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LE CONCEPT DE L'AMOUR DANS LESLITT~RATURES FRANGAISE ET TAMOULETHESIS SUBMITTED TO THEPONDICHERRY UNIVERSITY FOR THE AWARDOF THE DEGREE OFDOCTOR OF PHILOSOPHYINFRENCHBYC. THIRUMURUGANUNDER THE GUIDANCE OFDr. R. KICHENAMOURTYPROFESSORDEPARTMENT OF FRENCHPONDICHERRY UNIVERSITYPONDICHERRY - 605 014

DECLARATIONI hereby declare that the thesis Le Concept de Z'Amour duns ZesLittcrnlri~.c~s Pmnqnise et Tarrroule submitted by me in partialfulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophyof the Pondicherry University, is a record of research work done by meunder the guidance of Dr R, Kichenamourty, Professor and Dean,School of Humanities, Pondicherry University.Ifurther submit that this thesis has not been previouslysubmitted to any other University for any other degree.Station: PondicherryDate : 26 1) bLf

REMERCIMENTSJ'ai tout particulierement a coeur d'exprimer toute mareconnaissance au Dr R KICHENAMOURTY, Professeur et Dean,School of Humanities, Universitt de Pondichery qui a bien vouluaccepter de diriger ce travail de recher-che.omJe tiens a remercier :le Dr R VENGUATTARAMANE, Professeur et Chef duDepartment de Fran~ais et le Dr S PANNIRSELVAME,Professeur du Departement de Fran~ais, Universite dePondicherry pour leurs encouragements et leurs conseils aaccomplir ce travail.la Dr NALINI TAMPI, Reader du Departement deFran~ais, Universite de Pondicherry pour Ieurs remarques utilesdans la realisation de ce mlmoire.o tous les autres Professeurs, le bibliothecaire de1'Universite de Pondichery Mr. MEIBALAN, mes ttudiants, mesamis qui m'ont aide beaucoup a procurer les livres necessaires.mes amis S ILANGO, KICHENAMALLE, SUCHITRA,Dr AROUNASSALAMME qui m'ont aide dans les discussions etqui restent la source d'inspiration.d,'Itoute ma famille qui m'a ett d'un grand support moral etm'a tant aidee i accomplir ce travail.

TRANSLITERATIONVoyellesa-i-FF-IConsonnes&-krrj-xi&-c6 - 5i-t6-tj - nh-pti-mliJ-yir-r

Lcs scntirncnts hum:lins tcls ciuv I'alno~ir, 13 coliarc et la souffrancesont unii~crsels. 11s dipnsscnt I'espncp c? Ic temps Dars le travail quenous avons entrepris, nous essayesons d'cn relever un, par ailleurs leplus important et le plus rkpandu, a savoir l'amour. I1 s'agit de voircomment ce thime est trait6 dans deux litteratures aussi differentes quela littirature fran~ais et la litt6rature tamoule. La difference mentionneeici tient a la fois a la culture et a la tradition litteraire des paysconcem6s. La cornparaison lies textes franqais et tamoul aboutirait -ellea une etude des 'invariants' qui caracttrisent un genre, notamment legenre lyrique?Pour dtfinir I'invariant nous nous baserons sur la definition etl'explication que propose Adrian Marino dans Comparatisme et thdorie dela littirature : ' On peut d'ores et ditja definir - d'une maniere tris brive -l'invariant comme un itliment universe1 de la littlrature et de la pensielittkraire'l. Un peu plus tard il dit ul'invariant constitue plus qu'un traitspkcifique, plus qu'un element caracteristique. I1 peut exprimer l'essencemlme d'un genre, dJune littkrature, de la litterature. Qui plus est,I'invariant se porte garant de la possibilite de 1Ztre : 'S'il existe des1. Adrian Marino, Comparatisme et thdorie de la littkraturq Paris, PUF, 1988,p.92.

fonnes, des genres, des invariants, bref I'homrne existe et la litterature n.I1 est 1'Climent immuable, consubstantiel, de tout 6tre, y comprislittlraire : ce qui est K au juste n un courant ou qui appartient aviritablernent a l'espkce 8.Les genres litteraires ne sont plus considdrls seulernent cornrnedes instruments taxinomiques mais aussi comme des rkalitks objectives,voire organiques, cornme des structures stables, u kileates. I1 y a, sansdoute, dans cette approche, relike par celle des estheticiens et desphilosophes pritoccupds des archetypes et des 11 constantes n(prioccupation que l'on rencontre chez tous les ph~nomdnologues aussi)un fond spontanit, larvaire, de pensde, disons, r platonicienne s2.Vu les dimensions de ces deux litteratures, nous nous sommeslimit&une pdriode caracteristique de chacune de ces litteratures,pitriode oc le th6me de l'amour a itd la prioccupation plus ou moinsexclusive des po6tes : la periode Cahkam pour la littdrature tamoule et laperiode courtoise pour la litterature fran~aise.Pour ce faire, nous presentons dans un premier chapitre (ChapitreI) la litterature courtoise. La presentation de la litterature courtoiserisque de paraitre superflue : presque tous les ouvrages d'histoire de la2. Adrian Marino, Cornparatisme et thdorie de la Iittdraturq op. cit., pp.96-97.2

litterature franqaise consacrent bien quelques pages 6 cette Ctapeimportante de 116volution de la sensibiliti: littlraire en France.Cependant on constate que de nos jours cette etape est souventnegligee et qu'on ne lui accorde qu'un int6ret ipisodique. D'une part lefran~ais du Moyen Age rebute les lecteurs peu inities. D'autre part,toutes les ceuvres de cette ipoque qui reprisentent I'enfance de lalitttrature franqaiseparaissent dimodees, du moins a un publicitranger. D'o~ la necessite de nous y atta,rder un peu.En outre, la conception de l'amour courtois est presque inconnuedu public indien, notamment tamoul, ce qui justifie bien unepresentation assez detaillie. Ce chapitre comprendra une etude duconcept de l'amour chez Guillaume d'Aquitaine, Jaufre Rudel, Marcabm,Cercamon et les autres poetes remarquables des quatre cent cinquantetroubadours qui ont compos6 des poemes d'inspiration courtoise.De meme, la litterature carikam est presque inconnue du publicfran~ais et francophone voire occidental. I1 y a bien des controversesquant A l'origine de la litterature cahkam : certains lui attribuent uneorigine qui remonte a la nuit des temps. D'autres la situent dans lespremiers siecles de IZre chrttienne. Sans nous prCoccuper pourtant decette question, il nous a paru ntcessaire de retracer les principales

Etapes de cette litterature, en prenant soin de mettre en relief lesconventions et les concepts qui la caracterisent. Ce sera donc l'objet duChapitre 11.Dans l'ensemble de la litterature carikam il y a 1862 posmesd'amour. Ces poemes traitent I'amour dans ses differents aspects :commencement d'amour, union sexuelle, attente patiente, langueur,bouderie, separation et amour excessif. Etudier tous les 1862 poemesserait une tgche ardue ; aussi avons-nous choisi une seule anthologie, leKu-mntokai, qui sera la representation complete des poemes d'arnourcahkarn Cette anthologie comporte 401 potmes, tous concernantl'amour. Afin de bien presenter notre ttude a un public fran~ais, nous enavons traduit en fran~ais quelques uns qui nous ont pwu importants.Nous avons essay6 aussi d'etudier le concept du tit;rai - le cadre idealdans la composition d'un poeme, une relation $tablie entre le sentimenthumain et la geographie - propre a la litterature tarnoule.Cette presentation des deux litteratures presente aussi un autreinter6t : l'une servira de point de reference a l'autre.Le chapitre I11 sera consacri a ]'etude des ecarts entre cesrepresentations de l'amour.

Dans le Chapitre IV, nous essayerons de relever 'les points derencontre entre ces deux Iittkratures en matiere de la representation del'amour. Le traitement littkraire, qu'il soit en Europe ou en Inde, obeit aun certain nombre de principes esthitiques qu'il est de notre devoir derelever. Cela nous permettra de rapprocher certains concepts d'analysecomme le chronotope (de Bakhtine) et des concepts de ti?ai dans lalitterature carikam.I1 importe ensuite de nous attarder sur la psychologie de l'amourtelle qu'elle se rivele dans les deux littitratures.11 semble - d'ailleurs, c'est la notre hypothese fondamentale - qu'ily a dans la representation de l'amour un tiraillement chez les poZtesentre le souci du respect de l'esthitisme et celui du respect de lapsychologie.L'objectif de notre travail, c'est d'etablir des rapports entre deuxexpressions littiraires qui sont fondamentalement diffkrentes sur le planesthetique et culture1 mais qui sont soumises a des impitratifspsychologiques lies a un sentiment universel, l'amour. A une ipoque oula littkature comparie dibouche de plus en plus sur la littiraturegenirale et universelle, nous esptrons que ce genre de travail enrichira

notre reflexion et nous perrnettra de rikcouvrir certaines dimensionsinesperees et inedites de I'arnour.Enfin cette etude nous perrnettra aussi a nous Indiens, de mieuxfaire connaitre notre litterature regionale a un public plus vaste etd'engager une reflexion plus profonde sur un theme qui concerne toutel'humanite.Les principes rn6thodologiques :Le travail que nous avons entrepris rel6ve de la littCraturecomparee. La litterature cornpark, selon P.Brune1 et a1,"estI'artmithodique, par la recherche de liens d'analogie, de parentC etd'influence, de rapprocher la litterature des autres domaines del'expression ou de la connaissance ou bien les faits et les texteslitteraires entre eux, distants ou non dans Ie temps ou dans l'espace,pourvu qu'ils appartiennent a plusieurs langues ou plusieurs cultures,fissent-elles partie d'une rnkrne tradition, afin de mieux les dkcrire, lescomprendre et les goQter"3.Dans cette perspective nous nous proposons d'examiner le conceptde l'amour dans la Iittirature tamoule en le cornparant a celui que noustrouvons dans la 1ittCrature fran~aise.3. P. Brunel, C1. Pichois, A-M.Rousseau, Qu'est-ce que la littkrature comparke?Paris, Armand Colin, 1983, p. 150.

Nous avons hesitedevant le mototheme: Le terme 'thkrne' vient du mot latin thema, mot duvocabulaire de la rhittorique grecque. Dans le sens ityrnologique, thitmesignifie 'ce qu'on pose', 'sujet pose' (rksultat concret de l'action deposer qu'est la these) el la critique littiraire moderne donne le sens desujet4 ou sujets genereux de la Stoffgeschichte5 au theme. Globdementcompris dans le sens de sujet itquivalent du terme allemand Stoff; letheme a dissocil, avec le temps, de nombreuses sous - categories : 'types,situations, mythes, personnages, motifs, topoi ...' chacune de ces figuresthematiques peuvent etre elle-meme dernultipliee (types sociaux,psychologiques personnages historiques, legendaires, mythologiques ...)aEn citant Gilles Deleuze, Brunel et ses collaborateurs considitrentque le vrai theme d'une euvre n'est pas le sujet traiti, c'est a dire, lesujet conscient et voulu mais le sujet inconscient7 06 le theme se trouvetoujours cache derriere les images qui se montrent pour chercher le4. J.P. de Beaumarchais, Daniel Couty, Alain Rey, Dictionnaire des litgratures4dc langue frangaise (Vol.lV), Paris, Bordns, 1987, p.2459.5. Pierre Brunel, Yves Chevrcl, Mcis de litttrature comparke, Paris, PressesUniversitaires de France, 1989, p. 163.6. Jacques Dugast, La Recherche en Littdrature ankmle el comparee en France,Paris, S.F.L.G.C., 1983, p.21.7. P. Br unel, C1. Pichois, A-M.Roussenu, Qu'est-ce que la littSrature comparke?op.cit, p. 130.

theme, il faut aller i la racine.8 Encore c'est un centre secret, ~nvlsible aupremier abord, lnaperw de I'auteur lui-mEme.9Inspirke par la cnt~que psychanalytique freudienne Jean PaulWeber difinit le thime comme 'un evknement ou une sltuatlon infantilesqui se manifestent inconsciemment'. Pour Roland Barthes, c'est'un reseau organis6 d'obsessions' et Jean - Pierre &chard considere quele thime est 'une constellation de mots, d'ldees, de concepts qul mknenta certaines structures interieures? certaines attitudes d'existencecaract6ristiques au moment ou le monde prend un sens par l'actequi le dicrit'. Jean Starobinski comprend que c'est lescorrespondances significatives qui n'ont pas et6 apercpes par l'ecnvain etqui revklent la singularit6 d'une muvre'.ioC'est pour iviter de nous fourvoyer dans ce genre de debatsterminologiques que nous avons priferi. le terme concept.8 J.P de Beaumarchais, Dan~el Couty, Alain Rey, Dictionnuire des littdraturesde langue fmn~aise(Vo1 N), op.cit, p.2460.9 Ibid.10. ,&&

Pour prkciser davantage, nous dirions mhe qu'il ne s'agit pasd'kvoquer briPvement ce concept mais qu'il s'agit plutdt d'anoser lareprksentation, le traiternent littkraire de cet a;llour dans les deuxlittitratures.Devmt la complexitit du sujet, nous avons etEt 6clectiques dansnotre choix mCthodologiques.Historique et descriptive, notre theseemprunte aAdrien Marinoll la mkthode de d&trrmination desconstantes et des universaux littkraires. Marino classe "d'une manieregitnerale - en invariants :1) anthropologiques ;2) thitoriques - idkologiques ;3) thitoriques - littkraires et4) littkraires.I1 couvrent la totalit6 des categories d2Iiments communs a portkeuniverselle, appartenant au monde de I'esprit et de ses produits, sebnune kchelle graduelle, a partir du niveau le plus profond, celui desstructures de la psyche et de I'imaginaire"

a f'kvolutiongkmi.rale de 1"nurnaniti. les phinomknes que nousd6couwons au cours de I'analyse.

LE CONCEPT DE L'AMOUR DANSL'amour, cet attachement englobant la tendresse et l'attirancephysique entre deux personnesl, evolue avec le temps. Ce qui estpermanent e: ce qui r6siste au temps, est l'instinct sexuel.Mais l'amour n'est pas seulement la satisfaction de l'instinctsexuel des hommes. C'est un sentiment tres intense, comme nousl'avons cite ci-dessus. A part l'attraction physique, tous les autreselements qui unissent l'homme et la femme come la tendresse, ladevotion de 1'Ctre aimable, l'adoration, l'i.motion, la passion ddirante,la sympathie etc., sont les klkments culturels. Voila pourquoi l'amourde la piriade mtdiivale n'est pas le mtme que celui de la periodecontemporaine. Alors la conception farniliale like & 17amour, aumariage et aux enfants n'existe qu'avec la convention et encore c'est laraison a laquelle on parle au vingt et unieme siicle de d6sinttgrationde la famille et 1'6volution de la cohabitation, une libertC de relations,qui reste un choc pour la societk moderne de l'lnde.1. Le Petit Larousse nlustrd, Paris, Larousse, 1996, p.61.12

L'amour nkst pas seulement un sentiment, c'est un art (I'artd'aimer) sur qui pese tout un ensemble de traditions que nousapportent la littkrature, la rnusique, les arts plastiques'.La langue fran~aise ne dispose que du mot amour pour designertout un ensemble de sentiments, de passions et de conduites pourlesquels le grec ancien offrait des mots differents sans les regroupersous un vocable unique3.Le concept de l'amourl'occident se rkvele 5 l'aide de lalitterature. Cette litterature nous montre qu'il existe trois aspects del'arnoue : l'amour ideal, l'amour riel, et le libertinage. L'amour idgal etle libertinage sont les deux deviations de l'amour riel. L'amour riel oul'amour complet s'adresse a la fois a l'union physique et morale avecun ou une seul(e) partenaire qui aboutit au mariage du coupleamoureux qui respecte les normes morales. Le libertinage recherche2. Jean-Louis Lecercle, L'amour, Paris, Bordas, 1985, p.16.3. Ibid, pp.16-17The ancient Greeks distinguished eros from philia and Romans used onlythe single word amor probably shaped thought and experience to at--least some extent, although Romans clearly did recognize differentvarieties of amorEdward Graig, Routledge Encyclopedia of Philosophy (Vo1.5), London,Routledge, 1998, p.844.Le concept d'amour n'existe pas en Chine. Le verbe aimer est employ6seulement pour dkfinir les rapports entre la mere et le fils. Le mari n'aimepas la femme: il a de I8affe&onpour elle.Denis de Rougement, I'Amour et I'Occident, Paris, Librairie Plon,1972, p. 358.4. Jean Louis Lecercle, L'amour, op.cit., pp. 16- 17.

toujours el partout le p:aisir sesuel al-ec Ics parienaircs multiples. I1existe deux forrnes de libertinage, le don juaaismc et le sadismes.Chez Don Juan, le libertinage s'exprime plutbt dans la chasseam fernmesque dans l'amour ouJ'&plaisirAcorporel. En ce qui concerne Sade, il nJexiste que du plaisir sexuel quiaffirme avec une violence saisissante le droit ego'iste de 17individu a lasatisfaction du corpse. puisZque ces deux deviations de l'amours'adressent aux corps des femmes, l'amour et l'attraction morales'eteignent le plus vite possible, qui poussent ies Don Juan et les Sadedans la recherche des nouvelles aventures.L'amour ideal s'adresse toujours a l'dirne seule. Cet amourplatonique est tres rare dans la vie et dans la litterature qui est un faitde culture et non de nature7. I1 y avait plusieurs causes pour cetteidealisation de l'amour. I1 convient ici tout d'abord de se pencher surlJinfluence religieuse. Selon la religionchretienne, Dieu representel'amour et alors le plaisir sexuel est l'ceuvre du demon. En outre uncertain christianisme de saint Paul a identifie le pkche avec l'acte dechair. Donc le plaisir corporel est lJilirment du peche aux puritainschretiens. Quelles sont les autres raisons pour l'idealisation de5. Jean Louis Lecercle, L'amour, op.cit., p. 17.6. ibid., p.16.7. ibid., pp. 17 -20.

l'amour ? L'extrene jeunesse des amants joue un role capita! dansl'arnour idealis6 et ce n'est qu'une extension de l'arnour enfantin dansl'Bge d'adolescence des amants ou le desir sexuel ne se recoupe pass.I1 y a aussi des cas 06 Il-tomrne adolescent se trouve attire vers unefemme plus &gee que lui parce qu'il y trouve une mere, notamments'il a eti: prive de la tendresse rnaternelle.Cependant c'est plut6t une adoration qu'un simple amour. Lasituation change avec l'gge et si l'adolescent devient l'adulte, lasexualiti: le reprend et il en rksulte l'amour completg.Passons maintenant aux concepts de l'amour fran~ais. Lesetudes sur l'krotisme dans la litterature fran~aise ont it6 entamlesseulement au debut du XIX e siecle et elles ont ett5 decouvertes par lesromantiques. 11s redecouvrent aussi le lyrisme des troubadourslo. Etc'est dans le sol medieval que les premiers romantiques ont chercheleurs racines les plus profondesll. En effet Madame de Stael penseque la poesie romantique est ni-e des chcvlts des troubadours et destraditions chevaleresquesl2.8. Jean Louis Lecercle, L'amour, op.cit., pp. 20- 21.9. ibid., p. 21.10. Denis de Rougement, Les Myths de I'amour, Paris, Gdlimard; 1961, p.20.1 1. Jean Orizet, La Podsie Medikvale, Paris, France Loisirs, 1992, p.8.12, ibid.

L'amour, a dit Gustave Cohen, est une graide clt?couverte duMoyen Age, et en particulier du XI1 e sikclc fr-nrlqnis .I-'..La litterature arnoureuse fran~aise commence avec la poksiecourtoise14 du Moyen Age. La courtoisie est le mot derive de cour,l'adjectif corteis, cortois, designe itymologiquement celui qui habiteune cour princiere ou seigneuriale par opposition au trilain' qui habitela campagnel5.Ce terme qualifie celui qui participe a la vie de cour, possede ouacquiert les comportements physiques, moraux, culturels, lesattitudes mentales propres a ce milieu clos, marque du signe del'ilitisme, et qui se prksente d'emblje comme un nouveau modele decivilisationl6. C'est le mode de vie et de pensie qui ne peut s'exprimeret se developper qu'a l'intkrieur d'un groupe homogene, d'unecommunauti de personnes et de comportements17.Avant d'aborder le sujet de l'amour courtois, il sera utiled'etudier brievement les ivinements responsables pour la production13. Gustave Cohen, La Grande clartd du Moyen Age, 2° edit., Paris, 1945, p.48.14. Ce terme ne vient pas du Moyen Age mais c'est une invention de GastonParis N - Robert Bossuat, Louis Pichard et Guy Raynaud de Lage, Le MoyenAge, Paris Fayard, 1964, p.334.15. J. P. Beaumarchais et al., Didionnaire de Ia Iitt&rature de langue franqaise,(volp Paris, Bordas, 1987, p.600.16. ibid., pp.600 - 601.17. ibid., p.601.

d'une telle litterature. I1 5. avait certains Tacteurs sociaus qui ontcontribue a la diffusion de cette nouvelle idiologie. La fin du XI" siecleet le debut du XIIe sickle marquent Ie moment ou le pouvoir centralmonarchique s'affaiblit et se disperse au profit des multiples coursseigneurides. La fin du XIe siZcle est aussi le moment 06 sediveloppent les expeditions militaires contre les Maures d7Espagne (lapremiere croisade espagnole est de 1063), puis la croisade proprementdite. Ces expeditions mettent en relation la civilisation du Midi, puiscelle du Nord avec la civilisation arabe, la Grece byzantine et le mondeoriental. Ainsi le contact avec 17Espagne a influence de maniereimportante, la poisie lyrique des troubadoursl~. De plus,17Cmancipation de la femme noble, de la femme du seigneur et a lameme epoque le culte de la Vierge, mediatrice entre Dieu et leshommes ont aide l'abondance poetiquedu theme amoureuxcourtoislg. A cela s'ajoute, l'euvre dJOvide, L'art d'aimer qui est lacodification de l'amour, 17euvre tres populaire au Moyen Age. C'estune stratigie de la seduction de la femme. Le Livre I de cette oeuvrerepond a la question : Comment conquerir une belle femme ? Le LivreI1 traite le sujet : Comment garder la belle, une fois conquise ? Et leLivre 111conseille les femmes de s'amuser pendant qu'elles sontjeunes ou il dit c Je n'enseigne que les amours legeres ~ 2 ~ .18. J. P. Beaumarchais et al., Dictionnaire de la littbrature de langue francaise,@ol$,p 601.19. ibid.20. Jean Louis Lecercle, L'Amour, op.cit., p.24.

La courtoisie ast un art dc savoir-viirre, ideal de cilcvderie ou lemoment ou les mcrurs rudes du haut Moyen Age avaierlt iait place aune ethique plus raffinee et oih la femme jouait un plus grand r6le ...Aux notions de politesse. loyaute, generositi s'est ajoutie peu a peuune forme d'tlkgance morale, de fidelite, de discrgtion et d7id6alisationde la femme qui aboutira a cet amour stylisk21.Dans i'arnour courtois l'arnant perd son identit6 devant la damedont il est oblige de faire senice. L'amour est pour une damesouveraine, a la fois presente et absente ou cette dame inaccessible etindescriptible ne parle pas, mais elIe accorde & l'arnant-poete lagarantie d'Stre, parce qu'elle a accepti de se' reviler un jour dans lajoie d'amour22. En plus la biographie et la narration de la personnalit6du poete ne figurent pas dans la poisie courtoise.L'amour courtois s'exprimait d'une fa~on semblable dans tout lesud de la France actuelle : la fin' arnors, chez les troubadours. Danscette partie de la France il y avait une classe dominante de la hautenoblesse ayant des cours oil il y avait une vie mondaine et il y a avaitaussi une classe subordonnie de la haute noblesse : la petitenoblesse, souvent sans terre, toujours au service des grands23.21. Robert Bossuat et al, Le Moyen Age, op.cit, p.334.22. Jean Orizet, .Lu Poksie M&dibvale, op.cit, p.1123. Jean Louis Lecercle, L'Amour, op.cit., p.26.

Dans cette classc sociale feodale, ie rnariage n'est quhne pureconvention ou l'on epouse non une femme mais un fieP4, puis qu'onpense que la femme est incapable dc maintenir un fief. Normalernenton fait rnarier ia fille a l'age jeune de douze ans. Si son mari estmort, le suzerain lui demande d'kpouser le plus vite possible et il luipropose le choix entre trois chevaliers. Alors le vrai amour n'existe pasentre le mari et la femme. Par consequent, selon l'usage, le mari peutavoir des concubines25. Pour se venger, la femme trouve son propreconsolateur. Donc les femmes choisissent les amants de leur rangparmi les seigneurs dans les cours du Midi.L'adulteresemble i'un des themes qui preoccupent lesoccidentaux. Le trait caracteristique de la fin' amours est l'adultere ;et en principe on aime la femme d'un autre26. C'est une conceptionextra-conjugale entre la dame mari6e et un amant de rang egal parceque le rnariage est consider6 comme un contrat qui fait l'union ducorps et non pas de i'he. En outre le mari est toujours representecomme un personnage ennuyeux, un vilain, un jaloux. La courtoisiepermet a la dame d'avoir un amant mais elle veut qu'elle accorde sesfaveurs a un seul. Si la dame est parfaite, elle sera l'objet de culte et sielle est inconstante elle sera l'objet de satire et de vengeance dans la24. Denis de Rougement, L'Amour et lJOccidenf, op.cit., p. 35.25. Jean Louis Lecercle, L'Amour, op.cit., p.27.26. Robert Bossuat et al, Le Moyen Age, op.cit., p.334.

poesie des troubadours. iliors comment conqni.rir la dame aucomment !a garder ? I1 fant mcriter I'anour dc In dame ct potrr celn,l'arnant entreprend de participer et de reussir dans les tournois,guerres, exploits don: la gloire reflete sur la femme airnee. En plus ildoit s'adresser a elle seule et il doit ttre toujours prCt a la servir, il doitcomposer des chansons dignes sur elle sans reveler son identitt?, fairedes eloges d'elle, apprecier sa qualite morale que son charme physiqueet enfin il doit montrer des qualit& tres appreciables qui peuventrendre fiere la dame.Comme recompense, il y aura toujours desbaisers. D"lleurs,il est attire par la nudite de la dame qui a kt6 letheme frequent chez les troubadours. De temps en temps, il rCved'assister a son deshabillage dans sa chambre, au soir. I1 faut ajoutera cela, l'kpreuve de chastete ou l'arnant est oblige de se coucher avecla dame, tous deux nus sans se toucher. C'est un test pour I'amour ets'il ne risiste pas a son iristinct, son amour est irnpur. Cette pratiquen'est pas seulement une convention litteraire mais elle existaitreellement en Provence dans cette piriode et cela explique que la joied7amour reste plus dans le disir que dans le plaisir physiquez7.Alors l'amour,sJil y en a vraiment un, entre le maxi et 12 femmen'est pas noble et par consequent n'est pas courtois28.27. Jean Louis Lecercle, L'Amour, op.cit., p.28.28. ibid.

Dans cetle sociktt;, 1;2fernrfic cst supkrieurc h i'homrne et?'amant reste un vassal, pour ne pas dire un serf, devant la dame''). Acause de lJinfi.riorit& de I'arnant dms l'echelle sociale, l'amour qu'il aenvers la dame tourne en adoration et il s'accompagne du respect3u.Alors le sentiment complexe s'exprirne d'un melange de souffrance etde plaisir, d'angoisse et d7exaltation31.Cet amour courtois, ni. tout d'abord dans le sol du Midi de laFrance se repand ensuite au Nord de la France puis en Italie (dolce stilnuovo) en Allemagne (Minnesang) et dans la peninsule ibCrique32. Enoutre s'imposent ses valeurs de la Sicile a la Scandinave, du Portugalaux pays germaniques33. On dit aussi que toute la poesie europCennesoit issue de la poCsie des troubadours au XIIe siecle34.I1 y avait quatre cent cinquante troubadours qui ont composi.des poemes d'inspiration courtoise35 et il y a une extreme diversiteparmi les poetes courtois. On trouve des rois (Richard Cceur de Lion,Alphonse I1 d7Aragon, Alphonse X le Sage, Thibaut, roi de Navarre,Jean de Brienne, roi de J6rusalem et Empereur de Constantinople), degrands seigneurs (Guillaume IX, duc d'Aquitaine, Jaufre Rudel, Comte-29. ibid., p.29.30. Jean Louis Lecercle, L'Arnour, op. cit., p.29.3 1. Robert Bossuat et al, Le Moyen Age, op.cit, p.336.32. ibid, p.338.33. Jean Orizet, La Poksie MddiBuale, op.cit, p. 14.34. Denis de Rougement, L'Amour et Z'Occident, op.cit, p.78.35. Robert Bossuat et al, Le Moyen Age, op.cit, p.339.

d'Orange. ctc.] des ejercs (t'irrlau! dc >.,la-euil, Guil;aume 11% V~nier. etc.1des chanoines(Peire Rogier, Gausbert de Poicibot), un moine (leMoine de Montaudonf, de modestes chevaliers (Raimon de Miraval,Peirol), des bourgeois (Gaucelm Faidit), des jongleurs (Cercamon,Colin Muset) des fils de dornestiques ou de personnes de trks humblecondition [Bernard de Ventadour, Perdigon) etc36.Quand on pule de la poesie courtoise le nom qui se presentetout d'abord est Guillaume d'Aquitaine. I1 a commence sa carrikrepoetique avec la polsie licencieuse rnais plus tard ses poemesrespirent une atmosphere courtoise37. I1 a i.tt (1 un des hommes lesplus courtois du monde et l'un des plus grands trompeurs defemmes wde cette piriode38. I1 nous explique bien, a travers sonpoeme, l'idkal courtois ou il considere les dames qui n'acceptent pasl'amour des chevaliers comme Kdes dames pleines de mauvaisdesseins H. I1 ecrit :... I1 y a des dames pleines de mauvais desseins,Et je puis vous dire qui elles sont :Ce sont celles qui mkprisent l'amourDes chevaliers.Elle fait un grand pichi, un pkche mortel,La dame qui n'aime pas un chevalier loyal ;Mais si celui qu'elle aime est un moine on un clerc,Elle n'a aucune raison :On devrait la bfilerAvec un tison ardent.. . w3936. Jean Orizet, La Podsie Mddidvale, op.cit, pp. 13 - 15.37. Robert Bossuat et al, Le Moyen Age, op.cit, p.339.38. Jean Orizet, La Podsie Mddidvale, op.cit, p.3539. 'Le chat d9Agn&s et d'Ermessen: Guillaume D7Aquitaine, La Podsie Mgdidvale,op.cit.p.39

Guillaume dlAquitainc observe que les dames qui miprisentI'arnour des chevaliers sant des pecheuses. Cela nous explique que lesfemmes aristocratiques de l'epoque courtoise soient prites toujours aaccepter les avances amoureuses de ; chevaliers.JaufrB Rude1 compose ses poemes sur le theme de l'amourlointain puisqu'il a ete amoureux de la comtesse de Tripoli sans l'avoirjamais we, en ecoutant de la supiriorite feminine de cette dame. I1veut la voir ; il a essaye mais il n'a pas r6ussi dans cette initiative.Cependant il meurt dans les bras de cette dame bien adoree.Les deux poemes suivants, les plus personnels du poetetemoignent de la souffrance, naissant de l'incompatibilite de lJ$treaime. Le premier, ' Bon est ce poeme ...' est evidemment plus prochedes poemes courtois. I1 tcrit :n ...Q ue nu1 ne sli.merveille de moiSi j'aime ce qui jamais ne me verraQ'en mon ceur il n'y a joie d'autre amourQue de celle que jamais je ne vis,Et pour nulle joie ne me vis,Et pour nulle joie ne me rejouis,Et ne sais quel bien n'en viendra.Un coup de joie me frappe et m'occit,Et piqere d'amour qui me desskcheraLa chair, dont mon corps maigrira ;Jamais si dur ne me frappa,Et pour nu1 coup tant me languit ;Cela ne se peut, ni ne se produit.. .a

Selon ce poeme, la seule joie pour lui et pour son cceur estl'amour. Son ceur souffre du chagrin parce qu'il n'a pas rep lareciprocite de la part de la dame. Cette souffrance morale se traduitdans sa souffrance physique d'ou son corps devient de plus en plusmaigre.Ce theme de l'amour lointain - l'amour destine vers unepersonnalite qu'iln'a jamais we auparavant - a Ite le themeamoureux dans plusieurs traditions et on trouve un certain modtledans les IitroIdes d'Ovide.40L'autre poeme de ce poete avec le titre meme de 'Amour lointain'traite tout entier, le theme d'une fa~on plus puissante, l'angoisse need'Ctre loin de sa bien-aimee.u ... Lorsque les jours sont longs en maiMe plait le doux chant d'oiseaux lointains,Et quand je suis parti de 18Me souvient d'un amour lointain ;Lors m'en vais si morne et pensifQue ni chants, ni fleurs d'aub6pinesNe me plaisent plus qu'un hiver gelit.Je tiens bien pour seigneur de vraiCelui par qui verrai l'amour lointain ;Mais pour un bien qu'il m'en 6choitJ'en ai deux maux, tant m'est lointain.Ah, fusse-je la p&lerin,40. J. P. Beaumarchais et al., Dictionnuire des litt6ratutes de langue frawaise,(~ol. $,op. cit., p. 119524

Que mon bfiton ct ma couvertePuissent &re vus de ses beaux yeux !Joie me sera quand je lui querraiPour l'amour de Dieu, d'accueillir l'hbte lointain,Et s'il lui plait m'hkbergeraiAupres d'elle, moi qui suis lointain,Alors seront doux entretiensQuand l'h6te lointain sera si voisinQue les doux propos le soulagementTriste et joyeux m'en separerai,Si jamais la vois, de l'arnour lointainMais je ne sais quand la verrai,Car trop en est notre pays lointain :D'ici la sont trop de pas et de chemins ;Et pour le savoir ; ne suis pas devinMais qu'il en soit tout comme a Dieu plaira,Jamais d'amour je ne jouiraiSi je ne jouis de cet amour lointain,Je n'en sais de plus noble, ni de meilleurEn nulle part, ni pres ni loin ;De tel prix elle est, vraie et parfaiteQue la-bas au pays des Sarrasins,Pour elle, je voudrais Etre appelk captif !Dieu qui fit tout ce qui va et vientEt forma cet amour lointainMe donne pouvoir, que j'en aie le cczur,Que je puisse voir cet amour lointain,En verite en tel logisQue la charnbre et que le jardinMe soient en tout temps un palais.11 dit vrai qui m'appelle avideEt disireux d'amour lointain,Car nulle autre joie ne me plait autantQue jouissance d'amour lointain.Mais ce que je veux m'est refuse,Car ainsi me dota non parrain,Que j'aime et ne suis pas aime

Mais ce quc je vcus m'est rcf~is6 ;Qu'il en soit maudit, le parrain,Qui me dota de nJCtre pas airni: 1)41Rudel, obskde toujours par l'idee de voir la dame lointaine, nereussit pas a realiser ses aspirations. La seule joie qu'il aura sera celled'etre avec cette dame mais le destin ne lui repond pas et ce qu'il veutlui est refuse. Cet eloignement, le desir insatisfait et le ceur obsedifont partie de la conception courtoise de l'amour pour une femmeinaccessible et en demeure l'une des plus ci:l&bres illustration^.^^Marcabru le poete anti-lmoureux N avec son langagesarcastique, s'exprime souvent en nloraliste, utilisant les expressionsde la Bible, dans la socii:tC dicadente et corrompue ou l'amour seconfond avec l'adultkre.43 Les poemes de Marcabru differents de ceuxdes autres poetes par son ton qui est satirique et sarcastique. Lamajorit6 de ses pokmes traitent le theme de l'amour, pas au senspositif mais au sens nlgatif parce que le protagoniste de ses poemesest l'ennemi de l'amour. En plus il fait la distinction entre amor falsaet fina amor ou le premier reprisente l'hypocrisie d'une sociiti: que aelevi l'adultk-e poitico - sentimental & la hauteur d'une morale.4"41. Po&es et romanciers du Moyen Age, Paris, Biblioth&que de la Pliiade, 1952.42. Robert Bossuat et al, Le Moyen Age, Paris, Fayard, 1964, p.741.43. Jean Orizet, La Poesie M&dibvale, op.cit, pp.49 - 50.et444. J. P. Beaumarchais., Dictionnuire des littt2ratures de langue fra~aise, op.cit.,4p. 1500

Dans le poeme suivant 'Pastourelle', le poete Marcabru exprimel'arnour d'un certain 'je' (peut-Etre le poete lui-mtme) a une jeunefdlette Gilaine'....- Fillette a l'humeur si douce,J'ai quitti. mon droit cherninPour vous tenir compagnie,Car une jeune vilaineTelle que vous, ne peut paitreTant de betail en tel lieu,Seule sans plaisant ami ? aK... Toujours plus je vous admireEt votre joie m'illumine.. .Ah ! Si m'etiez plus hurnaine ! 11u .. . vous seriez doublement belleSi je pouvais, une fois,Vous voir dessous, moi dessus.. . 1)a Sire vous rn'avez tant louieQue j'en serais fort enviCe H.. .u Fillette, un ceur dur, sauvageS'apprivoise par l'usage ...Je vois, par cette rencontreSi breve, qu'avec vilaineComme vous, l'on peut se lierDe riche arnitie de cceur,Quand l'un ne trompe point l'autrer Fillette, les creaturesRetournent a leur nature ;ApprCtons-nous, vous et moi,A faire un couple vilaine,A l'abri le long du pr& ;Vous y serez plus tranquillePour faire la douce chose H

Sire, oui, mais selon raisonLe fou chcrche la folie,Le courtois, gente aventure,Et le vilain, la vilaine.La fait d@faut le bon sensOG n'est pas gardke mesureAu dire de la gent ancienne nu Belle, de votre figure,Je n'en vis de plus friponneNi en son cceur plus traitresse nu Sire, la chouette vous jetteCe sort .. . L'un baye aux imagesQuand l'autre attend la rraie manne ! ))L'amour de Marcabru n'est pas ideallse dans ce poeme. C'est unamour entre une jeune Gilaine' et un homme Lie' qui se considere luiaussi un vilain pour devenir le couple vilain. D'une fa~onconversationnelle, le %eros7 de ce poeme essaie de convaincre l'hero'ineoli la derniere rnanifeste une resistance douce pour lui expliquerqu'elle n'est pas faite pour lui.Cercamon utilise les themes traditionnels de l'amour courtois :la longue attente de la joie d'arnour, la timidite envers sa dame etc.45Son poeme 'Quand la douce brise s'aigrit ...' represente l'ideal courtoiset les idees associCcs ti l'iunour courtois : In septu-ntion ct l'angoisseassociie a la separation, l'attente du hkros courtois versus l'herolnecourtoise fiodale, l'idialisation de la femme airnee, rester a c6ti de la45. Jean Orizet, La poksie M&diBvale, op.cit. , p.54.

femme almee pour une pCriode remarquable sans rien d~re a proposde son amour, la servir etc.a Quand la douce brise s'aigrit,Que les feuilles tombent des branches,Que l'oiseau change de langage,Je soupire et chante dJAmourQui me tient captif dans ses lacs,Moi qui jamais ne sus le prendre.HClas ! d'amour je n'ai conqulsQue les tortures et l'angoisse ;Et rien si ma1 ne vient a vousQue ce que je vais desirant,Et rien ne me fait plus envieQu'un objet qul toujours m'cchappe 1Perle si prkcieuse m'enchanteQue je n'aimai rien autant qu'elle,Mais ne puis, tant je suis emu,Devant elle, dire ma peine.Et quand je m'en vais, il me sembleQue je perds esprit et savoir.La plus belle qu'on pourrait voir,Envers elle, je ne la prisePas un gant : quand tour l'universS'obscurcit, tout brille autour d'elle.Dieu fasse qu'encor je l'approche,Ou la contemple a son coucher !Je tressaille, bouge et frkmisD'arnour que je dome ou je veilleTelle est ma crainte d'en mourirQue je n'ose la requerirJe la servirai deux, trois ans,Puis lui dirai le vrai, peut-etre.Je ne lneurs ni vis gukrisEt ne sens rnon ma1 - si cruel ! -En son amour ne suis devin,

Ne sais si je l'anrai ni quand ;En elle est toute la merciQui peut m'elever ou m'abattre.J'aime qu'elle me rende fou,Me fasse beer et muser,I1 me plait qu'elle me bafoue,Me raille en public, en privi :Apres le mal viendra le bienEt tdt, si tel est son plaisir.Mais si c'est : non... Fusse-je mortLe jour ou elle m'engagea !Helas ! Avec quelle douceurM'ont tue ses semblants d'amour !. . .En tel enclos elle me tientQue je ne veux en voir nulle autre.Dans ma peine : un grad reconfort,Si je la crains et la courtise :Par elle seule je seraiFid6le ou faux, loyal ou fourbe,Tout vilain ou vraiment courtois,Rempli de trouble ou plein de calme..Mais qu'a tel cela plaise ou pese,Elle, & son grC, peut me garder.Cercamon dit : K Fort peu courtoisHomme qui d'amour disespere. nCercamon, optimiste toujours que 'aprgs le mal viendra le bien'attend patiemment pour que son amour mlirisse. I1 considere que sonamante est responsable pour son elevation ou sa chute dans l'amouret en plus dans s2 vie. Prtt, mtme & mourir, pour faire vivre sonamour, il ne le realiserait pas parce qu'il ne peut mourir ni vivre niguerir & cause de la souffrmce ou la joie tree par l'amour. I1 'soupire

et chante I'Amour' et il ajoute que 'qun~ld tout 1'~lilivcr-s s'obscurcit.tout brille autour d'elle.. .'Selon ce poZme le poZte Cercarnon est toujours present au tourde la femme aimte. I1 la sert, il l'admire et il s'amuse lui-mCme dansson cceur de l'amour qu'il a, Bune telle femme. I1 souffreheureusement pour l'arnour. Ces elements rapportent bien auxnormes courtoises de cette periode.Bernard de Ventadour traite les themes traditionnels de laseverite de la dame et les peines de l'arnant sur un ton melancolique.4"I1 a frequente la cour splendide d'Aliknor, petite fille de Guillaume IXd'Aquitaine et de Henri I1 d7Angleterre.Bernard de Ventadour lui aussi utilise la mtme image deCercarnon concernant l'arnour. Pour Cercamon 'tout brille autourd'elle (de sa bien aimee) quand tout l'univers s'obscurcit' et soncompatriote pense aussi sur les memes lignes. I1 ecrit 'je ne vois luirele soleil, tant me sont obscurcit ses rayons, et pourtant je ne m'enemeus car une clarte m'ensoleille d'amour, qui au ceur m'envoie sesrayons'.46. Jean Orizet, La po6sie M&diSvale, op.cit., p. 62.3 1

Comrne les autrcs pot;tes courtois, Ucrnard dc, \'cr>tacioiir utilisc.les themes courtois dans ses poemes. Le poeme 'Je ne vois luir lesoleil..' illustre bien ses idkes.Je ne vois luir le soleil,Tant me sont obscurcis ses rayons ;Et pourtant je ne m'en CmeusCar une clarti: m'ensoleilleD'amour, qui au coeur m'envoie ses rayonsEt quand d'autres gens s'lmeuventJe prefere ne pas me laisser abattrePour que mon chant n'en souffre pas.Les prCs me semblent verts et vermeilsDe mCme qu'au doux temps de maiTant me tient l'amour joyeux et gai,La neige m'est fleur blanche et vermeilleEt l'hiver m'est fete de mai,Que la plus noble et la plus gaieM'a promis de m'octroyer son amour,Si encore elle ne me l'a 6ti:.La peur me donne mauvais conseilPar laquelle le monde meurt et di:croit,Encore sJunissent les mnuvaisEt l'un a l'autre conseillc:Comment il dCtruira l'amour fid6le.Ah ! mauvaises gens mechantes,Celui qui vous ou votre conseil croit,Le seigneur Dieu le perde et le confonde.De cela me plains et soupireQu'ils me font deuil, peine et chagrinEt que leur pkse la joie que j'ai,Puisque chacun s'en chagrineDe la joie d'autrui et s'en fait peine,Je ne peux pas avoir meilleur droitQue de vaincre et guerroyer par ma joie seuleCelui qui plus fort me guerroie.

Nuit et jour je mtdite et pense et veillePlains et soupire et puis m'apaise ;Quand mieux m'advient j'en retire peine,Mais une bonne attente m'iveilleDont mes chagrins s'apaisent,Fol, pourquoi dire que j'en retire du ma1 :Car si noble amour me I'envoieQue l'envoi seul m'est un gain.Que ma Dame ne s'6merveilleSi je lui demande son amour et un baiser,Contre la folie dont je parleCe sera gente merveilleSi elle m'accole et me baise,Dieu puisse-t-on se ricrier dEj&((( Ah, tel vous vois et tel vous ai vu ! W )Pour le bonheur que l'on voit en moi !Noble amour, je me fais votre compagnonCar ce n'est ni promesse ni sortMais ce qui plait a votre grace(Dieu je le crois m'en gratifie)Que si noble amour soit mon sort.Ah ! Dame, par piti& vous prieQu'ayez pitii de votre arniQui vous demande grsce si doucement !Bernard demande grace a sa dameQui si doucement lui fait grsceEt si je ne la vois d'ici peuJe ne crois pas que je la verrai de longtemps. ))Le poete Ventadour est hanti par la penske de sa dame et ils'exprime qu'il 'm6dite et pense et veille de sa dame' ; il 'soupire' et il's'apaise' parce qu'il a la confiance qu'il aura ce qu'il attend -l'amour et un baiser' et il ecrit 'que ma dame ne s'tmerveille si je luidemande son amour et un baiser'. Sa patience d'attente depasse seslimites quand il essaie a prier a sa dame. I1 Ccrit 'Ah ! Dame, par pitievous prie ; Qu'ayez piti& de votre arni ; Qui vous demande grhce si

doucement ! Bernard demande gr5ce a sa Dame ; Qui si doucementlui fait grgce ...' Cela nous explique hien la personnaliti. subalterne desecrivains ou de la societi. des hommes devant la Dame dans lecontexte courtois.Amoureux de la Comtesse d7Urgel sans l'avoir vue, Raimbautd'Orange a composi. des pogmes qui sont impri.gn6es d'une certainepri.ciosit6.47Guirant dB Borneil, considere comme le maitre destroubadours #4*, a composi une quarantaine de chansons d'amour.Ses chansons sont tres simples, comprehensibles mCmes aux enfantset qui peuvent Etre chanties par les femmes 5 la fontaine49. I1 icritdans son poeme 'Aube' que :6 Roi glorieux, vrai flambeau de clarte,Dieu tout puissant, Seigneur, je vous en prie,A mon compagnon conserve2 votre aide,Point ne le vis depuis la nuit venue,Et bientBt viendra l'aube,. . .... Beau doux ami, suis en si doux sejourQue jamais ne voudrais aube ni jour,Car la plus belle qu'on connut au mondeEst dans mes bras et je ne prise guereLe fol jaloux ni l'aube. u47. Jean Orizet, La poksie MedikvaZe, op.cit., p.7 1.48. ibid. p.7749. ibid.

Guiraut de Borneil veut que le temps s7arrt5te et il ne veut nil'aube ni jour parce qu'il a la dame la plus belle du monde, dans sesbras. La joie que donne la prksence de cette dame le fait considkrerl'aube et le jour, les mCmes et au cas extrlme il ne jamais voudraisl'aube et le j0u.r.I1 reste cinq chansons de la poetesse, La Corntesse de Die otielle compose des poemes d'une grande clartk et d'un ton sinc6re etpassionne50. La plus expressive de la voix feminine de l'ideologiecourtoise se manifeste dans les chansons de La Comtesse de Die.Dans une chanson intitulee 'Chanson', elle ecritGrande peine m'est advenuePour un chevalier que j'ai eu.Je veux qu'on sache en tous les tempsL'exces d'amour que lui portais.A present me voila trahie,Pour ne lui point donner d'arnourQuand je fus en grande folie,Au lit comme toute vetue !Comme voudrais mon chevalierTenir un soir en mes bras nus,I1 en serait comble de joieSi lui servais de doux coussin,Car plus en suis enamoureeQu'un jour Flore de Blanchefleur,Mon cczur lui donne, et mon amour,Mon &me, mes yeux et ma vie.Be1 ami, charmant et plaisant,Qu'un jour vous aie en mon pouvoir,Et que couche avec vous un soir,En vous donnant baisers d'amour !Sachez quel grand plaisir j'aurais50. Jean Orizet, La Poksie M&diBvaIe, op.cit., p. 893 5

De vous en place de mariPourvu que me donniez promesseDe tout faire a mon bon vouloir. uCette dame s'exprime dans la voix masculine de la societecourtoise d'inspiration firodale. On y trouve la peine d'amour, lasouffrance de la separation d'un itre amoureux, l'exces d'amour et sesconsiquences, la joie d'union, l'attente, la nostalgic, la renonciationcomplete devant 12tre aimi:, l'espoir dans l'union sexuelle etc.Raimbaut de Vaqueiras est un chevalier protege par le princedorange et le marquis Boniface51. I1 a partagi: sa vie entre la Provenceet 1'Italie en composant des poemes et en participant dans les activitesguerrieres. Ses pogmes traitent le sujet de la vie chevaleresque et del'arnour courtois. L'un de ses poemes traite le sujet 06 le poetes'adresse a une Gfnoise, ELpropos de son amour. Elle le rejette pourune seule raison qu'il est un jongleur.Pierre VidaI, le poite qui a frkquenti. les rois du Midi de laFrance, dJEspagne et de la Terre Sainte, de Malte, dYItalie et deHongrie a courtisi: toutes les nobles dames qu'il a vues. Sa poesie estmarquee par la griice, la spontanCit6, l'humo~tr et l'ironie legere al'egard de ses contemporains et de lui-mCme52. Dans son po$me'Chanson', Pierre Vidal 6crit :51. Jean Orizet, La Podsie Mddidvale, op.cit., p.9 152. ibid., p.94

u ...Q ui serait triste au long du jour,S'il a garde souvenir d'elle ?C'est d'elle que joie prend naissance.Qui en elle met ses 1oua.lgesDu bien qu'il dit ne fait mensonges,Car elle est certes la meilleure,La plus charmante qu'ait le monde.Si je sais rien dire ou rien faire,A elle l'honneur, car ma scienceMe vient d'elle, et ma connaissance.Je lui dois ma joie et mon chant,Tout ce qui m'exalte le ceur,La plainte mime que j'exhale,M'advient de son beau corps plaisant 1)I1 nous explique que la dame qu'il aime est la plus charmantedu monde - la beaute incomparable - et c'est elle qui est le lieu denaissance de la jouissance, de sa connaissance et de sa science.Guiraut Riquier, le potte qui a frequente les cours du Midi dela France, de Catalogne, dJAragon et dJAlphonse X de Castille, ircritque le jour pour l'amant est plus long. I1 y ajoute que le jour tortuel'amant. Dans le pokme 'Serenade', Guiraut Riquier Ecrit :u ... I1 ne s'approchait personneQui ne conntit la douleurDe l'amant tant il etaitEn apparence de pleurs,Et torture par le jour,I1 disait en soupirant :Jour, bien croissez a mon dam,Du soirMe tuera le long espoir.. . )!Chretien de Troyes est probablement le premier trouvtre qui aintroduit la chanson d'amour des troubadours dans le nord de la

France. Plusieurs chansonniers lui attribuent des chansonscourtoises53.PlutBt connu pour ses romans celgbres, Chretien de Troyes, aEcrit une partie de son ceuvre a la cour de la comtesse Marie deChampagne, fille d'Alii.nor d'Aquitaine et du roi Louis VII 54. Dans sonpoeme 'D'Arnour qui m'a ravi a moi-meme', Chretien de Troyess'explique :u ... Dame, de ce que je suis votre vassal,Dites-moi si vous m'en savez gr ir...... Du moment que vous ne m'acceptez pas,Je vous appartiens dis lors malgre vous.. . ,. . .Ceur, si ma dame ne t'aime pas,Pour autant ne t'en separe jarnais :Demeure toujours en son pouvoirPuisque tu l'as commenci: et entrepris.Jamais, si tu m'en crois, tu n'aimeras davantage.Mais que les difficult& ne te decouragent pas !Le bien s'apprivoise avec le temps,Et plus tu l'auras desire,Plus tu auras de plaisir a le gocter.. .. . .Jamais je ne cesse, jamais je ne laisseDe prier ma douce Dame,Que je prie et supplie sans succesEn homme qui ne sait plaisanterQuand il faut servir et louer Amour nChritien de Troyes se considere comme un vassal toujours auservice de sa dame. I1 est fier de la servir et le pense qu'il appartient Asa dame aimee. Dans une autre strophe de ce mCme poeme, il53. Jean Orizet, La Podsie M&didvale, op.cit., p. 1 15.54. ibid.

s'adresse a son ceur oh il conseille son cmur de ne pas separer de sabien-aim6 dans n'importe quelle situation et il y ajoute qu'il doitentreprendre ce qu'il a commenci, c'est a dire, son ceur doit rialiserl'amour qu'il a envers sa dame. Son cczur doit s'attacher a son butmEme dans des situations decourageantes.wLe Chgtelain de Coucy pense qu'il reste4 A,%'PLen lui quand il seslpare de sa bien airnee. Son existence depend de son Etre avec sadame. I1 ecrit :u ... et me separer de ma loyale compagne,Et quand je la perds, il n'est rien qui me reste ... nI1 ne veut pas se priver du bonheur, de l'intimite et du plaisirqu'offre sa dame, sa compagne et son amie.(( ... Beau sire Dieu, comment pourrai-je me priverDu grand bonheur, de l'intimiti:Et des plaisirs qu'avait coutume de m'accorderCelle qui est ma dame, ma compagne, mon amie ?Quand je me rappelle sa franche courtoisieEt les douces paroles qu'elle m'adressaitComment mon cceur peut-il durer dans mon corps ?S'il ne me quitte, certes, il est tres mauvais.. . ,155Adonnis a son amour et aux douces paroles de sa dame, lecmur du pokte ne peut les rksister point. I1 considere que son cczur estcertainement mauvais, s'il ne quitte pas son corps pour s'attacher acelui de sa dame.55. dans son po&me 'Adieu & sa Dame'

En ce qui concerne Gace Brulh, le but de sa poksie est de 'seconsacrer a 1'ecriture de l'amour ' ... ' demeurer le fin arnant ',' maintenir jusqu' a mourir' 56.Le chef-d'ceuvre de Guillaume de Machaut, Ze voir dit' racontel'histoire des amours du poete pour une jeune admiratrice57.L'auteur de 'La Belle Dame Sans Merci', Alain Chartier denoncel'hypocrisie des libertins courtois58 et Jean Froissart est le dernierpoete qui a reste fidele a l'ideal courtois59.Chez tous ces poetes courtois, I'amour charnel est si vif et sibrutal et on y trouve un amour qui n'est qu'une idealisation del'amour charnel60. Cette idealisation de l'amour charnel apparait aussidans l'amour akam de la litterature tamoule ott il y avait plusieursetapes d'amour cornmencant avec l'union sexuelle du heros et del'hero'ine, la rencontre dans la journee, dans la nuit, la fugueamoureuse etc. A l'occidentcette sublimation de l'amour a kt6realisee a I'aide d'un Tractatus de Amore (Traite sur l'amour) d'untheoricien Andri le Chapelain, ecrit probablement entre les annies1181 et 1186 qui a paru apres les oeuvres dJOvide Ars amandi et de56. Jean Orizet, La Podsie M6dibvale, op.cit, p. 137.57. ibid. p. 199.58. Jean Orizet, La Po6sie M&diBvale, op.cit, p. 235.59. ibid. p. 214.60. Denis de Rougement, L'Arnour et lfOccident, op.cit, p. 105.

Remkdia amoris. Tractatus de Amore est le traite d'amour qui a codifieles pratiques arnoureuses qui existaient deja dans la societe de cettekpoque. Ce traitQ se rapproche au trait6 du ToZkCppiyarn de lalitterature tamoule qui traite les evenements lin6aires composants del'arnour.De mtme que la plupart des concepts d'amour de la poesiecourtoise - l'attente patiente de l'mlant, l'amour lointain, la peine del'amant, la souffrance etc., se rapprochent aux concepts de la poksieakam tarnoule.Enfin, l'arnant de l'arnour courtois traverse les obstacles avantde satisfaire son besoin amoureux. Cet amour ne doit pas ttre assouvini rapidement ni facilement et alors on multiplie les obstacles quiexcerberent le dksir avant de le satisfaire qui rend difficilel'accessibiliti de la femme61.Cette difficulte de l'accessibilit6 del'hiro'ine au hiros, a cause des obstacles naturels/artificiels seretrouve dans la littirature akam. Dans cette litt6rature la separationdu heros et de l'hero'ine ajoute au desir de terminer la clandestiniti. dela relation et de s'unir au mariage.61. Robert Bossauat et al, Le Moyen Age, op.cit, p.336.

LE CONCEPT DE L'AMOUR DANS LAURE CASi un lecteur habitue a la litterature courtoise fran~aiseaborde la 1ittCrature calikam, il aura certainement l'ixnpression debasculer dans un autre univers ob la representation de l'amoursemblera respecter d'autres normes, d'autres valeurs voire une autreconception de l'amour.C'est d'ailleurs dans le but de souligner lecontraste entre ces deux types d'esthitiques que nous avons itvoqueau debut le traitement de l'amour dans la poCsie courtoise.Le terme Cankam :Le terme caizkam qui vient du mot Sanskrit canka peut setraduire comme Acadimie.C'etaii une institution ou une sociCtid'hommesCrudits associCs pour la promotion de la litteraturetamoule. Le terme a it6 utilisC par Ies critiques littkraires tamouls dusiecle dernier pour signifier tous les poemes qui ont re~u'l'imprirnaturde cette AcadCmiel. Dans l'histoire de la littirature tamoule, on parle1. P.T. Srinivasa Iyengar, History of the Tamils, Asian Educational Services,New Delhi, 1982, p. 225.

d'une succession de trois de ces academies, dont les deux premieresappartiennent a une periode tres reculie, voire incertaine del'histoire.2Ces trois cahkam siigeaient dans la capitale du royaumeP%I~$& 3. Mais la capitale a souvent change de place.* hL'ancienne ville de Madurai etait le siege principal du premiercarikam.Kapatapuram, celui du deuxieme.Ces deux lieux ont Cti. ravages par la mer.Le troisieme carikam siege a nouveauMadurai4.Mais les chercheurs rnodernes afErrnentSquecarikarn etaitune union des poetes dont l'objectif etait d'examiner, d'etudier,d'analyser, de discuter, de verifier et d'accepterou de rejeter uneoeuvre littiraire d'un poete quelconque. Ce n'etait pas une institutiond' enseignement6. C'ktait une organisation volontaire des poites quise rkunissaient, sous le patronage des rois P+;iy$i,pour maintenir la2. N. Ragunathan, SiA 10ntc poems frorrt Sangarrt Tamil, 11 ID, Lilellrr?il, rr-JI,p.13. ibid.4. N. Ragunathan, Siu tong poems from Sangam Tamil, op. cit ., p. 1.5. Voir les pa.ges suivants de ce chapitre.6. M. Srinivasa Iyengar, Tamil Studies, Asian Educational Services, NewDelhi, 1982, pp.232- 233.

purete de la langue tamoule et 11: haut niveau de lalitteraturetamoule 7. u Ces associations littiraires, les plus anciennes deI'Inde, contr6laient et compilaient les oeuvres de litterateurs en tamil(sic) publiant des anthologies H 8.L'epoque Carikarn :Les chercheurs se sont penches sur la question de I'kpoqueapproximative des trois cahkam. P.T Srinivasa Iyengar estime que lalitterature tamoule est nee vers l'an mil av. J.C. et que toutes lesoeuvres poetiques de cette pkriode sont perduesg.Le commentaire du Ipiya_ndr AkappotxJ prepare par NakkEar,fait reference B l'existence de trois cahkam et donne la durke des troiscahkam comme 4400; 3700 et 1850 ans respectivement. Mais leschercheurs considsrent ces informations comme une fictionlo.En ce qui concerne l'epoque de cankam, la seule sourced'information que nous avons est la litterature carikam.La datede la composition des eeuvres restant encore vague, les recherches7. N.Ragunathan, Six ~ongpoems from Sangam Tamil, op. cit., p. 1.8. Louis FrCderic, Dicfionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont,Grande Bretagne, 1987, p.975.9. P.T.Srinivasa Iyengar, History of the Tamils, op. cit., pp.250 - 25 1.10. A.K.Ramanujan, The Interior Landscape, Oxford University Press, NewDelhi, 1994, pp. 98-99.

se poursuivent, En attendant, nous avons une infmit6d'interpretations sur l'epoque de cahkamll.Dans les IVe et Ve siecles ap. J.C, les moines du Djznisme ontinauguri des associations sous le nom de carika pour assurer desservices religieux et 1ittCraires a la sociiti. Les chercheurs modernesconsid6rent que des academies litteraires, semblables auxassociations de ces moines, avaient existe et que les poetes tamouls yavaient particip612.La majorit6 des chercheurs placent l'kpoque de cahkum entrele V siecle av. J.C et le 111 siecle ap. J.C. Tout le monde s'accordepour dire que le Tolkcippiyam, le plus ancien livre tamoul qui existemaintenant, appartient a I'epoque du deuxisme cahkam et que lapoesie classique tamoule le Efpttokai et le Pattuppd,p relevent dutroisieme cajtkam13.11. P.T. Srinivasa Iyengar, Histoy of the Tamils, op. cit.M. Srinivasa Iyengar, Tamil Studies, Asian Educational Services, NewDelhi, 1986.Vaiyapuripillai, Histo y of Tamil Language and Literature, NCBH, Madras,1988.- -Dr.C.Balasubramanian, A Study of the Literature of the Cem Country (upto11 * Centu y AD), Madras, University of Madras, 1980.K-Kailasapathi, Tam17 Herioc Poetry, Oxford University Press, Great Britain,1968.Karnil Veith Zvelebil, Tamil Literature, Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1974.12. Mu. Varadarajan, A History of Tamil Literature , Sahitya Akademi, NewDelhi, 1988,p.27.13. A.K.Ramanujam, Z h Interior Landscape, op. cit., p. 99.

La littkature ~ankarn :..Les anthologies tamoules I'Emttokai (Les Huit Anthologies), le. .Pattuppcittu (Les Dix Chansons) et un trait.5 de grammaire leTolkcippizjam, sont les composantes de la littkrature caizkaml4.Mais l'krudition moderne ajoute a cette liste une quatriemeoeuvre le Patz~e~~kka?akku~ (Les dix -huit oeuvres mineures).Selon Fran~ois Gros, la littkature caizkarn comporte cc unecollection d'anthologies (huit, plus une serie de dix "chants")... unegrarnmaire peut - Ctre contemporaine de ces textes, dix-huit oeuvresdites mineures sans doute plus tardives ... on y rattache par uneextension historiquement contestable et contestee, de longs po$mesplus narratifs que proprement Cpiques de date posttkieure.,. ~16.Les anthologies des pokes de la periode calikam sont divisCesselon les sujets qu'ils traitent. Les sentiments importants exprimespar la majoriti de ces collections sont l'amour (akam) et les exploitsherolques (pufam).l7 Parmi les 2381 poemes de la litterature cahkam,14. A.K.Ramanujam, The Interior Landscape, op. cit., p.97.15. N.Raghunathan, Six long poems from Sangam Tamil, op. cit., p.2.16. Maire - Claude Porcher (Ed.) Inde et Littdratures, Editions de 1'Ecole desHautes Etudes en Science Socialas, Paris, 1983, p.77.17. K.A.Nilakanta Sastri, S~Tt,gCim Literature, its cults and culture, Madras,Swathi Publications, 1993, p 16.

1862 traitent le sujet d'akam et 519 potmes traitent le sujet dz pularnCeci explique l'importanceque les poetes ont accordee a lacomposition des potmes qui traitent le sujet d'akam plut6t que celuide pu_ram.Le nombre total des pokmes classiques de la littirrature tamouleest de 2381 dont 2371 poemes appartiennent au Ettuttokai .. et les 10poemes au Pattuppdgu.Parmi les 238 1 potmes, presque la moitii: a eti composee par 16poites, bien qu'il y ait 473 poetes qui soient connus par leurs nomspropres ou par des ipithetes. I1 y a aussi 102 poemes anonyrnesl8.Le nombre de vers des poemes de la littlrature cahkam varie de3 vers a 782 vers. Le nombre de vers du poeme le plus court duEMLtrokai . est 3 vers, et le poeme le plus long est compose de 31 vers.En ce qui concerne le PattupptifJu le poeme le plus court a 103 vers etle plus long a 782 verslg.Comme le sujet de notre travail concerne 1'Et~ffokai nous nousattarderons un peu sur l'ensemble des recueils qui composent cetteceuvre.18. A.K.Rarnanujam, Poems of Love and War, Oxford University Press, NewDelhi, 1985, p.X

L'Ettuttokai ..:Les euvres cornposantes du E,t.tuttokai sont:1) Le Na_m'pai,2) Le Ku-mntokai,3) L'Ainkuicumnii-m,4) Le Pati-mppattu,5) Le Pariptifal,6) Le Kalittokai,7) L'Akanti~ii-m et8) Le Puyantifiii-m.Le NaMnai :Cette anthologie contient 400 poemes. Parmi ces quatre centpoemes, cinquante et un poemes sont anonymes. Les autres potmessont composes par cent soixante-quinze poetes. Dans cette anthologie,le potme le plus court a neuf vers et le poeme le plus long a douzevers.Le Ku-mntokai :Le terme de Ku-mntokai se compose de deux mots tarnouls ku-rnet tokai Le sens de kqm est 'petit' et tokai signifie 'anthologie', doncKu-mntokai veut dire une anthologie avec des petits poemes.19. N.Ragunathan, Sir longpoems from Sangam Tamil, op. cit., p.248

--7I1 y a 402 poemes dans cette anthologie. Les poemes duKu-mntokai ont it6 composes par deux cent cinq poetes. I1 existe aussidix poemes anonymes.La longueur du potme varie de quatre a huit vers, Les poZmes307 et 391 possedent neuf vers. Paxrni les anthologies du ElJuttokai, leKu-mntokai est considerke comme la meilleure oeuvre par les poetes etpar les commentateurs.Cette anthologie comprend a cinq fois cent n poemes : aih 'cinq',ku-m 'petit' et ncm 'cent'. Il y a cinq cents petits poemes dans cetteanthologie. Cette oeuvre est divisCe en cinq parties, chacpe partiecontient cent poemes.-ILe Pati-mppattu :Le terme de PatiGppattu se compose de deux mots tamoulspati-et pattu qui signifie 'dix fois dix'. C'est une anthologie de centpoemes compos6e pour dix dicennies B raison de dix poimes pourchaque dicennie pour faire le panCgyrique de dix rois CEra, selon lasuccession historique. A l'heure actuelle, il n'existe que quatre vingtsposmes de huit decennies et les vingt autres poemes (le premier dix et

le dernier dix) sont perdus. Les potmes de chaque dicennie sontcomposes par un seul poete, qui traite d'ailleurs un seul roi CCra.Le Paripiifal :Le Paripdf.al a eu le norn & cause du type de vers qu'on aemploye pour composer les polmes de cette anthologie.Cette anthologie se compose de soixante-dix poemes20 donthuit parlent du Dieu Tirumti$ trente et un du Dieu CevvE!, un de laDeesse KEifukijti! (KtiFz), vingt - six du fleuve Vaiyai et quatre de la villede Madurai.Mais aujourd'hui, nous n'en avons que vingt - quatre poemes.Nous y trouvons les poemes dJakar;z aussi bien que de pu-mrn Danstoute la litterature catikarn seuls les potmes du Paripcifal abordent lesujet de Dieu21. Les poemes du Paripbfal sont composis de telle fa~onqu'ils puissent etre mis en musique.Le Kalittokai :Kali est un metre poitique pour composer un poeme tarnoul.Cette anthologie se compose de poemes ayant le metre kali dJoli lenom du Kalittokai20. R. Sarangapani, A ~Tifical study of Panpatal, Madurai Kamaraj University,Madurai, 1984, p. 1

Kali est considere cornme le metre le plus apte a mieuxexprimer le sujet d'akam.Cette oeuvre se compose de cinq partiesdserentes. Ces cinq parties traitent des cinq composantesd'akam ku_n'fici (ku_n'iicikkaZi), mullai (mullaikkali), marutam(marutakkali), neytal (neytaykali) et p6Zai (pcilaikkalij.L9AkancEniiiim :LJAkanB_nii-m se compose de quatre cents poemes, traitant lesujet d'akam (ncZg2gi veut dire quatre cents). Le poeme le plus court a13 vers et le poeme le plus long a 31 vers.Les 400 poemes de 1'AkanGr~ii-m ont 6te composes par 145poetes. Deux cents d'entre eux traitent le sujet de pcZlai, quatre vingtstraitent le sujet de kudfici et le reste cent vingt poc5mes traitent lessujets de marutam, mullai et neytal. I1 existe un systsme decompilation des poemes.Le Puyane~ii-fu :Les quatre cents poemes qui traitent le sujet de puyam, sontrCunis dans le Pu_ranci_nii-m. Actuellement, nous avons 398 posmes,avec un poeme d'invocation.2 1. Cami Citamparanar, Etfuttokaiyum tamilar pangaturn, Madras, Ainthinaif&LC&, 148bJ p. Is+.51

Les poemes 267 et 268 nous manquent ainsi que lecommencement des poemes 328 et 370, la fin des poemes 244, 355 et361 22.La Iongueur des potmes varie de cinq vers a quarante vers. Cespoemes ont 6tE composEs par 160 poktes a des pkriodes differentes ducaizkam, et la majoriti: des poites appartiennent au troisiime cahkamLa plupart des poimes sont des panegyriques des rois et des chefs, etles sujets que les poktes ont abordi:~ sont la guerre, les exploitshCro'iques des rois, leur systeme administratif, les pottes, la ginerositkdes peuples etc. Ces pokmes nous foumissent donc une image plus oumoins precise de la civilisation des Tamouls a cette Cpoque et nouspermettent de reconstruire leur histoire.22. Dr.U.Ve.Caminataiyar, Pumndniiru Miilam, Chennai, Dr.U.Ve.CaminataiyarNulnilaiyam, 1993, Introduction.

LES CONVENTIONS LITTERAIRES D'ATolkSppiyar est 1'Aristote de la littitrature tamoule.Autant lafoetique d'Aristote servait de source de references en matikre deconventions pour une grande partie de la litterature occidentale autant leTotk5ppiyam de Tolkiippiyar servait pour l'ancienne litterature tamoule.Des le debut une distinction s'impose entre la poesie qui engageune grande subjectivite (akam) et celle qui peut s'en passer (puyam).Akam : PuyamAkam signifie, wl'intitrieur, la maison, le lieu, l'etendue agricole, lapoitrine, l'esprit 43, et puIam signifie r l'extkrieur, le dehors, ce qui estCtranger, la calomnie ~ 24. Selon S.K. Pillai, akam signifie la subjectiviti etpu_ram signifie l'objectivite.25D'aprZs le Tamil Lexicon, akam est wI'intirieur, l'esprit, le plaisirsexuel, la poitrine, l'etendue agricole, la maison, le lieu.. .n 26 et pulam (( le23. T. Burrow & M.B. Emeneau, A Dravidian Etymological Dictionary, Oxford, OxfordUniversity Press, I1 Ed, 1986, p.324, ibid., p. 383.25. S.K.Pillai, The Ancient Tamils, Part I, Chennai, 1934, p.2926. Tamil Lexicon,tol. University of Madras, 1982, p.12.

dehors, i'exterieur, ce qui est ktranger, l'h&oisme, la bravoure, lecourage.. . 27L'encyclopldie de la littirature indienne dit que le but quadruplede la vie conjugale, selon l'ancienne convention tamoule, est la vertu(ayam), la richesse CporuZ), le plaisir (@am) et le salut (Yltu), les deuxpremiers sont traitis dans le sujet de puram - et le troisieme est traitkdans le sujet d'akam.28 Le salut (vltu) ne fait pas l'objet d'un traitementlitteraire a l'epoque Calikam.Akam signifie les divers incidents qui marquent le cours de l'amouret les expkriences 6motionnelles, 'bienheureuse ou autrement, qui fontappel seulement a l'individu, qui irprouve ces expkriences et qui nepeuvent pas Ctre partagCes avec les autres. Elles appartiennent a la vieinterieure et au monde subjectif. Les plaisirs pinibles et les angoissesagrkables de l'amour sont propres a chaque individu et donc possede lenom d' akam29.27. ibid.,(Vol. I$ p. 280918. Arnaresh Dutta (Ed.), Encyclopedia of Indian ~iterature (Vol. $NWSahitya Akademi, p. 113.Delhi,29. S.K. Pillai, The Ancient Tamils, P& I, op.cit., pp. 29-3054

Les sujets de pu_ram concement Ii3 vie exterieure, c'est a dire, lesaventures des heros ou des rois dms Ies guerres et les autres them5s quise rapportent a ce sujetso.Les differentes phases de l'amour entre deux personnes, le heros et1 ' heroine, sont traitees dans les poemes d'akam tandis que les poemesde pupn traitent les sujets de l'h6rolisrneJ la philanthropie et la grandeurdes rois et des citoyens renommis. Ainsi, on peut dire que les poemesd'akam sont imaginatifs et les poemes de pu_ram sont realistesJ1.Akam comprend les poemes de toutes les experiences amoureuseset Crotiques humaines et pu_ram comprend les pocmes de l'hiroisme et del'activiti publiquesz.Akum comprend tous les poemes relatifs 21l'amour, y compris lespoemes de l'angoisse causee par lJamour entre les bien aimis.Les poemes d'akam pivotent sur une ou plusieurs images etexploitent les suggestions complexes de ces images au maximum33. 11ssont introspectifs et le lecteur a besoin dJune reflexion profonde pour30. ibid. p.303 1. Mu. Varadarajan, History of Tamil Literature, New Delhi, Sahitya Akademi,1988, p.28.32. Kamil Veith Zvelebil, Tamil Literaturq Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1974, p. 1033. George L. Hart 11, Poets of Tamil Anthologies, New Jersey, Princeton UniversityPress, 1979, p.3.

decouvrir les diffirentes nuances de la suggestion34. Ce sont despoemes ou il n'existe pas d'actionss. Chaque po6me d'akam est unesituation particuliere ou une experience emotionnelle de l'amour36.Le troisieme chapitre du TolEppiyam, 'Porutatikiiram',estconsacrit aux conventions sous neuf mbriques :1. l'amour reciproque - Akattipaiyiyal,2. la guerre et les themes autres que I'amour - hrfath'paiyiyal,3. l'amour avant le mariage - KaLaviytzl,4. l'amour apres le mariage - Kapiyal,5. les autres aspects de la situation de l'amour - Po_ruligal6. la dramaturgic - Meippiiffiyal,7. la comparaison - Uvamaiyiyal,8. la prosodie et l'art de composition - Ceyyu!iyal,9. la tradition et l'usage littitraire - Marapiyal.A l'exception de Pqath'paiyiyat toutes les sections inumkr6esci- haut traitent bien des conventions prescrites A la composition despo6mes d'akam et des normes auxquelles les poites sont tenusd'adherer.34. ibid.35. A.K.Rarnanujan, The Interior Landscape, New Delhi, Oxford University Press,1994, pp. 103-104.36. S.K.Pillai, The Ancient Tamils, op.cit, p.34

Les conventions littikaires d'akam:Dans la periode cahkam, la plupart des gens vivaient dans lesharneaux disperses dans diffilrentes regions.Celles-ci etaient soitmontagneuses, soit pastorales, soit agricoles, soit littorales. Les gens quihabitaient dans ces regions pratiquaient les occupations particulieres achaque region : la chasse (region montagneuse), la surveillance etl'elevage du betail (region pastorale), l'agriculture (region agricole) et lapeche (region littorale). Un jeune homme et une fille nubile, avec labeautil, l'intelligence et l'affabiliti: assortie, se rencontrent, tombentamoureux l'un de l'autre, se marient et commencent la vie familiale. C'estla fa~on de vivre des habitants de ces hameaux.Le concept dw ti~ai :Tiqai signifie le cadre idkal dans la composition d'un po6me37.Selon Kailasapathy, il signifie la situation poi.tique38. I1 ajoute que ladivision des poemes de la Iitterature caizkam en akam et pu_rarn est baseesur les conventions des divisions physio - geographiques.D'apres S.K. Pillai, le sens primitif de tipai est "la terre, le lieu, lesite". Mais plus tard, ce mot a acquis plusieurs autres significations.Donc les cinq regions de la nature, qui se sont diveloppits en cinq classes37. Kamil Veith Zvelebil, Tamil Literature, op.cit, p.2738. K.Kailasapathy, Tamil Heroic Poety, op.cit p. 188

differentes de culture, le nomade, le costal, etc., ont eu chacun lenom de tivai 39. Le tivai a donc deux significations:1. La region, a savoir, les cinq divisions geographiques - ku_n'tici,mullai, marutam, neytal, pdlai.2. Les codes de conduite appropriCs a chacune de ces sept divisions.On y ajoute les autres codes de conduite qui ne possedent pas lesregions ggographiques.39. S.K.Pillai, The Ancient Tamils, Part I, op. cit, p.33.5 8

La divisiongiographiqueLes codes de conduite d'akum1. ku_n'fici (la regionmontagneuse)2. mullai (la regionpastorale)3. mamfam (laregion riveraine)4. neyfal (la regionlittorale)5. pdlai (la region .' aride)f 1. kaiwai (le commencementde l'amour)2. kudfici (l'union sexuelle)3. mullai (l'attente patiente)4. marutam (la bouderie)5. neytal (le chagrin)6. ptilai (la separation)7. peruntivai (l'amour excessif)Exemple : kudfici tivai = la region montagneuse + l'union sexuelle.Le contenu des poZmes d'akam est base sur trois elements:l'espace et le temps (mutal poml), les elements naturels (kampporuq et leconcept de l'amour (urippom,2). I1 faut bien noter que les tigai, lecommencement de l'amour (kaikkiFai) et l'amour excessif Cpemntigaz]n'ont pas l'espace et le temps, les elements naturels et le concept del'amoufio. Ces trois elements influencent les poetes dans la compositiondes poemes d' akam4'40. Le TolEppiyam, Akattipai iyal, sOtra 16.4 1. ibid, satra 3.

L'espace et le temps (Mutal porn lJ :Le Tolkcippiyarn a divise la terre en quarte regions - pastorale,montagneuse, agricole et littosale - et leur a donne le nom de mullai,h_n'?ici, marutam et neytal respectivement. I1 ne mentionne pas le pdlai -la region aride - car le pdlai designerait les regions pastorale etmontagneuse qui perdent leurs richesses suite au manque de pluiependant l'eti.42.Mutal porui comprend la terre, la saison et le temps du jour. Onexplique que l'espace et le temps sont les elements de mutal porul 43." Le monde pastoral oG domine Mtiya~,Le monde montagneux oh domine Cey6_n,Le monde agricole ou domine Vgnta_n,Le monde littoral oti domine Varupa_nCe sont donc rnullai, ku_n'fici, marutam et neytaZrespectivement" 44Concernant la saison et le temps du jour de ces cinq tipai (quicornprend le paai), le Tolkfippiyam a divis6 une annee en cinq saisons etune journee en six temps. Le tableau ci - dessous explique bien lessaisons et les temps du jour de cinq tipai.42. Indra Manuel, Litemry Theories in Tamil, Pondicherry, PILC, 1997, p. 19943. ibid.44. Le TolhYippiyam, Akatti~aiyal, satra 5.60

Tioafku_n'ficiLa saisonla saison froide etla saison de roseeLa partie du jourminuitmullai la saison pluvieuse le soirmarutam toutes les saisons l'aubeneytal toutes les saisons le petit matinpdlai let et la saison posterieure le coucher du soleilde neigemidiLes B16ments naturels (Karupporul) :Karupporu! signifie les choses et les etres particuliers a ces cinqtipai. Le Tolkiippiyam enurnere huit elements qui sont particuliers CLchaque region. Ce sont le Dieu, la nourriture, l'animal, l'arbre, l'oiseau, letambour, la profession et le luth.L'aspect de l'amour (Udppord) :Uripporu! signifie le concept, le contenu ou le sujet du poemecakkam. En ce qui concerne la littkrature akam, le Tolkiippiyam expliquequ'il y a cinq aspects de l'amour qui correspondent aux cinq tiwi. Cesont :- l'union sexuelle des amoureux (pu~artal) 3 tipai Icu,riiici- I'attente patiente (iruttal) 3 mullai,- la bouderie (iifal) 3 marutam,

- la chagrin (i_raikal)-3 neytal et,- la separation birital) 3 le tipaipdlai.L'amour, avant et aprh le mariage (Kaikk6Z ) :Kaikk6,l se divise en kalavu et hpu. Kalavu signifie l'amour avantle mariage et m usignifie l'amour apres le mariage.L'amour idealpasse de Fialauu a kapu.union sexuelle (pupzrtal)attente patiente ( iruttal)( zifal)( irah kal)separation(piritav\L'amour avant le mariage (kalavu) est tres souvent un amourclandestin entre le heros et l'hCroine45.Kap (l'amour apres le mariage) fait suite a la revelation del'amour secret aux parents et a la societi qui mene au mariage. Kalpucomprend aussi les sentiments comme la satisfaction dans la vieconjugale (malivu), le commencement et la floraison de la bouderie (pulaviet iitai), la pacification de la bouderie (upm) et la separation lpirivu)46.45. Le TolWppiyam, Ceyyuliyal, stitra 48746. ibid., sQtra 488

Kalavu et kalpu sont la succession d' evenements de la vieamoureuse d'un homme et d'une femme. Ces evenements commencentavec la rencontre d'un homme et d'une femme et vont jusqu' a leur vieconjugale.I1 faut bien noter que la suite d'evenements des situations deka!avuet de kapu est considerie comme la structure et le contexteglobal, le modele conc;u par les savants tamouls indigenes, pour leurservir de norme, de cadre dans lequel le dynarnise du developpement etdu progres de la relation amoureuse entre deux etres humains doit 2treexamine d'une maniere ideale47.Le principe d'anonymat des personnages :La caracteristique importante des poemes d'akam est le principed'anonymat des personnages des poemes d'akam. Selon le Tolkr2ppiyam,les personnages de la litterature akam, ne doivent pas posseder de nompropre, soit reel, soit imaginaire48. On les designe seulement sous lenom commun de heros, d' heroine,, de confidente, etc.47. Kamil V. Zvelebil, Literary conventions in Akam Poetry, Madras, Institute of AsianStudies, 1986, p.148. ibid., p. IV.

Le principe d'anonymat des personnages des poemes d' akam adonne aux polmes d'akam l'aspect universe1 et l'aspect eternel49.Emetteur (Kiim) - Recepteur (KGtpdr)- Contexte (Tu-mi)Le personnage qui &met un message ou pritsente une situation,dans un pokme akam, le narrateur, est kii-3. Le pokte presente toujoursle pokme d'akam par l'intermitdiaire d'un personnage et il ne fait pointune description directe. En plus il n'intemient point dans le monologuedramatique du posme d'akam.Le personnage qui fait du kii-yu s'explique a un autre, celui quil'ecoute, celui qui re~oit le message, est ki3,tpdr. I1 faut noter que k2tp8rest aussi un personnage du poeme et il n'est pas le lecteur du po2meso.ItA_rai signifie le contexte, la situation et le theme du po&me. LekziP nous aide a comprendre, qui parle a qui, mais fqai nous aide Eisituer le pokme dans le contexte, dans lequel les personnages rkagissent.Tzqai comprend quatre elementssl: celui qui parle, celui quiicoute, le theme specifique et la facon dont on communique le message49. Kamil V. Zvelebil, Literary conventions in Akam Poetry, op. cit., p.IV50. Takanobu Takahashi, Tamil Lave Poetry and Poetics, Leiden, E.J.Bril1, 1995, p.651. ibid., p.40

(la facon directe ou indirecte). I1 faut noter que tous lles tu_rai nepossedent pas ces quatre elements.Pour mieux comprendre ces trois concepts, essayons d'analyser al'aide d'un po2me du Kuruntokai.'Ce qu'il a dit:'' Ta mere et ma mere,Comment elles se sont lii.es?Ton pere et mon pgre,Quelle est leur parenti.?Toi et moi,Comment nous nous connaissons ?Mais dans l'amour, nos coeurs sont,Comme la terre rouge et la pluieMelees,Hors de separation.''Apres l'union sexuelle, le hiros parle en constatant lessignes distinctifs de I'hQoine qui a peur que le heros laquitterait',"Ce sont les 61Cments ci-dessous qui nous aidentbien comprendre# La rigion geographique / la code de conduite d'amour (tipaz): ku_n'iici# L'amour (kaikkcl) : avant le mariage (kalavu)# Emetteur (k1.7~) : ' Ce qu'il a dit ' (" il " signifie le heros)# Le contexte (tqai) :' Apris l'union sexuelle(iya_rlckaippuparcci., le heros parle,en constatant les signes distinctifs del'heroine, qui a peur que le heros laquitterait '

Le contexte de ce poeme explique qu'il existe ces quatre elementsdans ce poerne : celui qui parle : le heros ; celle qui l'ecoute : l'heroi'ne; letheme spkcifique : soulever la confiance; la fa~on dont on communique lemessage: la facon directe (c'est a dire le heros communique directement aI'hCroi'ne et pas par l'intermidiaire de quel qu'un(e) d'autre.Revenons maintenant aux constituants de hlavu et kapu.Le Tolkiippiyam n'a pas defini le concept de kaikkdl; il n'a pasetabli non plus une correlation entre le concept de tiuai et de kaiWc61Iconcernant la classification du contenu des po6mes d'akam I1 existe ladivision des aspects de l'amour en union sexuelle, attente patiente,bouderie, chagrin et separation d'un c6t6, et la division de l'amour avantle rnariage et l'amour apres le marhge de l'autre c8t.652, Les aspects del'arnour traitent les emotions dominantes avec la correlation desregions particulieres tandis que l'amour avant et apres le mariage estbase sur la suite d'evenements d' akam53.L'amour avant le mariage (Kalavu) :L'amour avant le mariage ou l'amour clandestin (kaFavu), revEt lesquatre formes suivantes :52. Indra Manuel, Literary Theories in Tamil, op. cit., p.22753. ibid.

# l'union sexuelle des amoureux quand ils se rencontrent pour lapremiere fois (iyafkkaippuqarcci),# la rencontre des amoureux, daxs le meme lieu ou ils se sontrencontrEts pour la premiere fois (i;antalaippa,tal),# la rencontre ou l'union des amoureux par l'intermediaire de l'amidu heros @dtikotu tagl),# la rencontre ou l'union des amoureux par l'intermediaire de laconfidente de l'hQoine (tdliyirpugarvu) - .Un jeune homme de haute naissance rencontre une jeune fille,pour la premiere fois et il est attire par cette fille et elle est attiree par cejeune homme. C'est le coup de foudre entre les deux qui les entraine al'union sexuelle (iya_~kkaippuparcci). Mais avant cet ivenement, il y a despreludes. Les preludes sont : la scene de premiere vue (kdtci), le doute(aiyam), l'eclaircissement du doute (telivu) et la comprehension de- -l'amour (kuripparital).

Kcitcis4 signifie la premiere vue. Dans la scene de premi6re vue, leG a bheros regarde la fille pour la premiere fois. Egaux dans leur position,Ails se rencontrent a' cause du destinss.54. Jean Rousset etudie dans son oeuvre Les yew se rencontrerent, la scene depremitre vue dans le roman. Pour ce critique fran~ais la premiere rencontreconstitue une unite dynaniique. 11 explique que a Mon theme est une scene, riende plus : quelques lignes, parfois quelques pages, c'est peu dans la continuit6d'un roman ; c'est beaucoup aussi des que l'on jette un coup d'lzil surl'ensemble de notre tresor litteraire, la scene de rencontre est partout- oupresque. Une tradition tenace la repete depuis deux millenaires, non sansvariantes, icarts ou amplifications. On ne peut s'empecher d'en reconnaitre lecaractere quasi-rituel ; elle appartient de droit au code romanesque, elle y figureavec son ceremonial et ses protocoles.Cette forme fixe est liee a une situation fondamentale : le face a face quijoint les heros en couple principal, la mise en presence de ceux qui se voientpour la premiire fois. I1 s'agit d'une unite dynamique destinie B entrer encorrelation avec d'autres unites et declenchant un engenage de consiquencesproches et lointaines: autres rencontres, separations et retours, quCte ouattente, perte momentanee ou definitive, etc ... L'evknement racontC est a la foisinaugural et causal ; on a le droit de traiter la sctne de premiere w e comme unefonction, itant donne son pouvoir d'engendrement et d'enchainement, et commeune figure qui a sa place consacree dans la rhktorique romanesque. L'actionqu'elle met en euvre est differente de toute autre, dans la mesure ofi, plusqu'une autre, elle pose un commencement et determine des choix qui retentirontsur l'avenir du recit et sur celui des personnages ; ceux-ci la subissent le plussouvent comme un ouragan et une rupture, parfois comme un investissementlent ; ils l'eprouvent toujours (du moins l'un d'entre eux) comme une naissanceet cornme un engagement qui les entrdne malgre eux :Ne t'eussai-je vue que ce premier instant, c'en etait dejB fait, il itait troptard pour pouvoir jamais t'oublier.La Nouvelle Heloise, 11, 3Et quand le Rousscau dc la 10r RBverie rcvicnt, aprcs un demi-siecle, surla rencontre de Mme de Warens, il conjugue plus Ctroitement encore les deuxnotions d'instant premier et de suite ineluctable :Ce premier moment dicida de moi pour toute ma he, et produisit par unenchainement inkvitable le destin du reste de mes jours.On pourrait prolonger sans fin ces variations sur le mot premier et leslendemains qu'il tient en germe ; ce lime en fournira les preuves a foison. >>55. Le Totkiqpiyam, Kalavu iyal, sfitra 2.

Le doute du heros (aiyarn ):Le heros, en regardant cette fille d'une grande beaute, pense toutde suite qu'elle ne peut pas Gtre un itre humain, mais un itre cEleste56.Alors il la doute.L'6claircissement du doute (telivu) :Telivu est I'itclaircissement du doute chez le hQos. I1 regarde lafille soigneusement pour decider de la nature de cette fille. I1 regardel'abeille qui circule autour des fleurs qu'elle porte, l'ornement qu'elleporte, le tatouage, les fleurs qu'elle porte, son oeil, sa vacillation, le clind'oeil et la peur etc., et enfin ses doutes ~'Cclaircissent et il conclutqu'elle est un 6tre humain.Comprendre la r6ciprocitQ (ku_ripparjtaZ ) :Ku_ri,ppa_rital comprend l'echange du regard du heros et de l'hitroinequi leur permet de comprendre que leur amour est reciproque. Ici, lesyeux du heros et de l'hitroi'ne jouent un r61e prepondkrant, et s'il y a laritciprocitit du regard, il y aura les signes de l'union sexuelles7.56. Le Tolkbppiyam, Kalavu iyal, satra 3.57. ibid., sfitra 93 et 94.

C'est la suite de ces quatre Cdnements priliminaires qui poussentie heros et l'heroi'ne a entrer dans une relation sexuelle qu'on appelleiya~kkaippuparcci.L'union sexuelle (iya~kkaippuparcci ) :I1 y a sept $tapes dans iyaykkaippr !garcci58. Ce sont :1. L'approche graduelle du hiros;2. Sa comprehension du dksir de I'hCroine (te!ivakappa#utal)3. Le contact physique (rneytof;tuppciyiral)4. L'union sexuelle (colliya nuka_tccz]5. La prornesse du h6ros a l'heroine (trfdttGcam)6. Le depart du heros.7. L'angoisse de 1'hCroine a cause du depart du heros.Apres l'kchange des regards amoureux entre le heros et l'heroine,le h6ros prend la premiere initiative. I1 s'approche d'elle et il comprend ledisir de cette fille. Selon la convention d'akam l'hkroi'ne ne parle pointquand elle rencontre le heros pour la premiere fois (a iya_rlckaippu~arcci).Ce sont des gestes, des regards, etc. qui expriment son dirsir d'acceptercet homme; et c'est toujours le heros qui fait des avances en comprenantses expressions. Si l'hkroi'ne ne proteste pas quand il est tres proche, ilessaie d'avoir un contact physique (meyto,~ppEyiral, poyqpp~al etc.)58. Indra Manuel, Literary Theories in Tamil, op.cit, p.232.

qui se temine dans l'union sexuelle (colliya nukarca].-Apres leur unionsexuelle, le heros promet B l'hkroi'ne qu'il ne I'abandonnera point. I1 y aun poeme du Ku-mntokai qui decrit bien cette situation." 0 femme!Aux cheveux noirs rCunis,Parfumes des fleurs de hlaviA la bouche rougeRemplie de miel et odorante de lis:Avec la peau rougie de tachesComme les pollens de lotusQui s'etendent dans l'eau profonde,Quand je te dis de ne pas avoir peur,Crois - riloi,Meme je pourrai avoir le monde entierEntoure par la merOu les cygnes avec les petites pattesHabitent dans les dunes de sable,Je ne penserai point a abandonnerTon amour" 59Ce poeme du tiaai ku_n'fici met en relief la promesse du hCros al'hkroine qu'il ne l'abandonnera point.Apres leur union sexuelle, le heros quitte le lieu, en s'extasiant surle plaisir qu'il a eu avec cette fille dans leur union.kLa rencontre dans le m6me lieu (Itantalaipafu ) :Le heros et l'heroine se rencontre dans le mCme lieu ou ils se sontrencontrCs pour la premi6re fois (dans 11ev6nement de iya~kkaippuparca)et qui se passe par hasard. La rencontre de ifantalaippcifu nous montre

que Ieur union sexuelle de l'autre jour n'est pas seulement l'instinctsexuel passager provoque par la douceur des saisons, mais I'effet del'affection innee et croissante de I'un vers I'autre60.I1 y a un poeme61 qui explique bien le concept de itantalaippgfu:" Elle reste debout, la tete inclinee,Ses cheveux cachent son visage,Le tintement de ses bracelets brillantsEffarouche les crabes,Que le soir solitaire disparaisse,Elle m' offrira les seins de la beaut6 virginale."Le poeme d6crit les amants qui restent debout au bord de la merdans la soiree solitaire. La rencontre qu'on dCcrit ici n'est pas lapremiere. En meme temps, ils ne se sont pas rencontris plusieurs fois,ce que nous comprenons a l'aide de la reserve de la part de l'hiroine carelle ne dit mCme pas un seul mot dans ce contexte. Si la rencontre n'estni la premiere, ni la rencontre habituelle, pouvons-nous la considerercomme la seconde? 6260. V.Sp.Manickam, The Tamil compt of love, op.cit, p.3362. Takanobu Takahashi, Tamil Love Poet y & Poetics, 0 p Cib .)p.81.

L'union par l'intermkdiaire d'un confident(PtiirkarlclZHam): . Lheros.Pcirikarkziftam .,signifie I'union par l'interm6diaire d'un confident duI1 y a trois ivenements dans cette ipisode63: l'admonition duconfident en entendant l'affaire de coeur du heros, l'explication du herosqui languit d'amour, le consentement du confident 5. aider le heros.Dans toute la littirature caizkam, nous avons tres peu de poemesoti le confident s'adresse au hQos. Ci-dessous se trouvent deux poemesqui montrent le rdle de destinataire du confident dans l'amour." Tu me critiques,Mon ami.Oui, je crois queCela ira mieux siTu arrCtes ma peine d'amour,Mais,Comme le beurre fondantSur la roche briilante,Garde par les yeux de l%ommeMuet et sans mains,La peine de l'amourSe propage en moi etI1 est si difficile de la contenir" 64Le poeme suppose que, auparavant, le heros a etf.5 critiquk parson ami qui lui reproche son amour. C'est dans ce contexte que nousavons le premier CvCnement de phnkarEftam,. . c'est 5- dire, l'admonitiondu confident en entendant l'affaire de coeur du heros. Le poeme cite63. Indra Manuel, Literary Theories in Tamil, op.cit. p.232.64. Le Ku-mntokai, 5873

explique la situation du heros : il veut echapper a I'amour, mais en vain.C'est alors qu'il explique son etat d 'he :" Comment pourrais- jeJamais l'oublier ?Cette fille, au teint brunSi attirante,Si disposke a etre embrasseeAvec les collines douces de ses seinsEt ses cheveux longs et entrelacks,Ses yew baisses,, .Tel un petit veauDont la tete frkmitDu desir ardentDe voir sa mereAvec ses mamellesPleines de lait" 65Ce pokme explique la difficult6 qu'eprouve le heros a oublier safille. Le confident, en analysant l'impasse morale du heros, decide enfin,de l'aider dans son amour, d'ou son consentement (l'evenement dernierL'union par I'intermediaire d'une confidenteT6liyirpunannr - signifie la satisfaction du dksir charnel (du heros etde l'heroine) par l'intermediaire d'une confidente de 17h6roi'ne., Une seriede rencontres se produisent entre les arnoureux, apres l'intervention dela confidente dans la scene amoureuse. Le personnage de la confidenteest considere important et indispensable dans lespo&mes d'akam

surtout dans ceux de la phase de I'amour avant le rnariage. Sur les 882poemes d'akam de cette phase, 842 poernes appartiennent a la section det6jiyirpupam66. C'est dans cette section que les amoureux passent del'etat de leur amour clandestin (kalavu) au rnariage (kqrpu).Ci-dessous se trouvent les Cvknernents les plus importants qui sepassent dans la vie des amoureux apres l'intervention de la confidente.Lacomprehension de l'amour par la confidente del'hbxo'ine(Piinki matiyutarpiitu) :-aPiriki matiyufa-np,@ est composC de trois evinements. Ces trois6vCnements aident la confidente a comprendre la liaison d'amour del'hkroine. Tout d'abord elle apprend la liaison d'amour 5 travers leschangementssubtils qui se manifestent chez l'hiroine (mu_n_nuraupartal). I1 existe sept 61Cments qui aideront la confidente a apprendre saliaison d'amour: le parfum, l'apparence, la conduite, la nourriture, latendance a cacher ses actions, la faqon de se promener et la solitude67.En soup~onnant la conduite de l'heroine a travers ces sept indices, ellesonde le coeur de l36roine ti I'aide d'expressions varikes et artificiellessans pour autant depasser ses limites68.66. V.Sp. Manickam, The Tamil concept of hue, op.cit, pp. 37-3867. Le Tolkclppiiyam, Porulatikaram, siitra 112.68. ibid.

I1 y a un po6me qui nous aide bien a comprendre ce sujet :" Hier, un homme est apparu dans le champ de millet,Portant un ornement brillant avec un beau saphir;Changeant son comportement royal,I1 a ripete ces mots obsequieux d'un ton suppliant:'0 fille qui chasse les perroquets de tout petit millet,En frappant faiblement ton hochetQui reverbere d'un son agriable et repete,Debout comme une deesse,Qui es - tu?Tu m'as fascine- Je te devorerai!'Et il m'a embrassi de derriere.A cela, mon coeur est affligeCraignant qu'il ne sache, j'ai dit des mots sev6res,Je n'ai pas I'intention etJ'ai detach6 l'empoignement de ses mains.Je suis restke debout sur le terrain,I1 s'est iloigne comme une biche effrayee,Dornpte par ma force de determination,Et il n'ose dire rien d'autre.I1 est parti tristementComme un elephantQui s'est &park de son troupeau,Et mlme aujourd'hui, il n'en est pas gueri.I1 ne comprend pas qu'il soit irreprochable,Et c'est lui qui a droitA ces bras poteles aux joints courbants.Viens, allons, mon amie,Lui dire puis qu'il arrive,Pour essayer d'obtenir ce qu'il veutSuppliant puisque je tourne le dos" 69Ce poeme represente la situation oQ I'hiro'ine explique a laconfidente sa premiere rencontre avec le hiros.Dans l'evenement suivant, le hiros s'approche de la confidentepour lui demander son assistance (kuraiyuja - unartal). I1 sollicite son

intervention pour pouvoir rencontrer I'h6roi'ne. Ce po1511ejo traite le sujet" I1 y a des jours,Un homme de la rCgion littoraleEst venu seul,Laissant son char, etI1 m'a demande'OG est ton village ?. ...Son char (apparait de nouveau) aujourd' hui.Si nous recevons (sa demande),I1 acceptera (c'est - 5 - dire le mariage)"Vraiment touch6 par l'amour que le heros avait pour l'heroi'ne, laconfidente dlcrit la dlmarche du h6ros a l'hlroine et elle lui supplie de sepreparer pour une rencontre avec lui.Dans.eeASO^dernier, la confidente apprend definitivement4leur liaison arnoureuse (iruvamrn ultavaji ., avac vara uvartal). Dans lekuraiyqa - ucartal, le heros s'approche de la confidente quand elle estseule, et dans 1' iruvamm uFFavaji ava_n vara uvartal, le heros s' approchede la confidente quand elle est avec l'hQoine71.I1 y a des poemes tres frappants qui traitent le sujet de iruvarumullavali avan vara unartal. En voici un72:

" Pres de la montagneOu la cascade sonne,Ou la jambe d'un veauAttach6e a un jaquier etendu,Qui porte des fwits dans les racines,Et la vache rougeiitre, qui a le veau,Mange les pulpes de jaques et boitL'eau froide de la colline procheDe bambous ipais,0 femmes!Vous ne me rCpondez pasQuand je vous demande :' 0Ci est votre village dans ce lieuFortifie par les grandes montagnes? 'Pourtant, dites-moi,Est-ce votre travail de protCgerCe champ de milletQui porte des epis rouges et richesEt qui croit a l'aide de la pluie verseePar les nuages plein de foudre et de tonnerre.0 vous, qui possidez la vulve aux cBt& elevesEt aux ipaules luges."Ce poeme dCcrit la situation ot~ parle le heros, pour fairecomprendre son amour a l'herolne en presence de la coniidente.L'union sexuelle par 17interm6diaire de la confldenteL'union sexuelle du heros et de hQoine se deroule aussi parl'intermediaire de la confidente. Elle comprend cinq Cvinements.1. la supplication du hQos B la confidente concernant la preparationd'une rencontre avec l'hiro'ine (irantupi_nnigal) 7373. Le Tolkdppiyam, Poru!atik&ram, sfitras 99, 112, 125. Ce terme deimntupi_n'~.i_r~atn'existe pas dans le Tolkdppiyam mais le Tolkdppiyamutilise le terme de kuraiyu,mtaL

2. le refus de l'aide de la part de la confidente au heros au nom desa digniti: (cztpatai) 74. .3. la menace du heros de monter sur le cheval qui a ete fait de la tigedu palmier. Quand la confidente n'accepte pas i preparer pourune rencontre avec l'hiroi'ne, le h6ros menace la confidente qu'il vamonter sur le cheval en bois, fait de branchages pointus et aciresdu palmier ayant pour effet de se blesser mortellement (mafallciilciinu1 75,74. Le Tolkappiyarn, Poru!atikGram, siitra 112. Le terme de cZjpa;ai n'existe pasdans 1eTolkiippiyammais ce terme a etk forge par les autres trait& d'akam(L'Ipya_nZr AkappomJ L'AkappomJ Vij akkam) et le Tolkcippiyam n'explique quele concept de cE;pa?ai sans lui donner Be terme determinant.75. Le Tolkcippiyam, Akattipai iyal, siitra 38. Le rnafal kii-p est un stratagemeutilise pour menacer ou pour obliger la confidente pour qu'elle arrange larencontre avec l'h&roine, mais il faut bien noter que le heros ne monte pas lernafaL S'il monte le mafat la relation amoureuse qu'il posstde pour l'heroinetombe dans la categorie de Itamour excessif (peruntipai). 11 faut noter aussi queles femmes ne doivent pas monter sur le mafal, On considtre que l'evinementde mafal signifie comme une initiation de la part du heros pour annoncer sonamour clandestin au public, c'est a dire de passer de la phase de kaiavu aka-pu-

4, l'acceptation de la confidente d'aider le hiros a rencontrer l'hirroineet aussi la plaidoirie de la confidente aupres de l'heroi'ne pour unerencontre avec le hQos et enfin le consentement de l'heroine arencontrer le heros (kurai nayappittalj,76 et5, la rencontre du heros et de lberolne avec I'aide de la confidente. Larencontre (kCttam)des. . amoureux se passe dans la journ6e(pakarku_n) ou dans la nuit (iravukkun). -La rencontre des amoureux dans la journie ou dans la nuitmerite dZtre CtudiCe en detail parce qu'il y a beaucoup de poemes quitraitent ce sujet et de meme sur le sujet de l'attente de 1' heroine pour leh6ros qui traduit la souffrance intirieure, la peur etc.76. Le poeme 81 du Ku-mntokai explique bien cette situation (la confidente persuadel'heroine de rencontrer le heros) oh la confidente s'adresse au heros :" Elle a accepti la viriti de ma paroleQuand je lui ai ditCe que vous m'avez parlC,Et cacht dans un endroitEntre les branches fraiches et mouilliesDes arbres de puggaiElle a perdu sa jeune virginiteElle est si solitaire,Vous devez penser d'elle.Regardez - la!Notre petit et bon villageOh, les palmiers avec ses tiges pendantesEt ou la mer avec les vaguesQui ont l'odeur des poissonsApparait comme le clair de luneEt le bocage du for& apparait cornrne I'obscurit&".

Le rendez- vous dans la journhe (Pakarkru-ni :Le hQos et 1Wroine se rencontrent gr5ce a la confidente dans lajournee et 'le lieu de rencontre est a l'exterieur (de la maison del'heroine) a un endroit tres connu de l'hiroi'ne"77. Cet endroit est fur&,soit par 1'hCroi'ne soit par la confidente. Dans le poeme78 suivant Iaconfidente s'adresse au heros a propos du lieu oa il peut rencontrer sonamante." Pr$s du village il y a un &tangEt pas loin de l'ktangEst une petit riviere de foret;A l'exception d'un petit heron blancCherchant la proie,Rien ne s'approche pres de ce bocage.Nous irons laPour ramasser de l'argile pour nos cheveux,Et elle viendra aussiCette innocente fille "Selon ce poeme, le lieu de rencontre des amants se trouve a laproximitC du village connu de 1'hCroine et de la confidente. Ici larencontre se passe dans la journCe : le heron cherche sa proie.

Le rendez - vous dans la nuit (iravatklcuri -) :En ce qui conceme le lieu de rendez-vous de nuit du heros et deI'hQoine, la rencontre se passe dans " des locaux de la maison, d' 00 onpeut entendre ce qu'on parle dans la maison"79Dans la litterature Carilcam, il y a une centaine de poemes quitraitent les differents aspects de rendez- vous dans la nuit.Ici iI y a un poitmeso trSts interessant qui traite du double r61e quejoue l'heroine:" Mon amante a dew personnalites;Dans la nuit bourdonnante,Elle appartient a moi-Elle reste avec moi avecL'odeur de la foret de Mulliir du chef Malaiyan,Qui posskde la lance rouge etQui est assez fort pour se battre avec n'importe qui;Mais a l'aubeElIe appartient a ses parentsAvec le visage calme;Elle enlkve les fleurs mGlees,Qui ornaient ses cheveuxEt elle frotte de l'huile, B ses cheveux,Qui est parfumee de sandale "L'heroine est obligee de cacher son amour a ses parents et alors sapersonnalite se divise en deux : fidele a ses parents dans la journee etfidele a son amour dans la nuit. Donc, aprZs sa rencontre avec leALL79. Le Tolkbppiyam, K4avu iyal, 129A80. Le Kumntokai, 312

heros dans la nuit, .i l'aube elle efface les preuves de sa rencontre; jetantles fleurs (quJil a donnles) qui ornaient ses cheveux.I1 y a aussi des obstacles qui empCchent le hirros de rencontrerl'hirroine dans la nuit. Le pokme suivantsl explique les difficultisrencontrees par le hiros quand il vient rencontrer 1'hEroi'ne." Le village de 1'hCroine ne va point dormirMeme sJil nJ y a pas de fete;MCme si le village bruyant va dormir,La mere s6vb-e qui toujours prononce les mots durs,Ne va point dormir;Meme si la mere gardienne va dormir,Les veilleurs du village enrent;Meme si les veilleurs vont dormir,Les chiens perdus aboient;Meme si les chiens perdus restent silencieux;Le clair de lune brillantFait la nuit en jour;MCme si la lune disparait,Le hibou alarmant hulule pendant le minuit,Quand les esprits sont dehorsEt mCme si le hibou reste calme, le d o n p6pie.Mais, helas! dans la journee, quand il n' y a point deCes obstacles,Le heros bien qu'il posside un coeur inepuisableNe vient pas"Ce pokme presente un cceur dCsirant s'unir avec son bien-aim6mais troubl& par les obstacles qui ne le lui permettraient pas.8 1. L'Akanhnti-m, 122, les vers 1 18.83

Le dQsir du mariage (uaraital uZtkai) :heros).Varaital vetkai est le dCsir du mariage qui nait chez l'heroine (et leL'amour clandestin que seuls le confident et la confidenteconnaissent commence a Etre connu de tous les autres. Les commCragesqui vont bon train dCrangent beaucoup I'hkroi'ne, la confidente et lafarnille de 1'hCroine. Donc l'hero'ine desire le mariage avec le heros leplutdt possible. Le poi5mesz suivant explique bien l'agonie de l'h$roineincornmodite par des commlrages.' Si j'ai peur de commerage,Mon amour se fletrira.Si je laisse passer l'arnourPour terrniner cet abusCe qui me resteEst la honte.Ecoute! mon amieLa vertu de moi qu'il a consornrneeEst comme une brancheAvec I'ecorce fibreuse,Cassie par un grand 6li.phantQui l'a courbit basse,Mais pas encore tombee sur terre."L'hiroine ne peut Cchapper ni a son amour ni aux commirages dupublic. Le poete a recours a la comparaison d'une branche cassee par

un elephant, qui suspend sans tomber sur terre, a cause de 1'Ccorcefibreuse. L' heroine qui a perdu sa virginiti. est comparke a la branche.Pousser le heros au mariage (varfzm kafiitaq :Le sentier dangereux que le heros doit traverser pour rencontrerI'hiroine, la surveillance de celle-ci par ses parents, sa souffrance duela passion, la confidente disant au hQos de venir rencontrer I'heroi'nedans la journee et puis dans la nuit et lui disant ensuite de ne pas venirni dans la journee ni dans la nuit sont autant de motifs qui font deciderle heros d'ipouser 1'hCro'ine. I1 n'y a pas de poemes presentant lasituation de la demande de l'heroine et la confidente au heros de1'Cpouser A cause du danger qu'il traverse dans la nuit. Ce poemes3 fait leportrait des dangers qu'i1 rencontre." Les eclairs semblent dichirer l'obscurite,Les cieux tombent a verseLes gouttes dans la pluie grosseDe minuit,Un ours avec les grades pattesTire le tertre de termiteDont le devant ruin&, essaime avec les lucioles,Brillant comme les Ctincelles du metal martele,Et quand il deterre sa crete,I1 est comme un forgeron.Le sentier est difficile.Dans la riviere il y a des crocodiles terriblesQue les hommes frissonnent d'en penser.11s mugissent contre les rochers avec ses torrents etCasse les mats de bateliers.Pourtant il ne pense pas,"J'ai peur,

Je suis seule".Sur ces versants hantes par les demons quiBruissent avec les bambous oscillants,Si hauts qu'ils semblent arreter les nuages;Pour satisfaire la faimDe sa femelle enceinte qui nourritDeux vies,Un tigre en colere tue un sanglierEt dans la lumiere d'un bijou di.pos6 par un cobra,De chasser dans ses rayonsI1 traine son corps ainsi que son sang epaissit.Les sentiers,11s sont comme les epees d'y marcher,Les chemins 6parpilles de rochesFont peur les hommes qui en pensent.Lui, qui est venu 18,Portant sa lance,Son coeur plein d'arnour,N'est pas un homme cruel,Et toi qui lui as dit de venir a cette periodeN'as pas fait 'tort.Je t'ai rempli avec tous mes soucis,Mon amie,C'est moi qui doit Ctre blhee."La separation pour chercher la fortune (varaivitai vaittupLe heros se sipare de l'heroine pour chercher la fortune afin

La r6v6lation de l'amour clandestin de lYh8ro'ine (ayatto*nilai ) :Arattofu - nilai signifie la rivelation de l'amour clandestin del'heroine. C'est la confidente de l'heroi'ne qui fait connaitre a la mereadoptive l'amour de 1'hCroi'ne et du heros84,I1 y a trois causes qui poussent la confidente a la rEvklation del'amour. Ce sont : le refus du mariage du heros (avec l'heroi'ne) par lesparentes de I'heroi'ne (varaivu maruppu), demande de la main de l'heroineau mariage par quelqu'un d'autre (pimn - varaiuu) et In danse cklebreepar le prGtre possede par le dieu Muruk6 (veriyti,p85). -La fugue amoureuse (piiklcu / utanpiikku):L'heroine entreprend la fugue amoureuse avec le heros:a) quand elle desire rester toujours avec le heros,b) quand elle a peur de la skparation,c) quand elle a peur des cornmerages et84. Le Tolkdppiyam, Poru!atikaram, satra 11285. La mere et la mere adoptive de l'heroine sont douloureuses en regardant lediclin de la santt de I'hiroine a cause de l'amour. Ignorant de la vtrit6 de cedeclin physique, la m&re orthodoxe pense que c'est a cause de Dieu de cetterigion Mum& et elle invite le pr&tre officid velan de gudrir la maladie de sa fille.Le rite est execute dans un lieu dtcoi-6 et le velan invoque la presence deMurukan, en offrant Ie millet rouge avec le sang de Mlier et il danse, la dansefougueuse vefiydff u.

d) quand il y a des obstacles dans leur rencontre86.11s vont vers une destination Cloignites7. Mais il y a un poPme88 quiexplique qu'ils vont a la region accidentite du heros.'' 0 jeune femmequi sent le lisenvahi de la fumCe p&m6du bois de sanddeabattu par le montagnard etsur son front brillantles abeilles bourdannent,le chef t'emmsneraet t'accompagnera a sa region accidentee "Dans ce poPme la confidente s'adresse a 12l6roi'ne et lui conserve lafugue amoureuse avec le h6ros. Ici, la destination qu'ils vont atteindreest bien precise : la region du heros.I1 y a aussi d'autres themes subordonnis concernant1'CvCnement de la fugue amoureuse. Quand l'h6roTne quitte sa famille, lamere (propre et/ou adoptive) se lamente sur sa fugue amoureuse. Dansle pokmesg suivant sa m&re adoptive la cherche. I1 ajoute aussi lalamentation de la mere adoptive." Mes jambes sont lasses etne marchent pas vite,mes yeux ont regarde partout,86. Le Tokippiyam, Poru!atik&ram, siitra 22187. ibid., siitra 4388. L'Air\kupntip, 25489. Le Ku-mntokai, 44

Les femmes qui ont donne le bain de noceA la mariee, la regarden. avec les yeux per~antsSans clignotement,Sont dlees tout a coup,Ses parentls prochesTendent un fil blanc sur elleAvec les feuilles fendus et les arriitres douxDe udkaP2 et avec les herbes d' a-mkuSes racines sacrges, une figurineSes boutons frais, parfumesLes petales foncks, bleusComme le saphir laveProduisent par les cieux tonnantDes premieres pluies dans les valleesOu les veaux adolescentsSe nourrissent sur eux,11s ont amenk cette fille envers moiOm&e avec les nouveaux habitsSuscitant mes desiresMZme dans le dais de noceLes bruits de noces, bruyant comme la pluieDans cette premiere nuitEt quand elles essuyant sa sueur,Et me l'ont donnee,Elle a itti5 magnifique avec les omements.Je lui ai ditQui etait (debout) maintenant,Le corps pour rnon haleine,Chaste sans aversion,Enveloppi: partout par une robe,Nouvelle et infroissee," C'est chaud. La sueur geme,Sur ce croissant, ton sourcil.Ouvre, un peu ta robe etLaisse le vent de 1' rafraichir,"Et meme si je parlais,Mon coeur hAtif de dCsir,J'ai enlevi: la robe,El: elle restait debout exposee,Sa forme brillante,Comme une epee dkgainkeSans savoir, se cacher,Elle a crik "woy"!92. L'arbre dont le nom scientifique est mimosa flexuosa.90

En honte,Et puis courbee, price a moiQuand elle a relgche ses cheveuxDefaisant la couronne epaisse, coloree,Des petales casses de lis,Et avec l'obscuritt? des tresses noires,Qui possedent les fleurs tirees sur le voletAttirant encore les abeilles,CacheSes parties sexuelles "La vie conjugale se passe bien aprts leur mariage, chez le heros.Les nouveaux marib sont txes contents. Son arnie, la confidente esttres contente aussi. Elle s'exprime en regardant la vie conjugale heureusedu jeune couple dans le pokme93 ." Elle a petri le lait cailli: epais,Avec ses mains tendresQui ressemblent aux fleurs kcintalEt elle les a essuyCes etElle portait le meme vetement sans le laver.Ses yeux qui ressemblent aux fleurs kuvalaiSont pleins de la furnee,Resultant de l'assaisonnement,De la sauce aigre qu'elle a prepareeDe ses propres mains.Quand son man l'a goQtkeEt lui a dit "C'est dklicieux",Le visage de la fille avec le front brillant,A souri presque imperceptiblement."Sparation pour chercher la fortune (poruluayir piriuu) :Pour mener une vie sans probleme materiel, le jeune couple abesoin d'argent. Donc, le heros quitte son pays et sa femme pour gagnerde l'argent.

La peine de I'heroine durant la separation est indefendable. MEmeavant le mariage, pour les dipenses de mariage, le heros quitte l'heroinepour chercher la fortune. La durite de leur separation avant le mariageest plus courte que la duree du temps qu'elle va prendre apres lemariage.Un seul poeme94 est suffisant pour montrer la souffrance resultantde la separation du hQos." L'hommeQui a caresse rnes cheveux noirs, epais,Et rnes epaules larges,Et puis parti pour gagner de l'argent,Et il a fait mes bracelets glisser;A minuitQuand le tonnerre feroce grondeDe couper la tete tendreD'un serpent en colere, ray6 et a pois;Lui, est ce qu'il saitMon amie,Le son de la cloche qui sonneAvec chaque pas du taureauDans l'etable plein de vaches? "Dans ce poeme, c'est l'hero'ine qui confie a la confidente la peine del'arnour, suscitee par la separation de son mari.En ce qui concerne la separation, il y a aussi d'autres cas oti leheros se dpare de l'hero'ine a part celle pour gagner de l'argent. I1 laquitte pour faire la guerre contre les ennemis, pour s e ~ r

d'arnbassadeur, pour poursuivre ses etudes et pour avoir le plaisir sexuelavec les courtisanes95La sbparation pour avoir le plaisir sexuel avec lacourtisane (parattaiyir pirivu):Parattai n'est pas une simple prostituire a qui le seul but est detirer de l'argent en se donnant rnais elle montre l'affection au fils duheros; elle est jalouse de 17h6roine; d' autre part lkkroi'ne est aussijalouse de parattaP6.Dans la litt6rature cafikam, sur 966 poZmes qui traitent la vieconjugale, 279 poemes traitent le sujet de la separation pour avoir leplaisir sexuel avec la courtisane. Les deux potmes servent d'exemples:" Ses paumes sont aussi rouges queLes petales du lotus,Montrant ses filets, couvert de pollenComme il 6cldt dans l'eau stagnanteO~I vivent les loutres.Sa petite bouche,Rouge comme le corail,Ses paroles peu clair, charmantes.Notre fils portant les bracelets d'or,Amable a tous,Jouait dans la rue avec son jouet de char.Quand elle a vu qu'iI est seul,Cette femme, avivec les dents brillants a approche etComme personne voyait,Elle pense, qu'il ressemble son pkre,Elle l'a pris A ses seins tendres,-95. V. Sp. Manickam, The Tamil concept of love, op.cit, p.63.96. Le Tolkdppiyam, Poru!atik&am, satras 44, 145, 149, 229, 231.

Omirs des ornements et lourd de l'orElle a dit heureusement,"Viens, ma vie"!Je l'ai vue debout 1&.Je ne suis pas partie mais j'ai dit,'0 belle femme ne soyez pas timide,Vous etes sa mZre aussi",Et vite je l'ai embrasseehis je l'ai vue comme elle restait debout de honteRegardant la terreComme si elle irtait une voIeuse etGnffant la terre avec son orteil.Mon dieu, comment pourrais- je pas l'aimer?Qui Ctait comme la dCesse de la chastet6,Plein de pouvoir dans les paradis,Qui etait comme la mere de votre fils.'' 97Ce poeme explique la relation entre l'l~.liroi'net la parattai (c'est adire la courtisane de son mari). L'heroine montre de la sympathie enversla courtisane. Elle pense que la courtisane a le meme droit dont elle jouitavec son mari et voila pourquoi elle dit que la courtisane est aussi lamere de son fils.Dans le pokmegs suivant hiro'ine accuse son mari." Vos sements sont si dignes de confiance,Maintenant vous vous $tes amuseLa beaut6 de cette femmeAvec les bracelets tout petits et avecDe plusieurs styles de coiffure,Avec les irpaules comme les bambousRessemblant a un pilon,UtilisC a battre des ciriales et avecLa canne B sucre dessinCe sur elles.Vous avez abandonni cette femme aussi! "

Ce poeme nous introduit le heros qui passe d'une femme a l'autre.I1 s'est mark? avec l'hitro'ine. MCme apres le mariage il a cherche une joliecourtisane et il l'a eue. Mais il n'est pas satisfait et maintenant il aabandonni: la courtisane aussi afin d'en avoir une autre. C'est I'hlroinequi 'parle' dans ce poeme et le teme 'aussi' qu'elle a utilise a la fin de cepokme nous montre la sympathie envers la courtisane et sonidentification avec la courtisane dans l'abandon.Apres avoir satisfait son besoin physique le heros rentre etl'hkroi'ne ne l'accepte pas et ne l'admet pas chez eux. Elle boude (fitaqavec le heros et le h6ros essaie de l'apaiser a l'aide des intermitdiaires.Enfin 1'hCroi'ne l'accepte.La sepaxation pour les Btudes (6ta_r pirivu) :Dans toute la litthrature cankam, nous n'avons meme pas un seulpoeme qui traite de ce sujet.La &paration pour participex dans la guerre (ui~aivayi_rpiriuu):La majoriti: des poemes de cette section traitent l'angoisse susciteechez 1'hi:roine. En plus tous les pokmes ttxdtent la rentree du heros, sonvoyage de retour aprks l'execution de ses services.

C. LES ASPECTS DE LtAMOUR DANS LEKU,_RUNTOKAIVu le nombre tres eleve des poemes d'akam nous nous contentonsde nous attarder sur un seul recueil, le Ku-mntokai.Le Ku-mntokai comprend lui-meme 401 poemes, ce qui nous oblige& effectuer un choix encore plus restreint.Cependant nous ferons en sorte que les constatations que nousallons faire s'appliquent aussi aux autres morceaux de ce recueil ainsiqu'a I'ensemble de la poitsie d'akam.1. Le commencement de I'amour (Kaikkilaq:Le terme tamoul kaikqai designe le commencement d'amour.Kaikkilai signifie 'un homme, avec l'intention d'avoir le plaisir sexuel,s'adresse & une jeune femme qui n'a pas encore dCveloppi le sentimentarnoureux, oG I'homme Cprouve I'angoisse d'amour qui reste difficiled'Ctre supprim&. .'99.99. Le Tolkcippiyam, Akatti~aiyal, siitra 53.

Le heros et l'hiroi'ne se rencontrent et l'amour se dkveloppe.L'amour du heros est bien explicite mais I'hkroi'ne montre une certaineretenue due a la pudeur et a l'inexpirience propres aux femmes100.Normalement le heros et l'h6ro'he ont respectivement l'age de seizeet douze anslol et c'est le destin qui a mis l'un sur le chemin del'autrel02.Alors kaikkilai se resume a ct:ci: Le heros et 1'hCroine serencontrent pour la premiere fois. L'amour nait entre eux. I1 est explicitechez le hiros et implicite chez l'hiroi'ne. C'est le heros qui fait lespremiers pas vers l%erolne. La, devant l'hero'ine, il ne s'adresse pas a elledirectement, mais am autres Etres de la nature. La reaction de I'heroi'nen'est pas verbale. La pudeur, propre aux femmes, empCche l'hitroine decommuniquer directement avec le heros, mais elle veut qu'il comprenneson amour par son comportement et ses gestes. La ri.ciprocit& del'hrkoine se termine par l'union sexuelle du hkros et de llhCroIne.Le poeme 3 du Ku-mntokai illustre bien cet aspect de kaikki!ai."0 abeilleAux ailes adorables,Vous passez la vieA Chercher le miel.100. T. Selvarn, Cinta~ai ?uk$ Chennai, Pari nu1 nilaiyam, pp. 76-77.101. Dr. M. Shanmugam Pillai & David E. Ludden, Kuruntoka< Chennai,International Institute of Tamil Studies, 1997.p.8.102. Le Tolmpiyam, qaviyal, siitra 90

Dites-moi alors,Pas ce qui me plait,Mais la viriteDe ce que vous avez vu;Panni Ies fleurs que vous connaissez,Y a-t-il une, qui sent plus odoranteQue les cheveux de cette jeune femme,Qui est douce comme le paonEt avec les dents serreesEt de I'amour lternel ?"Dans ce poeme, le heros s'adresse a l'abeille, un Etre de la nature,tres commun dans ce genre de poemes. La rencontre du heros et del'hero'ine est clandestine. I1 n'y a personne autour d'eux qumd se passela rencontre. Le heros ne peut pas parler directement a 17hCroine sanssavoir l'intention de celle-ci. I1 prend le parti de flatter l'hkroine.Quant a l'hEroi'ne, elle ne peut pas elle-aussi exprimer sesintentions A cause de la timidit6 et'des reserves103 propres aux femrnes.Alors il s'avere donc necessaire pour le heros de s'adresser soit al'abeille soit a quelques autres ClCments de la nature pour exprimer sonamour pour 1'hCroine.

2. L'Union Sexuelle (kuricci) - :L'union sexuelle de la litterature akam comprend la suited7i.vCnements qui se produisent depuis le commencement de l'amourchez le heros et l'heroi'ne jusqu'a leur mariage. L'union sexuellecommence des qu'ils en eprouvent le besoin, moralement etphysiquement et ce besoin continue jusqu'a la periode 06 les arnoureuxpossedent I'endurance physique et la soif sexuellelo4.Avant d'aborder les pokmes qui traitent ce sujet, il est nicessaired'etudier la region glographique et la saison assignee a l'union sexuelle.La rigion giographique et la saison assignie ti l'union sexuelle :Toute action humaine se deroule dans l'espace et le temps. Latradition de la littlrature akam a assign6 une region particuliere Achacun des cinq aspects d'amour. Chaque paysage revCt son aspect leplus beau, grgce a l'illumination propre a une saison oh il exerce unpuissant effet sur les impulsions et sur les activites humainesl05. Ainsiles differents aspects de l'amour de la litterature akam ont leurscorr6lations avec les differents aspects de la naturelob. Le cadre nature1104. V. Sp. Manickam, The Tamil Concept of Love, Chennai, Kazhagam, 1962, p. 158.105. M. Varadarajan, The Treatment of Nature in Sangarn Literature, Madras,Kazhagam, 1969, p.7.106. ibid.

de ces cinq regions107 constitue I'arriere plan des aspects de l'amour dela litterature akamlo*. C'est d'ailleurs le cas de tous les poemes de lalitterature akamLa convention de la litterature akam divise la terre en cinq regions- montagneuse, pastorale, riveraine, littorale et aride - et on leur faitcorrespondre a chacun un aspect d'amour- union sexuelle, attentepatiente, bouderie, chagrin et separation. En ce qui concerne les deuxautres aspects de l'amour - le commencement de l'amour et l'amourexcessif - la convention ne leur a pas assigne des regions particulieres,car la premiere etape, l'arnour dans ses debuts, se diroule dans la regionreservee a l'union sexuelle, la region montagneuse. L'autre aspectd'amour - l'amour excessif se manifeste dans toutes les cinq rkgions.Les poetes qui traitent le theme de l'union sexuelle transposentleurs personnages dans la region montagneuse, associee a la saisonfroide et a la saison de rosie et au minuit.L'heure affkeuse de minuit, avec les grosses pluies de l'hiver etl'inconfort qui en risulte, rendra difficile la rencontre des amoureux et107. kuriiici, mullai, marutam, ney tal, pzlai.108. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and Poetry, Madras, IITS, 1997, p.77.

donc servira a intensifier leur impatience dans l'incertitudelog. En outrela region montagneuse favorise la clandestinite de leur amourll*.Les animaux sont dans leurs tanieres et les oiseaux sont dans lesnids. L'union des amoureux, malgrC la surveillance et la garde du villageet la vigilance des meres (chez l'herolne) seront extremement excitants.L'escarpement accidente, le flot CcumC, les animaux errants, l'obscuritiet le froid constituent l'environnement terrible mais propredramatiquementlll, pour le dkroulement de l'action d'union sexuelle.Les situations traitdes dans l'union sexuelle :I1 y a 153 poemes qui traitent de l'union sexuelle dans leKu-mntokaill2. En les examinant de pres nous constatons deux glimentssous-jacents dans tous ces poemes. Ce sont:1. Le plaisir sexuel,2. L'aide du confident du hiros et de la confidente de l'h6rofnedans l'arnour.Le Plaisir Sexuel:Les trois 6tapes du commencement de l'amour (le regard, le douteetla clarte), se sont passies entre le heros et lheroine et ils sont109. Le TolkxZppiyam, Poru!atik&am, siitra 6, Naccinarkiniyar.1 10. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and Poetry, op.cit ., pp. 77-78.111. M.Varadarajan, The Treatment of Nature in Sangarn Literature, op. cit., p.8112. Dr. M. Shanmugam Pillai & David E. Ludden, Kuruntokaj op. cit.

1nantcn;uit en etat dc lairc l'arnour. I1 11'4'pas dc poPrnes dms lalitterature carikarn qui parlent de l'acte sexuellls mais il existe despo6mes qui depeignent la situation des amoureux soit avant soit apres leplaisir sexuel.I1 n'existe non plus de pocmes oli. I'hGoine parle, lors du plaisirsexuel. Dans le Ku-mntokai, il y a sept poemes - les pokrnes 2, 40, 62,116, 119, 142, 300 qui traitent du plaisir sexuel du heros et de l'heroine.Le pokme 300 du KuLtmntokai explique bien le plaisir sexuel quivient dY6tre connu."0 femmeAux cheveux rkunis,Parfumes des fleurs de kalavi;A la bouche rougeRemplie de miel et odorante de lis;A la peau rougie de tachesComme les pollens de lotus,Qui s'etendent dans I'eau profonde !Quand je te dis de ne pas avoir peur,Crois - moi,MCme si on me donne le monde entierEntour6 de mersOc les cygnes aux petites pattesHabitent dans les dunes de sable,Je ne songerai point a abandonner ton amour"Le hiros s'adresse ici a I'hCro'ine : il evoque sa beaut6 physiqueapres avoir connu le plaisir sexuel avec elle. Le heros assure aussi qu'il1 13. Dr. M. Shanmugarn Pillai & David, E. Ludden, Kumntokai op. cit., p.6.

ne I'abandonnera pas. Abandonner ie bien aime ou la bien aimCe n'existepas dans l'arnour d'akamll4. Ce pokme explique aussi la douleur et lapeur implicite de l'hkroine qui a cede aux avances du heros et qui attendqu'il l'epouse finalement.Dans le poime 116 du Ku-mntokai le heros parle a lui-meme, seul,pensant a I'hllroine." La femme a qui j'ai eu une grande envieEt celle avec laquelle je suis restee,Posside les cheveux queLes abeilles ne quittent guere,Et qui sont frais, parfurnes denses et ondulesComme le sable noir et fin,Au bord du lacDe la prospire ville UrantaiDu roi C6ja."Le heros a dija connu le plaisir corporel avec I'heroine et aspire Bla revoir encore unz fois. I1 se dirige donc vers l'endroit ou il l'a rencontri.la derniStre fois,Jusqu'a present ils se sont rencontres clandestinement. Mais, avecle passage du temps, la rencontre devient de plus en plus difficile. C'estle confident ou la confidente qui aide le hiros et 1'hi.ro'ine dans leurrencontre.114. V. Sp. Manickam, The Tamil Concept of bve, op.cit, p. 154103

Les aides du confident et de la confidente dans l'amour:La confidente qui est souvent la fille de la mere adoptive del'hiroinells connait bien le comportement de celle-ci parce qu'elle a eteelevie avec elle. Elle reste toujours avec elle ; et alors elle joue un r6lepriponditrant dans la vie conjugale du hiros et de l'heroine.C'est le confident qui entre tout d' abord dans la vie amoureuse duhiros, et de l'heroine. Au commencement le confident refuse a aider lehiros parce qu'il ne veut pas que son ami subisse des consitquencesfGcheuses. Le poeme 78 du Ku-mntokai illustre bien son refus a l'itgard del'amour du heros:"0 l'homme des montagnes,Ou la cascadeLongue et blanche,Tombe du boutDe hauts sommets,Faisant des sons comrne les tamboursDes danseurs sages !La bCtise d'amourQui vient aux hommes,Qui ne comprennent meme pasUn petit peuDe ce qui est bon,Est vraimentMiprisable."Le confident soulignc I'incompatibilit6 cntrc In grr~ndcur du lldroset la stupidit6 de l'amour. I1 dit que cet amour ne lui sied pas. C'est unecritique, adressee au heros et surtout a l'amour. Elle timoigne bien de1 15. Le Tolk@piyam, Kqavu iyal, siitra 123.104

son affection pour son ami. I1 a observe les changements dans lecomportement du heros qui souffre de l'amour. Cette souffrancedkconcerte le confident. La reaction du heros est le theme du poeme 58"Tu me critiques,Mon ami.Oui, je crois queCela ira mien siTu arretes ma peine d'arnour,Mais,Comme le beurre fondantSur la roche bfilante,Gad6 par les yeux de I'hommeMuet et sans mains,La peine d'mourSe propage en moi etI1 est si dificile de la contenir"Ce pokme est une explication de la faiblesse du heros, vis a vis deson amour. Excessivement attire par l'hkroi'ne, il decrit sa positionpitoyable a son mi, et pour cela il compare sa condition avec celle d'unmanchot muet et sans mains gardant du beurre fondant sur la rochebriilante.Dans les deux contextes prec&dents, le confident n'approuve pasl'amour de son mi, inquiet de la det6rioration de sa condition pllysiqueet morale. Selon lui, l'amour resultera dans la peine. Mais le h6rosreussit a le persuader. Convaincu findement, il accepte a aider le heros.

Avec l'aide du confident, le heros rencontre 1'heroYne et la frkquente dansla clandestinite.De temps en temps, la rencontre cievient difficile, meme avec l'aidedu confident, et il faut trouver d'autres Inoyens. L'hilroi'ne ne vient pas lerencontrer comme auparavant. Elle est toujours avec la confidente. Leheros est donc oblige de solliciter l'aide de la confidente. Or le meilleurmoyen de l'obtenir est de parler avec celle-ci en direct. Convaincue, laconfidente persuade a son tour l'hkroine de continuer la rencontreclandestine.Le poeme 74 du Ku-mntokai met en scene la confidente quiannonce a son amie la presence du heros dans les parages :"L'homme des montagnesOu le barnbou fraisRemue, comme siDe toucher le cielAvec la rapiditCDes chevaux libkres:I1 ne comprend pasQue nous pensons a lui et en souffrons;Comme un taureauSouffrantDe la chaleur d'kteI1 se languit de notre beaut&"Le hiros est venu supplier la confidente de futer le rendez-vousavec l'hiroine. De mcme, l'hkroi'ne et la confidente pensent, a leur tour

au h@ros qui n'cst pas conscicnt de leur ~nall~cur. Dans cc paernel'heroine s'adresse a la premiere personne du pluriel (tres ordinaire dansles poemes aka4 parce que la confidente s'identifie avec l'heroine et s'ily a un probl6me pour I'hero'ine, qa sera aussi celui de la confidente.Celle-ci est consciente de la douleur et la deterioration physique del'hitroine, et elle connait l'homme qui en est responsable. Elle promet auheros d'organiser la rencontre.Avec l'aide de la confidente la rencontre du heros et de l'heroinedevient de plus en plus facile. Elle fure le rendez-vous dans la journee etseul en cas de diEcu1ti.s le rendez-vous aura lieu la nuit. Le rendez-vousdans la nuit est toujours dangerem B cause des animaux fkroces de laforCt que le heros doit traverser pour rencontrer l'heroine. Le potme 88du Ku-mntokai explique les dangers que le heros parcourt dans la nuit" MEme si notre homme,Appartient a la region desMontagnes $levees et desCascades brillantes et bruyantes,Vient Ie minuitLongeant les pentes de montagne,Oii un immense elephant mae,Aux yeux minuscules,Attaque un tigre ferocePour regler leur inimitiC ancienne,I1 vient au moins.N'ayons pas de pudeurDes commirages,Mon amie."

I1 y a deux elements qui nous attirent dans ce poeme - le rendezvousdans la nuit et Ies commerages qui vont bon train dans I'entouragede l'heroine. La confidente comprend bien les dangers que le herosaffronte dans la nuit quand il fait le tour pour rencontrer l'heroine. Lesentreprises risquees du heros demontrent l'intensite de l'amour qu'ileprouve et qui lui donne le courage pour faire face aux commerages quise repandent autour de la famille. Selon la confidente, le deggt cause parles commirages n'est rien au regard de I'adversite que le heros subit,durant la rencontre de son amante.Ces commerages entrainent une stricte surveillance sur l'heroinepar ses parents. Elle ne peut pas quitter 1a.maison dans la journee etalors le rendez-vous dans la journie devient impossible; et le rendez-vousdans la nuit devient de plus en plus dangereux. I1 s'avere necessaire detrouver une solution. L'unique de s'en sortir est le mariage. Mais iln'est pas encore question d.u mariage car jusqu'8 maintenant les parentsne savent pas la relation que l'heroine entretient avec le heros.Alors I'enlSvement s'impose. Le posme 2 17 du Ku-mntokai expliquebien la solution a laquelle le heros recourt pour mettre fin a la detresse." L'amour est un sujet delicat.Je lui ai dit :"Si on nous demandeDe chasser les perroquets de milletDans la journke,La rencontre sera possible,Aussi, j'ai peur des risques

Que vous rencontrezSi vous venez la nuit.Que pourrons-nous fairePour terminer,L'agonie de cette peine -d'mour?"L'homme des hautes montagnesA pense a une solution pour tout cela,Et a poussi: un grand soupir.Je lui ai dit.:"Votre plan est judicieuxMais Fa causera aussi des blhes."C'est le heros qui fait allusion & la fugue moureuse qui n'est paschoquante pour la confidente. C'est la seule solution pour mettre fin al'agonie qu'ils subissent. Naturellement cette strategic entrainera dubruit chez les parents de I'hkroine, mais pour epouser I'hCroYne, le hQosdoit l'enlever.C'est un tournant important dans la vie arnoureuse du heros et del'heroine. I1 y a une division dans les 6vCnements qui se passent dans cecontexte. En premier lieu les 6venements passent ti l'enlevement et seterminent dans le mariage et en dernier lieu les evenements passent parle dbsir du mariage de la part de l'hkroine, pousser le heros au mariage,le refus de 17hCroine pour se marier (avec un autre que le heros, dont lemariage propos6 par les parents de l'herolne), la demande en mariage deI'heroine par quelqu'un d'autre et puis la demande en rnariage del'heroine par le heros, aux parents de 1'hCroine et enfin leur mariage.

L'anxiete et la detresse, la separation et le disir de rester toujoursavec le heros chez 1'hiroi'ne deteriorent sa condition physique et morale.La mere (adoptive et propre), sans comprendre la raison de sadetkrioration physique, l'emmene chez le prEtre VZla_n pour qu'il executele rite de ue_riycit&qui aidera a la faire propre.Le poeme 362 du Ku-mntokai fait un portrait de veriycittu.,.VZlagest le pretre qui fait le rite de ueriyti,@ au Dieu des montagnes Mumkb. 11fait un rituel avec le riz multicolore, en sacrifiant un belier"6 sage W anQui prie au dieu Murukti !Retenez la colereParce que j'ai une question a vous poser.MEme si vous faites vos dkvotions,Avec le hz cuit et multicolore,Sacrifiant un petit belier,Caressant le front de cette fille,Est - ce que la poitrine,Avec les guirlandes brillantesDe l'hommeDes pentes des montagnes ilevCes,Accepte vos offrandes?"La confidente manipule cette situation a la faveur de I'hCroine enannon~ant au prCtre et surtout aux parents de l'hkroine qu'a l'origine dudCclin de la santk de I'heroine n'est pas le Dieu, mais le heros. Elle faitcette revelation pour que les parents organisent le mariage du heros et de1'hCroi'ne. LC pokme 374 clu Ku-mntokai decrit In logiquc dc sn r6v6lntion:"Apres queJe leur ai dit,Rivilant le secretQue nous avons cachi?Pour que la mere et le pire connaissent

Quand l'homme des montagnesEst venu et a supplik le mariage;Tout le monde s'unit pour faire le bien,Tout le monde dans cette villeQui etait un chaos,Comme le nid fait, en hautDans le palmier obscur,Par le tisserin avec les ailes pliees"Cette revelation introduit le heros dans le milieu social del'heroine. De la meme fa~on le heros rencontre les parents, et les suppliede consentir au mariage de l'h&roine. Tout le monde accepte 1e heros etconsent a leur mariage et le manage a lieu.11 faut bien preciser que la majorit6 des evenements de l'unionsexuelle resulte dans le plaisir sexuel des amoureux. I1convient desouligner les rencontres dans le pIaisir sexuel se terminent dans l'actesexuel du hiros et de i'heroine.Le mariage se dCroule et la vie clandestine des amoureux setermine et la vie conjugale commence et les autres aspects de l'attentepatience, la bouderie, le chagrin et la separation auront lieu l'un1' autre.3. L'attente patiente (mullai):L'attente patiente est l'aspect de I'amour, trait6 dans les po&mes dutipzi mullai.Aprks le mariage du heros et de l'heroi'ne, la vie estheureuse. De temps en temps leur exaltation est interrompue.

I1 y a des occasions de guerre qui obligent le heros de partir. I1 y a aussides moments ou le heros part pour chercher la fortune, indispensablepour maintenir le mknagellG. Alors la separation du heros et de l'heroineest inevitable. Le heros fait la promesse a l'hkroine qu'il rentrera avantl'arrivee de la saison pluvieuse. I1 part. Elle attend la saison et le heros.L'attente se prolonge. Enfin la saison arrive. Et le heros rentre. 11s sontcontents. C'est ici, qu'intervient l'attente patiente.Selon la tradition tamoule, ' l'attente patiente ' signifie l'attente del'heroine jusqu' a l'arrivite du heros117. On y parle du voeu de l'heroineque le hiros ne se separe pas d'elle, mime s'il y est oblige par la situationoh il s'est skpare d'elle dans la saison pluvieuse ; du refus de l'heroined'accepter la rentree de la saison; la patience avec laquelle l'heroineattend la saison pluvieuse; les paroles consolatrices de la confidente ;et l'attente du heros dans le camp militaire"8.L'attente patiente et la saison pluvieuse :Le terme tarnoul mullai signifie le jasmin et on en trouve beaucoupdans la region pastorale. A cette region correspond l'attente patiente. La116. Dr. N. Arumugam, Mullai V@kkai, Kanchipuram, Kanni Publishers, 1989, p. 12.~ ~ ~ ' ~ a117. Le Tolktippiyarn, Poru!atik3Tram416, Ilampuranar.Auvai. S. Turaiclmi Pillai, Kupntokai Co-rppo_liuuk$ Chennai, Ilakkiya Nilayam,1983, p. 60

saison pluvieuse est la plus belle des saisons, le soir le plus beaumoment de la journee.C'est d'ailleurs le soir et notarnment dans la saison pluvieuse queles jasmins fleurissent.Pmi les fleurs, le jasmin est connu pour ses qualites de lablancheur, la purete, la forme, le parfum, la douceur. C'est pourquoi lachastete est toujours representee par le jasmin dans la litteraturecarikarn.Le heros qui s'est separi: de l'hirofne rentre chez lui pour resteravec sa femme dans la saison pluvieuse : la guerre ne se deroule pas al'hiver.L'attente patiente de l'heroTne et le retour du hiros sont doncprovoques par la saison pluvieuse qui en quelque sorte exerce uneinfluence sur le comportement des hommes.I1 existe trois types dc l'aspect d'attente patiente:1. L'attente patiente de l'herofne2. L'attente patiente du hCros3. L'union du heros et de l'hiroi'ne aprE3s l'attente patiente.

La vie heureuse des marils est interrompue par la separation duheros et de l'hkroi'ne.L'hkroine, qui reste seule et qui a dija connu le plaisir de l'arnouravec le heros, regrette l'absence du hQos. Les elements extCrieurs - lesoir, la saison, le jasmin, le retour de bergers et le troupeau -aiguisent la peine. Le potme 221 du Kugrntokai illustre bien cet aspect."I1 n'est pas rentre,Les jasmins ont fleuri,Un bergerAvec ses chtvresEt sa garde - pluie a la mainS'en va avec du laitEt rentre avec la nourriturePour rester avec ses troupeauxEt toutes les fleurs fraichesAttachCes a ses cheveuxSont les jasmins"Les jasmins sont partout sur les plantes et mSme dans les cheveuxdu berger : c'est donc la saison, promise par le heros. I1 y a de la pluie -le berger porte la garde pluie. Les chevres sont rentrees a la stalle, maisle heros n'est pas rentrl.. La s6paration donne de la peine a l11lCroine. Lepoeme 64 decrit l'etat d'he de l'hiroine."Mon arnie!Les vaches sont allies aux pgturages lointainsEt quand tombe le soir,Le veau regartieL'etable vide, fmementAvec l'air d'attendre,Les yeux perplexes ;Semblable est ma peineMCme si mon homme,

Qui est dans un lieu eloigne le sait,I1 est encore tres eIoign6 "Le poeme 66 presente une autre situation : l'heroi'ne se moque deI'arbre qui a fleuri, selon elle, avant 1'arrivi.e de la saison propre :"L'arbre Iargement repandu de k o~aiEst certainement bCte;Confondant ces pluies hors de saisonA la pluie de I'hiver,I1 fleurit en foule mais disciplineLes bouquets, sur les branchesMaisLa saison ou notre homme,Qui voyage dans le desertPlein de grandes roches,A promis de rentrerN'est pas encore arriv6e7'Dans la seconde partie de ce pobme lkero'ine considbe que parceque le hQos n'est pas rentrC, le terrlps indiqui: par la nature estinhabituel et cela demontre la 'b6tise' de l'arbre. Cette attitude prouve laconfiance absolue qu'a l'h6roine en son bien-aim&Tous les poemes de ce genre expriment la peine et la douleur del'heroine et les paroles consolatrices de la confidente.Le heros, de son c8t6, est conscient de la promesse qu'il a faite a safemme avant de partir mais il n'est pas tellement perturb6 de la

separation car il est tellement absorbe par son travail. Mais son amourredouble quand il rentre chez lui, apres avoir accompli son devoirllg.Quand il rentre chez lui dans son char il demande a son cocherd'aller vite pour qu'il soit avec sa femme le plus vite possible. Dans lepoZme 323 du Ku-mntokai Ie heros explique son amour a son cocher"Mon ami,Les jours que j'ai vraiment vecusDans ce mondeSont c eu ofiJ'ai dormiMa tlte sur ses epaules.Son front sent le pollenDes boutons de jasmin frais,Qui fleurissent en haute terreDans la pluie et qui sont commeLa musique excellente de pdnarsLa melodie patumalaiTouchant les cieux hauts.Les autres jours de ma vieNe sont rien.11s ne sont que les epis sans grains"I1 rentre vite et s'unit avec l'heroine. La confidente vient lerencontrer pour lui expliquer la peine que l'heroine a subie pendant sonabsence et la joie qu'apporte son arrivee. Dans le po&me 210 duKu-mntokai elle presente la jubilation de l'heroine."M$rne si nous avons placeSept potsPlein de riz cuitCultives mtir a TontiEt melange avec du beurre liquefib

Obtenu du lait de plusieurs vaches,Elevees par les bergersDals la fortt de Nalli,Connu pour ses forts chars,Ca sera une rkcompense inegalePour le corbeauQui a preditVotre retour pour la fete,Ce retourQui a termini: le chagrinQui a decharni Ies 6paules largesDe mon amie "Elle fait 12loge du corbeau qui a prCditl2o I'arrivee du heros.La pluie a joui un r61e pripondirant dans son retour. Alors lehiros pense que la pluie est digne d'6loges. Dans le po2me 270 il loue lenimbus qui a precipiti son retour."0 Nimbus!Continue, verse la pluie et prospereGrondant et mugissant,Roulant comme les tamboursBattu avec les baguettes;Laisse tomber des gouttesQui font froid partout;Lan~ant la foudreDkchirant la nuit dominante.Mon coeur est enchant6Ayant accompli le travailQue je suis all6 faireEt je suis heureiuc: avec elle,Sur le lit doux de ses cheveux parfumesQui sentent la fleur fraiche de kulavaiSur la tige fine"120. La sociit& tamoule croit que les parent& reviennent si le corbeau crie souventdans une maison.

