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Introduction à la théorie des graphes - Apprendre en ligne.net

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2.7 Algorithme de Dijkstra . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352.8 Réseau PERT (Project Evaluation and Review Technique) . . . . . . . . . 37Bibliographie 40Lexique 41Index 46ii · N o 6CAHIERS DE LA CRM


Avant-proposLa mise <strong>en</strong> oeuvre du RRM a nécessité certains ajustem<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> programmes de mathématiques<strong>en</strong>seignés dans les gymnases de Suisse romande. La Commission Romande de Mathématique(CRM) ti<strong>en</strong>t <strong>à</strong> proposer <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t conformes aux exig<strong>en</strong>cesdu règlem<strong>en</strong>t de maturité. Aussi ses membres s’emploi<strong>en</strong>t-ils depuis plusieurs années <strong>à</strong> <strong>la</strong>mise <strong>à</strong> jour de sa collection « Ouvrages collectifs » qui couvr<strong>en</strong>t <strong>en</strong> priorité les besoins duprogramme de niveau standard.Certaines notions généralem<strong>en</strong>t étudiées dans les cours de mathématiques de niveau r<strong>en</strong>forcéont été volontairem<strong>en</strong>t retirées <strong>des</strong> ouvrages de base. En outre, l’introduction <strong>des</strong>options spécifiques a ouvert de nouveaux horizons quant aux sujets de mathématiquesabordés. Soucieuse de t<strong>en</strong>ir compte de cette évolution, <strong>la</strong> CRM proposait <strong>en</strong> 2004 les deuxpremiers ouvrages d’une nouvelle collection, les Cahiers de <strong>la</strong> CRM.Ce cahier, le sixième de <strong>la</strong> série, parle <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>, un sujet inhabituel dans les cours traditionnelsde mathématiques et qui s’intègre parfaitem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> dans une Option Spécifiqueou dans une Option Complém<strong>en</strong>taire.La CRM est heureuse de prés<strong>en</strong>ter aujourd’hui un ouvrage sortant <strong>des</strong> s<strong>en</strong>tiers battus :« <strong>Introduction</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> »de Didier MüllerLes ouvrages publiés ces dernières années par <strong>la</strong> CRM sont marqués par le souci d’être accessibles<strong>à</strong> <strong>la</strong> lecture individuelle <strong>des</strong> élèves. J’espère qu’il <strong>en</strong> ira de même pour cet ouvrageet que vous aurez grand p<strong>la</strong>isir <strong>à</strong> vous plonger dans ce monde fascinant <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>.Tous mes remerciem<strong>en</strong>ts <strong>à</strong> Didier Müller pour s’être <strong>la</strong>ncé dans l’av<strong>en</strong>ture de <strong>la</strong> publicationd’un cahier, ainsi qu’aux membres de <strong>la</strong> CRM qui ont consacré de leur temps <strong>à</strong> une lecturefinale minutieuse.But de ce fasciculePatrick HochuliPrésid<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> CRMDécembre 2011Le but de ce fascicule est d’initier les lycé<strong>en</strong>s <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>.Je n’ai pas pour ambition de faire une <strong>théorie</strong> complète, mais de montrer comm<strong>en</strong>t les<strong>graphes</strong> peuv<strong>en</strong>t être une méthode de résolution de problèmes intéressante.Ce cours se veut accessible aux élèves de lycée, car il ne demande pratiquem<strong>en</strong>t pas deconnaissances préa<strong>la</strong>bles. Il est découpé <strong>en</strong> deux parties principales : les <strong>graphes</strong> non ori<strong>en</strong>téset les <strong>graphes</strong> ori<strong>en</strong>tés.Comme <strong>la</strong> <strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> utilise un jargon bi<strong>en</strong> particulier, le début du cours comportebeaucoup de définitions. C’est un peu rébarbatif, mais indisp<strong>en</strong>sable pour <strong>la</strong> suite. Un indexet un lexique <strong>en</strong> fin de fascicule aideront l’élève <strong>à</strong> assimiler ces termes.Les exercices sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t de deux types :– Des exercices théoriques sur les <strong>graphes</strong>, qui sont souv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> démonstrations assezsimples, généralem<strong>en</strong>t par induction, ou par l’absurde ; il y a aussi <strong>des</strong> exercices deréflexion qui permett<strong>en</strong>t de se r<strong>en</strong>dre compte si on a bi<strong>en</strong> compris un concept ou non.– Des exercices pratiques où il peut être avantageux d’utiliser <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> pour modéliseret résoudre un problème.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 1


Corrigés <strong>des</strong> exercicesPar manque de p<strong>la</strong>ce dans ce fascicule, les corrigés <strong>des</strong> exercices sont disponibles gratuitem<strong>en</strong>tsur le site www.nymphomath.ch/<strong>graphes</strong>. L’internaute trouvera égalem<strong>en</strong>t sur ce sitequelques applets pour illustrer certains concepts.Logiciels pour les <strong>graphes</strong>Le logiciel gratuit Grin 4.0 (pour Windows) permet <strong>en</strong>tre autres de :– <strong>des</strong>siner <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>– produire <strong>la</strong> matrice d’adjac<strong>en</strong>ces d’après le <strong>des</strong>sin– colorer <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>– trouver le plus court chemin dans un graphe– trouver les cycles euléri<strong>en</strong>s et hamiltoni<strong>en</strong>sBref, ce logiciel est un complém<strong>en</strong>t idéal <strong>à</strong> ce cours ! Il a été écrit par Vitali Petch<strong>en</strong>kine etest disponible <strong>à</strong> l’adresse web : www.nymphomath.ch/<strong>graphes</strong>/logiciel/ (<strong>la</strong> page officiellede ce programme a disparu du web).Mathematica permet aussi de travailler avec les <strong>graphes</strong>. Voir [5] dans <strong>la</strong> bibliographie.Pour aller plus loinPour <strong>en</strong> savoir beaucoup plus sur les <strong>graphes</strong>, voici quelques livres que j’ai utilisés, c<strong>la</strong>ssésdu plus simple au plus complet :– A<strong>la</strong>in Hertz propose une initiation aux <strong>graphes</strong> sous forme d’énigmes policières [3]. Ce<strong>la</strong>illustre bi<strong>en</strong> comm<strong>en</strong>t les <strong>graphes</strong> peuv<strong>en</strong>t être utiles pour modéliser <strong>des</strong> problèmes.– Théorie <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> [1] donne une base solide, tout <strong>en</strong> restant accessible au plus grandnombre. Très agréable <strong>à</strong> lire. Un regret : pas d’exercices.– Les <strong>graphes</strong> par l’exemple [2] est comme [1] accessible <strong>à</strong> <strong>des</strong> lycé<strong>en</strong>s, mais il conti<strong>en</strong>t<strong>en</strong> plus <strong>des</strong> exercices corrigés.– <strong>Introduction</strong> to graph theory [6] est très complet, mais d’un niveau universitaire et <strong>en</strong>ang<strong>la</strong>is.– Graphes et algorithmes [4] est un indémodable, de niveau universitaire et malheureusem<strong>en</strong>ttrès cher.Didier Müller2 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


1 Graphes non ori<strong>en</strong>tés1.1 Premières définitionsUn graphe fini G = (V,E) est défini par l’<strong>en</strong>semble fini V ={v 1 ,v 2 ,...,v n } dont les élém<strong>en</strong>tssont appelés sommets (Vertices <strong>en</strong> ang<strong>la</strong>is), et par l’<strong>en</strong>semble fini E ={e 1 ,e 2 ,...,e m }dont les élém<strong>en</strong>ts sont appelés arêtes (Edges <strong>en</strong> ang<strong>la</strong>is).Une arête e de l’<strong>en</strong>semble E est définie par une paire non ordonnée de sommets, appelésles extrémités de e. Si l’arête e relie les sommets a et b, on dira que ces sommets sontadjac<strong>en</strong>ts, ou incid<strong>en</strong>ts avec e, ou bi<strong>en</strong> que l’arête e est incid<strong>en</strong>te avec les sommets aet b.On appelle ordre d’un graphe le nombre de sommets n de ce graphe.1.1.1 Représ<strong>en</strong>tation graphiqueLes <strong>graphes</strong> tir<strong>en</strong>t leur nom du fait qu’on peut les représ<strong>en</strong>ter par <strong>des</strong> <strong>des</strong>sins. À chaquesommet de G, on fait correspondre un point distinct du p<strong>la</strong>n et on relie les points correspondantaux extrémités de chaque arête. Il existe donc une infinité de représ<strong>en</strong>tations d’ungraphe. Les arêtes ne sont pas forcém<strong>en</strong>t recti<strong>ligne</strong>s.Si on peut <strong>des</strong>siner un graphe G dans le p<strong>la</strong>n sans qu’aucune arête n’<strong>en</strong> coupe une autre (lesarêtes ne sont pas forcém<strong>en</strong>t recti<strong>ligne</strong>s), on dit que G est p<strong>la</strong>naire. Le graphe G ci-<strong>des</strong>susest p<strong>la</strong>naire.23151 54342Une représ<strong>en</strong>tation non p<strong>la</strong>naire dugraphe G (<strong>des</strong> arêtes se crois<strong>en</strong>t)Une représ<strong>en</strong>tation p<strong>la</strong>naire de G1.1.2 Quelques types de <strong>graphes</strong>Un graphe est simple si au plus une arête relie deux sommets et s’il n’y a pas de boucle surun sommet. On peut imaginer <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> avec une arête qui relie un sommet <strong>à</strong> lui-même(une boucle), ou plusieurs arêtes reliant les deux mêmes sommets. On appelera ces <strong>graphes</strong><strong>des</strong> multi<strong>graphes</strong>.12 43MultigrapheCAHIERS DE LA CRM N o 6 · 3


Un graphe est connexe s’il est possible, <strong>à</strong> partir de n’importe quel sommet, de rejoindretous les autres <strong>en</strong> suivant les arêtes. Un graphe non connexe se décompose <strong>en</strong> composantesconnexes. Sur le graphe ci-<strong>des</strong>sous, les composantes connexes sont {1,2,3,4} et {5,6}.2 13 64 5Graphe non connexeV = {1,2,3,4,5,6}E = { {1,3},{1,4},{2,3},{3,4},{5,6} }Un graphe est complet si chaque sommet du graphe est relié directem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> tous les autressommets.23145Graphe complet K 5V = {1,2,3,4,5}E = { {1,2},{1,3},{1,4},{1,5},{2,3},{2,4},{2,5},{3,4},{3,5},{4,5} }Un graphe est biparti si ses sommets peuv<strong>en</strong>t être divisés <strong>en</strong> deux <strong>en</strong>sembles X et Y ,de sorte que toutes les arêtes du graphe reli<strong>en</strong>t un sommet dans X <strong>à</strong> un sommet dans Y(dans l’exemple ci-<strong>des</strong>sous, on a X = {1,3,5} et Y = {2,4}, ou vice versa).13524Graphe bipartiV = {1,2,3,4,5}E = { {1,2},{1,4},{2,5},{3,4},{4,5} }1.1.3 Exemple d’utilisation d’un graphe pour résoudre un problèmeOn a six wagons <strong>à</strong> trier. Dans <strong>la</strong> gare de triage, les wagons <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans l’ordre 2, 5, 3, 6,1, 4 et doiv<strong>en</strong>t sortir dans l’ordre croissant. Deux wagons i et j peuv<strong>en</strong>t être mis sur <strong>la</strong>même voie si et seulem<strong>en</strong>t s’ils <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t dans l’ordre dans lequel ils doiv<strong>en</strong>t sortir.Dessinez un graphe illustrant <strong>la</strong> situation, <strong>en</strong> indiquant ce que représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les sommets etles arêtes de votre graphe. Quel sera le nombre minimal de voies nécessaires au tri ?SolutionOn représ<strong>en</strong>te les wagons par les sommets. Une arête reliedeux sommets i et j si les wagons i et j ne peuv<strong>en</strong>t pasêtre sur <strong>la</strong> même voie. On obti<strong>en</strong>t le graphe ci-contre.On voit que 1, 3 et 5 ne peuv<strong>en</strong>t pas être sur <strong>la</strong> même voie.Il faut donc trois voies au minimum.2 13 64 54 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Exercice 1Trois professeurs P 1 , P 2 , P 3 devront donner lundi prochain un certain nombre d’heures decours <strong>à</strong> trois c<strong>la</strong>sses C 1 , C 2 , C 3 :P 1 doit donner 2 heures de cours <strong>à</strong> C 1 et 1 heure <strong>à</strong> C 2 ;P 2 doit donner 1 heure de cours <strong>à</strong> C 1 , 1 heure <strong>à</strong> C 2 et 1 heure <strong>à</strong> C 3 ;P 3 doit donner 1 heure de cours <strong>à</strong> C 1 , 1 heure <strong>à</strong> C 2 et 2 heures <strong>à</strong> C 3 .Comm<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter cette situation par un graphe ? Quel type de graphe obt<strong>en</strong>ez-vous ?Combi<strong>en</strong> faudra-t-il de p<strong>la</strong>ges horaires au minimum ?Aidez-vous du graphe pour proposer un horaire du lundi pour ces professeurs.Exercice 2Un tournoi d’échecs oppose 6 personnes. Chaque joueur doit affronter tous les autres.Construisez un graphe représ<strong>en</strong>tant toutes les parties possibles.Quel type de graphe obt<strong>en</strong>ez-vous ?Si chaque joueur ne joue qu’un match par jour, combi<strong>en</strong> de jours faudra-t-il pour terminerle tournoi ?Aidez-vous du graphe pour proposer un cal<strong>en</strong>drier <strong>des</strong> matches.Exercice 3Sur un échiquier 3×3, les deux cavaliers noirs sont p<strong>la</strong>cés sur les cases a1et c1, les deux cavaliers b<strong>la</strong>ncs occupant les cases a3 et c3.Aidez-vous d’un graphe pour déterminer les mouvem<strong>en</strong>ts alternés <strong>des</strong> b<strong>la</strong>ncset <strong>des</strong> noirs qui permettront aux cavaliers b<strong>la</strong>ncs de pr<strong>en</strong>dre les p<strong>la</strong>ces <strong>des</strong>cavaliers noirs, et vice versa. Les b<strong>la</strong>ncs comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t.1.1.4 Graphes d’intervallesOn construit un graphe G <strong>à</strong> partir <strong>des</strong> intervalles de <strong>la</strong> droite réelle I 1 ,...,I n , où les sommetsde G sont numérotés de 1 <strong>à</strong> n. Dans un graphe d’intervalles, il existe une arête <strong>en</strong>treles sommets i et j, i ≠ j, si et seulem<strong>en</strong>t si I i ∩ I j ≠ ∅.Autrem<strong>en</strong>t dit, deux sommets sont reliés si et seulem<strong>en</strong>t si les deux intervalles correspondantsse chevauch<strong>en</strong>t.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 5


