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Guide de l'assainissement individuel - Extranet Systems

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<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong><strong>l'assainissement</strong><strong>individuel</strong>R. Franceys,J. Pickford & R. ReedOrganisation mondiale <strong>de</strong> la SantéGenève


L'Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé (OMS), creee en 1948, est une institution spécialisée <strong>de</strong>sNations Unies à qui incombe, sur le plan international, la responsabilité principale en matière <strong>de</strong>questions sanitaires et <strong>de</strong> santé publique. Au sein <strong>de</strong> l'OMS, les professionnels <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong>quelque 190 pays échangent <strong>de</strong>s connaissances et <strong>de</strong>s données d'èxpérience en vue <strong>de</strong> faireaccé<strong>de</strong>r d'ici l'an 2000 tous les habitants du mon<strong>de</strong> à un niveau <strong>de</strong> santé qui leur permette <strong>de</strong>mener une vie socialement et économiquement productive.Grâce à la coopération technique qu'elle pratique avec ses Etats Membres ou qu 'elle stimule entreeux, l'OMS s'emploie à promouvoir la mise sur pied <strong>de</strong> services <strong>de</strong> santé complets, la prévention etl'endiguement <strong>de</strong>s maladies, l'amélioration <strong>de</strong> l'environnement, le développement <strong>de</strong>s ressourceshumaines pour la santé, la coordination et le progrès <strong>de</strong> la recherche biomédicale et <strong>de</strong> larecherche sur les services <strong>de</strong> santé, ainsi que la planification et l'exécution <strong>de</strong>s programmes <strong>de</strong>santé.Le vaste domaine où s:exerce l'action <strong>de</strong> l'OMS comporte <strong>de</strong>s activités. très diverses:développement <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> santé primaires pour que toute la population puisse y avoir accès;promotion <strong>de</strong> la santé maternelle et infanti le; lutte contre la malnutrition; lutte contre le paludisme etd'autres maladies transmissibles, dont la tuberculose et la lèpre; coordination <strong>de</strong> la stratégiemondiale <strong>de</strong> lutte contre le SIDA; la variole étant d'ores et déjà éradiquée, promotion <strong>de</strong> lavaccination <strong>de</strong> masse contre un certain nombre d'autres maladies évitables; amélioration <strong>de</strong> lasanté mentale; approvisionnement en eau saine; formation <strong>de</strong> personnels <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> toutescatégories.Il est d'autres secteurs encore où une coopération internationale s'impose pour assurer un meilleurétat <strong>de</strong> santé à travers le mon<strong>de</strong> et l'OMS collabore notamment aux tâches suivantes:établissement d'étalons internationaux pour les produits biologiques, les pestici<strong>de</strong>s et lespréparations pharmaceutiques; formulation <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> salubrité <strong>de</strong> l'environnement;recommandations relatives aux dénominations communes internationales pour les substancespharmaceutiques; application du Règlement sanitaire international; révis ion <strong>de</strong> la Classificationstatistique internationale <strong>de</strong>s maladies et <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> santé connexes; rassemblement etdiffusion d'informations statistiques sur la santé. •Reflet <strong>de</strong>s préoccupations et <strong>de</strong>s priorités <strong>de</strong> l'Organisation et <strong>de</strong> ses Etats Membres, lespublications <strong>de</strong> l'OMS fournissent <strong>de</strong>s informations et <strong>de</strong>s conseils faisant autorité, visant àpromouvoir et protéger la santé et à prévenir et combattre la maladie.


<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong><strong>l'assainissement</strong><strong>individuel</strong>R. Franceys, J. Pickford & R. ReedWater, Engineering and Development CentreLoughborough University of TechnologyLoughborough, AngleterreOrganisation mondiale <strong>de</strong> la SantéGenève1995


Catalogage à la source: Bibliothèque <strong>de</strong> l'OMSFranceys, R.<strong>Gui<strong>de</strong></strong> <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> <strong>individuel</strong>! R. Franceys,J. Pickford & R. Reed.1. Assainissement 2. Toilettes publiques 3. Evacuation <strong>de</strong>s eaux usées­métho<strong>de</strong>s 1. Pickford, J. II. Reed, R.III. TitreISBN 92 4 254443 4 (Classification NLM: WA 778)L'Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé est toujours heureuse <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s d'autorisation<strong>de</strong> reproduire ou <strong>de</strong> traduire ses publications, en partie ou intégralement. Les<strong>de</strong>man<strong>de</strong>s à cet effet et les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong> renseignements doivent être adressées au Bureau<strong>de</strong>s Publications, Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé, Genève, Suisse, qui se fera un plaisir<strong>de</strong> fou mir les renseignements les plus récents sur les changements apportés au texte, lesnouvelles éditions prévues et les réimpressions et traductions déjà disponibles.© Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé, 1995Les publications <strong>de</strong> l'Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé bénéficient <strong>de</strong> la protection prévuepar les dispositions du Protocole N° 2 <strong>de</strong> la Convention universelle pour la Protection duDroit d'Auteur. Tous droits réservés.Les appellations employées dans cette publication et la présentation <strong>de</strong>s données qui y figurentn'impliquent <strong>de</strong> la part du Secrétariat <strong>de</strong> l'Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé aucuneprise <strong>de</strong> position quant au statut juridique <strong>de</strong>s pays, territoires, villes ou zones, ou <strong>de</strong> leursautorités, ni quant au tracé <strong>de</strong> leurs frontières ou limites.La mention <strong>de</strong> firmes et <strong>de</strong> produits commerciaux n'implique pas que ces firmes et produitscommerciaux sont agréés ou recommandés par l'Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé <strong>de</strong>préférence à d'autres. Sauf erreur ou omission, une majuscule initiale indique qu'il s'agit d'unnom déposé.Imprimé en Suisse94/1 0206-Strategic Communications/2800


Table <strong>de</strong>s matièresPagesPréfaceVllPartie 1. Pratique <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> - Principes <strong>de</strong> baseChapitre 1. Nécessité d'un assainissement <strong>individuel</strong> 3Introduction 3Références historiques 4Situation actuelle 4Contraintes 6Priorités 6Chapitre 2. Assainissement et transmission<strong>de</strong>s maladies 9Les maladies liées aux excréta et aux eaux usées 9Propagation <strong>de</strong>s maladies à partir <strong>de</strong>s excréta 12Chapitre 3. Considérations socio-culturelles 19La structure sociale 19Croyances et pratiques d'ordre culturel 19Les idées en matière d'hygiène 20Croyances relatives à l'hygiène et à la maladie 21La dynamique du changement 22Réactions au changement 22Conclusion 24Chapitre 4. Options techniques 25Défécation à l'air libre 25Feuillées 25Latrine simple fosse 26Latrine à trou foré 26Latrine à fosse ventilée 27Latrine à chasse d'eau 27Latrine à fosse simple ou double 28Latrine à compostage 28Fosse septique 29Cabinet à eau 29Systèmes d'évacuation <strong>de</strong>s excréta 30iii


Partie Il. Détails <strong>de</strong> la conception, <strong>de</strong> la construction, <strong>de</strong>l'exploitation et <strong>de</strong> l'entretienChapitre 5. Aspects techniques <strong>de</strong> l'évacuation<strong>de</strong>s excréta 35Déjections d'origine humaine 35Caractéristiques <strong>de</strong>s terrains 38Problèmes posés par les insectes et la vermine 46Chapitre 6. Utilisation et entretien 49Latrines à fosse 49Latrines à simple fosse 53Latrines à fosse ventilée 54Latrines ventilées à double fosse 57Latrines à chasse d'eau 59Latrines à chasse d'eau avec fosse déportée 60Latrines à chasse d'eau avec <strong>de</strong>ux fosses déportées 62Latrines à fosse surélevée 64Latrines à trou foré 65Fosses septiques 65Cabinets à eau 75Elimination <strong>de</strong>s effluents <strong>de</strong>s fosses septiques et <strong>de</strong>scabinets à eau 76Latrines à compostage 80Latrines multiples 83Autres latrines 84Chapitre 7. Eléments et construction <strong>de</strong>s latrines 93Fosses 93Planchers 101Dalles 102Repose-pieds et trous <strong>de</strong> défécation 119Sièges pour latrines 120Joints hydrauliques et cuvettes 122Tuyaux d'évent 126Superstructure 130Chapitre 8. Exemples <strong>de</strong> calcul d'installations 139Introduction 139Calcul d'une latrine à fosse 139Calcul d'une fosse septique 144Calcul d'un cabinet à eau 148Elimination <strong>de</strong>s effluents <strong>de</strong>s fosses septiques et <strong>de</strong>scabinets à eau 148Latrines à compostage 149iv


Partie III. Planification et développement <strong>de</strong> projetsd'assainissement <strong>individuel</strong>Chapitre 9. PlanificationLa <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en matière d' assainissementDéfinition du projetDonnées <strong>de</strong> baseComparaison et choix <strong>de</strong>s systèmesChapitre 10. Facteurs institutionnels,économiques et financiersResponsabilités institutionnellesDéveloppement <strong>de</strong>s ressources humainesFacteurs économiquesFacteurs financiersExemplesChapitre 11. DéveloppementExécutionExploitation et entretienEvaluationBibliographiePour en savoir plusGlossaire <strong>de</strong>s termes utilisés dans le présent ouvrageAnnexe 1. Réutilisation <strong>de</strong>s excrétaAnnexe 2. Eaux ménagèresAnnexe 3. Comité <strong>de</strong> lectureIn<strong>de</strong>x155155158158166169169172177184188193193208209214222225231242248250v


PréfaceVoilà près <strong>de</strong> trente ans que les noms <strong>de</strong> Wagner et <strong>de</strong> Lanoix reviennentencore et toujours lorsqu'il est question d'approvisionnement eneau et <strong>de</strong> rejet <strong>de</strong>s excréta dans les zones rurales et les petites collectivités.Les <strong>de</strong>ux volumes dont ils sont les auteurs et quel'Organisation mondiale <strong>de</strong> la Santé a publiés sur ce sujet vers ledébut <strong>de</strong>s années 60 (Wagner & Lanoix, 1960, 1961), ont résisté àl'épreuve du temps.Depuis lors, les questions d'approvisionnement en eau et d'assainissementont suscité un regain considérable d'intérêt, dû pour unepart à la Décennie internationale <strong>de</strong> l'eau potable et <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>(1981-1990). De nombreux pays ont préparé, dans le cadre <strong>de</strong>cette décennie, <strong>de</strong>s programmes qui étaient très optimistes dans leursprévisions en matière d'assainissement mais dont les objectifs se sontrévélés difficiles à atteindre. De fait, la majorité <strong>de</strong>s personnes quivivent dans les régions rurales ou les banlieues <strong>de</strong>s pays en développementne bénéficient pas encore d'un assainissement satisfaisant.La Banque mondiale et d'autres organismes ont publié d'excellentsouvrages qui traitent <strong>de</strong>s divers aspects <strong>de</strong>s technologies appropriéesd'assainissement. Pour une gran<strong>de</strong> part, ces techniques ontconsisté à améliorer <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s déjà connues et utilisées en s'appuyantsur l'expérience acquise dans un certain nombre <strong>de</strong> pays endéveloppement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Toutefois,c'est plutôt sur les aspects socio-économiques <strong>de</strong> la planification et <strong>de</strong>la mise en œuvre <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong>stinées à améliorer <strong>l'assainissement</strong>que l'on insiste dans ces publications.Le présent ouvrage s'inscrit donc dans la logique <strong>de</strong> cette évolutionet vise à mettre à jour le travail <strong>de</strong> Wagner & Lanoix dont il s'inspirelargement. Le choix du titre appelle l'attention du lecteur sur le faitqu'il s'agit d'installations placées sur la propriété <strong>de</strong> l'usager et quiconviennent bien dans certaines zones urbaines, en milieu rural etdans les petites collectivités.L'ouvrage comporte trois parties: la première concerne les fon<strong>de</strong>ments<strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>, avec ses aspects sanitaires, sociologiques,financiers et institutionnels ainsi que les technologies qu'on peututiliser pour l'élimination <strong>de</strong>s excréta. La <strong>de</strong>uxième partie traite endétail <strong>de</strong> la conception, <strong>de</strong> la construction, du fonctionnement et <strong>de</strong>l'entretien <strong>de</strong>s principaux types d'installations <strong>individuel</strong>les, latroisième partie étant consacrée aux problèmes <strong>de</strong> planification et <strong>de</strong>développement qui se posent dans le cadre <strong>de</strong>s divers projets et programmes.On a ajouté <strong>de</strong>s annexes sur la réutilisation <strong>de</strong>s excréta etvii


PRÉFACEl'élimination <strong>de</strong>s eaux usées: bien qu'il s'agisse là essentiellementd'activités extérieures au site <strong>de</strong> l'installation, elles ont quand même<strong>de</strong>s rapports avec <strong>l'assainissement</strong> <strong>individuel</strong>.Cet ouvrage a été rédigé en ayant à l'esprit les besoins divers d'ungrand nombre <strong>de</strong> lecteurs. Les auteurs espèrent qu'il rendra servicenon seulement aux ingénieurs, aux mé<strong>de</strong>cins et aux spécialistes <strong>de</strong><strong>l'assainissement</strong> qui travaillent sur le terrain mais encore aux administrateurs,aux personnels <strong>de</strong> santé en général, aux planificateurs ouaux architectes comme à ceux, très nombreux, qui travaillent àl'amélioration <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> dans les zones rurales et les collectivitésurbaines défavorisées <strong>de</strong>s pays en développement.Les opinions exprimées dans le présent ouvrage résultent <strong>de</strong> l'expérienceacquise par les auteurs au contact <strong>de</strong> la réalité <strong>de</strong> nombreuxpays en développement, <strong>de</strong>s discussions qu'ils ont eues avec d'autresprofessionnels ainsi que <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> d'un certain nombre <strong>de</strong> publicationsrécentes. Cet ouvrage doit beaucoup, pour sa forme définitive,aux observations <strong>de</strong>s collaborateurs dont la liste figure à l'annexe 3 etdont l'expérience et les connaissances sont unanimement reconnues.Des remerciements particuliers sont dus à M. J. N. Lanoix pour l'étu<strong>de</strong>détaillée à laquelle il s'est livré <strong>de</strong> notre manuscrit et pour lesobservations qu'il a formulées, ainsi qu'à MM. M. Bell, A. Coad,A. Cotton, M. Ince et M. Smith du WEDC pour leur précieuse collaboration.Les auteurs se sont efforcés d'être aussi universels que possiblemais ils n'en ont pas moins conscience <strong>de</strong>s variations importantes quiexistent dans les pratiques observées sur les différents continents etdans les divers pays ou régions. Il arrive qu'une solution considéréecomme tout à fait satisfaisante par une collectivité soit rejetée par lacollectivité voisine. Avant <strong>de</strong> mettre en pratique le contenu duprésent ouvrage il sera bon <strong>de</strong> se souvenir du conseil <strong>de</strong> E. F.Schumacher. «Cherchez à savoir ce que font les gens et efforcez-vous<strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à le mieux faire».viii


PARTIE 1Pratique <strong>de</strong><strong>l'assainissement</strong> -Principes <strong>de</strong> base


CHAPITRE 1Nécessité d1un assainissement<strong>individuel</strong>IntroductionOn entend par «assainissement» l'ensemble <strong>de</strong>s travaux que doiventeffectuer, en se conformant aux règles <strong>de</strong> l'hygiène, les particuliers,les collectivités et les pouvoirs publics pour faire disparaître dans lesagglomérations toutes causes d'insalubrité (Trésor <strong>de</strong> la languefrançaise). Selon le rapport <strong>de</strong> la première réunion, tenue en 1950, duComité d'experts <strong>de</strong> l'environnement, <strong>l'assainissement</strong> implique lecontrôle <strong>de</strong> l'approvisionnement public en eau, <strong>de</strong> l'évacuation <strong>de</strong>sexcréta et <strong>de</strong>s eaux usées, <strong>de</strong> l'élimination <strong>de</strong>s déchets et <strong>de</strong>s vecteurs<strong>de</strong> maladies, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> logement, <strong>de</strong>s aliments et <strong>de</strong> leurmanipulation, <strong>de</strong>s conditions atmosphériques et <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong>sécurité sur le lieu <strong>de</strong> travail. Depuis, les problèmes liés à l'environnementont gagné en complexité, notamment avec les risques liésdésormais aux produits chimiques et aux rayonnements. Entre temps,les besoins mondiaux en services d'assainissement <strong>de</strong> base (par exemplealimentation en eau potable, élimination <strong>de</strong>s excréta et <strong>de</strong>s eauxusées) ont beaucoup augmenté du fait <strong>de</strong> l'expansion démographiqueet <strong>de</strong>s attentes <strong>de</strong> la population. Tout cela a conduit les Nations Uniesà instaurer la Décennie internationale <strong>de</strong> l'eau potable et <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>(1981-1990)En dépit d'une très importante prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s besoins enmatière d'approvisionnement public en eau, les problèmes posés parl'élimination <strong>de</strong>s excréta et <strong>de</strong>s eaux usées ont été quelque peu négligés.C'est pour attirer l'attention sur ces problèmes que le termed'assainissement a été utilisé - et finalement compris partout dans lemon<strong>de</strong> - comme se rapportant uniquement à l'élimination <strong>de</strong>s excrétaet <strong>de</strong>s eaux usées. D'ailleurs un Groupe d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'OMS a officiellementadhéré à cet usage en 1986 en définissant <strong>l'assainissement</strong>comme «... les moyens <strong>de</strong> collecte et d'évacuation hygiénique <strong>de</strong>sexcréta et <strong>de</strong>s déchets liqui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la communauté pour protéger lasanté <strong>de</strong>s individus et <strong>de</strong> cette communauté» (OMS, 1987a). Uneévacuation hygiénique qui ne comporte aucun danger pour la santédoit être l'objectif fondamental <strong>de</strong> tous les programmes d'assainissement.Le coût d'un réseau d'égouts (qui est en général plus <strong>de</strong> quatrefois celui d'une installation <strong>individuel</strong>le) et le fait qu'il nécessitel'existence d'un réseau d'adduction d'eau, sont un obstacle à sonadoption par nombre <strong>de</strong> collectivités <strong>de</strong> pays en développement dont<strong>l'assainissement</strong> est insuffisant. Les systèmes <strong>individuel</strong>s d'évacua-3


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEtion, qui permettent <strong>de</strong> traiter les excréta sur place, peuvent constituerune solution hygiénique et satisfaisante pour ces collectivités.Si l'élimination hygiénique <strong>de</strong>s excréta est d'une importance capitalepour la santé et le bien-être <strong>de</strong>s collectivités en cause, elle vautaussi pour les effets qu'elle peut avoir d'un point <strong>de</strong> vue social ouécologique. Le Comité OMS d'experts <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> l'a inscriteen 1954 sur sa liste <strong>de</strong>s premières mesures <strong>de</strong> base à prendre pourcréer un environnement salubre (OMS, 1954). Plus récemment, leComité OMS d'experts sur la lutte contre les parasitoses intestinales(0 MS, 1987b) a souligné que «la mise en place <strong>de</strong> moyenshygiéniques pour l'évacuation <strong>de</strong>s excréta et leur utilisation convenablesont <strong>de</strong>s éléments indispensables <strong>de</strong> tout programme <strong>de</strong> lutte contreles parasitoses intestinales. Dans <strong>de</strong> nombreuses régions, <strong>l'assainissement</strong>constitue le premier impératif en matière <strong>de</strong> santé et les responsables<strong>de</strong> la lutte contre les parasitoses intestinales se voient <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ravec insistance <strong>de</strong> promouvoir la collaboration intersectorielleentre les autorités sanitaires et les services chargés <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>et <strong>de</strong> l'approvisionnement en eau au niveau communautaire.»Références historiquesOn retrouve dans l'histoire du mon<strong>de</strong> industrialisé la trace <strong>de</strong> cettepriorité donnée à <strong>l'assainissement</strong> en tant que mesure <strong>de</strong> protection<strong>de</strong> la santé. Ainsi, dans l'Angleterre du dix-neuvième siècle, lesmesures d'assainissement prises à l'initiative <strong>de</strong>s pouvoirs publicsaprès la promulgation <strong>de</strong> la législation sur la santé publique permirent<strong>de</strong> réduire l'exposition aux infections d'origine hydrique.Situation actuelleL'amélioration <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> et <strong>de</strong>s adductions d'eau constitueun investissement qui mérite la priorité dans les pays en développementcar il se situe au premier plan <strong>de</strong>s progrès à réaliser en matièred'hygiène dans les collectivités rurales et urbaines. L'importance quel'on attache à <strong>l'assainissement</strong> s'inscrit dans un mouvement pour lasatisfaction <strong>de</strong>s besoins fondamentaux <strong>de</strong> l'homme - les soins <strong>de</strong>santé, le logement, <strong>de</strong> l'eau propre, un assainissement approprié etune nourriture convenable. Ce mouvement a contribué au passage <strong>de</strong>la mé<strong>de</strong>cine curative à la mé<strong>de</strong>cine préventive et à l'instauration,dans les années 1980, <strong>de</strong> la Décennie internationale <strong>de</strong> l'eau potableet <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>.Les grands axes <strong>de</strong> la DécennieLa décision d'instaurer la Décennie a été prise lors <strong>de</strong> la Conférence<strong>de</strong>s Nations Unies sur l'eau qui s'est tenue à Mar <strong>de</strong>I Plata en 1977.La conférence a également adopté un plan d'action dans lequel ellerecomman<strong>de</strong> aux programmes nationaux <strong>de</strong> donner la priorité:4


CHAPITRE 1. NÉCESSITÉ D'UN ASSAINISSEMENT INDIVIDUEL• aux populations rurales et urbaines non <strong>de</strong>sservies;• à l'application <strong>de</strong> programmes autosuffisants et autonomes;• à l'utilisation <strong>de</strong> systèmes présentant un intérêt social;• à l'association <strong>de</strong> la collectivité à tous les sta<strong>de</strong>s du développement;• à la complémentarité entre <strong>l'assainissement</strong> et l'approvisionnementen eau; et• à l'association <strong>de</strong>s programmes d'approvisionnement en eau etd'assainissement aux programmes sanitaires et aux programmes relevantd'autres secteurs.L'insuffisance <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>Le Tableau 1.1, qui est tiré <strong>de</strong>s statistiques dont dispose l'Organisation(OMS, 1990), montre le pourcentage <strong>de</strong> la population totale <strong>de</strong>s pays endéveloppement, ventilé par Régions <strong>de</strong> l'OMS, qui ne bénéficie pasd'un assainissement convenable.Tableau 1.1 Pourcentage <strong>de</strong> la population sans assainissementconvenable aRégion<strong>de</strong> l'OMS1970 1975 1980 1988Urbaine Rurale Urbaine Rurale Urbaine Rurale Urbaine RuraleAfriqueAmériquesMéditerranée orientaleAsie du sud estPacifique occi<strong>de</strong>ntalTotal mondial53 77 25 72 46 80 46 7924 76 20 75 44 80 10 6938 88 37 86 43 93 6 8067 96 69 96 70 94 59 8919 81 19 57 7 37 11 3146 91 50 89 50 87 33 81a Tiré <strong>de</strong> OMS, 1990.En dépit <strong>de</strong> quelques inexactitu<strong>de</strong>s dans la notification, il est très netque c'est dans les pays où le produit national brut (PNB) est le plusfaible et plus particulièrement en milieu rural, que le problème se poseavec le plus d'ampleur. On note également <strong>de</strong>s disparités importantesdans la qualité du cadre <strong>de</strong> vie et dans le niveau <strong>de</strong> santé à l'intérieur<strong>de</strong>s pays en développement, spécialement dans les gran<strong>de</strong>s villes.Les problèmes <strong>de</strong> la croissance urbaineAvec <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> croissance urbaine qui dépassent 5% par an, onassiste à l'entassement <strong>de</strong>s personnes défavorisées dans les taudis ducentre ville et les zones squattérisées situées à la périphérie <strong>de</strong>s petitesvilles et <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s agglomérations. La santé est en péril dans cessecteurs. La surpopulation favorise la propagation <strong>de</strong>s infections respiratoiresaéroportées et <strong>de</strong>s maladies résultant d'une mauvaise hygiène,comme les diarrhées. La malnutrition fréquente y prédispose davan-5


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEtage la population aux infections d'origine hydrique. Ces infectionspeuvent s'étendre rapi<strong>de</strong>ment du fait que les sources d'eau sont menacéespar la pollution fécale. Ceux qui ont la charge d'assurer l'hygiène<strong>de</strong> l'environnement ont à mener une entreprise difficile: concevoiret mettre en œuvre <strong>de</strong>s systèmes d'évacuation <strong>de</strong>s excrétaadaptés à ces collectivités surpeuplées et économiquement faibles.Les problèmes en milieu ruralL'élimination hygiénique <strong>de</strong>s excréta et l'action en faveur <strong>de</strong> la santésont tout aussi nécessaires en milieu rural. Même si les collectivitésrurales se sont dotées <strong>de</strong> moyens d'évacuation qu'elles considèrentcomme satisfaisants, il n'en <strong>de</strong>meure pas moins que la mise en placed'installations d'assainissement améliorées peut contribuer utilementau développement général <strong>de</strong>s campagnes. Le niveau d'assainissementapporté doit être à la hauteur <strong>de</strong>s autres services fournis par lacollectivité et adapté à la possibilité qu'elle a d'entretenir les installations,compte tenu <strong>de</strong> ses moyens financiers et <strong>de</strong> ses obligations culturelles.ContraintesLes nombreuses contraintes qui font obstacle à l'amélioration <strong>de</strong> lasanté par un meilleur assainissement tiennent aux aspects politique,économique, social et culturel <strong>de</strong> la maladie et <strong>de</strong> la santé. Grâce auxenquêtes qu'elle a menées à l'échelle mondiale, l'OMS a pu recenserles plus graves <strong>de</strong> ces contraintes:disponibilités financières limitées;manque <strong>de</strong> personnel qualifié;fonctionnement et entretien;logistique;montage financier qui ne permet pas un recouvrement convenable<strong>de</strong>s sommes investies;insuffisance <strong>de</strong>s efforts en matière d'éducation pour la santé;cadre institutionnel inadapté;approvisionnement en eau irrégulier;non participation <strong>de</strong>s collectivités.PrioritésLes programmes d'assainissement ont quatre objectifs principaux: enmilieu rural, le développement; en milieu urbain, l'amélioration <strong>de</strong>sinstallations; en centre ville, l'amélioration <strong>de</strong>s installations dans lesbidonvilles et les taudis périphériques et enfin, le développementdans les quartiers neufs et les villes nouvelles. Par exemple, l'action<strong>de</strong> développement entreprise en milieu rural et dans les bidonvillespeut comporter une très importante contribution <strong>de</strong> la collectivité6


