La bombe P et ses conséquences

LA BOMBE “P” ET SES CONSEQUENCESA. GLILLA7LA BOMBE "P" ET SES CONSEQUENCESTHE BOMB "P" AND ITS CONSEQUENCESPar GLILLA Abdellah*LAprès une longue période dans l'histoire de l ' humanité où la population mondiale s'est accrue trèslentement, parce qu'à une natalité élevée répondait une forte mortalité, du fait des maladies, des guerres etd'une espérance de vie très faible, nous sommes entrés depuis le début des années cinquante dans unephase qu'on peux qualifier d'explosion démographique.After a long period in the history of the humanity where the world population increased very slowly, becausea high birthrate a strong mortality answered, because of the diseases, wars and of a very weak lifeexpectancy, we entered since the beginning of the Fifties a phase which one can describe as demographica «Bombe P», P comme population,menace-t-elle vraiment la planète ?La Conférence du Caire, enseptembre 1994, a permis de calmerles esprits angoissés. L'accroissement dela population mondiale se ralentit. Mêmeles pays traditionnellement les plusnatalistes s'engagent en faveur ducontrôle des naissances...Après une longue période dans l'histoirede l ' humanité où la population mondiales'est accrue très lentement, parce qu'àune natalité élevée répondait une fortemortalité, du fait des maladies, desguerres et d'une espérance de vie trèsfaible, nous sommes entrés depuis ledébut des années cinquante dans unephase qu'on peux qualifier d'explosiondémographique. Elle se caractérise pardes progrès dans une lutte contre lamortalité allongeant l'espérance de vieet limitant la mortalité infantile, et parune natalité qui reste élevée, particulièrementdans les PVD (Pays en voiede développement). Conséquence : lapart de ces derniers clans la populationmondiale ne cesse d'augmenter.En 1945, les pays du sud comptaient 1,5milliard de personnes et représentaientles deux tiers de la population mondiale.L'espérance de vie* Doctorant en géographie, aménagementde l’espace et paysages. Univ. Nancy 2.ESPACES MAROCAINS - Mars-avril 2006y était alors de 40 ans. Le tournantdémographique se situe aux alentoursdes années 1960, moment où lacroissance grimpe en flèche dans lespays du sud, du fait des progrèseffectués en matière sanitaire ce qui yfait chuter le taux de mortalité, alorsque la natalité reste toujours aussiélevée. Au contraire, dans les paysriches, la période du baby boom del'après-guerre s'achève et la natalitécommence à baisser.Près de cinquante ans après, lapopulation du pays du sud a plus quetriplé. En 1987, le cap des 5 milliardsd'êtres humains a été dépassé et six ansaprès la population mondiale se chiffre àpeu près à 5,5 milliards d'hommes.Les trois quarts vivent dans les pays dusud et leur espérance de vie s'établitautour de 63 ans.Désormais, chaque année, près de 100millions de personnes viennent s'ajouterà l'effectif mondial. La part du pays dusud ne cesse de s'accroître alors que lemonde industrialisé, lui, ne parvient pastoujours à assurer le renouvellement deses générations et voit sa part s'amenuisersans cesse : quatre hommes surcinq vivent dans les PVD. C'est l'Afriquequi, avec 3 % par an qui connaît le plusfort taux de croissance, suivie dedossier19

LA BOMBE “P” ET SES CONSEQUENCESA. GLILLAl'Amérique latine (2,1 %) et de l'Asie(1,9 %).Un monde qui s'accroît de plusen plus lentementPourtant, si le taux d'accroissement dela population mondiale reste élevé(1,6 %) par an, il s'est ralenti : l'apogéede la croissance démographique estdésormais derrière nous. Il a été atteinten 1970 avec 2,1 % par an. Lescontinents ont connu cette décélérationà des périodes différentes. Sans parlerde l'Occident, l'Amérique latine a été lepremier à l ' enregistrer.En effet, sa croissance démographiquebat tous les records entre 1960 et 1965(2,9 % par an). aujourd'hui elle n'estplus que de 2,1 %. Quant à l'Asie, entre1965 et 1970, son taux d'accroissementdémographique atteint les 2.5 % par ancontre 1,9 % aujourd'hui. En revanche,l'Afrique et le Proche-Orient continuent às'accroître très rapide-ment (3 % paran). On observe cependant un début deralentissement dans la plupart des pays.La tendance devrait donc se poursuivre.Les experts prévoient que le taux decroissance de la population mondialedevrait continuer à ralentir pouratteindre 1 % en 2020-2025 et tendrevers zéro d'ici à la fin du 21 e siècle, avecun effectif mondial stabilisé aux alentoursde 11-12 milliards.Les Chinois et les Indiens représenteraientalors plus 34 % de la population mondi-ale, les Asiatiques dans leur ensembleplus de 60 %, les Africains plus de 20% !On comprend mieux pourquoi les paysdu Nord ressentent cette montée démogr-aphique des pays du Sud comme unevéritable menace et les incitent de plusen plus à adopter de sévères mesures decontrôle des naissances.Si l’on cherche à faire des projectionsdans l’avenir, il semble que cette fortecroissance va continuer un momentavant une stabilisation autour de 11ESPACES MAROCAINS - Mars-avril 2006milliards en 2150. Selon toutevraisemblance 8 milliards dès 2025 et 10milliards dans une soixantaine d’années.Ce qui aggrave le problème, c’est quecette croissance est très fortementdéséquilibrée entre le Nord et le Sud :Actuellement, 5,7 milliards dont 1/5dans les pays riches et 4/5 dans les payspauvres et on observe déjà de fortesdisparités : 1/5 possédant 80 % de larichesse mondiale, alors que lesprévisions montrent que l’essentiel del’accroissement se fera dans lespays pauvres dans la mesure où dans lespays riches la croissance semble s’êtrestabilisée. On aura sans doute à peineplus d’un milliard dans les pays riches et9 milliards dans les pays pauvres.On ne pourra plus éluder le problème dupartage des richesses au niveau mondial,sinon les tensions géopolitiques risquentd’être très fortes ; comment nourrir toutle monde, sachant que les pays pauvresont déjà du mal à faire face aux besoinsde leurs populations ?Comment assurer un développement quin’entraîne pas à terme l’épuisementcomplet des ressources naturelles, ladestruction de l’environnement ?Comment faire face à des structures depopulation différentes ?AU MAGHREBLes estimations portent la population d-u Grand Maghreb de 66 millions d'habitant-s au début des années 90, à prèsde 159 millions d'ici 25 ans.Pourtant les pays du Maghreb sont dansleur ensemble peu peuplés, une grandepartie des territoires étant déserts. LaLibye et la Mauritanie présentent desdensités particulièrement faibles, proche-s de 2 hab/km 2 , pour un maximum de56 au Maroc. La région traverseactuellement une période de transitiondémographique rapide : les taux demortalité diminuent, mais les taux denatalité restent forts. Le Maroc et surtoutla Tunisie ont opté pour une politique dedossier207

LA BOMBE “P” ET SES CONSEQUENCESA. GLILLAcontrôle des naissances dès les années1960. Mais les effets mettront uncertain temps à se faire sentir, la baissedes taux de fécondité ne se traduisantqu'avec un long décalage dans les tauxde natalité du fait de l'importance de lapopulation jeune (fig. 1).7Figure 1. Densité au Maghreb. On peut ylire un phénomène très prononcé delittoralisation du peuplement. En Algérie2% du territoire littoral regroupent plus de40% de la population. L'implantation desgrandes unités urbaines, et l'urbanisationmassive actuelle viennent confirmer etaccentuer cette organisation. Lesagglomérations de Casablanca, Alger etTunis rassemblent plus de 10% de lapopulation totale du Grand Maghreb.Figure 2. Pékin a connu un essor sans précédent ces trente dernières années. La photo ci-dessusest prise en 1978. On y voit des forêts (en vert foncé) et des champs (en vert clair, jaune ourouge, selon les cultures). En 2000, le gris représentant les bâtiments de la ville a largement prisle dessus.ESPACES MAROCAINS - Mars-avril 2006dossier21

LA BOMBE “P” ET SES CONSEQUENCESA. GLILLA7Figure 3 : sur les 50 pays les plus pauvres du monde, classés selon l’indicateur de développementhumain (IDH) du PNUD, 33 sont situés en Afrique subsaharienne. Malnutrition, pauvreté, illetrisme,situation sanitaire désastreuse.Sources : WRI, PNUD, PNUE.Figure 4 : un tiers de la population mondiale est privé d’accès à l’eau potable, dont la moitié de lapopulation subsaharienne. Cette ressource fait l’objet d’une demande croissante.Sources : PNUD, 1998 ; Les clés de la planète, hors-série n° 1, Croissance, Paris, 1998.ESPACES MAROCAINS - Mars-avril 2006dossier22

LA BOMBE “P” ET SES CONSEQUENCESA. GLILLA7BibliographieDUPAQUIER Michel, 2001.Demographie. Ed. PUF.EHRLICH Paul, 1968. ThePopulation Bomb. Buccaneer Books.FLORI François, 2002. Un siècle defécondité, paru dansMédecine/sciences, février ; n°18 :226-227.FOURASTIE Jean, 1949. Le grandespoir du xxème siècle. Ed.Gallimard.G. CASELLI, J. VALLIN, G.WUNSC, 2004. Démographie analyseet synthèse. volume 5 : Histoire dupeuplement et prévisions.Ed. INED.L’atlas 96, le bilan géographique deSciences et vie. Septembre 1995.MICHELE Dion, 2004. Analysedémographique. Editions del'Université de Dijon.Mots clefsRapport mondial sur ledéveloppement humain, PNUD, 1998.« Le monde peut-il nourrir le monde ? »,Les clés de la planète, hors-série n°1,Croissance, Paris.Population Accroissement Croissance démographiqueDéveloppement MaghrebKey wordsPopulation Demographic Increase Growth MaghrebDevelopmentESPACES MAROCAINS - Mars-avril 2006dossier23