Journal de la Ville N°60 - Agde

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22I LE POINT SUR… ILe retourde l’Ephebepour les 25 ansdu Musée !Cette année, le Musée de l’Ephèbe va fêter ses 25 ans. Etquel plus beau cadeau pouvait-il recevoir que le retour de lapièce maîtresse de ses collections, l’Ephèbe, après plusieurssemaines de restauration ? Un retour dignement fêté le 23avril, lors d’une grande soirée officielle.Qui plus est, le voilà qui se trouve primé par trois labelsqualité, lesquels viennent récompenser le travail réalisé làpar le personnel.Le point sur l’actualité de cet établissement phare du patrimoineagathois qui, loin de s’endormir sur ses lauriers, vousprépare une Nuit des Musées pour le moins “étrange”.De l’Ephèbeà l’Alexandre d’AgdeHistoire d’une restaurationUne découverte majeureUnique statue en bronze de période hellénistique (IV ème - II ème siècleav. J.-C.) découverte en France (et présentée in situ), “l’Ephèbe”d’Agde, qui mesure aujourd’hui 1,33 m, est une représentationd’Alexandre le Grand. Classé Monument Historique, il a été découvertle 13 septembre 1964 dans lefleuve Hérault, au pied de lacathédrale d’Agde, par l’équipedu GRASPA (Groupe deRecherches ArchéologiquesSous-marines et de Plongéed’Agde) dirigé par DenisFonquerle. Depuis, cetteœuvre majeure du patrimoinenational retient l’attention deschercheurs et spécialistes.D’abord identifiée en tantqu’“Apollon” lors de sa remontéedes eaux, c’est finalementl’appellation “d’Ephèbe” qui seraattribuée à cette représentationplastique d’un homme jeune, nu,n’ayant pour seul attribut qu’undrapé sur l’épaule gauche s’enroulantEn 1965, avant sa restaurationautour du même bras.L’Ephèbe à sa sortie de l’Héraulten 1964, avec l’équipe du GRASPAUne première restauration en 1967Fortement endommagé lors de son longséjour sous-marin, dans la vase du lit du fleuve,l’Ephèbe fut confié dès 1967 au laboratoire deNancy-Jarville pour sa restauration. En effet, sadécouverte permit de mettre au jour le corps enconnexion anatomique avec le bras gauche ; maisla corrosion de l’attache ainsi que l’eau présentedans la cavité de ce dernier, agirent sur le métalet les deux parties se désolidarisèrent lors de laremontée du fleuve.Première mission du laboratoire : consolider lastructure de la statue due à la perte de matièreaffaiblissant l’ensemble. Le bronze était en effettrès lacunaire par endroits (àpeine 1 ou 2 mm d’épaisseur). Ila donc reçu des comblementsde surface, qui ont permis deredonner une lisibilité de l’œuvre.La jambe gauche, trouvéequelques mois après par leGRASPA (en avril 1965, à 600mètres en aval du lieu de lapremière découverte), fut égalementrattachée au corps. Untube en laiton inséré dans lajambe droite, portante, a ainsipermis de stabiliser la statue surun axe se prolongeant de la taillejusqu’à la base. La secondephase, correspondant à l’aspectesthétique de l’œuvre, se limita à

I LE POINT SUR… I 23L’Ephèbe vous donne rendez-vousle vendredi 23 avril 2010 à 19hau Musée d’archéologie sous-marinedu Cap d’Agde.Cette rencontre sera précédée, à 18h,d’une conférence d’Odile Bérard-Azzouzconservateur en chefdes musées d’Agde, à proposdes 25 ans du Musée de l’Ephèbe.une reprise illusionniste des comblements et à une patine del’ensemble de la surface afin de l’unifier.C’est à cette époque que commence la “re-naissance” del’Ephèbe d’Agde, lequel est alors exposé au Musée du Louvreau côté de la Victoire de Samothrace, et au sein du départementdes Antiques dans la salle des originaux grecs.Un “cas” qui suscitede nombreuses interrogationsDepuis plusieures décennies, les chercheurs, universitaires etautres spécialistes, se penchent sur le cas de l’Ephèbe d’Agde,le conservateur des musées d’Agde, Odile Bérard-Azzouz, en tête.Restauration sur le basdu dos et la jambe droiteen 1967 au laboratoirede Nancy-Jarville(photo du laboratoire)Lors de son retour à Agde en 1987(photo, Jacques Guittet)Qui est-il ? Qui en est l’auteur ? A quelle époque a-t-ilété créé ? D’où vient-il ? Pourquoi a-t-il été trouvé dansles eaux agathoises ?...C’est dans les années 1990 qu’émerge une théorie,aujourd’hui reconnue par le milieu scientifique, qui veutqu’il s’agisse d’une représentation idéalisée d’Alexandrele Grand, présenté dans la nudité héroïque, la crinièreléonine, coiffé d’un anneau entouré de bandelettes decuir ; le vêtement du soldat macédonien consistant enun enroulement autour du bras d’une chlamyde (manteaugrec) reposant sur l’épaule... L’histoire de l’Art et desmouvements artistiques, les canons esthétiques, lesrecoupements ont permis d’attribuer la réalisation del’œuvre à l’Ecole ou au style de Lysippe de Sicyone,portraitiste officiel d’Alexandre le Grand. En effet, toutici s’y réfère, que ce soit les proportions au 1/8 ème , lecontrapposto (contrepoids) donnant ce léger déhanchement,la finesse des traits, l’expression du visage, latête sensiblement tournée vers la droite…Les eaux agathoises : un site majeurd’archéologie sous-marineLes découvertes dans les eaux agathoises ont depuislivré d’autres trésors de la statuaire antique : Eros,Enfant royal, tête d’Ibis, Silène, divinité masculinebarbue, Athéna… Celles-ci nous permettent d’avancerla thèse d’un commerce d’œuvres d’art autour duchangement d’ère (I er s. av./I er s. ap.) transitant par leport d’Agathê Tyché, ancien comptoir commercialfondé au IV ème siècle av. J.-C. par les Grecs de Phocéeinstallés à Massalia (Marseille). C’est dans ce contexted’échanges et de commerce du bassin méditerranéenvers la province romaine de la riche Narbonnaise quenous positionnons l’explication de la découverte del’Ephèbe.Une commission créée autourde la restauration de l’EphèbeC’est dans ce creuset de connaissances et d’étudesque naît la commission scientifique de restauration del’Ephèbe d’Agde en 2006 visant à repositionner le bras.Cette commission est constituée du conservateur duMusée de l’Ephèbe, du Laboratoire desMusées de France (C2RMF), du conservateurdes Antiquités du département desAntiques du Musée du Louvre, de la Directiondes Musées de France (DMF), du conseillermusée à la Direction Régionale des AffairesCulturelles (DRAC Languedoc-Roussillon),d’un professeur d’Art Grec des Hautes Etudeset d’un professeur spécialiste des bronzesantiques en Italie.En 1970 au Musée du Louvre(visuel Paris Match)La délicate problématiquede la remise en place du brasUne dé-restauration du manchon, en 2009,montre que ce dernier a subi une déformationlors de son séjour dans l’Hérault, cequi a eu pour incidence de plonger l’axe du

22I LE POINT SUR… ILe retour<strong>de</strong> l’Ephebepour les 25 ansdu Musée !Cette année, le Musée <strong>de</strong> l’Ephèbe va fêter ses 25 ans. Etquel plus beau ca<strong>de</strong>au pouvait-il recevoir que le retour <strong>de</strong> <strong>la</strong>pièce maîtresse <strong>de</strong> ses collections, l’Ephèbe, après plusieurssemaines <strong>de</strong> restauration ? Un retour dignement fêté le 23avril, lors d’une gran<strong>de</strong> soirée officielle.Qui plus est, le voilà qui se trouve primé par trois <strong>la</strong>belsqualité, lesquels viennent récompenser le travail réalisé làpar le personnel.Le point sur l’actualité <strong>de</strong> cet établissement phare du patrimoineagathois qui, loin <strong>de</strong> s’endormir sur ses <strong>la</strong>uriers, vousprépare une Nuit <strong>de</strong>s Musées pour le moins “étrange”.De l’Ephèbeà l’Alexandre d’Ag<strong>de</strong>Histoire d’une restaurationUne découverte majeureUnique statue en bronze <strong>de</strong> pério<strong>de</strong> hellénistique (IV ème - II ème siècleav. J.-C.) découverte en France (et présentée in situ), “l’Ephèbe”d’Ag<strong>de</strong>, qui mesure aujourd’hui 1,33 m, est une représentationd’Alexandre le Grand. C<strong>la</strong>ssé Monument Historique, il a été découvertle 13 septembre 1964 dans lefleuve Hérault, au pied <strong>de</strong> <strong>la</strong>cathédrale d’Ag<strong>de</strong>, par l’équipedu GRASPA (Groupe <strong>de</strong>Recherches ArchéologiquesSous-marines et <strong>de</strong> Plongéed’Ag<strong>de</strong>) dirigé par DenisFonquerle. Depuis, cetteœuvre majeure du patrimoinenational retient l’attention <strong>de</strong>schercheurs et spécialistes.D’abord i<strong>de</strong>ntifiée en tantqu’“Apollon” lors <strong>de</strong> sa remontée<strong>de</strong>s eaux, c’est finalementl’appel<strong>la</strong>tion “d’Ephèbe” qui seraattribuée à cette représentationp<strong>la</strong>stique d’un homme jeune, nu,n’ayant pour seul attribut qu’undrapé sur l’épaule gauche s’enrou<strong>la</strong>ntEn 1965, avant sa restaurationautour du même bras.L’Ephèbe à sa sortie <strong>de</strong> l’Héraulten 1964, avec l’équipe du GRASPAUne première restauration en 1967Fortement endommagé lors <strong>de</strong> son longséjour sous-marin, dans <strong>la</strong> vase du lit du fleuve,l’Ephèbe fut confié dès 1967 au <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong>Nancy-Jarville pour sa restauration. En effet, sadécouverte permit <strong>de</strong> mettre au jour le corps enconnexion anatomique avec le bras gauche ; mais<strong>la</strong> corrosion <strong>de</strong> l’attache ainsi que l’eau présentedans <strong>la</strong> cavité <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier, agirent sur le métalet les <strong>de</strong>ux parties se désolidarisèrent lors <strong>de</strong> <strong>la</strong>remontée du fleuve.Première mission du <strong>la</strong>boratoire : consoli<strong>de</strong>r <strong>la</strong>structure <strong>de</strong> <strong>la</strong> statue due à <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> matièreaffaiblissant l’ensemble. Le bronze était en effettrès <strong>la</strong>cunaire par endroits (àpeine 1 ou 2 mm d’épaisseur). I<strong>la</strong> donc reçu <strong>de</strong>s comblements<strong>de</strong> surface, qui ont permis <strong>de</strong>redonner une lisibilité <strong>de</strong> l’œuvre.La jambe gauche, trouvéequelques mois après par leGRASPA (en avril 1965, à 600mètres en aval du lieu <strong>de</strong> <strong>la</strong>première découverte), fut égalementrattachée au corps. Untube en <strong>la</strong>iton inséré dans <strong>la</strong>jambe droite, portante, a ainsipermis <strong>de</strong> stabiliser <strong>la</strong> statue surun axe se prolongeant <strong>de</strong> <strong>la</strong> taillejusqu’à <strong>la</strong> base. La secon<strong>de</strong>phase, correspondant à l’aspectesthétique <strong>de</strong> l’œuvre, se limita à

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