N°72-Septembre-Octobre 2009 - Chambre de métiers et de l'artisanat

© DR© DRD ossierDÉVELOPPEMENT DURABLEIls ont misé sur le vertLe développement durable est sans aucun doute un des secteurs porteurs sur lequel parier, les artisansont donc intérêt à s’y intéresser.«Les chefs d’entreprises peuventavoir une démarcheéco-responsable en traitantleurs déchets, en changeantd’énergie, ou encore en faisant évoluerles pratiques de production », expliqueSylvie Padilla, chef de département àl’Ademe (Agence de l’environnement etde la maîtrise de l’énergie). « Les éco-activitéssont également une bonne optionmais elles concernent plus les artisans dubâtiment. Il s’agit, par exemple, de prendreen compte les futures consommationsdes bâtiments. » Au-delà de l’impact surl’environnement, ces choix peuvent permettreà l’entreprise de développer sonactivité et de la diversifier. « Une baissedes coûts de l’entreprise peut découlerdes choix énergétiques. Mais le positionnementéco-responsable peut aussi devenirun argument marketing. »◾ Entreprise :Aux Jardinsde Bonnes Femmes◾ Date de création :1 er février 2009◾ Département :Oise« Je ne prends plus de nouveaux clients »Natacha Muzard, 34 ans, jardinière.« Proposer de l’entretien de jardin avec des techniquesrespectueuses de l’environnement », voilà le credo de NatachaMuzard. Installée récemment, elle est satisfaite du lancementde son affaire. « Je tourne à plein régime donc je ne peux plusprendre de nouveaux clients. » Même si elle s’est lancée en pleinesaison, elle sent la venue d’une prise de conscience de la partde ses clients. Ils ne sont pas toujours écolos, mais le deviennentpetit à petit. « Les gens essaient de faire attention à ce qu’ilsconsomment. » Leur intérêt est aussi économique. « Avec mespropositions, ils devraient avoir moins de frais à engager dansleur jardin. » Natacha va même jusqu’au petit bricolage, là aussila fibre verte ne la quitte pas. « J’initie mes clients à la peinturebio et aux ampoules basse consommation. » Enfin,il y a une nouveauté sur laquelle elle compte bien miser :« l’engouement actuel pour les potagers. »« C’était indispensablepour conserver nos clients »Aline Taix, 53 ans, co-gérante.« Dans l’imprimerie, on utilise beaucoup de chimie », constateAline Taix. Si son entreprise recyclait les produits chimiques depuisplusieurs années et travaillait avec du papier écologiqueou recyclé, elle voulait s’investir plus en avant sur cette voie.« La CMA nous a dit qu’on pouvait devenir imprim’vert. Alors on asauté le pas. » Après l’obtention du label, elle décide d’améliorerégalement la chaîne de production : « Nous avons mis en place ungraveur de plaque sans chimie. » Le label et les investissementssupplémentaires sont autant d’arguments marketing pourl’entreprise. « C’était indispensable pour conserver nos clients,ils étaient tous sensibilisés au développement durable. » Et ellene compte pas en rester là. « On pense à l’encre végétaleet la réduction des chimies dans les eaux de lavage. »© DR◾ Entreprise :Imprimerie des Alpes◾ Reprise de l’entrepriseen co-gérance :Septembre 2000◾ Département :Hautes-Alpes◾ Entreprise :Bouteiller Électricité◾ Date de création :2003◾ Département :Seine-Maritime« Je suis fier de mes travaux utiles et sains »Hervé Bouteiller, 40 ans, Eco-artisan électricien.Hervé Bouteiller a toujours été sensible à la cause écologique mais il se contentaitdes gestes minimum. Puis il a passé les formations Feebat par le biais de la Capeb,pour devenir Éco-artisan. Une manière pour lui de mieux faire son métier. « Il estpréférable de réaliser du bon travail avec de la plus-value que de devoir tout refairedans dix ans. » La réalisation de ces travaux d’un nouveau genre est une réellesatisfaction. « Je viens de finir deux chantiers où j’ai entièrement joué mon rôle.C’est une fierté. » Bien sûr, il faut changer d’esprit, et « ne plus penser qu’aubusiness ». Autrement dit, ne plus tenter de vendre au client le plus cheret le moins utile mais lui proposer une offre construite et honnête. « Des accordscadressont encore nécessaires pour regrouper les éco-artisans. Il me sembleégalement inévitable que toutes les professions soient soumises à davantagede contrôle, car les mentalités ne changeront pas toutes seules. »18 ● Le monde des artisans ● septembre-octobre 2009