<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006évolutions suggère qu’un accompagnement technique et financier (via un organismedédié) sera nécessaire ;• faut-il limiter le nombre <strong>de</strong> points <strong>de</strong> débarquement ? La rationalité économique ettechnique conduirait normalement à concentrer les activités et <strong>la</strong> mise en marché plutôtque <strong>de</strong> maintenir près <strong>de</strong> 1 500 points <strong>de</strong> débarquement dans plus <strong>de</strong> 350 ports. Cettedispersion pose en outre <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> moyens <strong>pour</strong> assurer les nécessairescontrôles sanitaires et réglementaires. Mais c’est aussi dans ses liens à <strong>la</strong> société et auterritoire que l’activité trouve le plus <strong>de</strong> légitimité : elle s’inscrit effectivement dans <strong>la</strong>dynamique économique globale du littoral, par ses emplois induits, par sa contributionforte à l’image, <strong>la</strong> culture, l’i<strong>de</strong>ntité, et à l’aménagement du territoire ;• comment mieux intégrer <strong>la</strong> filière aval dans <strong>la</strong> problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche, comme lerecomman<strong>de</strong> le rapport d’Hélène Tanguy ? Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong> récupération <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur ajoutéele long <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière, thème déjà cher à l’agriculture, il faut probablement avoir uneapproche <strong>de</strong> filière différente <strong>de</strong> l’agriculture. Les profon<strong>de</strong>s différences <strong>de</strong>s régimesd’accès aux ressources et le statut <strong>de</strong> celles-ci suffisent à elles seules à positionner leproblème différemment.Pour conclure, l’aléa <strong>de</strong>s décisions annuelles centrées sur <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s stocks pénalise aujourd’huil’ensemble <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière. L’idéal serait donc que les modèles scientifiques puissentdéboucher sur <strong>de</strong>s préconisations pluriannuelles intégrant les perspectives économiques.Sans ce<strong>la</strong>, les décisions sur <strong>la</strong> pêche restent le fruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> rencontre conflictuelle <strong>de</strong>s préconisationsscientifiques, <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s économiques et <strong>de</strong>s jeux politiques conjoncturels dans unenégociation européenne annuelle âpre. C’est le passage à <strong>la</strong> gestion durable qui rendra <strong>la</strong> rentabilitépossible et induira un climat européen rasséréné. La question centrale est <strong>la</strong> trajectoire, nontendancielle, <strong>pour</strong> arriver à ces conditions plus profitables (reconstruction du potentiel <strong>de</strong>s stockshalieutiques, adéquation <strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> pêche).À cet égard, les orientations générales affichées par <strong>la</strong> Stratégie nationale du développement durable<strong>pour</strong> une gestion durable <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource halieutique intègrent bien les nécessités économiques <strong>de</strong>changement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche : équilibrer <strong>la</strong> flotte <strong>de</strong> pêche par rapport aux ressources exploitées, <strong>la</strong> faireévoluer techniquement vers l’utilisation d’engins plus sélectifs, vers plus <strong>de</strong> sécurité, et améliorerl’encadrement <strong>de</strong> l’accès aux pêcheries. C’est en fait l’application directe <strong>de</strong> <strong>la</strong> stratégie affichée dup<strong>la</strong>n pêche. Cette convergence heureuse ne doit pas conduire à faire l’économie d’une réflexioncomplète en particulier sur les nombreux autres liens <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> pêche avec <strong>la</strong> société, leterritoire, l’écosystème, etc.1.2.8. L’aquaculture : un secteur qui piétine ?L’aquaculture marine présente en <strong>France</strong> certaines particu<strong>la</strong>rités :• le haut niveau <strong>de</strong> technicité et <strong>de</strong> compétence dans l’amont <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière conchylicole etpiscicole (écloseries) ;• l’importance re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong> <strong>la</strong> conchyliculture : 90 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> production européenne d’huîtresavec <strong>de</strong>s productions internationalement connues et <strong>de</strong> haute qualité. L’ostréiculture est<strong>la</strong> première production aquacole en valeur au niveau français, et <strong>la</strong> 2 e au niveau européen.La <strong>France</strong> est aussi gran<strong>de</strong> consommatrice ;• le faible nombre d’exploitations piscicoles marines.Paradoxalement, l’aquaculture se développe ailleurs qu’en <strong>France</strong> alors que <strong>la</strong> <strong>France</strong> a été le moteurd’innovations scientifiques et techniques en ce domaine.La gestion <strong>de</strong>s conflits d’usage à venir est déterminante comme <strong>la</strong> détermination c<strong>la</strong>ire <strong>de</strong>s impactspar <strong>de</strong>s modèles économiques et environnementaux adaptés. Il <strong>de</strong>vient très aléatoire aujourd’huid’obtenir les autorisations d’exploiter ; les réactions collectives <strong>de</strong> rejet sont instinctives, <strong>pour</strong> uneactivité méconnue, souffrant aussi <strong>de</strong> références terrestres parfois ma<strong>la</strong>droites.L’inventaire <strong>de</strong>s sites à potentialité aquacole, réalisé par l’IFREMER en 2001, doit être actualisé et<strong>de</strong>vrait aboutir à l’intégration <strong>de</strong> ces perspectives dans l’aménagement local. Les réglementationsdoivent intégrer les nécessités <strong>de</strong> cette activité économique. <strong>Une</strong> vraie politique est attendue <strong>pour</strong>l’instal<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> prise en compte <strong>de</strong>s risques et <strong>de</strong>s impacts.Centre d’analyse stratégique55Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006La conchyliculture : un développement sensible à l’environnementMieux imp<strong>la</strong>ntée, cette activité participe fortement à l’i<strong>de</strong>ntité littorale et à son patrimoine. Sesexigences quant à <strong>la</strong> qualité du milieu, <strong>la</strong> forte proportion <strong>de</strong> recrutement en juvéniles naturels en fontd’ailleurs un révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité du milieu marin. Les réseaux <strong>de</strong> vigi<strong>la</strong>nce sanitaire 53etenvironnementale, confiés à l’IFREMER, sont performants 54 . Les mécanismes biologiques aboutissantà <strong>de</strong>s crises sanitaires ou au développement d’espèces invasives commencent à être mieux connus.Néanmoins, <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s apports en eau douce, <strong>pour</strong>tant indispensables à l’activité, soulève <strong>de</strong>nombreuses difficultés. Il faut prendre <strong>de</strong> plus en plus en compte, dans les usages terrestres enamont, les besoins en eau douce <strong>de</strong>s écosystèmes côtiers 55 .Activité basée sur un nombre très réduit d’espèces, <strong>la</strong> conchyliculture présente une vulnérabilité àl’apparition <strong>de</strong> pathogènes. De plus, <strong>la</strong> très gran<strong>de</strong> saisonnalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> certainesespèces 56 et <strong>la</strong> structuration du secteur en petites PME amplifient les conséquences économiques<strong>de</strong>s inci<strong>de</strong>nts sanitaires. Cette tension suffit à rendre l’application <strong>de</strong>s précautions nécessaire.La conchyliculture est aussi utilisatrice <strong>de</strong> ressources (espace, eau), ce qui conduit à l’intégrer dans<strong>la</strong> réflexion sur le littoral. Dans tous les cas, les mo<strong>de</strong>s d’actions peuvent nécessiter d’entrer ennégociation avec <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> plus en plus divers (agriculteurs, industriels, tourisme).Installée sur le domaine public <strong>maritime</strong>, elle se heurte <strong>de</strong> plus en plus à <strong>de</strong>s logiques <strong>de</strong> concurrencesur les espaces et <strong>de</strong> conflits d’occupation avec les autres activités littorales (baigna<strong>de</strong>, tourisme). Entout cas, l’extension <strong>de</strong>s instal<strong>la</strong>tions existantes, tout comme les nouvelles imp<strong>la</strong>ntations, se heurteaujourd’hui à <strong>de</strong> très vives oppositions et rend difficile le développement voire <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>sentreprises. Les enjeux économiques du tourisme littoral, le potentiel d’emplois qu’il représente <strong>pour</strong>les communes littorales et <strong>la</strong> pression foncière très forte qu’il exerce ne pèsent pas en faveur dumaintien ou du développement <strong>de</strong>s exploitants conchylicoles. Si <strong>la</strong> <strong>France</strong> souhaite aujourd’huire<strong>la</strong>ncer ce développement, il faut créer les conditions d’un privilège « aquacole », c<strong>la</strong>ssiquementévoqué en contrepartie d’une performance environnementale, paysagère et gestionnaire qui n’estpas sans rappeler l’émergence <strong>de</strong> ces mêmes attentes vis-à-vis <strong>de</strong> l’agriculture.L’effort principal <strong>de</strong> recherche en aquaculture à l’IFREMER porte sur les coquil<strong>la</strong>ges, dont l’activitéest équivalente à celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche dans son ensemble. L’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> gigas, lorsque lesma<strong>la</strong>dies <strong>de</strong>s huîtres p<strong>la</strong>tes sont <strong>de</strong>venues endémiques, le développement <strong>de</strong>s écloseries, <strong>la</strong>compréhension <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong>s naissains d’Arcachon, ou <strong>de</strong>s adultes en Normandie,l’apparition <strong>de</strong>s triploï<strong>de</strong>s, l’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> palour<strong>de</strong> japonaise, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> <strong>la</strong> coquille Saint-Jacques par les écloseries, les filières <strong>de</strong> moules en eaux profon<strong>de</strong>s sont <strong>de</strong>s avancées <strong>de</strong>l’IFREMER. Par exemple, <strong>la</strong> stabilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière <strong>de</strong> l’huître perlière en Polynésie (<strong>la</strong> 2 e activité duterritoire après le tourisme) dépend <strong>pour</strong> l’essentiel d’une meilleure connaissance <strong>de</strong>s conditionsnécessaires à <strong>la</strong> croissance et à <strong>la</strong> bonne qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> perle, étudiée par l’IFREMER.La pisciculture marineFace à <strong>la</strong> crise <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche embarquée, <strong>la</strong> pisciculture marine présente un potentiel <strong>de</strong>développement important. Le marché français du poisson s’approvisionne <strong>pour</strong> une <strong>la</strong>rge part àl’importation et cette dépendance n’a cessé <strong>de</strong> croître avec <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s apports par les flottesnationales et l’augmentation <strong>de</strong>s besoins <strong>pour</strong> <strong>la</strong> filière aval.La pisciculture marine française (7 200 tonnes) occupe une petite p<strong>la</strong>ce au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> piscicultureeuropéenne 57 . Les écloseries françaises produisent cependant plus <strong>de</strong> 60 millions d’alevins dont plus<strong>de</strong> 60 % sont exportés ; elles contribuent à elles seules <strong>pour</strong> 25 % du chiffre d’affaires total <strong>de</strong> <strong>la</strong>filière piscicole et sont reconnues au niveau européen <strong>pour</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> leurs produits et du servicerendu. La production piscicole française repose principalement sur trois espèces, le bar, <strong>la</strong> daura<strong>de</strong>et le turbot.53Réseau phytop<strong>la</strong>nctonique <strong>de</strong> l’IFREMER (REPHY).54La qualité <strong>de</strong>s eaux conchylicoles fait l’objet d’un c<strong>la</strong>ssement sanitaire par arrêté du préfet <strong>de</strong> département : ilexiste quatre zones, <strong>de</strong> A à D (impropres à <strong>la</strong> consommation). Les directeurs départementaux <strong>de</strong>s affaires<strong>maritime</strong>s sont en charge du suivi et <strong>de</strong> <strong>la</strong> police <strong>de</strong>s eaux conchylicoles.55Lire aussi Kateryna Wowk « Freshwater to Oceans Linkages Emphasized », summary, Global Forum onOceans, Coasts, and Is<strong>la</strong>nds.56Pour partie due aux rythmes biologiques <strong>de</strong> l’huître, actuellement « corrigés » <strong>pour</strong> l’huître triploï<strong>de</strong>, <strong>pour</strong> partiedue aux habitu<strong>de</strong>s.57Lire aussi : rapport IFREMER : http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/articles00062A4.pdfCentre d’analyse stratégique56Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr