<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006mais elle doit être accompagnée par un engagement financier effectif <strong>de</strong> l’État et par l’allègement <strong>de</strong>sprocédures douanières liées à <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong> ces lignes régulières.Pour une gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong> ces actions en faveur <strong>de</strong> l’intermodalité, <strong>la</strong> création en mai 2005 d’unedirection chargée <strong>de</strong>s transports <strong>maritime</strong>s, routiers et fluviaux 137 s’est avérée un élément déterminant<strong>pour</strong> <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>de</strong>s décisions prises et <strong>la</strong> conduite <strong>de</strong>s actions à mener. Elle <strong>de</strong>vra suivre avecattention les conclusions <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commission sur les coûts à <strong>la</strong> tonne kilométrique <strong>de</strong>stransports multimodaux et les statistiques <strong>de</strong>s transports par mer (cf. Directive 95/64/CE) du Conseildu 8 décembre 1995, re<strong>la</strong>tive au relevé statistique <strong>de</strong>s transports.> Favoriser l’intégration aux échanges européens par <strong>de</strong>s partenariats adéquatsLes ports français sont en concurrence avec les autres ports européens et sauf exception (autoroutes<strong>de</strong> <strong>la</strong> mer), cette situation ne se prête pas à l’établissement <strong>de</strong> partenariats. La premièreresponsabilité <strong>de</strong>s autorités portuaires est donc <strong>de</strong> s’attacher à créer les conditions <strong>pour</strong> attirer lesopérateurs qui développeront le trafic portuaire : productivité et fiabilité <strong>de</strong>s opérations, coût dupassage portuaire, qualité et fiabilité <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssertes terrestres, disponibilité d’espaces, etc.De même, il existe un réseau <strong>de</strong> lignes <strong>maritime</strong>s régulières qui relie les ports français à <strong>de</strong>s portslointains (asiatiques, américains), mais si les ports français ont le souci <strong>de</strong> se faire connaître àl’extérieur <strong>de</strong> nos frontières, leur action doit avant tout porter sur les opérateurs car ces lignes sontavant tout le résultat <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong>s opérateurs et en particulier, <strong>de</strong>s armateurs.Il appartient cependant aux pouvoirs publics d’encourager <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> partenariats :• <strong>de</strong>s partenariats avec d’autres ports européens <strong>de</strong> <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> at<strong>la</strong>ntique ou enMéditerranée <strong>pour</strong> le développement <strong>de</strong>s liaisons à courte distance ;• <strong>de</strong>s accords <strong>de</strong> partenariat entre ports français et étrangers dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sûreté,dans le cadre d’accords bi<strong>la</strong>téraux ou multi<strong>la</strong>téraux autorisés par <strong>la</strong> convention SOLAS 138 .Ces accords seraient conclus <strong>pour</strong> les trajets <strong>maritime</strong>s courts et réguliers afin <strong>de</strong>coordonner les mesures <strong>de</strong> sûreté et les dispositifs <strong>de</strong> contrôle s’il s’avère que cesarrangements permettent <strong>de</strong> fournir un service plus rapi<strong>de</strong> et plus sûr, <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>séconomies d’échelle, en tenant compte <strong>de</strong>s autres obligations régaliennes (douane etpolice).3.3.2. Corriger les handicaps <strong>de</strong> <strong>la</strong> flotte marchan<strong>de</strong> françaiseFortes <strong>de</strong> quelques fleurons <strong>de</strong> l’armement mondial (CMA-CGM, groupe Bourbon, LDA), <strong>la</strong> flottemarchan<strong>de</strong> française réc<strong>la</strong>me avec constance un cadre juridique et réglementaire c<strong>la</strong>ir aux autoritésfrançaises et souhaite que l’UE favorise, à défaut d’un pavillon européen, une harmonisation <strong>de</strong>sréglementations fiscales et sociales entre États membres. Pour autant, les armements français quiont réussi ont su, à temps, tirer les conséquences <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> compétitivité internationales.Le maintien d’un dispositif en faveur <strong>de</strong> l’investissement du type du GIE fiscal, ou tout autre systèmeà même finalité est essentiel <strong>pour</strong> les armateurs. La situation d’incertitu<strong>de</strong>, issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédureouverte par <strong>la</strong> Commission en décembre 2004, est bloquante et doit être levée.Pour une flotte mo<strong>de</strong>rne et compétitiveLe soutien à <strong>la</strong> flotte est un soutien à un secteur économique dynamique ; c’est l’une <strong>de</strong>s conditions<strong>pour</strong> que <strong>la</strong> <strong>France</strong> puisse avoir une politique <strong>maritime</strong>. C’est également une condition <strong>pour</strong>conserver un emploi marin, emploi nécessaire en 2 ème carrière <strong>pour</strong> d’autres secteurs <strong>de</strong> l’économiefrançaise.<strong>Une</strong> politique efficace <strong>de</strong> soutien à <strong>la</strong> flotte repose sur <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un dispositif global <strong>pour</strong>renforcer <strong>la</strong> compétitivité du pavillon français dans tous les secteurs exposés à <strong>la</strong> concurrence. Cedispositif se compose actuellement <strong>de</strong> trois piliers :• <strong>de</strong>s allègements <strong>de</strong> charges sociales et fiscales ;137Direction <strong>de</strong>s transports <strong>maritime</strong>s routiers et fluviaux, une <strong>de</strong>s trois directions <strong>de</strong> <strong>la</strong> direction générale <strong>de</strong> <strong>la</strong>mer et <strong>de</strong>s transports.138SOLAS, chapitre XI-2.Centre d’analyse stratégique105Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr
<strong>Une</strong> <strong>ambition</strong> <strong>maritime</strong> <strong>pour</strong> <strong>la</strong> <strong>France</strong> – Rapport du Groupe POSÉIDON décembre 2006• une ai<strong>de</strong> fiscale à l’investissement en biens d’équipement lourds ouverte au <strong>maritime</strong>, dutype GIE fiscal ;• un nouveau registre : le Registre international français.Sur les allègements <strong>de</strong> charges sociales et fiscales, <strong>de</strong>puis le 1er janvier 2006, l’exonération <strong>de</strong>scharges ENIM 139 pesant sur les marins français est en p<strong>la</strong>ce. Elle apporte <strong>la</strong> visibilité et <strong>la</strong> stabilitédont ont besoin les entreprises <strong>pour</strong> leur gestion stratégique. S’agissant <strong>de</strong>s charges dites nonENIM 140 , les mesures budgétaires permettent cette année le remboursement à 100 % <strong>de</strong> ces charges<strong>pour</strong> les navires à passagers soumis à <strong>la</strong> concurrence internationale. Par ailleurs, <strong>de</strong> nombreuxarmements <strong>de</strong> fret ont opté à ce jour <strong>pour</strong> <strong>la</strong> taxe au tonnage 141 . Ceci leur permet, dans un contextedu transport <strong>maritime</strong> international encore très porteur, <strong>de</strong> bénéficier pleinement <strong>de</strong> cette mesure et<strong>de</strong> se trouver ainsi en situation <strong>de</strong> concurrence au moins égale avec les armements étrangers. Enfin,<strong>la</strong> défiscalisation <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s marins français constitue un soutien direct à l’emploi français et unsoutien indirect à l’armateur qui les emploie en permettant une maîtrise <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>ires.Deuxièmement, le dispositif du GIE fiscal, introduit en 1998, permet <strong>de</strong> bénéficier d’un amortissementexceptionnel <strong>pour</strong> l’investissement dans <strong>la</strong> construction d’un navire et d’une exonération d’impositionsur les plus-values <strong>de</strong> cession.Le maintien du dispositif est aujourd’hui considéré comme essentiel par les armateurs. Il convientdonc <strong>de</strong> mettre rapi<strong>de</strong>ment un terme à <strong>la</strong> situation d’incertitu<strong>de</strong>, et donc <strong>de</strong> blocage <strong>pour</strong> lesinvestissements, qui a découlé <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure ouverte par <strong>la</strong> Commission en décembre 2004. Cetteincertitu<strong>de</strong>, qui nourrit <strong>la</strong> crainte d’avoir à rembourser ultérieurement une ai<strong>de</strong> qui serait condamnéepar <strong>la</strong> Commission, a entraîné une chute <strong>de</strong> moitié du nombre <strong>de</strong> dossiers déposés sur les dixpremiers mois <strong>de</strong> 2004 par rapport aux dix premiers mois <strong>de</strong> 2003, ce nombre passant <strong>de</strong> 27 à 14.Dans ce contexte, le gouvernement n’est certes pas resté inactif et a voulu adapter le GIE fiscal auxexigences européennes dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances rectificatives <strong>de</strong> 2005, mais ce dispositifn’est toujours pas validé par <strong>la</strong> Commission. Dans ces conditions, il faut dès maintenant réfléchir àun dispositif alternatif susceptible d’atteindre le même objectif.Le 3 ème volet, <strong>la</strong> politique <strong>de</strong> soutien au pavillon national, mérite qu’on s’y attar<strong>de</strong> davantage. Si onpeut difficilement imaginer une politique du pavillon sans soutien à <strong>la</strong> flotte, il est tout à fait possible<strong>de</strong> concevoir une politique <strong>de</strong> soutien à <strong>la</strong> flotte sans politique du pavillon.La réforme du pavillon national : un élément <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique <strong>maritime</strong>Actuellement, plus <strong>de</strong> 60 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> flotte mondiale <strong>de</strong> marine marchan<strong>de</strong> est sous pavillon dit <strong>de</strong>comp<strong>la</strong>isance ou <strong>de</strong> libre immatricu<strong>la</strong>tion. Ces pavillons sont cependant très divers et ne cachent pastous <strong>de</strong>s navires « sous normes ». Si l’immatricu<strong>la</strong>tion y est soumise à un minimum <strong>de</strong> formalités, ilssont surtout considérés comme peu contraignants en matière <strong>de</strong> fiscalité, <strong>de</strong> sécurité du navire ou <strong>de</strong>droit du travail ; ce constat n’est pas tout à fait exact. L’immatricu<strong>la</strong>tion sous un pavillon <strong>de</strong> ce typene correspond pas nécessairement à un niveau d’exigence plus faible dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécurité,<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s États du pavillon appliquant <strong>la</strong> réglementation internationale en <strong>la</strong> matière. Les grandsarmateurs mondiaux, soumis aux contrôles par l’État du port et aux exigences <strong>de</strong> leurs assureurs,soucieux <strong>de</strong> leur image, ne sont pas prêts à sacrifier <strong>la</strong> sécurité sur l’autel <strong>de</strong>s coûts. Ils en va toutautrement <strong>de</strong>s dimensions sociales et fiscales qui sont aujourd’hui les vrais enjeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique dupavillon.En <strong>France</strong>, le choix du pavillon est libre, si l’on excepte le maintien limité d’une obligation <strong>de</strong> pavillon<strong>pour</strong> l’approvisionnement <strong>de</strong>s raffineries françaises. Quel qu’en soit <strong>la</strong> portée symbolique, ce choixest <strong>pour</strong> l’armateur dicté par <strong>de</strong>s considérations <strong>de</strong> coût et <strong>de</strong> sécurité juridique qui ne sont pasdifférentes <strong>de</strong> celles préva<strong>la</strong>nt sur un marché concurrentiel.139Remboursement intégral <strong>de</strong>s contributions sociales patronales afférentes aux risques vieillesse, ma<strong>la</strong>die etacci<strong>de</strong>nts du travail, représente <strong>la</strong> part <strong>la</strong> plus importante <strong>de</strong>s allègements <strong>de</strong> charges sociales versées àl’Établissement national <strong>de</strong>s invali<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> marine (ENIM) par les entreprises qui emploient <strong>de</strong>s personnelsnaviguant sur <strong>de</strong>s navires <strong>de</strong> commerce battant pavillon français soumis à <strong>la</strong> concurrence internationale.140Remboursement partiel <strong>de</strong>s charges re<strong>la</strong>tives aux allocations familiales et à l’assurance chômage, tousarmements confondus, compensation <strong>de</strong>s charges <strong>de</strong> retraite supportées par <strong>la</strong> compagnie générale <strong>maritime</strong> etfinancière.141Dispositif institué par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> finances rectificative 2002, qui a ouvert <strong>la</strong> possibilité <strong>pour</strong> les armateurs aucommerce d’opter <strong>pour</strong> <strong>la</strong> taxation d’un bénéfice forfaitaire déterminé selon le tonnage <strong>de</strong>s navires exploités, ensubstitution du régime <strong>de</strong> droit commun <strong>de</strong> l’impôt sur les sociétés.Centre d’analyse stratégique106Secrétariat général <strong>de</strong> <strong>la</strong> merDocument consultable sur www.strategie.gouv.fr et www.sgmer.gouv.fr