le commandant Troude, furieux de voir les Ang<strong>la</strong>ismaîtres du gros morne, descendit à terre, etoffrit mille matelots armés pour aider à les culbuter,n'exigeant qu'une demande par écrit pour faire débarquerses marins. Comme on <strong>la</strong> lui refusa, il remontaà bord, convoqua ses capitaines pour aviseraux moyens de se soustraire aux nombreuses forcesnavales qui l'entouraient, et au feu d'une bombarde,mouillée à l'anse à Coimbre, dont les bombes tombaienttout autour de sa division.A onze heures du soir, les trois vaisseaux appareillèrenten coupant leurs câbles, <strong>la</strong>issant les deuxflûtes au mouil<strong>la</strong>ge. Les barges ang<strong>la</strong>ises ayantsignalé leur départ et leur route par des fusées,


1809( 232 )toutes les forces ennemies se mirent à leur poursuite, et les flûtes profitèrent de leur absence pouraller jeter l'ancre, le lendemain matin, dans <strong>la</strong> radede <strong>la</strong> Basse-Terre.Le i5, les postes français des Saintes furent repliésvers les forts, et les Ang<strong>la</strong>is, débarqués enplus grand nombre, se bâtèrent d'occuper les positionsqu'on leur abandonna. Ils établirent, sur <strong>la</strong>hauteur de l'anse du figuier, deux mortiers et unepièce de 18, dont le feu, avec celui de <strong>la</strong> bombardede l'anse à Coimbre, fut dirigé contre le fort Filet.Le général Mait<strong>la</strong>nd, commandant des troupes britanniques, somma inutilement le commandant desSaintes de se rendre; il n'y eut pourtant que desaffaires de postes, pendant <strong>la</strong> nuit et le jour suivant.Le 17, avant le jour, un détachement de i5oconscrits vint réoccuper les pitons du Marigot, sansque l'ennemi fît mine de s'y opposer : mais plustard, un autre détachement ayant été attaquer Jemorne Courbaril, fut repoussé et mis en désordrepar les Ang<strong>la</strong>is , qui, en le voyant venir, eurent letemps de se préparer à l'accabler. L'ennemi profitade ce moment, pour tenter d'enlever d'assaut lefort Napoléon. Les conscrits et les noirs du 66,p<strong>la</strong>cés sur les g<strong>la</strong>cis , le <strong>la</strong>issèrent arriver jusqu'auxpalissades, le reçurent comme de vieilles troupes,et le culbutèrent jusqu'au pied du morne.Ce succès avait ranimé l'esprit des soldats ; maisdeux heures après, un officier sortit du fort, pouraller aux avant-postes ennemis demander à capitu-


( 233 )1er. La journée se passa en pourparlers; le soir,17 avril, <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion fut signée, et les Saintes,ce dernier boulevard des possessions françaises aux;Antilles, passèrent au pouvoir des 8 à 9oo Ang<strong>la</strong>isqui y avaient débarqué. La garnison, qui comptait6 hommes tués, 2 blessés et 82 ma<strong>la</strong>des, fut envoyéeprisonnière à <strong>la</strong> Barbade. On lui fit payer sur-lechamples quatre mois d'appointemens des officiers,et les trois mois de solde des sous-officiers et soldatsqui étaient dus à toutes les troupes de <strong>la</strong> colonie;<strong>la</strong> même faveur fut refusée au détachement de Marie-Ga<strong>la</strong>nte(1).1809.(1) Mémoire du chef de bataillon Merlen.


( 234 )CHAPITRE X.Les Ang<strong>la</strong>is incendient le bourg de Deshayes. — Ils essaienten vain de faire sauter, dans <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terre, deux frégates françaises armées en flûte.—Situation intérieure de <strong>la</strong> Guadeloupe.—Les ennemisattaquent deux nouvelles frégates, dans l'anse à <strong>la</strong> barque,et y font mettre le feu. —Leurs tentatives contretoutes les côtes de <strong>la</strong> colonie.1809.LA prise des Saintes avait donné lieu à une infinitéde bruits étranges et décourageans pour <strong>la</strong>Guadeloupe; tous les habitans étaient atterrés, lorsquele pil<strong>la</strong>ge et l'incendie du bourg de Deshayes »vinrent allumer leur impuissant courroux. Le canotd'une frégate ang<strong>la</strong>ise se présenta, sous pavillonparlementaire, devant le quartier de Deshayes, aulieu d'aller à <strong>la</strong> Basse-Terre, où résidaient toutesles autorités de <strong>la</strong> colonie. Le commandant de <strong>la</strong>batterie, dont les craintes n'étaient que trop justifiéespar les débarquemens quotidiens et les tentativesde l'ennemi sur les diverses batteries de <strong>la</strong>côte, redoutant quelque surprise, voulut éloigner lecanot en faisant tirer des coups de fusils ; par mal-


( 235 )heur un de ces coups atteignit et tua le Midschipman,sous les ordres duquel se trouvait le canot.Sur le rapport de cet accident, fait au, commandantdes forces britanniques; il ordonna, sur le champ ,et de sang froid, de mettre à feu et à sac le bourg deDeshayes, dont tous les habitans étaient fort étrangersà l'outrage qu'il prétendait venger. Une expéditionde chaloupes y opéra un débarquement; toutle quartier fut pillé, saccagé , livré aux f<strong>la</strong>mmes,ettous ses habitans furent expulsés à coups de fusil,sous prétexte de satisfaire au droit des gens. Lesassassins de Jumonville criaient au meurtre (1),1809(I)En 1754, des Ang<strong>la</strong>is avaient, contre <strong>la</strong> foi publique,et en vio<strong>la</strong>tion du droit des gens, élevé furtivement, plusieurspetits forts sur le territoire du Canada, possédépar les Français; ils s'occupaient sans relâche à construirele fort de <strong>la</strong> Nécessité, sur <strong>la</strong> rivière de Marengucle, dansle voisinage du fort Duquesne, entre <strong>la</strong> Louisiane et leCanada. Le commandant des établissemens français, surl'Ohio, envoya un officier de marque pour faire cessercette entreprise usurpatrice; mais les Ang<strong>la</strong>is n'en tinrentaucun compte et continuèrent leurs travaux, avecencore plus d'activité. Le 24 mai 1754, Jumonville, jeuneofficier plein de mérite, fut député avec 3o hommes pourleur porter des dépêches, les inviter à ne pas troubler <strong>la</strong>paix qui existait entre les deux nations et les sommer derentrer dans les limites des possessions britanniques. Ils'avance à <strong>la</strong> tête de son escorte ; le général ang<strong>la</strong>is le faitrecevoir dans son camp, et envoie un officier pour prendre


( 236 )1809.comme Valverde criait à l'assassin, en enfonçantson poignard dans le cœur des Américains inoffensifs.Les deux flûtes <strong>la</strong> Furieuse et <strong>la</strong> Félicité,quiétaient sorties des Saintes, le 15 avril, étaientmouillées dans <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terre , sous leles dépèches; Jumonville s'approche avec confiance, unefusil<strong>la</strong>de l'arrête, il fait rappeller, le feu cesse; mais onl'environne aussitôt et il est mis à mort avec huit de sessoldats : les 22 autres sont déc<strong>la</strong>rés prisonniers. Un sauvageplus humain, plus policé que les Ang<strong>la</strong>is, s'échappeet vient porter <strong>la</strong> nouvelle de cette perfidie au commandantfrançais. Le 8 juillet suivant, Villiers, frère de Jumonville,est envoyé pour punir cet acte lâchement atroce, et reçoità capitu<strong>la</strong>tion le fort de <strong>la</strong> Nécessité, qu'il pouvait emporterd'assaut. Aussi généreux que ses ennemis s'étaientmontrés cruels, il sacrifia le désir de <strong>la</strong> plus légitimevengeance, à <strong>la</strong> satisfaction de rompre les liens des compagnonsde son malheureux frère. Les Ang<strong>la</strong>is s'engagèrentà les faire revenir de Boston, où ils avaient été envoyés;mais toujours sans foi, ils ne, remplirent que lentement etpartiellement leur promesse. Les sauvages ne pouvaientcomprendre tant de modération d'un côté , tant de perfidiede l'autre, et <strong>la</strong> conduite des Ang<strong>la</strong>is leur inspiraune indignation profonde qui fit <strong>la</strong> force des Français;il vouèrent à l'exécration de leur postérité les assassins etleurs descendans, et cette haine est encore vivante aucœur des Canadiens. Le crime était utile à <strong>la</strong> politique ang<strong>la</strong>ise;il ne fut pas même désavoué par le cabinet britannique.


( 237 )feu des batteries et tout près des magasins du commerce.Le généreux vengeur du droit des gens, l'amira<strong>la</strong>ng<strong>la</strong>is, conçut le projet de faire sauter cesdeux bâtimens, pour ne pas les attaquer de viveforce, s'embarrassant fort peu d'incendier <strong>la</strong> ville etd'écraser les femmes et les enfans sous les murs deleurs maisons renversées. Le 31 mai, il fit diriger unbrûlot, dans <strong>la</strong> rade, contre les deux flûtes. Favoriséepar une faible brise, <strong>la</strong> machine infernale s'approchaitde son but, et <strong>la</strong> ville, au comble de l'effroi,attendait, au milieu des plus violentes anxiétés, lemoment de sa destruction ; elle dut son salut à l'intrépiditédes commandans des deux bâtimens. Usdirigèrent si bien leurs bordées à <strong>la</strong> flotaison dubrûlot, au moment où le vent engouffré de <strong>la</strong> rivièreaux Herbes le faisait donner de <strong>la</strong> bande,que l'eau de <strong>la</strong> mer gagna les poudres; l'explosionn'eut lieu que partiellement; les deux flûtes et <strong>la</strong>ville furent sauvées, et les Ang<strong>la</strong>is désappointés.Mais les élémens conjurés semb<strong>la</strong>ient réunir leursfléaux aux efforts redoublés de l'ennemi, et le 2 septembre1809, fut un jour funeste par les effets d'unouragan furieux qui dévasta les établissemens et lesp<strong>la</strong>ntations. Le ponton sur lequel on avait reléguéles lépreux, expulsés de <strong>la</strong> Désirade par les Ang<strong>la</strong>is,étant prêt à couler bas, il fallut se résoudre à fairedébarquer ces malheureux et dans ce moment decrise, où chacun ne songeait qu'à sa sûreté personnelle,il fut impossible de les c o n f i n e r en un lieuséparé. Ils se mirent: à l'abri comme ils purent, et on1809.


( 238 )1809.les <strong>la</strong>issa divaguer à leur gré; leurs spoliateurs seréjouirent sans doute de cette ca<strong>la</strong>mité nouvelleque leur génie fertile en inventions cruelles, avaitattirée sur <strong>la</strong> Guadeloupe.C'est ainsi qu'un amiral préludait à <strong>la</strong> conquêted'une colonie dont il convoitait déjà le commandement,et que, par ce motif, il aurait dû traiter avecplus de ménagement. On n'ignorait pas qu'après <strong>la</strong>prise de <strong>la</strong> Martinique , les Ang<strong>la</strong>is reconnaissansavaient admis dans leur conseil, celui qui leur enavait facilité <strong>la</strong> conquête, et qu'ils s'étaient engagésà lui donner l'administration de <strong>la</strong> Guadeloupe, s'ilparvenait à y former un parti qui pût concourir à<strong>la</strong> faire passer sous <strong>la</strong> domination britannique. Onsavait que cet individu, en re<strong>la</strong>tion avec les anglomanesde l'île, avait organisé, à Saint-Pierre, uncomité secret, dont il était l'aine et l'intermédiaireauprès des généraux d'Albion.L'indignation fut à son comble, lorsqu'on vitdes p<strong>la</strong>nteurs communiquer impunément avec l'ennemiet recouvrer leur liberté dès qu'une autoritésecondaire les faisait arrêter dans le moment où leurtrahison était f<strong>la</strong>grante. Tous ceux qui avaientservi chez les Ang<strong>la</strong>is, plusieurs mêmes qui enétaient encore les stipendiés, occupaient des. emploispublics. On leur prodiguait des faveurs, tandisque les troupes, auxquelles il était dû un arriéréconsidérable, étaient dans un état de dé<strong>la</strong>brementqui ne leur inspirait que du dégoût. La désertiondes noirs enrégimentés était favorisée par les p<strong>la</strong>n-


( 239 )tears auxquels ils avaient appartenu, et qui avaientreçu d'un des principaux chefs, l'exemple de cetteespèce d'embauchage. Des tracasseries avaient étéexercées dans le 66e régiment; dans l'espace de troismois et demi, ce corps avait changé trois fois dechef. Une rapacité criante , des abus révoltans s'étaientglissés partout, et <strong>la</strong> confiance était presqu'éteintedans le cœur des habitans les plus dévoués à<strong>la</strong> France. La frégate <strong>la</strong> Topase et le brickie Nisus,avaient été pris sur <strong>la</strong> côte, parce que les batteries,tombant en ruines, n'avaient pu les protégerefficacement ; et les Ang<strong>la</strong>is, maîtres des Saintes, de<strong>la</strong> Désirade, de Marie-Ga<strong>la</strong>nte , interceptaient tousles arrivages d'Europe (l).Telle était <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> Guadeloupe lorsque,le 17 décembre 180g, les flûtes <strong>la</strong> Seine et <strong>la</strong> Loire,armées de 22 canons , chacune, et partiesNantes , escortées par les frégates <strong>la</strong> Clorinde et <strong>la</strong>Renommée, se présentèrent sur <strong>la</strong> côte du Baillif,Ayant trouvé l'entrée de <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terreinterceptée, elles virèrent de bord; les deux flûtesse réfugièrent dans l'anse à <strong>la</strong> Barque, où ellesmouillèrent à huit heures du matin , et les frégatesgagnèrent le <strong>la</strong>rge pour retourner en Europe.Outre les approvisionnemens dont les deux flûtesétaient chargées, elles portaient 320 recrues pour lede1809.(1) Mémoire du chef de bataillon Merlen.


( 240 )1809. 66° régiment, 3oo Ang<strong>la</strong>is, prisonniers de guerre ;i,6oo,ooof. en traites du caissier-général du trésorpublic, sur lui-même, et 400,000 francs, en quadruplesd'Espagne.L'arrivée de ces secours ranima le courage de <strong>la</strong>colonie, et les dispositions de <strong>la</strong> croisière ang<strong>la</strong>isefaisant juger qu'elle se préparait à attaquer les deuxbâtimens au mouil<strong>la</strong>ge, le commandant des troupespartit, le même soir, pour l'anse à <strong>la</strong> Barque, à <strong>la</strong>tête de 370 hommes d'élite, après avoir donné l'ordreau bataillon de garde nationale des quartierssous le vent d'y arriver de son côté. 11 se trouvadonc, sous <strong>la</strong> main du colonel-commandant destroupes, au moins goo hommes, non compris leséquipages des flûtes, pour s'opposer aux entreprisesdes Ang<strong>la</strong>is.D es deux batteries qui défendent le goulet del'anse à <strong>la</strong> Barque , celle dite Coupard avait été <strong>la</strong>seule rétablie ; elle était armée de 4 pièces de 24.On aurait pu remonter sur-le-champ celle dite Duché,qui est à barbette, et l'armer de canons débarquésdes flûtes, faire quelques travaux, ouvrirdes tranchées de chaque côté de l'anse, pour y logerdes troupes , et f<strong>la</strong>nquer par leur feu celui des deuxbâtimens , mouillés à une encâblure de terre; maison n'eut sans doute pas le temps d'exécuter ces travaux.La batterie Coupard resta faiblement approvisionnée,et gardée par un lieutenant et 15 hommesdu 66 e ; les troupes furent p<strong>la</strong>cées à découvert,


( 241 )sur le talus intérieur des mornes qui dominent 1809.l'anse à <strong>la</strong> Barque, et on s'occupa, dès le 18 au matin,du déchargement des flûtes.Vers quatre heures du soir, l'escadre ennemie,qu'on voyait manœuvrer depuis le lever du soleil,se présenta devant l'anse (1). La batterie Coupardcommença son feu, mais elle manqua bientôt devalets, et ceux que lui fournirent les flûtes se trouvèrentd'un calibre inférieur. Aussitôt, <strong>la</strong> frégateang<strong>la</strong>ise <strong>la</strong> Blonde porta dans <strong>la</strong> passe, et pénétradans l'anse, tandis que le vaisseau V l'Abercrombies'embossait et foudroyait <strong>la</strong> batterie. Son élévationet sa solidité <strong>la</strong> garantissaient cependant du feu dece vaisseau ; mais le sien avait cessé, faute de munitions, et l'ennemi , jetant à terre une centained'hommes armés de fusils, de piques et de sabres,s'en empara facilement.Dès l'apparition de <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Blonde, l'équipagede <strong>la</strong> flûte <strong>la</strong> Seine mit le feu à son bâtimentet l'abandonna. La mitraille de <strong>la</strong> frégate ang<strong>la</strong>isedispersa les troupes mal postées ; toutes furent obligéesde chercher leur salut derrière les rochers ,tandis que le lieutenant de vaisseau Kergré, com-(1) Dans <strong>la</strong> matinée du 18 décembre, un canot parlementairefut envoyé, de <strong>la</strong> Basse-Terre, à bord de l'escadreennemie pour proposer l'échange des 3oo prisonniers ang<strong>la</strong>isarrivés sur les flûtes; le commandant le renvoya en luidisant qu'il al<strong>la</strong>it venir lui-même les échanger.III. 16


( 242 )1809.mandant <strong>la</strong> flûte <strong>la</strong> Loire, continuait bravement lecombat. Mais l'embrasement de <strong>la</strong> Seine le forçabientôt à se soustraire au danger de son explosion,et à quitter aussi son bâtiment, après y avoir mis lefeu. La frégate <strong>la</strong> Blonde s'empressa de sortir del'anse, dès qu'elle eut atteint son but, et qu'elle vitles deux flûtes en proie aux f<strong>la</strong>mmes.Vainement M. Mindibourg, propriétaire et capitainede port à l'anse à <strong>la</strong> Barque , fit remarquerque <strong>la</strong> batterie Coupart n'était plus occupée que parune poignée d'ennemis faciles à enlever, ce coupde main fut jugé inutile; les Ang<strong>la</strong>is se rembarquèrenttranquillement, sans avoir perdu un seul homme, après avoir encloué les pièces, brisé les affûts,et tenté de faire sauter <strong>la</strong> poudriere , où il n'y avaitpas un grain de poudre.Une grande partie du chargement des flûtes futperdue ; toutefois les deux millions en quadruplesou en traites, avaient été mis en sûreté, et ils furentportés à <strong>la</strong> Basse-Terre.Cette échauffourée jeta <strong>la</strong> colonie dans une consternationet un abbattement difficiles à décrire. Lessecours arrivés depuis le mois de mars , étaientune preuve, quoique tardive, de l'importance que<strong>la</strong> France mettait à sa conservation , mais toutsemb<strong>la</strong>it lui présager sa perte , dans l'attaque qu'ellese voyait à <strong>la</strong> veille d'essuyer.Les projets de l'ennemi n'étaient plus un problême.Une circu<strong>la</strong>ire du capitaine-général à tous les commandansde quartier, annonça, le 28 novembre,


( 243 )l'attaque des Ang<strong>la</strong>is comme très-prochaine, et ordonnaà tous les habitans, sur le courage et le bon1809.esprit desquels on comptait, de se tenir prêts. Legénéral ajoutait, que si le sort incertain des armes,n'était pas favorable à <strong>la</strong> bonne cause, on le verraitau milieu d'eux et dans une attitude redoutable,obtenir une capitu<strong>la</strong>tion honorable.Le lendemain 29, un arrêté suspendit tous lestravaux de culture, et mit en réquisition les esc<strong>la</strong>veset les bestiaux, sous peine, pour ceux qui s'y refuseraient,d'être traduits devant une commissionmilitaire.Le capitaine-général, déterminé à défendre <strong>la</strong>ligne des Trois-Rivières, les hauteurs de <strong>la</strong> Basse-Terre et le,réduit du Matouba, fit donner l'ordred'évacuer <strong>la</strong> Grande-Terre. Comme l'ennemi interceptait<strong>la</strong> navigation des bateaux, les magasins de<strong>la</strong> Pointe-à-Pître furent vidés, à dos de mulet, et<strong>la</strong> garnison de cette ville se rendit aux Trois-Rivières,où le capitaine-général fit établir millehommes de troupes, dans les positions les plus importantes(1).(1) Cent cinquante hommes furent p<strong>la</strong>cés à Dolé ; 15ohommes sur l'habitation du Gommier; 155 dans le bourg;128 sur l'habitation Galbert, tous du 66 e régiment. Onmit à <strong>la</strong> Grande-Anse 14o chasseurs de couleur soldés;et 13o au Vieux-Fort; cent canonniers furent répartissur les diverses batteries. On posta en outre, sur <strong>la</strong> côte,


( 244 )1809. Les côtes de <strong>la</strong> colonie étaient alors tellementinsultées par les barges ennemies, que le cabotaged'un quartier à l'autre devint impossible. Les Ang<strong>la</strong>isoccupèrent le port du Moule, s'emparèrentdes navires qui s'y trouvaient, et en détruisirentles fortifications. Us n'épargnèrent pas celui duPort-Louis, où ils descendirent et démolirent lesdeux batteries. Enfin , depuis <strong>la</strong> Basse-Terre jusqu'auMoule , et depuis le Moule jusqu'à <strong>la</strong> Pointeà-Pître,il n'existe pas de port, pas de mouil<strong>la</strong>ge,où il n'y eût des navires enlevés et des batteries renversées.Toute énergie paraissait éteinte et <strong>la</strong> Guadeloupesemb<strong>la</strong>it, par les pertes successives qu'elleéprouvait, toucher à sa ruine totale (1).La colonie n'avait cependant pas alors le malheurd'être divisée par l'esprit de faction qu'on y a vurégner depuis. Ses habitans étaient généralementpénétrés du plus sincère dévoûment à <strong>la</strong> France,à l'exception d'un très-petit nombre d'individussa<strong>la</strong>riés par les Ang<strong>la</strong>is, correspondant avec le comitésecret de <strong>la</strong> Martinique, cosmopolites d'opinion, et courtiers de tous les gouvernemens souslesquels on les a toujours vus s'empresser de ramper.une compagnie de cent gardes-nationales du quartier duVieux-Fort, et celle du Dos-d'Ane, au nombre de 80hommes, fut p<strong>la</strong>cée au poste Langlet. Le commandementde toutes ces troupes et de cette ligne importante fut confiéun capitaine de seconde c<strong>la</strong>sse.(1) Mémoire du chef de bataillon Merlen.


( 245 )Plusieurs habitans de <strong>la</strong> colonie se faisaient undevoir de transmettre à l'autorité les divers renseignemensqu'ils recevaient des îles voisines, sur lesprojets et les dispositions de l'ennemi. La ville deSt.-Pierre osa même braver le ressentiment des Ang<strong>la</strong>is,et signaler son attachement à <strong>la</strong> France, en faisantinstruire avec exactitude le capitaine-général,des préparatifs et des forces que les Ang<strong>la</strong>is réunissaientà <strong>la</strong> Martinique , contre <strong>la</strong> Guadeloupe(1).1809.(1) Dans le Moniteur du 8 mai 1810, un article extraitdu Times, parle d'une conspiration ourdie à <strong>la</strong> Martinique, dans <strong>la</strong> vue d'empêcher l'invasion de <strong>la</strong> Guadeloupe,ou de diminuer les forces destinées contre elle.Ily est dit qu'on profita d'un cartel, par lequel on envoyait3o prisonniers ang<strong>la</strong>is au fort Royal, pour y faire passerdes officiers de confiance chargés d'organiser et de dirigerune révolte, et que, d'après des lettres saisies, les canonsfurent traqués sur <strong>la</strong> ville du fort Royal.


( 246 )CHAPITRE XI.Attaque et prise de <strong>la</strong> Guadeloupe par les Ang<strong>la</strong>is.1810LE I ER . janvier 1810, on apprit d'une manièrepositive, que l'attaque de <strong>la</strong> colonie était fixée, parl'ennemi, au 25 du même mois.La garnison de <strong>la</strong> Guadeloupe se composait alors,d'après le mémoire du chef de bataillon Merlen, deseize compagnies du 66 e . régiment, formant uncorps de 25oo hommes, y compris les noirs enrégimentés; de trois compagnies de chasseurs de couleur,soldés, de 140 hommes chacune; de troiscompagnies d'artillerie, dans lesquelles on avaitincorporé 3oo matelots canonniers; d'une compagnied'ouvriers d'artillerie ou sapeurs de couleur,forte de 400 hommes ; ce qui faisait un totalde 4,ooo hommes de troupes.On pouvait encore faire choix, dans les six bataillonsde <strong>la</strong> garde-nationale, de deux mille jeunesgens d'élite, formés en deux bataillons. Les hommesde couleur libres auraient pu en former un troi-


( 247 )sième de iooo à 1200; et les marins , établis dans 1810.l'île, un quatrième d'environ 1000 hommes.Le vice-amiral Alexandre Cochrane , et le lieutenant-généralGeorges Beckwith, commandant l'expéditionbritannique destinée contre <strong>la</strong> Guadeloupe,firent voile, le 22 janvier, de <strong>la</strong> Martinique, etréunirent ce jour-là leurs forces dans l'anse duPrince-Rupers à <strong>la</strong> Dominique. La rougeole s'étantmanifestée parmi leurs soldats , ils furent obligésd'en débarquer cinq cents, qui en étaient atteints ,ce qui réduisit leurs troupes de débarquement àcinq mille hommes, formés en deux divisions et uneréserve; non compris les matelots que, dans toutesleurs expéditions, les Ang<strong>la</strong>is mettent à terre, etforment en un corps.La seconde division, commandée par le généralHarcourt, partit de <strong>la</strong> Dominique, le 26, et al<strong>la</strong>mouiller aux Saintes. La première , commandéepar le général Hislop, et <strong>la</strong> réserve par le généralWale, se présentèrent, le 27 , devant <strong>la</strong> Grande-Terre et jetèrent l'ancre au Gozier. L'amiral et lelieutenant-général sommèrent <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Pointeà-Pîtrede se rendre. Mais le brave Fournier, chefde bataillon de <strong>la</strong> garde nationale, fit battre <strong>la</strong> générale, réunit à <strong>la</strong> hâte sept à huit cents hommes decette garde, et marcha au Gozier , en répondant auparlementaire qu'on ne rendrait ni <strong>la</strong> ville ni lesforts, et qu'on les défendrait (1). Cette résolution(1) Dans un conseil de guerre, que le brave Fournier


1810.( 248 )énergique imposa à l'ennemi et à ses partisans. Le28 au matin, les Ang<strong>la</strong>is partirent du Gozier, àbord d'un grand nombre de petits bâtimens et débarquèrentà Sainte-Marie où , parmi ceux qui préparaientdepuis long-temps leur arrivée, un p<strong>la</strong>nteur,criblé de dettes , se fit remarquer par son zèleà leur fournir tous les moyens qui étaient en sonpouvoir, et à les guider à travers les sentiers lesmoins fréquentés jusque sous les murs du fort Richepance(1).La générale ne fut battue à <strong>la</strong> Basse-Terre quele 29, à trois heures après midi; les troupes et <strong>la</strong>garde nationale de <strong>la</strong> ville partirent alors pour alleroccuper les hauteurs de Saint-C<strong>la</strong>ude. La garde nationaledes quartiers éloignés, appelée trop tard ,trouva <strong>la</strong> communication de <strong>la</strong> Basse-Terre interceptée, et se retira chez elle ; celle commandée parlechef de bataillon Zénon Lemesle se porta à <strong>la</strong>assemb<strong>la</strong> à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, le chef du 5" bataillon desgardes nationales dit : » Vous voulez vous battre et vous«faites bien, il ne faut pas qu'on puisse accuser les habi-«tans d'avoir livré <strong>la</strong> colonie; mais dans cinq jours nous«serons au pouvoir des Ang<strong>la</strong>is. Demain l'ennemi ira dé-«barquer à Sainte-Marie, se rendra aux Trois-Rivières,«par <strong>la</strong> Capesterre,et lorsqu'il sera arrivé au pont du Ma-«touba, on doit lui proposer de capituler. » (Mémoirede M. Merlen)(1) Extrait de mémoires particuliers.


( 249 )Pointe-à-Pître pour aider à défendre <strong>la</strong> Grande-Terre.La première division des troupes ennemies pritposition à <strong>la</strong> rivière des bananiers, tandis que <strong>la</strong>réserve arrivait à <strong>la</strong> Grande-Rivière. Le 3o, cettepremière division traversa le périlleux défdé duTrou au Chien, qu'elle ne trouva pas gardé, et<strong>la</strong> tête de <strong>la</strong> colonne, se présenta aux Trois-Rivièresvers onze heures du matin. Les 13o hommes du66 e régiment, p<strong>la</strong>cés sur l'habitation Dugommier,l'accueillirent par un feu si bien nourri, qu'ils l'obligèrentà se replier; elle prit position à troisquarts de lieue en arrière du bourg.Une heure après ce succès , le capitaine quicommandait <strong>la</strong> ligne des Trois-Rivières <strong>la</strong> fit évacuer,en disant que les Ang<strong>la</strong>is l'avaient tournéepar les bois et débordaient sa gauche. Il abandonnal'artillerie , détruisit les munitions et se retira surle Palmiste, où il ne tarda pas à recevoir l'ordreécrit de continuer sa retraite sur le Matouba, d'enclouerles canons, de raser les batteries et de fairesauter les poudres.Néanmoins le général Beckwith resta en positionderrière le bourg des Trois-Rivières avec sa premièredivision et sa réserve, et ne fit aucun mouvementjusqu'au 2 février. Ces deux corps étaientcomposés, en partie, d'étrangers ou de prisonniersfrançais, qu'on craignait de voir profiter de <strong>la</strong> premièrechance favorable pour passer dans les rangsdes défenseurs de <strong>la</strong> colonie.1810


( 25o )1810.La seconde division ang<strong>la</strong>ise, commandée par legénéral Harcourt, avait appareillé des Saintes, le29 au soir, et faisant semb<strong>la</strong>nt de porter sur lesTrois-Rivières, avait profité de <strong>la</strong> nuit pour <strong>la</strong>isserarriver vent arrière, et aller prendre terre, le 3oau matin, sur l'habitation Billiery, entre le bourgdes habitans et <strong>la</strong> rivière Duplessis. On fit perdreun temps précieux aux quatre compagnies du 66 e .qui furent envoyées contre cette division ; à peinerendues sur <strong>la</strong> rivière, elles furent attaquées parl'ennemi, et on leur fit abandonner aussitôt l'avantagede leur position pour les porter fort loin enarrière sur les hauteurs de Bel-Air.Les grenadiers et les voltigeurs du 66 eet de <strong>la</strong>garde nationale , étaient au camp de Boulogne ; àdeux heures après midi, on les dirigea, avec le corpsdes marins, sur l'habitation du Mont-d'Or, en leurannonçant qu'on al<strong>la</strong>it attaquer l'ennemi. Quandces troupes , pleines d'enthousiasme, arrivèrent auMont-d'Or, et demandèrent à se battre, on trouvaqu'il était trop tard et on les envoya au pont de <strong>la</strong>Rivière des Pères où elles passèrent <strong>la</strong> nuit. Leschefs des marins répartis sur les batteries de cettecôte, reçurent l'ordre de les détruire, d'enclouerles pièces, de faire sauter les poudrières et, icicomme à <strong>la</strong> gauche, le mouvement de retraite futannoncé par ces explosions.A onze heures du soir, le préfet, le commissairede justice et les différens chefs militaires furent appelésà Mont-Repos. On leur annonça que les lignes


( 251 )étaient coupées, que <strong>la</strong> gauche s'était retirée sur leMatouba, que les troupes de droite étaient arrivéesdeux heures trop tard, et qu'il ne restait d'autreparti que celui de capituler. Plusieurs objectionsfurent faites, notamment par le commissaire dejustice, afin de prolonger <strong>la</strong> défense, mais elles furentsans effet. On se sépara, et il fut ordonné aucommandant du 66 e . de se rendre au quartier-généraldu Matouba avec ses troupes. Là il reçut ordred'aller prendre le commandement du poste Bel-Air,où on p<strong>la</strong>ça cinq compagnies du 66 e . avec unecompagnie de chasseurs de couleur, soldés , et oùl'on fit monter deux pièces de 12.Le 31 au matin, l'escadre ang<strong>la</strong>ise mouil<strong>la</strong> auBaillif. Le capitaine qui avait quitté <strong>la</strong> ligne desTrois-Rivières, étant parvenu, avec sa colonne, aumorne Houel, en détruisit l'importante batterie, quicouvrait <strong>la</strong> gauche du Matouba ; les troupes réuniesau quartier-général, furent disséminées dans despostes tellement éloignés les uns des autres, qu'ellesne pouvaient se secourir mutuellement.La garde nationale fut congédiée; cependant lecapitaine-général vou<strong>la</strong>nt, le 1 er . février, tenter uneattaque contre l'ennemi, écrivit au chef de bataillonde <strong>la</strong> Basse-Terre, d'engager une cinquantaine de;jeunes gens de cette garde à partir <strong>la</strong> nuit suivantepour aller, en partisans , inquiéter les Ang<strong>la</strong>is , erprenant leurs positions à revers , tandis qu'il les feraitattaquer de front par ses troupes. Deux centshommes de bonne volonté, ayant à leur tête le ma1810.


( 252 )1810. jor Solier, partirent en effet de <strong>la</strong> Basse-Terre, àsept heures du soir, parvinrent sur les f<strong>la</strong>ncs del'ennemi,par des sentiers très-difficiles, et engagèrent<strong>la</strong> fusil<strong>la</strong>de. Mais n'ayant aperçu aucun mouvementde <strong>la</strong> part des troupes du Matouba , ils rentrèrenten ville au point du jour.La première division et <strong>la</strong> réserve ennemies, quittèrentenfin les trois Rivières, le 2 février au matin,pour se rendre sur le Palmiste, où <strong>la</strong> division pritposition, et <strong>la</strong> réserve se porta au morne Houel.La seconde division partit, le soir, de <strong>la</strong> rivière Duplessis,pour aller s'établir sur l'habitationMail<strong>la</strong>n.L'amiral ang<strong>la</strong>is ayant sommé, pour <strong>la</strong> secondefois, <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Basse-Terre de se rendre, douzenotables furent autorisés, par écrit, à traiter de <strong>la</strong>capitu<strong>la</strong>tion.Les troupes françaises étaient consternées ; officierset soldats murmuraient hautement de l'inactionoù on les tenait. Le commandant du poste Bel-Air, cédant à cette impulsion, et ne vou<strong>la</strong>nt pasmettre bas les armes , sans s'être mesuré avec l'ennemi, profita, le 3 février au matin, de l'absencedu commandant des troupes, pour aller, sans ordre,attaquer les Ang<strong>la</strong>is, p<strong>la</strong>cés au dessous de lui surl'habitation Mail<strong>la</strong>n. Il descendit le morne Bel-Air,avec 400 hommes, et repoussa les premiers postes ;mais sa troupe, imprudemment engagée, fut bientôtprise en f<strong>la</strong>nc, par sa droite, et culbutée par desforces supérieures , sans que les canons de Bel-Air,qu'elle masquait, pussent <strong>la</strong> protéger. Il perdit près


( 253 )de <strong>la</strong> moitié de ses soldats ; le reste se sauva à <strong>la</strong> faveurd'une pièce de cannes. Un peu plus tard cesmêmes Ang<strong>la</strong>is voulurent faire des démonstrationscontre Bel-Air; mais quelques coups de canon suffirentpour les disperser, et des tirailleurs les tinrenten échec.Le même jour, 3 février, <strong>la</strong> première division ang<strong>la</strong>isetraversa <strong>la</strong> rivière des Galions, au passagedu grand camp, et prit position, <strong>la</strong> première brigadeà une demi-lieue du point de Nozières, et <strong>la</strong> secondeà l'habitation Peltier, où elle s'empara d'un magasinde vivres abandonné.Le soir les Ang<strong>la</strong>is engagèrent une fusil<strong>la</strong>de, sanseffet, au pont de Nozières, tandis que leur réserve,s'avançant du morne Houel, attaquait les trois compagniesdu 66e qui gardaient les passages delà rivièreNoire. Elles soutinrent bravement le choc, maisleur courage fut trompé : on les avait persuadéesque leur gauche était inaccessible , cependant l'ennemitrouva moyen d'y pénétrer ; à huit heuresdu soir leur position était tournée, et tout fut enconfusion pendant <strong>la</strong> nuit.Le 4 février au matin, le capitaine-général s'étaità peine mis à table, au Matouba, que le son d'unetrompette annonça <strong>la</strong> marche des troupes ang<strong>la</strong>isesqui s'étaient introduites dans le réduit, pendantl'obscurité. On arbora aussitôt le pavillon parlementaire,et deux officiers ang<strong>la</strong>is entrèrent un instantaprès dans <strong>la</strong> salle. Un officier français fut envoyé,pour proposer une capitu<strong>la</strong>tion au général1810.


1810.( 254 )Beckwith, qui accorda une suspension d'armes. Descommissaires furent nommés des deux côtés, pourtraiter des articles; et <strong>la</strong> colonie, stupéfaite, appritque <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion avait été ratifiée le 6 au matin.On accorda à <strong>la</strong> garnison les honneurs de <strong>la</strong> guerre,mais elle demeura prisonnière.Après <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion, tout ce qu'il y avait d'argentdans <strong>la</strong> caisse fut partagé, à titre de gratification,entre les officiers de tout grade de l'état-majorgénéral.Le 66 erégiment reçut tout ce qui lui était dûdepuis sa formation : les officiers furent payés enbons du caissier, sur le trésor, et on leur distribua,en gratification, les masses d'habillement et d'entretienqui étaient considérables. Il fut fait aussi diversespromotions parmi eux (1).Ce qui était dû aux membres de <strong>la</strong> cour d'appelet des tribunaux, aux administrations tant civilesque militaires, et enfin toutes les créances qu'onpouvait avoir à répéter depuis 1799, furent acquittées,en traites sur le trésor (2).(1) Mémoire du chef de bataillon Merlen.(2) Sur l'avis, reçu par le gouvernement, qu'après <strong>la</strong>capitu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Martinique, en 1809, les Ang<strong>la</strong>is étaientintervenus dans l'acquittement de dettes de l'administrationfrançaise, fait en traites du caissier-général du trésorpublic sur lui-même, il ordonna <strong>la</strong> suspension du paiementde ces traites jusqu'à ce qu'il eût acquis des renseignemens


( 255 )Les Ang<strong>la</strong>is ne prirent possession de <strong>la</strong> Pointeà-Pitreque le 10 février. Dans l'intervalle, le corsaireY Epine s'arma, s'équipa à <strong>la</strong> hâte, et mit à <strong>la</strong>voile, emmenant à son bord tout ce qu'il put desmarins de l'état qui servaient les batteries, les dérobantainsi au sort déplorable qui les attendait surles pontons de l'Angleterre.A l'instigation de quelques réactionnaires, toujoursprêts à profiter de <strong>la</strong> présence de l'ennemi,1810.positifs sur <strong>la</strong> destination que les Ang<strong>la</strong>is avaient donnéeà ces valeurs.Cet inconvénient ayant pu se répéter, en 1816, à <strong>la</strong>Guadeloupe, puisque l'acquittement des mêmes dettes nes'était fait qu'après <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> suspension du paiementdes traites fut également ordonnée.Sur <strong>la</strong> proposition des ministres de <strong>la</strong> marine et du trésorpublic, il fut rendu, le 23 décembre 1810, un décretnon imprimé, qui annu<strong>la</strong> toutes les traites du caissier dutrésor général sur lui-même, données en paiement postérieurementaux dates de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Martiniqueet de <strong>la</strong> Guadeloupe, pour des créances, autres que destraitemens dus à des militaires, à des marins et à desagens français en activité de service et rentrés en France.Un avis du conseil d'état, du 19 septembre 1817, etune lettre du ministre de <strong>la</strong> marine, du 3o octobre, ontfait connaître qu'il n'y avait pas lieu à révoquer les dispositionsde ce décret; de sorte que des particuliers de bonnefoi, qui peuvent être légalement détenteurs de ces traites,se trouvent frustrés de leur valeur.


( 256 )1810pour satisfaire leurs haines et leurs vengeances, lesAng<strong>la</strong>is manifestèrent <strong>la</strong> volonté de traiter commeprisonniers, ou de déporter de <strong>la</strong> colonie les armateurs, les officiers et les marins des corsaires quiavaient osé porter <strong>la</strong> terreur dans leur commerce,et qui vivaient alors paisibles et retirés dans leursfamilles. L'officier d'administration, chargé du bureaudes arméniens à <strong>la</strong> Pointe-à-Pîire, où ces corsairesavaient été armés, enfouit dans une cave lesanciens rôles d'équipage, et tous les autres documensqui pouvaient en contenir <strong>la</strong> preuve ; heureuxd'éviter à un grand nombre de familles tranquillesle coup terrible e dont elles étaient menacées dans <strong>la</strong>personne d'un père, d'un fils ou d'un frère,D'après <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion, 4,200 Français, provenantde <strong>la</strong> ganison de <strong>la</strong> Guadeloupe et dépendances,et des équipages de plusieurs bâtimens capturés,furent embarqués pour être transportés dans les prisonsde <strong>la</strong> Gande-Bretagne, sous l'escorte de deuxfrégates ang<strong>la</strong>ises. Le général Ernouf fut mis, le23 février, à bord de <strong>la</strong> Loire, avec son état-major,et le commissaire de justice Bertholio, (1) à bord del'Aleméne : convoi mit à <strong>la</strong> voile le lendemain.M. le préfet Kerversau , et tous les membres de(1) M. Bertholio, à son arrivée en Angleterre, obtintd'être renvoyé en France. Ce magistrat, après avoir parcouruhonorablement sa carrière, mourut en 1812, àAmiens, où il était juge-


( 257 )l'administration, furent autorisés , par les articles 5 (1810)et g de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion, à rester quatre mois pourapurer les comptes de <strong>la</strong> colonie. Après ce dé<strong>la</strong>i, ilsfurent envoyés prisonniers en Angleterre, où ilsréc<strong>la</strong>mèrent vainement, du gouvernement ang<strong>la</strong>is,le droit d'être renvoyés en France, commenoncombattans, en vertu de l'article 10 de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion,portant : que tous les officiers judiciaires etministériels auraient <strong>la</strong> faculté de passer librementen France; s'ils le jugeaient à propos. Ils restèrentprisonniers jusqu'à <strong>la</strong> restauration (1).(1) Après 10 à 12 mois de séjour en Angleterre, legénéral Ernouf obtint, pour raison de santé, <strong>la</strong> permissiond'aller passer six mois à Paris. Pendant ce temps, <strong>la</strong> commissiond'enquête, nommée pour connaître de sa conduite,sous <strong>la</strong> présidence du maréchal duc de Gonégliano, ouvritses séances en novembre 1811 et les continua pendantplusieurs mois. Lors de sa décision, le gouvernementéchangea le général Ernouf, contre un ang<strong>la</strong>is prisonnieren France, et le mit en jugement, au commencement de1812.L'instruction du procès se prolongeant, par<strong>la</strong> quantitéde pièces et de témoins qu'il fal<strong>la</strong>it consulter, l'empereur,au commencement de 1814, l'autorisa à sortir deprison, sous le cautionnement du maréchal duc de Dantzick.Après <strong>la</strong> restauration, le général Ernouf s'adressaau roi, le 18 juillet 1814, pour obtenir de S. M. un acte quiterminât son procès. Le 25 du même mois une ordonnanceroyale, dont les^termes sont très-sévères, exprima <strong>la</strong> volontéd'axer d'indulgence envers un officier-général quiIII. 17


( 258 )1810.Le général ang<strong>la</strong>is Harcourt était parti, le 12 février,de <strong>la</strong> Guadeloupe, pour aller s'emparer desîles de Saint-Martinet de Saint-Eustache, qu'il prit,sans opposition, les 15 et 21 février (1); à cette époque, il ne resta plus de colonie à <strong>la</strong> France dans lesAntilles.avait rendu d'utiles services à <strong>la</strong> patrie, et enjoignit de nodonner aucune suite à cette procédure. En avril 1815 , legénéral Ernouf fit <strong>la</strong> campagne de S. A. R. le duc d'Angoulômc,dans le midi de <strong>la</strong> France, et passa à l'étranger.Rentré cn France avec le roi, il fut nommé député à <strong>la</strong>chambre,par le département de l'Orne, et commandantde <strong>la</strong> 3e division militaire. A <strong>la</strong> fin de 1818 il est à <strong>la</strong>retraite.Le général Kerversau , depuis son retour d'Angleterreen 1814, vit tranquille à Paris où il est à <strong>la</strong> retraite.(I) Saint-Eustache , et moitié de l'île de Saint-Martin,appartenaient à <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>nde.


( 2 5 9 )LIVRE DOUZIÈME.Occupation de <strong>la</strong> Guadeloupe parles Ang<strong>la</strong>is , depuis 1810 jusqu'à1814.CHAPITRE Ier.La Guadeloupe reçoit, avec répugnance, l'administrateurque les Ang<strong>la</strong>is lui imposent.— Vexations envers lesadministrateurs français. — Le gouverneur généralBeckwith déchire avec indignation des listes de proscription.—Séquestre et régie des biens des absens.— La capitation des esc<strong>la</strong>ves cultivateurs est remp<strong>la</strong>céepar un droit de sortie sur les denrées.AUSSITÔT que le lieutenant-général George Beckwithfut maître de <strong>la</strong> Guadeloupe, il s'établit à <strong>la</strong>Basse-Terre, en qualité de gouverneur de <strong>la</strong> colonie,1810à1814.


( 260 )1810l8l4.exigea de ses habitans le serment d'allégeance, etordonna qu'elle continuerait à être régie commepar le passé. Le désintéressement et <strong>la</strong> probité personnellequi distinguent ce général, lui eussent mérité<strong>la</strong> reconnaissance de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion , s'il ne l'eûtfroissée dans ses intérêts et dans son amour-propre,en lui imposant pour administrateur un transfugequi avait joué à Paris toutes sortes de rôles, encensétous les partis, et que l'opinion publique avaitdepuis long-temps signalé aux Antilles, ainsi qu'ill'était en France. Peu de jours après <strong>la</strong> conquête,les habitans eurent <strong>la</strong> douleur de voir cet individup<strong>la</strong>cé à <strong>la</strong> tête de l'administration de <strong>la</strong> colonie,en récompense des services qu'il avait rendus auxeunemis de son pays . Il osa venir siéger dans <strong>la</strong>même cour qui avait rendu contre lui un décret deprise de corps; on le vit même, le 2 janvier 1811,se faire nommer membre de cette cour, <strong>la</strong> présider,et lui dicter des arrêts au gré de ses intérêts ou deses caprices (0.Le général Beckwith ne tarda pas à apprécier untel homme, et déc<strong>la</strong>ra, à diverses personnes , ques'il l'avait mieux connu , il ne l'aurait jamais ap-(1) Chez les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de chef de l'administrationcomprend dans ses attributions toutes les branches desfinances, de <strong>la</strong> police, de <strong>la</strong> justice etc., et donne entréeà <strong>la</strong> cour d'appel, au conseilprivéet à toutes les réunionsadministratives.


( 261 )pelé à <strong>la</strong> Guadeloupe. Malheureusement pour <strong>la</strong>colonie, ce général ne <strong>la</strong> gouverna que trop peude mois; et l'administrateur qu'il lui avait donné,<strong>la</strong> traita en pays conquis, pendant tout le tempsqu'elle resta au pouvoir des Ang<strong>la</strong>is; y établit, suivantson bon p<strong>la</strong>isir, les contributions et les droitsqu'il jugea convenable de faire peser sur elle, nerendant compte de son administration qu'au gouverneur.Il signa<strong>la</strong> ses premiers pas dans cette nouvellecarrière par des mesures de rigueur contrel'administration française. Dans <strong>la</strong> remise qu'il sefit faire, par le général Kerversau et tous les administrateurs, des comptes , des papiers et desétablissemens publics, il leur suscita mille tracasserieset abusa du droit du plus fort. Bientôt il futquestion de proposer au général Beckwith, commemesure de sûreté indispensable, de proscrire ungrand nombre d'individus, qu'on représentait commesuspects : mais ce général s'étant prononcé, avecsévérité, contre une proposition si révoltante, oneut recours à un moyen odieux pour le déterminerà l'adopter. Lorsque le gouverneur se mettait àtable, il trouvait, sous son couvert, des listes de proscription.Un jour, fatigué de ces honteuses menées,le général Beckwith dit, en déchirant avec indignationune de ces listes , que s'il avait quelqu'un à déporterce serait celui qui l'avait dressée. Il fallutdonc renoncer, du moins pour un temps, à l'exécutionde ce projet, qui, venu à <strong>la</strong> connaissance des1810à1814


( 262 )1810à1814.habitans de <strong>la</strong> Basse-Terre et de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre,avait jeté l'a<strong>la</strong>rme dans ces deux villes.Un article de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion portait que les propriétésdes personnes résidant en France, ou dansdes contrées soumises à <strong>la</strong> domination française,serviraient de garanties aux créanciers du gouvernementfrançais, qui se trouvaient à <strong>la</strong> Guadeloupe.Il fut défendu de disposer d'aucune portion des revenusde ces propriétés, à l'exception de ce qui étaitnécessaire pour payer les frais d'exploitation, et acquitterles taxes publiques. Le surplus dut être remisentre les mains d'un régisseur des biens desabsens. Ce régisseur pouvait faire passer aux propriétairesdes biens, mis sous cette espèce de séquestre,ce qui restait de disponible de leurs revenus.Les envois se faisaient provisoirement parl'intermédiaire du gouvernement ang<strong>la</strong>is, et saufles règlemens ultérieurs qu'il p<strong>la</strong>irait à sa majestébritannique d'adopter pendant <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> guerre.11 est facile de concevoir à quels abus dût donnerlieu une mesure si arbitraire, surtout de <strong>la</strong> partd'agens avides et peu scrupuleux; et quelles difficultésdurent éprouver les malheureux propriétairespour toucher quelques faibles parties de leurs revenus, à une époque où toutes les re<strong>la</strong>tions entre<strong>la</strong> France et l'Angleterre étaient interrompues, nonmoins par <strong>la</strong> politique que par <strong>la</strong> guerre. Sous prétextede donner plus de garanties aux créanciers,on ne tarda pas à comprendre, au nombre des pro-;


( 263 )priétés des absens, celles de tous les individus quiétaient au service de <strong>la</strong> France. Ceux qui se trouvaientprisonniers en Angleterre, eurent seuls <strong>la</strong>faculté de s'y faire payer le montant de leurs revenus,par l'entremise du régisseur des biens des.absens : mais cette faveur leur était retirée dès qu'ilsétaient échangés, et leurs biens rentraient dans <strong>la</strong>catégorie des propriétaires résidant en France.Bientôt, par suite de cette mesure vexatoire, quidevint une véritable inquisition, le tiers des propriétésde <strong>la</strong> colonie se trouva sous <strong>la</strong> main de l'administrationang<strong>la</strong>ise, ou plutôt sous celle de sesagens. Pour ôter aux propriétaires dépouillés toutespoir d'obtenir justice, en recourant aux tribunaux, l'administration se réserva le droit de statuerseule sur les réc<strong>la</strong>mations et sur toutes les contestationsauxquelles pouvait donner lieu <strong>la</strong> gestion desbiens des absens.L'administration nouvelle ne cessait cependantde vanter ses intentions bienveil<strong>la</strong>ntes et réparatrices.Quelques habitans, dupes de ces discourshypocrites, réc<strong>la</strong>mèrent <strong>la</strong> restitution des nègresfaits prisonniers aux Saintes, et qui avaient étélevés par l'administration française, comme pionniersou soldats. Mais le nouvel administrateurdéc<strong>la</strong>ra, par un avis rendu public, que ces nègresétaient devenus <strong>la</strong> propriété de l'armée ang<strong>la</strong>ise,avaient été vendus à son profit; et que tout ce qu'i<strong>la</strong>vait été possible de faire, en faveur de leurs ancienspropriétaires; c'était de constater leurs droits con-1810à 1814.


( 264 )1810à1814.tre l'administration française, par les articles 5 et 8,additionnels à <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion.Le blocus de <strong>la</strong> Guadeloupe avait été si sévère,surtout dans les derniers temps, et le commerce enavait tellement souffert, que peu d'exportationsavaient eu lieu : tous les magasins étaient remplis.Il s'y trouvait plus de 3o,ooo boucauds de sucre;les autres produits y étaient dans, <strong>la</strong> même proportion.Le génie spécu<strong>la</strong>tif de l'administrateur desAng<strong>la</strong>is sut profiter de cette circonstance ; sous prétextedu bien public ,(car c'est toujours sous ce prétexteque se prennent les mesures fiscales. Il abolit<strong>la</strong> capitation qui avait été établie, par l'administrationfrançaise, sur les esc<strong>la</strong>ves, et <strong>la</strong> remp<strong>la</strong>ça parun droit de sortie sur les denrées. Comme l'écoulementen fut rapide, les recettes du fisc furent immenseset promptes (1).(1) Voir les pages 89 et 90 du second volume.


( 265 )CHAPITRE II.Le général Carmichaël gouverne pendans deux moisL'amiral Cochrane lui succède. — Destination des nègrespris aux Saintes La servilité devient le seul titreaux emplois et à <strong>la</strong> faveur. —Faible indemnité accordéeaux incendiés du quartier de Deshayes.—'Rétablissementde <strong>la</strong> léproserie, à <strong>la</strong> Désirade.TEL était l'état de <strong>la</strong> Guadeloupe, lorsque le lieutenant-généralBeckwith cessa de <strong>la</strong> gouverner, dansles premiers jours de juillet 1810. La modérationet <strong>la</strong> sagesse avaient dirigé sa conduite, du moinsdans tous les actes de son administration, auxquelsil présida lui-même. Le major-général Carmiehaël,qui lui succéda, n'occupa ce poste que pendantl'espace de deux mois; il fut remp<strong>la</strong>cé, le II septembre,par le vice-amiral Alex. Cochrane, investides pouvoirs et du titre de gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe,à <strong>la</strong>quelle il réunit, le 25 du même mois,Marie-Ga<strong>la</strong>nte, qui en avait été séparée depuis qu'elle1810à1814


1810à1814.( 266 )était tombée au pouvoir des Ang<strong>la</strong>is (I). Le nouveaugouverneur, marin estimable, homme d'un caractèredoux et facile, mais peu familiarisé avec lesdétails de l'administration, se <strong>la</strong>issa aisément circonvenir.Il abandonna, avec une confiance aveugle,<strong>la</strong> direction des affaires à l'homme qu'il trouvaà <strong>la</strong> tête de l'administration, espérant par-là se soustraireà un travail pénible pour lui, et à l'odieuxdes mesures où l'entraînait son goût pour le fasteet les constructions. L'insinuant administrateur eutvite pénétré ce penchant ruineux, et ne songeaqu'à le favoriser. Bientôt de nouveaux chantiersfurent ouverts, des grandes routes furent entreprises;<strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce de ces travaux devint l'uniqueoccupation du gouverneur : tout le reste futà <strong>la</strong> discrétion de celui qui, sous un titre plus modeste,était de fait le véritable régu<strong>la</strong>teur de l'île.Le soin de sa fortune occupait surtout le viceamiral;l'atelier de l'habitation sucrière qu'il possédaità <strong>la</strong> Trinité, avait été plus que doublé, aumoyen des esc<strong>la</strong>ves pris aux Saintes, qu'il y avaitenvoyés, et qui furent vainement réc<strong>la</strong>més par lescolons auxquels ils appartenaient. Les vues du gou-(1) Le vice-amiral Alexandre Cochrane est frère d'AndrewCochrane Johsnton, qui a été gouverneur[de <strong>la</strong> Dominique,et oncle de lord Cochrane, amiral, pour lesindépendant, dans les mers de l'Amérique méridionale.


( 267 )verneur ne différant que fort peu des principes duchef d'administration, il fut aisé de prévoir quel'union <strong>la</strong> plus parfaite régnerait entre eux, pourtendre aux mêmes fins. Ils débutèrent par caresseret s'attacher le parti dont l'influence, quoiqu'il fûtpeu nombreux, avait été funeste à <strong>la</strong> colonie sousle gouvernement précédent. Favorisé par les Ang<strong>la</strong>is, ce parti ne pouvait que se prévaloir de l'importancequ'on lui donnait, pour vexer et tourmenterà son gré <strong>la</strong> majorité des habitans. On vit dèslors l'ordre de choses, existant avant <strong>la</strong> conquête ,être l'objet des plus amères censures ; les apologistesde <strong>la</strong> nouvelle administration devinrent ardcns, ets'accrurent, car leurs éloges obtenaient des récompenses: il s'en trouva bientôt partout, dans lesvilles, dans les bourgs, parmi les employés, lesconseillers et les magistrats. Les p<strong>la</strong>ces ne furentplus confiées qu'aux moins scrupuleux et aux plusdévoués. Une soumission aveugle aux caprices del'administration tenait lieu de talent et de probité.Sans <strong>la</strong> servilité, le savoir et <strong>la</strong> vertu devenaientdes titres à <strong>la</strong> persécution. Jamais le mérite personnelne mit à l'abri d'une destitution arbitraire,l'homme d'un caractère assez élevé pour ne pasplier le genou devant le petit Aman de <strong>la</strong> Guadeloupe.La disgrâce de M. de Dampierre, procureur-généralprès <strong>la</strong> cour d'appel, fut un avis hautementdonné à ceux qui auraient été tentés d'opposer quel-1810à1814.


[( 268 )1810à1814que résistance aux volontés du dominateur de <strong>la</strong> colonie.Il fitnommer desprésidens, des juges, des procureurs-générauxet ordinaires, sans s'embarrasser sides études préparatoires pouvaient justifier sonchoix ; et l'on vit figurer parmi ces élus des hommesde <strong>la</strong> réputation <strong>la</strong> plus équivoque. Tous les emploisfurent conférés sans discernement; et les habitansse rappellent encore avec indignation quelsfurent certains des individus à qui l'on confia lesoin de les régir (I).Sous l'administration ang<strong>la</strong>ise , <strong>la</strong> solde et <strong>la</strong> subsistancedestroupes de terre et de mer, leur entretien,celui des établissemens militaires , des hôpitaux etde <strong>la</strong> marine, n'étaient pas, comme sous l'administrationfrançaise, à <strong>la</strong> charge de <strong>la</strong> colonie, et nefaisaient point partie du budget de ses dépenses.Chez les Ang<strong>la</strong>is, ces dépenses ont été , de touttemps, l'objet d'une comptabilité particulière; elless'acquittent au moyen de lettres-de-change, tiréessur les trésoriers-généraux, à Londres. Les coryphéesde leur administration ne manquaient pas de fairesonner bien haut cet avantage, dont ne jouissentpas nos colonies.[1 en résultait en effet une comparaison qui, sousle rapport financier, n'était pas à l'avantage de l'ad-(1) Voiries pages 38o à 386 du premier volume.


( 269 )ministration française. Les impôts étaient moindres,quoiqu'il y eût prodigalité dans leur emploi. Cependantles taxes étaient encore très-onéreuses ;jointes aux recettes casuelles , elles produisaientchaque année des sommes considérables; on a calculéqu'elles dépassaient de beaucoup les dépenses,mais ce ne fut point au profit de <strong>la</strong> colonie que sesadministrateurs firent tourner cet heureux état deson trésor. Ils sentirent pourtant <strong>la</strong> nécessité d'enconsacrer une partie à des établissemens d'utilitépublique; mais en dépensant, en apparence, dessommes considérables, ils n'élevèrent que des édificesen p<strong>la</strong>nches, vrais châteaux de cartes, quicoûtèrent autant à <strong>la</strong> colonie que des pa<strong>la</strong>is enpierres.11 en fut ainsi des chemins à peine commencés,et dont il ne resta bientôt plus de traces.11 eût fallu d'autres actes pour affaiblir, dans lesesprits, l'impression qu'avaient produite <strong>la</strong> destructionde <strong>la</strong> léprosie à <strong>la</strong> Désirade, l'envoi des infirmesà <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, l'incendie du bourg de Deshayes,et le brûlot de <strong>la</strong> Basse-Terre.Le chef de l'administration ne se le dissimu<strong>la</strong>itpas, et cherchait à ramener , vers le gouverneur,l'opinion qui, en général, ne lui était pas favorable.Dans ce dessein , il proposa de répartir une sommed'environ 3o,ooo livres coloniales (18,000 francs)entre les habitans du quartier de Deshayes, pourles indemniser du pil<strong>la</strong>ge de leurs biens , et de <strong>la</strong>destruction de leurs habitations. L'amiral, naturel-1810àl8l4


1810à1814.( 270 )lement bon, consentit d'autant plus volontiers àcette <strong>la</strong>rgesse, moins réelle que fastueuse, qu'aufond<strong>la</strong> colonie en faisait les frais; d'ailleurs cette sommeétait à peine le centième des parts de prise quele gouverneur avait eues à <strong>la</strong> Guadeloupe, auxSaintes, et à Marie-Ga<strong>la</strong>nte.Le même motif fit rechercher avec apparat, tantdans <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre que dans les environs,les lépreux qui s'y trouvaient dispersés, Ilsfurent réunis et renvoyés à <strong>la</strong> Désirade; mais lesAng<strong>la</strong>is étaient loin de porter à cet établissement<strong>la</strong> même sollicitude que l'administration française ,qui faisait enlever les lépreux sur tous les pointsde <strong>la</strong> colonie , et veil<strong>la</strong>it attentivement à leur entretien.L'administration ne tarda pas à rappeler de <strong>la</strong>Désirade le capitaine Duveau, auquel <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>ncede <strong>la</strong> léprosie avait été rendue ; alors, livrés àeux-mêmes , épars dans l'île , les ma<strong>la</strong>des se virent,pendant quelque temps, dans un affreux abandon. A<strong>la</strong> fin , un marché fut conclu pour leur entretien (1)et l'établissement de <strong>la</strong> Désirade, renfermait 65 lépreux, lorsque cette île fut rendue à <strong>la</strong> France.(1) L'administration ang<strong>la</strong>ise soutient avoir dépensé unesomme annuelle de 55,000 livres pour l'entretien des lépreux;certes le marché qu'elle passa avec un habitantprouve assez qu'elle n'a pas employé cette somme pendantles cinq années de sa domination.


(271)CHAPITRE III.Emploi dos biens du clergé. — Cession de <strong>la</strong> Guadeloupeà <strong>la</strong> Suède. — Les événemens qui se succèdent en Europe,ne permettent pas à cette puissance d'en prendrepossession.LE gouvernement de Napoléon avait maintenu,dans les îles, <strong>la</strong> confiscation des biens du clergé,mais il avait affecté aux dépenses de l'administrationcléricale et coloniale le montant du fermage deces biens. Ils étaient divisés en deux c<strong>la</strong>sses, à <strong>la</strong>Guadeloupe ; <strong>la</strong> première était composée de cinqhabitations qui avaient appartenu aux ordres monastiques(1); <strong>la</strong> seconde c<strong>la</strong>sse consistait seulementen quelques terrains ayant appartenu à <strong>la</strong> missiondes capucins, près de leur couvent à <strong>la</strong> Basse-Terre,et à l'église paroissiale de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, autrefoisdesservie par un capucin. Ces terrains avaient1810à1814.(1) Voir ce qu'il est dit de ces habitations dans le vol.1er, pages 189, 195, 237 et dans le volume 2% page 87.


1810à1814(272)été donnés par bail amphytéotique, à des particuliersautorisés à bâtir dessus , moyennant une redevanceannuelle au profit de <strong>la</strong> mission. Depuis <strong>la</strong>séquestration de ces biens, jusqu'en 1802, l'administrationmunicipale des deux villes en perçut <strong>la</strong>redevance; jointe aux autres fonds, elle était employéeaux depenses communales et au sou<strong>la</strong>gementdes pauvres.Depuis 1802, le gouvernement français ne s'étaitpoint fait payer les arrérages de ces redevances;il attendaitdes temps plus heureux pour les exiger,et <strong>la</strong>issait les tenanciers en jouir paisiblement.Après <strong>la</strong> conquête, l'administration britanniqueles força d'en acquitter les arrérages, au profit desfabriques. Les cinq habitations du clergé furentaffermées à des Ang<strong>la</strong>is qui ne satisfirent qu'en partieleurs engagemens; comme les honoraires descurés , payés par les paroisses, ne durent plus, d'aprèsune disposition récente, être soldés qu'avecles fonds provenans de ces fermages, les ecclésiastiquesrestèrent, durant trois à quatre ans, sanstraitement ; <strong>la</strong> perte fut de quinze à vingt mille livrespour chacun d'eux.L'administration ang<strong>la</strong>ise a prétendu avoir affectéle produit de ces fermages à des œuvres de charité,à <strong>la</strong> restauration et à l'entretien des églises; maisaucune ne fut réparée qu'aux dépens des paroisses;et charme habitant dut v contribuer pour sa part (I).(1) Voir l'ordonnance re<strong>la</strong>tive à l'église de <strong>la</strong> Basse


( 273 )Quant aux revenus des habitations du clergé, ils devinrentun des filons de <strong>la</strong> mine féconde qu'on exploitaitdans des intérêts cpii n'étaient plus ceux de<strong>la</strong> colonie.Sous l'administration précédente, un p<strong>la</strong>nteuravait pris à ferme , pour cinq ans, trois de ces habitationsdu clergé (I). Au moment de <strong>la</strong> prise de <strong>la</strong>Guadeloupe, en 1810, il devait à <strong>la</strong> caisse de <strong>la</strong>colonie, <strong>la</strong> somme de 585,85o livres, ou 351,5iofr.pour trois années de fermage et pour indemnité de<strong>la</strong> perte de 175 nègres qui manquaient sur deuxde ces habitations. Ce p<strong>la</strong>nteur avait rendu degrands services aux Ang<strong>la</strong>is; néanmoins l'austèreprobité du général Beckwith, qui croyait l'avoiramplement récompensé , ne permit pas qu'on le déchargeâtd'une somme aussi considérable (2).1810à1814.Terre, etc., dans <strong>la</strong> gazette de <strong>la</strong> Guadeloupe du 10 mai1811.(1) Celles de l'hôpital, du Bisdary, et de Dolé.(2) Le général Beckwith l'avait nommé curateur-généra<strong>la</strong>ux successions vacantes. On n'exigea pas de lui le cautionnementvoulu par les lois. Il entra en fonctions le 25mars 1810 (gazette de <strong>la</strong> Guadeloupe du même jour), etles di<strong>la</strong>pidations de son gérant, à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, furenttelles, qu'au moment de sa disparition frauduleuse, <strong>la</strong>comptabilité se trouva plongée dans un désordre affreuxqui donna lieu à des procès inextricables (gazettes de <strong>la</strong>Guadeloupe des 10 et 15 décembre 1811). La responsa-111. 18


1810a1814.( 274 )Mais, après le départ de ce général, on parvint, àforce de reviremens et de vérifications prétendues ,à réduire cette créance à <strong>la</strong> faible somme de 80,000 livres,ou 48,000 francs, dont le nouveau gouverneurang<strong>la</strong>is fit l'abandon au débiteur.Ainsi <strong>la</strong> somme de 351,510 francs fut perdue pour<strong>la</strong> colonie, pour le culte, pour les pauvres, et devintle prix de services dont un Français ne s'honorepas.L'administration ang<strong>la</strong>ise, persuadée qu'à <strong>la</strong> paix,<strong>la</strong> Guadeloupe serait cédée à <strong>la</strong> Grande-Bretagne,annonçait hautement que jamais cette puissance nerenoncerait à <strong>la</strong> possession d'une colonie si importanteet pour <strong>la</strong>quelle elle avait fait tant de sacrifices.Dans <strong>la</strong> f<strong>la</strong>tteuse espérance de l'exploiterpendant de longues années, cette administrationsongeait si peu à faire au clergé <strong>la</strong> remise de sesbiens confiqués qu'elle forma le projet de les aliéner.Elle en demanda l'autorisation au gouvernementd'Angleterre, en faisant observer qu'il s'agissaitde propriétés ayant appartenu à des gens demain-morte. Si <strong>la</strong> demande eût été accueillie, <strong>la</strong> coloniesavait d'avance qui serait devenu le propriétairede ces cinq habitations, et à quel prix l'acquisitionen eût été faite. Mais les ministres ang<strong>la</strong>isdifférèrent de répondre, et <strong>la</strong> cession de <strong>la</strong> Guade-bilité du curateur n'en souffrit pas, il eut <strong>la</strong> facilité de<strong>la</strong>isser tomber sa dette en déchéance.


( 275 )loupe à <strong>la</strong> Suède, annoncée par les journaux , appritaux agens spécu<strong>la</strong>teurs de <strong>la</strong> Grande-Bretagne, quel'Europe avait à considérer, dans ses négociationsdiplomatiques, des intérêts plus importans que lesleurs (I).Les administrateurs de <strong>la</strong> Guadeloupe ouvrirentles yeux alors , et reconnaissant que l'Angleterre ,quels que fussent les événemens, ne chercheraitpas à conserver cette colonie , ils se hâtèrent d'enépuiser les ressources, avant qu'elle ne passât end'autres mains.A cette époque quatre des cinq habitations du clergéavaientété affermées, pour cinq ans, à un ang<strong>la</strong>is.Le nouveau fermier les avait trouvées tellement dégradéesque, malgré les dépenses qu'il y fit, il n'avaitpu parvenir à les mettre dans un état bril<strong>la</strong>nt. 11 espéraitcependant être dédommagé de ses frais par unaccroissement de revenus, lorsque l'administrateurang<strong>la</strong>is vou<strong>la</strong>nt se donner l'air de réparer les injusticeset les violences exercées, envers <strong>la</strong> religion,1810à1814.(î)ParletraitédeStockolm, du3 mars 1813, entre l'Angleterreet <strong>la</strong> Suède, cette dernière puissance s'engagea àfaire partie de <strong>la</strong> nouvelle coalition contre <strong>la</strong> France, età entrer en campagne, avec un corps de 30,000 Suédois.De son côté l'Angleterre promit à <strong>la</strong> Suède un subside de94,000,000 de francs et <strong>la</strong> cession de <strong>la</strong> Guadeloupe. Uncommissaire suédois fut envoyé pour reconnaître et constater<strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> colonie; mais <strong>la</strong> rapidité des événemensne lui permit pas d'en prendre possession.


(276)1810 et le clergé, par un gouvernement usurpateur età anti-religieux, fit résilier le bail. Et lorsque tout1814.semb<strong>la</strong>it annoncer le traité de Paris, en 1814, ilconfia l'administration des biens du clergé au préfetapostolique, afin de lui donner le moyen de payeraux ministres des autels leur traitement annuel etl'arriéré qui leur était dû (I).Des améliorations avaient justifié cette confiance,lorsque l'administration française vint de nouveauréunir ces biens au domaine de l'Etat.(1) Mémoire adressé au ministère britannique par lesrégisseurs ang<strong>la</strong>is des biens de <strong>la</strong> couronne, à <strong>la</strong> Guadeloupe,et mémoires particuliers communiqués.


( 277 )CHAPITRE IV.Proscriptions à <strong>la</strong> Guadeloupe. — Opérations financièresde l'administration britannique.—Les habitans refusentde se revêtir de l'uniforme ang<strong>la</strong>is.— Impôt desnègres justiciés rétabli. — Vente d'affranchissemens. —Privilège des farines.— Camps de Beausoleil et de Saint-Charles. — Réquisitions de nègres pour les chemins.— Tableau de <strong>la</strong> Guadeloupe, par l'administrateur desAng<strong>la</strong>is.LES habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe avaient vu partirle général Beckwith avec d'autant plus de regretqu'ils appréhendaient vivement de voir renouveller,sous son successeur, le projet de proscriptionvainement présenté à l'approbation de ce gouverneursage et juste, et qu'il avait repoussé avec unesi honorable indignation. Le crédit dont l'administrateurjouissait auprès de l'amiral avait réveilléles craintes, mal assoupies , et l'événement prouvabientôt qu'elles n'étaient que trop fondées. Uneliste, portant les noms de quatre-vingt pères de famille,fut adressée au procureur du roi, près le tri-1810à1814.


1810à1814.( 278 )(1) Dans le Moniteur, du 12 décembre 1810, articleLondres, on trouve des détails sur cette proscription.La générale avait été battue à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître ; on yarrêta indistinctement un grand nombre d'individus; onles entassa dans des bâtimens servant de succursale à <strong>la</strong>geôle, parce que le procureur du roi, nouvellement arrivédans cette ville, ne connaissait pas les personnesportées sur <strong>la</strong> liste de proscription; ceux ci seulementfurent retenus, et <strong>la</strong> colonie vit, avec étonnement, parmieux, une vingtaine de ses plus riches habitans. Cetteodieuse violence fut présentée en Angleterre comme unemesure de sûreté prise contre des conspirateurs. Le mêmearticle dit : qu'elle fut attribuée aux conseils de deux Françaisqui jouissaient de toute <strong>la</strong> confiance du gouverneurang<strong>la</strong>is, qu'ils devinrent l'objet de l'exécration pubunalde <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, avec l'ordre de fairearrêter tous ceux qui y étaient désignés , pour êtredéportés. Il fut facile de reconnaître <strong>la</strong> main d'où ellesortait; celte liste était principalement dressée contre<strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse des créanciers ou contre ceux dont onredoutait les justes réc<strong>la</strong>mations et qu'on accusait,selon l'usage des proscripteurs , d'uncrime imaginaire.Au temps de <strong>la</strong> terreur on les eût désignéscomme fédéralistes , plus tard comme jacobins ,alors ils étaient tous bonapartistes. La plupart deces proscrits avaient de <strong>la</strong> fortune , ils évitèrent <strong>la</strong>déportation à force de sacrifices ; l'intérêt plus que<strong>la</strong> haine , les avait fait comprendre sur <strong>la</strong> listefatale (1).


( 279 )Toutes les opérations de l'administration ang<strong>la</strong>isetendaient vers un but qu'il était facile d'entrevoir.Celle qu'elle se permit sur les monnaies, avait uncaractère des plus graves (1). Les différentes mesuresqu'elle prit re<strong>la</strong>tivement aux dettes des colons ( 2 ) ,et <strong>la</strong> manière dont elle établit le régime hypothécaire(3), furent d'autant plus singulières, qu'ellen'en avait pas le droit (4). Le rétablissement des1810à1814.blique, et que le gouverneur lui-même perdit tous sesdroits à l'estime des colons.(1) Voir, dans le second volume, les pages 114, 115,116.(2) Dans le 1 er volume, les pages 401 et 402.(3) Dans le 1 er volume, les pages 411 et 412.(4) L'article 10 de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion du général Ernouf,portait : » qu'il ne serait rien innové dans <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion» française de <strong>la</strong> colonie, telle qu'elle existait au 6 février»1810 : que les greffes et autres dépôts publics reste-» raient intacts, que les officiers judiciaires et ministé-» riels, pourraient passer en France, et disposer de leurs«propriétés, sans être recherchés pour leurs opinions.Le général Beckwih avait répondu «qu'il <strong>la</strong>issait cet» article à <strong>la</strong> décision de son souverain ; mais qu'en atten-»dant les habitans jouiraient du bénéfice de leurs an-» ciennes lois et coutumes, dans toutes les affaires civiles» et criminelles : et que toutes les personnes non militaires,» pourraient passer en France, cl disposer de leurs pro«priétés.»S. M, B. n'ayant pris aucune décision à cet égard, les


1810a1814.( 280 )milices cachait aussi un tout autre objet que lemaintien de l'ordre ou <strong>la</strong> défense extérieure de l'île.Une proc<strong>la</strong>mation, du 13 octobre 1810, annonçaqu'elles al<strong>la</strong>ient être réorganisées pour <strong>la</strong> sûreté de<strong>la</strong> colonie. En cas d'attaque de l'ennemi, (c'est-àdiredes Français), les habitans libres, de toutescouleurs qui se présenteraient volontairement, devaientseuls être appelés à les repousser et à combattreavec les troupes ang<strong>la</strong>ises.Les colons avaient appris, à leurs dépends, àconnaître <strong>la</strong> foi britannique; ils se confièrent d'autantmoins en ces assurances, que le nombre destroupes , existant à <strong>la</strong> Guadeloupe , suffisait pour yconserver <strong>la</strong> tranquillité : aucun ne se présenta.Une ordonnance du gouverneur, rendue le 10 juillet1811, porta que chaque habitant, depuis 16 jusqu'à60 ans, était tenu, dans le dé<strong>la</strong>i de quinze jours,de s'inscrire pour faire partie des. milices, et affectaaux miliciens l'uniforme ang<strong>la</strong>is. C'était assimileraux sujets et même aux soldats du roi de <strong>la</strong> GrandeBretagne, des hommes qu'une conquête passagèrelui avait soumis, mais sur lesquels aucun traité nelui donnait des droits de souveraineté; tous refusèrentde s'enrôler. Il est probable que les chefs de<strong>la</strong> colonie avaient compté sur ce refus et calculé, àl'avance, ce qu'il devait leur rapporter; une amendechoses devaient rester dans le même état où les Ang<strong>la</strong>isles avaient trouvées, et leurs chefs n'avaient pas le droitd'opérer les divers changemens qu'ils firent.


(281 )fut prononcée contre ceux qui ne se feraient pasinscrire dans les dé<strong>la</strong>is fixés ; le chef de l'administrationvou<strong>la</strong>it, dit-on, porter cette amende à 60piastres; le gouverneur <strong>la</strong> fixa à 12 (64 fr.) Les habitanspersistèrent dans leur refus et protestèrentcontre cette exaction criante ; mais, forcés d'opter,ils aimèrent mieux payer que d'endosser les couleursang<strong>la</strong>ises.L'amende fut doublée, le 12 juillet, et une nouvelleordonnance, rendue le 24, prescrivit aux agensdu fisc, d'en poursuivre le recouvrement, à compterdu 25. Ce fut en vain , ni les amendes , ni lesmenaces ne purent déterminer <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion fidèleà porter un uniforme qui n'était pas français ; unpetit nombre d'hommes, vendus à l'étranger, consentirentseuls à s'en revêtir. Le gouverneur se vitcontraint d'ordonner, le, 28 juillet 1811, qu'unesimple garde bourgeoise, de 12 hommes à <strong>la</strong> Basse-Terre , et de 20 à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, monterait <strong>la</strong>garde chaque nuit. Les habitans de l'une et de l'autreville furent tous soumis à ce service; ceux qui ymanquaient étaient tenus de payer une amende detrois gourdes, mais <strong>la</strong> faculté de se faire remp<strong>la</strong>cerétait accordée à tout le monde (1).L'impôt qui formait autrefois <strong>la</strong> caisse dite des1810à1814.(1) Le produit des amendes, pendant que le généralBechwilh était gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe, était consacréà réparer ou à embellir les édifices publics; aprèsson départ, ces amendes reçurent une autre destination.


( 282 )Nègres justiciés, avait été supprimé pendant <strong>la</strong> révolution;il fut rétabli sous <strong>la</strong> domination ang<strong>la</strong>ise.1840 à1814.L'administrateur trouva et fit adopter ce nouveaumoyen d'arracher une centaine de mille livres deplus, aux malheureux habitans, en prélevant 2 fr.5 sous par tête d'esc<strong>la</strong>ve; le prix des nègres suppliciésfut fixé à 2000 livres ; celui des négresses, à1800 livres.Une politique, aussi ancienne que bizarre, avaitétabli le système de vendre à prix d'argent les permissionsd'affranchir toutes sortes d'esc<strong>la</strong>ves. Lefisc percevait, pour chaque individu, une sommequi, à <strong>la</strong> Guadeloupe, avait été fixée à 1200 fr. ,et s'était élevée quelquefois jusqu'à 4000 fr. (I),(1) M. Dubuc Duferret, capitaine de frégate en retraite,un des créoles et des grands propriétaires de <strong>la</strong>Martinique les plus estimables , vient de publier, en avril1823, un excellent projet d'amélioration coloniale, oùil propose comme mesures préparatoires :1° L'établissement d'une caisse d'amortissement del'esc<strong>la</strong>vage;2 0 Le moyen de faire participer les libres aux droitscivils et politiques ;3° L'émancipation graduée des esc<strong>la</strong>ves ,4° Une administration meilleure des terres et des esc<strong>la</strong>vesappartenant au gouvernement.M. Duferret, qui réside à Paris , promet de développer,dans une nouvelle brochure , ce qu'il n'a fait qu'indiquer.11 pourra citer, a l'appui des moyens, son exemple a <strong>la</strong>


( 283 )Celle ressource financière,<strong>la</strong> plus délicate detoutes, dans les colonies, fut employée sans aucuneretenue par l'administration des ang<strong>la</strong>is. Plus de1ooo esc<strong>la</strong>ves furent affranchis, pendant les cinqannées de sa domination ; et au moment où elle vitque <strong>la</strong> Guadeloupe al<strong>la</strong>it lui échapper, cette marchandede liberté <strong>la</strong> vendait au rabais et à toutprix.Les choses les plus nécessaires à <strong>la</strong> vie devinrentdes objets de spécu<strong>la</strong>tion; on al<strong>la</strong> jusqu'à inventerun privilège exclusif pour <strong>la</strong> vente des farines ; lesbou<strong>la</strong>ngers de <strong>la</strong> colonie furent tenus de s'adresser,pour s'en pourvoir, aux cessionnaires prétendus dece honteux privilège, et de payer 24, 28, 32, etmême 40 gourdes le baril, des farines qu'ils auraientpu se procurer aux prix de 16 , 18, et 20 gourdes.Par l'effet naturel d'un pareil système, les colons sevirent plus d'une fois réduits à payer 15 sous unpain de six onces, de très-mauvaise qualité.Les mêmes hommes à qui le privilége exclusifde <strong>la</strong> vente des farines avait été accordé, obtinrentaussi celui des constructions publiques; l'établissementdes camps de Beau-Soleil et de Saint-Charles,1810h1814.Martinique. Pendant seize ans qu'il a administré sa propriété,il en a fait disparaître le poison, le maronage etle vol; ces fléaux, terribles pour un habitant, ont étéremp<strong>la</strong>cés par l'amour du travail, l'attachement au sol,et beaucoup d'aisance parmi ses nègres.


1810à1814.( 284 )leur fut confié. Ces camps coûtèrent des sommesimmenses , à <strong>la</strong> caisse particulière de l'administrationmilitaire, et cependant tous les édifices furentfaits en p<strong>la</strong>nches ; il semble que le but était <strong>la</strong> dépenseplutôt que l'utilité.L'administration ang<strong>la</strong>ise acheta, dans filet à Cochon, un terrain de deux carrés et demi, sur lequelelle fit construire Un bâtiment en bois destiné àservir d'hôpital pour les marins; mais ce fut avecle produit d'une souscription de cent piastres partête, et au moyen d'un droit de tonnage de 2 fr. 5 s.sur tous les navires : les seuls caboteurs en furentexceptés. Les individus qui n'appartenaient pas à<strong>la</strong> marine pouvaient être admis dans cet hôpital;mais en payant une gourde et demie par jour, lesmarins payaient une gourde (1).Tous les chemins, particulièrement ceux des quartierssous le vent, furent entièrement négligés et devinrentimpraticables ; celui de <strong>la</strong> Basse-Terre à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, le plus important pour <strong>la</strong> communicationentre les deux terres, était un de ceux dontl'administration s'occupait le moins, quoiqu'il réc<strong>la</strong>mâttous ses soins dans l'escarpement des mornes,et pour <strong>la</strong> construction des ponts qui restaient encoreà faire.(1) À <strong>la</strong> reprise de possession, par les Français, cetétablissement fut affermé , à raison de 8000 fr. par an, eth <strong>la</strong> charge d'y recevoir gratuitement les ma<strong>la</strong>des de <strong>la</strong>marine de l'état.


(285)Cette administration s'est vantée d'avoir aboli lescorvées dans <strong>la</strong> colonie; mais elle ne cessa de fairedes réquisitions, dans les ateliers, pour ouvrir quelquesnouvelles routes, qu'elle se contenta d'ébaucher,quoiqu'elle eût établi, pour les chemins, un impôtde 4 fr- 5 s. par tête de nègre payant droit. Lorsqueles p<strong>la</strong>intes, qui s'élevaientde toutes parts, <strong>la</strong> forcèrentde renoncer au système des réquisitions, elletransforma en atelier de nègres pionniers, une centained'esc<strong>la</strong>ves, triste reste des 4oo nègres, dontl'administration française avait fait <strong>la</strong> remise et quialors étaient employés comme servans à l'hôpitalmilitaire, au magasin général et dans les autresétablissemens publics des deux villes (1).1810à1814.(1) Dans un Mémoire mensonger intitulé: Tableau comparatifde <strong>la</strong> Guadeloupe conquise sur les Français,en 1810, et de <strong>la</strong> Guadeloupe remise à <strong>la</strong> France en1814, l'administrateur des Ang<strong>la</strong>is a osé présenter cesnègres comme un reste des pil<strong>la</strong>ges de Victor Hugues,qu'il avait fait ramasser divaguant dans <strong>la</strong> colonie. En1810, l'administration française lui avait fait <strong>la</strong> remise,sur contrôle, de 3oo nègres employés à <strong>la</strong> Basse-Terre,et de 1 o3 à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. Lorsque les Français reprirentpossession de <strong>la</strong> colonie, en 1814, il ne s'entrouva plus que 1OO à <strong>la</strong> Basse-Terre, et 18 à <strong>la</strong> Pointeà-Pitre.Les 285 manquant avaient sans doute eu le mêmesort de ceux de Marie-Ga<strong>la</strong>nte , des Saintes et de <strong>la</strong> Guadeloupe, que les propriétaires réc<strong>la</strong>mèrent en vain.


( 286 )CHAPITRE V.Les geôles sont mises en régie. —. Bureaux de bienfaisance.— Misère publique— L'administration ang<strong>la</strong>isese glorifie de l'avoir sou<strong>la</strong>gée. — Ceux qui pensaientque sous les lois britanniques les colonies conquisesprospèrent, sont détrompés Te D e u m chanté en réjouissancedes désastres de l'armée française en Russie.— P<strong>la</strong>inte adressée au gouvernement ang<strong>la</strong>is, contrel'auteur des maux de <strong>la</strong> Guadeloupe.1810à1814.DANS les colonies, les individus détenus pourdélits, sont presque tous des hommes appartenantà <strong>la</strong> marine marchande, et surtout à <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse desesc<strong>la</strong>ves. Les frais de détention sont à <strong>la</strong> charge desmaîtres, qui perdent en outre les journées de travailde ces esc<strong>la</strong>ves. Sous l'administration françaisel'entretien des bâtimens servant de prison, et <strong>la</strong>nourriture des prisonniers étaient réglés avec unesage économie (1). Elle n'avait pas voulu que le(1) L'administration française avait fixé <strong>la</strong> ration des


( 287 )sort de ces malheureux fût à <strong>la</strong> merci des avarescalculs d'un geôlier endurci ou d'un spécu<strong>la</strong>teuravide ; il suffisait de surveiller sévèrement les concierges.Mais dans les derniers temps ces établissemensfurent négligés par l'état de gêne où le blocus et lesiège réduisirent <strong>la</strong> colonie.Sous prétexte d'amélioration, l'administrationang<strong>la</strong>ise ne rougit pas de chercher de l'or dans cettehonteuse p<strong>la</strong>ie du corps social. La geôle de <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre, qui est d'un revenu considérable,fut mise en régie; un directeur de <strong>la</strong> geôle fut crééet doté de 15,ooo livres d'appointemens; on porta à6,480 livres le sa<strong>la</strong>ire annuel du commis, et à 20001810à1814.prisonniers, par un tarif dont les prix modérés ménageaientles intérêts du public et ceux des concierges qui<strong>la</strong> fournissaient. Pour les b<strong>la</strong>ncs elle était d'une livre etdemi de pain b<strong>la</strong>nc et d'une demi livre de sa<strong>la</strong>ison parjour, estimées 5 liv. 10 s. Pour les gens de couleur etles noirs, elle était d'un quart de pot de farine de manioc, et d'un quart de livre de morue, estimées 1 liv.i5 s. Le droit de gîte était pour tous, de 12 s. par jour,et celui d'enregistrement, payable à <strong>la</strong> sortie, de 2 liv. 10 s.au profit des geôliers, qui, en outre, quoique l'entrée et <strong>la</strong>sortie eussent lieu en moins de 24 heures, étaient endroit d'exiger deux journées de gîte et le droit d'enregistrement.L'administration ang<strong>la</strong>ise porta à 20 sous pourles b<strong>la</strong>ncs, et à 17 s. pour tous les autres, le droit de gîteet geô<strong>la</strong>ge.


( 288 )18101814.livres les frais du bureau. La seule dépense de gestions'éleva à 26,780 livres par an, non comprisles frais à payer pour <strong>la</strong> nourriture et l'entretien desprisonniers, qui se trouvèrent ainsi à <strong>la</strong> discrétiondes fournisseurs. Quelle amélioration pour cesmalheureux et quelle économie pour les administrés!Dans les derniers temps de l'administration française, le blocus des ports et des p<strong>la</strong>ges ; l'embargomis, aux Etats-Unis, sur les navires qui approvisionnaient<strong>la</strong> Guadeloupe; <strong>la</strong> destruction des récoltes,en denrées et en vivres, par <strong>la</strong> violence desouragans; les circonstances malheureuses de <strong>la</strong> défenseet de l'état de siège, avaient sans doute réduit<strong>la</strong> colonie à une grande détresse et augmenté lenombre des pauvres. Mais il s'était beaucoup accrudurant l'occupation de l'île par les Ang<strong>la</strong>is; cependant,alors, ni <strong>la</strong> guerre, ni le blocus, ni les ouragansn'avaient porté <strong>la</strong> déso<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> colonie.Le 3o mai 1810, des bureaux de bienfaisanceavaient été établis, par le général Beckwith, pourl'administration des dotations anciennes et pour recueillircelles qui étaient faites de temps en temps,en faveur des pauvres ; car beaucoup de personnescharitables à <strong>la</strong> Guadeloupe, se sont de tout tempsempressées de venir à leur secours. Mais <strong>la</strong> main quipesait sur <strong>la</strong> colonie é<strong>la</strong>rgissait chaque jour d'avantagele gouffre de <strong>la</strong> misère publique ; et le nombredes indigens s'accrut d'une manière affligeante pendantles années 1811,1812, 1813 et les six premiers


(289)mois de 1814 : les registres des bureaux de bienfaisanceen font foi. Les véritables auteurs de cettedétresse ne manquèrent pas de l'attribuer au blocuscontinental de l'Europe ; ils se vantèrent, dans leurtableau comparatif, de faire le sacrifice annueld'une somme de 30,000 livres (18,000 f.), pour sou<strong>la</strong>gerles plus nécessiteux ; le double de cette sommeeût été insuffisant et rien ne prouve que, tout faiblequ'il était, ce secours ait été accordé (1).L'administrateur s'est aussi glorifié d'avoirétendu sa sollicitude jusque sur les enfans des indigens;de s'être occupé de leur conservation et deleur avoir fait donner une instruction première quileur préparait des moyens d'existence dans l'aveniret sans <strong>la</strong>quelle ils ne seraient distingués des esc<strong>la</strong>vesque par <strong>la</strong> couleur de leur épiderme. Mais on a1810à1814.(1) N'est-il pas permis d'en douter lorsqu'on voit l'administrateurdes Ang<strong>la</strong>is, au moment où il apprend <strong>la</strong>restitution de <strong>la</strong> Guadeloupe à <strong>la</strong> France, s'empresserde donner l'ordre à M. Seignoret, négociant à <strong>la</strong> Basse-Terre et administrateur des biens des pauvres, de verser,entre ses mains, tous les fonds qui peuvent se trouverdans leur caisse et, sur le refus de cet homme honnête,le menacer de l'y contraindre. M. Seignoret déc<strong>la</strong>ra que,pour lui enlever ce dépôt sacré, il faudrait employer <strong>la</strong>force des baïonnettes; le chef d'admistration n'osa y avoirrecours.III.19


1810à1814.( 290 )vainement cherché, dans toute <strong>la</strong> colonie, un seulétablissement qui attestât que cette sollicitude, si fastueuseen paroles , ne fût pas , en réalité, une hypocriteforfanterie (1).Lorsque <strong>la</strong> colonie était régie par les délégués de<strong>la</strong> métropole, les diverses parties de l'administrationétaient distinctes, et <strong>la</strong> limite des pouvoirs dechaque fonctionnaire public se trouvait bien tracée ;mais cet ordre de chose fut changé. Après <strong>la</strong> conquête, les commandans militaires remplirent enmême temps des fonctions civiles. Cependant <strong>la</strong>police fut continuée aux procureurs du roi, et lescommissaires de police ne furent plus que leurs lieutenants,ayant eux-mêmes des lieutenants-greffiers.Comme tous les fonctionnaires étaient révocables ,l'administrateur ne trouvait en eux que des agenssoumis et des instrumens aveugles du despotismequ'il exerçait sur <strong>la</strong> colonie. Le gouvernement n'étaitni civil, ni militaire; ce n'était ni l'état de paix,ni l'état de guerre. Le désordre se manifesta dansl'administration des villes et des quartiers, et le(I) L'administration ang<strong>la</strong>ise n'a rien ajouté aux secoursque <strong>la</strong> charité des colons distribue aux indigens; les bureauxde bienfaisance, et les maîtres d'écoles n'ont jamaisété chargés, par cette administration, de donner, oude faire donner aucune instruction aux enfans des pauvres,pendant cette période de funeste souvenir.


( 291 )joug sous lequel les colons étaient abattus, leur paraissaitmoins odieux encore par son poids que par<strong>la</strong> main qui le leur imposait.Le système prohibitif des Ang<strong>la</strong>is ne leur permetni de transiger avec les étrangers ni de traiter desennemis conquis avec <strong>la</strong> même faveur que les sujetsbretons. Aussi les denrées de <strong>la</strong> Guadeloupe nefurent-elles pas plus admises que celles de <strong>la</strong> Martiniqueà entrer en concurrence avec celles des coloniesang<strong>la</strong>ises , pour <strong>la</strong> consommation intérieurede <strong>la</strong> Grande Bretagne, ou de ses établissemens dansles quatre parties du monde. Elles subirent, commemarchandises étrangères, l'inévitable loi de l'entrepôt;<strong>la</strong> rigueur de cette loi équiva<strong>la</strong>it à uneprohibition absolue, dans un temps où le blocuscontinental ne permettait pas de les exposer sur lesmarchés de l'Europe. Les habitans de <strong>la</strong> Guadeloupefirent, au ministère ang<strong>la</strong>is, de vives maisinutiles représentations contre une mesure qui consommaitleur ruine ; le mémoire qu'ils adressèrentau comte de Liverpool trouva ce ministre inflexible.Les denrées étant sans débouchés les culturesfurent négligées; le prix des commestibles augmentaau point que les habitans ne pouvaient plusse procurer ceux nécessaires à <strong>la</strong> subsistance de leursfamilles et de leurs esc<strong>la</strong>ves. La dépopu<strong>la</strong>tion desateliers devenait effrayante; les villes étaient désertes, les magasins se fermaient, l'argent avait disparu.Pour surcroît d'infortune le sursis au paie-1810à1814.


1810à1814.( 292 )ment des dettes avait été prolongé, et <strong>la</strong> colonie étaitmenacée du fléau d'un papier-monnaie (1).C'est cependant dans de telles circonstances quel'oppresseur de <strong>la</strong> colonie mit le comble à <strong>la</strong> hainedont il était l'objet en faisant chanter , dans toutesles églises, le 28 février 1813, un Te Deum pourcélébrer les désastres de l'armée française en Russie.Il voulut que les habitans d'une île françaiserendissent publiquement grâce à Dieu de <strong>la</strong> destructionde trois cent mille Français !Le cœur de l'amiral n'était pas aussi étranger àtout sentiment généreux. Il sentit ce qu'une pareillecérémonie avait d'inconvenant et d'odieux, et s'y re-(1) Les couleurs de ce tableau n'ont été ni chargées nirembrunies; les proc<strong>la</strong>mations du gouverneur, notammentcelle du 10 septembre 1811, le prouvent. Des témoignagesirrécusables, des rapports véridiques, tous les écrits dutemps attestent que tel était alors le misérable état de <strong>la</strong>Guadeloupe.La Martinique, prévilégiée depuis 1794 jusqu'en 1802,avait persuadé à beaucoup de gens qu'en temps ordinaireles colonies françaises, <strong>la</strong>nguissantes sous les lois de <strong>la</strong>métropole , prospéraient sous le joug conquérant des Ang<strong>la</strong>is.Ils furent cruellement détrompés , à cette époque ,par le point de comparaison que leur offrit <strong>la</strong> Guadeloupe,et même <strong>la</strong> Martinique; ils peuvent l'être bienplus aujourd'hui par <strong>la</strong> situation malheureuse de l'île deFrance.


( 293 )fusa d'abord. Le bruit qui courut, dans <strong>la</strong> colonie ,de cette insulte au malheur faillit y occasionner unsoulèvement général; mais ce blâme public ne fitqu'envenimer le transfuge : on assure que ce fut luiqui en fit donner l'ordre et qui tenta , par <strong>la</strong> ruse,de rendre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Basse-Terrecomplice de sa félonie. Un dimanche, à <strong>la</strong> fin del'office et au moment où l'église était pleine, leTe Deum fut entonné, mais, au premier mot, lesassistans sortirent en foule par les trois issues del'église, comme si <strong>la</strong> foudre en eût frappé <strong>la</strong> nef; enquelques secondes le temple fut désert : il n'y restaplus que quelques renégats, en habit noir , qui s'empressèrentde chanter l'hymne triomphal (I).Enfin l'amiral, appelé au commandement desforces navales qui devaient aller porter <strong>la</strong> déso<strong>la</strong>tionet l'incendie aux États-Unis d'Amérique, quittale gouvernement de <strong>la</strong> Guadeloupe, au mois dejuin 1813 , et s'y fit remp<strong>la</strong>cer par un homme à sadévotion, le major-général Skinner. Ce changementne fut pas favorable à <strong>la</strong> colonie. Le nouveauchef, homme faible, possédait peut-être des talens1810à1814(1) Dans <strong>la</strong> gazette de <strong>la</strong> Guadeloupe, du 28 février 1813,on trouve ce monument d'éternelle infamie, cet ordrede célébrer, par un Te Deum, dans une île française, l'annihi<strong>la</strong>tiond'une armée de Français, <strong>la</strong> plus nombreusequ'on eût encore vue.


( 294.)1810à1814.militaires, mais il était tout-à-fait étranger à l'administration.Lui, qui n'entendait pas un mot defrançais , venait gouverner une colonie où l'on neparle que le français. L'administrateur devint l'interprèteobligé de tous les avis , de toutes les représentations, et l'on conçoit à quel point un hommede son caractère dut abuser de l'avantage d'une telleposition. Il étouffa les murmures , arrêta ou punitles p<strong>la</strong>intes; <strong>la</strong> dernière conso<strong>la</strong>tion des malheureux,l'espérance s'éteignit dans tous les cœurs, etce ne fut que le retour de <strong>la</strong> colonie à <strong>la</strong> France quiput l'y ranimer (1).(1) Parmi les p<strong>la</strong>intes qui s'élevèrent contre l'administrateur, on doit distinguer celle qui fut adressée au gouvernementbritannique par M. de Gondrecourt, ancienmousquetaire, émigré, riche p<strong>la</strong>nteur, distingué par sonattachement aux Bourbons et par <strong>la</strong> haine qu'il porte àl'étranger. On n'oserait se servir contre M. de Gondrecourtde l'accusation de jacobinisme ou de bonapartisme,comme on l'a fait h l'égard de tous ceux qui ont été assezhardis pour blâmer l'administration de cette époque. Or,M. de Gondrecourt, par<strong>la</strong>nt au nom des principaux p<strong>la</strong>nteursdu quartier des Trois-Rivières, et par<strong>la</strong>nt à lordBathurst, ministre ang<strong>la</strong>is, le suppliait de délivrer <strong>la</strong> colonied'un administrateur indigne de <strong>la</strong> confiance que luiaccordèrent successivement l'amiral Cochrane et le major-généralSkinner, et qui souil<strong>la</strong>it par sa présence lesol de <strong>la</strong> Guadeloupe conquise. Cet homme, dit-il, au


( 295 )ministre ang<strong>la</strong>is, a joué toute espèce de rôle honteux,avant et depuis <strong>la</strong>révolution de France etc.Dans cette pétition, qui est sous nos yeux, les p<strong>la</strong>nteursdes Trois-Rivières accusaient l'administrateur des Ang<strong>la</strong>isde » s'être créé une nouvelle source de fortune en se» chargeant des chemins; d'avoir détourné à son profit» les taxes établies pour cet objet, comme pour plusieurs» autres branches de dépenses publiques; d'avoir induit à» erreur le général Skinner, au moyen du conseil privé,» qui était tout à sa dévotion, et d'avoir sacrifié dans» toutes les occasions, les intérêts des habitans à ses spécu<strong>la</strong>tionsen leur enlevant le moyen de réc<strong>la</strong>mer, puis-» que ce conseil, composé de gens tous à sa convenance,» ne se prononçait jamais que d'après sa propre volonté,» et qu'il en dirigeait lui-même les actes en sa qualité de» secrétaire archiviste. »M. de Gondrecourt et les colons, au nom desquels ilécrivait, devaient être bien pénétrés de <strong>la</strong> force de l'opinionpublique pour s'adresser, en ces termes , à un ministèreaussi défiant que celui de Saint-James; pour oserlui peindre, avec de telles couleurs, un chef d'administrationque sa haine avait imposé à <strong>la</strong> Guadeloupe conquise, etdont tous les actes étaient sanctionnés par les représentansde S. M. B. Cette p<strong>la</strong>inte est d'autant plus remarquablequ'elle fut faite à une époque où le chef de l'administrationdisposait de toute l'autorité; où tous les jours on attentaità <strong>la</strong> sûreté individuelle sur quelque nouvelle victimede l'esprit de parti, et où personne n'était tranquille dans<strong>la</strong> colonie, parce que les craintes de ce gouvernementsoupçonneux croissaient en raison du malheur général.1810à1814.


OBSERVATION.C'est ici qu'il faut lire attentivement <strong>la</strong> note essentiellep<strong>la</strong>cée en tête de ce 3 evolume, et se rappeler que <strong>la</strong> plupartdes faits articulés par l'auteur, sont consignés dansles actes administratifs de <strong>la</strong> Guadeloupe.


( 297 )LIVRE TREIZIÈME.Reprise de possession de <strong>la</strong> Guadeloupepar les Français.CHAPITRE I er .Traité de Paris, en 1814 Ses dispositions re<strong>la</strong>tivementaux colonies.—Influence de l'Angleterre sur <strong>la</strong> diplomatiede l'Europe—Départ d'une première expéditionchargée d'aller reprendre possession de <strong>la</strong> Martiniqueet de <strong>la</strong> Guadeloupe.DURANT une période de douze années l'alliancedu génie et de <strong>la</strong> fortune avait étendu <strong>la</strong> gloire, lesconquêteset <strong>la</strong> domination de <strong>la</strong> France, des colonnesd'Hercule au détroit de Messine, et des rivesde <strong>la</strong> Vistule, aux bouches de Cataro. L'Europe1814.


( 298 )1814.continentale presqu'entière obéissait à ses lois, oucédait à l'influence de ses conseils. Mais les expéditionsd'Espagne et de Russie; l'étendue d'une ligned'opérations que ne pouvaient plus embrasser, en1813, les forces épuisées de <strong>la</strong> France; et <strong>la</strong> défectionde ses alliés, furent les causes principales quirenversèrent l'échafaudage gigantesque du trôneimpérial : le rétablissement des Bourbons fut le résultatde sa chiite. La nation impatiente delà guerres'é<strong>la</strong>nça, avec un généreux abandon, dans les brasde ces princes, qui venaient de faire une longueet douloureuse expérience des vicissitudes de <strong>la</strong>fortune. Louis XVIII, en garantissant, par <strong>la</strong> chartequ'il donna aux Français . <strong>la</strong> jouissance des droitscivils et politiques, acheva d'app<strong>la</strong>nir les difficultés,que les hommes nouveaux et les intérêts créés par<strong>la</strong> révolution pouvaient opposer au paisible rétablissementdu trône des lys. La paix ramena <strong>la</strong>France à ses limites du 1er janvier 1792, et l'Europeà son ancien système politique.Mais bientôt les rois de l'Europe, après avoirsolennellement déc<strong>la</strong>ré qu'ils n'avaient fait <strong>la</strong>guerre qu'à <strong>la</strong> personne de l'empereur, et qu'ilsvou<strong>la</strong>ient maintenir <strong>la</strong> France grande, forte, etdans une intégrité de territoire qu'elle n'avait jamaisconnu sous ses rois, lui reprirent non-seulement lesconquêtes de Napoléon, mais encore les acquisitionsqu'avant lui elle avait faites, dans l'esprit d'unjuste équilibre. Elle se vit ravir en un jour les fruitsde vingt ans de travaux, de sacrifices cl de combats


( 299 )Privée désormais de ses limites naturelles , elle 1814n'aura plus <strong>la</strong> consistance qu'exige son rang etson poids dans <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce de l'Europe. Toutes lesautres grandes puissances ont conservé <strong>la</strong> nouvelleétendue que leur ont acquise les succès d'un moment;elle seule est amoindrie et descendue au dessousde ce qu'elle était en 1788.Le traité de Paris, du 3o mai 1814, rég<strong>la</strong> les conditionsonéreuses que lui imposa <strong>la</strong> vengeance; etdonna lieu d'observer que l'Angleterre, toujoursfidèle à sa vieille inimitié envers <strong>la</strong> France, commeà son système d'envahissement maritime, tandisqu'elle usait sans générosité de <strong>la</strong> faveur des circonstances, pour opprimer sa rivale , se réservait,sur tous les points du globe, des postes offensifscontre les autres peuples (I).(1) On regarde comme le fruit d'une politique savanteet profonde l'empire que l'Angleterre a pris sur les cabinetsdu continent. Tout son secret est dans les coffres desa trésorerie. Depuis 1793 jusqu'en 1814, elle a tenu à sasolde, les puissances de l'Europe, <strong>la</strong> Saxe exceptée. Lescoalisations lui ont coûté 1,106,147,075 fr. et les mouvemensqu'elle excita en France en i8i4,4»8oo,ooo fr. Sil'on joint à ces énormes déboursés, les frais de <strong>la</strong> campagnede 1815 , les frais do trahison et de corruption, quine sont jamais ostensiblement portés en compte et dontle montant atteindrait, à ce qu'en assure, le budget annuel d'une des puissances du premier ordre, on ne seraplus étonné de l'influence que l'Angleterre exerce sur <strong>la</strong>


( 3oo )1814. Par ce traité de 1814 , l'Angleterre obligea <strong>la</strong>France à lui céder les îles de Tabago et de Sainte-Lucie, l'île de France, celle de Rodrigue, les Sécbelles,et à souscrire à <strong>la</strong> condition humiliante den'élever aucune fortification et de n'entretenir quequelques soldats de police dans les établissemenséphémères, qui lui furent restitués sur le continentindien. Elle dut se résigner à <strong>la</strong> cession à l'Espagnede <strong>la</strong> partie de Saint-Domingue qu'elle avait acquise,par le traité de Bâle_, en 1795.Le cabinet de Saint -James daigna rendre à <strong>la</strong>France l'île de <strong>la</strong> Martinique ; celui de Stockolmcéda ses droits sur <strong>la</strong> Guadeloupe , encore aupouvoir des Ang<strong>la</strong>is ; et les Portugais restituèrent<strong>la</strong> Guyanne française. Ce fut là tout ce que <strong>la</strong> Franceput obtenir de ses anciennes possessions en Amérique.En conséquence de ce traité, le roi nomma, le13 juin 1814, pour <strong>la</strong> Martinique, gouverneur, levice-amiral comte de Vaugiraud; intendant, lechevalier Louis-Dubuc y commandant en second,le baron de La Barthe. Et pour <strong>la</strong> Guadeloupe, gouverneur, le contre-amiral comte de Linois ; intendant,le chevalier de Guilhermy ; et commandanten second, le baron Boyer dePeyreleau.diplomatie européenne; elle a acheté cette influence assezcher. (Voir le détail, année par année, des sommesqu'elle a payées aux divers états, dans le 2 0volume del'Europe et ses colonies, pages 234 et suivantes).


( 301 )L'expédition qu'on préparait pour ces deux coloniesne pouvant être prête avant quelques mois,1814il fut décidé que les deux commandans en secondpartiraient, sans dé<strong>la</strong>i, avec un ordonnateur, pouraller, en qualité de commissaires du roi, recevoirles îles des mains des Ang<strong>la</strong>is et pour les gouverneret les administrer provisoirement, jusqu'à l'arrivéedes premiers chefs.Trois cents hommes du 70* régiment d'infanterie,une compagnie de 60 canonniers du 6e régiment, et74 ouvriers militaires du génie maritime, furent lesseules troupes destinées à <strong>la</strong> reprise de possessionde chaque colonie.Sur les représentations du commandant en secondde <strong>la</strong> Guadeloupe, on lui délivra, à l'instantdu départ, 4oo fusils pour être remis aux compagniesde gardes nationales que les Ang<strong>la</strong>is avaientdésarmées. Ce fut avec de si faibles moyens que leschefs de <strong>la</strong> première expédition, s'embarquèrent surle vaisseau le Lys, armé en flûte (1) commandépar le capitaine de vaisseau Milius, ayant sous sesordres <strong>la</strong> frégate l'Erigone, capitaine de frégate Rigny,et <strong>la</strong> corvette le Vésuve, capitaine de frégateMissiessy. Ces bâtimens partirent de Brest, le1 er septembre, pour se rendre d'abord à <strong>la</strong> Martinique.(1) Ses canons étaient dans <strong>la</strong> cale parce que les Ang<strong>la</strong>isne permettaient pas encore à <strong>la</strong> France de faire sortir deses ports un vaisseau armé.


( 302 )1814. Les commissaires du roi étaient porteurs d'unedépêche du prince régent d'Angleterre, contre-signéedu ministre, lordBathurst, et adressée à chaquegouverneur ang<strong>la</strong>is pour faciliter <strong>la</strong> remiseimmédiate des colonies. Leurs instructions portaientque, « d'après <strong>la</strong> décision du roi, du 27 juillet, ils y» établiraient le service et l'administration, sur le» pied où ils étaient en 1789, conformément au» règlement du 24 mars 1763, modifié par l'ordon-» nance du 25 janvier 1765, et par celle du 2 dé-» cembre 1783, sans rien changer néanmoins à ce» qui existait re<strong>la</strong>tivement au nouveau code fran-» çais mis en vigueur, en i8o5, avec quelques» restrictions. »Deux jours après le départ, le Vésuve signa<strong>la</strong> unevoie d'eau considérable; le commandant Milius luiordonna de se rendre à <strong>la</strong> terre d'Espagne <strong>la</strong> plusvoisine, pour se réparer. La frégate eut ordre del'y convoyer et de faire route aussitôt après avoirpris à son bord les troupes et les objets dont le Vésuveétait chargé.


( 3o3 )CHAPITRE II.La Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe font éc<strong>la</strong>ter les transportsde joie les plus vifs à l'arrivée des Français.— LesAng<strong>la</strong>is déclinent les ordres du prince régent, et diffèrentde restituer ces colonies. — Lutte qui s'établità <strong>la</strong> Guadeloupe entre les commissaires du roi et lesautorités britanniques Cette île est scandaleusementspoliée.Le vaisseau le Lys arriva à <strong>la</strong> Martinique le Io 1814.octobre ; <strong>la</strong> frégate l'Erigone s'y trouvait depuis cinqjours. Les habitans saluèrent, et accueillirent avectransport des Français qui venaient les rendre àleur métropole et au gouvernement de leurs anciensrois. Aucun obstacle ne semb<strong>la</strong>it devoir s'opposer à<strong>la</strong> démonstration de leur joie et à l'accomplissementde leurs vœux. L'article 1 4 du traité du 3o maiportait que <strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe seraientremises à <strong>la</strong> France trois mois après <strong>la</strong> ratificationde ce traité, c'est-à-dire dans les premiers jours deseptembre. La surprise et <strong>la</strong> consternation succédè-Bént bientôt à l'allégresse, lorsqu'on vit les Ang<strong>la</strong>is


( 3o4 )1814. refuser de remettre <strong>la</strong> colonie, sous prétexte qu'ilsn'avaient point reçu d'instructions à cet égard de<strong>la</strong> part de leur gouvernement, et qu'ils manquaientde bâtimens pour transporter leurs troupes.• L'espoir d'être plus heureux à <strong>la</strong> Guadeloupe,détermina le commandement en second de cetteîle, à presser, pour s'y rendre, son départ de <strong>la</strong> Martinique.Des officiers de l'expédition, il était le seulà qui une opération de cette nature n'était pointétrangère; il avait, en 1802, coopéré, comme aidede-camp,à <strong>la</strong> reprise de possession de <strong>la</strong> Martinique,faite par l'amiral Vil<strong>la</strong>ret, et alors une expéditioncomplète, en personnel et en matériel, portéepar une escadre de vaisseaux et de frégates , contribua, non-moins que le caractère et le rang du capitaine-général,à donner de <strong>la</strong> grandeur et de <strong>la</strong> dignitéà cette opération. Mais en 1814 , <strong>la</strong> mesquinerie desmoyens et trois expéditions, arrivant à des mois dedistances les unes des autres,ne permirent pas d'environnercet acte important du cérémonial et de <strong>la</strong>solennité convenable.Tout ce qui était destiné pour <strong>la</strong> Martinique fut<strong>la</strong>issé à bordde <strong>la</strong> frégate l'Erigone, et le vaisseau leLys, ayant remis à <strong>la</strong> voile le 14 octobre, passadevant Saint-Pierre. Pris par les calmes et entraîné. par les courans vers <strong>la</strong> côte, il toucha; ,on crutqu'il al<strong>la</strong>it se perdre; <strong>la</strong> consternation était peintedans l'attitude de tous les habitans de cette ville,et le contentement semb<strong>la</strong>it briller sur les figuresang<strong>la</strong>ises. 11 arriva le lendemain à huit heures du


( 3o5 )matin dans <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terre. À <strong>la</strong> Guade- 1814.loupe, comme à <strong>la</strong> Martinique , l'apparition desFrançais chargés de rallier à <strong>la</strong> métropole une coloniedévouée, y fit éc<strong>la</strong>ter les transports d'une joieinexprimable. On pouvait juger, par les cris et lesdémonstrations des habitans de toutes les c<strong>la</strong>sses etde toutes les couleurs, accourus sur le rivage , combienétait vif leur attachement à <strong>la</strong> France. Descanots vinrent en foule environner le vaisseau ; leson des instruments et des chants chers aux Français,retentissaient de toutes parts. Tous les habitansde <strong>la</strong> ville se présentèrent pour servir d'escorteaux commissaires du roi. Rentrer sous les lois de<strong>la</strong> métropole, être soustrait au joug de l'étranger, sihumiliant et si dur lorsqu'il est imposé par desmains qui furent françaises ; tant de souvenirs etd'espérances exaltaient à <strong>la</strong> fois tous les sentimenset plongeaient <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion entière dans une espèced'ivresse et de délire.Le gouverneur ang<strong>la</strong>is, que les commissairestrouvèrent seul d'abord, parut surpris des ordresdont ils étaient porteurs et un moment prêt à faire<strong>la</strong> remise de <strong>la</strong> colonie. Mais, entre <strong>la</strong> première et <strong>la</strong>seconde entrevue, ayant consulté le chef de l'administration, il ne fut plus occupé qu'à chercher desprétextes pour éluder, ou du moins pour retarder -l'exécution du traité. La colonie n'était pas entièrementdépouillée; il s'agissait de gagner du temps,afin de pouvoir enlever tout ce qui n'avait pas encoreété pris.III. 20


( 3o6 )1814. Le premier jour, <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong> Basse Terre futspontanément illuminée; une seule maison , situéesur le cours, n'était pas éc<strong>la</strong>irée : c'était celle del'administrateur des Ang<strong>la</strong>is. Des fusées, <strong>la</strong>ncéessur les fenêtres, le forcèrent de se souvenir que,s'il s'était mis à <strong>la</strong> solde des étrangers, il était nésujet du roi de France ; et <strong>la</strong> ligne des feux cessad'être interrompue.La lutte qui s'établit entre les commissaires françaiset le gouverneur Skinner, dirigé par son conseillerintime, fut longue et opiniâtre. Les commissairess'adressèrent au général Leith, commandanten chef, résidant à Antigues. Ce général mit, dansses rapports avec les délégués du roi de France, desformes plus décentes ; mais ses réponses n'étaientpas moins captieuses que celles dictées au gouverneurSkinner.Les Ang<strong>la</strong>is avaient calculé que <strong>la</strong> France nepourrait reprendre possession de ses colonies qu'après<strong>la</strong> clôture du congrès de Vienne (1). L'arrivéedes commissaires du roi trompa leur prévoyance ;ils osèrent décliner les ordres du prince régent ;peut-être y avaient-ils été secrètement autorisés, et(I) Ce congrès, d'après l'article 32 du traité de Paris,devait se réunir dans le dé<strong>la</strong>i de deux mois ; il ne s'ouvritque cinq mois après, le 3 novembre.Les Ang<strong>la</strong>is en avaientespéré des résultats qui pourraient leur permettre de semaintenir dans <strong>la</strong> possession des Antilles françaises.


( 307)l'on vit se renouveler, en 1814, l'exemple de déloyautédonné , en 1765, par <strong>la</strong> même nation, lorsquele gouverneur - général <strong>la</strong> Bour<strong>la</strong>marque fut<strong>la</strong>issé, pendant 39 jours, sur <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terre , avant de pouvoir obtenir l'exécution dutraité qui rendait <strong>la</strong> Guadeloupe à <strong>la</strong> France.Pendant que le général Sckinner et l'administrateurdes Ang<strong>la</strong>is éludaient, sous différens prétextes,<strong>la</strong> remise de <strong>la</strong> colonie, le vaisseau le Vénérable, <strong>la</strong>frégate <strong>la</strong> Barossa, et d'autres bâtimens, étaientemployés, chaque nuit, à enlever tout ce qui pouvaitêtre embarqué. C'est ainsi que les Ang<strong>la</strong>is exécutaientun article du traité (l'art. 11), portant que<strong>la</strong> colonie serait rendue à <strong>la</strong> France, dans l'état oùelle se trouvait au, moment de <strong>la</strong> signature (3o mai1814). Des procédés aussi étranges donnèrent lieuà de vives représentations de <strong>la</strong> part du commandanten second (1); mais elles n'eurent aucun effet (2).1814.(I) Le contre-amiral Durham montait le vaisseau leVénérable; il fut irrité des représentations du commissairefrançais, dont il trouva moyen de se venger cruellement,même après le procès de <strong>la</strong> Guadeloupe. Cependantces représentations n'étaient que trop fondées ; te Courierde Londres en fait foi ; on y lit, sous <strong>la</strong> date du 25 octobre1814:» Lebrick l'Espiégle, arrivé des Saintes, à <strong>la</strong> Ja-» maïque, rapporte qu'à son départ, l'amiral Durham était» occupé à faire enlever l'artillerie et les munitions de <strong>la</strong>» Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupe, préa<strong>la</strong>blement à <strong>la</strong> re-» mise de ces îles à <strong>la</strong> France. »(2) Le commandant en second ne tarda pas à s'aper-


( 3o8 )1814.Il demanda <strong>la</strong> permission de débarquer ses ma<strong>la</strong>des,dont le nombre s'accroissait chaque jour parmi lessoldats, resserrés à bord du vaisseau et affaiblispar les fatigues d'une longue traversée. Le généralSkinner, quoiqu'il eût 3,000 hommes de troupesang<strong>la</strong>ises sous ses ordres, s'y refusa d'abord avecobstination. À <strong>la</strong> fin, vaincu par <strong>la</strong> persévérancedu commandant en S E C O N D , il consentit à le <strong>la</strong>isserétablir ses ma<strong>la</strong>des dans une maison particulière,près du fort; elle fut prise à loyer et convertie enhôpital.cevoir qu'une intelligence s'était secrètement établie entrel'administrateur des ang<strong>la</strong>is et l'ordonnateurfrançais.Celui-ci, créole de Saint-Domingue, de très-petit souscommissaireétait devenu , tout-à-coup , ordonnateur,chevalier de Saint-Louis et commissaire du Roi, pour <strong>la</strong>reprise de possession de <strong>la</strong> Guadeloupe, sans qu'aucuntitre connu justifiât tant de faveur. Ayant à vaincre uneprévention fâcheuse dans ces contrées et manquant d'expérience, il sentit le besoin d'un guide et d'un appui contrel'opinion. On le vit commettre l'inconcevable faute des'attachera l'agent des ennemis de son pays, s'entourerdes créatures de l'administrateur des ang<strong>la</strong>is, afficherpour eux un dévouement absolu et affecter les hauteurset les prétentions ambitieuses de l'homme dont il devintle disciple le plus soumis. Il souleva les mêmes sentimons,eu suivant, dans ses opérations administratives, les dangereusesleçons de ce maître, plus habile que lui en affaireset qui avait tant d'intérêt à l'égarer.


( 309 )La ville de <strong>la</strong> Basse-Terre, consternée de <strong>la</strong> con- 1814.duitc des Ang<strong>la</strong>is, offrait avec empressement toutce qui pouvait sou<strong>la</strong>ger les Français, et ne cessaitde se p<strong>la</strong>indre de l'accord étonnant qui régnait entrel'ordonnateur et l'ennemi le plus déc<strong>la</strong>ré des intérêtsdu roi. Cette intimité donnait lieu aux bruits les plusétranges parmi les habitans, et leur faisait concevoirdes craintes d'autant plus fondées, pour l'avenir,qu'ils avaient vu l'administrateur des Ang<strong>la</strong>isconvertir des sommes considérables en papier surLondres, et vendre, pour 400 fr., pour 3oo fr. etmême pour 200 fr., des libertés dont il avait faittrafic, depuis 1810, et qu'il délivrait à si bas prixet avec tant de profusion depuis l'arrivée desFrançais.


( 310 )CHAPITRE III.Nouveaux prétextes des Ang<strong>la</strong>is pour différer <strong>la</strong> remise de<strong>la</strong> Guadeloupe.—Les Français débarquent et s'établissentau camp de Boulogne. — Départ du vaisseaule Lys.—Bruits a<strong>la</strong>rmants répandus par les Ang<strong>la</strong>is.— Le commandant français parvient à soustraire à leurrapacité les cargaisons des navires marchands de <strong>la</strong>métropole.1814. * VINGT jours s'étaient déjà écoulés en impuissantesdémarches lorsque l'amiral Cochrane, arrivant le 3novembre, de <strong>la</strong> Chesapeack, sur le vaisseau à troisponts le Tonnant, donna lieu d'espérer que le termedes refus était venu. Mais les tentatives du commandanten second près de cet amiral furent égalementsans succès ; il n'en obtint que des promessesillusoires, et l'amiral remit à <strong>la</strong> voile, <strong>la</strong>issant <strong>la</strong>colonie bien convaincue qu'il n'y était venu quepour concerter les moyens de vider <strong>la</strong> caisse coloniale(1).( 1 ) Au moment où il appareil<strong>la</strong>it, le commandant fran-


(311)Les instances et <strong>la</strong> fermeté du commandant en 1814.second avaient enfin vaincu les obstacles opposésau débarquement total des troupes. Le 17 novembreelles furent établies au camp de Boulogne ,où cette faible expédition se trouva bientôt réduiteà ses seules ressources. Le vaisseau le Lys partitpour France, le 22 novembre, <strong>la</strong>issant quelquesprovisions, 2000 cartouches et un baril de poudre.Après le départ de ce vaisseau, les Ang<strong>la</strong>is et leursadherens, ne se contraignirent plus devant une poignéede Français ainsi isolés. Pour les inquiéter,ils semèrent les bruits les plus a<strong>la</strong>rmans, et tendirentà <strong>la</strong> colonie indignée un piège affreux, quipouvait y causer les plus grands malheurs. Le 26novembre, au moment où <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du cours étaitcouverte d'une foule avide des nouvelles qu'apportaitle paquebot (I), ils feignirent d'avoir reçul'avis d'une déc<strong>la</strong>ration de guerre, et de <strong>la</strong> marchecontre les Ang<strong>la</strong>is d'une armée française en Belgi-cais , continuant à lui représenter que cette caisse était<strong>la</strong> propriété de <strong>la</strong> colonie, et que l'administrateur avaitécrit en France qu'elle contenait de fortes sommes enespèces, l'amiral répondit qu'elle renfermait à peine2,000 gourdes, (18,000 livres coloniales.)(1) Les bâtimens légers appelés packet- boats, partentrégulièrement de Falmouth, dans les premiers jours dechaque mois, pour porter aux colonies ang<strong>la</strong>ises et enrapporter les lettres et les passagers qui y vont et ceuxqui en reviennent.


(312 )1814• que. Ils espéraient, par ce bruit, causer quelqueémeute dans <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> colonie et s'enfaire un prétexte pour exercer des actes de rigueuret s'y maintenir. Mais le commandant français dé-. joua toutes ces trames ; par de sages dispositions, ilparvint à donner à ses troupes une attitude imposante.Les fusils elles cartouches venus, de France ,furent portés au camp. Il organisa , en secret", descompagnies de gardes nationales, dont l'esprit étaitexcellent, <strong>la</strong> haine contre les Ang<strong>la</strong>is hautementprononcée, et qui, au premier signal, étaient prêtesà courir aux armes.Le commandant français ne cessait de protester,avec force, contre l'injuste et scandaleuse spoliationde <strong>la</strong> colonie; il en pressait <strong>la</strong> remise, en s'étayantdes ordres du régent et de l'affection particulièrede ce prince pour le roi de France.L'administrateur des Ang<strong>la</strong>is avait eu communicationdes instructions que le gouvernement françaisavait données à ses délégués, et s'en préva<strong>la</strong>itpour refuser de rendre compte des caisses locales,dont ces instructions ne par<strong>la</strong>ient pas d'une manièrespéciale. Le concert entre cet administrateuret l'ordonnateur français fut tel, qu'ils crurent pouvoirprendre entre eux des mesures re<strong>la</strong>tivementaux finances de <strong>la</strong> colonie et à l'emploi des fondsqui se trouvaient dans les caisses. Le commandanten second ne fut pas plus dupe de ces intrigues,qu'il ne l'avait été des bruits fabriqués par les ennemisde <strong>la</strong> France, et des nouvelles a<strong>la</strong>rmantes


(313)qu'ils venaient de répandre. Il en fit de vifs reprochesà l'homme que <strong>la</strong> faveur et une aveugle confiancelui avaient donné pour collègue, dans unemission devenue si épineuse; et, persistant à réc<strong>la</strong>merl'exécution des traités, sa constance fut couronnéepar un premier succès. Une douzaine debâtimens de commerce, partis des ports de France,sur <strong>la</strong> foi du traité de Paris, étaient arrivés successivementà <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, chargés de denréespour <strong>la</strong> Guadeloupe, qu'ils croyaient remise auxagens du roi. Ils <strong>la</strong> trouvèrent encore occupée parles tronpes et les autorités britanniques. Les loisprohibitives ang<strong>la</strong>ises s'opposaient à <strong>la</strong> vente de cescargaisons. Pour mettre à profit âkte circonstance,l'administrateur des Ang<strong>la</strong>is proposa d'autorisercette vente, mais en prélevant, à leur profit, ledroit énorme de dix pour cent sur les marchandisesnouvellement arrivées. Il ne restait plus alors que1400 hommes de troupes ang<strong>la</strong>ises dans <strong>la</strong> colonie;tout le reste avait été embarqué, et le général Skinner,ne vou<strong>la</strong>nt pas s'exposer à <strong>la</strong> résistance qu'ilétait certain d'éprouver de <strong>la</strong> part du commandanten second, appuyé par toute <strong>la</strong> colonie, fut retenupar <strong>la</strong> crainte qu'une taxe si injuste et si onéreusen'occasionât quelque soulèvement ; il refusa de l'établir.Le chef de l'administration, désolé de perdrecette belle proie, s'en vengea en dépeignant ce commandantsous de noires couleurs ; il se p<strong>la</strong>ignit desmoyens qu'il avait mis en œuvre pour obtenir le1814


( 314 )1814. débarquement des troupes françaises, reprocha augouverneur de l'avoir permis, et lui fit entendreque <strong>la</strong> cour de Londres l'en rendrait responsable,si le congrès de Vienne venait à se dissoudre. Legénéral persista dans son refus, et dit, avec impatience: Je ne puis voir dans ce commandant qu'unenvoyé du roi de France, à qui <strong>la</strong> colonie devraitêtre remise depuis le l5 septembre, ainsi que tousles finds existons dans les caisses locales , et je nesais pas pourquoi l'on me force à les retenir.Ainsi le commandant en second parvint à soustraireaux mains de l'agentdes Ang<strong>la</strong>is les propriétésdes commerçans français ; mais il ne put garantircelles de <strong>la</strong> colonie. Les nombreux canons debronze, les affûts, les munitions, les approvisionnemensde toute espèce, tout, jusqu'aux barres defer déposées depuis 25 à 3o ans dans l'arsenal, futenlevé avec <strong>la</strong> rapacité <strong>la</strong> plus minutieuse et sous lesyeux des Français indignés, mais spectateurs impuissansde ces actes d'une révoltante iniquité.Dans le dessein de semer <strong>la</strong> division entre leshommes de couleur libres et les b<strong>la</strong>ncs, et d'allumerentre eux le f<strong>la</strong>mbeau de <strong>la</strong> discorde, le génie du malqui p<strong>la</strong>nait sur <strong>la</strong> Guadeloupe, y répandit le bruitd'un complot d'insurrection formé par les gens decouleur. Ils devaient, disait-on, profiter de l'instantdu départ des Ang<strong>la</strong>is pour se révolter. Ce bruitacquit de <strong>la</strong> consistance par l'abandon affecté detoute mesure de police, qui permettait l'introduc-


(315 )tion des nègres émissaires de Saint-Domingue, desgazettes, des proc<strong>la</strong>mations et des papiers incendiairesde toute espèce (1)Chaque jour ajoutait à l'état d'exaspération de <strong>la</strong>colonie, lorsque, le 5 décembre, le général en chef,James Leith, arrivant de <strong>la</strong> Martinique, dont ilvenait de faire <strong>la</strong> remise aux Français (cette île avaitaussi été scandaleusement spoliée ) mouil<strong>la</strong> dans <strong>la</strong>rade de <strong>la</strong> Basse-Terre pour procéder enfin à <strong>la</strong> restitutionde <strong>la</strong> Guadeloupe.Le commandant français exposa avec tant d'énergieet de vérité les droits de <strong>la</strong> colonie sur lescaisses locales, dont l'administrateur des ang<strong>la</strong>is nepouvait pas se résoudre à se désaisir, et sur les campsde Saint-Charles et de Beau-Soleil, qu'il vou<strong>la</strong>itfaire démolir pour en vendre les matériaux, que legénéral Leith lui dit : J'avoue que j'étais arrivé icipersuadé que tout ce<strong>la</strong> appartenait à S. M. B.; jeme range à présent à votre avis , et j'imagine qu'ilen est ainsi du général Skinner. Mais celui-ci avantde répondre, se réserva d'en conférer avec sonconseiller intime. Dans <strong>la</strong> même entrevue, le généralSkinner chercha long-temps à s'opposer à <strong>la</strong> reprisede possession, mais il fut enfin convenu que le1814(1) Les colons se p<strong>la</strong>ignirent surtout du numéro del'Ambigu, du 20 septembre, dont l'introduction pouvaitentrainer, disaient-ils, des conséquences qui les faisaientfrémir.


(316 )1814.lendemain matin, 7 décembre, le pavillon françaisserait arboré à <strong>la</strong> Guadeloupe, et le gouvernementcivil remis aux commissaires du roi. Les Ang<strong>la</strong>iss'engagèrent à ne conserver le fort Ricbepance, <strong>la</strong>douane et le gouvernement militaire , que pendant24 ou 56 heures au plus, sous <strong>la</strong> garantie qui leurfut donnée par le commandant en second, que leursbâtimens de transports seraient protégés le longdes côtes contre les corsaires des Etats-Unis.Le même jour le procès-verbal de restitution de<strong>la</strong> colonie aux Français fut signé, par anticipation,à cause du départ précipité du général Leith, quimit à <strong>la</strong> voile aussitôt pour Antigues. En partant, i<strong>la</strong>ssura de nouveau le commandant français qu'iln'éprouverait plus de difficultés pour <strong>la</strong> remise de<strong>la</strong> caisse coloniale (0. Mais avec ce général disparurentjusqu'aux apparences d'honnêteté et de franchisedont les Français n'avaient eu lieu de selouer que pendant les 56 heures qu'il resta avec eux.L'administrateur des Ang<strong>la</strong>is avait tellement provoquél'animadversion publique que, dans <strong>la</strong> soiréedu 5 , il y avait eu sur le cours une violente rumeur(1) En signant ce procès-verbal, le général Leith luidit : » Soyez tranquille , le général Skinner vous <strong>la</strong>issera» <strong>la</strong> caisse coloniale sans restriction; et dans le cas où il» croirait devoir en référer aux deux gouvernemens, je lui» ai prescrit, d'après vos besoins, de vous en <strong>la</strong>isser <strong>la</strong>«jouissance en attendant leur décision. »


(317)à son sujet, favorisée par le désordre où <strong>la</strong> coloniese trouvait plongée. Cet homme, au moment où i<strong>la</strong>l<strong>la</strong>it rentrer chez lui, le 6 au matin, fut arrêté etrenversé de cheval par un b<strong>la</strong>nc qui se disait offenséet dont <strong>la</strong> famille avait plus particulièrement souffertde l'odieux trafic des farines. En un instant, lelieu de cette scène fut couvert d'un attroupementconsidérable. Le commandant en second accourut,et,quoiqu'il ne fût pas encore en possession du gouvernement, parvint, par sa fermeté, à dissiper <strong>la</strong>foule et à sauver l'administrateur de <strong>la</strong> fureur publique(1).1814.(1) Cet administrateur rendit alors publiquement,grâces au commandant en second de <strong>la</strong> protection généreusequi venait de lui sauver <strong>la</strong> vie ; plus tard il fut un deceux qui poursuivirent avec le plus d'acharnement cellede son bienfaiteur.


( 318 )CHAPITRE IV.Prise de possession de <strong>la</strong> colonie. — Les Ang<strong>la</strong>is manquentaux conventions établies. — La spoliation esttelle qu'il ne se trouve ni canon ni poudre, à <strong>la</strong> Pointeà-Pître,pour saluer le pavillon du roi de France.—Arrivée du gouverneur français.— Remise de <strong>la</strong> caissecoloniale. — Déficit.1814,EN prenant possession de <strong>la</strong> Guadeloupe, il étaiturgent de ramener <strong>la</strong> confiance et le calme dans les esprits; il fal<strong>la</strong>it contenir les agens secrets qui avaientpu se glisser dans <strong>la</strong> colonie et auxquels le départ desAng<strong>la</strong>is et le petit nombre de troupes françaises quis'y trouvaient, pouvaient donner l'espoir d'opérerdes soulèvemens.Le commandant en second, gouverneur par interim, s'empressa de publier une proc<strong>la</strong>mation rassurante(1). L'organisation de <strong>la</strong> garde nationalefut le premier objet de ses soins ; des ordres particuliers,donnés aux divers commandans, en pressè-(1) Moniteur du 14 février 1815.


( 319 )rent <strong>la</strong> formation dans tous les quartiers ; les compagniesb<strong>la</strong>nches furent armées et mises en servicepermanent. Ces premières mesures ramenèrent <strong>la</strong>tranquility.Le 7 décembre, à g heures du matin, momentconvenu avec les Ang<strong>la</strong>is, pour arborer et saluer lepavillon français, un Te Deum fut chanté avecpompe et entonné par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion entière, ivre dejoie; il fut répété dans toutes les églises delà colonieen vertu d'une lettre adressée au préfet apostolique.A l'issue du Te deum, les commissaires duroi se rendirent, en cortège, au Pa<strong>la</strong>is de justiceoù ils installèrent <strong>la</strong> cour supérieure , au nom deS. M. Louis XVIII. Le discours prononcé à cetteoccasion, par le commandant en second, fut accueilliavec le plus vif enthousiasme (1).Pendant ce temps le général Skinner, égaré par depernicieux conseils, opposait de nouvelles chicanes àl'exécution des conventions de <strong>la</strong> veille et manquait àses devoirs, et au respect qu'il devait au roi deFrance, en empêchant de hisser son pavillon sur <strong>la</strong>batterie des Irois. Le commandant français eutbeaucoup de peine à vaincre tous les obstacles, àapp<strong>la</strong>nir toutes les difficultés; il ne parvint quetrès-tard à faire arborer et saluer le pavillon b<strong>la</strong>nc.Tout ce que l'esprit humain peut imaginer deprétextes, pour se défendre d'une restitution, avait1814.(1) Moniteur du 14 février 1815.


( 320 )1814- été inventé par l'administrateur des Ang<strong>la</strong>is, et misen œuvre par le général Skinner, pour différer <strong>la</strong>remise de le caisse coloniale. Enfin, au momentconvenu, ce général prétexta encore avoir besoind'un travail de son conseil privé (1). Ce travail devaitêtre prêt depuis deux mois, mais l'âme de ceconseil, l'administrateur archiviste, possédait seultous les documens nécessaires et les retenait, espérantproroger le terme fatal d'une remise qui luisemb<strong>la</strong>it si pénible. Le général voulut, en outre,tirer avantage de ce que les instructions du gouvernementfrançais, dont il prétendit vainementavoir une communication officielle, ne faisaient pasmention de cette caisse, comme si l'article II dutraité de Paris , n'était pas assez significatif sans spécifiertous les objets qui devaient être considéréscomme appartenans à <strong>la</strong> colonie : <strong>la</strong> remise de <strong>la</strong>caisse fut encore ajournée.Le général Skinner, contre ses promesses, abandonna, sans en prévenir les Français, quelquesunesdes dépendances de <strong>la</strong> colonie, après qu'elleseurent été dépouillées de tout ce qui était susceptibled'être enlevé.Le gouverneur par interim fit prendre possessionde Marie-Ga<strong>la</strong>nte le g, des Saintes et(1) Dans ce conseil privé des Ang<strong>la</strong>is, instrument dociledes volontés de l'administrateur, on voit figurer, àtoutes les époques, les mêmes noms et les mêmes individus.


de <strong>la</strong> Désirade,( 321 )le io décembre : les forts, batteries, casernes , hôpitaux et tous les établissemensmilitaires des Saintes avaient été complètementdétruits.Les Ang<strong>la</strong>is refusèrent de recevoir le détachementenvoyé le 7, pour prendre possession de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et voulurent le reléguer, loin de <strong>la</strong> ville, auFort-Louis,qu'il luiétait expressément défendu d'occuper,à cause de son excessive insalubrité. Ce détachementfutforcé de débarquer sur l'Ilet à Cochon,où il resta indécemment confiné pendant quatrejours, tandis que le général Skinner et son conseilleremployaient ce temps à imaginer de nouveauxsubterfuges pour éluder <strong>la</strong> remise de <strong>la</strong> Grande-Terre. Néanmoins <strong>la</strong> prise de possession s'en fit enfin le 11 décembre ; mais les Ang<strong>la</strong>is avaient tellementspolié cette partie, qu'il ne se trouva pas ,dans les forts et les batteries de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître,un seul canon en état de faire feu, ni un grain depoudre pour saluer le pavillon b<strong>la</strong>nc (I). Il fallutemprunter deux petites pièces et acheter <strong>la</strong> poudrenécessaire d'un navire de commerce, du Hâ-1814.(1) Les trente derniers barils de poudre furent enlevésdu fort Fleur-d'Épée, <strong>la</strong> nuit qui précéda <strong>la</strong> remise de cefort; on les cacha dans une maison habitée par le capitainede port Ang<strong>la</strong>is, et on les embarqua le 11 janviersuivant.III. 21


( 522 )1814. vre, qui se trouvait D A N S lé port. Les Ang<strong>la</strong>is irritésde l'unanimité des vœux et de l'allégresse généraleque <strong>la</strong> ville avait exprimée , en rentrant sous leslois de <strong>la</strong> France, en tirèrent une honteuse vengeance;ils culbutèrent ces deux canons et les jetèrentdans <strong>la</strong> mer.Une vio<strong>la</strong>tion aussi manifeste de tout ce qu'il ya de plus sacré irrita <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Pointe-à-Pîlre et provoqua deux émeutes contre les Ang<strong>la</strong>iset leurs agens stipendiés. Mais le commandant dep<strong>la</strong>ce français les apaisa; elles n'eurent pas plusde suites que celles des 5 et 6 décembre à <strong>la</strong> Basse-Terre (1).Cette lutte durait déjà depuis deux mois et pendantce temps lés Ang<strong>la</strong>is n'avaient cessé de dépouiller<strong>la</strong> colonie de tout ce qui pouvait être àleur convenance. Enfin le 12 décembre, à 10 heuresdu soir, le vaisseau le Marengo mouil<strong>la</strong> dans <strong>la</strong> radede <strong>la</strong> Basse-Terre, n'ayant à bord, au lieu de l'expéditioncomplète, depuis si long-temps attendue,que le gouverneur, M. le contre amiral comte Du-(I) La correspondance du commandant en second avecle général Skinner, notamment les trois lettres qu'ilécrivit à ce général, le 1 0 décembre, et les comptes qu'ilen rendit au ministre de <strong>la</strong> marine, sont des pièces irrécusablesqui déposeront toujours contre <strong>la</strong> conduite desAng<strong>la</strong>is et de leurs déloyaux partisans.


( 323 )rand de Linois , le chef de bataillon, major de p<strong>la</strong>ce 1814de <strong>la</strong> Basse-Terre, et un bataillon du 62e régiment.Le gouverneur ayant décidé de ne débarquer quelorsque le pavillon français flotterait sur toute <strong>la</strong> colonie,le commandant en second employa <strong>la</strong> journéedu x5 à surmonter les derniers obstacles élevéspar le général Skinner. L'adjudant général Doug<strong>la</strong>s,arrivant d'Antigues, stupéfait des chicanes et desretards de ce général, lui porta l'ordre de livrer desuite toute <strong>la</strong> colonie.Le 14, à six heures du matin , <strong>la</strong> prise de possessionse termina; à huit heures, le gouverneur débarquasolennellement au milieu de toutes les autoritésciviles et militaires , de <strong>la</strong> garde nationale etdes troupes sous les armes. Quelle dût être doucel'émotion de M. de Linois, à <strong>la</strong> vue de toute une popu<strong>la</strong>tionqui se précipitait en foule sur ses pas, l'accueil<strong>la</strong>itet le bénissait comme un père dont elleespérait son bonheur !Les Ang<strong>la</strong>is, retirés au camp de Beau-Soleil, furenttémoins de ces transports; ils entendirent les crisde joie, et connurent jusqu'à quel point leur jougétait détesté.Un second Te Deum fut chanté dans toutes leséglises. Le discours que M. de Linois prononça, à <strong>la</strong>séance extraordinaire du conseil supérieur, et saproc<strong>la</strong>mation remplirent tous les cœurs d'espoir etde confiance en l'avenir.,La caisse coloniale ne fut livrée aux commissaires


( 324 )1814.du roi que le 15 décembre (1). Le général Skinner(1) Pour <strong>la</strong> prise de possession de <strong>la</strong> colonie, les Ang<strong>la</strong>isne voulurent jamais entendre à aucune vérificationni inventaire. Les objets qu'ils ne purent pas enlever,furent trouvés, dans un désordre et un abandon inconcevables,sur tous les points de <strong>la</strong> colonie, et les états qu'ilsen dressèrent n'étaient points exacts. Tous les papiersre<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> remise , furent livrés en bloc, au dernier momentet après toutes sortes de subtilités de <strong>la</strong> part del'administrateur ; il comprit dans ces pièces une déc<strong>la</strong>rationdu général Skinner, attestant que <strong>la</strong> caisse colonialen'avait été cédée aux Francais, qu'à <strong>la</strong> sollicitation duconseil privé ; mais les commissaires du roi protestèrentauprès du ministre de <strong>la</strong> marine contre cette pièce.La caisse coloniale était formée par six caisses locales; <strong>la</strong>première, celle du domaine, provenait des droits d'exportation,de capitation, de patentes, droits domaniaux, etc.,et fermages des biens du clergé.La seconde dite des libertés ou taxes pour patentes d'affranchissemens.La troisième, des nègres justiciés, ou taxe de 2 fr. 5 s.par tête de nègre payant droit, regardée de tout tempscomme invio<strong>la</strong>ble.La quatrième, celle des chemins, ou impôt de 4 fr.1 0 s. par tête de nègre, pour l'entretien des chemins.La cinquième , dite judiciaire , ou droits de greffe et desceau affectée au paiement des membres de l'ordre judiciaire.La sixième, dite des successions vacantes, était un dé-


( 325 )s'embarqua le ig, <strong>la</strong>issant <strong>la</strong> colonie dans un étatde dénuement absolu ; les denrées avaient été enlevéesà bas prix, par le commerce ang<strong>la</strong>is, et l'argentétait épuisé par les contributions de toutesespèces.L'homme le plus intéressé à couvrir d'un voilemystérieux les actes de sa gestion fit emporter, parle général, tous les papiers re<strong>la</strong>tifs à l'administrationdes Ang<strong>la</strong>is, pendant le temps que <strong>la</strong> Guadeloupefut soumise à l'oppression étrangère.Le chef d'administration s'embarqua, de nuit, le25 décembre, et <strong>la</strong> Guadeloupe, délivrée des An-1814.pôt sacré formé par les versemens de fonds faits par lescurateurs à ces successions.Au 15 septembre 1814, époque où <strong>la</strong> Guadeloupe auraitdu être cédée de droit à <strong>la</strong> France, le caisse colonialerenfermait, d'après le tableau adressé au ministre de <strong>la</strong>marine par l'administrateur des Ang<strong>la</strong>is lui-même, plusde 3,5ö2,ooo livres, dont 481,000 livres en numéraire.Le i5 décembre suivant, jour où <strong>la</strong> remise en fut faite auxcommissaires du roi, il ne s'y trouvait plus que 996,000livres, dont 259,500 livres en numéraire; il en était doncdisparu <strong>la</strong> somme de 2,556,ooolivresou 1,533,000 francs,qui appartenait de droit à <strong>la</strong> colonie.Le commandant en second donna tous ces détails , parIripUcata, au ministre de <strong>la</strong> marine, dans onze rapportsfaits depuis le 21 octobre jusqu'au 2.5 décembre 1814.


( 326)1814.g<strong>la</strong>is et purgée de ses oppresseurs, fut alors toutà-faitfrançaise (1).(1) Les officiers ang<strong>la</strong>is, et particulièrement les chefsde corps, ne prirent aucune part aux torts justement reprochésau gouverneur et au chef d'administration.L'honnêteté de leur conduite, <strong>la</strong> décence de leurs procédés,ne cessa de contraster d'une manière honorableavec <strong>la</strong> rudesse des formes du général. Plusieurs dirent,-ens'embarquant, qu'ils étaient humiliés de ce que tout autreque lui n'eût pas été chargé de faire <strong>la</strong> remise de <strong>la</strong> colonie,pour donner à cet acte un caractère digne des deux nations.


( 327 )LIVRE QUATORZIÈME.Gouvernement du contre-amiral Linois.CHAPITRE Ier.Influence du major de p<strong>la</strong>ce et de l'ordonnateur. — Actesde l'administration. — Arrivée de l'intendant Refusqu'il éprouve—Scission entre les administrateursP<strong>la</strong>intes de <strong>la</strong> colonie.— Première nouvelle du débarquementde Napoléon en France.LE commandant en second se rendit, le 2 janvier 1815.1815, à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, lieu fixé pour sa résidence5 il y reçut, peu de jours après, une adressesignée par tous les magistrats, les p<strong>la</strong>nteurs et leshabitans de <strong>la</strong> Basse-Terre qui le remerciaient detout ce qu'il avait fait, depuis le 15 octobre, dansles intérêts de <strong>la</strong> Guadeloupe , de l'honneur de <strong>la</strong>


1815.( 328 )France et du service du roi, à qui il pouvait se glorifierd'avoir rallié tous les cœurs.La colonie ne tarda pas à s'aperçevoir que legouverneur, moins administrateur que marin, sedéfiait de ses forces, et le vit avec peine p<strong>la</strong>cer saconfiance dans l'homme qui le méritait lé moins,le major de p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> Basse-Terre, que des officiersde marine venant de l'Inde , où ils avaient eul'occasion dele connaître , peignaient sous des couleurspeu favorables (1).(1) Cet homme , né avec de l'esprit et le caractère leplus souple, n'est pas militaire et n'a jamais figuré dans unearmée. Issu d'une famille allemande, il partit jeune pourl'île de France, et y fut tour-à-tour commis marchand etcourtier de commerce. Il s'embarqua comme volontaire,à bord d'un corsaire, se fît déposer à Batavia, où il exerça<strong>la</strong> profession de droguiste ét de médecin. Il entra ensuite ,comme piqueur d'ouvriers, au service des Hol<strong>la</strong>ndais quile firent officier dans ce corps. Renvoyé par suite dedémêlés, il se retira à Sourabaya et y fut, pendant cinqans, simple passementier. Lorsque le gouverneur-généralde l'Inde, lord Minto, fit attaquer <strong>la</strong> colonie hol<strong>la</strong>ndaisede Java, en août 1812, l'ancien officier d'ouvriers offritses services au général hol<strong>la</strong>ndais Yensens, qui venait desuccéder au général Daendels dans le gouvernement deJava. Deux ou trois jours après, <strong>la</strong> colonie fut prise , etl'officier d'ouvriers préféra suivre le sort de <strong>la</strong> garnisonprisonnière de guerre, que de rester dans l'île, parce qu'ileut l'adresse de se faire embarquer comme capitaine du


( 529 )L'ordonnateur, intendant par interim, fut habile 1815.à saisir une circonstance qui lui offrait les moyensde s'affermir et d'exploiter toutes les prérogativesde son emploi; il se lia avec le major de p<strong>la</strong>ce, et cesdeuxhommes ne tardèrent pas à exercer, sur les volontésdu gouverneur, une influence dont les colonseurent bientôt à se p<strong>la</strong>indre. Un grand nombred'ordres et d'arrêtés , peu en harmonie avec l'espritdelà colonie, l'usage et'les rapports commerciaux,excitèrent un mécontentement général.L'administration commença par détruire l'ateliergénie hol<strong>la</strong>ndais. Arrivé à Galcuta il se hâta de fourniraux Ang<strong>la</strong>is, au détriment de <strong>la</strong> nation qui venait de l'adopter, des renseignemens si importans sur les Moluqueset surtout sur Java , que dès son arrivée en Angleterre, ilreçut, pour prix de ce service , <strong>la</strong> faveur d'être renvoyé enFrance.Il avait eu le bonheur de connaître particulièrement, àJava, M. le contre-amiral Linois, lors de sa campagne del'Inde ; de donner des soins à un officier ma<strong>la</strong>de, procheparent d'un personnage très-influent dans les bureaux de<strong>la</strong> marine, et de fournir des notes d'un grand intérêt à unauditeur, devenu directeur des colonies; aussi dès qu'il seprésenta au ministère, fut-il reconnu dans son grade decapitaine et nommé d'emblée chef de bataillon et majorde p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> Basse-Terre, pour partir avec M. de Linois,qui le présenta comme son intime ami.(Voyez le naufrage de <strong>la</strong> Méduse, 3 eédition, page278 et suivantes).


( 330 )1815.des cent nègres pionniers de <strong>la</strong> Basse-Terre, employésaux travaux urgens des chemins, et affectaces nègres à son service personnel.Au lieu de <strong>la</strong> voie ordinaire des enchères, ellen'accorda pins les fournitures que par privilège, etdans des marchés ténébreux, étendant ces privilègesjusqu'aux boucheries, dans un pays où,on ne sauraittrop encourager l'importation des bestiaux.Le monopole des jeux, de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître , futadjugé de <strong>la</strong> même manière, et on ne fut pas peuétonné de voir l'agent de tous les marchés c<strong>la</strong>ndestins, le frère de l'ordonnateur, pousser <strong>la</strong> confiancejusqu'à déférer au tribunal les billets, consentispour ce trafic, qu'on refusait de lui payer (1).Les emplois, les marchés, tous les actes du gou-(1) Le frère aîné de l'ordonnateur vint à <strong>la</strong> Guadeloupe eucoureur d'aventures; tout dénué qu'il fût de capacité , onle nomma , de prime à bord , sous-commissaire de marine,et il fut chargé du service administratif à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,où il ne fit que des sottises. On l'en retira pour lui donnerle bureau des fonds à <strong>la</strong> Basse-Terre, pendant qu'il occupaittoujours une des deux p<strong>la</strong>ces aux encans de <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre, qu'il était l'entremetteur de toutes les opérationspécuniaires , et qu'il s'arrogeait le droit d'établirune maison de jeu au port Louis, contre toute bonnepolice.Sans aucun titre, en 1815 , on le verra, en 1816, s'attribuer<strong>la</strong> qualité de chevalier, et un peu plus tard y substitueraussi facilement le titre plus sonore de comte.


(331)vernement étaient à <strong>la</strong> discrétion de l'élève de l'ancienadministrateur des Ang<strong>la</strong>is et du major de1815.p<strong>la</strong>ce, couverts du manteau de <strong>la</strong> première autorité.Ils avaient soin d'éloigner du gouverneur, à l'intégritéduquel nous nous p<strong>la</strong>isons à rendre hommage,tout importun qui aurait pu lui faire de sages observations, et les empêcher de fouler <strong>la</strong> colonie stupéfaitede voir s'évanouir l'espoir de bonheur qu'elleavait conçu, en rentrant sous les lois de <strong>la</strong> mèrepatrie.Des p<strong>la</strong>intes se faisaient entendre de toutesparts , lorsque le vaisseau le Superbe apporta, le 20janvier, <strong>la</strong> troisième expédition , si tardivementorganisée. Elle était composée de l'intendant, M. deGuilhermy, des deux bataillons supplémentairesdu 62" régiment, et de leur colonel, M. Vatable.M. de Guilhermy, ancien magistrat, jouissait de<strong>la</strong> réputation <strong>la</strong> mieux établie de probité et de vertusprivées. Pénétré de l'idée qu'on l'avait attendu, pourrégler définitivement le service de <strong>la</strong> colonie, i<strong>la</strong>rriva, environné d'un nombreux personnel qu'ildestinait aux différentes p<strong>la</strong>ces. Il les trouva remplies; rien n'était provisoire, toutes les branchesdu service étaient définitivement établies. Il <strong>la</strong>issal'ordonnateur continuer encore ses fonctions d'intendant, pour chercher à se mettre au courant de.l'administration coloniale; et, ne pouvant rien faireen faveur de ses protégés, il fut bientôt entouréd'hommes qui, repoussés par les deux favoris, etn'ayant pu obtenir le moindre accès auprès du gou-


( 332 )1815. verneur, espéraient le faire entrer dans leur ressentiment.Quand il voulut prendre <strong>la</strong> direction duservice, l'ordonnateur, étayé du premier chef, refusatous les documens qui lui étaient nécessaires.L'intendant aurait pu se résoudre au parti qu'exigeaientsans doute les prérogatives de son emploi ;mais, par amour de <strong>la</strong> paix , il préféra temporiser,et, dès ce moment, son autorité devint illusoire.L'administration coloniale ne fut plus qu'un composéinconvenant de pouvoirs légitimes et de pouvoirsusurpés , tous jaloux les uns des autres, etdont les divisions ne pouvaient qu'être funestes à <strong>la</strong>Guadeloupe.L'esprit d'indépendance qui règne aux colonies,y a toujours fait observer l'autorité d'un oeil scrutateuret soupçonneux. Toujours prêts à lui résisterou à <strong>la</strong> fronder, dès qu'ils <strong>la</strong> voient s'écarter dusentier de ses devoirs, les habitans, instruits que<strong>la</strong> métropole ne pouvait pas, à cette époque, subveniraux dépenses de <strong>la</strong> colonie, et qu'on les <strong>la</strong>issaittoutes à sa charge, firent entendre , de tous lescôtés, des p<strong>la</strong>intes contre les abus introduits avec<strong>la</strong> nouvelle administration. Le nombre des employésvenus avec les trois expéditions était énorme, surtoutpour une colonie que, tout récemment, lesAng<strong>la</strong>is avaient si bien exploitée, avec un chefd'administration, trois commissaires, deux receveurset cinq commis.Les habitans réc<strong>la</strong>mèrent <strong>la</strong> formation d'une


( 333 )chambre d'agriculture, en vertu de <strong>la</strong> décision du 1815roi, portant que les colonies seraient rétablies surle pied où elles étaient en 1789.L'intendant, frappé de <strong>la</strong> justice des p<strong>la</strong>intesmultipliées qu'il recevait, se montra empressé deles apaiser, et obtint le consentement du gouverneur,en attendant l'autorisation du roi, pour <strong>la</strong>formation provisoire de cette chambre. Elle futcomposée de neuf colons, au lieu de sept, nombrefixé par l'ordonnance du g avril 1763. La coloniene vit pas sans peine entrer dans <strong>la</strong> formationde cette chambre d'agriculture, tous les membresdu fameux conseil privé des Ang<strong>la</strong>is; néanmoinselle se prêta généreusement à fournir les fonds nécessairespour solder les dépenses, espérant acquérirpar-là le droit d'en prendre connaissance, et designaler les abus. La chambre promettait de remédierau mal, et de cicatriser les p<strong>la</strong>ies, si elle étaitadmise à l'assiette de l'impôt et au secret des dépenses.Elle se réunit à <strong>la</strong> Basse-Terre, le 2 2 février,et sa démarche première fut de demander communicationdu budget. Mais le gouverneur, cédanttrop facilement à des conseils dont on lui cachait lebut, parut craindre l'intervention des colons dansles affaires générales de <strong>la</strong> colonie, et qu'une chambreprovisoire, ou plutôt cette commission de p<strong>la</strong>nteurs,qu'il pouvait dissoudre à son gré, puisqu'ellen'était pas formée suivant <strong>la</strong> loi, n'empiétât sur sespouvoirs. Repoussant donc tous les vœux, il autorisal'ordonnateur à refuser <strong>la</strong> communication du


1815.( 334 )budget, et s'étaya des réglemens du 24 mars 1763,et 20 décembre 1783 , pour borner les prérogativesde <strong>la</strong> chambre à de simples propositions, et lui interdiretout droit de représentation.Ce refus, fait sans ménagement et avec hauteur,fortifia les préventions fâcheuses que l'administrationde l'ordonnateur avait inspirées aux colons ; <strong>la</strong>scission fut complète entre le gouverneur et ses deuxconseillers d'un côté, et l'intendant réuni à toutesles autorités locales de l'autre ; et l'on vit s'établir<strong>la</strong> lutte <strong>la</strong> plus déplorable. Le conseil supérieur(cour royale), se croyant en devoir d'agir d'aprèsses anciens statuts, prit des arrêtés que le gouverneurannu<strong>la</strong> sur-le-champ. L'ordonnateur conservales attributions qu'il s'était arrogées ; le major dep<strong>la</strong>ce, quoique repoussé par le conseil supérieur,fut autorisé à y prendre séance , et <strong>la</strong> chambre d'agriculturefut congédiée, sans avoir été admise àjouer d'autre rôle que celui de spectatrice de cescandale. Les deux premiers chefs ne se virent plusque pour des affaires de service indispensables; etle gouvernement colonial perdit <strong>la</strong> considération et<strong>la</strong> confiance des habitans.De toutes les taxes créées en France, par l'anciengouvernement, pour se procurer de l'argent, aucunen'avait paru plus odieuse que celle sur lesboissons. La perception en était accompagnée demesures si vexatoires contre les dernières c<strong>la</strong>sses dupeuple, sur qui elle pesait plus particulièrement,qu'on peut <strong>la</strong> regarder comme une des causes qui


( 335 )amenèrent, le mouvement de 1789(1). Cet impôtétait inconnu aux colonies; à aucune époque, l'administrationn'avait conçu l'idée de l'y établir. Ilétait réservé au disciple de l'administrateur des Ang<strong>la</strong>isd'oser plus que son maître, et de faire prendre, le 8 mars, par les deux premiers chefs, quieurent <strong>la</strong> comp<strong>la</strong>isance de le signer, un arrêté établissantle privilège exclusif de <strong>la</strong> vente en détaildes boissons (2). Un prête-nom obtint ce privilège ;mais le frère de l'ordonnateur, malgré tous ses emplois, s'avoua le fermier véritable, et on toléra qu'ilse rendît à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, où il exaspéra tous leshabitans par l'indécence de sa conduite et par sesvexations. L'intendant s'y trouvait alors; il en futle témoin, reçut les p<strong>la</strong>intes de tous les corps de Javille, et se vit obligé de réprimander cet individu,qui n'avait pas craint de s'étayer abusivement deson nom.La démoralisation, parmi certains hommes, faisaitdes progrès rapides ; les colons s'en indignaient;une correspondance, interceptée par des autoritésjudiciaires et de police de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et remiseà l'intendant, révé<strong>la</strong> plus d'une collusion. Lesopérations de l'ordonnateur étaient surtout l'objetde <strong>la</strong> censure publique ; les bruits les plus désavan-1815(1) Victoires et conquêtes, tome 15, page 34.(2) Cet arrêté pernicieux fut révoqué le 10 juin suivant,lorsqu'il eut fait tout le mal possible.


( 336 )1815.tageux circu<strong>la</strong>ient sur son compte; toute <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionfroissée faisait éc<strong>la</strong>ter son mécontentementcontre les deux favoris, et les accusait de ses maux ;mais le gouverneur semb<strong>la</strong>it chercher à les en dédommager,en leur témoignant chaque jour plus deconfiance.A cette époque, l'intendant adressait au ministrede <strong>la</strong> marine des rapports affligeans ; il lui dépeignaitles deux artisans du malheur public, particulièrementl'ordonnateur, comme des êtres avideset sans retenue, à qui il était urgent d'ôter <strong>la</strong>possibilité de perdre <strong>la</strong> colonie. Les membres de <strong>la</strong>chambre d'agriculture ; des quartiers tout entiers ,et un grand nombre de particuliers, firent parvenirégalement leurs doléances à <strong>la</strong> métropole (I).Telle était <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> Guadeloupe, lorsque, le 29 avril, on y reçut le premier avis de l'arrivéede Napoléon en France. Quel effet cette nouvellene devait-elle pas produire sur des hommesexaspérés , dont le dévouement et les sacrificesétaient ainsi méconnus?(1) On se voit forcé de dire que tous les rapports, toutesles lettres faisaient l'éloge du commandant en second;plusieurs même exprimaient des vœux très-f<strong>la</strong>tteurs pourlui, et cette circonstance sert à expliquer les persécutionsdont par <strong>la</strong> suite il fut l'objet.


( 337 )CHAPITRE II.Le premier é<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> Guadeloupe-est celui de <strong>la</strong> fidélité.— Actes particuliers qui aliènent tous les esprits.— LaMartinique est livrée aux Ang<strong>la</strong>is.— Pernicieux effetque cette nouvelle produit à <strong>la</strong> Guadeloupe.LE premier mouvement de <strong>la</strong> colonie, dans cet 1815.état de crise, fut un é<strong>la</strong>n sublime d'amour, d'attachementà ses devoirs, et de fidélité à ses sermens;partout il se trouva conforme aux sentimens exprimésdans <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation du gouverneur, et M. deLinois eut l'occasion de s'en convaincre, le 6 mai,dans le voyage qu'il fit à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître.Il eût été facile de maintenir dans ces louablesdispositions une popu<strong>la</strong>tion que ses intérêts rendentessentiellement amie de l'ordre, et qui ne demandaità ceux qui <strong>la</strong> gouvernaient que le sacrificede leurs erreurs ; de faire cesser les abus, et de suivreavec franchise le sentier de <strong>la</strong> justice. Mais aucunemesure réparatrice, propre à ramener l'opinion quepouvaient égarer les nouvelles de tout ce qui sepassait en France, ne signa<strong>la</strong> <strong>la</strong> sagesse du gouver-III. 22


1815.( 338 )nement colonial; il continua d'affliger les espritspar <strong>la</strong> désunion de ses membres. Le défaut d'harmonieentre sa conduite et ses principes ; les. déso<strong>la</strong>ntesirrésolutions du gouverneur ; sa marche incertaineet peu rassurante ; une juste appréhensionde <strong>la</strong> domination ang<strong>la</strong>ise; l'avis qu'on reçut delàsortie du roi du territoire français, et l'exemple funestedonné par <strong>la</strong> Martinique, ne tardèrent pas àtroubler toutes les têtes. On va voir que les événemensdu 18 juin n'eurent pas d'autre cause.Pendant que, dans les actes et dans les discours ,il était fait un pompeux éta<strong>la</strong>ge de sermens et de dévoûment,et que l'ambassadeur français à Londresrecevait l'assurance que <strong>la</strong> Guadeloupe serait conservéeau roi (1), un agent secret fut envoyé, dit-on,mystérieusement en France, pour porter à Napoléonun acte de soumission. Cette précaution, dont onfut instruit à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, le 19 mai, donna l'é­'(1) M. le comte de <strong>la</strong> Châtre écrivit de Londres à M. deLinois, le 24 mars, pour lui donner connaissance desévénemens qui se passaient en France , et lui envoyer lespièces et actes officiels, extraits du Moniteur, qui annonçaient<strong>la</strong> retraite du roi h Lille. Il lui transmit l'ordre deS. M. de ne <strong>la</strong>isser pénétrer, à <strong>la</strong> Guadeloupe, aucunesforces nouvelles, et de n'en remettre l'administration àqui que ce fût., sans l'ordre signé de <strong>la</strong> main du roi etcontre-signe par M. de B<strong>la</strong>cas. Un brick ang<strong>la</strong>is apportaces dépêches a <strong>la</strong> Basse-Terre,-dans <strong>la</strong> nuit du i er au 2 mai,et en repartit avec <strong>la</strong> réponse du gouverneur.


(339)veil sur tout ce qu'on devait appréhender, dans cemoment critique, de l'influence du major de p<strong>la</strong>ce.La manière dont il fut procédé le lendemain à unemprunt de cinq cent mille francs , dont on lui attribual'idée, vint encore augmenter les défiances.Cette opération, une des plus délicates de l'administrationfinancière, surtout dans une colonieoù l'on réc<strong>la</strong>me encore le paiement d'anciens emprunts, était du ressort particulier de l'intendant,et exigeait une publicité et des formalités telles quechacun pût s'assurer du recouvrement et de l'emploides fonds.Le gouverneur et le major de p<strong>la</strong>ce, en leurprivé nom, chargèrent de cette opération , le 20 mai,un affidé de ce dernier, qui n'avait ni caractère public, ni propriété particulière, ni maison de'conimerce,et qui n'était que défavorablement connudes négocians. Dans les premiers momens d'enthousiasme,les commerçans de <strong>la</strong> Pointe-à-Pîtrc, et leshabitans de <strong>la</strong> Grande-Terre, empressés de venir ausecours du gouvernement, s'étaient montrés disposésà faire toutes sortes de sacrifices. Mais, trompésdans ce qu'ils attendaient du gouverneur, qu'ilsvoyaient toujours sous <strong>la</strong> direction de ses deux favoris, et a<strong>la</strong>rmés d'un mode d'emprunt aussi étrange, ils accoururent auprès du commandant en secondpour lui faire part de leurs craintes. Le négociateurde cet emprunt, ne réussissant pas dans samission, vint aussi le sommer de réunir les négocianspour les obliger à y souscrire. La lettre qu'il lui re-1815


(340)1815. mit, de <strong>la</strong> part de M. de Linois, ne contenait , surcet objet, que ces mots : J'expédie M. B..,. à <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre, pour une opération dont il vousjera part, et le commandant en second ne crut pasdevoir se mêler, à moins d'ordre formel, d'un acteillégal, auquel ses fonctions étaient étrangères. Cetacte porta un tel coup à <strong>la</strong> confiance publique, quetous ceux qui s'étaient engagés à faire quelquefourniture au gouvernement allèrent, dès le jourmême, demander de l'argent ou une garantie, et serefusèrent au service journalier.Le commandant en second reçut du gouverneurl'ordre de venir à <strong>la</strong> Basse-Terre, se disculper d'êtrecontrevenu à ses volontés et d'avoir osé entraverune mission ordonnée par son chef. Il comparutdevant M. de Linois et, contre toute convenance,le trouva assisté de l'indispensable major de p<strong>la</strong>ce.Après s'être expliqué, et avoir fait adopter un moded'emprunt régulier (1), il demanda au gouverneurs'il était vrai qu'il eût envoyé M. D.... en mission,auprès du gouvernement impérial? Cette questionimprévue parut surprendre, et il y fut répondu trèsnégativement.Cependant les événemens s'étaient pressés en(1) D'après les observations du commandant en secondil fut pris, le même jour, un arrêté, par le gouverneur etl'intendant, pour l'emprunt d'une somme de 400,000 fr.que les circonstances ne permirent pas de remplir.


( 341 )France, et. les nouvelles successives qui en arrivaientde toutes parts n'étaient propres qu'à faire fermenterles esprits. Les succès rapides de Napoléon, làretraite du roi en Belgique, et l'entière soumissiondu territoire français aux lois de l'empire, étaientconnus. Des bâtimens de commerce partis duHavre, le ig avril, et de Brest, le 27 , en éc<strong>la</strong>irant<strong>la</strong> colonie sur l'état de <strong>la</strong> métropole, avaient donné<strong>la</strong> certitude qu'à l'époque de leur départ il n'étaitpas encore question de guerre.1815.Chacun se montrait avide de détails, et cherchaittous les moyens de satisfaire sa curiosité. Nul ne pouvaitrester indifférent à d'aussi grands intérêts (1).Ce qui se passait à <strong>la</strong> Martinique jetait là Guadeloupedans de vives appréhensions. Dès les premiersjours on y avait embarqué , en s obligeant deles conduire en France, <strong>la</strong> compagnie d'artillerie,celle des ouvriers du génie maritime, et deux détachemensdu 26° régiment. Le 12 mai, on avait misà l'ordre de ce régiment, et transcrit sur les registresde toutes les compagnies, l'avis que les militaires(1) Le commandant cn second avait soin de retirer, dubord des navires arrivant h <strong>la</strong> Pointe-à-Pitrc, tous lespapiers publics, qu'il envoyait au gouverneur; mais ondécouvrit que les soldats de <strong>la</strong> garnisen s'étaient cotiséssecrètement pour se procurer, à tout prix, les gazelles despassagers ou des gens de l'équipage afin, disaient-ils, debien connaître <strong>la</strong> vérité.


1815.( 342 )qui manifesteraient des sentimens repréhensibles,seraient déportés, non plus en France, mais surles côtes désertes de l'Afrique ! ! ! Les Ang<strong>la</strong>is furentappelés dans cette colonie, et pour que leurarrivée n'éprouvât pas de difficulté, le régiment futréduit, par de nouvelles déportations, à environ3oo hommes.La Guadeloupe ne pouvait supporter l'idée d'êtresoumise à une pareille épreuve. Aussi <strong>la</strong> correspondancefréquente de M. Linois , avec <strong>la</strong> Martinique; le voyage que le major de p<strong>la</strong>ce y avait faitquelque temps avant; son caractère bien connu; ledévoûment prononcé de l'ordonnateur aux Ang<strong>la</strong>isaugmentaient les soupçons et les craintes. On rendaitpourtant justice à l'intégrité personnelle dugouverneur ; un moyen lui restait pour rappeler <strong>la</strong>confiance, c'était de se soustraire à <strong>la</strong> fâcheuse tutellequ'il s'était imposée. La position particulièreoù il se trouvait à <strong>la</strong> Guadeloupe, et les ordresformels du roi de ne recevoir aucunes forces nouvelles, l'autorisaient à résister aux suggestions delàMartinique, comme à repousser les dangereux secoursde l'étranger. Cette ferme volonté eût raniméles courages et pouvait éloigner tout danger; maissubjugué par des conseillers qui, après avoir exaspéré<strong>la</strong> colonie, ne croyaient pouvoir plus s'y maintenirqu'en appe<strong>la</strong>nt les Ang<strong>la</strong>is, il avait expédié, le3 mai, le brick l'Actéon à Antigues, pour solliciterdu général Leith, commandant en chef des forcesbritanniques , l'établissement d'une croisière au


( 343 )vent de <strong>la</strong> Guadeloupe , afin d'en éloigner tout bâtimentfrançais, dont l'arrivée pouvait <strong>la</strong> troubler,Quelle arme terrible n'était-ce pas fournir à cesdangereux voisins !Le 13, le général Leith et l'amiral Durham seprésentèrent, sur des frégates, à <strong>la</strong> vue de <strong>la</strong> Basse-Terre, et envoyèrent au gouverneur de <strong>la</strong> coloniedes dépêches pour lui annoncer que <strong>la</strong> croisièreal<strong>la</strong>it être établie, comme il l'avait demandé, lui offrirdes secours et solliciter une entrevue, à titre devisite. Mais comme depuis quelques jours on disaitque les Ang<strong>la</strong>is se disposaient à attaquer l'île, <strong>la</strong>fermentation que cette crainte occasionait ne permitpas au gouverneur de les recevoir : il eut <strong>la</strong> prudencede refuser l'entrevue. Seulement il convint,avec eux, de signaux pour assurer leurs communications,leur donna tous les renseignemens qu'ilspouvaient désirer, et leur accorda l'imprudente permissiond'occuper <strong>la</strong> rade des Saintes , point capitalpour <strong>la</strong> Guadeloupe. L'annonce de cette concessionfut reçue par <strong>la</strong> colonie, avec le sentiment du désespoir.On vit encore le gouverneur écrire, le 24mai, au général Leith, par un brick ang<strong>la</strong>is , pourlui témoigner le désir d'avoir des communicationsplus fréquentes avec lui vu l'état de crise où était <strong>la</strong>métropole. Un nouveau brick lui apporta, le 26,des lettres du général Leith, qui lui offrait d'envoyer,comme auxiliaire, une garnison ang<strong>la</strong>ise dans lesforts de <strong>la</strong> colonie.Des communications aussi répétées ; le voile im-1815.


1815.( 344 )pénétrable dont on les couvrait, le blocus sévèreque les Ang<strong>la</strong>is formaient autour de <strong>la</strong> colonie , lesvisites et les vexations humiliantes qu'ils se permettaientà bord de tous les bâtimens français,avaient excité une méfiance et une exaspérationextrêmes. Le bruit sourd et sinistre que <strong>la</strong> colonieal<strong>la</strong>it être livrée aux Ang<strong>la</strong>is , prenait à chaque instantplus de force, et <strong>la</strong> crainte de se voir de nouveauà <strong>la</strong> discrétion d'un ennemi dont les outragesétaient si récens, transportait d'indignation leshommes les plus calmes. Dans ces graves circonstances<strong>la</strong> Guadeloupe apprit, le G juin, que <strong>la</strong>veille <strong>la</strong> Martinique avait été livrée aux Ang<strong>la</strong>is , envertu d'un arrangement conclu, dès le 20 mai,entre le gouverneur et l'intendant de cette île, et lesgénéraux ang<strong>la</strong>is Leith et Durham, qui parurent secontenter du rôle modeste d'auxiliaires. Les faiblesrestes du 26° régiment, réduit à 5oo hommes,avaient été relégués à Saint-Pierre; l,5oo ang<strong>la</strong>isdébarquèrent au Fort-Royal, fusils et canons decampagne chargés, mèche allumée. Ils prirent possessionde tous les forts, de toutes les batteries et,le même jour , l'ordre fut donné aux troupes françaiseset aux gardes nationales d'accoler à leur cocarde,<strong>la</strong> cocarde ang<strong>la</strong>ise. Les officiers du 26 equis'y refusèrent, furent plongés dans des cachots.Cette circonstance dit assez, ce qu'étaient des auxiliairestels que les Ang<strong>la</strong>is (I).(1) Les Ang<strong>la</strong>is n'offraient-ils pas eux-mêmes <strong>la</strong> preuve


( 345 )Les troupes françaises qui avaientété embarquées, 1815sous <strong>la</strong> condition d'être conduites en France, furentdésarmées à bord des bâtimens britanniques, déportéesen Angleterre, et renfermées, jusqu'au retourdu roi, dans ces cachots flottans où les Ang<strong>la</strong>isde nos jours traitent leurs prisonniers avec plus debarbarie que les Pictes du 5 esiècle.Et l'on a pu faire un crime à <strong>la</strong> Guadeloupe d'avoirrefusé de se donner de tels protecteurs, d'avoirrepoussé des secours apportés par les mains qui allumèrentle feu de <strong>la</strong> guerre civile en France etdans nos colonies ; qui fournirent des armes et desmunitions aux insurgés de St-Domingue , non pourles aider à devenir libres, mais pour les aider à exterminerles Français ; qui employèrent tour-à-tour,les séductions, les trahisons et les révoltes, poursoustraire cette précieuse colonie à <strong>la</strong> France? (1)de ce qu'il en coûte à un peuple pour se faire protéger?Quand les Bretons implorèrent le secours de leurs pèresles Saxons, pour repousser les Pietés, les Pietés furentchassés ; mais <strong>la</strong> terre des vainqueurs et des vaincus suifità peine aux prétentions des Saxons protecteurs.(1) On sait que les Ang<strong>la</strong>is enflèrent l'orgueil et <strong>la</strong> vanitéde Toussaint-L'ouverture par les paroles les plus f<strong>la</strong>tteuses, les politesses les plus recherchées; qu'ils traitèrentsolennellement avec lui pour donner à ce nègre <strong>la</strong> souverainetéde l'île, en stipu<strong>la</strong>nt une Convention ratifiée par leroi George et qui équiva<strong>la</strong>it, pour <strong>la</strong> Grande-Bretagne, autraité de commerce le plus avantageux. (Pamphilc-La-


1815( 346)Qu'attendre des hommes qui avaient pillé et ravagé<strong>la</strong> Guadeloupe à toutes les époques? qui l'avaient sisévèrement punie, en 1794, des démonstrations dejoie qu'elle avait fait éc<strong>la</strong>ter, en 1763 , lorsque legénéral <strong>la</strong> Bour<strong>la</strong>marque vint <strong>la</strong> soustraire à leurdomination. Ces démonstrations avaient-elles étémoins vives en 1814, et à cette époque n'avaientilspas insulté pendant deux mois aux couleurs età l'autorité du roi de France ?La nouvelle de l'admission des troupes ang<strong>la</strong>isesà <strong>la</strong> Martinique fut reçue avec douleur par les genssages et modérés de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et produisitle délire de <strong>la</strong> rage dans une partie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.Les plus exaltés résolurent d'arborer, dans <strong>la</strong> nuitdu 6 au 7 juin , le pavillon tricolore sur les forts de<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce ; le commandant en second, instruit à tempsde ce complot, en prévint l'exécution par des mesuresfermes et prudentes. Aucun document positifne donnait encore, à <strong>la</strong> menace de livrer <strong>la</strong> colonieaux ang<strong>la</strong>is, de caractère assez sérieux pour ne voir,dans cette action, qu'un dernier moyen de salut;<strong>la</strong> franchise que le commandant en second avaittoujours mise dans sa conduite et ses discoursrassurèrent les timides et continrent les turbulens.croix, tome Ier, pages 276 à 357). Journaux ang<strong>la</strong>is dumois de novembre 1798, particulièrement le Sun et leTimes.


( 347 )CHAPITRE III.La goëlette l'Agite porte aux colonies l'ordre de se rallierau nouveau gouvernement de <strong>la</strong> métropole. — Décisionprise à <strong>la</strong> Guadeloupe au sujet de ces dépêches. — Lajournée du 18 juin devient inévitable.A l'exception d'un petit nombre d'individus, <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Guadeloupe, celle surtout desvilles et des bourgs, était éminemment française etconservait contre les ang<strong>la</strong>is une haine nationale ;le parti faible, mais influent, qui ne partageait pasces sentimens, croyait avoir tout à gagner en se rep<strong>la</strong>çantsous leur joug. A <strong>la</strong> faveur de ce conflitd'intérêts et d'opinions , le démon de <strong>la</strong> discordesecouait ses torches incendiaires sur toutes les paroisses, sans qu'on pût découvrir les agens invisiblesqui appe<strong>la</strong>ient de tous les côtés le désordre et<strong>la</strong> révolte. Les propos les plus a<strong>la</strong>rmans , les bruitsles plus sinistres étaient répandus et colportés avecune rapidité désespérante. On vit plusieurs quartiersse réunir et courir aux armes pour prévenir des mas-1815.


( 348 )1815sacres dont ils se croyaient menacés, ou étouffer desinsurrections qui n'existaient pas. Cependant l'espritd'insubordination gagnait les c<strong>la</strong>sses inférieures,l'effervescence croissait avec les craintesr, et l'horizons'obscurcissait de plus en plus , lorsque <strong>la</strong> goélettede l'état, l'Agile,attérit au bourg de St-Francois,le 12 juin. Expédiée le g mai de Rochefort,sous pavillon b<strong>la</strong>nc , par le gouvernement impérial,pour rallier <strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe à <strong>la</strong> Métropole, quel effet ne dût pas produire son apparition?elle n'eût que le temps de déposer au bourgde Saint-François, deux lettres à l'adresse du gouverneur;<strong>la</strong> croisière ang<strong>la</strong>ise s'empara aussitôt dece bâtiment et le conduisit aux Saintes.L'amiral Durham, qui s'y trouvait, annonçapar un brick, au gouverneur, que cette goélette était,chargée, pour <strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe, dedépêches importantes et d'instructions du ducDecrès. Le gouverneur lui répondit en l'invitantà se saisir des paquets jusqu'à ce que le comte deVaugiraud lui eût indiqué l'usage qu'il devait enfaire, et à renvoyer <strong>la</strong> goëlette en France en <strong>la</strong> faisantescorter jusqu'au delà des débouquemens. L'amira<strong>la</strong>ng<strong>la</strong>is lit partir <strong>la</strong> goëlette pour <strong>la</strong> Martinique,à <strong>la</strong> remorque d'un brick, et dit au gouverneur de<strong>la</strong> Guadeloupe, que n'ayant pas ordre de commettredes hostilités envers aucun pavillon, il n'avait pascru devoir s'emparer des dépêches et s'était borné àempêcher <strong>la</strong> goëlette d'aller à <strong>la</strong> Guadeloupe.


( 349 )Mais cet amiral, affamé d'an prétexte pour prendre<strong>la</strong> colonie (1), et persuadé que les dépêchesdont l'Agile étaitchargée, y produiraient l'effet de <strong>la</strong>boîte de Pandore , se ravisa bientôt ; il courut après<strong>la</strong> goëlette, l'atteignit dans le canal de <strong>la</strong> Dominiqueet lui permit d'aller où elle voudrait (2).Ce bâtiment vint mouiller à <strong>la</strong> Basse-Terre, le15 juin au matin. À l'arrivée du capitaine sur lecours, <strong>la</strong> vue de <strong>la</strong> cocarde tricolore, les dépêchesremises au commandant de <strong>la</strong> rade, les paquets deMoniteurs et de journaux distribués, produisirentun mouvement très-vif parmi <strong>la</strong> foule qui l'entourait,et le poste de garde nationale, p<strong>la</strong>cé à <strong>la</strong> cale,mit bas sa cocarde.Le capitaine traversa <strong>la</strong> ville , environné d'un cortègenombreux. Le gouverneur, à qui il rendit,compte de sa mission, prit les paquets qui étaientà son adresse et à celle de l'intendant, le renvoyapar une cale dérobée, lui ordonnant de partir surle-champet d'aller porter ses autres dépêches à <strong>la</strong>Martinique.Prévenu par l'intendant et le procureur du roidu trouble qui régnait en ville, le gouverneur se1815,(1)II avait dit, aux Saintes, que puisque les Ang<strong>la</strong>isn'avaient pu occuper <strong>la</strong> Guadeloupe au même titre que<strong>la</strong> Martinique, ils l'auraient à quelque prix que ce lut.(2) Le comte de Vaugiraud a dénoncé hautement cetacte de déloyauté.


( 35o )1815.rendit avec eux sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, et après avoir assoupi<strong>la</strong> fermentation , il s'entendit avec l'intendant pourréunir à midi un conseil à l'effet de procéder à l'ouverturedes dépêches.Dans ce conseil, l'intendant, qu'un pur dévouementaux intérêts du roi avait toujours fait agir,quoique sa conduite ne fût pas favorablement interprétée(1), proposa dene pas ouvrir les paquets,de les mettre sous scellé et de les envoyer au roi (2) ;cet avis fut adopté, les paquets réunis et scellés dusceau du gouverneur et de l'intendant furent conservéspour être adressés à M. de <strong>la</strong> Châtre, àLondres.Il eût été sans doute préférable de ne pas les recevoir,car cette décision du conseil établissant unescission ouverte avec <strong>la</strong> France, ne servit qu'à accréditerle bruit, que <strong>la</strong> Guadeloupe al<strong>la</strong>it être livréeaux Ang<strong>la</strong>is : des lettres particulières venuesde <strong>la</strong> Martinique, déjà en leur possession, semb<strong>la</strong>ientl'assurer: Quel moyen restait-il d'étouffer ces bruits,de commander aux passions, lorsque toute con-(1) Le mémoire du major de p<strong>la</strong>ce, qui a paru au procès,fait dire au gouverneur, page 6, dans une dépêche adresséele 3 juin à M. de <strong>la</strong> Châtre, que <strong>la</strong> conduite de l'intendapt,son imprévoyance, son incapacité et ses entravescontinuelles concouraient à rendre sa position, déjà trèspénible,encore plus difficile.(2) Mémoire de l'intendant.


(351 )fiance était aliénée ? <strong>la</strong> fermentation fut bientôt générale, surtout parmi les gens de couleur , ennemis1815.des Ang<strong>la</strong>is, franchement attachés à <strong>la</strong> France ; etqui venaient de manifester depuis peu combien ilétait imprudent de les irriter (1).L'agitation était encore plus grande à <strong>la</strong> Pointeà-Pître,où une popu<strong>la</strong>tion nombreuse se rappe<strong>la</strong>itavec effroi tout ce qu'elle avait souffert des Ang<strong>la</strong>isen 1794, en 1810, et les proscriptions que leursadministrateurs y avaient tout récemment exercées.La présence d'un capitaine du 26 erégiment, quivint s'y réfugier, en se donnant comme une des vic-(1) Un enfant de couleur, âgé de 15 ans et libre de naissance,fut porté à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, déchiré par les coups defouet qu'un habitant de <strong>la</strong> Grande-Terre lui avait fait appliquer.Sur les p<strong>la</strong>intes du commissaire de quartier, le commandanten second manda cet habitant qui commit l'imprudencede paraître en ville, avant de se présenter chez lui.On venait d'apprendre ce qui se passait en France; <strong>la</strong>popu<strong>la</strong>tion de couleur se porta en foule contre l'habitant,l'émeute fut rapide, et il fallut toute <strong>la</strong> confiance qu'inspiraitle commandant en second pour le sauver. Il fut envoyéde nuit à <strong>la</strong> Basse-Terre pour y être jugé. Mais cetacte n'éteignit pas <strong>la</strong> fermentation; des agens qu'on neparvint pas à découvrir, parcoururent <strong>la</strong> Grande-Terrepour donner l'éveil aux gens de couleur, et l'effervescence,accrue par les événemens politiques, fut portée au comble,lorsqu'on apprit <strong>la</strong> décision prise re<strong>la</strong>tivement aux dépêchesarrivées de France.


( 352 )1815times expulsées de <strong>la</strong> Martinique, pour son attachementà <strong>la</strong> France, servit encore à exaspérer lesesprits (1).Tout-à-coup un bruit sourd se répandit, le 17juin, que les Ang<strong>la</strong>is al<strong>la</strong>ient se présenter à <strong>la</strong> Basse-Terre. Des propos imprudens de <strong>la</strong> part de quelques-unsde leurs partisans, <strong>la</strong> menace plus imprudenteencore d'une liste de proscription où seraientinscrits les noms de 3 à 400 personnes , semb<strong>la</strong>ientconfirmer ce bruit, et tous les doutes cessèrent lorsquedeux lettres confidentielles ma<strong>la</strong>droitementécrites par le frère de l'ordonnateur, vinrent à <strong>la</strong>( 1 ) Le capitaine Alexandre Moreau, dit de Jonnès ,quitta le 6 juin <strong>la</strong> Martinique, on ne sait trop pourquoi.N'ayant pu réussir à se faire employer à <strong>la</strong> Basse-Terre,ni à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître où sa conduite, en 1809, était tropbien connue, il partit pour France, et quoique absolumentétranger au procès criminel de <strong>la</strong> Guadeloupe, ilse porta avec fureur comme accusateur du commandanten second. Parvenu, par ses intrigues, à se faire p<strong>la</strong>cerdans les bureaux de <strong>la</strong> direction des colonies, il n'épargnani discours, ni démarches; prétexta de3 lettres et forgeaune espèce de rapport, rempli de faussetés, qu'il présentaau ministre le 6 septembre. Au conseil de guerre iln'eut pas le courage de les soutenir devant le commandanten second, et s'en désista, disant qu'il n'avaitdressé ce mémoire que sur des ouï-dire; mais son rapportavait alors produit tout le mal qu'il pouvait faire et queson auteur s'en était promis.


( 353 )connaissance du public. Ces lettres annonçaientque sous deux jours , mille Ang<strong>la</strong>is débarqueraient à<strong>la</strong> Basse-Terre pour mettre à <strong>la</strong> raison toute cettecanaille de Bonapartistes, nom emprunté à l'administrateurdes ang<strong>la</strong>is pour désigner tous ceux que révoltaitles actes de l'administration, c'est-à-dire, <strong>la</strong>presque totalité des habitans de <strong>la</strong> Guadeloupe.Dès-lors on ne garda plus de mesure et l'on entenditcrier de toutes parts qu'il fal<strong>la</strong>it s'emparerdes dépèches, se rallier à <strong>la</strong> métropole, embarquerle gouverneur, ses deux favoris, et tous ceux deleurs partisans qui seraient d'avis de livrer <strong>la</strong> colonieaux Ang<strong>la</strong>is.Les hommes qui ont traversé <strong>la</strong> révolution etparcouru les pages de cette histoire , sauront appréciertout ce que ces cris avaient d'a<strong>la</strong>rmant, aumilieu d'une popu<strong>la</strong>tion que le passé encourageaitdans ses désirs d'indépendance, que l'esprit novateuragitait, que fatiguait une mauvaise administration, qu'aigrissait <strong>la</strong> menace de l'odieuse dominationdes Ang<strong>la</strong>is et les bravades de leurs affidés(1).1815.(1) Le mouvement fut si peu dirigé contre les royalistes,comme on a cherché à le persuader, qu'au milieu de tousces cris, il est essentiel de faire remarquer que pas unemenace, pas une personnalité ne furent articulées contrel'intendant, M. de Guilhermy. Il était cependant émigré,n'était rentré qu'avec le roi, ses sentimens pour lesIII. 23


( 354 )1815. Le mouvement pouvait éc<strong>la</strong>ter avec <strong>la</strong> rapidité etles eflèts de <strong>la</strong> foudre.On attendait avec anxiété le retour du commandantde p<strong>la</strong>ce, envoyé <strong>la</strong> veille au gouverneur pourl'instruire de l'état a<strong>la</strong>rmant de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre.Tous les rapports étaient décourageans ; les autoritésciviles et militaires se pressaient autour ducommandant en second, et voyaient en lui, dans lenaufrage dont on était menacé, leur dernière ancrede salut.Le commandant de p<strong>la</strong>ce revint enfin vers cinqheures du soir; les choses qu'il avait apprises etdont il rendit compte, portèrent <strong>la</strong> consternationdans toutes les âmes. Les Ang<strong>la</strong>is étaient attendusà <strong>la</strong> Basse-Terre; l'embarras que sa présence y avaitproduit, <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nce dont il avait été entouré,l'injonction de repartir sur-le-champ, qu'on luiavait donnée, l'en avaient convaincu. Mais les officiersdes troupes et de <strong>la</strong> garde nationale, et les habitansauxquels il était parvenu parler, lui avaienttous déc<strong>la</strong>ré que les troupes et <strong>la</strong> ville entière étaientprêts à se soulever à l'apparition des Ang<strong>la</strong>is. Laréponse du gouverneur, au commandant en second ,se bornait à lui prescrire d'abandonner <strong>la</strong> Pointeà-Pître,s'il n'y avait plus d'influence, et de se réu­Bourbons n'étaient pas douteux, et il en faisait hautementprofession; mais on rendait justice à sa droiture eth, ses intentions vraiment françaises.


( 355 )nir à lui, avec les quatre compagnies du 6 2 erégiment,qui se trouvaient sous ses ordres.Le commandant de <strong>la</strong> garnison de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre,les autorités et les habitans de <strong>la</strong> ville qui avaientle plus d'influence, s'accordaient pour affirmer quele voeu de se rallier à <strong>la</strong> métropole était général,que <strong>la</strong> fermentation était à son comble, <strong>la</strong> coloniemenacée de toutes les horreurs de <strong>la</strong> guerre civile; etque, dans <strong>la</strong> nécessité d'opter entre deux partis égalementpérilleux , il fal<strong>la</strong>it se décider pour celui quioffrait le moins de chances redoutables, ou dont lescatastrophes , étant plus éloignées , permettraientd'aviser aux moyens de les prévenir (1). Le roi n'étaitplus en France depuis le 23 mars; les dispositionsprescrites par S. M., à l'égard de sa maisonmilitaire et des personnes qui l'avaient accompagnéejusqu'aux frontières, semb<strong>la</strong>ient, sinon dégager lesFrançais de leur serment, du moins leur permettrede céder aux circonstances.L'ordre donné par le gouverneur au comman-1815(1) En prenant les couleurs qui flottaient sur <strong>la</strong> Franceentière, on ôtait aux Ang<strong>la</strong>is tout prétexte d'intervention ;car on se rappelle que l'amiral ang<strong>la</strong>is avait déc<strong>la</strong>ré n'avoiraucun ordre d'attaquer le pavillon tricolore; et onétait à même de recevoir les secours d'hommes, d'armeset de munitions que , depuis l'arrivée de <strong>la</strong> goélette l'Agile,on disait avoir été expédiés de Brest, sur quatre frégatesau nombre desquelles on citait <strong>la</strong> Méduse.


( 356 )1815. dant en second, était devenu inexécutable; différerà se rendre maître du mouvement, c'était manquerl'occasion de le diriger et de prévenir le bouleversementtotal de <strong>la</strong> colonie; en prenant l'iniative, lecommandant en second exposait sa tète , en ne <strong>la</strong>prenant pas , il exposait celle de tous les habitans ,pouvait-il ba<strong>la</strong>ncer ? C'est aux âmes généreuses quecette question s'adresse.Le temps pressait, le commandant en second déc<strong>la</strong>raaux autorités qui l'entouraient, et toute <strong>la</strong>Pointe-à-Pîtfe, fut instruite, qu'en se rendant à.<strong>la</strong>Basse-Terre il se bornerait à réc<strong>la</strong>mer, au nom de<strong>la</strong> colonie, les dépêches mises sous le scellé, afin de<strong>la</strong> rallier à <strong>la</strong> métropole ; à rendre le gouverneur àlui-même en le délivrant de <strong>la</strong> dépendance du majorde p<strong>la</strong>ce et de l'ordonnateur; et qu'il ne souffriraitpoint qu'il fut porté atteinte à son autorité ,ni qu'aucun autre individu fut renvoyé.Des mesures furent prises pour que le changements'opérât le lendemain matin à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, etces dispositions prévinrent l'explosion dangereusequi devait éc<strong>la</strong>ter (1).Après avoir pourvu au maintient du bon ordre,au respect des personnes et des propriétés, le com-(1) Ce mouvement se fit à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre avec leconcours de toutes les autorités religieuses, civiles et militaires,sans que <strong>la</strong> tranquillité publique en éprouvât lemoindre trouble.


( 357 )mandant en second partit à dix heures du soir, accompagnéd'un seul officier.Arrivé, le 18 juin à six heures du matin, aucamp de Beau-Soleil, qu'occupait le 62«, dont lecolonel logeait et était resté en ville, il lui fit prendreles armes et cette troupe arbora les couleurs qui, àcette époque, sauvèrent effectivement <strong>la</strong> coloniedes Ang<strong>la</strong>is.Deux compagnies de grenadiers furent envoyéesau gouvernement pour en imposer par leur présence, et neutraliser toute tentative de réaction, sil'étranger fût venu se présenter (l). Un capitaine,p<strong>la</strong>cé à <strong>la</strong> tête de ce détachement, eut l'ordre, en attendantque le commandant en second pût se rendreauprès du gouverneur, de réc<strong>la</strong>mer de lui les dépêchesmises sous le scellé, et d'avoir pour lui lerespect et les égards dus au premier chef de <strong>la</strong> colonie;cet ordre fut donné, en présence de tout le régiment.Deux autres détachemens eurent <strong>la</strong> missiond'aller chez l'ordonnateur et le major de p<strong>la</strong>ce ?pour les garder à vue ; c'était ceux dont on redoutaitle plus l'influence, toute favorable aux Ang<strong>la</strong>is.Dans ce même temps le commandant en second,seul, descendit en ville et fit réunir, sur le cours, <strong>la</strong>i8i5.(1 ) Le pa<strong>la</strong>is du gouvernement, situé sur <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce d'armesdite le champ d'Arbaud, domine toute <strong>la</strong> ville et <strong>la</strong> rade.


V1815.( 358 )garde nationale qui se prononça avec énergie pour<strong>la</strong> métropole et contre les Ang<strong>la</strong>is.11 était, près de neuf heures quand on vint annoncerque le gouverneur ne vou<strong>la</strong>it pas remettre lespaquets, qu'une discussion très-vive s'était élevéeentre lui et le capitaine, et qu'à l'apparition du colonelduô^»,les troupes avaient refusé de lui obéir. Lecommandant en second se rendit sur le champ auprèsdu gouverneur, protesta que le mouvementn'avait eu d'autre but que de préserver <strong>la</strong> colonie etde le sauver lui-même, et prouva, en renvoyantles deux compagnies de grenadiers à leur corps,qu'aucun but d'ambition personnelle, aucune penséed'attenter à son pouvoir, n'avait dirigé <strong>la</strong> démarchequ'il venait de faire. La franchise de ce procédéramena une espèce d'harmonie et de confianceentre eux.L'ouverture des dépêches, l'éloignement de l'ordonnateuret du major de p<strong>la</strong>ce, étaient le vœu de<strong>la</strong> colonie ;ie commandant en second le fit connaîtreau gouverneur qui déc<strong>la</strong>ra ne vouloir faire l'ouverturedes paquets, qu'en présence des officierssupérieurs. On pouvait les faire appeler de suite,le gouverneur avait probablement ses raisons pourdifférer leur convocation jusqu'à une heure aprèsmidi; sa volonté fut respectée. Il témoigna le désirde conférer avec le major de p<strong>la</strong>ce; <strong>la</strong> garde quiétait à <strong>la</strong> porte de cet officier, fut retirée aussitôt,il se rendit au gouvernement, et l'on eut bientôt


(359)lieu de s'apercevoir que son influence n'était pasdiminuée.A midi les nouvelles couleurs, que l'énergique impatiencedu public réc<strong>la</strong>mait comme une garantiepleine et entière contre <strong>la</strong> domination ang<strong>la</strong>ise,furent arborées au fort Richepancc.A une heure, les officier^ supérieurs étaient réunispour l'ouverture des paquets, dont le scellé setrouva rompu ; aucune observation ne fut faite à cesujet. Les dépêches à l'adresse de l'intendant qui,dès le matin, s'était retiré à <strong>la</strong> campagne, furentremises intactes à son secrétaire-général ; le paquetdu gouverneur était ouvert et ne contenait, avec desBulletins des Lois et des Moniteurs, qu'une lettrecommune ait gouverneur et à l'intendant (1).En se retirant le commandant en second demandales ordres du gouverneur, qui déc<strong>la</strong>ra ne vou-1815.(1) Un article , de cette dépêche , que les termes qui ysont employés ne nous permettent pas de rapporter en entier, disait : » Quant au pavillon tricolore, il convient de» ne point anticiper jusqu'à nouvel ordre, surfe moment où» les étrangers auront communiqué dans vos parages leursentiment sur sa restauration, et jusque là, vous pourrez» continuer à <strong>la</strong>isser flotter le pavillon b<strong>la</strong>nc sur les bâti-»mens français quand ils prendront <strong>la</strong> mer. » Tout leinonde sent que pour faire sa traversée , un bâtimentavait besoin d'un pavillon b<strong>la</strong>nc; combien fut fausse l'interprétationqu'on a voulu donner à cet article!


( 36o )1815. loir en donner aucun; il répondit aux instancesréitérées qui lui furent faites, que le lendemainmatin il ferait connaître sa volonté : cette singulièrehésitation s'expliquera plus tard.Des deputations nombreuses de <strong>la</strong> ville se rendirentchez le commandant en second, pour le féliciterd'avoir sauvé <strong>la</strong> colonie, et le presser de prendreen main les rênes du- gouvernement. Il résistaà leurs vives sollicitations, renouve<strong>la</strong>, en présencede beaucoup d'officiers, <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration qu'il avaitfaite à son départ de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et obtint deces députations qu'elles iraient immédiatement chezle gouverneur, pour l'engager à reprendre ses fonctions(1). Elles y furent et lui demandèrent, commeun acte indispensable à <strong>la</strong> tranquillité, le renvoide l'ordonnateur et du major de p<strong>la</strong>ce. Le gouverneur,avouant que le premier n'avait pas su se faireaimer, l'abandonna sans peine, mais il témoignale désir de conserver le major de p<strong>la</strong>ce, avec lequel(1) On a dit, dans le procès, que le commandant ensecond n'avait opéré le mouvement que par ambition,et que le gouverneur n'avait repris ses fonctions qu'à <strong>la</strong>sollicitation des habitans de <strong>la</strong> Basse-Terre et pour sauver<strong>la</strong> colonie de l'anarchie. L'auteur en appelle ici à <strong>la</strong> colonieet à <strong>la</strong> conscience du gouverneur : dans ce moment làn'eût-il pas suffi d'un geste de <strong>la</strong> part du commandant ensecond pour s'investir du pouvoir ? et n'est-ce pas au contraired'après ses instances que les diverses députationsallèrent engager le gouverneur à le reprendre?


( 361 )il était lié depuis long-temps. Les remontrances devenantplus vives, il congédia les deputations , enpromettant encore de donner sa décision le lendemainmatin.Des mouvemens séditieux se manifestèrent lesoir aux environs de <strong>la</strong> Basse-Terre, où l'on avaitréuni et armé des nègres. On dut croire que cesmouvemens avaient été sourdement excités parquelques partisans de l'étranger, pour occuper lestroupes et faciliter ainsi le débarquement des Ang<strong>la</strong>is,qu'on attendait d'un instant à l'autre. La villeétait en a<strong>la</strong>rme, elle appréhendait que <strong>la</strong> présencede l'ordonnateur et du major de p<strong>la</strong>ce n'occasionâtdesmalheurs.Le gouverneur gardait le silence; les circonstancesdevenaient de moment en moment plus difficiles,elle maintien de l'ordre étant incompatibleavec l'inaction de l'autorité, le commandant en secondse vit obligé de l'exercer immédiatement et àpropos dans cette conjoncture critique. Il écrivit augouverneur pour l'en prévenir et disposa les troupessur les points menacés; le major de p<strong>la</strong>ce fut denouveau gardé à vue; des mesures furent prisespour déjouer toute tentative contre l'ordre public;le calme fut promptement rétabli, et l'on apprit quel'ordonnateur avait disparu avec son frère : ilsavaient été joindre les Ang<strong>la</strong>is.Le 19 juin, dès 6 heures du matin, et lorsque,grâce aux événemens de <strong>la</strong> veille, toute apparencede danger , au dedans comme au dehors , avait dis-1815.


( 362 )1815paru, le gouverneur déc<strong>la</strong>ra au commandantsecond et à l'inspecteur colonial, qu'il reprenaitses fonctions. Il publia dans <strong>la</strong> matinée, une proc<strong>la</strong>mationqui annonçait, en termes pompeux, à <strong>la</strong>colonie, le devoir de se rallier au gouvernement,pour le rétablissement de <strong>la</strong> dynastie impériale (1).Il lit convoquer toutes les autorités civiles et les officiersde <strong>la</strong> garde-nationale, leur déc<strong>la</strong>ra que, cédantà leurs sollicitations, il avait repris le timon desaffaires et s'était déterminé à faire partir sous quelquesjours le major de p<strong>la</strong>ce.L'ordre de réunir les officiers du 62e fut envoyéau major du régiment, mais le colonel Vatablevou-en(1) Le commandant en second vou<strong>la</strong>it si peu attenterà l'autorité du gouverneur, et sa détermination fut si inopinémentcommandée parles circonstances, qu'il n'avaitpas même songé à préparer une proc<strong>la</strong>mation , indispensableen pareil cas. Craignant, le 19 , que le gouverneurne persistât à se retirer, il jeta à <strong>la</strong> hâte quelques phrasessur le papier, au moment d'aller prendre ses ordres, à sixheures du matin; et tout joyeux de <strong>la</strong> détermination oùil le trouva , il lui fit remarquer en quels termes f<strong>la</strong>tteursil aurait exprimé l'obligation où l'aurait mis son refus,et le respectueux silence qu'il aurait observé sur lesBourbons. Le gouverneur voulut avoir ce brouillon pourl'aider, dit-il, à rédiger sa proc<strong>la</strong>mation, et ce papier,tout raturé et sans signature, fut employé plus tard contrecelui à <strong>la</strong> confiance duquel il avait été surpris ,et devintun des instrumens de mort dont on se servit contre lui.


( 363 )lut se mettre à leur tête ; dans sa marche il fit retentir<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du champ d'Arbaud de ses acc<strong>la</strong>mations,et il vint féliciter le gouverneur d'avoir repris sesfonctions sous les nouvelles couleurs.11 était onze heures du matin, le gouverneur entouréde toutes les autorités civiles et militairespartageait l'allégresse commune, lorsque le vaisseauang<strong>la</strong>is le Vénérable,monté par le contre-amiralDurham, entra dans <strong>la</strong> rade et vint raser <strong>la</strong> terre,ayant <strong>la</strong>issé à distance deux autres bâtimens. Onreconnut qu'ils avaient à bord mille hommes detroupes réunies à <strong>la</strong> hâte. Mais <strong>la</strong> journée de <strong>la</strong> veilleavait sauvé <strong>la</strong> colonie, et cette apparition tardivene fit que servir de prétexte à une foule de conjecturessur l'hésitation qu'on avait manifestée.Les Ang<strong>la</strong>is étonnés du pavillon qu'ils voyaientflotter, envoyèrent à terre deux officiers pour direau gouverneur : que l'amiral Durham jugeant inutile,d'après les nouvelles couleurs, de lui remettreles dépêches dont il était porteur de <strong>la</strong> part deM. de Vaugiraud les avait chargés de lui offrirparticulièrement ses secours.Le gouverneur réponditqn'il remerciait l'amiral de ses offres, et leur montrantsa cocarde leur dit : Nous n'avons tous aujourd'huiqu'une opinion; vous voyez cette cocarde ,nous <strong>la</strong> défendrons jusqu'à <strong>la</strong> mort. Ces officiers seretirèrent en déc<strong>la</strong>rant qu'ils n'avaient point d'ordred'attaquer le pavillon tricolore(I).1815(I) On avait présumé que le commandant en second ne


( 364 )1815,Au même instant, le gouverneur tout radieux manifestale regret d'avoir hésité à reprendre le commandement,déc<strong>la</strong>ra que ce jour était un des plusbeaux de sa vie, et fit arborer, sur <strong>la</strong> maison du gouvernementet à <strong>la</strong> vue du vaisseau ang<strong>la</strong>is, un pavillontricolore, qu'il fit saluer de 21 coups de canon.Le même jour, 19, il fit chanter un Te Deum solenneldans <strong>la</strong> principale église de <strong>la</strong> Basse-Terre,et l'ordonna pour le dimanche suivant dans toutesles paroisses de <strong>la</strong> colonie. 11 adressa sa proc<strong>la</strong>mationaux autorités de tous les quartiers, avec unecircu<strong>la</strong>ire où l'on remarquait cette phrase : les ordresdu gouvernement nous ont fait un devoir deréarborer les couleurs nationales , et ont nécessité<strong>la</strong> journée du 18 juin qui s'est opérée sans réaction(1).Telle fut <strong>la</strong> manière dont <strong>la</strong> Guadeloupe prit partà <strong>la</strong> révolution du 20 mars.consentirait pas à se ranger sous <strong>la</strong> bannière ang<strong>la</strong>ise.Pour l'y déterminer, on lui expédia, le2o juin,un brevetde maréchal de camp, par un de ses anciens amis, coloneldes milices de <strong>la</strong> Martinique. Ce colonel en voyant flotterde loin les nouvelles couleurs, vira de bord sans communiqueravec <strong>la</strong> Guadeloupe. C'est un fait que tout le mondeconnaît à <strong>la</strong> Martinique.(1) Gazette officielle de <strong>la</strong> Martinique, du 25 juin 1815.


( 365 )CHAPITRE IV.L'intendant quitte <strong>la</strong> Guadeloupe.— Déficit dans les finances,au 18 juin.— Trois envoyés sont expédiés pourFrance à diverses époques.— Les Ang<strong>la</strong>is s'emparentdes Saintes, de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, et font <strong>la</strong> guerre auxpropriétés.— Effet de leur proc<strong>la</strong>mation du 3 août. —Espérances de <strong>la</strong> colonie.L'INTENDANT, fidèle à ses principes, avait quitté 1815<strong>la</strong> Basse-Terre, dans <strong>la</strong> matinée du 18. De <strong>la</strong> Capesterre,où il s'était retiré, il rejeta l'offre qu'on luirenouve<strong>la</strong> de continuer ses fonctions, et se renditaux Saintes. Mais en l'absence momentanée de <strong>la</strong>croisière ang<strong>la</strong>ise, un détachement y fut envoyépour' s'y établir, et l'intendant, à qui on donnal'option de rentrer et de vivre tranquille à <strong>la</strong> Basse-Terre , ou d'aller dans une île neutre, préféra partirpour <strong>la</strong> Martinique.Alors <strong>la</strong> Guadeloupe, se trouvant sans chef d'administration,voyait tous ses revenus, toutes sesressources non-seulement épuisés, et <strong>la</strong> comptabilitédans une grande confusion, mais an momentdu départ de l'ordonnateur, il existait un déficit


( 366 )1815. de 5oo,ooo fr., qui présageait sa ruine, si <strong>la</strong> journéedu 18 juin ne l'eût pas doublement sauvée.Le gouverneur, éc<strong>la</strong>iré par <strong>la</strong> funeste expériencedu passé, publia, le 20 juin, un ordre qui réunitsous son autorité immédiate toutes les attributionset tous les pouvoirs administratifs. 11 forma prèsde lui un conseil privé, composé de tous les chefsde service, et chercha avec eux les moyens de remédierau désordre, de simplifier l'administration,d'opérer des réformes nombreuses et beaucoup d'économies.Il prescrivit au commandant en second de resterà <strong>la</strong> Basse-Terre et, pour convaincre <strong>la</strong> coloniede leur bon accord, il exigea qu'il logeât chez lui,le fit remp<strong>la</strong>cer à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et affecta de lecombler de marques particulières d'attachement ,que cet officier dut croire sincères.Peu de jours après, le commandant en secondreçut une adresse, revêtue d'un grand nombre designatures de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre et de <strong>la</strong> Grande-Terre, où on le remerciait de ce qu'il avait fait,le 18 juin, pour <strong>la</strong> colonie, dont on l'appe<strong>la</strong>it lesauveur.On était alors convaincu que <strong>la</strong> révolution du 20mars était consolidée en France ; tous les bâtimensqui en arrivaient donnaient à cette opinion un caractèrede certitude, et on se f<strong>la</strong>ttait de l'espoir qu'unprompt secours de <strong>la</strong> métropole mettrait <strong>la</strong> Guadeloupeà l'abri des menaces des Ang<strong>la</strong>is, dont on necessait de l'inquiéter.


( 367 )Le 22 juin le gouverneur ; avouant <strong>la</strong> missiondonnée à M. D... d'aller en France auprès du chefde l'état, témoigna au commandant en second leregret de lui en avoir fait mystère. Le choix de cetenvoyé serait, dit-il, d'autant plus avantageux à <strong>la</strong>colonie, dans <strong>la</strong> circonstance actuelle, que d'anciennesre<strong>la</strong>tions avec un grand personnage de <strong>la</strong>cour assuraient tout succès à sa mission. Pour encacher le but-, on l'avait ostensiblement chargéd'aller simuler un achat de bestiaux à Porto-Rico,dont le major de p<strong>la</strong>ce connaissait le gouverneur,et ce gouverneur devait lui procurer <strong>la</strong> facilité dese rendre secrètement à Paris. Que devinrent lesf<strong>la</strong>tteuses espérances de M. de Linois, lorsqu'onvit M. D... rentrer à <strong>la</strong> Basse-Terre, le 3o juin?Après avoir vainement attendu pendant un mois etdemi à Porto-B.ico, sans qu'il s'offrît un seul bâtimentpour l'Europe, il s'était empressé de revenirdès qu'il avait appris le mouvement du 18 juin,comptant pouvoir partir ouvertement de <strong>la</strong> Guadeloupe, pour aller accomplir son ambassade. Maisil ne fut plus agréé; on jugea plus opportun d'investirde cette mission celui qu'elle intéressait davantage, le major de p<strong>la</strong>ce, qu'on n'avait pas encoresongé à renvoyer, et dont on pressa le départ avec<strong>la</strong> plus grande activité, parce qu'il importait de réparerau plutôt le retard de <strong>la</strong> première mission.M. Schmaltz fut donc publiquement revêtu ducaractère d'envoyé, pour aller annoncer en Francel'adhésion de <strong>la</strong> colonie aux actes du gouvernement1815


( 368 )1815.impérial. Il fut chargé de dépêches, de protestationsde zèle et d'amour par les mêmes hommesqui cherchaient alors à faire tourner à leur avantageparticulier l'événement du 18 juin, et qui, plustard, l'imputèrent à crime au commandant en second.Le colonel du 62e lui délivra un pompeuxcertificat d'attachement à Napoléon et à sa dynastie,signé par divers de ses officiers , et légalisé par l'autoritécompétente.Pour porter en France cet officier, on fréta, auxfrais de <strong>la</strong> colonie , et au prix de 6,000 gourdes(32,4oo fr.), une goélette française, fine voilière,du nom de Marie-Louise. Afin de pallier cette dépense, d'assurer un bon accueil à l'envoyé, et pourdonner à sa mission une apparence d'utilité publique, on acheta, d'un négociant de <strong>la</strong> Basse-Terre, un chargement de 35,522 kilogrammes debois de gayac, qui ne devait être payé qu'eu France,et qu'on adressa au ministre Decrés pour le servicedes ports , qui en manquaient. Tous ces détails furentconsignés sur les registres de l'administration.Ainsi pourvu de dépêches, de certificats, de recommandationset de bois de gayac, l' ambassadeurSchmaltz mit à <strong>la</strong> voile, le 4 juillet, de <strong>la</strong> Basse-Terre, après avoir soigneusement caché et scellétous les paquets dont il était porteur pour les ministresde Napoléon, afin de les soustraire aux Ang<strong>la</strong>isqui auraient pu l'arrêter ( 1 ) .(1) Schmaltz arriva en France, à <strong>la</strong> fin de juillet, mais


( 369 )A peine était-il parti, qu'on fut inquiet sur son 1815,ayant eu connaissance de <strong>la</strong> seconde restauration, tousses paquets furent jetés à <strong>la</strong> mer, le nom d'Intrépide futsubstitué à celui de Marie-Louise, que portait sa goélette;et il s'annonça comme un banni de <strong>la</strong> Guadeloupe, parle commandant en second révolté, à cause de son attachementà <strong>la</strong> cause royale. Partout il fut reçu avec intérêt;au ministère de <strong>la</strong> marine on s'empressa de le p<strong>la</strong>cer dans<strong>la</strong> direction dos colonies, malgré les rapports qu'on avaitenvoyés contre lui. C'est là que, nanti d'un duplicata de <strong>la</strong>correspondance du gouverneur, à <strong>la</strong>quelle il avait seultravaillé, et des documens qu'il eut <strong>la</strong> faculté d'explorerdans tous les bureaux, il passa près d'un mois à fabriquer,au nom de M. de Linois, un mémoire accusateur; changeantainsi, de sa propre autorité, suivant les circonstanceset son intérêt personnel, une mission solennelled'adhésion à un gouvernement qui avait cessé d'exister,en une mission d'accusation contre un homme absentqui ne pouvait se défendre. Ce qu'il y a déplus étonnant,c'est que son mémoire fut accueilli, le 24 août, par leministre Dubouchage, qui le transmit au conseil de guerre,comme le témoignage le plus authentiquecontre lecommandant en second; et que ce même M. Schmaltz,parti de <strong>la</strong> Guadeloupe, non plus comme proscrit, maiscomme envoyé reconnu et avoué, parti, disons-nous, le4 juillet, et ignorant par conséquent <strong>la</strong> bataille de Waterloo, osa dire au conseil de guerre, dans sa déposition,que, renvoyé comme royaliste de <strong>la</strong> Guadeloupeil ne l'avaitinsurgée,quittée que pour aller offrir ses services auroi, en Belgique ! Cette assertion devait cependant paraîtreIII, 24


( 370 )1815.compte; on craignit que les Ang<strong>la</strong>is, dont <strong>la</strong> surveil<strong>la</strong>nceétait très-active, n'eussent arrêté son bâtiment,et que cette mission, à <strong>la</strong>quelle on attachait<strong>la</strong> plus haute importance, n'éprouvât le sortdé <strong>la</strong> première. On vou<strong>la</strong>it à tout prix convaincrele gouvernement impérial des sentimens dont onétait animé; celui qui en serait chargé ne pouvaitêtre revêtu de trop de caractère ; le gouverneurpensa que le capitaine Linois, son fils et son aidede-camp, s'en acquitterait avec tout le succès désiré, et que le pavillon neutre des Américains pourraitseul assurer son arrivée en France. Le départde cet officier fut conséquemment arrêté, aux fraisde l'administration coloniale , sur un bâtiment desEtats-Unis.Pour donner plus de solennité à sa mission, ondemanda à toutes les autorités civiles et militairesdes deux villes, des adresses de félicitation au chefdu gouvernement français.étrange au ministre, puisque les bois de Gayac,adressésau duc Decrès, que M. Schmaltz ne portait sans doutepas à Gand , et qui avaient été déposés, le 29 août, danslès magasins de <strong>la</strong> marine à Bordeaux, étaient alorsl'objet des refus de son excellence. M. le vicomte Dubouchagene vou<strong>la</strong>it pas les admettre en recette, non pascomme étant expédiés par une administration révoltée,mais parce qu'ils avaient été reconnus de très-mauvaisequalité. Il ne se détermina à les recevoir que le 22 décembre1817.


( 371 )Le colonel Vatable se distingua dans cette circonstance;il fit signer à son corps d'officiers, même1815à ceux de garde, une adresse bril<strong>la</strong>nte à Napoléon,à <strong>la</strong>quelle il joignit une demande de croix d'honneurpour plusieurs de ces officiers (1).(1) Ce dévouement n'était pas nouveau , il l'avait signalépour tous les gouvernemens qui se sont succédés.Son enthousiasme en 1795, pour l'ordre de choses existantalors, le fit nommer sous-lieutenant d'une compagniedu bataillon des Antilles , dit des sans-culottes , parVictor Hugues ; et le premier usage qu'il fit de sa faveur,fut de faire déporter son capitaine, aujourd'hui le maréchalde camp Roche, en retraite à Paris, et qui aépousé <strong>la</strong> nièce de l'archevêque de Tarente. En 1804 , ilfit plus; on trouve dans le Moniteur du 6 brumaire an )5(28 octobre 18o4), une adressé virulente contre lesBourbons, signée Vatable, chef de bataillon, commandantde p<strong>la</strong>ce; elle est aussi insérée avec plus de détailsdans <strong>la</strong> Gazette officielle de <strong>la</strong> Guadeloupe du 12 messidoran 12 (18 juillet 1804). D'après ce<strong>la</strong> on peut jugerde ses démonstrations en 1815 ; on a vu sa conduite le19 juin ; dès le 22 il donna ordre, sans avoir recu<strong>la</strong> moindreinsinuation"! cet égard, de faire disparaître de tous leseffets de son régiment les insignes du gouvernement royal;on connaît le fameux certificat qu'il donna à Schmaltz;l'adresse dont il chargea le capitaine Linois, est le derniertrait qui le caractèrise. C'est cependant ce colonel qu'ona représenté, lors du conseil de guerre, comme un preuxchevalier, inébran<strong>la</strong>ble dans ses sentimens de fidélité auxBourbons; que lé commandant en second al<strong>la</strong>it faire


( 372 )1815.Le fils du gouverneur mit à <strong>la</strong> voile le 2 4 juillet,porteur de toutes ces adresses et d'un duplicatades dépêches dont Schmaltz avait été chargé (1).Cependant, les Ang<strong>la</strong>is avaient débarqué 3oohommes aux Saintes , dans <strong>la</strong> nuit du 5 au 6 juillet,et, tout en assurant qu'ils n'avaient point d'ordrede commettre des hostilités, ils en avaient prispossession, en retenant prisonniers le détachementet le capitaine d'artillerie qui y commandait.Ils resserrèrent le blocus de <strong>la</strong> Guadeloupe, interceptèrentses communications, et surent fort bienalors n'y <strong>la</strong>isser pénétrer de l'extérieur d'autres nou­fusiller, pour n'avoir voulu prendre aucune part à <strong>la</strong> révolutiondu 2 0 mars, et pour s'être refusé à porter <strong>la</strong>cocarde tricolore. C'est le même colonel dont parle avecun pompeux éloge l'Almanach historique, cité dans <strong>la</strong>note essentielle mise en tête de ce volume.(1) Lo capitaine Linois, inaccessible à tout autre sentimentqu'à celui de l'honneur, se contenta de faire disparaîtreses dépêches, et ne voulut pas être plus prévoyant.11 préféra se mettre dans l'impossibilité de justifier sonretour de <strong>la</strong> Guadeloupe , aussi fut-il détenu pendantdix jours dans <strong>la</strong> prison de l'abbaye à Paris. Ce<strong>la</strong> n'empêchacependant pas un témoin, à charge contre lecommandant en second, de dire au conseil de guerre qu'ilcroyait avoir vu dans les mains de cet officier, aux États-Unis, des dépêches de son père pour le roi. Ce témoignageunique était en contradiction trop évidente avec les faitspour qu'on eût besoin de le relever alors.


( 373 )Velles que celles qu'il leur convenait, pour l'entretenirdans sa sécurité sur le maintien de <strong>la</strong> paix. Ilsy pratiquèrent des intelligences, et tramèrent toutessortes de machinations , pour fomenter <strong>la</strong> discordeet faire soulever les quartiers où ils avaient desagens dévoués.Sans déc<strong>la</strong>ration de guerre, sans significationpréa<strong>la</strong>ble, ils s'emparèrent de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, le18 juillet, au nom du roi George , et y arborèrentle pavillon ang<strong>la</strong>is.Ils <strong>la</strong>issèrent librement entrer à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,le 27 juillet, un navire français parti de <strong>la</strong> Ptochellele 9 juin, que leur croisière d'Europe avait retenuà l'île d'Yeu jusqu'au 16, et n'avait relâché qu'aprèslui avoir enlevé ses lettres et ses papiers, àl'exception du rapport sur l'entière pacification de<strong>la</strong> Vendée, etcles gazettes, du 2 juin, contenant lesdétails de <strong>la</strong> journée du Champ de mai.Pendant que ce bâtiment confirmait les espérancesde paix et annonçait, d'après ce que lesAng<strong>la</strong>is lui avaient dit, que le 16 juin aucune hostilitén'avait eu lieu; que <strong>la</strong> France était puissante,ses préparatifs de guerre immenses et présageaient<strong>la</strong> victoire si les étrangers l'attaquaient, les Ang<strong>la</strong>isexerçaient sur les côtes de <strong>la</strong> Guadeloupe d'odieusespirateries.Le 28 juillet, ils opérèrent un débarquementpartiel à Saint-François, et attaquèrent ce bourg,pour enlever trois caboteurs chargés de denréesappartenant à des particuliers ; mais le brave com-1815.


1815.( 374 )missaire de ce quartier réunit à <strong>la</strong> hâte les habitans,repoussa les agresseurs, leur fit éprouver des pertes, et les contraignit à se rembarquer.Le lendemain ils sommèrent le bourg de Sainte-Anne de leur remettre deux autres caboteurs, quiétaient dans <strong>la</strong>rrade, chargés de sucre. Ayant essuyéun refus, ils tirèrent à mitraille sur le bourg, ycausèrent des ravages, et les habitans ne durent qu'àleur attitude imposante de ne pas les voir tenter undébarquement.La colonie ne pouvait s'expliquer cette guerreaux propriétés, qui <strong>la</strong> reportait à des époques de,barbarie, et attendait de <strong>la</strong> métropole les instructionset les secours dont ou ne cessait de <strong>la</strong> bercer.Ses anxiétés, étaient d'autant plus pénibles que leparti ang<strong>la</strong>is s'agitait dans tous les sens et inspiraitles plus vives craintes (1).Le 3 août un parlementaire, sorti des Saintes,vint porter au gouverneur une lettre et une proc<strong>la</strong>mation, monument d'orgueil, d'astuce et d'abusde <strong>la</strong> force ; elle exigeait que les troupes missent(1) Copenhague attaquée et incendiée pendant <strong>la</strong> paixde 1808, <strong>la</strong> flotte danoise et les munitions navales enlevées;Cadix bombardée au moment où le fléau de <strong>la</strong> fièvrejaune dévorait ses infortunés habitans; le capitole, <strong>la</strong>bibliothèque et les établissemens de Washington livrés auxf<strong>la</strong>mmes tout récemment, et tant d'autres actions semb<strong>la</strong>bles,étaient-elles faites pour rassurer <strong>la</strong> Guadeloupesur les intentions des prétendus phi<strong>la</strong>ntropes de <strong>la</strong> Tamisé !


(375)bas les armes, pour être envoyées en France, prisonnières, à <strong>la</strong> disposition du duc de Wellington.Les partisans des Ang<strong>la</strong>is furent affligés de cette proc<strong>la</strong>mation,qu'ils croyaient n'être qu'une ma<strong>la</strong>dresse;c'était une perfidie. Ses auteurs, craignantque <strong>la</strong> colonie, en recevant des nouvelles certainesde France, ne s'empressât de se rallier au drapeaub<strong>la</strong>nc, et ne les frustrât de <strong>la</strong> proie qu'ils s'étaientpromise, avaient voulu soulever son indignation.Il leur fal<strong>la</strong>it des victimes et des dépouilles ; aussiles officiers ang<strong>la</strong>is refusèrent-ils de montrer lesjournaux de France qu'ils assuraient avoir jusqu'à<strong>la</strong> date du 20 juin ; et quelle foi donner à <strong>la</strong> nouvellecontenue dans cette proc<strong>la</strong>mation (<strong>la</strong> bataillede Waterloo), elle était en contradictionmanifeste avec celles apportées par le bâtimentfrançais, arrivé le 27 juillet? Comment croire à <strong>la</strong>sincérité de l'attachement des Ang<strong>la</strong>is aux Bourbons,d'après ce que nous avons vu d'eux à toutes les époques(1), surtout à <strong>la</strong> reprise de possession en 1814?Le gouverneur irrité renvoya le parlementaireen le chargeant, en réponse, d'une proc<strong>la</strong>mationet d'un arrêté pris à l'instant même, que justifiaitassez le ton de <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation des Ang<strong>la</strong>is et<strong>la</strong> crainte d'une défection, qu'il espérait prévenir1815.(1) Consulter les proscriptions de M. Bignon, vol. 1ER,page 185.


1815( 376 )par des menaces dont son coeur était loin de vouloirfaire l'application (1).Le lendemain 21 voiles ang<strong>la</strong>ises allèrent mouillerau Gozier, firent quelques démonstrations dedébarquement, et sommèrent <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre dese rendre. Sur son refus, ces forces regagnèrent lesSaintes, le 5 août. Cette tentative acheva de persuaderà <strong>la</strong> colonie qu'on n'avait d'autre but que del'intimider, et que les Ang<strong>la</strong>is n'oseraient faireaucune attaque sérieuse pendant l'hivernage, d'après<strong>la</strong> défense de leur gouvernement, d'entreprendreaucune expédition pendant cette saison dangereuse.Dans cet intervalle <strong>la</strong> Guadeloupe espérait recevoirdes ordres ou des nouvelles qui mettraient unterme à ses incertitudes. Dévouée de tout temps à <strong>la</strong>France, le motif qui l'avait portée à quitter momentanémentle drapeau b<strong>la</strong>nc , le lui aurait fait reprendreavec joie; peu de jours auraient suffi pour amenerce changement, mais ses ennemis n'avaient gardedeles lui accorder ; les Ang<strong>la</strong>is et leurs partisans nevou<strong>la</strong>ient pas <strong>la</strong>isser échapper l'occasion de satisfaireleur cupidité et leur vengeance.(1) Cet arreté prononçait <strong>la</strong> peine capitale contre quiconquefavoriserait l'attaque des Ang<strong>la</strong>is.


( 377 )CHAPITRE V.Lettre du colonel du 62 e , lue en comité général.—Suspensionde cet officier.— Avis qu'il donne au gouverneur del'arrivée des Ang<strong>la</strong>is Dispositions de défense Attaqueet prise de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Intrigues contre lecommandant en second.—Départ des prisonniers françaispour l'Europe.MALGRÉ l'arrêté du gouverneur, les intelligenceset les communications avec les Saintes devenaientde jour en jour plus fréquentes, et des rassemblemensse préparaient sur plusieurs points de <strong>la</strong> colonie.La conduite du colonel Vatable n'était déjàplus <strong>la</strong> même; nouveauprotée, il avait changé avecl'horizon politique, et tout semb<strong>la</strong>it annoncer qu'ils'était rejeté dans le parti ang<strong>la</strong>is. Le gouverneur,que le commandant en second avait plusieurs foisentretenu des soupçons qui p<strong>la</strong>naient sur lui, nepouvait y croire, d'après les assurances de dévouementdonnées par ce colonel qui, peu de jours auparavant,lui avait affirmé sur sa parole d'honneur,n'avoir aucune re<strong>la</strong>tion avec celui des habitans de <strong>la</strong>1815.


( 378 )1815.Guadeloupe qu'on croyait le plus dévoué aux ang<strong>la</strong>is.Une lettre du colonel à ce même habitant,que le commandant en second porta, le 6 août aumatin, au gouverneur-, lui dessil<strong>la</strong> les yeux; il s'écriaen <strong>la</strong> lisant, oh! pour ceci c'est trop c<strong>la</strong>ir, c'estd'une évidence manifeste (1).Ce colonel, les trois officiers supérieurs de sonrégiment, le comité administratif et de défense,qui se réunissait fréquemment chez le gouverneur ,furent convoqués sur-le-champ , pour leur donnerconnaissance de cette lettre (2).(1) Cette lettre remisé, à l'instant même, au commandanten second-, par un officier qui <strong>la</strong> tenait du P<strong>la</strong>ntonchargé de <strong>la</strong> porter à son adresse, contenait ces mots :» J'ai l'ordre positif de faire rentrer le grenadier qui trailvaille chez vous; envoyez-le au camp et je vous le ren-» verrai quand il en sera temps. La proc<strong>la</strong>mation ma<strong>la</strong>-» droite des généraux ang<strong>la</strong>is a presque tout gâté, écrivez-»moi ce que vous en savez etc. ».(2) A ce comité assistèrent le gouverneur., le commandanten second, le colonel Vatable, les trois chefs debataillon du 62 e , le commandant de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce, les deuxchefs de bataillon de <strong>la</strong> garde nationale de <strong>la</strong> Basse-Terre,les deux capitaines commandans de l'artillerie et du génie,le chef de l'administration, l'inspecteur colonial et le trésorier.La lettre étant lue, le commandant en second ditau colonel que d'après ce qu'elle contenait et sa correspondanceavec <strong>la</strong> Martinique , dont on avait <strong>la</strong> conviction,il paraissait évident que si les Ang<strong>la</strong>is attaquaient <strong>la</strong> co-


( 379 )A l'issue de cette réunion, le gouverneur voulut1815»Her lui-même au fort et au camp lire aux troupes,lonie, on ne pouvait pas compter sur lui. M. Va<strong>la</strong>ble fitun long éta<strong>la</strong>ge de ses anciens services sous le régimeimpérial et de son dévouement actuel, pour repoussestoute idée qu'il pouvait le trahir; il donna sa paroled'honneur qu'il n'avait reçu aucun paquet de <strong>la</strong> Martinique;se montra vivement blessé d'avoir été ainsi mandé et interpellédevant des administrateurs et surtout devant deuxofficiers de <strong>la</strong> garde nationale. On lui répondit que quoiqu'ilméritât peut-être l'application des mesures prescritespar l'arrêté du gouverneur, ces messieurs n'avaient étéappelés que- pour entendre <strong>la</strong> lecture de sa lettre, afin que<strong>la</strong> colonie fût bien instruite de sa conduite; mais qu'onne vou<strong>la</strong>it pas autre chose; et eri effet, il est bien évidentqu'il n'était pas là devant un conseil de guerre. Il ne vintà l'idée de qui que ce fût de proposer son arrestation ousa mise en jugement. Tout était'fini et on al<strong>la</strong>it se séparer,lorsque le gouverneur prenant <strong>la</strong> parole, lui prescrivitde se rendre au fort, d'y garder les arrêts , et le suspenditde ses fonctions de commandant du 62 e , en attendant lesordres du ministre auquel il al<strong>la</strong>it en référer,M. Vatable étant sorti des arrêts le soir même, à <strong>la</strong>demande du commandant en second, on est encore à concevoircomment ce colonel a osé dénaturer ces faits, affirmerqu'on était au moment de le fusiller pour son dévouementauxBourbons, et qu'il ne dut <strong>la</strong> vie qu'aux Ang<strong>la</strong>is !Toutefois il faut dire ici que pressé de questions sur cepoint,dans le débat public du 11 mars 1816, M. Vatableéluda adroitement toute contradiction en priant le conseil


( 38o )1815. <strong>la</strong> lettre de leur colonel et leur annoncer sa suspension.A 4 heures du soir, les officiers du fort vinrent,à l'insinuation de leur chef, demander saréintégration ; le gouverneur s'y refusa, mais, surl'intervention du commandant en second, il levales arrêts du colonel, lui permit d'aller en ville, eteut, dit-on, le lendemain malin, avec lui, une conférenceparticulière dans une pièce de cannes à sucre.Dans <strong>la</strong> journée du 7 août, on reçut, de <strong>la</strong>Pointeà-Pître,une gazette ang<strong>la</strong>ise delà Barbade, contenantle rapport du duc de Wellington, sur <strong>la</strong> bataillede Waterloo. Le soir, M. Vatable se renditchez le gouverneur, et eut, pour <strong>la</strong> seconde fois, aveclui, une très-longue conférence. Il en 'sortait à 9heures , lorsque le commandant en second s'y présenta;le gouverneur lui dit que ce colonel étaitvenu réc<strong>la</strong>mer avec instance le commandement deson corps; que sur son refus, il lui avait remis deuxlettres particulières ainsi qu'une gazette de <strong>la</strong> Martinique, contenant les détails de ce qui se passait enFrance, (1)etluiavait annoncé que le lendemain madelui épargner des détails qui lui étaient personnels etpénibles à rappeler.(1) Ce n'étaient pas les premières lettres que ce colone<strong>la</strong>vait reçues; le bruit courait qu'il avait été engagé, par deslettres antérieures, à embarquer le gouverneur et le commandantensecond, et qu'il attendait l'occasion d'exécuterce projet. Le commandant en second avait reçu lui-même


( 381 )tin 8 août, les Ang<strong>la</strong>is attaqueraient <strong>la</strong> colonie et opéreraienttrois débarquemens, l'un à <strong>la</strong> Capesterre,1815.l'autre aux Trois rivières, et le troisième au Baillif.( Ce qui eut lieu comme il l'avait dit.)Ces. faits, en donnant <strong>la</strong> preuve des intelligencesdu colonel avec les étrangers, p<strong>la</strong>çaient le gouverneuret le commandant en second dans <strong>la</strong> position<strong>la</strong> plus critique.On s'était occupé de tous les préparatifs de défenseque pouvaient permettre le dénuement de <strong>la</strong>colonie, <strong>la</strong> pénurie d'armes, de munitions, et lemanque absolu de pièces de campagne (1). Lesspoliations des Ang<strong>la</strong>is n'avaient permis d'armer quequelques batteries à <strong>la</strong> Basse-Terre et à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre; toutes les autres, autour de l'île, étaient détruites.On avait essayé de former une compagnie desgens de couleur affranchis, ayant servi dans lesde <strong>la</strong> Martinique, le 28 juillet, par <strong>la</strong> voie des Sainteset des Trois-Rivières, l'invitation par écrit d'embarquerM. de Linois et de se déc<strong>la</strong>rer gouverneur enréarborant les couleurs b<strong>la</strong>nches, seul moyen de sefaire pardonner <strong>la</strong> journée du 18 juin; il communiquasur le champ cette dépêche h M. de Linois qui lui dit :Tout te monde n'a pas <strong>la</strong> même franchise que vous.(1) Depuis <strong>la</strong> reprise de possession on n'avait reçu,pour toutes armes, que 1500 fusils qu'on avait été obligéde disseminer parmi <strong>la</strong> garde nationale de tous les quartierset des diverses îles dépendantes de <strong>la</strong> Guadeloupe,


( 382 )1815.derniers temps de l'admmistration française,et donton pouvait réc<strong>la</strong>mer encore quelque service pourl'obtention définitive de leur diplôme ; mais ils nese présentèrent qu'au nombre de trente ou quarante,et on eut à peine ce qu'il fal<strong>la</strong>it pour en armer eten habiller <strong>la</strong> moitié.Personne n'eut l'idée d'appeler aux armes <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionesc<strong>la</strong>ve ; c'eût été l'arrêt de mort de tousles b<strong>la</strong>ncs; et s'il y eut des noirs réunis et armés danscertains quartiers , ils le furent par quelques p<strong>la</strong>nteurs,d'intelligence avec les Ang<strong>la</strong>is (1).Les craintes même que cette conduite inspirait,et les ravages partiels de l'ennemi, obligèrent de disséminerles. forces dont on pouvait disposer; <strong>la</strong>compagnie d'artillerie était répartie dans les batteriesde <strong>la</strong> Basse-Terre et de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître;celle des ouvriers du génie était dans les deux villes.Le 62° régiment, réduit à 1100 hommes dont100 étaient à l'hôpital ou éclopés, avait quatre. compagnies à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, une à <strong>la</strong> Capes terre,une aux trois rivières, et deux dans le fort Richepance;les autres étaient en réserve au camp deBeau-Soleil(1) On a cependant voulu persuader à d'augustes personnages,à Paris, que le commandant en second avaitinsurgé les esc<strong>la</strong>ves et s'était mis à leur tête contre lesroyalistes !!! Mais tout, dans les débats publics, à tenduà détruire une accusation aussi odieuse, elle fut repoussée.


( 383 )Les hommes de <strong>la</strong> garde nationale des quartiers 1815sous le vent, qu'on avait pu armer, étaient réunisau Baillif, au nombre de 15o.Celle de <strong>la</strong> Basse-Terre avait 3oo hommes disponiblespour marcher avec le 62° régiment.Celle des quartiers du vent formait, au-dessusde <strong>la</strong> rivière du Coin, un camp de 400 hommes,dit le camp de Paul, auquel devait se réunir, au signald'a<strong>la</strong>rme, <strong>la</strong> garde nationale de <strong>la</strong> Grande -Terre, et les quatre compagnies du 62e qui étaientà <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,. La ville de <strong>la</strong> Pointe-à-Pîtreétait défendue par 3oo hommes campés au Gozier,et par 327 hommes, à Fleur-d'Epée. Le commandantde <strong>la</strong> Grande-Terre et du camp Paul, avaitreçu l'ordre d'être en mesure, dès que le mouvementde l'ennemi serait prononcé, pour marcher avectoutes les forces qu'il aurait pu rassembler, et venirse réunir à <strong>la</strong> réserve de <strong>la</strong> Basse-Terre ; c'était surcette réunion que reposait l'espoir de <strong>la</strong> colonie;Cet officier avait annoncé que ses dispositionsétaient faites pour exécuter cet ordre.Tel était le nombre et <strong>la</strong> répartition des forcesque <strong>la</strong> Guadeloupe avait à opposer aux Ang<strong>la</strong>is (1).Elles auraient pu suffire, si elles n'eussent pas été paralyséespar des circonstances extraordinaires etpar les intelligences secrètes de l'ennemi avec quelqueshommes influens.(1) Dans leur rapport, les Ang<strong>la</strong>is eurent <strong>la</strong> jactance deles faire monter à 6000 hommes armés.


1815( 384 )Dans <strong>la</strong> journée du 7 août, les troupes du campde Paul s'étaient portées en avant de Sainte-Marie,d'où elles avaient <strong>la</strong> facilité d'observer tous les mouvemensque l'ennemi pouvait faire aux Saintes.Après <strong>la</strong> confidence de l'attaque, faite au gouverneurpar le colonel Vatable, l'ordre fut expédié, le soirmême, au commandant du camp de Paul, de négligerles démonstrations que l'ennemi pourrait, fairevers <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, et de se porter de suite contrele premier débarquement qui devait s'opérer le lendemainmatin vers l'anse Saint-Sauveur. Les troupesde ce camp n'étaient alors qu'à une faible distancede cette anse, et les nombreux accidens deterrain qu'offre toute cette partie , lui présentaientles chances d'un combat favorable, ou assuraientau moins sa retraite vers <strong>la</strong> Basse-Terre. Cet ordreparvint à deux heures après minuit, et on y réponditpar <strong>la</strong> promesse de s'y conformer scrupuleusement.Le 8 août, dès 7 heures du matin, le canon d'a<strong>la</strong>rmese fit entendre. Au bruit d'une vive canonadedes Ang<strong>la</strong>is vers <strong>la</strong> Capesterre, le commandanten second se porta au galop au bourg des TroisRivières, où il trouva <strong>la</strong> garde nationale de <strong>la</strong> Rivière-Saléequi avait été obligée de s'y retirer. Ilcontinua à s'avancer, croyant aller à <strong>la</strong> rencontredes troupes du camp de Paul; mais au détour dupremier morne, il se trouva en face d'une colonneang<strong>la</strong>ise de 1500 hommes , débarquée à l'anse Saint-Sauveur , sous <strong>la</strong> protection de 72 bâtimens de toute


( 385 )grandeur qui se dirigeaient le long de <strong>la</strong> côte, vers<strong>la</strong> grande-anse des Trois-Rivières. Le commandantdu camp de Paul ne s'était point porté contre ledébarquement, il s'était contenté d'y envoyer <strong>la</strong>garde nationale de <strong>la</strong> RiVère salée, et une compagniede gens de couleur de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître qui sebattit avec courage, mais elle fut forcés de se repliersur le camp dont on n'entendit plus parler.Les bâtimens ang<strong>la</strong>is vinrent aussitôt se mettreen travers dans <strong>la</strong> Grande-Anse, et diriger leur feucontre trois compagnies que le commandant en secondréunit à <strong>la</strong> bâte sur <strong>la</strong> côte. P<strong>la</strong>cées en amphithéâtresur ce terrain découvert et sans abri, enfiléessur leurs f<strong>la</strong>ncs par des bricks et des chaloupes canonières,et prises à revers par <strong>la</strong> colonne de1,5oo hommes, il fut impossible de se maintenirdans cette position ; on se replia vers <strong>la</strong> Basse-Terre et les Ang<strong>la</strong>is opérèrent à <strong>la</strong> Grande-Anse unautre débarquement de cinq mille hommes.Ces forces de terre et de mer , tirées du continentseptentrional de l'Amérique et des îles ang<strong>la</strong>ises,étaient parties de <strong>la</strong> Barbade, le 31 juillet, pour serendre aux Saintes , tandis que les troupes de <strong>la</strong>Martinique , de Sainte-Lucie, de Demérari et de <strong>la</strong>Dominique se réunissaient au même point, sousles ordres des généraux Murrai, Shipley, Stehelin,Johnston et Doug<strong>la</strong>s, et sous le commandementdu général en chef James Leith et de l'amiral Durham.Trois bâtimens français, envoyés de <strong>la</strong> Martinique,l'Actéon, le Diligent et le Messager, se failli.251815.


1815.(386 )saient remarquer au premier rang de l'escadre ennemie par <strong>la</strong> vivacité de leur feu- et cependant leroi n'avait pas voulu qu'aucun prince de sa famille,qu'aucun de ses serviteurs fidèles restés près de lui,parût dans les rangs de l'étranger (1);Dans de telles conjonctures, pourquoi n'avoirpas publié officiellement les événemens de France?Pourquoi n'avoir pas donné à une colonie, qui s'esttoujours signalée par son attachement à <strong>la</strong> mèrepatrie,l'alternative et le choix delà guerre avec lepavillon étranger ou de <strong>la</strong> paix avec le pavillon deP'rance? Le choix n'eut pas été douteux, le pavillonb<strong>la</strong>nc offert seul à <strong>la</strong> Guadeloupe comme unebannière de paix, aurait été reçu dans cette colonie,de même qu'il l'avait été en 1814, puisqu'il était lesigne de ralliement sous les mêmes lois. Mais letraîner à <strong>la</strong> suite des flottes britanniques , le mettresous les ordres d'un amiral ang<strong>la</strong>is, l'appuyer de <strong>la</strong>mitraille de l'ennemi le plus imp<strong>la</strong>cable de <strong>la</strong> Guadeloupe, n'était - ce pas manquer le but qu'on devaitse proposer, n'était-ce pas mettre cette coloniedans <strong>la</strong> nécessité de résister, n'était-ce pas trahir <strong>la</strong>volonté du roi ?Le commandant en second se hâta d'envoyer àPautrizel ce qu'il put rassembler de garde nationalepour défendre cette position. Mais une colonne(1) Voir <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation du a8 juin 1815, dans l'appendicequi est à <strong>la</strong> fin de ce volume.


( 387 )ang<strong>la</strong>ise, de 800 hommes, dirigée par des habitans ,s'y porta pour l'attaquer, et d'abord repoussée dansle passage des gorges, parvint bientôt à s'en emparer.La Basse-Terre se trouvant ainsi séparée de <strong>la</strong>majeure partie de ses forces et de ses ressources , nepouvait plus résister aux coups d'un ennemi puissantet favorisé par quelques habitans de <strong>la</strong> campagnequi venaient lui offrir leurs personnes pourles guider, leurs nègres, leurs bestiaux et tous lessecours dont il pouvait avoir besoin. Un effort vigoureuxtenté de nuit avec ce qui restait de troupesdisponibles, contre cet ennemi nombreux, maisencore mal établi dans les positions Venture etLauriol, pouvait seul faire espérer, sinon de lerejeter sur ses vaisseaux, du moins de gagner assezde terrain pour opérer une jonction avec le campde Paul, qu'on supposait s'être porté sur le f<strong>la</strong>ncdes Ang<strong>la</strong>is. En cas de non-succès, on aurait puprendre à revers <strong>la</strong> colonne de Pautrizel en <strong>la</strong> faisantattaquer simultanément de front par le Palmiste, etsi l'on succombait du moins c'était avec honneur.Le commandant en second courut, à six heuresdu soir, demander au gouverneur l'autorisation detenter cet effort : il le trouva ma<strong>la</strong>de. Cependant i<strong>la</strong>ccueillit ce projet avec empressement, et promitde venir prendre part au mouvement.Toutes les dispositions étant ordonnées, le commandanten second partit à 8 heures et demie dusoir, à <strong>la</strong> tête de 800 hommes, tant du 62e que de1815,


( 388 )1815 <strong>la</strong> garde nationale de <strong>la</strong> Basse-Terre, qui témoignaient<strong>la</strong> plus vive ardeur. Un détachement de200 hommes de bonne volonté, partit pour aller seréunir au Palmiste, à <strong>la</strong> garde nationale qui avait,été repoussée le matin, afin d'attaquer au signalconvenu , le morne Pautrizel. Une pluie d'hyververnagene cessa de tomber par torrens, et ceuxqui connaissent les colonies, jugeront tout ce quecette marche eut de pénible à travers des cheminsaffreux, qu'un déluge d'eau et une obscurité profonderendaient impraticables. On n'arriva à Doléqu'à une heure après minuit; <strong>la</strong> moitié des hommesn'avait pu suivre et était restée en arrière. Aumoment de se former pour marcher sur l'ennemi,à <strong>la</strong> baïonnette, tous les officiers supérieurs et lescapitaines , deux exceptés, représentèrent au commandanten second que dans l'état où se trouvaientles troupes, on ne pouvait pas songer à les engager;que harrassées et découragées, elles ne se reconnaîtraientpas entre elles et s'exposeraient à tirer lesunes sur les autres ; le plus grand désordre pourraitêtre le résultat de cette attaque. Au même instant,le gouverneur le fit appeler dans une case voisine,où il venait d'arriver. Le commandant en second s'yrendit aussitôt espérant que <strong>la</strong> présence du premierchef al<strong>la</strong>it électriser les troupes ; sa surprisefut grande lorsque le gouverneur lui dit, devantquelques témoins , que lui aussi n'était plus d'avisd'attaquer, et qu'il fal<strong>la</strong>it renoncer à ce projet ; ilrepartit un instant après, sans donner aucun ordre,


( 389)aucune instruction. Le capitaine de gendarmerieVincent dit, à haute voix, au commandant en second, qu'après avoir sondé les esprits, il voyaitbien qu'on ne vou<strong>la</strong>it pas se battre. Ainsi s'évanouitl'espoir de repousser les Ang<strong>la</strong>is ; le commandanten second reconnut alors toute <strong>la</strong> grandeur du sacrificepersonnel qu'il avait fait à <strong>la</strong> colonie, le 18 juin ;les nouvelles de <strong>la</strong> perte de <strong>la</strong> bataille de Waterloo,les résultats qu'elle devait avoir, ne permettaientplus de se faire illusion. Les soins que chacun prenaitdéjà de se ménager des excuses désillèrent sesyeux, et il ne put se dissimuler que sur sa tête seuleal<strong>la</strong>it peser tout le poids du mouvement qui s'étaitopéré à <strong>la</strong> Guadeloupe. Mais comme aucune ambition,aucun intérêt personnel n'avait dirigé ses actions,ce qu'il avait voulu le 18 juin, il le vou<strong>la</strong>it encorele 8 août ; c'était le salut de <strong>la</strong> Guadeloupe. Nepouvant plus <strong>la</strong> garantir du joug des Ang<strong>la</strong>is, ildédaigna le soin de leur disputer sa tête, ne songeajusqu'à <strong>la</strong> fin qu'à préserver <strong>la</strong> colonie de toutébranlement, et à préparer ceux que révoltait <strong>la</strong>présence de l'étranger, à se soumettre à l'empiredes circonstances.La position de Dolé se trouvant en l'air par l'occupationde Pautrizel, et l'ennemi faisant filer destroupes vers le morne Boucanier,le commandanten second fit reculer les siennes, et les échelonnasur les hauteurs de <strong>la</strong> Basse-Terre, pour couvrir <strong>la</strong>ville. La pluie abondante qui ne discontinuait pas,<strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation menaçante des Ang<strong>la</strong>is , l'aspectJ8I5.


( 390 )1815imposant de leurs forces, les intrigues de leurspartisans, portèrent le découragement à son comble.Le 9 au point du jour, le commandant en secondal<strong>la</strong> prendre les ordres du gouverneur, qu'iltrouva toujours souffrant, et convint avec lui d'établirles troupes sur le Palmiste pour être en mesure,en cédant pas à pas, le terrain à l'ennemi, dese retirer au morne Houël, qui avait été désignécomme dernière position. Le gouverneur devaits'y rendre vers le soir ; les troupes du fort et duBaillif furent prévenues de ces dispositions.En conséquence, un bataillon du 62e fut postéau défilé de Valkanar, à cheval sur les routes deDolé et du Boucanier, avec ordre, s'il était forcé,de se retirer vers le morne Houël, en passant lesGalions à l'habitation Négré : le reste de <strong>la</strong> troupese porta sur le Palmiste, au-devant des forces ennemiesqui s'avançaient par Pautrizel.Une partie de l'escadre ang<strong>la</strong>ise, que les calmesavaient retenue <strong>la</strong> veille par le travers de <strong>la</strong> Basse-Terre , opéra, dans <strong>la</strong> matinée du 9, un troisièmedébarquement au baillif; c'était <strong>la</strong> 5 ebrigade sousles ordres du général Doug<strong>la</strong>s, forte de 15 à 1,800hommes, ayant pour guides deux habitans armés.Le brave Levanier, chef de <strong>la</strong> garde nationale de cequartier, tint ferme contre le feu redoutable de l'ennemi, et défendit ce point avec beaucoup de courage.Pour le soutenir , le gouverneur avait envoyéles deux compagnies du 62e qui étaient dans le fortRichepance, où elles avaient ordre de rentrer dès


( 391 )qu'elles seraient forcées à <strong>la</strong> retraite. Mais l'officierqui les commandait se contenta de conduire cesdeux compagnies sur le lieu de l'action sans les engager;elles ne furent d'aucune utilité, et le chefLevanier s'en p<strong>la</strong>ignit très - amèrement, le soirmême, dans le rapport verbal qu'il fit en présencedes officiers du 62 e .La brigade ennemie, poursuivant ses succès ,avait déjà pris poste sur les hauteurs de Saint-Louis,et menaçait<strong>la</strong> droite des communications du morneHouël. La gauche de ces communications pouvaitêtre coupée par <strong>la</strong> colonne de Pautrizel, qui venaitde s'emparer du poste Langlet, tandis que <strong>la</strong> colonnedu Boucanier avait forcé à <strong>la</strong> retraite le bataillondu 62 0p<strong>la</strong>cé à Valkanar ; le commandant en seconddut alors abandonner le Palmiste , et traverser <strong>la</strong>rivière des Galions.Les deux compagnies du 62% qu'il avait postéessur <strong>la</strong> rive, ne tardèrent pas à être engagées avecl'ennemi, dont les têtes de colonne se montraientde tous les côtés. Il opéra sa retraite de positionen position, et parvint à trois heures du soir aumorne Houël, au moment où le gouverneur y arrivait.Tous deux conservaient l'espoir d'y arrêter,avec le 62 e , les efforts de l'ennemi, et d'en imposerassez pour obtenir une capitu<strong>la</strong>tion honorable.La garde nationale, sacrifiant ses ressentimens à<strong>la</strong> tranquillité de <strong>la</strong> colonie, s'était retirée dans sesfoyers avec une douloureuse résignation. L'esprit1815.


1815.( 392 )qui l'animait ne fut jamais, quoiqu'on en ait dit,qu'un brû<strong>la</strong>nt amour pour <strong>la</strong> mère-patrie, qu'uneaversion légitime pour <strong>la</strong> domination ang<strong>la</strong>ise; etsi <strong>la</strong> France ne l'eût pas abandonnée à ses faibleset impuissantes ressources, elle se serait levée enmasse pour repousser les ennemis invétérés de saprospérité et de son repos. Mais l'intrigue et <strong>la</strong>trahison s'agitaient autour d'elle; chacun de sescoups pouvait influer, pour <strong>la</strong> suite, sur le sort desfamilles, des personnes, des propriétés et de <strong>la</strong> colonietoute entière; elle se soumit avec calme, dansl'espoir que l'union et l'oubli seraient le prix de <strong>la</strong>modération dont elle ne s'était pas écartée.Aidé de tant de circonstances fâcheuses, fier deses faciles succès, et confiant dans les 8000 hommesqu'il avait débarqués, l'ennemi n'attendait quele moment où il pourrait faire agir simultanémentses colonnes, pour enlever le morne Houël, oùchaque instant était marqué par des alertes et destirailleries continuelles.Le gouverneur, déterminé par tous les officiersqui reconnaissaient l'impossibilité de <strong>la</strong> résistance,fit partir, à g heures du soir, le commandant dugénie, pour faire des ouvertures au général Leith.Un temps affreux et une obscurité profonde ne permirentà cet officier de revenir que vers trois heuresdu matin, avec un aide-de-camp ang<strong>la</strong>is, chargéd'annoncer qu'on s'en tiendrait aux termes de <strong>la</strong>proc<strong>la</strong>mation du 3 août; l'aide-de-camp fut ren­


3.La milice qui s'est déjà re-( 393 )voyé avec les articles d'une capitu<strong>la</strong>tion dressée 1815à <strong>la</strong> hâte, et, au point du jour, on hissa pavillonparlementaire.A g heures du matin, le général Murray arrivaavec une réponse à ces articles, qu'il déc<strong>la</strong>ra ne pouvoirêtre changée. Tous les officiers supérieurs furentappelés, et sur leur attestation que les troupes,réduites à 475 hommes, ne pouvaient plus tenircontre les 8 à 9ooo hommes, qui les pressaient detoutes parts, le gouverneur et le commandant ensecond se virent dans <strong>la</strong> nécessité de signer cettecapitu<strong>la</strong>tion (1).(1) Capitu<strong>la</strong>tion entre Sir James Leith, commandanten chef des forces de terre de S. M. B., et le gouverneuret le commandant en second de <strong>la</strong> Guadeloupe.éructesdemandés.Réponses.1ER.Le gouverneur, le commandanten second, les troupesfrançaises et les administrateursmilitaires seront renvoyésen France, prisonniersde guerre.Les officiers conserverontleurs épées et les militairesleur bagages.5.Toutes les gardes nationales1er.Seront renvoyés en France,au duc Wellington,prisonniers de guerre.3.commeBefusé, à l'exception desbagages appartenant personnellementaux militaires.


1815.( 394 )Le gouverneur expédia des ordres à <strong>la</strong> Pointeà-Pître, pour qu'elle s'y conformât. A trois heuresdu soir les troupes déposèrent les armes, et furentenvoyées au fort pour être embarquées.L'accord le plus parfait régnait toujours entre lesdeux chefs; en se séparant pour chercher un asilejusqu'au moment du départ, leurs logemens étantoccupés par les Ang<strong>la</strong>is, le gouverneur tendit <strong>la</strong>main au commandant en second, et lui dit de venirle trouver à nuit close, pour s'entendre sur le rapportà faire au ministre, des divers événemens survenusdans <strong>la</strong> colonie. Mais le gouverneur rompitde <strong>la</strong> colonie seront <strong>la</strong>isséespaisibles chez elles. ( Elles é-taient toutes rentrées dans leursfoyers au moment de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion).4Aucun individu de <strong>la</strong> Guadeloupeet dépendances nepourra être recherché pour sesopinions ou faits politiques antérieurs,et sera mis sous <strong>la</strong>protection de S. M. B.• 5Les lois de <strong>la</strong> colonie et lespropriétés particulières serontrespectées et mises sous <strong>la</strong>sauve-garde de S. M. B.tirée dans ses habitations seraprotégée ainsi que ses propriétés;mais celle qui est encore enarmes sera traitée comme prisonnièrede guerre et déportéede suite.4.Personne ne sera recherchépar le gouvernement de S. M.B. en raison de son opinion oude sa conduite politique jusqu'àce moment.5.Accordé, quant à ce qui regardeles lois, et les propriétésde terre.


(1) Ce damas porte le nom du capitaine de vaisseauVilleneuve , à qui il fut donné comme sabred'honneur, à l'armée d'Egypte. Lorsque cet officiermourut en 1804 à <strong>la</strong> Martinique où il était capitaine deport, il le légua a son chef, le capitaine-général Vil<strong>la</strong>ret.Après <strong>la</strong> mort de ce respectable général, en 1812, on l'a-( 395 )cette heureuse harmonie, dès le soir même, et l'on 1815.sait quelle conduite il a tenue depuis.A peine le général Leith avait-il mis pied à terre,que les habitans de <strong>la</strong> ville virent en rougissant lecolonel Vatable se rendre seul auprès de ce généralennemi , avec qui il eut une conférence qui duracinq quarts d'heure. A <strong>la</strong> suite de leur entretien. ledomicile d'un citoyen fut violé, pendant <strong>la</strong> nuit, parun détachement ang<strong>la</strong>is, pour arrêter le commandanten second, qu'on y croyait logé. Cependantil s'était ostensiblement retiré chez un des chefs del'administration.Le lendemain matin, à 7 heures, le GénevoisJoly , major de confiance du général Leith, vint,de <strong>la</strong> part de son général, lui demander son épée,qu'il n'avait pas pu rendre <strong>la</strong> veille; elle était restéepassée, au morne Houël, avec quelques effets. Lemajor exigea qu'il déballât du fond d'une malle unsabre de prix, qu'une main bien chère lui avait faitremettre à sa mort, et l'assura que le général, satisfaitde cette marque de déférence, al<strong>la</strong>it le luirenvoyer (I). Mais à midi, cet officier vint l'arrêter,


( 396 )1815.et le conduire sous escorte dans le corps-de-gardedu fort, an milieu des troupes ang<strong>la</strong>ises , où le colonelVatable eut le généreux courage de venirpasser et repasser devant lui pour le braver, tenantpar le bras l'habitant à qui il avait adressé sa fameuselettre du 6 août, dont on se rappellera sansdoute les expressions remarquables : La proc<strong>la</strong>mationdes Ang<strong>la</strong>is a presque tout gâté, etc.Le général Leith, pour justifier les procédés sipeu convenans dont il usait envers le commandanten second, écrivit à son gouvernement qu'i<strong>la</strong>vait fait arrêter cet officier, parce qu'on l'avait prévenuqu'il vou<strong>la</strong>it s'évader pour se mettre à <strong>la</strong> têtedes habitans de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. Quel indigne prétexte!Le vrai motif de ces outrages n'était autre qued'humilier un officier français, qui, par son énergieavait constaté et dévoilé les spoliations des Ang<strong>la</strong>isà <strong>la</strong> Guadeloupe, en 1814.vait remis comme le gage le plus précieux de son souvenir,au commandant en second qui avait été pendant huit ansson aide-de-camp, et honoré de sa confiance et de sonamitié. Le commandant en second se f<strong>la</strong>ttait de le conservertoute sa vie; mais le général Leith, refusant lesmorceaux de son épée qu'on lui apporta, s'appropria cesabre, se vanta plus tard que le roi de France avait bienvoulu lui en faire présent, et n'envoya à Paris que l'épéedu contre-amiral Linois, que le capitaine français de L'aciéon.futchargé de porter. Le Moniteur du 2 décembre1815, dit qu'il en fit <strong>la</strong> remise au roi le 22 novembre.


( 397 )À huit heures du soir, on lui fit traverser <strong>la</strong> villeentre deux haies de troupes britanniques , pourl'embarquer sur une frégate; et les habitans quivoulurent lui parler furent brutalement repoussés.En montant à bord, son portefeuille disparut, eton brisa une cassette qu'on croyait sans doute renfermerun trésor; elle était pleine de divers objetsde toilette en plomb. Le portefeuille où l'on espéraittrouver l'adresse de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,et unecorrespondance qui pût fournir matière aux listesde proscription qu'on préparait, ne contenait quedes papiers étrangers aux cent jours,à l'exceptiond'un recueil d'ordres, donnés au moment de l'attaque,et qui, en désappointant les curieux, durentaumoins les convaincre de l'esprit de modération quiles avait dictés.Les troupes furent indignement spoliées à bordde quelques bâtimens ang<strong>la</strong>is, et cependant leurcolonel était au milieu d'eux. Tous les prisonniersfurent relégués dans <strong>la</strong> rade des Saintes, le gouverneurseul resta libre à <strong>la</strong> Basse-Terre, où parurent,dans tout leur jour <strong>la</strong> bonne foi des Ang<strong>la</strong>is et leursintentions protectrices. Dès qu'ils furent maîtresde <strong>la</strong> colonie, ils firent courir le bruit qu'il était probableque les trois couleurs seraient conservées enFrance, parce qu'il paraissait constant qu'un nouveauprince était monté sur le trône. Tel était ledévouement en faveur de Louis XV1I1, dont euxet leurs partisans s'étaient targués, mais dont ilsse hâtèrent de se prévaloir aussitôt que des nou-1815.


1815( 398 )velles plus certaines les eurent fait revenir de leurerreur.L'ordonnateur était rentré à <strong>la</strong> Basse-Terre, avecles ennemis de <strong>la</strong> colonie; les faux royalistes, leschampions des ang<strong>la</strong>is y accoururent des diversquartiers pour intriguer et solliciter. Alors se forma<strong>la</strong> ligue qui conjura <strong>la</strong> perte du commandant ensecond, et l'on vit s'unir aux individus, que de gravesaccusations avaient déférés à l'opinion de <strong>la</strong>métropole, avant les cent jours, les auteurs de cesmêmes accusations ; d'autres qui vou<strong>la</strong>ient donnerle change sur leurs propres erreurs; ceux qu'aveug<strong>la</strong>itl'esprit de faction, et ceux enfin qui, toujoursincertains, attendent <strong>la</strong> fin des crises pour se rangerdu parti le plus fortL'ambitieux Vatable, qui, plus qu'aucun autre,avait d'anciens souvenirs à effacer, mit à profit lecrédit que les circonstances lui donnaient auprèsdes Ang<strong>la</strong>is, pour envenimer les passions et lesressentimens. 11 sut f<strong>la</strong>tter l'orgueil de ces vainqueurs, habiles à s'associer tous les auxiliairesqu'ils peuvent rencontrer, et qui feignirent decroire que , victime de son attachementauxBourbons, ce colonel al<strong>la</strong>it être sacrifié avec toutce qu'il y avait de royalistes dans <strong>la</strong> Colonie, sansleur prompt et généreux secours. De là sans-doute,l'atroce rapport du général Leith (dont il sera questionplus tard ), les écrits mensongers, et ce torrentde calomnies que l'on vit déborder à Paris pour yaccabler un seul homme.


( 399 )Le gouverneur ne s'embarqua que le soir du 2 2août, et le lendemain matin on fit voile pour l'Europe.Quatre bâtimens réunis en convoi emportèrentles prisonniers français , de terre et de mer,faits dans <strong>la</strong> colonie et ses dépendances, depuis lespremières attaques des Ang<strong>la</strong>is. Officiers, soldats,marins, femmes, enfans et domestiques formaientun total de 1117 individus (1).1815.(1) Voir l'appendice à <strong>la</strong> fin du livre suivant.


( 401 )L I V R E Q U I N Z I E M E .La Guadeloupe sous les Ang<strong>la</strong>is ; elleest restituée à <strong>la</strong> France.CHAPITRE I ER .Persécutions et proscriptions à <strong>la</strong> Guadeloupe, —Adressedu conseil privé pour que <strong>la</strong> colonie reste sous le gouver-,nement britannique Résultat de ce vœu.— Dons offertsau général Leith et acceptés. — Conduite des prétendusroyalistes envers l'intendant français.LORSQUE <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion du 10 août I8I5 eut rendules Ang<strong>la</strong>is maîtres de <strong>la</strong> Guadeloupe, ces protecteurs,si désintéressés, levèrent de nouveau le masquepolitique dont ils s'étaient couverts, et leurdomination reprit le caractère qui l'a toujours dis-III. 261815


( 402 )1815. tinguée, celui de l'oppression et de l'injustice. Legénéral Leith affecta d'abord <strong>la</strong> franchise, le désintéressementet l'amour du bien public, mais on netarda pas à s'apercevoir qu'en s'emparant de <strong>la</strong> colonie, il n'avait pas eu seulement en vued'y cueillirde faciles et de stériles <strong>la</strong>uriers.On vit se grouper autour de lui les éternels courtisansdes dispensateurs de <strong>la</strong> faveur et des emplois ;des hommes perdus de dettes et de crédit qui, sousprétexte de prévenir <strong>la</strong> révolte, de défendre les prérogativesde <strong>la</strong> couronne et les droits de <strong>la</strong> légitimité,affectèrent de dénaturer les intentions et dedonner une tendance politique à des mécontentemensindividuels. Us demandèrent des mesures violentes,extrêmes , et réc<strong>la</strong>mèrent le despotismeparce que, se mettant seuls à ses gages, ils lui vendaientleurs services à haut prix. Obtenir le monopoledes emplois, et satisfaire leur ressentiment vindicatif, tel était leur but; et ce but était trop analogueaux vues des Ang<strong>la</strong>is et aux intérêts particuliersdu nouveau chef, pour qu'il ne fît pas causecommune avec eux.Sept membres furent aussitôt nommés, à l'exclusionde tout négociant, pour composer le conseilprivé du général, et dans leur nombre on créaun maréchal-de-camp, pour commander les milices,et un adjoint pour surveiller l'administration (1).(1) Gazette officielle de <strong>la</strong> Guadeloupe du 15 août 1815.


( 4o3 )On voyait figurer dans cette réunion ceux qui : 1815.avaient formé le fameux conseil privé, de 1810 à1814(on croirait presque que dès l'origine ils avaientété nommés à vie ), les mêmes aussi qui avaient composé<strong>la</strong> chambre d'agriculture du 22 février 1815, etdont <strong>la</strong> roideur à l'égard du gouverneur français , offritun contraste singulier avec <strong>la</strong> comp<strong>la</strong>isance outréede ce nouveau conseil pour le général Leith.Quand il se vit ainsi entouré, ce général donnal'essor à ses dispositions haineuses, et <strong>la</strong> Guadeloupe,destinée à servir d'arène aux caprices des étrangersacharnés contre elle et aux passions de leurspartisans, subit encore une fois <strong>la</strong> chance des persécutionsqu'elle ne dut qu'à ses sentimens essentiellementfrançais. La capitu<strong>la</strong>tion que les Ang<strong>la</strong>isvenaient de signer, fut foulée aux pieds comme l'avaientété toutes celles précédentes ; <strong>la</strong> garde nationale, soumise et rentrée chez elle lorsque cette capitu<strong>la</strong>tionse conclut, n'en fut pas moins horriblementtourmentée, quoique l'article 5 dût <strong>la</strong> mettre à l'abride toute recherche. Par l'article 4> les Ang<strong>la</strong>is s'étaientengagés à n'inquiéter personne, en raison deson opinion ou de sa conduite politique ; cependanton déc<strong>la</strong>ra incapables d'exercer aucun emploitous ceux qui avaient occupé quelque p<strong>la</strong>cesous le pavillon précédent ; et des fonctionnaires,que pouvaient recommander leurs talens ou leursvertus et leur amour de l'ordre, furent incontinentremp<strong>la</strong>cés par des hommes pétris de fiel, qui persécutèrentles habitans. Sous prétexte de jacobinis-


( 4o4 )1815. me, on exerça les arrestations les plus arbitraires,et <strong>la</strong> Pointe-à-Pître se vit plus d'une fois cernée pardes troupes , au milieu de <strong>la</strong> nuit, pour les perquisitionsles plus vexatoires. Les prisons ne pouvantsuffire aux inquisiteurs politiques du général Leith ,ils transformèrent des édifices publics en maisonsde force, et y entassèrent des victimes prises danstoutes les c<strong>la</strong>sses, dans toutes les professions, parmitous ceux contre lesquels les gens en faveur avaientquelque vengeance particulière à exercer, surtoutparmi les gens de couleur libres.Les nouveaux agens des Ang<strong>la</strong>is, encore imbusdes maximes de leur ancien administrateur, disposantdu pouvoir à sa manière , dressèrent, commelui, de nombreuses listes de proscription dans lesquellesfurent compris plus de neuf cents individuschaqueprescripteur choisissait ses victimes. Centtrente de ces infortunés , déportés au Havre , périrent,<strong>la</strong> plupart, de misère et de désespoir, dans leslimites qu'on leur assigna. L'épouvante était danstoutes les aines et n'avait pas été si générale en 1793et 1795 ; chacun cherchait à fuir cette terre désolée ;et les îles neutres s'empressèrent d'offrir un asileaux familles de <strong>la</strong> Guadeloupe qui s'y réfugiaient.Les rapports firent monter à cinq cents personnescelles qui se sauvèrent dans l'île Danoise de Saint-Thomas, et à quatre cents celles qui passèrent àSaint-Barthélemy , sans compter les individus quise retirèrent aux Etats-Unis. Beaucoup d'autresfurent assez heureux pour se racheter des persécu­


( 4o5 )tions à prix d'or, et ceux qui, les premiers, virent 1815arriver le terme de leur exil, n'obtinrent aussi qu'àprix d'or <strong>la</strong> faveur de rentrer dans <strong>la</strong> colonie (1).* De toutes les espèces de cruautés, les plus odieuseset les plus lâches, dit M. Bignon, sont cellesqu'exercent contre leurs compatriotes, des citoyenspervers qui se servent de l'appui de l'étranger (2).Si le principal et le plus noble but de l'histoire,en retraçant aux yeux des hommes leur^erreurs etsurtout leurs erreurs cruelles, est de leslAettre engarde contre eux-mêmes, et de les porter IM défendredu retour de pareils égaremens (5) , ce ne serapas sans espoir de quelque utilité, pour <strong>la</strong> Guadeloupe,que nous aurons esquissé ce rapide tableau.On vit, dans cette colonie, des royalistes par calcul, des champions intéressés de <strong>la</strong> politique ang<strong>la</strong>ise, affecter de confondre les excès de <strong>la</strong> révolutionavec son but primitif, et <strong>la</strong> tyrannie des proconsuls,qui en avaient abusé, avec les vœux deshommes généreux qui en furent les victimes. Ils nerougirent pas de marcher strr les traces de ces pro-(1) L'impudeur de cette spécu<strong>la</strong>tion fut porté si loin ,que M. le comte de Lardenoy, après avoir repris possessionde <strong>la</strong> colonie, se vit obligé d'expulser, pour l'exemple, l'adjoint d'un procureur du roi, qui, entre autresactes, avait fait souscrire un billet de 2,000 livres à un notaireproscrit, pour lui faire obtenir sa rentrée !(2) Des proscriptions, volume I er , page 33.(3) Des proscriptions, volume 1 er , page 281.


( 4o6 )1815 consuls, pour punir <strong>la</strong> colonie de sa modération,pendant les cent jours, quoique leur conduite et lestroubles qu'ils ne cessèrent d'y fomenter alors ,eussent pu motivier et justifier les mesures les plussévères.Le dévouement à <strong>la</strong> cause des Bourbons, dont setarguaient ces prétendus séides de <strong>la</strong>royauté,leur faisait assurément un devoir d'exprimer àLouis XVIII, leur joie de son retour, l'impatiencede rentre nous ses lois et dans le sein de <strong>la</strong> communefamille Combien péniblement <strong>la</strong> sensibilité du monarquene dut-elle pas être affectée, quand S. M. reçutau lieu de cet hommage, l'avis que le conseil privéde <strong>la</strong> Guadeloupe, (c'est-à-dire sept habitans déco-,rés de <strong>la</strong> croix de Saint-Louis ), dans une adressedu 16 janvier 1816, remise solennellement au généralLeith, dont elle exaltait les services, avaitexprimé , au nom de <strong>la</strong> colonie entière, le vœu devoir cette île maintenue sous le gouvernement protecteurde l'Angleterre (1) ! Ce vœu que <strong>la</strong> colonieréprouvait, le conseil le motiva sur ses craintes hypocritesdu retour du jacobinisme, tout en renouve<strong>la</strong>ntles assurances de loyauté envers le roi etenvers <strong>la</strong> France ; précaution contre l'avenir dontpersonne ne fut <strong>la</strong> dupe. « Si nos vœux, disaient-» ils, si nos pensées doivent se rattacher à notre« patrie, combien n'avons-nous pas à redouter de(1) Discours prononcé par l'organe du conseil privé etimprimé à <strong>la</strong> Basse-Terre avec <strong>la</strong> réponse du général.


( 4o7 )» voir encore une fois <strong>la</strong> confiance d'an roi, peut-» être trop clément, indignement trahie par les» chefs à qui il remettrait son pouvoir dans cette» colonie !... »Le conseil ne mettait pas en doute l'accomplissementde son vœu, mais n'osant se f<strong>la</strong>tter de voircontenter le plus ardent de ses désirs, celui d'êtretoujours gouvernés par le général Leith, il le suppliaitde fixer pendant un certain temps de chaqueannée", son séjour à <strong>la</strong> Guadeloupe ; faculté que luidonnait son titre de commandant en chef des îlesdu Vent. La belle habitation du Matouba, appartenantau domaine du roi de France, à <strong>la</strong>quelle onvenait de faire des travaux pour <strong>la</strong> rendre digne deS. Ex., lui fut offerte au nom des habitans de <strong>la</strong> colonie, c'est-à-dire, au nom même de ceux qu'onvexait et qu'on proscrivait. On le supplia, en outre,de conserver l'augmentation annuelle de 120,000 livres(72000 f.) déjà faite aux émolumens de S. Ex.,ainsi qu'une somme de 2000 liv. sterl. (48,000 fr.),pour <strong>la</strong> fabrication d'une épée sur <strong>la</strong>quelle seraientgravés ces mots : La Guadeloupe sauvée et reconnaissanteà sir James Leith, son libérateur. Dixaoût I8I5.La vanité de ce général fut singulièrement f<strong>la</strong>ttéede l'hommage qui lui était offert par sept individus,se faisant, sans mission, les interprêtes des sentimensde <strong>la</strong> colonie. Sa réponse ne fut pas moinssurprenante que l'adresse; il accepta tous les donsavec une généreuse reconnaissance ; mais tropadroit1815.


( 4o8 )1815. pour anticiper sur <strong>la</strong> décision des destinées de <strong>la</strong>colonie, qui ne pouvait être prise qu'en Europe,il se ménagea le mérite d'une leçon de patriotisme,en répliquant à ces cosmopolites intéressés : « Que» <strong>la</strong> Grande-Bretagne connaissait trop bien les» vrais principes de l'honneur . pour exiger que» des personnes accidentellement p<strong>la</strong>cées sous sa» domination , rompissent les liens nationaux qui» attachent tous les hommes honnêtes à leur pays» par des sentimens équitables et par le devoir. » Illeur promit néanmoins d'appuyer leur voeu de toutson crédit auprès de son gouvernement, et envoyaleur adresse et sa réponse au prince régent (1).Les partisans des Ang<strong>la</strong>is crurent alors <strong>la</strong>. Guadeloupesi indéfiniment acquise à <strong>la</strong> Grande-Bretagne,qu'ils ne permettaient pas de penser ou dumoins de dire qu'elle pouvait retourner à <strong>la</strong> France.Le général Leith se montrait ridiculement jalouxde cette conquête, et ses conseillers, disposant a leurgré du pouvoir, enf<strong>la</strong>ient son orgueil par les adu<strong>la</strong>tionsdont ils l'enivraient.M. de Guilhermy, revenu dans <strong>la</strong> colonie, à <strong>la</strong>fin de 1815, s'occupait de recueillir les documens» statistiques que le ministre lui avait demandés, etqu'il n'avait pas eu le temps de prendre. Mais <strong>la</strong>tyrannique et soupçonneuse surveil<strong>la</strong>nce du géné-(1) On assure que le prince régent d'Angleterre fitparvenir ces documens au roi de France.


(4o9)ral Leith. et de ses agens, s'opposait à ce qu'ils lui 1815fussent exactement fournis; les commandans desquartiers craignaient de s'exposer à l'effet de leurressentiment. L'attachement invio<strong>la</strong>ble aux Bourbonset à <strong>la</strong> France, que cet intendant n'avait pascessé de professer, portèrent ombrage au généralet à ses créatures. Quand ils le virent se prononceravec indignation contre ce qui venait de se faire audétriment des intérêts du roi et de <strong>la</strong> métropole, ilfut persécuté à son tour et renvoyé de <strong>la</strong> coloniecomme un perturbateur du repos public , par lesmêmes hommes qui pronèrent sa fidélité au roi,tant qu'ils y trouvèrent leur profit, et qui <strong>la</strong> proscrivirentaussitôt qu'elle se trouva en oppositionavec leurs vues intérressées.L'opération monétaire, à <strong>la</strong>quelle ils induisirentle général ang<strong>la</strong>is (1) ne fut guère mieux enharmonie avec les principes d'intégrité dont il setarguait et avec le titre de modèle parfait de <strong>la</strong> véritablechevalerie que ses affidés prenaient soin delui donner (2).1) Voir <strong>la</strong> page 116 du 1er vol.(2) La colonie l'appe<strong>la</strong>it par opposition, le don Quichotedes Antilles.


( 410 )I8I5.CHAPITRE II.La France recouvre ses deux colonies Reprise de possessionde <strong>la</strong> Guadeloupe. — Cette île se rétablit sousles nouveaux administrateurs. — Modifications apportéesdans le gouvernement colonial.1816.LES destinées de <strong>la</strong> France avaient été fixées àParis, le 20 novembre 1815; <strong>la</strong> nation venait derecouvrer, pour <strong>la</strong> seconde fois, l'ancienne dynastiedes Bourbons; mais les sacrifices que <strong>la</strong> jalousie,<strong>la</strong> vengeance et l'ambition des étrangers lui imposèrentfurent immenses. En considérant <strong>la</strong> prodigieuseextension qu'avaient acquise, depuis undemi-siècle, les quatre grandes puissances qui luifirent <strong>la</strong> loi, on peut apprécier combien fut ébranlécet équilibre européen, si précieux à conserver, etl'on reconnaîtra les conseils perfides de l'envie et de<strong>la</strong> cupidité , adroitement déguisées sous les traitsd'une prudence craintive, qui semble se prémunircontre des événemens dont le retour était impos-


( 411 )sible (1). L'extravagant projet de réduire <strong>la</strong> Francefut même conçu ; mais l'attitude imposante de sonpeuple généreux en empêcha l'exécution (2).On a déjà vu que <strong>la</strong> possession de nos coloniesserait plus f<strong>la</strong>tteuse pour <strong>la</strong> vanité de l'Angleterre,qu'elle ne serait utile à ses intérêts réels ; aussi, parle traité du 20 novembre 1815, elle s'engagea envers<strong>la</strong> France à <strong>la</strong> restitution de ses îles d'Amérique, ainsi que ce<strong>la</strong> avait été réglé par celui du 5omai 1814.1816.Mais elle fit payer bien cher cette restitution; ilfut stipulé que 3,5oo,ooo fr. de rente seraient inscritssur le grand livre de <strong>la</strong> dette publique de(1) L'Angleterre a de tout temps voulu démembrer <strong>la</strong>France, <strong>la</strong> poloniser à son profit; et jusque sous Louis XIV,<strong>la</strong> manie d'en être roi, donna aux monarques ang<strong>la</strong>is lemotif d'une scène ridicule. Le premier jour de chaqueannée, un hérault d'armes proc<strong>la</strong>mait, dans l'église deSaint-Paul, en présence de <strong>la</strong> cour, tous les titres duroi de <strong>la</strong> Grande-Bretagne,, et quand il était à celui deroi de France, il jetait un gant que ramassait l'ambassadeurfrançais. Au commencement de notre révolutionl'Angleterre no jura-t-elle pas que jamais <strong>la</strong> monarchiefrançaise ne se releverait? et ne parvint-elle pas à donnerà <strong>la</strong> marche et au but de cette révolution une directioncontraire à celle que désirait <strong>la</strong> grande majorité de <strong>la</strong>France ? Voir le commerce maritime par Audouin, 2 epages 123 et 125.)vol.,(2) Discours de M. L'ainé, ministre d'état, à <strong>la</strong> chambredes députés, le 19 mars 1822.


( 412 )1816 France, comme fonds de garantie, pour certainescréances ang<strong>la</strong>ises qu'on vit apparaître tout à coup :telle est <strong>la</strong> générosité britannique.Le général comte de Lardenoy ayant été nommégouverneur-général de <strong>la</strong> Guadeloupe, le 11 mai,partit de Rochefort le 25 juin, sur une frégate, accompagnéede trois gabarres. Il emmena le nouveaucommandant en second, M. Vatable, tout resplendissantdes titres et des grades qu'il venaitd'obtenir; M. Roustagnenq, ancien commissairegénéralordonnateur; <strong>la</strong> 39 e légion, dite de <strong>la</strong> Guadeloupe, une compagnie d'artillerie, un détachementd'ouvriers, et tout ce qui était nécessaire à <strong>la</strong>reprise de possession de <strong>la</strong> colonie.M. Foullon d'Ecotier, conseiller d'état(1), nomméintendant le même jour que le gouverneur, ne partitque le 14 juillet sur le vaisseau le Foudroyant, avecles troupes destinées pour <strong>la</strong> Martinique, dont lesanciens administrateurs avaient été conservés.A son arrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe, le 25 juillet, lecomte de Lardenoy prit possession de <strong>la</strong> colonie,sans éprouver aucun obstacle de <strong>la</strong> part des Ang<strong>la</strong>is;l'état où elle avait été réduite, en 1814, ne donnaitplus lieu à <strong>la</strong> moindre spoliation. Le général Leith ,en partant pour Antigues, adressa aux habitans une(1) Le même que nous avons vu intendant de <strong>la</strong> Guadeloupeen 1786, et de <strong>la</strong> Martinique en 1789.


( 413 )proc<strong>la</strong>mation qu'on peut considérer comme le complémentdu char<strong>la</strong>tanisme (1).Indiquons rapidement les changemens qui se sontopérés dans l'administration de <strong>la</strong> colonie depuiscette époque.Délivrée du joug des Ang<strong>la</strong>is , <strong>la</strong> Guadeloupecommençait à peine à goûter les douceurs de sonretour à <strong>la</strong> mère patrie, lorsqu'un ouragan furieux<strong>la</strong> plongea, le 15 et le 16 septembre, dans de nouvellesca<strong>la</strong>mités, qui firent sentir, dès le 24 octobre,<strong>la</strong> nécessité de permettre l'introduction des farinesnon françaises, et, le 24 novembre, d'ouvrir momentanémentles ports de <strong>la</strong> Basse-Terre et de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître aux étrangers.La colonie n'app<strong>la</strong>udit pas à l'exécution de l'ordonnancedes Ang<strong>la</strong>is qui établissait, sur les b<strong>la</strong>ncs,un impôt de 87 fr., à titre de rachat du service desmilices (2); mais elle vit avec p<strong>la</strong>isir révoquer les1816(1) Elle se trouve dans le Moniteur du 10 septembre1816.Le général Leith est mort à Antigues. Sa veuve assezriche, ayant fait un voyage d'agrément à Paris, fut portéepar les circonstances, à solliciter les bontés du gouvernementfrançais; on dit qu'elle en a obtenu, au commencementde 1822, une pension spéciale de 6000 francs.Ce n'est pas vraisemb<strong>la</strong>ble.104.(2) Voir ce qui en est dit dans le vol. 2e, pages 103 et


1816.1817.(414)ordonnances britanniques au sujet du sursis pourle paiement des dettes, dont l'effet avait été jusqu'alorsonéreux (1).Le I erjanvier, l'administration des postes auxlettres fut établie dans <strong>la</strong> colonie sur le même piedoù elle l'est en France. Un nouveau tarif fut fixépour les paquets, et, le 25 octobre, <strong>la</strong> poste futaffermée pour trois ans.Les droits sur les bestiaux venant de l'étrangerayant été supprimés, le 28 octobre 1816, on fixaun nouveau prix à <strong>la</strong> viande (2) ; le nombre desbouchers patentés fut réduit à quatre dans chacunedes deux villes, <strong>la</strong> petite boucherie pouvant êtreexercée librement. Le prix de <strong>la</strong> grande patentefut de 100 liv. (60 fr.); celui de <strong>la</strong> petite de25 liv.(15 fr.) Ces sommes , versées dans <strong>la</strong> caisse du bureaude bienfaisance de chaque ville, remp<strong>la</strong>centaujourd'hui le produit de <strong>la</strong> retenue, en faveur despauvres, d'une demi-once par livre de viande livréeau public ; cette retenue donnait lieu à des abus ,que l'on a bien fait de supprimer.(1) Voir LA page 4o3 DU 1ER vol.(2) Ce prix futpour <strong>la</strong> livre deBŒUF, DE VEAU et à <strong>la</strong> Basse-Terre. à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître.DE mouton 35 S. (1 fr. 5 c. 35 S. (1 fr. 5c.De cabrit 3os. (» 90c.) 3os. (» 90c.De cochon 3os. (» 90c.) 20 S. (» j5c.


(415 )J8I5.Les imprimeurs, les libraires et les gazetiers furentsoumis à un droit de permission et de patente (1),dont le montant fut affecté à <strong>la</strong> dépense de l'imprimerieroyale.Aucun livre ne peut être introduit dans <strong>la</strong> colonie,sans passer à <strong>la</strong> censure établie dans chaque lieu dedébarquement.Les chemins ayant été totalement dégradés parles ava<strong>la</strong>sses; tous les habitans furent tenus de faireréparer <strong>la</strong> portion de route qui leur était allouée,par des nègres de leurs ateliers, travail<strong>la</strong>nt sousl'inspection du directeur du génie et des voyers.L'administration pourvut à <strong>la</strong> dépense des pontsà établir, des marais à combler et des ravines à détourner(2). Elle s'occupa aussi des réparations àfaire dans les forts, aux casernes, aux geôles et autresédifices publics.Beaucoup d'esc<strong>la</strong>ves vivaient, à <strong>la</strong> Basse-Terre età <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, dans un état d'indépendancenuisible au bon ordre, moyennant une permissionde leurs maîtres habitans des campagnes, à qui ils(1) Ce droit fut fixé pour les imprimeries àune presse, par an àEt augmenté de pareille somme pour chaquepresse en sus.'Pour les libraires àEt pour les journaux à1,000 fr.i,5oo3,5oo(2) Voir <strong>la</strong> page i85 du 1" vol.


1817.1818.181Q( 416 )payaient chaque mois une redevance, et qui continuaientà les porter sur leurs dénombrement, afinde les soustraire aux taxes imposées sur les esc<strong>la</strong>vesdes villes. On remédia à cet abus, en forçant tousles habitans de rappeler ces esc<strong>la</strong>ves, et de rendreà <strong>la</strong> culture des bras qui lui étaient nécessaires.L'opération faite, cette année, sur les monnaies,fut un nouveau bienfait pour <strong>la</strong> colonie (1).On a déjà vu les divers changemens qui furentopérés dans le gouvernement des îles (2). Les intendanscoloniaux se trouvant supprimés, ceux de<strong>la</strong> Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupe rentrèrent enFrance en 1818.M. , le lieutenant-général comte Donzelot, redommandabiepar une longue et sage administration,desîles lonniennes, fut appelé au gouvernement,général de <strong>la</strong> Martinique, où il est parvenuà atteindra le but essentiel et le plus difficile dansles colonies il a su concilier tous les intérêts et toutes,les opinions.Les modifications qui furent apportées, en 1819,dans l'administration de <strong>la</strong> justice des colonies (3),font espérer à ces établissemens une organisationjudiciaire plus en harmonie avec l'esprit de <strong>la</strong>charte, avec les intérêts coloniaux et ceux de <strong>la</strong>métropole.(1) Voir <strong>la</strong> page 117 du 2 E vol.(1) 1er vol., pages 353 à 361.(3) Voir dans le 1 er vol., les pages 385, 389 et suiv.


( 417 )L'heureuse découverte, destinée à préserver lesraces futures du fléau redoutable qui portait sesravages parmi les noirs , a pénétré sans obstacledans les Antiîles; depuis 1808, <strong>la</strong> Guadeloupe et <strong>la</strong>Martinique doivent à <strong>la</strong> vaccine de ne plus avoir àredouter les ravages de <strong>la</strong> petite vérole.Elles ont l'obligation aux spécu<strong>la</strong>teurs des Etats-Unis d'une jouissance., inappréciable sous <strong>la</strong> zonetorride, celle de manger des g<strong>la</strong>ces. En 1806,MM. Tudor et Savage, citoyens de Boston , partirent,le 13 février, sur un brick chargé de g<strong>la</strong>ce, aumilieu de <strong>la</strong>quelle ils conservèrent des viandes et dugibier,objets tout aussi nouveaux, pourles colonies,que <strong>la</strong> cargaison principale. A leur arrivée à SaintPierre,Martinique, ils firent un gain considérableet on leur accorda un brevet d'invention, pour dixans, à l'exclusion de tous autres bâtimens que deuxfrançais (1). Malgré cet heureux resultat, l'essai deMM. Tudor et Savage resta longs temps sans imitateurs ; ce ne fut qu'en 1818, qu'on le vit se renouvêler ; et maintenant ces deux colonies sont assezordinairement approvisionnées de g<strong>la</strong>ces, pendantl'hiver des Etats- Unis.1819.1820.(1) Code de <strong>la</strong> Martinique, tome 5 , page 114.III.27


( 418 )CHAPITRE III.Expédition française à Samana. — La Guadeloupe est menacéed'une vaste conspiration.— Révolte des nègresesc<strong>la</strong>ves comprimée à <strong>la</strong> Martinique. —Tentative surPorto-Rico.1821Nous essaierons de soulever le voile qui couvreencore le but et les détails de l'expédition françaisedans <strong>la</strong> presque'lie de Samana , afin de pouvoirrendre un compte succint des événemens qui <strong>la</strong>suivirent aux Antilles (1).Les changemens survenus à Madrid , avaient diviséd'opinion les habitans de <strong>la</strong> partie espagnole deSaint-Domingue. Les uns désiraient rester fidèlesau roi absolu, d'autres aux cortès ; un parti prétendaitse rendre indépendant et un autre, plus fort,(1) Ces détails sont extraits des journaux français dutemps, du propagateur qui s'imprime au Port-au-Prince,et de quelques lettres particulières.


(419)vou<strong>la</strong>it se réunir à <strong>la</strong> république de Colombie. Cedernier l'emporta ; les membres du gouvernementespagnol s'embarquèrent, et les couleurs de Colombiefurent arborées à Santo-Domingo, le I e rdécembre1821.Un envoyé secret fut, dit-on, expédié à Paris,pour traiter avec <strong>la</strong> France de <strong>la</strong> cession de cettepartie de l'île. Ce bruit, vrai ou supposé, parutexciter les soupçons de Boyer, président de <strong>la</strong> républiqued'Haïti. Il prit aussitôt des mesures, litmarcher ses troupes et s'empara, sans résistance, deSanto-Domingo et de ses forts.A l'approche des troupes haïtiennes, les anciensp<strong>la</strong>nteurs français de Saint-Domingue qui, sous legénéral Ferrand, étaient venus former des établissemensaux environs de Santo-Domingo, abandonnèrentleurs habitations, et se réfugièrent sur <strong>la</strong>côte de l'est d'où, réunis à quelques Espagnols, ilsdéputèrent au gouverneur de <strong>la</strong> Martinique pourlui demander assistance et protection.Dans l'intervalle, le président Boyer avait réunicette partie sous son commandement. L'île entièred'Haïti lui obéissait, depuis le mois de janvier 1822,et ses généraux étaient déjà rendus à leurs diverspostes, lorsqu'une frégate française, précédant uneexpédition partie de <strong>la</strong> Martinique, arriva dans <strong>la</strong>baie de Samana. Le capitaine de <strong>la</strong> frégate se trouvantprévenu dans l'occupation de cette presqu'île,et ses instructions n'ayant pas prévu ce cas, se18311822


( 420 )1822. borna à rester à l'ancre pour attendre l'expédition.Ses communications fréquentes avec les mécontens,éveillèrent les défiances du lieutenant de Boyer, quilui signifia l'ordre de s'éloigner, s'il ne vou<strong>la</strong>it êtretraité en ennemi. A peine avait-il mis à <strong>la</strong> voile,qu'il rencontra l'expédition, et revint avec ellemouiller dans <strong>la</strong> baie de Samana.Le chef de l'expédition, dans <strong>la</strong> vue de protégerles Français et les Espagnols , et de leur offrir unrefuge, débarqua des troupes sur <strong>la</strong> presqu'île.Quelques légers engagemens eurent lieu avec lessoldats haïtiens, mais ceux-ci, ayant reçu des renforts, obligèrent les Français à se rembarquer et,après trois semaines de séjour à Samana, l'expéditionen repartit sans avoir atteint son but.Il était à craindre que le président Boyer, mécontentd'un mouvement qu'il regarda comme uneagression , ne cherchât les moyens de s'en venger.Dans les premiers jours de mai, une vaste conspirationfut dénoncée aux autorités de <strong>la</strong> Guadeloupe.On assurait qu'un comité directeur, composé degens de couleur et même de b<strong>la</strong>ncs , établi à Saint-Barthelemy, où se trouvaient réunis, disait-on, desamas d'armes et de munitions, avait envoyé desémissaires pour parcourir <strong>la</strong> Grande-Terre et souleverles ateliers ; qu'un ancien agent du directoire à<strong>la</strong> Guadeloupe, ayant récemment passé un moisdans <strong>la</strong> colonie, d'où on l'avait obligé de partir,était le principal moteur de cette conspiration ; et


( 421 )qu'on préparait à <strong>la</strong> Côte-Ferme une expédition degens de couleur destinés à venir débarquer à <strong>la</strong> Guadeloupeet à Marie-Ga<strong>la</strong>nte. La colonie était dansles plus vives a<strong>la</strong>rmes , et les îles voisines partageaientsa frayeur; les deux gouverneurs de <strong>la</strong>Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupe concertaient lesmoyens les plus actifs pour déjouer ce complot. Lastation des Iles du vent se rendit à Saint-Barthelemi,réc<strong>la</strong>ma et obtint du gouverneur suédois de fairedes perquisitions dans son île et d'en extraire unhomme de couleur, désigné comme un des principatrxchefs. D'autres furent arrêtés à <strong>la</strong> Guadeloupeet à Marie - Ga<strong>la</strong>nte, mais de toutes ces saisiesd'hommes , de correspondances, et de papiers , ilne résulta aucun document qui pût faire constaterl'existence d'un complot aussi étendu. On ne l'avaitsans doute aperçu que dans cette conspiration ancienneet permanente des esc<strong>la</strong>ves contre leurs maîtres,conspiration qui éc<strong>la</strong>te toutes les fois que lesesc<strong>la</strong>ves entrevoient <strong>la</strong> possibilité de rompre leursfers, et dont on ne tarda pas à voir un exemple serenouveler.Les îles étaient à peine remises des craintes debouleversement dont elles s'étaient crues menacées,lorsqu'une insurrection éc<strong>la</strong>ta à <strong>la</strong> Martinique,dans <strong>la</strong> nuit du 12 au 13 octobre, parmi les esc<strong>la</strong>vesde deux habitations sur les hauteurs du Carbet.Plusieurs b<strong>la</strong>ncs propriétaires furent massacrés parleurs nègres révoltés; les autres ne purent se soustraireà <strong>la</strong> mort que par <strong>la</strong> fuite. Cette rébellion au-1822


1832.( 422 )rait eu les suites les plus funestes, si le zèle desgardes nationales de Saint-Pierre et des paroissesvoisines, si le dévoûment des gens de couleur,qu'on ne saurait trop louer dans cette circonstance,ne l'eussent comprimé à l'instant où elle se manifesta.On prétend que ce complot, ourdi par lesesc<strong>la</strong>ves de tous les quartiers environnans , ne devaitéc<strong>la</strong>ter que dans <strong>la</strong> nuit du 15 octobre, et que<strong>la</strong> colonie dut son salut à l'impatience des nègres deces deux habitations qui devancèrent de 60 heuresl'explosion générale. Une trentaine de coupablesfurent saisis, et <strong>la</strong> punition qu'on leur infligea futcruellement exemp<strong>la</strong>ire.Vers <strong>la</strong> même époque, le gouvernement de Porto-Rico eut connaissance d'un projet d'insurrectiond'un autre genre, qui devait s'exécuter dans le sudde l'île. Des mesures furent prises sur-le-champ, etdivers individus furent arrêtés. Ce mouvement,que l'on crut avoir été provoqué par le présidentBoyer, se liait à une expédition de trois à quatrecents avanturiers, partis des Etats-Unis sur cinqpetits bâtimens , et qui avaient re<strong>la</strong>ché à Saint-Barthelemy. Ils devaient débarquer à Porto-Rico,et y fonder, sous le nom de Boïqua, ancien nomcaraïbe de l'île, une république indépendante, gouvernéepar un président, ayant le titre de généralen chef, et sous <strong>la</strong> direction politique de l'ancienagent du directoire à <strong>la</strong> Guadeloupe.Une frégate espagnole courut au devant de cetteexpédition, <strong>la</strong> dispersa , prit deux des bâtimens qui


( 423 )en faisaient partie; les autres parvinrent, «à s'échapper.Les chefs se réfugièrent à Curaçao, d'oùils passèrent à Caracas (1).1822.( 1 ) Au moment où nous terminons cet ouvrage ( 1ER juin1823,) M. le lieutenant-général comte Donzelot continueà administrer <strong>la</strong> Martinique à <strong>la</strong> grande satisfaction de <strong>la</strong>métropole et de <strong>la</strong> colonie.M. le lieutenant-général comte de Lardenoy ayant étéappelé à l'emploi de gouverneur du château des Tuileries,une ordonnance du roi, du 2 avril 1823, a nommé M. lecontre-amiral Jacob pour aller le remp<strong>la</strong>cer dans le gouvernementde <strong>la</strong> Guadeloupe. Ce nouveau gouverneur a misà <strong>la</strong> voile de Brest le 28 mai, sur <strong>la</strong> frégate l'Euridicc,emmenant avec lui M. Lacour, commissaire principal de<strong>la</strong> marine, nommé ordonnateur à <strong>la</strong> Guadeloupe, parordonnance du g mai, en remp<strong>la</strong>cement de M. Roustagnenq.


(424)CONCLUSION.OSER dire que <strong>la</strong> découverte et <strong>la</strong> possession desAntilles nous ont été moins utiles qu'onéreuses, ceserait s'exposer peut-être à soulever de nombreux etpuissans antagonistes. Cependant, l'histoire qu'onvient de parcourir semble démontrer que ces îles,loin d'avoir été, pour <strong>la</strong> France, des moyens deprospérité, n'ont cessé d'épuiser ses générations etses ressources. Que ce résultat provienne de l'ignorancedu parti qu'elle aurait pu en tirer ou d'unemauvaise administration, il n'en est pas moins réel.A <strong>la</strong> vérité, sans le Nouveau-Monde nous aurionsmoins de produits et moins de jouissances, maisaussi nous serions plus riches en patriotisme et envertus - car les richesses démoralisent l'homme, et<strong>la</strong> mollesse corrompt tout ce qui doit être fort etgrand. Les Romains, si indépendans d'âme et decorps, si redoutables quand ils étaient pauvres, nevirent-ils pas tomber leur république quand le luxel'eut envahie? Et plus récemment, l'Espagne, avecses mines d'or, n'a-t-ellé pas vu s'éteindre son industrieet sa vigueur? Mais des considérations aussiélevées s'écartent de notre but; forcés de vivre avecI


( 425 )des maux inguérissables, cherchons du moins à enarrêter les progrès, et écartons tout ce qui tend à lesaggraver.On a vu que, depuis l'époque des premiers établissemensjusqu'au moment où nous écrivons, lesAntilles françaises, victimes de <strong>la</strong> fureur des élémens,delà politique avare et jalouse de l'Angleterre,et de l'insouciance du gouvernement français, sont,en outre, minées sourdement par un mal particulier.Le nombre et <strong>la</strong> variété des cultures , premièresource de leurs richesses, ont été réduits par <strong>la</strong> ridiculevanité de passer de l'humble c<strong>la</strong>sse des petitsà celle des grands p<strong>la</strong>nteurs. Dans celle-ci, quelquesfamilles, incessamment occupées des moyens d'obtenirle pouvoir, se sont, en attendant, arrogées ledroit exclusif de l'entourer, de le diriger, et disposentà leur gré de ses sévérités et de ses faveurs.De là chez les uns l'orgueil et les prétentions ; chezles autres l'envie et l'impatience du joug, sourceshéréditaires de divisions , de sentimens et d'intérêtsopposés, de déchiremens et de proscriptions.La rébellion qui éc<strong>la</strong>ta à <strong>la</strong> Martinique en 1717,révé<strong>la</strong> aux oligarques le secret de leur force; depuisce temps, ils n'ont pas cessé d'opprimer les colonies,et par conséquent de nuire à leur prospérité, parcequ'ils savent que, du côté de l'autorité, cette oppressionest pour eux sans dangers.Lorsque les îles furent prises, en 1759 et en 1762,et surtout lors de <strong>la</strong> conclusion du trop fameuxtraité de 1763 , l'oligarchie , séparant ses intérêts de


( 426 )ceux de <strong>la</strong> métropole , apprit aux ennemis de <strong>la</strong>France qu'ils pouvaient se procurer, avec moins depérils, ce que jusque-là ils n'avaient pu acquérirqu'à prix de sang et par <strong>la</strong> force des armes.Après avoir été long-temps imprenables , les Antillesfrançaises, surtout <strong>la</strong> Guadeloupe, sont, depuisle milieu du 18" siècle, et seront désormaishors d'état de se défendre, si elles restent soumises àl'influence de quelques privilégiés. Ce sont eux qu'ona vus préparer les défections, entretenir avec l'ennemiune correspondance continuelle et à peinesecrète, lui fournir des renseignem ens exacts sur<strong>la</strong> force et les dispositions des troupes, sur les ressourcesde l'île et le caractère des chefs ; répandredes bruits a<strong>la</strong>rmans pour décourager <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionfidèle- vanter <strong>la</strong> générosité et <strong>la</strong> puissance de l'ennemiqu'ils appellent, auquel ils tendent <strong>la</strong> main;indiquer les points de défense qu'il faut attaqueravec le plus de succès; servir eux-mêmes de guideset mettre à sa disposition leurs bestiaux et leursnègres, donnant à ceux-ci le périlleux exemple del'abandon et du vil métier de transfuge, qu'ils neconnaissaient pas.Le gouvernement français a tenté plusieurs fois ,mais toujours en vain, de détruire cet esprit cosmopolite, si contraire aux intérêts de <strong>la</strong> France et deses colonies. Avant que les bureaux de <strong>la</strong> métropolese fussent ressentis de l'influence coloniale, les instructionsqu'on donnait aux gouverneurs et auxintendans , celles surtout qui furent remises par le


( 427 )roi à MM. de <strong>la</strong> Varenne et de Ricouart, avaientpour objet de réprimer une oligarchie ambitieuseet turbulente; qui s'occupait plus de dominationque de cultures. Terrassé et non détruit par <strong>la</strong>révolution, qu'il avait d'abord imprudemmentimportée dans les colonies ; réprimé par le gouvernementimpérial, qui voulut que les jugemens desconseils supérieurs fussent soumis aux recours encassation, ce parti s'est relevé toutes les fois que <strong>la</strong>fortune ou l'imprévoyance lui en ont <strong>la</strong>issé lesmoyens. Les vengeances qu'il exerça à <strong>la</strong> Martiniqueen 1790, et à <strong>la</strong> Guadeloupe en 1794, en1810, en I8I5, furent affreuses; et <strong>la</strong> conduitequ'il a tenue dans cette dernière colonie, en 1816,a dû convaincre les plus incrédules que ce parti,composé d'hommes influens, mais en petit nombre,est toujours prêt à se ranger sous le drapeau qui luipromet le pouvoir, sans s'embarrasser si, les couleursde ce drapeau sont celles du roi de France oudu roi d'Angleterre.Est-il donc impossible de rendre à nos îles, particulièrementà <strong>la</strong> Guadeloupe , le courage, l'unionet les nobles sentimens qui se manifestèrent auxépoques de ses belles défenses de 1691 et de 1703?En douter serait calomnier une popu<strong>la</strong>tion brave etfidèle, dont l'attachement à <strong>la</strong> France survit à l'abandon, à l'oppression, et résiste à tous les genresde séductions. Pour atteindre ce but, les moyensne sont ni compliqués ni difficiles; il suffit de choisirpour les gouverner des hommes intègres et forts,


( 428 )justes surtout; qui ne soient point étrangers à l'esprit,aux besoins de <strong>la</strong> culture et du commerce descolonies , mais qui le soient à l'esprit et aux intérêtsde localité, et qui, prémunis d'avance contre l'ambitionet les projets d'une oligarchie auxiliaire del'étranger, sachent résister à sa pernicieuse influenceet en paraliser les effets. Avant tout, il fautque les ordres et les instructions de <strong>la</strong> métropoleen imposent le devoir à ses délégués, et que ces déléguéssoient doués d'une volonté ferme et d'uneconstance infatigables, qualités essentielles, nécessaires, et qui malheureusement sont rarement l'apanagedes dépositaires et des représentans de <strong>la</strong>puissance.


( 429 )APPENDICE.Procès intenté au contre-amiral Linois et à l'adjudantcommandant Boyer.PAR un raffinement de précautions, dont l'avenir i8i5.dévoi<strong>la</strong> le but, on évita, lors du départ des prisonniersfrançais de <strong>la</strong> Guadeloupe, de réunir lecontre-amiral Linois et l'adjudant-commandantBoyer sur le même bord. Le bâtiment qui portaitle gouverneur, fin voilier, profita d'une tempêtequi dura du 29 au 3i août, pour naviguer isolément.Une vieille frégate condamnée, sur <strong>la</strong>quelleétait l'adjudant-commàndant, courut les plus grandsdangers ; le bruit de sa perte fut répandu à <strong>la</strong> Guadeloupe; les diverses re<strong>la</strong>tions de ce qui s'y étaitpassé furent écrites avec moins de retenue et moinsde scrupules, à l'égard d'un homme qu'on croyaitnoyé; et M. de Linois, arrivé en rade de Portsmouth,quatre jours avant lui, s'empressa d'adresserau ministre de <strong>la</strong> marine, en France , une demandepour être jugé.Le convoi mouil<strong>la</strong> près de Portsmouth, le 4 oc-


( 430 )1815.tobre. Qu'on juge de l'indignation de tous les prisonniersfrançais lorsqu'ils virent dans le long rapportdu général Leith, inséré dans toutes les gazettesang<strong>la</strong>ises et adressé à Paris à l'ambassadeur britanniqueet au duc de Wellington, ce passage infâme :« On ne pouvait que se féliciter d'avoir arraché <strong>la</strong>» Guadeloupe au jacobinisme , puisqu'il était» connu que toutes les mesures sanguinaires, les» scènes les plus atroces de <strong>la</strong> révolution y avaient» été imaginées; <strong>la</strong> fête de Bonaparte devait y être» célébrée, le 15 août, par l'exécution des roya­» listes déjà condamnés à mort; les esc<strong>la</strong>ves y» avaient été appelés aux armes, et beaucoup d'en-» tre eux étaient déjà dressés à ces actes de frénésie» et de sang !! etc. (I). »(1) Ou a du remarquer qu'à <strong>la</strong> Guadeloupe, personnen'avait été arrêté durant les cent jours, que pas une gouttede sang n'y fut versée, et qu'aucun esc<strong>la</strong>ve ne fut armé. Lesix août le gouverneur s'était contenté de <strong>la</strong> démonstrationde vouloir faire arrêter l'habitant à qui le colonel Yatableavait adressé sa fameuse lettre, et qu'on disait tracer unchemin pour faciliter <strong>la</strong> marche des Ang<strong>la</strong>is. A <strong>la</strong> Pointeà-Pîtrece ne fut que le jour de l'attaque que le commandantde p<strong>la</strong>ce fit saisir et enfermer au fort Fleur-d'Épée,deux colons trouvés à <strong>la</strong> tête d'un rassemblement armé enfaveur de l'ennemi. La communication était alors interrompueentre les deux villes, et le commandant en secondn'a eu connaissance de cette arrestation qu'à Paris. Cependantdes journaux français et le Moniteur du 23 septembre


( 431 )Les officiers de <strong>la</strong> marine ang<strong>la</strong>ise en furent euxmêmesrévoltés ; le séjour qu'ils venaient de faire à1815.<strong>la</strong> Guadeloupe les avait convaincus de toute <strong>la</strong> faussetéde ces calomnies; et on ne saurait concevoirquelle passion assez forte put aveugler des officiersfrançais, au point d'avoir soufflé ces odieuses imputationssans être retenus par <strong>la</strong> crainte de flétrirainsi le pays qui les avait vus naître?L'adjudant-commandant tint à honneur, de démentirces infamies, et s'adressa à Londres, auministre lord Balthurst, et à Paris au duc de Wellington, ami particulier du général Leith. Mais quepouvaient produire les rec<strong>la</strong>mations d'un officierauquel tant de mains se disputaient le p<strong>la</strong>isir dejeter <strong>la</strong> première pierre ! Ses lettres eurent le sortde toutes les p<strong>la</strong>intes des proscrits , les deux Ang<strong>la</strong>isn'y firent aucune attention.M. de Linois partit le 7 octobre pour le Havre ;le convoi ne mit à <strong>la</strong> voile que le 11 , et y arriva le14. Le débarquement eut lieu le 17, et les deuxchefs furent détenus séparément dans cette ville.Le général Donadieu, chargé de venir inspecterles troupes, de les licencier ou de donner du serviceà ceux qu'il en jugea dignes , entretint en particu-1815 , ne craignirent pas de rapporter les noires calomniesdes Ang<strong>la</strong>is, les on dit re<strong>la</strong>tivement aux royalistesdésignés, à <strong>la</strong> Guadeloupe, pour être mis à mort le i5août, etc. !


(432 )1815. lier quelques officiers. L'adjudant-commandant espéraitque ce général l'entendrait, mais il ne lefit pas, et n'en adressa pas moins au ministre unrapport singulièrement accusateur, qui a paru auprocès.Les deux chefs furent transférés isolément àParis, et déposés dans <strong>la</strong> prison de l'abbaye, le 3ooctobre.Le colonel Vatable , au lieu de suivre son régimenten France, aima mieux rester pour exploiterà sonprofit<strong>la</strong> ruine du commandant en second. Cequ'il venait de faire à <strong>la</strong> Guadeloupe , lui paraissantinsuffisant pour atteindre ce but, il se rendit à <strong>la</strong>Martinique afin de s'étayer d'autorités dont le poidsne pouvait que lui rendre favorable <strong>la</strong> France de1815. Il savait que le commandant en second étaitprotégé dans cette colonie par le souvenir d'uneconduite honorable pendant sept ans; mais quepeut le souvenir de <strong>la</strong> vie entière d'un homme contreles intrigues de l'envie et de l'esprit de parti ?L'intendant, M. de Guilhermy y était toujours,et déjà trompé par l'exagération des récits qu'on luiavait faits , il avait adressé en France un rapportpassionné. M. Va<strong>la</strong>ble, dont il ignorait <strong>la</strong> conduitedepuis le 18 juin , et qui avait un grand ascendantsur son esprit, parvint facilement à lui persuadertout ce qu'il voulut sur sa fidélité supposée,sur les dangers qu'il avait courus et sur les fureursdu commandant en second. La Martinique fut entraînée, et toutes les re<strong>la</strong>tions que cette colonie fit


( 433 )parvenir en France, se trouvèrent coïncider avec 1815.celles envoyées de <strong>la</strong> Guadeloupe.Les lettres de M. de Guilhermy étaient remarqua-Lies par un panégyrique surprenant du colonel Vatable,et par un récit exagéré desévénemens des centjours. Dans son rapport officiel, il al<strong>la</strong>it jusqu'à direau ministre que l'adjudant-commandant avait reçu2,000 moëdes de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, et 1,000 de <strong>la</strong>Basse-Terre (120 mille Francs) pour opérer lemouvement du 18 juin (I).Cependant malgré <strong>la</strong> foule de rapports parvenus(1) Voir <strong>la</strong> Quotidienne du 24 septembre au 1er octobre1815.La Guadeloupe en masse repoussa cette imputation sigrave et si légèrement admise ; son auteur s'en désista,et le conseil de guerre <strong>la</strong> jugea si peu vraisemb<strong>la</strong>ble qu'ilrefusa de s'en occuper. L'examen sévère de tousles comptesfit reconnaître que le commandant en second était le seulofficier à qui il était dû deux mois d'appointemens à sondépart de <strong>la</strong> colonie ; qu'il n'avait reçu ni gratifications niindemnités, et n'avait pas même été remboursé par letrésor, suivant l'usage, des dépenses qu'il avait faites pour<strong>la</strong> réception du gouverneur à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, ni pourcelle de l'intendant ; à <strong>la</strong> vérité il n'eut jamais l'idée,d'en faire <strong>la</strong> demande et personne n'y songea pourlui.Il est bien absurde de voir le même homme accusé d'aVoir séduit les habitans d'une colonie pour les insurger, etd'avoir été corrompu par eux pour le faire!III. 28


( 434 )1815. au ministère de <strong>la</strong> marine, deux mois s'étaient péniblementécoulés depuis que les deux chefs de <strong>la</strong>Guadeloupe, détenus dans les prisons de Paris, attendaientune décision sur leur sort ; l'instructiondu procès n'était pas encore commencée. En vainl'ancien administrateur des Ang<strong>la</strong>is , pour se débarrasserdu témoin redoutable qui pouvait tôt outard éc<strong>la</strong>irer le public sur ses actes, s'agitait danstous les sens, recourait pour le perdre, à l'influencealors toute puissante de l'étranger et aux intriguesde quelques femmes sans pudeur ; on était généralementpersuadé que l'autorité couvrirait du manteaude l'oubli des événemens arrivés à 1800 lieuesdu royaume et qui avaient été l'inévitable conséquencede ce qui s'était passé en France. Le ministrede <strong>la</strong> marine s'était même prononcé pour cetavis.Ne voyant, dans tout ce qui avait été écrit, quedes accusations vagues, il venait de déc<strong>la</strong>rer à unmaréchal-de-camp, ami de l'adjudant-commandantBoyer, qu'il ne pouvait faire mettre cet officier enjugement , parce que sa signature n'était apposée àaucune proc<strong>la</strong>mation , à aucun acte public du gouvernementde <strong>la</strong> Guadeloupe pendant les cent jours.Mais le lendemain de cette déc<strong>la</strong>ration , M. Vatablearrive à Paris, très-inquiet sur le sort de sonadresse à Napoléon, et de ses dépêches au ministreDecrès , dont étaient porteurs MM. Schmaltz et Linoisfils. Promptement rassuré par <strong>la</strong> certitude de<strong>la</strong> destruction de ces indiscrets témoignages, fort


( 435 )de l'appui des acolytes intéressés à sa cause, qu'il 1815trouve installés dans les bureaux des colonies, et del'esprit qui pesait alors sur <strong>la</strong> France, il court chez,le ministre de <strong>la</strong> marine, surprend sa religion parles assertions qu'il entasse, et lui dépeint l'ex-commandanten second de <strong>la</strong> Guadeloupe sous des couleurstellement noires , que <strong>la</strong> mise en jugement decet officier est ordonnée sur-le-champ. Le jourmême , le ministre reproche avec véhémence aumaréchal-de-camp , son ami, l'intérêt qu'il porte àun homme dont on vient de lui faire un si épouvantable portrait. Ce général consterné se rend chezle colonel Vatable, cherche à le ramener à des sentimensplus modérés, plus dignes d'un militaire, etn'en reçoit qne cette réponse : Il est trop tard àprésent, je ne puis rétracter ce que j'ai dit; maisM. Boyer a une pièce qui peut le sauver, il n'a qu'à<strong>la</strong> produire (i).On ne s'en tint pas là : poursuivant le cours deces calomnies, on répandit, dans les sociétés deParis, que le colonel Vatable étant à déjeuner chezle commandant en second de <strong>la</strong> Guadeloupe, aprèsle 18 juin , celui-ci l'avait fait arrêter pour le faire(I) L'adresse de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître sur le mouvement du18 juin, qu'on avait cru trouver dans son porte-feuille;mais dont il ne s'était jamais dessaisi; on vou<strong>la</strong>it l'avoir àtout prix pour pouvoir, sans doute, exercer des vengeancescontre ses nombreux signataires.


1815.( 436 )fusilier, à cause de sa résistance au nouvel ordre dechoses. Un riche négociant introduisit M. Vatableauprès d'un vieux Provençal, jouissant d'un crédittout puissant auprès du ministre et danslesbureaux ;dès-lors le triomphe de ce colonel fut complet, etil ne fut plus question, dans certains cercles de <strong>la</strong>capitale, que des prétendues cruautés du révolutionnaire.Boyer, et de l'incomparable générosité duchevalier Vatable,qu'on disait issu d'une familledes plus distinguées de <strong>la</strong> Guadeloupe, de tout tempsdévouée aux Bourbons, et dont les services et <strong>la</strong>loyauté garantissaient <strong>la</strong> fidélité (i).Les bureauxfurent obligés de céder à son crédit, à l'influencedu vieux Provençal, aux intrigues des nouveauxvenus dan s ces bureaux ; et avec de tels secours , onparvint à. donner à l'opinion publique et à l'instructiondu procès <strong>la</strong> direction que souhaitaient <strong>la</strong> haineet l'ambition des ennemis de l'accusé.L'adjudant-commandant Boyer était étranger audépartement de <strong>la</strong> marine; aucune voix n'osa s'yélever en sa faveur. Il ne tenait qu'à l'armée alorsproscrite par catégories (2) ; et il est trop évidentque le procès ne fut dirigé que contre lui seul. Tousles dossiers furent compulsés, tous les mémoires,toutes les lettres furent recueillis, toutes les haines(1) M. Va<strong>la</strong>ble est fils d'un médecin de bord, qui sefixa à <strong>la</strong> Basse-Terre pour y faire fortune.(2) Voir <strong>la</strong> chronologie de l'histoire de France en 1820,pages 693 à 697 et 700.


( 437 )consultées, et de cet amas de documens, sortitl'acte d'accusation qui fut présenté au conseil deguerre.L'instruction du procès n'était pas encore connuedes deux accusés; et <strong>la</strong> loi d'amnistie, soumise à<strong>la</strong> chambre des députés, le 8 décembre, ne devaitpas tarder à être promulguée, n'ayant souffertqu'une discussion de cinq séances. Le roi, convaincu,avec <strong>la</strong> majorité de <strong>la</strong> nation, qu'à <strong>la</strong> suitedes révolutions <strong>la</strong> modération et <strong>la</strong> clémence peuventseules cicatriser les p<strong>la</strong>ies de <strong>la</strong> patrie, vou<strong>la</strong>it,étendre le bénéfice de cette loi aussi loin que pouvaitle permettre <strong>la</strong> sécurité de l'état. Il était naturelde croire qu'elle aurait son effet, à partir du jouroù S. M. l'avait proposée; <strong>la</strong> dignité de sa couronnesemb<strong>la</strong>it l'exiger. Mais des hommes exaspérés enresserrèrent le cercle, <strong>la</strong> chambre décida avec unefougue impétueuse , et l'on peut dire qu'elle litune sorte de violence à <strong>la</strong> sanction royale (I).La loi fut publiée à Paris dans <strong>la</strong> matinée du 12janvier; les accusés de <strong>la</strong> Guadeloupe se félicitaientde se trouver ainsi compris dans ce grand acte dejustice, car absoudre l'erreur ce n'est qu'être juste.Mais ce jour-là même, le rapporteur du conseil deguerre vint à midi, faire subir un premier interrogatoireà M. de Linois, et à 4 heures à M. Boyer (2).1815.1816(1) Voir <strong>la</strong> chronologie de l'histoire de France en 1820,page 718.(2) Dans ce moment une dépêche télégraphique trans


1816.( 438 )On avait si bien senti que cet acte constatait seulle commencement des poursuites , que le protocolequ'on eut le soin de dresser à l'avance, portait <strong>la</strong>date du II janvier; mais un défaut de forme n'avaitpaspermis au rapporteur de pénétrer ce jour-làdans <strong>la</strong> prison.Dans cet interrogatoire, on ne communiquaqu'une seule pièce à l'accusé Boyer , c'était l'ordonnancedu roi portant : « que, sur le délit d'insubordinationcommis par M. de Linois envers M. deVaugiraud (1), et par M. Boyer envers M. de Linois, une commission militaire spéciale était chargéede connaître de leur conduite. » Elle était datéedu 29 décembre, pour qu'elle pût constater le commencementdes poursuites; mais <strong>la</strong> pièce principale, le rapport du ministre qui l'avait provoquée,ne fut point notifié à l'accusé.Le second interrogatoire n'eut lieu que le 29janvier, sans communication d'aucune pièce, pasmême de celles à charge, sur lesquelles seules l'accusépouvait baser sa défense (2).mettait à Rennes l'ordre d'interroger sur-le-champ le généralTravot.(1) Ce n'avait été qu'en mai 1815, lorsque <strong>la</strong> Franceétait soumise à Napoléon, que M. de Vaugiraud fut nommégouverneur-général des îles françaises, par un ordre datéde Gand et par conséquent ignoré à <strong>la</strong> Guadeloupe.(2) Elles ne lui furent communiquées qu'après le troi-


( 439 )11 subit son troisième et dernier interrogatoire1816le 2 2 février, et alors seulement on lui notifia lerapport du ministre de <strong>la</strong> marine au roi, et unenouvelle ordonnance, quoique de <strong>la</strong> même date,mais ainsi conçue : « MM. de Linois et Boyerétaient prévenus de crimes prévus par le Code pénalmilitaire ; et le premier conseil de guerre permanentde <strong>la</strong> première division militaire était chargé deconnaître de leur conduite (1).Un avocat distingué était venu dans <strong>la</strong> prison ,écouter l'exposé de <strong>la</strong> cause du commandant ensecond. Frappé de sa c<strong>la</strong>rté, il l'avait trouvée belle,et avait dit qu'elle ferait honneur à celui qui <strong>la</strong> p<strong>la</strong>iderait;cependant il jugea prudent de lui refuserson ministère et celui de son fils : défendre des militairesn'était pas alors une tâche sans péril.Le courageux Dupin, qne l'infortune est toujourssûre de trouver dans les circonstances difficiles, répondit avec empressement à l'appel qui luifut fait. Mais à Pinstant des débats, craignant quele souvenir récent de sa défense dans une affaire mémorable,n'eût une influence fâcheuse sur celle-ci,il dut, dans l'intérêt de son client, renoncer à p<strong>la</strong>isièmeinterrogatoire, lorsqu'il restait à peine le temps decompulser <strong>la</strong> multitude de ces pièces.(1) II y avait <strong>la</strong> même différence, entre ces deux ordonnances,qu'entre l'insubordination et le complot, ountre <strong>la</strong> peine des arrêts et <strong>la</strong> peine capitale.


1816.( 440 )der pour lui ; toutefois il demeura son conseil, etchargea de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>idoirie un jeune avocat, M. Legouix, qui s'en acquitta avec autant de talent quede zèle.La considération dont jouissait M. de Linois;ses services, ses nombreux amis, portaient toutl'intérêt sur lui; les impressions défavorables, lesfàcheux;pronostics (et il y en eut de bien étranges )étaient tous contre l'adjudant-commandant Boyer,qu'on ne connaissait que fort peu.Le conseil de guerre, se réunit le 6 mars. 11 étaitcomposé de MM. :Le comte LAW DE LAURISTON, lieutenant-général, Président ;Aide-de-camp de Napoléon jusqu'à <strong>la</strong> restaura-,tion et son dernier ambassadeur en Russie , i<strong>la</strong>vait commandé en chef un de ses corps d'armée etacquis près de lui ses grades, ses titres , ses honneurs.Au moment du procès il était pair de Franceet commandait une division d'infanterie de <strong>la</strong> garderoyale. Il est maintenant marquis , ministre de <strong>la</strong>maison du Roi , maréchal de France , etc., etc.Le comte CLAPAREDE , lieutenant - général,Juge ;Avait obtenu sous Napoléon ses grades , ses ti-


( 441 )tres et ses honneurs. Etait, en 1816, inspecteur généralde <strong>la</strong> division de Paris , l'est encore aujour­1816.d'hui, et de plus pair de France, gouverneur d'undes châteaux royaux , etc., etc.Le comte BORDESOULLE , lieutenant-général,Juge ;Avait obtenu sous Napoléon ses grades , ses titreset ses honneurs. Au moment du procès, ilcommandait une division de cavalerie de <strong>la</strong> garderoyale. Il est maintenant premier gentilhomme deS.A. R. Monseigneur le duc d'Angoulême, gouverneurde l'école polytechnique , et commande<strong>la</strong> cavalerie de l'armée en Espagne, etc., etc.Le baron DIGEON , lieutenant-général. Juge;Avait acquis sous Napoléon ses grades , ses titreset ses honneurs; commandait en 1816 une divisionde cavalerie de <strong>la</strong> garde royale. Il est aujourd'huivicomte, pair de France, ministre d'état, etc., etc.Le baron D'ABOVILLE , maréchal -de- camp ,Juge;Avait obtenu ses différens grades sous Napoléon ;est mort 1821 comte et pair de France par succession.


( 4 4 2 )1816. Le baron de MONTBRUN ( Alexandre) maréchalde-camp , Juge ;Avait obtenu ses grades et ses titres sous Napoléon;commandait en 1816 le département de Seineet-Oise;est mort en 1821.Le vicomte de FESENZAC, maréchal-de-camp ,Juge ;Gendre du duc de Feltre, il avait obtenu sousNapoléon ses grades et ses honneurs. En 1816 , ilcommandait une brigade d'infanterie de <strong>la</strong> garderoyale, et <strong>la</strong> commande encore aujourd'huiLe comte de SESMA1SONS ( Donatien ) Colonel-Rapporteur ;Chef d'état-major dans <strong>la</strong> garde royale, divisionLauriston.Le ch. SARTELON , commissaire-ordonnateur ,Procureur du roi ;Avait acquis sous N apoléon ses emplois , ses honneurset sa fortune. Au moment du procès , il étaitordonnateur de <strong>la</strong> garde royale et membre de <strong>la</strong>chambre des députés de 1815. Il est aujourd'hui intendantd'une division militaire.


( 443 )La composition de ce conseil ranima l'espoir del'accusé Boyer ; tous ses membres sortaient des rangsde l'ancienne armée; quelques-uns avaient servipendant les cent jours; tous s'étaient décidés à resteren France et à prêter serment au gouvernementd'alors. Il faut en excepter le général Bordesoullequi, se trouvant dans une situation particulière ,avait cru prudent, au 20 mars, de passer de Mézièresà l'étranger.Depuis 18o5, cet accusé était particulièrementconnu du président. Et qui pouvait mieux appréciersa conduite à <strong>la</strong> Guadeloupe, et juger de ce que lescirconstances ont quelquefois d'impérieux, que cegénéral qui se trouvant , au 20 mars , commanderune partie de <strong>la</strong> maison militaire du Roi, aprèsavoir recueilli les dernières paroles de S. M. sur <strong>la</strong>frontière, licencia et renvoya chez eux des officiersdont le serment et <strong>la</strong> volonté étaient de suivre et dedéfendre le monarque!L'adjudant-commandant Boyer , ne demandantqu'une justice impartiale , avait d'autant plus lieude fonder son espoir sur ce conseil, que sa vie entière, exempte de reproches, offrait à ses juges unegarantie qui devait prévaloir sur les trames de sespersécuteurs, <strong>la</strong> plupart peu favorablement notés(I).1816( 1 ) Le rapporteur du conseil avait fait des recherchesexactes dans les ministères de <strong>la</strong> guerre et de <strong>la</strong> marine ;


l816.( 444 )il se restreignit à un seul moyen préjudiciel que<strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation du Roi du 28 juin ( 1 ) , et l'ordoni<strong>la</strong>vait écrit dans tous les lieux, s'était adressé à tousles personnages qui pouvaient lui donner des notions surles principes, <strong>la</strong> moralité, <strong>la</strong> vie politique et militaire del'accusé Boyer, et n'avait reçu de toutes parts que desrapports satisfaisans. Le colonel Vatable lui-même n'avaitpu recueillir à <strong>la</strong> Guadeloupe et à <strong>la</strong> Martinique uneseule signature, une seule de ses actions publique ouprivée qui lût repréhensible,(1) Cambrai, le 38 juin 1815.Ploc<strong>la</strong>mation du roi aux Français, (Moniteurdu 7 juiljet1815.)J'apprends qu'une porte de mon royaume est ouverte,et j'accours. J'accours pour ramener mes sujets égarés,pour adoucir les maux que j'avais voulu prévenir, pourme p<strong>la</strong>cer une seconde fois entre les années alliées et lesFrançais, dans l'espoir que les égards dont je peux êtrel'objet, tourneront à leur salut : c'est <strong>la</strong> seule manièredont j'ai voulu prendre part à <strong>la</strong> guerre. Je n'ai paspermis qu'aucun prince de ma famille parût dans lesrangs des étrangers, et j'ai enchaîné le courage de ceuxde mes serviteurs qui avaient pu se ranger autour demoiMon gouvernement devait faire des fautes, peut-être ena-t-il fait. Il est des temps où les intentions les plus puresne suffisent pas pour diriger, où quelquefois même elles


( 445 )nance du 24 juillet", rendaient sans réplique , celuide l'amnistie. Le 20 mars étant sans exempledans l'histoire, puisqu'il aurait compromis toute <strong>la</strong>France, nécessitait une clémence sans limites ;car <strong>la</strong> France toute entière ne pouvait pas être livréeà <strong>la</strong> vindicte des lois. Ceux-là seuls étaient passiblesd'un jugement, qu'on pouvait présumer êtreles auteurs du mouvement ; et <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation deCambrai n'exceptait qu'eux de l'amnistie pleine etentière qu'elle assurait pour tout ce qui s'était passédepuis le 23 mars jusqu'au 28 juin. L'ordon­181G,égarent. L'expérience seule pouvait avertir; elle ne serapas perdue , je veux tout ce qui sauvera <strong>la</strong> FranceJE prétends ajouter à celte charte toutes les garantiesqui peuvent en assurer le bienfaitJe ne veux exclure de ni à présence que ces hommesdont <strong>la</strong> renommée est un sujet de douleur pour <strong>la</strong> France,et d'effroi pour l'Europe. Dans <strong>la</strong> trame qu'ils ont ourdie, -j'aperçois beaucoup de mes sujets égarés et quelquescoupables.Je promets, moi qui n'ai jamais promis en vain (l'Europeentière le sait) de pardonner à l'égard des Français égarés,tout ce qui s'est passé depuis le jour où j'ai quille Lilleau milieu dotant de <strong>la</strong>rmes, jusqu'au jour où je suis rentrédans Cambrai au milieu de tant d'acc<strong>la</strong>mationsJe dois excepter du pardon, les instigateurs et les auteursde cette trame horrible; ils seront désignés à <strong>la</strong> vengeancedes lois par les deux chambres que je me proposed'assembler incessamment


( 446 )1816. nance du 2 4 juillet défendait de poursuivre quiconquene s'y trouvait pas nominativement désigné.La loi d'amnistie du 12 janvier complétait ce systèmede légis<strong>la</strong>tion , et semb<strong>la</strong>it n'avoir été proposéeque pour en excepter <strong>la</strong> famille de Napoléon ;<strong>la</strong> chambre de 1815 y avait ajouté une autre c<strong>la</strong>ssed'individus.Le commandant en second de <strong>la</strong> Guadeloupe,p<strong>la</strong>cé dans une des dépendances de <strong>la</strong> France , à1800 lieues du foyer des événemens , n'avait cédéà l'empire des circonstances , qu'après le départ eten vertu des paroles sacrées du Roi, lorsque le nouveaupouvoir était établi en France et enjoignait à<strong>la</strong> Guadeloupe de se rallier à lui. L'acte d'insubordinationcommis envers le gouverneur pendant l'absencedu Roi, avait été authentiquement sanctionnépar le gouverneur lui-même qui en avait reconnu<strong>la</strong> nécessité , et s'en était déc<strong>la</strong>ré le premier tenant.Le passé comme le présent militait donc pourl'accusé Boyer ; son avocat fut habile à faire valoiravec ces antécédans , les causes irrésistibles qui l'avaiententraîné, <strong>la</strong> modération qui l'avait accompagné, <strong>la</strong> générosité du Roi, l'esprit de cette légis<strong>la</strong>tionspéciale qui, dans tous les pays , présume toujoursles bonnes intentions de l'accusé , et ici cesintentions ne pouvaient pas être douteuses. Maisses moyens de défense furent écartés, on persistaà le présenter comme un des auteurs et des instigateursd'un 20 mars , à <strong>la</strong> Guadeloupe , parce qu'il


( 447 )en avait arboré les couleurs dans celte colonie , où 1816les Ang<strong>la</strong>is les avaient en quelque sorte importéesles premiers, en relâchant l'aviso l'Agile.Les juges refusèrent d'admettre le moyen préjudicielde l'amnistie, et de l'appliquer à un délitcommis en exécution des ordres du gouvernementauquel <strong>la</strong> France obéissait alors, (1)Pour éc<strong>la</strong>irer davantage <strong>la</strong> religion de ses juges ,l'accusé Boyer, dont toute <strong>la</strong> défense s'appuyait surl'état intérieur d'effervescence de <strong>la</strong> colonie, renouve<strong>la</strong><strong>la</strong> demande , adressée au rapporteur , de faireentendre, par commissions rogatoires, quinze témoinsde <strong>la</strong> Guadeloupe, dont il jugeait <strong>la</strong> dépositionnécessaire. Le conseil se déc<strong>la</strong>ra suffisammentinstruit, et cette demande fut rejetée.Au nombre des témoins à décharge qu'on devaitentendre, se trouvaient quatre officiers, indépendansde l'influence du colonel Vatable par leurfortune et leur caractère. Lors de <strong>la</strong> réunion duconseil, on prévint l'accusé Boyer qu'on n'avait su(1) Quand le conseil se retira pour statuer sur <strong>la</strong> questionpréjudicielle de l'amnistie, qui paraissait tenir en suspens<strong>la</strong> conscience des juges, l'adjudant commandant vitavec surprise le procureur général, M. Bel<strong>la</strong>rt,que le hasardou ses fonctions amenaient peut-être dans <strong>la</strong> salled'audience, <strong>la</strong> traverser et passer dans <strong>la</strong> chambre où leconseil délibérait à huis-clos! Peu d'instans après futrendue <strong>la</strong> décision qui rejeta ce moyen préjudiciel 1


1816.( 448 )où trouver trois de ces officiers ; cependant le lieude leur domicile était indiqué sur l'état fourni parles bureaux de <strong>la</strong> guerre; et on avait, dit-oii, oubliéle quatrième , officier d'artillerie, dont <strong>la</strong> dépositionétait d'autant plus importante qu'il avaitconstamment résidé à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître; il était alorsà Nantes , et demandait à être entendu.Les déc<strong>la</strong>rations de l'accusé avaient été assezfranches et les dépositions des témoins assez établiespour qu'on ne dût pas s'efforcer de jeter du doutesur les motifs qui l'avaient déterminé au mouvementdu 18 juin, et pour ne pas Je presser de questions, toujours à-peu-près les mêmes quoique revêtuesde nouvelles formes, au point de l'obliger às'en p<strong>la</strong>indre?Tous les développemens donnés à leurs dépositionspar les témoins à charge, furent accueillis etfavorisés (I). En fut-il de même des autres? Quelpressentiment ne dut pas éprouver l'accusé, lorsqu'ilentendit, au milieu des débats, faire un élogeétrangement pompeux du témoin à charge le plusterrible, du colonel Vatable ; tandis qu'un médecinen chef, respectable par son âge et par ses services,vou<strong>la</strong>nt s'étendre en faveur de l'accusé, fut apostrophépar ces mots ; Mais vous, monsieur, qui(1) Voir ce qui a déjà été dit des témoins à charge,Moreau dit de Jonnés, page 352 , Schmaltz, page 569,et Vatable, page 371


( 449 )aviez des lunettes , vous deviez y voir plus c<strong>la</strong>irqu'un autre ! ! !Ce que les témoins avaient à craindre ou à espérerpour leur sort à venir, eut une influence tellequ'un très-petit nombre osa expliquer sa penséetoute entière. Quant à l'accusé Boyer, on voit assezpar les détails qu'il a donnés, détails inconnus jusqu'ici, qu'il eut <strong>la</strong> généreuse réserve de s'en abstenirpendant tout le cours du procès, et de ne riendire qui pût compromettre le gouverneur ou mêmeses accusateurs. Aujourd'hui les atroces et impudensmensonges qu'on publie contre lui, le contraignentde rompre le silence.Le colonel Va<strong>la</strong>ble , craignant de provoquer desexplications qui auraient pu tout dévoiler, n'osaplus soutenir, devant des témoins prêts à le confondre, son odieuse imputation , que le commandanten second avait voulu le faire condamner à mort !Pour éluder une explication provoquée par l'accusé,il eut recours à une feinte sensibilité, et suppliale conseil de lui éviter <strong>la</strong> douleur de revenir surune circonstance qui lui était personnelle. L'accuséfut forcé de se soumettre à une concession humiliantequi pesait sur son honneur, et il était aumoment de perdre <strong>la</strong> vie !11 fut plusieurs fois question dans les débats , del'adresse de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, sur le 18 juin; on fitmême interpeller l'accusé pour qu'il <strong>la</strong> produisît; l;maisl'adjudant-commandant Boyer, fidèle à sa promessede ne compromettre personne, se tut, sur cette ques-III. 291816.


( 45o )1816. tion ou s'en débarrassa en disant que cette adressese trouvait dans le porte-feuille qui lui avait été pris.La vérité veut qu'on dise, à <strong>la</strong>louange du rapporteur,qu'à part le point de vue sous lequel il envisageale procès, il y porta les attentions les plus délicateset tous les égards qu'exige le malheur (1).On pense bien que l'ancien administrateur desAng<strong>la</strong>is dut se trouver là; il suivit le cours de tousles débats et s'y fit remarquer par des propos d'unetelle inconvenance, que plus d'une fois ses voisinsindignés lui imposèrent silence.Les apparences avaient été si bien ménagées parles premiers auteurs de l'accusation, que le conseily fut facilement trompé, et ne voulut voir qu'unesimple question de fait, au lieu d'une question dedroit plus simple encore, mais d'un, intérêt immense.Le premier devoir d'une colonie et de ceux qui <strong>la</strong>gouvernent n'est-il pas de <strong>la</strong> conserver à <strong>la</strong> métropole?La voilà posée, cette question, il faut <strong>la</strong> résoudreaffirmativement ou renoncer à avoir des colonies.Et lorsque l'exemple d'une île voisine, où les An-(1) M. le colonel de Sesmaisons, seul de tout le conseil,étranger à l'ancienne armée, ne cessa pas de témoignerun vif intérêt à l'adjudant commandant Boyer; on sep<strong>la</strong>ît à rendre hommage aux soins et au zèle avec lequel ils'employa en faveur de l'accusé, dès que le jugement futprononcé.


( 451 )g<strong>la</strong>is avaient officieusement accolé leur pavillon aupavillon français, soulève <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion entièred'une colonie contre le perfide et ruineux protectoratde l'étranger , qu'elle ne connait que trop ;Lorsque <strong>la</strong> nouvelle des événemens de <strong>la</strong> métropole, adroitement répandue par les soins de cesavides protecteurs, i rend plus imminente encorecette effervescence et tous les dangers qui l'accompagnaient;Lorsque (et c'est une vérité incontestable que lesfaits ont prouvée ) les chefs de <strong>la</strong> colonie n'avaientd'autre alternative 'que l'intervention étrangèreavec les anciennes couleurs, sûreté extérieure enarborant les nouvelles ; bouleversemens et malheursau-dedans avec l'intervention étrangère, paix ettranquillité en <strong>la</strong>issant <strong>la</strong> colonie à elle-même, enobéissant à ces impulsions ;Lorsque enfin les événemens se pressent à chaqueinstant au point de ne <strong>la</strong>isser plus qu'une heure,un instant à <strong>la</strong> prudence humaine pour <strong>la</strong> conservationde si grands intérêts , faudra-t-il lui demanderun compte rigoureux des inspirations du momentet de l'exigeance d'une fatale nécessité? Faudra-t-ilen un mot , s'enquérir par quel moyen <strong>la</strong>colonie aura été sauvée ?Or, <strong>la</strong> Guadeloupe a été sauvée le 18 juin 1815;elle a été sauvée et de l'étranger et de <strong>la</strong> guerre civile;elle a été sauvée pour <strong>la</strong> métropole, le 18 juin;car c'est au nom du roi d'Angleterre, c'est sous lepavillon britannique qu'elle a été attaquée et envahie1816


( 452 )1816.le 8 août; c'est par les Ang<strong>la</strong>is qu'elle a été gouvernéejusqu'au 25 juillet 1816, jour où elle a été remiseau roi de France.Il faut donc le dire, le commandant en secondavait sauvé <strong>la</strong> colonie, le 18 juin, et par conséquentavait rempli le premier et le plus impérieux de sesdevoirs.Si dans toute sa conduite il y avait, il faut l'avouer,quelque chose de reproehable, ce ne pouvaitêtre que d'avoir osé prendre l'initiative, et cette véritéest si forte qu'on en fut frappé dans les premiersmomens; aussi <strong>la</strong> première ordonnance du roi, entraduisant cet officier devant un conseil de guerre ,ne lui imputa-t-elle à crime que son acte d'insubordination; c'était le seul et le véritable point de vuesous lequel sa conduite pouvait être examinée. Maisdans les circonstances graves où il s'était trouvé,au milieu des dangers toujours croissans qui l'avaiententouré, après l'utile résultat de son insubordination, n'était-ce pas une de ces heureusestémérités que de tout temps le succès s'est chargéd'absoudre.Et enfin, après cette adhésion solennelle du chefmême de <strong>la</strong> colonie , après <strong>la</strong> sanction qu'il donnaaux événemens, en reprenant immédiatement etses fonctions et son autorité, qui ne furent qu'oubliéesun instant et jamais méconnues , pouvaitonencore parler d'insubordination ; <strong>la</strong> questionavait été décidée par le seul et le meilleur juge quipût en connaître : le gouverneur.


( 453 )Une seule réflexion achevera de porter <strong>la</strong> convictiondans les esprits les plus opiniâtres : opte serait-i<strong>la</strong>rrivé , que seraient devenus et l'accusationet le procès , si ce gouverneur, si le contre-amiralLinois, au lieu de séparer sa défense de celle ducommandant en second , avait noblement acceptél'accusation pour en partager les chances avec lui?Que serait-il arrivé, si l'heureuse harmonie quiexista entre ces deux chefs le 19 juin et jusqu'au11 août 1815, s'était perpétuée jusque sur le bancdes accusés?1816.Qui donc alors se serait constitué le juge et l'appréciateurdes moyens par lesquels on pouvait conserver<strong>la</strong> Guadeloupe à <strong>la</strong> métropole ?Enfin , après six jours de pénibles séances auxquellesprésidait l'appareil le plus imposant, les débatsfurent clos le 11 mars, à six heures et demiedu soir , et le conseil se retira pour délibérer. Adix heures et demie , <strong>la</strong> séance ayant été reprise ,le président prononça le jugement qui acquittait àl'unanimité le contre-amiral Linois, et condamnaità l'unanimité l'adjudant-commandant Boyer à <strong>la</strong>peine de mort (I).(1) Moniteurs du 8 au 14 mars 1816.Jugement prononcé le 11 mars 1816, contre les ex-gouverneuret commandant en second de <strong>la</strong> Guadeloupe.Questions posées par le président.1er Le comte de Linois, etc. a-t-il connu officiellement


( 454 )1816. On respecte le jugement du conseil, on est mêmepersuadé que les juges, trompés par les intriguesqui avaient préparé cette affaire, signèrent cettecondamnation en ame et conscience ; mais aujourd'huique <strong>la</strong> vérité toute entière est connue , sansdoute l'affaire sera envisagée sous un autre aspect.qu'il était sous les ordres de M. le comte de Vaugiraud,gouverneur-général des Antilles françaises, et s'est-ilrendu coupable d'insubordination envers son supérieur?A l'unanimité, n'est pas coupable.2 E Est-il coupable-d'être auteur, fauteur ou instigateurde <strong>la</strong> révolte qui, le 18 juin 1815, a fait passer <strong>la</strong> Guadeloupesous l'autorité de l'usurpateur?A l'unanimité , n'est pas coupable.3° En reprenant,le 19 juin 1815,le commandement supérieurde <strong>la</strong> Guadeloupe,sous les couleurs de l'usurpation,a-t-il manifesté ultérieurement qu'il ne l'avait acceptéque dans l'intention de <strong>la</strong> remettre sous l'autorité du roi?A l'unanimité, oui, il en avait l'intention.4° A-t-il été libre d'exécuter cette intention.A l'unanimité, non, il n'a pas été libre d'exécuter cetteintention.1 c r o Le baron Boyer etc., est-il coupable d'insubordinationenvers son supérieur le comte de Linois gouverneurgénéral de <strong>la</strong> Guadeloupe?A l'unanimité, oui, il est coupable.2 0 Est-il coupable d'être auteur, fauteur et instigateurdelà révoltequi, le 18 juin, a fait passer <strong>la</strong> colonie de <strong>la</strong>Guadeloupe sous <strong>la</strong> domination de l'usurpateur?A l'unanimité, oui, il est coupable.


( 455 )L'énergie avec <strong>la</strong>quelle M. Jecomte de Vaugiraud,dans ses dépêches au ministre , se prononça au sujetde cette sentence , les rapports de M. de Guilhermyà son retour delà Guadeloupe, les nombreuxdocumens venus de cette colonie, ceux surtout queM. le comte de Lardenoy découvrit dans le lieu oùils étaient cachés, et qu'il envoya au ministre, peuventmettre le gouvernement à même d'asseoir unjugement certain. Lorsque les passions seront éteintes, et que les faits leur survivront seuls , l'histoiredu moins prononcera.Après le jugement, M. de Linois , rendu à <strong>la</strong>liberté, fut admis à <strong>la</strong> retraite de contre-amiral, parordonnance du 18 avril 1816.Le conseil de guerre , sur l'avis qu'en ouvrit legénéral d'Aboville (I) , chargea son président dedemander <strong>la</strong> grace du condamné. Le Roi vou<strong>la</strong>itqu'elle fût pleine et entière , mais le ministre de <strong>la</strong>marine , à force de remontrances, détourna <strong>la</strong> clémencede S. M. , et fit commuer <strong>la</strong> peine de morten une détention de 20 ans.Le colonel Boyer , en butte à des précautionscruellement minutieuses et poursuivi par de nouvellescalomnies, <strong>la</strong>nguit au secret pendant huitjours. Le 19 mars, on vint enfin lui notifier sa commutationde peine.1816.(1) Ce général l'assura en 1820 , au colonel Boyer, enprésence d'un maréchal de camp.


1816( 456 )Tout effrayé du triste avenir que cette décisionlui préparait, son premier mouvement fut de déc<strong>la</strong>rerqu'il préférait être fusillé sur-le-champ.Mais vaincu par les sollicitations de tous ceux quil'entouraient, vaincu surtout par des assurancesformelles que ce n'était qu'un simple objet de formedont l'effet durerait tout au plus six mois ) il s'yrésigna. Cette espérance fut encore trompée , et cen'est qu'au bout d'une captivité de près de trois ans,à compter du jour de son arrestation, que de loyauxamis , dont une longue infortune n'avait pu <strong>la</strong>sser<strong>la</strong> constance , obtinrent, par l'intervention d'unprince généreux , qu'il fût rendu à <strong>la</strong> liberté. Unenouvelle ordonnance le rétablit dans tous ses droitset sur les contrôles de l'armée. ,Jamais victoire ne fut signalée par une plusabondante distribution de grâces que le ministre de<strong>la</strong> marine n'en prodigua à l'occasion de ce procès.Le colonel VATABLE fut créé baron, maréchal-' de-camp , commandant en second de <strong>la</strong> Guadeloupe, à <strong>la</strong> -p<strong>la</strong>ce du condamné, et plus tard il futrevêtu du collier de commandeur de <strong>la</strong> légion d'honneur.Le chef de bataillon SCHMALTZ , décoré d'abordde <strong>la</strong> croix de Saint-Louis, fut nommé colonel etgouverneur du Sénégal. Sa conduite , dans le naufragede <strong>la</strong> Méduse (1), ne fit pas revenir sur son(1) Voir <strong>la</strong> 3 e édition du naufrage de ta Méduse; etplus particulièrement les pages 278 à 284.


(457 )compte ; renvoyé au Sénégal avec des pouvoirs et 1816.une manutention de finances plus importans , onentendit, en 1820, <strong>la</strong> tribune des députés retentirde p<strong>la</strong>intes contre lui. Ce colonel est, dit-on , aujourd'hui,en mission au Mexique.Le capitaine MOREAU , dit de Jonnès , ayant obtenud'abord <strong>la</strong> croix de Saint-Louis , fut nomméchef d'escadron , fit partie du corps royal d'état majorà sa formation , et a conservé au ministère de<strong>la</strong> marine, jusqu'à <strong>la</strong> fin de 1821 , un traitementsupplémentaire de 2,400 francs.L'ordonnateur VAUCRESSON , à son retour, futnommé commissaire à Toulon où il a été conservéà l'époque des réformes , quelques fâcheux qu'eussentété les rapports reçus au ministère contrelui.Son frère fut nommé secrétaire-général de <strong>la</strong>nouvelle intendance à <strong>la</strong> Guadeloupe , où il al<strong>la</strong>braver l'animadversion publique. De retour enFrance, en 1820 , il fut poursuivi au ministèrepar des p<strong>la</strong>intes amères du gouverneur de <strong>la</strong> colonie, dont il espéra tempérer l'effet en s'affub<strong>la</strong>ntdu titre de comte, à son arrivée au Havre.Le sous-commissaire BEAUJOUR , qui s'était distinguépar un mémoire virulent contre le commandanten second, fut avantageusement p<strong>la</strong>cé à Toulon, où il a été conservé.Le contre-amiral ang<strong>la</strong>is DURHAM lui-même,dont le gouverneur-général comte de Vaugiraudavait proc<strong>la</strong>mé <strong>la</strong> déloyauté, eut part aux faveurs.


( 458 )1816.Ce spoliateur de <strong>la</strong> Guadeloupe, en 1814, fut décorédu cordon de commandeur du Mérite militaire,le cordon, de Saint-Louis pour les étrangers.FIN DU TROISIÈME ET DERNIER VOLUME.


( 459 )TABLEDES MATIÈRES DU TROISIÈME VOLUME.Note essentielle.Pag.VLIVRE HUITIÈME.Expédition et succès des Français aux îles duVent. — Les Ang<strong>la</strong>is y envoient des forces considèrables— État politique de ces îles. — 1794 à1801.CHAP. I er . Contraste dans <strong>la</strong> conduite des Ang<strong>la</strong>isà <strong>la</strong> Martinique et à <strong>la</strong> Guadeloupe. —Leurs excès dans cette dernière île. —Arrivée d'une expédition française.... 11II. Les Français s'emparent de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. — L'amiral Jervis vient les bloqueravec des forces considérables. . . 18III. Position désespérée des Français, — Leurvictoire à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. — Ils forcentle camp de Berville à capituler. 23IV. Capitu<strong>la</strong>tion des Ang<strong>la</strong>is au camp de Berville.— Ils sont chassés du fort Saint-


( 46o )Charles, — Les Français restent maîtresde <strong>la</strong> Guadeloupe, de Marie-Ga<strong>la</strong>nte etde <strong>la</strong> Désirade 31V. La Guadeloupe sous l'agent Victor Hugues. 38VI. Reprise de Sainte-Lucie par les Français.— Leurs succès aux îles du Vent. — Expéditionformidable de l'Angleterre ; sesopérations se réduisent à s'emparer deSainte-Lucie. — Situation de <strong>la</strong> Guadeloupe44VII. Envoi d'un nouvel agent du directoire à <strong>la</strong>Guadeloupe. — liest embarqué dix moisaprès, et renvoyé en France 51VIII. Trois nouveaux agens sont envoyés à <strong>la</strong>Guadeloupe. — Embarquement de l'und'eux. — Entreprise contre l'île de Curaçao.— État de <strong>la</strong> Guadeloupe. —Succès des Ang<strong>la</strong>is aux Antilles 5g.Pag.LIVRE NEUVIÈME.Evénement qui se succèdent à <strong>la</strong> Guadeloupe pendantl'année 1801.CHAP. Ier. Révolution du 18 brumaire. — Nouvelleorganisation des colonies. — Nominationsfaites pour <strong>la</strong> Guadeloupe 69II. Arrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe du capitainegénéralLacrosse. — Mort du généralBéthencourt; fâcheux effet qu'elle produit. . . . 75


(461)III. Journée du 29 vendemiaire ( 21 octobrep«g.1801), à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître 82IV. Suite de cette journée 88V. Le capitaine-général revient à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître ; il est embarqué de vive force ... 94VI. Commandement de Pé<strong>la</strong>ge.— Conseil provisoire.— L'amiral Lacrosse à <strong>la</strong> Dominique.99VII. La Guadeloupe sous le conseil provisoire. 108LIVRE DIXIÈME.Expédition du général Richepance, en 1802.HAP. Ier. Arrivée du général Richepance. — Débarquementdes troupes à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître 117II. Révolte des troupes noires, à <strong>la</strong> Basse-Terre. — Débarquement et premiers succèsdes troupes françaises 126III. Siège du fort Saint-Charles ; les rebellesl'évacuent. — Dévastations de différensquartiers. — Destruction d'Ignace et deson parti, dans <strong>la</strong> redoute Baimbridge,à <strong>la</strong> Grande-Terre 132IV. Delgrès se fait sauter avec les siens. — Legénéral Richepance rétablit le bon ordreà <strong>la</strong> Guadeloupe , après l'avoir conquisesur les rebelles 140V. Le général Richepance comprime les réacteurs.—Embarquement,pour France,


(462 )des ex-membres du conseil provisoire etd'autres habitans 147VI. Rétablissement de l'ancien système colonial.— Mort du général Richepance. —Le capitaine-général Lacrosse, réintégré,reste maître du pouvoir. . . . . . 153Pag.LIVRE ONZIÈME.Gouvernement du capitaine-général Ernouf, à <strong>la</strong>Guadeloupe; période de 1805 à 1810.CHAP. Ier. Le général Ernouf remp<strong>la</strong>ce le capitainegénéralLacrosse à <strong>la</strong> Guadeloupe.— Rupturedu traité d'Amiens 163II. La rupture du traité d'Amiens occasionnele désastre de Saint-Domingue, et faitpasser Sainte-Lucie et Tabago au pouvoirdes Ang<strong>la</strong>is. — Corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Expédition malheureuse deDeshayes 170III. Administration de <strong>la</strong> colonie.— Départ dupréfet pour France. — Formation du 66 erégiment 176IV. Avénement de Napoléon à l'empire; adhésiondes Colonies. — Faits d'armes descorsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe. — Escadrede l'amiral Missiessy aux Antilles 181V. Escadre combinée de Toulon aux Antilles.— Désastre de Trafalgar. . 190VI. Commerce de <strong>la</strong> Guadeloupe. — Administrationde cette colonie. — Tentative


( 463 )Pag.sur <strong>la</strong> Dominique. — Envoi de troupeset d'armes à Caracas.— Expéditions deMiranda dans cette province ... . . . . 198VII. La Guadeloupe est menacée d'une attaquepar les Ang<strong>la</strong>is. — Appel aux armes. —Levée de mille nègres sur <strong>la</strong> Grande-Terre. — Maison de p<strong>la</strong>isance du Matouba.— Apogée de <strong>la</strong> prospérité de <strong>la</strong>colonie et sa décadence. — Expéditioncontre Saint-Barthélemy. — Les Ang<strong>la</strong>iss'établissent à <strong>la</strong> Petite-Terre 206VIII. Prise de Marie-Ga<strong>la</strong>nte par les Ang<strong>la</strong>is. —Arrestations, à Ste-Rose, et leurs suites.— Prise de <strong>la</strong> Désirade; les Ang<strong>la</strong>is détruisent<strong>la</strong> léproserie, et envoient les lé-• preux à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître. — L'attaquede Saint-Martin leur est funeste.— Tentativedes Français sur Marie-Ga<strong>la</strong>nte. . . 212IX. Attaque et prise de <strong>la</strong> Martinique par lesAng<strong>la</strong>is — Dispositions de défense à <strong>la</strong>Guadeloupe. — Arrivée, aux Saintes,d'une division française avec des secours.— Les Ang<strong>la</strong>is s'emparent de ces îles... 223X. Les Ang<strong>la</strong>is incendient le bourg de Deshayes.— Ils essaient en vain de faire sauter,dans <strong>la</strong> rade de <strong>la</strong> Basse-Terre, deuxfrégates françaises armées en flûte. —Situation intérieure de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Les ennemis attaquent deux nouvellesfrégates, dans l'anse à <strong>la</strong> barque, ety font mettre le feu. — Leurs tentativescontre toutes les côtes de <strong>la</strong> colonie. . . 234


( 464 )Pag.XI. Attaque et prise de <strong>la</strong> Guadeloupe par lesAng<strong>la</strong>is. . 246LIVRE DOUZIÈME.Occupation de <strong>la</strong> Guadeloupe par les Ang<strong>la</strong>is , depuis1810 jusqu'à 1814.CHAP. Ier. La Guadeloupe reçoit, avec répugnance ,l'administrateur que les Ang<strong>la</strong>is lui imposent.— Vexations envers les administrateursfrançais. — Le gouverneur, généralBeckwith déchire avec indignationdes listes de proscription.— Séquestreet régie des biens des absens. — Lacapitation des esc<strong>la</strong>ves cultivateurs estremp<strong>la</strong>cée par un droit de sortie sur lesdenrées 209II. Le général Carmichaël gouverne pendantdeux mois. — L'amiral Cochrane luisuccède. — Destination des nègres prisaux Saintes. — La servilité devient leseul titre aux emplois et à <strong>la</strong> faveur. —Faible indemnité accordée aux incendiésdu quartier de Deshayes.— Rétablissementde <strong>la</strong> léproserie, à <strong>la</strong> Désirade.... 265III. Emploi des biens du clergé. — Cession de<strong>la</strong> Guadeloupe à <strong>la</strong> Suède. — Les événemensqui se succèdent en Europe, nepermettent pas à cette puissance d'enprendre possession 271IV. Proscriptions à <strong>la</strong> Guadeloupe. — Opéra-


( 465 )tions financières de l'administration britannique.— Les habitans refusent de serevêtir de l'uniforme ang<strong>la</strong>isImpôtdes nègres justiciés rétabli. — Vented'affranchissemens. — Privilége des farines.— Camps de Beau-Soleil et de St-Chafles. — Réquisitions de nègres pouriescheminsPag.Tableau de <strong>la</strong> Guadeloupe,par l'administrateur des Ang<strong>la</strong>is.... 277V. Les geôles sont mises en régie. —Bureauxde bienfaisance. — Misère publique. —L'administration ang<strong>la</strong>ise se glorifie del'avoir sou<strong>la</strong>gée. — Ceux qui pensaientque, sous les lois britanniques, les coloniesconquises prospèrent, sont détrompés.— Te Deum chanté en réjouissancedes désastres de l'armée françaiseen Russie. — P<strong>la</strong>inte adressée augouvernement ang<strong>la</strong>is, contre l'auteurdes maux de <strong>la</strong> Guadeloupe 286LIVRE TREIZIÈME.Reprise de possession de <strong>la</strong> Guadeloupe par lesFrançais.CHAP. I er . Traité de Paris, en 1814 Ses dispositionsre<strong>la</strong>tivement aux colonies. — Influencede l'Angleterre sur <strong>la</strong> diplomatiede l'Europe. — Départ d'une premièreexpédition chargée d'aller reprendrepossession de <strong>la</strong> Martinique et de <strong>la</strong>III.3o


(466)Guadeloupe 29711. La Martinique et <strong>la</strong> Guadeloupe font éc<strong>la</strong>terles transports de joie les plus vifs àl'arrivée des Français. — Les Ang<strong>la</strong>isdéclinent les ordres du prince régent,et différent de restituer ces colonies.— Lutte qui s'établit à <strong>la</strong> Guadeloupeentre les commissaires du roi et les autoritésbritanniques.— Cette île est scandaleusementspoliéeIII. Nouveaux prétextes des Ang<strong>la</strong>is pour différer<strong>la</strong> remise de <strong>la</strong> Guadeloupe. — LesFrançais débarquent et s'établissent aucamp de Boulogne. — Départ du vaisseaule Lys. — Bruits a<strong>la</strong>rmans répanduspar les Ang<strong>la</strong>is. — Le commandantPag.3o3français parvient à soustraire à leur rapacitéles cargaisons des navires marchandsde <strong>la</strong> métropole 310IV. Prise de possession de <strong>la</strong> colonie. — LesAng<strong>la</strong>is manquent aux conventions établies.— La spoliation est telle qu'il nese trouve ni canon ni poudre, à <strong>la</strong> Pointeà-fttre,pour saluer le pavillon du roide France. — Arrivée du gouverneurfrançais. — Remise de <strong>la</strong> caisse coloniale.— Déficit 318LIVRE QUATORZIÈME.Gouvernement du contre-amiral Linois.CHAP. Ier. Influence du major de p<strong>la</strong>ce et de l'ordon-


(467)PAG.nateur.— Actes de l'administration.—Arrivée de l'intendant. — Refus qu'iléprouve. — Scission entre les administrateurs.— P<strong>la</strong>intes de <strong>la</strong> colonie. — Premièrenouvelle du débarquement de Napoléonen France 327II. Le premier é<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> Guadeloupe est celuide <strong>la</strong> fidélité. — Actes particuliers quialiènent tous les esprits. — La Martiniqueest livrée aux Ang<strong>la</strong>is. — Pernicieuxeffet que celte nouvelle produit à <strong>la</strong> Guadeloupe337III. La goëlette L'Agile porte aux colonies l'ordrede se rallier au nouveau gouvernementde <strong>la</strong> métropole.— Décision priseà <strong>la</strong> Guadeloupe au sujet de ces dépêches.— La journée du 18 juin devientinévitable . . 347IV. L'intendant quitte <strong>la</strong> Guadeloupe.— Déficitdans les finances, au 18 juin.— Troisenvoyés sont expédiés pour France à diversesépoques. — Les Ang<strong>la</strong>is s'emparentdes Saintes, de Marie-Ga<strong>la</strong>nte, etfont <strong>la</strong> guerre aux propriétés. — Effet deleur proc<strong>la</strong>mation du 3 août. — Espérancesde <strong>la</strong> colonie 365V. Lettre du colonel du 62 e , lue en comité général.— Suspension de cet officier. —Avis qu'il donne au gouverneur de l'arrivéedes Ang<strong>la</strong>is. — Dispositions d é -fensc. — Attaque et prise de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Intrigues contre le comman-PAG.


( 468 )dant en second.— Départ des prisonniersfrançais pour l'Europe 377Pag.LIVRE QUINZIÈME.LaGuadeloupe sous les Ang<strong>la</strong>is; elle est restituéeà <strong>la</strong> France.CHAP. I er . Persécutions et proscriptions à <strong>la</strong> Guadeloupe.— Adresse du conseil privépour que <strong>la</strong> colonie reste sous le gouvernementbritannique. — Résultat de cevœu.— Dons offerts au général Leithet acceptés. — Conduite des prétendusroyalistes envers l'intendant français.... 401II. La France recouvre ses deux colonies. —Reprise de possession de <strong>la</strong> Guadeloupe.— Cette île se rétablit sous les nouveauxadministrateurs. — Modifications apportéesdans le gouvernement colonial 410III. Expédition française à Samana. — La Guadeloupeest menacée d'une vaste conspiration.— Révolte de nègres esc<strong>la</strong>vescomprimée à <strong>la</strong> Martinique. — Tentativesur Porto-Rico 418CONCLUSION 424APPENDICE.— Procès intenté au contre-amiral Linoiset à l'adjudant-commandant Boyer 429FINDE LA TABLE DU TROISIÈME ET DERNIER VOLUME.


( 469 )T A B L E A N A L Y T I Q U EET RAISONNÉE,DESMATIÈRESCONTENUES DANS L'OUVRAGE SUR LES ANTILLES FRANÇAISES.Les chiffres romains indiquent le volume, et les chiffres arabes<strong>la</strong> page.AABEILLES ; elles sont plus petitesqu'en Europe, leur miel estpréférable, I, 93.ABERCROMBIE ( général ang<strong>la</strong>is )commande une expédition de20,000 hommes, contre les îlesfrançaises, s'empare de Sainte-Lucie, et n'ose attaquer <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 47.ABRICOTIER de Antilles, sa description,I, 65.ABYMES. Statistique de ce quartier,I, 263 , 264 ; les nègres s'y réunissentet sont battus par VictorHugues, III, 38; il est saccagé parIgnace, en 1802, 139; des habitationsy sont de nouveauincendiées, 147.ACACIA ; varie dans ses espèces,estemployé pour les moulins à sucre,I, 73, 74.ACACIA du diable , propre à <strong>la</strong>fortification,sa description, 1174.ACAJOU-MEUBLE ; ses diverses espèces, son usage; il communiqueson amertume à tout ce qui cuità son feu , I, 73.ACAJOU à pommes; singu<strong>la</strong>rité deson fruit, est employé auxIndescomme anti-syphilitique, I, 60et 61.ACOMA, un des. plus grands arbresdes Antilles, est de troisI , 7 5 .ADMINISTRATION deespèces,<strong>la</strong> Guadeloupe,(personnel de l') II, 95 à 105.Les administrations françaises etang<strong>la</strong>ises, comparées, III, 268(Voir administrateur des ang<strong>la</strong>is).Les actes de l'administration, en1815, excitent les. p<strong>la</strong>intes de<strong>la</strong> colonie, 329 à 331; composition


( 470 )inconvenante de l'administration, 332 ; elle perd <strong>la</strong> considérationet <strong>la</strong> confiance, 334;détails administratifs en 1816,17 et 18, 413 à 4.16.ADMINISTRATEUR des Ang<strong>la</strong>is (à <strong>la</strong>Guadeloupe) ; les Ang<strong>la</strong>isl'imposentà cette colonie, III, 260;il commence par vexer les administrateursfrançais , 261 ; met enrégie les biens des absens, 262;déc<strong>la</strong>re propriété des Ang<strong>la</strong>is lesnègres faits prisonniers auxSaintes,265 ; il remp<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> capitationdes esc<strong>la</strong>ves, par un droit de sortiesur les denrées, 264 ; il capte<strong>la</strong> confiance de l'amiral Cochrane,266; administre arbitrairement <strong>la</strong>colonie,l'ait destituer le procureur-général,et nommer auxemploisdes sujets sans instruction,267-268; dépense de sommesconsidérables sans utilité,269; ses calculsexagéréspour l'entretien des lépreux ,270 ; parti qu'il tire des biens duclergé, 271 à 273; un p<strong>la</strong>nteurest déchargé d'une dette considérable, 273 et 274;opérationsadministratives qu'on n'avait pasle droit de faire, 279 ; privilègeexclusif pour <strong>la</strong> vente des farineset pour les constructions publiques,283 ; sommes énormes quecoûtent les camps de Beau-Soleilet de Saint-Charles, 284; mémoiremensonger dressé par l'administrateurdes ang<strong>la</strong>is, 9.8 5 etnote ; il met <strong>la</strong> geôle enrégie,286 ; <strong>la</strong> misère s'accroît sous souadministration , 288 ; il se glorifieà tort de l'avoir sou<strong>la</strong>gée ; ordrequ'il donne à M. Seignoret,289 ; il change tout, et ne trouveque des instrumensaveugles deson despotisme, 290 ; fait chanterun Te Deum en réjouissance desdésastres de l'armée française enRussie,292 ; sa conduite, auprèsdu général Skinner;p<strong>la</strong>inteportée contre lui au ministèrebritannique, 294; il fait retarder <strong>la</strong>remise de Ja colonie, 3o5; onlui rappellequ'il est né sujet duroi de France , 3o6; est d'intelligenceavec l'ordonnateur français, 3o8 ; arrivé sans moyen à <strong>la</strong>Guadeloupe; on suppose,qu'en1814, il a gagné des sommesconsidérables , 309; ses intriguesavec l'ordonnateur, 512; veutprélever un droit de dix pourcent sur les cargaisons françaises,313-314; provoque l'animadversiongénérale, est sauvépar le commandant en second,de <strong>la</strong> fureur publique, 3r6-517 ;invente tous les prétextespossibles, pour différer <strong>la</strong> remise de<strong>la</strong> caisse coloniale , 320 ; et cellede<strong>la</strong> Grande-Terre , 321 ; nelivre <strong>la</strong> caisse que le 15 décembre: détails sur cettecaisse,déficit qui s'y trouve, d'aprèsson propre tableau, 324-325 ;faitemporter tous les papiers qui auraientpu donner quelques notionssur son administration, et délivre<strong>la</strong> colonie de sa présence, ens'embarquant de nuit, 325 ; ils'agite à Paris, et cherche à souleverl'opinion publique contrele commandant'ensecond, aumoment du procès, 434; ilsuittout le cours des débats, et s'y faitremarquer par des proposinconvenans,45o.AFFRANCHISSEMENTS ; variations qu'ilsont éprouvés, I, 124; ( Voirgens de couleur), on vérifie eton taxe ceux qui ont eu lieu pendant<strong>la</strong> révolution, III,177; lesystème de vendre les affranchissemensest bizarre , 282 ; l'administrationang<strong>la</strong>ise en abuse a <strong>la</strong>Guadeloupe , 283-309.AGENS (les) remp<strong>la</strong>cent les gouverneursaux colonies, I, 351. (VoirHugues, Chrétien, etc. )AGILE (I'), goëlette françaiseexpédiéede Rochefort, pour rainer<strong>la</strong> Guadeloupe et <strong>la</strong> Martiniqueau nouveau gouvernement; attérit au bourgAng<strong>la</strong>is <strong>la</strong> conduisent auxetSt-François ; lesSaintesl'envoient à <strong>la</strong> Martinique,III, 348;relâchée par les Ang<strong>la</strong>is, elle arrive à <strong>la</strong> Basse-Ter-


( 471 )re ; effet que sa présence y produit, 349 ; est envoyée à <strong>la</strong> Martinique, 349.AGOUTI , quadrupède indigène, devenurare, I,102.AIGUILLE de mer, ou Orphi, poissonarméd'une longue mâchoire,I,83.ALISES (vents), origine de cemot,I, note 2 de <strong>la</strong> page 4;(voyezvents).ALOES, ses différentes espèces, une_seule est connue aux Antilles ,manière d'en extraire <strong>la</strong> liqueur,ses propriétés , I, 65 et 64.AMBERT (général de division) ; sonarrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe, regretsde <strong>la</strong> colonie , à son depart, sonretour en France, III, 223.AMENDES établies par les ang<strong>la</strong>is surles milices de <strong>la</strong> Guadeloupe ,III, 280; emploi des amendessous l'administration ang<strong>la</strong>ise,281 note.AMIRAUTÉS (sièges d'), leur créationet leur objet, I, 373; abus quis'y glissent, 374; les amirautéssont abolies en 1792, 575; rétabliesen 1802, sous le nom decommissions spéciales d'appel,378; en 1814, elles reprennentleur nom d'amirautés, 585 ; en1819 elles sont de nouveau établiessous le nom de commissionsspéciales d'appel, 390.ANANAS, sa description; est un spécifiquecontre <strong>la</strong> gravelle , I, 66.ANGLAIS ( voyez Angleterre ) ; ilsdépouillent les Français à Saint-Christophe , II, 178 ; ils sont battuset réduits au premier partage,179; ils lâchent le pied devantles Espagnols , 180 ; sont forcés àconserver <strong>la</strong> paix, 191; prennentparti pour M. de Poincy dans<strong>la</strong> guerre civile des îles françaises,2o4; font <strong>la</strong> conquête de <strong>la</strong>Jamaïque, sous Cromwel, 222à 224; exercent des pirateriescontre les îles françaises, II, 2.56;font un armement contre <strong>la</strong> Guadeloupe, qui est détruit par unouragan, 2.58; ils violent le traitede neutralité, signé à Londres,pour les colonies, 269 ; pillent <strong>la</strong>partie française de Saint-Christophe,et s'en emparent, 273-274; sèment a <strong>la</strong> Guadeloupe lesgermes d'une haine invétérée,279; leur perfide aggression en1755, 304; sont battus en Europepar les Français, 3o5; provoquentet méprisent les symptômesde soulèvement des Etats-Unis d'Amérique , qui proc<strong>la</strong>mentleur indépendance, 55o ;leurs revers aux Antilles, de1778 à 1782, 55o à 534; reprennentleur prépondérancemaritimepar leur victoire sur M. deGrasse en 1782 ,335; leur machiavélisme(celui de Pitt) leur faitintroduire, en 1784 , <strong>la</strong> canne àsucre dans l'Inde , pour détruire<strong>la</strong> prospérité de Saint-Domingue,II, 545-344; interviennenttoutesdansles dissentions de <strong>la</strong> France,pour <strong>la</strong> ruiner , 434 à 436;leurs succès aux Antilles, III,11 ; sont attaqués par les Françaisen 1794, et repoussés de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, 18-19; sont battusau morne de <strong>la</strong> Victoire , 24 ;déc<strong>la</strong>rent que <strong>la</strong> Guadeloupe esten état de siége, 26 ; sont battuspar le général Pe<strong>la</strong>rdy, 28; ilscapitulent à Berville et livrent à<strong>la</strong> mort 800 français émigrés,31-32 ; ils détruisent l'arsenal, lesmagasins et les batteries de <strong>la</strong>Basse-Terre ,35;des Antilles une luttefont de <strong>la</strong> guerred'extermination, III, 43; s'emparent desîles suédoises et danoises, 66-67;n'ont jamais varié dans le modedeleur administration coloniale,73 ; résumé de leurs guerres contre<strong>la</strong> France, 167; motifs quiles font accéder au traité d'Amiens,qu'ils ne tardent pas àvioler, 167-16S; ils replongent lenord de l'Europe dans un abymede maux, 169; sont redevablesde leur salut au ministre de <strong>la</strong>marine de France, 191 ; adoptentsurmer, <strong>la</strong> tactique deNapoléonsur terre, 198note ; s'emparent,en 1808, de Marie-Ga<strong>la</strong>nte,


(472 )212-213; de <strong>la</strong> Désirade, 214;détruisent <strong>la</strong> léproserie etcherchentà infecter <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,215 ; tentative funeste contre l'îleSaint-Martin , 217 ; réunissentune expédition formidable, attaquentet prennent <strong>la</strong> Martinique, 225-226; renvoientleurstroupes d'expédition, 228; ilsattaquent et prennent les Saintes,en 1809, 231-232 ; ils pillentet incendient le quartier deDeshayes, 234-235 ; ils attaquentdeux bâtimens dans l'anse à <strong>la</strong>Barque, et les font incendier,241 242; insultent toutes les cotesde <strong>la</strong> Guadeloupe , 244 ; attaquent<strong>la</strong> Guadeloupe, en 1810,247; <strong>la</strong> prennent par capitu<strong>la</strong>tion,254;s'emparent de Saint-Martin et de Saint-Eustache ,258 ; cèdent, en 1813 , <strong>la</strong> Guadeloupeà <strong>la</strong> Suède, qui n'en prendpas possession , 275 ; ils ne traitentpas les colonies conquisescomme celles ang<strong>la</strong>ises, 291;avantages qu'ils tirent du traitéde Paris, en 1814 ; ont eutoutel'Europe à leur solde, 299, 3oo ;diffèrent de remettre <strong>la</strong> Martiniqueet <strong>la</strong> Guadeloupe , 3o3-3o5 ;leur calcul à ce sujet, 3o6 ; spolient<strong>la</strong> Guadeloupe, 307 ; bruitsqu'ils y sèment et piége qu'ils luitendent, 311-314; sonttémoinsde <strong>la</strong> manière dont ils y sont détestés,323 ; ne veulententendreà aucune vérification ni inventaire;déficit dans <strong>la</strong> caissecoloniale,324 et note; belleconduitedes officiers ang<strong>la</strong>is durant cettelutte et ce qu'ils disent à leurdépart, 326 ; leurs re<strong>la</strong>tionsavecM. de Linois, 342-343;.on lesappelle à <strong>la</strong> Martinique, 342-344; sans déc<strong>la</strong>ration de guerre,ils prennent lés Saintes, 372;s'emparent de Marie-Ga<strong>la</strong>nte ,resserrent le blocus de <strong>la</strong> Guadeloupe, y <strong>la</strong>issent pénétrer un bâtimentfrançais et font <strong>la</strong> guerreaux propriétés, 373-374; ils attaquent<strong>la</strong> Guadeloupe, ayanttrois bâtimens français sous leursordres, 384et suiv. ; ils <strong>la</strong> prennent, 393 et suiv. ; bruitssinguliersqu'ils répandent, 397;persécutionset proscriptions, 401à 410 ; ils ont de tout temps vouludémembrer <strong>la</strong> France, 411 note;les officiers de <strong>la</strong> marineang<strong>la</strong>isesont eux-mêmes révoltés du rapportdu général Leith , 43l.ANGLETERRE (1') achète plus d'esc<strong>la</strong>vesà elle seule que toutes lesautres nations, I, 148; n'a cherché, dans l'abolition de <strong>la</strong> traite,que <strong>la</strong> ruine des coloniesétrangères,149; <strong>la</strong> destruction de Saint-Domingue est l'ouvrage de sapolitique, 150; son but actuelen Afrique, 151 ; ses vues en expulsantles Hol<strong>la</strong>ndais du cap deBonne-Espérance , 152 ; en s'appropriantl'île de France, 153;enfaisant des établissemens immensessur <strong>la</strong> côte d'Afrique,153-154-155 ; (voyez ang<strong>la</strong>is ).ANGUILLE (l'), noticeang<strong>la</strong>ise, I , 332note.sur cette îleANSE-BERTRAND; statistique de cequartier, I, 273-274.ANTIGUE OU Antioa,noticesurcetteîle ang<strong>la</strong>ise, II, 180.ANTILLES , elles ont une originecommune, I, 1re de l'avant-propos; c<strong>la</strong>ssementde ces îles dansles différentes espèces de colonies, et ce qu'elles sont à l'égardde leur métropole, 2 et 3 ; leurarchipel est le plusle plus riche de l'Océannombreux etoccidental,sa position topographique,3 et 4 ; d'où vient leur nom , leurdivision en îles . du vent etsousle vent, 4 et 5 ; cause de leurdétresse actuelle , I, 157 à 160 ;II, 343-344-401-4o2..ANTILLES françaises , elles ne peuventêtre abandonnées de <strong>la</strong> métropole,160-161 ;améliorationsproposées, 162 à 165; guerre civile,en 1645 , II, 203 à 206; secondétat de ces dessous les propriétaires,218-219; legouvernementles rachète, 239 à 246,elle sont réunies à <strong>la</strong> masse del'état, 263; comparaison de leur


administrationavec celle des Ang<strong>la</strong>is,265 à 267; elles reçoiventune amélioration , en 1717, 282;leur état de 1720 a 1725, II,294-295 ; les îles du vent ne forment,en 1769,qu'un gouvernementgénéral, 321 ; comment s'ypropagea <strong>la</strong> révolution, et qu'ellefut <strong>la</strong> première cause de leursmalheurs, II, 347 à 353;imprudences,club de l'hôtel( 473 )Massiac,354 à 359 ; trouble qui les affligent, 560 à 397 ; le décret du 29mai 1791 , y porte l'effroi, 399 ;elles sont prises par les Ang<strong>la</strong>isen 1794 , 437 à 442; ( voir Guadeloupeet Martinique) les conseilslégis<strong>la</strong>tifs lés font jouir deslois constitutionnelles, III, 51;observations sur le changementqu'elles subirent, en 1801 , et surleur position physique et morale,III , 70-71 72 ; le pouvoir qui lesrégit, doit être fort et rapide, 73;leuradhésion au gouvernementimpérial , 181 - 182 ; degré deprospérité dont elles peuvent encorejouir ;210; quand elles sontconquises, les Ang<strong>la</strong>is ne les traitentpas comme les leurs, 291 ;on n'ose dire qu'elles ont étémoins utiles qu'onéreuses à <strong>la</strong>France, 424; elles ont été viciimesdes élémens, des Ang<strong>la</strong>is,et de l'insouciancedu gouvernement, 425.ARAS: sorte de gros perroquet, I, 87.ARAIGNÉES : elles sont d'espècesnombreuses , mais non venimeusesaux Antilles , I, 9S.ARBAUD-JONQUES (le comte d') : capitainede vaisseau , nommé, en1775, gouverneur-général de <strong>la</strong>Guadeloupe , II, 325 ; fait chefd'escadre en 1778,obtient sonrappel et part pour France le 12décembre 1782, 536.ABBREà pain, ou Jaquier : cet arbreest pour l'utilité fort au-dessousde sa réputation, I, 56.ARCHIVES : établissement, à Versailles,d'un dépôt desdearchivestoutes les colonies, son but,III.son utilité ,I,19<strong>la</strong>note ; celles deGuadeloupe sont brûlées avecl'intendance, I , 181 ; II, 442.ARMAGNAC(régiment d') : révoltede ce corps à <strong>la</strong> suite d'un assassinat,en, 1778 , massacres , impunité,II, 326 a 329.AROUAGUÉS : sauvages de <strong>la</strong>Terre-Ferme venus aux Antilles, I, 1 lu.ARROT (le vicomte d') : commandanten second de <strong>la</strong> Guadeloupe,en 1784, II, 339; sonzèle, en 1789,faillit lui être funeste,357-358; le corpslégis<strong>la</strong>tifle mande a sa,barre , en 1792 ,405; il succède à M. de Clugny,en 1792,406; arbore le pavillonb<strong>la</strong>nc , 407 ; se réfugie dans l'îlede <strong>la</strong> Trinité, 414-ARTICHAUT : réussit dans les endroitsfrais, I, 68.ARTILLERIE, voyez étatmilitaire.ASPERGES : végètent rapidementaux Antilles, I, 68.ASSEMBLÉES coloniales,époque deleur création , I, 349 ; II, 345 ;leur composition en 1789, 58-361 ; travail de celle de <strong>la</strong> Guadeloupe,376, 379; ses actes arbitrairessous le titred'assembléegénérale coloniale , 391-392-393-396.ATELIER : ou réunion de nègrespour les travaux, I, 177.ATTAQUE de <strong>la</strong> Guadeloupe par lesAng<strong>la</strong>is, repoussée en 1691, II,270 à 272; deuxième attaque,repoussée en 1703, 275 à 279;troisième attaque en 1759, prisede l'île, 3o8 à 312; quatrièmeattaque et prise de l'îlepar les Ang<strong>la</strong>is, en 1794, 441 ;(voyez expédition). Cinquièmeattaque par les Ang<strong>la</strong>is et sa priseen 1810 , III, 247 , à 2.58 ;sixièmeattaque et sa prise en 1815 ,384 à 599.ATTIER de l'Inde, ou pommier cancllc, I , 60.AUBERT , lieutenant de Lolive à <strong>la</strong>Guadeloupe, II, 194, fait <strong>la</strong> paixavec les sauvages et assure <strong>la</strong>prospérité de l'île, 195; persé-31


( 474 )cuté par M. Houel, il est condamnéà mort à Paris et se réfugieà Saint-Christophe , 198 à200.AUBERT , général de division : commandeles troupes del'expéditionde Hugues à <strong>la</strong> Guadeloupe ,III,15; excellent avis qu'il donne ,19; repousse les Ang<strong>la</strong>is du posteLesage, 20; sa mort, 25.AUGER, le chevalier : gouverneurde Marie-Ga<strong>la</strong>nte, I, 310; estnommé gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe,II , 273; passe au gouvernementdeSaint-Domingue,279. (Voir attaque en 103.)AUGUSTINS : deux pères de cet ordreont été les seuls envoyés aux colonies,II, 4-5.AVOCAYER : arbre à fruit, I, 66.BBACO DE LA CHAPELLE estnomméagent à <strong>la</strong> Guadeloupe , III, 60;de concert avec Jeannet, ils déportentleur collègue et le remp<strong>la</strong>cent,62; l'ont une tentativeinfructueuse contre Curaçao, 63-64 ; mort de l'agent Baco , 65.BAGASSE; tige de <strong>la</strong> canne à sucrepassée au moulin, I, 27.BAILLIF ; statistique de ce quartier,I, 194-197 ; l'ennemi y débarqueen 1815, III, 390.BAIMBRIDGE; était une redoute situéeau bout de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ine deStivenson, à près de mille toises de<strong>la</strong> Pointe-à-Pître ; Ignace et tousses révoltés y lurent exterminés,en 1802 , et <strong>la</strong> redoute fut démolie,III, 138.BALAOU, petit poisson gros commeune sardine, I, 83.BALATAS , gros arbre propre auxconstructions, I, 75.BALEINE, le plus grand descétacées,particu<strong>la</strong>rités de celle des mersdes Antilles, I, 80.BALISIER, grand arbre qui ornelesforêts , I, 75.BAMBOU, le plus grand de tous lesroseaux , son utilité, I, 77.BANANIER, OU figuier d'Adam;sestrois espèces ; sa description ;utilité de son fruit, I, 54.BAPTÊMEDU TROPIQUE ; origine etdescription de cette cérémonie ,I, 5.BARBADE; notice sur cette île ang<strong>la</strong>ise, II , 177.BARBOUDE; notice sur cette île ang<strong>la</strong>ise, II, 177.BAROMÈTRE ; sa hauteur à <strong>la</strong> Guadeloupe, I , 7.BARQUE (Anse à <strong>la</strong>) ; sadescription,I, 200-201 ; deux bâtimens armésen flûte y arrivent, en 1809,III, 2.39; le commandant destroupes s'y porte avec desforcesnombreuses pour les défendre,état des batteries, 240; les Ang<strong>la</strong>isles attaquent, mettent cestroupes en désordre et font incendierles deux bâtimens, 241-242.BASSE-TERRE, ville; détails historiques,sa description, I, 178 à182; sa rade, 183; une communicationplus facile entre elle et<strong>la</strong> Pointe-à-Pître , est ouverteen1766, II, 320 ; troubles en 1790,375 ; nouveaux troubles en 1791,381 à 384, (voir Clugny) les Ang<strong>la</strong>isdétruisent son arsenal, sesmagasins et ses batteries, III ,35 ; motif des premiers désordresen 1801, 79; rigueurs qu'on yexerce, 80; envoie une députationau général Richepance, 124 ;Delgrès, qui y commande, semet en révolte et plonge <strong>la</strong> villedans le désordre, 127-128 ; <strong>la</strong>ville est sauvée par le général Gobertet par Pé<strong>la</strong>ge , 130 ; sonenthousiasmeen 1814 , 305 ; sescraintes sur l'accord del'ordonnateuravec l'administrateur desAng<strong>la</strong>is , 309; effet qu'y produit


( 475 )l'arrivée de <strong>la</strong> goëlette l'Agile ,349 ; manière dont le changements'y opère, 357 et suiv. ; sarade est ouverte momentanémentaux étrangers en 1816 , 413.BASSE-TERRE extra-muros ; descriptiondece quartier, 1, 187; sa popu<strong>la</strong>tion, sa sur<strong>la</strong>ce , sa culture,ses établissemens, etc., 189 et190BAYE-MAHAUT , statistique de cequartier , I, 221 à 223.BAYE-MAHAUT (voirSac).Grand-Cul-de-BEAUJOUR (sous-commissaire de marine) , auteur d'un mémoire virulentcontre le commandantensecond ; est avantageusementp<strong>la</strong>cé à Toulon , III, 457.BEAUNÉ DE LA SAULAIS, commandanten second , gouverne, parintérim, <strong>la</strong> Guadeloupe, II, 336;il retourne en France en ,339 (note).BECKWITH ( Georges , lieutenantgénéra<strong>la</strong>ng<strong>la</strong>is ) ; commandel'expédition contre <strong>la</strong> Guadeloupe, en 1810, III, 247 ; sa circonspection, 249 ; s'établit à <strong>la</strong>Basse-Terre en qualité de gouverneur, 259; sa mémoire eûtété chère à <strong>la</strong> colonie , s'il neluieût pas imposé pour administrateurun transfuge qu'il ne connutque trop tard , 260 ; il déchireles listes de proscription qu'onlui présente , 261 ; son départaprès avoir gouverné avec sagesse;etavoir établi des bureauxbienfaisance , 288.deBÉCUNE ; est semb<strong>la</strong>ble au brochetd'Europe , I, 81.BÉHAGUE ( M. de ) ; remp<strong>la</strong>ce M. deDamas au gouvernement de <strong>la</strong>Martinique , II, 378; sa conduitea l'égard des commissairesroi, 385; il est mandé a <strong>la</strong> barredu corps-légis<strong>la</strong>tif en 1792, 405 ;il émigre à <strong>la</strong> Trinité en 1793,417: vient avec les Ang<strong>la</strong>is attaquer<strong>la</strong> Martinique, où ils sontmis en déroute, 431-432.BERTHIER (César) général; commandaità Tabago, lors de <strong>la</strong> priduse de cette colonie en 1803, III,170.BETHOLIO ( commissaire dejusticeà <strong>la</strong> Guadeloupe), envoyé deFrance pour remp<strong>la</strong>cer M.Cosier,III, 154 ; s'occupait d'untravail précieux pour l'ordre judiciaire,I , 382; sonarrestationmomentanée, III, 178; pamphletscontre lui malgré son isolement, 200 ; est appelé par lecapitaine général pendant l'attaque, et propose en vainde prolonger <strong>la</strong> défense, 25o-251 ; il est conduit prisonnieren Angleterre , obtientson renvoi en France, et meurtjuge à Amiens, 256.BERVILLE : camp retranché des Ang<strong>la</strong>isen 1794,III, 21; honteusecapitu<strong>la</strong>tion de ce camp , 36.BÊTES à mille pieds , ou Scolopendres: communes aux97.BÊTES rouges, insectesAntilles,I,microscopiques, très-incommodes , maisdont on se débarrasseI , 98.BÉTHENCOURT (général deaisément,brigade):commande les troupes de <strong>la</strong> Guadeloupe, III , 75 ; confiancequ'il inspire, 76 ; meurt regretté, son inhumation , 79.BLATTE d'Europe (voyez ravet ) :insecte puant et incommode , I,94.BLÉ : on n en cultive point auxAntilles, <strong>la</strong> farine y estapportéed'Europe ou des Etats-Unis, 1 ,67.BOEUFS: leur race s'abâtardit étonnammentaux Antilles, 1 , 100;les montagnes de <strong>la</strong> Guadeloupesont très propres à y éleverdes bestiaux , 242.Bois DE construction: celuid'Europele plus dur ne résiste pas auclimat du tropique, 18; celuid'Amérique est plus solide, plusfort et plus serré , 18.Bois debout : après Sainte-Lucie ,les forêts de <strong>la</strong> Guadeloupe sontles plus considérables , I , 243 ;il fut ordonné, en 1767, que le


(476)gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe,II , 322; donne sa démissionen 1771 » et le roi est satisfa/t desesservices , 322-523 ; est t'aitgouverneur-général de <strong>la</strong>Marti-'dixième du terrain des habi<strong>la</strong>tionsserait conservé en bois debout, II , 321 ; nombre de carrésqu'il en existe à <strong>la</strong> Guadeloupe, tableau n. 7.Bois de chandelle : ( voir chandelle).Bois de fer : grand arbre d'untrès-dur, I, 75.BOIS-FERME ( M. de ) :parboiscommandeintérim à <strong>la</strong> Guadeloupe, II,279.OISSERET ( beau-frère d'Houel ) :achète <strong>la</strong> Guadeloupe, etc. , etcède <strong>la</strong> moitié de son marché àM ,Houel, II, 211-212 ( voyezHouel).BONITE : ressembleau maquereauet se nourrit de poissons vo<strong>la</strong>ns,I, 82.BORDESOULLE (le; comte ) ; lieutenant-général,est juge dans leconseil de guerre qui prononcesur le sort des deuxchefs de <strong>la</strong>Guadeloupe, III, 441 ; était leseul du conseil quinefùtpas restéen France au 20 mars , 443.BOUCANIERS : origine et histoire deces aventuriers, II, 247 à 252.BOUCHARD ( capitaine d'artillerie ) :sa bravoure aux Saintes, III,231.BOUCHERIES : droits de patente ,prix de <strong>la</strong> viande,remp<strong>la</strong>cementde <strong>la</strong> retenue faite en faveur despauvres sur les pesées , III, 414-415.BOUDET, chef de bataillon : commandaitun bataillon de l'expéditionde Victor Hugues, en1794, III,15; est fait général de brigade,26; s'embarque avec une colonneet va s'établirprès du campdes Ang<strong>la</strong>is à Berville , 28-29 ; i<strong>la</strong>ttaque ce camp et éprouve unegrande perte , 29 ; devenugénéralde division , est envoyé de St-Domingue à <strong>la</strong> Guadeloupe , 118.BOUILLANTE : statistique de ce quartier, action volcanique qu'on yremarque , sources d'eau bouil<strong>la</strong>nte , I , 2o3 a 206.HOUILLE (le marquis de ): coloneldu régiment de Vexin , est nomvénique, ses exploits , 331 ;beaufait d'armtft à Saint-Eus<strong>la</strong>che ,553 à 355.IÏOLRJLAM ARQUE ( le chevalier de <strong>la</strong>):gouverneur général de <strong>la</strong> Guadeloupeen 1760, II, 3i8 ; est chargéde faire arrêter et d'envoyeren France des officiers et des habitansqui avaientcapitulé en1 -51) ?5i3;il resta 39 jours enrade de <strong>la</strong> Iîasse-Terre , parceque les Ang<strong>la</strong>is différèrent <strong>la</strong> restitutionde <strong>la</strong> colonie, 319 ; meurten 1764» emportant tous les regrets,320; ce qu'iléprouva de<strong>la</strong> part des Ang<strong>la</strong>is en 1765, estrappelé en i8i4 ? III , 3o7 et5^.6.BOAR-PBYBKLEAU : enlèveaux Ang<strong>la</strong>is,on i8o5, le fort du Diamant,III, 195; est nommécommandant eusecond de <strong>la</strong>Guadeloupe, 3oo ; son départ deFrance avec peu de troupes etde moyens, pour aller prendrepossession de celte colonie, 3oi ;dépêches et instructionsétait porteur, 3o2 ; presse sondont ildépartde <strong>la</strong> Martinique , 3o/j. ; détailssur son arrivée à <strong>la</strong>Guadeloupe,3o5; lutte opiniâtreavecles Ang<strong>la</strong>is, 5o6 ^fait de vives etinutiles représentations sur <strong>la</strong> spoliation de <strong>la</strong> colonie,s'aperçoitd'une intelligence entre son collègueet I'adminislratcurang<strong>la</strong>is,vient à bout de faire débarquerses ma<strong>la</strong>des , 007-308 ; etenfintoutes ses troupes, 5i 1 ; il déjoueles trames des Ang<strong>la</strong>is et ne cessede prolester contre leurs spoliations, 3.12;l'ordonnateur, 3i3;fait des reproches àsoustrait lespropriétés du commerce* deFrance à <strong>la</strong> rapacité del'agentdes Ang<strong>la</strong>is, 3^; prouve augénéral Leith les droits de <strong>la</strong> coloniesur les caisses locales, 3i5;sauve l'administrateur des Ang<strong>la</strong>isde <strong>la</strong> fureur publique,


( 477 )gouverneur par intérim , l'aitdesRivières et se trouve eu faced'u­dispositions pour ramener <strong>la</strong> tranquillité, 318 ; instal<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong>ne colonne ang<strong>la</strong>ise, 384; envoieau poste Pautrizel des troupesqui y sont forcées; 387; veutcour d'appel, 019 ; prend possessiondes dépendances, 320 ; surmonteles obstacles élevés par letenter un effort vigoureux contrel'ennemi, 587 , mais il n'en apas <strong>la</strong> possibilité, 388; ilgénéral Skinner et prend possessionde toute <strong>la</strong> colonie, 323;en­reconnaîttoute l'étendue du sacrificevoye sur tous ces détails,onzerap­qu'il a fait et échelonneses trou­ports au ministre de <strong>la</strong> marine ,pes, 389 ; va prendre les ordres325 , fin de <strong>la</strong> note ; va résider àdu gouverneur , dispositions<strong>la</strong> Pointe-à-Pître , adresse f<strong>la</strong>tteusequ'il y reçoit, 327; ne veutpas se mêler d'un emprunt illégal,340 ; est mandé à <strong>la</strong> Basse-Terre où on le reçoit en présencede l'indispensable major-de-p<strong>la</strong>ce, fait adopter un mode d'em­faites, 390 ; se retire au Morne-Houel avec le gouverneur, 391 ;capitu<strong>la</strong>tion conclue , 392-393 ;on lui enlève un sabre précieux,on le fait arrêter , et le colonelVatable vient le braver, 395-396 ;prétexte de ces outrages, 396; onprunt régulier, réponse qu'onluile conduit à bord d'une frégate,fait au sujet de l'envoi en Franceet son porte-feuille lui estenlevé,d'un agent secret, 340 ; découvreque les soldats se cotisaient397 ; intrigues contre lui, 398 ;pour avoir les papiers publics,341, note ; empêche l'exécutiondépart pour l'Europe , 399 ; embarquésur une vieille frégatecondamnée,oncroit qu'il a'péridansd'un changement de couleurs ,346; sauve un habitant et comprimel'irritation excitée parmiune tempête, 429; indignationque cause l'affreux rapport dugénéral Leith fait contre touteles gens de couleur,351 ; motifsvérité , 430 et note ; il écrit à cesujet à lord Bathurst et auqui le déterminent à prendre l'initiativedu mouvement, 352 à356; manière dont il l'opère, 357;généralWellington, et n'en reçoitaucune réponse , 431 ; son arri--proteste au gouverneur de <strong>la</strong>vée et sa détention au Hâvre, 431;puretéde ses intentions, 358 ; luiest transféré à Paris, 432demande ses ordres, et le gouverneurremet au lendemain à faireconnaître sa volonté,359-36o ;refuse de prendre les rênes dugouvernement, 360 ; comprimeildes mouvemens séditieux,S61 ; l'arrivée tardive des Ang<strong>la</strong>isdémontre qu'il a sauvé <strong>la</strong> colonie,363 ; on l'avait nommé maréchalde camp pour qu'il les reçût, 364note ; le gouverneur le combled'amitiés et le retient chez lui, ily reçoit une adresse où on l'appellele sauveur de <strong>la</strong> colonie ,366 ; remet au gouverneur unelettre du colonel Vatable , 378 ;; singulièreaccusation contre lui, sondésintéressement bien prouvé <strong>la</strong>fait repouser, 433 et note. Leministre se prononce pour couvrirdu manteau de l'oubli lesévénemens de 4a Guadeloupe ,434 ; M. Vatable le fait mettre enjugement et cherche à lui arracherl'adresse de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, 435; bruits qu'on répanddans les sociétés de Paris, 435-436 ; étranger à <strong>la</strong> marine , aucunevoix ne s'y élève en sa faveur,436; son premier interrogatoirea lieu après <strong>la</strong> publication de <strong>la</strong>loi d'amnistie, 437; on lui com­invitation qu'il reçoit de <strong>la</strong>munique une seule pièce et uneMartinique,381 note; dispositionsordonnance , 438 ; à son troi­faites pour <strong>la</strong> défensede <strong>la</strong> colo­sième et dernierinterrogatoire,nie, 381 à 384 ; se porte, au bruitdu canon, au bourg des Trois-cette ordonnance n'est plus <strong>la</strong> même,439; un avocat lui refuse ses


( 478 )services ; le courageux Dupin luiprête les siens,mais il est obligéd'y renoncer et de mettre à sap<strong>la</strong>ce M. Legouix , 459-440; desimpressions défavorables , d'affreuxpronostics sont tirés contrelui, 440;son espoir se ranime par<strong>la</strong> composition du conseil deguerre ; motifs de cet espoir, 443;<strong>la</strong> loi d'amnistie fut le seul moyenpréjudiciel sur lequel il s'appuya,444-445; tout par<strong>la</strong>it en sa faveurà ce sujet, mais le conseil rejetace moyen et sa demande de faireappeler quinze autres témoins,447-446; quatre des témoins appeléspar lui ne furent pas entendus,ceux à charge furent accueillis,favorisés, reçurent des éloges,447-448 ; il s'abstient de compromettreM. de Linois, même ses accusateurs; les mensongespubliéscontre lui lui font rompre aujourd'huile silence, 449; est forcé dese soumettre à une concession humiliante,et refuse de nouveau deproduire l'adressede <strong>la</strong> ,Pointeà-Pitre,449 ; le conseil trompéà son égard , manière dont <strong>la</strong>question aurait dû être envisagée,45o à 453 ; il est condamné àmort à l'unanimité, 453 ; aujourd'huique de nombreux documensvenus de <strong>la</strong> Guadeloupeont fait connaître <strong>la</strong> vérité touteentière , cette affaire sera envisagéesous un autre aspect, 454 a455 ; le roi veut lui accorder unegrace pleine etentière, le ministreDuboucbage détourne <strong>la</strong> clémencede S.M., et fait commuer<strong>la</strong> peine de mort en une détentionde vingt ans, 455 ; le condamnédéc<strong>la</strong>re d'abord qu'il préféreêtrefusillé, et ne se résigne quesur les assurances qu'on lui donna,456 ; après une captivité de prèsde 3 ans, il est rendu à <strong>la</strong> liberté etretabli sur les contrôles de l'armée,456.BOYER , président d'Haïti : s'emparede Santo-Domingo, et réunitsous ses lois toute l'île de St~Domingue, III, 419 ; il combatl'expédition française de Saniana, qui repart sans avoir atteintson but, et fait craindre queBoyer ne cherche à s'en venger,420 ; on a cru qu'il avait provoquéle mouvement qui devait sefaire à Porto-Rico, 422.BRRSSEAU rest choisi pour remp<strong>la</strong>cerl'agent Lavaux, III, 63; dirigel'expédition contre Curaçao,64 ; retourne à Paris ,et y meurten 1812 , note de <strong>la</strong> page, 78.BRINVILIER, ouspigèle : p<strong>la</strong>nte dangereuse,employée en médecinecontre les vers, I,69.BRIQUES : elles servent à <strong>la</strong> construction des maisons ; I, 20 ; toutesles Antilles ont une terre propreà faire des briques, 21.BRISE DE MER : ce que c'est que cevent ,I,8.BRISE DE TERRE : ce qui <strong>la</strong> produit,I,8.BULLES : d'Alexandre VI qui donneaux Espagnols <strong>la</strong> propriété despays découverts en Amérique, II,168 ; de Jules II qui y fait participerles Portugais, 170; d'UrbainVIII qui déroge aux précédentes,183.BUREAUX de bienfaisance : sont établisà <strong>la</strong> Guadeloupe en 1810,III,288 ; chaque ville en possède un,sa composition , II, 107.BURES, chef de bataillon commande une colonne contre les Ang<strong>la</strong>is, en 1794, III, 29.cCACAO (amendes de) : leur récolte, CACAOYER: l'arbre à cacao est orileurpréparations, leurs divers ginaire d'Amérique; époque oùusages,I,40. (Voy. commerce). on le cultiva; un juif introdui


suit sa culture aux Antilles, I,37; description de <strong>la</strong> tige, desfeuilles , des fleurs et du fruit,38; sa culture a <strong>la</strong> Guadeloupe,II, 39-40. ( Voyez culture.)Café : à quelle époque son infusionfut connue en France , I ,9.9 ; effets qu'elle produit, 33.(Voyez culture.)CAFEYÈRE : p<strong>la</strong>ntation de cafiers;comment a été produite <strong>la</strong> plusconsidérable à <strong>la</strong> Guadeloupe,III, 177.GAFIER : son origine; découverte desa propriété , comment il fut envoyéà Paris,et introduit à <strong>la</strong>( 479 )Martinique, erreur des écrivains surl'époque où Declieux l'y porta,I, 29 et note ; sa culture, sesbranches , ses feuilles , ses fleurset son fruit, 30-31-32; commenton le prépare , 32 ; quel est celuiqu'ondoit préférer, 33-34 ; propagationde sa culture aux Antilles,II,37et 38; produit ducarré de terre en café, 46. (Voy.culture, commerce,finances.)CAÏMANS : ou crocodilles , moinsgrosque ceux du Nil, on n'envoit que dans les rivières de Saint-Domingue , I, 85.CALDER, amiral ang<strong>la</strong>is : prenddeux vaisseaux à l'amiral Villeneuve,III,196;est réprimandépour n'avoir pas fait assez de ma<strong>la</strong> un ennemi qui lui était supérieur, en France on acquitte unamiral battu et pris, 197.CALEBASSIER : arbre qui produit uneespèce de courge dont on extraitun sirop pectoral très-précieux,etdont <strong>la</strong> coque sert à des ustensilesde ménage, I, 62.CAMBRIELS : chef de bataillon de <strong>la</strong>66c demi-brigade : fait partie del'expédition du général Richepance,III ,120-13o; défait les rebellesà <strong>la</strong> tranchée,l34 ; va se poster, enbattant l'ennemi, derrière <strong>la</strong> positionformidable de d'Anglemont,141 ; il attaque cette position etles rebelles se font sauter, 142;estfaitcolonel a <strong>la</strong> formation du66 c régiment, 180; attaque Marie-Ga<strong>la</strong>nte, 219 et suiv. ; évitede se rendreprisonnier; son retouren France , 222 ; cequi putprovoquer des bruits contre lui,224, note 2.CAMPÊCHE : arbre épineux , d'ungrand commerce aux Antilles, I,73.CANADA : si on l'eûtconservé , nosîles n'auraient pas eu besoin desétrangers, II, 71 ; les Ang<strong>la</strong>is renouvellentles hostilités et violentle droit des gens, 3o2 ; cette contréeest sacrifiée à d'ambitieuxintérêts dans le traité de 1765,316.CANARDd'Europe : il est grêle auxAntilles, mais celui de l'Indeesttrès-gros, très-nombreux , etd'un goût exquis, I , 85.CANCRE, ou écrevisse de mer : I ,84.GANEFICIER : arbre qui produit <strong>la</strong>casse, description de ce fruit d'ungrand usage dans <strong>la</strong> médecine ,I,62.CANNE A SUCRE: le sucre était connudes anciens, lieux où croissait <strong>la</strong>canne , elle est indigène aux Antilles,à qui on doit le secret d'enextraire du sucre, époque où onle fabriqua aux Antilles, I,23-24-25 ; différentes espèces de cannes,description, culture , etc. 25-26-27 ; progrès de cette culture, II,31-34 et suivantes; moyen trouvé,en 1815, pour épurer le sucre, 35-36; produit du carré déterre encannes, II, 45 ; lesyAng<strong>la</strong>is lesavaient introduites, en 1641 ,<strong>la</strong> Barbade , 224 ; (voyez Culture).CANNELIER des Indes : fait desprogrèsaux Antilles, I, 67.àCAPESTERRE : statistique de ce quartier,I , 229 à 235 ; fut incendié,en 1802, par Ignace , III, 136.CAPITAINE : poisson qui ressemble à<strong>la</strong> carpe, d'où lui vient son nom ,I,82.CAPITAINES-GÉNÉRAUX: ce fut le premiertitre donné aux commandansdes colonies, I, 343 ; furentrétablis en 1802, 352 ; III, 71.


( 480 )CAPUCINS : (voyez clergé.)Caraïbes : étaient courageux et antropophages,les recherches surleur origine ont été vaines , opiniondes différens auteurs à cesujet,I, 106-107; leur physique,leur moral, leurs guerres, artsqu'ils connaissaient, 108-109; ilsne purent jamais concevoirde l'esc<strong>la</strong>vage, 141 ; il y a-desl'idéefamillesdescendantes des Caraïbesau petit Port-Land de <strong>la</strong>Grande-Terre, 273 ; un arrêt défend , en1739, de l'aire les Caraïbes esc<strong>la</strong>ves,II, 300-301 (voir les articlesDominique, St-Vincent et <strong>la</strong> notede <strong>la</strong> page 317du tome II ) ; prennentparti avec les Français, etsont déportés a Bonaire, III, 45-46.CARANGUE : poisson excellent, a jusqu'àdeux pieds de long , I , 82.CARATAS ; p<strong>la</strong>nte à bois léger , quib<strong>la</strong>nchit comme le meilleursavon, et brûle comme une alumette, I, 77.CARET: tortue dont l'écaille est <strong>la</strong>seule précieuse , I , 83 84.CARMES (voyezclergé).Carmichael, major-général ang<strong>la</strong>is :gouverne pendant deux mois <strong>la</strong>Guadeloupe, III , 265.CARTIER, général de brigade : faitpartie de l'expédition de Huguesà <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 15; prendd'assaut le fort Fleur-d'Epée, 18;sa mort, 22.de 7, et on lui refuse <strong>la</strong> communication du budjet, III, 353; elleest congédiée après une lutte déplorable, 334.CHANDELLE ( bois de) : brûle commeune chandelle , I, 72.CHAT-HUANT : est très-nombreux ,I,89.CHAUVE-SOURIS: est plus grosse etplus multipliée qu'en France , I,89.CHAUX : elle se fait avec des moellonsou une pierre-marine, I, 20-79; avec des coquilles de <strong>la</strong>mbis,84 ; on s'en sert aussi pour épurerle sucre , II, 35.CHEMINS : fixation des routes royales,I, 284 à 286; sont l'établis,en 1737, par le gouverneur deLarnage,II, 299; sont refaits ,en 1766, 020; sont négligés parles Ang<strong>la</strong>is, III, 284 ; malgrél'impôt qu'ils établissent, 285;on les répare en 1817, 415.CHENILLES ravages qu'elles font, I,CHEVAL d'Europe : est bientôtde sa force et de ses graces, ceprivéquifait rehercher celui qui est créole,I, 100 ; manière de le nourrir, I,69.CHÈVRE : elle se multiplie , aux Antilles,mais elle y est petite et sanspétu<strong>la</strong>nce, I, 101.CHICORÉE : p<strong>la</strong>nte potagère abondanteaux Antilles, I, 68.CASQUE : sorte de limaçon de mer,CHIEN: espèce quidont le coquil<strong>la</strong>ge est embellid'un riche coloris, I , S4 et 85.CASSIER (voir Canéficier),CATALPA : grand arbre à fleurs engrappes et à longues gousses , I ,76.CAYEUX : poisson ressemb<strong>la</strong>nt àsardine, très-abondant, 1, 83.uneCÈDRE : grand arbre qu'on trouvedans plusieurs des Antilles, I, 76.existait aux Antilles,lorsde leur découverte; celuid'Europe résiste plus qu'aucunautre animal a l'effet du climat ,I,101.CHIQUE, ou poux de Pharaon : insectenombreux et importun ,moyen de s'en préserver, I, 99-Choux-cARAIBES : sont de deux espèces,I, 68.CHOUX-D'EUROPE : abondent aux AnCHAMBRES D'AGRICULTURE : époque,tilles,I,68.de leur création , leur objet, I ,345 ; leur plus important privilége,348; en 1815, on en formeune à <strong>la</strong> Guadeloupe, que l'oncompose de 9 membres, au lieuCHOUX-PALMISTES (couronne du palmiste-franc): est un mets délicat,I, 59.CHRÉTIEN : commissaire de <strong>la</strong> Conventionà <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 15,


( 481 )sa bravoure , sondésintéressement, sa mort, 22.CIEL : celui des Antilles est le plusradieux de <strong>la</strong> nature, le ciel d'Italiepeut seul en donner uneidée, I , 15;n'est voilé que momentanément, mêmel'hivernage, 15.pendantCIERGE épineux , espèce de raquettequi croit toute droite, I, 74.CLAPAREDE (le comte),lieutenantgénéral,et juge dans le conseilde guerre qui prononce, en 1816,sur le sort des deux .chefs de <strong>la</strong>Guadeloupe, III, 44o-443.CLERGÉ : anciennehabitation desjésuites, I, 189, II, 87; celledes frères de <strong>la</strong> charité, I, 189 ,II, 87; habitation des pèresb<strong>la</strong>ncs, I, 195, II, 87; habitationdes carmes, I, 257, II, 87 ;époques où les quatreordres decapucins, de jacobins, de jésuiteset de carmes furent envoyéscomme missionnairesles colonies, II", 3 à 7 ;danssuppressiondes jésuites, 8-9 ; état successifdu clergé à <strong>la</strong>Guadeloupe,10 à 17; biens du clergé en 1793,II, 87 ; les religieux de <strong>la</strong> charitésont seuls abolis en 1791 ,401 ; les biens du clergé sont divisésen deuxc<strong>la</strong>sses ; parti queles Ang<strong>la</strong>is en tirent en 1810,III, 271 à 276.CLIMAT : disparité entre celui d'Europeet celui dos Antilles ;l'humiditéconstitue l'insalubrité decelui-ci, causes de cette humidité,I, 16-17; semblerepoussertoutes les p<strong>la</strong>ntes d'Europe et accueillirtoutes celles d'Afrique etde l'Inde , I, 22.CLUGNY (le baron de) , capitaine devaisseau : nommé, en 1783,gouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe, n'yarrive qu'en mai 1784, II, 359;il est appelle en France, en 1786,et vient reprendre sa p<strong>la</strong>ce, <strong>la</strong>même année, II, 341 ; porte dessecours à Saint-Pierre, en 1790,et parvient à calmer les esprits ,363 ; y retourne une seconde foisavec le même succès, 364; ger-III.mes de division entre ce gouverneuret <strong>la</strong> Basse-Terre, 365 à 369;se rend à <strong>la</strong> Martinique auprèsdescommissaires du roi, 378 ; salutte , à <strong>la</strong> Guadeloupe, avec lescommissaires , 585 à 392 ; donnea démission, 395 ; reprend sesfonctions de gouverneur, 397; ilest mandé à <strong>la</strong> barre du corps légis<strong>la</strong>tif,405; il meurt à <strong>la</strong> Basse-Terre, regretté de là colonie,406.COCHENILLE , insecte précieux pour<strong>la</strong> teinture écar<strong>la</strong>te , qu'on trouvesur le fruit de <strong>la</strong> raquette, etqu'on ne ramasse pas aux Antilles, I,75.COCHRANE (sir Alexander, vice-amiral)commandant des forces navalesang<strong>la</strong>ises, oncle du lord quiest dans les mers du sud, s'établità <strong>la</strong> Petite-Terre, III, 211 ;212; fixe sa station à Marie Ga<strong>la</strong>nte,213 ; motif qui lui fait détruire<strong>la</strong> léproserie de <strong>la</strong> Désirade,215 ; fait incendier le quartier deDeshayés, 234-235 ; ne craintpas de faire sauter <strong>la</strong> ville de <strong>la</strong>Basse-Terre , par un brulot <strong>la</strong>ncécontre deux frégates françaises,236-237 ; convoitait déjà le gouvernementde <strong>la</strong> Guadeloupe,2,38 ; commande les forces navalesqui attaquent cette colonie,en 1810, 247; en est nommégouverneur, 265 ; ce marin estimableabandonne , à l'administrateur,<strong>la</strong> direction des affaireset double l'atelier de ses nègres ,à <strong>la</strong> Trinité, 266; indemnise leshabitans de Deshayes, 269; rétablit<strong>la</strong> léproserie de <strong>la</strong> Désirade,270 ; ( voir administrateur desAng<strong>la</strong>is,) va commander lesforces navales ang<strong>la</strong>ises contreles Etats-Unis, 293 ; revient à <strong>la</strong>Guadeloupe; but présumé de <strong>la</strong>courte aparition qu'il y fait, 310.COCHRANE-JOHNSTON, gouverneur de<strong>la</strong> Dominique , frère du viceamiralsir Alexander, et oncledu lord qui est dans les mers dusud : motifs qui lui font accueillirle capitaine-général Lacrosse,III, 102-103; empêche des dé_32 .


( 482 )putés de <strong>la</strong> Guadeloupe de parlerà leurs magistrats, 105 106-107;vient à <strong>la</strong> Guadeloupe, pourépouser une jeune et riche veuve, 157-158 ; est obligé de<strong>la</strong> colonie , 171.quitterCOCHONS marons ; ils avaient été importéspar les Espagnols , etsonttous détruits aujourd'hui, 1, 102(voyez. PORC) .COCOTIER; sorte de palmier trèsélevé;description de son fruit etses divers usages , I, 58 et 59.CODE civil; fut promulgué à <strong>la</strong> Martiniqueet à <strong>la</strong> Guadeloupe, en1805 , avec des modifications , I,379.CODES de procédure et de commerce; ils ne furent mis en vigueurqu'à <strong>la</strong> Guadeloupe , le 1 er janvier1809, I, 379.CODE noir des Français ; les hommes, investis du pouvoir, ont<strong>la</strong>issé tomber en désuétude les articlesqui les regardaient, I, 136,107; c'est <strong>la</strong> cause de tous les désordresdomestiques. 140.CoDou , lieutenant, de couleur, estun des instigateurs del'insurrectionavec Ignace et Corbet,III,90; vient attaquer le général Lacrosseà<strong>la</strong> commune, 95 ; conspirecontre le conseilprovisoire,104 ; s'embarque au petit canalet se réfugie auprès de Delgrès, à<strong>la</strong> Basse-Terre, 126 - 127; restearmé dans les bois après <strong>la</strong> destructiondes révoltés , 144-COLIBRI, oiseau admirable par sescouleurs , est de deux espèces:description de son nid , I, 89.COLLOT (le général) est nommé,en1792, au gouvernement de <strong>la</strong>Guadeloupe , II, 4o6 ; est obligéd'aller avec Rochambeau à Saint-Domingue, 409 ; il arrive seul, en1793 , a <strong>la</strong> Basse-Terre , où on neveut pas d'abord le recevoir enqualité de commandant, 424le reconnaît bientôt après , 425 ;seul il parvient à désarmer unebande de nègres assassins , 427;son dévoûment sauve <strong>la</strong> vie àquarante - deux colons détenusonprisonniers dans le fort Saint-Charles, 429; attaqué par desforces considérables, il capituleen 1794, note sur ce général, samort, 441, 442•COLOMB (Christophe) : ses découvertesen Amérique ,II , 167;mort, 16g.COLONIES : Définition de leurs différentesespèces, I, 2 (voyez AN­TILLES.)COMITÉS consultatifs : leursacréationet leur objet, I, 356; garantiesplus utiles qu'ils pourraientaux colonies, 358.COMITÉ de défense etoffriradministratif,en 1815 : Séance tenue au sujetde <strong>la</strong> lettre du Colonel Vatable àun habitant, III, 378.COMITÉ secret établi àSaint-Pierre,par un agent des Ang<strong>la</strong>is, III,-238.COMMERCE : Ses progrès et ses entraves,II, 47; insuffisance ducommerce français envers lescolonies, 50 ; <strong>la</strong>titude qu'il reçoiten 1713, 50-51 ; restriction en1727,51; variations successivesdu commerce, 52 à 57 ; établissementd'entrepôts pour le commerceétranger, 55-58-59 etsuivantes; tableaux de commercepour les importations et les exportations,63 et suiv.; commerceavec les Etats-Unis, 68;avec les Espagnols, 69 ; nos coloniessont encore forcées aujourd'hui,de recourir au commerceétranger, 72; syndics de commerce,76; déc<strong>la</strong>ration de 1634qui proscrit lecommerce, étranger,II, 182; commencemensdu commerce interlope, 195;système de commerce avec lesétrangers, en 1743,fatal aux colonies,II, 3o2 ; l'ordre de réprimerle commerce interlopesans cesse renouvelé, etesttoujoursen vain, 303 ; les agens font devastes spécu<strong>la</strong>tions de commerce,en 1797, III, 48; le commerceest presque en entierdansles mains des Européens, 165 ; saprospérité à <strong>la</strong> Guadeloupe, 172;


198 ; est imposé pour <strong>la</strong> constructiondes cales de débarquement,202.COMMISSAIRES de justice ou grandsjuges,furentétablis par le gouvernementconsu<strong>la</strong>ire, I, 352,III, 71 (voir Coster et Bertholio).( 483 )1791 aux îles du vent avec destroupes, II, 377; renvoient de<strong>la</strong> Martinique les secoursvenusdes diverses îles françaises, 379 ;sont, obligés de serendre à <strong>la</strong>Guadeloupe , 384 - 385 ; lutteavec les autorités de <strong>la</strong>Guadeloupe,385 à 392 ; des troublessurvenus à Sainte-Lucie obligentdeux d'entre eux à s'yrendre, 394 ; fatigués de leursvains efforts pour faire exécuterles lois, ils retournent à <strong>la</strong> Martinique,où ils nesont pas plusheureux, et se divisent d'opinions397-398; deux de ces commissairesse rendent en France aprèsqu'on leur a pris les papiersdestinéspour le ministre,398; lesautres sont mandés à <strong>la</strong> barre,4o5.COMPAGNIES ; notesur les compagnies,11, 22 ; création de <strong>la</strong> première,175 - 183 ; sa mauvaisegestionl'oblige à vendre les îlesà des particuliers , 211, 212;établissementde <strong>la</strong> seconde compagnie, 236 à 238; sa mauvaise administration,253;de se dissoudre , 263.elle est forcéeCONCESSIONS ; comment elles se faisaient,et ce dont elles étaientcomposées, I, 112, abus qui s'yintroduisirent,ordonnances renduesà ce sujet, 257, 258.CONCLUSION de cet ouvrage ; on n'osedire que <strong>la</strong> possession des Antillesa été moins utile qu'onéreuseà <strong>la</strong> France , III , 424détailssuccinctsdepuiscolonies,moyen facile d'y ramenerl'origine desl'union et des sentimens généreux, 425 à.428.CONCOMBRES : ils sont en grandequantité aux îles, 1, 68.CONGRE , espèce d'anguille , I, 83.CONSEILS de gouvernement ; leurcréation et leur objet, I, 334.CONSEIL privé (réunion de sept membresdont les gouverneurs ang<strong>la</strong>iss'entourent dans une îleconquise, et oil ils nereçoiventque ceux qui leur sont servile­C o m m i s s a i r e s du roi envoyés ment dévoués) : en 1809, ils y admirentcelui quileur avaitfacilité<strong>la</strong> conquête de <strong>la</strong> Martinique,III, 238 ; ce conseil fut à <strong>la</strong> Guadeloupedepuis 1810 jusqu'à <strong>la</strong> linde 1814,l'instrument docile desvolontés de l'administrateur, eton y a vu figurer les mêmespersonnagesà toutes les époques,320; on vit avec peine tous sesmembres entrer dans <strong>la</strong> formationde <strong>la</strong> chambre d'agriculture,en 1815, 333; le même conseilprivé est de nouveauchoisi en1815, 402-403; adresse qu'il faitpour demander que <strong>la</strong> Guadeloupereste sous le gouvernementbritannique, 406; leçon de patriotismeque lui donne le généra<strong>la</strong>ng<strong>la</strong>is , sir James Leith,407.CONSEIL provisoire : Sa compositionet son instal<strong>la</strong>tion en 1801;III,101; déjoue un complot tramépar les noirs, 104; envoie desdéputations à <strong>la</strong> Dominique, quin'y sont pas reçues, 105-106-107;dissipe un rassemblementséditieux,108; toutes ses sages dispositionssont contrecarrées pariesmesures prises à <strong>la</strong> Dominiquecontre lui, 109 à 112 ; c o m ­prime les mouvemens des noirs ,à <strong>la</strong> Basse-Terre, et rappelle <strong>la</strong>tranquillité dans <strong>la</strong> colonie , 113-à , Saint - Domingue, destroupes et un général pourn4; demande au général Leclerc,gouverner<strong>la</strong> Guadeloupe, 118; invitele général Seriziat à venirprendre le commandement, 119;fait tout préparer pourbien accueillirl'expédition du généralRichepance, 120; envoie unedeputation à ce général, 122; sesmembres sont arrêtés, exceptéPé<strong>la</strong>ge , 149 ; le général encheles met en liberté, leur donn


( 484 )des éloges, et les envoie enFrance, 150-151.CONSEILS spéciaux; leur création etleur objet, I, 354.CONSEIL supérieur ou souverain ;son établissement, ses membresfurent ennoblis, I, 369 , et II,206 ; variations que ce tribunaléprouva , I, 370; il fut aboli en1792, 375 ; on le rétablit, en1802 , sous le nom de tribunald'appel, 376; on lui alloua untraitement en 1803 , 378 ; sa compIII,168 note ; ses déférences<strong>la</strong>isance, en 1807, I, 380 , eten1810,I , 381 et suiv.; en 1814 ,il reprit son titre de cour d'appel,585; en 1819, on lui donna lenom390 ; est installée audu roi de France, III,319 ; ses arrêtés sont annulés, en1815 , par le gouverneur, et lemajor de p<strong>la</strong>ce est autorisé,nom de cour royale , 389; ses attributions,malgréle conseil, à y prendre séance,334.CONSEIL de ville, sa composition,I , 288.CONSTITUTIONcoloniale de l'Angleterre, plus favorable aux coloniesque toute autre , I, 134-135.CONTRIBUTIONS directes et indirectes(voyezFINANCES.)Copahu, baume de l'arbreappeléCopaïer, manière de l'extraire etses propriétés, I, 63.COPLEY (le baron de) est le premiercommandant en second de <strong>la</strong>Guadeloupe,intérim, II, 320.qu'il gouverne parCOQ : ils sont en grande partiesanscroupion, pari l'effet du climat, I,86.COQUILLAGES de nacre ou Burgaux,I,84.CORAIL, p<strong>la</strong>ntemarine b<strong>la</strong>nche ounuire , <strong>la</strong> première se pèche pourfaire <strong>la</strong> chaux , I, 79.CORNEILLE (Côme), homme de couleur,notaire, est nommé membredu conseil provisoire, III,101 (voir CONSEIL PROVISOIRE) ; estenvoyé en France avec les autresmembres du conseil, 150 à 152.COROSSOL des Marais, I, 70.Corossolier ou Cachiment, produitle fruit appelé Corossol ou cœurde bœuf, 1, 66.CORSAIRESaugmenté: ont considérablementles importations à <strong>la</strong>Guadeloupe , II, 87; état de leursprises, tableau n. II; sont nombreuxsous Hugues et font <strong>la</strong>course avec éc<strong>la</strong>t, III, 48-49;doivent être appuyés par desforces navales, 65; aidentvainementà défendre l'île de Saint-Martin, 67; le bien qu'ils firentà <strong>la</strong> Guadeloupe ne fut que momentané, réflexions sur <strong>la</strong> course,172-173; on se sert de corsairespour une expédition réunieet dissipée à Deshayes, 174-175;ils font quatre-vingt-douzeen huit mois, 177-178 ; leursd'armes particuliers , 182;prisesfaitséprouventdès pertes, 198; font unetentative contre Saint-Barthélemy,211; généreuseconduite ducorsaire l'Epine, en 1810, 255 ;on veut déporter les officiersetles marins des corsaires de <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre, l'officier d'administrationchargé des armemensempêche cette vexation, 256.CORVÉES : l'administrationang<strong>la</strong>ise, à <strong>la</strong> Guadeloupe , s'estvantéeà tort de les avoirabolies,285.III,COSTER (magistrat) est nommé commissairede justice a <strong>la</strong> Guadeloupe,III, 74; est détourné desa destination et se rend à. <strong>la</strong> Dominique, 105 ; signe une proc<strong>la</strong>mationcontre <strong>la</strong> Guadeloupe,106; reçoit plusieurs députationsdu conseil provisoire, 107-109;va se réunir au généralRichepance, 121; coopère à <strong>la</strong> soumissiondes rebelles, 150; samort, 154.COTON, produit du cotonnier, sarécolte et sa préparation , I, 36-37; celui des Antilles surpasse enbeauté le coton du Levant, 37;droits dont il fut d'abord imposé ,II, 49 (voyez CULTURE , COMMER­CE , FINANCES.)


( 485 )COTONNIER, arbuste qui produit lecoton, est indigène de toutes lesrégions du Tropique, sesespèces, sa culture,cinqdescriptionde son bois, des feuilles, desfleurs et du fruit, I, 54-35-36 ; saculture à <strong>la</strong> Guadeloupe, II, 39(voyez CULTURE, COMMERCE, FI­NANCES.)COTONNIER-MAPOU OU Frommager,grand arbre des îles, I, 76.Couïs ou Calebasse, coque de <strong>la</strong>courge du calebassier, I, 60.COULEUVRES : les trois espècesconnuesaux Antilles sont sans venin,I,91.COULIROUX , poissons comme lessardines, très-multipliés , I, 83.COURBARIL, arbre à bois massif, sonutilité, I, 75.COUR d'appel(voyez CONSEIL SU­PÉRIEUR.)COURGES : ces p<strong>la</strong>ntes potagèresabondent aux Antilles, I, 68.Couz couz : p<strong>la</strong>nte dont <strong>la</strong> racinesert d'aliment, I, 53.CRABÉ, aide-de-camp du généralRichepance, tente en vain de• forcer le passage du Constantin ,mais il le garde avec avantage ,III, 142.GRABES : leurs diverses espèces; lecrabe des montagnes est leplussurprenant de tous ces crustacées,I, 104-105.CRABIER OU petit héron qui se nourrîtde crabes, I, 90.CRÉOLES : leur couleur b<strong>la</strong>nche sedistingue comme une sorte denoblesse, I, 116; leurs facultésphysiques , leur tempérament ,leurcaractère, 117; ils poussentle point d'honneur à l'excès,très-hospitaliers, 118; leurssontpassionssont très-vives et les égarentsouvent ,119.CULTURE : ses progrès et les retardsqu'elle a éprouvés depuis le principedes colonies, II, 29-49 ; explicationdes trois tableaux deculture, 41-42 _ 43 ; les culturessont exploitées,en majeure partie, par des propriétairescréoles,III, 165 ; le nombre et <strong>la</strong> variétédes cultures ont diminuépar <strong>la</strong> vanité des colons , 425.CURAÇAO OU Corosol (l'île de) fournissaitdes chevaux aux autrescolonies ; note statistique surcette île, II, 254; produit dessapotilliers d'un rapport annuelde 12 à 1500 fr., I, 57-58;on faità <strong>la</strong> Guadeloupe, en 1800,unetentative infructueuse contre cetteîle hol<strong>la</strong>ndaise , III, 63-64.Cunés ou desservans des paroisses à<strong>la</strong> Guadeloupe, et leurs émolumens,II, 15-16-17; celui de SteRose est arrêté, en 1808, III, 213;sa mise en liberté , 216.DD'ABOVILLE (le baron) : maréchaldecamp,est un des juges du conseilde guerre qui prononce , en1816, sur le sort des deux chefsde <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 441-443 ;sur son avis, le conseil chargeson président de demander <strong>la</strong>grace du condamné , 455.DAMAS (le vicomte de) : gouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe en 1782,est appelé au gouvernement de <strong>la</strong>Martiniqueen 1783, II,336; unelettre qu'il écrit à M . de Clugny,excite des troubles à <strong>la</strong> Guedeloupe, 369 ; il est remp<strong>la</strong>cé, en1791, parM. de Béhague, 378.DAMPIERRE ( M . de) : procureurgénéralde <strong>la</strong> cour d'appel de <strong>la</strong>Guadeloupe , son courage et sadestitution, I, 381, III, 267.DANIAU, colonel du génie : fortifiale fort Fleur-d'Epée, et y fut enterré, III, note 2 de <strong>la</strong> page 65,et note 1 de <strong>la</strong> page 79.DANO : est choisi pour agent provisoire,à<strong>la</strong> Guadeloupe, 111,58.


( 486 )DANOIS, négociant : un des quatrecommissaires élus pour se concerteravec Pé<strong>la</strong>ge et arrêter les troubles,III,86; est nommé membredu conseil provisoire , 101 (VoirCONSEIL provisoire); se retire auxEtats-Unis, 150.DAVID, arpenteur à <strong>la</strong> Guadeloupe:prétendait avoir résolu le problèmede <strong>la</strong> quadrature du cercle ,II , 297, note 1.DEEUSQUET , habitant de <strong>la</strong> Guadeloupe: son arrestation, III,213; traitement qu'il éprouve, samort, 216.DECLIEUX (le capitaine) : porte a <strong>la</strong>Martinique deux pieds de café ,son admirable dévouement , I ,29 et note 1.DE CLIEU, lieutenant de roi : nommégouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe, y arrive en 1737, II , 299;est autorisé à introduire des vivreset des bois étrangers,310; appeléen France par ses affaires, ilséjourne à <strong>la</strong> Martinique et retourneà <strong>la</strong> Guadeloupe en 1751, 3o3;il obtient sa retraite en 1752, 3o3.DÉCOUVERTES : celles de Colomb,II, 167; celles des Français enAmérique, 170.DECRÈS (le duc de) ministre de <strong>la</strong>marine : torts qu'on lui impute,III, 191-192-197-209 ;persécutel'amiral Vil<strong>la</strong>ret, 226 et note;bois de Gayac qui lui sont adressés,en1815, de <strong>la</strong> Guadeloupe,368 ; ce que devinrent ces bois ,370 , note.DÉFENSE de <strong>la</strong> Guadeloupe (systèmede), considérations générales, II,149; résumé de l'attaqne de 1691,150; et de celle de 1703, 151; attaquede 1759,153;projet de défenseen 1766, 154 ; première attaque,de 1794, 156 ; deuxième attaquede 1794 157; attaque plus complètede 1802, 158; celle de 1810,160 ; celle de 1815, 162 ; dispositionsde défense <strong>la</strong>ites en 1815 ,III, 381-384. (V. Attaques.)DELGRÉS : homme de couleur employéà <strong>la</strong> Guadeloupe commechef de bataillon , aide-de-camde1'agentBaco, III, 61 ; devenupremier aide-de-camp du capitainegénéralLacrosse, il tente envaind'entrer avec lui dans le lieude sa détention, 97 note; commandantl'arrondissement de <strong>la</strong>Basse-Terre , il arrête douzeofficiersb<strong>la</strong>ncs qui s'étaientpermisdes bravades, et les déporte, 113;envoie une députation au généralRichepance, mais <strong>la</strong> désertionoccasionée , à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître ,par les incartades des officiersvenus de <strong>la</strong> Dominique , le détermineà <strong>la</strong> révolte, 123-124; saconduite à <strong>la</strong> Basse-Terre, 127-12S ; évacue le fort Saint-Charles,après avoir tout disposé pour lefaire sauter, 135; se retire auMatouba, 136 ; positionsfortifiéesqu'il y occupait, 140-141 ; attaquéà D'Anglemont,il se faitsauteravec 5 ou 400 des siens, etmet fin à <strong>la</strong> guerre, 142.DELILLE , le poète : a peint enbeauxvers l'effet que produit le café, I,34.DELORT, médecin : un des quatrecommissaires élus pour se concerteravec Pé<strong>la</strong>ge et arrêter les.troubles, III, 86.DENRÉES coloniales : leur abondanceactuelle, I, 157; leur consommationprésumée en Europe et aux É-tats-Unis, 158 ; encombraient lesmagasins de <strong>la</strong> Guadeloupe, en1810, et les Ang<strong>la</strong>is établirent undroit sur leur sortie, III, 264.DÉPUTÉS aux assemblées nationales ,II, 361 et note, 404 et notes;leur admission est discutéesuccès, par les conseilsIII,51.sanslégis<strong>la</strong>tifs,DÉPUTÉS des colonies à Paris, époquede leur création , I, 348 ; rétablisen 1802, 555 ; leurs émolumensactuels, 558; <strong>la</strong> Gualoupeen envoie un, en I805, quin'est pas agréé, III , 206.DESFOURNEAUX, général de division :est nommé agent à <strong>la</strong> Guadeloupe; son arrivée dans <strong>la</strong> co-


(487)lonie, opposition qu'il éprouve,embarque Victor Hugues pourFrance, III, 52-53; sonadministration, 54-55 ; il est embarquépour France, dix mois après sonarrivée, 56-57-58.DESHAYES : statistiquede ce quartier,I,21o à 212,une expéditiony est réunie contreAntigue,les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> dissipent, III, 174;cequartier est pillé, saccagé etincendié, en 180g, par les Ang<strong>la</strong>is,III, 234-235 ; il est indemnisé, en 1810, 269.DESIRADE (île de <strong>la</strong>), statistique decette île, et détailshistoriques,I, 322, à 325; ancien lieu dedépôt de mauvais sujets, 328;(Voyez Attaques) elle est priseparles Ang<strong>la</strong>is , en 1794, II, 442;Victor Hugues <strong>la</strong> reprend, III ,37 ; les Ang<strong>la</strong>is s'en emparenten 1808, 214; reprise depossessionde cette île en 1814, 321.DESNAMBUC aborde à Saint-Christopheet s'y établit, II, 172; retourneenEurope, 174; repartavec du Rossey, 176; partageavec les Ang<strong>la</strong>is l'île de Saint-Cristophe ,176; force les Ang<strong>la</strong>isusurpateurs à se renfermer dansleurs limites, 1S1 ; fait un premierétablissement à <strong>la</strong> Martinique,188-189; retourne à Saint-Christophe, 189; sa mort, 190.DETTES des colonies, leur origine,comment elles se perpétuent, I,597 à 400 ; sursis accordés , 400 à4o2, III, 165 ; évaluation de cellesde <strong>la</strong> Guadeloupe en 1813,I, 403 ; évaluation de celles de<strong>la</strong> Guadeloupe et de <strong>la</strong> Martinique, 406 à 408 ; moyens proposéspour les faire liquider, 409 à 410 ;le sursis établi sur les dettes estrévoqué, en 1816, III, 414.DIGEON (le baron) : lieutenant-général,un des juges dans le conseilde guerre qui prononce, en1816, sur le sort des deux chefsde <strong>la</strong> Guadeloupe , III, 441-443DION ( le chev. de) : est nommegouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe, II323 ; ma<strong>la</strong>de , il part pour Franceen 1773, 323.DOLE (position de), I , 236 ; Ignacey est battu, en 1802, et on ysoustrait à <strong>la</strong> mort 80 femmesenfans b<strong>la</strong>ncs, III, 136.DOMAINES et droits domaniaux(Voy.Finances).DOMAINE d'occident, II, 56.DOMINICAINS, jacobins, ou pèresb<strong>la</strong>ncs, (Voy. Clergé.)DOMINIQUE (Ile de <strong>la</strong>) : notice suretcette île ang<strong>la</strong>ise, que les Caraïbess'étaient réservée, II, 231 ,l'établissement qu'y font les Français, leur occasione de longuesdiscussions avec les Ang<strong>la</strong>is ,II, 298; cette île est cédée àl'Angleterre par le funestetraitéde 1763 , 316 ; sert de refuge auxchefs de <strong>la</strong> Guadelonpe, III,102-103-105; fait une guerresourde à <strong>la</strong> Guadelonpe,109 etsuiv. ; est attaquée, prise et rançonnéepar une expéditionfrançaise, 184 à 186; tentativemalheureusecontre des navires decommerce qui s'y trouvaient, en1806, 2o3.DONADIEU (le général) est envoyéau Hâvre pour inspecter lestroupes venant de <strong>la</strong> Guadeloupe ;n'entend pas le commandant ensecond, et fait au ministre unrapportcontre lui, accompagnéd'une lettre singulièrement accusatrice, III, 431, 432.DONZELOT (le comte), lieutenantgénéral: est nommé gouverneurde <strong>la</strong> Martinique, où ilconcilietous les intérêts , III, 416, 423et note.DORADE: poisson de couleur d'or,ennemi du poisson vo<strong>la</strong>nt, I, 82.DOUANES : (voir Finances) sont rétabliesà <strong>la</strong> Guadeloupe ; en 1798,II, 87, et III,49; fixation etperception de leurs droits, II,99 ; sont données à ferme, en1803, au fournisseur général,III, 179 ; sont remises eu régie,en 1806, leur revenu, 201.Dubouchage,ministre de <strong>la</strong> marine :


( 488 )DUMONT,p<strong>la</strong>ce M. Schmaltz dans <strong>la</strong> directiondes colonies , accueille sonchef de bataillon : commandebravement le fortmémoire , et reçoit les bois degayac qu'il apportait au duc Decrès,III, 369 ; est d'avis de couvrirdu manteau de l'oubli lesévénemens de <strong>la</strong> Guadeloupe ,434 ; sa religion est surprise parM. Vatable , qui l'exaspère contrele commandant en second, dontil ordonne <strong>la</strong> mise en jugement,455 ; le roi veut accorder unegrâce pleine et entière au colonelBoyer, le ministre détourne <strong>la</strong>clémence de S. M. et l'ait commuer<strong>la</strong> peine de mort en unedétention de 20 ans, 455 ; faitune abondante distribution degrâces après le procès , 456-457.DUBUC : habitant de <strong>la</strong> Martinique ,chef de <strong>la</strong> révolte de 1717-, II,287 ; est amnistié, 291.DUBUC ( Louis ) le chevalier : estnommé intendant de <strong>la</strong> Martinique, III, 500 ; où on reçoit lesAng<strong>la</strong>is ,344 ; rentre en France,en 1818, après <strong>la</strong> suppressiondes intendans, 416.DUBUC Duferret, habitant recommandablede <strong>la</strong> Martinique : sonprojet d'amélioration coloniale ,III , 282 et note.DUCHENNE, capitaine de vaisseau:arrive avec une division à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, le 6 janvier 1793,III , 42.DUGOMMIER , le général : créole de<strong>la</strong> Guadeloupe , sa biographie , I,298; mena des secours , en 1790,à <strong>la</strong> ville de Saint-Pierre , où leFleurd'Epée;est renvoyé en France,par Victor Hugues, III, 22.Dumoutier, général de brigade :fait partie de l'expéditiondu généralRichepance , III ,120; repasseen France, et va mourir à<strong>la</strong> Martinique , 156.DUNDAS, général ang<strong>la</strong>is : un desgénéraux qui attaquèrent <strong>la</strong> Martinique, en 1794,II 439;attaque<strong>la</strong> Guadeloupe,441-442 ; en estnommégouverneur et <strong>la</strong>isse appesantirune main de fer surcettecolonie , III, 13 ; sa mort,20 et note. Ses restes sont exhumés,41.DUPARQUET : neveu de Desnambuc,est nommé commandant de <strong>la</strong>Martinique, II, 18g; il offre samédiation à Aubert,Caraïbes , 195; il est faitauprès desprisonnierà Saint-Christophe, pendant<strong>la</strong> guerre civile, 204 ; est renvoyéà <strong>la</strong>Martinique , 208 ; achète <strong>la</strong>Martinique , 212 ; fait un établissementà <strong>la</strong> Grenade, 215; refusede recevoir les Hol<strong>la</strong>ndaistrès-regret-du Brésil, 220 ; meurtté, en 1658, 229.Dupin aîné, avocat, se charge dedéfendre le colonel Boyer et jugeprudent de se faire remp<strong>la</strong>cerpar M. Legouix , III, 43g, 44o.DUPLESSIS : part de France avecLolive, II, 1 S3 ; s'établit avec luià <strong>la</strong> Guadeloupe, 185 ; sa mort,187.calme fut rétabli, II, 563-564;DUPOYET (M.) : est nomméconduisit pour <strong>la</strong> troisième foisgouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe , II, 297,dessecours à <strong>la</strong> Martinique , ets'y distingua par sa prudence etson humanité, 372 ; à son retourà <strong>la</strong> Guadeloupe , <strong>la</strong> persécutiondes oligarques l'obligea à se réfugierà Paris , 581.DULION (M.) : est nommé gouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe , II , 246,envoie des secours à <strong>la</strong> Martinique, contre des séditieux , ?.55 ;ses démêlés avec M . de Baaz,260; sa mort, 267.et note 2 ; (voy. DÉSIRADE , statistique,.)est mis à <strong>la</strong> retraite en1734 , 298.DURHAM , contre-amiral ang<strong>la</strong>is :spolie <strong>la</strong> Guadeloupe en 1814,,III, 307; M. de Linois lui permetd'occuper les Saintes , 343 ;entre, comme auxiliaire, à <strong>la</strong>Martinique, 344; sa conduite àl'égard de <strong>la</strong> goélette françaisel'Agile, 348-349; il se présentedevant <strong>la</strong> Guadeloupe avec des


( 489 )troupes, mais trop tard , 363; i<strong>la</strong>ttaque <strong>la</strong> colonie , ayant troisbâtimens français sous ses ordres,585 et suiv. ; il est décoré, aParis, du cordon de commandeurde Saint Louis, 458.DUTERTRE, le plus ancien historiendes Antilles, n'en parle que jusqu'en1665 , I , 1 re de l'avantpropos; décrit une liane qu'ildonne comme un remède infailliblecontre <strong>la</strong> morsure du serpent,92.EEGYPTE : cultive <strong>la</strong> canne à sucre, I,157, 158 et note.EMIGRÉS des îles du vent.Premièreépoque où ils s'expatrient, II,413-417-429 ; ils attaquent <strong>la</strong> Martiniqueréunis aux Ang<strong>la</strong>is, 431 ;sont mis en fuite, et les Ang<strong>la</strong>is455; sont sacrifiés par les Ang<strong>la</strong>isau camp de Berville, III, 31-32.les accusent de leurs revers, 432-L'émigration ne date , à <strong>la</strong> Guadeloupe, que de l'année 1794,I400 ; ce fut l'époque où <strong>la</strong> terreurobligea les propriétaires às'expatrier,III, 38 ; on rappelleceuxqui n'avaient pas porté les armescontre leur pays, 52 ; nombre deleurs propriétés séquestrées , etleur rapport en 1799; 55,et II tableaun° G; ceux qui voulurent rentrersous le général Richepance furentrétablis dans leurs biens,III,144; amnistie générale pour lesémigrés, 164; tous ceux de <strong>la</strong>Guadeloupe sont réintégrésleurs propriétés, 165.dansEMOLUMENS des chefs aux colonies,I, 361 ; à <strong>la</strong> Guadeloupe on doubleceux du général ang<strong>la</strong>is Leith,III, 407.ENCANS publics. Le gouvernementse réserve un droit sur les ventesà l'encan, II, 97 ; ces p<strong>la</strong>cessontaffèrmées, 108. Somme annuelleque le fermier était obligé depayer au fisc, en 1806 , III, 202.ENGAGÉS ; serviteurs européens employésà <strong>la</strong> culture; <strong>la</strong> coutumed'en avoir devint une loi; ilsétaient comme des esc<strong>la</strong>ves,III.lesfemmes étaient sujettes à <strong>la</strong> mêmerégle, I,111-112;le climat dut enfaire périr beaucoup , 113 ; leurtempsde servitude est réduit àtrois ans, II, 181 ; sontmaltraités,186; leur service est légalisépar <strong>la</strong> métropole et réduit à 18mois, 261; leur dernière époqueen 1738, 199-200 et note 1.ENNERY (le comte d'), estfait intendant-généraldes îles du Vent,à <strong>la</strong> Martinique, en 1769, II,322.EPIAN OU pian;considérations surcette ma<strong>la</strong>die, détails historiques,I, 325.ERNOUF (capitaine-général) presseson départ de France, va prendre<strong>la</strong>ngue à <strong>la</strong> Martinique et arriveà <strong>la</strong> Basse-Terreoù sa présencedissipe toutes les craintes,III, 163-164 ; il y ramène <strong>la</strong> tranquillitéet l'espérance, 165-166;l'attitude imposante où il p<strong>la</strong>ce<strong>la</strong> Guadeloupe, empêche les Ang<strong>la</strong>isde l'attaquer, en 1803, 170 ;prend le titre de général en chef,et construit le camp de Boulogne,171; ouvre ses ports aux étrangersqui amènent l'abondance, 172;époque heureuse de son administration, 176; murmures qu'elleprovoque, 178-179; forme le 66orégiment, 180; est refusé dansl'offre qu'il fait de ses troupespour coopérer à <strong>la</strong> reddition<strong>la</strong> Dominique, 186;troupes aux générauxdefournit desVilleneuveet Lauriston, 194; ces troupessont renvoyées et débarquées endésordre, 195;confiance que legé-53


( 490 )néral Ernouf inspirait, 19.9 ; chasseunex-juge , fugitif de <strong>la</strong> colonie,en1787,et qui venait d'y rentrer,200;desenvoie un détachement,armes et des munitions à Caracas, 203 ; rappelle cesaprès un an de séjour dansprovince, 204-205 ; sur letroupescettebruitd'une attaque, il appelle aux armesles habitans,et fait une levéede nègres, qu'on enrégimente,et qu'on emploie à divers travaux,206-207 ; s'établit dans Ja maisonde p<strong>la</strong>isance du Matouba, 208;fait une tentative contre Saint-Rarthélemy, 211; arrestation ordonnéea Sainte-Rose, et dispositionsprises contre une attaque de<strong>la</strong> part des Ang<strong>la</strong>is, 213-214; ilmet en liberté trois des individusarrêtés à Sainte-Rose, 216;travauxde défense qu'il exécute,217;fait attaquer Marie-Ga<strong>la</strong>nte , 218et suivantes ; nomme commandantdes troupes son aide-decampchef de son état-major, 224;reçoit de <strong>la</strong> colonie unepreuved'attachement à <strong>la</strong> France, 227;ses arrêtés re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> défense de<strong>la</strong> colonie, 227-228; découragementque son administration occasionne,238-239 ; circu<strong>la</strong>ire surl'attaque prochaine des Ang<strong>la</strong>is,projet de défense, 243 ; reçoit deshabitans, mémo de ceux de Saint-Pierre , des renseignements surles projets de l'ennemi, 245 ; étatde-ses forces au 1er janvier 1810,246 ; est attaqué par les Ang<strong>la</strong>is,247 à 252 ; capitule, 253; gratificationsdistribuées, paiemens etpromotions faits après <strong>la</strong>capitu<strong>la</strong>tion, 254 ; il est conduit prisonnieren Angleterre, USB ; obtientson renvoi en France ; suite de sonretour, 257,note.ESCLAVAGE : l'idée qu'offre ce mot estcontre nature, I,Les Grecsfurent les premiers qui achetèrentdes hommes, les Romains les imitèrenttrop bien, 142.L'évangilea inspiré aux peuples modernesnne légis<strong>la</strong>tion moins rigoureusesur l'esc<strong>la</strong>vage, 142.ESMENARD (poète) : a peint en beauxvers le dévouement de Declieux,1, 00 (fin de <strong>la</strong> note).ESPADON ou poisson scie: combat <strong>la</strong>baleine, 1, S2.Estre<strong>la</strong>n (M. d') : habitant,<strong>la</strong> fureur d'une bandearrêted'assassins,et rend un éminent service à <strong>la</strong>colonie, III, 158.ETABLISSEMENS européens sur <strong>la</strong> coted'Afrique pour <strong>la</strong> traite, I, 147.ETAT-CIVIL : fonctions de l'officierqui en est chargé, I, 287.ETAT-MILITAIRE : considérations générales,II , 121 ; faveursaccordéesaux officiers servant aux colonies,122;découragement parmiles troupes destinées à y servir,124; moyen d'y remédier, 125;solde des troupes avant <strong>la</strong> révolution,127; troupes passées à <strong>la</strong>Guadeloupe depuis <strong>la</strong> révolution,129; celles qu'il conviendrait d'yentretenir, 132 ; état par chaquearme de celles qui s'y trouvent,134 ; leur traitement, 135; lestroupes eurent beaucoup à souffrirdes ma<strong>la</strong>dies, en 1802 et 18o3,III, 161 ; formation du 66e régiment,180; changemens survenusdans les corps, 209-227; arrivéede troupes et de secours en1809 ; 230-239.ETATS-UNIS d'Amérique: leur commerceavec nos colonies, II, 68,( voyez COMMERCE ) ; motif quiles porte a se déc<strong>la</strong>rer indépendans,330; secours qne <strong>la</strong> Franceleur envoie, 332; <strong>la</strong> paix consolideleur liberté,336; les vexationsde Hugues, les portent à faire <strong>la</strong>guerre, III, 5o; ils s'acharnentcontre les corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe, 65 ; font <strong>la</strong> paix en 1801 ,66; envoient un agent commercialà <strong>la</strong> Guadeloupe, 114-115;embargo c<strong>la</strong>ns leurs ports, en 1807,210 et 216; ils procurent aux Antillesle p<strong>la</strong>isir nouveau d' avoir de<strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce, 417-EUROPÉENS: leur sang, qui n'est pointappauvri par <strong>la</strong> transpiration ,fermente aux Antilles, I, 17 ;ceux qui habitent ces îles diffèrent


( 491 )beaucoup de ceuxarrivant d'Europe,110-116.EXPÉDITIONS françaises contre lesAng<strong>la</strong>is, à <strong>la</strong> Guadeloupe, celle de1794, sa composition, III, 15-16;son débarquement au Gozier, 18;ses succès, et ce qu'elle pouvaitfaire de mieux, 18-19; positioncruelle où les Français se trouvent21-22-9.3; ils battent les Ang<strong>la</strong>isau Morne-<strong>la</strong>-Victoire, 24;HUGUES et PÉLARDY) ; ils(voy.restentmaîtres de <strong>la</strong> Guadeloupe et autresîles, III,37; expédition infructueusecontre Curaçao , III,65-64; expédition du général Richepance,sa composition, 120-121 ; elle est bien accueillie à <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre, 122 ; expéditionréunie à Deshayes contre Antiques,et dissipée par les Ang<strong>la</strong>is,174 ; expédition de l'amiral Missiessy,ses succès, 183 à 189;expédition française, et espagnole,commandée par l'amiralVilleneuve, aux Antilles; sonbut, et motif qui porta l'Espagneà combiner ses forces avec cellesson inaction,de <strong>la</strong> France, 190 à 192 ;son départ et son désas­tre, à Trafalgar, 193 à 197; expéditionmalheureuse contre desbâtimens de commerce de <strong>la</strong> Dominique,2o3 ; expédition à Caracas,205-204 ; expédition à Samana,418 à 420.FFED ÉRATIONS établies à <strong>la</strong> liasse-Terre et à Sainte-Anne, leursstatuts, II, 586 à 389; celle généralequ'on fit à <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, fut un nouveau sujet detrouble , 588 ; liste de proscriptiondressée par cesfédérations,FEMMES créoles : différens traitsquiles caractérisent, I , 120-121;autour d'elles <strong>la</strong>.décence est violéepar l'usage, leur sobriété,leur noncha<strong>la</strong>nce, leur légèretédans <strong>la</strong> danse, Leur propreté recherchée,122.FER ( bois de ), grand arbre à boistrès-dur, propre aux constructions,I, 75.FERRAND , général français commandantà Santo - Domingo : sarésistance héroïque, est sauvémomentanément par l'escadrede l'amiral Missiessy, III, ;188-189; les p<strong>la</strong>nteurs qu'il avaitprotégés abandonnent leurs habitationset se retirent sur <strong>la</strong> côtede l'Est, 419.FESENZAC ( le vicomte),maréchalde-camp : un des juges du conseilde guerre qui prononçe , en1816, sur le sort des deux chefsde <strong>la</strong> Guadeloupe III, 442-443FÉTU, OU paille-en cul, oiseauaquatique, I, 90.FièVRE JAUNE, OU mal de Siam :origine de ces deux noms, cequi.<strong>la</strong> produit; elle est épidémiquepour les Européens, mais n'estpas contagieuse, ses effets, I,1718.FIGUIER : est avec <strong>la</strong> vigne, celuides arbres d'Europe qui réussitle mieux aux Antilles, I, 67.FIGUIER D'INDE , ou raquette,p<strong>la</strong>nteépineuse qui forme des haies impénétrables,I, 74.FINANCES : ce dont elles se composent,II, 77; modes d'impôtsmis en usage depuis l'origine descolonies, 78 à 86; bases de l'impôten 1802 et en 1810, 88 à 90 ;en 1822 91 à 94 ; service financieren 1823, 95; contributionsdirectes, 97 ; contrib. indir., 99 ;domaines et droits domaniaux,100 ; recettes extraordinaires ,102; dotation des colonies, 104 ;ce qui forme <strong>la</strong> caisse coloniale ,déficit qui s'y trouve , à <strong>la</strong> remise


( 492 )par les Ang<strong>la</strong>is, à <strong>la</strong> fin de 1814 ,III, 324-325.FLAMANT OU Bécharu : oiseau palmipède,à plumage d'un rougevif, gros et haut monté comme<strong>la</strong> cigogne, I, 89.FLIBUSTIERS : origine et histoireces aventuriers, II, 247 à 252.deFOL ou fou, oiseau aquatique, I,90.FORT BOURBON , à <strong>la</strong> Martinique ; futconstruit en pierres de taille envoyéesde France, I, note de <strong>la</strong>page 20.FORT RICHEPANCE : sa descriptionfait diminuer leurs épices , I ,374; il passe intendant à <strong>la</strong> Martiniquele 11 mars 1789, et y introduit<strong>la</strong> canne d'Otaïti, I, 25et note II , 336 note; empêche ,avec M. de Thomaseau, l'effusiondu sang à Saint Pierre, II, 562 ;est nommé intendant de <strong>la</strong> Guadeloupedétailsen 1816, III, 412 ; de son administration, 413à 416 ; rentre en France en 1818,après <strong>la</strong> suppression des intendans, 416.Foulquier ( M. de ), président auparlement de Toulouse , est nom­intendant de <strong>la</strong> Guadeloupe,depuis son premier établissement, I,184 à 186 ( voyez ATTA­QUES ) ; les Ang<strong>la</strong>is s'y renfermentet y arrive en 1782 , II, 536 ;passe, en 1786, à l'intendance deet I'évacuent, en 1794,état de ce<strong>la</strong> Martinique, est appelé à Paris,qu'on y trouve, III, 35-36; legénéral Richepance l'attaque en1802, 131-133-134 ; les rebellesl'évacuent, 135 ; décret qui consacrele nom qu'il porte , 155.FORT DE LA MAGDELEINE, est détruitparles Ang<strong>la</strong>is, I, 196.et retourne <strong>la</strong> même année à <strong>la</strong>Martinique, 341 ; enrichit, en17S7, <strong>la</strong> Martinique de <strong>la</strong> canned'Otaïti, 336 ( note ).FOURMIS : leurs différentes espèces etleurs mœurs particulières, I, 95.FOURNES, un des chefs de <strong>la</strong> révolte :FORT FLEUR-D'EPÉE: sa description,pris et condamné, obtient saI, 261 ; est pris par les Ang<strong>la</strong>is ,en 1794 , et sa garnison est passéeau fil de l'épée , II, 441 III, ,13 ; est pris d'assaut par les Français,III,18 ; est bombardé parles Ang<strong>la</strong>is, 21; qui l'attaquentvainement, 25.FORT SAINT-LOUIS sa description,:I, 261; est mis en état de défenseen 1735, II, 298 ; les Ang<strong>la</strong>isveulent reléguer le détachementychargé, en 1814, de <strong>la</strong>reprise de possession de <strong>la</strong> Pointeà-Pitre,III, 321.FOUGÈRES : celles d'Europe se trouventsur les montagnes des îles,ainsi qu'une autre espèce trèsutiledont <strong>la</strong> tige vient plus,grosse que <strong>la</strong> jambe , I, 78.FOULLON D'ECOTIER ( maître des requêtes) : intendant de <strong>la</strong> Guadeloupeen 17S6, va prendre, parintérim,l'intendance de <strong>la</strong> Martinique, et revient <strong>la</strong> même annéeà <strong>la</strong> Guadeloupe , II, 341-342 ; il dévoile les abus révoltansdes sièges d'amirautés, etmégrâce et devient le domestiquede confiance du capitaine-général,III , 200-201.FOURNIER ( habitant de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre ) : sa bravoure en 1810, III,247-248.FRAISES : elles réussissent dansquelques îles, I, 69.FRANCE ( voyez ANGLAIS ) : doit indemniserses colonies, et suppléeraux forces dont elle juge à162 ; révolutionpropos de les priver, I,du 18 brumaire, chan-gemens apportés au système colonial,III , 69 , 74; armemensqu'elle fait en 1802 pour ses colonies,117 ; réc<strong>la</strong>me en vain <strong>la</strong> fidélitéau traité d'Amiens, 168 ; indignéede sa vio<strong>la</strong>tion , elle armede toutes parts, 169 ; avènementde Napoléon à l'empire,181 ; attitude imposante de samarine, 191 ; n'a plus , en 1810,de colonies aux Antilles, 258;restauration des Bouibons en ,1814 , charte donnée par le roi,297 réduction de son territoire,;


( 493 )298-299; Napoléon rentre enFrance, effet de cettenouvelle,336 à 341 ; seconde restauration,<strong>la</strong>France recouvre ses deux coloniesdes Antilles, 410 à 412 ;l'Angleterre a de tout tempsvoulu <strong>la</strong> démembrer, 411 ( note ) ;moyens faciles qu'elle a pour ranimerle courage et les sentimensgénéreux dans nos îles, 427-428.FRASANS ( Hipolite de ), avocat distinguéen qui Pé<strong>la</strong>ge avaittouteconfiance, est un des quatre commissairesélus pour aider à appaiserlestroubles, III, 86;est nommémembre du conseilprovisoiredont il a toujours été l'âme, 101( voir CONSEIL PROVISOIRE ) ; vienten députationauprès du généralRichepance , qui cède à <strong>la</strong> sincéritéde ses assurances, et fait débarquerles troupes, 122; estarrêté comme suspect, etbientôtmis en liberté, 149-150; legénéral en chef lui donne des élogeset l'envoie en France, 150 à152.FRÉGATE : description de cet oiseau, I, 90.FRÈRES de <strong>la</strong> Charité : époque deleur établissement, II, 7-8 (voy.CLERGÉ ).FROMAGER OU cotonier-mapou ,grand arbre, I, 76.GGARDES-NATIONALES : lesprennent le nom de gardesnationalesmilicespendant <strong>la</strong> révolution , legénéral Desfourneaux les organiseen 1798,elles reçoivent uneOrganisation définitive, en 1803,I I , 146; elles refusent de porterl'uniforme ang<strong>la</strong>is, 147; onles réorganise en 1815, 148; en1817 , on les rétablit sous lenom de milices, 148 (voyez Mi-IICES) ; elles formaient, en 1801,des compagnies de conscrits, detoute couleur, III, 79; sontdispensées, en 1805, du servicepersonnel, abusqui en résulte,199; elles forment deux bataillonsd'élitcpour<strong>la</strong>défensede l'île,227 228 : leur zèle lors de l'attaquedes Ang<strong>la</strong>is, en 1810,III,247-248-200 ; on les congédie, etcelles de <strong>la</strong> Basse Terre combattentles Ang<strong>la</strong>is, 251; sont réorganisées,en1814,à <strong>la</strong> prise de possession, 318 ; sacrifient leurs ressentimensà <strong>la</strong> tranquillité de <strong>la</strong> colonieet se retirent animées du meilleuresprit , 391-392 ; malgré l'articlede <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion,qui devaitles protéger, elles sont horriblementtourmentées, 4o3 ; lezèle de celles de Saint-Pierre etdes gens de couleur comprimel'insurrection de 1822, 421-422.GAYAC , ou bois Saint; son infusionest active et sudorifique ; sonbois sert dans les constructionsnavales, I,72 ;GÉDÉON (capitaine de couleur) : sonarrestation à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre,III, 83 ; il s'échappe et empêchele massacre des b<strong>la</strong>ncs, 84; ildéfend le capitaine-général, 95 ;remp<strong>la</strong>ce Massoteau dans le commandementde <strong>la</strong> Basse-Terre,et y ramène <strong>la</strong> tranquillité, 113114.GÉNIE (directiondu) voyez ETÀT-MILITAIREGENS de couleur : sont leproduitdu mé<strong>la</strong>nge du sang b<strong>la</strong>nc etnoir, I, 122; désignation desneuf souchesprincipales qui lesforment, 123 et note ; inférioritéoù on les tient, leur nombres'accroîttous les jours, sont attachésaux b<strong>la</strong>ncs, leurs qualités,123 ; premières manumissions,124; les femmes de couleur ontle secret de captiver leurs tyrans; éducation de leurs enfans ;inconvéniens qu'il en résulte,


( 494 )125 ; considerations sur l'état decette c<strong>la</strong>sse de gens, 126-127-128; leur division en libres eten esc<strong>la</strong>ves, II, 18; mariagesavec des b<strong>la</strong>ncs, 19. Actes derigueur exercés contre les gensde couleur, en 1801, III, 80;cesactes provoquent <strong>la</strong> journéedu 29 vendémiaire (21 octobre1801 ) , 82 et suiv. ; sont écartésdes rangs des troupes françaises;ceux restés fidèles conserventleurs armes et sont formésen compagnies séparéesdesb<strong>la</strong>ncs, 144; les compagnies de<strong>la</strong> Grande-Terre sont réunies à<strong>la</strong> Basse-Terre, 207 ; on ne leurpermet de rentrer chez elles qu'aprèssept mois d'absence, 208;on les concentre à Sainte-Anne ,216; les Ang<strong>la</strong>is cherchent à semer<strong>la</strong> division entre eux et lesb<strong>la</strong>ncs, 314;sont irrités du traitementexercé envers un enfantde couleur âgé de 15 ans, 351;compagnie levée en 1815, 381;uue compagnie de gens decouleurde <strong>la</strong> Pointe-à-Pître se batavec courage à Saint-Sauveur, en1815, 385; zèle de ceux de <strong>la</strong>Martinique contrede 1822, 422.l'insurrectionGEÔLES : sont mieux régies par lesFrançais, à <strong>la</strong> Guadeloupe, quepar les Ang<strong>la</strong>is, III, 286 à 288.GIBIER : on ne trouve aux îles aucundes quadrupèdes sauvagesd'Europe, I, 101-102.GINGEMBRE :facilité decultivercetteracine, ses deux espèces, sadescription,son usage et seseffets,I, 45 et 46; sa culture à <strong>la</strong> Guadeloupe, II. 33.GIROFLÉES OU violiers, fleurs quipoussent sans soins, I, 70.GIROFLIER des Moluques, importéauxAntilles, ce qu'est le clou degirolle, 1, 66-67; sa culture àGuadeloupe, II, 4o.GLACE : les Etats - Unis en procu-.rent <strong>la</strong> jouissance aux Antilles;brevet d'invention à ce sujet,III,417.GOBERT (le général) : Créole de <strong>la</strong><strong>la</strong>Guadeloupe , sa biographie , I ,299 ; fait partie de l'expéditiondu général Richepance,. III,120; débarque à <strong>la</strong> rivière Duplessiset bat les révoltés, 129;entre à <strong>la</strong> Basse-Terre, et sauve<strong>la</strong> ville, 130; cerne le fort Saint-Charles, 131; commande lestroupes destinées aux attaques ,133 ; poursuit Ignace, l'atteint àDolé, le bat, et sauve <strong>la</strong> vie à 80femmes et enfans b<strong>la</strong>ncs, 136;campe au Petit-Bourg, se rend à<strong>la</strong> Pointe-à-Pitre , revient battreun parti d'insurgés, et envoiePé<strong>la</strong>ge au secours de cette ville,137 ; extermine Ignace et sonparti dans <strong>la</strong> redoute de Baimbrige,138; retourne à <strong>la</strong> Basse-Terre, 140; suit le système deguerre du général Richepancecontre les noirs , repasse en France, et meurt en Espagne, 156.GOMMIER, arbre propre à faire descanots d'une seule pièce, I, 76.GOUVERNEMENT colonial : ses variationsjusqu'à ce jour, I , 343 ; observationssur le changement desystème qui s'opéra après le 18brumaire, III , 70, 71.GOUVERNEURS : Ce fut le second titredonné aux chefs des colonies,I, 343 ; rivalités entr'eux et lèsintendans , 345 ; sont remp<strong>la</strong>céspar des agens , 351 ; sont rétablisen 1814, 355; réunissent toutel'autorité, en 1817, sous le titrede gouverneurs et administrateurspour le roi , 353; danger de nommerdes chefs trop étrangers auxcolonies, ou qui y ont de tropgrands intérêts, 359-360; leursémolumens à toutes les époques,361 à 365 ; il leur est interdit, en1719, d'avoir des propriétés dansles colonies qu'ils administrent,II, 294 ; on leur défend, en 1759,de se marier avec des femmescréoles, 3 n .GOYAVE : statistique de ce quartier,I, 227-228.GOYAVIER, arbre à fruit, I, 65.GOYRAND (commissaire de <strong>la</strong> convention)est envoyé à Ste.-Lucie


( 495 )et débarque à <strong>la</strong> Guadeloupe, III,43 ; il va attaquer les Ang<strong>la</strong>is àSainte-Lucie, les bat et les forceà évacuer l'île, où il se fait chériret estimer, 44-45; avec 1500Français, il résiste pendant unfrançaises du vent, en 1794-438 ; vient commander <strong>la</strong> Basse-Terre,àIII, 20; se retire à <strong>la</strong>Martinique avec plusieurs vais -seaux , 26-27GRI-GRI : c'est une espèce de pal­mois à <strong>la</strong> formidableexpéditionmier, I, 75.du général Abercrombie, et aprèsune défense héroïque, il capitule,47; de retour en France , il ymeurt, note de <strong>la</strong> page 47.GRIVES: on en voit de plusieurssortes, I, 86.GUADELOUPE : il n'existe aucune histoiremoderne de cette colonieGOZIER : statistique de cequartier,I, 265-266 ; plusieurs habitans ysont mutilés par les noirs , habitationsincendiées, III, 147.GRAHAM (général ang<strong>la</strong>is) commandeà <strong>la</strong> Guadeloupe après le généralGrey, en 1794, III, 27;conclut à Berville une capitu<strong>la</strong>tionqui livre à <strong>la</strong> mort 800 Françaisémigrés, 31-32.GRAIN de pluie : ce qu'on nommeainsi aux Antilles, I, 9 et note(voyez PLUIES.)GRAU» cul-de-sac ou baie Mahaut,I, 223.GRAND-GOSIER (voy, Pélican), I,90.GRANDE-TERRE OU partie de l'est de<strong>la</strong> Guadeloupe, sa description, I,245 à 248 ; considérations surcette partie, 281 ; fut saccagéeet incendiée par Ignace ,en 1802, III, 139; les A n ­g<strong>la</strong>is diffèrent de <strong>la</strong> remettre à<strong>la</strong> France , et n'en font <strong>la</strong> remisequ'après son entière spoliation, 321 ; des émissaires <strong>la</strong>parcourent en 1822 , pour souleverles ateliers, 420.GRANDS-JUGES ou commissairesde justice; leur création en 1802,I, 352.GRENADE ( île de <strong>la</strong>) : Premier établissementfrançais. Notice surcette île ang<strong>la</strong>ise, II, 215 etnote cédée à l'Angleterre en:1763, elle est prise, en 1779,par les Français, 551.Genadier : arbre à pommes-grenades. I, 66.GREY (Charles, général ang<strong>la</strong>is)commande un armement considérable,des îlesqui s'empareimportante, I, 1 de l'avant propos;son attachement à <strong>la</strong> Francel'a seul empêchée d'être perduepour nous, 3 idem; on ne peutisoler son histoire de celle desAntilles , 3 idem ; ce qui composecette colonie, 167; ses eauxsont réputées les meilleures decette région, 168 ; c'est une desplus considérables des îles duVent, 169; description de <strong>la</strong> Guadeloupepropre, ses rivières ,sesmontagnes, 170; avantages qu'offrecette partie, 242 à 244; rangque les cultures de cette coloniedoivent lui faire occuper , II ,43 ; le vieux fort, à Sainte-Rose,a été le premier point occupé ,185 ; extrémités où les Françaisy furent réduits, 186; demandeet obtient des secours àSaint-Christophe, contre lessauvages, 192; troubles qui <strong>la</strong> désolent,200;paix générale signée en1660, avec les Caraïbes, 231 ; était<strong>la</strong> plus pacifique des Antilles, 255 ;elle passe, pour <strong>la</strong> premièrefois,sous <strong>la</strong> dépendance de <strong>la</strong>, Martinique,259. La Guadeloupe est attaquéeet ravagée, en 1691, par lesAng<strong>la</strong>is qu'elle repousse, II, 270à 272 ; l'est encore, en 1703, et lesrepousse de nouveau, 273 à 279 ;changemens survenus dansl'intérieurde l'île, depuis 1703 jusqu'à1759, 307-308; est attaquée parles Ang<strong>la</strong>is en 1759, 309 ; elle capituleau moment où il lui arrivaitdes secours, 310-311 ; cetévénementprovoque l'ordonnancede1759, qui défend aux chefs des colonies, de s'y marier avec desCréoles, et d'y acquérir desbiens


( 496 )fonds,311; l'importance de cettecoloniefrappe les Ang<strong>la</strong>is, quibientôt <strong>la</strong> sacrifient à d'autres intérêts,et ne peuvent lui pardonnerson impatience de leur joug,314-3i5 ; elle est rendue à <strong>la</strong> France,en 1763, 317 ; son étatflorissantinspire au ministère d es sentimensde considération, 317; on <strong>la</strong> délivredu joug de <strong>la</strong> Martinique ,318; on l'y soumet en 1769, 321;on projette de l'en retirer en 1771,322 ;onl'y soustrait en 1775 pourne plus l'y faire rentrer, 324 (etnote 1); ne participe qu'aux mauxde <strong>la</strong> guerre de 1778, et non àsesavantages , 335 ; est subordonnée,en 1784,à <strong>la</strong> Martinique,pour le commandement militaire,339; paie à <strong>la</strong> Martinique 5000livres, pour contribuer aux dépensesdu collège de Saint-Victor,339-340; demande d'être représentéeaux états-généraux, 35o ;effervescence qui y règne, 356 à359 ; insurrection parmi les noirs,en 1.790, l'exécution de cinq descoupables <strong>la</strong> comprime, 363-364;événemens qui s'y succèdent,369-370; elle envoie de nouveauxsecours à <strong>la</strong> Martinique, 372; ellearbore le pavillon b<strong>la</strong>nc en 1792,407;-elle rentre bientôt aprèssous les lois de <strong>la</strong> république,410 à 416. Sa triste position en1793, 426 à 429. La colonie estprise par les Ang<strong>la</strong>is en 1794,440 442 ; <strong>la</strong> traitent avec unerigueur machiavélique, III, 13;Victor-Hugues <strong>la</strong> reprend , 18 à37; état de <strong>la</strong> colonie sous cetagent,38 à 44- La Guadeloupeforme un département diviséen vingt-sept cantons, III, 59 ;étaittranquille et heureuse en1799, 61; et n'en reposait pasmoins sur <strong>la</strong> croute d'un volcan,66; sa position critique après <strong>la</strong>journée du 21 octobre, 88, 99;l'arrivée du capitaine général Ernouf<strong>la</strong> tire de cet état de perplexité,160, 161, 165, 166;apogée de sa prospérité, 20g,'210; les Ang<strong>la</strong>is en resserrent leblocus et cherchent àl'infecteren y envoyant des lépreux, 215;a<strong>la</strong>rme qui s'y répand en 1809,224; preuve de son attachementà <strong>la</strong> France, 227 ; espèrepas attaquée, 228; abusn'êtredontellese p<strong>la</strong>int, 238, 239; secoursqu'elle reçoit en 1809, 230, 239,240; abattement ou <strong>la</strong> plongel'incendie des deux flûtes <strong>la</strong>Seine et <strong>la</strong> Loire, 242; ses côtessont toutes insultées par les Ang<strong>la</strong>is,244; état de ses forces au1 e r janvier 1810, 246;reçoit, avecrépugnance,l'administrateur queles Ang<strong>la</strong>is lui imposent, 260;proscriptions exercées par lesAng<strong>la</strong>is, 277 , 278; elle est menacéed'un papier-monnaie, 292.Elle accueille, en 1814,les Françaisavec enthousiaume, 3o5 ; estspoliée par les Ang<strong>la</strong>is, 307-314;sa tristeposition au moment oùelle reçoit avis de l'arrivée de Napoléonen France, 336; son premieré<strong>la</strong>n est celui de <strong>la</strong> fidélité ,337 ; ne peut supporter l'idée dese soumettre aux Ang<strong>la</strong>is, 342-344-345-346 ; est en proie aux divisions,347-352 à 556; le changementde couleurs y prévient uneexplosion,556 et suivantes ; ses espérancespendant l'hyvernage ,376; on met le drapeau b<strong>la</strong>nc dansles rangs de ses plus imp<strong>la</strong>cablesennemis, au; lieu de le lui offrircomme un signe de paix, 586;elle est prise par les Ang<strong>la</strong>is, 593;ce qu'on avait voulu éviter s'effectue,<strong>la</strong> colonie est en butte auxpersécutions etauxproscriptions,qu'elle ne doit qu'à ses sentimensfrançais , 400 à 410 ; est restituéeà <strong>la</strong> France; 413; est menacée,en 1822, d'une vaste conspiration,420-421 ; sera hors d'état de sedéfendre si elle restel'influence de quelquesprivilégiés,426 ; moyensoumise àfacile que possède<strong>la</strong> métropole d'y ranimer lecourage et les sentimens généreux,de ses habitans 427-428,


( 497 )GUÉPES : elles ont un dangereuxaiguillon, I, 93.GUERRE de <strong>la</strong> succession d'Autriche,en 1741, fatale aux colonies,II, 301.GUERRE des Etats-Unis d'Amérique,en 1778 ; <strong>la</strong> part que <strong>la</strong> France yprend est motivée par <strong>la</strong> conduiteantérieure de l'Angleterre etpar les discours prononcés dansson parlement, II, 330-331; ellefit <strong>la</strong> gloire du règne de LouisX V I , et fut peut-être <strong>la</strong> cause desa ruine , II, 332.GUILDIVERIE ou Rummerie: manufacturede rum et de tafia, I, 28.GUILHERMY (le chevalier de), nomméintendant de <strong>la</strong> Guadeloupe, en1814, III,3oo; à son arrivée dans<strong>la</strong> colonie il trouve le servicedéfinitivement organisé et toutesles p<strong>la</strong>ces remplies, 331 ; on luirefuse les documens nécessaires,332 ; frappé de <strong>la</strong> justice desp<strong>la</strong>intes, il cherche à les apaiseret obtient de former une chambreprovisoire d'agriculture,333; lutteet scission déplorable; <strong>la</strong> chambreest congédiée, 334; il reçoitdes p<strong>la</strong>intes générales contre leprivilège sur les boissons, 335;une correspondance interceptée,lui révèle des collusions, 335 ;il adresse au ministre des rapportsaflligeans, 356; il cherche avec legouverneur, à assoupir <strong>la</strong> fermentationexcitée par l'arrivée de <strong>la</strong>goëlette l'Agile , 349; <strong>la</strong> puretéde son dévouement au roi, estmal interprétée, 550,note ; effetque produit <strong>la</strong> décision prise ausujet des dépêches , 350-551 ;aucun cri, aucune menace nesont dirigés contre lui, 555, note;quitte <strong>la</strong> Basse-Terre, le 18 juin,359 ; se retire aux Saintes et à <strong>la</strong>Martinique, 565 ; revenu à <strong>la</strong> Guadeloupeil se prononce contre ceuxqui vou<strong>la</strong>ient se soustraire à <strong>la</strong> dominationdu roi, et on le renvoiecomme perturbateur du repos public,408-409 ; trompé par des récits, il fait un rapport exagéré auministre, et se <strong>la</strong>isse aller auxpersuasions de M. Vatable , dontil ignore <strong>la</strong> conduite , 432 ; singulièreaccusation contre le commandanten second, 433 ; différenceentre les rapports qu'il aenvoyés à Paris et ceux faits à sonretour de <strong>la</strong> Guadeloupe, 455.HHABITANS ( quartier des ) : statistiquede ce quartier, I, 198 à 202.HARICOTS : se multiplient aux Antilles,I,68.HERBE de Guinée : sert de nouritureaux chevaux, sa culture, I, 69.HERBLAY ( Boisseret d'), neveu deM. Houel, commande à <strong>la</strong> Gapesterre,et met les habitans sousles armes contre des nègres révoltés,I I , 227; est renvoyé enFrance par son oncle le gouverneur,228; revient h <strong>la</strong> Guadeloupeavec le chevalier Houel,2.3o ; partage qu'ils font de <strong>la</strong>colonie, 230-231 ; est rappelé enFrance, 237; et renvoyé par leIII.général Prouville de Tracy, 241( voir BOISSERET et HOUEL ).HERMINIER ( L' ), naturalistedistingué, directeur du jardin colonialdes p<strong>la</strong>ntes, I, 244-HÉRONSd'Europe : communs auxAntilles, 1, 90.HINCELIN, gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe, II, 268 ; il meurt en1695 , 272.HIRONDELLES : sont rares aux Antilles,I, 87-88.HISTOIRE DES ANTILLES FRANC USES !comment l'auteur a pu se procurerdes documens exacts, I, 4-5de l'avant- propos ; division del'ouvrage, 6-7 id. ; aucun fait34


( 498 )n'y est hasardé, 7 id. ; l'histoiredes colonies doit faire partie dede nouveaux troubles dans <strong>la</strong> colonie, 235 ; après le rachat descelle de l'Europe moderne , I, 1 ;îles, est renvoyé enFrance, 241 •motifs qui ont engagé l'auteur àpublier le 3 e . volume de cetteHÔPITAUX: leur établissement, I ,181, II, 7, 8 ; incendie de celuihistoire, qui devait resterinédit,de <strong>la</strong> Basse-Terre, sareconstruc­III, 5 à 8 ( voir BoYER-PEYRE-LEAU ).Hiver : est, aux Antilles, <strong>la</strong>saisondes pluies et des chaleurs étouffantes, I, 9-10.HIVERNAGE : saison <strong>la</strong> plusredoutéeaux colonies, sa durée, I,9 Àpeine écoulée, <strong>la</strong> natureson cours ordinaire , 15.reprendHocco, bel oiseau de basse-cour,I,86.HOMARD, crustacée de mer, I, 84.HOUDETOT ( le général comte d') :commande en 1803.les troupesde <strong>la</strong> Guadeloupe , III, 163 ; vaprendre, en 1804, le commandementde celles de <strong>la</strong> Martinique,180.HOUEL, un des seigneurs de <strong>la</strong> premièrecompagnie, est nommégouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe,au détriment d'Aubert, II, 196 ;s'établit à <strong>la</strong> pointe sud duvieuxfort, 197; ses démêlés avec legénéral de Poincy, 19S ; en usemal avec Aubert, et lui intenteun procès criminel, 198-199;part pour Paris, et le fait condamnerà mort, de retour à <strong>la</strong>Guadeloupe, ne punit pas lesséditieux, ses créatures, 202;prend part à <strong>la</strong> guerre civile descolonies, 206 ; il accueille lesHol<strong>la</strong>ndais chassés du Brésilparles Portugais, 220; se rend denouveau en France, <strong>la</strong>issant lecommandementà son frère et àson neveu, 222 ; de retour à <strong>la</strong>tion, I , 181-182 ; service actueldes hôpitaux, II, 107.HUGUES ( Victor ) : commissaire de<strong>la</strong> convention à <strong>la</strong>Guadeloupe,III, 15 ; bat les Ang<strong>la</strong>is au mornedu Gouvernement, qu'ilde <strong>la</strong> Victoire, 24 ; suppléeson génie aux besoins de sonexpédition, 25-26 ; donneappelleparl'ordreau général Pe<strong>la</strong>rdy de se portercontre le camp de Berville, quece général force à capituler, 29-30 ; sort qu'il fait subir aux émigrés, 33 ; se rend à <strong>la</strong> Basse-Terre, où les Ang<strong>la</strong>is évacuentle fort, 35-36 ; il bat les nègresréunis aux Abymes, et les soumet,38; détails de son administration; 39 à 43;reçoit pour collèguele commissaire Lebas, 43 ;ils administrent de concert <strong>la</strong> colonie, 45 ; il reçoit le titre d'agentdu directoire pour dix-huitmois, et son pouvoir est prorogé,48 ; son administration après ledépart de Lebas, 49;on lui retireses pouvoirs, 5o ; veut se maintenircontre son successeur, quil'embarque pour France, 52-53.HUÎTRES , sont plus petites quecelles d'Europe, I, 84.HUMIDITÉ : cause l'insalubrité duclimat, ce qui <strong>la</strong> produit, I, 16-17; est pernicieuse surtout <strong>la</strong>nuit,18 ; son union avec <strong>la</strong> chaleurrelâche tout, au moralcomme au physique ; rien nerésiste à son action corrosive ,18-19.HYPOTHÈQUES (système des) : neGuadeloupe, il accable les habitansde vexations, maltraite sonfutétabli qu'à <strong>la</strong> Martinique, enfrère et son neveu, et lesrenvoie1805 , et avec des restrictions,en Fiance, 228-229; ces deux379; les Ang<strong>la</strong>is l'établirent à <strong>la</strong>derniers reviennent avec dessecours,et M. Houel finit par partageravec eux <strong>la</strong> Guadeloupe etGuadeloupe en 1810, 411 ; désordresque le vice de sa création y aintroduits, 412.ses dépendances, 230 ; il suscite


( 499 )IIGNACE,capitaine de couleur : OnIMPRIMERIE:on en établit une, enveut l'arrêter, il se sauve au mornede <strong>la</strong> Victoire, et insurge les troupes,III, 83-84-90; il arrête le capitaine-général,97;commandeau fort de <strong>la</strong> Victoire, est attaquépar <strong>la</strong> troupe qui vient le relever,se sauve avec les siens, et répandl'a<strong>la</strong>rme parmi les nègres, 123;s'embarque au petit canal, et arriveà <strong>la</strong> Basse-Terre, 126-127;sorti du fort, il se dirige vers <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, est atteint et défaità Dolé , il porte partoutl'incendie et le massacre, 136;force le passage de <strong>la</strong> Rivière-Salée , et menace <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, 137; il est battu par Pé<strong>la</strong>ge,et perd <strong>la</strong> vie, avec tousceux de son parti, dans <strong>la</strong> redouteBaimbridge, 138.IGNAME : p<strong>la</strong>nte importée d'Afrique,dont <strong>la</strong> racine sert d'aliment, I,52 et 53.IGUANE : gros lézard inoffensif, sadescription, I, 93.ILET à cochons : sa description , I,261 ; les Ang<strong>la</strong>is y construisentun hôpital au moyend'une souscriptionet d'un droit de tonnage,III, 284; le détachement françaischargé, en 1814 de prendrepossession de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître,,est obligé de s'y établir, 321.IMPOTS (voir finances) : Impôt additionnel, en 1805 , III, 199 ; nouvelimpôt additionnel, en 1806,201 ; celui établi, en 1815, sur lesboissons, était encore inconnuauxcolonies, et fut pernicieux à<strong>la</strong> Guadeloupe ,334-335 ; impôtétabli par les Ang<strong>la</strong>is, pour rachatdu service des milices, et prélevépar les Français, en 1816.,414.1764 , à <strong>la</strong> Basse-Terre, II, 320;droits de permission et de patenteétablis, en 1817 , III, 415.INDIGENS : leur nombreà <strong>la</strong> Guadeloupe , du tempss'accroît,desAng<strong>la</strong>is, malgré les secours deshabitans, III, 288.INDIGOFÈRE : p<strong>la</strong>nte qui produit l'indigo; ses trois espèces, difficultéde <strong>la</strong> préserver des accidens ,I, 40-41 ; description de cettep<strong>la</strong>nte , sa récolte , manièredefaire l'indigo , difficultés qui enont fait abandonner <strong>la</strong> culture,42-43-44 et 45 ; quelle a été cetteculture à <strong>la</strong> Guadeloupe, II, 32.INDIVIS des grandes propriétés auxcolonies,I,314. ;remarques à ce sujet,INSTRUCTION publique ; ce qu'elleest à <strong>la</strong> Guadeloupe , I, 287.INSULAIRES , ceux des îles sous levent étaient doux, faibles,timides,I, 105, ( voir CARAÏBES).INTENDANS : époque de leur création,I. 344 ; rivalités entre eux et lesgouverneurs,345 ; sont remp<strong>la</strong>céspar des préfets coloniaux,352 ; sont rétablis en 1814, etsupprimés en 1817, 353 ; on leurdéfend, en 1719, d'avoir des propriétésdans les colonies qu'ils administrent,II, 294 ; il leur estinterdit, en 1759, de se marieravec des femmes créoles, 311.INTOLÉRANCE religieuse : elle s'opposa, dans le principe, à l'accroissementdes établissemenscoloniaux; II, 1-2-3.IPECACUANHA : p<strong>la</strong>ntemédicinale,l'espèce <strong>la</strong> meilleure manque auxAntilles, sa racine remp<strong>la</strong>ce l'émétique,I, 70.


