Le Génie Celtique et le monde invisible
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RELIGION DES CELTES. 95Le chef des Druides était élu par la corporation entière et investi d'unpouvoir absolu. C'est lui qui tranchait les différends entre les tribusturbulentes, agitées, souvent prêtes à recourir aux armes. Au-dessus desrivalités de clans cette institution représentait la véritable unité de laGaule. Toute l'élite juvénile de la nation se groupait autour de cesphilosophes, avide de recevoir leurs enseignements qui se donnaient loindes villes, au sein des enceintes sacrées.Non seulement les Druides rendaient la justice dans les tribus, mais ilsprononçaient encore sur les causes graves dans une assemblée solennellequi se réunissait tous les ans au pays de Chartres. Cette assemblée avaiten même temps un caractère politique. Chaque république gauloise yenvoyait ses délégués.Le génie religieux des Celtes avait établi trois formes superposées decroyances et de culte en rapport avec le degré d'aptitude et decompréhension des Gaulois. C'était d'abord le culte des Esprits desmorts, à la portée de tous et que tous pratiquaient, car les voyants etmédiums étaient nombreux à cette époque. Puis le culte populaire desdemi-dieux ou esprits protecteurs des tribus, symboles des forces de lanature ou des facultés de l'esprit, ce culte avait surtout un caractère local.Enfin le culte de l'esprit divin, source et créateur de la vie universelle quidomine et régit toutes choses, et dont les oeuvres sont le principal objetdes études et recherches des Druides et des initiés.En réalité, le polythéisme gaulois, qu'on leur reproche comme uneidolâtrie, n'était que la représentation d'esprits tutélaires, guides,protecteurs des familles et des nations dont nous pouvons constateraujourd'hui, par des faits, l'existence et l'intervention aux heuresnécessaires. Il en fut de même dans toutes les religions antiques et lescroyances des peuples qui plaçaient au rang des dieux les esprits de ceuxqui s'étaient distingués par leurs mérites et leurs vertus. La foule abesoin de croire à des intermédiaires entre elle et le Dieu infini et éternelqu'elle se figure bien éloigné, alors que nous sommes tous plongés enLui, suivant la parole de saint Paul. En tous pays, d'innombrables êtressymboliques enfantés par l'imagination des premiers hommes sont, sousdes formes matérielles, gracieuses ou terribles, l'expression vivante deleurs craintes et de leurs espérances.Les druides, disions-nous, enseignaient l'unité de Dieu. Les Romains,pervertis en ces choses, ont confondu les personnages secondaires duciel gaulois, les personnifications symboliques des puissances naturellesLE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr
RELIGION DES CELTES. 96et morales avec leurs propres dieux. Le Panthéon gaulois présente plusde fraîcheur et de beauté que les dieux fanés de l'Olympe. Le Teutatèsgaulois n'était qu'une représentation des forces supérieures. Gwyon,celle de la science et des arts ; Esus, le symbole de la vie et de lalumière. D'autres, comme Hu-Kaddarn, chef de la grande migrationKymris, n'étaient que des héros glorifiés. Mais dans ce Panthéon on nerencontrait pas les dieux du mal, les idoles d'Egypte et de Rome. On n'yvoyait pas de dieux infâmes, de Jupiter adultère, de Vénus impudique,de Mercure corrompu. On n'y rencontrait point ce cortège immonde desBacchus, des Priape, c'est-à-dire des vices déifiés. On n'y connaissaitque la sagesse, la vertu, la justice. Et plus haut, au-dessus de ces forcesintellectuelles et morales, resplendissait le foyer d'où elles émanenttoutes, la puissance infinie et mystérieuse que les Druides adoraient aupied des monuments de granit dans la solitude des forêts. Ils disaient quel'ordonnateur de l'immense univers ne saurait être enfermé entre lesmurailles d'un temple, que le seul culte digne de lui devait s'accomplirdans les sanctuaires de la nature, sous les voûtes sombres des grandschênes, au bord des vastes océans. Ils affirmaient que Dieu était tropgrand pour être représenté par des images, sous des formes façonnéespar la main de l'homme. C'est pourquoi ils ne lui consacraient que desmonuments de pierre brute, ajoutant que toute pierre taillée était unepierre souillée.Ainsi, tous les symboles religieux des Druides étaient empruntés à lanature vierge, libre. Le chêne était l'arbre sacré, son tronc colossal, sespuissants rameaux en faisaient l'emblème de la force et de la vie. Le gui,que l'on en détachait avec pompe, le gui, toujours vert, même quand lanature sommeille, lorsque les végétaux semblent morts, le gui était àleurs yeux l'emblème de l'immortalité et en même temps un principerégénérateur et curatif.Ces rites du Druidisme, ce culte sobre et grand n'avaient-ils pasquelque chose d'imposant ? Les hautes futaies de chênes, le guirenaissant sur les troncs vermoulus, les grands rocs debout au bord del'Océan étaient autant de symboles de l'éternité des temps et de l'infinides espaces.Le catholicisme semble avoir emprunté au culte druidique ce qu'il a deplus noble et de plus beau. Les piliers et les nefs des cathédralesgothiques sont l'imitation des troncs élancés et des rameaux des géantsde la forêt ; l'orgue, par ses sons, rappelle le bruit du vent dans leLE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr
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RELIGION DES CELTES. 96<strong>et</strong> mora<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>urs propres dieux. <strong>Le</strong> Panthéon gaulois présente plusde fraîcheur <strong>et</strong> de beauté que <strong>le</strong>s dieux fanés de l'Olympe. <strong>Le</strong> Teutatèsgaulois n'était qu'une représentation des forces supérieures. Gwyon,cel<strong>le</strong> de la science <strong>et</strong> des arts ; Esus, <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de la vie <strong>et</strong> de lalumière. D'autres, comme Hu-Kaddarn, chef de la grande migrationKymris, n'étaient que des héros glorifiés. Mais dans ce Panthéon on nerencontrait pas <strong>le</strong>s dieux du mal, <strong>le</strong>s ido<strong>le</strong>s d'Egypte <strong>et</strong> de Rome. On n'yvoyait pas de dieux infâmes, de Jupiter adultère, de Vénus impudique,de Mercure corrompu. On n'y rencontrait point ce cortège im<strong>monde</strong> desBacchus, des Priape, c'est-à-dire des vices déifiés. On n'y connaissaitque la sagesse, la vertu, la justice. Et plus haut, au-dessus de ces forcesintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> mora<strong>le</strong>s, resp<strong>le</strong>ndissait <strong>le</strong> foyer d'où el<strong>le</strong>s émanenttoutes, la puissance infinie <strong>et</strong> mystérieuse que <strong>le</strong>s Druides adoraient aupied des monuments de granit dans la solitude des forêts. Ils disaient quel'ordonnateur de l'immense univers ne saurait être enfermé entre <strong>le</strong>smurail<strong>le</strong>s d'un temp<strong>le</strong>, que <strong>le</strong> seul culte digne de lui devait s'accomplirdans <strong>le</strong>s sanctuaires de la nature, sous <strong>le</strong>s voûtes sombres des grandschênes, au bord des vastes océans. Ils affirmaient que Dieu était tropgrand pour être représenté par des images, sous des formes façonnéespar la main de l'homme. C'est pourquoi ils ne lui consacraient que desmonuments de pierre brute, ajoutant que toute pierre taillée était unepierre souillée.Ainsi, tous <strong>le</strong>s symbo<strong>le</strong>s religieux des Druides étaient empruntés à lanature vierge, libre. <strong>Le</strong> chêne était l'arbre sacré, son tronc colossal, sespuissants rameaux en faisaient l'emblème de la force <strong>et</strong> de la vie. <strong>Le</strong> gui,que l'on en détachait avec pompe, <strong>le</strong> gui, toujours vert, même quand lanature sommeil<strong>le</strong>, lorsque <strong>le</strong>s végétaux semb<strong>le</strong>nt morts, <strong>le</strong> gui était à<strong>le</strong>urs yeux l'emblème de l'immortalité <strong>et</strong> en même temps un principerégénérateur <strong>et</strong> curatif.Ces rites du Druidisme, ce culte sobre <strong>et</strong> grand n'avaient-ils pasquelque chose d'imposant ? <strong>Le</strong>s hautes futaies de chênes, <strong>le</strong> guirenaissant sur <strong>le</strong>s troncs vermoulus, <strong>le</strong>s grands rocs debout au bord del'Océan étaient autant de symbo<strong>le</strong>s de l'éternité des temps <strong>et</strong> de l'infinides espaces.<strong>Le</strong> catholicisme semb<strong>le</strong> avoir emprunté au culte druidique ce qu'il a deplus nob<strong>le</strong> <strong>et</strong> de plus beau. <strong>Le</strong>s piliers <strong>et</strong> <strong>le</strong>s nefs des cathédra<strong>le</strong>sgothiques sont l'imitation des troncs élancés <strong>et</strong> des rameaux des géantsde la forêt ; l'orgue, par ses sons, rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> bruit du vent dans <strong>le</strong>LE CENTRE SPIRITE LYONNAIShttp://spirite.free.fr