Le β-carotène (associé aux vitamines C, E <strong>et</strong> au zinc) pourrait avoir une place dans le traitementde la dégénérescence maculaire liée à l’âge 4 . Aucun eff<strong>et</strong> favorable n’a été montré pour laprévention des affections cardiovasculaires 5-7 <strong>et</strong> du cancer 7-11 . Chez les fumeurs, une incidenceaccrue de cancer du poumon a été observée après l’administration supplémentaire deβ-carotène 12-13 . Les suppléments sont donc à éviter dans c<strong>et</strong>te population de fumeurs.Une méta-analyse a montré un taux de mortalité accru avec la vitamine A <strong>et</strong> le β-carotène àdoses élevées 14 . Par ailleurs, des études d’observation ont montré un lien entre la survenued’une ostéoporose <strong>et</strong> de fractures de hanche <strong>et</strong> un apport chronique (pendant plusieursannées, par l’alimentation ou via des suppléments) de vitamine A en quantité relativementbasse (1500 µg d’équivalents rétinol) 1,15 . Une dose journalière de 7.500 à 15.000 µg peutentrainer une intoxication chronique avec, entre autres, des symptômes d’atteinte hépatique<strong>et</strong> neurologique. Chez les adultes, un apport supérieur à 300.000 µg entraine unehypervitaminose A aiguë avec œdème cérébral 1-2 . Il ne semble pas y avoir de risque de toxicitéavec la provitamine A (par ex. le β-carotène) 16 .1.1.2. Vitamine DAu sens strict du terme, la vitamine D n’est pas une vitamine étant donné que dans noscontrées elle est synthétisée, d’avril à octobre, par la peau sous l'eff<strong>et</strong> du soleil. Durant c<strong>et</strong>tepériode, il est recommandé de s’exposer au soleil une quinzaine de minutes par jour.L’exposition au moins du visage <strong>et</strong> des mains serait suffisant, mais une brève exposition deplus grandes parties du corps comme les bras <strong>et</strong> les jambes entraine une production plusimportante de vitamine D. Le restant de l’année, le taux de vitamine D dans le corps dépenddes réserves stockées pendant l’été <strong>et</strong> de la consommation d’aliments riches en vitamine D(poissons gras <strong>et</strong> jaune d’œuf) 1,17 .Les absences d’un test standardisé <strong>et</strong> de consensus international quant au taux optimal,rendent la formulation de recommandations concernant le dépistage difficile 18 . Un guide depratique récent 19 recommande un dépistage uniquement chez les personnes à haut risquede déficience, incluant les personnes avec ostéoporose, obésité ou faisant des chutes.Bien qu’une carence en vitamine D soit fréquente, les résultats d’études sont non concordantsquant à l’intérêt d’administrer des suppléments de vitamine D pour prévenir les fractures 20 ;un eff<strong>et</strong> favorable d’une supplémentation en vitamine D (avec du calcium) sur l'incidence defractures de la hanche n’a été clairement démontré que dans la population de personnesâgées institutionnalisées, à qui l’on recommande des suppléments quotidiens de 800 UI (voiraussi plus loin) 21 . En ce qui concerne les autres critères d’évaluation importants comme lesaffections cardiovasculaires, le cancer <strong>et</strong> le taux de mortalité, il y a un manque de preuvesd’une efficacité préventive cliniquement pertinente de la vitamine D 18,22-23 .Sur la base des preuves actuellement disponibles, il existe un consensus d’experts pour nepas recommander systématiquement une supplémentation non ciblée en vitamine D 24 .En cas d’administration, il est recommandé de ne pas dépasser les 2000 UI de vitamine Dpar jour. Il est probable que la dose toxique soit bien plus élevée, mais celle-ci n’est pasconnue 17 .L’intoxication à la vitamine D est caractérisée par une précipitation de phosphate de calciumdans les reins (calculs rénaux <strong>et</strong> néphrocalcinose, qui peuvent conduire à une insuffisance192<strong>Vitamines</strong> <strong>et</strong> minéraux
énale), dans le cristallin (cataracte), dans les parois des vaisseaux sanguins, les poumons, lepancréas <strong>et</strong> la peau. Un taux de calcium sérique élevé peut provoquer des nausées,vomissements, constipation, polydipsie, polyurie <strong>et</strong> une diminution de l’état de conscience 2 .L'exposition prolongée au soleil n'amène pas de surdosage en vitamine D parce que laprévitamine D3 est alors transformée en stérols sans activité vitaminique 17 .1.1.3. Vitamine ELa vitamine E est abondante dans une alimentation équilibrée, une carence est donc plutôtrare 2 . Des suppléments de vitamine E sont recommandés chez les patients présentant unecholestase ou d’autres formes de malabsorption des graisses comme dans la mucoviscidose 3 .La vitamine E (en association avec la vitamine C, le β-carotène <strong>et</strong> le zinc) pourrait avoir uneplace dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge 4 , mais c<strong>et</strong>te efficacitépotentielle est modeste <strong>et</strong> limitée. Aucun eff<strong>et</strong> favorable n’a été montré dans la préventiond’affections cardiovasculaires 5-7,25-27 <strong>et</strong> de cancer 7,10-12,25,27-29 . Il n’y a pas non plus de preuved’efficacité sur la fonction cognitive 30-33 . Deux RCT’s n’ont pas trouvé d’efficacité pour laprévention d’infections respiratoires 34-35sauf peut-être pour les pathologies pulmonaireschroniques chez la femme 36 .Une méta-analyse a montré un taux de mortalité accru avec des doses élevées de vitamineE 14 . L’étude HOPE montre que les suppléments en vitamine E sont associés à un risque accrud’insuffisance cardiaque chez les patients atteints de diabète ou de maladie vasculaire 27 . Ilest probable que des doses élevées de vitamine E renforcent l’eff<strong>et</strong> des antagonistes de lavitamine K 3 . L’administration de suppléments de vitamine E (400UI 1 jour sur 2) avec de lavitamine C (500 mg/j) ne se montre pas plus efficace qu’un placebo pour prévenir lacataracte 37 .1.1.4. Vitamine KUne hypovitaminose K par prise insuffisante est rare. L'utilisation prolongée d'antibiotiquesà large spectre peut entraîner une diminution de la production de vitamine K par la floreintestinale. La résorption de la vitamine K est perturbée dans certaines situations pathologiquescomme l'obstruction des voies biliaires 3 . La carence en vitamine K est caractérisée par unediathèse hémorragique 2 .Il n’y a pas suffisamment de preuves disponibles quant à l’efficacité de l’administration desuppléments de vitamine K dans la prévention de fractures ostéoporotiques 38 . La vitamine Ksert d’antidote en cas de surdosage en dérivés coumariniques (voir aussi chapitre «‘Systèmecardiovasculaire»). Après administration de doses élevées de vitamine K, l’eff<strong>et</strong> desantagonistes de la vitamine K est inhibé pendant plusieurs jours, <strong>et</strong> il sera dès lors parfoisnécessaire d’administrer temporairement de l’héparine 3 .1.1.5. <strong>Vitamines</strong> B1 (thiamine)Dans les pays occidentaux industrialisés, les carences vitaminiques sont surtout observées encas d’alcoolisme avec alimentation continuellement déficitaire ou en cas de nutritionparentérale exclusive. Diverses carences vitaminiques, notamment en thiamine, peuventsurvenir en cas d’alcoolisme 39 .<strong>Vitamines</strong> <strong>et</strong> minéraux193