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Une ambition maritime pour la France - Institut Français de la Mer

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<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006L’adoption <strong>de</strong> règles <strong>de</strong> gestion durable est <strong>la</strong> condition sine qua non du maintien <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>pêche, tant par le maintien <strong>de</strong>s stocks qu’elle permet que par l’efficience économique et humainequ’elle génère.La course à <strong>la</strong> puissance et <strong>la</strong> raréfaction <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource ont créé <strong>de</strong>s situations <strong>de</strong> surcapacité 25 , quisont un gaspil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> richesse et <strong>de</strong> revenu. En Europe, l’en<strong>de</strong>ttement important <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière, lié àl’effort <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>rnisation engagé et soutenu par les pouvoirs publics, fragilise les petitesexploitations, en les soumettant aux aléas <strong>de</strong> <strong>la</strong> conjoncture (augmentation du prix du gasoil, crise <strong>de</strong>l’anchois). Dans tous les cas se pose <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s fon<strong>de</strong>ments écologiques et scientifiques, maisaussi économiques et sociaux <strong>de</strong>s choix <strong>de</strong> gestion <strong>pour</strong> <strong>la</strong> pêche.Les engagements <strong>de</strong> Rio sur les océans, point <strong>de</strong> départ d’une approche durable mondiale ettransversale en 2002 à Johannesburg ont été faibles. Certains engagements pris, qui lientpréservation environnementale et activité économique (comme par exemple l’engagement que lesstocks halieutiques soient exploités au niveau du ren<strong>de</strong>ment maximal durable 26) sont considéréscomme réalistes à moyen ou long terme, mais probablement inatteignables dans les dé<strong>la</strong>isinitialement envisagés, faute <strong>de</strong>s outils internationaux adaptés. Pourtant, les constats nombreux etdivers à toutes échelles (ONG, organisations régionales, etc.) font état <strong>de</strong> pertes rapi<strong>de</strong>sd’abondance et <strong>de</strong> diversité <strong>de</strong>s espèces (alors que moins <strong>de</strong> 10 % <strong>de</strong>s espèces marines sontconnues), <strong>de</strong> surexploitation <strong>de</strong>s stocks. Parallèlement, <strong>la</strong> fragmentation <strong>de</strong>s politiques, <strong>de</strong>sorganismes, et <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong> connaissance induit l’impossibilité <strong>de</strong> réellement prendre encompte les océans dans leur fonctionnement global 27 .Des initiatives publiques ou privées existent <strong>pour</strong> promouvoir <strong>de</strong>s <strong>la</strong>bels <strong>de</strong> pêche durablecaractérisant les produits issus <strong>de</strong> pêcheries gérées <strong>de</strong> façon durable.<strong>Une</strong> Politique commune <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche (PCP) est inscrite à l’agenda <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté européenne<strong>de</strong>puis 1970. Initialement, les objectifs <strong>de</strong> cette politique étaient simi<strong>la</strong>ires à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Politiqueagricole commune (PAC) : accroissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité, stabilisation <strong>de</strong>s prix, sécurité <strong>de</strong>sapprovisionnements, etc. Ultérieurement, cette politique s’est démarquée <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique agricole, car<strong>de</strong>vant gérer une ressource limitée, dans une stratégie non <strong>de</strong> culture, mais <strong>de</strong> « cueillette ».La zone <strong>de</strong> pêche communautaire (résolution <strong>de</strong> La Haye, 30 octobre 1978) est un espace danslequel les États se sont concédé mutuellement un libre accès dans le respect <strong>de</strong>s règles qu’ilsétablissent <strong>pour</strong> <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource. La zone <strong>de</strong>s 12 milles est réservée aux pêcheursnationaux, sous réserve <strong>de</strong> droits historiques <strong>de</strong> pêche accordés par État jusqu’à 6 ou 3 milles.La PCP repose sur 4 piliers : préservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource, politique structurelle, organisationcommune <strong>de</strong> marchés (commercialisation), re<strong>la</strong>tions avec les pays tiers.Néanmoins, <strong>la</strong> politique commune <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche est avant tout une négociation entre acteursnombreux : gouvernements, pêcheurs, industriels <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation, consommateurs etenvironnementalistes. Les décisions et leur mise en œuvre restent fortement marquées par <strong>la</strong> défense<strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong>s États, leurs histoires respectives, les considérations sociales et les symboliquesnationales et locales 28 .Ainsi, <strong>la</strong> PCP se superpose aux intérêts nationaux sans les effacer. Les difficultés résultantes, enparticulier l’incapacité à atteindre une exploitation durable <strong>de</strong>s ressources halieutiques et <strong>la</strong> situationchronique <strong>de</strong> surcapacité, peuvent apparaître comme le fruit <strong>de</strong>s égoïsmes nationaux. Le seulparamètre commun est alors <strong>la</strong> volonté affichée <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ressource halieutique,nécessaire à <strong>la</strong> pérennité <strong>de</strong> l’activité économique, mais les stratégies <strong>de</strong> chaque acteur font souventprévaloir les intérêts catégoriels <strong>de</strong> certains (dérogations, aménagements) sur l’intérêt collectif àmoyen ou long terme. Il faut reconnaître que sans <strong>la</strong> politique commune <strong>de</strong>s pêches, les stocks et lespêcheries seraient en beaucoup plus mauvais état qu’aujourd’hui. Cependant, on peut aussipercevoir <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche comme le lieu du conflit entre les « objectivités » scientifiques (<strong>de</strong>plus dorénavant intégrées aux revendications environnementales) et les intérêts professionnels. Cequi se constate ainsi au niveau européen, est va<strong>la</strong>ble, parfois encore plus, au niveau international.25<strong>Une</strong> <strong>de</strong>s raisons en est que l’intérêt individuel <strong>de</strong>s pêcheurs n’étant pas l’intérêt collectif, il est très difficile <strong>de</strong>générer a fortiori dans un contexte international, un cadre <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion.26Maximum sustainable yield (MSY) en ang<strong>la</strong>is.27« Resolving Mismatches in US Ocean Governance », Science, 4 août 2006, p. 617-618.28Étu<strong>de</strong> du CERI, 1999, « Quand l’Union européenne gouverne les poissons : <strong>pour</strong>quoi une politique commune<strong>de</strong> <strong>la</strong> pêche ».Centre d’analyse stratégique35Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr

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