Exercice 4Cet exercice est inspiré de <strong>la</strong> nouvelle de C<strong>la</strong>ude Berge Qui a tué le Duc de D<strong>en</strong>smore(Bibliothèque Oulipi<strong>en</strong>ne n ◦ 67, 1994, Réédition Castor Astral, 2000). Dans cette nouvellepolicière, le lecteur peut découvrir le meurtrier grâce <strong>à</strong> un théorème combinatoire dû aumathématici<strong>en</strong> hongrois G. Hajós.Un jour, Sherlock Holmes reçoit <strong>la</strong> visite de son ami Watson que l’on avait chargé d’<strong>en</strong>quêtersur un assassinat mystérieux datant de plus de trois ans.À l’époque, le Duc de D<strong>en</strong>smore avait été tué par l’explosion d’une bombe, qui avait <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>tdétruit le château de D<strong>en</strong>smore où il s’était retiré. Les journaux d’alors re<strong>la</strong>tai<strong>en</strong>tque le testam<strong>en</strong>t, détruit lui aussi dans l’explosion, avait tout pour dép<strong>la</strong>ire <strong>à</strong> l’une de sessept ex-épouses. Or, avant de mourir, le Duc les avait toutes invitées <strong>à</strong> passer quelques joursdans sa retraite écossaise.Holmes : Je me souvi<strong>en</strong>s de cette affaire ; ce qui est étrange, c’est que <strong>la</strong> bombe avait étéfabriquée spécialem<strong>en</strong>t pour être cachée dans l’armure de <strong>la</strong> chambre <strong>à</strong> coucher, ce quisuppose que l’assassin a nécessairem<strong>en</strong>t effectué plusieurs visites au château !Watson : Certes, et pour cette raison, j’ai interrogé chacune <strong>des</strong> femmes : Ann, Betty,Charlotte, Edith, Félicia, Georgia et Hel<strong>en</strong>. Elles ont toutes juré qu’elles n’avai<strong>en</strong>t été auchâteau de D<strong>en</strong>smore qu’une seule fois dans leur vie.Holmes : Hum ! Leur avez-vous demandé <strong>à</strong> quelle période elles ont eu leur séjour respectif ?Watson : Hé<strong>la</strong>s ! Aucune ne se rappe<strong>la</strong>it les dates exactes, après plus de trois ans ! Néanmoins,je leur ai demandé qui elles avai<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contré :Ann a r<strong>en</strong>contré Betty, Charlotte, Félicia et Georgia.Betty a r<strong>en</strong>contré Ann, Charlotte, Edith, Félicia et Hel<strong>en</strong>.Charlotte a r<strong>en</strong>contré Ann, Betty et Edith.Edith a r<strong>en</strong>contré Betty, Charlotte et Félicia.Félicia a r<strong>en</strong>contré Ann, Betty, Edith et Hel<strong>en</strong>.Georgia a r<strong>en</strong>contré Ann et Hel<strong>en</strong>.Hel<strong>en</strong> a r<strong>en</strong>contré Betty, Félicia et Georgia.Vous voyez, mon cher Holmes, les réponses sont concordantes !C’est alors que Holmes prit un crayon et <strong>des</strong>sina un étrange petit <strong>des</strong>sin, avec <strong>des</strong> pointsmarqué A, B, C, E, F, G, H et <strong>des</strong> <strong>ligne</strong>s reliant certains de ces points. Puis, <strong>en</strong> moins detr<strong>en</strong>te secon<strong>des</strong>, Holmes déc<strong>la</strong>ra :– Ti<strong>en</strong>s, ti<strong>en</strong>s ! Ce que vous v<strong>en</strong>ez de me dire détermine d’une façon unique l’assassin.Qui est l’assassin ?1.2 Graphe partiel et sous-grapheSoit G = (V,E) un graphe. Le graphe G ′ = (V,E ′ ) est un graphe partiel de G, si E ′est inclus dans E . Autrem<strong>en</strong>t dit, on obti<strong>en</strong>t G ′ <strong>en</strong> <strong>en</strong>levant une ou plusieurs arêtes augraphe G.Pour un sous-<strong>en</strong>semble de sommets A inclus dans V , le sous-graphe de G induit par Aest le graphe G = ( A,E(A) ) dont l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets est A et l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> arêtesE(A) est formé de toutes les arêtes de G ayant leurs deux extrémités dans A. Autrem<strong>en</strong>tdit, on obti<strong>en</strong>t G ′ <strong>en</strong> <strong>en</strong>levant un ou plusieurs sommets au graphe G, ainsi que toutes lesarêtes incid<strong>en</strong>tes <strong>à</strong> ces sommets.6 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


2 12 12 1E = { {1,3},{1,4},{2,3},{3,4},{4,5},{5,6} } E = { {1,3},{1,4},{2,3},{5,6} } E = { {1,3},{2,3},{5,6} }3 6 3 6 3 64 54 55Graphe GV = {1,2,3,4,5,6}Graphe partiel de GV = {1,2,3,4,5,6}Sous-graphe de GV = {1,2,3,5,6}Un graphe partiel d’un sous-graphe est un sous-graphe partiel de G. On appelle cliqueun sous-graphe complet de G. Dans le graphe G ci-<strong>des</strong>sus, le sous-graphe K = (V,E),avec V = {1,3,4} et E = { {1,3},{1,4},{3,4} } est une clique.Exercice 5Montrez que dans un groupe formé de six personnes, il y <strong>en</strong> a nécessairem<strong>en</strong>t trois quise connaiss<strong>en</strong>t mutuellem<strong>en</strong>t ou trois qui ne se connaiss<strong>en</strong>t pas (on suppose que si Aconnaît B, B connaît égalem<strong>en</strong>t A).Montrez que ce<strong>la</strong> n’est plus nécessairem<strong>en</strong>t vrai dans un groupe de cinq personnes.1.3 Degrés1.3.1 Degré d’un sommetOn appelle degré du sommet v, et on note d(v), le nombre d’arêtes incid<strong>en</strong>tes <strong>à</strong> ce sommet.Att<strong>en</strong>tion ! Une boucle sur un sommet compte double.Dans un graphe simple, on peut aussi définir le degré d’un sommet comme étant le nombrede ses voisins (<strong>la</strong> taille de son voisinage).Dans le multigraphe ci-contre, on a les degrés :d(v 1 ) = 2d(v 2 ) = 2d(v 3 ) = 4d(v 4 ) = 1d(v 5 ) = 3v 1v 2v 5v 3v 4Théorème 1.1 (Lemme <strong>des</strong> poignées de mains)La somme <strong>des</strong> degrés <strong>des</strong> sommets d’un graphe est égale <strong>à</strong> deux fois le nombre d’arêtes.Exercice 6Démontrez le lemme <strong>des</strong> poignées de mains.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 7


v 2v 5v 3v 41.3.2 Degré d’un grapheLe degré d’un graphe est le degré maximum de tous ses sommets. Dans l’exemple ci<strong>des</strong>sous,le degré du graphe est 4, <strong>à</strong> cause du sommet v 3 .v 1Un graphe dont tous les sommets ont le même degré est dit régulier. Si le degré communest k, alors on dit que le graphe est k-régulier.Exercice 7Montrez qu’un graphe simple a un nombre pair de sommets de degré impair.Exercice 8Montrez que dans une assemblée de n personnes, il y a toujours au moins 2 personnes quiont le même nombre d’amis prés<strong>en</strong>ts.Exercice 9Est-il possible de relier 15 ordinateurs de sorte que chaque appareil soit relié avec exactem<strong>en</strong>ttrois autres ?Exercice 10On s’intéresse aux <strong>graphes</strong> 3-réguliers. Construisez de tels <strong>graphes</strong> ayant 4, 5, 6, puis 7sommets. Qu’<strong>en</strong> déduisez-vous ? Prouvez-le !Exercice 11Une suite décroissante (au s<strong>en</strong>s <strong>la</strong>rge) d’<strong>en</strong>tiers est graphique s’il existe un graphe simpledont les degrés <strong>des</strong> sommets correspond<strong>en</strong>t <strong>à</strong> cette suite. Par exemple, un triangle correspond<strong>à</strong> <strong>la</strong> suite (2, 2, 2). Les suites suivantes sont-elles graphiques ?1) (3, 3, 2, 1, 1)2) (3, 3, 1, 1)3) (3, 3, 2, 2)4) (4, 2, 1, 1, 1, 1)5) (5, 3, 2, 1, 1, 1)6) (5, 4, 3, 1, 1, 1, 1)Trouvez deux <strong>graphes</strong> correspondant <strong>à</strong> <strong>la</strong> suite (3, 2, 2, 2, 1).1.4 Chaînes et cyclesUne chaîne dans G, est une suite ayant pour élém<strong>en</strong>ts alternativem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> sommets et <strong>des</strong>arêtes, comm<strong>en</strong>çant et se terminant par un sommet, et telle que chaque arête est <strong>en</strong>cadréepar ses extrémités.8 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


e2e 5On dira que <strong>la</strong> chaîne relie le premier sommet de <strong>la</strong> suite au dernier sommet. En plus, ondira que <strong>la</strong> chaîne a pour longueur le nombre d’arêtes de <strong>la</strong> chaîne.Le graphe ci-<strong>des</strong>sous conti<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre autres les chaînes (v 1 ,e 1 ,v 2 ,e 2 ,v 3 ,e 5 ,v 5 )et (v 4 ,e 4 ,v 3 ,e 2 ,v 2 ,e 1 ,v 1 ).v 1e 1v 2e 3 v 5v 3e 4 v 4On ne change pas une chaîne <strong>en</strong> inversant l’ordre <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts dans <strong>la</strong> suite correspondante.Ainsi, les chaînes (v 1 ,e 3 ,v 3 ,e 4 ,v 4 ) et (v 4 ,e 4 ,v 3 ,e 3 ,v 1 ) sont id<strong>en</strong>tiques.Exercice 12Dans certains livres, on définit une chaîne comme une suite de sommets. Pour quel type degraphe cette définition n’est-elle pas adéquate ?On appelle distance <strong>en</strong>tre deux sommets <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> plus petite chaîne les reliant.On appelle diamètre d’un graphe <strong>la</strong> plus longue <strong>des</strong> distances <strong>en</strong>tre deux sommets.Une chaîne est élém<strong>en</strong>taire si chaque sommet y apparaît au plus une fois.Une chaîne est simple si chaque arête apparaît au plus une fois. Dans le graphe précéd<strong>en</strong>t,(v 1 ,e 1 ,v 2 ,e 2 ,v 3 ) est une chaîne simple et élém<strong>en</strong>taire.Une chaîne dont les sommets de départ et de fin sont les mêmes est appelée chaîne fermée.Dans le graphe précéd<strong>en</strong>t, (v 4 ,e 4 ,v 3 ,e 5 ,v 5 ,e 5 ,v 3 ,e 4 ,v 4 ) est une chaîne fermée.Une chaîne fermée simple est appelée cycle. Dans le graphe précéd<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> chaîne(v 1 ,e 1 ,v 2 ,e 2 ,v 3 ,e 3 ,v 1 ) est un cycle.Exercice 13Quels sont les <strong>graphes</strong> de diamètre 1 ?Théorème 1.2Un graphe est biparti si et seulem<strong>en</strong>t s’il ne conti<strong>en</strong>t aucun cycle de longueur impaire.Exercice 14Démontrez le théorème 1.2.Exercice 15Montrez que ce graphe est biparti :1 23 45 67 8CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 9


Théorème 1.3Pour un graphe G ayant m arêtes, n sommets et p composantes connexes, on définit :ν(G) = m − n + pν(G) est appelé le nombre cyclomatique. Prononcer « nu de G ».On a ν(G) 0 pour tout graphe G.De plus, ν(G) = 0 si et seulem<strong>en</strong>t si G est sans cycle.Exercice 16Démontrez le théorème 1.3.1.5 Graphes euléri<strong>en</strong>sOn appelle cycle euléri<strong>en</strong> d’un graphe G un cycle passant une et une seule fois par chacune<strong>des</strong> arêtes de G. Un graphe est dit euléri<strong>en</strong> s’il possède un cycle euléri<strong>en</strong>.On appelle chaîne euléri<strong>en</strong>ne d’un graphe G une chaîne passant une et une seule fois parchacune <strong>des</strong> arêtes de G. Un graphe ne possédant que <strong>des</strong> chaînes euléri<strong>en</strong>nes est semieuléri<strong>en</strong>.Plus simplem<strong>en</strong>t, on peut dire qu’un graphe est euléri<strong>en</strong> (ou semi-euléri<strong>en</strong>) s’il est possiblede <strong>des</strong>siner le graphe sans lever le crayon et sans passer deux fois sur <strong>la</strong> même arête.Exercice 17Cet exercice est un <strong>des</strong> problèmes fondateurs de <strong>la</strong> <strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>, proposé par lemathématici<strong>en</strong> suisse Leonhard Euler <strong>en</strong> 1736.En 1652, <strong>la</strong> ville de Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad) possède sept ponts <strong>en</strong>jambant<strong>la</strong> Pregel, qui coule de part et d’autre de l’île de Kneiphof.Königsberg <strong>en</strong> 1652Au cours d’une prom<strong>en</strong>ade, est-il possible de passer sur tous les ponts de <strong>la</strong> ville une et uneseule fois ?10 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Exercice 18Donnez un critère permettant de dire <strong>à</strong> coup sûr si un graphe est euléri<strong>en</strong>.Exercice 19Les <strong>graphes</strong> suivants sont-ils euléri<strong>en</strong>s (ou semi-euléri<strong>en</strong>s) ?2 13 64 52314513524Exercice 20Soit G un graphe non euléri<strong>en</strong>. Est-il toujours possible de r<strong>en</strong>dre G euléri<strong>en</strong> <strong>en</strong> lui rajoutantun sommet et quelques arêtes ?Exercice 21Est-il possible de tracer une courbe, sans lever le crayon, qui coupe chacun <strong>des</strong> 16 segm<strong>en</strong>tsde <strong>la</strong> figure suivante exactem<strong>en</strong>t une fois ?Exercice 22On considère <strong>des</strong> dominos dont les faces sont numérotées 1, 2, 3, 4 ou 5.1) En excluant les dominos doubles, de combi<strong>en</strong> de dominos dispose-t-on ?2) Montrez que l’on peut arranger ces dominos de façon <strong>à</strong> former une boucle fermée (<strong>en</strong>utilisant <strong>la</strong> règle habituelle de contact <strong>en</strong>tre les dominos).3) Pourquoi n’est-il pas nécessaire de considérer les dominos doubles ?4) Si l’on pr<strong>en</strong>d maint<strong>en</strong>ant <strong>des</strong> dominos dont les faces sont numérotées de 1 <strong>à</strong> n, est-ilpossible de les arranger de façon <strong>à</strong> former une boucle fermée ?1.6 Graphes hamiltoni<strong>en</strong>sOn appelle cycle hamiltoni<strong>en</strong> d’un graphe G un cycle passant une et une seule fois parchacun <strong>des</strong> sommets de G. Un graphe est dit hamiltoni<strong>en</strong> s’il possède un cycle hamiltoni<strong>en</strong>.On appelle chaîne hamiltoni<strong>en</strong>ne d’un graphe G une chaîne passant une et une seule foispar chacun <strong>des</strong> sommets de G. Un graphe ne possédant que <strong>des</strong> chaînes hamiltoni<strong>en</strong>nes estsemi-hamiltoni<strong>en</strong>.Contrairem<strong>en</strong>t aux <strong>graphes</strong> euléri<strong>en</strong>s, il n’existe pas de caractérisation simple <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>(semi-)hamiltoni<strong>en</strong>s. On peut énoncer quelques propriétés et conditions suffisantes :CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 11


– un graphe possédant un sommet de degré 1 ne peut pas être hamiltoni<strong>en</strong> ;– si un sommet dans un graphe est de degré 2, alors les deux arêtes incid<strong>en</strong>tes <strong>à</strong> ce sommetdoiv<strong>en</strong>t faire partie du cycle hamiltoni<strong>en</strong> ;– les <strong>graphes</strong> complets K n sont hamiltoni<strong>en</strong>s.Théorème 1.4 (Ore)Soit G un graphe simple d’ordre n 3. Si pour toute paire {x,y} de sommets nonadjac<strong>en</strong>ts, on a d(x) + d(y) n, alors G est hamiltoni<strong>en</strong>.Corol<strong>la</strong>ire 1.5 (Dirac)Soit G un graphe simple d’ordre n 3. Si pour tout sommet x de G, on a d(x) n 2 ,alors G est hamiltoni<strong>en</strong>.En effet, un tel graphe vérifie les conditions du théorème précéd<strong>en</strong>t, car si x et y ne sontpas adjac<strong>en</strong>ts, on a bi<strong>en</strong> : d(x) + d(y) n 2 + n 2 = n.Exercice 23Dessinez un graphe d’ordre au moins 5 qui est. . .1) hamiltoni<strong>en</strong> et euléri<strong>en</strong>2) hamiltoni<strong>en</strong> et non euléri<strong>en</strong>3) non hamiltoni<strong>en</strong> et euléri<strong>en</strong>4) non hamiltoni<strong>en</strong> et non euléri<strong>en</strong>.Exercice 24Un club de 9 joueurs se réunit chaque jour autour d’une table ronde. Une règle du clubinterdit qu’un joueur ait deux fois <strong>la</strong> même personne <strong>à</strong> côté de lui.1) Combi<strong>en</strong> de jours au maximum pourront-ils se réunir <strong>en</strong> satisfaisant cette règle ?2) Donnez une organisation de <strong>la</strong> table pour chacun de ces jours.3) Même question que 1), mais avec 3 tables de 3 p<strong>la</strong>ces.4) Donnez une organisation <strong>des</strong> trois tables pour chacun de ces jours.Exercice 25Huit personnes se retrouv<strong>en</strong>t pour un repas de mariage. Le graphe ci-<strong>des</strong>sous précise lesincompatibilités d’humeur <strong>en</strong>tre ces personnes (une arête reliant deux personnes indiquequ’elles ne se support<strong>en</strong>t pas).ABHCGDFE12 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Proposez un p<strong>la</strong>n de table (<strong>la</strong> table est ronde) <strong>en</strong> évitant de p<strong>la</strong>cer côte <strong>à</strong> côte deux personnesincompatibles.1.7 Coup<strong>la</strong>gesSoit G un graphe simple. Un coup<strong>la</strong>ge C de G est un sous-graphe partiel 1-régulier de G.On peut aussi dire qu’un coup<strong>la</strong>ge (ou appariem<strong>en</strong>t) est un <strong>en</strong>semble d’arêtes deux <strong>à</strong> deuxnon-adjac<strong>en</strong>tes.Un sommet v est saturé par un coup<strong>la</strong>ge C si v est l’extrémité d’une arête de C. Dans lecas contraire, v est insaturé.Un coup<strong>la</strong>ge maximum est un coup<strong>la</strong>ge cont<strong>en</strong>ant le plus grand nombre possible d’arêtes.Un graphe peut posséder plusieurs coup<strong>la</strong>ges maximum.2314En gras, un coup<strong>la</strong>ge maximum de G. Les sommets 1, 3, 4 et 5 sont saturés.Un coup<strong>la</strong>ge parfait est un coup<strong>la</strong>ge où chaque sommet du graphe est saturé.51 23 45 6Un coup<strong>la</strong>ge1 23 45 6Un coup<strong>la</strong>ge maximum et parfait1.7.1 Calcul d’un coup<strong>la</strong>ge maximumSi C est un coup<strong>la</strong>ge de G, on appelle chaîne alternée une chaîne élém<strong>en</strong>taire de G dontles arêtes sont alternativem<strong>en</strong>t dans C et hors de C.Une chaîne alternée est dite augm<strong>en</strong>tante si elle relie deux sommets insaturés. Ci-<strong>des</strong>sus,<strong>à</strong> gauche, <strong>la</strong> chaîne 1-4-3-6 est augm<strong>en</strong>tante. En « intervertissant les épaisseurs » <strong>des</strong> arêtesle long de cette chaîne, on obti<strong>en</strong>t un meilleur coup<strong>la</strong>ge (ci-<strong>des</strong>sus, <strong>à</strong> droite).Théorème 1.6 (Berge, 1957)Un coup<strong>la</strong>ge C est maximum si et seulem<strong>en</strong>t s’il n’existe pas de chaîne augm<strong>en</strong>tantere<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> C.Exercice 26Une assemblée est formée de personnes par<strong>la</strong>nt plusieurs <strong>la</strong>ngues différ<strong>en</strong>tes (voir tableauci-après). On veut former <strong>des</strong> binômes de personnes qui pourront dialoguer <strong>en</strong>tre elles.Comm<strong>en</strong>t maximiser le nombre de binômes ?CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 13


Allemand Ang<strong>la</strong>is Arabe Chinois Français Espagnol RusseAlfred ✘ ✘Bernard ✘ ✘C<strong>la</strong>ude ✘ ✘D<strong>en</strong>is ✘Ernest✘Fabi<strong>en</strong> ✘ ✘ ✘Georges ✘ ✘H<strong>en</strong>ri ✘ ✘ ✘Isidore ✘ ✘Joseph ✘ ✘Kurt ✘ ✘Louis✘Exercice 27Une <strong>en</strong>tremetteuse essaie de former le plus de couples possible avec 6 filles et 6 garçons<strong>en</strong> fonction de critères esthétiques et de compatibilité d’humeur. Elle a dressé le tableaud’incompatibilités ci-après, où une croix indique que deux personnes sont incompatibles.Combi<strong>en</strong> de couples pourra-t-elle former au maximum ?Anne Béatrice Carine Drew Eléonore FlorieAlfred ✘ ✘ ✘ ✘Bernard✘C<strong>la</strong>ude ✘ ✘ ✘ ✘D<strong>en</strong>is ✘ ✘ ✘Ernest ✘ ✘Fabi<strong>en</strong> ✘ ✘ ✘ ✘1.8 Graphes p<strong>la</strong>nairesOn dit qu’un graphe est p<strong>la</strong>naire si on peut le <strong>des</strong>siner dans le p<strong>la</strong>n de sorte que ses arêtesne se crois<strong>en</strong>t pas. Rappelons que les arêtes ne sont pas forcém<strong>en</strong>t recti<strong>ligne</strong>s.Une carte, ou graphe p<strong>la</strong>naire topologique, est une représ<strong>en</strong>tation particulière d’un multigraphep<strong>la</strong>naire fini. On dit qu’une carte est connexe si son graphe l’est. Une carte divisele p<strong>la</strong>n <strong>en</strong> plusieurs régions.Par exemple, <strong>la</strong> carte ci-<strong>des</strong>sous, avec sept sommets et neuf arêtes, divise le p<strong>la</strong>n <strong>en</strong> quatrerégions (A,B,C,D). Trois régions sont limitées alors que <strong>la</strong> quatrième (D), extérieure audiagramme, ne l’est pas.1 5A62 3 7B4CD14 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Le degré d’une région r, noté d(r), est <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> chaîne fermée minimum passantpar tous les sommets qui délimit<strong>en</strong>t cette région. Dans le graphe ci-<strong>des</strong>sus, d(A) = 6(<strong>la</strong> région A est délimitée par <strong>la</strong> chaîne fermée passant par les sommets (1,2,3,5,6,5,1)),d(B) = 4,d(C) = 3 et d(D) = 5.On remarque que toute arête limite deux régions, ou est cont<strong>en</strong>ue dans une région et estalors comptée deux fois dans <strong>la</strong> chaîne fermée. Nous avons donc un lemme pour les régions,analogue au lemme <strong>des</strong> poignées de mains pour les sommets.Théorème 1.7La somme <strong>des</strong> degrés <strong>des</strong> régions d’une carte connexe est égale <strong>à</strong> deux fois le nombred’arêtes.On peut vérifier ce théorème sur le graphe précéd<strong>en</strong>t : il comporte 9 arêtes et <strong>la</strong> somme <strong>des</strong>degrés <strong>des</strong> régions vaut 18.Théorème 1.8 (Euler, 1752)Euler a établi une formule célèbre qui relie le nombre de sommets S, le nombred’arêtes A et le nombre de régions R d’une carte connexe :S − A + R = 2Exercice 28Démontrez le théorème d’Euler <strong>en</strong> procédant par récurr<strong>en</strong>ce sur les sommets.Théorème 1.9 (Kuratowski, 1930)Un graphe est non p<strong>la</strong>naire si et seulem<strong>en</strong>t s’il conti<strong>en</strong>t un sous-graphe homéomorphe(voir lexique) au graphe biparti K 3,3 ou au graphe complet K 5 .13524623145Exercice 29Utilisez le théorème d’Euler pour démontrer que le graphe biparti K 3,3 n’est pas p<strong>la</strong>naire.1.9 Représ<strong>en</strong>tations non graphiques d’un graphe1.9.1 Matrice d’adjac<strong>en</strong>cesOn peut représ<strong>en</strong>ter un graphe simple par une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces. Une matrice (n×m)est un tableau de n <strong>ligne</strong>s et m colonnes. (i, j) désigne l’intersection de <strong>la</strong> <strong>ligne</strong> i et deCAHIERS DE LA CRM N o 6 · 15


<strong>la</strong> colonne j. Dans une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces, les <strong>ligne</strong>s et les colonnes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t lessommets du graphe. Un « 1 » <strong>à</strong> <strong>la</strong> position (i, j) signifie que le sommet i est adjac<strong>en</strong>t ausommet j.1 5432⎛⎞0 0 1 1 10 0 1 0 0M =⎜1 1 0 1 1⎟⎝1 0 1 0 1⎠1 0 1 1 0Cette matrice a plusieurs caractéristiques :1. Elle est carrée : il y a autant de <strong>ligne</strong>s que de colonnes.2. Il n’y a que <strong>des</strong> zéros sur <strong>la</strong> diagonale al<strong>la</strong>nt du coin supérieur gauche au coin inférieurdroit. Un « 1 » sur <strong>la</strong> diagonale indiquerait une boucle.3. Elle est symétrique : m i j = m ji . On peut dire que <strong>la</strong> diagonale est un axe de symétrie.4. Une fois que l’on fixe l’ordre <strong>des</strong> sommets, il existe une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces uniquepour chaque graphe. Celle-ci n’est <strong>la</strong> matrice d’adjac<strong>en</strong>ces d’aucun autre graphe.Exercice 30On a calculé ci-<strong>des</strong>sous les matrices M 2 et M 3 (M est <strong>la</strong> matrice ci-<strong>des</strong>sus). Pour chacunede ces matrices, <strong>à</strong> quoi correspond<strong>en</strong>t les nombres obt<strong>en</strong>us ?⎛⎞⎛⎞3 1 2 2 26 2 8 7 7M 2 1 1 0 1 1= ⎜2 0 4 2 2⎟M 3 2 0 4 2 2= ⎜8 4 6 8 8⎟⎜⎝1.9.2 Listes d’adjac<strong>en</strong>ces2 1 2 3 22 1 2 2 3⎟⎠⎜⎝7 2 8 6 77 2 8 7 6On peut aussi représ<strong>en</strong>ter un graphe simple <strong>en</strong> donnant pour chacun de ses sommets <strong>la</strong> liste<strong>des</strong> sommets auxquels il est adjac<strong>en</strong>t. Ce sont les listes d’adjac<strong>en</strong>ces.⎟⎠1 54321 : 3, 4, 52 : 33 : 1, 2, 4, 54 : 1, 3, 55 : 1, 3, 4Exercice 31Décrivez le graphe G ci-<strong>des</strong>sous par une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces et <strong>des</strong> listes d’adjac<strong>en</strong>ces.7 2 153 4 616 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


1.10 ArbresOn appelle arbre tout graphe connexe sans cycle. Un graphe sans cycle mais non connexeest appelé une forêt.Une feuille ou sommet p<strong>en</strong>dant est un sommet de degré 1.2 12 13 63 64 5ArbreLes sommets 1, 2 et 5 sont les feuilles4 5ForêtLes sommets 1, 2, 5 et 6 sont les feuillesThéorème 1.10Les affirmations suivantes sont équival<strong>en</strong>tes pour tout graphe G <strong>à</strong> n sommets.1. G est un arbre,2. G est sans cycle et connexe,3. G est sans cycle et comporte n − 1 arêtes,4. G est connexe et comporte n − 1 arêtes,5. chaque paire u,v de sommets distincts est reliée par une seule chaîne simple (etle graphe est sans boucle).Exercice 32Démontrez le théorème 1.10. Pour ce<strong>la</strong>, utilisez le théorème 1.3.Théorème 1.11Tout arbre fini avec au moins deux sommets comporte au moins deux sommetsp<strong>en</strong>dants.Exercice 33Démontrez le théorème 1.11.Exercice 34Combi<strong>en</strong> d’arbres différ<strong>en</strong>ts existe-t-il avec 5 sommets ? avec 6 sommets ? avec 7 sommets?Exercice 35Démontrez qu’un arbre a au plus un coup<strong>la</strong>ge parfait. Quelle est <strong>la</strong> condition nécessaireet suffisante pour qu’un arbre T ait un coup<strong>la</strong>ge parfait ?CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 17


1.10.1 Codage de PrüferLe codage de Prüfer (1918) est une manière très compacte de décrire un arbre. Il a étéproposé par le mathématici<strong>en</strong> allemand Ernst Paul Heinz Prüfer (1896-1934).CodageSoit l’arbre T = (V,E) et supposons V = {1,2,...,n}.L’algorithme ci-<strong>des</strong>sous fournira le code de T , c’est-<strong>à</strong>-dire une suite S de n − 2 termesemployant (év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t plusieurs fois) <strong>des</strong> nombres choisis parmi 1, . . . , n.Pas général de l’algorithme de codage(<strong>à</strong> répéter tant qu’il reste plus de deux sommets dans l’arbre T )1. id<strong>en</strong>tifier <strong>la</strong> feuille v de l’arbre ayant le numéro minimum ;2. ajouter <strong>à</strong> <strong>la</strong> suite S le seul sommet s adjac<strong>en</strong>t <strong>à</strong> v dans l’arbre T ;3. <strong>en</strong>lever de l’arbre T le sommet v et l’arête incid<strong>en</strong>te <strong>à</strong> v.Exemple de codage2 3 41 5 6S = {}2 3 45 6S = {2}3 45 6S = {2,3}35 6S = {2,3,3}36S = {2,3,3,3}Il reste 2 sommets :fin du codageDécodageDonnée : suite S de n − 2 nombres, chacun prov<strong>en</strong>ant de {1,...,n}.Posons I = {1,...,n}.Pas général de l’algorithme de décodage(<strong>à</strong> répéter tant qu’il reste <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts dans S et plus de deux élém<strong>en</strong>ts dans I )1. id<strong>en</strong>tifier le plus petit élém<strong>en</strong>t i de I n’apparaissant pas dans <strong>la</strong> suite S ;2. relier par une arête de T le sommet i avec le sommet s correspondant au premierélém<strong>en</strong>t de <strong>la</strong> suite S ;3. <strong>en</strong>lever i de I et s de S.Les deux élém<strong>en</strong>ts qui rest<strong>en</strong>t dans I <strong>à</strong> <strong>la</strong> fin de l’algorithme constitu<strong>en</strong>t les extrémités de<strong>la</strong> dernière arête <strong>à</strong> ajouter <strong>à</strong> T .18 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Exemple de décodage2 3 41 5 6S = {2,3,3,3}I = {1,2,3,4,5,6}2 3 41 5 6S = {3,3,3}I = {2,3,4,5,6}2 3 41 5 6S = {3,3}I = {3,4,5,6}2 3 41 5 6S = {3}I = {3,5,6}2 3 41 5 6S = {}I = {3,6}2 3 41 5 6S = {}I = {}Exercice 36Trouvez le codage de Prüfer de l’arbre ci-<strong>des</strong>sous.1 2 6 8 104 3 5 7 9Exercice 37Dessinez l’arbre correspondant <strong>à</strong> <strong>la</strong> suite S = {1,1,1,1,1,1,1,1}.Théorème 1.12 (Cayley, 1857)Le nombre d’arbres que l’on peut construire sur n (n ≥ 2) sommets numérotés estégal <strong>à</strong> n n−2 .Exercice 38Démontrez le théorème 1.12. Utilisez le codage de Prüfer.1.11 Arbres couvrants12534Graphe G12534Un arbre couvrantUn arbre couvrant (aussi appelé arbre maximal) est un graphe partiel qui est aussi unarbre.Exercice 39Combi<strong>en</strong> d’arbres couvrants différ<strong>en</strong>ts le graphe G ci-<strong>des</strong>sus possède-t-il ?CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 19


1.11.1 Arbre couvrant de poids minimumSoit le graphe G = (V,E) avec un poids associé <strong>à</strong> chacune de ses arêtes. On veut trouver,dans G, un arbre maximal A = (V,F) de poids total minimum.Algorithme de Kruskal (1956)Données :– Graphe G = (V,E) (|V | = n, |E| = m)– Pour chaque arête e de E , son poids c(e).Résultat : Arbre ou forêt maximale A = (V,F) de poids minimum.Trier et r<strong>en</strong>uméroter les arêtes de G dans l’ordre croissant de leur poids :c(e 1 ) ≤ c(e 2 ) ≤ ... ≤ c(e m ).Poser F := ⊘, k := 0Tant que k < m et |F| < n − 1 faireDébutsi e k+1 ne forme pas de cycle avec F alors F := F ∪ {e k+1 }k := k + 1FinExemple1525332421415361 2 321415 61 2 314 5 61 2 3221415 61 2 31415 61 2 32421415 6Les arêtes de poids 3 n’ont pas pu être p<strong>la</strong>cées, car elles aurai<strong>en</strong>t formé un cycle.L’algorithme s’est arrêté dès que cinq arêtes ont été p<strong>la</strong>cées. Toute arête supplém<strong>en</strong>taireaurait créé un cycle.S’il y a plusieurs arêtes de même poids, il peut y avoir plusieurs arbres couvrants de poidsminimum : tout dép<strong>en</strong>d de l’ordre dans lequel ces arêtes ont été triées.Exercice 40Trouvez tous les arbres couvrants de poids minimum du graphe ci-après (les chiffres surles arêtes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t leur poids).v 3 1 v 62 5 21v 2 2 v 72 v 5221v 33 v 4120 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


v 2v 5v 3v 41.12 ColorationSoit G = (V,E) un graphe. Un sous-<strong>en</strong>semble S de V est un stable s’il ne compr<strong>en</strong>d que<strong>des</strong> sommets non adjac<strong>en</strong>ts deux <strong>à</strong> deux. Dans le graphe ci-<strong>des</strong>sous, {v 1 ,v 2 } form<strong>en</strong>t unstable ; {v 2 ,v 4 } aussi, ainsi que {v 2 ,v 5 } et {v 3 ,v 5 }.Le cardinal du plus grand stable est le nombre de stabilité de G ; on le note α(G). Dansle graphe ci-<strong>des</strong>sous, on a α(G)=2.v 1La coloration <strong>des</strong> sommets d’un graphe consiste <strong>à</strong> affecter <strong>à</strong> tous les sommets de ce grapheune couleur de telle sorte que deux sommets adjac<strong>en</strong>ts ne port<strong>en</strong>t pas <strong>la</strong> même couleur. Unecoloration avec k couleurs est donc une partition de l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets <strong>en</strong> k stables.Le nombre chromatique du graphe G, noté γ(G), est le plus petit <strong>en</strong>tier k pour lequel ilexiste une partition de V <strong>en</strong> k sous-<strong>en</strong>sembles stables.Sur le graphe ci-<strong>des</strong>sous, on a eu besoin de trois couleurs (notées 1, 2 et 3) pour colorer lessommets de sorte que deux sommets adjac<strong>en</strong>ts ai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> couleurs différ<strong>en</strong>tes. On a donctrois stables : {v 1 ,v 2 }, {v 3 ,v 5 } et {v 4 }. On ne peut pas utiliser moins de couleurs, <strong>à</strong> cause<strong>des</strong> cliques {v 1 ,v 4 ,v 5 } et {v 1 ,v 3 ,v 4 }.11v 1v 2v 522v 3v 43Remarquons <strong>en</strong>fin que le sommet v 2 aurait aussi pu être coloré « 3 ». La coloration minimal<strong>en</strong>’est donc pas forcém<strong>en</strong>t unique.1.12.1 Encadrem<strong>en</strong>t du nombre chromatiqueMajoration• γ(G) ≤ r + 1, où r est le plus grand degré <strong>des</strong> sommets de G.Preuve : Soit un graphe et r le degré maximum de ses sommets. Donnons-nous unepalette de (r + 1) couleurs. Pour chaque sommet du graphe on peut t<strong>en</strong>ir le raisonnem<strong>en</strong>tsuivant : ce sommet est adjac<strong>en</strong>t <strong>à</strong> r sommets au plus, et le nombre de couleursdéj<strong>à</strong> utilisées pour colorer ces sommets est donc inférieur ou égal <strong>à</strong> r. Il reste donc aumoins une couleur non utilisée dans <strong>la</strong> palette, avec <strong>la</strong>quelle nous pouvons colorer notresommet.• γ(G) ≤ n + 1 − α(G)Preuve : Considérons S un stable de V de cardinalité α(G). Une coloration possible<strong>des</strong> sommets consiste <strong>à</strong> colorer les sommets de S d’une même couleur et les n − α(G)autres sommets de couleurs toutes différ<strong>en</strong>tes. On <strong>en</strong> déduit que γ(G) ≤ 1+(n−α(G)).CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 21


Minoration• Le nombre chromatique d’un graphe est supérieur ou égal <strong>à</strong> celui de chacun de sessous-<strong>graphes</strong>.Preuve : Ce résultat découle de <strong>la</strong> définition même du nombre chromatique.• Le nombre chromatique du graphe sera supérieur ou égal <strong>à</strong> l’ordre de sa plus grandeclique, que l’on note ω(G) (prononcer oméga de G). Autrem<strong>en</strong>t dit, γ(G) ≥ ω(G)Preuve : Puisque, par définition, dans une clique d’ordre m, tous les sommets sontadjac<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre eux, il faudra m couleurs. Donc, il faudra au moins ω(G) couleurs pourcolorer le graphe G.Exercice 41Majorez et minorez le nombre chromatique de ce graphe.v 1 v 6v 2 v 7 v 5v 3 v 4Exercice 42On donne un graphe de 7 sommets par sa matrice d’adjac<strong>en</strong>ces M ci-<strong>des</strong>sous. Ce graphereprés<strong>en</strong>te les 7 bancs d’un parc et les allées permettant de passer de l’un <strong>à</strong> l’autre.⎛⎞0 1 0 0 0 0 11 0 0 0 1 1 00 0 0 1 1 0 0M =0 0 1 0 1 0 0⎜0 1 1 1 0 1 1⎟⎝0 1 0 0 1 0 0⎠1 0 0 0 1 0 01. On veut peindre les bancs de façon que deux bancs reliés par une allée soi<strong>en</strong>t toujoursde couleurs différ<strong>en</strong>tes. Donnez un <strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t du nombre minimal de couleursnécessaire, <strong>en</strong> justifiant. Déterminez ce nombre.2. Est-il possible de parcourir toutes les allées de ce parc sans passer deux fois par <strong>la</strong>même allée ?3. Est-il possible de parcourir <strong>des</strong> allées de ce parc <strong>en</strong> passant <strong>à</strong> côté de chaque bancexactem<strong>en</strong>t une fois ?Exercice 43Sept élèves, désignés par A, B, C, D, E, F et G, se sont r<strong>en</strong>dus <strong>à</strong> <strong>la</strong> bibliothèque aujourd’hui.Le tableau suivant précise « qui a r<strong>en</strong>contré qui » (<strong>la</strong> bibliothèque étant petite, deux élèvesprés<strong>en</strong>ts au même mom<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t...).l’élève A B C D E F Ga r<strong>en</strong>contré D,E D,E,F,G E,G A,B,E A,B,C,D,F,G B,E,G B,C,E,F22 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


De combi<strong>en</strong> de p<strong>la</strong>ces assises doit disposer <strong>la</strong> bibliothèque pour que chacun ait pu travaillercorrectem<strong>en</strong>t au cours de cette journée ?Exercice 44Sept ag<strong>en</strong>ces de voyage propos<strong>en</strong>t <strong>des</strong> visites de monum<strong>en</strong>ts et lieux emblématiques deSaint-Pétersbourg : <strong>la</strong> cathédrale Saint-Isaac, le Musée de l’Ermitage, le Musée russe et <strong>la</strong>forteresse Pierre et Paul. Un même lieu ne peut pas être visité par plusieurs groupes decompagnies différ<strong>en</strong>tes le même jour.La première compagnie fait visiter uniquem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> cathédrale Saint-Isaac ; <strong>la</strong> seconde <strong>la</strong>cathédrale Saint-Isaac et le Musée russe ; <strong>la</strong> troisième <strong>la</strong> forteresse Pierre et Paul ; <strong>la</strong> quatrièmele Musée russe et <strong>la</strong> forteresse Pierre et Paul ; <strong>la</strong> cinquième <strong>la</strong> cathédrale Saint-Isaacet le Musée de l’Ermitage ; <strong>la</strong> sixième le Musée de l’Ermitage et <strong>la</strong> forteresse Pierre etPaul ; <strong>la</strong> septième le Musée russe et le Musée de l’Ermitage.Ces ag<strong>en</strong>ces peuv<strong>en</strong>t-elles organiser les visites sur les trois premiers jours de <strong>la</strong> semaine ?Exercice 45Un lycée doit organiser les horaires <strong>des</strong> exam<strong>en</strong>s. On suppose qu’il y a 7 épreuves <strong>à</strong> p<strong>la</strong>nifier,correspondant aux cours numérotés de 1 <strong>à</strong> 7 et que les paires de cours suivantes ont<strong>des</strong> étudiants communs : 1 et 2, 1 et 3, 1 et 4, 1 et 7, 2 et 3, 2 et 4, 2 et 5, 2 et 7, 3 et 4, 3et 6, 3 et 7, 4 et 5, 4 et 6, 5 et 6, 5 et 7 et <strong>en</strong>fin 6 et 7.Comm<strong>en</strong>t organiser ces épreuves de façon qu’aucun étudiant n’ait <strong>à</strong> passer deux épreuves<strong>en</strong> même temps et ce<strong>la</strong> sur une durée minimale ?Exercice 46On veut transporter <strong>des</strong> produits chimiques par le rail. A, B, C, D, E, F, G et H désign<strong>en</strong>thuit produits chimiques. Dans le tableau ci-<strong>des</strong>sous, une croix signifie que les produits nepeuv<strong>en</strong>t pas être <strong>en</strong>treposés dans le même wagon, car il y aurait risque d’explosion :Quel nombre minimum de wagons faut-il ?A B C D E F G HA ✘ ✘ ✘ ✘ ✘B ✘ ✘ ✘ ✘C ✘ ✘ ✘ ✘ ✘D ✘ ✘ ✘ ✘E ✘ ✘ ✘ ✘F ✘ ✘ ✘G ✘ ✘ ✘ ✘H ✘ ✘ ✘Exercice 47Tout graphe cont<strong>en</strong>ant un triangle (K 3 ) ne peut pas être coloré <strong>en</strong> moins de trois couleurs.1. Construire un graphe sans K 3 qui nécessite égalem<strong>en</strong>t trois couleurs.2. Comm<strong>en</strong>t, <strong>à</strong> partir du graphe précéd<strong>en</strong>t, construire un graphe sans K 4 nécessitant 4couleurs ?3. Comm<strong>en</strong>t construire un graphe sans K 5 nécessitant 5 couleurs ?CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 23


Exercice 48Exprimez <strong>la</strong> résolution d’un Sudoku c<strong>la</strong>ssique <strong>en</strong> termes de coloration de graphe. Décrivezle graphe (nombre de sommets, nombre d’arêtes, etc.). Combi<strong>en</strong> faut-il de couleurs ?1.12.2 Algorithme de coloration de Welsh et PowellCet algorithme couramm<strong>en</strong>t utilisé permet d’obt<strong>en</strong>ir une assez bonne coloration d’ungraphe, c’est-<strong>à</strong>-dire une coloration n’utilisant pas un trop grand nombre de couleurs.Cep<strong>en</strong>dant il n’assure pas que le nombre de couleurs soit minimum (et donc égal au nombrechromatique du graphe).Étape 1C<strong>la</strong>sser les sommets du graphe dans l’ordre décroissant de leur degré, et attribuer <strong>à</strong> chacun<strong>des</strong> sommets son numéro d’ordre dans <strong>la</strong> liste obt<strong>en</strong>ue.Étape 2En parcourant <strong>la</strong> liste dans l’ordre, attribuer une couleur non <strong>en</strong>core utilisée au premiersommet non <strong>en</strong>core coloré, et attribuer cette même couleur <strong>à</strong> chaque sommet non <strong>en</strong>corecoloré et non adjac<strong>en</strong>t <strong>à</strong> un sommet de cette couleur.Étape 3S’il reste <strong>des</strong> sommets non colorés dans le graphe, rev<strong>en</strong>ir <strong>à</strong> l’étape 2. Sinon, FIN.Exercice 49Utilisez l’algorithme de coloration de Welsh et Powell pour colorer les <strong>graphes</strong> <strong>des</strong> exercices41, 44 et 45.1.12.3 Graphes parfaitsDans le cadre de <strong>la</strong> <strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>, C<strong>la</strong>ude Berge a introduit <strong>en</strong> 1960 <strong>la</strong> notion degraphe parfait comme définissant un graphe pour lequel le nombre chromatique de chaquesous-graphe induit et <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong> plus grande clique dudit sous-graphe induit sont égaux.Un graphe G est donc parfait si pour tout sous-graphe induit G ′ de G on a γ(G ′ ) = ω(G ′ ).1.12.4 Coloration <strong>des</strong> sommets d’un graphe p<strong>la</strong>naireThéorème 1.13 (Théorème <strong>des</strong> quatre couleurs)On peut colorer les sommets d’un graphe p<strong>la</strong>naire (sans boucles) <strong>en</strong> utilisant au plusquatre couleurs de telle sorte que toutes les arêtes ai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> extrémités de couleursdiffér<strong>en</strong>tes.Cette conjecture a été formulée pour <strong>la</strong> première fois par l’Écossais Francis Guthrie <strong>en</strong> 1852.Il était alors question de coloration de carte de géographie (voir exercice 51). La preuvede ce théorème n’arriva qu’<strong>en</strong>... 1976, grâce <strong>à</strong> K<strong>en</strong><strong>net</strong>h Appel et Wolfgang Hak<strong>en</strong>. La démonstrationfit grand bruit car ce fut le premier théorème de l’histoire <strong>des</strong> mathématiquesqui a nécessité l’usage systématique de l’ordinateur.Exercice 50Colorez cet oeuf et le billet posé <strong>des</strong>sus avec le moins de couleurs possibles, <strong>en</strong> faisant <strong>en</strong>sorte que deux régions voisines ai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> couleurs différ<strong>en</strong>tes.24 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Combi<strong>en</strong> de couleurs donne l’algorithme de Welsh et Powell ?Exercice 51Colorez <strong>la</strong> carte <strong>des</strong> communes d’Ajoie ci-<strong>des</strong>sous <strong>en</strong> utilisant le moins de couleurs possibles,de sorte que deux régions voisines ai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> couleurs différ<strong>en</strong>tes.Construisez d’abord un graphe associé <strong>à</strong> cette carte, puis colorez-<strong>en</strong> les sommets.1.12.5 Coloration <strong>des</strong> arêtes d’un grapheLa coloration <strong>des</strong> arêtes d’un graphe consiste <strong>à</strong> affecter <strong>à</strong> toutes les arêtes de ce graphe unecouleur de telle sorte que deux arêtes adjac<strong>en</strong>tes ne port<strong>en</strong>t pas <strong>la</strong> même couleur.L’indice chromatique du graphe G est le plus petit <strong>en</strong>tier k pour lequel il existe unecoloration <strong>des</strong> arêtes ; on le note χ(G).Pour colorer les arêtes d’un graphe, on peut se ram<strong>en</strong>er au problème de <strong>la</strong> coloration <strong>des</strong>sommets. Il suffit pour ce<strong>la</strong> de travailler non pas sur le graphe lui-même, mais sur le grapheadjoint, noté G ′ , et que l’on définit ainsi :1. <strong>à</strong> chaque arête de G = (V,E) correspond un sommet de G ′ = (E,F)2. deux sommets de G ′ sont reliés par une arête si les deux arêtes correspondantes de Gsont adjac<strong>en</strong>tes.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 25


v 2v 5v 3v 4v 1e 1ve 62e 3 v 5v 3e 4 v 4e2e 5Graphe Ge 1Graphe adjoint G ′ Graphe adjoint G ′ colorée 1e 2 e 6 3 e 2 e 6 1e 3 e 5 4e 3 e 5 2e 41e 42On peut <strong>en</strong>suite appliquer l’algorithme de Welsh et Powell sur le graphe G ′ pour colorerses sommets. Une fois ce<strong>la</strong> fait, on colorera les arêtes de G de <strong>la</strong> même couleur que lessommets correspondants de G ′ .Exercice 52Dans un tournoi d’échecs, chaque joueur doit r<strong>en</strong>contrer tous les autres. Chaque partie dureune heure. Déterminez <strong>la</strong> durée minimum du tournoi dans le cas où le nombre de joueursest 3, 4, 5 ou 6.1.13 Graphes triangulésUn graphe est triangulé si tous ses cycles de plus de 3 sommets conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au moins unecorde (arête reliant deux sommets non adjac<strong>en</strong>ts d’un cycle).Un séparateur est un sous-<strong>en</strong>semble W de sommets dans un graphe connexe G = (V,E)tel que le graphe G[V −W] est non connexe. Dans le graphe ci-<strong>des</strong>sous, W = {v 1 ,v 4 } estun séparateur, W = {v 3 } est un séparateur minimal.v 1Un sommet v est dit simplicial si son voisinage N(v) est une clique. Dans le graphe ci<strong>des</strong>sus,les sommets simpliciaux sont v 2 et v 5 .Théorème 1.14Un graphe connexe est triangulé si et seulem<strong>en</strong>t si tout séparateur minimal est uneclique.Preuve1. Supposons tout d’abord que tout séparateur est une clique. Soit C = [x 1 ,x 2 ,...,x k ,x 1 ](k ≥ 4) un cycle dans G et soit W un séparateur minimal de x 1 et x 3 . W doit cont<strong>en</strong>ir x 2et au moins un <strong>des</strong> sommets x 4 ,. . . ,x k . Comme W est une clique, il existe une cordedans C.26 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


2. Supposons G triangulé et soit W un séparateur minimal. Supposons que W ne soitpas une clique. Soi<strong>en</strong>t G 1 = (V 1 ,E 1 ) et G 2 = (V 2 ,E 2 ) deux composantes connexes deG[V −W] et soi<strong>en</strong>t x et y deux sommets non adjac<strong>en</strong>ts dans W . Comme W est minimal,x et y ont chacun au moins un voisin dans G 1 et dans G 2 . Soi<strong>en</strong>t a 1 et a 2 les voisinsde x dans G 1 et G 2 , et soi<strong>en</strong>t b 1 et b 2 ceux de y dans G 1 et G 2 . Comme G 1 et G 2sont connexes, il existe une chaîne reliant a 1 <strong>à</strong> b 1 dans G 1 et une chaîne reliant a 2 <strong>à</strong> b 2dans G 2 . Il existe donc une chaîne C 1 sans corde reliant x <strong>à</strong> y dans G[V 1 ∪W] ainsiqu’une chaîne sans corde C 2 reliant x <strong>à</strong> y dans G[V 2 ∪W]. L’union de C 1 et C 2 est uncycle sans corde cont<strong>en</strong>ant au moins 4 sommets, contradiction.✷Théorème 1.15Tout graphe triangulé autre qu’une clique conti<strong>en</strong>t au moins deux sommets simpliciauxnon adjac<strong>en</strong>ts.PreuveSi G ne conti<strong>en</strong>t que deux sommets, alors G est constitué de deux sommets isolés quisont simpliciaux non adjac<strong>en</strong>ts. Supposons donc le théorème vrai pour tout graphe ayantmoins de n sommets et soit |V | = n. Soit W un séparateur minimal et G 1 = (V 1 ,E 1 )et G 2 = (V 2 ,E 2 ) deux composantes connexes de G[V −W]. On a vu que W est une clique.– Si G[V 1 ∪W] est une clique alors choisissons x dans V 1 : x est simplicial dans G[V 1 ∪W].– Sinon, par hypothèse d’induction, il existe deux sommets simpliciaux non adjac<strong>en</strong>ts dansG[V 1 ∪ W], et comme W est une clique, l’un de ces sommets qu’on appellera x estdans V 1 .Dans chacun <strong>des</strong> deux cas on a déterminé un sommet x simplicial dans G[V 1 ∪ W]. Demême, on peut déterminer un sommet y simplicial dans G[V 2 ∪W]. Ces deux sommets xet y sont simpliciaux dans G et non-adjac<strong>en</strong>ts.✷Algorithme de reconnaissance (Fulkerson et Gross, 1969)1. Poser G ′ = G ;2. Si G ′ est vide alors G est triangulé : STOP3. Si G ′ ne conti<strong>en</strong>t pas de sommet simplicial alors G n’est pas triangulé.4. Ôter un sommet simplicial de G ′ et retourner <strong>à</strong> 2.Exercice 53Appliquez l’algorithme de Fulkerson et Gross pour vérifier que le graphe ci-<strong>des</strong>sous esttriangulé.v 1 v 2 v 3 v 8v 4 v 5 v 6v 7CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 27


Un schéma d’élimination parfait est un ordre v 1 < ... < v n <strong>des</strong> sommets tel que v i estsimplicial dans G[v i ,...,v n ] (n = |V |).Théorème 1.16Un graphe est triangulé si et seulem<strong>en</strong>t s’il possède un schéma d’élimination parfait.Preuve1. Soit v 1 < ... < v n un schéma d’élimination parfait et soit C = [x 1 ,x 2 ,...,x k ,x 1 ] (k ≥ 4)un cycle dans G. Sans perte de généralité, on peut supposer que x 1 = v i apparaît avantx 2 ,...,x k dans le schéma d’élimination parfait. Mais alors x 2 est relié <strong>à</strong> x k car x 1 estsimplicial dans le graphe G[v i ,...,v n ] qui conti<strong>en</strong>t x 2 ,...,x k . Le cycle C a donc unecorde.2. Si G est triangulé on peut déterminer un schéma d’élimination parfait comme suit :Poser i :=1 ;Tant que V ≠ ∅ faireChoisir un sommet simplicial x dans le graphe résiduel. Mettre x <strong>en</strong> position iÔter x de V et poser i := i + 1✷Exercice 54Montrez que les arbres, les <strong>graphes</strong> complets et les <strong>graphes</strong> d’intervalles sont <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>triangulés.Algorithme de coloration d’un graphe triangulé G = (V,E)Déterminer un schéma d’élimination parfait v 1 < ... < v nColorer G séqu<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t selon l’ordre inverse v n < ... < v 1 , <strong>en</strong> utilisant pour chaquesommet le plus petit numéro de couleur possible.Exercice 55Donnez un schéma d’élimination parfait du graphe ci-<strong>des</strong>sous et colorez ce graphe.v 1 v 2 v 3 v 8v 4 v 5 v 6v 728 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


2 Graphes ori<strong>en</strong>tés2.1 Graphes ori<strong>en</strong>tésEn donnant un s<strong>en</strong>s aux arêtes d’un graphe, on obti<strong>en</strong>t un digraphe (ou graphe ori<strong>en</strong>té).Le mot « digraphe » est <strong>la</strong> contraction de l’expression ang<strong>la</strong>ise « directed graph ».Un digraphe fini G = (V,E) est défini par l’<strong>en</strong>semble fini V = {v 1 ,v 2 ,...,v n } dont les élém<strong>en</strong>tssont appelés sommets, et par l’<strong>en</strong>semble fini E = {e 1 ,e 2 ,...,e m } dont les élém<strong>en</strong>tssont appelés arcs.Un arc e de l’<strong>en</strong>semble E est défini par une paire ordonnée de sommets. Lorsque e = (u,v),on dit que l’arc e va de u <strong>à</strong> v. On dit aussi que u est l’extrémité initiale et v l’extrémitéfinale de e.Exercice 56Construire un graphe ori<strong>en</strong>té dont les sommets sont les <strong>en</strong>tiers compris <strong>en</strong>tre 1 et 12 et dontles arcs représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion « être diviseur de ».2.2 Degré d’un sommet d’un digrapheSoit v un sommet d’un graphe ori<strong>en</strong>té.On note d + (v) le degré extérieur du sommet v, c’est-<strong>à</strong>-dire le nombre d’arcs ayant vcomme extrémité initiale.On note d − (v) le degré intérieur du sommet v, c’est-<strong>à</strong>-dire le nombre d’arcs ayant vcomme extrémité finale.On définit le degré :d(v) = d + (v) + d − (v)Exercice 57Trouvez les degrés extérieurs et intérieurs de chacun <strong>des</strong> sommets du graphe ci-<strong>des</strong>sous :2 13 62.3 Chemins et circuits4 5Un chemin conduisant du sommet a au sommet b est une suite ayant pour élém<strong>en</strong>ts alternativem<strong>en</strong>t<strong>des</strong> sommets et <strong>des</strong> arcs, comm<strong>en</strong>çant et se terminant par un sommet, et telleque chaque arc est <strong>en</strong>cadré <strong>à</strong> gauche par son sommet origine et <strong>à</strong> droite par son sommet<strong>des</strong>tination. On ne peut donc pas pr<strong>en</strong>dre les arc <strong>à</strong> rebours. Sur le digraphe ci-après, onpeut voir par exemple le chemin (v 3 ,e 2 ,v 2 ,e 1 ,v 1 ). Par conv<strong>en</strong>tion, tout chemin comporteau moins un arc.On appelle distance <strong>en</strong>tre deux sommets d’un digraphe <strong>la</strong> longueur du plus petit cheminles reliant. S’il n’existe pas de chemin <strong>en</strong>tre les sommets x et y, on pose d(x,y) = ∞.Par exemple, sur le digraphe ci-<strong>des</strong>sous, d(v 5 ,v 4 ) = 2, d(v 4 ,v 5 ) = ∞, d(v 3 ,v 1 ) = 1,CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 29


e2e 5v 2v 5e 1e 3v 1v 3e 4 v 4Un circuit est un chemin dont les sommets de départ et de fin sont les mêmes. Le digrapheci-<strong>des</strong>sus ne conti<strong>en</strong>t pas de circuit.Les notions de chemins et de circuits sont analogues <strong>à</strong> celles <strong>des</strong> chaînes et <strong>des</strong> cycles pourles <strong>graphes</strong> non ori<strong>en</strong>tés.Exercice 58Soit X un <strong>en</strong>semble de <strong>la</strong>pins, et G un graphe ori<strong>en</strong>té ayant X pour <strong>en</strong>semble de sommets.On dit que G est un « graphe de par<strong>en</strong>té » si les arcs de G cod<strong>en</strong>t <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion « être le par<strong>en</strong>tde... ». Quelles conditions doit nécessairem<strong>en</strong>t vérifier G pour pouvoir être un graphe depar<strong>en</strong>té ?Exercice 59On souhaite prélever 4 litres de liquide dans un tonneau. Pour ce<strong>la</strong>, nous avons <strong>à</strong> notredisposition deux récipi<strong>en</strong>ts (non gradués !), l’un de 5 litres, l’autre de 3 litres.Comm<strong>en</strong>t doit-on procéder ?Exercice 60 (Jeu de Fan Tan)Deux joueurs dispos<strong>en</strong>t de plusieurs tas d’allumettes. À tour de rôle, chaque joueur peut<strong>en</strong>lever un certain nombre d’allumettes de l’un <strong>des</strong> tas (selon <strong>la</strong> règle choisie). Le joueurqui retire <strong>la</strong> dernière allumette perd <strong>la</strong> partie.Modélisez ce jeu <strong>à</strong> l’aide d’un graphe dans le cas où l’on dispose au départ de deux tascont<strong>en</strong>ant chacun trois allumettes, et où un joueur peut <strong>en</strong>lever une ou deux allumettes <strong>à</strong>chaque fois. Que doit jouer le premier joueur pour gagner <strong>la</strong> partie <strong>à</strong> coup sûr ?Exercice 61On appelle tournoi un digraphe complet.1. Montrez que tout tournoi ayant 3 sommets admet un chemin hamiltoni<strong>en</strong>.2. Soit T un tournoi ayant n − 1 sommets et un chemin hamiltoni<strong>en</strong> x 1 ,x 2 ,...,x n−2 ,x n−1 .On suppose que l’on ajoute un sommet x n <strong>à</strong> ce graphe et que, pour chaque sommetx 1 ,x 2 ,...,x n−2 ,x n−1 , on ajoute soit un arc (x n ,x j ), soit un arc (x j ,x n ), 1 ≤ j < n, defaçon <strong>à</strong> former un tournoi T ′ sans chemin hamiltoni<strong>en</strong>. Dans quels s<strong>en</strong>s sont alors ori<strong>en</strong>tésles arcs <strong>en</strong>tre x 1 et x n et <strong>en</strong>tre x n−1 et x n ? Est-il possible d’avoir un arc ori<strong>en</strong>téde x j vers x n et un autre de x n vers x j+1 pour 1 ≤ j < n − 1 ? En déduire que T ′ anécessairem<strong>en</strong>t un chemin hamiltoni<strong>en</strong>.3. Déduisez <strong>des</strong> questions 1 et 2 que tout tournoi admet un chemin hamiltoni<strong>en</strong>.Exercice 62Dans un digraphe, un roi est un sommet duquel tous les autres sommets sont <strong>à</strong> une distanced’au plus 2.Démontrez qu’un tournoi a toujours un roi (Landau, 1953).30 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


2.3.1 Digraphe fortem<strong>en</strong>t connexeUn digraphe est fortem<strong>en</strong>t connexe, si toute paire ordonnée (a,b) de sommets distincts dugraphe est reliée par au moins un chemin. En d’autres termes, tout sommet est atteignabledepuis tous les autres sommets par au moins un chemin.On appelle composante fortem<strong>en</strong>t connexe tout sous-graphe induit maximal fortem<strong>en</strong>tconnexe (maximal signifie qu’il n’y a pas de sous-graphe induit connexe plus grand cont<strong>en</strong>antles sommets de <strong>la</strong> composante).Exercice 63Donnez un algorithme permettant de calculer <strong>la</strong> distance <strong>en</strong>tre deux sommets x et y d’undigraphe connexe.Exercice 64Proposez un algorithme qui détermine si un graphe est fortem<strong>en</strong>t connexe ou non.Indication : utilisez un système de marquage <strong>des</strong> sommets.Les <strong>graphes</strong> ci-<strong>des</strong>sous sont-il fortem<strong>en</strong>t connexes ? Si non, donnez leurs composantesfortem<strong>en</strong>t connexes.v 16v 9 v 10 v 11 v 12v 9 v 10 v 11 v 12v 5 v 6 v 7 v 8v 5 v 6 v 7 v 82.4 Représ<strong>en</strong>tations non graphiques <strong>des</strong> di<strong>graphes</strong>2.4.1 Matrice d’adjac<strong>en</strong>cesv 1 v 2 v 3 v 4On peut représ<strong>en</strong>ter un digraphe par une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces. Une matrice (n×m) estun tableau de n <strong>ligne</strong>s et m colonnes. (i, j) désigne l’intersection de <strong>la</strong> <strong>ligne</strong> i et de <strong>la</strong>colonne j.Dans une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces, les <strong>ligne</strong>s et les colonnes représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les sommets dugraphe. Un « 1 » <strong>à</strong> <strong>la</strong> position (i, j) signifie qu’un arc part de i pour rejoindre j.ExempleVoici <strong>la</strong> matrice d’adjac<strong>en</strong>ces du digraphe G :2 13 64 5⎛⎞0 1 0 1 0 10 0 0 1 1 0M =0 0 0 1 0 0⎜0 0 0 0 1 0⎟⎝0 0 0 0 0 0⎠0 1 0 0 0 0CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 31


Cette matrice a plusieurs caractéristiques :1. Elle est carrée : il y a autant de <strong>ligne</strong>s que de colonnes.2. Il n’y a que <strong>des</strong> zéros sur <strong>la</strong> diagonale. Un « 1 » sur <strong>la</strong> diagonale indiquerait uneboucle.3. Contrairem<strong>en</strong>t <strong>à</strong> celle d’un graphe non ori<strong>en</strong>té, elle n’est pas symétrique.4. Une fois que l’on fixe l’ordre <strong>des</strong> sommets, il existe une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces uniquepour chaque digraphe. Celle-ci n’est <strong>la</strong> matrice d’adjac<strong>en</strong>ces d’aucun autre digraphe.Exercice 65On a calculé ci-<strong>des</strong>sous les matrices M 2 et M 3 . M est <strong>la</strong> matrice d’adjac<strong>en</strong>ces du graphede l’exemple.Pour chacune de ces matrices, <strong>à</strong> quoi correspond<strong>en</strong>t les nombres obt<strong>en</strong>us ?⎛⎞0 1 0 1 2 00 0 0 0 1 0M 2 =0 0 0 0 1 0⎜0 0 0 0 0 0⎟⎝0 0 0 0 0 0⎠0 0 0 1 1 02.4.2 Listes d’adjac<strong>en</strong>ces⎛⎞0 0 0 1 2 00 0 0 0 0 0M 3 =0 0 0 0 0 0⎜0 0 0 0 0 0⎟⎝0 0 0 0 0 0⎠0 0 0 0 1 0On peut aussi représ<strong>en</strong>ter un digraphe <strong>en</strong> donnant pour chacun de ses sommets <strong>la</strong> liste <strong>des</strong>sommets qu’on peut atteindre directem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> suivant un arc (dans le s<strong>en</strong>s de <strong>la</strong> flèche).ExempleVoici les listes d’adjac<strong>en</strong>ces du digraphe G :2 13 64 51 : 2, 4, 62 : 4, 53 : 44 : 55 : –6 : 2Exercice 66Décrivez le graphe G ci-<strong>des</strong>sous par une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces et <strong>des</strong> listes d’adjac<strong>en</strong>ces.7 2 153 4 632 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


2.5 Di<strong>graphes</strong> sans circuitThéorème 2.1Le digraphe G est sans circuit si et seulem<strong>en</strong>t si on peut attribuer un nombre r(v),appelé le rang de v, <strong>à</strong> chaque sommet v de manière que pour tout arc (u,v) de G on aitr(u) < r(v).PreuveSi G comporte un circuit C, il n’est pas possible de trouver de tels nombres r(i) car,autrem<strong>en</strong>t, considérant r( j) = max{r(i) | i ∈ C} et l’arc ( j,k) ∈ C, on aurait r( j) ≤ r(k)<strong>en</strong> contradiction avec <strong>la</strong> définition du rang.Réciproquem<strong>en</strong>t, si G n’a pas de circuit, il existe au moins un sommet sans prédécesseurdans G (sans ce<strong>la</strong>, <strong>en</strong> remontant successivem<strong>en</strong>t d’un sommet <strong>à</strong> un prédécesseur, on finiraitpar fermer un circuit). Ainsi, on peut attribuer séqu<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> valeurs aux sommetsdu graphe <strong>à</strong> l’aide de l’algorithme qui suit, ce qui conclura <strong>la</strong> démonstration.✷Algorithme de calcul du rangDonnée : digraphe G = (V,E) sans circuit.Résultat : rang r(v) de chaque sommet v ∈ V du digraphe G.Débutr := 0X := VR : l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets de X sans prédécesseur dans XTant que X n’est pas vide fairer(v) := r pour tout sommet v ∈ RX := X − RR : l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets de X sans prédécesseur dans Xr := r + 1Fin tant queFinExercice 67Attribuez un rang aux sommets du digraphe ci-<strong>des</strong>sous <strong>en</strong> utilisant l’algorithme de calculdu rang.7 2 1 853 4 6CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 33


2.6 Graphes de comparabilitéUn graphe est de comparabilité si on peut ori<strong>en</strong>ter ses arêtes de façon transitive, c’est-<strong>à</strong>direde telle sorte que s’il existe un arc de i vers j et un arc de j vers k, alors il existeégalem<strong>en</strong>t un arc de i vers k.Algorithme permettant de déterminer si G = (V,E) est un graphe de comparabilité1. F := ∅2. Tant que F ≠ E faireChoisir une arête e dans E − F , donner une ori<strong>en</strong>tation <strong>à</strong> e et compléter cetteori<strong>en</strong>tation pour assurer une ori<strong>en</strong>tation transitive de G.Si une arête doit être ori<strong>en</strong>tée dans les deux s<strong>en</strong>s, STOP :G n’est pas de comparabilité.Sinon, rajouter <strong>à</strong> F toutes les arêtes nouvellem<strong>en</strong>t ori<strong>en</strong>tées. Si F = E alorsSTOP :G est de comparabilité.Exemple31 25 631 25 6Jusque l<strong>à</strong>, tout va bi<strong>en</strong>. . .31 25 6Aïe. Il manque une arête<strong>en</strong>tre les sommets 3 et 2.Exercice 68Les <strong>graphes</strong> ci-<strong>des</strong>sous admett<strong>en</strong>t-ils une ori<strong>en</strong>tation transitive ?11 23 45 62 34 5 6Etant donné qu’une ori<strong>en</strong>tation transitive d’un graphe de comparabilité induit un ordreparfait, on <strong>en</strong> déduit l’algorithme suivant de coloration minimale <strong>des</strong> sommets.Algorithme de coloration minimale <strong>des</strong> sommets d’un graphe de comparabilité1. Déterminer une ori<strong>en</strong>tation transitive de G (par exemple <strong>à</strong> l’aide de l’algorithmeci-<strong>des</strong>sus), et poser i := 1.2. Tant qu’il existe <strong>en</strong>core <strong>des</strong> sommets <strong>à</strong> colorer fairedonner <strong>la</strong> couleur i <strong>à</strong> tous les sommets sans prédécesseur,ôter ces sommets du graphe,poser i := i + 134 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Exercice 69Une compagnie de transport a un <strong>en</strong>semble de trajets <strong>à</strong> effectuer. On décide de représ<strong>en</strong>terceci par un graphe : un arc de T i <strong>à</strong> T j indique que le trajet T j peut être effectué par le mêmevéhicule que celui qui a effectué le trajet T i .1. De quel type est le graphe obt<strong>en</strong>u ?2. Interprétez (dans le graphe non ori<strong>en</strong>té) le problème de <strong>la</strong> recherche d’un nombreminimum de véhicules.ExempleTrajet T 1 T 2 T 3 T 4de A B C B<strong>à</strong> B C A Adépart <strong>à</strong> 6h 10h 8h 12hDurée du trajet ր A B CA 1h 3hB 2h 1hC 2h 4hExercice 70On a demandé <strong>à</strong> un consommateur de comparer n marques de rasoir deux <strong>à</strong> deux, <strong>en</strong>indiquant pour chaque paire une préfér<strong>en</strong>ce stricte.1. Est-il vrai que l’on peut toujours c<strong>la</strong>sser les marques M 1 ,M 2 ,...,M n de manière quel’on ait M 1 > M 2 > ... > M n (où M i > M j indique que M i est préférée <strong>à</strong> M j ) ?2. On constate que le graphe associé <strong>à</strong> ces préfér<strong>en</strong>ces (M i > M j donne un arc (M i ,M j ))est sans circuit. Que peut-on dire de <strong>la</strong> marque M 1 (telle que M 1 > ... > M n ) ?Est-il possible d’avoir deux marques qui ont été préférées au même nombre d’autresmarques ?3. Existe-t-il toujours une marque M 1 telle que M 1 > M j , ∀ j ≠ 1 ? Existe-t-il toujoursune marque M 1 telle que pour j ≠ 1 :– soit M 1 > M j– soit ∃M k telle que M 1 > M k > M j ?2.7 Algorithme de DijkstraEdgser Wybe Dijkstra (1930-2002) a proposé <strong>en</strong> 1959 un algorithme qui permet de calculerle plus court chemin <strong>en</strong>tre un sommet particulier et tous les autres. Le résultat est unearboresc<strong>en</strong>ce, c’est-<strong>à</strong>-dire un arbre avec un sommet particulier appelé racine.Numérotons les sommets du graphe G = (V,E) de 1 <strong>à</strong> n. Supposons que l’on s’intéresseaux chemins partant du sommet 1. On construit un vecteur λ = ( λ(1);λ(2);...;λ(n) )ayant n composantes tel que λ( j) soit égal <strong>à</strong> <strong>la</strong> longueur du plus court chemin al<strong>la</strong>nt de 1au sommet j. On initialise ce vecteur <strong>à</strong> c 1 j , c’est-<strong>à</strong>-dire <strong>à</strong> <strong>la</strong> première <strong>ligne</strong> de <strong>la</strong> matrice<strong>des</strong> coûts du graphe, définie comme indiqué ci-<strong>des</strong>sous :⎧⎪⎨ 0 si i = jc i j = ∞ si i ≠ j et (i, j) ∉ E⎪⎩δ(i, j) si i ≠ j et (i, j) ∈ Eoù δ(i, j) > 0 est le poids de l’arc (i, j).On construit un autre vecteur p pour mémoriser le chemin pour aller du sommet 1 ausommet voulu. La valeur p(i) donne le sommet qui précède i dans le chemin.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 35


On considère <strong>en</strong>suite deux <strong>en</strong>sembles de sommets, S initialisé <strong>à</strong> {1} et T initialisé <strong>à</strong>{2,3,...,n}. À chaque pas de l’algorithme, on ajoute <strong>à</strong> S un sommet jusqu’<strong>à</strong> ce que S = Vde telle sorte que le vecteur λ donne <strong>à</strong> chaque étape <strong>la</strong> longueur minimale <strong>des</strong> chemins de1 aux sommets de S.Algorithme de DijkstraOn suppose que le sommet de départ (qui sera <strong>la</strong> racine de l’arboresc<strong>en</strong>ce) est le sommetnuméroté 1. Notons qu’on peut toujours r<strong>en</strong>uméroter les sommets pour que ce soit le cas.Initialisationsλ( j) = c 1 j et p( j) = NIL, pour 1 ≤ j ≤ nPour 2 ≤ j ≤ n faireSi c 1 j < ∞ alors p( j) = 1.S = 1 ; T = {2,3,...,n}.ItérationsTant que T n’est pas vide faireChoisir i dans T tel que λ(i) est minimumRetirer i de T et l’ajouter <strong>à</strong> SPour chaque successeur j de i, avec j dans T , faireSi λ( j) > λ(i) + δ(i, j) alorsλ( j) = λ(i) + δ(i, j)p( j) = iExemple1451510 5473 2233InitialisationsS = {1} ; T = {2,3,4,5} ; λ = (0,15,∞,∞,4) ; p = (NIL,1,NIL,NIL,1)1ère itérationi = 5 car λ(5) = min(15,∞,∞,4) = 4S = {1,5} ; T = {2,3,4}les successeurs de 5 dans T sont 3 et 4λ(3) pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> nouvelle valeur min(∞;λ(5) + δ(5;3)) = min(λ;4 + 7) = 11 ; p(3) = 5λ(4) pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> nouvelle valeur min(∞;λ(5) + δ(5;4)) = 9 ; p(4) = 5d’où les nouveaux vecteurs λ = (0,15,11,9,4) et p = (NIL,1,5,5,1)36 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


2ème itérationi = 4 ; λ(4) = 9S = {1,5,4} ; T = {2,3}le seul successeur de 4 dans T est 2λ(2) pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> nouvelle valeur min(15;λ(4) + δ(4;2)) = min(15;9 + 3) = 12 ; p(2) = 4d’où les nouveaux vecteurs λ = (0,12,11,9,4) et p = (NIL,4,5,5,1)3ème itérationi = 3 ; λ(3) = 11S = {1,5,4,3} ; T = {2}le seul successeur de 3 dans T est 2λ(2) garde sa valeur car min(12;λ(3) + δ(3;2)) = min(12;11 + 3) = 12d’où les vecteurs inchangés λ = (0,12,11,9,4) et p = (NIL,4,5,5,1)4ème itérationi = 2 ; λ(2) = 12S = {1,5,4,3,2} ; T = {}λ = (0,12,11,9,4)p = (NIL,4,5,5,1)L’algorithme se termine, car T = {}.On peut lire les coûts <strong>des</strong> chemins les plus courts dans λ et les chemins eux-mêmes grâceau vecteur p. Par exemple, le chemin minimal de 1 <strong>à</strong> 4 est de coût 9, car λ(4) = 9. C’est lechemin 1–5–4, car p(4) = 5 et p(5) = 1.Voici <strong>la</strong> réponse sous forme d’arboresc<strong>en</strong>ce :14545732 3Exercice 71Appliquez l’algorithme de Dijkstra au graphe de l’exemple ci-<strong>des</strong>sus pour trouver tous lesplus courts chemins <strong>en</strong> partant <strong>des</strong> sommets 2, 3, 4 et 5.Exercice 72Expliquez pourquoi <strong>des</strong> arcs avec <strong>des</strong> poids négatifs pourrai<strong>en</strong>t poser problème dans <strong>la</strong>recherche d’un plus court chemin dans un graphe.2.8 Réseau PERT (Project Evaluation and Review Technique)Le problème du plus long chemin dans les di<strong>graphes</strong> sans circuit trouve une applicationdans l’ordonnancem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification <strong>des</strong> tâches composant un projet complexe, parexemple <strong>la</strong> construction d’une maison.On fait correspondre <strong>à</strong> chaque tâche un arc d’un digraphe, sa durée d’exécution étant égaleau poids de cet arc. Le digraphe reflète les précéd<strong>en</strong>ces requises dans l’exécution du projet.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 37


Ainsi, <strong>la</strong> tâche correspondant <strong>à</strong> l’arc (i, j) ne peut comm<strong>en</strong>cer que si toutes les tâchescorrespondant <strong>à</strong> <strong>des</strong> arcs (k,i) ont été complétées. Le digraphe peut cont<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> tâchesfictives de durée nulle afin de forcer certaines précéd<strong>en</strong>ces.Les sommets du digraphe représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>des</strong> événem<strong>en</strong>ts, début (fin) <strong>des</strong> activités correspondantaux arcs dont ils sont l’extrémité initiale (finale). Le fait que le digraphe est sanscircuit est garant de <strong>la</strong> faisabilité du projet. En effet, l’exist<strong>en</strong>ce d’un circuit impliqueraitune contradiction dans les précéd<strong>en</strong>ces : une tâche devant <strong>en</strong> même temps précéder etsuivre une autre !On supposera dorénavant que les sommets ont déj<strong>à</strong> été numérotés de 1 <strong>à</strong> n de manièrecompatible avec leurs rangs, c’est-<strong>à</strong>-dire que r( j) > r(i) implique j > i (voir l’algorithmede calcul du rang). En plus, si le digraphe possède plusieurs sommets sans prédécesseur,on supposera avoir introduit un sommet 1 relié par un arc de durée nulle <strong>à</strong> chacun de cessommets. Ce sommet indique le début du projet. De même, si le digraphe possède plusieurssommets sans successeur, ceux-ci seront reliés par un arc de durée nulle <strong>à</strong> un dernier sommetn (fin du projet). Enfin, on supposera éliminés les arcs parallèles par l’introduction detâches fictives.Algorithme du chemin critiqueDonnées : Digraphe G = (V,E), sans circuit, <strong>des</strong> activités avec leur durée d ik .Notations :P(i) = {k ∈ V | (k,i) ∈ E} : c’est l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets prédécesseurs de i.S(i) = {k ∈ V | (i,k) ∈ E} : c’est l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets successeurs de i.Résultat :– δ i : début au plus tôt <strong>des</strong> activités correspondant aux arcs (i,k) partant de i,– φ i : fin au plus tard <strong>des</strong> activités correspondant aux arcs (k,i) arrivant <strong>à</strong> i,– durée du chemin critique.Début– Calcul <strong>des</strong> dates de début au plus tôt (récurr<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> avançant dans le projet)δ 1 := 0Pour k := 2 <strong>à</strong> n faire δ k := max{δ j + d jk | j ∈ P(k)}– Calcul <strong>des</strong> dates de fin au plus tard (récurr<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> recu<strong>la</strong>nt dans le projet)φ n := δ nPour k := n − 1 <strong>à</strong> 1 faire φ k := min{φ j − d k j | j ∈ S(k)}Fin.Définitions– Un sommet i est critique si δ i = φ i .– Un arc (i, j) est critique si ses extrémités sont <strong>des</strong> sommets critiques et d i j = δ j − δ i .– Un chemin critique est un chemin de 1 <strong>à</strong> n n’utilisant que <strong>des</strong> arcs critiques, c’est-<strong>à</strong>-dire<strong>des</strong> activités telles que tout retard dans leur exécution provoquerait un retard de <strong>la</strong> fin duprojet.– La durée du chemin critique est donnée par δ n (ou par φ n , les deux valeurs étanttoujours égales). Elle correspond <strong>à</strong> <strong>la</strong> durée minimale du projet étant données les durées<strong>des</strong> tâches le composant et les précéd<strong>en</strong>ces respectives.38 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


ExempleCi-<strong>des</strong>sous le graphe <strong>des</strong> précéd<strong>en</strong>ces obt<strong>en</strong>u avec l’algorithme du chemin critique.Le chemin critique est <strong>en</strong> gras.Tâches Précéd<strong>en</strong>ces Durée (jours)A – 33 16 13 24DB – 93 5C – 58D A 8A E IE B 434 5F B 7BGG B 201 2 6H C, F 60 099 92029 29I D, E 5C F H5 7 6Conv<strong>en</strong>tions d’écriture :4Nom de <strong>la</strong> tâche16 23jkDurée de <strong>la</strong> tâcheδ j φ j δ k φ kExercice 73Refaites le graphe <strong>des</strong> précéd<strong>en</strong>ces de l’exemple <strong>en</strong> utilisant l’algorithme du chemin critique.Exercice 74La construction d’un <strong>en</strong>trepôt est divisée <strong>en</strong> dix tâches dont les caractéristiques sont donnéesdans le tableau ci-<strong>des</strong>sous. Trouvez le chemin critique.Tâches Nature Précéd<strong>en</strong>ces Durée (jours)A Acceptation <strong>des</strong> p<strong>la</strong>ns par le propriétaire – 4B Préparation du terrain – 2C Commande <strong>des</strong> matériaux A 1D Creusage <strong>des</strong> fondations A, B 1E Commande <strong>des</strong> portes et f<strong>en</strong>êtres A 2F Livraison <strong>des</strong> matériaux C 2G Cou<strong>la</strong>ge <strong>des</strong> fondations D, F 2H Livraison <strong>des</strong> portes et f<strong>en</strong>êtres E 10I Pose <strong>des</strong> murs, de <strong>la</strong> charp<strong>en</strong>te et du toit G 4J Mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong> portes et f<strong>en</strong>êtres H, I 1Exercice 75La rénovation du séjour d’un appartem<strong>en</strong>t se décompose <strong>en</strong> plusieurs tâches décrites dansle tableau ci-<strong>des</strong>sous. Ce dernier donne égalem<strong>en</strong>t les précéd<strong>en</strong>ces <strong>à</strong> respecter lors de <strong>la</strong>p<strong>la</strong>nification <strong>des</strong> travaux ainsi qu’une estimation de <strong>la</strong> durée de chacune <strong>des</strong> tâches.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 39


Tâches Précéd<strong>en</strong>ces Durée (jours)A Enlèvem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> portes – 1/2B Ponçage et peinture <strong>des</strong> portes A 3C Pose <strong>des</strong> portes B, J 1/2D Arrachage <strong>des</strong> papiers peints – 1E Tirage <strong>des</strong> fils électriques D 1F Pose <strong>des</strong> prises E, H, I 1/2G Ragréage <strong>des</strong> murs E, A 2H Peinture du p<strong>la</strong>fond G 2I Pose <strong>des</strong> papiers peints G 3J Peinture <strong>des</strong> cadres H, I 1K Arrachage de <strong>la</strong> moquette H, I, J 1/2L Ponçage du parquet K 1M Imprégnation et séchage du parquet L, F 4N Peinture du balcon – 2O Changem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> protections so<strong>la</strong>ires N 11. Représ<strong>en</strong>tez le graphe <strong>des</strong> précéd<strong>en</strong>ces de ces travaux de rénovation.2. Déterminez une durée totale minimale de rénovation <strong>en</strong> exhibant un chemin critiquedans ce graphe.Bibliographie[1] COGIS O., ROBERT C., Théorie <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>, Vuibert, 2003[2] DROESBEKE F., HALLIN M., LEFEVRE C., Les <strong>graphes</strong> par l’exemple, Ellipse, 1987[3] HERTZ A., L’agrapheur - Intrigues policières <strong>à</strong> saveur mathématique, Presses internationalesPolytechnique, 2010[4] GONDRAN M., MINOUX M., Graphes et algorithmes, 4e édition, Lavoisier, 2009[5] SKIENA S., Implem<strong>en</strong>ting Discrete Mathematics : Combinatorics and Graph TheoryWith Mathematica, Addison-Wesley, 1990[6] WEST D., <strong>Introduction</strong> to Graph Theory, 2nd edition, Pr<strong>en</strong>tice Hall, 200140 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


LexiqueAcyclique (Acyclic)Un graphe est acyclique s’il ne conti<strong>en</strong>t aucun cycle.Adjac<strong>en</strong>t (Adjac<strong>en</strong>t)Deux sommets sont adjac<strong>en</strong>ts s’ils sont reliés par une arête. On qualifie souv<strong>en</strong>t de voisinsdeux sommets adjac<strong>en</strong>ts.Arboresc<strong>en</strong>ce (Rooted tree)Arbre avec un sommet distingué r (<strong>la</strong> racine).Arbre (Tree)Graphe connexe ne cont<strong>en</strong>ant aucun cycle.Arbre couvrant (Spanning tree)Un sous-graphe maximum d’un graphe qui est aussi un arbre. On parle aussi d’arbre derecouvrem<strong>en</strong>t.Arc (Arc)Une arête ori<strong>en</strong>tée d’un digraphe.Arête (Edge)Une arête relie deux sommets dans un graphe. Nous appelons ces deux sommets les extrémitésde l’arête.Biparti (Bipartite)Un graphe est biparti si ses sommets peuv<strong>en</strong>t être divisés <strong>en</strong> deux <strong>en</strong>sembles X et Y ,de sorte que toutes les arêtes du graphe reli<strong>en</strong>t un sommet dans X <strong>à</strong> un sommet dans Y .Les arbres sont <strong>des</strong> exemples <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> bipartis. Si G est biparti, il est habituellem<strong>en</strong>tnoté par G = (X,Y,E), où E est l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> arêtes.Boucle (Loop)Arête ou arc partant d’un sommet et al<strong>la</strong>nt vers lui-même. Les boucles ne sont pas autoriséesdans les <strong>graphes</strong> et di<strong>graphes</strong> simples.Chaîne (Chain)Une chaîne dans un graphe est une suite de sommets reliés par <strong>des</strong> arêtes. La longueurd’une chaîne est le nombre d’arêtes utilisées, ou, ce qui revi<strong>en</strong>t au même, le nombre <strong>des</strong>ommets utilisés moins un. Une chaîne élém<strong>en</strong>taire ne peut pas visiter le même sommetdeux fois. Une chaîne simple ne peut pas visiter <strong>la</strong> même arête deux fois.Chemin (Path)Un chemin dans un digraphe est une suite de sommets reliés les uns aux autres par <strong>des</strong>arcs. La longueur du chemin est le nombre d’arcs utilisés, ou le nombre de sommets moinsun. Un chemin simple ne peut pas visiter le même arc plus d’une fois. Un chemin fermé apour dernier sommet le premier.Circuit (Circuit)Dans un digraphe, un circuit est un chemin fermé simple.Clique (Clique)Sous-graphe complet d’un graphe G. L’ordre de <strong>la</strong> plus grande clique de G est noté ω(G).Prononcer « oméga de G ».CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 41


Complet (Complete)Dans un graphe complet, toutes les paires de sommets sont adjac<strong>en</strong>tes. Un graphe complet<strong>à</strong> n sommets est noté K n (le K est <strong>en</strong> l’honneur de Kuratowski, un pionnier de <strong>la</strong> <strong>théorie</strong><strong>des</strong> <strong>graphes</strong>).Composante connexe (Connected compon<strong>en</strong>t)Dans un graphe, une composante connexe est un sous-graphe induit maximal connexe.Maximal signifie qu’il n’y a pas de sous-graphe induit connexe plus grand cont<strong>en</strong>ant lessommets de <strong>la</strong> composante.Connexe (Connected)Un graphe connexe est un graphe dans lequel chaque paire de sommets est reliée par unechaîne. Un graphe qui n’est pas connexe est dit non connexe, et se décompose <strong>en</strong> composantesconnexes.Coup<strong>la</strong>ge ou appariem<strong>en</strong>t (Matching)Un coup<strong>la</strong>ge est un <strong>en</strong>semble d’arêtes tel que chaque sommet du graphe apparti<strong>en</strong>t <strong>à</strong> auplus une arête de cet <strong>en</strong>semble.Coup<strong>la</strong>ge parfait (Perfect matching)Dans un graphe <strong>à</strong> 2n sommets, un coup<strong>la</strong>ge avec n arêtes est dit parfait. Chaque sommetdu graphe est saturé par un coup<strong>la</strong>ge parfait.Corde (Chord)Arête reliant deux sommets non adjac<strong>en</strong>ts d’un cycle.Cycle (Cycle)Dans un graphe, un cycle est une chaîne simple dont les extrémités coïncid<strong>en</strong>t. On ner<strong>en</strong>contre pas deux fois le même sommet, sauf celui choisi comme sommet de départ etd’arrivée.Degré (Degree)Le degré d’un sommet est <strong>la</strong> taille de son voisinage. Le degré d’un graphe est le degrémaximum de tous ses sommets.Diamètre (Diameter)Le diamètre d’un graphe est <strong>la</strong> plus longue <strong>des</strong> distances <strong>en</strong>tre deux sommets de ce graphe.Digraphe (Digraph)Un digraphe est un graphe dans lequel les arêtes sont ori<strong>en</strong>tées et appelées arcs. Plus formellem<strong>en</strong>t,un digraphe est un <strong>en</strong>semble de sommets ainsi qu’un <strong>en</strong>semble de paires ordonnées<strong>des</strong> sommets, appelées les arcs.Distance (Distance)La distance <strong>en</strong>tre deux sommets est <strong>la</strong> longueur de <strong>la</strong> plus courte chaîne <strong>en</strong>tre eux.Euléri<strong>en</strong> (Eulerian)Une chaîne ou un cycle est dit euléri<strong>en</strong> si chaque arête du graphe y apparaît exactem<strong>en</strong>t unefois. Les chemins et les circuits <strong>des</strong> di<strong>graphes</strong> sont dits euléri<strong>en</strong>s sous les mêmes conditions.Feuille (Leaf)Sommet de degré 1. Aussi appelé sommet p<strong>en</strong>dant.Forêt (Forest)Graphe qui ne conti<strong>en</strong>t aucun cycle. Les composantes connexes d’une forêt sont <strong>des</strong> arbres.42 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Fortem<strong>en</strong>t connexe (Strongly Connected)Dans un digraphe fortem<strong>en</strong>t connexe, chaque sommet peut être atteint depuis n’importequel autre par un chemin.Graphe (Graph)Un graphe est un <strong>en</strong>semble de points, dont certaines paires sont reliées par <strong>des</strong> <strong>ligne</strong>s.Les points sont appelés sommets et les <strong>ligne</strong>s sont nommées arêtes.Plus formellem<strong>en</strong>t, un graphe est composé de deux <strong>en</strong>sembles, l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> arêtes (E )et l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets (V ). L’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> sommets est simplem<strong>en</strong>t une collectiond’étiquettes qui permett<strong>en</strong>t de distinguer un sommet d’un autre. L’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> arêtes estconstitué de paires non ordonnées d’étiquettes de sommets.Hamiltoni<strong>en</strong> (Hamiltonian)Une chaîne ou un cycle est dit hamiltoni<strong>en</strong> si chaque sommet du graphe y apparaît exactem<strong>en</strong>tune fois. Les chemins et les circuits <strong>des</strong> di<strong>graphes</strong> sont dits hamiltoni<strong>en</strong>s sous lesmêmes conditions.Homéomorphe (Homeomorphic)Deux <strong>graphes</strong> sont homéomorphes s’ils peuv<strong>en</strong>t tous les deux être obt<strong>en</strong>us <strong>à</strong> partir d’ungraphe commun <strong>en</strong> remp<strong>la</strong>çant les arêtes par <strong>des</strong> chaînes simples.Les deux <strong>graphes</strong> ci-<strong>des</strong>sous sont homéomorphes.Ils ont tous les deux été obt<strong>en</strong>us <strong>à</strong> partir du graphe ci-<strong>des</strong>sous :Incid<strong>en</strong>t (Incid<strong>en</strong>t)Un sommet est incid<strong>en</strong>t <strong>à</strong> une arête s’il est situé <strong>à</strong> une <strong>des</strong> deux extrémités de cette arête.Inversem<strong>en</strong>t, une arête est incid<strong>en</strong>te <strong>à</strong> un sommet si elle « touche » ce sommet.Indice chromatique (Chromatic index)L’indice chromatique d’un graphe est le plus petit nombre k pour lequel il existe une k-coloration <strong>des</strong> arêtes. L’indice chromatique du graphe G est noté par χ(G). Prononcer« khi de G ».k-colorable (k-colorable)Un graphe est dit k-colorable si <strong>à</strong> chacun de ses sommets peut être assignée une parmi kcouleurs de sorte qu’<strong>à</strong> deux sommets adjac<strong>en</strong>ts soit assignée une couleur différ<strong>en</strong>te. Cetteassignation est appelée coloration.Liste d’adjac<strong>en</strong>ces (Adjac<strong>en</strong>cy Structure)Une représ<strong>en</strong>tation d’un graphe ou d’un digraphe qui énumère, pour chaque sommet, tousles sommets qui sont adjac<strong>en</strong>ts au sommet donné.Liste d’arcs (Arc List)Une représ<strong>en</strong>tation d’un digraphe utilisant les arcs du digraphe. Ce peut être une liste depaires ordonnées de sommets, ou deux listes triées avec le sommet de départ dans une listeet le sommet de fin <strong>à</strong> <strong>la</strong> position correspondante de <strong>la</strong> deuxième liste.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 43


Matrice d’adjac<strong>en</strong>ces (Adjac<strong>en</strong>cy Matrix)Une matrice carrée cont<strong>en</strong>ant <strong>des</strong> 0 et <strong>des</strong> 1, dont les <strong>ligne</strong>s et les colonnes sont c<strong>la</strong>sséespar sommets. Un 1 <strong>en</strong> position (i, j) signifie qu’il y a une arête (ou arc) du sommet i ausommet j. Un 0 indique qu’il n’y a aucune arête ou arc. Une matrice d’adjac<strong>en</strong>ces peutêtre utilisée pour <strong>des</strong> <strong>graphes</strong> et <strong>des</strong> di<strong>graphes</strong>.Multigraphe (Multigraph)Un multigraphe est un graphe cont<strong>en</strong>ant <strong>des</strong> boucles et/ou plusieurs arêtes reliant lesmêmes sommets.Nombre chromatique (Chromatic number)Le nombre chromatique d’un graphe est le plus petit nombre k pour lequel il existe une k-coloration <strong>des</strong> sommets. Le nombre chromatique du graphe G est noté par γ(G). Prononcer« gamma de G ».Nombre cyclomatique (Cyclomatic number)ν(G) = m − n + p, avec :n : nombre de sommetsm : nombre d’arcsp : nombre de composantes connexesOrdre (Order)L’ordre d’un graphe est le nombre de ses sommets.Ori<strong>en</strong>tation (Ori<strong>en</strong>tation)Une assignation de direction aux arêtes d’un graphe. Une arête ori<strong>en</strong>tée est un arc. Le grapheauquel on a donné une ori<strong>en</strong>tation est dit graphe ori<strong>en</strong>té ou digraphe.Partiel (Spanning Subgraph)Le graphe obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> <strong>en</strong>levant <strong>des</strong> arêtes d’un graphe G est appelé graphe partiel.P<strong>en</strong>dant (P<strong>en</strong>dant)Un sommet est p<strong>en</strong>dant s’il est de degré 1. Aussi appelé feuille si le graphe est un arbre.P<strong>la</strong>naire (P<strong>la</strong>nar)Un graphe p<strong>la</strong>naire est un graphe que l’on peut <strong>des</strong>siner sur une surface p<strong>la</strong>te sans que sesarêtes se crois<strong>en</strong>t. Les <strong>graphes</strong> que l’on ne peut pas <strong>des</strong>siner sans croisem<strong>en</strong>t sont dits nonp<strong>la</strong>naires.Racine (Root)Sommet distingué d’un arbre. En distinguant un sommet d’un arbre, on obti<strong>en</strong>t une arboresc<strong>en</strong>ce.Rang (Level)Dans une arboresc<strong>en</strong>ce, les sommets <strong>à</strong> <strong>la</strong> même distance de <strong>la</strong> racine sont dits être au mêmerang. La racine est par conv<strong>en</strong>tion au rang 0 et <strong>la</strong> hauteur de l’arbre est le rang maximum.Régulier (Regu<strong>la</strong>r)Dans un graphe régulier, tous les sommets ont le même degré. Si le degré commun est k,alors on dit que le graphe est k-régulier.Semi-euléri<strong>en</strong> (semi-eulerian)Un graphe est semi-euléri<strong>en</strong> s’il est possible de trouver une chaîne passant une et une seulefois par toutes les arêtes, et s’il n’est pas euléri<strong>en</strong>.44 · N o 6 CAHIERS DE LA CRM


Semi-hamiltoni<strong>en</strong> (semi-hamiltonian)Un graphe est semi-hamiltoni<strong>en</strong> s’il est possible de trouver une chaîne passant une et uneseule fois par tous les sommets, et s’il n’est pas hamiltoni<strong>en</strong>.Simple (simple)Un graphe est dit simple, s’il ne conti<strong>en</strong>t pas de boucle et s’il n’y a pas plus d’une arêtereliant deux mêmes sommets.Simplicial (simplicial)Un sommet v est dit simplicial si son voisinage N(v) est une clique.Sommet (Vertex, pluriel Vertices)Extrémité d’une arête ou d’un arc.Sous-graphe (Induced Subgraph)Un sous-graphe est obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> <strong>en</strong>levant <strong>à</strong> un graphe <strong>des</strong> sommets et toutes les arêtes incid<strong>en</strong>tes<strong>à</strong> ces sommets.Stable (Stable)Un stable d’un graphe G est un sous-graphe de G sans arête. L’ordre du plus grand stablede G est noté α(G) et s’appelle nombre de stabilité. Prononcer « alpha de G ».Taille (Size)La taille d’un graphe est le nombre de ses arêtes.Tournoi (Tournam<strong>en</strong>t)Digraphe complet.Triangulé (Chordal)Un graphe est triangulé si tous ses cycles de longueur supérieur <strong>à</strong> 3 conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t au moinsune corde.Voisinage (Neighborhood)Le voisinage d’un sommet est l’<strong>en</strong>semble de tous ses sommets adjac<strong>en</strong>ts.CAHIERS DE LA CRM N o 6 · 45


Indexarête, 3arboresc<strong>en</strong>ce, 35arbre, 17couvrant, 19maximal, 19arc, 29carte, 14chaîne, 8élém<strong>en</strong>taire, 9alternée, 13alternée augm<strong>en</strong>tante, 13euléri<strong>en</strong>ne, 10fermée, 9hamiltoni<strong>en</strong>ne, 11simple, 9chemin, 29circuit, 30clique, 7composantes connexes, 4corde, 26coup<strong>la</strong>ge, 13maximum, 13parfait, 13cycle, 9euléri<strong>en</strong>, 10hamiltoni<strong>en</strong>, 11degré, 7d’un graphe, 8d’un sommet, 7d’une région, 15diamètre, 9digraphe, 29fortem<strong>en</strong>t connexe, 31distance, 9, 29ori<strong>en</strong>té, 29parfait, 24partiel, 6, 19p<strong>la</strong>naire, 3, 14p<strong>la</strong>naire topologique, 14régulier, 8semi-euléri<strong>en</strong>, 10semi-hamiltoni<strong>en</strong>, 11simple, 3triangulé, 26indice chromatique, 25listes d’adjac<strong>en</strong>ces, 16matrice d’adjac<strong>en</strong>ces, 15multigraphe, 3nombre chromatique, 21nombre de stabilité, 21racine, 35rang, 33roi, 30séparateur, 26schéma d’élimination parfait, 28sommet, 3p<strong>en</strong>dant, 17saturé, 13simplicial, 26sous-graphe, 6stable, 21tournoi, 30feuille, 17forêt, 17graphe, 3biparti, 4complet, 4connexe, 4d’intervalles, 5de comparabilité, 34euléri<strong>en</strong>, 10hamiltoni<strong>en</strong>, 1146


Ouvrages publiés par <strong>la</strong> Commission Romandede MathématiqueOUVRAGES COLLECTIFS DE LA CRMN o 18 Géométrie 2N o 21 Métho<strong>des</strong> numériques (M.-Y. BACHMANN, H. CATTIN,P. ÉPINEY, F. HAEBERLI et G. JENNY)N o 23 Géométrie vectorielle et analytique p<strong>la</strong>neN o 24 Géométrie vectorielle et analytique de l’espaceN o 25 AnalyseN o 26 ProbabilitésN o 27 Notions élém<strong>en</strong>tairesN o 28 Algèbre linéaireCAHIERS DE LA CRMN o 1 Suites de nombres réelsN o 2 CryptologieN o 3 Équations algébriques et nombres complexesN o 4 Séries numériques et séries de TaylorN o 5 Arrêt sur imageN o 6 <strong>Introduction</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>Alex WILLANico<strong>la</strong>s MARTIGNONIMartin CUÉNODAlex WILLADaniel PONCET-MONTANGEDidier MÜLLERCRM, CRP ET CRCFormu<strong>la</strong>ires et Tables (Mathématique, Physique, Chimie)S. PAHUDGéométrie expérim<strong>en</strong>tale I, II et III (Livre de l’élève)Géométrie expérim<strong>en</strong>tale I, II et III (Notes méthodologiques <strong>à</strong> insérer)Site web de <strong>la</strong> CRMhttp://www.sspmp.ch/crm/Diffusion : Pahud & Ciehttp://www.diffusionpahud.ch/c○ 2012 CRMToute reproduction d’un extrait de ce livre parquelque procédé que ce soit, notamm<strong>en</strong>t parphotocopie ou numérisation, est interdite.


Cahiers de <strong>la</strong> CRM déj<strong>à</strong> parusCAHIERS DE LA CRMCAHIERS DE LA CRMCAHIERS DE LA CRMCAHIERS DE LA CRMSuites d<strong>en</strong>ombres réelsCryptologieÉquations algébriqueset nombres complexesUne approche historiqueSéries numériqueset séries de TaylorAlex Wil<strong>la</strong>Nico<strong>la</strong>s MartignoniMartin CuénodAlex Wil<strong>la</strong>CAHIER N O 1COMMISSION ROMANDE DE MATHÉMATIQUESCAHIER N O 2COMMISSION ROMANDE DE MATHÉMATIQUESCAHIER N O 3COMMISSION ROMANDE DE MATHÉMATIQUECAHIER N O 4COMMISSION ROMANDE DE MATHÉMATIQUEN o 1 : Suites d<strong>en</strong>ombres réelsN o 2 : CryptologieN o 3 : Équations &nombres complexesN o 4 : SériesnumériquesCAHIERS DE LA CRMCAHIERS DE LA CRMArrêt sur imageavec Mathematica<strong>Introduction</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong><strong>théorie</strong> <strong>des</strong> <strong>graphes</strong>Daniel Poncet-MontangeDidier MüllerCAHIER N O 5COMMISSION ROMANDE DE MATHÉMATIQUECAHIER N O 6COMMISSION ROMANDE DE MATHÉMATIQUEN o 5 : Arrêt sur imageN o 6 : Théorie <strong>des</strong><strong>graphes</strong>Commission Romande de Mathématique

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