<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006• <strong>de</strong> rappeler les enjeux nationaux, les cadres régaliens, conventionnels, internationaux eten renforcer les lignes <strong>de</strong> force 185 ;• d’émettre un avis « <strong>de</strong> <strong>la</strong> société » sur les politiques sectorielles et transversales ;• d’émettre un avis « <strong>de</strong> <strong>la</strong> société » sur <strong>de</strong>s dossiers ;• <strong>de</strong> suivre <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s politiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer et leur cohérence avec <strong>la</strong> politiqueintégrée ;• d’émettre <strong>de</strong>s avis en préparation <strong>de</strong>s CIMER.Cet outil <strong>pour</strong>rait :• être sollicité par le Premier ministre au travers du Secrétariat Général <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Mer</strong>, etrépondre par <strong>de</strong>s avis ;• émettre un rapport (annuel, par exemple) <strong>de</strong>stiné au Parlement et au Conseil Economiqueet Social (CES) ;• émettre un rapport public, respectant les règles applicables à ce type <strong>de</strong> rapport etnotamment <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> réponse.L’image d’indépendance <strong>de</strong>s avis émis par un tel type <strong>de</strong> structure <strong>pour</strong>rait être renforcée et confiantson soutien à un organisme non directement rattaché au gouvernement ou à l’administration.La majorité <strong>de</strong>s acteurs aspirant à <strong>la</strong> stabilisation <strong>de</strong>s règles (gage <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité à entreprendre), lesrédacteurs recomman<strong>de</strong>nt que le futur Conseil <strong>de</strong>s océans intègre à terme les autres conseilssectoriels existants qui <strong>de</strong>viendraient <strong>de</strong>s sections <strong>de</strong> ce « parlement <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer ».Actualiser <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s acteurs locauxLa « compétence <strong>maritime</strong> » <strong>de</strong>s collectivités locales française est naissante. Les régions littoraleseuropéennes sont réunies dans <strong>la</strong> Conférence <strong>de</strong>s régions périphériques <strong>maritime</strong>s, indépendante<strong>de</strong>s institutions communautaires. Ses contributions sont remarquées, en particulier dans leprocessus d’é<strong>la</strong>boration du Livre vert.Au niveau <strong>de</strong>s collectivités locales, <strong>la</strong> gestion concertée du littoral progresse, développe ses outils <strong>de</strong>concertation, ses références, ses analyses sur l’efficacité <strong>de</strong> l’action politique. L’analyse économiqueet sociale s’enrichit <strong>de</strong> travaux <strong>de</strong> fond (CESR Bretagne). Il est temps <strong>de</strong> répondre aux collectivitéslocales dans l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s politiques <strong>maritime</strong>s et dans leur déploiement, par <strong>de</strong>s outils adaptés.> <strong>Une</strong> meilleure association <strong>de</strong>s collectivités localesSeulement 20 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution marine est d’origine <strong>maritime</strong> ; l’essentiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> pollution estchronique et d’origine terrestre. Ce simple chiffre suffit à illustrer le besoin d’une gestion efficace <strong>de</strong>l’interface terre / mer. Les activités en mer ont également souvent <strong>de</strong>s prolongements à terre. Maisce n’est pas seulement sous cet angle que l’on doit illustrer <strong>la</strong> nécessité d’impliquer les entitéslocales. La concurrence <strong>de</strong>s occupations <strong>de</strong> l’espace, sur une ban<strong>de</strong> restreinte renvoie <strong>de</strong>sproblématiques (logement, « bassins » d’emplois, tourisme) plus profondément dans les terres. Leslogiques <strong>de</strong> pays i<strong>de</strong>ntifiées par <strong>la</strong> DATAR illustraient les territoires d’attraction <strong>de</strong>s collectivités par<strong>de</strong>s « étoiles » <strong>de</strong> taille variable.Poser <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> compétence <strong>de</strong>s collectivités en mer, c’est poser plus généralement <strong>la</strong>question <strong>de</strong>s aspects territoriaux <strong>de</strong>s politiques concernant <strong>la</strong> mer, <strong>de</strong>s échelles pertinentes <strong>pour</strong> cespolitiques, <strong>de</strong> leur articu<strong>la</strong>tion avec les politiques ou les compétences « terrestres ». Ces échellessont bien sûr très diverses, selon qu’elles concernent <strong>la</strong> sécurité <strong>maritime</strong>, <strong>la</strong> lutte contre lespollutions d’origine <strong>maritime</strong> ou terrestre, ou encore <strong>la</strong> gestion du littoral.Il y a <strong>de</strong> façon évi<strong>de</strong>nte sur le littoral un enjeu d’organisation <strong>de</strong> l’espace, dont l’État esttraditionnellement le garant <strong>pour</strong> <strong>la</strong> partie <strong>maritime</strong>. Les évolutions, en particulier foncières, menacentdorénavant aussi <strong>la</strong> cohésion sociale, en excluant certaines parties <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s espaceslittoraux. Les instruments <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion existent, mais ils ont eu du mal à déboucher sur <strong>de</strong>s outilsopérationnels.185Les multiplications <strong>de</strong> dispositifs peuvent diluer les lignes <strong>de</strong> force comme par exemple <strong>la</strong> loi littoral, lesorientations techniques et économiques <strong>de</strong>s ports et <strong>de</strong>s professions (pêche par exemple), ainsi que les règles<strong>de</strong> droits é<strong>la</strong>borées ailleurs et s’imposant localement (conventions, environnement, droit <strong>maritime</strong>, etc.).Centre d’analyse stratégique141Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006Au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s instruments juridiques, il s’agit bien <strong>de</strong> gérer les conflits d’usage et les contradictionsentre le développement d’activités économiques antagonistes. À une attractivité et une pressiondémographique croissantes s’ajoutent les impératifs <strong>de</strong> protection d’un milieu souvent riche maisfragile au p<strong>la</strong>n environnemental.La recherche <strong>de</strong> <strong>la</strong> meilleure synergie entre les acteurs conduit à envisager <strong>de</strong>s formes ou <strong>de</strong>senceintes <strong>de</strong> concertation effective où les actions et projets <strong>de</strong>s différents acteurs puissent être mûris<strong>pour</strong> se valoriser mutuellement plutôt que d’entrer en concurrence.Le besoin premier est donc celui d’une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> concertation qui permette un meilleur arbitrageentre objectifs sociaux, <strong>de</strong> développement, <strong>de</strong> protection, ou leur conciliation sur un même territoire.La gestion intégrée <strong>de</strong>s zones côtières (GIZC) doit en constituer le socle.Dans cette approche territoriale, le niveau local est souvent le niveau <strong>de</strong> dialogue pertinent, celui oùcette concertation peut se faire. Elle doit s’inscrire dans un cadre qui permette <strong>de</strong> préserver lesenjeux nationaux essentiels, dont le garant est l’État.> La mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nouveaux outilsLes instruments <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>tion existant en mer ten<strong>de</strong>nt aujourd’hui à échapper à l’État, qui disposaitjusqu’à peu en mer <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s leviers juridiques et économiques. La loi sur le développement<strong>de</strong>s territoires ruraux a ouvert aux établissements <strong>de</strong> coopération intercommunaux (EPCI) <strong>la</strong>possibilité d’adopter un schéma <strong>de</strong> mise en valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer (SMVM) et <strong>de</strong> l’intégrer dans un schéma<strong>de</strong> cohérence territoriale (SCOT) 186 . Parallèlement, <strong>la</strong> loi donne aux communes <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong>proposer <strong>la</strong> création <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> développement éolien (ZDE) en mer et à terre 187 ; seules leséoliennes imp<strong>la</strong>ntées dans le périmètre d’une zone <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> l’éolien bénéficient <strong>de</strong>l’obligation imposée à EDF d’acheter l’électricité ainsi produite. Cette évolution, qui n’a pas étévéritablement voulue et anticipée, doit être réfléchie et s’inscrire dans un cadre pré-établi.Il est possible <strong>de</strong> distinguer au moins <strong>de</strong>ux domaines : d’une part, les aspects relevant strictement durôle <strong>de</strong> l’État, au sens régalien du terme, notamment dans les domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité <strong>maritime</strong>, <strong>de</strong> <strong>la</strong>sûreté, <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> police ; d’autre part, les aspects relevant <strong>de</strong> <strong>la</strong>gestion et <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise en valeur du littoral, du sol et du sous-sol <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer. Ces <strong>de</strong>rniers relèvent d’uneaction partagée entre l’État et les collectivités.Dans le premier domaine, l’organisation actuelle répond bien aux besoins et il convient seulement <strong>de</strong>rechercher une meilleure information et, chaque fois que nécessaire, une plus gran<strong>de</strong> association <strong>de</strong>scollectivités locales. L’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> mobilisation <strong>de</strong> fonds par plusieurs régions <strong>pour</strong> ai<strong>de</strong>r <strong>la</strong> Marineà financer certaines dépenses engagées lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise du Prestige est un exemple intéressant d’unetelle coopération.Le second domaine, très vaste, se prête au contraire à <strong>de</strong>s expérimentations. Recouvrant <strong>de</strong>sactivités diverses et répondant à <strong>de</strong>s enjeux économiques, d’aménagement du territoire, <strong>de</strong>protection <strong>de</strong> l’environnement, il correspond au domaine d’intervention traditionnel <strong>de</strong>s collectivités.Dans ce contexte, une nouvelle forme <strong>de</strong> coopération est sans doute à inventer entre lesreprésentants <strong>de</strong> l’État (préfets <strong>maritime</strong>s, préfets <strong>de</strong> département et <strong>de</strong> région) d’une part, lesautorités locales d’autre part. Le niveau communal ou intercommunal, privilégié par défaut par lesamen<strong>de</strong>ments légis<strong>la</strong>tifs les plus récents, ne semble pas le plus pertinent. D’un point <strong>de</strong> vuejuridique, il ouvre <strong>la</strong> question <strong>de</strong> <strong>la</strong> délimitation <strong>de</strong>s communes en mer jusqu’à douze milles <strong>de</strong>scôtes, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rait un travail colossal, source <strong>de</strong> conflits potentiels. D’un point <strong>de</strong> vue pratique,<strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification d’activités en mer suppose un certain recul et une mise en perspective qui ne peut sefaire qu’à une échelle plus <strong>la</strong>rge que le niveau intercommunal ou même départemental en mer. L’Étatétant représenté en mer par le préfet <strong>maritime</strong>, qui a autorité sur une faça<strong>de</strong> <strong>maritime</strong>, soninterlocuteur naturel <strong>de</strong>vrait être <strong>la</strong> région, à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> loi confie déjà une compétence générale enmatière d’aménagement du territoire.Sur cette base, il est envisageable <strong>de</strong> confier à <strong>la</strong> région le soin d’organiser <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification <strong>de</strong>certaines activités économiques, dans le cadre défini par l’État ; l’éolien en mer <strong>pour</strong>rait être un186Loi n° 2005-157 du 23 février 2005 re<strong>la</strong>tive au développement <strong>de</strong>s territoires ruraux (DTR), article 235.187Article 37 <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d’orientation sur l’énergie n° 2005-781 du 13 juillet 2005 : « Les zones <strong>de</strong> développement<strong>de</strong> l’éolien sont définies par le préfet du département en fonction <strong>de</strong> leur potentiel éolien, <strong>de</strong>s possibilités <strong>de</strong>raccor<strong>de</strong>ment aux réseaux électriques et <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>de</strong>s paysages, <strong>de</strong>s monuments historiques et <strong>de</strong>s sitesremarquables et protégés. Elles sont proposées par <strong>la</strong> ou les communes dont tout ou partie du territoire estcompris dans le périmètre proposé ».Centre d’analyse stratégique142Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr