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Une ambition maritime pour la France - Institut Français de la Mer

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<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006En ce qui concerne <strong>la</strong> sûreté, l’Union européenne ne se limite pas au seul pilier communautaire ; ellese saisit <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong>s enjeux <strong>de</strong> coopération policière et judiciaire (3 ème pilier) ou <strong>de</strong> sécurité et<strong>de</strong> défense (2 ème pilier), lesquels incluent <strong>la</strong> prévention contre le terrorisme, l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stineou <strong>la</strong> lutte contre les trafics illicites. C’est donc seulement au niveau <strong>de</strong> l’Europe dans son ensembleque <strong>la</strong> politique <strong>maritime</strong> peut intégrer l’approche stratégique comme le font d’autres gran<strong>de</strong>spuissances (États-Unis). Les actions en cours font ainsi appel à <strong>de</strong>s acteurs qui relèvent <strong>de</strong> cesdifférents piliers (marine, police, justice). Elles sont également soumises à <strong>de</strong>s évolutionsinstitutionnelles (Agence européenne <strong>de</strong> défense, Europol, Frontex) qui dépassent le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong>politique <strong>maritime</strong>, mais il est essentiel qu’elles ne l’ignorent pas et <strong>la</strong> prennent en compte.Plus globalement, se pose <strong>la</strong> question <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’architecture générale <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>maritime</strong>en Europe : faut-il évoluer vers une gar<strong>de</strong>-côte européenne ou doit-on privilégier <strong>la</strong> recherche <strong>de</strong>synergie entre les diverses organisations existantes, à l’image du modèle français d’organisation <strong>de</strong>l’action <strong>de</strong> l’État en mer ? Si elle dit soutenir les voies d’une mutualisation et d’une rationalisation <strong>de</strong>smoyens au niveau européen, <strong>la</strong> <strong>France</strong> ne peut ignorer les réticences <strong>de</strong>s autres États membres etles contraintes liées à sa propre organisation administrative (dispersion <strong>de</strong>s moyens et <strong>de</strong>scompétences entre quatre administrations) ; par ailleurs, les Marines militaires jouent partout enEurope un rôle important dans l’action civile <strong>de</strong> l’État en mer et leurs moyens ne sauraient à ce sta<strong>de</strong>être mutualisés au niveau européen. La <strong>France</strong> peut en revanche proposer <strong>de</strong>s pistes utiles <strong>pour</strong> unemeilleure coordination <strong>de</strong>s moyens, sur le modèle <strong>de</strong> son propre dispositif (préfets <strong>maritime</strong>s).3.1.2. Mieux se positionner au niveau internationalLe principal défi que doit relever le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>maritime</strong> en Europe est <strong>de</strong> susciter,d’accompagner et souvent d’accélérer l’évolution <strong>de</strong>s normes et <strong>de</strong>s pratiques internationales. Eneffet, les règles nationales et communautaires ne peuvent se substituer aux règles internationales <strong>de</strong>l’OMI et entraver <strong>la</strong> liberté <strong>de</strong> navigation et du commerce. Il s’agit donc <strong>pour</strong> les États <strong>de</strong> l’Unioneuropéenne <strong>de</strong> trouver un équilibre entre le droit <strong>de</strong> « passage inoffensif » reconnu à tout navire 85 et ledroit <strong>de</strong>s États côtiers à protéger leur environnement. À cet égard, les États européens gagneraient àparler d’une seule voix à l’organisation <strong>maritime</strong> internationale (OMI) ; <strong>la</strong> coordination européenne<strong>de</strong>vrait donc être renforcéeL’armateur, totalement libre du choix du pavillon, l’effectue essentiellement en fonction <strong>de</strong>contraintes économiques. Ces contraintes sont encore <strong>la</strong>rgement compressibles à l’inverse biensouvent du prix du fret, qui est fixé par le marché. L’OCDE a démontré que le coût <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>sécurité peut représenter jusqu’à 30 % <strong>de</strong>s charges d’exploitation du navire. On comprend donc toutl’intérêt <strong>pour</strong> <strong>de</strong>s armateurs peu scrupuleux d’immatriculer leurs navire sous pavillon <strong>de</strong> libreimmatricu<strong>la</strong>tion qui <strong>de</strong>vient pavillon <strong>de</strong> comp<strong>la</strong>isance lorsque les défauts <strong>de</strong> moyens et bien plussouvent l’absence <strong>de</strong> volonté <strong>de</strong> contrôle permettent <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> substantielles économies.Parmi les actions à mener au niveau international on peut proposer <strong>de</strong> :• rendre obligatoire l’audit <strong>de</strong> l’État du pavillon par l’OMI et mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s sanctionsappropriées contre les États « sous normes » : cette proposition approfondit le projet <strong>de</strong>directive concernant le respect <strong>de</strong>s obligations <strong>de</strong>s États du pavillon du paquet Erika III(du 22 novembre 2005) ;• faire adopter par l’OMI, dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sûreté, un instrument re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> traçabilité<strong>de</strong>s containers (complémentaire <strong>de</strong>s systèmes d’in<strong>de</strong>ntification logistique <strong>de</strong>scompagnies) sur le modèle <strong>de</strong> l’initiative américaine en <strong>la</strong> matière 86 ;• rechercher et engager <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> l’État du pavillon chaque fois que possible :comme le note l’Académie <strong>de</strong> Marine dans une étu<strong>de</strong> récente 87 , <strong>la</strong> convention sur le droit<strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, dans ses articles re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong> lutte contre les pollutions et les trafics illicites,offre une base suffisante <strong>pour</strong> engager cette responsabilité.85La convention internationale sur le droit <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer reconnaît à tout navire, quel que soit son pavillon, le droit <strong>de</strong>passage « inoffensif » dans les eaux territoriales <strong>de</strong>s États.86Le Container Security Initiative (CSI) prévoit un contrôle en amont <strong>de</strong> tous les chargements à <strong>de</strong>stination <strong>de</strong>sÉtats-Unis mais également entre <strong>de</strong>ux ports intérieurs.87« <strong>Une</strong> gar<strong>de</strong>-côtes ? Quelles gar<strong>de</strong>-côtes ? », conclusions d’un groupe <strong>de</strong> réflexion <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> Marine,parues dans La Revue <strong>maritime</strong> <strong>de</strong> l’<strong>Institut</strong> français <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Mer</strong>, janvier-mars 2004.Centre d’analyse stratégique75Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr

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