<strong>Saint</strong>-<strong>Gilles</strong>à la carteUn parc royal et<strong>de</strong>s habitations socialesVers 1875, le roi Léopold II souhaitedoter les communes <strong>de</strong> Forest et <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Gilles</strong> d’un vaste parc public. Dans le chef dusouverain, il s’agit aussi <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>r la vue surla vallée <strong>de</strong> la Senne en contrebas par un quartier<strong>de</strong> villas. Las! La population du quartier se <strong>de</strong>nsifiarapi<strong>de</strong>ment et la Senne fut voûtée, mais heureusement leparc est resté. C’est aussi dans ce quartier que la communemène à partir <strong>de</strong> 1925 une gran<strong>de</strong> opération immobilière<strong>de</strong> logements à bon marché, chaussée <strong>de</strong> Forest, rues GisbertCombaz et <strong>de</strong> Bosnie. Les architectes J. Diongre, A. Delalieux,H. Derée et F. Van Meulecom ont tous travaillé dans un même esprit,jouant sur la complémentarité ou le contraste <strong>de</strong>s matériaux et livrant une<strong>de</strong>s expériences <strong>de</strong> logements sociaux en hauteur <strong>de</strong>s plus intéressantes.La bataille <strong>de</strong>s écoles“Quant à nos cathédrales, ce sont nosécoles. C’est là que nous entassons toutesnos richesses. Elles sont à la fois notreorgueil et notre espérance.”En ces quelques mots, l’échevin <strong>de</strong>l’Instruction publique, Louis Morichar, avaitrésumé, en 1900, ce qui avait été, au cours<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux décennies précé<strong>de</strong>ntes, la politique<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Gilles</strong> en matière d’enseignement.En cette fin du XIX e siècle, une dizained’écoles communales voient en effet le joursuivant les préceptes les plus mo<strong>de</strong>rnes<strong>de</strong> l’époque en ce qui concerne l’hygiène,l’organisation générale et l’équipement<strong>de</strong>s bâtiments, sous l’impulsion <strong>de</strong> loispromouvant la fréquentation scolaire et dansune attention sans précé<strong>de</strong>nt à l’enfance. Cesécoles s’organisent autour d’un vaste préaucouvert, véritable forum polyvalent, où le feret le verre, matériaux nouveaux, prennenttout leur sens. Une large cour <strong>de</strong> récréation,ceinte <strong>de</strong> murs, permet aux écoliers <strong>de</strong> s’aérersans promiscuité avec la rue. Les classesbénéficient <strong>de</strong> hautes fenêtres pour garantirune luminosité et une aération optimum etsont équipées <strong>de</strong> radiateurs. Les premiersgymnases font leur apparition, complétés <strong>de</strong>sanitaires carrelés.À <strong>Saint</strong>-<strong>Gilles</strong>, la plupart <strong>de</strong> ces écoles“modèles” ont été directement conçues par
Le quartier <strong>de</strong>s ÉcolesRues <strong>de</strong> la Rhétorique, du Lycée, <strong>de</strong>s Étudiants,… ce quartier, dénommé ainsidu fait <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> nombreuses écoles, est conçu à partir <strong>de</strong> 1862.Il fait la part belle aux maisons mitoyennes bourgeoises, où styleéclectique et Art nouveau s’épanouissent sur les faça<strong>de</strong>s.Certaines rues au tracé plus irrégulier, situées au nor<strong>de</strong>st,sont établies sur d’anciens chemins rectifiés, tandisque les autres sont établies sur un schéma classique,en damier. La place Louis Morichar, du nom d’un ancienéchevin <strong>de</strong> l’Instruction publique, enest le poumon: elle sert d’abord <strong>de</strong>champ d’exercices pour la gar<strong>de</strong>civique, puis <strong>de</strong> plaine <strong>de</strong> jeuxpour enfants.Le quartier Sud ou le rayonnement<strong>de</strong> l’architecture 1900Situé au sud <strong>de</strong> la commune, ce quartier bourgeois etrési<strong>de</strong>ntiel fut l’un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Gilles</strong> à voirle jour. Conçu par l’urbaniste Victor Besme et réaliséà partir <strong>de</strong> 1892, il a pour toile <strong>de</strong> fond les faça<strong>de</strong>s“forteresse” <strong>de</strong> la prison, déjà édifiée <strong>de</strong>puis unequinzaine d’années. Inscrit dans l’angleformé par les <strong>de</strong>ux vieilles chaussées,le quartier est ponctué en son centrepar l’Hôtel <strong>de</strong> Ville, dont la formeen fer à cheval crée un contrepointvisuel aux avenues qui le bor<strong>de</strong>nt.Autour <strong>de</strong> ce véritable château <strong>de</strong>la Loire, l’architecture <strong>de</strong> la BelleÉpoque s’épanouit pleinement,stimulée par les concours <strong>de</strong>faça<strong>de</strong>s organisés par la commune.réagiront rapi<strong>de</strong>ment. Les Filles <strong>de</strong> Maries’installent dès 1889 rue Théodore Verhaegen.Mais c’est surtout avec le quadrilatère <strong>de</strong>94 ares sur lequel s’implantent <strong>Saint</strong>-Jean-Baptiste <strong>de</strong> la Salle et <strong>Saint</strong>-Luc que lescatholiques assurent une présence durableet stratégique à <strong>Saint</strong>-<strong>Gilles</strong>, <strong>de</strong>puis leprimaire jusqu’à l’enseignement supérieur.Ici les faça<strong>de</strong>s feront naturellement référenceau gothique, style religieux par excellence.l’architecte communal Edmond Quétin, qui apoussé le souci du détail jusqu’à concevoir lemobilier <strong>de</strong> chacune d’entre elles. Parmi lesplus abouties, citons l’école <strong>de</strong> la place <strong>de</strong>Bethléem ou celle, aujourd’hui classée, <strong>de</strong> larue <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux. Le style <strong>de</strong>s faça<strong>de</strong>s réfèreà la Renaissance du Nord, pério<strong>de</strong> phare <strong>de</strong>l’émancipation laïque et expression d’unei<strong>de</strong>ntité nationale. Face à l’érection massived’écoles communales, les catholiquesTout au long du XX e siècle, la communecontinuera à bâtir <strong>de</strong>s écoles. Citonsnotamment l’école Peter Pan, <strong>de</strong> stylemo<strong>de</strong>rniste (architectes L. Stynen et P.De Meyer, 1962), inspirée <strong>de</strong> Le Corbusieret ayant fait l’objet d’un concours.Du côté catholique, notons l’annexe <strong>de</strong><strong>Saint</strong>-Luc (voir promena<strong>de</strong> n° 1), <strong>de</strong> stylepost-mo<strong>de</strong>rne, remarquable quant à sonintégration dans le tissu existant et par labelle simplicité <strong>de</strong> son intérieur.