( 500 )JJACOB (l'amiral):nommé gouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe , part de Brest,le 28 mai 1823. III, 423, note.une expédition contre Curaçao,64 ; se retire en France où il vittranquille, 78 note.JACOBINS (voyezCLERGÉ.)JERVIS ( lord St.-Vincent, amiralJAMAÏQUE (île de <strong>la</strong>) : estconquisepar les Ang<strong>la</strong>is sur les Espagnols,II, 223 ; notice statisque surcette île ang<strong>la</strong>ise, II, 224.JAQUIER, ou arbre pain, I, à 56,JARDIN Colonial des p<strong>la</strong>ntes, I ,244, II, 108.JARDINS: c'est ainsi qu'on appelleles champs en général, I, 177.JASMINS : ces fleurs viennent sanssoins, I, 70.JEANNET (agent du directoire) : estang<strong>la</strong>is): commande une expéditionformidable qui s'emparedes îles françaises du vent, en1794, II, 438; vient bloquerl'expédition française à <strong>la</strong> Pointeà-Pitre, III, 20; débarque sestroupes au gozier, 21 ; les rembarquepour les porter ; Berville,à25.JÉSUITES (voyez CLERGÉ. )JEU : ordonnances rendues contrele jeux , I, 120; <strong>la</strong> ferme desremp<strong>la</strong>cé à Cayenne parBurnel,III, 52; est nommé agent à <strong>la</strong>Guadeloupe, avec Baco et le généralde Lavaux, 60; de concertavec Baco, ils déportent leur collègueet le remp<strong>la</strong>cent par Bresseau,62, 63; ils font une tentativeinfructueuse contre l'îlede Curaçao, 63, 64; maintiennentle calme à <strong>la</strong> Guadeloupe,par de sages réglemens , 65 ;sont remp<strong>la</strong>cés par un capitainegénéral . 75 ; Jeannet retourneen France, puis se retire auxEtats-Unis d'Amérique, et 78note; pendant l'administratiou deJaennet, un aquéduc est construitjeux fait partie des recettes extraordinaires,II, 97; elle offredes ressources , eu 1806, III ,202; comment elle fut affermée,en 1815, 530.JOURNÉE du 18 juin 1815, à <strong>la</strong>Guadeloupe : ses causes, III ,337,538.JUGES ( grands): voyez COMMISSAIREDE JUSTICE ; furent établis par legouvernement consu<strong>la</strong>ire , I ,351, III, 71.JUGE prévenu de rapt à- <strong>la</strong> Guadeloupe) : prend <strong>la</strong> fuite , en1787, I, 58o; revenu dans <strong>la</strong> colonie,il en est chassé, en 1805,pour amener l'eau à <strong>la</strong>Pointe-à-III 200; est accueilli à <strong>la</strong> Martinique, singulière reconnaissancePitre, les travaux sont arrêtésanbord de <strong>la</strong> rivière salée, I, 259 ;qu'il en témoigne au capitaine-généralVil<strong>la</strong>ret, 225;est admis dansvient passer en 1822, un mois àle conseil des Ang<strong>la</strong>is , promesses<strong>la</strong> Guadeloupe, d'où onde partir, III, 420; devaitl'obligedirigerqu'ils lui font, comité secret établià St.-Pierre, 208; est imposé à<strong>la</strong> Guadeloupe pourcomme chef politique <strong>la</strong> républiquequc des aventuriers tentèrentadministrateur, 260. (voir ADMINITRATEURd'établir en 1822, à Porto-Rico,se retire à Caracas 422,423.DES ANGLAIS.)JUGES: on remp<strong>la</strong>ce , en 1810,leursJEANNET (général), frère du précédent,est employé à <strong>la</strong> Guadeloupe, III , 60 ; commandeépices par un traitement, I, 382(voyez JUSTICE); évaluation deleurs épices en 1823, 294.


( 501.)Juifs : sont chassés «les colonies etleurs biens sequestrés; on Initpar les y tolérer, II, 1 , 2, 3.JUMONVILLE ( officier français ) ; estfusillé en 1754 par les Ang<strong>la</strong>is,III, 235. et note.JUSTICE : manière dont elle futétablie aux colonies, ses variation*,I, 366, 384; abus quis'y sont introduits, 385, à 388;projet d'amélioration dans l'ordrejudiciaire, 392 et suivantes;établissement de cinq tribunaux,correctionnels, III, 59 ; on attendune organisation plus enharmonie avec tous les intérêts,JUSTICIÉS (taxe des nègres), II,83; les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> rétablissent à<strong>la</strong> Guadeloupe, III, 282.KKARAPAT-RICIN , ou Palma christi,p<strong>la</strong>nte dont les graines donnentune huile précieuse pour <strong>la</strong> médecine,I, 69.KEPPEL (général ang<strong>la</strong>is) : gouverne<strong>la</strong> Martinique , et y acquiertl'estime et <strong>la</strong> reconnaissancedes colons, III, 13.KERVERSAU (général de brigade );est nommé préfet à <strong>la</strong> Guadeloupe. son administration , III,199 ; pamphlets contre lui, leurauteur est chassé de <strong>la</strong> colonie,200 ; détails administratifs, 201-202; est appelé auprès du capitaine-généralpendant l'attaque,250; reste quatre mois à <strong>la</strong> Guadeloupepour apurer les comptes,257 ; vexations de l'administrateurdes Ang<strong>la</strong>is, 261 ; à son retourd'Angleterre, en 1814. ilobtient sa retraite à Paris, 257,fin de <strong>la</strong> note de <strong>la</strong> page 258.LLABARTHE (le baron de) : est nommécommandant en second de <strong>la</strong>Martinique, III, 300 ; son départde France, 301; dépêches etinstructions dont il était porteur,5o2 ; refus qu'il éprouve, 304-LABAT ( historien): idée des deuxéditions de son ouvrage, I, 1 rede l'avant-propos ; sert avec distinctioncontre les ang<strong>la</strong>is, en1703 , à <strong>la</strong> Guadeloupe, II, 279,a défiguré le récit de <strong>la</strong> révoltede <strong>la</strong> Martinique , en 1717, 289-LAMBIS, limaçon de mer, dont <strong>la</strong>coquille pèse jusqu'à 6 livres ,I, 84.LABOURDONNAYE ( Mahé) fit donà <strong>la</strong> Martinique du bambou del'Inde, I, 77 et 78.LACAILLE, capitaine de frégate, en1802 : protège le débarquementdes troupes, III, 129.LACROIX, chef de bataillon de (a 66 e ,bat l'ennemi au morne Fifi-Massienx,y est blessé, et ne veut pasquit ter son bataillon, III, 141- 14.2.LACROSSE, capitaine de frégate : samission aux îles du vent, II,411; fait rentrer <strong>la</strong> Guadeloupesous les lois de <strong>la</strong> république,412 à 416; le général Rochambeaule confirme dans le commandementde <strong>la</strong> Guadeloupe ,424 ; il s'en désiste en faveur dugénéral Collot, 425 ; chargé parle général Rochambeau d'allercroiser à <strong>la</strong> Barbade, son équipagele force à faire route pourFrance, 434 ; devenu contre-amiral,est nommé capitaine-généralde <strong>la</strong> Guadeloupe, où il est bienaccueilli ; III, 74-75 ; effet de


( 502 )de ses deux premièresproc<strong>la</strong>mations,et des arrestations qu'ilordonne , 76 ; son administrationfait des mécontens, 77-78 ; sonarrêté re<strong>la</strong>tif au commandementdes troupes, est l'avant-coureurdes troubles de <strong>la</strong> colonie,79 ;actes de rigueur à <strong>la</strong> Basse-Terre,80 ; le général marche avec ungrand appareil contre <strong>la</strong>Pointeà-Pître,et s'arrête à <strong>la</strong> Capesterre,86-87 ; il se rend au Petit-Bourg, où on lui envoie des députés, qu'il reçoit avec dureté,III, 88 à 93 ; revenu à <strong>la</strong> Pointeà-Pître,sa sévérité provoque <strong>la</strong>révolte, et il y court les plusgrands dangers,94-95 ; rendu aufort de <strong>la</strong> Victoire, pour passer<strong>la</strong> revue des troupes, il est arrêtéetenfermé par Ignace, 96 ; détenupendant douze jours, sa vieest menacée, Pé<strong>la</strong>ge parvientà le sauver et à le faireembarquerpour France, 97 ; il se rendà <strong>la</strong> Dominique, 102 ; mesuresqu'il y prend contre <strong>la</strong> Guadeloupe,103 à 112 ; estavec pompe, 153 ; resteréintégréinvestide l'autorité à <strong>la</strong> mort dn géné-Bichepance, 155 ; dévie de <strong>la</strong>route qu'avait tracée ce général,157 ; il fait un exemple terriblede troisb<strong>la</strong>ncs accusés de s'êtremis à <strong>la</strong> tète des assassins de Ste-Anne, 159 ; s'abandonne aux défiances,et renvoie en France legénéral commandant les troupes,160 ; est remp<strong>la</strong>cé par le capitaine-généralErnouf, et se rend enFrance, 161-164.LAFAYOLLE (demoiselle) : arrive à <strong>la</strong>Guadeloupe a <strong>la</strong> tête d'uneexpéditionde nymphes, II, 197;plonge <strong>la</strong> colonie dans le trouble,200.LAFOND (lieutenant de roi) commande<strong>la</strong> Guadeloupe pendantles deux absences du gouverneurde Clieu, II, 303.LAGRANGE, Joseph(général de division)commande les troupes del'escadre de l'amiralIII,Missiessy,184 ; attaque <strong>la</strong> Dominique,185; abandonne cette ile, 186;attaque, prend et désarme Nieves,Mont-Serrat et Saint-Christophe,187 ; remet son dernierbataillon, des munitions et del'argent au général Ferrand, àSanto-Domingo, 189 (voir Missiessy.)LAITUES : elles abondent aux Antilles,I, 68.LAMARQUE (capitaine de corsaire)enlève une corvette ang<strong>la</strong>ise d'uneforce majeure, III, 182.LAMENTIN ou poisson-boeuf: sa description,I. 81.LAMENTIN : statistique de ce quartier,sa ravine chaude, 217 à 228.LAPIN : a été importé d'Europe, estpartout domestique, I, 102.LARDENOY (le comte de) : lieutenant-général,est nommé gouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe, III,412 ; en prend possession, 413 ;est obligé d'expulser,pour l'exemple,un fonctionnaire exacteur,405 et note ; détails de son administration, 413 à 416 ; estnommé gouverneur des Tuileries, 423 et note ; envoie auministre une correspondance ministériellependant les cent jourset des papiers secrets, découvertsdans le lieu où ils étaient cachés,455.LARNAGE (le marquis de) est nommégouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe,en 1734, II, 298 ; son administrationest citée comme unmodèle, il est appelé au gouvernementde Saint-Domingue ,LATANIER, espèce de palmier, sonusage, I, 76.LAVAL (intendant par intérim) :meurt en 1766 , 320.LAVARENNE (M. de) : gouverneurgénéralà <strong>la</strong> Martinique : révoltecontre lui, il est arrêté et déportéparles habitans, II, 283 à 289.LAVAUX (le général comte de) : Sabelle conduite à Saint-Domingue,il est nommé agent de <strong>la</strong>Guadeloupe , III , 60 ; est déportépar ses deux collègues, 62.


( 503 )LAW (Ecosssais) : son système bouleversetoutes les idées reçues, ilest fatal à <strong>la</strong> France et aux colonies, II. 294; aperçu de sesopérations et détails historiques,443 à 449.LAW de Laurisson (le général) :aide-de-camp de Napoléon, commandeles troupes de l'escadrede Villeneuve. III, 193; s'enfait donner de nouvelles à <strong>la</strong>Martinique et à <strong>la</strong> Guadeloupe,194 ; retourne en Europe avecl'escadre, 195; est président duconseil de guerre qui juge lesdeux chefs de <strong>la</strong> Guadeloupe,44o ; pouvait mieux que personneapprécier <strong>la</strong> conduite du commandanten second à <strong>la</strong> Guadeloupe,443.LEBAS (commissaire de. <strong>la</strong> convention)est envoyé pour collègue àVictor-Hugues, III, 43 ; il administreavec lui <strong>la</strong> Guadeloupe,45; reçoit le titre d'agent du Directoire,et ce titre lui est encorecontinué, 48 ; sa santé l'obligeà retourner en France, 49.LEGOUIX (avocat) s'acquitte aveczèle et talent de <strong>la</strong> défense ducolonel Boyer, III, 44o.LEITH (sir James), général ang<strong>la</strong>iscommandant en chef à Antigues:emploie des formes décentes avecles délégués du roi de France,III, 306; vient à <strong>la</strong> Guadeloupepour procéder à sa remise, 315;le commandant en second lui démontreles droits de <strong>la</strong> coloniesur les caisses locales, 315; sondépart et ses promesses, 316; M .de Linois sollicite de lui l'établissementd'une croisière au vent de<strong>la</strong> Guadeloupe, et lui accorde<strong>la</strong> pet mission d'occuper les Saintes,342, 343; entre, comme auxiliaire,à <strong>la</strong> Martinique, 344 ;sa proc<strong>la</strong>mation du 5 août 1815,, 375 ; il attaque <strong>la</strong> Guadeloupe,384, et suiv.; prisede cette colonie, 393, etsuiv; sa conférence avec M . Va<strong>la</strong>ble,il enlève un sabre précieuxau commandant en secondqu'il fait arrêter, 395, 396 ;prétextes de ces outrages, 396;cequi donna lieu à son rapport,398; personnages dont il s'entoure,402 ; il viole <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion,403 ; les prisons sont encombrées,les perquisitions lesplus arbitraires sont faites et lesproscriptions les plus terriblessont exercées, 404 ; singulièreadresse qu'il reçoit du conseilprivé et dons qu'on lui offre,4o6, 407 ; réponse qu'il fait àl'adresse, en acceptant les dons,408; se montre ridiculement jalouxde sa conquête, 408 ; et renvoiede <strong>la</strong> colonie l'homme leplus dévoué aux Bourbons, 409 ;son opération faite sur lesmonnaies,cadre peu avec le titrequ'on lui donnait, 410 ; sa proc<strong>la</strong>mationen quittant <strong>la</strong> colonie,sa mort à Antigues, sa veuvesolliciteà Paris, les secours dugouvernement français, 413note ; indignation que causel'affreuxrapportde ce général, 43o.LÉONARD (le poète) : créole de <strong>la</strong>Guadeloupe, porte un jugementsévère sur les habitans des Antilles,I, 114 ; sa biographie, 3oo.LÈPRE: considérations sur cette ma<strong>la</strong>die,détailshistoriques, I,326.LÉPROSERIE : son origine et détailssur son établissement, I, 327-328 ; est créée par M. du Poyet,en 1728, II, 297; elle est détruite,en 1808, par les Ang<strong>la</strong>is quienvoient les lépreux à <strong>la</strong> Pointeà-Pitre,III, 215; ces lépreuxsont relâchés pendant un ouragan, 238.LESCALLIER (conseiller d'état) estnommé préfet colonial de <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 74; est détournéde sa destinationet se rend à <strong>la</strong>Dominique, 105; signe une proc<strong>la</strong>mationcontre <strong>la</strong> Guadeloupe,106; reçoit plusieurs députationsdu conseil provisoire, 107-109;va se réunir au général Richepance,121; coopère à ses dispo-


( 5o4 )sitions administratives, 144-150;détails de son administrationsous le général Ernouf, 176-177;préfère se retirer en France, 178;ses p<strong>la</strong>intes y sont entendues,1 9 9 .LETHIERE, peintre vivant, créolede <strong>la</strong> Guadelonpe, noticevie, I, 301.LEVANIER, chef de <strong>la</strong> gardenationaledu Ballif : se défendbravoure contre les Ang<strong>la</strong>issur saavecguidéspar deux habitans armés, III,390; les troupes qu'on envoie pourle soutenir, loin de leseconder,découragent les siennes, 391.LEYSSÈGUE (capitaine de vaisseau) :commandant <strong>la</strong> frégate <strong>la</strong> Pique,chargé, en 1793, de porterquatrecommissaires à <strong>la</strong> Guadeloupe,se réfugie à Rochefort,une tempête qui disperseaprèsl'escadredont il fait partie, II, 426;commande, en 1794,une expéditioncontre <strong>la</strong> Guadeloupe, III,15; ferme aux Ang<strong>la</strong>is l'entréedu port de <strong>la</strong> Pointe-à-Pître, 20 ;fait des préparatifs d'attaquecontre les Ang<strong>la</strong>is, 27 ; est faitContre-amiral, 42 ; enlèvebâtimens aux Ang<strong>la</strong>is, 46.LÉZARDS : il y en a de cinqaux Antilles, I, 93.quinzeespècesLIBRAIRIE : on en établit une à <strong>la</strong>Basse-Terre, en 1764., II, 5ao ;droit de permission et de patente,en 1817, III, 4>5.LINOIS (le contre-amiralecomte de) :publie, après sept ans d'oubli,l'extrait du jugement qui l'acquitteen 1816,dans quelle vue,III, 8 (de <strong>la</strong> note); est nomméen1814 gouverneur de <strong>la</strong> Guade-. loupe, 300 ; son arrivée dans <strong>la</strong>colonie , 322 ; réceptionbril<strong>la</strong>ntequ'on lui fait, il remplit tous lescœurs d'espérance, 323 ; on levoit avec peine p<strong>la</strong>cer sa confiancedans le major de p<strong>la</strong>ce,328, et dans l'ordonnateur, 329;tout est à <strong>la</strong> discrétion de cesdeux personnages, p<strong>la</strong>intes de <strong>la</strong>colonie, 331 ; on forme une chambred'agriculture, dont les membresexcèdent le nombre voulupar <strong>la</strong> loi, ils sont congédiés aprèsune lutte déplorable, 333-334 ;pernicieux arrêté pour le privilègede <strong>la</strong> vente des boissons,335 ; son voyage à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, 337 ; fâcheux effet de sesirrésolutions, 358 ; un agent secretest envoyé en France, ibid ;a<strong>la</strong>rme que produit <strong>la</strong> propositiond'un emprunt de 500,000 fr.,339 ; détails à ce sujet, et réponsefaite au commandant en secondsur l'envoi d'un agent secret àParis, 340 ; on rend justice à sonintégrité, mais ses rapports avecles Ang<strong>la</strong>is, et <strong>la</strong> tutelle sous <strong>la</strong>quelleil s'est mis, inspirent <strong>la</strong>méfiance, 342 et suiv.; sa réponseà l'amiral Durham, au sujetde <strong>la</strong> goëlette l'Agile, 348;reçoit les dépêches de cette goëletteet <strong>la</strong> renvoie, 349 ; assoupit<strong>la</strong> fermentation que ranime <strong>la</strong>décision prise au sujet de ces dépêches,550-351 ; on menace del'embarquer, 355;l'ordre qu'il envoieau commandant en secondest inexécutable, 354-355 ; onréc<strong>la</strong>me les dépêches mises sousle scellé, 557-358 ; ouverture deces paquets, 55g ; refuse de donnerdes ordres, il remet au lendemainà faire connaître sa volonté,360; il abandonne l'ordonnateur,et désire conserver lemajor de p<strong>la</strong>ce, ibid ; il reprendson autorité , 361-362 ; parti qu'iltire d'un brouillon de proc<strong>la</strong>mation, 362 note , arrivée tardivedes Ang<strong>la</strong>is; réponse qu'il (ait àdeux de leurs officiers, 563 ; légitimele mouvement opéré par lecommandant en second, 364; déficitdans les finances, il fait desréformes et des économies, retientchez lui le commandant en second,et le comble de marquesd'attachement, 366; il lui avoue<strong>la</strong> mission donnée à M . D . . . . ,dans tous ses détails , 357 ; il re-


( 505 )vèt M . Schmaltz. du titre d'envoyé,pour porter l'adhésion de<strong>la</strong> colonie au gouvernement impérial,367-368 ; mémoire <strong>la</strong>it enson nom par cet envoyé, 369 note ;son (ils est expédié pour France,dépêches dont on le charge, 370 ;sa conduite honorable à son arrivéeà Paris, assertion singulièred'un témoin au procès, 372note; réponse du gouverneur à<strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation des Ang<strong>la</strong>is,du3 août 1815, 375 ; sa surprise euvoyant <strong>la</strong> lettre du colonel Vatableà un habitant, 378 ; suspendce colonel de ses fonctions, et valire sa lettre aux troupes, 379 ;conférences qu'il a avec lui,M. Va<strong>la</strong>ble lui révèle que <strong>la</strong> coloniedoit être attaquée le lendemain,380-381; dispositionsde défense, 581 à 384 ; consent afaire une attaque vigoureuse contrel'ennemi, et change d'avis, 087-388; dispositions prises avec lecommandant en second, 390, ilse retire au moine Honel, 391 ;capitu<strong>la</strong>tion qui s'y conclut, 392et suivantes; il rompt l'heureuseharmonie qui existait entre luiet le commandant en second,394-395 ; il s'embarque prisonnier,et part pour l'Europe, 399 ;séapré à dessein du commandanten second, qu'on croit noyé, i<strong>la</strong>rrive avant lui à Portsmouth,et demande d'être jugé, 429 ison arrivée et sa détention auHavre 431 ; est transféré à Paris,432 ; son premier interrogatoirea lieu quand <strong>la</strong> loi d'amnistievient d'être publiée , 437 ; taconsidération, ses services et sesamis font refluer sur lui tout l'intérêtpublic, 440 ; pendant leprocès, le commandant en seconds'abstient de rien dire qui puisse lecompromettre, 449 ; <strong>la</strong> véritablequestion du procès avait été décidéepar l'adhésion solennellede M . de Linois, 452 : que seraientdevenus l'accusation et leprocès, si le gouverneur n'eûtpas séparé sa défense de celle ducommandant en second? 453: legouverneur est acquitté à l'unanimité,453 : il est mis à <strong>la</strong> retraiiede contre-amiral, le 18avril 1816, 455.LOLIVE, lieutenant de Desnambuc ;part pour France, II, 182 ; repartde Dieppe avec Duplessis ets'établit à <strong>la</strong> Guadeloupe, 185 ;fait une guerre imprudente auxCaraïbes, maux qu'il occasionne,est nommé capitaine - généralpour dix ans, 187-188; ne satisfaitpas le commandeur de Poincv,191 ; passe à St-Christophe,ou M. de Poincy le retient prisonnier,192 ; il est renvoyé à <strong>la</strong>Guadeloupe, mais sa cécité l'obligeà aller se confiner sur sesbiens à Saint-Christophe, 194.LOMBARD (négociant infirme et recommandable): se fait porteraux pieds du capitaine-généralpour chercher à le ramener à dessentimens moins sévères, III, 93.LUNE OU mole, poisson rond, I, 82.MMAISONS: sont construites en bois,en moellons, en briques, et couvertesen essentes, I, 20.MAÏS OU blé de Turquie : p<strong>la</strong>nte originairedes Indes. Ses divers usagesdans les îles françaises et ang<strong>la</strong>ises, I, 53.III.MALARTIC gouverne, par intérim,<strong>la</strong> Guadeloupe, en 1768 II,321.MALMAISON (M. de <strong>la</strong>) est nommé ,gouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe,II,272-277-280 ; il passe provisoire,ment à <strong>la</strong> Martinique , et enrevientpeuaprès, 281 ; sa mort, 28135 «


( 506 )MANCENILLIER: arbre très-dangereuxpar son bois, ses feuilles, sonfruit, et par son ombre, I, 71 ;manière dont s'en servaient lessauvages, 71 et note.MANGLIERS,ou Palétuviers: arbresquis'imp<strong>la</strong>ntent d'eux-mêmes, seperpétuent et forment des forêtsépaisses, dans les endroitsmarécageux,I, 70.MANGUIER, OU Mangao, bel arbreimporté de l'Inde, dont le fruitbienfaisant purifie <strong>la</strong> masse dusang, I, 59 et 60.MANIOC on Manihot : p<strong>la</strong>nte quitient lieu de pain et qui a <strong>la</strong> singulièrepropriété de renfermer unpoison mortel. Sa culture, sa préparation,son usage, I 5o et51.MANITOU : sarigue de Buffon,et opossumde Linnée, remarquable par<strong>la</strong> poche ou cavité que <strong>la</strong> femelle asous le ventre, I, 102,MARBRE: on n'en trouve qu'à Saint-Domingue, I, 21.MARIE-GALANTE : statistique de cetteîle, détails historiques, I, 303 à315 ; les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> prennent, en1691, II, 270 ; ils l'évacuent, 272 ;elle est reprise, en 1703, 275 ; lesFrançais <strong>la</strong> leur enlèvent, 280;elle reste fidèle à <strong>la</strong> république,en 1792, 408 ; les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> prennent,en 1794, 432 ; les Françaiss'en emparent, III, 36 ; est prise,en 1808, par les Ang<strong>la</strong>is, 212-213 ;est vainement attaquée par lesFrançais, 219 et suivantes; estréuniepar les Ang<strong>la</strong>is au gouvernementde <strong>la</strong> Guadeloupe, 265; sareprise de possession parles Français,520 ; les Ang<strong>la</strong>is s'en emparent,sans déc<strong>la</strong>ration deguerre,373 ; est menacée, en 1822, d'unevaste conspiration qu'on nedécouvrir, 42l.MARINGOINS : sorte de cousinstrèsfaligans,I, 94.peutMARSOUIN, ou cochon de mer; n'estpropre qu'à faire de l'huile, I,80.MARTINIQUE (voy. DESNAMBUC),notesur cette île, II, 189; elle estremplie de serpens venimeux,I, 92,II, 184 ; troubles qui l'affligent,II, 207 ; est vendue àM. Duparquet avec d'autres îles,212 ; prête à succomber sous l'effortdes Caraïbes, elle estsauvéepar le secours de quatre vaisseauxhol<strong>la</strong>ndais, 222; M. de Clodoréen est fait gouverneur, 245; séditionsqui y éc<strong>la</strong>tent, 255 ; est déc<strong>la</strong>réele chef-lieu du gouvernementgénéral des Antilles, 269;envoie des secours à <strong>la</strong> Guadeloupe,en 1703, 277 ; détails desa révolte, en 1717, ?.83 à 292;est attaquée, en 1759, par unepuissante expédition ang<strong>la</strong>isequ'elle repousse, 306-307 ; estprise par les Ang<strong>la</strong>is, en 1762,313 ; est rendue à <strong>la</strong> Fiance, en1763, 317 ; troubles que <strong>la</strong> révolutiony occasionne,356-56o ; <strong>la</strong>ville de Saint-Pierre réc<strong>la</strong>melessecours de <strong>la</strong> Guadeloupe, 361 ;malheurs dont cette ville est menacée,362;Saint-Pierre a recoursune seconde fois à <strong>la</strong> Guadeloupe,364 ; les maux dont on <strong>la</strong> menacese réalisent, proscriptions,368 ; nouveaux malheurs à <strong>la</strong>Martinique, 371 ; elle refuse derecevoir les Français en 1792,408-409 ; elle se rep<strong>la</strong>ce sous leslois de <strong>la</strong> république, II, 417 à420 ; en proie à <strong>la</strong> guerre civile,elle bat et repousse les Ang<strong>la</strong>is,450 à 433 : elle succombe sous lescoups d'une expédition formidable,438-439 : motifs desfaveursdont les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> comblèrent,de 1794 à 1S02, I I I , 12; estrendue à <strong>la</strong> France, en 1S02, 162:les Ang<strong>la</strong>is l'attaquent et <strong>la</strong> prennent,en 1809, 225-226 :preuved'attachement à <strong>la</strong> France quedonne <strong>la</strong> ville de Saint-Pierre,245 : <strong>la</strong> colonie accueille, en 1814,les Français avec transport, 3o5 :est spoliée par les Ang<strong>la</strong>is avantsa remise aux Français, 315 : cequi s'y passe en 1815,on y appelleles Ang<strong>la</strong>is, 341-342: elle leurest livrée, 344-345 : elle estdébarrasséedes Ang<strong>la</strong>is,413 : insurrec­


( 507 )tion en 1822, massacre de plusieursb<strong>la</strong>ncs, le zèle des gardesnationales de Saint-Pierre et desgens de couleur, comprime<strong>la</strong> révolte, 421-422 : sera désormaishors d'état de se défendresi elle reste soumise à l'influence;de quelques privilégiés , 426 :trompée par de faux rapports etpar M. Vatable, toutes les re<strong>la</strong>tionsde cette colonie sont faitescontre le commandant en secondde <strong>la</strong> Guadeloupe, 432-433.MASCOTTE. morne qui domine l'efortFleur-d'épée, I, 262: d'où lesAng<strong>la</strong>is bombardèrent ce fort, en1794: III, 21.MASSOTEAU ( homme de couleur) :commandant à <strong>la</strong>Basse-Terre:exerce une influence funeste surDelgrés, déporte douze officiersb<strong>la</strong>ncs, enrôle les nègres descampagnes, est rep<strong>la</strong>cécapitained'une compagnie à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, III, 113 : il serévolte,s'embarque au Petit-Canal etpérit en se rendant à <strong>la</strong> Basse-Terre, 126.MATHÉ(lieutenant de vaisseau, en1802) : protége le débarquementdes troupes , III, 129.MATOUBA, OU parc: statistique de cequartier, I, 191 à 193: des famillesallemandes y furent établiescomme étant le quartier le pluspropre aux Européens, II, 321 :en 1802 Delgrés en augmente <strong>la</strong>défense,III, 140 : on yfait unemaison de p<strong>la</strong>isance pour h; capitaine-général,207-208 : on le fortifieet on coupe ses communications212; le conseilprivé offreLeith, au nom des habitansqu'on vèxe et qu'on proscrit, 407.l'habitation du Matouba au généralMAUVE, ou Mouette, oiseau aquatique,I, 90.MELASSES: sont le produit des vidangesde <strong>la</strong> canne à sucre, t, 27-28:elles alimentent le commerce avecles étrangers, 68. ( voir COM­MERCE.)MELON : il est exquis et n'exige quepeu de soin aux Antilles, I, 08.MENARD : chef d'état-major du généralRichepance, III, 120 : passegénéral de brigade et commandantdes troupes, 156 : est envoyéen France, 160.MERLES : sont en grandeaux Antilles I, 87.quantité,MESURES agraires des Ang<strong>la</strong>is, I,139 note: de <strong>la</strong> Guadeloupe etde <strong>la</strong> Martinique, 289.MESURES pour le ; liquides, I, 289 :pour les légumes Secs, 290.Micoud (le comte de), maréchal decamp, est envoyé, en 1786,pourremp<strong>la</strong>cer M. de Clugny au gouvernementde <strong>la</strong> Guadeloupe, II,341 : il repart pour France, le 5décembre de <strong>la</strong> même342.année,341,MILICES : comment elles se sontétabliesaux colonies, II, 138 ; variationsqu'elles ont éprouvées,139 à 141 ; leur composition, en1787, 142 ; sont abolies par <strong>la</strong>.NATIONALES, et tome II, page360 ; les Ang<strong>la</strong>is veulent en vainles rétablir à <strong>la</strong> Guadeloupe, ellesrefusent de porter l'habitrouge,III, 280-281 ; en 1815 on les faitcommander par un maréchal decamp, 402 ; un impôt les faitrévolution, 146 voy. GARDES-dispenserdu service, en 1816, 414.MiLius (capitaine de vaisseau ) ,commande, en 1814, <strong>la</strong> premièreexpédition navale pour <strong>la</strong> Martiniqueet <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 301 ;ordre qu'il donne au Vésuve signa<strong>la</strong>ntune voie d'eau, 302; sonarrivée à <strong>la</strong> Martinique, 5o3 ; età <strong>la</strong> Guadeloupe 304 ; son retouren France 311.MINES d'or: Cuba et Saint-Dominguesont les seules Antilles qui enpossédent, celle-ci même a d'autresmines, I, 21.MIRABEAU (le chevalier de), nommégouverneur de <strong>la</strong> Guadeloupe, yarrive, en 1753, II, 305; il obtient,en 1757, de quitter <strong>la</strong> coloniepour reprendre son service dans<strong>la</strong> marine, 3o5.MIRANDA (le général) : né à Caracas,est envoyé à Paris pour né-.


gocier <strong>la</strong> réunion de cetteprovinceà <strong>la</strong> république( 508 )française,sa fortune, ses succès , ses revers,sa mort, 2o3 à 2o5.MISSIESSY (l'amiral) : arrive à <strong>la</strong> Martinique, à <strong>la</strong> tête d'ne escadre,but de cette expédition, III, 184-188; il attaque <strong>la</strong> Dominique,185;se rend à <strong>la</strong> Guadeloupe, va attaquerNièves, Mont-Serrat et Saint-Christophe, 187; retourne à <strong>la</strong>Martinique, 188; se porte à Santo-Domingo,dont il sauve <strong>la</strong> garsnison française et rentre en Franceaprès une campagne189.MOISSAC : intendant de <strong>la</strong>bril<strong>la</strong>nte,Guadeloupe,en 17G6, II, 320; meurt,en 1769, 322.Monbinou Monbain : utilité de cetarbre, I, 64.MONNAIES, : commentl'usage s'enintroduisit aux colonies, II, 109;variations qu'elles ont éprouvées,110 à 113; opérations faites surles monnaies par les Ang<strong>la</strong>is, 114et116; et en 1817, par lesFrançais à <strong>la</strong> Guadeloupe et à <strong>la</strong>Martinique, 117 à 119; tarifdes monnaies dans les deuxcolonies,119; cours du changeactue<strong>la</strong>vec<strong>la</strong> France, 112-113 et 119; onoblige de payer toutes les contributionsen espèces, III, 202;opérationfaite, en 1815, par lesAng<strong>la</strong>is, 409-410; celle faite, en1817, fut avantageuse , 416.MONROUX (capitaine de port de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître) : beau trait de cethomme estimable, lors de <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tiondes Ang<strong>la</strong>is au campde Berville, III, 32.MONTAGNES : celles de <strong>la</strong> Guadeloupe, I, 170; fournissent les sitesles plus propres à l'éducation desbestiaux, 242.MONTBRUN ( Alexandre) :maréchalde camp, un des juges du conseilde guerre qui prononçe, en 1816,sur le sort des deuxchefs de <strong>la</strong>Guadeloupe, III, 442-443.MONTDENOIX (d'Eu de) ; est fait ordonnateurde <strong>la</strong> Guadeloupe , en1769,II,322duroi).(voy. COMMISSAIRESMONT-SERRAT ; notice sur cette îleang<strong>la</strong>ise, II, 214 note I; est prise,rançonnéeet désarmée par lesFrançais, en 1805 , III, 187.MOREAU, dit de Jonnés (te capitaine): arrive, à <strong>la</strong>Pointe-à-Pître,on ne sait pourquoi, se disant expulséde <strong>la</strong> Martinique pour sonattachement à <strong>la</strong> France, il y exaspèreencore plus les esprits,III,361; son départ et sa conduite à Parislors du procès, 352 ; décorationsgrades et faveurs qu'il obtient,457.MORNE-A-L'EAU : statistique de cequartier, 1, 279; fut ruiné et brulépar Ignace, en 1802, III, 139.MORUE : (voyez l'article COMMERCE) :celle étrangère , est introduite ,II, 53-54-59; primesd'encouragement,62-71.MOUCHERONS ctmouches:y sont beaucoupplus communs et plustourmentansqu'en Europe, I, 94.MOUCHES luisantes; <strong>la</strong> nuit, elles brillentpar intervalles, d'un éc<strong>la</strong>téblouissant, I, 94.MOULE: statistique de ce quartier,I, 271, 272; meurtre commis, en1816 , sur une habitation de cetteparoisse,3oo.MOULES, OU bivalves , I, 84.MOULINS à sucre ; leur description etleur effet, I, 281 à 283.MOUSQUETAIRES de <strong>la</strong> GuadeloupeII,144.MOUSTIQUES, sont plus petits que lesmaringouins, ettrès-incommodes,I, 94.MOUSTIQUAIRES, rideaux de gaze pourgarantir des moustiques , I , 94.MOUTON : aux Antilles il finit parperdre jusqu'à sa toison, I, 101.MOYENCOURT (le comte de) : est nommé,en 1718, gouverneur de <strong>la</strong>Guadeloupe, et y arrive en 1719,II, 293 ; il provoque l'ordonnancede 1719 qui défend aux premierschefs des colonies d'y avoir despropriétés , 294 ; p<strong>la</strong>intescontrelui, 296 ; elles donnent lieu à <strong>la</strong>sévère ordonnance de 1727 , su


( 509 )<strong>la</strong> contrebande, 296 ; son rappelen 1727, 297.MULETS : dégénèrent étonnamment,I, 100.MURÈNE, ou anguille de mer, I, 83.MURIER : tentatives faites aux Antillespour <strong>la</strong> culture du murier etl'éducation du ver-à-soie, II, 33.MUSCADIER : importé de l'Inde, senaturalise aux Antilles, I, 67.NNadeau du Treil ( M . ) , gouverneurde <strong>la</strong> Guadeloupe, II, 305 ;capitule en 1759 avec les Ang<strong>la</strong>is,310, 311 ; est jugé et condamnéen 1761, par un conseilde guerre, avec ses principauxofficiers, 312, 313.Naissances et décès à <strong>la</strong> Basse-Terre et à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre,II, 27 et 28.Nègres : motifs qui obligèrent lesEuropéens à aller en chercherenAfrique, I, 114 ; ont des facultésintellectuelles inférieures àcelles des b<strong>la</strong>nes,leur caractère,129; causes de leur dépopu<strong>la</strong>tion,150, et suiv.; calcul deleur vie <strong>la</strong>borieuse,132 ; moyensd'améliorer leur sort, puisés dansleurs passions, 133 ; sont mieuxtraités chez les Français quechezles Ang<strong>la</strong>is, 134 ; en devenantesc<strong>la</strong>ves, ils contractent des vicesinconnus à l'état sauvage 141( voyez traite des nègres.) originedu préjugé contre <strong>la</strong> couleurnoire, II, 19 ; inconvénientd'amener des nègres enFrance pour son service, 20 ;ils se révoltent, à <strong>la</strong> Guadeloupe,en 1656, et sont comprimés,I I , 226, 227 ; les Ang<strong>la</strong>is enintroduisent 20 mille à <strong>la</strong> Guadeloupe,de 1759 à 1763, 314 ;sont expulsés de France en1763, 318 ; ils se révoltent à<strong>la</strong> Guadeloupe, III, 83 ( voirLacrosse, Pe<strong>la</strong>ge, conseil provisoireet Richepance) ; sontécartés des rangs des troupesfrançaises, 144 ; trois millesontdéportés, un grand nombre exécutés,et d'autres mis en dépôtaux Saintes ; on évalue à dixmille leur perte en 1802, 145 ;une amnistie leur est accordée,172 ; ceux pris aux Ang<strong>la</strong>is, pendant<strong>la</strong> révolution, sont revendiquéset vendus au profit del'état, 177 ; levée de nègres,faiteen 1806, 207, 208, 209 ; autrelevée en 1809, 227 ; ceuxfaits prisonniers aux Saintes,à <strong>la</strong>, défense de ces îles,sont déc<strong>la</strong>rés appartenir aux Ang<strong>la</strong>is,III, 263 ; les 400 <strong>la</strong>isséspar l'administration ang<strong>la</strong>ise,sont réduits à cent, 285 ; ceuxà qui leurs maîtres permettaientde vivre dans les villes, sontrendus à <strong>la</strong> culture, en 1817,416.NIÈVES : notice sur cette îleang<strong>la</strong>iseII, 177 ; est prise et rençonnéepar les Français, en 1805, III,187.Nogués ( général commandant àSainte-Lucie) : ses valeureuxefforts, à <strong>la</strong> prise de cette colonie,III, 170.Nolivos (le comte d e ) , gouverneur-généralde <strong>la</strong> Guadeloupe,y arrive en 1765, II, 320 ; aprèsy avoir fait beaucoup de bien,obtient son rappel pour se rendreà Saint-Domingue, 521.NOTE essentielle, en tète du III evol. : fait connaître les motifsqui ont déterminé l'auteur à publierl'histoire de <strong>la</strong> Guadeloupe,depuis 1794, qu'il devait <strong>la</strong>isserinédite , III, 5 à 8.Nozière (le comte de), nomméd'abord gouverneur-général de


( 510 )<strong>la</strong> Guadeloupe, est envoyé à <strong>la</strong>Martinique, II, 323 ; fait unvoyage à <strong>la</strong> Guadeloupe , 323.NUAGES : ceux condensés sur lesPêtés par les forets des Antilleset les inondent de pluie, I, 10 ;sont passagers et peu fréquentsaprès l'hivernage, 15.oOIE: s'est assez bien naturalisée auxautilles, I, 85.OISEAU-DIABLE, particu<strong>la</strong>ritésle distinguent, I, 87.OISEAUX aquatiques, I, 86.OISEAUX des champs, I, 86,OISEAUX domestiques, I, 85.OISEAUX de nuit, I , 89.quiOLIGARCHIE coloniale ; son coupd'essai à <strong>la</strong> Martinique en 1717,II, 280 ; parti qu'elle tire decette révolte, 291, 292 ; elleglisse son intervention dans lefuneste traité de 1763, 316 ; elled'état de se défendre, 426 ; vengeancesqu'elle a exercées, et saconduite, en 1816, 427 ; <strong>la</strong> métropolepeut facilememt y remédier,427, 428.OLIVIER sauvage, arbre des marais,I, 70.ORANGERS : arbres à odeur suave,originaires de <strong>la</strong> Chine, et donton connaît vingt espèces, I, 65.ORDONNANCES : ce qui provoquecelle du 7 novembre 1719, quidéfend aux chefs des coloniesd'y avoir des propriétés, II, 294 ;retire tout l'avantage decelle, sévère, de 1727, contrebords de l'Orénoque sont ar-l'établissementdes assemblées coloniales,345 ; ce qui compose cetteoligarchie, 545 et note ; cosmopolited'opinion, celle de <strong>la</strong> Guadeloupecorrespond avec les An­<strong>la</strong> contrebande, 297 ; celle du1 e décembre 1759 qui interditraux chefs tout mariage avec lesfemmes créoles, 511, celle de1760, qui ordonne de juger lesg<strong>la</strong>is de <strong>la</strong> Martinique, I I I ,chefs de <strong>la</strong> Guadeloupe,accusés244 ; favorisée par les Ang<strong>la</strong>is,elle vexe <strong>la</strong> colonie, 267 ; croitavoir tout à gagner en se rep<strong>la</strong>çantsous leur joug, 347 ; elleentoure le général ang<strong>la</strong>is, dénatureles intentions et réc<strong>la</strong>meJe despotisme pour satisfaireses ressentimens et son avidité,402 ; proscriptions, 444 ; ROYalistepar calcul, elle imite <strong>la</strong>tyrannie des proconsuls révolutionnaires,4°5; singulier hommagequ'elle rend au Roi en 1816,406 ; ne permet pas de dire que<strong>la</strong> Guadeloupe peut retourner à<strong>la</strong> France, 408 ; FAIT renvoyerl'homme le plus dévoué auxBourbons, 409 ; progrès qu'elle atoutes les époques, 425 ;faits àsi elle conserve son influence,nos îles seront désormais horsd'un accord avec les habitanspour livrer cette colonie aur Ang<strong>la</strong>is,3l2.ORIPHI OU Aiguille de mer, poissonarmé d'une longue mâchoire,I, 83.ORTOLANS : il y en a beaucoupauxAntilles, en octobre, I, 86.OURAGANS : époque où ils ont lieu ,leur description, sont produitspar une destruction subite de l'équilibredes élémens, s'ils fontde grands ravages , ils assainissentl'atmosphère, I , 13, 14;principaux ouragans qui ont affligé<strong>la</strong> Guadeloupe , 291 à 297 ;maux qu'un ouraganoccasionne,en 1809, à <strong>la</strong> Poinle-à-Pître,III, 207 ; ravages de celui de1816, 413.


( 511 )PPAILLE-EN-CUL, ou Fétu, oiseau aquatique,I, 90.PAIX d'Aix-<strong>la</strong>-Chapelle, en 1748,de courte durée II, 302.de-Terre et vit en bonne intelligenceavec le capitaine-général,l'arrêter, il se sauve81 ; on veutau morne de <strong>la</strong> Victoire, 83 ;PALÈME : officier de couleur,cons­empêche le massacre desb<strong>la</strong>ncs,pire, avec Corbet et Noël,etc,contre le conseilprovisoire, III,104 ; s'embarque au Petit-Canalet se réfugie auprès de Delgrés,à <strong>la</strong> Basse-Terre, 126-127 ;restearmé, dans les bois, après <strong>la</strong>84 ; fait nommer une commissionde quatre habitans pour s'aiderde leurs lumières, 85 ; écritau général pour l'engager re­àvenir à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, 88-89 ;les troupes noires révoltées ledestruction des révoltés, 144.nomment, malgré lui,PALÉTUVIERS OU mangliers : manièredont ces aibres se perpétuent etforment des forêts impénétrables,dans les marais, I, 70.PALMA-CHRISTI, karapat ou ricin :p<strong>la</strong>nte dont les graines donnentune huile employée avec succèsdans les purgations, I, 69.PALMISTE franc, ou palmier desAntilles : sa description et sonusage, I , 59.PANACHES de mer, p<strong>la</strong>ntes marines,leur description, I, 79.PAPAYER : arbre à fruit, I , 65.PAQUEBOTS : sont établi en 1786, II,342.PARC OU Matouba : statistique dece quartier, I, 191 à 193.PARCHEMIN : coque de café, I, 53.PARIS, adjudant-major d'un bataillon,fait partie de l'expéditionde Victor Hugues, en 1794, III,15 ; on le nomme général, 29 ; estdésigné comme agent provisoire58 ; arrète l'agent de Lavaux, à<strong>la</strong> Basse-Terre, 62 ; on le remp<strong>la</strong>cepar le général Béthencourt,il est employé en France, samort, 70.PATATE, espèce de pomme de terre,très-savoureuse, de huit a dix espèces,sa description et sa culture,I, 52.PELAGE (Magloire) : notice sur savie, est employé à <strong>la</strong> Guadeloupe,avec l'agent Jeannet, III ,6o-61 ;sa prudence inspire beaucoup deconfiance, 76; il est frustré ducommandement des t r o u p , 79;il reste commandant de <strong>la</strong> Gran-commandantenchef,90 ; il les empêche,demarcher contre le général, 9t ;leur inspire le sentiment de leurdevoir, 92 ; envoie des députationsau général, pour le ramener à dessentimens de douceur, 91 à 93 ; ilest mal accueilli par ce chef, 94 ; etlui sauve <strong>la</strong> vie, 95 ; il s'oppose envain à l'arrestation du capitainegénéral,96 ; parvient à préserverses jours et à l'embarquer pourFrance, 97 ; il accepte le commandementet forme un conseilprovisoire, 100-101 ; (Voy. CON­SEIL provisoire) il inspire de <strong>la</strong>confiance au général Richepance,III, 123 ; les noirs l'accusentgardé à vue,de les trahir, 124 ;il donne des renseignemens augénéral en chef, 126; débarqueavec le général Gobert, à <strong>la</strong> rivièreDuplessis, oil ils battent lesrévoltés, 129 ; ils entrent à <strong>la</strong>Basse-Terre, et sauvent <strong>la</strong> ville,130 ; a un cheval tué sous lui,131 ; conseille d'armer 600 desnègres arrêtés qu'il choisit etqui sont d'un grand secours,133; culbute l'ennemi et se couvrede gloire le 21 mai, 135;,poursuit Ignace avec le généralGobert, ils l'atteignent Dolé,àle battent et sauvent" <strong>la</strong> vie à Sofemmes et enfans b<strong>la</strong>ncs, 136;se rend , seul, à <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre,confiance, exterminey ramène <strong>la</strong>Ignace et ses partisans dans<strong>la</strong> redoute de Baimbridge, 137 à138; retourne à <strong>la</strong> Basse-Terre,14o ; est envoyé en France, avec


( 512 )les antres membres du conseil,ses services ultérieurs, sa mort150-151-152.PelARDY, capitaine d'artillerie : faitpartie de l'expédition pour <strong>la</strong>Guadeloupe, en 1794, III, 15 ;est fait général de division, etc.,26 ; établit une batterie à <strong>la</strong> RivièreSalée, s'embarque avecune colonne, bat les Ang<strong>la</strong>is etleur fait éprouver de grandespertes, 27-28 ; se porte contre lecamp de Berville,et force lesAng<strong>la</strong>is à capituler, 29-50 ; va attaquerles Ang<strong>la</strong>is à <strong>la</strong>Terre,Basse-34 ; oblige les Ang<strong>la</strong>is àévacuer le fort Saint-Charles, 35,est embarqué par Victor HuguesetLebas, 45 ; est renvoyé à <strong>la</strong>Guadeloupe, en qualité de commandantde <strong>la</strong> force armée,52-53 ; après l'embarquement du généralDesfournaux, est choisipour administrer <strong>la</strong> colonie,etfait designer trois agens provisoires,57-58 ; part pour Francoet s'arrête à Curaçao, avec <strong>la</strong>frégate <strong>la</strong> Vengeance, 65-64.PELICAN, ou grand gozier : ses particu<strong>la</strong>rités,I , 90.PÉNICAUT,notaire : un des quatrecommissaires élus pour se concerteravec Pé<strong>la</strong>ge et arrêter ledésordre, III, 86 (Voir Pé<strong>la</strong>ge.)PERDRIX : on dit qu'ily en a detrois sortes, mais tout porte àcroire que ce son t des tourterelles,I, 86 :PÈRES b<strong>la</strong>ncs (voy. CLERGÉ).PERROQUETS : ont disparu des Antilles,I, 87.PERRUCHES OU Perriehes, ont disparudes Antilles, I, 87.PETIT-BOURG : statistique de ce quartier,I, 224 à 226 :PETIT-CANAL : statistique de cequartier, I, 277.PETIT cul-de-sac, ou baie de <strong>la</strong>Pointe-à-Pître, I, 223.PETITE-TERRE : description de cesdeux ilets, I : 269-270.PETUN (voy. TABAC).PEYNIER (M. de) : prési lent au parlementd'Aix, intendant de .Guadeloupe, en 1763 II, 3.8 ;passe a l'intendance de <strong>la</strong> Martinique, en 1765, 320 ; est faitpour <strong>la</strong> seconde fois, intendantgénéral des îles du vent, 322,est nommé de nouveau, en 1775,intendant-généralde <strong>la</strong> Guadeloupe,pour passer à l'intendance,de <strong>la</strong> Martinique, en 1780, 1325.PIAUD (Pierre) : ancien officier, secrétaire-généraldu conseil provisoire,III, 101 ; (voirconseilprovisoire) est envoyé en Franceavec les autres membres du conseil,150 à 152.PICHON (M.) : maître des requêtes,envoyé en mission aux Antillesfrançaises,5S5-586.PIERRES DE TAILLE : sonttendresaux Antilles, I, 20; on n'entrouve de dures qu'à Saint-Domingue,21.PIES : on en voit une certaine espèce,surtout à <strong>la</strong> Guadeloupe,qui n'est pas celle d'Europe, I, 87.PIGEON : il est plus gros et plusgras qu'en Europe, I, 86.PILLET, chef de bataillon, devenugénéral, auteur d'un ouvragesur l'Angleterre ; fait partie del'expédition du généralRichepance,III, 120, note;repoussel'ennemi à l'habitation Legraët,134.PILORI ou rat, musqué, I, 103.PIMENT, poivre d'inde on du Brésil, croît en abondance aux Antilles, son usagesalutaire, 1, 68.modéré y estPINS, arbres qu'on trouve dansplusieurs Antilles, I, 76.PINTADE ( voyez poule de Pharaon).PiuiEsmois où elles sont lieu auxAntilles, I, 19; elles sontdiluviennesdans l'hivernage, 10 ;évaluation de <strong>la</strong> quantité de pluiequi tombe à Pariset aux colonies;ravages qu'elle occasionnedans ces contrées, 10 et 11.PLUVIERS, de toutes espèces, I, 86.POIDS et mesures en usage auxAntilles françaises, 289.POINCY ( le commandeurde Malte


( 513 )Lonvilliers de), remp<strong>la</strong>ceà <strong>la</strong> Martinique et <strong>la</strong> crainte deDesnambucdans le commandementdes îles françaises, II, 190 ; refusede céder lecommandementse voir encore livrée aux Ang<strong>la</strong>is,<strong>la</strong> transportent d'indignation,344, 546 ; <strong>la</strong> décisionau général de Thoisy-Patrocles,203 ; guerre civile dans les coloniesfrançaise, 200 à 206 ses ;résultats, 209 ; achète Saint-ilprise au sujet des dépêches apportéespar <strong>la</strong> goëlette l'Agile,et des lettres de <strong>la</strong> Martiniqueaugmentent l'agitation, 350,Cristopheet plusieurs autresiles351 ; deux lettres du frère depour l'ordre de Malte, dont on lel'ordonnateurnomme bailli, 216, 217 ; estchargé par le roi, de rétablir<strong>la</strong> portent au comble,352, et suiv ; le changements'y opère dans le plus grand<strong>la</strong> paix à <strong>la</strong> Guadeloupe etdans<strong>la</strong> famille Houel, 233 ; meurtpeu regreté à234.Saint-Christophe,POINTE-A-PITRE, ville : sa description,son port, I, 249 à 262 ;époque où on en traça le p<strong>la</strong>net où elle commença às'élever,II, 319 ; troubles qui s'y manifestenten 1789, en 1790, 357,394 ; et en 1791, 389 et 399 ;de nouveaux septembriseurs yégorgent les prisonniers en 1793,428 ; est déc<strong>la</strong>rée le chef-lieu de<strong>la</strong> colonie, III, 59 ; origine destroubles qui s'y manifestèrent29 vendémiaire an X ( 21 octobre1801 ), 82, 83, 84 ; le desordrey augmente, 89 à 93 ; elleaccueille l'expédition du généralRichepance, 122 ; réactionsqu'on y exerce, 147 ; ses jeunesconscrits battent les nègres révoltésdu Gozier ; des Abymeset tuent le chef affublé d'un uniformeang<strong>la</strong>is, 248 ; devient momentanémentun des comptoirsles plus riches et les plus abondantsdes Antilles,le172 ; les Ang<strong>la</strong>isy envoient les lépreux de<strong>la</strong> Désirade, 215 ; sa généreuserésolution, en 1810, 247 ; proscriptionsexercées par les Ang<strong>la</strong>is,277, 278 ; les excès desAng<strong>la</strong>is y provoquent deuxémeutes contre eux et leursagens, 321, 322 ; est fidèle à sesdevoirs, 337 ; disposée à des sacrifices,un emprunt irrégulierl'a<strong>la</strong>rme, 339 ; ce qui se passeIII.calme, 556 ; les Ang<strong>la</strong>is y <strong>la</strong>issententrer à dessein, un navirefrançais, 373 ; ils <strong>la</strong> sommentde se rendre et se retirent aprèston refus, 376 ; malgré <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tionon y fait les perquisitionset les arrestations les plusinjustes, 403, 404 ; son ports'ouvre momentanément auxétrangers, en 1816, 413.POINTE des châteaux : elle termine<strong>la</strong> grande terre à l'est, I ,269.POINTE-NOIRE : statistique de cequartier, I, 207 à 209.POISSONS : espèces qui seaux Antilles, I, 80.trouventPOISSON-ROUGE, du goût du rougetde <strong>la</strong> Méditérannée, maispesant de 4 à 8 livres, I, 83.POISSON-VOLANT : comment il s'élèvehors de <strong>la</strong>. mer, I, 82.Pois d'Angole: p<strong>la</strong>nte importéedel'Afrique, très-commune et d'unegrande ressource aux Antilles,I, 53.POIVRIER, importé de l'Inde, senaturalise aux Antilles, I, 67.POLICE : sa distribution, sesvariations, I, 372.POMMEd'acajou : fruit remarquablepar ses différentes propriétés,I, 61.POMME de liane: fruit excellent,dont <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nte sert à couvrir destonnelles, 1, 66.POMME de raquette: fruit de <strong>la</strong> raquetteépineuse, I, 74-POMMIER-CANELLE, OU attier del'Inde , porte des fruits savou-36


( 514 )reux une seule fois par an,PONTONS : prisons flottantesI,60.cùlesPOULE de Pharaon ( Pintade )y est délicieuse, I, 86.Ang<strong>la</strong>is mettent les prisonniersde guerre, ouvrage du généralPillet sur les affreux traitemensqu'on y subit, III, 121, note;Poux : cette sale vermine est trèsrareaux Antilles, I, 98.Poux de bois ; insecte destructeurqui dévore toutes les charpentes ;on y détient, jusqu'en 1814,desmoyens de s'en débarrasser, I,Français pris à <strong>la</strong> Dominique,205 ; <strong>la</strong> garnison de <strong>la</strong> Martiniquey est envoyée en 1815,pour y être traitée plus barbarementqu'elle ne l'eût été par lesPictes du 5 e siècle, 345.POPULATION : celle des Antilleslors de leur découverte, I, 105 ;qu'elle est celle des villes,I, 175 celle des campagnes,;176, 177 ; popu<strong>la</strong>tion ancienneet actuelle de <strong>la</strong> Basse-Terre,170 ; considérations sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,depuis l'origine descolonies jusqu'à ce jour, II, 18à 26 ; celle b<strong>la</strong>nche, 18 ; époqueoù les mariages entre les b<strong>la</strong>ncset les gens de couleur n'étaientpas rares, 19 ( voir gens de;couleur, Nègres, Tableaux,Naissance et Décès. )PORC : il perd son ampleur et sagraisse, mais sa chair est meilleurequ'en Europe, I, 101. (voy.Cochon maron. )PORTO-RICO (île espagnole) : projet1822,d'insurrection déjoué en par les Espagnols, III, 422.PORT-LOUIS : statistique de ce quartier,I, 275.PORTS service ( des ) ; II, 107 ;droits qu'on y perçoit, 100.POSTE-AUX LETTRES : fut établie à<strong>la</strong> Guadeloupe, en 1765, II,320 ; il y a une direction danschaque ville, 108; a été établie,en 1816, sur le mêmepied qu'en France, III, 414.POTERIE : on fait, aux îles, cellenécessaire aux sucreries, 21. I,POULE d'Europe : est généralement,aux Antilles, sans croupionà cause du climat, I, 86.96.PRÉFETS apostoliques : leur établissementet leur autorité auxcolonies, II, 10 ; leur suppressionet leur rétablissement, 15,15 ; leurs émolumens actuels, 16 ;on confie à celui de <strong>la</strong> Guadeloupe<strong>la</strong> gestion des biens duclergé, III, 276.PRÉFETS coloniaux : furentpar le gouvernementétablisconsu<strong>la</strong>ire,I, 351 et III, 71 ; leurs émolumens,I, 564-PRESCOTT ( généra<strong>la</strong>ng<strong>la</strong>is ) commandeune colonne, centre <strong>la</strong>Martinique, II, 140 ; venu à <strong>la</strong>Guadeloupe, il exclut de sesrangs les émigrés et serenfermedans le fort Saint-Charles, III,35 ; il est forcé, par le général Pé<strong>la</strong>rdy,de fuir avec ses troupes, 36.PREUIL, capitaine du 66 e : fait prisonnier200 soldats Ang<strong>la</strong>is quiétaient venus l'attaquer àMartin, III, 217.PRINCE de Modène (le faux)parutà <strong>la</strong> Martinique, en 1748, II,602 ; détails historiques, 451 à456 :PRIVILÉGIÉS (compagnie de), à <strong>la</strong>Guadeloupe, II, 145.PROPRIÉTÉS : les grandes sontindivises, aux colonies, I, 314.PROSCRIPTIONS : elles sontSaint-exercéesà <strong>la</strong> Guadeloupe, dès l'année1647, II , 209; le général Beckwithdéchire avec indignationleslistes qu'on lui présente, III,261 ; son successeur les accueilleet les proscriptions s'effectuent,277-278; les Ang<strong>la</strong>is les renouvellent,en 1815, et elles sontplus terribles que jamais, 404-405.PROTKSTANS : furent d'abordexclusdes colonies, leurs biens furent


( 515 )séquestrés, on a fini par les tolérer,II, 1-2-3.Prouville de Tracy (le général): estchargé d'aller reprendre possessiondes îles françaises, II, 250 ;il y établit <strong>la</strong> domination de <strong>la</strong>seconde compagnie et envoie enFrance M. Houel et ses deux neveux,240-241.PRUDHOMME, officier de couleur attachéà Pé<strong>la</strong>ge, porte une lettreaux révoltés de <strong>la</strong> Basse-Terrequi le mettent au cachot, dansle fort, III, 128; il empêchel'explosion du fort, est combléd'éloges et rendu à ses fonctionsauprès de Pé<strong>la</strong>ge, r35.PUCES : on en voit très-peu dansces contrées, I, 98.PUNAISES : il est rare d'en trouver,I, 98.QQUADRUPÈDES des Antilles, I, 99.RRAIE, poisson ; on en a vu depieds de long. I, 83.neufRAISINS ; de tous les fruits d'Europeles raisins et les figues sontceux qui réussissent le mieuxaux Antilles, I, 67.RAMIERS, sont plus gros que les bisetsd'Europe, I, 86.RAPES ( faire des ) , matières fermentéespour distiller le rum,I, 28.RAQUETTE, on Figuier d'Inde,p<strong>la</strong>nte très-commune, quiformedes haie impénétrables I, 74.RAT commun, importé d'Europeaux Antilles, s'y est tellementmultiplié qu'il y fait de grandsravages, I, 103.RAT musqué, ou pilori, indigènede plusieurs îles, I, 103.RAVET, ou Kaker<strong>la</strong>que, gros insecte,puant, très-nombreux ettrès-incommode, I, 94.PRAZ-DE-MARÉE ; description de cehénomène, effets qu'il produit,<strong>la</strong> cause en est pas plusconnueque celle du flux et du reilux de<strong>la</strong> mer, I, 11 : principaux Razde-maréequi ont en lieu, 291 aRAYNAL ; son Histoire Philosophique,etc., ne va que jusqu'en1780, I, 2 e de l'avant-propos ;c'est l'ouvrage le plus complet,en ce genre, 1 re ; a voulu assignerune cause aux ouragans desAntilles,14.RÉGIME de bananes ; spadice chargéde fruits du bananier, I, 55.RELIGION ; celle catholique fut d'abordexclusive, II, 1re ; on lestolère toutes aujourd'hui, 5 ;(VoirCLERGÉ.)REPTILES, I, 91.REQUIN. ou Chien de mer. trèsconnuaux Antilles, I, 81.RUM, et Tafia ; ce produit de <strong>la</strong>canne à sucre est <strong>la</strong> plus légèrede toutes les liqueurs, celui quenos îles fabriquent égale le rumdes Ang<strong>la</strong>is . I, 28 ; il sert à alimenterle commerce avec lesétrangers, 68-69.RUMMERIE, ou guildiverie, manufacturede rum, I, 28.RICARD ( le général ), nommé aucommandement de Sainte-Lucie,arrive aux îles du Vent avec legénéral Rochambeau, et se voitcontraint de se retirer à Saint-Domingue, II, 4.06, 408-409;il, revient avec lui à <strong>la</strong> Basse_


( 516 )Terre, et prend le commandementde Sainte-Lucie, 421 à 424 ;attaqué par des forcesnombreuses,en 1794, il capitule, 440.RICHEPANCE, ( généra! en chef ):pour <strong>la</strong> Guadeloupe, III,118, 120; fait des dispositionspour forcer <strong>la</strong> passe de <strong>la</strong>commande, en 1801, une expéditionPointeà-Pitre,et cédant aux assurancesd'une deputation, il donne l'ordredu débarquement, 122 ; chargePé<strong>la</strong>ge de l'évacuation des postespar les troupes coloniales, 123 ;ce qu'il dit à ces troupes, 124 ; i<strong>la</strong>urait évité des malheurs à <strong>la</strong>Guadeloupe s'il eût pu n'agirqued'après ses lumières, 125 ; fait desdispositions militaires contre <strong>la</strong>Basse-Terre, 126-127 ; y est reçuà coups de canon par Delgrès,128 ; fait écrire aux révoltés parPé<strong>la</strong>ge, 128 ; à <strong>la</strong> tête des grenadiers,il attaque les retranchemens,etculbute l'ennemi, 12g-130 ; forme le siége du fort Saint-Charles, 131 ; arme 600qu'il avoit fait arrêter, et sedes nègreslouedé leur bravoure et de leur fidélité,133 ; dispositions de sestroupes dans l'attaque duMatoulîa,141 ; il oblige les noirs à se fairesauter à d'Angletmont, 142 ; s'occupede ramener le calme dans<strong>la</strong> colonie par de sages règlernens,143-144 ; il arrête le coursdes exécutions, 145 ; ses effortspour comprimer les réactionsles désordres, 148 et suivantes;il envoie en France les membresdu conseil provisoire, 150-151 ;réintègre, avec pompe, le capitaine-généralLacrosse, 153 ; termineson honorable carrière ;deuil public, décret pour éterniserson nom, 154-155.RICIN, ou Karapat, p<strong>la</strong>nte employéedans <strong>la</strong> médecine, I, 69.RICOUARD, ( intendant de <strong>la</strong>Martinique),est arrêté et déportéetparl'oligarchie coloniale révoltée,II, 285 à 289. (Voir LAVA-RENNE.)RIVIÈRE SALÉE ; étendue et communicationsde ce bras de mer, I,222 : de grands travaux y furentexécutés, en 1766, pour <strong>la</strong> communicationde <strong>la</strong> Basse-Terre à<strong>la</strong> Grande-Terre, II, 320 : uncanal pour conduire l'eau à <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre, fut construit,sous les agens du directoire, jusqu'à<strong>la</strong> Rivière Salée, et détruit,en 1802, avec son réservoir, I,259 : reçoit le dégorgement dedeux ruisseaux d'eau douce, 260.R o c h a m b e a u , père, (lemaréchalcomte de) est envoyé au secoursdes États-Unis d'Amérique avec12,000 Français sous ses ordres,et une foule de volontaires, à <strong>la</strong>tête desquels bril<strong>la</strong>it le marquisde La Fayette; associés à l'immortelWashington, ils firentmettre bas les armes à lordCornwallis,à ses 8000 Ang<strong>la</strong>is, etconsolidèrent <strong>la</strong> liberté des Etats-Unis, II, 352.ROCHAMBEAU, fils, ( lieutenant-général)est nommécommandantgénéraldes îles du Vent, à <strong>la</strong>Martinique, II, 406 ; on refusede le recevoir avec son expédition,et il se rend à Saint-Domingue,408-409 : revient depersonne à <strong>la</strong> Basse-Terre, y estsolennellement reconnu, et vacommander à <strong>la</strong> Martinique, 421à 424 ; attaqué par les Ang<strong>la</strong>is etles émigrés, il les bat et lessaforceà se rembarquer 431 à 433 ; attaquépar une expédition formidable,il capitule après de bril<strong>la</strong>nsefforts,437 à 440 et note 2 decette dernièrepage.Rocherupés, est choisi pour agentprovisoire à <strong>la</strong> Guadeloupe,III, 53.ROCOU,arbrisseau servant aux sauvagesponr se peindre le corps ;en Europe sert à colorer <strong>la</strong> cirejaune, I, 76.