La vie heureuse continue jusqu' a ce que Ia bouderie vas'insinuer entre le heros et l'h6ro'ine.4. La Bouderie (marutam) :La bouderie est I'aspect de l'amour de maruta tiuai c'est a direl'emotion predominante de la region riveraine. La bouderie n'est qu'unequerelle d'arnour entre l'hkroine et son mari parce qu'il est alle trouverdu plaisir sexuel avec les courtisanes. Cette bouderie permet a l'h6roinede reconquerir son mari et de relancer sa vie conjugale sur de nouvellesbases.Le heros se separe de I'hCroine pour connaitre l'amour avec lacourtisane. Cela ne veut pas dire qu'il n'est pas satisfait physiquementavec sa femme. Ce n'est pas une separation definitive mais provisoire.Le heros va chez la courtisane pour la seule raison d'avoir le plaisircharnel et il reste separe de sa femme seulement pendant les jours de lamenstruation121 parce qu'il ne peut pas avoir le plaisir sexuel avec elle.De plus l'accouchement de I'hbro'ine reste un pretexte au herospour frequenter la courtisane. I1 reste chez la courtisane pour une

periode considerable mais, apr6s une certaine pCriode il quitte lacourtisane pour retrouver sa femme, et rester avec son enfantl22.En dernier lieu, la vieillesse de l'heroi'ne joue aussi un r61eimportant dans la separation du heros. LJ2ge et l'accouchementvieillissent l%kroine.Alors pour satisfaire ses besoins physiques ilva chez la courtisane.Dans tous les cas le heros rentre chez lui pour retrouver lebonheur conjugal avec l'heroi'ne. I1 ne reste jarnais definitivement avec lacourtisane. I1 ne neglige pas sa femme et ses devoirs parce que lasociete ancienne tamoule misait bcaucoup sur la vie familiale. En plus ila peur des commeragesl23.La rigion riveraine, la saison et le temps, et la bouderie:Cette region est caracterisge par l'abondance d'eau ou au moinspar l'abondance de canaux et de rkservoirs et mCme de fosses et dZtangsqui presentent un panorama trss reconfortant si la pluie ne fait pasdi.fautl24. En effet, la plupart de villes tamoules se trouvent dans laplaine riverainel2s L'occupation principale des habitants de la region de122. CBmi CitamparapG, Kumntokai Peru&elvaq Chennai, Ilakkiya Nilayam, 1983,p.25123. Le Tolkdppiyam, Poru!atikEram, 162.124. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and Poety, op. cit., p. 11 1125. ibid.p.112.

marutam est l'agriculture.Hommes et femmes vivent de l'agriculture etil y aura meme plus de femmes que d'hommes. Le riche proprii.taireterrien a plusieurs jeunes filles qui travaillent quand il cultive saterre. Pendant des heures de travail il a des possibi1iti.s de se mderavec les femmes qui travaillent. Normalement il possede une grandetendance a donner libre cours iisa galanterie et a courtiser lespaysannes. Qu'ilcommette l'adultere ou non, sa conduite excite lajalousie de sa femme affectueuse et cette jalousie entraine elle aussi labouderiel26. De plus la presence de plusieurs abris secrets dans cetteregion favorise l'amour illicite et permet aux amoureux de cacher leurculpabiliti.127. Les autres regions ne favorisent pas de circonstancestellement les moeurs facileslz8.D' ailleurs, mamtam est la region de tranquillite et d'abondancel29.Alors les gens, a part leur activite agricole, se consacrent aux plaisirs dece monde. C'est pourquoi cet aspect de la vie conjugale caracterise laregion riveraine. Les occasions d'infidelite conjugale sont donc plusnombreuses dans les villes que dans la rigion montagneuse etpastorale130.127. M.A. Durai Arangasarni, Tolkfippiya neri, Meenakshi Puttaga Nilayam, Madurai,1963, pp. 158-159.128. V.T. Manickam, Mamtam, op, cit.,,p.8.129. ibid.130. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape andpoety, op. cit., p. 113.

La partie du jour relative au marutam est l'aube et le petit matin131parce que c'est alors que le mari infidele peut rentrer avant que lesautres habitants de cette region sortent dans les ruesl32. I1 ne veut pasqu'ils l'identifientl-73 dans la lumiere de la journee. C'est I'heure 06l'heroine devient de plus en plus boudeuse, apres avoir attendu son maritoute la nuit. Et quand il rentre de chez la courtisane, sa femme qui I'aattendu detourne son visage. Quand elle le regarde ensuite, sa reactiondevient plus vive. Enfin quand elle regarde les marques d'embrassementlascif de la courtisane, la coke redouble et elle boude davantage etferme la porte contre 1ui134.La bouderie se transforme aussi en jalousie. Elle ne cesse debouder avec son mari qu'apres l'intervention et la persuasion desintermidiaires. Les intermediaires participent dans la reconciliation deI'hCroine et du heros.La bouderie et la confidente :Parmi les intermediaires la plus importante est la confidente. Poureviter la visite du htros chez la courtisane, la confidente utilise lesexpressions injurieuses contre le heros135. Dans le poeme 384 du13 1. Le Tolklfppiyam, Poru!atik&am, siitra 9 : 'Vaika_rai, Viriyan'.132. ibid., le commentaire de Naccinarkiniyar.133. V.T. Manickam, Marutaq op.cit., p. 5.134. tkd..,135. Le Tolkdppiyam, ~oru!atik&am, stltra 156.

Ku-mntokai elle s'adresse au heros et dit qu'il n'est pas digne deconfiance."Vos promesses etaient si dignes de confiance.Mais maintenantVous vous etes amuse avecLa beaut6 de cette femmeAvec les bracelets petits,Les cheveux longs et denses,Les epaules de bambou,Ressemblant & un pi1011Utilise pour battre les citriralesl36,Avec la canne a sucreDessinite sur euxEt vous avez abandonni! cette femme aussi"Apres avoir connu le plaisir avec la courtisane, il veut rentrer chezlui et il sait bien que sa femme n'approuve pas sa conduite. Alors il prie ala confidente d'aller comme la messagsre mais elle n'accepte pas. Ledessin de l'arc de canne ii sucre symbolise KdmE, le dieu d'amour dansla mythologie hindoue et c'est un instrument utilisit par ce dieu poursusciter l'amour chez les hommes. Ce dessin qui est sur les epaules de lacourtisane donne une definition de la courtisane.I1 a fait despromesses Ala courtisane comme il a fait & I'hQoine mais maintenantil a abandonni la cobrtisane et demande l'intervention de la confidente.Elle le rejette categoriquement parce qu'elle ne croit pas le heros.136. Le teme tamoul utilisi, uluntrr qui est une des cCriales de llnde dont le nonscientifique phseolus radiatus.

L'objectif principal du rejet de la confidente est de corriger le heros.Ces expressions injurieuses aident & I'union. Les prieres constantes duheros adoucissent la confidente et elle accepte d'influencer l'hiroine.L'heroi'ne est convaincue et elle s'unit avec son heros. Dans leposme 359 du Ku-mntokai la confidente fait une description de la vieconjugale heureuse resultant de la bouderie."Regardez Priqar!C'est la nature de la fitlicit6 conjugale:Dans le soir~claire par la lune,L'homme victorieux se coucheSur le lit basPlein de fleurs parfumees,Avec un grand soupirComme un elephant qui se couche.Plein d'amourI1 caresse son fils,Et puisTerminant sa discordeLa mere de son filsSe met a embrasserSon dos"Ce po$me explique la reconciliation du heros et de l'heroi'ne aprhqu'ils se sont separis I cause de 1; bouderie. Le vers la mere de son fils'nous sert de raisons pour la separation - 1'8ge ou bien l'accouchement.Le hiiros et la bouderie:Le h6ros est toujours conscient de son comportement et il sait bienque s'il va rester avec la courtisane cela provoquera la querelle d'amour

chez I'hi.ro?ne. I1 comprend aussi que c'est la conduite la plus honteusedans la societe. Mais il ne peut pas eviter ses besoins physiques et serend au plaisir charnel. Apres son retour, sa femme ne l'accepte pas. I1reillchit, dans le pokme 19 du Ku-mntokai :" Tu as perdu ta vivacite,Souffre0 mon coeur!Comme les joueurs de luth, pauvres etSi disoles,Sans fleurs dans leurs cheveuxA cause de la perteDe Evvi;Cette femmeAvec ses cheveux longs et densesQui sentent des jasmins vifs,Qu'elle porte,Qui se cramponnent B l'arbreTout prGs de notre maison,Qui est- ce pour moi ?"Evvi etait le patron de la musique et de l'art. Quand il etait mort,les joueurs de luth ont exprime leur douleur en deuil et ils ont cesse deporter des fleurs a leurs cheveuxl37. Le hiros a perdu le soutien de safemme comme les joueurs de luth qui ont perdu leur patron Evvi.La courtisane et la separation du hiros :La courtisane n'est pas la putain qui liabite dans le bordel,occupant une position inferieure dans Ie niveau social comrne la fille dejoie mais elle est la femme de la classe elevie, semblable A la137. Dr.M. Shanmugam Pillai & Dravid E. ~udden, Kuruntokai op, cit., p.270.

courtisane Mstavi de 12popee Cilappatikdram, specialisee en musique etdanse, habile dans le divertissement agreable et qui possede plusieursqualites de femme vertueuse et qui eprouve du respect pour le hCros, paspour sa richesse mais pour sa cornpagnie et pour sa delicatessel38.Elle donne du plaisir au heros sans dkranger le fondement de I'unitefamilialel39. Dans toute la litterature cahlcam, nous n'avons pas dereferences qu'elle a 6te offerte de l'argent ou de la fortune (par le heros)comme prixl40.La courtisane qui est responsable pour la separation du hiros del'hkroine est fiCre de rester avec le heros, tout en reconnaissant qu'ellen'est pas sa femme legale. Mais elle possede le courage de contesterl'heroine. Ci-dessous il y a un po6me - 80 du Ku-mntokai - od lacourtisane provoque I'heroine.Le hQos et la courtisane sont allks a 1Ztang et cela provoqueral'hero'ine. Elle defie l'hitroi'ne de venir a l'ktang pour 'protiger' son maricomme le roi Elini, qui a protege un large troupeau de vaches. Elini est lepatron de la poete Auvaiyk qui a compose ce poeme. La courtisane de cepoeme est certaine que le h6ros ne la quittera pas et meme Ies parents deI'h$roIne trouveront dificile de les separer.138. V.Sp. Manickam, The Tamil Concept of Lave, op. cit., p. 169.139. ibid.140. ibid., p.170.

"Nous desirons aller ii i'etang large,Plein d'eau,Pour nous baignerou,Les femmes enlevent les p6tales exterieursDe lis et les portent dans leurs cheveux;Nous y allons jouerSi elle a si peurElle pourrait venir avec ses parentsPour sauver (la poitrine de) son mariDe moi,Comme vient Eiini avec ses plusieurs armees,Qui a gardk un large troupeau de vachesDans la guerre dangereuseAu champ de bataille"Dans le poeme 370 du I

La bouderie et I'hCroi'ne :L'hiroine de la region riveraine est toujours soupGonneuse de laconduite du heros141. Elle ne pcut pas tolerer son mari manifestantl'amour aux autres femmes. Malgre ses efforts pour avoir contrale surlui, il sJevade de chez lui et trouve son plaisir dans la compagnie descourtisanesl42. Le poeme ci-dessous (Le Ku-mntokai 202) prbente1'hCroine tourmentee par ses actions :"Mon cceur me fait mal.Oh! Comme il me fait mal.Comme la plante neruZdl43,Avec les feuilles petitesEt les epinesQui poussent dans la terre sZcheEn une couche CpaissePossedant les fleurs fraichesDouces aux yeux.AinsiMon amantQui a fait ma vie heureuseM'a fait une telle peine.Mon coeur me fait malnLa fleur neruzci est tris jolie mais la plante possZde les epines.L1hCroine fait une comparaison entre la fleur pleine d'epines d'une part etson mari qui se montre trks aimable d'autre part. Sans doute soninfidelit6 lui donne de l'agonie. La souffrance ne cesse pas avec le rejetdu heros mais elle veut que le heros se corrigc et rentre chcz elle. Dans lepoZme suivant (Le Ku-mntokai 181) elle dit B son amie :141. V.T. Manickam, Marutam, op. cit., p.68.142. ibid., p.69.143. Le nom scientifique est tribulus terrestris.

" A quoi qa sertMon amie,De dire qu'il est mechantDans la bouderie ?Nous sommes &ges,Et nous avons accepte les devoirsDans le minage riche de cet homme,De la ville ouUne buffle noire de deux cornesNe se separera pasDe son veau, nouveau n6Que le fernier a attach6Et elle pait les recoltes vertesTout pres"Elle est tres attachee a la famille de son mari. Elle possede lesqualites de chastetit, pitii, sacrifice, chariti, humilite, matemite,patience, sagesse, beaute et aptitude a servirl44. Pour garder l'honneurde sa famille elle ne parle jamais des defauts de son mari. Elle ne dit pass'il est coupable ou non145. Elle est attachee & sa famille semblable B unebuffle qui pait autour de son veau nouveau n6.On attribue la bouderie aux femmes seulement ... et dans toute lalitterature tamoule nous n'avons pas de situations ofi le heros b lhe safemme pour son immoralitel".I1 y aura un debat interne chez les deux (le heros et l'hero'ine) poursavoir qui des dew va ceder d' abord. Mais tous les deux ont au fond du144. V.T. Manickam, Marutam, op. cit., p.79.145. ibid.146. ibid, p.18

ceur le desir de s'unir.Normalement le mari cedera d' abord a lafermete de la femmel4'. Enfin elle I'accepte et lui devient tresattachee. Ces querelles d'amour renouvellentet intensifient I'amourdu couple, comme le dit, le potme 49 du Ku-mntokai :" ... .Meme si cette naissanceChange en autreF'uissiez vous 2tre mon mariEt moiLa dame la plus proche de votre coeur".5. Le chagrin (neytal) :La region ancienne de TamiJnBfu est entouree par la mer dans lestrois c6ti.s - est, ouest et sud - et les collines de Vi5ikafa.m dans le c6t6nord. L'influence de la mer sur la vie des habitants de Tarnijngfu est plusprononcee que celle des autres regions. Les villages de peche de la regioncatiere constituent une region distincte du point de vue geographique,climatique et de l'occupation des habitantslea.Le chagrin est le sentiment predominant attribue a la regionlittorale. I1 s'agit de la tristesse qui provient d'une solitude miserableresultant de la sbparationl49.147. V. T. Manickam, Marutam, op. cit., p. 19148. A.V. Subramaniyam, Convention and creativity in Sangam Love lyrics,Perungudi, Tamil Pathippakam, 1980, p.45.149. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and poetry, op. cit., p.81

Le heros qui s'est si.parci: de l'heroine n'est pas encore rentri! etcelle-ci en souffre enormement.Les habitants de la region littorale vivent naturellement de la mer :pdche, sel, cornmercel50. Cela explique bien qu'il y a des circonstances oule heros s'eloigne de I'hi.roYne soit pour la pCche soit pour la productionet vente du sell51 soit encore pour le commerce des marchandises.C'est son devoir qui l'oblige de s'kloigner d'elle. I1 n'est pas rentre etcette separation intensifie l'angoisse de lkitroine. Seul le heros peutmettre fin a sa souffrance. Elle pleure et elle est sans sommeil, devient sipiile152.Son coeur briilel53. Les larrnes briilent ses paupieresl54. Ellepasse des nuits blanchesl55. Le desespoir la rend pessimistel56.Lepaysage interieur de lhCroine est reproduit par le paysage exterieur et lanature mdme intensifie son angoisse.150. L'article de Francois Gros dans l'oeuvre de Marie Claude Porcher, Indeet Litt&rature, Paris, Editions de 1'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales,1983, p. 100.151. A.V. Subrammiyam, Convention and Creativity in Sangham Love Lym op.cit., p.47.152. Le Ku~intokaj 381.153. ibid., 102.154. ibid.,4.155. ibid., 6.156. A.V.Subramaniyam, Convention and Creativity in Sangham Love ~yricq op.cit., p.45.

Le chagrin et la rigion littorale :Selon la convention litteraire tamoule le neytal reprksente la regionlittorale. En ce qui concerne la partie du jour, cJest le coucher du soleil.En revanche aucune saison particuli5r-e ne lui est prescrite. Et alors ilfaut comprendre que toutes le saisons y conviennent.La region maritime comprend tous les territoires de sable quis'etendent quelquefois sur trois, quatre, cinq milles dans l'interieur dupays157, de la mer. Ce panorama marin forme l'arriere plan de l'aspectd'amour du chagrin. Quand l'heroi'ne attend son mari et quand elleregarde la mer, l'angoisse de la separation redouble et c'est pourquoi lamer et les regions relatives 6. la mer sont associees au chagrinl58. La merest calmel59 pour l'h6roi'ne et elle demande meme : "lJoc6an, qui t'as faitsi triste ?"160 I1 convient aussi de remarquer que, avec le coucher dusoleil et surtout avec le lever de la lune, la mer devient grosse, agitee. Eneffet, meme la mer qui se lance avec turbulence toute la nuit suggZre lacondition triste de I'hCroine, pride de sommeil, se jetant de-ci de-la dansson lit toute la nuit.161 Les poetes dans le monde entier ont choisi lecoucher du soleil, particulierement avec l'accompagnement du theme de157. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and Poety, op. cit., p.81.158. Ca. Campacivam, Tarnil-ilakkiyattil neytal ti~ai, Madurai, Meenatchi PuttagaNilayam, 1964, p. 16. .159. Le Ku-mntokai, 177.160. ibid, 163.161. A.V.Subramaniyam, Convention and Creativity in Sangham lorn lynq op. cit.,p.46.

l'ocCan, comme l'arriere - plan pour les po2mes du ton douloureux quiexpriment le chagrin, I'envie passionnee et la lamentation.On constate qu'il existe une ressemblance entre les 6motions de laregion littorale et pastorale. Pour echapperl'ambigui'te, on observe quel'heroine de la region pastorale attend avec confiance le retour de sonmari et l'atmosphere enti6re est extremement suggestive de la reunionheureuse. L'hlroi'ne de la region littorale l'attend avec l'espoir quidiminue. L'atmosphere est plus triste. La rkgion nourrit son pessimismeet renforce son angoisse~6~.Les poemes de la region littorale se produisent toujours quand lesamoureux se sont desunis et alors nous avons des pogmes de la pkriodeprl - nuptiale et de la periode conjugale.Le chagrin de l'hbroine :Tous les posmes de la region littorale expriment la souffrance a1'extrCme. Elle rkvele son agitation quand le mariage est retarde, quandle heros ne rentre pas alors mCme que la confidente reitere que lehCros rentrera certainernentl63. Dans le posme ci - dessous (le162. A. V.Subramaniyam, Convention and Creativity in Sangham love Iyn'q op. cit.,p.45.163. Rm. Periyakaruppan, Tradition and Talent in cankam Poetry, op. cit., p. 158.

KU-mntokai, 340), elle souffre et languit & cause de l'absence de son mari.Son coeur sCpar6 de son corps va et vient entre elle et son mari. Elle dit:" Mon coeur oG il a habit6Souffre d'amour intenseI1 se souvient et va avec luiMaisSi nous nous lamentons sur luiI1 souffre avec nousJamais restant d'un c6te ou l'autre,Comme l'arbre taai en fl eur sur l'oc6anRelgche et se seneQuand le bras mortMonte et baisseAvec la crue d'eau"Le coeur de 1'hCroi'ne oC siege le heros oscille entre les souvenirsde celui-ci et les lamentations de celle-18. Cette oscillation estcaracteristique des souvenirs qu'elle entretient de lui.On a constat6 que le chagrin que subit l'hlroi'ne est insupportable.Ce chagrin la fait accuser les autres ou plutbt se mkfier de leur amour etde leur sentiment. Ce poeme (290 du Ku-mntoka4 reflete son coeurlanguissant. Elle s'exprime:" Les gens qui disentDe supporter ce chagrin d'amour.Ne savent - ils rien d'amour,OuSont - ils trks forts?Parce que je ne vois pas mon amant etAvec un coeur plein d'angoisse perqanteJe me reduis, peu B peu, a lieantComme une Ccume fine s'est lcraseeContre les rochesDans une grande inondation"

L'heroi'ne qui accuse les gens qui lui ont demand6 de ne passouffrir de l'absence du heros dans le poZme precedant (Le Ku-mntokai,102) accuse dans le poeme suivant son mari pour les memes pretextes:" Si je pense, mon coeur brfile.Si j'essaie de ne pas penserI1 n' y a pas de moyen de le maitriser.Cet amour me rend miskrable,Et s'etend vers le cielL'homme que j'ai embrasseN'est pas un gentil homme"Elle a compris les origines de ses souffrances. Elle estconstamment tourmentee par le souvenir de son bien aim& Elle essaiede ne pas penser a lui, mais elle n'y reussit pas. L'homrne responsablequi est censi. rester toujours aux c6tes tie sa femme, s'est separe. I1 luiparait cruel. Le chagrin entre ici aans une phase extrtme, lesBien d'autres exemples pourraient etre cites ici, oh I'heroi'ne penseque le hdros dont le devoir est d'essuyer ses larmes et de la soulager estparti en la faisant souffrirl64. Dans un autre contexte elle dernande a laconfidente s'il n' y aurait pas un soir capable de faire souffrir le hi.rosl65.Le chagrin que lui apporte le soir, & elle seule, est immense, aussi largeque la terrel66 ; et les lames coulent a flots entre ses seins167. De temps- -164. Le Kumntokai, 4.165. ibid., 330.166. ibid., 386.

en temps elle regarde le ciel qui, semblable a sa propre angoisse, devientmorne au coucher du soIeill68.La tradition tamoule idealise les femmes. Nulle mauvaise penseene leur est associle. L' homme peut s' iigarer; ... mais la femme est faitepour avoir de la peine pour son mari et malgri: la souffrance qu'elleeprouve, elle ne lui souhaite que le bienl69 L'homme qui est parti,pour des motifs legitimes, rentrera, a la finl70. La ptriode de separationne fait qu'intensifier I'amour entre les deux.Le chagrin du hiros:La littlrature cahkam est centrie sur la femme. La majorit6 depoBmes expriment le point de vue de femmes, Cette position centrale setrouve dms tous les pocmes de cette littlrature. I1 y a seulement troispoemes ou le heros 'parle'. Ce sont les seuls poBmes qui nous aident acomprendre les sentiments du chagrin chez le heros. Le heros cahkamest considbri: courageux, noble, se concentrant sur le travail entrepris etne rentrant pas sans l'accomplir, Le chagrin, la souffrance, l'angoisse,les la.rmes ne sont propres qu'aux femmes. Aprb tout, il entreprend desvoyages pour faire fortune ailleurs afin rl'assurer une vie heureuse a sa168. ibid., 310.169. A.V. Subramaniyam, Convention and Creativity in Sangham Love Lyn'cq op.cit.,p.51.170. ibid.

femme.Ce nJest pas qu'il oublie ss femme dont il se souvientconstamment.Le poZme ci-dessous - Le Ku_runfokai, 376 - exprime son hisitationavant la si.parationl71. I1 se dit:" En eti.Elle est fraiche,Comme le bois de santalQui pousse dans la localiti, des dieuxSur le mont PotiyaiSi difficile dJapproche etInconnu aux hommes vivants.Dans la saison de rosee,Elle participe d'une douce chaleur.Comme le coeur dJun lotus,Fleurissant dans la lumiere faible du soleil,Joli et enveloppeComme si les rayons du soleilSont attrapCs et caches dedansJJElle apporte de la fraicheur en et6 et la chaleur en hiver. 11 ne veutdonc pas se s6parer dJelle quelle que soit la saison connaissant bien lesdifficultes qu'il va subir dans la separation.Seul le devoir l'oblige a partir. La, loin de sa famille il a grandeenvie de sa femme mais il ne rentre pas pour autant. Dans le poGme 128du Ku-mntokai, il s'adresse a son propre coeur:171. Selon le tu_rai du poemc 376 du Ku-pntokai.136

'' 0 mon coeurTu as grande envie d'une filleQui est trgs loinEt aux c6tis de laquelle il estDifficile de rester.Comme un view heron,Qui ne peut par voler,Debout dans les vagues de la mer de l'estLevant sa tCteVers un repasDu poisson ayiraiQu'il ne peut pas procurerSur le bord de I'ouest, de la ville TontiDu Po~aiyan_ qui posskdait les chars forts.Tu souffres ainsiEt la souffrance est to11 destin"I1 veut toujours rester avec elle. Mais le devoir IJeIoigne d'elle.Enfin cJest son destin. I1 faut bien qu'il endure la souffrance qui enresulte. La distance physique entre le heros et l'herolne est aussi grandeque celle qui &pare la rner de l'est a la mer de IJouest.Ces pokmes nous montrent que le chagrin, l'attente, la souffrance,l'envie sont les mCmes entre le heros et l'heroine de la region littorale.Cependant les pokmes de l'expression du chagrin du heros sont moinsnombreux que ceux de l'expression de l'hCro?ne. Les pokmes cites nousevoquent que le heros accepte sa separation, son destin. Mais face dcette separation lJhCroi'ne proteste, critique, lamente, verse des lames.Ce qui existe chez l'htroine, c'est la faible lueur de l'espoir. C'est la seule

source du courage qui la fait vivrel72- Tres loin dans l'espace, il estpourtant tres proche de l'heroine. Elle dit:" Meme s'il est dans un lieuTres kloigneI1 est tres procheIciDans mon coeur"l736. La Separation (,b&lai) :La separation est I'el6ment predominant de la poesie de la regionaride. Elle se prisente sous plusieurs formes: la separation du hiros deI'hirroine pour chercher la fortune, et la fugue amoureuse du heros et del'heroine. On y ajoute les remords, les craintes et les chagrins provoquespar la separation, les efforts de la confidente pour dissuader le heros departir, la recherche des amoureux par la mere et la mere adoptive del'heroine, les complaintes de la mere et la mere adoptive apresI'enlkvement de I'ht5roine, la peur des amoureux que les parents deI'heroine pourraient les surprendre et Ies &parer, et les observations despassagers pendant Ieur fuite.La separation est provisoire soit dans la fugue amoureuse soitdans l'acquisition de la fortune.172. Le Ku-mntokai 341173. ibid., 228

I1 y a une diff6rence entre les concepts de la separation dans lesregions pastorale, riveraine, littorale et aride.1. Dans les regions pastorale, littorale et aride, la sgparation du herosest basee sur des raisons Iegitimes. Mais dans la region riveraine,elle resulte devergondage illicite.2. Dans la region aride, l'amour sincgre est I'intention du depart duheros. Avec la connaissance absolue et parfois avec la permissionde la confidente ou de I'hCroine, le heros part pour chercher lafortune pour le mariage.3. L'heroine sitpar&, de la region aride / pastorale / littoralen'eprouve pas de I'amertume envers son mari car il la quitte parl'obligation. En revanche, l'hkroine de la region riveraine mauditson mari qui a prefer6 la compagnie de la courtisane.4. La region aride symbolise la separation longue pour chercher lafortune. L'hCroine est tourmentbe par l'angoisse de la separationqui accentue llCICment de peur et d'inquietude. Entre ces troisrigions - aride, pastorale, littorale - la durke de separation estprogressive, tout comme le danger et le chapinl74.Dans la region aride la fugue amoureuse a lieu avant le mariage etla separation pour chercher la fortune apr&s le mariage.174. Xavier S. Thani Nayagam, Landscw and Poetry, op. cit., p.83

La rBgion aride :Les Tamouls ont la reputation de faire s'kpanouir la poesie dans ledesert sans en Ctre eux-memes les habitants, car il n'y avait en faitaucun desert sablonneux au TarnjJniip.1l75. La region qui s'etend entre lesregions montagneuse et pastorale (et les forets adjacentes) deviendraseche et bfilante, comme un d6sert a l'6te. Auparavant, on supposaitque la region la plus tortueuse se trouvait a c6t6 du TamilnBfu, au nord.Cette region avait 6te utilisee comme route commerciale par lescommer~ants et les negotiants tamoulsl76. En rialiti, dans les limitesdu Tamil_nii$u il n'y a pas de desert mais dans beaucoup de poimes de laregion aride, il y a des references 06 le heros traverse le desert, hors desa frontiere du nord, le VEizkafam.Au ptilai sont associis l'6tC et la sarison de neige et la partie du jourqui lui associ6 est le midi.Les habitants de la rdgion aride :Les commerpnts des regions - montagneuse, pastorale, riveraine,littorale - voyagent beaucoup. Ce sont des riches qui passent d'uneregion & l'autre, y compris la region aride. LJ$tit severe laisse la regionaride sans eau et I'agriculture va en patir. La vie y est miskrable et leshabitants souffrent de la penurie et du manque de travail.175. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and Poetry, op. cit., p. 115.176. P.T. Srinivas Iyengar, History of the Tamils, New Delhi, Asian EducationalServices, 1982, p.141.