CHAPITRE 1. NÉCESSITÉ D'UN ASSAINISSEMENT INDIVIDUELsous forme <strong>de</strong> main-d'œuvre, mais qui pourra être très différenteselon qu'il s'agit d'éducation pour la santé, d'information oud'amélioration <strong>de</strong> l'information sur les nouvelles techniques, <strong>de</strong> lacréation <strong>de</strong> structures administratives et du montage financier.On s'est posé la question <strong>de</strong> savoir quel type <strong>de</strong> technologie est leplus approprié aux collectivités à <strong>de</strong>sservir et quels sont les meilleursmoyens <strong>de</strong> la mettre en œuvre. On rappellera la nécessité pour lestechniciens <strong>de</strong> bien connaître le contexte socio-culturel dans lequel ilsont à intervenir et <strong>de</strong> faire participer la collectivité à la conception età la mise en œuvre <strong>de</strong>s projets. Cette notion d'initiative populaire enmatière <strong>de</strong> développement, reposant sur l'action <strong>de</strong> la base, offre unealternative à l'action venue d'en haut, qui résulte <strong>de</strong> décisions prises àun niveau administratif élevé. La première solution est d'une importancedéterminante dans le domaine <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> car l'efficacité<strong>de</strong>s programmes ne dépend pas seulement du soutien apporté parla communauté mais plus spécialement du consentement et <strong>de</strong> l'engagement<strong>de</strong>s ménages et <strong>de</strong>s usagers. En outre, en matière d'assainissement,les décisions d'ordre technique et d'ordre social sontétroitement liées.7


CHAPITRE 2Assainissement et transmission <strong>de</strong>smaladiesLes maladies liées aux excréta et aux eaux uséesLes causes <strong>de</strong> maladieL'élimination sans précaution et sans hygiène <strong>de</strong> matières fécaleshumaines infectées entraîne la contamination du sol et <strong>de</strong>s sourcesd'eau. Certaines espèces <strong>de</strong> mouches et <strong>de</strong> moustiques peuvent ainsitrouver <strong>de</strong>s lieux propices à la ponte, à la reproduction et même senourrir sur les déjections à l'air libre et propager l'infection. Cesdéjections attirent également les animaux domestiques, les rongeurset autres nuisibles qui les répan<strong>de</strong>nt et ajoutent encore aux risques <strong>de</strong>maladie. En outre, cela crée parfois <strong>de</strong>s nuisances insupportables tantpour la vue que pour l'odorat.Il existe un certain nombre <strong>de</strong> maladies liées à la présence d'excrétaet d'eaux usées qui sont courantes dans les pays en développement;on peut les classer selon le cas en maladies transmissibles ou nontransmissibles.Maladies transmissiblesLes principales maladies transmissibles dont on peut réduire lafréquence grâce à l'élimination hygiénique <strong>de</strong>s excréta sont les infectionsintestinales et les helminthiases, notamment le choléra, latyphoï<strong>de</strong> et la paratyphoï<strong>de</strong>, la dysenterie, la diarrhée, l'ankylostomiase,la schistosomiase ou bilharziose, et la filariose.Le tableau 2.1 indique quelques-uns <strong>de</strong>s micro-organismespathogènes qui se rencontrent souvent dans les matières fécales, lesurines et les eaux usées (eaux ménagères).Groupes à haut risqueCeux qui sont les plus exposés aux risques sont les enfants <strong>de</strong> moins<strong>de</strong> cinq ans, du fait que leur système immunitaire n'est pas encoreparvenu à maturité et qu'ils peuvent également souffrir <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong>la malnutrition. La principale cause <strong>de</strong> mortalité dans cette classed'âge est constituée par les maladies diarrhéiques, qui sont responsables<strong>de</strong> quelque quatre millions <strong>de</strong> décès chaque année.En 1973, les enfants <strong>de</strong> moins d'un an qui constituaient moins ducinquième <strong>de</strong> la population du Brésil ont représenté près <strong>de</strong>s quatrecinquièmes <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong>s décès, alors qu'aux Etats-Unis9


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEd'Amérique, cette classe d'âge qui, à cette époque, correspondait à8,8% <strong>de</strong> la population, n'a représenté que 4,3% <strong>de</strong>s décès (Berg,1973).Il est certain que l'amélioration <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> dans une collectivitédoit avoir <strong>de</strong>s conséquences favorables sur la santé mais il estdifficile <strong>de</strong> déterminer si cet impact sera direct ou indirect.Tableau 2.1Micro-organismes pathogènes présents dans lesurines, a les matières fécales et les eaux usées bMicro-organismesPrésence dans les:Nom <strong>de</strong>la maladie urines matières eaux uséesfécalesBactériesEscherichia coliLeptospira interrogansSalmonella typhiShigella sppVibrio choleraeVirusPoliovirusRotavirusdiarrhéeleptospirosetyphoï<strong>de</strong>shigellosecholérapoliomyéliteentériteProtozoaires -amibes et kystesamibiensEntamoeba histolytica amibiaseGiardia intestinalis giardiaseHelminthes - œufs <strong>de</strong> parasitesAscaris lumbricoi<strong>de</strong>s ascaridiaseFasciola hepaticadouve du foieAncylostoma duo<strong>de</strong>nale ankylostomiaseNecator americanus ankylostomiaseSchistosoma sppschistosomiaseou bilharzioseTaenia sppténiasis(ver solitaire)Trichuris trichiuratrichocéphalose* * *** * **** *** ** ** *** ** ** * ** ** *, L'urine est généralement stérile; la présence <strong>de</strong> germes pathogènes s'explique soit par unepollution d'origine fécale, soit par l'infection <strong>de</strong> l'hôte, principalement par Salmonella typhi,Schistosoma haematobium ou Leptospira.b Tiré <strong>de</strong> Cheesebrough (1984), Sridhar et al. (1981) et <strong>de</strong> Feachem et al. (1983).Souvent, l'amélioration <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> s'inscrit dans un ensembled'activités <strong>de</strong> développement plus larges au sein <strong>de</strong> la collectivité,et, même indépendamment <strong>de</strong> l'amélioration <strong>de</strong> la distribution d'eau,elle s'accompagne en général d'autres facteurs qui influent sur lasanté comme l'apprentissage <strong>de</strong> l'hygiène et l'éducation sanitaire en10


CHAPITRE 2. ASSAINISSEMENT ET TRANSMISSION DES MALADIESgénéral (Blum & Feachem, 1983). Il n'est d'ailleurs pas facile <strong>de</strong>repérer ou d'évaluer l'effet que peuvent avoir <strong>de</strong>s facteurs comme,par exemple, le fait <strong>de</strong> se laver les mains ou un changement d'attitu<strong>de</strong>vis-à-vis <strong>de</strong>s déjections <strong>de</strong>s enfants.Le Tableau 2.2 donne <strong>de</strong>s précisions sur la mortalité juvénoinfantile(notamment par suite <strong>de</strong> diarrhée), l'espérance <strong>de</strong> vie à lanaissance et le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> pauvreté dans les zones urbaines et rurales·d'un certain nombre <strong>de</strong> pays. En général, on voit d'après ces donnéesqu'il y a une interaction entre la pauvreté et la malnutrition d'unepart et la santé <strong>de</strong>s enfants d'autre part. En outre, cette relation peutdépendre du niveau d'hygiène générale dans l'environnement <strong>de</strong> l'enfant.Par exemple, l'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s maladies diarrhéiques chez l'enfantest liée à la médiocrité <strong>de</strong> l'hygiène <strong>individuel</strong>le et <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>ainsi qu'à une moindre résistance à la maladie du fait <strong>de</strong> la malnutrition.La diarrhée entraîne une perte <strong>de</strong> poids qui, normalement, estpassagère chez l'enfant bien nourri mais qui peut se prolonger en cas<strong>de</strong> malnutrition. Des infections à répétition peuvent accroître la malnutritionqui à son tour fragilise l'enfant et le prédispose à une nouvelleinfection et ainsi <strong>de</strong> suite: on peut parler alors <strong>de</strong> cycle diarrhéemalnutrition.Tableau 2.2 Indicateurs sanitaires aPaysMortalité infantile Mortalité juvénile Espérance <strong>de</strong> vie Populationpour 1000 naissances pour 1000 à la naissance en-<strong>de</strong>ssousvivantes (1 à 5 ans) (en années) du seuil <strong>de</strong>pauvreté (%)1983 1985 1983 1985 milieu milieuurbain ruralBangla<strong>de</strong>sh 130 121 205 48 54 86 86Equateur 70 45 95 63 64 30 65Finlan<strong>de</strong> 6 6 8 73 75Haïti 130 125 190 53 54 55 78In<strong>de</strong> 110 114 165 53 54 40 51Malaisie 30 17 41 67 70 13 38Népal 140 140 215 46 52 55 61Papouasie-Nouvelle Guinée 75 72 105 53 50 10 75Paraguay 45 30 65 65 65 19 50Philippines 50 57 85 65 63 32 41Royaume-Uni 10 12 12 74 73Sierra Leone 180 225 310 34 47 65Thaïlan<strong>de</strong> 48 12 60 63 63 15 34Trinité et Tobago 24 19 28 70 67 39aTiré <strong>de</strong> UNICEF (1986) et OMS (1987c)11


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEMaladies non transmissiblesOutre la teneur en germes pathogènes, il faut aussi tenir compte <strong>de</strong> lacomposition <strong>de</strong>s eaux usées en raison <strong>de</strong>s effets qu'elle peut avoir surles récoltes ou les consommateurs. Il y a davantage <strong>de</strong> substances àsurveiller (par exemple les métaux lourds, les composés organiques,les détergents, etc.) dans les zones industrielles urbanisées qu'enmilieu rural. Toutefois, la teneur en nitrates est importante danstoutes les régions car en cas d'accumulation dans les eaux <strong>de</strong> surfaceet les eaux souterraines, ils peuvent avoir <strong>de</strong>s effets sur la santéhumaine (méthémoglobinémie chez les nourrissons), ainsi que surl'équilibre écologique <strong>de</strong>s étendues d'eau où se déversent les eaux <strong>de</strong>ruissellement ou <strong>de</strong>s effluents à forte teneur en nitrates. C'est principalementl'emploi d'engrais chimiques qui est la cause <strong>de</strong> l'augmentationdu taux <strong>de</strong> nitrates dans les eaux, encore qu'un assainissementmédiocre ou une mauvaise utilisation <strong>de</strong>s eaux usées puissent y contribuervoire, dans certains cas exceptionnels, être la cause principale<strong>de</strong>s taux élevés <strong>de</strong> nitrates que l'on constate parfois, en particulierdans les eaux souterraines.Propagation <strong>de</strong>s maladies à partir <strong>de</strong>s excrétaTransmission <strong>de</strong>s maladiesC'est l'homme lui-même qui est le principal réservoir <strong>de</strong> la plupart<strong>de</strong>s maladies qui l'affectent. La transmission <strong>de</strong> maladies véhiculéespar les excréta d'un hôte à un autre (ou à l'hôte lui-même), s'effectuenormalement selon l'une <strong>de</strong>s voies indiquées sur la Figure 2.1Figure 2.1Voies <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s agents pathogènesprésents dans les excrétaAgents pathogènesprésents dans les excréta12


CHAPITRE 2. ASSAINISSEMENT ET TRANSMISSION DES MALADIESUne mauvaise hygiène domestique ou <strong>individuel</strong>le, révélée par <strong>de</strong>svoies <strong>de</strong> transmission qui impliquent les aliments et les mains, peutsouvent compromettre, voire réduire à néant, les avantages que lasanté publique serait à même <strong>de</strong> tirer d'une meilleure élimination <strong>de</strong>sexcréta. Comme le montre la figure, la plupart <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> transmission<strong>de</strong>s maladies liées aux excréta sont les mêmes que pour les maladiesd'origine hydrique, puisqu'elles dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la transmissionoro-fécale (maladies à transmission hydrique et maladies à transmissionpar manque d'ablutions) ou sont liées à la pénétration d'un organismeà travers la peau (maladies à support hydrique avec hôtesaquatiques ou à support tellurique mais sans transmission oro-fécaleou encore maladies transmises par un insecte vecteur qui se reproduitsur les excréta ou dans les eaux sales). Le Tableau 2.3 donne <strong>de</strong>sexemples <strong>de</strong> maladies liées aux excréta ainsi que <strong>de</strong>s détails sur lenombre d'affections et <strong>de</strong> décès annuels.Tableau 2.3 Morbidité et mortalité associées à diverses maladiesliées aux excrétaMaladieMorbiditéMortalité(nombre <strong>de</strong>décès annuels)Populationà risqueMaladies à transmissionhydrique ou parmanque d'eauDiarrhéeau moins 1500 millionsd'épiso<strong>de</strong>s chez lesmoins <strong>de</strong> 5 ans4 millions chezles moins <strong>de</strong>5 ansplus <strong>de</strong>2000 millionspoliomyélitetyphoï<strong>de</strong> et paratyphoï<strong>de</strong>némato<strong>de</strong>s204 000500 000-1 million800-1000 millionsd'infections25 00025 00020 000Maladies à support hydriqueschistosomiase 200 millions plus <strong>de</strong> 200 000 500-600 millionsMaladies à support telluriqueankylostomiase900 millionsd'infections50 000Comme le montre le Tableau 2.3, ce sont les maladies diarrhéiqueset les helminthiases qui sont à l'origine du plus grand nombre <strong>de</strong> casannuels, encore que leur caractère débilitant soit extrêmement variable.Les taux d'infestation et <strong>de</strong> décès sont relativement élevés dans lecas <strong>de</strong> la schistosomiase. L'impact socio-économique <strong>de</strong> ces maladiesne doit ni être négligé ni sous-estimé. Pour illustrer un peumieux notre propos nous examinerons <strong>de</strong> plus près le cas <strong>de</strong> laschistosomiase.13


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASESchistosomiaseLa schistosomiase ou bilharziose se contracte par suite <strong>de</strong> contactsrépétés avec <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface contaminées par <strong>de</strong>s excrétahumains (urines et matières fécales) contenant <strong>de</strong>s schistosomes(OMS, 1985). Les contacts peuvent avoir lieu lors d'activités agricoles,aquicoles ou durant les loisirs (natation par exemple), en tirant<strong>de</strong> l'eau, ou encore lors <strong>de</strong> la lessive ou <strong>de</strong> la toilette. Parmi toutes lesmaladies parasitaires, le schistosomiase vient au <strong>de</strong>uxième rang,immédiatement après le paludisme, sur le plan socio-économique etdu point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la santé publique dans les zones tropicales et subtropicales.En 1990, la schistosomiase existait à l'état endémique dans 76 paysen développement. On estimait alors que plus <strong>de</strong> 200 millions <strong>de</strong> personnesvivant en milieu rural et dans les zones agricoles étaientinfestées, 500 à 600 millions d'autres étant exposées au risque, pour<strong>de</strong>s raisons tenant à la pauvreté, à l'ignorance, à une hygiène insuffisanteou encore à un logement insalubre avec peu ou pas d'installationssanitaires.Tout comme les personnes présentant <strong>de</strong>s symptômes évi<strong>de</strong>nts,celles qui ne sont que légèrement infestées sont faibles et léthargiquesavec une capacité <strong>de</strong> travail et une productivité réduites.Comme le montre la Figure 2.2, le parasite se développe dans l'organisme<strong>de</strong> gastéropo<strong>de</strong>s qui en sont les hôtes intermédiaires. Laforme libre du parasite (cercaire) pénètre dans la peau humaine et lamaladie apparaît dès que l'infestation est suffisamment intense.L'assainissement <strong>de</strong>vrait permettre <strong>de</strong> faire baisser considérablementl'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> maladies telle que la schistosomiase. Toutefois dans ceFigure 2.2 Le cycle <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> la schistosomiaseLes larves se transforment envers parasites adultesLe sujet contaminé libère lesœufs dans ses urines ouses matières fécalesLes œufs donnentnaissance aux larvesInfestation <strong>de</strong>s gastéropo<strong>de</strong>set multiplication <strong>de</strong>s larvesLes larvespénètrent dans lapeau et infestentl'hommeLes larves quittent lesgastéropo<strong>de</strong>s et nagentdans l'eau14


CHAPITRE 2. ASSAINISSEMENT ET TRANSMISSION DES MALADIEScas particulier, comme dans bien d'autres d'ailleurs, <strong>de</strong>s mesures complémentairescomme par exemple la fourniture d'une eau <strong>de</strong> consommationsaine permet également d'interrompre la transmission enréduisant les contacts avec l'eau contaminée. Une action éducative enmatière sanitaire visant à faire comprendre aux habitants le rôle qu'ilspeuvent jouer dans la transmission et la nécessité d'utiliser <strong>de</strong>slatrines, peut être très profitable aux personnes qui vivent dans lesrégions d'endémie. Comme les jeunes enfants sont souvent trèsinfestés, l'habitu<strong>de</strong> d'utiliser <strong>de</strong>s latrines, prise <strong>de</strong> bonne heure, notammentà l'école, favorisera l'adoption d'une bonne hygiène.Réutilisation <strong>de</strong>s excréta et <strong>de</strong>s eaux usées en agricultureL'assainissement n'est pas toujours le seul facteur à prendre en considérationlorsqu'on cherche à établir une corrélation entre l'élimination<strong>de</strong>s excréta et la transmission <strong>de</strong>s maladies d'une collectivité àl'autre ou à l'intérieur d'une même collectivité. La réutilisation <strong>de</strong>sexcréta (qu'ils soient non traités ou plus ou moins traités) commeengrais, <strong>de</strong> même que celle <strong>de</strong>s eaux usées et notamment <strong>de</strong>s eauxménagères, à diverses fins, mais plus spécialement pour l'irrigation,peut également être à l'origine <strong>de</strong> maladies. Dans nombre <strong>de</strong> pays oùla <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'eau est supérieure à l'offre, l'utilisation d'eaux uséespour l'irrigation <strong>de</strong>s cultures vivrières <strong>de</strong>stinées à l'homme ou auxanimaux peut avoir d'importants effets sur la santé <strong>de</strong> la collectivité.Ce problème revêt une importance particulière dans les régions où lapauvreté du sol et un revenu insuffisant pour acheter <strong>de</strong>s engrais et<strong>de</strong>s conditionneurs <strong>de</strong> sol incitent à utiliser <strong>de</strong>s excréta humains etanimaux pour amen<strong>de</strong>r et fertiliser le sol. Les dangers que comportentces pratiques dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> plusieurs paramètres, notamment:le <strong>de</strong>gré (ou l'absence) <strong>de</strong> traitement avant réutilisation;le type <strong>de</strong> culture;la métho<strong>de</strong> d'irrigation;l'ampleur <strong>de</strong> la réutilisation;l'inci<strong>de</strong>nce et le type <strong>de</strong>s maladies dans le secteur;l'état <strong>de</strong> l'air, du sol et <strong>de</strong>s eaux.Ce sont tous ces facteurs, à côté d'autres pratiques agricoles, quiconditionnent la situation <strong>de</strong>s groupes les plus exposés à l'infection.En cas <strong>de</strong> réutilisation <strong>de</strong>s eaux usées et <strong>de</strong>s excréta, ce sont leshelminthiases et en particulier l'ankylostomiase, l'ascaridiase et la trichocéphalosedont l'inci<strong>de</strong>nce risque le plus d'augmenter; dans certainescirconstances, les infections schistosomiennes peuvent égalementêtre en augmentation sensible. L'impact sur les infections bactériennes,comme le choléra et la diarrhée est beaucoup moindre, lesinfections virales étant les moins tributaires <strong>de</strong> ces pratiques (Mara &Cairncross, 1989; OMS, 1989).15


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASECaractéristiques épidémologiques <strong>de</strong>s germes pathogènesSurvie <strong>de</strong>s germesOn trouvera au Tableau 2.4 la durée <strong>de</strong> survie et d'autres caractéristiquesépidémiologiques <strong>de</strong>s micro-organismes dans différentsmilieux; il faut noter que ces durées sont approximatives et dépen<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> facteurs locaux tels que le climat et le nombre (concentration)ainsi que l'espèce <strong>de</strong>s micro-organismes.Infectivité et latence <strong>de</strong>s germes pathogènesOutre la durée <strong>de</strong> survie d'un agent infectieux, c'est-à-dire sa persistancedans le milieu, il est bon <strong>de</strong> connaître son infectivité et salatence. L'inci<strong>de</strong>nce d'une maladie peut être élevée alors même quele germe pathogène responsable ne conserve sa virulence que peu <strong>de</strong>temps après l'excrétion. Cela peut s'expliquer par le fait que le microorganismeest infectieux à faible dose comme c'est le cas par exemplepour les kystes <strong>de</strong> protozoaires. La durée <strong>de</strong> latence d'un microorganisme,c'est-à-dire la pério<strong>de</strong> qui s'écoule entre le moment où ilquitte son hôte et où il <strong>de</strong>vient infectieux, peut varier <strong>de</strong> zéro dans lecas <strong>de</strong> certaines bactéries à plusieurs semaines pour les œufsd'helminthes. Par exemple les œufs <strong>de</strong> schistosomes ont une pério<strong>de</strong><strong>de</strong> latence <strong>de</strong> plusieurs semaines au cours <strong>de</strong> laquelle ils se développentdans leur hôte intermédiaire pour donner <strong>de</strong>s cercaires infestantesqui nagent librement (Figure 2.2); toutefois les œufs et lesTableau 2.4 Caractéristiques épidémiologiques <strong>de</strong>s agentspathogènes excrétés'AgentpathogènePério<strong>de</strong> <strong>de</strong>latence0150. Durée <strong>de</strong> survie dansles eaux usées le sol les culturesBactérieso >10 4 <strong>de</strong> quelques jours à 3 moisVibrio choleraeColiformes fécauxVirusEntérovirus'000010 8- 10 9inconnue100- 1 mois- 3 moisplusieurs mois- 3 mois< 3 semaines< 2 moisplusieurs mois< 3 moisProtozoaires (kystes)Entamoeba sppHelminthiases dAncylostoma sppAscaris sppDouves'oovariable1 semaine10 jours6-8 semainesa Sources: Feachem et al (1983); OMS (1987a)10-10010-1001-1001quelques-unsquelques-unes25 joursplusieurs mois3 mois- 1 anaussi longtempsque l'hôte'< 5 jours< 1 mois1 à 2 mois< 2 moisquelques jours à quelques semaines< 3 semaines < 10 joursplusieurs mois plusieurs mois< 3 mois < 1 mois<strong>de</strong>s mois< 3 moisquelques heures' quelques heures'b La 01 50est le nombre <strong>de</strong> micro-organismes nécessaire pour faire apparaître <strong>de</strong>s symptômes chez 50% <strong>de</strong>s sujets.C y compris les cocksakievirus, les échovirus et le poliovirus.d Ceufs ou 1 arves/certaires.e Sauf Fasciofa hepatica mais y compris Schistosoma spp.'Hors <strong>de</strong> son hôte aquatique, l'agent pathogène ne survit que quelques heures. Chez son hôte, la durée <strong>de</strong> survie est égale à celle<strong>de</strong> l'hôte16


CHAPITRE 2. ASSAINISSEMENT ET TRANSMISSION DES MALADIEScercaires ne survivent que quelques heures si elles ne peuvent pénétrerdans un nouvel hôte (hôte intermédiaire ou hôte humain). Enrevanche, les œufs d'ascaris peuvent <strong>de</strong>venir infectieux dans les dixjours qui suivent l'excrétion (pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> latence) mais il leur arrive <strong>de</strong><strong>de</strong>meurer dans le sol pendant au moins une année tout en conservantleur pouvoir infestant (persistance).Lutte contre les maladies liées aux excrétaIl est possible <strong>de</strong> lutter contre les maladies liées aux excreta, voire <strong>de</strong>les éradiquer, en interrompant la transmission en un ou plusieurspoints. L'assainissement est l'un <strong>de</strong>s moyens d'interrompre la transmission.Par exemple les latrines utilisant <strong>de</strong>s siphons permettent <strong>de</strong>réduire le nombre <strong>de</strong> gîtes larvaires <strong>de</strong>s culicinés qui sont les vecteurs<strong>de</strong> la filariose; le traitement <strong>de</strong>s excréta avant leur rejet permet <strong>de</strong>tuer les œufs et les kystes d'un grand nombre <strong>de</strong> parasites <strong>de</strong> l'homme(Ascaris, Entamoeba, et Schistosoma spp), évitant ainsi la contaminationdu sol et <strong>de</strong> l'eau.Relation entre la santé et la métho<strong>de</strong> d'éliminationTechniquement, l'objectif <strong>de</strong> l'élimination hygiénique <strong>de</strong>s excréta estd'isoler les matières fécales afin que les agents infectieux ne puissentpas parvenir jusqu'à un nouvel hôte. La métho<strong>de</strong> retenue pour telleou telle zone ou région dépend <strong>de</strong> nombreux facteurs et notamment<strong>de</strong>s conditions géologiques et hydrogéologiques locales, <strong>de</strong>s mœurs et<strong>de</strong>s préférences <strong>de</strong>s différentes collectivités, <strong>de</strong>s matières premièresdisponibles localement et du coût (à court terme et à long terme).Il faut également se préoccuper <strong>de</strong> savoir quelles sont les maladiesendémiques dans la zone en question. La survie <strong>de</strong>s germespathogènes endémiques (œufs, kystes, agents infectieux) ainsi que la<strong>de</strong>stination et la réutilisation éventuelle <strong>de</strong>s différents produits <strong>de</strong>l'élimination ou du traitement <strong>de</strong>s eaux usées peuvent avoir <strong>de</strong>s effetstrès importants sur l'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s maladies dans le secteur en cause,voire dans les secteurs voisins.Lors <strong>de</strong> la planification <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> développement visant àaméliorer <strong>l'assainissement</strong>, il faudra voir quels sont les sites où lesconséquences <strong>de</strong> ces projets peuvent être négatives bu au contrairepositives pour la santé, en prenant en considération l'ensemble <strong>de</strong>sparamètres susmentionnés. Ces projets pourront ainsi avoir le maximumd'impact sur l'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s maladies liées aux excréta et auxeaux usées.17


CHAPITRE 3Considérations socio-culturellesLa mise en place <strong>de</strong> systèmes <strong>individuel</strong>s d'assainissement va beaucoupplus loin que la simple mise en œuvre d'une technique déterminée- il s'agit d'une intervention qui entraîne <strong>de</strong>s changementstrès importants sur le plan social. Pour que les améliorations proposéesen matière d'assainissement soient largement acceptées enmilieu rural ou urbain, il faut que lors <strong>de</strong> la planification et <strong>de</strong> la miseen œuvre <strong>de</strong>s projets, un certain nombre <strong>de</strong> facteurs socio-culturelssoient dûment pris en compte. Cela implique la connaissance du fonctionnement<strong>de</strong>s sociétés, et en particulier <strong>de</strong>s collectivités et <strong>de</strong>sménages qui la composent, ainsi que <strong>de</strong>s facteurs susceptibles <strong>de</strong>favoriser le changement.La structure socialeIl faudra examiner les institutions à caractère politique, économiqueet social qui interviennent au niveau national ou local, qu'il s'agisse<strong>de</strong>s pouvoirs publics, <strong>de</strong> l'administration, <strong>de</strong>s congrégations, <strong>de</strong>s établissementsscolaires primaires et secondaires, <strong>de</strong>s familles ainsi que<strong>de</strong>s diverses formes <strong>de</strong> pouvoir et d'autorité généralement admisespar la majorité <strong>de</strong> la population. Il importe également <strong>de</strong> déterminerquels sont les rôles et les comportements <strong>de</strong>s individus et <strong>de</strong>s groupessociaux et d'i<strong>de</strong>ntifier ceux qui ont traditionnellement la charge <strong>de</strong>l'approvisionnement en eau, <strong>de</strong> l'hygiène du milieu ou encore quisont à l'origine <strong>de</strong>s pratiques d'hygiène dans la famille et notamment<strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s défécatoires <strong>de</strong>s enfants, etc.Croyances et pratiques d'ordre culturelL'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s groupes et <strong>de</strong>s collectivités, le rôle respectif <strong>de</strong>shommes et <strong>de</strong>s femmes, l'importance relative attachée aux différentesformes d'autorité et la manière dont elles s'exercent sont autant <strong>de</strong>facteurs qui sont sous la dépendance <strong>de</strong> la culture, c'est-à-dire <strong>de</strong> toutce que les sociétés humaines se transmettent: le langage, les lois, lescoutumes, les croyances et les normes morales. La culture conditionnele comportement humain selon <strong>de</strong>s modalités très diverses et,notamment, elle définit le statut attaché aux différents rôles joués parles individus et détermine quels comportements <strong>individuel</strong>s et sociauxsont jugés acceptables. Dans nombre <strong>de</strong> contextes culturels, parexemple, ce sont les personne âgées qui traditionnellement exercentautorité et influence à l'intérieur <strong>de</strong> la famille et <strong>de</strong> la collectivité.En ce qui concerne les comportements dans le domaine <strong>de</strong> l'hygiène,la défécation est considérée comme une question intime quel'on répugne à abor<strong>de</strong>r ouvertement et l'enfouissement <strong>de</strong>s matièresfécales est largement pratiqué comme moyen <strong>de</strong> chasser les mauvais19


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEConclusionIl est préférable <strong>de</strong> chercher à voir s'il existe une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour unmeilleur assainissement que <strong>de</strong> proposer directement <strong>de</strong>s techniquesjugées valables pour la collectivité. Il faut pour cela que s'instaureentre les fournisseurs et les usagers une coopération qui passe par ledialogue et l'échange d'informations. En ce qui concerne l'acceptationou le rejet d'une nouvelle technologie, ce sont les usagers qui ontle <strong>de</strong>rnier mot. Ce sont eux qui peuvent assurer le succès d'un projetcar la valeur d'un investissement n'est pas seulement conditionnéepar le soutien que lui apporte la collectivité, elle dépend plus précisémentdu consentement <strong>de</strong>s ménages et <strong>de</strong>s particuliers. Il faut que ces<strong>de</strong>rniers soient convaincus que les avantages d'un meilleur assainissementobtenu grâce à une technologie nouvelle, en compensent plusque largement le coût. De même, c'est au fournisseur à apprécierdans quel contexte et sous quelles contraintes d'ordre social se prennentles décisions <strong>individuel</strong>les. Il lui faut apprendre <strong>de</strong> la collectivitéen cause en quoi une amélioration <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> risque d'entraînerune réaction négative et, également, quels peuvent être lesaspects positifs <strong>de</strong>s valeurs, <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s pratiques communautairesque l'on peut canaliser pour assurer le changement.24


CHAPITRE 4Options techniquesNous abor<strong>de</strong>rons dans ce chapitre différents systèmes d'assainissement,en indiquant brièvement comment ils conviennent à <strong>de</strong>s situationsparticulières, les contraintes que leur usage impose et leursinconvénients. On examine ici la totalité <strong>de</strong>s options, y compris lessystèmes collectifs ainsi que certains qui sont déconseillés à cause <strong>de</strong>leur danger pour la santé et aussi à cause d'autres inconvénients.Chaque communauté <strong>de</strong>vra choisir l'option la plus commo<strong>de</strong> et laplus facile à réaliser qui soit capable <strong>de</strong> fournir la protection sanitairenécessaire. Le choix <strong>de</strong> la formule la plus appropriée implique uneanalyse complète <strong>de</strong> tous les facteurs et notamment le prix, l'acceptabilitéculturelle, la simplicité <strong>de</strong> conception, <strong>de</strong> construction, d'utilisationet d'entretien, ainsi que la disponibilité locale <strong>de</strong> matériaux et<strong>de</strong> main d'œuvre qualifiée. On trouvera dans la partie II <strong>de</strong>s détailscomplémentaires sur la conception, la construction et l'entretien <strong>de</strong>ces systèmes.Défécation à l'air libreQuand il n'y a pas <strong>de</strong> latrines, les gens s'installent à l'air libre. Ce peutêtre soit n'importe où, soit dans <strong>de</strong>s endroits réservés à cet usage etacceptés en général par la communauté, comme un terrain réservé àla défécation ou un tas <strong>de</strong> déchets ou <strong>de</strong> fumier, ou encore sous <strong>de</strong>sarbres. La défécation en plein air attire les mouches, qui répan<strong>de</strong>ntles maladies d'origine fécale. Dans les terrains humi<strong>de</strong>s, les larves <strong>de</strong>svers intestinaux se développent et, <strong>de</strong> même que les excréments, ellespeuvent être transportées par l'homme ou les animaux. L'eau quiruisselle <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> défécation entraîne une pollution <strong>de</strong>s eauxréceptrices. En raison du risque pour la santé et aussi <strong>de</strong> la dégradation<strong>de</strong> l'environnement qu'entraîne cette pratique, on ne doit pastolérer la défécation à l'air libre dans les villages et autres agglomérations.Il existe <strong>de</strong> meilleures formules qui assurent le confinement <strong>de</strong>sexcréta et permettent <strong>de</strong> rompre le cycle <strong>de</strong> réinfection par les agentspathogènes d'origine fécale.FeuilléesIl arrive que les gens qui travaillent aux champs creusent un petit troupour faire leurs besoins et le recouvrent ensuite avec les déblais. C'estce qu'on appelle quelquefois «la métho<strong>de</strong> du chat». Des feuillées <strong>de</strong>300 mm <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur peuvent servir pour plusieurs semaines. La25


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEterre excavée est mise en tas près <strong>de</strong> la fosse et on en utilise un peuaprès chaque usage. La décomposition est ici rapi<strong>de</strong> à cause <strong>de</strong> laforte population bactérienne <strong>de</strong> la terre végétale, mais les mouchess 'y reproduisent en grand nombre et lorsque les excréments sontenterrés à moins d'un mètre <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, les larves peuvent remonteret pénétrer ensuite dans la plante <strong>de</strong>s pieds <strong>de</strong>s utilisateurssuivants.AvantagesInconvénientsNe coûte rienProfitable en tant qu'engraisNuisance considérablePropagation <strong>de</strong>s larves d'ankylostomesLatrine à simple fosseC'est une simple planche ou dalle posée en travers d'une fosse <strong>de</strong> 2 mou plus <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur. Soli<strong>de</strong>ment soutenue tout le tour, elle doits'appuyer sur un rebord suffisant pour que l'eau <strong>de</strong> surface ne rentrepas dans la fosse. Si les parois <strong>de</strong> la fosse risquent <strong>de</strong> s'ébouler, il fautun revêtement <strong>de</strong> protection. Les excréments tombent directementdans la fosse par un simple trou à la turque ou un siège percé.AvantagesInconvénientsLJNe coûte presque rienRéalisable par l'usagerN'a pas besoin d'eau pour fonctionnerFacile à comprendreNuisance considérable à cause<strong>de</strong>s mouches (et <strong>de</strong>s moustiquessi la fosse est humi<strong>de</strong>), à moinsd'installer un couvercle ajusté surle trou <strong>de</strong> la planche ou <strong>de</strong> la dallequand on n'utilise pas la latrine.Latrine à trou foréOn peut utiliser comme latrine un puits foré avec une tarière,manuellement ou à la machine. Le diamètre est souvent <strong>de</strong> 400 mm,avec une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 6 à 8 m." '1'1"'1lJAvantagesLe travail est rapi<strong>de</strong> si on disposed'un équipement <strong>de</strong> forage.Convient à Un usage <strong>de</strong> durée limitée,par exemple, après une catastrophe.InconvénientsSouillure possible <strong>de</strong>s paroisavec, comme conséquence, laprolifération <strong>de</strong>s mouches.Durée <strong>de</strong> vie limitée à cause <strong>de</strong> lafaible section.Risque plus important <strong>de</strong> pollution<strong>de</strong> la nappe phréatique par suite<strong>de</strong> la profon<strong>de</strong>ur du trou.26


CHAPITRE 4. OPTIONS TECHNIQUESLatrine à fosse ventiléeOn peut réduire considérablement la prolifération <strong>de</strong>s mouches et leso<strong>de</strong>urs si la fosse est ventilée au moyen d'un tuyau débouchant au<strong>de</strong>ssusdu toit, avec une grille anti-mouches au sommet. L'intérieur <strong>de</strong>la cabane doit rester sombre. Ce type <strong>de</strong> latrine est connu sous le nom<strong>de</strong> latrine à fosse autoventilée ou encore <strong>de</strong> latrine à aérationaméliorée (LAA).AvantagesBon marchéRéalisable par l'usagerN'a pas besoin d'eau pourfonctionnerFacile à comprendreN'attire pas les mouchesPas d'o<strong>de</strong>urs dans la cabaneInconvénientsN'est pas antimoustiqueSupplément <strong>de</strong> prix pourle tuyau <strong>de</strong> ventilationObscurité indispensable àl'intérieur.Latrine à chasse d1eauOn peut installer sur la latrine un siphon, qui constitue un joint d'étanchéité,et dont on chasse les excréments par une quantité d'eausuffisante pour expulser les soli<strong>de</strong>s dans la fosse et rétablir le niveaudu siphon. Ce siphon empêche les mouches, les moustiques et leso<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> remonter <strong>de</strong> la fosse à la latrine. La fosse peut être décalée<strong>de</strong> la cuvette au moyen d'un bout <strong>de</strong> tuyau ou d'une rigole couvertequi les relie l'une à l'autre. La cuvette d'une latrine à chasse d'eau estposée sur le sol et elle peut être installée dans une cabane.AvantagesBon marchéEloigne mouches et moustiquesAbsence d'o<strong>de</strong>ur dans la latrineContenu <strong>de</strong> la fosse invisibleDonne aux utilisateurs lacommodité d'un WCInconvénientsNécessite une bonne sourced'eau (même en quantité limitée)Inutilisable lorsqu'on se sert <strong>de</strong>produits soli<strong>de</strong>s pour lenettoyage analPeut être améliorée par un raccor<strong>de</strong>mentau réseau d'égouts le moment venuSystème décaléLa cuvette repose sur le solLa latrine peut être abritéepar une cabane2731


PARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEPARTIE 1. PRATIQUE DE L'ASSAINISSEMENT - PRINCIPES DE BASEAvantagesL'utilisateur n'est pas concerné parce qui arrive après qu'il a tiré lachasse d'eauPas <strong>de</strong> nuisance au voisinage dulogementLes effluents traités peuvent servir àl'irrigationInconvénientsConstruction très coûteuseIl faut une infrastructure efficace pourla construction, l'utilisation et l'entretien.On a besoin d'une <strong>de</strong>sserte en eaufiable et abondante (on recomman<strong>de</strong>701 par jour et par personne)Si l'évacuation se fait dans un coursd'eau, il faut un traitement adéquatpour éviter la pollution.On a expérimenté <strong>de</strong>s égouts d'un diamètre inférieur à l'usagecourant (égouts à faible section), construits à faible profon<strong>de</strong>ur etaussi à faible déclivité. La plupart <strong>de</strong> ces systèmes exigent au niveau<strong>de</strong> chaque immeuble une fosse <strong>de</strong> décantation pour retenir les élémentssoli<strong>de</strong>s, fosse qui <strong>de</strong>vra être vidangée <strong>de</strong> temps à autre.Certains <strong>de</strong> ces systèmes semblent convenir à <strong>l'assainissement</strong> d'unnombre important d'immeubles à forte <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> logements.32


PARTIE IIDétails <strong>de</strong> la conception,<strong>de</strong> la construction,<strong>de</strong> l'exploitationet <strong>de</strong> l'entretien


CHAPITRE 5Aspects techniques <strong>de</strong> lIévacuation<strong>de</strong>s excrétaDéjections d'origine humaineVolume <strong>de</strong>s déjections fraîches d'origine humaineLa quantité d'excréments et d'urine rejetée quotidiennement par unindividu varie considérablement selon la consommation d'eau, le climat,le régime alimentaire et l'activité professionnelle. Pour obtenirune détermination précise en un lieu donné, il faut une mesuredirecte. Dans le Tableau 5.1 on trouve quelques quantités moyennes<strong>de</strong> fèces excrétées par <strong>de</strong>s adultes (en grammes par personne et parjour).Même dans les groupes relativement homogènes, il peut y avoird'importantes variations dans les quantités d'excréments produits.Par exemple, Egbunwe (1980) donne 500 à 900 g <strong>de</strong> fèces par individuet par jour au Nigéria oriental. En général, les adultes actifs qui ontun régime alimentaire riche en fibres et vivent en zone rurale ont <strong>de</strong>smatières plus abondantes que les enfants ou les adultes d'un certainâge qui vivent en zone urbaine et consomment une nourriture pauvreen fibres. Selon Shaw (1962) et Pradt (1971) la quantité totale d'excrétaest d'environ 1 litre par personne et par jour.La quantité d'urine dépend beaucoup <strong>de</strong> la température et <strong>de</strong> l'humidité,et oscille en moyenne <strong>de</strong> 0,6 à 1,1 litre par jour et par personne.En l'absence <strong>de</strong> données locales, on peut considérer que les chiffresci-<strong>de</strong>ssous constituent une moyenne raisonnable:régime riche en protéines en climat tempéré : fèces 120g, urine1,2 litre par personne et par jourrégime végétarien en climat tropical : fèces 400 g par personnepar jour, urine 1,01 litre par personne et par jour.Tableau 5.1 Quantité <strong>de</strong> fèces humi<strong>de</strong>s par adulte (en grammespar personne et par jour)LieuChine (hommes)In<strong>de</strong>In<strong>de</strong>Pérou (paysans indiens)Ouganda (villageois)Malaisie (ruraux)KenyaQuantité209255311325470477520RéférenceScott (1952)Macdonald (1952)Tandon &Tandon (1975)Crofts (1975)Burkitt et al (1974)Balasegaram & Burkitt (1976)Cranston & Burkitt (1975)35


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENDécomposition <strong>de</strong>s fèces et <strong>de</strong>s urinesDès que les excréta sont déposés, ils commencent à se décomposer etsont finalement transformés en un produit stable, sans mauvaiseo<strong>de</strong>ur et contenant <strong>de</strong>s nutriments végétaux intéressants. La décompositioncomporte les processus suivants:• Les composés organiques complexes, comme les protéines etl'urée, sont dégradés en formes plus simples et plus stables.• Il se forme <strong>de</strong>s gaz, comme l'ammoniac, le méthane, le gaz carboniqueet l'azote, qui se dissipent dans l'atmosphère.• Il Y a production <strong>de</strong> substances solubles qui, dans certaines circonstances,sont entraînées dans le sol, sous-jacent ou environnant,ouemportées par une chasse ou par les eaux souterraines.• Les bactéries pathogènes sont détruites car elles ne peuvent survivredans l'environnement créé par la décomposition.La décomposition est essentiellement due à <strong>de</strong>s bactéries, même si<strong>de</strong>s champignons ou d'autres organismes peuvent aussi y contribuer.L'activité bactérienne peut être soit aérobie, c'est-à-dire s'exercer enprésence d'air ou d'oxygène libre (par exemple à la suite d'une défécationavec miction sur le sol) ou anaérobie, c'est-à-dire dans un environnementsans air ni oxygène libre (par exemple, dans une fosse septiqueou au fond d'une fosse d'aisances). Il y a <strong>de</strong>s cas où <strong>de</strong>s phasesaérobies ou anaérobies se succè<strong>de</strong>nt tour à tour. Quand les bactériesaérobies ont consommé tout l'oxygène, <strong>de</strong>s bactéries aérobies etanaérobies facultatives prennent la relève, jusqu'à l'entrée en scènefinale <strong>de</strong>s micro-organismes anaérobies.Les bactéries pathogènes peuvent être détruites car la températureet l'humidité du matériau en cours <strong>de</strong> décomposition créent <strong>de</strong>s conditionshostiles. Ainsi, lors <strong>de</strong> la décomposition d'un mélange <strong>de</strong> fèceset <strong>de</strong> déchets végétaux dans <strong>de</strong>s conditions totalement aérobies, latempérature peut s'élever jusqu'à 70 oC, ce qui est trop élevé pour lasurvie <strong>de</strong>s micro-organismes intestinaux. Les bactéries pathogènespeuvent également être attaquées par <strong>de</strong>s bactéries ou <strong>de</strong>s protozoairesprédateurs, ou se trouver en compétition défavorable lorsqueles nutriments sont en quantité limitée.Volume <strong>de</strong>s déjections décomposéesA mesure que les excréta se décomposent, leur volume et leur massediminuent pour les raisons suivantes:l'évaporation <strong>de</strong> l'humiditéla production <strong>de</strong> gaz qui, généralement, se dissipent dans l'atmosphèrele lessivage <strong>de</strong>s substances solublesle transport <strong>de</strong>s substances insolubles par les liqui<strong>de</strong>s environnantsle tassement au fond <strong>de</strong>s fosses et <strong>de</strong>s réservoirs sous le poids <strong>de</strong>ssoli<strong>de</strong>s et liqui<strong>de</strong>s qui viennent se superposer.36


CHAPITRE 5. ASPECTS TECHNIQUES DE L'ÉVACUATION DES EXCRÉTAFig. 5.1. Taux d'accumulation du dépôt et <strong>de</strong> l'écume dans 205fosses septiques aux Etats-Unis (<strong>de</strong> Weibel et al., 1949)300Q)~- Q)


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L:EXPLOITATION ET DE L:ENTRETIENFig. 5.4. Réduction <strong>de</strong> la pollution d'une latrine à fosse par unebarrière <strong>de</strong> sableCouche imperméable <strong>de</strong> solcompacté, d'argile ou <strong>de</strong> bétonSuperstructure d'une


CHAPITRE 5. ASPECTS TECHNIQUES DE L'ÉVACUATION DES EXCRÉTAques sont efficaces à cet égard, mais risquent <strong>de</strong> contaminer l'eausouterraine. On peut utiliser à leur place <strong>de</strong> petites balles <strong>de</strong> matièreplastique qui flottent à la surface et constituent une couverturemécanique. Heureusement, <strong>de</strong> nombreuses latrines ne présentent unesurface libre que pendant très peu <strong>de</strong> temps, immédiatement aprèsla mise en route ou la vidange car, ensuite, il se forme une couched'écume qui empêche la reproduction <strong>de</strong>s moustiques.Mouches domestiques et mouches à vian<strong>de</strong>Ce sont <strong>de</strong>s mouches <strong>de</strong> taille moyenne à gran<strong>de</strong>, qui sont attirées parla nourriture et les excréments humains ainsi que par les détritus. Ontrouve les trois sta<strong>de</strong>s larvaires dans les excréta et les mélanges d'excrétaet <strong>de</strong> matières végétales en décomposition. Un matériau consistant,humi<strong>de</strong>, en cours <strong>de</strong> fermentation, est le mieux adapté à lareproduction <strong>de</strong> la mouche domestique, alors que la larve <strong>de</strong> la moucheà vian<strong>de</strong> préfère <strong>de</strong>s fèces plus liqui<strong>de</strong>s et peut d'ailleurs liquéfier <strong>de</strong>gran<strong>de</strong>s quantités <strong>de</strong> matières fécales (Feachem et al., 1983). Leslatrines à fosse ouverte sont un lieu idéal pour la reproduction <strong>de</strong>smouches.Les mouches utilisent la vue et l'odorat pour trouver leur nourriture.Il est donc important, lorsqu'on étudie une latrine, <strong>de</strong> prévoir unlieu obscur pour les excréta et <strong>de</strong>s grilles <strong>de</strong> protection sur tous lesorifices <strong>de</strong> ventilation.BlattesLes blattes sont attirées vers les latrines par l'humidité et les matièresorganiques; elles sont susceptibles <strong>de</strong> propager <strong>de</strong>s maladies par lesmicro-organismes pathogènes qu'elles transportent. Si elles trouventsur place la nourriture dont elles ont besoin, elles resteront où ellessont. Il faut donc installer les latrines aussi loin que possible <strong>de</strong>s lieuxoù on conserve la nourriture pour empêcher les blattes d'aller d'unendroit à l'autre.RatsPour les rats, les excréta sont une source <strong>de</strong> nourriture. S'ils viennentsuccessivement en contact avec <strong>de</strong>s excréta, puis avec <strong>de</strong> la nourriture<strong>de</strong>stinée à l'homme, il y a possibilité <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> maladies.Ainsi, au Népal, il y a eu <strong>de</strong>s problèmes à cause <strong>de</strong> rats qui creusaient<strong>de</strong>s galeries vers les latrines à double fosse en entrant par les ouvertureslaissées dans les parois <strong>de</strong>s fosses. Il y a là non seulement unrisque <strong>de</strong> propagation <strong>de</strong> maladies, mais aussi le fait qu'en fouissant,les rats déposent <strong>de</strong>s volumes considérables <strong>de</strong> terre dans les fosses,qui se comblent alors très rapi<strong>de</strong>ment. Un revêtement complet sur0,5 à 1 m à partir du sommet <strong>de</strong> la fosse <strong>de</strong>vrait empêcher la pénétration<strong>de</strong>s rats.47


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENOn posera la planche ou la dalle percées à 150 mm au-<strong>de</strong>ssus du terrainenvironnant pour détourner l'eau <strong>de</strong> surface. En général, ellerepose directement sur le revêtement intérieur mais, si celui-ci est trèsmince, comme un vieux fût d'huile par exemple, il peut être nécessaired'utiliser une couronne en béton pour répartir la charge sur lerevêtement et le sol environnant (Fig. 6.4)La latrine à simple fosse est la forme la moins chère possible d'assainissement.Une fois construite, elle ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pas d'autre attentionque <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r propre le sol autour <strong>de</strong> la latrine et <strong>de</strong> veiller à ceque le couvercle du trou soit refermé quand on ne l'utilise pas.Malheureusement, la superstructure est souvent infestée <strong>de</strong> moucheset <strong>de</strong> moustiques et très malodorante parce que les usagers ne remettentpas le couvercle en place. On a essayé d'installer <strong>de</strong>s couvercles àfermeture automatique, mais ils ne sont guère appréciés <strong>de</strong>s usagerscar ils portent contre le dos. Si les usagers sont parfois opposés à laconstruction <strong>de</strong> nouvelles latrines <strong>de</strong> ce genre, c'est parce qu'ellesleur rappellent <strong>de</strong>s latrines existantes mal construites.Fig. 6.4. Couronne pour porter la planche à trou lorsque lerevêtement est minceCouronne <strong>de</strong> 50 mm x 75 mmRevêtement dépassant à l'extérieurpour s'accrocher dans le bétonLatrines à fosse ventiléeOn les appelle également latrines à fosse améliorée autoventilée(LAA) (Fig.6.S). On élimine ou diminue les nuisances principales(o<strong>de</strong>ur et mouches) qui entravent l'usage <strong>de</strong>s latrines à simple fosseen prévoyant un tuyau vertical <strong>de</strong> ventilation, l'évent, qui sort par le54


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIENtoit et qu'on munit à son sommet d'un grillage <strong>de</strong> protection(Morgan, 1977). Le vent qui balaie le sommet du tuyau provoque uncourant d'air ascendant entre la fosse et l'atmosphère extérieure et uncourant d'air <strong>de</strong>scendant entre la superstructure et la fosse à traversle trou <strong>de</strong> défécation.Fig.6.5. Latrine améliorée à fosse ventilée (LAA)Grillage contre les mouchesDirection ducourant d'airSuperstructurePlaque <strong>de</strong> couvertureRevêtementCe courant d'air permanent élimine les o<strong>de</strong>urs dues à la décomposition<strong>de</strong>s excréments dans la fosse et décharge les gaz dans l'atmosphèreau sommet <strong>de</strong> l'évent et non dans la cabane. Le courant d'airest plus fort si la porte <strong>de</strong> la cabane est installée face au vent dominant(Mara, 1980). Si on a ménagé une porte, celle-ci <strong>de</strong>vra être toujoursfermée, sauf bien entendu pour entrer ou sortir, afin que l'intérieur<strong>de</strong>meure raisonnablement sombre, mais il faut une ouverture,située normalement au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la porte, pour laisser entrer l'air, etdont la surface soit au moins égale à trois fois la section <strong>de</strong> l'évent.On peut construire la superstructure en spirale (Fig. 6.6), ce quipermet d'éliminer la majeure partie <strong>de</strong> la lumière, qu'il y ait uneporte ou non. Le trou <strong>de</strong> défécation doit rester ouvert pour permettrele libre passage <strong>de</strong> l'air. L'évent doit déboucher à au moins 50 cm au<strong>de</strong>ssusdu toit, sauf si celui-ci est conique, auquel cas le tuyau doitarriver à la hauteur du sommet. Des turbulences <strong>de</strong> l'air dues auxbâtiments environnants, ou d'autres obstructions, peuvent provoquer55


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENarriver à la hauteur du sommet. Des turbulences <strong>de</strong> l'air dues auxbâtiments environnants, ou d'autres obstructions, peuvent provoquerune inversion du courant d'air, d'où mauvaise o<strong>de</strong>ur et mouches dansla cabane. Si la vitesse moyenne du vent est d'environ 2 mis, ce quiest assez courant à la campagne, la vitesse <strong>de</strong> l'air dans l'évent serad'environ 1 mis (Ryan & Mara, 1983). Ce courant d'air peut aussi semanifester à <strong>de</strong>s vitesses <strong>de</strong> vent plus faibles, car le rayonnementsolaire chauffe l'air <strong>de</strong> l'évent et provoque son mouvement ascen-dant. L'évent sera donc placé dans ce cas du côté équatorial <strong>de</strong> lasuperstructure. On pourra aussi le peindre en noir pour augmenterl'absorption <strong>de</strong> chaleur, s'il n'est pas déjà fabriqué dans une matièrenoire.Lorsque l'on compte sur le rayonnement solaire pour la ventilation,on peut quelquefois avoir <strong>de</strong> mauvaises o<strong>de</strong>urs dans la cabane à certainesheures du jour (généralement au petit matin). Cela est dû aufait que l'air extérieur est plus froid que celui qui circule dans l'évent,ce qui peut bloquer la circulation. On ne peut pas faire grand-chosecontre ce phénomène, sauf boucher le trou <strong>de</strong> défécation à la tombée<strong>de</strong> la nuit.Outre qu'il enlève les o<strong>de</strong>urs, l'évent constitue une bonne protectioncontre les mouches s'il est muni d'un grillage. Au Zimbabwe,Morgan (1977) a comparé le nombre <strong>de</strong> mouches sortant du trou <strong>de</strong>défécation d'une latrine LAA avec celui <strong>de</strong>s mouches sortant d'unelatrine à simple fosse. Les résultats sont indiqués au Tableau 6.1.Fig. 6.6. Constructionen spirale <strong>de</strong> lasuperstructureLes mouches sont attirées par l'o<strong>de</strong>ur qui provient <strong>de</strong> l'évent, maisne peuvent entrer à cause du grillage. Quelques mouches arrivent àpénétrer dans la cabane par le trou <strong>de</strong> défécation et pon<strong>de</strong>nt dans lafosse. Les jeunes mouches essaient <strong>de</strong> quitter la fosse en volant vers lalumière. Si la cabane est suffisamment sombre, la source principale <strong>de</strong>lumière se trouve au sommet <strong>de</strong> l'évent, dont le grillage empêche lesmouches <strong>de</strong> sortir; elles retombent finalement dans la fosse où ellescrèvent.Lorsqu'elles sont bien construites et bien entretenues, les latrinesLAA résolvent tous les problèmes <strong>de</strong>s latrines à simple fosse, saufcelui <strong>de</strong>s moustiques. Elles coûtent malheureusement beaucoup pluscher, puisqu'il faut nécessairement un tuyau d'évent et une superstructurecomplète. Comme le trou <strong>de</strong> défécation se trouve juste au<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> la fosse, l'installation accepte tous les moyens <strong>de</strong> nettoyageanal sans risque d'obstruction. L'exploitation normale se réduit àtenir la cabane propre, à veiller à ce que la porte <strong>de</strong>meure bien fermée,à vérifier à l'occasion que le grillage anti-mouches <strong>de</strong> l'éventn'est ni obstrué ni déchiré et à verser une fois par an <strong>de</strong> l'eau dansl'évent pour éliminer les toiles d'araignée.56


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIENTableau 6.1 Comparaison du nombre <strong>de</strong>s mouches sortant du trou <strong>de</strong>défécation d'une latrine à simple fosse et <strong>de</strong> celui d'une latrine LAA"Epoque <strong>de</strong>piégeageNombre <strong>de</strong> mouchespiégées dans lalatrine non ventiléeNombre <strong>de</strong> mouchespiégées dans lalatrine ventilée8 octobre/5 novembre 17235 novembre/3 décembre 57423/24 décembre 6488520121a Source: Morgan, 1977Latrines ventilées à double fosseAlors qu'il est généralement préférable <strong>de</strong> ménager <strong>de</strong>s fosses largeset profon<strong>de</strong>s, cela peut ne pas être possible lorsqu'on trouve durocher ou <strong>de</strong> l'eau à un ou <strong>de</strong>ux mètres <strong>de</strong> la surface du sol. On peutconstruire une variante <strong>de</strong> latrine LAA convenant à une situation <strong>de</strong>ce type en creusant <strong>de</strong>ux fosses côte à côte, mais avec une seulecabane (Fig. 6.7). Ces fosses sont généralement doublées en briquesou en blocs <strong>de</strong> ciment et chacune comporte son propre siège (ou systèmeà la turque).Fig. 6.7. Latrine LAA à double fosseTuyau d'évent avec grillage<strong>de</strong> protectionSiègeTrou pour le tuyaud'évent (fixé sur lafosse en réserve)Une autre solution consiste à avoir <strong>de</strong>ux planches mobiles dont l'une,qui comporte un trou, est posée sur la fosse en cours d'utilisation etl'autre, non trouée, est posée sur la fosse en réserve. Quelle que soit57


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENla solution choisie, un seul trou est utilisé pour la défécation. On peutinstaller <strong>de</strong>ux évents dans la latrine (un pour chaque fosse) mais, engénéral, on n'en a qu'un seul installé sur la fosse en cours d'utilisationet on bouche hermétiquement le trou <strong>de</strong>stiné à l'évent <strong>de</strong> la fosse quin'est pas en service. Comme dans le cas <strong>de</strong>s latrines à simple fosse dutype LAA, on maintiendra la cabane dans la pénombre pour éviterles mouches.ExploitationOn utilise une <strong>de</strong>s fosses jusqu'à environ 0,5 m du bord. On bouchealors le trou <strong>de</strong> défécation et on ouvre celui <strong>de</strong> la <strong>de</strong>uxième fosse. Sinécessaire, on transporte le tuyau d'évent vers cette nouvelle fosse eton bouche le trou correspondant sur la première. Cette fosse est à sontour utilisée jusqu'à 0,5 m du bord. On vidange alors la première eton la remet en service. Les fosses doivent être suffisantes pour durerchacune au moins <strong>de</strong>ux ans; à ce moment là la plupart <strong>de</strong>s germespathogènes <strong>de</strong> la fosse à vidanger auront disparu.On peut considérer comme <strong>de</strong>s installations permanentes leslatrines <strong>de</strong> ce modèle. La capacité utile (0,72 mètre cube pour unefamille <strong>de</strong> six personnes avec une formation <strong>de</strong> boues <strong>de</strong> 60 1 par personneet par an comme indiqué au Chapitre 5) permet <strong>de</strong>s fosses relativementpeu profon<strong>de</strong>s et, <strong>de</strong> ce fait, plus faciles à vidanger. Ces fossesdépassent la surface <strong>de</strong> la cabane sur les côtés ou <strong>de</strong>rrière et sontfermées par <strong>de</strong>s plaques ou <strong>de</strong>s dalles mobiles qui permettent lavidange. Ces <strong>de</strong>rnières doivent être faciles à soulever, mais être hermétiquementfermées pour empêcher les mouches d'entrer ou <strong>de</strong> sortir.La cloison séparant les <strong>de</strong>ux fosses doit être jointoyée et crépie aumortier <strong>de</strong> ciment sur ses <strong>de</strong>ux faces.De même que les latrines LAA à simple fosse, les latrines LAA àdouble fosse ont l'avantage <strong>de</strong> diminuer les nuisances dues auxo<strong>de</strong>urs et aux mouches. En outre, la vidange biennale fournit unengrais précieux (Voir Annexe 1). Les latrines LAA à double fossecoûtent généralement plus cher que celles à simple fosse, mais pastoujours, et elles <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un peu plus <strong>de</strong> travail à l'usager, notammentlorsqu'il faut passer d'une fosse à l'autre. Dans quelquessociétés, on a constaté une certaine résistance à la manipulation <strong>de</strong>sproduits <strong>de</strong> la décomposition, résistance qu'on peut vaincre par l'éducation,avec le temps. Permettre aux gens d'assister à la vidange d'unefosse et d'en manipuler le contenu est l'argument le plus persuasifpour les intéressés.Tous les projets qui comportent la construction <strong>de</strong> latrines à doublefosse doivent prévoir un programme d'assistance prolongée. Il fautnotamment rappeler aux usagers <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> fosse au momentopportun et les y ai<strong>de</strong>r. Cette assistance <strong>de</strong>vrait sans doute êtreassurée pendant au moins <strong>de</strong>ux passages d'une fosse à l'autre pourcouvrir la totalité du cycle.58


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIENLatrines à chasse d'eauLes problèmes posés par les mouches, les moustiques et les o<strong>de</strong>ursdans les latrines à simple fosse peuvent se résoudre simplement et àbon marché par l'installation d'un récipient qui crée un jointhydraulique (siphon) dans le trou <strong>de</strong> défécation (fig. 6.8). On trouveraau Chapitre 7 les détails <strong>de</strong> conception et <strong>de</strong> fabrication <strong>de</strong> cesjoints hydrauliques. On nettoie cette cuvette en y déversant (oumieux, en y jetant) quelques litres d'eau après usage. La quantitéd'eau varie <strong>de</strong> un à quatre litres et dépend surtout <strong>de</strong> la géométrie <strong>de</strong>la cuvette et <strong>de</strong> celle du joint. Les systèmes qui n'exigent que peud'eau ont l'avantage supplémentaire d'atténuer les risques <strong>de</strong> pollution<strong>de</strong> l'eau souterraine. L'eau n'a pas besoin d'être propre: on peututiliser tout simplement <strong>de</strong> l'eau <strong>de</strong> lessive, <strong>de</strong> toilette ou autre,surtout quand on ne dispose pas d'eau propre en gran<strong>de</strong> quantité.Ces latrines conviennent tout particulièrement aux gens quiutilisent <strong>de</strong> l'eau pour leur nettoyage anal et qui s'accroupissent pourdéféquer, mais elles ont aussi du succès dans <strong>de</strong>s pays où on utilised'autres matériaux pour se nettoyer. Il y a toutefois un risque d'obstructionquand on jette <strong>de</strong>s matériaux soli<strong>de</strong>s dans le récipient,comme du papier kraft ou <strong>de</strong>s épis <strong>de</strong> maïs. On déconseille généralementl'usage <strong>de</strong> moyens soli<strong>de</strong>s <strong>de</strong> nettoyage jetés dans un récipienten vue d'une élimination séparée, à moins qu'on ne puisse manipulertrès soigneusement les déchets et stériliser le récipient. L'obstructionFig. 6.8. Latrine à chasse d'eau.......~ .......1 --_1 -r1 1Superstructure _1 1Remblai~yJV: ---............ ..-jIl~~"1 11 1 Dalle munie d'une cuvette à~ joint hydraulique~:--,r ... ;rfuq!j-.......-~//~~\k:.;;;."..v-____ Revêtement59"-~0;L.L,..------...u~


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENUn autre avantage est que la toilette peut être installée dans la maisonavec une fosse à l'extérieur. Si on utilise cette solution, il fautveiller à ce que le tuyau <strong>de</strong> drainage puisse bouger, soit en ménageantun passage dans le mur extérieur pour que ce <strong>de</strong>rnier ne porte pas surle tuyau (Fig.6.12), soit en utilisant <strong>de</strong>ux longueurs <strong>de</strong> tuyau se raccordantau milieu du mur (Fig. 6.13). Les <strong>de</strong>ux systèmes permettentun mouvement relatif sans risque <strong>de</strong> casser le tuyau.Fig. 6.13. Tuyau mis en place à travers un murMur porteur1 Tuyau montrant la position <strong>de</strong>s raccordsLa distance entre le mur et la fosse ne doit pas être inférieure à laprofon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> celle-ci pour que le poids du mur ne provoque pas l'effondrement<strong>de</strong> la fosse. En cas d'impossibilité, on ne creusera pas lafosse à moins <strong>de</strong> 1 m du mur et encore faudra-t-il un revêtementintérieur complet <strong>de</strong> cette fosse et une longueur inférieure à 1 m pourla paroi opposée au mur et parallèle à celui-ci (Fig. 6.14).Latrines à chasse d'eau avec <strong>de</strong>ux fosses déportéesComme pour les latrines LAA, il Y a <strong>de</strong>s cas où <strong>de</strong>ux fosses peu profon<strong>de</strong>sconviennent mieux qu'une seule fosse profon<strong>de</strong>. Ces systèmesà <strong>de</strong>ux fosses sont utilisés avec succès en In<strong>de</strong> (Rayet al., 1984) etailleurs. La conception <strong>de</strong>s fosses est la même que pour les latrinesLAA à fosse double, mais les <strong>de</strong>ux sièges sont remplacés par uneseule cuvette à joint hydraulique reliée aux <strong>de</strong>ux fosses par <strong>de</strong>sdrains. Entre la cuvette et les fosses, on installe en général une chambre<strong>de</strong> visite au niveau <strong>de</strong> la fourche du branchement en T obliquequi alimente chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux fosses, ce qui permet <strong>de</strong> diriger lesmatières sur l'une ou l'autre (Fig. 6.15).62


CHAPITRE 6, UTILISATION ET ENTRETIENFig. 6.14. Distance minimale entre une fosse et le mur extérieurslPoFosseMur extérieur0= profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la fosse ou 1 m à condition que S = 1 m ou moinsFig. 6.15. Latrine à chasse avec <strong>de</strong>ux fosses déportéesFosseToilette à joint hydrauliqueDistance au moins égale à laprofon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> fosseChambre <strong>de</strong> visiteAvant <strong>de</strong> mettre en service une nouvelle fosse, on découvre la chambre<strong>de</strong> visite et on obture l'une <strong>de</strong>s branches <strong>de</strong> la fourche (unebrique, ou une pierre ou encore un morceau <strong>de</strong> bois sont tout à faitsatisfaisants). On remet alors en place le couvercle et on le scelle pourempêcher l'échappement <strong>de</strong> gaz dans l'atmosphère. On peut alorsutiliser normalement la latrine comme une latrine à chasse d'eau avecfosse déportée, sauf qu'il faudra sans doute un peu plus d'eau <strong>de</strong>lavage pour empêcher <strong>de</strong>s éléments soli<strong>de</strong>s d'obstruer le branchementen T oblique. En bloquant ainsi une <strong>de</strong>s branches, tout ce que contientla cuvette va dans une seule fosse. Lorsque la fosse est pleine, environ<strong>de</strong>ux ans plus tard en général, on ouvre la chambre <strong>de</strong> visite, on retire63


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENProcessus <strong>de</strong> traitementLes eaux provenant <strong>de</strong>s toilettes et éventuellement <strong>de</strong>s cuisines et <strong>de</strong>ssalles <strong>de</strong> bain sont amenées par la tuyauterie dans une fosse étancheoù elles sont partiellement traitées. Après un certain temps, engénéral <strong>de</strong> 1 à 3 jours, le liqui<strong>de</strong> ainsi traité sort <strong>de</strong> la fosse et s'élimine- souvent dans le sol - par <strong>de</strong>s puits perdus ou <strong>de</strong>s drains <strong>de</strong>terre cuite disposés en tranchée (Fig. 6.19). Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>sproblèmes posés par les fosses septiques sont dus à ce qu'on négligetrop souvent l'élimination <strong>de</strong> ces effluents.Fig. 6.19. Système <strong>de</strong> rejet sur fosse septiqueFosse septiqueTranchée <strong>de</strong> drainageSédimentationLes fosses septiques sont conçues, entre autres, pour assurer l'immobilitédu liqui<strong>de</strong> et, par voie <strong>de</strong> conséquence, faciliter la sédimentation<strong>de</strong>s matières soli<strong>de</strong>s en suspension, dont on se débarrasseensuite en enlevant périodiquement le dépôt. Majum<strong>de</strong>r et al. (1960)signalent que l'élimination <strong>de</strong>s matières soli<strong>de</strong>s en suspension danstrois fosses du Bengale occi<strong>de</strong>ntal a atteint 80%; <strong>de</strong>s taux similairesont été constatés dans une fosse près <strong>de</strong> Bombay (Phadke et al., datenon précisée). De toute façon, presque tout dépend <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong>rétention, <strong>de</strong>s dispositifs arrivée et <strong>de</strong> sortie du liqui<strong>de</strong> ainsi que <strong>de</strong> lafréquence <strong>de</strong> vidange du dépôt. Lorsque <strong>de</strong> fortes chasses arriventdans la fosse, elles entraînent une concentration momentanémentélevée <strong>de</strong> matières soli<strong>de</strong>s en suspension dans l'effluent par suite dubrassage que subissent les dépôts déjà constitués.EcumeGraisses, huiles et autres matériaux plus légers que l'eau flottent à lasurface et constituent une couche d'écume susceptible <strong>de</strong> se trans-66


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIENformer en croûte assez dure. Les liqui<strong>de</strong>s se déplacent alors entrecette croûte et le dépôt.Digestion et solidification <strong>de</strong>s bouesLa matière organique, présente dans les boues déposées et la couched'écume, est décomposée par <strong>de</strong>s bactéries anaérobies, qui la transformentpour une gran<strong>de</strong> part en eau et en gaz. Les boues déposéesau fond du réservoir ten<strong>de</strong>nt à durcir sous le poids du liqui<strong>de</strong> et <strong>de</strong>smatières soli<strong>de</strong>s qui les surmontent. Il s'ensuit que leur volume esttrès inférieur à celui <strong>de</strong>s matières soli<strong>de</strong>s contenues dans les effluentsbruts qui entrent dans la fosse. Les bulles <strong>de</strong> gaz qui se dégagentprovoquent une certaine perturbation <strong>de</strong> l'écoulement. La vitesse duprocessus <strong>de</strong> digestion croît avec la température, avec un maximumvers 35 oc. L'utilisation <strong>de</strong> savon ordinaire en quantité normale ne<strong>de</strong>vrait guère affecter le processus <strong>de</strong> digestion (Truesdale & Mann,1968). En revanche, l'emploi <strong>de</strong> grosses quantités <strong>de</strong> désinfectant tueles bactéries, ce qui inhibe le processus.Stabilisation <strong>de</strong>s liqui<strong>de</strong>sLe liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong>s fosses septiques subit <strong>de</strong>s modifications biochimiques,mais on n'a guère <strong>de</strong> données sur la disparition <strong>de</strong>s micro-organismespathogènes. Majum<strong>de</strong>r et al. (1960) ainsi que Phadke et al. (date nonprécisée) ont constaté que bien que 80-90% <strong>de</strong>s œufs d'ankylostomeset d'Ascaris aient disparu <strong>de</strong>s fosses septiques étudiées, 90% <strong>de</strong>seffluents contenaient encore un nombre considérable d'œufs viables.Comme les effluents sortant <strong>de</strong>s fosses septiques sont anaérobies etcontiennent sans doute un nombre important <strong>de</strong> germes pathogènespouvant constituer une source d'infection, on ne <strong>de</strong>vra pas les utiliserpour l'irrigation <strong>de</strong>s cultures ni les décharger dans les canaux ou lesdrains <strong>de</strong> surface sans l'autorisation <strong>de</strong>s autorités sanitaires locales.Principes <strong>de</strong> conceptionLes principes qui gui<strong>de</strong>nt la conception <strong>de</strong>s fosses septiques sont:<strong>de</strong> fournir une durée <strong>de</strong> rétention suffisante pour que les eauxusées qui arrivent dans la fosse puissent déposer leurs matièressoli<strong>de</strong>s et se stabiliser.d'assurer la stabilité du liqui<strong>de</strong> ce qui favorise le dépôt ou la flottaison<strong>de</strong>s matières soli<strong>de</strong>s<strong>de</strong> faire en sorte qu'il n'y ait pas d'obstruction et d'assurer uneventilation suffisante pour les gaz.Facteurs à prendre en compte pour le calcul d'une fosse septiqueLe type <strong>de</strong> conception esquissé plus loin prévoit un volume suffisant àla fois pour la rétention du liqui<strong>de</strong> et pour le stockage <strong>de</strong>s boues et67


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIEN<strong>de</strong> l'écume. Le volume nécessaire à la rétention du liqui<strong>de</strong> dépend dunombre <strong>de</strong>s usagers et <strong>de</strong> la quantité d'eaux usées rejetées dans lafosse, lesquelles peuvent contenir ou non les eaux ménagères ouseulement les eaux vannes. Le volume pour le stockage <strong>de</strong>s boues et<strong>de</strong> l'écume dépend <strong>de</strong> la fréquence <strong>de</strong>s vidanges, <strong>de</strong> la température et<strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> nettoyage anal utilisés.Calcul <strong>de</strong> la capacité d'une fosse septiqueDurée <strong>de</strong> rétentionOn admet que 24 heures <strong>de</strong> rétention suffisent pour les boues, maiscette durée doit correspondre à la situation qui existe juste avant lavidange, après quoi la durée <strong>de</strong> rétention augmente puisque le liqui<strong>de</strong>profite <strong>de</strong> la place libérée par les boues et l'écume.Les normes d'utilisation prévoient une durée <strong>de</strong> rétention allant d'àpeine 24 heures jusqu'à 72 heures. Théoriquement, la sédimentations'améliore avec l'allongement <strong>de</strong> la durée <strong>de</strong> rétention, mais la vitesse<strong>de</strong> sédimentation est en général maximale au cours <strong>de</strong>s premièresheures. La sédimentation est gênée par les perturbations <strong>de</strong> l'écoulementprovoquées par la configuration <strong>de</strong>s orifices d'entrée et <strong>de</strong> sortie.Le problème est vraisemblablement plus important dans lespetites fosses que dans les gran<strong>de</strong>s (dont la capacité hydraulique estmieux à même d'atténuer les perturbations) et on peut donc admettreque la durée <strong>de</strong> rétention peut être réduite dans les fosses <strong>de</strong> grandvolume (Mara & Sinnatamby, 1986). La norme brésilienne d'utilisation(Associaçao Brasileira <strong>de</strong> Normas Técnicas, 1982) autorise unerétention réduite pour les gran<strong>de</strong>s fosses septiques, comme cellesqu'utilisent les structures collectives ou les petites communautés. Enrésumé, pour un débit d'eau rejetée <strong>de</strong> Q m 3 par jour, la normerecomman<strong>de</strong> les durées T <strong>de</strong> rétention suivantes (en heures):Pour Q inférieur à 6Pour Q compris entre 6 et 14Pour Q supérieur à 14T= 24T= 33-1,5 QT= 12Volume <strong>de</strong> la rétentionSi la fosse septique reçoit <strong>de</strong>s eaux ménagères et <strong>de</strong>s eaux vannes, latotalité <strong>de</strong> l'eau rejetée par l'immeuble représente en général unepart importante <strong>de</strong> l'eau fournie par le réseau <strong>de</strong> distribution. Quandon connaît le volume d'eau distribuée par personne, on peut estimerque l'eau rejetée représente 90% <strong>de</strong> ce volume. Si celui-ci dépasse250 1 par personne et par jour, la différence correspond probablementà l'arrosage <strong>de</strong>s jardins. Dans le plupart <strong>de</strong>s pays en développement,on peut tabler sur environ 100 à 200 1 d'eaux usées par personne etpar jour.Si seules les toilettes sont reliées à la fosse septique, le volume <strong>de</strong>seaux vannes peut être estimé d'après le nombre supposé d'utilisations68


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIEN<strong>de</strong> la chasse par les usagers, par exemple, 4 chasses <strong>de</strong> 10 1 par personneet par jour.La capacité minimale nécessaire pour une rétention <strong>de</strong> 24 heuresest donnée par la formuleoùA = P x q litresA = volume pour une rétention <strong>de</strong> 24 heuresP = nombre <strong>de</strong> personnes <strong>de</strong>sservies par la fosse septiqueq = débit <strong>de</strong>s eaux vannes (en litres) par personne et par jourVolume nécessaire à l'accumulation <strong>de</strong>s boues et <strong>de</strong> l'écumeLe volume nécessaire à l'accumulation <strong>de</strong>s boues et <strong>de</strong> l'écumedépend <strong>de</strong> facteurs qui ont été étudiés au Chapitre 5. Pickford (1980)a proposé la formule:B=PxNxFxSdans laquelleB= capacité d'accumulation <strong>de</strong>s boues et <strong>de</strong> l'écume (en litres)N = nombre d'années entre <strong>de</strong>ux vidanges <strong>de</strong>s boues (souvent 2-5ans; on peut tabler sur une vidange plus fréquente lorsqu'ilexiste un service fiable et bon marchéF = facteur qui relie la vitesse <strong>de</strong> digestion à la température et à lapériodicité <strong>de</strong>s vidanges. On le trouve au Tableau 6.2S = vitesse d'accumulation <strong>de</strong>s boues et <strong>de</strong> l'écume, qu'on peutestimer à 25 litres par personne et par an dans les fosses qui nereçoivent que les eaux vannes et à 40 1 lorsqu'il s'y ajoute leseaux ménagères.Tableau 6.2 Valeur du facteur F pour la détermination du volumenécessaire à l'accumulation <strong>de</strong>s boues et <strong>de</strong> l'écumeNombre d'annéesentreles vidangesValeur <strong>de</strong> FTempérature ambiante>20°C >10°C


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENCapacité totale <strong>de</strong> la fosseLa capacité totale C <strong>de</strong> la fosse est donnée par:C = A + B litresEn pratique, il y a <strong>de</strong>s limites à la taille minimale <strong>de</strong>s fosses qu'onpeut construire. Les indications ci-après sont illustrées par <strong>de</strong>s exemplesdonnés au Chapitre 8.Forme et dimensions <strong>de</strong>s fosses septiquesLorsqu'on a déterminé la capacité totale d'une fosse septique, il fautdéterminer sa profon<strong>de</strong>ur, sa longueur et sa largeur. On vise àobtenir une distribution égale du débit, sans secteurs morts et sans«courts-circuits», (c'est-à-dire, sans que le courant qui arrive ne traversebrutalement la fosse en moins <strong>de</strong> temps que la durée <strong>de</strong> rétention).Dans certaines fosses, il peut exister <strong>de</strong>ux compartiments ou plus,limités par <strong>de</strong>s cloisons déflectrices. La sédimentation et la digestionpeuvent avoir lieu, pour l'essentiel, dans le premier compartiment,une partie seulement <strong>de</strong>s particules en suspension étant entraînéevers le <strong>de</strong>uxième. Les chasses d'eaux vannes qui entrent dans la fosseréduisent l'efficacité <strong>de</strong> la sédimentation, mais leur effet est moinsmarqué dans le <strong>de</strong>uxième compartiment. Laak (1980) a indiqué à lasuite <strong>de</strong> plusieurs étu<strong>de</strong>s que les fosses à plus d'un compartimentfonctionnent avec plus d'efficacité que les fosses à un seul. Il a égalementmontré que le premier compartiment doit être <strong>de</strong>ux fois pluslong que le suivant. On n'a pas chiffré les avantages éventuels <strong>de</strong> plus<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux compartiments.Pour déterminer les dimensions extérieures d'une fosse rectangulaireon pourra suivre les recommandations ci-après:1. La profon<strong>de</strong>ur du liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong>puis le fond <strong>de</strong> la fosse jusqu'à la hauteur<strong>de</strong> la tubulure <strong>de</strong> sortie ne doit pas être inférieure à 1,2 m;une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 1,5 m est préférable. En outre, on laissera unespace libre <strong>de</strong> 300 mm entre le niveau du liqui<strong>de</strong> et le couvercle<strong>de</strong> la fosse.2. La largeur sera d'au moins 600 mm, espace minimal pour que lesmaçons ou les vidangeurs puissent travailler. Certaines normespréconisent une longueur <strong>de</strong> 2 à 3 fois la largeur.3. Pour une fosse <strong>de</strong> largeur l, la longueur du premier compartimentsera égale à 2 1 et celle du <strong>de</strong>uxième égale à 1 (Fig. 6.20). Engénéral, la profon<strong>de</strong>ur ne <strong>de</strong>vra pas dépasser la longueur totale.Il s'agit là <strong>de</strong> valeurs minimales. Il n'y a aucun inconvénient à ceque les fosses soient plus gran<strong>de</strong>s, et il peut même coûter moins cher<strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s fosses plus gran<strong>de</strong>s en utilisant <strong>de</strong>s éléments préfabriquésentiers au lieu <strong>de</strong> les couper. Divers modèles <strong>de</strong> fosses sontétudiés au Chapitre 8.70


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIENFig .6.20. Dimensions <strong>de</strong> la fosseEntréeOMS 91439ConstructionLa construction d'une fosse septique exige habituellement l'assistanceet la supervision d'un ingénieur ou au moins d'un contremaître compétenten la matière. Le <strong>de</strong>ssin <strong>de</strong>s tuyaux <strong>de</strong> chutes et <strong>de</strong> la tubulure<strong>de</strong> sortie conditionne le fonctionnement <strong>de</strong> la fosse. Il est particulièrementimportant <strong>de</strong> vérifier les niveaux pour les gran<strong>de</strong>s fosses dontl'agencement du tuyau <strong>de</strong> chute, <strong>de</strong> la tubulure <strong>de</strong> sortie et <strong>de</strong>s cloisonsdéflectrices peut être complexe.Pour les petites fosses domestiques, le fond est généralement fait <strong>de</strong>béton non armé, suffisamment épais pour résister à la pousséed'Archimè<strong>de</strong> lorsque la fosse est vi<strong>de</strong>. Si le sol est médiocre et lafosse importante, le fond peut éventuellement être armé. Pour lesparois on a en général recours à la maçonnerie <strong>de</strong> briques, <strong>de</strong> moellonsou <strong>de</strong> pierres avec crépissage au ciment pour assurer l'étanchéité.Les gran<strong>de</strong>s fosses en béton armé <strong>de</strong>stinées à <strong>de</strong>sservir <strong>de</strong>s collectivitésou <strong>de</strong>s immeubles d'habitation exigent l'intervention d'uningénieur qualifié pour être correctement construites.Le couvercle <strong>de</strong> la fosse est habituellement composé d'une ouplusieurs plaques <strong>de</strong> béton et doit résister à toute charge qui pourraitlui être imposée.On utilisera <strong>de</strong>s plaques amovibles au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> l'entrée et <strong>de</strong> lasortie. Les plaques <strong>de</strong> couverture circulaires ont l'avantage <strong>de</strong> ne pasrisquer <strong>de</strong> tomber dans la fosse quand on les mobilise, contrairementaux plaques rectangulaires.On construit souvent les fosses avec <strong>de</strong>s éléments préfabriqués <strong>de</strong>toutes sortes, y compris <strong>de</strong>s tuyaux <strong>de</strong> grand diamètre. L'expériencemontre toutefois que les problèmes posés par l'aménagement <strong>de</strong> l'entréeet <strong>de</strong> la sortie ne sont pas compensés par l'utilisation <strong>de</strong> tuyaux.De nombreux systèmes brevetés qu'on trouve dans le commerce fontappel à <strong>de</strong>s plaques en amiante-ciment, en plastique renforcé parfibres <strong>de</strong> verre et à d'autres matériaux.71


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENFig. 6.28. Puits absorbant non chemiséPuits à chemise <strong>de</strong> briques,pierres ou blocs <strong>de</strong> bétonjointoyés au cimentGazonné_EntréeRemplissage avec unagrégat <strong>de</strong> briquesou <strong>de</strong> pierresE::J.~cï',;EEoChambre en briques àjoints secsGarnissage extérieur <strong>de</strong>sable grossier, épaisseur<strong>de</strong> 300 mmOMS 91447Tranchées <strong>de</strong> drainagePour éliminer une gran<strong>de</strong> quantité d'effluents provenant <strong>de</strong> fossesseptiques, on utilise souvent <strong>de</strong>s tranchées qui permettent d'étaler ledébit sur une vaste zone, ce qui réduit le risque <strong>de</strong> surcharge. Cestranchées créent une zone <strong>de</strong> drainage. On transporte l'effluent dans<strong>de</strong>s tubes habituellement <strong>de</strong> 100 mm <strong>de</strong> diamètre, entre les extrémités<strong>de</strong>squels on laisse un espace <strong>de</strong> 10 mm environ. On utilise souvent <strong>de</strong>stuyaux <strong>de</strong> grès non émaillé finis soit par <strong>de</strong>s extrémités ordinaires soitpar un assemblage à manchon. Avec les extrémités ordinaires, onrecouvre la partie supérieure <strong>de</strong> l'espace avec du papier goudronnéou <strong>de</strong> la feuille <strong>de</strong> plastique pour empêcher l'entrée <strong>de</strong> sable ou <strong>de</strong>limon. Avec les assemblages à manchon, on peut utiliser <strong>de</strong> petitescales <strong>de</strong> pierre ou <strong>de</strong> ciment pour centrer les embouts mâles dans lesmanchons (Fig. 6.29).On creuse les tranchées <strong>de</strong> drainage en général sur une largeur <strong>de</strong>300-500 mm et une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> 600-1 000 mm sous le sommet <strong>de</strong>stuyaux. On pose souvent les tuyaux avec une pente <strong>de</strong> 0,2-0,3 % surun lit <strong>de</strong> cailloux à l'anneau <strong>de</strong> 20-50 mm. On remet sur les caillouxune épaisseur <strong>de</strong> 300-500 mm <strong>de</strong> terre protégée par <strong>de</strong> la paille ou dupapier <strong>de</strong> construction contre l'entraînement par l'eau (Fig. 6.30).Si on a besoin <strong>de</strong> plusieurs tranchées, il vaut mieux les disposer ensérie (Cotteral & Norris, 1969). Elles sont alors pleines ou vi<strong>de</strong>s, cequi permet au terrain qui bor<strong>de</strong> les vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> revenir en état sous conditionsaérobies (Fig. 6.31).78


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIENFig. 6.29. Raccord <strong>de</strong> tuyauterie ouvert dans une tranchée <strong>de</strong>drainagePapier goudronné~ 00,,",,'" " m="c=(~,'-======t===l'-,'-- ___________ .-JCale <strong>de</strong> centrageFig. 6.30. Tranchée <strong>de</strong> drainageEcartement <strong>de</strong>s tranchéesRemblai <strong>de</strong> terre0>'0>.cucjg0>"00>"0" cJ2eCLTerre non remuéeBarrière auxlimons(papier non traité)Tranchée <strong>de</strong>drainageHLargeur <strong>de</strong> tranchéeInterface roche/solou liqui<strong>de</strong>/solFondFig. 6. 31. Tranchées <strong>de</strong> drainage creusées dans un chemin <strong>de</strong> drainageet raccordées en série. A-A montre la section <strong>de</strong> la Fig. 6.30.rF,Future chambre d'aiguillageATranchées <strong>de</strong> drainageATranchées futures <strong>de</strong> remplacement79


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIEN• à <strong>de</strong>ux réservoirs. Le réservoir <strong>de</strong> lavage contient un mélanged'eau douce et d'un produit désodorisant qu'on pompe manuellementjusqu'au bord <strong>de</strong> la cuvette; c'est un réservoir <strong>de</strong> stockage <strong>de</strong>déchets qui reçoit les matières évacuées (Fig. 6.40).• à un réservoir unique qui porte la cuvette <strong>de</strong> lavage. Une pompemanuelle ou électrique fait circuler <strong>de</strong> l'huile, soutirée à la base duréservoir à travers un filtre et renvoyée autour du bord <strong>de</strong> lacuvette; celle-ci est munie d'un clapet équilibré qui empêche <strong>de</strong>voir les matières (Fig. 6. 41)).Le liqui<strong>de</strong> est normalement un produit chimique étendu d'eau qui rendles excréta sans danger ni o<strong>de</strong>ur. Une fois le récipient rempli, on déchargeson contenu dans <strong>de</strong>s puits, <strong>de</strong>s égouts ou <strong>de</strong>s réservoirs <strong>de</strong> stockage.On utilise les toilettes chimiques dans les avions, les cars à longrayon d'action, les maisons <strong>de</strong> vacances et les chantiers <strong>de</strong> construction.Les produits chimiques utilisés sont chers.Fig. 6.41. Toilette à recirculation d'huileSiège <strong>de</strong> toilettei~----I-- Volet à fermetureautomatiquePompe <strong>de</strong>recirculation... _ .• ' 0'4-t-- Huile à faible viscositéC ':,..':.' ..... :.,:.' ' ..... _.:,,~, • ',--Réservoir étancheOMS 91460Latrines suspenduesIl s'agit ici d'une cabane dont le plancher se situe au-<strong>de</strong>ssus du niveaud'un cours d'eau (Fig. 6.42). Un trou <strong>de</strong> défécation ménagé dans leplancher permet aux excréta <strong>de</strong> tomber directement dans l'eau. Oninstalle quelquefois un tuyau <strong>de</strong> chute entre le plancher et l'eau. Onne doit pas utiliser ce type <strong>de</strong> latrine quand on peut installer <strong>de</strong>slatrines à fosse. Toutefois, elles peuvent être le seul moyen d'assainissementoffert aux gens qui vivent sur une terre inondée en permanenceou selon la saison.Selon Wagner & Lanoix, ces latrines sont acceptables, aux conditionssuivantes:• L'eau réceptrice <strong>de</strong>vra être toute l'année suffisamment salée pourempêcher la consommation humaine.• On installera la latrine au-<strong>de</strong>ssus d'une eau assez profon<strong>de</strong> pourque le fond ne soit jamais exposé à marée basse ou pendant la saisonsèche.90


CHAPITRE 6. UTILISATION ET ENTRETIEN• On choisira soigneusement le site pour que les matières soli<strong>de</strong>sflottantes soient entraînées loin du village.• Les accès, pilotis, trous <strong>de</strong> défécation et cabane <strong>de</strong>vront être construits<strong>de</strong> manière à garantir la sécurité <strong>de</strong>s adultes et <strong>de</strong>s enfants.• Les excréta ne seront jammais rejetés dans <strong>de</strong> l'eau dormante oudans une eau utilisée pour la baigna<strong>de</strong>.Fig. 6.42. Latrine suspendue---------------------==------91


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENsis te alors, par exemple, en un briquetage, une maçonnerie <strong>de</strong> pierreou <strong>de</strong> parpaings, dont une partie <strong>de</strong>s joints verticaux ne sont pas garnisau mortier.Fig. 7.2. Revêtement pour fosse peu profon<strong>de</strong> en sol durRemplissage <strong>de</strong> sableou <strong>de</strong> graviero n n 0B n 0 0Joints ouverts pour lesuintement <strong>de</strong>s déchetsliqui<strong>de</strong>s (briques ou parpaings) ~--L.."-------r-J......I9\Fondation <strong>de</strong> parpaingsou <strong>de</strong> briquesCoupe-1 2 1 I Ṯ0.3 m minimumIRevêtement <strong>de</strong> la fosseFig. 7.3. Revêtement pour fosse peu profon<strong>de</strong> en sol meubleRevêtementTrous <strong>de</strong> 25-50 mmdans le revêtement<strong>de</strong> bétonPlaque <strong>de</strong> fond <strong>de</strong> 100 mm,;l,..-.L-~


CHAPITRE 7. ELÉMENTS ET CONSTRUCTION DES LATRINESciment pour quatre parties <strong>de</strong> gravier propre (avec éléments à l'anneau<strong>de</strong> 6-18 mm) convient parfaitement. Si on fait appel à <strong>de</strong>sanneaux prémoulés, les 100 mm du haut et du bas <strong>de</strong> ces anneauxseront constitués <strong>de</strong> béton normal pour leur conférer une résistanceplus élevée.Fosses profon<strong>de</strong>sLa métho<strong>de</strong> d'excavation <strong>de</strong>s puits profonds dépend <strong>de</strong> la stabilité dusol pendant le creusement. Si le sol est autoporteur, on peut travaillersur toute la hauteur et monter le revêtement ensuite. Si ce n'est pas lecas, on doit construire le revêtement en même temps que l'on creuse.Quand on peut creuser le sol sans avoir besoin <strong>de</strong> le revêtir, on tientcompte <strong>de</strong> l'épaisseur du revêtement futur. La précision <strong>de</strong>s cotes verticalesnécessite le fil à plomb et un gabarit (circulaire ou rectangulaire)s'impose pour le respect <strong>de</strong>s cotes latérales. Si les dimensionssont correctes, on dépensera moins pour la construction du revêtementet le remplissage arrière. Quelquefois, au voisinage <strong>de</strong> la surface,le sol se désagrège et pourrait s'effondrer. Dans ce cas, on faitappel à une chemise intérieure provisoire d'un mètre <strong>de</strong> hauteur(Fig. 7.4).Fig. 7.4. Excavation pour une fosse à revêtement par anneauxpréfabriqués en bétonl'Ii'---.-~ ~~ ~~~~~~Revê tement provisoire fixéau s 01 environnant poursout enir le sol trop meubledu so mmetSi le revêtement définitif doit être construit avec <strong>de</strong>s anneaux prémoulés,il faut évi<strong>de</strong>mment que la chemise provisoire ait un diamètreintérieur plus grand que le diamètre extérieur <strong>de</strong>s prémoulages.Lorsque l'excavation a atteint la profon<strong>de</strong>ur prévue, on nivelle eton nettoie le fond. En terrain soli<strong>de</strong>, on peut faire une saignée dans laparoi latérale et y construire une poutre circulaire. Si le sol est aucontraire extrêment friable et que le revêtement soit susceptible <strong>de</strong>s'y enfoncer, il est possible <strong>de</strong> remplacer la poutre circulaire par uneplaque exécutée en béton «sans fines» <strong>de</strong> 75 à 100 mm d'épaisseur,97


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENqui couvrira tout le fond <strong>de</strong> la fosse et distribuera le poids du revêtementsur une surface plus importante, donc réduira la pression etempêchera l'éventuelle remontée du sol (Fig. 7.3).Construction <strong>de</strong>s revêtementsAnneaux prémoulésL'utilisation d'anneaux prémoulés en béton ou en terre cuite (Fig. 7.5)pour le revêtement <strong>de</strong>s fosses a l'avantage <strong>de</strong> permettre la préfabricationdu revêtement. C'est particulièrement utile dans le cas <strong>de</strong> solspeu résistants parce que cela réduit le temps pendant lequel le soln'est pas soutenu. Les anneaux situés au voisinage du fond peuventêtre, selon les besoins, <strong>de</strong> nature poreuse pour permettre aux déchetsliqui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> filtrer dans le sol environnant, ou bien être hermétiques etconstituer un réservoir étanche prévu pour accélérer la vitesse <strong>de</strong>digestion <strong>de</strong>s boues. L'anneau le plus voisin <strong>de</strong> la surface <strong>de</strong>vra êtrecomplètement hermétique pour éviter toute entrée d'eau superficielleou <strong>de</strong> rongeurs ou encore la contamination du sol. De même quepour les puits peu profonds, l'espace entre anneaux et parois serarempli <strong>de</strong> sable ou <strong>de</strong> gravier.Revêtements en briques, parpaings ou pierresIls sont construits <strong>de</strong> façon analogue à ceux en anneaux préfabriqués,en ce sens qu'ils partent <strong>de</strong>s fondations. Dans le cas <strong>de</strong> puits très profonds,il peut être pru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> laisser faire la prise du ciment assezlongtemps avant le remplissage <strong>de</strong> l'espace entre parois et revêtement,afin d'éviter que celui-ci ne se déforme sous le poids. Sauf sur les300-500 <strong>de</strong>rniers millimètres, les joints resteront ouverts, comme on l'avu précé<strong>de</strong>mment, pour favoriser l'infiltration <strong>de</strong>s liqui<strong>de</strong>s dans le sol.Fig. 7.5. Fond <strong>de</strong> fosse avec revêtement d'anneaux préfabriquésen bétonRemplissage <strong>de</strong> sableou <strong>de</strong> gravierJoint au mortier<strong>de</strong> ciment2tT--1 2t 1-Coupe:g'>Anneaux <strong>de</strong> béton 0;Anneau <strong>de</strong> bétoncoulé in situ (renfortfacultatif)~98


CHAPITRE 7. ELÉMENTS ET CONSTRUCTION DES LATRINESFig. 7.6. Fosse avec revêtement en béton in situ\ ..A:Coffrage --'.' ,.(enlevé après la ·lH---------4-U·:'. :'prise du béton): ::(-'riges <strong>de</strong> renfort (facultatives)".'.Béton entre - .:. 'coffrage et sol


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENriche (un volume <strong>de</strong> ciment pour <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> sable) pour obtenir uneépaisseur totale finale <strong>de</strong> 25 mm environ.Après avoir creusé le trou, on nettoie aussi bien que possible sesparois <strong>de</strong>s éléments qui s'en détachent et on y applique directementune couche <strong>de</strong> mortier d'environ 12 mm. On recouvre ce mortier <strong>de</strong><strong>de</strong>ux ou trois épaisseurs <strong>de</strong> grillage d'acier maintenues en place par<strong>de</strong> longs cavaliers qui s'enfoncent dans les parois à travers le ciment.On applique alors une nouvelle couche <strong>de</strong> mortier, chassée fermementdans les trous du grillage. La couche <strong>de</strong> finition couvrant le grillageaura au moins 10 mm d'épaisseur. Lorsqu'on veut un revêtementporeux, on poinçonne <strong>de</strong>s trous à travers le mortier avant durcissementdéfinitif.On peut également préparer au sol <strong>de</strong>s anneaux en ferrociment ets'en servir comme on le fait <strong>de</strong>s anneaux en béton.Excavation en terrain meubleLorsque le terrain est meuble et risque <strong>de</strong> s'effondrer s'il n'est pasétayé, ou lorsque la fosse pénètre dans la nappe phréatique, la métho<strong>de</strong><strong>de</strong> construction la plus courante fait appel à la fabrication d'unrevêtement sur le terrain qu'on dépose ensuite dans un début d'excavation.On extrait la terre par <strong>de</strong>ssous et on laisse le revêtement s'enfonceren occupant le vi<strong>de</strong> qu'on vient <strong>de</strong> lui offrir. Il s'agit ici <strong>de</strong> lamétho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s «caissons» (Fig. 7.7).En pratique, on creuse une excavation aussi profon<strong>de</strong> que possible(déterminée par les caractéristiques locales du terrain). On y déposeun anneau prémoulé dont la partie inférieure est dotée d'un bordtranchant, on place d'autres anneaux au-<strong>de</strong>ssus du premier jusqu'àatteindre le niveau du sol. On commence alors à creuser à l'intérieur<strong>de</strong>s anneaux: à mesure qu'on enlève <strong>de</strong> la terre au-<strong>de</strong>ssous du bordtranchant, les anneaux s'enfoncent sous leur propre poids, et on enrajoute jusqu'à atteindre la profon<strong>de</strong>ur fixée.Cette métho<strong>de</strong> autorise l'emploi <strong>de</strong> revêtements en brique ou enparpaings, à condition, toutefois, qu'ils soient construits assez hauten-<strong>de</strong>ssus du terrain pour que le mortier ait le temps <strong>de</strong> faire sa priseavant que le revêtement ne s'enfonce dans le sol. La construction ànids d'abeilles n'est normalement pas assez soli<strong>de</strong> pour être utilisablecomme caisson.Lorsqu'on utilise la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s caissons parce que la nappe estélevée, on entreprend le creusement vers la fin <strong>de</strong> la saison sèche,c'est-à-dire, quand le niveau <strong>de</strong> la nappe est au plus bas. A mesureque le caisson pénètre dans l'eau, on peut continuer à creuser sous lebord jusqu'à un mètre en écopant le matériau avec un seau ou unepelle <strong>de</strong> forme spéciale.100


CHAPITRE 7. ELÉMENTS ET CONSTRUCTION DES LATRINESFig. 7.7. Creusement d'une fosse par la métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s caissonsLes anneaux inférieurspeuvent être poreuxCoupeL.:anneau inférieur a un bordbiseauté tranchantRemplissage <strong>de</strong>rrière les revêtementsTout vi<strong>de</strong> qui se trouve entre les revêtements et les parois <strong>de</strong> l'excavationdoit être rempli soit avec <strong>de</strong> la terre excavée compactée soit, lecas échéant, avec du sable ou du gravier. Lorsque le sol est particulièrementfriable, le remplissage du sommet peut se faire avec unmortier léger ou un mélange terre-ciment pour lui conférer une résistanceaméliorée. Ce renfort peut avoir une certaine importance si lesommet <strong>de</strong> la fosse s'est trouvé exagérément évasé pendant laconstruction.PlanchersCes planchers, qu'ils reposent à même le sol ou sur le bord d'unefosse, doivent être lisses et étanches, pour permettre un nettoyagefacile tout en gardant un aspect satisfaisant pour l'usager. La facesupérieure doit dépasser d'au moins 150 mm le niveau du sol environnant(Fig. 7.8) afin que ni la pluie ni l'eau <strong>de</strong> surface ne pénètrentdans la latrine.Une légère pente facilitera le nettoyage et empêchera l'excès d'eau<strong>de</strong> se retrouver en flaques. Cette pente ira normalement <strong>de</strong>s bordsvers le trou <strong>de</strong> défécation ou la cuvette centrale afin que l'eau <strong>de</strong>lavage s'écoule dans la fosse et ne souille pas la partie qui entoure ladalle. Une pente <strong>de</strong> 20 mm <strong>de</strong>s bords vers le trou central suffit pour101


PARTIE II. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENque, sur un plancher <strong>de</strong> 1,5 m <strong>de</strong> largeur, il ne se forme pas <strong>de</strong> flaques(Fig. 7.8). Lorsqu'on utilise <strong>de</strong>s sièges, la pente doit partir du supportdu siège vers l'extérieur afin que l'eau <strong>de</strong> lavage s'écoule obligatoirementen direction <strong>de</strong> l'entrée <strong>de</strong> la latrine.Si la dalle prémoulée est plus petite que la surface du plancherintérieur <strong>de</strong> la cabane, on veille à ce que la surface comprise entre ladalle et le mur intérieur <strong>de</strong> la cabane soit parfaitement étanche. Si onlaisse une portion <strong>de</strong> terre nue, elle finira par être souillée et infestéed'ankylostomes. Cependant, afin <strong>de</strong> diminuer les dépenses, il faut quecette surface soit la plus petite possible. On réduit ainsi les frais <strong>de</strong>construction du plancher et <strong>de</strong> la cabane. Quoi qu'il en soit, le trou oula cuvette doivent être suffisamment loin du mur <strong>de</strong> la cabane pourque l'usager ne soit pas obligé <strong>de</strong> s'appuyer contre celui-ci pour déféquer.Il est normal <strong>de</strong> laisser une surface <strong>de</strong> plancher minimale <strong>de</strong>80 cm <strong>de</strong> large et d'un mètre <strong>de</strong> long (Mara, 1985 b).DallesSpécificationsUne dalle <strong>de</strong> latrine a <strong>de</strong>ux objectifs principaux: être à la fois un élément<strong>de</strong> support et un élément d'étanchéité. Elle doit être capable <strong>de</strong>supporter le poids <strong>de</strong>s usagers et éventuellement celui <strong>de</strong> la cabane.Elle ferme hermétiquement la fosse, à l'exception du trou <strong>de</strong> défécationet, si nécessaire, du trou pour le tuyau d'évent.Fig. 7.8. Spécifications <strong>de</strong>s dalles <strong>de</strong> couverture150 mm minimum 20 mm~ 1Pente1-". r-1'--.~1 f7/-x'-Ir-f-l-I---Plaque chevauchant leL 1 Dalle chevauchantrevêtement d'au moins 1 -<strong>de</strong>200 mm au1- 100mml- I moins le bordl- I d'une fosse sans1 1 1 revêtement1 1 1 ~'>1 1 Soutien par le revêtement 1 0;1 1CoupeCela facilite la lutte contre les mouches et les o<strong>de</strong>urs et réduit lerisque <strong>de</strong> pénétration <strong>de</strong> rongeurs ou d'infiltrations d'eau dans lafosse. Lorsque la dalle se compose <strong>de</strong> plusieurs plaques (pour rendreplus facile les manipulations <strong>de</strong> mise en place ou d'enlèvement pourvidange), ou lorsqu'il a été prévu un couvercle amovible, on étanchéifierales joints entre les diverses pièces avec un mortier léger <strong>de</strong>1~102


CHAPITRE 7. ELÉMENTS ET CONSTRUCTION DES LATRINESchaux ou <strong>de</strong> boue. Pour porter le poids d'un individu, la dalle doit secomporter structurellement comme un pont. Lorsqu'un siège estprévu, il faudra tenir compte <strong>de</strong> la charge supplémentaire. Selon laconception, les matériaux capables d'étaler les efforts <strong>de</strong> tension et <strong>de</strong>compression coûtent souvent plus cher que ceux d'usage courant dansles constructions à bon marché, si bien que la dalle est souvent un <strong>de</strong>séléments les plus coûteux pour l'usager. Il est donc important <strong>de</strong> s'assurerque la conception convient au but recherché tout en faisantappel à un minimum <strong>de</strong> matériaux coûteux.Comme la dalle repose normalement soit sur une fondation, soit surle bord du revêtement (voir Fig. 7.8), son poids et celui <strong>de</strong> l'utilisateursont également répartis sur le sol. On veillera particulièrement au casoù la dalle supporte aussi une partie du poids <strong>de</strong> la cabane. Si le terrainest médiocre, la fondation prévient son affaissement ou soneffondrement. Toute solution <strong>de</strong> continuité entre la dalle et le revêtementdoit être étanchéifiée au moyen <strong>de</strong> terre ou d'un mortier légerpour empêcher les entrées d'eau, ainsi que les allées et venues <strong>de</strong>spetits animaux et <strong>de</strong>s insectes.Fig. 7.9. Contraintes <strong>de</strong> tension et <strong>de</strong> compression dans unedalle <strong>de</strong> couverture/Face supérieure en compression1 Face inférieure en tension 11CoupeLorsque le diamètre <strong>de</strong> l'excavation est plus grand que prévu, il arrivequ'on fasse reposer les dalles prémoulées sur <strong>de</strong>s pieux <strong>de</strong> bois. C'estune pratique peu recommandable, parce qu'une forte charge sur lespieux a <strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> les faire cé<strong>de</strong>r rapi<strong>de</strong>ment.Cependant, <strong>de</strong> petites dalles (500 par 500 mm), faites pour constituerun siège à la turque hygiénique et peu coûteux sur <strong>de</strong>s latrinesexistantes, ne surchargeront pas un support en bois (Fig. 7.10).103


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENFig. 7.24. Positions possibles du repose-pieds-,1 \\ 1.... /~0;~------______________________ -a~Les excréments tombent dans la fosse en passant soit directementpar le trou <strong>de</strong> défécation soit par l'intermédiaire d'un jointhydraulique. On donnera plus loin <strong>de</strong>s détails sur ce joint. Les trousdoivent être assez larges pour limiter la souillure <strong>de</strong>s bords, mais pasau point d'effrayer les enfants. Le trou peut être rectangulaire, elliptique,en poire ou circulaire avec une extension rectangulaire étroite,comme un trou <strong>de</strong> serrure (Fig. 7.25). On adoptera une largeur maximale<strong>de</strong> 180 mm et une longueur totale d'au moins 350 mm. Dans lesdalles en béton, le noyau qui forme le trou sera prévu avec unedépouille facilitant son retrait après la coulée.Sièges pour latrinesDans <strong>de</strong> nombreuses régions du mon<strong>de</strong>, les gens préfèrent la positionassise pour déféquer. Pour faire un siège <strong>de</strong> latrine, on construit (ouon monte) un support sur la dalle. Le niveau du siège doit être telqu'il soit confortable pour la majorité <strong>de</strong>s usagers (Fig. 7.26), soitnormalement environ 350 mm au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la dalle.Le support peut être construit sur place en briques, béton, blocs <strong>de</strong>boue ou bois et on veillera à ce qu'illimite la contrainte subie par ladalle. Une construction lour<strong>de</strong> ajoute du poids à la dalle qui doit doncêtre renforcée, donc plus chère. Lorsque les usagers en ont lesmoyens financiers, on peut faire appel à <strong>de</strong>s produits soit du commercesoit exécutés à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, en céramique, plastique renforcé<strong>de</strong> fibres <strong>de</strong> verre, PCV ou ferrociment.L'intérieur du siège doit être conçu pour éviter une souillure permanentepar les excréments, souillure qui signifie plus d'o<strong>de</strong>urs et <strong>de</strong>mouches. On peut penser à l'utilisation d'un trou <strong>de</strong> grand diamètre(250 mm ou plus), mais on risque alors <strong>de</strong> dissua<strong>de</strong>r les enfants,apeurés par cette gran<strong>de</strong> ouverture. On peut aussi se contenter d'un120


CHAPITRE 7. ELÉMENTS ET CONSTRUCTION DES LATRINEStrou <strong>de</strong> 180 mm avec un revêtement intérieur très lisse, en mortier <strong>de</strong>ciment, ou réalisé par une fourrure rapportée (fibre <strong>de</strong> verre oucéramique par exemple )(Fig 7.27). Une troisième solution estapportée par un trou conique, <strong>de</strong> 180 mm <strong>de</strong> diamètre au sommet et<strong>de</strong> 300 mm à la base, à l'entrée <strong>de</strong> la dalle.Fig. 7.25. Trous <strong>de</strong> défécation <strong>de</strong> différentes formes et mouleso o oDifférentes formes du trou <strong>de</strong> défécation350 mm( )1100 mmPlan\ lUMoule pour trou <strong>de</strong> défécation112;; "Elévation ~0Fig. 7.26. Siège <strong>de</strong> latrine350 mm121


PARTIE Il. DÉTAILS DE LA CONCEPTION, DE LA CONSTRUCTION,DE L'EXPLOITATION ET DE L'ENTRETIENEcrans anti-mouchesLes écrans anti-mouches doivent utiliser un matériau qui supporte latempérature, le rayonnement solaire et les gaz corrosifs provenant<strong>de</strong>s fosses. On considère que les meilleurs matériaux sont l'acierinoxydable et l'aluminium. Ils sont certes relativement chers, maisleur prix se justifie par leur durée <strong>de</strong> vie, surtout si on tient comptequ'ils n'interviennent que pour une très faible proportion dans le prixtotal <strong>de</strong> la latrine. Un grillage en fibre <strong>de</strong> verre enduit <strong>de</strong> PCV et relativementbon marché a tenu plus <strong>de</strong> sept ans au Zimbabwe (Morgan& Mara, 1982). Malheureusement, ce matériau a tendance à se fragiliserau bout <strong>de</strong> cinq ans et risque <strong>de</strong> se déchirer à l'endroit où ilpasse sur le bord du tuyau. Les grillages en plastique s'abîment trèsvite au soleil. Le grillage peint en acier doux qu'on utilise commeécran anti-moustiques sur les fenêtres, ainsi que le grillage en acierdoux galvanisé sont attaqués au bout <strong>de</strong> quelques mois par les gaz <strong>de</strong>sfosses. Gaz et lumière solaire affaiblissent les écrans, mais il semblequ'en fait, les déchirures soient dues à <strong>de</strong>s oiseaux qui se posent sur lesommet du tube, à <strong>de</strong>s lézards qui y accè<strong>de</strong>nt lorsque le tube a uneparoi extérieure rugueuse, ou bien encore à la fatigue subie parl'écran au point <strong>de</strong> pliage (P.R. Morgan, communication personnelle).On conseille une maille <strong>de</strong> 1,2 - 1,5 mm. Plus gran<strong>de</strong>, elle peut laisserpasser les petites mouches et, plus serrée, elle freine le passage <strong>de</strong>l'air ascendant. On doit fixer soli<strong>de</strong>ment l'écran au sommet <strong>de</strong>l'évent. On peut le fixer au sommet <strong>de</strong>s cheminées en parpaings et enbriques pendant leur construction, ou pendant la fabrication <strong>de</strong>stuyaux d'évent <strong>de</strong> production locale. On peut coller les écrans sur lesévents en PCV au moyen <strong>de</strong> résine époxy, ou les attacher avec du fil<strong>de</strong> fer. Lorsqu'un problème particulier se présente à cause <strong>de</strong>s moustiquesqui se reproduisent dans les fosses humi<strong>de</strong>s, il peut être nécessaired'installer <strong>de</strong>s pièges amovibles au-<strong>de</strong>ssus du piétement ou dutrou <strong>de</strong> défécation (Curtis & Hawkins, 1982).On inspectera régulièrement le grillage (au moins une fois par an)pour vérifier qu'il est toujours bien en place et en bon état.L'entretien consiste, entre autres, à verser <strong>de</strong> temps à autre un seaud'eau sur l'écran pour laver les toiles d'araignée et autres obstacles,qui sont ainsi renvoyés dans la fosse.SuperstructureLa cabane ou superstructure <strong>de</strong> toute latrine est nécessaire pour assurerà l'usager intimité et protection. Du point <strong>de</strong> vue sanitaire, cet abriest moins important que la fosse et sa dalle. Cependant, il est importantqu'il répon<strong>de</strong> aux besoins <strong>de</strong> l'usager et, notamment, à son désir <strong>de</strong>bénéficier <strong>de</strong> la commodité et <strong>de</strong> l'intimité que procurent les moyensprivés d'assainissement. Dans <strong>de</strong> nombreux projets d'assainissement,on laisse à l'usager la conception et la construction <strong>de</strong> la superstructure.Il y aurait certes quelque intérêt à utiliser une conception uniforme,130


CHAPITRE 7. ELÉMENTS ET CONSTRUCTION DES LATRINESmais il est bon que le propriétaire ou l'utilisateur aient leur mot à dire.Une superstructure convenablement construite doit répondre à certainesspécifications, dont les plus importantes sont esquissées ci-après.DimensionsLes dimensions <strong>de</strong> la construction doivent être telles que les genssoient incités à l'utiliser pour ce qu'elle est, et non comme un signedéplacé <strong>de</strong> prestige social. Si la surface est beaucoup plus gran<strong>de</strong> quela dalle <strong>de</strong> couverture, certains peuvent être tentés <strong>de</strong> se soulager surle plancher, surtout si les usagers précé<strong>de</strong>nts ont souillé le trou <strong>de</strong>défécation. La hauteur doit être suffisante pour qu'une personne<strong>de</strong>bout ne se sente pas oppressée par le toit. Toutefois, si les usagersont l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> se baisser en entrant dans les bâtiments, une entréeplus basse peut être acceptable, voir préférable. Lorsque les latrinessont <strong>de</strong>stinées à servir aussi <strong>de</strong> cabinet <strong>de</strong> toilette ou <strong>de</strong> salle d'eau,on prévoira une surface <strong>de</strong> plancher plus importante.FormeLorsque la superstructure n'est pas collée à la maison, on a <strong>de</strong>ux possibilités<strong>de</strong> base (voir Fig. 7.32): (1) une simple caisse ron<strong>de</strong> ou rectangulaireavec ou sans cloison d'intimité; (2) une spirale ron<strong>de</strong> ourectangulaire. Bien que la conception en spirale utilise plus <strong>de</strong> matériaupour les parois (tout en permettant une économie par rapport àla dépense, peut-être plus importante, exigée par les portes et lesgonds), le système a l'avantage <strong>de</strong> maintenir une semi-obscuritéintérieure et convient mieux <strong>de</strong> ce fait aux latrines à fosse ventilée.Si, dans le système à spirale, on a prévu une porte, le fonctionnement<strong>de</strong> la latrine n'est pas affecté si on a oublié <strong>de</strong> la fermer. Cetteconception incorpore automatiquement un paravent d'intimité.Cependant, si on a prévu une fosse <strong>de</strong> faible durée, qui suppose ledéménagement <strong>de</strong> la cabane lorsqu'elle est pleine, on peut préférerune structure plus simple.Dans certains contextes culturels, déféquer face à une direction particulièrepeut constituer un interdit. On <strong>de</strong>vra évi<strong>de</strong>mment en tenircompte en plaçant la latrine.EmplacementOn peut construire la latrine comme unité autonome à l'intérieur ducomplexe d'habitation ou la situer contre le mur <strong>de</strong> la maison. Si elledonne sur l'intérieur <strong>de</strong> la maison, il y a plus <strong>de</strong> chances qu'elle soitcorrectement entretenue. De plus, le maître <strong>de</strong> maison peut plus facilementen contrôler l'accès. En revanche, on <strong>de</strong>vra veiller très attentivementau revêtement <strong>de</strong> la fosse, parce qu'elle est voisine <strong>de</strong>s fondations<strong>de</strong> la maison et qu'on doit pouvoir y accé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'extérieur pour lesvidanges. Les latrines déportées à chasse d'eau ont l'avantage que la131


PARTIE IIIPlanification etdéveloppement <strong>de</strong> projetsd'assainissement <strong>individuel</strong>


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELque <strong>de</strong>s latrines soit construites avant d'installer <strong>de</strong>s canalisationsd'eau, ou les responsables du service <strong>de</strong>s eaux peuvent souhaiter protégerle bassin hydrologique <strong>de</strong> collecte <strong>de</strong>stiné à alimenter la ville voisineen évitant que les gens défèquent n'importe où. L'accroissement<strong>de</strong> la fourniture d'eau à une zone donnée peut entraîner la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>d'un meilleur système d'élimination <strong>de</strong>s eaux usées.Définition du projetAmpleurIl faut évaluer très tôt l'ampleur du programme ou du projet au coursdu processus <strong>de</strong> planification. Cela suppose une estimation du nombre<strong>de</strong> personnes ou <strong>de</strong> ménages à <strong>de</strong>sservir. On peut entreprendreune enquête maison par maison ou obtenir les renseignements nécessairesauprès du personnel <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong>s ministères concernés ou <strong>de</strong>sresponsables locaux.Zones prioritairesOn établira d'abord une liste <strong>de</strong>s besoins comparés <strong>de</strong>s différenteszones, avec priorité aux gens qui sont mal équipés pour éliminer leursexcréta et aux zones où sévissent <strong>de</strong>s maladies imputables à unassainissement insuffisant. Il serait justifié d'accor<strong>de</strong>r une attentionspéciale aux régions très peuplées ou aux logements bondés.Toutefois, les habitations provisoires ne méritent peut-être pas autantd'attention que les bâtiments définitifs.D'autres facteurs influent aussi sur le choix <strong>de</strong> zones prioritaires,notamment l'intérêt que les communautés accor<strong>de</strong>nt à l'amélioration<strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> et le fait d'avoir déjà participé à d'autres projets.La possibilité et la volonté <strong>de</strong> contribuer financièrement sont également<strong>de</strong>s critères à prendre en compte pour le choix <strong>de</strong>s zones prioritaires.Les projets dépen<strong>de</strong>nt généralement d'une contribution financière<strong>de</strong>s ménages; il peut se faire que la priorité soit donnée à ceuxqui ont le plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> payer ou à ceux qui sont prêts à essayer<strong>de</strong> nouvelles formules. Dans le cas <strong>de</strong>s projets financés <strong>de</strong> l'extérieur,il peut arriver qu'on accor<strong>de</strong> un traitement préférentiel aux gens lesplus pauvres, en partant du principe que les familles plus à l'aisedoivent payer leurs propres latrines.Données <strong>de</strong> baseOn doit examiner avec beaucoup <strong>de</strong> soin tous les facteurs pertinentsen vue <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la forme d'assainissement la mieux appropriéeet <strong>de</strong>s moyens les plus efficaces pour l'obtenir. Au nombre <strong>de</strong> cesfacteurs figurent la santé publique et les considérations socioéconomiques,culturelles, financières, technologiques, institutionnelleset autres qui sont évoquées un peu plus loin (pp. 161-167).158


CHAPITRE 9. PLANIFICATIONUn projet unifié important peut exiger plusieurs rapports rédigéspar <strong>de</strong>s fonctionnaires <strong>de</strong> l'organisme d'exécution ou par <strong>de</strong>s consultants.De longs rapports écrits ne sont pas nécessaires pour les petitsprojets, ni pour les programmes qui se composent d'une succession <strong>de</strong>petites étu<strong>de</strong>s. Toutefois, quelle que soit l'importance <strong>de</strong>s projetsenvisagés, on <strong>de</strong>vra tenir soigneusement compte <strong>de</strong> tous les facteurspertinents.L'organisme responsableL'étu<strong>de</strong> et l'exécution d'un programme simple, relatif à quelquesménages seulement, peuvent être à la portée d'un petit comité <strong>de</strong>gens intéressés, surtout s'ils ont un animateur enthousiaste. Pour <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong> ampleur, une initiative <strong>de</strong>s pouvoirspublics, ou le soutien d'un organisme extérieur (agence bilatérale,organisation internationale ou organisation locale non gouvernementale)peuvent être nécessaires. La participation <strong>de</strong> tels organismesvarie considérablement selon la nature du projet, le type d'organisme etles circonstances nationales ou locales.PersonnelIl faut choisir et préparer soigneusement à sa tâche le personnel affectéà l'établissement <strong>de</strong>s programmes d'assainissement. A moins qu'ilsn'aient déjà travaillé sur <strong>de</strong>s programmes analogues, les gens désignésferont l'objet d'une formation, traditionnelle ou non, <strong>de</strong> préférencesur place dans un projet existant d'assainissement. On n'insisterajamais assez sur le fait que le personnel impliqué à tous les niveauxd'un programme d'assainissement à bon marché doit être familiariséavec les questions techniques, administratives et sociologiques. Il doitaussi connaître les conditions financières et socio-économiqueslocales, c'est-à-dire le niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> la population et être conscientdu rôle important que peuvent jouer les femmes, les travailleurs sociauxet les organisations non gouvernementales.Participation communautaireL'engagement <strong>de</strong> la communauté dans tout projet est un élément essentiel<strong>de</strong> sa réussite, parce que presque tout le travail d'assainissement<strong>individuel</strong> dépend <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong> chaque chef <strong>de</strong> famille. L'ampleur<strong>de</strong> cet engagement varie selon les pays. Une communauté urbaine ne secomportera pas comme une communauté rurale, laquelle n'agira probablementpas comme le feraient <strong>de</strong>s gens appartenant à <strong>de</strong>s unités familialesdispersées. Certains groupes sont homogènes alors que d'autressont d'une gran<strong>de</strong> diversité culturelle et socio-économique.Personnages clésOn doit prendre très tôt contact avec les personnages clés <strong>de</strong> la com-159


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUEL<strong>de</strong> la solution en général la mieux appropriée.Les améliorations sont probablement plus faciles à accepter que <strong>de</strong>sidées complètement nouvelles. De plus, l'examen <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>existant peut fournir <strong>de</strong>s données techniques utiles sur <strong>de</strong>s questionscomme la capacité d'infiltration du sol et le taux d'accumulation <strong>de</strong>smatières soli<strong>de</strong>s.Obtenir une information précise et complète sur <strong>l'assainissement</strong>existant a en outre l'avantage <strong>de</strong> contribuer à l'évaluation du programmeune fois celui-ci achevé.Alimentation en eauCe qui touche au plus près <strong>l'assainissement</strong>, c'est le problème <strong>de</strong> l'alimentationen eau, et on <strong>de</strong>vra relever soigneusement toutes lessources d'eau <strong>de</strong> la communauté. Si possible, on les inspectera. Lesprétentions du service <strong>de</strong>s eaux en ce qui concerne le réseau <strong>de</strong>scanalisations sont souvent excessives, et l'existence d'un réseau nedoit pas être prise pour preuve d'une alimentation satisfaisante. Lapression en bout d'une longue canalisation est souvent insuffisante, etl'écoulement souvent intermittent. Nombre <strong>de</strong> gens n'arrivent pas àévaluer les distances dans les localités rurales, et c'est pourquoi,quand c'est possible, il est bon d'observer la distance à parcourir pourse procurer l'eau, et le temps que cela <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Il faut tout particulièrement vérifier dans quelle mesure l'eau <strong>de</strong> boissonest tirée <strong>de</strong> la nappe phréatique. La profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la nappe et l'emplacement<strong>de</strong>s puits et <strong>de</strong>s forages sont <strong>de</strong>s éléments particulièrementimportants à cause du risque <strong>de</strong> pollution par les latrines à fosse et parles puits absorbants. Si possible, on essaiera d'obtenir une analyse <strong>de</strong>l'eau souterraine, indiquant notamment sa contamination bactérienneet sa teneur en nitrates. La comparaison avec les analyses faites après lamise en œuvre du programme d'assainissement peut alors servir à lasurveillance d'éventuelles pollutions <strong>de</strong> l'eau souterraine.Santé et maladiesOn peut apprécier la nécessité d'améliorer <strong>l'assainissement</strong> d'après laprévalence <strong>de</strong>s maladies liées aux excréta. Quelquefois, les simplesrelevés <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s centres locaux <strong>de</strong> santé fournit l'informationvoulue, surtout lorsqu'il s'agit d'affections diarrhéiques ouparasitaires. Toutefois, la valeur <strong>de</strong> ces relevés dépend <strong>de</strong> la précision<strong>de</strong>s diagnostics, <strong>de</strong> la bonne tenue <strong>de</strong>s dossiers et <strong>de</strong> l'emplacement<strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> santé par rapport au territoire <strong>de</strong>sservi.Les données tirées d'une enquête sanitaire faite avant le démarraged'un projet donné peuvent se comparer à celles d'une enquêtepostérieure à la mise en œuvre d'un autre projet, et on tient là un bonmoyen <strong>de</strong> mesurer l'efficacité <strong>de</strong>s améliorations apportées à <strong>l'assainissement</strong>.Malheureusement, ces étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> référence sont coûteuses162


CHAPITRE 9. PLANIFICATIONet difficiles à exécuter <strong>de</strong> façon satisfaisante. On ne les réclame doncgénéralement que lorsque les pouvoirs publics ou les donateurs exigent<strong>de</strong>s preuves <strong>de</strong> l'efficacité d'un dispositif simple d'assainissement.Population et logementsOn vérifiera et on complétera au besoin l'information obtenueantérieurement sur le nombre d'usagers et <strong>de</strong> foyers <strong>de</strong>sservis par leprojet. Des données démographiques détaillées, comme l'âge et larépartition <strong>de</strong>s sexes, peuvent être importantes, surtout lorsque lacoutume veut que les travailleurs quittent la zone provisoirement oudéfinitivement. On relèvera aussi les tendances <strong>de</strong> toutes les formes<strong>de</strong> migration.Les aspects du logement qui affectent le plus <strong>l'assainissement</strong> sontla <strong>de</strong>nsité, la qualité et le taux d'occupation. Alors que les faibles <strong>de</strong>nsitéssont courantes en milieu rural, il n'est pas rare que les logementssoient surpeuplés dans les villages ou même dans <strong>de</strong>s concessionsfamiliales isolées. Les statistiques les plus intéressantes sont cellesqui indiquent l'espace libre dévolu à chaque immeuble et le nombre<strong>de</strong>s occupants <strong>de</strong> ces immeubles. La qualité <strong>de</strong>s logements peut indiquerla situation économique <strong>de</strong>s occupants et les efforts qu'ilsseraient en mesure <strong>de</strong> fournir pour <strong>de</strong>s améliorations, y compris laconstruction <strong>de</strong> latrines. Dans <strong>de</strong> nombreux territoires ruraux et périurbains,la plupart <strong>de</strong>s logements ont été construits par leurs occupants,qui sont donc responsables <strong>de</strong> leurs propres moyens d'assainissement.Améliorer <strong>l'assainissement</strong> peut poser un problème difficilelorsque l'occupant n'est pas le propriétaire ou que plusieursfamilles partagent un même logement, ou encore lorsque <strong>de</strong>s gensoccupent les étages supérieurs d'un bâtiment à plusieurs niveaux.Culture et traditionsLes coutumes qui déterminent le choix <strong>de</strong> la latrine la plus appropriéesont les suivantes:• la métho<strong>de</strong> courante <strong>de</strong> nettoyage anal (l'eau, les éléments soli<strong>de</strong>scomme le papier, les feuilles, les pierres, l'herbe ou les épis <strong>de</strong> maïs);• la position <strong>de</strong> défécation habituelle, accroupie ou assise;• le niveau d'intimité souhaité;• l'emplacement habituel <strong>de</strong>s latrines par rapport à l'habitation;• le fait <strong>de</strong> souhaiter prendre un bain dans la latrine après défécation;• l'utilisation traditionnelle comme engrais <strong>de</strong>s excréments humainsou du compost qu'on en tire;• les objections à la manipulation <strong>de</strong>s excréments, même complètementdécomposés;• toutes les restrictions éventuelles à l'utilisation d'un même lieu <strong>de</strong>défécation par différents groupes, par exemple un tabou frappantl'usage du même emplacement par les hommes et les femmes, par163


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELne doit pas dépasser 1 % <strong>de</strong> leur revenu, mais 3 % est un taux acceptablepour d'autres groupes économiques (Kalbermatten et al. 1982).Possibilité d'un financement extérieurIl faut obtenir le maximum d'information sur les subventions, lesprêts et les subsi<strong>de</strong>s susceptibles d'être obtenus auprès <strong>de</strong>s administrationslocales ou nationales, <strong>de</strong>s donateurs bilatéraux, <strong>de</strong>s banquesinternationales et commerciales et d'autres sources extérieures.Comparaison et choix <strong>de</strong>s systèmesOn examinera avec soin tous les facteurs techniques décrits auChapitre 5 afin <strong>de</strong> choisir un certain nombre <strong>de</strong> types appropriés <strong>de</strong>latrines parmi ceux qui sont décrits aux Chapitres 4 et 6. Un arbre <strong>de</strong>décision comme celui <strong>de</strong> la Fig.9.1 peut servir <strong>de</strong> base pour la sélection.En pratique, il est à noter que l'utilisation d'une démarchecomme celle-ci permet d'éliminer certaines formes d'assainissement,en en laissant d'autres <strong>de</strong> côté pour complément d'information.Parmi les facteurs à prendre en compte pour déci<strong>de</strong>r si un systèmed'assainissement techniquement réalisable doit être proposé auxménages ou aux communautés on peut citer notamment:• le fait que le système soit populaire, comme semblent le montrerle nombre <strong>de</strong> ménages qui l'ont déjà adopté ou le fait qu'il existeun désir très répandu <strong>de</strong> le possé<strong>de</strong>r;• son <strong>de</strong>gré d'adaptation aux habitu<strong>de</strong>s culturelles locales ou auxcoutumes religieuses;• sa capacité à réduire la pollution et les risques pour la santé;• sa facilité d'installation par les usagers eux-mêmes, compte tenu<strong>de</strong>s compétences locales et <strong>de</strong> la disponibilité <strong>de</strong>s matériaux;• la part <strong>de</strong>s dépenses qu'il suppose - l'achat <strong>de</strong>s matériaux et <strong>de</strong>séléments, la main d'œuvre etc. - qui ne peuvent être couverts parles ménages;• sa facilité d'exploitation et d'entretien.Après avoir retenu un certain nombre d'options valables, on pourraévaluer les dépenses dans chaque cas. Ces dépenses <strong>de</strong>vront êtrecalculées pour plusieurs mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong>s matériauxdivers. On pourra alors calculer le coût global, tant financier qu'économique,correspondant au nombre d'unités nécessaires. Certainsorganismes peuvent accor<strong>de</strong>r leur préférence aux solutions lesmeilleur marché pour les projets financés <strong>de</strong> l'extérieur, comme on leverra au Chapitre 10.Une fois choisies les options adéquates, l'organisme maître d'ouvrage,ou la collectivité elle-même, doit passer au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la réalisationet donner à chaque chef <strong>de</strong> famille le maximum <strong>de</strong> possibilités <strong>de</strong>choix entre les divers modèles, matériaux, finition et autres détails.Les différentes étapes <strong>de</strong> l'exécution en seront étudiées au Chapitre 11.166


CHAPITRE 9. PLANIFICATIONFig. 9. 1. Arbre <strong>de</strong> décision pour le choix <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>(NOTE: -6 .. On doit choisir une option différenteMÉTHODE DENETTOYAGE ANALEAU DISPONIBLEET/OU À ~USAGEDE CHASSEAccessibilité:Capital et fraisd'entretien (Note 1)Densité démographiqueDeman<strong>de</strong> <strong>de</strong> réemploi<strong>de</strong>s déchets fécaux?Disponibilité d'unmoyen mécanique <strong>de</strong>vidange?•Très élevéElevé FaibleDéterminée sur le lieuOuiTerrain disponible pour<strong>de</strong> nouvelles fosses oubon pour <strong>de</strong>s fossesd'ultra grand volume?Terrain préalable?Terrain <strong>de</strong> perméabilitélimitée?Terrain imperméable?Eau souterraine ourocher à moins <strong>de</strong> 2 m<strong>de</strong> la surface?•OuiLes latrines sont utilisables pour le bain ---f--~1 1 1 1 1~usage <strong>de</strong>s latrines pour le bain sera limité,- sauf installation d'un terrain <strong>de</strong> drainage --1---HNonOuio::~~+~ ~;Les fosses souterraines peuvent êtreNonChoix acceptable pourles usagers?TYPED'ASSAINISSEMENTEXIGÉNote1: On n'a pas indiqué toutes les possibilités, car on admet que l'accessibilité est un problème <strong>de</strong> moyens financiers.Note 2 : Utiliser <strong>de</strong>s fosses d'ultra grand volume ou envisager le compostageNote 3 : Dépend aussi <strong>de</strong> l'acceptation <strong>de</strong> recueillir l'urine à part, <strong>de</strong> l'exigence d'un compost et <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>cendres et <strong>de</strong> produits végétaux.1167


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELréussisse, il faut une agence dirigeante, avec un fonctionnaire désignéou un comité <strong>de</strong> gestion qui ait la responsabilité <strong>de</strong> l'exécution et dispose<strong>de</strong> l'autorité nécessaire.Intégration <strong>de</strong>s responsabilités sectoriel/esLa désignation <strong>de</strong> l'agence dirigeante ne dispense pas les autresinstances <strong>de</strong> leur responsabilité dans les programmes. Selon les termesmêmes <strong>de</strong> leur mandat, elles peuvent souhaiter jouer un rôleactif dans la promotion <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> et se montrer capables <strong>de</strong>fournir <strong>de</strong>s gens qualifiés et une contribution d'importance capitale. Ils'ensuit qu'il est nécessaire <strong>de</strong> définir dès le début les responsabilités<strong>de</strong> toutes les institutions, agences et fonctionnaires associés au projet.Le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> leur engagement peut varier considérablement selon lanature du programme, le type d'organisation et autres conditionsnationales et locales.Il peut être utile d'organiser <strong>de</strong>s colloques et <strong>de</strong>s réunions pour discuterlibrement <strong>de</strong>s besoins et <strong>de</strong>s préoccupations. A partir <strong>de</strong> là, onpeut constituer un comité consultatif intersectoriel en vue <strong>de</strong> discussionsplus régulières <strong>de</strong>s progrès accomplis. Toutefois, il restepréférable d'avoir une seule agence dirigeante responsable <strong>de</strong>s décisionsplutôt qu'un comité intersectoriel.Equipes d'appui spécialiséesLorsqu'on donne un nouvel élan à un programme d'assainissement,on constate souvent que le personnel doit déjà assurer trop <strong>de</strong> tâchespour pouvoir véritablement jouer son rôle dans un projet nouveau. Ilfaut donc soit décharger ce personnel <strong>de</strong> certaines tâches, soit enrecruter un nouveau. La création d'une équipe «multidisciplinairechargée <strong>de</strong> l'amélioration <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>» peut être un moyenefficace <strong>de</strong> stimuler les progrès. Toutefois, il faut définir les relationsentre cette équipe et les structures d'organisation existantes et, en particulier,prévoir sa réintégration dans le cadre du programme général.Ces équipes ou agences, lorsqu'elles sont correctement constituées,sont souvent en mesure <strong>de</strong> contourner les procédures bureaucratiqueset d'éviter les pertes <strong>de</strong> temps qui existent dans toutes les institutions.Cependant, si on adopte une démarche non conventionnelle qui s'appuiesur la communauté, il faudra beaucoup <strong>de</strong> souplesse <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>l'agence d'appui. Ainsi, le personnel peut avoir besoin d'assister le soirà <strong>de</strong>s réunions communautaires, ou les vulgarisateurs, avoir besoin <strong>de</strong>rendre visite aux chefs <strong>de</strong> famille rentrés chez eux après leur journée. Ilfaudra éventuellement prévoir le paiement d'heures supplémentairesou <strong>de</strong>s congés <strong>de</strong> compensation pour ce travail tardif.Souplesse <strong>de</strong> l'institution et <strong>de</strong> l'équipe d'appuiComme on le verra au Chapitre 11, mobiliser les gens constitue un170


CHAPITRE 10. FACTEURS INSTITUTIONNELS, ÉCONOMIQUES ET FINANCIERSavantage considérable, surtout pour le soutien à long terme <strong>de</strong>saméliorations. Toutefois, à courte échéance, rien ne garantit que lesgens répondront autant et aussi vite que l'agence le désirerait.Le rôle <strong>de</strong> l'agence peut être rendu plus difficile par le refus <strong>de</strong>snormes <strong>de</strong> construction admises, la lenteur <strong>de</strong> la fourniture <strong>de</strong>scrédits ou <strong>de</strong>s matériaux, les budgets non exécutés, les longs délais<strong>de</strong> construction et les objectifs non atteints. Notamment, lorsque <strong>de</strong>sdonateurs extérieurs sont en cause, il s'exerce une pression en vue <strong>de</strong>résultats tangibles. L'agence doit donc organiser ses budgets et sesprogrammes <strong>de</strong> travail afin que les donateurs ou toute autre institution<strong>de</strong> parrainage puissent comprendre ce qui se passe, et pourquoi,tout en conservant la souplesse nécessaire.Organisations multilatérales et non gouvernementalesDe nombreuses organisations d'assistance et <strong>de</strong> développement s'engagentdans les programmes d'assainissement avec l'objectifd'améliorer la santé <strong>de</strong>s populations. Certaines d'entre elles peuventêtre basées dans le pays alors que d'autres reçoivent une assistanceextérieure. Certaines peuvent s'appuyer sur une expérience considérableet ancienne dans différentes parties du mon<strong>de</strong>, avec <strong>de</strong>s fondset du personnel qualifié <strong>de</strong> différents pays. D'autres ont une expérienceou <strong>de</strong>s fonds plus limités mais montrent un vif désir d'ai<strong>de</strong>r lesgens. Leur enthousiasme et leur capacité à répondre rapi<strong>de</strong>ment auxidées nouvelles peuvent être très utilement mis au service du projet.Il appartient à l'institution <strong>de</strong> parrainage <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> l'utilisation lameilleure <strong>de</strong>s offres d'assistance. Le problème crucial est celui d'intégrerles organisations multilatérales et non gouvernementales ainsi queles instances sectorielles juste où il le faut dans les programmes à longterme, en visant à limiter toute tendance <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s organisationsmoins importantes à favoriser <strong>de</strong>s projets particuliers non viables.Liaison entre institutions et chefs <strong>de</strong> famillePour être efficaces, les organismes publics doivent avoir, avec leschefs <strong>de</strong> famille et la communauté, <strong>de</strong>s contacts qui dépassent lesta<strong>de</strong> <strong>de</strong>s simples directives à respecter. On verra cela plus en détailau Chapitre 11. L'organisme pilote <strong>de</strong>vra être constitué <strong>de</strong> manière àpouvoir assurer:les enquêtes dans la communauté, les entrevues, les réunions, lesvisites à domicile;les centres <strong>de</strong> démonstration, les «supermarchés <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>»,l'achat <strong>de</strong>s différents éléments ou leur production et leur vente;la gestion du personnel d'appui général ou spécialisé, par exempledans le domaine technique, social, financier ou sanitaire;la formation <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> la communauté comme facilitateurs;l'assistance financière, matérielle et technique à la construction;171


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELcomme valable. On calculera donc toutes les dépenses à prévoir pendantcette pério<strong>de</strong> pour chaque option. Si la durée doit êtresupérieure à celle prévue, il faut y ajouter les dépenses <strong>de</strong> réfection.Toujours pour que les comparaisons soient justes, il est préférable <strong>de</strong>choisir la durée normalisée qui convient le mieux aux prévisions, etqui soit, autant que possible, un multiple entier <strong>de</strong> la durée d'exploitationprévue <strong>de</strong>s autres options.On peut utiliser l'analyse du coût minimal pour comparer <strong>l'assainissement</strong><strong>individuel</strong> à un tout-à-l'égout traditionnel. La techniqued'actualisation attribue aux dépenses à venir un impact économiquebeaucoup plus réduit, elle tend donc, par sa nature même, à favoriserles systèmes à faible investissement initial et à frais <strong>de</strong> fonctionnementplus élevés.Coût annuel total par ménageOn peut étendre l'analyse du coût minimal pour prendre en compte lecoût annuel total par ménage (CATM) (Kalbermatten et aL, 1982).On calcule les dépenses initiales <strong>de</strong> construction comme ci-<strong>de</strong>ssus.Comme les frais d'entretien <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s systèmes d'assainissement<strong>individuel</strong>s dépen<strong>de</strong>nt du nombre <strong>de</strong>s usagers, il faut choisir unménage moyen représentatif <strong>de</strong> la région concernée, en général <strong>de</strong> 6 à10 personnes.On calcule le CATM en partant <strong>de</strong> la valeur actuelle <strong>de</strong> la MBA surun cycle d'exploitation complet (voir plus haut) comme s'il s'agissaitd'un emprunt à rembourser sur la durée d'exploitation du systèmeavec <strong>de</strong>s prix constants, sans inflation. Le montant <strong>de</strong>s remboursementsannuels, y compris les intérêts, s'obtient en multipliant lavaleur actuelle par un facteur <strong>de</strong> remboursement du capital donnépar les tables et obtenu à partir <strong>de</strong> l'équation:. a (1 +a) nFacteur <strong>de</strong> remboursement du capItal FRC = (1 + a)n _ 1où a = taux d'actualisationn = durée d'exploitation (en années)On trouvera un exemple <strong>de</strong> calcul du CATM à la fin du présentchapitre (exemple 10.2)L'analyse fondée sur le CATM peut s'utiliser pour comparer lessystèmes d'assainissement <strong>individuel</strong>s avec un tout-à-l'égout classique.Kalbermatten et al. (1982) ont calculé que le coût d'unassainissement <strong>individuel</strong> représente entre 5 et 10 % <strong>de</strong> celui d'unsystème classique <strong>de</strong> tout-à-l'égout.Analyse coût - avantagesAprès avoir déterminé par l'analyse du coût minimal la valeuractuelle <strong>de</strong>s différentes solutions, il est d'usage <strong>de</strong> comparer les182


CHAPITRE 10. FACTEURS INSTITUTIONNELS, ÉCONOMIQUES ET FINANCIERSdépenses encourues à la valeur actuelle <strong>de</strong>s avantages attendus.L'évaluation <strong>de</strong> l'investissement n'a <strong>de</strong> sens que si la valeur <strong>de</strong>s avantagesretirés est supérieure à celle <strong>de</strong>s dépenses. Lorsque plusieurssolutions sont en présence, on doit choisir celle dont les avantagesl'emportent le plus sur le coût.Les avantages à considérer comportent: une intimité plus gran<strong>de</strong>, lacommodité d'usage et la protection <strong>de</strong> l'environnement, ainsi que ladiminution et même l'élimination définitive du péril fécal. Les avantagesmultiples tirés d'une seule intervention sont extrêmement difficilesà individualiser et à déterminer, surtout lorsque les améliorationsapportées à la santé sont liées à d'autres besoins fondamentauxcomme la nutrition et l'alimentation en eau. Pour chiffrer les avantages<strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>, on a tendance, dans ces conditions, à considérer<strong>de</strong>s facteurs plus faciles à évaluer: recul <strong>de</strong>s maladies,accroissement, qui en découle, <strong>de</strong> l'espérance <strong>de</strong> vie productive, <strong>de</strong> lacapacité <strong>de</strong> travail et <strong>de</strong> la réduction <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en moyens médicauxet en médicaments.L'évaluation chiffrée <strong>de</strong>s améliorations perceptibles dans la qualité<strong>de</strong> la vie (par exemple, <strong>de</strong> ne pas avoir à s'accroupir au bord <strong>de</strong> la rueavant le lever du jour) est basée sur la valeur que les usagersattachent à ces améliorations. En bonne logique, on ne peut arriver àune mesure qu'en prenant en compte la somme que les usagers sontprêts à débourser pour les éléments <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> qui s'apparentent<strong>de</strong> plus près au confort. Toutefois, dans la plupart <strong>de</strong>s contextesculturels, les décisions d'investissement sont prises par leshommes, et selon leurs priorités à eux, alors que le plus grand bénéficesera probablement ressenti par les femmes, qui n'ont cependantque peu <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> pouvoir exprimer leurs préférences.Il y a d'autres avantages à tirer <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>, comme l'utilisationdans l'agriculture <strong>de</strong>s excréta compostés ou fermentés ou la production<strong>de</strong> biogaz pour les besoins énergétiques. Cependant, il estrare que les avantages procurés par ce réemploi soient importants.L'évaluation chiffrée <strong>de</strong>s avantages tirés <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> estextrêmement difficile. Un assainissement bon marché est généralementconsidéré comme la satisfaction d'un besoin humain fondamental,nécessaire à la dignité <strong>de</strong> l'homme et à son développement engénéral. L'analyse économique trouve donc sa meilleure utilisationdans la détermination <strong>de</strong> l'option <strong>de</strong> coût minimal. Cette démarcheest particulièrement nécessaire lorsque nombre <strong>de</strong>s avantages pourl'environnement et la santé publique ne sont pas immédiatement concrétisablespar suite <strong>de</strong> la lenteur <strong>de</strong> la communauté à s'engager.Le <strong>Gui<strong>de</strong></strong> pratique d'examen <strong>de</strong>s projets (ONUDI, 1979) expose uneconception intéressante <strong>de</strong> l'analyse économique: à savoir que la littératuresur l'évaluation (économique) <strong>de</strong>s projets donne l'impressionque l'objectif recherché est <strong>de</strong> produire un ensemble <strong>de</strong> chiffressupposés refléter la valeur du projet alors qu'en réalité ce ne sont pasles chiffres qui sont importants, mais plutôt l'appréciation <strong>de</strong>s forces183


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELet <strong>de</strong>s faiblesses relatives <strong>de</strong> ce projet. Les chiffres ne sont que l'instrumentqui oblige les analystes à examiner tous les facteurs pertinents,et aussi un moyen <strong>de</strong> communiquer aux autres leurs conclusions.Facteurs financiersLe coût financier représente la somme que les ménages et les organismesdonateurs doivent payer pour construire et exploiter un systèmed'assainissement (ainsi que les pertes pour dépréciation etcréances irrécouvrables). Le coût financier est la préoccupation principale<strong>de</strong>s ménages et <strong>de</strong>s organismes donateurs, alors que les planificateurss'intéressent plus aux coûts économiques.Coût financier <strong>de</strong>s systèmes d'assainissementContributions en natureOn suppose souvent que les ménages peuvent fournir eux-mêmes unecontribution en travail, mais cela n'est en fait vrai que dans les zonesrurales. Il faut, dans les villes, payer le travail <strong>de</strong>s manœuvres et <strong>de</strong>spersonnels qualifiés, surtout dans les quartiers défavorisés oulorsqu'on a affaire à <strong>de</strong>s handicapés, <strong>de</strong>s vieillards et <strong>de</strong>s ménages oùle chef <strong>de</strong> famille est une femme.Matériaux <strong>de</strong> constructionLa plupart <strong>de</strong>s matériaux: parpaings ou briques pour le revêtement<strong>de</strong>s fosses, ciment pour les dalles <strong>de</strong> couverture, les jointshydrauliques, les tuyaux d'évent, grillages contre les mouches,plaques pour toiture et portes, doivent être achetés. Ce n'est qu'enzone rurale qu'on peut trouver gratuitement du bois et certainsautres matériaux. Il faut considérer également que l'entretien <strong>de</strong>routine, comme la réparation <strong>de</strong>s superstructures et le remplacement<strong>de</strong>s grillages contre les mouches vont entraîner ultérieurement <strong>de</strong>sdépenses.EauDans le cas <strong>de</strong>s fosses septiques, mais aussi pour les latrines à chassed'eau, il faut envisager une dépense supplémentaire pour l'eau <strong>de</strong>chasse.Loyer <strong>de</strong> l'argentLes intérêts <strong>de</strong>s emprunts se paient soit au taux du marché soit à celui<strong>de</strong>s projets subventionnés.184


CHAPITRE 10. FACTEURS INSTITUTIONNELS, ÉCONOMIQUES ET FINANCIERSVidange et éliminationOn doit prévoir les fonds nécessaires pour payer les ouvriers, ou louerune citerne à dépression, afin <strong>de</strong> vidanger les latrines à double fosseou d'éliminer les boues digérées.Réemploi <strong>de</strong>s déchetsDans certains cas, on peut tirer un revenu <strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s bouescomme engrais aux agriculteurs.Frais <strong>de</strong> gestion par les pouvoirs publics ou par divers organismesou agencesLes frais <strong>de</strong> gestion ne sont généralement pas <strong>de</strong>mandés aux ménageset constituent une subvention cachée. Selon Mara (1985b) les coûtsadministratifs et <strong>de</strong> livraison représentent environ 45 % du coût total<strong>de</strong> la main d'œuvre et <strong>de</strong>s matériaux.Modicité <strong>de</strong>s prix et politique d'assistance financièrePar l'analyse économique <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> développement, on s'efforce<strong>de</strong> chercher à utiliser au mieux <strong>de</strong>s ressources peu abondantes, capitauxnotamment. Si on veut tirer un avantage maximal pour le pays,la théorie économique exige que les frais facturés aux usagers soientaussi voisins que possible <strong>de</strong>s coûts économiques. Toutefois, si lesusagers n'ont pas les moyens <strong>de</strong> payer les frais recommandés, ils n'installerontjamais un système d'assainissement, si bien que ni la sociétédans son ensemble, non plus que l'usager <strong>individuel</strong> n'en tireront lesavantages attendus.Les organismes internationaux <strong>de</strong> prêt estiment, d'une façongénérale, que si le coût d'un assainissement qui garantit convenablementla santé n'est pas limité à une petite fraction <strong>de</strong>s revenus duménage, les autorités centrales ou locales doivent subventionner l'installationpour la rendre abordable. Les frais d'exploitation et d'entretien<strong>de</strong>vront en revanche être à la charge <strong>de</strong>s bénéficiaires. Si toutefoiscertains usagers désirent avoir <strong>de</strong>s installations meilleures ou pluscommo<strong>de</strong>s, ils <strong>de</strong>vront payer eux-mêmes la dépense supplémentaire.De même, si une collectivité plus riche déci<strong>de</strong> d'aller au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>sbesoins <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> base et désire sauvegar<strong>de</strong>r la propreté <strong>de</strong> sescours d'eau ou protéger son environnement général en se dotant d'unsystème d'assainissement plus coûteux, elle <strong>de</strong>vra en payer lescharges, soit par facturation directe à l'usager soit par <strong>de</strong>s taxesmunicipales (Kalbermatten et al., 1982).On considère que les charges sont modiques quand elles sont <strong>de</strong>l'ordre <strong>de</strong> 1,5-3 % du revenu total <strong>de</strong>s ménages. Il s'agit là du montanttotal déboursé au cours <strong>de</strong> l'année (l'investissement initial, plusélevé, peut être couvert par un emprunt mais ne doit pas, <strong>de</strong> toute185


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELvent avoir besoin d'être adaptés afin d'utiliser <strong>de</strong>s produits locaux.En particulier, lorsqu'on introduit <strong>de</strong> nouvelles techniques ou <strong>de</strong>nouveaux matériaux, il faut que les innovateurs mènent à bien unprojet pilote pour régler les détails techniques <strong>de</strong> façon satisfaisanteavant <strong>de</strong> prôner leur idée <strong>de</strong>vant les autres. On ne peut pas <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rà <strong>de</strong>s collectivités à faible revenu <strong>de</strong> courir le risque d'installer à leursfrais un système d'efficacité non démontrée.La pério<strong>de</strong> d'expérimentation fournit aussi l'occasion d'une formationsur le tas du personnel <strong>de</strong> terrain. Ceux qui participent aux essais<strong>de</strong>s différentes options finissent par connaître les avantages et lesinconvénients <strong>de</strong> toutes ces techniques. Ils pourront ensuite expliquer<strong>de</strong> façon convaincante, à partir d'une expérience <strong>de</strong> première main,pourquoi on recomman<strong>de</strong> certaines options aux usagers éventuelsOn peut se passer <strong>de</strong> la phase d'expérimentation lorsqu'un projetfinancièrement réalisable est déjà bien connu et accepté par lesusagers potentiels.DémonstrationA mesure que le personnel du projet prend confiance dans les technologiesqu'il propose, la pério<strong>de</strong> d'expérimentation vient se fondredans la phase démonstration, tous les intéressés étant à même <strong>de</strong> voirles aménagements proposés et d'exprimer leurs propres recommandationset décisions. Les promoteurs peuvent ainsi s'assurer que latechnologie choisie est socialement et culturellement acceptable pourla population. Il faut en particulier donner aux dirigeants et auxreprésentants <strong>de</strong> la communauté l'occasion d'examiner et <strong>de</strong> discuterles propositions. Le résultat <strong>de</strong>s enquêtes (que les responsables nesaisissent pas toujours très bien) peut être ainsi confronté à la réalitéd'une unité <strong>de</strong> démonstration.Il est bon d'encourager les fonctionnaires du ministère <strong>de</strong> parrainageet <strong>de</strong>s départements et administrations associés à participer aux discussionssur les systèmes qui sont l'objet <strong>de</strong> la démonstration. C'estsurtout lorsque les fonctionnaires sont persuadés que la seule formeacceptable d'assainissement est un réseau d'égouts très coûteux, qu'ilest indispensable <strong>de</strong> leur montrer que <strong>de</strong>s installations <strong>individuel</strong>lespeu coûteuses constituent une alternative viable. Lorsque <strong>de</strong>s organisationsnon gouvernementales interviennent dans la fourniture d'unsystème d'assainissement, il importe que les départements ministérielsconcernés aient la possibilité <strong>de</strong> donner leur avis à ce sta<strong>de</strong>.L'expérimentation est d'autant plus efficace qu'elle s'effectue à l'intérieur<strong>de</strong> la zone à équiper dans un atelier appartenant à l'organismemaître d'œuvre ou à une institution sympathisante, où les usagerspotentiels peuvent assister aux essais <strong>de</strong>s différentes options. Le systèmed'assainissement en cours <strong>de</strong> démonstration peut être soit uneunité expérimentale complète, soit un nouveau système dans un sitenouveau. Le meilleur endroit pour une unité <strong>de</strong> démonstration se194


CHAPITRE 11. DÉVELOPPEMENTtrouve là où les habitants peuvent l'essayer dans <strong>de</strong>s conditionsvoisines <strong>de</strong> la normale, ce qui peut révéler <strong>de</strong> nouveaux problèmes oumettre en lumière les limites du modèle proposé.On installera les projets pilotes ou les systèmes <strong>de</strong> démonstration àl'endroit où ceux qui ont la charge du programme peuvent régulièrementsurveiller et entretenir les latrines. Une installation <strong>de</strong> démonstrationpouvant être aisément souillée quand elle est utilisée par différentespersonnes, <strong>de</strong>s emplacements apparemment convenables,comme les centres <strong>de</strong> santé, les écoles et les bâtiments municipaux nesont pas toujours <strong>de</strong> bon sites <strong>de</strong> démonstration. Il vaut mieux utiliserla maison d'un agent <strong>de</strong> santé ou le local affecté à un fonctionnairechargé du développement municipal, qui saura prendre soin <strong>de</strong> l'installationet l'entretenir. De même, la maison d'un habitant motivépeut convenir. Lorsqu'il existe un comité municipal <strong>de</strong> développement,notamment responsable <strong>de</strong> l'eau et <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>, <strong>de</strong>smembres en vue <strong>de</strong> ces comités peuvent héberger les unités <strong>de</strong>démonstration.La phase d'expérimentation peut aboutir à divers modèles d'installationqui semblent convenir à une zone particulière. Une option susceptibled'utiliser plusieurs types <strong>de</strong> matériaux, peut également avoirson intérêt. La variété <strong>de</strong>s modèles est une bonne chose si elle permetà <strong>de</strong>s ménages à revenus différents <strong>de</strong> participer. Par exemple, unefosse ventilée peut fonctionner aussi bien avec une couverture <strong>de</strong>terre posée sur <strong>de</strong>s perches qu'avec une dalle en béton. La phase <strong>de</strong>démonstration <strong>de</strong>vra expliquer comment on peut utiliser chaque typed'installation au sein <strong>de</strong> la communauté tout en indiquant les moyensd'améliorer le système lorsque les conditions financières le permettent.Stimulation <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>Le choix d'un système d'assainissement approprié appartient à ceuxqui en seront les utilisateurs. On peut considérer que la phase <strong>de</strong>démonstration est une vitrine où les usagers potentiels peuvent voirce qui est offert et à quel prix et, donc, choisir le modèle dont ils ontbesoin. Bien que la plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> la vente ait lieu pendant laphase <strong>de</strong> mise en œuvre, il est utile, même à ce sta<strong>de</strong> préliminaire duprojet, <strong>de</strong> commencer à stimuler la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>.Dans <strong>de</strong> nombreux projets, c'est les professionnels <strong>de</strong> la santé quiprennent l'initiative <strong>de</strong> lancer les phases <strong>de</strong> faisabilité et <strong>de</strong> démonstration.Cependant, dès que l'occasion s'en présentera, on <strong>de</strong>vra confierà la communauté la responsabilité <strong>de</strong> mener à bien la construction,l'exploitation et l'entretien <strong>de</strong> l'installation, <strong>de</strong> préférence avantque ne démarre la phase d'exécution ou d'extension. L'expériencemontre que les projets d'assainissement les plus réussis s'appuientsur une collaboration entre les futurs utilisateurs et l'organisme quiles ai<strong>de</strong>. Celui-ci peut être tenté d'assumer un rôle dirigeant excessif195


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELPour <strong>de</strong> nombreux projets, cela signifie que la conception et la construction<strong>de</strong> la superstructure sont laissées aux bons soins <strong>de</strong>s ménages,l'organisme maître d'œuvre s'occupant plutôt <strong>de</strong> promotion généraleet d'assistance pour la confection <strong>de</strong>s dalles, <strong>de</strong>s revêtements, <strong>de</strong>ssiphons, <strong>de</strong>s tuyaux <strong>de</strong> liaison, et <strong>de</strong>s évents - le cas échéant.La démarche adoptée par l'organisme maître d'œuvre doit êtredéfinie avant que l'activité <strong>de</strong> promotion ne se développe à gran<strong>de</strong>échelle au sein <strong>de</strong> la communauté afin d'éviter toute confusionéventuelle. D'ailleurs, quelle que soit la démarche adoptée, il fautfixer les procédures qui seront suivies pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> consolidation.On pourra indiquer ces procédures au personnel afin qu'il soiten mesure <strong>de</strong> donner aux ménages <strong>de</strong>s conseils clairs et cohérents.Il est entendu, par ailleurs, que le personnel administratif chargé <strong>de</strong>soutenir le personnel <strong>de</strong> terrain est là pour ai<strong>de</strong>r et non pour restreindreou limiter.FormationLes personnels techniques et notamment les spécialistes <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>qui n'ont pas participé à la phase <strong>de</strong> démonstration <strong>de</strong>vront êtremis au courant <strong>de</strong>s résultats obtenus et <strong>de</strong>s techniques mises au pointantérieurement. Les personnels associés, comme les agents <strong>de</strong> santé oules sociologues <strong>de</strong>vront eux aussi être initiés au programme. La formationnécessaire dépendra du rôle qui leur sera dévolu au sein du programme,mais il faut au moins qu'ils sachent exactement ce que l'onattend <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> famille.De même, on prévoira d'initier également au programme les enseignants<strong>de</strong>s établissements scolaires locaux et, si possible, <strong>de</strong> leurfournir un matériel éducatif convenable au profit <strong>de</strong> leurs élèves. Onformera aussi aux techniques spécialisées, éventuellement élaboréespendant la phase d'expérimentation, les artisans qui ne travaillent pasdirectement pour l'organisme maître d'œuvre mais qui pourraient sevoir confier <strong>de</strong> petits contrats. Les programmes <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>stinésaux chefs <strong>de</strong> famille seront préparés et expérimentés en attendantd'être utilisés ultérieurement.Expérimentation préalable <strong>de</strong> la documentation promotionnelleOn profitera <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> consolidation pour soumettre à <strong>de</strong>s essaispréliminaires tous les dépliants, affiches ou autres documents explicatifsou publicitaires, pour s'assurer que le message reçu par leslecteurs est bien celui que voulaient les promoteurs. On expérimentera<strong>de</strong> la même façon le matériel éducatif <strong>de</strong>stiné aux écoles.Co<strong>de</strong>s et règlements sanitairesPour qu'un organisme <strong>de</strong> santé publique puisse mettre en route etdévelopper une activité dans le cadre <strong>de</strong> la santé publique et <strong>de</strong> l'as-198


CHAPITRE 11. DÉVELOPPEMENTsainissement, il est nécessaire qu'il existe <strong>de</strong>s textes législatifs. La législationd'habilitation se limite généralement à exposer <strong>de</strong>sprincipes généraux et à énoncer <strong>de</strong>s responsabilités et <strong>de</strong>s sanctions.En s'appuyant sur ces textes, l'organisme concerné est à mêmed'établir <strong>de</strong>s réglementations et <strong>de</strong>s normes plus détaillées.S'il existe un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> santé publique, il ne peut qu'influencer profondémentla nature et le contenu d'un programme d'élimination <strong>de</strong>sexcréta. Si la réglementation est périmée, ou trop élaborée et contraignante,elle risque <strong>de</strong> restreindre les aspects à la fois techniques etadministratifs du projet. Elle risque même <strong>de</strong> remettre en cause sonpropre objectif et d'ailleurs la population a souvent tendance à ne pasen tenir compte. Au contraire, une réglementation convenablementrédigée contribue très utilement à établir <strong>de</strong>s gar<strong>de</strong>-fous et à éliminerles risques pour la santé, surtout dans les communautés très peuplées.Son action normative s'exerce dans les domaines suivants: pollutiondu sol et <strong>de</strong> l'eau, élimination <strong>de</strong>s déchets humains et animaux;hygiène du logement; protection <strong>de</strong>s produits alimentaires; lutte contreles arthropo<strong>de</strong>s, les rongeurs et les mollusques vecteurs <strong>de</strong> maladies;contrôle <strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface.Lorsqu'on élabore la réglementation sanitaire, il est important <strong>de</strong>gar<strong>de</strong>r présent à l'esprit les principes suivants:• Il ne faut proposer aucune réglementation que l'on ne puisse fairerespecter;• Aucune loi n'est applicable sans la coopération <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>spersonnes concernées.La réglementation relative à l'élimination <strong>de</strong>s excréta dans leszones à faible revenu doit être raisonnable et ne pas être d'unerigueur inutile. Surtout, elle doit être en accord avec les principes <strong>de</strong>base <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>. Il est important <strong>de</strong> prendre en considérationtoutes les éventualités possibles dans un avenir prévisible, et lemeilleur moyen <strong>de</strong> le faire est <strong>de</strong> consulter ceux au profit <strong>de</strong>squels onétablit les règlements. Si l'expérience <strong>de</strong>s autres peut être utile pourla rédaction d'un nouveau règlement, c'est cependant toujours uneerreur que d'adopter la réglementation en vigueur dans d'autres payssans lui faire subir les modification nécessaires.A propos <strong>de</strong> la coopération <strong>de</strong>s administrés à l'application <strong>de</strong> la législation,Lethem (1956) a écrit: «Aucune forme <strong>de</strong> contrôle ne peut êtreefficace sans le soutien <strong>de</strong> la majorité <strong>de</strong>s administrés et sans l'appuid'une opinion publique éclairée. Il s'ensuit que l'éducation doitprécé<strong>de</strong>r la législation; en fait on pourrait la considérer comme lamère <strong>de</strong> la législation. Plus le niveau d'éducation est bas, plus il estnécessaire <strong>de</strong> préparer soigneusement le terrain avant <strong>de</strong> promulgueret <strong>de</strong> faire respecter une réglementation nouvelle. Il est préférable <strong>de</strong>commencer mo<strong>de</strong>stement et d'élever ensuite le niveau plutôt que <strong>de</strong>multiplier les textes et susciter ainsi un véritable mur d'oppositionsqui rend leur application difficile. La législation seule est incapable199


PARTIE III. PLANIFICATION ET DÉVELOPPEMENT DE PROJETSD'ASSAINISSEMENT INDIVIDUELencore faire appel aux subventions lorsque l'organisme maître d'œuvredésire accélérer le processus <strong>de</strong> développement, pour encourager davantage<strong>de</strong> gens à se doter d'un assainissement plus vite que ce ne seraitnormalement possible. Cela peut prendre la forme <strong>de</strong> prêts bonifiéspour la construction d'une installation complète ou l'achat <strong>de</strong> matériauxou d'éléments. Les prêts proviennent en général d'un fonds <strong>de</strong> roulementconstitué par un donateur, fonds dont une partie est réservée ausoutien <strong>de</strong> projets dans d'autres zones. Enfin, les prêts peuvent être consentissans aucun intérêt ou du moins avec un intérêt qui couvre justeles frais généraux. En revanche, lorsque les prêts sont accordés aux tauxdu marché, on ne peut plus parler <strong>de</strong> subvention directe.La subvention peut en effet aussi consister en un don en matériauxou en éléments ou encore en réductions <strong>de</strong> prix sur ces matériaux ouéléments. Il existe également <strong>de</strong>s primes d'encouragement auxménages, payables à la fin <strong>de</strong>s travaux d'une latrine acceptable. Cetteprime peut prendre une forme indirecte et consister en une assistancetechnique ou générale gratuite. De même, certains projets peuventinstaller <strong>de</strong>s ateliers qui ven<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s matériaux <strong>de</strong> construction à prixcoûtant, ce qui permet d'économiser le bénéfice du reven<strong>de</strong>ur. Ils'agit en fait d'une subvention, puisque les frais généraux du magasin<strong>de</strong> matériaux ne sont pas comptés au client.L'objectif <strong>de</strong>s subventions est <strong>de</strong> permettre aux chefs <strong>de</strong> famille <strong>de</strong>construire <strong>de</strong>s sanitaires convenables à la première occasion. Il fautrester à un niveau qui permette aux ménages d'assumer les frais <strong>de</strong>fonctionnement (utilisation et entretien) <strong>de</strong> l'installation. Le niveau<strong>de</strong> la subvention est calculé pour que les usagers construisent uneinstallation convenable et durable dont ils aient le sentiment d'êtreles propriétaires et les responsables.En In<strong>de</strong>, l'expérience montre qu'il faut prévoir <strong>de</strong>s subventionslorsque le programme s'adresse aux plus pauvres d'entre les pauvres(Roy et al., 1984). Cependant, même dans le cas <strong>de</strong>s ménages les plusmisérables, il est essentiel <strong>de</strong> prévoir un petit prêt à rembourser pourgarantir la participation et l'utilisation <strong>de</strong>s latrines.Supervision sur le siteLes prospectus d'information et les cours <strong>de</strong> formation seuls ne suffisentpas pour qu'on soit sûr que les latrines seront construites correctement.Il faut que <strong>de</strong>s techniciens ren<strong>de</strong>nt visite aux ménages oùon construit <strong>de</strong>s latrines pour donner <strong>de</strong>s conseils et vérifier lesdétails techniques. Ils doivent faire <strong>de</strong>s suggestions et prodiguer <strong>de</strong>sencouragements sans jamais être négatifs dans leurs observations etleurs remarques.Soutien institutionnelL'organisme pilote instigateur <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> joue le rôle princi-206


CHAPITRE 11. DÉVELOPPEMENTpal. Cependant, d'autres départements ministériels, conseils, établissementsd'enseignement et <strong>de</strong> soins peuvent eux aussi soutenir leprojet. Ils feront en sorte que leurs propres systèmes d'assainissementsoient bien adaptés à l'usage par leur personnel, étudiants et visiteurs.Ils peuvent aussi fournir <strong>de</strong>s locaux pour le magasinage temporaire<strong>de</strong>s matériaux.Il existe différentes formes <strong>de</strong> soutien institutionnel. Il est arrivéque <strong>de</strong>s fonctionnaires puissent obtenir <strong>de</strong>s congés pour construireleurs propres sanitaires en vue <strong>de</strong> constituer pour les voisins un modèleà copier. De même, on a vu un gouvernement déci<strong>de</strong>r d'accor<strong>de</strong>r<strong>de</strong>s vacances à tous les employés <strong>de</strong>s secteurs public et privé afin <strong>de</strong>leur permettre <strong>de</strong> construire <strong>de</strong>s latrines. Cependant, il est plus queprobable que les résultats <strong>de</strong> cette façon <strong>de</strong> faire ne seront pas à lahauteur <strong>de</strong> l'attente, à moins qu'on ait convenablement préparé leterrain (enquêtes et démonstrations).Remboursement <strong>de</strong>s empruntsPour le remboursement mensuel <strong>de</strong>s emprunts, on <strong>de</strong>vra s'attacher àrechercher un montant supportable plutôt qu'un remboursementrapi<strong>de</strong>. Cependant, il faut quand même équilibrer les choses pourassurer une durée raisonnable <strong>de</strong> remboursement, car les ménages nesont pas forcément disposés à continuer longtemps à payer pourleurs sanitaires.Quand la population s'est engagée à fond dans la construction <strong>de</strong>latrines, on constate habituellement qu'elle rembourse les petitsemprunts qu'elle a contractés à cette fin. Par contre, si le programmea été imposé sans l'engagement total <strong>de</strong> la communauté, il est probableque les remboursements resteront à un niveau médiocre.Achèvement du programmePour la plupart <strong>de</strong>s programmes, le taux d'achèvement <strong>de</strong>s unités<strong>individuel</strong>les d'assainissement tend à suivre une courbe en «S»(Fig. 11.1). Au cours <strong>de</strong>s phases initiales <strong>de</strong> démonstration et <strong>de</strong> consolidation,il n'y a que peu <strong>de</strong> progrès dans le nombre <strong>de</strong>s installationsachevées. Pendant la phase d'extension on peut s'attendre à ce que lamajorité <strong>de</strong> la population installe <strong>de</strong>s latrines. Cependant, le tauxd'installation décline généralement lorsqu'on s'approche <strong>de</strong>s 80%.On évitera cependant <strong>de</strong> recourir à <strong>de</strong>s incitations matérielles supplémentaires, car ce serait injuste vis-à-vis <strong>de</strong> ceux qui ont déjà construitleur installation eux-mêmes.A moins que, dans les zones urbaines ou périurbaines, un problèmesocial particulier s'oppose à l'achèvement <strong>de</strong>s installations, il pourraêtre nécessaire d'instaurer une obligation légale pour tous lesménages <strong>de</strong> terminer leurs installation. Comme la santé publique netirera pas tous les avantages <strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong> tant que tous les207


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ANNEXE 1. RÉUTILISATION DES EXCRÉTAcarbone-azote, <strong>de</strong> l'humidité, du maintien <strong>de</strong>s conditions aérobies et<strong>de</strong> la dimension <strong>de</strong>s particules. A moins <strong>de</strong> précautions particulières,l'envahissement par les mouches peut poser un problème lorsqu'onstocke le compost.Etat et qualité du compostOn peut vérifier pendant et après la stabilisation du compost si leprocessus se passe bien et si le produit fini convient à l'usage agricole.Sauf dans les gran<strong>de</strong>s usines <strong>de</strong> compostage mécanique, l'état ducompost s'apprécie par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s simples. On peut raisonnablementadmettre que les germes pathogènes seront tués si la températuredépasse 65 oC, ce qu'on vérifie en enfonçant dans le tas unebarre <strong>de</strong> fer ou une tige <strong>de</strong> bois qu'on retire au bout d'environ dixminutes: elle doit alors être trop chau<strong>de</strong> pour qu'on puisse la tenir enmain. La température tombe lorsque la stabilisation est achevée.L'absence d'o<strong>de</strong>ur désagréable ou <strong>de</strong> mouches est le signe d'un compostageaérobie satisfaisant (Flintoff, 1984). Avec un peu d'expérience,il est aisé <strong>de</strong> s'assurer que tout va bien à l'aspect du compost.Il doit avoir l'air moite, mais sans que du liqui<strong>de</strong> suinte.Pendant que la stabilisation se poursuit, l'aspect change d'un jour àl'autre. L'aérobiose se manifeste par une couleur vert pâle, légèrementlumineuse, du matériau situé à l'intérieur du tas.Les agriculteurs et les jardiniers peuvent souhaiter connaître lacomposition chimique du compost provenant <strong>de</strong>s gadoues ou <strong>de</strong>sboues <strong>de</strong> fosse d'aisance. Les nutriments principaux <strong>de</strong>s plantes(azote, pentoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> phosphore et oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> potassium) représententen principe 3% en poids du compost, soit trois fois plus que dans lecompost tiré <strong>de</strong>s ordures municipales.Utilisation en aquicultureDans <strong>de</strong> nombreux pays d'Asie, il est d'usage courant <strong>de</strong> déverser <strong>de</strong>sexcréta dans <strong>de</strong>s étangs ou <strong>de</strong>s bassins <strong>de</strong> pisciculture. Quelquefoismême, les latrines sont placées directement au-<strong>de</strong>ssus ou à côté <strong>de</strong>sétangs; ailleurs, on déverse dans l'eau les gadoues amenées dans <strong>de</strong>scharrettes, citernes ou tinettes. Les nutriments entraînent une richeproduction d'algues qui favorise l'aérobiose et fournit <strong>de</strong> la nourritureà certains poissons.Les carpes et tilapias conviennent particulièrement bien à cesétangs, mais <strong>de</strong> nombreuses autres espèces peuvent coexister, certainesse nourrissant <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s algues et d'autres <strong>de</strong> petites ou <strong>de</strong>zooplancton; certaines préfèrent la couche du fond et d'autres celledu sommet. Le poisson est généralement pêché au filet pour la consommationhumaine, mais quelquefois, il est séché et réduit en farinepour l'alimentation <strong>de</strong> la volaille ou d'autres animaux. Les étangspeuvent également permettre l'élevage <strong>de</strong> canards.238


ANNEXE 1. RÉUTILISATION DES EXCRÉTAIl Y a trois risques pour la santé associés à la pisciculture dans lesétangs qui reçoivent <strong>de</strong>s excreta.(1) Des germes pathogènes peuvent séjourner sur le corps ou dansles intestins <strong>de</strong>s poissons sans provoquer chez eux <strong>de</strong> maladiemanifeste et passer ensuite aux personnes qui les manipulent.(2) Des helminthes, en particulier la douve, peuvent infester les personnesqui mangent du poisson insuffisamment cuit;(3) Les helminthes à hôtes intermédiaires (comme les schistosomes<strong>de</strong>s gastéropo<strong>de</strong>s aquatiques) peuvent poursuivre leur cycle évolutifdans les étangs.On pourra trouver un utile complément d'information dans unepublication <strong>de</strong> l'OMS intitulée <strong>Gui<strong>de</strong></strong> pour l'utilisation sans risques<strong>de</strong>s eaux résiduaires et <strong>de</strong>s excréta en agriculture et aquiculture (Mara& Cairncross, 1991) .Production <strong>de</strong> biogazLa recherche <strong>de</strong> nouvelles sources d'énergie a popularisé l'utilisation<strong>de</strong>s déchets organiques en vue <strong>de</strong> produire un combustible utilisablepour la cuisine domestique. Fondamentalement, une installation <strong>de</strong>biogaz consiste en une chambre <strong>de</strong> fermentation ou digesteur, où estproduit un gaz qui contient environ 60% <strong>de</strong> méthane. Recueilli ausommet <strong>de</strong> cette chambre, le gaz est amené par un tuyau auxappareils domestiques ou à <strong>de</strong>s récipients souples <strong>de</strong> stockage.Certaines installations n'utilisent que <strong>de</strong>s excréta humains. Parexemple, à Patna, en In<strong>de</strong>, une latrine à chasse d'eau <strong>de</strong> 24 cabines<strong>de</strong>ssert plusieurs milliers <strong>de</strong> personnes et fournit assez d'énergie pouréclairer 4 km <strong>de</strong> route. En revanche, la plupart <strong>de</strong>s 7 millions d'installationschinoises (Li, 1984) fonctionnent à partir d'excréments d'animauxmélangés à <strong>de</strong>s excréments humains. Un buffle ou une vache <strong>de</strong>taille moyenne produit environ vingt fois plus <strong>de</strong> gaz qu'un homme.Le minimum pour une installation correspond à une vache ou à unefamille, bien qu'il soit d'usage d'utiliser les excréments d'au moinsquatre vaches. En Chine, il est courant d'utiliser les déjections <strong>de</strong>porcs.ConstructionIl existe nombre <strong>de</strong> variantes, mais les formes les plus courantes d'installationdomestique comportent une cloche fixe ou flottante souslaquelle s'amasse le gaz. Le cloche flottante représentée sur laFig. A1.5 est très largement employée en In<strong>de</strong>. En Chine, <strong>de</strong>s clochesen maçonnerie ou en béton du modèle <strong>de</strong> la Fig. A1.6 sont courantes.Elles sont généralement moins chères que les cloches flottantes. Laproduction <strong>de</strong> gaz est en gros égale au tiers du volume du digesteur.239


ANNEXE 2Eaux ménagèresIl s'agit <strong>de</strong> la partie <strong>de</strong>s eaux provenant <strong>de</strong>s usages domestiques (eau<strong>de</strong> vaisselle, <strong>de</strong> toilette, <strong>de</strong> lessive etc.) à l'exclusion <strong>de</strong>s eaux-vannesqui contiennent <strong>de</strong>s excréments.Peu d'étu<strong>de</strong>s ont été publiées sur les caractéristiques <strong>de</strong>s eauxménagères dans les pays en développement. Des recherches effectuéesaux Etats-Unis ont montré qu'elles contiennent moins <strong>de</strong>nitrates que les eaux-vannes, mais qu'elles sont plus chargées en produitsorganiques solubles et plus facilement biodégradables (Laak,1974). Elles contiennent moins <strong>de</strong> matières soli<strong>de</strong>s en suspension queles eaux-vannes, mais elles sont plus grasses et plus chau<strong>de</strong>s que ces<strong>de</strong>rnières. Les eaux <strong>de</strong> cuisine sont plus chargées en matières soli<strong>de</strong>s,elles ont une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> biochimique plus élevée d'oxygène et sontplus riches en nitrates que les autres types d'eaux ménagères.Ces eaux peuvent être très différentes en volume et en nature d'unecommunauté à l'autre. Une famille <strong>de</strong>sservie seulement par unefontaine éloignée ou une pompe à main peut ne rejeter que 10 litresd'eau par personne et par jour, alors que les membres d'un foyer dotéd'un sanitaire élaboré peuvent évacuer 200 litres ou plus par personneet par jour. Dans certains pays, l'eau usée est peu abondante parce quel'hygiène <strong>individuel</strong>le et le lavage <strong>de</strong>s vêtements et <strong>de</strong> la vaisselle s'effectuentdans une rivière ou dans un lac. On trouvera au tableau A2.1<strong>de</strong>s chiffres <strong>de</strong> consommation d'eau en milieu rural qui montrent queles chiffres <strong>de</strong> consommation peuvent être extrêmement variables.La nature <strong>de</strong>s eaux ménagères dépend très largement <strong>de</strong> facteurscomme l'alimentation, le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> lavage du linge et <strong>de</strong>s ustensiles <strong>de</strong>cuisine, les habitu<strong>de</strong>s en matière d'hygiène corporelle et l'existenceéventuelle <strong>de</strong> salles <strong>de</strong> bains et d'autres moyens d'hygiène.Il y a plusieurs raisons pour ne pas mélanger les excréta aux eauxménagères. D'abord, l'installation <strong>individuel</strong>le n'a pas toujours unecapacité suffisante. Les eaux ménagères peuvent aussi être évacuéespar un tuyau <strong>de</strong> trop faible section pour le passage <strong>de</strong>s excréta. Enfin,on peut vouloir réduire la charge hydraulique d'une fosse septique enévitant d'y déverser les eaux ménagères (Bradley, 1983).Les eaux ménagères sont évacuées ou éliminées par toutes sortes <strong>de</strong>moyens. On se contente souvent <strong>de</strong> les déverser dans la cour ou àl'extérieur <strong>de</strong> la propriété où elles s'évaporeront ou s'infiltreront dansle sol. On peut aussi s'en servir pour irriguer un potager ou <strong>de</strong>s massifs<strong>de</strong> fleurs. Elles peuvent également se frayer un chemin dans lesdrains ouverts ou souterrains d'évacuation <strong>de</strong>s eaux d'orage. On peutaussi creuser <strong>de</strong>s puits absorbants ou installer un plateau <strong>de</strong> drainage242


ANNEXE 2. EAUX MÉNAGÈRESpour disperser ces eaux. Dans certains cas, les eaux ménagères <strong>de</strong>plusieurs habitations sont rassemblées, puis filtrées et traitées dans unbassin avant d'être rejetées ou recyclées.Tableau A2.1 Consommation d'eau (en litres par personne et parjour) dans certaines zones rurales <strong>de</strong> quatre pays endéveloppementUtilisation<strong>de</strong> l'eauLesotho aLangoOuganda bKigeziPakistanPandjab cMozambique cBoisson et cuisineUsages domestiques8,010,05,811,96,41,65,724,02,310,0Total18,017,78,029,712,3a Feachem et al. 1978b White et al. 1972c Ahmed et al. 1975d Cairncross, S., communication personnelleSanté et gestion <strong>de</strong>s eaux ménagèresEn général, les risques pour la santé imputables aux eaux ménagèresne sont pas aussi sérieux que dans le cas d'eaux vannes ou d'effluents<strong>de</strong> fosses septiques. La numération <strong>de</strong>s coliformes fécaux estgénéralement très inférieure à celle relevée dans les effluents <strong>de</strong>s fossesseptiques (Bradley, 1983). Toutefois, le lavage <strong>de</strong>s vêtements pourbébés et <strong>de</strong>s langes a <strong>de</strong>s chances <strong>de</strong> l'augmenter substantiellement.Certaines données laissent à penser que les bactéries se développentbien dans les eaux ménagères (Hypes, 1974).Il Y a un risque pathogène non négligeable si les eaux ménagèressont rejetées à même le sol. Si les rejets se font toujours au mêmeendroit, l'humidité permanente qui en résulte favorise la survie <strong>de</strong>shelminthes, et notamment <strong>de</strong> l'ankylostome, ainsi que la prolifération<strong>de</strong>s mouches et <strong>de</strong>s moustiques. En outre, cet endroit risque d'êtreconsidéré comme un dépôt d'ordures et utilisé pour la défécation, cequi ne peut qu'accroître le nombre <strong>de</strong>s parasites. On ne distingued'ailleurs guère les matières fécales sur un sol boueux.Le plus grave danger est celui <strong>de</strong>s moustiques et, notamment, <strong>de</strong>Culex quinquefasciatus, qui se développe dans l'eau polluée <strong>de</strong>smares et peut contribuer à répandre la filariose <strong>de</strong> Bancroft. La création<strong>de</strong> mares d'eau ménagères provient d'une décharge excessivesur le sol, du blocage <strong>de</strong>s drains <strong>de</strong> surface ou encore, d'une constructionet d'un entretien défectueux <strong>de</strong>s canaux <strong>de</strong> drainage à cielouvert.La pollution <strong>de</strong> la nappe par les eaux ménagères est peut être moinsinquiétante qu'une pollution par d'autres eaux usées puisque la243


INDEXUrine, décomposition, 36élimination, 81-86germes pathogènes, 10volume, 35-36Vecteur, 230Ventilation, 132-133fosse septique, 73latrine à chasse d'eau, 132-133latrine à fosse ventilée, 54-57,132-133Vermine, 46Vers intestinaux, 25Vidange, 230Virus, 10, 15-16, 43Visite, promotion du projet, 202Vitesse d'infiltration, 39-40, 143Volume <strong>de</strong> rétention, 68-69WC, 230Zones, <strong>de</strong> drainage, 230prioritaires, 158urbaines, problèmesd'assainissement, 5-6---~--~-----------'-------------------'--------------258


CHOIX DE PUBLICATIONS DE L'OMS AUTOURDU MÊME THÈMEPrix'(Fr.s.)Technologie <strong>de</strong> l'approvisionnement en eau et <strong>de</strong><strong>l'assainissement</strong> dans les pays en développementRapport d'un Groupe d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'OMSOMS, Série <strong>de</strong> Rapports techniques No. 742, 1987 (42 pages) 7,-<strong>Gui<strong>de</strong></strong> pour l'utilisation sans risques <strong>de</strong>s eaux résiduaireset <strong>de</strong>s excreta en agriculture et aquacultureD.Mara & S. Cairncross.1991 (205 pages) 35,-L'utilisation <strong>de</strong>s èaux usées en agriculture et enaquiculture: recommandations à visées sanitairesRapport d'un Groupe scientifique <strong>de</strong> l'OMSOMS, Série <strong>de</strong> Rapports techniques No. 778, 1989 (82 pages) 9,-Principes directeurs pour la planification <strong>de</strong> la participation communautaireaux projets d'approvisionnementen eau et d'assainissementOMS, publication offset No. 96, 1987 (55 pages) 10,-La technologie appropriée au traitement <strong>de</strong>s eaux uséesdans les petites localités ruralesRapport sur une réunion <strong>de</strong> l'OMSRapports et étu<strong>de</strong>s EURO No 90, 1984 (69 pages)Low-cost water supply and sanitation technology:pollution and health problemsSEARO Regional Health Papers, No. 4, 1984 (40 pages)Evacuation <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> surface dans les communautésà faibles revenus.1992 (92 pages)L'éducation pour la santé dans la lutte contre laschistosomiase1990 (61 pages)The impact of <strong>de</strong>velopment policies on health.A review of the literature.D.E. Cooper Weil et al.1990 ( 174 pages)Pour plus <strong>de</strong> détails sur ces ouvrages et sur les autres publications <strong>de</strong> l'Organisationmondiale <strong>de</strong> la Santé, s'adresser au Service Distribution et Vente, Organisation mon·diale <strong>de</strong> la Santé, 1211 Genève 27, Suisse.Les prix consentis dans les pays en développement représentent 70% <strong>de</strong>s prix indiqués.8- ,5- ,Amélioration <strong>de</strong>s conditions d'hygiène <strong>de</strong> l'environnementdans les habitats pour faibles revenus. Comment définir besoins etpriorités au niveau communautaireOMS, publication offset No. 100, 1989 (61 pages) 12,-16,-11 ,-31 ,-


......L'élimination hygiénique <strong>de</strong>s excreta est d'une importance fondamentale,non seulement pour la santé publique, mais également enraison <strong>de</strong> ses avantages du point <strong>de</strong> vue social et écologique. Cependant,pour beaucoup <strong>de</strong> collectivités démunies, en particulier dansles pays en développement, l'installation d'un réseau d'égouts neconstitue pas une option envisageable du fait <strong>de</strong> son coût élevé et <strong>de</strong>la nécessité <strong>de</strong> disposer d'un système d'adduction d'eau. Pour cegenre <strong>de</strong> collectivité, <strong>l'assainissement</strong> <strong>individuel</strong>- qui consiste àtraiter les excreta là où ils sont déposés - constitue une solution àla fois hygiénique et abordable.Le présent ouvrage expose <strong>de</strong> façon approfondie la conception, lestechniques <strong>de</strong> construction, l'exploitation et l'entretien <strong>de</strong>s principauxtypes d'installations d'assainissement <strong>individuel</strong>, <strong>de</strong> la simplelatrine à fosse au cabinet et fosse septique, et cela avec un grandnombre d'exemples concrets. La mise en place d'un système d'assainissement<strong>individuel</strong> implique bien davantage que la simple miseen œuvre d'un certain nombre <strong>de</strong> techniques, les auteurs se sontattachés à décrire en détails le processus <strong>de</strong> planification et <strong>de</strong>développement, ainsi que les aspects financiçrs et institutionnelsqui doivent être pris en considération. Ils insistent tout particulièrementsur la nécessité <strong>de</strong> faire participer la communauté à tous lessta<strong>de</strong>s du projet, <strong>de</strong>puis la planification jusqu'à l'évaluation etd'adapter projets et programmes aux conditions locales tout encontinuant d'apporter un appui à la communauté, une fois l'installationen place.Fruit <strong>de</strong> l'expérience acquise par les auteurs dans un certain nombre<strong>de</strong> pays en développement, le présent ouvrage est susceptibled'intéresser un large public, <strong>de</strong>puis les ingénieurs et les techniciens<strong>de</strong> <strong>l'assainissement</strong>, jusqu'au personnel <strong>de</strong> santé, aux administrateurset aux planificateurs, etc., qui ont en charge l'amélioration <strong>de</strong><strong>l'assainissement</strong> dans les collectivités défavorisées.Prix: 47,-f.s. ISBN 92 4 254443 4Prix dans les pays en développement: 32,90 f.s.

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