( 517 )ROSES (bois de), grand arbre, dontle bois est propre i faire de beauxmeubles, et sent toujours <strong>la</strong> rose,I, 77.ROSES, ces fleurs viennent sanssoins, I, 70.ROUSTANENQ, ( chef d'administration), seconde de ses lumières,et de son intégrité . les vuesd'économie du conseilprovisoire,III, 115 ; est nommé préfet, parintérim, 178 : détails de son administration,179 : est renommé,en 1816, ordonnateur de <strong>la</strong> Guadeloupe,: est remp<strong>la</strong>cé, en1823, par M . Lacour, 423, note.ROUYER, ( adjudant-général ), faitpartie de l'expédition de Huguesà <strong>la</strong> Guadeloupe, en 1794, III,15 : prend d'assaut le fort Fleurd'Épée,18 : sa mort, 22.SSABA : notice sur cette île hol<strong>la</strong>ndaise,II, 179 ; les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong>prennent en 1801, III, 68 ; rendueà <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>nde, par le traitéd'Amiens, elle est prise par lesAng<strong>la</strong>is en 1810, 258.SARLINIER : arbre superbe qu'ontrouve dans quelques îles, I, 76.SAINT-BARTHÉLEMY : statistique decelte île suédoise, I, 339 à 342 ;M. de Glugny en fait <strong>la</strong> remise,en 1784, à <strong>la</strong> Suède, II, 540 ; lesAng<strong>la</strong>is s'en emparent en 1801,III, 67 ; tentative <strong>la</strong>ite à <strong>la</strong> Guadeloupe,contre cette île redevenuesuédoise, 211 ; en 1815, ellesert de refuge aux Guadeloupéensproscrits, 404 ; un comité ytrame, le projet de soulever <strong>la</strong>Guadeloupe ; <strong>la</strong> station françaisey va faire d'inutiles perquisitions,420, 421.SAINT-CHRISTOPHE : notice sur cettecolonie ang<strong>la</strong>ise, II, 173 (note) ;sa prise par les Français en 1782,335 ; est rendue à l'Angleterre en1783, 337 ; est rançonnée par lesFrançais en 1805, III, 187.SAINT-DOMINGUE : Colbert procureà <strong>la</strong> France <strong>la</strong> partie ouest decette île, origine de cette colonie,II, 247 ; les boucaniers etles flibustiers, 248 à 252 ; elleest détachée du gouvernementgénéral des îles, et en forme unparticulier, 282 ; conduite de sescolons à Paris, au moment de <strong>la</strong>révolution,II, 348-349-351 ; lesAng<strong>la</strong>is veulent <strong>la</strong> ravir à <strong>la</strong>France, III, 11 ; les conseilslégis<strong>la</strong>tifs s'occupent sans succèsde ses troubles, 51 ; système deculture adopté par Toussaint,55 ( note ) ; expédition du généralLeclerc pour cette colonie,117-118 ; motifs qui font reprendreles armes aux nègres, 154 ;elle est perdue pour <strong>la</strong> France,170 ; conduite des Ang<strong>la</strong>is à l'égardde St-Domingue, 345 ( voirSAMANA ).SAINT-KUSTACHE : notice sur cetteîle hol<strong>la</strong>ndaise, II, 179 ; les Ang<strong>la</strong>is<strong>la</strong> prirent en 1781,les-Français<strong>la</strong> leur enlevèrent bientôtaprès, 332-333 ; ayant été prisepar les Ang<strong>la</strong>is, elle est reprisepar Victor Hugues en 1795, etrestituée a <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>nde, III, 4.6 ;les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> reprennent en 1801,68.SAINT-FRANÇOIS : statistique de cequartier, I, 269-270 ; meurtred'une dame sur une habitationde cette paroisse, en 1816, 387 ; .l'esprit d'insurrection s'y propageen 1793, II, 429; <strong>la</strong> goëlettel'Agile y attérit en 1815, III,348 ; les Ang<strong>la</strong>is l'attaquent etsont repoussés, 373.SAINT-GEORGES (le célèbre) créolede <strong>la</strong> Guadeloupe , sa biographie ,I, 300.SAINT-JEAN (une des Vierges) : no­


( 518 )tice sur cette île danoise, II,217 ( note ).commettent toutes sortes de vexations,III, 67.SAINT-JEAN ( morne) : positionenface de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, où lesSAINTE-LUCIE : premier établissementfrançais dans cette île,II,Ang<strong>la</strong>is se fortifièrent en 1794,III, 19-20-21-25 ; capitu<strong>la</strong>tion215 ; on y établit un entrepôt demarchandises étrangères, 55-58 ;des Ang<strong>la</strong>is à Saint-Jean,devenunotice sur cette île ang<strong>la</strong>ise, 214le Quiberon des Antilles, 34.SAINT-MARTIN : statistique despartiesfrançaise et hol<strong>la</strong>ndaise decette île, détails historiques, I,330 à 338 ; est prise par les Ang<strong>la</strong>isen 1794 II, 442 ; est reprisepar Victor Hugues, III,46 ; les Ang<strong>la</strong>is s'en emparent en1801, 67 ; tentative des Ang<strong>la</strong>isqui leur est funeste, 217 ; estprise en 1810, 258.SAINT-SAUVEUR, bourg du quartierde <strong>la</strong> Capesterre, incendié en1802, par Ignace, III, 136 ; lesAng<strong>la</strong>is y débarquent en 1815,384.SAINT-THOMAS ( une des îles Vierges) : notice sur cette île danoise,II, 217 ( note ) ; les Ang<strong>la</strong>is<strong>la</strong> prennent en 1801-, III,67; en 1815, elle sert de refugeaux Guadeloupéens proscrits,404.SAINT-VINCENT ( ile de ) : lesCaraïbesse l'étaient réservée, noticesur cette île ang<strong>la</strong>ise, II, 231 etnote ( voir DOMINIQUE ) ; Saint-note 2 ; les Ang<strong>la</strong>is l'envahissent,243 ; ils l'abandonnent,257 ; cette île, restée aux Français,est prise en 1778 par lesAng<strong>la</strong>is, 331 ; retourne à <strong>la</strong>France par le traité de 1783, etreste fidèle à <strong>la</strong> république en1792, 408 ; est prise par les Ang<strong>la</strong>is1794, 440 ; les Françaisen<strong>la</strong> reprennent sous les ordres ducommissaire Goyrand, III, 44 ;ils <strong>la</strong> perdent l'année suivante,47 elle est restituée à <strong>la</strong> France,;162 ; les Ang<strong>la</strong>is <strong>la</strong> prennent àl'improviste, elle leur reste, 170 ; eton y trouve en grande quantitédes serpens à morsure mortelle,scorpions venimeux,I , 92, et des97.SAINTE-MARIE (quartier de <strong>la</strong> Guadeloupedépendant de celui de<strong>la</strong> Capesterre) : son ancienneté,sa description, I, 229-230 ; lesAng<strong>la</strong>is, favorisés par un habitant,y opèrent leur débarquementen 1810, III, 248.SAINTE - HOSE : Statistique de ceVincent est donnée auxAng<strong>la</strong>isquartier, I, 215 à 216 ; Lolive etpar le funeste traité de 1763,317 est prise par les Français en;1779, 331 ; est rendue aux Ang<strong>la</strong>isen 1783, 337.SAINTE - ANNE : statistique de cequartier, I, 267-268, fédérationqui s'y forme en 1791, II, 386 ;l'esprit d'insurrection s'y propage,429 ; des habitans y sontégorgés en 1802, par une bandede noirs, III, ; trois b<strong>la</strong>ncs158de ce quartier, accusés de s'êtremis à <strong>la</strong> tête des noirs, sont suppliciés,mitraillent159 ; les Ang<strong>la</strong>is le bourg en 1815, 374.SAINTE-CROIX : notice sur cette îledanoise, II, 21G note ; les Ang<strong>la</strong>is<strong>la</strong> prennent en 1801, et yDuplessis y font le premier établissement,185 ; abandon decette partie pour le quartier duVieux-Fort, 197; arrestationsfaites, en 1808, à Sainte-Rose,2l3-2]6.SAINTES ( îles des ) : statistique deces îles, avantage de leur rade,I, 316 à 320 ; sont prises par lesAng<strong>la</strong>is en 1794, II, 441 ; ils yforment un camp de Français réfugiés, III, 112-119; rendues à<strong>la</strong> France par le traité d'Amiens,on y forme un dépôt de nègresprévenus de révolte, 145 - 228 -229 ; les Ang<strong>la</strong>is y éprouvent unéchec , 185 ; leur importance ,leurs forts et leur garnison , en


( 519 )1809, 229-230 ; sont attaquées etprises par les Ang<strong>la</strong>is, 231-232 ;reprise de possession,après quetout y a été enlevé ou détruit,321 ; M. de Linois accorde auxAng<strong>la</strong>is <strong>la</strong> permission de les occuper,343 ; elles sont prises sansdéc<strong>la</strong>ration de guerre, 372.SAISONS : on n'en connaît que deuxauxAntilles. 1, 9 ; quelle est <strong>la</strong>plus favorable pour arriver auxcolonies, 15.SALAGER ( famille deb<strong>la</strong>ncs ) , estmassacrée par des noirs en 1801,III, 3.SAMANA (presqu'île de Saint-Domingue): motifs qui déterminentune expédition française às'y rendre, en 1822,sujet, III, 418 à 420.détails à ceSANDAL citrin : son bois brille commeune allumette, I, 72.SANGS-MÊLES (voy.GENS DE COULEUR.)SAPOTILLIER: arbre des plusintéressans,sa description, celle de sesflleurs et de ses fruits, I, 56 ; estd'un rapport considérable dansl'île de Curaçao, 56-57.SARTELON ( commissaire - ordonnateur)procureur du roi près leconseil de guerre qui prononce,en 1816, sur le sort des deuxchefs de <strong>la</strong> Guadeloupe, III,442-443.SAUTERELLES ; il y en a de plusieursespèces, I, 96.SAUVAGES de <strong>la</strong> Terre-Ferme et duBrésil importés aux Antilles, I,110.SAVON : Morne d'où les Ang<strong>la</strong>is canonnaient<strong>la</strong> Pointe-à-Pltre, en1794, III,SAVONNIER : arbre àsavonnettes,des plus gros et des plus durs, propreaux constructions ; son fruitproduit l'effet du savon, I, 76-SCHMALTZ (major de p<strong>la</strong>ce) : sonarrivée à <strong>la</strong> Guadeloupe, III,322 ; on le peint sous des couleurspeu favorables, notice surcet officier, 328 ; Il exerce uneinfluence fâcheuse sur le gouverneur,329-331-333 ; repoussé parle conseil supérieur, il est autoriséà y prendre séance, 334; p<strong>la</strong>intesgénérales contre lui, ellessont envoyées au ministre, 335-336; appréhensions que cause soninfluence, emprunt de 500, OQO f.,330 ; il assiste à <strong>la</strong> réception faiteau commandant ensecond,mandé au sujet de cet emprunt,34o ; son voyage à <strong>la</strong> Martinique,342 ; <strong>la</strong> correspondance du gouverneuravec les Ang<strong>la</strong>is, à <strong>la</strong>quelleon lui attribue <strong>la</strong> plusgrande part, inspire de trèsfâcheuxsoupçons, 342 et suiv. ;un détachement le garde a vue,357 ; le détachement est retiré, etson influence reste <strong>la</strong> même,358-359 ; le gouverneur désire leconserver, 560-361 ; il se fait revêtirdu titre d'envoyé pour porterau gouvernement impériall'adhésion de <strong>la</strong> colonie, dépensesfaites à ce sujet, 367-268 ; saconduite à son arrivée en France,569 et note ; décorations,grades et honneurs qu'il obtient,456.Scio, île de <strong>la</strong> Méditerannée,donnele premier exemple du traficdes hommes, notice sur cette îleet sur les massacres des Grecs, I,142 et note.SCOLOPENDRE ou bête à mille pieds,SCORPION : ce qu'il a deaux Antilles, I, 97.SÉNÉCHAL : premier magistratétabliaux colonies, I, 366.particulierde 12 pouces de long, I, 97-SÉNÉCHAUSSÉES : leur compositionet leur objet, I, 571; furent détruitesen 1792, 373 ; rétablies,en 1802, sous le nom de tribunauxde première instance, 376 ;en 1814 elles reprirent leur nomde sénéchaussées, 385 ; en 1819on leur rendit le nom detribunauxde première instance, 589 ;leurs attributions, 391.SENSITIVE : description et propriétésde cette p<strong>la</strong>nte il y en a de deuxespèces, I, 78.


( 520 )SÉRIZIAT (général de brigade) : envoyépour commander lestroupesde <strong>la</strong> Guadeloupe, en 1801,va débarquer à Marie-Ga<strong>la</strong>nte,III, 119 : il s'attire l'estime desGuadeloupéens, qui l'invitentinutilement à venir les gouveruer,119 ; va se réunir an généralRichepance, 121; est chargé de<strong>la</strong> défense de <strong>la</strong> Rivière-salée,126 ; se porte vers <strong>la</strong> Basse-Terre,culbutte les rebelles et coopèreau siége du fort, 132-133-i54; meurt regretté, 154-SERPENT àmorsure mortelle ; trèscommunà <strong>la</strong> Martinique et àSainte-Lucie, est inconnu dansles autres îles ; particu<strong>la</strong>rités à cesujet, I, 92.SESMAISONS (le comte Donatien de):colonel-rapporteur près le conseilde guerre, qui prononça, en1816, sur le sort des deux chefsde <strong>la</strong> Guadeloupe, III, 442-443 ;il porta dans le procès des formesdélicates et tous les égardsqu'exige le malheur, 45o.SIMAROUBA, arbre qui communiqueson amertume à tout ce qu'onfait cuire à son feu ; son éCOBceguéritles dissenteries, I ,73.SIROPS (gros) ou mé<strong>la</strong>sses ; ce quiles produit, I, 27-28 ; commercedes sirops avec les étrangers, II,57-68-69 (voir COMMERCE).SKINNER (major-général) : remp<strong>la</strong>cel'amiral Cochrane à <strong>la</strong> Guadeloupe,III, 293-294 ; sasurprisea l'arrivée des commissaires duroi de France, élude <strong>la</strong> remisede <strong>la</strong> colonie, 3o5 ; lutte opiniâtre,306-507 ; bruits a<strong>la</strong>rmans semésdans <strong>la</strong> colonie, 311 ; refused'établir un droit sur lescargaisonsfrançaises, 314 ; ses tergiversations,315 ; convient enfinque le pavillon français sera arboré,516 ; il s'y refuse de nouveauet ne le <strong>la</strong>isse hisser qu'aprèsavoir opposé beaucoup de difficultés,319 ; diffère <strong>la</strong> remise de<strong>la</strong> caisse coloniale, etabandonne,sans en prévenir les Français,les dépendances de <strong>la</strong> colonie,après qu'elles ont étéspoliées,320 ; il élude <strong>la</strong> remise de<strong>la</strong> Grande-Terre,et cette partieest tellement dépouillée, qu'il nes'y trouve ni poudre ni canonpour saluer le pavillon du roideFrance, 321 ; ses troupes démontentet jettent à <strong>la</strong> mer deux canonsempruntés à un naviremarchand, 322; reçoit l'ordre delever tons les obstacles, 3?.3;sondépart et état pitoyable dans lequelil <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> colonie, 324-325.SOL : celui des Antilles estdix-huitfois plus productif que celuid'Europe, I, 21.SOLDAT ou Cancelle, espèce de cancre,I, 104.SOLEIL : son lever et son. coucheraux Antilles, <strong>la</strong> différence du méridienen produit une de 4heures15 minutes entre Paris et cescontrées, I, 16.Soufleur, cétacée qu'on croit êtrele dauphin de <strong>la</strong> Méditerranée,est commun dans les mers desAntilles, I, 80.SOUFRIÈRE de <strong>la</strong> Guadeloupe : sadescription, I, 171 à 174.SOURIS : importées par communication; elles font de grandsravages. I, 103.SPIGÊLE OU Brinvillier, p<strong>la</strong>nte médicinalevermifuge, I, 69.STATION navale aux îles du vent ;elle fut établie, en 17S4, pour réprimer le commerceI, 341.interlope,STIVENSON, grande p<strong>la</strong>ine à 400toises de <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre, où.le général Richepance passa <strong>la</strong>revue des troupes, III, 123,Ignau y fut défait par Pé<strong>la</strong>ge,138.STRACHAN (amiral ang<strong>la</strong>is),avec4 vaisseaux et 4 frégates , prendun contre-amiral <strong>la</strong>nçais et ses4 vaiseaux, III, 196, 197.SUCRE (voyez canne a sucre) :droits dont il fut d'abord im-


( 521 )posé, II, 48 ; jauge des batiquesde sucre, 88, note (voyezCULTURE,COMMERCF, FINANCES):les ang<strong>la</strong>is établissent, à <strong>la</strong> Guadeloupe,un droit de sortie surles sucres, III, 264.SUCRERIE : son intérieur et sonadministration,I, 138, 139.Suède : fause politique où elle se<strong>la</strong>issa entraîner, III, 210, 211 ;son pavillon sert à réintroduire,à <strong>la</strong> Guadeloupe, les noirs misen dépôt aux Saintes, 229 ;traité, de 1813, qui lui cède <strong>la</strong>Guadeloupe, dont elle n'a pasle temps de prendre possession,275 ; elle cède à <strong>la</strong> France sesdroits sur cette colonie, 300.SUPPLICE de <strong>la</strong> cage de fer: leplusaffreux qui ait été inventé, n'étaitconnu que des Ang<strong>la</strong>is, III ;159, 160.systèmecolonial : variations qu'il àéprouvées depuis son origine, I,343-360 ; après <strong>la</strong> tourmente révolutionnaire,le gouvernementcolonial fut réparti entre troischefs. III, 70-71; <strong>la</strong> positionparticulière des colonies exige unpouvoir fort et réprimant, 71-73 ;<strong>la</strong> France rassure les colonies,74 ; l'ancien système est intégralementrétabli, eu 1802, à <strong>la</strong>Guadeloupe, 153-154 ; il estcontinué,en 1S10, sous les Ang<strong>la</strong>is,260 ; les gouverneurs, les intendanset les lois antérieures à <strong>la</strong>révolution sont rétablis en 1814.5oo-5d2; changemens survenusen 1818, 416.TTABAC ou Petun : origine de cellequatre tableaux de popu<strong>la</strong>tion ;p<strong>la</strong>nte, oppositions que sonusage22 à 20: des trois tableaux derencontre en Europe, anecdotescurieuses à ce sujet, I, 46, 47 ;ses quatre espèces, sa culture,sa r é c o l t e et sa préparation, 48,49 et 50 ; progrès de sa cultureet entraves qu'on y a mises, II,31, 52 ; ferme du tabac,note ; droits aux quels il fut d'abordimposé, 48 ; tombe à vil prix,191 ; on n'en cultive aujourd'huique ce qui est nécessaire à <strong>la</strong>consommation des habitans, 02.TABAGO (l'île de) : les Ang<strong>la</strong>is<strong>la</strong> prennent sur les Hol<strong>la</strong>ndais ;notice sur celte île ang<strong>la</strong>ise, II,257 ; les Français <strong>la</strong> prennent en1781, 332 ; elle leur est cédée parle traité de 1783, 337 ; les Ang<strong>la</strong>iss'enemparent en 1793, 430 ;cédée auxFrançais, par le traitéd'Amiens, elle leur est enlevée ;en 1803, par les Ang<strong>la</strong>is, III,170.TABLEAUX au nombre de 14, à <strong>la</strong>(in du vol., II. Explication desIII.culture, n° 5 , 6 et 7, pages 41,42, 43 : des deux tableaux decommerce, n° 8 et 9, pages 63à 69 : du tableau n° 10, de capitationet d'imposition, en1789, page 84 : du tableau n° 12,sur les impositions, de 1821,page 95 : du tableau n° 13, desdroits perçus sur les denrées en1788 ; et de ceux perçus en 1822,liage 94: du tableau n° 14, oudroits perçus dans les ports,page100.TAFIA OU Rum : liqueur produitepar <strong>la</strong> canne à sucre ( voyezRUM.)TAMARINIER : arbre précieux importéd'Afrique , usage de sonfruit,I,61.TASCHER (le baron de), présidentà Monier du parlement d'Aix ,nomme d'abord intendant de <strong>la</strong>Guadeloupe, est destiné pour <strong>la</strong>Martinique , II, 323 : fait unvoyage à <strong>la</strong> Guadeloupe , 323;37


( 522 )TATOU ou Armadille, quadrupèdeTazartcrustacée, I , 103.: poisson avide, très-bon àmanger, quandsa chair n'est pasempoisonnée, note à ce sujet, I82.TÉMÉRICOURT(neven de M. Houel),vient à <strong>la</strong> Guadeloupe avec sononcle le chevalier et fait des dispositionscontre son oncle le gouverneur,II, 230 ; partage qu'ilsfont de <strong>la</strong> Colonie, 230, 231 :est rappelé en France, 237 : etrenvoyé par le généralde Tracy, 241.ProuvilleTempérature : celle des Antilles,I, 6 et 7.TENTATIVES de l'Angleterre sur l'A-Irique, I, 152 et suiv.THERMOMÈTRE . ses divers degrésaux Antilles, I, 7, 9 ; à <strong>la</strong>Guadeloupe, 7, note; maximumde sa hauteur pendant l'hivernage,10 ; après cette saison, 15.THOISY-PATROCLES ( M. de) : estnommé pour aller remp<strong>la</strong>cerauxîles le commandeur de Poincy,qui ne veut pas le recevoir, II,page 2o5 ; guerre civile, 204 etsuiv. ; il établit, à <strong>la</strong> Guadeloupele conseil souverain et un conseilde guerre, II, 206 ; est forcé dese réfugier à <strong>la</strong> Martinique, oùil est livré aux troupes de M .dePoincy et transféré prisonnier àSt.-Christophe, où on l'embarquepour <strong>la</strong> France, 208.TILLY ( le comte d e ) , lieutenantde Roi, gouverne par interim,<strong>la</strong> Guadeloupe, II, 323.TONNERE : gronde surtoutpendantl'hivernage, I , 10 ; rarementaprès, 15.TORTUE : ses trois espèces, leurponte hors de <strong>la</strong> mer, I, 83 et84.TortUE (île de <strong>la</strong>), est vendue àl'ordre de Malte, notice surcette île, II, 216-217, 247 à 250.TOURLOUROU : crabe, plus petit queles autres, couleur de l'eu, I,104.TOURTERELLES : leur espèce est trèsvariée,I,86.TRACY (M. de), (voirPROUVILLE).TRAITE des nègres : les Portugaisl'introduisent, les Espagnols lesimitent, les Ang<strong>la</strong>is tes surpassent,143 ; cruautés de l'amiralHawkins, sa mort, 144 ; les Françaissont plus humanis dans cetrafic ; leur première loi à ce sujet,145, II, 262 ; peinture dunavire négrier, I, 146 ; établissemenssur <strong>la</strong><strong>la</strong> traite, I, 147 ; cellecôte d'Afrique pourqui se faisaitannuellement avant <strong>la</strong> révolution,148 ; comment se réalisel'abolition de <strong>la</strong> traite, 156.TRAITES sur le trésor, seivent àpayer les dotations descolonies,II, 105 ; envoi qu'on en fait à <strong>la</strong>Guadeloupe, en 1809, III, 240;servent à payer les dettes de <strong>la</strong>Colonie aprês <strong>la</strong> capitu<strong>la</strong>tion,254 ; motifs du décret qui lesannu<strong>la</strong>, et dispositions subséquentes,254, 255 et note.TRAITÉS ; celui de neutralité concluen faveur des Colonies, II,269 ; est violé par les Ang<strong>la</strong>is,270 ; traité de paix, en 1763,funeste à <strong>la</strong> Fiance, 316 ; celuide 1783 modifie les articles honteuxdu précédent, 336, 337 ;Le traité impolitique de commerce,en 1786, est fatal auxColonies, 342, 343 ; traité deParis du 30 mai 1814, III, 299:conditions de ce traité à l'égarddes Colonies, 500 ; traité deParis du 20 novembre 1815,410 ; restitution à <strong>la</strong> France de<strong>la</strong> Martinique et de <strong>la</strong> Guadeloupe,412.TRAVAILLEURS (corps de), créé,en1779, à <strong>la</strong> Guadeloupe, I I ,.45.TREMBLEMENS de terre: leur fréquenceaux Antilles , observationsqu'on y fit lors de celui de Lisbonne.en1755, celui de Cumana,en 1797, de Caracas, en 1812 ,I, 12 et 13 ; principaux tremble-


( 523 )mens de terre qui ont affligé <strong>la</strong>Guadeloupe, 291 à 297.Tbésor : son personnel, II, 106.TRIBUNAUX ( voyez JUSTICE. )Trinité (l'île de <strong>la</strong>) Ang<strong>la</strong>ise : sertde refuge aux émigrés de <strong>la</strong>Guadeloupe, II, 414, 415 : àceux de <strong>la</strong> MARTINIQUE, 417 ;statistique curieuse de cette île,417, note.TROIS-RIVIÈRES : statistique de cequartier, I, 234 à 238. Vingtdeuxb<strong>la</strong>ncs sont massacrés sursix habitations des Trois-Rivières,II, 427 ; le bourg est incendié,en 1802, par Ignace, III, 136 ;adresse des habitans de ce quartierau ministère britannique,294, note ; les Ang<strong>la</strong>is débarquentaux Trois - Rivières, en 1815,385.TROMPETTE (bois de) grand arbre, I,TROMPETTE de mer, ou Buccin,dont <strong>la</strong> coquille sert de trompette,I 85.Troude (chef de division arrive,avec une escadre . aux Saintes,III, 229 : ne néglige rien pourse garantir des entreprises desAng<strong>la</strong>is, 230 : est obligé d'appareiller,avec ses trois vaisseaux,231.TROUPES (voyez ÉTAT MILITAIRE.)VVACCINE : sa découverte est un bienfaitpour les colonies, III, 417.VANILLE, sa description, lieux oùelle croit, I, 37 note.VATABLE (le colonel) se fait présensentersous de fausses couleursdans un almanach historique,III, 8e page de <strong>la</strong> note ; commandele poste de Bel-Air, 251 ;s'engage imprudemment avec lesAng<strong>la</strong>is qui le mettent en déroute,252 ; le 62e refuse de luiobéir, 358 ; le lendemain matin,il se met à <strong>la</strong> tète des officiers, etvient féliciter le gouverneur sousde nouvelles couleurs, 363 ; donneà M. Schmaltz un certificatd'attachement à Napoléon, 368;sa bril<strong>la</strong>nte adresse à l'empereuravec une demande de croix d'honneur,notice sur cet officier, 371 ;changement qu'on remarque danssa conduite, 377 ; sa lettre à unhabitant, 378 ; comité réuni àce sujet, 078 ; suspension decet officier, 379 ; il a deux entretiensavec le gouverneur, etlui annonce que <strong>la</strong> colonie seraattaquée le lendemain, 380-381 ;sa première conférence avec, legénéral Leith, 395 ; il vient braverle commandant en secondquand il est arrêté, 396 ; il f<strong>la</strong>ttel'orgueil des Ang<strong>la</strong>is après <strong>la</strong>prise de <strong>la</strong> colonie, 398 ; au lieude suivre son régiment, il resteau milieu des Ang<strong>la</strong>is, et se rendà <strong>la</strong> Martinique ; dans quel but,432 ; il égare M. de Guilhermy,en obtient des louanges outrées,singulière accusation contre lecommandant en second, 433,le procès ne devait pas avoir lieu,mais à son arrivée à Paris . M . Vatablefait, mettre cet officier enjugement, 434-435 : manière dontil s'y prend pour en obtenir l'adressede <strong>la</strong> Pointe-à-Pitre ;bruits qu'on répand dans lessociétés de Paris, 435-436 ; accolytcsqu'il se donne ; on lereprésente comme ancien gentilhomme, et les bureaux cèdent àson crédit, 436 : éloge pompeuxqu'on fait de lui au conseil, 448:il élude <strong>la</strong> réc<strong>la</strong>mation de l'accuséBoyer contre une Odieuseimputation , par <strong>la</strong> crainte dedévoiler tout le mystère, 449 ;il obtient l'objet de ses désirs :<strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce du condamné, avec le


( 524 )grade de maréchal-de-camp. etc.,456 ; son départ pour <strong>la</strong> Guadeloupe,tout resplendissant dutitre et des honneurs qu'il venaitd'acquérir, 412.VAUCRESSON, (ordonnateur), partde France avec le commandant ensecond de <strong>la</strong> Guadeloupe, III,301 ; dépêches et instructionsdont ils sont chargés, 5o2; détailssur leur arrivée dans <strong>la</strong> colonie,lutte opiniâtre qu'ils ont avec3o5;les Ang<strong>la</strong>is, 3o6 ; notice sur cetordonnateur, qu'on voit d'intelligenceavec l'administrateur desAng<strong>la</strong>is, 307-308-309 ; prend aveccet administrateur des mesures re<strong>la</strong>tivesaux finances, et en reçoitdes reproches, 312-313,- signaturedu procès-verbal de restitution,316 ; instal<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Courd'appel, 319 et suiv. il se lie;avec le major de p<strong>la</strong>ce, et tousdeux exerçent une influence lâcheusesur le gouverneur, 02c) ;destruction de l'atelier des nègrespionniers, n'accorde les fournitureset le monopole des jeuxque par priviléges, 530 ; p<strong>la</strong>intesde <strong>la</strong> colonie, 331 refuse à l'intendant:tous les documens né­cessaires, 332 : et à <strong>la</strong> chambred'agriculture <strong>la</strong> communicationdu budget, 355 : il conserveses attributions, 334 fait établir:sur les boissons un impôtpernicieux, 335 : p<strong>la</strong>intes généralescontre lui, elles sont adresséesau ministre, 336 : son dévouementaux Ang<strong>la</strong>is inspiredes soupçons, 342 : un détachement357 ; estle garde à vue, abandonné par le gouverneur,560 : il part et va joindre lesAng<strong>la</strong>is, 361 : déficit dans <strong>la</strong>caisse de <strong>la</strong> colonie après son départ,365-366; il centre avec lesennemis, 398 faveurs qu'il obtient;à son retour à Paris,457.les marchés c<strong>la</strong>ndestins, sa confianceétonnante, notice à son,sujet, 3310 ; avoue être le fermierdu privilège sur les boissons, exaspèreles habitans par ses vexationset s'étaie abusivement dunom de l'intendant, 335 ; annonceimprudemment à <strong>la</strong>Pointe-à-Pitre,par deux lettres confidentielles,<strong>la</strong> prochaine arrivéedes Ang<strong>la</strong>is, 352-353 ; il part,avec son frère, et va joindre lesAng<strong>la</strong>is, 361 ; il rentre avec lesennemis, 398 ; à son retour à Paris,il est nommé secrétaire-généralde <strong>la</strong> nouvelle intendancede <strong>la</strong> Guadeloupe, et revienten France poursuivi par des p<strong>la</strong>intesamères du gouverneur, 457.VAUGIRAUD (le vice-amiral comte,de)est nommé gouverneur de <strong>la</strong>Martinique, III, 5oo ; y reçoitles Ang<strong>la</strong>is, 344 ; dénonce <strong>la</strong>déloyautéde l'amiral Durham àl'égard do <strong>la</strong> goëlette l'Agile,349-357 ; envoye trois bâtimensfrançais pour coopérer à l'attaquede <strong>la</strong> Guadeloupe, 585 ; se prononceavec énergie au sujet de <strong>la</strong>sentence rendue par le conseilguerre, 455.deVÉGÉTATION : elle ne s'arrête jamaisaux Antilles, est encore plus extraordinairesur le continent, I,21-22.VENTS : les vents d'est ou alisés tempèrent<strong>la</strong> chaleur, ils viennentd'Afrique, leur soufle est continuel,<strong>la</strong> cause de cephénomèneest encore inconnue, I , 7 et 8;quels sont les autres vents quirégnent passagèrement auxAntilles,8 et 9.VERS-A-SOIE (Voy.Mûrier).VER-PALMISTE est produit par lepalmiste-franc,et bon à manger, I,59.VESOU : c'est le jus de <strong>la</strong> canne àsucre,I, 27; moyen trouvé, en1815, pour remp<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> chaux ,dans l'épuration du Vesou, II,VAUCRESSON (Auguste) frère aînéde55-56. (voir CANNE A SUCRE ).l'ordonnateur, est l'agent detousVESPUCCI (Americ) : enlève à Colomb<strong>la</strong> gloire de donner sor


( 525 )nom, à <strong>la</strong> 4° partie du mondeavait découverte, II, 169.qu'ilVICTOIRE (morne de <strong>la</strong>) : ce qu'ilétait autrefois, I, 256-257 ; <strong>la</strong> vietoireque VictorHugues y remporte,en 1794,sert à consacrerle nom qu'il porte, III, 24.VIEILLE : poisson comme <strong>la</strong> morue,mais qui pèse jusqu'à 100I, 83.livres,VIERGES (les îles): notice sur ces îles,II, 205.Vieux-Fort : statistique de ce quartier,I, 239 à 241 ; Lolive y construitle fort qui a donné son nomau quartier, II, 197 ; sert de réfugeà un parti de révoltés, en 1802,III, 136.VIGNE : elle rapporte sept fois endeux ans à Cumana, I, 21 note3 ; aux Antilles deux fois par an,22 ; des p<strong>la</strong>ntes d'Europe, <strong>la</strong>vigne est celle qui réussit le mieuxaux Antilles, on n'y voitcependantpas, de vignobles ; pourquoi,67.VILLA RET de Joyeuse (l'amiral) ;capitaine-général de <strong>la</strong> Martinique,I, 4 de l'avant-propos ;idée qu'il donne de <strong>la</strong> positionmorale d'une colonie, III, 72 ;sa prise de possession de <strong>la</strong>Martinique, où il devait <strong>la</strong>isserles souvenirs les plus f<strong>la</strong>tteurs,162 : se concerte avec le généralErnouf, 164 ; l'attitude imposanteoù il p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> Martinique .ôte aux ang<strong>la</strong>is, eu 1803,l'enviede l'attaquer, 170, 171 : estçonsulté sur <strong>la</strong> direction <strong>la</strong>avantageuseplusà donner aux opérationsde l'escadre de l'amiralMissiessy, 184 ; fait enlever auxang<strong>la</strong>is le fort du Diamant, 193 ;son vœu de pouvoir t attaquerNelson, 194 : un fugitif de <strong>la</strong>Guadeloupe, qu'il accueille,lui en témoigne une singulièrereconnaissance, 225, est attaquépar les Ang<strong>la</strong>is, et obligéde capituler après une vigoureusedéfense, 226 ; persécutionsqu'iléprouve ; son honnorable réhabilitation,226 et note ; le sabre,remis à son ancien aide-deca m p , comme gage de sonsouvenir, est enlevé par le généralLeith, 395 et note.VILLENEUVE (l'amiral) commandeune expédition combinée auxAntilles, but de celte expédition,III,190, 191 ; ce but est manquéune première fois, note de<strong>la</strong> page 188 ; pouvaitsurprendreune escadre ang<strong>la</strong>ise devant Cadix,195 ; reste deux joursdans l'inaction au fort Royal,enfin se détermine à aller attaquerles colonies ang<strong>la</strong>ises, avec unsurcroitde troupes qu'il se faitdonner, 193 ; instructions à sesofficiers, 194 ; n'attaque pasNelson et retourne en Europe,195 ; le grand p<strong>la</strong>n contre l'Angleterremanque une secondefois, désastre de Trafalgar,suites de cette défaite,mort del'infortuné Villeneuve, 196,197.VIN : celui de Bordeaux estconsomméde préférence, aux Antilles,à celui de Bourgogne, quiest trop léger pour résister auxeffets de <strong>la</strong> mer, I, 67.Violiers ou giroflées, fleurs quivégètent sans soins, I, 70.VOLAILLE ; elle n'est pas généralementaussi bonne que celle denos basse-cours, I, 85, et l'errata5 e de <strong>la</strong> pEge 527.VOLCANS : celui de l'île Saint-Vincenten 1812, I, 15 ; celui de <strong>la</strong>Guadeloupe, 171 à 173.VAPEURS : ce qui les produitAntilles , leur effet ,I,17.auxVOLONTAIRES (corps de), créé en1782, II, 146.


( 526 )WWARNER, capitaine ang<strong>la</strong>is, s'établità Saint-Christophe, avecDesnambuc, II, 173.zZoophitesmarins, p<strong>la</strong>ntes marines,I, 79.


ERRATADES DEUX PREMIERS VOLUMES.TOME PREMIER.Pages 22 lignes I au lieu de qu'elle reçoit, lisez qu'ellesreçoivent.22 4 au lieu de lui envoie, lisez leur envoie.61 2e, au lieu do grosse partie, lisez mincepartie.70 28 au lieu de Corrossol, lisez Corossol.85 18 au lieu de est généralement meilleure,lisez n'est pas généralement aussibonne.184 13 au lieu de Richepanse, lisez Richepance.184 15 au lieu de Richepanse, lisez Richepance.195 10 au lieu de erparti, lisez reparti.211 25 au lieu de c'est celui où, lisez c'est lequartier où.234 5 au lieu de bananniers, lisez bananiers.252 3 au lieu de le ville, lisez <strong>la</strong> ville.391 24 au lieu de postes, lisez emplois.393 6 au lieu de 9, 800 fr., lisez I, 800 fr.407 8 au lieu de 25o à 55 milliers, lisez 5o à55 millons pesant.TOME DEUXIÈME.Pages 21 lignes \ 5 au lieu de 15 messidor an XIII , lisez13 messidor an X,


( 528 )31 17 au lieu de M. Houel , lisez M. Lolive,32 13 au lieu de Guadelope, lisez Guadeloupe.46 1 au lieu de 2 à 3 demi-barriques , lisezdeux à trois barriques et demie.46 2 au lieu de quatre et demi, lisez quatrebarriques et demie,i 35 pagination au lieu de 335 , lisez 135.174 16 au lieu de pri-e, lisez patrie.206 20 au lieu de souverein , lisez souverain.273 1 au lieu de <strong>la</strong> Guadeloupe , lisez à <strong>la</strong>Guadeloupe.302 millésime au lieu de 1733, lisez 1743.3 millésime au lieu de 1662 . lisez 1762.320 10 au lieu de Nolivos , lisez de Nolivos.321 14 au lieu de Nolivos , lisez de Nolivos.363 millésime au lieu de 1709, lisez 1790.386 2 au lieu de Mondtenoix , lisez Montdenoix.422 36 Au lieu de huile de pétrof, lisez huilede pétrole.TOME TROISIÈME.Pages G/| lignes 1 au lieu de fregate ang<strong>la</strong>ise , lisez fré"gate des Etats-Unis d'Amérique.


N° I. TABLEAU de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Guadeloupe,et dépendances, depuis 1700, jusqu'à <strong>la</strong> révolution.NOMBRE DESANNÉESBLANCS. LIBRES. ESCLAVESTOTAL.OBSERVATIONS.1700 3,825325 6,725 10,875 D'après Dutertre et Raynal.1710 4,689 58o9,706 14,751715 5,613 572 13,271 19,4561720 6,238 8951725l73011,3007,4339761,26217,184 24,3l731,53926,80143,8l5 Ces états doivent être inexacts ; les recherches,pour en obtenir de plus précis,35,496 Ont été vaines.(I)1739 9,358 Dont 2944 hommes ou garçons portantarmes.1753 9,134 40,525 50, 160178117901759 9.643 41,140 50,783 D'après Raynal.1767 11,863 762 72,761 85,0761772 12,737 1,17577,957 91,8691774 12,500 1,300 80,000 90,8001777 12,700 1,350 84,100 98,1501779178513,27113,4091,3821,84285,33784,23299,97099,48313,599 1.969 85,290 100,8581786 13,433 2,236 88,551 104,2201788178913,46613,71213,9693,0443,0583,12585,46189,82392,545101,971106,593109,639Extrait de l'Almanach de 1782.Marie-Ga<strong>la</strong>nte, les Saintes et <strong>la</strong> Désirade,ont seules fourni l'état de leur contingent.La partie française de Saint-Martin ne l'afourni que depuis <strong>la</strong> révolution.(I) Par suite d'un coup de vent qui ravagea, en 1738, toute <strong>la</strong> Grande-Terreet <strong>la</strong> partie nord de <strong>la</strong> Guadeloupe, beaucoup d'habitans, ruinés, quittèrent <strong>la</strong>colonie, et l'état de recensement envoyé, cette année, par le gouverneur deClieu, fit connaître que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se trouvait de beaucoup diminuée. L'annéesuivante, 1739, le gouverneur et l'ordonnateur firent ensemble <strong>la</strong> tournée detoute <strong>la</strong> colonie , et envoyèrent au ministre les états les plus exacts sur <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, sur les cultures et les améliorations à faire ; mais il a été impossiblede seprocurer ces états. (Extrait des années 1738 et 39 des Archives de <strong>la</strong> Marine.


N° 2 . TABLEAU, par quartiers, de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tionde <strong>la</strong> Guadeloupe, pour l'année 1790.(Au 1 er janvier 1791).NOMS DES QUARTIERS. BLANCS. LIBRES. ESCLAVES. TOTAL.Basse-Terre-Saint-François942327 3,342 4,611Basse-Terre 703 310 3,747 4,760Baillif 231 58 2,034 2,323Habitans (Vieux)429 77 2,554 3,060Bouil<strong>la</strong>nte 321 69 2,354 2,744Pointe-Noire 339 66 1,487 1,892Deshayes 137 54 785 976Sainte-Rose 358 135 ,2,864 3,357Lamentin477 77 2,904 3,458Baie-Mahaut208 98 2,708 3,074Petit Bourg 321 202 2,937 5,460130Goayve 47 1,392 1,5693155,020Capesterre 1795,514421Trois-Rivières127 2,498 3,046Vieux-Fort319 31 886 1,236Parc et Matouba 9153o65o295,802 1,886 38,042 45,730Pointe-à-Pître et A b y m e s . . . . 1,074 242 6,726 8,042Gozier 481 634,107 4,651Sainte-Anne1367397,619 8,494Saint-François. 532 56 0,982 4,570M o u l e . . 929 165 6,759 7,853Anse-Bertrand 345 59 2,897 3,301Port-Louis 352 62 3,o56 3,470Petit-Canal . . . . 418 66 4.648 5,132Morne-à-l'Eau.. 690 107 3,656 4,4535,56o 956 43,45o 49,966Marie-Ga<strong>la</strong>nte1,960 217 9,660 11,837Les Saintes 42928 698 1,155Désirade 218 58 695 951TOTAUX13,969 3,125 92,545 109,639Nota. D'après ce tableau, <strong>la</strong> Pointe-à-Pître l'emporte sur les autres quartierspour le nombre des b<strong>la</strong>ncs ;La Basse-Terre, pour les libres et les affranchis ;Et le quartier de Sainte-Anne, pour les esc<strong>la</strong>ves.On n'a point compris, dans cet état, les agens du gouvernement et <strong>la</strong> garnisonEuropéenne, ni les individus qui, n'ayant pas de propriétés, ne faisaient pas partiedes dénombremens (I).(I) Les dénombrement ou recensemens sont les listes, des individus, fournie par les colonspour établir <strong>la</strong> capitation.


N° 3. TABLEAU de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Guadeloupe,et dépendances, depuis 1802 jusqu'en 1820.ANNÉES180218o3180418051806180718081809NOMBRE DESBLANCS, LIBRES. ESCLAVES11,96011,28813,30418,63212,61313,36112,851l4,61014,9126,7056,3726,9446,4406,5456,48487,15688,2o594,91298,416100,035100,674102,989100,763TOTAL. 1113,726115,291112,904118,092120,611119,727122,895120,098O B S E R V A T I O N S . 9Les institutions coloniales ayant été réta­Mies, comme en 1709, on ne reconnutpour affranchis, que ceux qui avaient reçuun acte de liberté du gouvernement,et leur nombre se trouva considerablementréduit.Maximum qui n'a pu être atteint à aucuneautre époque.Les états de 1810et 1811ont été emportéspar l'administration ang<strong>la</strong>ise.l8l212,6597,78890,089110,53618131814181518161817181812,90112,99712,49012,93313,33413,7827,9707,7867,7927,9468,2618,70085,59584,81483,98782,040 102,96978,287106,466105,597104,26999,88282,342 104,824181914,1439,12885,407108,678182014,0929,15288,397111,641182112,8028,60487,998109,404Dressé le 2 mai 1922.Nota Voir l'observation p<strong>la</strong>cée sur le Tableau n° 4 ; elle s'applique à tous lesétats de popu<strong>la</strong>tion.I


N° 4.de 14 ans.TABLEAU de <strong>la</strong> Popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> Guadeloupe et Dépendances, au 2 mai 1822.N O M SD E SBLANCS. G E N S D E C O U L E U R LIBRES. ESCLAVES.ILES.VILLES ETQUARTIERS.Hommesde 14 à 60 ans.Femmesde 14 à 60 ans.Garçons.au-dessousFillesau-dessous de 14 ans.Infirmeset sexagénaires.TOTAL.Hommesde 14 à 60 ans.Femmesde 14 à 60 ans.Garçonsau-dessous de 14 ans.Fillesau-dessous de 14 ans.Infirmeset sexagénaires.TOTAL.Hommesde 14 à 60 ans.Femmesde 14 à 60 ans.Garçonsau-dessous de 14 ans.Fillesau-dessous de 14 ans.Infirmeset sexagénaires.TOTALT O T A LGÉNÉRAL.OBSERVATIONS.Partiede <strong>la</strong> Guadeloupe.Partiede <strong>la</strong> Basse-Terre.Basse-Terre, villeBasse-Terre,Pare et MatoubaBaillifHabitansBouil<strong>la</strong>ntePointe-Noire| DesbayesSainte-RoseLamentinBaie-MahautPetit-BourgGoyaveCapesterreTrois-Rivières.Vieux-FortPointe-à-Pitre...AbymesGozierSainte-Anne . . .Saint-François.MouleAnse-Bertrand..Port-LouisPetit-Canal . . . .Morne-à-l'Eau..Marie- Grand-BourgGa<strong>la</strong>nte.Capesterre..Vieux-For....LesLaSaintes.Désirade..Saint-Martin,extra-muros46417162476625891107075151147488815698159103188548711410820813395140113714951352548655o7781856655125o838190717299153981683881879925216582106821091986310224O293785o36213o6244.23426081455741103243135691061085545585219110967122843284043547253252241392588453663510124525448129112375o546725861161362171112210111119731183o162751513193913111519161,4574618016623516023357276285193204401782912392,5105243134652935871432463o33457345312603562843571564062260265473o40646410555o4341798085629819384410311128142563o43352113572228816II105751685681186810999115553416565o136155222732546189359224O953832245o33754395402566754257392625621091791983117832516351558128203639435592405565o5o2463132824100131571048589517104828101111115122160 2,176191214265111419294332101,014168361122177624L3415515426622238220218243193o832118039460157387504846094511655431,0891234974373491199551,0108879292381,0507451691,3951,0097481,6371,4792,2011,1351,2681,7816671,229798487189.898857291,19014449363751545o1509651,1649679802851,1747891841,4281,1119251,8561,5272,3011,2291,3382,0468791,4768805932142530624284074018422919019059391487327416894484021016094635o66336531,04446841377528874956232814219740697457571852172021886134834230135599411532906213234677395209844694348o528874o5693101141973662752010570137983416119114316857258191412802413oo44433853632328252417140220417250842752,3883,4185841,4601,6501,4811,2754o52,8203,1942,6252,8487683,3412,4595854,5553,1472,9465,3094,5177,0663,6245,7355,9312,2934,5g62,9931,8907099202,8904,8594,0475001,7382,1001,7171,7494943,2513,6533,o843,2748463,7392,9788489,0193,9903,5676,0954,9908,0473,8276,3913,0235,8345,6o82,2101,1691,2353,412La popu<strong>la</strong>tion des villes de <strong>la</strong> Pointe-à-Pilre et de <strong>la</strong> Basse-Terre, est plus considérable,en b<strong>la</strong>ncs, que ce Tableau nel'annonce, car ceux que le commerce yattire, les locataires, et généralementceux qui n'ont ni biens-fonds ni esc<strong>la</strong>ves,ne sont pas scumis à l'état de dénombrement.On peut en dire autant des honnîtes decouleur libres et sans propriétés, quiabondent dans les villes et dans les bourgs.Comme tous les dénombremens ne sontni exacts ni sincères, on croit ne pas s'é-Joi»ner de <strong>la</strong> vérité en estimant d'un, vingtièmeau plus, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui échappeau domaine, soit par négligence ou pour sesoustraire aux droits.Cette observation s'applique aux étatsde popu<strong>la</strong>tion des années précédentes.Cependant les dénombrement de l'année1821ayant été plus sincères, l'étatde popu<strong>la</strong>tion de cette époque est beaucoupplus exact que ceux des années précédentes.4,270 4,118 1,800 1,863 751 12,802I,85I3,129 1,561 1,536527 8,6o426,728 29,81412,624 11,968 6,86487,998 109,404


N° 5TABLEAU DES CULTURES DE LAGUADELOUPE.ANNÉES.17101715172017301753175517671777Sucreries. Indigoleries. Coton pieds. Cacao pieds. Café pieds.60 66 Un bon nombre. Peu.»111 34 id. id. »1276 id. id. »168 5 1,447,000 3,650 »252 » 10,400,000 11,850 20,000331 » 7,450,000 25,8501,254,0003344.6,849 2,257,000341 12,157,000 134,292 5,88l,00037813,628,000 289,506 16,738,000588 11,975,000 45o,ooo I.8,800,000Chevauxet mulets.1,6009,220Bêtesà cornes.3,700Moutons, Porcsou Chèvres.15,740 25,4ooOBSERVATIONS.C'était le fruit de G5 ans de travaux.Ces relevés ont été faits sur les documens les plus officielsqu'il a été possible de se procurer pour ces époquesreculées; mais on sent combien peu il faut comptersur l'exactitude de plusieurs détails minutieux.La partie française de Saint-Martin n'est point comprisedans ces évaluations, parce que cette île n'a jamaisenvoyé ses denrées à <strong>la</strong> Guadeloupe, où l'on nes'occupait guère des faibles produits de sa culture.Les 368 sucreries occupaient 26,088 carrés de terre.ANNÉES.Cannes.CARRES DE TERRE PLANTES ENCafe. Coton. Cacao. Vivres.<strong>Manioc</strong>.TERRES ENSavannes.Fricheset Boisdebout.TOTALdesTerres.ChevauxNOMBRE DES BESTIAUX.Bêtes Moutons,Mulets.cornes. cabris.Cochons.NOMBRECabrouetsDES MOULINS A SUCREetà à àeau. vent. bêtes. CharrettesOBSERVATIONS.178117851790M1804180518061808180926,47226,97022,68614,82121,20719,44321,05620,3937,0007,0238,6075,3726,2096,4037,0766,7828,2007.9028,7662,8343,4432,8192,4572,565190 8,9628,98011,0424,2254,9634,6918,5555,4321761783,8494,8235,0775,3734,35718,70319,77017,22115,45813,37417,32823,65420,61933,99119,77048,64262,76856,02852,58640,75858,169103,51890,621117,142109,317109,317109,317109,317109,3173,8014,0924,9372,1822,3512,5oo2,8452,7283,7693,7634,3884,6755,1345,9305,55o6,25811,53412,25616,71811,99211,26213,13914,710l3,293l5,08812,390l4,2018,4979,61610,21713,41914,2752,7774,6702,9921,5041,4551,2871,8101,456145148133126123128137132148139140281286278263253221220425o4741767057181,1458551,0498171,3581,328En 1781, il existait 399sucreries et 2270cafeyères, ou autres.H A B I T A T I O N S P L A N T E E S E NTOTALÉTENDUE DES TERRES EN CARRÉTOTALBESTIAUX.MOULINS A SUCREANNÉES.Cannes. Café. Coton.Cacao.<strong>Manioc</strong>,vivres.Jardinages, Petitsétablissefourrages.I mens.desHabitations,enCulture.enSavannes.enFriche.en boisdebout.desTerres.Chevaux. Mulets.Bêtesà cornes.Moulonscabris.eau.àvent.abêtes.0BSERVATIONS.(2)18121813181418151816181718181819182018215833833923863894484574845095091,3811,3811,4011,4271,4281,0609739331,0141,2443843844o23833864284284865o67118898815111311253243241593052492432783o426366667276749449169288957093,4903,4623,3633,5o43,2992,2002,1042,1942,3412,75035,50255,55255,33o35,23535,07135,31034,15634,05935,04439,48723,61020,80923,81425,35613,70417,20217,25217,38635,56624,0259,80417,15818,34718,32127,99145,78745.79845,78745,57145,57842,63542,65542,62341,78020,5l2104,899104,939104,931104,242104,151112,505112,390112,389112,390112,0152,5022,5162,5612,5602,3306,2875,2876,4476,5794,79813,177l3,82214,21714,27021,62310,63310,84011,04511,28512,921l321361 3 714220422222.5233222105117158179197La partie française deSaint-Martin, qui, depuis1810,n'a pas envoyé dedénombremens à <strong>la</strong> Guadeloupe,n'est pas comprisedans ce travail.(I) Les fouilles de dénombremens antérieures à 1794 furent brûlées lors de l'incendie desuppléer, en partie, à cette <strong>la</strong>cune, par le Tableau supplémentaire n° 6.(2) Les états de 1810 et 1811 manquent, les Ang<strong>la</strong>is les ont emportés.I établissemens de <strong>la</strong> Basse-Terre, et ce n'est qu'en 1804 qu'on a commencé à les reprendre. On a cherché à


N° 6. TABLEAU supplémentaire, donnant un aperçu de <strong>la</strong> Culture et des Revenus de <strong>la</strong> Guadeloupe.ainsi que de ses dépendances, au 23 septembre 1801 (1er vendémiaire an 9).NOMBRE DES PROPRIÉTÉS EXISTANTESau 23 septembre 1801.PROPRIÉTÉS SÉQUESTRÉES.Au 23 septembre 1801, le gouvernement colonial possédait, enSucreries 395Cafeyères 1,365A Coton 55o 2,314A Cacao 9A Vivres 15oA Fourrages 45. . . .propriétés séquestrées, depuis 1794, tant grandes que petites, noncompris les restitutions faites à diverses époques :A <strong>la</strong> Guadeloupe 907A <strong>la</strong> Désirade 5A Marie-Ga<strong>la</strong>nte 69A Saint-Martin 2.41,005.Sur lesquelles se trouvaient 41,129 nègres, de tout âge et deREVENUS.toutsexe.Elles rapportaient annuellement,par adjudication:Biens séquestrés 7,435,289 liv.Sucre terré. 8,006,850 livres à 70 liv. le % (I) 4,204,795 liv.Douanes, environ 1,700,000Droits sur les prises des corsaires, 10 et 15 p. 0/0 1,000,000Droits sur les jeux publics, 792 liv. par jour.. 289,080Sucre brut.. 1,489,250 id. à 45 liv. le 0/0 670,962 liv. 10 s.Coton 57,360 id. A 266 liv. le 0/0 152,551Café 915,760 id. à 25 sols <strong>la</strong> liv. I,144,700Rum 4,550 gallons à 3 liv. 13,680Total, argent des colonies10,424,369liv.Faisant, en francs, à 1662/3.... 6,254,621 fr. 40 C.Non compris :Les caisses des invalides et des biens vacans..Leur produit était af­L'impôt sur les propriétés territoriales fecté aux dépenses dé-L'impôt de 10 pour 0/0 sur les maisonspartementales et communales.L impôt sur 1'industriePropriétés louées en numéraire, telles que leshabitations à vivres ou à fourrages... 448,600 10Les maisons séquestrées, dans les villes etdans les bourgs, non compris celles réservéespour le service public, produisaient 800,000DEPENSES.Les dépenses du gouvernement colonial étaient évaluées, annuellement,à <strong>la</strong> somme approximative de.... 8,500,000 liv.Ou en francs5,100,000 fr.Il y avait donc, entre <strong>la</strong> recette et <strong>la</strong>dépense, en faveur de <strong>la</strong> caisse publique,une différence de 1,154,621 fr. 40 cTotal, argent des colonies 7,435,289 liv.En francs 4,461,173 fr. 40Il restait, en outre, quelques propriétés nonaffermées, faute d'enchérisseurs, ou par défautde cultivateurs attachés à ces propriétés, dont<strong>la</strong> valeur était estimée à 20,938 liv. des colonies,ou en francs 12,562 80(I) Terme moyen des mercuriales hebdomadaires de l'année,


N° 7.TABLEAU des Cultures, Manufactures, Moulins et Bestiaux de <strong>la</strong> Guadeloupe et Dépendances, au 2, mai 1822, établiparQuartiers.NOMSCARRÉS DE TERRE PLANTÉSMANUFACTURESMOULINSBESTIAUX.DESILES.DESVILLES ET QUASRTIERS.en Cannes.en Caféen Coton.en Cacao.en <strong>Manioc</strong>.en Vivres.en Friches.en Bois debout.en Savannes.TOTAL.Sucre.à Café.à Colon.a Cacao.à Vivres et <strong>Manioc</strong>.à eau.à vent.à bêtes.Chevaux.Mulets.Anes.Bêtes à cornes.Moutons et Cabris.OBSERVATIONS.Partiede <strong>la</strong> Guadeloupe.Partiede <strong>la</strong> Grande-Terre.Marie-Ga<strong>la</strong>nteBasse-Terre, ville . . . . . . . .Basse-Terre,Parc et MatoubaBaillifHabitansBouil<strong>la</strong>ntePointe-Noire .. .Desbayes.Sainte-RoseLamentinBaie-MahautPetit-BourgGoyaveCapesterreTrois-RivièresVieux-Fortextra-murosPointe-à-Pître (ville)AbymesGozierSainte-AnneMSaint-FrançoisouleAnse-BertrandPort-LouisPetit-CanalMorne-à-l'EauGrand-BourgCapesterie..I Vieux-Fort.LesLaSaintes..Désirade.Saint-Martin60029615010492288257208788001939554576»5539551,6652,1612,7731,6601,8162,205340963439301»958»504145143413253274481523162502872620831884364258269»184»3o31780842031848»9612234356451128»9.5221 323()2:1356»962215334110713037013» » » »194 75867» 12 21 136» 129 30 3403 105 60 812» 112 47» 104 85 691» » 5 »1 160 284 1,5811 114 207 2,448» 123 190 2,329» 33 20 168» 31 141 257» » 171 90»710862615o65812S81,4142 23 24 145809 92» 203 167 452 1,2532,32410 261 185 768 1,0235675304171 90985375822392247861,98481614 3l 19 2o3 745 10915 535 218 855 5711,72.52202102 345 3379033 49 14 964219418 121 188 1,166 5939 123 205 1,318 2553 187 317 2,054 972« 170 365 1,027224» 255 60G 1,936 574» 125 260 1,65373« 65 282 935 107» 1973811,6901,2262 66 142 1,308 9435219163913074525616L4227726432988587771,9771,1212,1481,4461,1642,0467301,2931,074S62482161,2403,6l4566I,5722,4352,0882,9851,1825,38o5,85o4,1295,1581,3414,8812,6945o5133,7783,4527,6575,3078,7175,2734,3697,8693,8705,1364,7994,7545471,0992,99714111445118221621720111»171l4456552526491228141 I27»102332573628819475565579386822»1088170»32V»1023925433»»»15»373856»I»212520»218625706122»29635772560555»»11423113231»»»1436765587782181)15121081282481586135251511145311821121752110155»»»3I»»123213D3825»1»»I»»222»»2»271 501»»»II10341135.51111»»2785122632231354102886712526810105957715986171746611072148102114»51878 61335o18 880 53258161321519518717933184121812417118126 28395 43166 5620 8301 4513 6445 18124 162867779»231106112G(i49»121439034109421153261901632682738201,045711»23276043674241,2107121,9591,2961,1691,2591,3051,8046941,04680g610118273970G293151101231392255o190282238264104581321116182273837546748821,1225701,0341921,015992629260240867CULTURE.Le nombre de rarrés de terres cultivées,porté sur cet Etat, est plus considérableque celui porte sur l'Etat de 1820.Les cultures en coton ont seules diminuedu quart. 9668 carrés ont été mis enfriche ; niais on a abattu 21,268 carrés debois debout, qui ont été livres à <strong>la</strong> culture.Les terrains consacrés à toute autreculture qu'à celle du sucre, sont extrêmement,divisés et morcelés, ce qui, parun un effetinverse de ce qui arrive en Europe,est contraire à <strong>la</strong> prospérité des colonies,où on ne peut entreprendre, avecsuccès, qui ; de grandes exploitations, etavec de forts capitaux, qui sont hors de <strong>la</strong>portée des petits propriétaires.Les manufactures, c<strong>la</strong>ssées hors de <strong>la</strong>colonne de celles à sucre, ne réunissent,à très-peu d'exceptions près, qu'un petitnombre de negres. Ces nègres, moins surveillés,travaillent beaucoup moins queles autres, et donnent à ces établissemenssi peu d'importance, qu'ils sont journellementabsorbés par les sucreries.Les cafeyères ont, cependant, augmenté,en 1821, à cause du prix élevé ducafé. Les manufactures à sucre se sontaussi beaucoup accrues. L'augmentationdes cotoneries paraît moins réelie, parceque plusieurs bahitaus vivriers, pour sesoustraire à <strong>la</strong> capitation, se sont déc<strong>la</strong>réscoloniers ; mais ils ont été atteints par l'arrêtédu 21 juillet 1821, qui fixe deux nègrespar carré de terre cultivé en coton etcafé, et impose les autres terres commeétant employées à <strong>la</strong> culture des vivres.Les chevaux ont diminué d'un dixième,les mulets q'un peu plus du quart ; maisles betes à cornes ont augmenté de prèsde moitié, et les moutons et cabris, d'unseptième.22,023 5,330 2,747108 4,073 5,206 27,99120,5l2 24,025 1112,0151,244509711 23 26314222297,33o 4,798 38721,62312,921


N°8.D O U A N E .TABLEAU sommaire du Commerce des Ports de <strong>la</strong> Guadeloupe et Dépendances, à partir de 1789 jusqu'en 1821.(I)IMP EXPORTATION. DENRÉES EXPORTÉES.É P O Q U E S .ANÉES.Bâtimens. Sommes. Bâtimens. Sommes. Sucre terré. Sucre brut. Café. Cacao. Coton.Rum-Tafia.Sirop.Canéfice. Girofle.OBSERVATIONS.liv. liv. liv. liv. liv. gallons. gallons. liv.6 derniers mois de 1780536 8,44l,287 461 8,955,450 11,472,100 1,462,000 1,725,845 10,000 575,600 1,219 5,002 I2,8006 derniers mois de 17906 derniers mois de 1792 687 17,072,518 575 l5,862,332 12,108,100 628,900 7,126,050 30,500 248,650 428 1,766 9,200(An XI.) septembre 1802 à septembre. 1803 573 18,093,710 517 I7,045,176 9,525,890 8,965.470 3, 130,800 15,640 327,026 16,389 995,908 2I,48o624 10,350,560 555 l3,203,868 10,541,55o 1,533,350 6,529, 150 24,300 639,600 621 2,788 600 »(An XII.) id. 1803 à id.... 1804 94043,148,212 809 25,262,523 12,959,120 15,930,450 4,897,342 21,33o 492,210 7,650 954,200 19,320 »(An XIII.) id. 1804 à id 1805 841 45,567,470 718 32,656,691 11,342,760 22,567,120 4,420,630 20,620 751,325 3,429 I,l45,8l0 25,760Et jusqu'au 5 février 1810, époque1805 171 9,703,246 156 7,365,397 3,463,900 4,340,100 861,250 1,620 187,720 2,778 332,340 » »1806 782 52,737,010 764 41,852,418 13,637,025 27,285,061 6,155,024 31,680 581,550 11,070 1,595,9221807 6o5 39,337,480 575 50,350,594 14,027,702 26,177,330 3,876,893 24,376 1,042,931 3,48o 1,230,736 »1808 336 29,144,840 325 12,680,767 6,147,278 7,99,772 5,537,956 108,198 278,514 31,968 551,000 »1809 311 13,443,838 244 7,564,665 4,143,814 4,242,840 4,582,010 78,434 182,428 9,320 107,071 2,710 »de <strong>la</strong> prise de l'île. litres. liv.Du 1er janvier au 10 août I8I5 46 4,825,579 44 6,017,258 4,594,624. 4,646,752 1,658,022 18,146 390,746 12,952 » 1,272Du 29 juillet au 31 décembre 1616 63 5,000,562 54 5,727,079 3,083,274 8,590,760 1,082,264 4,910 277,434 13,643 438,773 4,546(2) 1817 100 4,463,599 9917,203,782 7,462,317 27,588,854 2,034,601 3,007 348,363 96,219 785,067 » 3,516La colonie n'a pas encore envoyé en 1818 123 9,148,296 133 18,214,283 5,935,450 37,879,364 1,961,420 23,402 459,540 674,252 » 656France ses états de commerce pour 1819 86 6,423,231 112 15,213,948 5,844,184 50,282,018 2,035,036 87,678 24.7,028 34,848 » » 2,4901821.1820 120 12,030,270 123 16,989,808 5,104,878 37,791,360 2,075,896 190,594 132,066 100,252 558On n'a pu comprendre dans ce Tableau,<strong>la</strong> commerce que <strong>la</strong> Guadeloupe a faitavec l'étranger ; il n'est pas connu aux.douanes, mais on en voit l'aperçu dansce chapitre du commerce.Le commerce interlope ne peut pas,non plus, y être porté ; on doit l'évaluerà un quart des résultats du Tableau, etsouvent, à un grand tiers.De 1792 à 1:803, les événemens qui sesont passés à <strong>la</strong> Guadeloupe se sont opposésau relevé de son commerce.Depuis 1810 jusqu'à <strong>la</strong> fin de 1814, l'îlea été occupée par les Ang<strong>la</strong>is, et les exportationsse sont faites pour l'Angleterre.Les résultats de 1815 et 1816 sont imcomplets,parce que, pendant l'occupationfrançaise, le commerce n'était pasencore réglé, et que pendant l'occupationang<strong>la</strong>ise, les denrées furent exportéesen Angleterre.(I) L'importation consiste en :(2) En vertu d'une Ordonnance coloniale, du 22BOISSONS. — VinsEaux-de-vie.Huiles.Bijouterieset Orfévreries.Produits ruraux.Tissus. — Lin etChanvre.[janvier 1817, les Etrangers exportèrent, cette année,|6 mille barriques de sucre?ou 6 millions pesant.Liqueurs de touteespèce.Monnaies d'or et d'argent.Laine.Farines de touteespèce.Papiers.Soie et Coton.Ouvrages en fer et en fonte.Peaux préparées ououvrées.Verreset Cristaux.Chapeaux fins et communs.Poissonssalés.Divers autres objets.


N° 9TABLEAU de <strong>la</strong> Navigation commerciale de <strong>la</strong> France avec <strong>la</strong> Guadeloupe,de I8I5 à 1821.NOMBREdes navires.TONNAGE.NOMBREd'hommes d'équipage.VALEURdes marchandisesANNÉES.partis pour <strong>la</strong> arrivés de <strong>la</strong>Guadeloupe. Guadeloupe.départ. arrivée. départ. arrivée.importées de <strong>la</strong>Guadeloupe.exportéespour <strong>la</strong>Guadeloupe.OBSERVATIONS.fr.fr.1815 47 44 9,869 8,6l4 720 6636,017,258 4,825,57913,9761816 63 34 22,739 8,472 1,045 5615,727,079 5,000,5221817 100 9922,871 1,767 1,00214,711,948 4,463,5991818 123 133 50,687 32,070 2,173 2,019 l8,2l4,283 9,148,2961819 86 112 23,097 26,947 1,425 1,562 15,213,948 6,423,2511820 120 123 28,914 29>477 2,288 1,803 16,989,808 I2,o5o,2701821 110 145 2,826 34,462 2,210 2,111 19,376,668 9,330,069Les résultais de I8I5 et 1816sont incomplets, parce que, pendantl'occupation française, lecommerce n'était pas encore réglé,et que, pendant l'occupationang<strong>la</strong>ise, les denrées fureutexportées en Angleterre.Les Ports de France qui ont commercé avec <strong>la</strong> Guadeloupe, et qui ont expédié les Naviresmentionnés, sont :Marseille...Bayonne...Bordeaux...LaNantesLorientRochelle.Mor<strong>la</strong>ix....Saint-Malo..Cherbourg..Houfleur...RouenLeHâvre...1815 1816 1817 1818 1819 1820 18212 4 5 10 7 12 13» » » » 3 9 518 33 37 4931 44 425 » » 1 » 25 5 14 • 29 20 21 19» »1 »1 » » » »2 X X 2 X I X1 » 43 2» 1 »I1 2 I » »11 l6 34 29 21 31 23ci-dessusImportations arrivées de <strong>la</strong> Guadeloupeen France, et évaluées,depuis 1815 à 1821, aux prixciaprès,par les Douanes :Sucre terré....95 fr. les 100 kilog.Sucre brut.... 65 id.Café 215 id.Coton 230 id.Cacao 13o id.Rum et Tafia.. » 55 c. le litre.Girofle 5F. le kil.Bois d'ébénis -terie et deteinture.... 10 30 c.les 100 k.Les autres articles admis au privilégecolonial, ne sont pas évalués.Dunkerque.Ca<strong>la</strong>is1 I 1 X 1 I» » » » ITotaux.47 63 100 123 86 120 110


N° 10. TABLEAU général des Têtes sujettes à <strong>la</strong> capitation, et de l'imposition des maisons, dans les différentes Paroisses ou Quartiersde <strong>la</strong> Guadeloupe et Dépendances, pour l'année 1789.NOMSdesPAROISSES OU QUARTIERS.B L A N C SEUROPÉENS.Non Ouvriers.Ouvriers.Gens de couleur libres.Sucriers.E S C L A V E SPAYANS DROITS.Cafeyers.Cotoniers.Bourgs.Exemptions déduites.Quantitéde maisons.MAISONS.Prixdes loyers.Droit de quatrepour cent.M O N T A N Tà payerpar les Nègresdes Bourgs,lesgensde couleur,les B<strong>la</strong>ncseuropéens,etpar les maisons,M O N T A N Tà payerparles Nègrescultivateursseulement.T O T A Là répartirdanschaqueParoisse.N O M B R Ed'Esc<strong>la</strong>vessujetsà <strong>la</strong> taxedes Nègresjusticiés.OBSERVATIONS.Saint-François-Basse-TerreLaBasse-terreLe Vieux-FortLesTrois-RivièresLa CapesterreLeLeLesParcBaillifHabitansBouil<strong>la</strong>nteLaPointe-NoireDesbayesLe Grand Cul-de-Sac (Sainte-Rose)LeLaLamentinBaie-MahautLe Petit Cul-de-SacLaGoyave(Petit-Bourg)..Les Abymes ou Pointe-à-PîtreLeGozierLe Morne-à-l'EauLe Mancenillier (Petit-Canal)LePort-LouisSaint-BertrandLeMoule(Anse-Bertrand)....Saint-Fançois-Grande-TerreSainte-Anne883871114a81310124111119212180242526885217021113»14»1»31169I491417 151311410561333471292723191327233o4214934173236729714656785591,9028a6951291251061,0249049851,1485287051085922,4951,7811,5102,5111,5652,0232D6433245843og236200990802622165141690454230501,4811,8511,129»40»598»2,119196174861743982393239266723561121251181996075o257.53o61013297287393861,115418»3519»»1)23»607581247»925243414218938241112329288467572687425817516810816362174241285426l524631762774803231145103o35o8380265»1232»»23»36412578»176332364752910951121liy.414,275199,250»5,4004,975»»»3,300»9,25011,5502,80024,675»45O,ooo11,9009,50015,55029,2505,25o45,15028,600122,450liv.16,5717,970»216199»132»462112987l8,00047638o6141,1702101,806I,I444,898liv.47,98920,5551382,0211,99933o2977980651,2905612,6655,0293,0588,46736845,4842,3233,2955,0186,58141,63710,3494,86415,512liv.4,6249,6782,288.8,67218,6622,1487,7168,2646,5484,9962,12610,46211,82011,10411 ,0365,32o16,95413,97813,01021,18414,89213,39626,58815,47630,442liv.52,61330,3332,42610,69320,6612,4788,0139,0627,2136,2862,48713,12714,84914,16219,5035,68862,43816,30116,30526,20221,47315,03336,93720,34046,o542,0842,3804671,6303,3703951,3091,6101,1739994o51,7552,0221,9302,1699294,1412,6612,4073,4232,4344,5482,7195,365Marie-Ga<strong>la</strong>nteLeGrand-Bourg....La Capesterre( Le Vieux-FortLes Saintes ( L a Terre de-Haut...Les Saintes La terre-de-Bas....La Désirade531618a1482919751»»a5115117211,017497212»»»23,5oo1,41286787716,8343016872721881902838,74318242706022051233233604,4018,0431544318»»1,79465,75012,3756,100»1,477,1502,63o495244»»59,o868,9622,0702,3564384573303,17913,6529,6466,55o7527601,l32323,97622,6l411,7l68,7067959441,075527,1552,9942,0131,34222022334361,521316,293 fr.


1 NN° II.ANNÉES.ETAT des prises faites sur les Ang<strong>la</strong>is, par les Corsaires de <strong>la</strong> Guadeloupe ou par les Bâtimens armés duGouvernement, depuis l'an IV (1795) jusqu'à <strong>la</strong> fin de janvier 1810, époque de <strong>la</strong> prise de <strong>la</strong> Colonie.desCorsaires.O M B R ER E T E N U EFRAISCOMMISSION FRAISPRODUITdes armateursPRODUITDE VENTEde justicedes 5 p. % pouret droitsde 15 cent,pourdesdesetbrutles invalides,netOBSERVATIONS.par 100 fr. des capitainessur les corsaires,l'expéditionattributions auxpour le caissierdes in­et de 21/2 p. %desdesDES PRISES.Armateurs. Prises.DESPRISES.encanteurs. sur les bâtimenscorsaires.valides, etc.liquidations.de l'état.Depuis l'an I V (1795)l'an IX (1801), les prises faitesjusqu'à <strong>la</strong> fin defurent auLes liquidations, opérées par les commissaires civils depolice, furentdéposées auxnombre de358archivés des Colonies, à Versailles, par ordre du MinistreleMarine.An X (1801 et 1802 ) année de p a i x . . . .»An XI 1803.An XII 1804.An XIII 1805.Les prise s, pendantces trois années, sesont mon104Les liquidations des prises faites durant le même temps, restèrent, chez le sous-commissaireCourejolles ; elles furent opérées par les tribunaux de 1re instance, qui continuèrentà se charger de ces liquidations.Les personnes qui ont suivi les ventes des prises estiment que, depuis 1795 jusqu'à 1810,il a été fait plus de 700 prises, dont <strong>la</strong> vente a produit 5o millions argent colonial. Lemontant des 462 prises a donc été, produit net, en livres coloniales d'au m o i n s . . . .25,072,275 77Ce ne fut que depuis l'an X I V , ou depuis le 22 septembre 1805, qu'un commissaire demarine, chargé des prises, tint registre des liquidations détaillées ci-après :An XIV ou 3 mois 1/2de 1805. 16 16 17liv. c.I,6I4,55O o5liv. c.74,5l9 09liv. c.77,444 18liv.c2,196 87liv. c.28,111 70liv. c.5,402 » 1,428,460 561806. 37 38 61 7,902,862 02 455,020 09 368,422 54 10,684 21 269,109 18 26,192 » 6,775,867 451807.39 58 12,487,840 31 970,720 23 615,799 61 16,842 53 207,102 61 27,086 1) 10,662,939 791808. 44 40 65 5,310,334 93 410,249 62 249,103 35 6,981 12 92,803 04 28,229 » 4,530, 155 671809. 32 3o 33 1,213,600 34 143,092 47 55,088 74 1,539 77 20,066 51 12,406 55 982,942 21janvier1810,seulement.4 4 4 992,499 63 35,622 14 497,412 86 3,831 66 1,008 77 599 » 547,358 75175 167 700 29,521,687 28 2,089,223 64 1,863,271 28 42,076 16 618,201 81 100,214 55 5o,OOO,OOO » 3o,ooo 000 fr.


N° 1 2 .ÉTAT général des impositions de <strong>la</strong> Guadeloupe et dépendances, pour l'année 1821NOMSIMPOSITIONS AFFECTÉES AUX DÉPENSES GENERALES.IMPOSITIONS AFFECTÉEST O T A LA U X D É P E N S E S L O C A L E S .CAPITATION DES ESCLAVES DE L4 A 60 ANS.IMPOSITIONS SUR LES LOYERS DES MAISONS.GÉNÉRALdesILES.desQUARTIERS.des villes et bourgs. des é<strong>la</strong>bliss. enTÊTESà 16 f 22 c13 52cl 8 MSOMMES.TÊTESà 8 f 11 cet 5 41vivresSOMMES.LOYERannuel.IMPÔTà 7 1/2, 5et 4 p. % .AdditionnelleDE 6P.°/ 0surles loyers demaisons deTOTAL.<strong>la</strong> Pointe-à-Pître pourles quais.Pour le remboursementdes nègresjustifiés, et autresdépensesdes quartiers.65 centimesadditionnels,par tête,pour les de'-penses ducomité consultatif.T O T A L .DE<strong>la</strong> capitationetautres taxes.Partiede <strong>la</strong> Guadeloupe.Basse-TerreBasse-Terre exBaillifParc et(ville)..t.-mur.Matouba...Habitans.Bouil<strong>la</strong>nte......Pointe-NoireDeshaiesSainte-RoseLamentinBaie-MahautPetit-BourgGoyaveCapesterreTrois-Rivières.....Vieux-FortF.1,260442214V1122l393482470»F. C.20,437 20356 8416 2232 448 11989 421,127 29275 741,108 6432 44567 70170 31» »F.26510123119103131551061351461214146135p. c.» »2,149 15819 11186 53965 09835 33859 661,094 851,184 06981 3132 441,184 061,094 851,013 75F. C.502,055 »» »» »F. C.25,102 75» »» »» »» »» »» »» »» »» »» »F. c.» »F. C.45,539 952,639 99835 33186 55965 09867 771,062 41454 161,849 082,222 L41,459 802,089 9564 881,751 761,265 161,013 73F.1,2682,2799862671,1309527992491,9182,591,8451,9075232,2241,554553F. c.2,054 163,691 981,597 32432 541,83o 601,542 241,294 38403 383,107 160,497 582,988 900,089 34847 263,602 882,485 08571 86F. C.824 201,481 35640 90173 55734 50618 80519 55161 851,246 701,403 551,199 251,239 55339 951,445 60997 10229 45F. C.2,878 565,173 532,358 22606 092,565 102,161 041,813 73565 234,353 864,900 934,88 154,328 891,187 215,048 485,482 18801 31F. C.48,418 317,679 323,073 55792 625,550 193,028 812,876 141,019 396,202 947,123 075,647 956,418 841,252 096,800 244,747 341,815 061,783 25,122 35 1,715 13,908 65 5o2,o55 » 25,102 75 64,133 75 20,393 53,o36 66 13,255 45 46,292 11 110,425 86Pa. tiede <strong>la</strong> Grande-Terre.Pointe-à-Pître...AbymesGosierSainte-AnneSaint-François....MouleMorne-à-l'Eau...Port-LouisPetit-CanalAnse-Bertrand....2,567»1228638212541,636 74» »» »1,649 441,162 722,606 40210 865,164 641,690 »» »236409239207581452622249511,913 963,316 991,908 291,678 77470 081,175 952,124 82178 42397 39413 611,404,375 04» »» »» »105,328 13» »84,262 50» »» »» »» »» »» »» »» »» »233,141 333,3,6 991,938 293,328 211,033 102,812 352,535 685,343 062,087 39413 612,8032,1111,6733,4093,0034,5011,5312,5983,8272,3644,54o 863,419 822,710 265,522 584,864 867,291 622,480 224,208 766,199 743,829 681,821 951,372 151,087 452,215 851,951 952,925 65995 151,688 702,487 551,536 606,362 814,791 973,797 717,738 436,816 8110,217 273,475 375,897 468,687 295,366 28239,504 148,108 965,736 »11,066 648,449 9114,02g 625,811 0511,240 5210,774 685,779 89Marie-Ga<strong>la</strong>nte.Grand-BourgCapesterreV i e u x - F o r t . . . .3,503 54,150 80 1,678 13,608 58 1,404,375 04 105,328 13 84,262 5o 257,350 01 27,820 45,00e 40 18,083 » 63,151 40 320,501 414002625,408 »210 8616 221381,119 l8835 33147 10380,280 10 3,211 29 9,738 471,403 03851 552,7041,6681,0804,380 482,702 161,749 601,757 601,084 20702 »6,158 083,786 362,451 6015,876 555,139 393,303 15428 5,635 08 388 3,146 68 80,280 10 3,211 29 11,993 05 5,45a 8,832 24 3,543 80 12,376 04 24,369 09LesSaintes152 8aa 32 » » 322 32 403 65a 86 261 95 914 81 1,737 13La Désirade46 248 86 248 86 716 04 287 3o 1,003 34 1,252 20Saint-Martin» »RÉCAPITULATION.etGuadelotipedépendances.La Guadeloupe. . . .La Grande-Terre . .Marie-Ga<strong>la</strong>nte. . .LesSaintesLa Désirade.Saint-Martin1,7833,503428»»25,122 3554,150 805,635 08» »» »1,7151,67838815246»3,908 6513,608 583,146 68822 32248 865o2,o55 »1,404,375 0480,280 1025,102 75105,328 133,211 2g»» »» »» »84,262 50» »» »» »64,133 75257,350 0111,993 05822 32248 8620,39327,8205,452403442S3,o35 6645,068 4°8,832 24652 86716 0413,255 4518,083 »3,543 80261 95287 30» »46,292 1163,151 4012,376 04914 811,003 34» »110,425 86320,501 4124,369 091,737 l31,252 20» »TOTAL 5,714 84,908 233,979 31,735 09 1.989,710 14 133,642 17 84,262 50 334,547 99 54,510 8S,5o6 20 35,431 50 123,737 70 458,285 69


N° 13.TABLEAU comparatif des droits perçus sur les denrées de <strong>la</strong> Guadeloupe, tant dans <strong>la</strong> Colonie qu'en France,en 1788 et en 1822, d'après les états de commerce de <strong>la</strong> Colonie, à ces deux époques.1788.Impositions pour les dépenses générales de <strong>la</strong> colonie :Droit d'un p. °/ 0établi par l'article 4 de l'arrêt du3o août 1784, sur les marchandises étrangères18 2 2.Droits perçusdans Contributions directes et indirectes au profit de <strong>la</strong> caisse générale,<strong>la</strong> Colonie,f. C.1,665,735 »licites.Droits perçus Droit additionnel sur les sa<strong>la</strong>isons étrangères pourdans subvenir au paiement des primes accordées aux<strong>la</strong> Colonie, produits de <strong>la</strong> pêche française 1,802,501 liv. 1,201,667 33Droits d'ancrage, pilotage, interprétage, etc. . . . I coloniales.Droits du domaine d'occident, au profit des fermiersgénéraux,sur les denrées introduites eu France, et I\ sur les rums et taffias exportés à l'étrangerDroit d'entrée et de consommation sur les denrées coloniales introduitesdans le royaume, à raison de 5 3/4 p. % de <strong>la</strong> valeurau port d'entrepôt. La valeur au port d'entrepôt étant supposéeDroits perçusen France.Droits d'entrée et de consommation conformémentau tarif des douanes, et d'après les introductionsqui ont eu lieu en 1821.345,733 kil. lois d'ébénisterie, à 10 f. les 100 kil..3S,o66 »990,617 »200,816 »30 »22,840,416 »1,693,374 »95,190 »cacao,café,coton,giroffle,sucre brut,sucre terré,litres tafia,à 80 id.. . .à 60 id.. . .à 10 id.. . ..à 2 f. le kil.. . .à 45 f. les 100 kil.à 70idà 10 f. l'hectolit. .f. c.34,573 303o,452 80594,010 2020,081 6060 »10,278,187 201,185,361 809,519 »Droits perçusenFrance.plus forte de 5o p. °/ 0que <strong>la</strong> valeur au port d'embarquement dans<strong>la</strong> colonie, et cette dernière valeur ayant été, en ce qui concerneles produits exportés en France, de 12,344,097 liv. 10 s. colonn.,le droit de 333/4 p. °/ 0a été perçu sur 12,344,097 liv. 10 s. tournois, ci. 462,904 "TOTAL des sommes perçues à <strong>la</strong> Guadeloupe et en France. 1,664,571 33A ajouterum décime additionnel par franc.12,152,245 901,215,224 5913,367,470 49TOTAL des somnes à percevoir à <strong>la</strong> Guadeloupe et en France. . . . 15,033,205 49OBSERVATIONS.Le montant de l'exportation, en France, a été de 12,344,097 10 s. colon.L'augmentation de 5o p. % pour les valeurs, au port d'entrepôt, en France, est de .Il a été, de plus, exporté aux colonies françaises, en denrées de l'île, p r 11,156 liv.L'exportation à l'étranger, en rums et sirops, a été de <strong>la</strong> valeur de 855,610 liv. .•La valeur totale des produits exportés a donc été de8,229,398 334,114,699 167,437 35570,406 6612,921,941 50OBSERVATIONS.D'après les états de <strong>la</strong> direction générale des douanes, le montant total desimportations de <strong>la</strong> Guadeloupe en France, pendant 1821, a été, valeur aux portsd'entrepôt, les droits non compris, de . 19,376,668 »11 faut ajouter à ces valeur celles des sirops exportés à l'étranger, dont <strong>la</strong>quantité est d'environ 1,200,00 galons à 1 fr. le galon, prix dans <strong>la</strong> colonie, ci. . . . 1,200,000 »TOTAL DE 1a valeur des produits exportés. 20,376,668 >Ainsi, <strong>la</strong> Guadeloupe exportait, en 1788, pour près de |5 millions de denréesElle en a exporté, en 1822, pour plus de 20 millions.Ses charges payées alors étaient de 1,664,572 liv., c'est-à-dire un peu moins du onzième.Ses charges sont aujourd'hui £ plus de 15 millions, c'est-à-dire qu'elles s'élèvent aux trois quartsde ses produits.Ses dépenses générales étaient, en 1788 et 1789, de 1,117,000 frElles sont, en 1823, de 2,85,000 fr., différence en plus 1,736,000 fr.Qu'on dise ensuite que les Colonies sont à charge à <strong>la</strong> Métroole !

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