Alors, les habitants de cette region vivent a l'aide des produits deconsommation pillils aux voyageurs ou de la richesse volee dans lesvillages aLeur profession principale est faire la guerre,marauder et voler au grand chemin.Les poZmes des regions montagneuse, pastorale, riveraine etlittorale presentent la vie des habitants de la region respective, leurculture, leur habitation etc. En bref, chaque region prksente son propreh6ros et hgroine exer~ant le metier predominant de cette region. Parrapport a m habitants des autres regions, les gens qui appartiennent ala region aride sont originaires de la region montagneusel78.*La separation et la region aride :La nature presentee dans la region aride inspire la teneur et ladesolation. Le soleil jette ses rayons bdlants comme un souverain cruel,les etangs et les autres lieu d'eau sont si secs que mCme les oiseaux etles animaux souffrent de rigueurs indescriptibles. Les arbres et lesplantes sont tous brtilils par la chaleur. Les feuilles sont seches etdilpounues de leurs luxuriances. I1 n'y a aucune ombre sous laquelle les177. Dr R.K. N@, Piilaittigai in Sangam Literature, Madras, Aniyakam, 19Slp.6.178. V.Sp. Manickam, The Tamil Concept oj LOU% op. cit., p.113. . V.Sp. Mmickamest inspire de cette supposition, que la region aride est la consequence de lasecheresse des regions montagneuse et pastorale. I1 ajoute que puisqu'il n'y apas la repartition de I'espace a la region aride, personne peut Ctre l'habitantpropre de desert et c'est pourquoi les habitants de desert ne trouvent pas lesr6les du heros, et de l'heroine P akattiwi et de plus aucune partie de desert estconsidQCe le lieu de rencontre des amourewr. Voila pourquoi l'aspect d'amourde la region aride traite la dparation des amoureux des quatre regions.

voyageurs epuisks, pourraient se repc'ser ou une flaque d'eau pouretancher leur soif. I1 n'y a mCme pas de fondrikre dans les etangs maisseulement la poussiere. Partout des mirages attirent les animauxassoiffes et les trompentl79. Ces donnees de base font l'arriere-plan de laseparation- la phase de l'arnour associke Ci la rkgion airide. On traite deuxelements constitutifs de la separation : la fugue amoureuse et laseparation pour chercher la fortune.Le heros et 1'hCroi'ne savent bien les dangers de la region aride: lesvoleurs, les animaux, la solitude, la chaleur etc. 11s veulent Etre ensemblea vie et alors ils entreprennent la fugue amoureuse pour se marier.La separation apres le mariage est beaucoup plus redoutable.L'heroine connait deja les dangers de la region aride parce qu'elle les a6prouvis elle - meme quand elle a fait la fugue amoureuse avec le heros.Elle les lui explique et lui prie de ne pas aller faire le commerce. Maislui, il comprend le besoin d'aller chercher sa fortune et entreprend levoyage. I1 traverse une rigion pleine de voleurs dont la profession est detuer les commer~ants et de voler les caravanes qui traversent cesCtendues abandonnieslso.179. Dr. R.K. Nap, i+&ittigai in Sangam Literature, op. cit., p.7180. Xavier S. Thani Nayagam, Landscape and Poetry, op. cit., p. 1 17.

La fugue amoureuse :La fugue amoureuse est le dernier episode de l'amour clandestin.Elle met fin a la vie clandestine des amoureux et prepare la voie a la viemariite. Le heros entreprend la fugue amoureuse avec elle quand elleveut rester toujours avec lui ou quand elle a peur de la separationouquand elle a peur des cornmerages ou quand il y a des obstacles pourla rencontre.Les parents de l'hero'ine limitent les mouvements de l'heroineconsiderablement et ils lui conseillent de ne pas depasser les frontieresde la maison parce qu'ils ont peur des commerages qui circulentautour. Une telle restriction entraine des souffrances indescriptibles auheros et & l'heroine. A cela s'ajoute la demande en mariage de l'heroinepar un concurrent. Les parents de l'heroine qui ne savent rien de l'amourde l'hero'ine accueillent les propositions de l'autre. Tous ces elementsforcent la confidente de prendre des initiatives favorables auxamoureuxl81. C'est la confidente qui propose la fugue parce qu'elleconnait le cceur de l'heroi'nel82'.La confidente et les amoureux ont peur des parents de l'heroine(parce qu'ils pensent que les parents n'accepteront pas leur amour) et ilsne leur font pas part de leur amour. Le temps passe vite et les parents181. Dr. R.K. Nagu, PZllaiM'pai in Sangarn Literature, op. cit., p. 16.182. V. Sp. Manickam, The Tamil Concept of love, op. cit., p.55

de 1'hCroi'ne cornmencent a chercher un maxi pour leur fille. Lesarnoureux n'essaient pas de convaincre leurs parents en disant lav$rit$lf33. Alors ils n'ont pas d'autres moyens que de choisir la fugue. Laconfidente leur conseille donc la fugue pour sauvegarder la chastete de1'hQoi'ne et pour mettre fin & la solitude et aux souffrances del'heroine184.La fuite peut se passer dans toutes les saisons de l'annee maisquand on fait la description de la fugue de faqon simple (comme si elle sepassait dans toutes les saisons) il cesse d'Etre la litterature. La fugueamoureuse est le seul fait qui se passe dans la vie rkelle et tout le restesert d'arriire plan (le d6sert, le midi, le soleil brillant, le manque d'eauetc.). Tous ces artifices litteraires sont crees par les poetes avec le but6vident de fournir le plaisir esthitique aux Iecteursl85.Le poeme 262 du Ku-mntokai presente la confidente ot~ elleexplique a lJhCroine ce qu'elle doit faire face aux commerages, a lasolitude etc. Elle dit:n Que les cornmirages se repandent dans le village!Que les rues chuchotent !Que la mire sans bonti.Qui tourmente implacablement,Reste chez elle seule !C'est ma decision :183. V. Sp. Manickam, The Tamil Concept of love, op. cit., p.56.184. Dr R.K. Nagu, Pcilaittipai in Sangam Literature, op. cit., p. 17.185. Rm. Periyakaruppan, Tmdition and Talent in Cankam Poetry, op. cit., p. 179

Toi, avec les dents pareilles a m epines,Qui ont mange la groseille a maquereau,Dois boire de l'eauQui restait dans les maresFormees par les empreintes de pasDes elephants gigantesques.Les mares qui paraissent auxDivisions par planchesDans les champs de canne a sucre;I1 faut boire avec lui,Dans la region eloigneeAu pied des montagnes elevees,Qui touchent le ciel w .La confidente qui analyse la situation, conseille a l?leroi'ne des'enfuir avec le heros. Quand ils s'enfuissent, ils passent par la regionaride, pleine de dangers ; mais la confidente prefere que 1'hCroine passepar la region aride que de rester chez elle supportant les cornmerages etles chuchotements.Dans le poeme ci-dessous (Le Ku-mntokai 388), la confidentes'adresse au heros au sujet de la fugue. On y voit encore une imageterrible de la region aride." M&me batt.u par le vent de l'ouestLe lis ne se fane pas,Avec sa couche de petales etDe l'eau retenue dans la racine.Dans la rkgion aride,Les elephants ne possedaient mCme pas la forcePour casser les branches sechesQui paraissent aux plusieurs charrettes.Des marchands de sel,Tous en rang avec les bmufsQui luttent avec les jougsQui sont comme les frondesCroisent les trompes

Et souffrent.Mais si elle vous accompagneMCme la region aride sera douce"Ce poeme expose deux images, d'abord Ie Iis qui signifie l'heroi'nequi ne peut pas Ctre touch6e par les elements exterieurs (peut -Ctre lescommkrages et aussi la demande concurrente en mariage de l'heroinepar un autre) ; puis les beufs luttant avec les jougs qui signifient unefois de plus les forces exterieures qui ecrasent soit le heros soit 1'hCroine.La disparition de 1'hCroine suscite la confusion chez ses parents. I1en rCsulte les sentiments desoli-s de la mitre, ses inquietudes, seslamentations, son attitude de maudire le destin.186La nostalgic prkdomine dans les scenes ou la mkre se rappelle lavie heureuse que sa fille a passee chez elle et le chemin dangereux qu'elletraverse maintenant avec le heros. Meme a ce moment la mere ne haitpas sa fille ou ne la critique pas mais elle cherche Ei la retrouver. Sa fillelui manque et elle commence A g&mir. Ci-dessous (Le Ku-mntokai 356)elle nous explique la tendresse de sa fille."Ma jeune filletPortant les petits bracelets taillCsEst tendre comme le bouton.Elle ne mangera mGme pasLe riz gonfle, mtl6 au laitDans un bol d'or pur186. Dr R. K. Nagu, mlaittivai in Sangam Literature, op, cit., p.22.

Disant que c'est trop.Mais maintenant,Sous sa protection,Lui portant le bracelet de cheville du guerrier,Elle boit de l'eau chaude et boueuseDe la source slchee et ratatinCeTraversant vite les regionsQui offrent peu d'abri etPoint d'eau !Comment obtiendrait-t-elle les forces ?"La mere connait bien la region que sa fille et son bien-aimetraversent quand ils s'enfuient. Donc la description parfaite de la regionaide ajoute d'une part a la souffrance de lkiroi'ne et d'autre part 21 cellede sa mere. De plus elle met en contraste sa vie enfantine et sa vieamoureuse ; enfin elle s'est emerieillie de I'energie qui l'a pousd de seseparer de sa famille et de partir avec son heros.Durant la fugue amoureuse, la mere ne reste pas tranquille maiselle se met a chercher sa fille et son bien-aimi. Elle passe par la routeempruntee par les deux.Ne les trouvant pas assez facilement ellecontinue a chercher. Le po6me 44 du Ku_runtokai explique bien cettesituation."Mes jarnbes sont lasses etNe marchent pas vite,Mes yeux ont regard6 plusieurs fois partout,Et ont perdu ses lustres.I1 y a autant d'autres couples dans cette region,Plus que toutes les etoilesAu ciel large et noir"

I1 y a tant de couples dans cette rligion mais elle ne trouve pas safille. Elle est inquiete et se lamente. MCme si la perte de sa fille provoquela peine, elle ne la maudit pas; par contre elle la benit et veut qu'il y aitde la pluie ce jour la dans la region OCIpassent les deux. Elle dit dans le"La fille innocente et brune etLe jeune homme possidantLa lance longue, le bout poli,Nous ont quittes,La region 06 ils passentPuisse-t-elle recevoir la pluie fraicheAujourd' hui,Au sentier etroit pres des montagnes,Dans l'endroit oc le sable est repandu autour,Sous l'arbre ombrag6O~I le soleil ne brille pas".La pluie peut rtsoudre les besoins de desert. I1 deviendra frais etvif et en rkaliti: perdra son caract6re sec. La mere a compris qu'ils sontpasses par le desert et elle veut qu'il y ait de la pluie, de l'ombre, et unlieu sablonneux pour le couple s'enfuyant pour qu'ils puissent s'yLa separation pour la fortune :Le mariage se passe bien. Le h6ros et l'hkro'ine s'unissent avec leurfamille. La vie conjugale s'annonce heureuse. Le temps s'ecoule et leheros comprend la necessite de la fortune et il commence a organiser son-- -187. M. Shanmugam Pilai, David E. Ludden, Kzrruntokai op. cit., p.367.

L'heroine, quand elle comprend son projet, devient tres perturbte,pace qu'elie connait la r6gion qu51 doit traverser. Elle ne veut pas qu'ilquitte et le supplie de ne pas partir. Ses prieres le dCrangent beaucoup etil hesite. I1 y a un conflit entre son amour pour l'heroi'ne et son intCretd'ordre materiel.Alors il y a un retard. L'hCroine qui n'est pas contente de sondCpart pense que les hommes donnent beaucoup plus d'importance a lafortune qu'aux plaisirs de ce monde. Dzns le poeme 174 du Ku-mntokaielle s'explique a son amie a propos de l'attitude des hommes."I1 m'a quittt?Pour chercher la fortune,Sachant bienLes difficultes de traverser cette region.Dans le desert is016Abandonne par la pluie,0u le fruit epineux et fourchuDe kajji I** crhe avec le son graveEt fait fuir en effrayantLe couple de pigeonsAux plumes denses et douces.Sans doute,Les hommes se soucient de la richesse.Personne ne s'interesse point B la bont6."Tous les deux - l'heroi'ne et la confidente - comprennent le besoinde la richesse. Mais, en meme temps, l'h6roine est tres soucieuse de lapresence physique de son mari. Les dangers de la region aride la188. Une sorte d'arbrisseau laiteux dont le nom scientifique est euphorbia tiroucalli.

font s'inquieter. Maisla fin de ce poeme nous trouvons que l'heroine seconsole dans sa desolation.Dans le poeme suivant (Le Ku-mntokai 135) la confidente la consoleen lui disant la vlritk sur la mondaine et les devoirs des hommes et desfemmes." Ne pleure pas mon amie.Cet homme m'a dit,Le travail est la vie aux hommesEt am femmes aux Ies fronts kclatants,Qui restent chez - elles,Leurs hommes sont leurs vies.Tel homme dispensera avecLes pensees de partir"La separation provoque autant de souffrances que le depart de sonmari.La confidente souffre aussi autant parce qu'elle ne peut passupporter le chagrin de son amie. Les souffrances ne servent 5 rien pacequ'il faut accepter la rCalite. Le potme 224 du Ku-mntokai explique cettesituation." Je ne peux pas le supporter,Comme un sourd-muet,Dans la nuitQui regarde la misereDe la vache fauveTombie dans le puits,Mon angoisse pour la souffrance de mon amieEst pire que ma propre souffranceQuand je pense a la mCchancetC de cet homme,Qui est descendu dans les rues longuesEt bifurqukesAvec les arbres y6 etPlein de dangers "

L'impuissance de l'hiroyne devant son destin est bien explicitedans ce poime. Comme la vache qui souffre, l'heroine souffre aussi. Ason tour la confidente se lamente des lamentations de son amie.Pour sa part le hQos pense toujours a sa femme. Selon les normestraditionnelles, il ne peut pas se lamenter. Mais, il pense de temps entemps a sa femme, a sa delicatesse et a sa tendresse. Sa femme qui Ietroublait dans la pensee, commence a le troubler meme dans son rCve.Dans le poeme ci-dessous (147 du Ku-mntokal) il s'adresse au reve qui luia apporte sa femme," 0 reve !Aujourd' hui tu m'as reveilleDu sommeil dow,I1 me semblaitTu m'avais apportt la fille innocenteAvec les bijoux excellents etLe corps de joli brun,Avec les poils sur sa peauComme les fleurs courbtes au printemps;Ceux qui sont dparks de leurs amantesNe te grondent pas pour cela "La mission est accomplie. I1 rentre avec plaisir. Cette nouvelle estbien reCue par la confidente et elle partage cette nouvelle avec son amieintime. Son retour met un point final a u souffrances de l'hkroi'ne. Dansle po$me suivant (215 du Ku-mntokui) la confidente partage la nouvelle :

Mon amie !Tes souffrances vont disparaitre peu a peu,MCme le soleil eclatant disparaftEntre les montagnes elev6es.Rejouis-toi, parce qu'il viendra aujourd'hui,Notre homme qui a traverseLa region aridePrks des versants longs de montagnesOfi les elephants maesAvec les d6fenses luisantesRemuent les maresSans eau et dessCchCesEtCaressent les femellesPres des petites rochesLes protegeant des tigresGrands et fitrocesAvec les rayures courbCes r7. L'amour excessif (~elurnt~+) :Perunti~ai, dont le sens litteral est I'arnour excessif, est un aspectde l'amour predominant dans toutes les regions189 - montagneuse,pastorale, riveraine, littorale, aride. Alors l'espace et le temps prescrits neconviennent pas a cet aspect de l'amour, selon la convention litteraire.Dans ce cas particulier, l'impossibilite de trouver satisfactionaboutit aux attitudes aberrantes : I1 en existe quatre dans peruntipai lgO.Ce sont :1. la montke reelle sur le cheval en bois fait de branchages pointus etaceres du palmier,189. Xavier S.Thani Nayagam, Landscape and Poetry, op.cit., p. 86, 90190. Le Tolkfippiyam, Poru!atikaram, sfitra 54.

2. la perte de la jeunesse,3. la passion hors de la consolation,,4. L'acte audacieux de 1'hiroIne passionnee.Ces sont des attitudes qui ne sont qu'une extension de l'amourmutuel oG l'on trouve la frustration sexuelle chez l'hiroine et le hiros.Etre digofiti des objets du plaisir, exprimer des lamentations,retrouver les fautes des autres, souffrir de faim, de la pgleur, prendre demoins en moins de nourriture, maigrir, ne pas dormir, confondre ler&ve avec la rialiti, considirer l'expression du hiros comme mensonge,dire le mensonge comme la virite, douter des remarques du hiros, serijouir de regarder les parents du hQos, maudire la vertu avec lasouffrance, cornparer toutes les choses avec le hiros ou 1' heroine, voirson mari dans son fds, se rejouir en ecoutant le nom du hQos, setroubler le cmur, ce sont autant de comportements de quelqu'un qui esttouche par 1' amour excessiflgl.Toutes les situations de l'amour excessif font parties de l'amourconjugal avec un peu de sCvCritt, mais il faut dire qu'on n'y trouve pas deviolence ou de force physiquel92.191. Le TolWppiyam, Poru!atikilram, satra 266.192. V.Sp. Manickam. The Tamil Concept of Love, op. cit., p.140.

La montCe sur le cheval en bois fait de branchages pointus et ac6r6sdu palmier :Monter sur le cheval en bois fait de branchages pointus et aclresdu palmier est considbe comme un acte degradant et honteux parce quele heros aura recours a cet acte si la passion d'amour depasse leslimites193.Selon la tradition litteraire tamoule il y a une diffkrence entre lamontee reelle au cheval et le discours que tient le herosl94. Le heros priela confidente d'organiser la rencontre avec 1'hCro'ine mais elle n'acceptepas de le faire. Elle veut qu'il prenne des initiatives pour le mariage. Del'autre cbt6 le heros veut continuer la vie clandestine et il n'est pastouch6 par les cornmerages qui se repandent autour et il menace laconfidente qu'il va monter le cheval du palmier. Cette menace est trait6edans la section d' aintigai d' akattigai.Malgre sa menace, de tempsen temps, il y a des situations 06 la confidente ne c6de pas a sesdemandes et il entreprend de monter reeilement au cheval en bois fait debranchages pointus et acCres du palmier pour atteindre son butl95.195. T. Vasanthal, TarniJilakkiyattil akappo yl rnarapukaf, Madras, University ofMadras, 1990, pp. 200 - 204.

Cette menace incitera la confidente a organiser plus de rencontrescraignant qu'ilaura vraiment recours a cette coutume digradante,rivClant la relation clandestine au publiclQ6.Dans le poZrne 17 du Ku-mntokai on fait une description deshommes qui montent le cheval du palmier :Quand 17amour est trop mQr7Les hommes montentLe bois fait de branchages pointusEt aci.rErs du palmierConsiderant qu'il est le cheval,Et portent les guirlandes des boutons d' er~kkarn'~'Comme si elles itaient des fleurs,Et Ccoutent les cris per~antsDes gens qui les regard.ent dans les ruesEt les pires.C'est un po2me qui explique la nature des hommes aux prises avecl'arnour extreme. Le pokme se termine par l'allusion a la mort a causede la destruction physique resultant de la conduite du chevall98.La perte de la jeunesse :La perte de la jeunesse se passe dans la vie mariie du hiros et del'heroine. Le hiros quitte sa femme pour gagner la richesse. D'ailleurs leplaisir sexuel et l'accumulation de la fortune s'harrnonisent rarement. Le196. Kamil V. Zvelebil, Literary conventions of Akarn Poety, Madras, Institute of AsianStudies, 1983, p. 22.i9 ,.Elle est propre au Dieu CivH, le Dieu de destruction dans la mythologie hindoue.On en met une au cou des condamnCs a rnort avant l'execution ou a l'hommequi est mort sans se marier.198. Dr U. Ve. Cfirninataiyar, Ku-mntokaj op. cit., p. 45.

heros peut gagner la fortune quand il est jeune mais c'est la jeunesse quiest necessaire pour le contentement des sens. De plus c'est une realit6biologique que la vigueur sexuelle de la femme est plus courte que cellede l'homme. C'est pourquoi l'h6roine de la litterature akam exprime ledirsir ardent pour l'union physique, de rester toujours avec son mari etde ne pas consentir au depart de son mari.Ce hkros, durant sa separation pour la richesse ne pense pas a safemme, a la perte de la jeunesse de sa femme et a soi-m&me jusqu'gl'accomplissement de son devoir. On dit qu'il a transgresse le principesain prescrit par l'amour d'ainti~ai 199 puce que le plaisir sexuel est lapartie la plus importante de mariage.heros :Le po6me 27 du Ku-mntokai prisente l'h6roi'ne qui s'est s6par6e du" Le lait doux de la bonne vache,Ni bu par le veauNi rep dans un seauCoule inutile sur la terre.Comme celaLa beaut6 de mon corps brunAvec les taches rousses sur la vulveNe me sert pasNi mon amantMaisDoit Etre denaturte par la psileur "L'heroine veut que ses besoins physiques soient satisfaits mais ilsne sont pas satisfaits. Elle exprime alors sa frustration sexuelle. Son-. -199. V. Sp. Manickam, The Tamil Concept of love, op.cit., p. 145.156

physique manifeste la pdeur - la marque du besoin sexuel. La jeunesse,la vigueur physique, elle les perd a cause de l'absence de son mari.La passion hars de la consolation :Cet aspect de l'amour cxcessif exprime bien que peruntifzai etaintipai sont tres lies et la ligne de demarcation entre ses deux aspectsest fragile. Une difference tres evidente entre ces deux reside dans lecontrdle de la part de I'hCroi'ne : l'heroine d' aintipai, bien qu'inconsolablepeut trouver un reconfort de temps en temps, ce qui n'est pas le cas del'heroi'ne de peruntiuai 200qui symbolise I'immodestie fernininenol. Teletait le cas de pokme (Le Ku-mntokai, 28) suivant:" Ces villageois dormentIgnorants de ma condition de feru d'amour,Pourrais - je les battreOu les attaquerOu bien pousser un cn per~antOh!EtAh!Je ne sais vraiment que faireEt ne peut pas decider :Tandis que le vent tourbillonnant et chaudDu sudMe tourmente beaucoup "Elle est seule dans la nuit et les villageois dorment. Le vent du sudsouffle doucement augrnentant le besoin physique. Alors elle ne peutsupporter ni sa solitude ni le calme et la paix qui existent dans le village.200. V.Sp. Manickam, The Tamil Concept of love, op. cit., pp. 46-147.201. ibid.

La reaction est extrCme. Elle depasse les limites modestes de la fzmmeconventionnelle et s'apprete a attaquer les villageois qui ne consid6rentpas son besoin sexuel et mSme a jeter des cris per~ants.La soci6tC ancienne tamoule ne voit pas cet 6vCnementskrieusement mais elle montre sa syrnpathie envers cette femme dont lernari est parti sans satisfaire l'appktit sexuel de cette femme202.L'acte audacieux de I'h6roi'ne passionniie :Selon la tradition tamoule la femme n'accompagne jarnais son mariquand il va faire la guerre ou chercher la fortune. La femme attendtoujours le retour de son mari et elle n'entreprend jamais sa poursuite.Cependant le penrntigai traite du passage de 1'hCroi'ne a l'endroit oCtravaille le heros avec lJintention d'assouvir ses propres passions203. Lepoeme 3 1 du Ku-mntokai explique bien cet aspect de l'amour excessif." J'ai cherchkMon homme de haute naissanceA la fete des guerriersEt parmi les danses des filles,Mais je ne I'ai pas trouve.Maintenant,MCme moi,Je suis une danseuse,Et mon roi,202. V.Sp. Manickam, The Tamil Concept of ~ V C ? op. , cit., p. 148.203. ibid.

Qui a fait ces bracelets,Taill6s dans la conque brillante,Glissent de mes mains,Lui aussi est un danseur "Les cinq premieres lignes de ce poeme evoquent la recherche duheros par l'hero'ine. Elle ne letrouve pas mais elle continue de lechercher.La litterature akattivai ne traite que de l'amour conjugal, mutuel,spontanC et non pas la violence dans l'amour. En dehors de quelquesrares cas extremes, tous les poemes traitent la felicite conjugale desamoureux. Le but de l'evocation de ces themes extraordinaires est demontrer en plein relief l'importance de la valeur de l'union semelZe204.204. V.Sp. Manickam, The Tamil Concept of love, op. cit., p. 148.159

Quand on etudie de pres le concept de l'amour dans lalitterature cahkam et le concept de l'amour dans la littQaturecourtoise, ce qui nous frappe d'amblee c'est l'ecart dans leurformulation.Pour l'amour de la periode carikam et celui de l'amour medievalen France, il n'y a pas de documentation historique tangible. Peut-Etreque la manifestation de I'amour ait 6te identique partout dans lemonde. La comparaison qui nous intkresse tient surtout a saformulation litteraire et esthetique.A ce niveau la l'ecart que nous avons mentionnk ci-haut estevidemment considerable. Le theme prefer6 chez les poetes courtoisest l'amour plus ou moins desincarne.Nous sommes frappes egalement par le caractere extraconjugalde l'amour. I1 ne s'agit pas d'un sentiment qui lie un jeune homme etune jeune fille qui tombent amoureux l'un de l'autre pour la premierefois. Dans l'amour courtois l'objet aime du jeune hornme est souventune femme deja mariee. Par consequent dans cette relation la fideliteconjugale est exclue. Le devoir des epoux n'entre pas en ligne deconte.

Ce ne veut pas dire autant que l'amant et l'amante cherchentune satisfaction charnelle ni qu'ils se Iivrent B des jeux erotiques.Un autre trait particulier de cet amour, c'est le statut social desmantes.Dans la poitsie courtoise, on chante de preference del'amour qui lie deux Ctres d'un statut social tris elevi: : les nobles, lesprinces etc.Dans la litterature tamoule par contre l'objet de la poesie estl'amour entre deux Ctres du mCme statut social, pas nicessairementd'un statut social trZs eleve.Un troisieme trait important qui souligne l'icart entre lalitterature tamoule et la litterature courtoise est le suivant. Dans lalitterature tamoule l'amour debouche sur le mariage qui constitue safin naturelle et logique.Par contre dans l'arnour courtois il s'agitd'un amourextraconjugal. Le mariage ne sera jamais ivoquk. En effet l'amourtarnoul nait avant le mariage alors que l'amour nait aprss le mariagedans la litterature courtoise. Le personnage masculin tel qu'il estpresenti dans l'amour courtois n'est jamais le mari.Celui ci esttoujours absent dans cette representation d'amour.Ce trait pourrait choquer le lecteur tamoul.Cela ne veutnullement dire que l'adultere n'existe pas dans la litterature carikarn.Le concubinage semble avoir 6te monnaie courante a cette ipoque.

I1 faut constater egalement que dans l'arnour courtois il n'y apas d'assouvissement des instincts sexuels mais dans l'amourcarikan, c'est plut6t l'assouvissement qui est mis en relief.Dans la littkrature courtoise, l'expression de l'arnour proceded'un personnage masculin ayant pour objet la femme aimie. Dans lalittkrature cafikam,la plupart du trmps les pottes s'attachent aevoquer 1'Ctat d'he de la femme de lJamour. L'expression en dkcouledes personnages feminins.

presence d'un certain lieu oG se dkroule l'action de ce theme, d'uncertain temps d'une annee et d'une joumee (mutaZpom2) et les objets del'environnement de cet evenement (kamppomJ.La presence de ces trois elements - le theme, l'espace et le temps,les objets de l'environnement - complete le poeme d'akam Alors il existeun melange parfait de la passion humaine avec les elements de la naturedans la poesie akam C'est alors la convention de la litterature akamprescrit pour le th&me du commencement de l'amour, l'espace de laregion montagneuse et le temps du minuit de la saison pluvieuse, lesanimaux et les arbres qui se trouvent dans la rCgion montagneuse pouries objets de l'environnement et ainsi de suite pour les autres themes del'arnour.Cette convention a et6 suivie par tous les poetes de la littlratureakam. Voila pourquoi la liberte de choisir le temps le lieu ou certainselements de la nature pour un certain theme d'amour est restreinte. Enoutre il n'est pas permis de melanger le lieu ou le temps d'un certaintheme avec celui de l'autre. Mais cette limitation n'a aucun sens dans lecontexte de la litterature courtoise ou la liberte predomine.

Cependant quelques aspects de la nature comme le soir seressemble dans les deux litteratures. Dans son po&me Serenade, GuirautRiquier utilise le refrain :"Jour, bien croissez a mon dam,Du soirMe tuera le long espoir. "Ce refrain nous indique la souffrance qu'apporte le soir pour lepoete. Cette idire de considerer un element de la nature - le soir commela source de la souffrance se retrouve dans la littirrature tamoule. On yconsidere que le soir apporte de I'affliction aux amants sEtparEts3.L'heroine pense que le heros rentrera le soir parce que le soir serale msme, mGme dans la region ori son heros est all6 trouver de l'argent.Et elle espere que ce soir lui rappellera le chagrin provoque par laseparation.Le chagrin qu'apporte le soir, le long espoir de rencontrer sonbien-aim6 etc., restent les memes dans ces deux litteratures. Dans cecontexte, le Ku-mntokai decrit le soir comme le soir dCsolant4 le soir pleinde souffrance et de detresses, le soir plein d'angoisse et de desespoirs.3. Xavier S.Thani Nayagam, Landscape and Poety, op, cit., p.103.4. Le Ku-wntokai, 1725. ibid., 3526. ibid., 391

Dans ces dew litteratures le soir signifie I'espoir de la rentrie de12tre aime. Mais cet espoir ne se rialisera pas dans les deux littiratures.Alors ce soir tue le poete dans le contexte fran~ais et dans le contextetarnoul il est accompagne, du desespoir, de l'angoisse et de la souffrance.Une approche bakhtinienne pourrait nous reveler un autre aspectde la poesie amoureuse dans les deux litteratures. C'est la facon demelanger la dimension spatio-temporelle.Nous pouvons introduire ici la notion de chronotope que definitBakhtine dans EstMtique et Th6orie du Roman, wLe processus qui apermis a la littkrature de prendre conscience du temps et de l'espacehistoriques reels et de l'homme historique vrai qui s'y revsle, a iticomplexe et intermittent. On assimilait certains aspects du temps et del'espace, accessibles a tel stade historique de l'evolution humaine, et l'onelaborait, dans les mkthodes des genres correspondants, des proc2despour refleter et traiter dans l'art litteraire des c6tes connus de la realitC.Nous appellerons chronotope, ce qui se traduit, litterdement, parr temps-espace r : la corrblation essentielle des rapports spatiotemporels,telle qu'elle a Cte assirnilCe par la litterature. Ce terme estpropre aux mathimatiques ; il a ete introduit et adapti: sur la base de latheorie de la relativite d'Einstein. Mais le sens special qu'il y a rep nous

importe peu.Nous comptons l'introduire dans l'histoire litterairepresque (mais pas absolument) comme une mltaphore. Ce qui comptepour nous, c'est qu'il exprime l'indissolubilit6 de I'espace et du temps(celui-ci comme quatrieme dimension de l'espace). Nous entendronschronotope comme une categorie litteraire de la forme et du contenu,sans toucher a son r81e dans d'autres spheres de la culture.Dans le chronotope de l'art litteraire a lieu de la fusion des indicesspatiaux et temporels en un tout intelligible et concret. Ici, le temps secondense, devient compact, visible pour l'art, tandis que l'espaces'intensifie, s'engouffre dans le mouve:ment du temps, du sujet, deI'Histoix-e. Les indices du temps se decouvrent dans l'espace, celui-ci estperp et mesure d'apres le temps. Cette intersection des series et cettefusion des indices caracterisent, precisement, le chronotope de I'artlittkraire.En littkrature, le chronotope a une importance capitale pourles genres. On peut affmer que ceux-ci, avec leur het6romorphisme,sont determines par le chronotope ; de surcroit, c'est le temps quiapparait comme principe dominant des cPluvres littgraires. En tant quecategorie de la forme et du contenu, le chronotope Ctablit aussi (pour une

grande part) ]'image de l'homme en littterature, image toujoursessentiellement spatio-temporelle. n 7I1 est vrai que la notion de chronotope est appliquee par Bakhtinede preference au genre romanesque, il n'est pas exclu de s'en servir dansl'ittude de la poesie, comme on en a fait dans le cas de W. H. Audens.Dans la po6sie courtoise ainsi que dans celle de cahkum,l'indication temporelle renvoie aux saisons de l'annite decrites par leschangements atmosphQiques.Les jours longs du mois de mai plaisent au poete courtois JaufritRude1 et l'hiver est Ia saison la plus dkplaisante pour lui. L'influencespatio-temporelle sur la pensge du poete est bien tevidente dans le poeme("Amour lointain") suivant :" Lorsque les jours sont longs en maiMe plait le doux chant d'oiseaux lointains,Et quand je suis parti de laMe souvient d'un amour lointain ;Lors m'en vais si morne et pensifQue ni chants, ni fleurs d'aubipinesNe me plaisent plus qu'un hiver gelit. "7. Mikhail Bakhtine, EsthtStique et tMorie du roman, Paris, Gallimard, 1978, pp237- 238)8. Alexandra N. Leontieva, The Chronotope of W. H. Auden's Poetry: A BakhtinianApproach, (Unpublished research paper), Norway, University of Bergen,Department of English, June 1996.

Les mOmes CI&rnents spatio-temporels de l'hiver et la neige et ledoux temps de mai se retrouvent aussi dans les autres poemes courtois.Ci-dessous se trouve le poirme 'Je ne vois luir le soleil ...' de Bernard deVentadour.". . .Les prCs me semblent verts et vermeilsDe meme qu'au doux temps de maiTant me tient l'arnour joyeux et gai,La neige m'est fleur blanche et vermeilleEt l'hiver m'est fSte de mai,Que la plus noble et la plus gaieM'a promis de m'octroyer son amour,Si encore elle ne me l'a 6t e..."L'effet spatio-temporel sur l'imagination compositionnelle du poktes'explique encore dans le po$me suivant de Cercamon (' Quand la doucebrise s'aigrit.. .') :" Quand la douce brise s'aigrit,Que les feuilles tombent des branches,Que l'oiseau change de langage,Je soupire et chante d'hour. .. "Chez Cercamon le soupir et la chanson d'amour se revdentsurtout dans une saison plus parfaite pour la creation poetique, quandles feuilles tombent des branches.Cependant l'indication spatiale est plus particulierement marqueedans la poesie de cahkarn Comme nous avons vu plus haut, c'est tipartir des lieux que se dkveloppe l'imagination poetique mais 6 chaquelieu est assign6 une saison particulikre et une ktape particulikre de laj0urni.e.

La saisonla saison froide etla saison de r0si.ela saison pluvieuseLa partie du jourminuitle soirmarutamneytaltoutes Ies saisonstoutes les saisonsl'aubele petit matinplilaiL'iti, la saison posterieure le coucher dude neigesoleil, midiCe qui revkle chez les poktes tamouls, un certain souci de relier defa~on tr6s 6troite la notion de l'espace a la notion de temps.La description physique des amants :La description physique est une partie constituante de la poEsieamoureuse de toutes littiratures y compris la poisie courtoise et akamLa poesie amoureuse fait souvent l'eloge de la beaute du ou de laprotagoniste. C'est surtout la description de la beaut6 feminine qui estprkdominante dans ces deux IittQatures.Dans la poisie courtoise, la femme et surtout la fillette selon laversion de Marcabrug est 'une fie gentille' et la 'beaut6 parfaite'. Elle9. Marcabru dans son poime " Pastourelle "170

essemble a l'6toile du jour pour Rigaut De Barbezieux. I1 ecrit dans sonpoeme " Comme jadis Perceval ... ""Comme 1'6toile du jourQui n'a sa pareille,Votre Prix est sans CgalVos jeux amoureux et clairs,Purs, sans felonie :Be1 etre ! grgce et joie,De toute beauti source.. ."Elle est la source de la beaut6 avec les yeux amoureux et clairs.Dans son poZme 'le joli temps de Ptiques", Bernard de Ventadourdecrit le corps de son amante comme la neige de Noel. Les traits de cettefemme sont beaux et ses yew sont amoureux.lisle.beaut6 :Le visage de l'amante de Conon de B6thune ressemble A la fleur deThibaut de Champagne d6crit la sienne comme une parfaite". . .jamais Dieu ne fit si belle creatureQue vous, mais cela me fait apprehenderQue, lorsque nous mourrons, l'amour sera fini"llLa dame de Thibaut de Champagne est la plus belle creature queDieu ait jamais fait et il considsre que la disparition de ces deux &tres,c'est a dire, ce couple arnoureux sera la fin de 1'Amour10. Conon de BCthune dans son poime " La Vieille Arnoureuse"11. Thibaut de champagne dans son poeme " Jeu-Parti "

Le visage de I'amante de Raoul de Soissons est doux et les gestesde son amante sont pleins de grace. Ce sont ces dements de 'sa beauti.infinie' qui pousse le poete ii 'vEtnCrer' sa dame. I1 y ajoute que dans ' levisage clair de son amante il peut m&me noter un regard souriant dans lescintillement de ses yeux'. I1 y explique que :"Quancl je vois votre clair visageEt que je puis saisir un regard souriantDans le scintillement de vos yeux,Sachez-le bien, je suis alorsComme baigne d'une lumitreQui viendrait du Paradis,Car l'attrait de votre beauteSi pure et si sincere ..."I2Dans la derni6re strophe du mCme poime, le poete fait un portraitdescriptif dktailli. de la beauti. physique de son amante. Les versci-dessous nous font goiiter une poCsie assez d6veloppEte et minutieusecomparable a ceux des siecles plus rCcents."Ma dame. Je la vois :Des yeux verts et rieurs des sourcils bruns,Des cheveux plus brillants que l'orUn beau front, un nez droit, bien proportionne,Un teint de rose et de lis,Une bouche vermeille et sauve,Un cou blanc, Cpargne par le hale,Une gorge Cclatante de blancheur.Charmante, aimable, toute de gaiete,Estelle la fit Dieu Notre Seigneur,Et sa beaute, sa sagesse surpassent encoreCe que peut en dire mon chant."-12. Raoul de Soissons dans son po&me " Chanson aisee B chanter "

seins tendres, grandissants et 6clatants avec ses embrasementsss ; ilssont d on et entassants2G ; ses seins sont des boutons florissants27.La IittGrature courtoise se montre intiressee par la nudite desdames aimies. Imaginer sa dame dans la nuditi. est un plaisir pour lepoZte courtois et cela fait partie de la convention courtoise. Les damescourtoises sont bien habillies et la nuditC de ses dames est uneaspiration et une contemplation aux poetes courtois. Alors la descriptiondes parties physiques proprement f61ninines comme les seins, lesepaules nus, les vagins sont rares dans la littitrature courtoise.Dans le contexte tamoul, la population f6minine de la pitriode de lalitterature akam porte, comme vstements, des feuilles et des fleurs.28Donc le corps de la partie supirieure de la femme reste toujours nu. Eneffet la description des epaules et des seins est abondante dans lespoirnes d'akam. Cette tendance n'existe pas dans la littitrature courtoise.26. ibid., 13227. ibid., 33728. Elles portent les vCternents prkpares I l'aide des feuillcs ct des fleurs - LcNa-+uzi, 204. Elles portent des vCtements faits avec les fleurs kulavai - LeKu_nmtokai, 342. Elles portent des feuilles des arbres kzntal, acaku, dl4 putiku-L'Aiirkupnii-p, 2 11. Elles portent des feuilles a ses hanches - Le Ku,n'iicipp@tu102 - 105. De temps en temps la mlre offre A sa fille le vdtement prCparC avecdes feuilles - Le Ku-mntokai 223. Le heros offre le vdtement des feuilles al'herofne - Le Kupntokai, 2 14.

La comparaison dans les deux litthratures :L'amour est un sentiment tres subtil qui nait chez un individu.Cette experience ne peut pas etre facilement exprim6e par des motssimples. Pour bien decrire ce sentiment on se sert de comparaisons.L'ecrivain evoque dans l'imagination du lecteur, le sentiment qu'il veutexprimer dans son poeme.La majoriti des poemes de l'anthologie le Ku-mntokai utilise descomparaisons pour evoquer les sentiments d'arnour. Elles sont tr5ssuggestives, et loin d'etre superficielles29. Les choses comparies sontsubtiles et variees et toujours implicites et elles manquent des faitsnicessaires pour les illustrer exactementso. La subtilite des analogiesichappe souvent au lecteur mais personne ne manquera d'observer lespetites images dans lesquelles les choses comparees ont et6 noyites dansles poemes3l.Les comparaisons qu'on utilise dans les poemes d'akarn sont soitdes images imaginees soit des Cvenements qui se passent devant les yeuxdes personnages du po5me. De temps en temps le lecteur marque unehesitation devant une analogie entre l'action amoureuse du pokme etl'image / la comparaison employie.29. M.Varadarajan, The Treatment of Nature in Sangam Littkrature, op, cit., p.35230. ibid.31. ibid.

I1 y a une image, dans le poCme 208 du Ku-mntokai, oG un elephantferoce attaque l'arbre vznkai et detruit ses branches mais les branchesne sont pas detachees et elles continuent a fleurir et les jeunes fillespeuvent cueillir des fleurs en restant debout a meme le sol.C'est une image suggestive pri.sent&e par l'hiro'ine a sa confidentequi fait reference au heros qui est responsable de ses souffrances. Bienque le heros ait provoque l'angoisse chez l'heroine, il a ite assezcompatissant a la faire vivre sans pkrir. Dans ce pokme l'arbre ve'rikaisymbolise l'hkroi'ne, ses branches cassees qui suspendent represententsa position miserable.Le lecteur doit Ctre toujours vigilant pour comprendre et pour faireune liaison comparable avec l'lvenement d'un polme particulier. Cela neveut pas dire que tous les poemes possedent de telles comparaisons. I1 ya beaucoup de comparaisons tres simples dans les potmes duKu-mntokai.La description des personnages c'est a dire les aspects physiques,necessite des comparaisons. On y trouve plusieurs dans l'anthologie leKu-mntokai.

L'hCrolne est une jeune fille aux dents brillantes comme les germestendress2, ses yeux sont comme des fleursss. Ses cheveux sont aussibeaux que les taches sur la queue dCployee du paon34, elle est fraiche enkt6 comme la sandale et elle est douce~nent chaude en hiver comme lecczur du lotus, qui fleurit dans le soleil frsless et le hiros est comme undkphant forts6 trempi dans la pluie37.En ce qui concerne la litterature courtoise les comparaisons sontbeaucoup moins utilisCes que dans celle de la periode suivante. Quandmeme, les comparaisons que l'on a utilisies sont riches et variees.Concernant la description physique des personnages dans lapoksie courtoise, Cercamon dicrit son amante comme une perle siprCcieuse. I1 decrit dans son poeme "Quand la douce brise s'aigrit ... ."". . .Perle si precieuse m'enchanteQue je n'aimai rien autant qu'elle .. ."Les yeux de l'amante de Raimbaut d'Orange sont beaux mais ilssont ronces qui le frappent beaucoup. Dans son pokme "Fleur inverse".Raimbaut d10range kcrit que32. Le Ku-mntokai, 11933. ibid., 14234. ibid., 18435. ibid., 37636. ibid., 24437. ibid., 161

"... Vos beaux yeux sont pour moi roncesQui frappent tant mon ceur en JoieQue je n'ose avoir desir traitre . . ."Pour Conon de Bithune le beau visage de son arnante estcomparable a la fleur de lis. Dans son poeme, "La Vieille Amoureuse", ildecrit :". . .Votre beau visage qui ressemblait a la fleur de lis . . ."Guillaume de Machaut, dans son poime, "Je puis tres biencomparer ma dame" ... le poete fait une comparaison de sa dame a unestatue plus belle que celle qui a ete faite par Fygmalion. I1 dit :"...Je puis trks bien compare ma dameA la statue que fit Pygrnalion.Elle etait d'ivoire, si belle et sans &galeQu'il l'aima plus que Jason n'aima Medee ..."L'amante de Guillaume de Machaut est la plus belle du monde etqui peut Ctre comparable a la statue d'ivoire faite par le roi Pygrnalion.Jean Froissart compare sa dame au clair jour, dans son pokme'Dame d'Honneur au clair jour compare'Quand on analyse les comparaisons qu'on a employees dans lespoZtmes d'akam et dans les pokmes courtois, on peut bien constater quedans la plupart des poemes cites, les poktes comparent les traitsphysiques des personnages feminins et non ceux des personnages

masculins. C'est assez normal dans la litterature courtoise parce quel'ideal courtois enjoint seulement les poetes masculins de composer despokmes oii il s'agit souvent l'amour d'un pokte particulier pour sonamante. Les personnages qui figurent dans le fond des poemes sont reelset vivants parce que tous les po2mes y sont personnels. En ce quiconcerne la IittCrature akam, les personnages poetiques sont fictifs.Le sentiment de l'amour exprime a l'aide des comparaisons dansles deux IittCratures possede des ressemblances interessantes.Selon le poete courtois Arnault Daniel, l'amour qu'il a pour sadame est inseparable comme la chair a l'ongle et son cceur reste toujoursavec elle. I1 Ccrit :". ..0c qu'elle soit, dehors ou dans sa charnbreMon cceur y tient comme la chair a l'ongle . . . " 38Le miime concept de I'inskparabilitC des amants s'explique a l'aided'une cornparaison semblable dans le Ku-mntokai ou le heros exprimeque 'comme la pluie et la terre rouge, nos cceurs affectueux se sontmSles39. L'arnour a son autorite complste sur les amoureux et ici nousavons le heros qui suggere son incapacite devant l'arnour. I1 dit 'commele beurre place dans la roche bfilante sous le soleil et gardee par un38. Dans son pohe " Sextine ", Arnaut Daniel, Anthologie des Troubadours, Picard,1978.

sourd-muet sans mains, seule par les yeux, mon amour pour cette filleest tres dificile a maitriser'40. Le meme sentiment de I'incapaciti. setrouve dans la littQature courtoise. Dans son poeme "Je croyais bienvivre sans amour", le Chgtelain de Coucy dit que :"...Je s2s bien que je n'ai pas le droit de vous aimer,Si l'amour ne me l'eut donne.Mais la folie cause la violence,Comme il anive pour la nef que le vent guide,Et qui va la ou le vent la pousseJusqu'a la briser toute et la mettre en miettes ..."Comme la nef qui est guidie par le vent qui la pousse comme ilveut, le poete a i.te dirigi. par l'amour. C'est l'amour qui le conduit et ilest sous son autorite. I1 est reduit a l'impuissance devant l'amour.L'heroine de la litterature akam, quand elle fait une comparaisonde la grandeur de son amour, ddcrit que l'amour qu'elle a pour cethomme est plus grand que le monde, plus haut que le ciel et plusprofond qu'un grand oc6an41.La souffrance que provoque l'amour est partout la meme. Lanature, selon Bernard de Ventadour42 et surtout la nature pendant lapi.riode de Paques est jolie et pleine de verdure, de couleur et de fleurs.Mais son ceur est sec et terne parce que son amour n'a pas it6 bien40. Le Ku-mntokai, 5841. ibid.,342. Bernard de Ventadour dans son po&me, " Le jolie temps de PHques "

appricie et reciproque par la Dame. Faisant une cornparaison entre lanature extirieure et la souffrance interieure, il ecrit :"...Le joli temps de Piiques,A la fraiche verdure,Nous offre feuille et fleurDe diverses couleurs,Aussi tous amoureuxSont-ils gais et chanteurs.Seul, je pleure et gemis :La joie m'est sans saveur ! ..k heros, du poeme suivant, souffre lui aussi, parce qu'il ne peutpas rencontrer l'hhoine. I1 s'adresse a son cceur :" 0 mon ceurTu as grande envie d'une fille,Qui est loin de nousEt est difficile de rester A c6t6,Comme le heronQui ne peut pas voler,Restant debout sur les ondesDe la mer de 1'EstQui Eve sa teteVers un repas inprocurableDe poisson ayiraiSur le bord de I'OuestDe la ville de ToptiDe Popiyan avec les chars forts.Ainsi tu souffres etSouffrir est son destin" 43Le heros a ete compare au heron qui ne peut pas attraper lepoisson, sa nourriture favorite. Ainsi souffre le heros qui ne peut pass'unir avec l'heroine.

Le personnage rnasculin, selon les conventions litteraires etsociales tamoules, agit sous la contrainte de ne pas pleurer ou gimirmeme la situation difficile le demande. C'est alors il souffre de l'angoisseet ne suit pas le protagoniste franc;ais du poZme cite en haut.Dans le poeme suivant, le poete Thibaut de Champagne secompare a une licorne pour nous raconter ses souffrances provoqueespar sa dame."Je suis semblable a la licorneQui contemple, fascinCe,La vierge que suit son regard.Heureuse de son toumentElle tornbe phCe en son gironProie offerte au traitre qui la tue.Ainsi de moi, je suis mis a mort.Amour et ma dame me tuent11s ont pris mon cceur, je ne peux le reprendre"Thibaut se considere qu il a &ti: mis A mort par sa dame. Elle le tuecomme la licorne qui a ittit tuie par la vierge.De meme nous avons le point de we dJune femme, surlasouffrance, provoqu6 par la separation de I'amant. Ici, c'est la. confidentede 1'hCroIne qui explique la situation pitoyable de son amie, 1'hCroine."... Nous sommes comme les jolies paonnesAttrapCes dans le piege.Ses paonnes perdent son CclatEt les plumes de la teteTombent.. . " 44

L'angoisse est extreme dans le poeme ci -dessus. Elle fait l'hiroheperdre a sa beaute, sa fraicheur et sa vie. L'hero'ine ne peut pas echappera ce piege de la relation amoureuse et elle nJa d'autre moyen que desouffrir.Dans l'autre contexte, elle souffre 'cornme le lis de l'eau stagnantesombre, ecrase par les roues du haut char' du heros45, et elle Perd soneclat, sans son amant et devient comme les feuilles ecrases'46. D'autrepart, le heros souffre 'comme un taureau dans la chaleur de l'ete, ilmaigrit ayant tres envie de la beaute de l36roine' 47La plupart des poemes,soit dans la litterature courtoise soit dansla litttirature,akam s'occupent de la separation des amoureux et alorsl'angoisse qui est partout dans ces poemes a kt6 manifestee a I'aide descomparaisons.Les comparaisons sont parties integrantes de toutes littkratures." En poesie ... les principes fondamentaux d'organisation sont lemetre et la mktaphore9'48. Cela est surtout vrai dans la poesie arnoureuseou le poete s'en donne a cceur joie dans la description des traits45. Le Ku-mntokai, s 33646. ibid., 28947. ibid., 7448. RenC Well& et Austin Warren, La thdorie littkraire, Paris, Editions du Seuil,1971, p. 260183

physiques des personnages aim& et celles des sentiments qui resultentde I'union ou de la separation des amants.Nous constatons que la comparaison est beaucoup plus suggestiveet beaucoup plus subtile rlans la litterature tarnoule comme nous l'avonsvu dans l'exemple que nous avons cite ci-haut (I'arbre venkai etI'iliphant).Le principe d'anonymat:Les poemes de la litt6rature courtoise sont personnels.11sexpriment la passion, la souffrance ou les autres sentiments intimes al'amour. Les poetes soit masculins soit ferninins (La Comtesse de Die,Marie de Ventadour etc.) parlent de leur propre amour suivant lesnormes sociales et litteraires courtoises. Dans tous les poemes de cegenre il y a un " je" et un " tu " ofi le "je" exprime son amour au " tu " etpuisque tous les poitmes courtois sont subjectifs, le " je" du po&me et lepoitte sont toujours les mCmes. Mais les details sur I'identite du " tu"sont presque absents dans les poemes.Le/la poete s'adresse & sonamant/amante, pas par son nom mais par un pronom.Donc nousessayerons de comprendre le personnage traitC dans un poemeparticulier courtois a I'aide de la biographie de ce poitte. Dans le cas despoetes anonymes les details sur le " je" et sur le " tun n'existent point.

Dans le contexte tamoul, dans les pokmes akarn, on donne le nomdes poetes, mais les poemes akam sont connus, non par le nom despoktes mais par le numitro d'un pokme particulier dans l'anthologie.Nous savons bien que tous les pokmes d'akam sont compilCs dans lesanthologies suivant certaines normes comme le nombre des vers despoZmes, la pitriode de compilation etc., quand mCme il y avait des poktesqui ont composks plus de cent pokmes (le poZte Kapilar a compose 197poemes d1akam)49. C'est alors quJon est pousse a comprendre que lepoMe nJa aucun rBle avec le personnage du heros ou de l'hkro'ine, la mereadoptive ou de la confidente de l'herofne.De plus l'amour est un sentiment universel et eternel, et donnerdes noms biographiques aux personnages des pokmes akam va ruinercet aspect universel et itternel parce que ces poemes vont parler del'arnour d'un personnage " X " historique et mort. De meme si on donnedes noms aux personnages des pokmes d'akam cela empCcheraIJidentification du lecteur avec les personnages d'un pokme particulier.L'Bthique de l'amour :Dans la littkrature fran~aise, l'amour humain s'exprime depuis leXI1 siecle. Avant cette date, l'amour n'a ete accepte que comme unsentiment divin, le sentiment que l'homme devrait avoir envers son-- -49. V. Sp. Manickam, The Tamil Concept of Love, op. cit., p.243.185

CrCateur, suivant les principes de la morale chrktienne. " C'est vers Dieuqu'ils appelaient les forces affectives de lJ&me" 50, et meme l'ceuvreCantique des Cantiques qui peut eveiller des idees profanes a certainsdes interpretes modernes, n'a pas 6te traitee au point de vue hors dusentiment religieux et du mysticismesl.Avec le temps, cette conception de l'amour centrke seulement surla divinite a perdu un peu de son caractQe sacre et elle est remplac6epar celle d'un amour qui devient de plus en plus humain, l'attractionvers le sexe oppos6. L'arnour est compris beaucoup plus au sensterrestre qu'au sens religieux.Dans la litt6rature tamoule, auta-lt que nous puissions remonterdans le temps, l'amour a toujours reprisente l'attrait moral et physiqueentre un jeune homme et une jeune femme. Cette notion de l'amourhumain se trouve partout dans la IittCrature tamoule jusqu'a la fin de1Zre cahkam C'est apres le VI sikle apres J.- C., qu'une littiraturepurement religieuse nait et prospere ou l'amour revet un aspect religieuxet represente l'attraction de l%omme vers son Dieu..50. Robert Bossuat et al,Fayard, 1964, p.XXV.Le Moyen Age, Paris,51. ibid.

Cet amour est tres particulier a la IittQature tamoule ou le poetese considere comme une femme- amante, qui aime tres sincerement sonamant qui n'est que le Dieu. Cette conception de I'amour platoniqueentre homme et Dieu est trks repandue dans la litterature religieusetamoule sous le nom de "Niiyakag Ngyaki". Les poetes de cemouvement - Tiruniivukkaracar, MEiqikkavScakar, NammavGr,~irumahkaiaviir etc. - composent les poemes amoureux qui peuvent &trecomparables a ceux de la litterature carikamDans la littirature franpise, l'amour qui a kti centre sur le Dieu,s'est humanise avec le temps, traitant les aspects varies de la relationconjugale homme - femme.Dans le contexte tamoul l'amour, traitant des elements divers desrapports homme - femme a suivi la sublimation pour se retrouver dansla litt6rature religieuse. L'amour y est encore entre homme et femmemais la femme y est le poete, chantant/composant ses imaginationsamoureuses pour son amant, le Dieu.Le po6te -+ L'amante5LeDieut L'amat~t

Lyrisme :Dans la litterature cahkam ainsi que dans la littitrature courtoisenous constatons que l'expression de l'amour obeit a un certain nombrede regles soit d'inspiration sociale soit d'inspiration intellectuelle. Dansles deux cas un effort est accompli pour schematiser et styliser le themede I'amour.Ce theme est lie d'une part & la geographic de lieu, ce qu'on aexpliquit le ti~ai, dans la littitrature tamoule, d'autre part a desconventions de conduites sociales. Quoi qu'il en soit la grande absenteest la spontaneitl. Les itcrivains des deux littkratures sont obliges desuivre des normes litteraires, qu'on a traitees dans la section desconventions litteraires dans la litterature carikarn et des conventionscourtoises dans la litterature courtoise. Aussi l'expression libre de lapensee poittique est-elle limitee par ces conventions artificielles.Lalittirrature cahhm et les academies de la littbature cajlkarn n'acceptentpas les compositions qui s'ecoutent de ces normes IittQaires.Dans le contexte fran~ais, bien qu'il n'existe pas de conventionsrCdig6es qui enjoignent les Ccrivains de s'orienter dans une directionquelconque, il y a neanmoins des livres qui ont inspire la composition,comme la poCsie de Dante et l'muvre d'Ovide, '%'Art d' Aimer".

L'amour dans ces deux littiratures est loin d'Etre un sentimentcapable de faire sauter les conventions sociales parce que l'arnour suitles codes conventionnels de la litterature fran~aise ou tamoule.En ce qui concerrie la littirature courtoise le " je" du pokme est lepokte lui-meme et il est toujours present dans ces poemes. La plupartdes pocmes courtois expriment le theme de l'amour.Toute la poesiecourtoise est pleine des experiences, des desirs, des souhaits personnelsdes poetes courtois.Mais les souhaits, les desirs ou les experiencespersonnels des poktes courtois sont diriges par des normes prescrites etalors la spontaneite et l'expression effervescente de la pensee poktiquesont tres limit6es) par ces Clkments exten~es. Cependant il faut soulignerque les idees traitees dans ces pokmes sont des experiences subjectivesdes poetes. .De l'autre cdti., dans la litterature tamoule le poete estcompletement absent de sa creation pogtique.Les reticences qu'on trouve chez les poetes fran~ais et tamouls quenous avons analyses semblent relever d'une mentalite qui nous faitpenser a la tendance parnassienne selon laquelle le moi est haissable.

CONCLUSIONL'itude de l'amour dans les deux littiratures nous revele unaspect frappant de l'ivolution de la poisie amoureuse depuis sesorigines.frappentsentiments.Dans l'une et dans l'autre littirature les elements qui nouse,plus sont la pudeur, l'anonymat et le vague de certainsComment peut-on expliquer cette communautC de sensibilitilittiraire dans les pays aussi lointains que la France et le pays tamoul.Constatons tout d'abord que ces deux poesies amoureusesappartiennent a une Cpoque tris reculie de l'histoire. Du moins peutondire qu'elles n'appartiennent pas aux temps modernes. Ce pointnous parait tout rjl fait revilateur et mirite d2tre souligne.L'homme dont il est question dans les deux poesies fait encorepartie de la communauti B laquelle il appartient et 5 laquelle il est liiaussi par un grand nombre de rapports contraignants. Autrement ditl'homme n'est pas encore n6 en tant qu'individu, ayant son proprecaractere specifique et luisant de ses propres droits vis a vis de lasociitC environnante.En France comme dans toute 1'Europe occidentale l'avenementde la Renaissance ainsi que de YHumanisme concourent & difmirt90

I'individu et son bonheur par rapport a la sociktC, a la politique et a Iareligion.Crest a peu pres la mCme chose qui se produit en Inde avec lecontact des Europkens a partir du 17e si6cle.Tout se passe donc comme si l'homme attendait une certaineliberation pour s'affirmer en tant qu'individu.Dans ces circonstances il n'est donc pas itonnant que la poisiecourtoise et la poesie de cafikam participent a un etat d'esprit qui estB peine IibCrk des contraintes communautaires.Nous touchons la Bun point fondamental de la thCorielittiraire : toute expression litteraire relsve intimement des liensqu'entretiennent l'homme avec l'ensemble de la sociite B laquelle ilappartient.En effectuant ce travail qui se rapporte & deux litteraturesdiffi:rentes, nous croyons rejoindre, ne serait-ce que dans unemodeste mesure, I'ideal que nous proposent Reni Wellek et AustenWarren dans La Thtorie Liftgraire : "Quelles que soient les difficultissoulevees par l'idie d'une histoire de la littirature universelle, il estessentiel de concevoir la IittCrature comme un tout, et de reconstituerl'essor et l'ivolution de la litterature sans avoir igard am distinctionslinguistiques. '11. Rene Wellek et Austen Warren, La morie LittBraire, op.cit., p. 68.

Nous esp6rons que le travail que nous avons entrepris a pureveler non seulement certains aspects de chacune des deuxlitteratures que nous avons choisies mais aussi le facteur historiquequi est a l'origine de la reaction litteraire notarnment les rapports quine cessent de changer au cours du temps entre l'homme et la societe.Si ce travail incite d'autres chercheurs a approfondir l'etude deces deux littkratures notamment dans une perspective bakhtinienneque nous avons juste mentionnee, nous sommes sur que le domainede la thiorie litteraire ne manquera pas d'en b&nkficier largement.

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TABLE DES MATIEIRESINTRODUCTION 1CHAPITRE I 12LE CONCEPT DE L'AMOUR DANS LA LITTERATURECOURTOISECHAPITRE I1 42LE CONCEPT DE L'AMOUR DANS LA LITTERATUREC A ~ M13. LES CONVENTIONS I,I'M'&RAIRES D'AKAMC. LES ASPECTS DE L'AMOUR DANS LEkXlEUNTOKAICHAPITRE 111ECARTSCHAPITRE IVRESSEMBLANCESCONCLUSION 190BIBLIOGRAPHIE 193