<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006• <strong>pour</strong> <strong>la</strong> cosmétique, <strong>de</strong> petites quantités sont nécessaires, mais le temps <strong>de</strong>développement est court, et le besoin <strong>de</strong> renouvellement très élevé (toutes les quelquesannées) ;• au contraire, les secteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie et <strong>de</strong> l’agroalimentaire ont besoin <strong>de</strong> grossesquantités et <strong>de</strong> produits <strong>de</strong> coût peu élevé, sauf <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s « niches » très spécifiques(certains additifs <strong>pour</strong> les engrais, par exemple) ; le développement est plus dépendant duprocessus industriel que du test <strong>de</strong> <strong>la</strong> molécule.Il est donc très important <strong>de</strong> ne pas limiter les perspectives au secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pharmacie. Noter,d’autre part, que tous les marchés sont mondiaux.L’essentiel du développement en biotechnologie se fait dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>sentreprises.Un lien avec <strong>la</strong> recherche publique en océanographie est cependant nécessaire <strong>pour</strong> <strong>la</strong> bioprospectionet <strong>la</strong> caractérisation initiale <strong>de</strong>s molécules d’intérêt potentiel. Le cas <strong>de</strong>s océansprofonds et <strong>de</strong>s milieux extrêmes est l’exemple type où seuls les organismes <strong>de</strong> recherche publiquedisposent <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité d’échantillonner le milieu. Les métho<strong>de</strong>s d’échantillonnages ont évoluérapi<strong>de</strong>ment (notamment en matière <strong>de</strong> caractérisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> diversité génétique <strong>de</strong>s espèces) mais lesmétho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s molécules évoluent peu.Ce qui est le plus nécessaire est donc <strong>de</strong> faciliter le lien entre recherche publique et industrie(notamment les grands groupes). Ce<strong>la</strong> se fait le plus souvent au travers <strong>de</strong> PME innovantes quis’investissent dans les phases amont <strong>de</strong> <strong>la</strong> valorisation <strong>de</strong>s nouveaux produits, avant <strong>de</strong> se faireabsorber par <strong>de</strong> grands groupes lorsque <strong>la</strong> rentabilité <strong>de</strong> l’activité est avérée. Pour être viables, cesPME doivent diversifier leur offre en matière <strong>de</strong> molécules, s’interfacer sur plusieurs secteurs – tirantparti <strong>de</strong> leur diversité <strong>de</strong> cycles économiques – et travailler sur le marché mondial.Le secteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> biotechnologie marine présente un potentiel <strong>de</strong> développement significatif maisdifficile à évaluer. Plus que d’un grand projet technologique, il est nécessaire <strong>de</strong> consoli<strong>de</strong>r l’interfaceentre l’industrie et <strong>la</strong> recherche océanographique par une démarche <strong>de</strong> valorisation et <strong>de</strong> soutien à<strong>de</strong>s PME innovantes. Un programme <strong>de</strong> l’ANR serait adapté au soutien <strong>de</strong> ce secteur. Il <strong>pour</strong>raitd’ailleurs concerner autant les biotechnologies marines que continentales.Comme le souligne le Livre vert, c’est un sujet où il faut aussi « Étudier et protéger ». L’utilisation <strong>de</strong>sressources vivantes, les droits <strong>de</strong> propriété intellectuelle sur le vivant sont <strong>de</strong>s enjeuxparticulièrement sensibles qui <strong>de</strong>vront aussi être pris en compte.> FinancerD’une manière générale, une manière intéressante <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r consisterait à confier aux agencesnationales (ANR, AII), aux organismes <strong>de</strong> recherche et aux pôles <strong>de</strong> compétitivité concernés le soind’i<strong>de</strong>ntifier, <strong>de</strong> proposer et d’approfondir <strong>de</strong> façon fine le ou les projets structurants pertinents, afin<strong>de</strong> tirer parti <strong>de</strong> l’existence <strong>de</strong> projets ambitieux prêts mais non encore financés ou d’initiatives <strong>de</strong> <strong>la</strong>part <strong>de</strong>s pouvoirs publics nationaux ou régionaux (appels à projets).<strong>Une</strong> autre piste consisterait à créer un fonds d’investissement à vocation <strong>maritime</strong>, sur le modèle <strong>de</strong><strong>la</strong> Financière <strong>de</strong> Brienne du ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> Défense, regroupant acteurs publics et acteurs privés. Ilpermettrait d’i<strong>de</strong>ntifier et <strong>de</strong> prendre <strong>de</strong>s participations à l’échelle internationale dans <strong>de</strong>s projetsfortement innovants ou jugés stratégiques <strong>pour</strong> le pays. Ce dispositif permettrait <strong>de</strong> surcroît <strong>de</strong>participer au financement <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche fondamentale. Par ailleurs <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> créerune Fondation <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer reconnue d’intérêt public, ayant vocation à faciliter l’amorçage <strong>de</strong>s projetset à compléter <strong>de</strong> manière souple les actions ou investissements publics, <strong>pour</strong>rait être envisagée etfaire l’objet <strong>de</strong> réflexions préliminaires.Signalons enfin <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> proposer un programme <strong>de</strong> recherche mer, inspiré du dispositifPREDIT <strong>pour</strong> les transports terrestres (« Programme <strong>de</strong> recherche intégrant <strong>maritime</strong> ettransports » / « PRIMAT » ?). Le mécanisme <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégie d’un tel programme, avec<strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong>s différents acteurs, serait en soi très utile. Il <strong>pour</strong>rait couvrir les sujets du transport,<strong>de</strong> l’aménagement, <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion intégrée <strong>de</strong>s zones côtières (GIZC), <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité, <strong>de</strong>l’instrumentation marine et <strong>de</strong> l’océanographie opérationnelle ; en cette <strong>de</strong>rnière matière, certainsprojets sont déjà en cours et appellent <strong>de</strong>s développements majeurs éventuellement dans le cadrecommunautaire (GMES - « Global monitoring for environment and security », initiative conjointe <strong>de</strong> <strong>la</strong>Commission européenne et <strong>de</strong> l’Agence spatiale européenne).Centre d’analyse stratégique97Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006> Conclusion et propositionsParmi ces projets, le groupe a retenu un grand projet d’exploration et <strong>de</strong> valorisation <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>ursocéaniques, d’envergure mondiale, <strong>pour</strong> les raisons suivantes :• niveau scientifique et technologique élevé <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong>, en rapport notamment avec celui<strong>de</strong>s États-Unis ;• nécessité d’un engagement durable <strong>de</strong> l’État compte tenu du terme éloigné <strong>de</strong>sretombées économiques attendues ;• irrigation <strong>de</strong> nombreux secteurs par les retombées : mon<strong>de</strong> scientifique (connaissancefine <strong>de</strong>s milieux, océanologie, biodiversité, matériaux), offshore pétrolier et gazier, chimie /biotechnologies / santé (nouvelles molécules), construction navale innovante (naviresspécialisés, investigations sous-marines), défense et armement, nouvelles énergies ;• opportunité majeure <strong>de</strong> valoriser l’extraordinaire richesse <strong>de</strong>s eaux sous juridiction <strong>de</strong>sterritoires d’Outre-mer et cohérence avec <strong>la</strong> démarche EXTRAPLAC (extension <strong>de</strong>sp<strong>la</strong>teaux continentaux estimée à un million <strong>de</strong> kilomètres-carrés en gain <strong>de</strong> droitssouverains) ;• cohérence avec le Livre vert européen qui prône le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherchecomme élément essentiel <strong>de</strong> prospérité économique et <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement ;• adhésion assurée <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’économie <strong>maritime</strong> (scientifiques et chercheurs,industriels offshore, Outre-mer, pêcheurs, écologistes, industriels français, militaires,armateurs, armateurs sismiques, etc.) sur une perspective qui touche à leur cœur <strong>de</strong>métier ;• référence à un inconscient collectif potentiellement très favorable (saga du commandantCousteau, épopée <strong>de</strong> <strong>la</strong> COMEX, filmographie type « Le grand bleu », aventure <strong>de</strong> <strong>la</strong>conquête <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lune, image positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé par <strong>la</strong> mer, etc.).Il retient également le projet à dominante industrielle marquée, re<strong>la</strong>tif au développement <strong>de</strong>stechnologies innovantes <strong>pour</strong> les navires futurs (génération d’énergie / propulsion propres etéconomes, hydrodynamique avancée, fin <strong>de</strong> vie et démantèlement, réduction et traitement <strong>de</strong>seffluents à bord, maintenance préventive, allégée, télédiagnostic, etc.).Cette <strong>de</strong>rnière proposition intéresse autant les armateurs et les croisiéristes que les pêcheurs ; elleprésente le double avantage d’une part <strong>de</strong> contribuer sans problème à <strong>la</strong> réalisation du programmefédérateur précé<strong>de</strong>mment proposé, d’autre part <strong>de</strong> se prêter à une valorisation communautaire enutilisant les réseaux scientifiques et les possibilités <strong>de</strong> partenariat industriel au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s frontièresnationales. Ce projet <strong>pour</strong>rait <strong>de</strong> ce fait être avantageusement proposé à <strong>la</strong> Commission européenne.En définitive encourager, y compris financièrement, les régions d’imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong>compétitivité <strong>maritime</strong>s à soutenir les programme et projets précé<strong>de</strong>mment proposés, en orientantplus <strong>la</strong>rgement vers elles les fonds européens qui leur parviennent, constituerait une démonstrationc<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> <strong>pour</strong> les océans. Cet intérêt serait porté par <strong>de</strong>s actionsemblématiques, dont <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> symbole <strong>de</strong>vrait se situer aux niveaux <strong>de</strong> ce que le spatial (Ariane)ou l’aéronautique (Airbus) ont pu susciter à leur époque ; « après l’espace, <strong>la</strong> mer ! ». L’idée est d’enfaire une nouvelle « aventure nationale », touchant profondément <strong>la</strong> culture <strong>de</strong>s Français, s’appuyantsur un socle industriel éprouvé et surtout se ramifiant dans <strong>la</strong> vie économique régionale.3.3. Poursuivre et accélérer <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong> l’économie <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> compétitivité etl’emploiLes acteurs français impliqués dans les échanges <strong>maritime</strong>s doivent trouver <strong>de</strong>s appuis <strong>pour</strong> leurperformance et leur compétitivité. Actuellement <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> compétitivité sont :• <strong>la</strong> fiabilité, <strong>la</strong> capacité à intégrer les nécessités <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong> sûreté, et donc lesnécessités d’interopérabilité <strong>de</strong>s systèmes liés aux trafics <strong>maritime</strong>s, aux échanges dansles ports et à terre ;• <strong>la</strong> possibilité croissante <strong>de</strong> maîtriser <strong>de</strong> bout en bout <strong>la</strong> chaîne <strong>de</strong> logistique ;• l’offre en infrastructures <strong>de</strong> transport et leur articu<strong>la</strong>tion aux territoires.Centre d’analyse stratégique98Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr