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Une ambition maritime pour la France - Institut Français de la Mer

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<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006<strong>Une</strong> meilleure intégration <strong>de</strong>s approches scientifiques est en marche, elle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s faitsconcrets : l’embarquement <strong>de</strong> pêcheurs professionnels à bord <strong>de</strong>s navires océanographiqueséchantillonnant <strong>la</strong> ressource disponible permet <strong>de</strong> mieux faire comprendre et accepter les résultats<strong>de</strong> ces campagnes par les professionnels du secteur et ainsi faciliter ensuite <strong>la</strong> mise en re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>l’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche avec l’état du stock. L’enjeu est d’obtenir que les connaissances scientifiquespuissent réellement sous-tendre <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> décision permettant aux acteurs économiques <strong>de</strong>disposer <strong>de</strong> perspectives pluriannuelles. Ceci reste difficile car les métho<strong>de</strong>s et les stocks évoluanten permanence, il est difficile d’obtenir un état <strong>de</strong> référence. C’est <strong>pour</strong>tant <strong>la</strong> nécessité appelée parles engagements internationaux <strong>de</strong> Johannesburg et dans <strong>la</strong> stratégie <strong>pour</strong> le développementdurable.Bien sûr <strong>la</strong> recherche est en première ligne <strong>pour</strong> une gestion écosystémique <strong>de</strong>s pêches. Or,l’intégration <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions complexes au sein <strong>de</strong>s écosystèmes marins suppose <strong>de</strong> les avoircomprises et documentées. Les concepts scientifiques écologiques pris en compte par <strong>la</strong>communauté halieutique ont profondément évolué. Les modèles manquent encore cruellement <strong>de</strong>données et surtout <strong>de</strong> capitalisation <strong>de</strong>s observations passées. Le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche scientifiqueelle-même évolue : elle fait dorénavant partie du processus <strong>de</strong> gestion, comme producteur nonseulement <strong>de</strong> connaissances et <strong>de</strong> données, mais également d’indicateurs <strong>de</strong> mesure 29et <strong>de</strong>métho<strong>de</strong>s d’évaluation. Enfin, un autre enjeu majeur est l’accès aux données par l’ensemble <strong>de</strong>schercheurs (en particulier les référentiels historiques indispensables <strong>pour</strong> appuyer les modélisations).Les interactions sont complexes. Les connaissances nouvelles dans les re<strong>la</strong>tions entre êtres vivantsdans le milieu marin (prédateurs multiples, proies multiples), <strong>la</strong> mobilité <strong>de</strong>s espèces et <strong>de</strong>s habitats,l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> sélectivité <strong>de</strong>s prises par <strong>la</strong> taille sur <strong>la</strong> sélection génétique <strong>de</strong>s espèces (<strong>de</strong>s poissons <strong>de</strong>plus en plus petits), montrent que <strong>la</strong> prévision <strong>de</strong>s effets dans l’état actuel <strong>de</strong>s connaissances estdifficile. Certains paradigmes <strong>de</strong> l’écologie (reposant sur une expérience surtout terrestre) doiventêtre revus. Par exemple, les caractéristiques <strong>de</strong> taille peuvent primer sur les distinctions par espècesdans les re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> prédation en milieu marin.Les modèles scientifiques <strong>de</strong> prévision <strong>de</strong>vraient en outre se doubler d’une analyse coût-bénéfice<strong>pour</strong> <strong>la</strong> communauté. L’analyse doit également intégrer l’influence <strong>de</strong>s facteurs environnementauxexogènes (réchauffement global, autres contraintes d’origine anthropique ou naturelle) sur l’évolution<strong>de</strong>s espèces (répartition, abondance, capacité <strong>de</strong> reproduction). Le réchauffement climatique peutainsi avoir <strong>de</strong>s effets significatifs sur les stocks <strong>de</strong> certaines espèces d’eau froi<strong>de</strong> comme le cabil<strong>la</strong>ud(morue).Plus encore, les sciences humaines et sociales sont désormais indispensables dans une visionbeaucoup plus inclusive <strong>de</strong> <strong>la</strong> gouvernance <strong>de</strong>s pêches : le passé a prouvé qu’il est inutile <strong>de</strong>proposer <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> gestion scientifiquement « approuvés », dont les règles seront incompatiblesavec le fonctionnement et les cultures <strong>de</strong>s sociétés humaines concernées. Les dispositifsscientifiques généralisés répondaient jusqu’à présent à <strong>de</strong>s objectifs qui n’incluaient pas lesindispensables dialogues entre environnementalistes, pêcheurs, administrations et responsablespolitiques. Les discours <strong>de</strong> ces acteurs n’ont en outre pas les mêmes points <strong>de</strong> départ : empirisme,expérience <strong>pour</strong> les uns, comportements sociaux, économie <strong>pour</strong> les autres, observation,modélisation et rationalité <strong>pour</strong> d’autres encore, etc.En conclusion, <strong>de</strong>s constats récents forts conduisent à modifier <strong>la</strong> vision c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong>pêche et sont à prendre en compte :• une nécessaire approche écosystémique, c’est-à-dire une gestion <strong>de</strong>s espaces et <strong>de</strong>shabitats (y compris protégés) et non plus <strong>de</strong>s seuls stocks ;• l’influence du réchauffement climatique sur l’abondance et <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressourcehalieutique, qui oblige à prendre en compte les facteurs non liés à <strong>la</strong> pêche dans lesscénarios d’évolution <strong>de</strong>s stocks ;• <strong>la</strong> réalité d’une modification profon<strong>de</strong> et peu anticipée <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>spopu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> poissons : par exemple, un resserrement autour <strong>de</strong>s espèces àrenouvellement rapi<strong>de</strong> et <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille moyenne <strong>de</strong> certaines espèces. Nombred’évolutions écologiques majeures et inquiétantes sont i<strong>de</strong>ntifiées par le MilleniumEcosystems Assessment.29Un indicateur est une variable ayant <strong>pour</strong> objet <strong>de</strong> mesurer ou d’apprécier un état, une pression ou uneévolution.Centre d’analyse stratégique36Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr

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