paysagePartage de l’espace agrico<strong>le</strong> etidentité territoria<strong>le</strong>Le paysage est aujourd’hui une intention col<strong>le</strong>ctive. Depuis la convention européennedu paysage, jusque dans <strong>le</strong>s documents d’urbanismes, la protection, la gestion etl’aménagement des paysages comptent parmi <strong>le</strong>s stratégies de développement.Toutes <strong>le</strong>s thématiques précédentes ont traité du paysage agrico<strong>le</strong> dans la mesureoù chacune d’entre el<strong>le</strong>s s’est intéressée à l’organisation de l’espace de production.Cel<strong>le</strong>-ci a été analysée à des fins utilitaires : agronomiques ou environnementa<strong>le</strong>s. Or,<strong>le</strong> paysage ne se résume pas au fonctionnel. Il recouvre éga<strong>le</strong>ment la perception del’espace et revêt une dimension sensoriel<strong>le</strong>.L’interprétation d’un paysage varie donc considérab<strong>le</strong>ment selon <strong>le</strong>s individus, <strong>le</strong>ursclés de <strong>le</strong>cture, aspirations ou l’humeur du moment… Support de production, cadrede vie, lieu de récréation, source de bien-être… <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs des paysages agrico<strong>le</strong>ssont multip<strong>le</strong>s. Les choix technico-économiques priment dans toute stratégie agrico<strong>le</strong>d’aménagement. Mais, grâce à l’arbre notamment, l’agriculteur peut respecterdifférentes logiques d’utilisation de l’espace.Dans une perspective d’aménagement agroforestier, l’approche paysagère permetd’améliorer l’espace de production, tout en mettant en scène <strong>le</strong> cadre de vie. El<strong>le</strong>joint l’uti<strong>le</strong> à l’agréab<strong>le</strong>. Trouvant ses fondements dans l’histoire et la géographie deslieux, el<strong>le</strong> recourt à l’observation de l’espace de production et ses environs, aux cartesanciennes ou actuel<strong>le</strong>s, aux témoignages des populations.Cette compréhension de l’espace agrico<strong>le</strong> conduit à des aménagements valorisantl’originalité des formes, compositions et ressources loca<strong>le</strong>s.Dans un souci de cohérence écologique, économique et territoria<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s pratiquestraditionnel<strong>le</strong>s se mê<strong>le</strong>nt à la technicité moderne.Cette démarche renforce l’identité du lieu. Et l’arbre des champs appuie cette miseen scène. Il lui donne une meil<strong>le</strong>ure lisibilité puisqu’il se loge au niveau des élémentsstructurants des paysages. Son entretien et sa valorisation répondent à des logiquespropres aux contraintes et atouts de chaque territoire. De l’openfield au bocage, de laplaine à la montagne, <strong>le</strong>s stratégies agroforestières diffèrent donc catégoriquement.La Convention européenne du<strong>Paysage</strong>Cette convention a pour objectifde promouvoir la protection,la gestion et l’aménagementdes paysages, et d’organiser lacoopération européenne dans cedomaine.La protection des paysagescomprend <strong>le</strong>s actions deconservation et de maintiendes aspects significatifs oucaractéristiques d’un paysage,justifiées par sa va<strong>le</strong>urpatrimonia<strong>le</strong> émanant de saconfiguration naturel<strong>le</strong> et/ouhumaine.La gestion des paysagescomprend <strong>le</strong>s actions visant,dans une perspective dedéveloppement durab<strong>le</strong>, àentretenir <strong>le</strong> paysage afin de<strong>guide</strong>r et d’harmoniser <strong>le</strong>stransformations induites par <strong>le</strong>sévolutions socia<strong>le</strong>s, économiqueset environnementa<strong>le</strong>s.L’aménagement des paysagescomprend <strong>le</strong>s actions présentantun caractère prospectifparticulièrement affirmé visant lamise en va<strong>le</strong>ur, la restauration oula création de paysages.47 48 4950 51 5224
Diversité des physionomieset des colorisConserver des ouvertureset des points de vueVoie de circulationombragéeSentier ombragé aulong de la ripisylve sepoursuivant vers <strong>le</strong>villageIntégration des éléments bâtislocalisation• La qualité des paysages s’apprécie à l’échel<strong>le</strong> descompositions, des climats et ambiances que l’on ressentimmédiatement autour de soi, et surtout aux échel<strong>le</strong>splus vastes des vues qu’ils nous offrent sur l’horizon. Unréseau agroforestier complètement fermé peut masquerdes perspectives paysagères intéressantes et procurer unsentiment d’enfermement.• Lors de l’implantation des arbres et des arbustes qui <strong>le</strong>scomposent, il convient de mener une réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong>s différentspoints de vue que l’on souhaite conserver et de <strong>le</strong>s mettre enva<strong>le</strong>ur par <strong>le</strong> jeu des perspectives offertes par <strong>le</strong>s alignementsd’arbres.• Inversement, <strong>le</strong>s éléments arborés des systèmesagroforestiers peuvent être uti<strong>le</strong>s pour intégrer des « verruespaysagères » tel<strong>le</strong>s une décharge ou un bâtiment qui, à nosyeux, peuvent déparer un paysage.• Les compositions des vergers, des plantations arborées etdes haies contribuent, autant que <strong>le</strong>s formes urbaines et <strong>le</strong>tracé des infrastructures, à l’image d’une humanisation sage,prévoyante et prudente du milieu terrestre.• La localisation des éléments arborés en bordure des voies decirculation agrémente <strong>le</strong>s activités de p<strong>le</strong>in air et la découvertede la nature. El<strong>le</strong> est un élément structurant qui permetd’apprécier <strong>le</strong>s échel<strong>le</strong>s du paysage et ses lignes de force.• Le positionnement autour des bâtiments peut s’avérerpertinent. Il est traditionnel pour marquer <strong>le</strong>s espaces et donnerune image de <strong>le</strong>ur propriétaire (prestige, goût, individualisationdes parcel<strong>le</strong>s, etc.) ou pour des raisons de confort olfactif àproximité des bâtiments d’é<strong>le</strong>vage.composition• La spécifité des formes arborées de chaque région affirme ladiversité des identités culturel<strong>le</strong>s des territoires.• La création d’un paysage agroforestier dans une régiond’openfield transforme <strong>le</strong> cadre de vie. Il est donc essentiel quel’agriculteur personnalise l’aménagement de son exploitationen fonction de ses goûts et aspirations (choix des essences etdes formes agroforestières).• La diversité des éléments arborés rompt la monotonie despaysages : mélange de haies hautes et basses, épaisses ouétroites, d’arbres isolés et de bosquets, de vieux arbres et dejeunes plants, d’alignements droits ou courbes...• Implanter des alignements ou des haies basses permet deconserver des points de vue.• La diversité des essences au sein d’une haie ou d’unalignement augmente la diversité des coloris et des portsd’arbres. El<strong>le</strong> permet des variations sur <strong>le</strong>s volumes et <strong>le</strong>stextures.• L’emploi de végétaux locaux est un choix de cohérenceterritoria<strong>le</strong> puisqu’il souligne <strong>le</strong>s spécificités des terroirs.• La structuration naturel<strong>le</strong> de la végétation spontanéesouligne la spécificité des lieux où el<strong>le</strong> se développe.• Les essences exotiques sont à utiliser avec parcimoniepour mettre en va<strong>le</strong>ur un lieu : cèdre, séquoïa, magnolia... àproximité du siège d’exploitation par exemp<strong>le</strong>.• Les arbres peuvent avoir un sens symbolique : <strong>le</strong> chênesymbo<strong>le</strong> de force et robustesse, <strong>le</strong> cyprès symbo<strong>le</strong> delongévité, l’olivier symbo<strong>le</strong> de paix, l’aubépine censéedétourner la foudre, conserver la viande, empêcher <strong>le</strong> lait detourner et éloigner <strong>le</strong>s serpents, traditionnel<strong>le</strong>ment implantée àproximité des granges et des étab<strong>le</strong>s...gestion• Les interventions modifient <strong>le</strong> paysage : ébranchage d’unarbre têtard, recépage d’une haie, récolte de bois d’œuvre...Ces évolutions contribuent à la vie du paysage.• Les <strong>technique</strong>s de tail<strong>le</strong>, d’entretien et de valorisation varientd’une région à l’autre.• La gestion peut être fonction du cadre de vie : arbres taillésen tonnel<strong>le</strong> près des bâtiments, tail<strong>le</strong>s en gobe<strong>le</strong>t pour <strong>le</strong>salignements.►En ouvrant <strong>le</strong>s yeux sur <strong>le</strong> paysage environnant, on trouvegénéra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s formes loca<strong>le</strong>s qui par<strong>le</strong>nt aux habitants,car inscrites dans <strong>le</strong>ur mémoire.25