<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006La promotion du patrimoine marin et côtier, à travers les centres océanographiques, les écomusées,les grands aquariums (Nausicaa, Océanopolis, Monaco, La Rochelle, Saint-Malo) remporte un réelsuccès.Si les i<strong>de</strong>ntités touristiques <strong>de</strong>s différents espaces côtiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> métropolitaine mais aussi <strong>de</strong>sTOM et <strong>de</strong>s DOM restent fortes et variées, elles sont cependant modifiées par le tourisme. Ce<strong>la</strong> peutinquiéter car cette banalisation, renforcée par le succès rési<strong>de</strong>ntiel, risque d’effacer les cultureshéritées, spécifiquement <strong>maritime</strong>s, surtout quand les secteurs d’activité à l’origine <strong>de</strong> ces élémentsculturels (pêche par exemple) sont en difficulté.Sur le littoral, à proximité notamment <strong>de</strong>s rivages, <strong>la</strong> pression démographique et rési<strong>de</strong>ntielle entraîne<strong>de</strong>s mutations particulièrement fortes sur les espaces, l’organisation <strong>de</strong>s territoires, les formesurbaines et les paysages.Ces évolutions qui risquent <strong>de</strong> mettre en péril les équilibres sociaux et écologiques <strong>de</strong>s territoireslittoraux influent directement et indirectement sur l’activité touristique.Elles peuvent entraîner à terme un appauvrissement global <strong>de</strong> l’offre touristique par le recul <strong>de</strong>shébergements marchands (au profit du rési<strong>de</strong>ntiel), le « mitage » <strong>de</strong>s espaces naturels et <strong>la</strong>diminution du foncier disponible <strong>pour</strong> le développement touristique.Il est nécessaire, <strong>pour</strong> préserver le capital économique et développer les emplois directs, indirects etinduits que représente l’économie touristique littorale, <strong>de</strong> mettre en œuvre sur le littoral <strong>de</strong>s stratégies<strong>de</strong> développement territorial adaptées aux enjeux du tourisme <strong>de</strong> <strong>de</strong>main respectueux <strong>de</strong>s sociétéslittorales et <strong>de</strong>s ressources naturelles.La nécessité d’un développement équilibré du tourisme littoralDans ce cadre, il est difficile <strong>pour</strong> les acteurs du tourisme, souvent <strong>de</strong>s PME ou TPE éparpillées, <strong>de</strong>définir et <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>s orientations communes propices à leur activité. Il faut <strong>pour</strong> ce<strong>la</strong> maîtriserà <strong>la</strong> fois l’image globale du territoire littoral et le fonctionnement concret (accueil, qualité, mobilité,etc.), d’où par exemple les recommandations du Comité économique et social régional Provence-Alpes-Côte d’Azur <strong>de</strong> mettre en œuvre le P<strong>la</strong>n Qualité <strong>France</strong> 50 .Face aux tendances mondiales, le secteur a besoin d’une vision prospective fondée sur <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong><strong>la</strong> zone côtière et un arbitrage entre activités et entre zones protégées (nécessaires au tourisme) eturbanisées. Pour ce<strong>la</strong>, il faut notamment :• une i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> développement touristique, seule susceptible <strong>de</strong> garantirune bonne cohabitation <strong>de</strong>s différents usages du littoral et un développement harmonieuxdu territoire. Des pays comme l’Espagne misent délibérément sur <strong>la</strong> composanteimmobilière sur <strong>de</strong>s espaces libres ;• une valorisation du littoral français, notamment Outre-mer, <strong>pour</strong> le doter d’une image <strong>de</strong><strong>de</strong>stination <strong>de</strong> croisière. De ce point <strong>de</strong> vue, <strong>la</strong> lisibilité <strong>de</strong>s côtes françaises n’est pasévi<strong>de</strong>nte. Les têtes <strong>de</strong> pont touristiques doivent faire connaître l’attachement et le regardqu’elles portent sur <strong>la</strong> mer. Le pari sur un tourisme <strong>de</strong> croisière « <strong>de</strong> masse » apporterait<strong>de</strong> l’activité économique dans les ports.1.2.7. La pêche en <strong>France</strong> : une politique européenne, <strong>de</strong>s controverses scientifiques, <strong>de</strong>smutations nécessaires fortesMême si elle est pétrie <strong>de</strong> traditions, <strong>de</strong> références historiques, d’antériorités dans les droits, <strong>la</strong> pêchefrançaise est actuellement rattrapée par <strong>de</strong>s enjeux nouveaux, alors même que l’opinion publique est<strong>de</strong> plus en plus sensible aux questions environnementales (phoques).Comme le rappelle Gérard d’Aboville dans un rapport récent, les métiers liés à <strong>la</strong> pêche sont tous à« l’heure <strong>de</strong>s choix ». La seule approche sectorielle, qui suppose une politique <strong>de</strong> soutien auxstructures, aux armateurs et aux équipages, est aujourd’hui insuffisante.50Le P<strong>la</strong>n Qualité <strong>France</strong> a <strong>pour</strong> objectif <strong>de</strong> fédérer l’ensemble <strong>de</strong>s démarches « qualité » rigoureuses i<strong>de</strong>ntifiéesdans le secteur du tourisme autour d’une marque nationale <strong>de</strong> qualité. La première étape <strong>de</strong> ce p<strong>la</strong>n a concernéles secteurs professionnels au cœur <strong>de</strong> <strong>la</strong> prestation touristique (restauration, accueil, etc.). Il touchera à termeles activités et les espaces touristiques.Centre d’analyse stratégique51Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006Des constats internationaux convergentsLes sources d’information sur <strong>la</strong> situation <strong>de</strong>s pêches dans le mon<strong>de</strong> convergent :• que ce soit <strong>la</strong> FAO, l’OCDE, le PNUE, le CIEM (Conseil international <strong>pour</strong> l’exploitation <strong>de</strong><strong>la</strong> mer), les instituts <strong>maritime</strong>s ou les professions, le message est le même : les prises <strong>de</strong>poisson au niveau mondial qui ont fortement augmenté au cours <strong>de</strong>s cinquante <strong>de</strong>rnièresannées, stagnent désormais, malgré une capacité <strong>de</strong> pêche qui a continûment augmenté<strong>pour</strong> satisfaire <strong>de</strong>s marchés rémunérateurs (performance technologique, investissements,etc.) ;• les réglementations régionales <strong>de</strong>stinées à ramener les pratiques à <strong>de</strong>s quotas optimaux,sont insuffisamment appliquées, <strong>de</strong>sservent le pêcheur raisonnable et encouragent unepêche illégale qui, <strong>pour</strong> certains stocks, est plus importante que <strong>la</strong> pêche autorisée ;• l’aquaculture, qui a pris une part croissante dans <strong>la</strong> satisfaction <strong>de</strong>s marchés (et est uneactivité traditionnellement importante dans certains pays), génère <strong>de</strong>s problèmescol<strong>la</strong>téraux qu’il convient <strong>de</strong> gérer : pression sur les espèces minotières, pollutionslocales, contamination <strong>de</strong>s espèces sauvages (parasites, sélection génétique).D’autres éléments inquiètent l’opinion publique : ainsi, malgré les interdictions <strong>de</strong> certains produitsbio-accumu<strong>la</strong>bles, <strong>de</strong> nombreuses espèces prédatrices en mer (poissons carnassiers, phoques, etc.)sont contaminées par <strong>de</strong>s polluants d’origine tellurique parfois interdits <strong>de</strong>puis longtemps, ou parfoisissus <strong>de</strong> modifications <strong>de</strong> processus naturels. Or, ces espèces sont parfois consommées parl’homme.Avec <strong>de</strong>s variations évi<strong>de</strong>ntes, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong> ces constats sont ceux qui sous-ten<strong>de</strong>nt les rapportseuropéens et français. Les situations locales, côtières sont variées et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s réponsesadaptées, dont le p<strong>la</strong>n d’avenir <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pêche français constitue un exemple pertinent.<strong>Une</strong> politique européenneL’évolution et <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>rnisation constantes <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> pêche (nombre <strong>de</strong> navires et <strong>de</strong> sortiesen mer, puissances motrices, équipements techniques, électroniques et informatiques, engins <strong>de</strong>capture, etc.) au cours <strong>de</strong>s 30 <strong>de</strong>rnières années a progressivement entraîné <strong>la</strong> surexploitation d’unegran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s principaux stocks halieutiques disponibles dans les eaux communautaires.La politique commune <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche, en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>puis 1983 (l’Europe bleue) n’a malheureusement pasréussi jusqu’ici à endiguer cette tendance lour<strong>de</strong> <strong>pour</strong> <strong>de</strong> multiples raisons : mauvaise application<strong>de</strong>s mesures, insuffisance <strong>de</strong>s contrôles <strong>de</strong> l’activité, <strong>pour</strong>suite <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s publiques, etc. <strong>Une</strong> gran<strong>de</strong>partie du secteur est ainsi actuellement en rupture <strong>de</strong> rentabilité économique, situation aggravée parl’augmentation constante du coût <strong>de</strong>s carburants. La viabilité même, à court et moyen termes, <strong>de</strong>sentreprises <strong>de</strong> pêche est donc menacée. Ceci est d’autant plus grave que <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du marché<strong>de</strong>s produits <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer ne cesse <strong>de</strong> croître, leurs qualités diététiques étant <strong>de</strong> mieux en mieuxreconnues.La Commission européenne, seule compétente <strong>pour</strong> gérer <strong>la</strong> ressource et le secteur, impose à justetitre <strong>de</strong>s contraintes toujours plus importantes, et <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> limitations à <strong>la</strong> pêche dans leseaux relevant <strong>de</strong>s États membres ou <strong>de</strong>s pays tiers auprès <strong>de</strong>squels elle négocie les droits <strong>de</strong>spêcheurs communautaires. Confrontée à <strong>la</strong> raréfaction <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource, elle gère <strong>la</strong> pénurie avec, enconséquence, <strong>de</strong>s affrontements entre pêcheurs et autorités chargées <strong>de</strong> faire respecter lesdécisions communautaires, comme le montre <strong>la</strong> crise franco-espagnole <strong>de</strong> l’anchois au cours <strong>de</strong> l’été2005, ou entre pêcheurs et organisations militantes (anchois, thon méditerranéen). Les réactionsparfois vives <strong>de</strong>s pêcheurs peuvent se comprendre du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> convergence <strong>de</strong>s pressions quipèsent sur eux (une réglementation européenne en recherche constante d’efficacité et alors perçuecomme <strong>de</strong> plus en plus sévère, l’envolée du prix <strong>de</strong>s carburants, les exigences <strong>de</strong> protection <strong>de</strong>l’environnement face à <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong>s milieux, etc.), mais aussi du fait <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> situationsociale que représente une baisse d’activité ou une reconversion. Les rémunérations à <strong>la</strong> pêcherestent en effet re<strong>la</strong>tivement élevées par rapport à ce qu’on peut attendre <strong>de</strong>s reconversionsprofessionnelles proposées.<strong>Une</strong> véritable politique européenne <strong>de</strong>s pêches doit donc être plus volontariste, elle requiert <strong>de</strong>schoix difficiles à assumer par les États, car bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> leurs intérêts immédiats.Centre d’analyse stratégique52Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr