<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006De même, les 35 heures aboutissent à <strong>de</strong>s contraintes économiquement handicapantes <strong>pour</strong> lesarmateurs. Ces règles <strong>de</strong>vraient donc être assouplies, ou leurs effets compensés par <strong>de</strong> nouvellesdispositions à imaginer, car le secteur du transport <strong>maritime</strong> par nature exposé à <strong>la</strong> concurrenceinternationale ne peut vivre longtemps avec un handicap structurel vis-à-vis <strong>de</strong> ses concurrentsétrangers.In fine, ce déséquilibre structurel doit être corrigé par d’autres avantages, notamment une formation<strong>de</strong> qualité, porteuse <strong>de</strong> compétence, d’efficacité et <strong>de</strong> sécurité. C’est <strong>la</strong> raison <strong>pour</strong> <strong>la</strong>quelle lesofficiers français sont aujourd’hui encore recherchés, par les armements français et au <strong>de</strong>là. Lemaintien <strong>de</strong> l’emploi national à bord <strong>de</strong>s navires français ou contrôlés par <strong>de</strong>s intérêts français estdonc irrémédiablement lié à l’excellence <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière <strong>de</strong> formation.3.4. Mettre en p<strong>la</strong>ce une gestion durable <strong>de</strong> l’environnement, <strong>de</strong>s ressources et <strong>de</strong> l’espacelittoral et côtierLes rapports sur l’état <strong>de</strong> l’environnement, publiés en 2002 par l’Agence européenned’environnement montrent <strong>la</strong> difficulté <strong>de</strong> mettre en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s contrôles suffisants <strong>pour</strong> maîtriser lespressions exercées ou <strong>pour</strong> gérer l’accroissement <strong>de</strong>s activités littorales comme le tourisme. Lesopportunités <strong>de</strong> développement économique durable s’amenuisent et les problèmes sociauxs’installent.Pour faire face à ces problèmes, <strong>la</strong> Commission a <strong>la</strong>ncé en 1996 un programme <strong>de</strong> démonstrationsur <strong>la</strong> gestion intégrée <strong>de</strong>s zones côtières, s’appuyant sur 35 projets locaux et régionaux. Lesrésultats du programme <strong>de</strong> démonstration confirment que <strong>la</strong> dégradation permanente et <strong>la</strong> gestioninadéquate <strong>de</strong> nombreuses zones côtières européennes sont imputables à <strong>de</strong>s problèmes liés à :• une information incomplète ou inadéquate, tant en ce qui concerne l’état <strong>de</strong>s zonescôtières que l’impact <strong>de</strong>s activités humaines, économiques ou non ;• une concertation insuffisante entre les différents niveaux et secteurs administratifs et leursactions respectives ;• une concertation et une consultation insuffisante <strong>de</strong>s acteurs concernés (professionnels,ONG, scientifiques, etc.) » 147 .Depuis, d’autres facteurs se sont amplifiés :• l’accélération <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression foncière se double d’un changement profond <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature<strong>de</strong>s acheteurs fonciers : <strong>de</strong> plus en plus <strong>de</strong> non rési<strong>de</strong>nts permanents, et uneaugmentation <strong>de</strong>s étrangers non rési<strong>de</strong>nts. L’activité économique induite par le faible tauxd’occupation est alors limitée ;• l’éviction <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nts actifs est accélérée.Par ailleurs, les travaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> CNADT (2003) s’a<strong>la</strong>rmaient d’une « disparition silencieuse <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntitélittorale » au profit d’une occupation déstructurée, irréversible <strong>de</strong> cet espace unique. Le tourisme luimêmese développe sur <strong>de</strong>s considérations <strong>de</strong> développement empruntant plus au terrestre qu’à <strong>la</strong>mer.On peut remarquer <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> terrain <strong>de</strong>s habitats traditionnels côtiers, et <strong>de</strong>s pratiquestraditionnelles.On peut ajouter que plus qu’ailleurs, les régu<strong>la</strong>tions foncières <strong>de</strong> type « marché » sont battues enbrèche par l’inextensibilité <strong>de</strong> l’offre. La re<strong>la</strong>tive aisance économique (ces espaces ont unecroissance supérieure à <strong>la</strong> moyenne) a établi un mo<strong>de</strong> individuel <strong>de</strong> positionnement <strong>de</strong>s acteurs, aucontraire <strong>de</strong> <strong>la</strong> montagne. Les activités issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer (emplois saisonniers, pêche, etc.) ourési<strong>de</strong>nts peu aisés en particulier n’ont pas les moyens <strong>de</strong> résister. Les communes peuvent êtreamenées à privilégier <strong>de</strong>s taux importants <strong>de</strong> logements sociaux (cf. étu<strong>de</strong> IFREMER bor<strong>de</strong><strong>la</strong>is,20 %).On peut s’inquiéter enfin que dans un tel contexte, les outils rigoureux que sont <strong>la</strong> loi littoral et leconservatoire du littoral, ne soient vécus comme d’aveugles dispositifs autoritaires, au lieu <strong>de</strong> lesmettre en œuvre comme ce qu’ils sont : les gar<strong>de</strong>-fous nécessaires face à l’irréversibilité <strong>de</strong>s147http://www.IFREMER.fr/envlit/actualite/20020613.htm.Centre d’analyse stratégique113Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006atteintes et l’expression légitime d’un projet, malheureusement pas toujours bien formalisé <strong>de</strong>contrôle par <strong>la</strong> puissance publique d’un espace soumis à <strong>de</strong>s pressions très fortes.En réalité, certains littoraux sont définitivement urbanisés. D’autres sont encore à l’abri et c’est cettediversité qu’il faut savoir insérer dans les dispositifs tout en prenant en compte <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> facilitéd’accès <strong>de</strong>s ressources vivantes et <strong>de</strong>s espaces, et donc <strong>la</strong> difficile régu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’exploitation mêmeludique.3.4.1. Poursuivre l’é<strong>la</strong>boration une stratégie globale du développement durable du littoral quiintègre les usagesActuellement, <strong>pour</strong> tenter <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s affectations <strong>de</strong>s espaces littoraux et côtiers, se tiennent<strong>de</strong>s débats sur <strong>la</strong> responsabilité juridique sur ces espaces en particulier en mer : État ou collectivité ?Cette responsabilité juridique n’est pas <strong>la</strong> question <strong>de</strong> fond, même si elle a son importance. Ellerévèle cependant une difficulté à définir ce qu’est l’espace littoral, difficulté également à le délimiterprécisément, au moins autant dans les perceptions que dans les documents.Face à <strong>la</strong> complexité et aux tendances contradictoires dans les espaces littoraux, il <strong>de</strong>vient importantd’é<strong>la</strong>borer une stratégie globale <strong>de</strong> développement du littoral combinant les aspects économiques,démographiques et environnementaux et leurs perspectives à 10-20 ans, incluant les cadresnationaux et continentaux aussi bien que les enjeux locaux, et prenant en compte <strong>la</strong> partie terrestreet <strong>la</strong> partie marine.Il faut absolument et rapi<strong>de</strong>ment que les différents niveaux (local, régional, national, voiresupranational) expriment une vision prospective et confrontent leurs attentes sur les espaces<strong>maritime</strong>s et littoraux dans le cadre <strong>de</strong> l’é<strong>la</strong>boration concertée <strong>de</strong> stratégies aux différentes échelles<strong>de</strong> l’espace (régions, faça<strong>de</strong>s <strong>maritime</strong>s, <strong>France</strong>, Europe). Cette é<strong>la</strong>boration permettra <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tiond’orientations c<strong>la</strong>ires, lisibles et argumentées s’appuyant sur <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s enjeux qui fontconsensus <strong>pour</strong> les acteurs.En soutien <strong>de</strong> cette démarche, un instrument d’information et <strong>de</strong> veille prospective est donc à mettreen p<strong>la</strong>ce dans une optique très ouverte : il ne s’agit pas seulement <strong>de</strong> fournir au politique et àl’administration les moyens d’é<strong>la</strong>borer leur vision, mais aussi à tout un chacun <strong>de</strong> comprendre et <strong>de</strong>retrouver une capacité d’entreprendre, <strong>de</strong> prévoir et d’i<strong>de</strong>ntifier.Sans <strong>pour</strong> autant l’intégrer d’autorité dans tout projet local, il semble nécessaire que <strong>la</strong>contractualisation État-Région soutienne l’émergence <strong>de</strong> cette concertation dans les CPER.Certaines collectivités régionales ont <strong>pour</strong> leur part commencé à développer cette part <strong>de</strong> stratégie. Ilexiste ainsi <strong>de</strong>s « paquet mer » dans les contrats <strong>de</strong> pays en Bretagne, une coordination inter-serviceau Conseil régional en Bretagne et en Languedoc Roussillon, un Conseil consultatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer enrégion Provence-Alpes-Côte d’Azur, etc.La gestion intégrée <strong>de</strong>s zones côtières est un nouveau mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> re<strong>la</strong>tions et d’action <strong>pour</strong> les acteursdu littoral. Les démarches <strong>de</strong> GIZC, démarches <strong>de</strong> terrain, sont riches d’enseignement. Il ne s’agitpas d’une solution miracle, qui se décrète. Néanmoins, il s’agit d’une approche fertile dès lors queles instruments <strong>de</strong> dialogue et d’information sont mis en p<strong>la</strong>ce et fonctionnent. La capacité <strong>de</strong> cetteapproche à infléchir les tendances doit néanmoins être évaluée : les résultats <strong>de</strong> l’observation(observatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> GIZC) doivent être analysés à ces niveaux.En particulier, <strong>la</strong> stratégie générale doit indiquer quels sont les paramètres <strong>de</strong> durabilité à privilégieret leur donner l’importance correspondante dans les projets régionaux. Les indicateurs permettant <strong>de</strong>suivre l’évolution <strong>de</strong> ces paramètres sont également à développer.Développement durable <strong>de</strong>s zones littorales : privilégier les activités effectivement liées à <strong>la</strong> merL’attractivité rési<strong>de</strong>ntielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer conduit à voir s’installer <strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions et <strong>de</strong>s activités dontl’intérêt est d’exister « à côté » <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, et non pas avec ou par <strong>la</strong> mer. C’est un élémentparticulièrement fort <strong>de</strong> déstabilisation.Les activités directement liées à l’exploitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, parfois exposées aussi à <strong>la</strong> concurrencemondiale, sont in fine concurrencées par <strong>de</strong>s activités qui peuvent les supp<strong>la</strong>nter géographiquementpar leur seule capacité financière et spécu<strong>la</strong>tive (il en va <strong>de</strong>s propriétés sur les zones les plusremarquables, acquises par <strong>de</strong>s non rési<strong>de</strong>nts). Un risque (et une tendance effectivement constatée)est <strong>de</strong> voir rejeter les activités <strong>maritime</strong>s économiquement fragiles du littoral vers l’arrière-pays.Centre d’analyse stratégique114Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr