<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006C’est ce que font déjà <strong>de</strong>s professionnels français dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>te-formetechnologique WATERBORNE, qui a produit un agenda stratégique <strong>pour</strong> <strong>la</strong> recherche en cequi concerne l’industrie <strong>maritime</strong>.La <strong>France</strong> doit <strong>pour</strong> ce faire repenser son offre scientifique en favorisant le rapprochement,voire <strong>la</strong> fusion, <strong>de</strong>s organismes les plus performants <strong>pour</strong> faciliter les synergiesinterdisciplinaires et mutualiser les budgets face au renchérissement constant <strong>de</strong>s coûtsd’accès aux moyens lourds d’investigation scientifique (IFREMER, composantes civiles <strong>de</strong>srecherches du SHOM, <strong>la</strong>boratoires universitaires et équipes du CNRS, écoles d’ingénieursspécialisées, etc.).• Recherche publique et recherche privéeLa création <strong>de</strong> connaissances est l’un <strong>de</strong>s moteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> création <strong>de</strong> richesses. Le potentiel<strong>de</strong> <strong>la</strong> mer apparaît à cet égard inépuisable. Un soutien public direct et renforcé à <strong>la</strong>recherche et à l’innovation à vocation <strong>maritime</strong> est nécessaire. Il est en effet fondamentalque l’État, au prix d’un dispositif partagé d’évaluation, soutienne financièrement les activitésprivées <strong>de</strong> recherche dédiées au <strong>maritime</strong>, particulièrement faibles, car ce<strong>la</strong> a <strong>de</strong>ux effets :- d’une part, un effet d’accélération <strong>de</strong>s recherches concernant <strong>de</strong>s secteurscruciaux que <strong>la</strong> seule recherche privée ne parvient pas à assurer à un niveausuffisant <strong>de</strong> compétitivité internationale : biotechnologies et énergiesrenouve<strong>la</strong>bles d’origine marine sont <strong>de</strong>ux secteurs couramment cités comme<strong>de</strong>vant bénéficier d’un soutien fort et prioritaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> puissance publique (cf.l’exemple britannique sur les énergies marines) ;- d’autre part, un effet d’entraînement sur <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche industrielledu domaine, comme ce<strong>la</strong> s’est vérifié dans le secteur <strong>de</strong> l’offshore.Au niveau national, <strong>la</strong> nouvelle Agence nationale <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche (ANR), en lien avecl’IFREMER, le CNRS et les <strong>la</strong>boratoires publics et privés spécialisés ainsi que dans le cadre<strong>de</strong>s orientations du 7 e Programme-cadre <strong>de</strong> recherche et développement (PCRD), doit jouerun rôle majeur dans <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s priorités et l’animation <strong>de</strong>s programmes ; <strong>la</strong> procédured’appels à projets, étendus <strong>pour</strong> y introduire les spécificités marines ou <strong>pour</strong> ouvrir <strong>de</strong>snouveaux programmes dédiés aux sciences et techniques <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, paraît bien adaptée àce type d’encouragement. La mise en p<strong>la</strong>ce récente <strong>de</strong>s nouveaux outils <strong>de</strong> partenariatpublic-privé peut apporter un complément intéressant par le biais <strong>de</strong> démarchesindustrielles convergentes.Au niveau régional, le pôle <strong>de</strong> compétitivité « <strong>Mer</strong> » français est le cadre le plus naturel<strong>pour</strong> accueillir ces initiatives : il réunit déjà près <strong>de</strong> 90 % <strong>de</strong>s acteurs nationaux <strong>de</strong> <strong>la</strong>recherche, publique comme privée. Pour ces raisons, ce type d’action doit pouvoirbénéficier du soutien <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s professionnels au travers du Cluster <strong>maritime</strong>français.Sur ces p<strong>la</strong>ns, l’insertion harmonieuse dans les objectifs actuels (2000) et rénovés (2008 ?)<strong>de</strong> <strong>la</strong> Stratégie <strong>de</strong> Lisbonne apporte, par ailleurs, un soutien politique pertinent à unemontée en régime du thème « mer » dans les grands programmes nationaux etcommunautaires <strong>de</strong> recherche.3.2. Trois gran<strong>de</strong>s propositions fédératrices Lancer un grand programme technologique et industriel autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> valorisation <strong>de</strong>s profon<strong>de</strong>ursocéaniquesDes grands programmes mobilisateurs peuvent contribuer à donner corps et àstructurer une véritable politique <strong>maritime</strong> nationale. L’annonce puis <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ceCentre d’analyse stratégique15Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006d’un appel d’offres d’envergure au moins nationale aurait une valeur symbolique etfédératrice évi<strong>de</strong>nte dans les milieux économiques comme auprès <strong>de</strong>s médias et <strong>de</strong>l’opinion publique. Il s’agit <strong>de</strong> tirer le meilleur parti <strong>de</strong>s compétences indéniables <strong>de</strong>sscientifiques et <strong>de</strong>s industriels français, du potentiel d’innovation existant, du savoir-faire et<strong>de</strong> l’expérience accumulés <strong>pour</strong> permettre à <strong>la</strong> <strong>France</strong> d’occuper ou <strong>de</strong> conforter <strong>de</strong>spositions <strong>de</strong> premier p<strong>la</strong>n au niveau mondial dans un nombre limité <strong>de</strong> domaines où <strong>la</strong><strong>France</strong> est déjà visible. L’idée force est <strong>de</strong> canaliser ce potentiel en rassemb<strong>la</strong>nt lesressources, en organisant les synergies, en structurant l’offre industrielle et en concentrantl’effort public <strong>pour</strong> éviter le saupoudrage et <strong>la</strong> dispersion budgétaires. La mobilisationconjointe — aux côtés <strong>de</strong> l’État, <strong>de</strong> ses agences et <strong>de</strong>s Régions concernées — <strong>de</strong> grandsgroupes industriels et <strong>de</strong> petites et moyennes entreprises est un impératif majeur <strong>pour</strong>espérer le succès : <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong> coopérer <strong>de</strong> manière prioritaire avec les pôles <strong>de</strong>compétitivité à vocation <strong>maritime</strong> doit à cet égard être c<strong>la</strong>irement affirmée.• Le groupe estime que <strong>la</strong> thématique <strong>de</strong> l’exploration et <strong>de</strong> <strong>la</strong> valorisation <strong>de</strong>sprofon<strong>de</strong>urs océaniques au sens le plus <strong>la</strong>rge (connaissance et exploitationresponsable <strong>de</strong> toutes les formes <strong>de</strong> ressources sous le fond, au fond et dans <strong>la</strong>colonne d’eau) constitue <strong>la</strong> piste <strong>la</strong> plus fécon<strong>de</strong>. La force structurante etmobilisatrice <strong>de</strong> cette option d’envergure mondiale est fondée sur les élémentssuivants :- forte expérience <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> en ce domaine ;- niveau scientifique et technologique élevé, en rapport notamment avec celui <strong>de</strong>s États-Unis ;- nécessité d’un engagement durable <strong>de</strong> l’État compte tenu du terme éloigné <strong>de</strong>s retombéeséconomiques attendues ;- irrigation <strong>de</strong> nombreux secteurs par les retombées : mon<strong>de</strong> scientifique (connaissance fine <strong>de</strong>smilieux, océanologie, biodiversité, matériaux), offshore pétrolier et gazier, chimie /biotechnologies / santé (nouvelles molécules), construction navale innovante (naviresspécialisés, investigations sous-marines), défense et armement, nouvelles énergies ;- opportunité majeure <strong>de</strong> valoriser l’extraordinaire richesse <strong>de</strong>s eaux sous juridiction <strong>de</strong>sterritoires d’outre-mer et cohérence avec <strong>la</strong> démarche EXTRAPLAC (extension <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>teauxcontinentaux estimée à un million <strong>de</strong> kilomètres carrés en gain <strong>de</strong> droits souverains) ;- cohérence avec le Livre vert européen qui prône le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche commeélément essentiel <strong>de</strong> prospérité économique et <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement ;- adhésion assurée <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> l’économie <strong>maritime</strong> (scientifiques et chercheurs, industrielsoffshore, outre-mer, pêcheurs, écologistes, industriels français, militaires, armateurs,armateurs sismiques, etc.) sur une perspective qui touche à leur cœur <strong>de</strong> métier ;- référence à un inconscient collectif potentiellement très favorable (saga du commandantCousteau, épopée <strong>de</strong> <strong>la</strong> COMEX, filmographie type Le grand bleu, aventure <strong>de</strong> <strong>la</strong> conquête <strong>de</strong><strong>la</strong> Lune, image positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé par <strong>la</strong> mer, etc.).L’initiative <strong>pour</strong>rait s’appuyer sur les structures <strong>de</strong> l’Agence <strong>de</strong> l’innovationindustrielle(AII) et mobiliser le pôle « <strong>Mer</strong> », pôle à vocation mondiale réunissant <strong>de</strong>ux pôles <strong>de</strong>compétitivité en Bretagne et en Provence-Alpes-Côte d’azur.• En complément <strong>de</strong> ce programme prioritaire, <strong>de</strong> nombreux autres projets, moinstransversaux, ont été i<strong>de</strong>ntifiés et mis en avant. La liste suivante est bien sûr nonlimitative :- l’exploitation <strong>de</strong>s énergies marines au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l’éolien offshore (courants <strong>de</strong> marée, vagues,courants profonds / hydrolienne, énergie thermique <strong>de</strong>s mers, hydrocarbures nonconventionnels, etc.) <strong>pour</strong>rait concerner notamment : EDF, Total, Alstom, Aker Yards, etc. Ils’agit là d’un projet à très long terme, jugé très porteur par certains, irréaliste par d’autres ;force est <strong>de</strong> constater que <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne est en avance sur ce domaine grâce un fortinvestissement <strong>de</strong> R & D (exemple : projet <strong>de</strong> ferme éolienne flottante productrice d’hydrogèneliqui<strong>de</strong>) ;Centre d’analyse stratégique16Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr