4. SITUATION ET PERSPECTIVES DE L’ÉCONOMIE CAFÉIÈRE MONDIALEDepuis plus <strong>de</strong> trente ans, le prix du <strong>café</strong> a connu une vo<strong>la</strong>tilité prononcée, <strong>la</strong> <strong>filière</strong><strong>café</strong>ière internationale s’est retrouvée dans une situation où pendant certaines pério<strong>de</strong>s,notamment 2001-2004, le prix <strong>de</strong> vente a été en-<strong>de</strong>ssous du coût réel <strong>de</strong> production. Toute<strong>stratégie</strong> <strong>de</strong> reprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> production du <strong>café</strong> <strong>au</strong> Cameroun doit s’intégrer dans le cadre d’unmarché global dynamique qui connaît <strong>de</strong>s évolutions rapi<strong>de</strong>s et à divers nive<strong>au</strong>x.Table<strong>au</strong> 3 : Prix du marché LIFFE Londres (Jan 1991 – Aout 2009)Offre et <strong>de</strong>man<strong>de</strong> mondiales: Depuis le début <strong>de</strong>s années 2000, plusieurs paysproducteurs ont vu chuter leur production <strong>de</strong> façon significative. Les prix trop bas et unmanque d’intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s producteurs ont entrainé un découragementgénéralisé.La pério<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bas prix a encouragé une <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation. Celle-ci aconnu une progression <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 2% par an entre 1994 et 2007. Le graphique <strong>de</strong>l’offre et <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ci-<strong>de</strong>ssous démontre une tendance positive <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et une irrégu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> l’offre, à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> <strong>la</strong> production cyclique, enparticulier <strong>au</strong> Brésil.160Café - Offre et Deman<strong>de</strong> 1999 - 2015Croissance estimée - 1,5% pa140120Millions <strong>de</strong> sacs1008060402001999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015AnnéeSource : OIC/NKGStratégie <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>filière</strong> <strong>café</strong> <strong>au</strong> Cameroun pg. 10-
Stocks mondi<strong>au</strong>x : Les seuls stocks disponibles sont <strong>de</strong>s stocks <strong>de</strong> campagne encours dans les pays producteurs. Actuellement, les stocks entreposés dans les ports<strong>de</strong>s pays consommateurs sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20 à 22 millions <strong>de</strong> sacs. Par rapport àune consommation globale d’environ 130 millions <strong>de</strong> sacs par an, ceci ne représenteque 2 mois <strong>de</strong> consommation.On constate par ailleurs <strong>la</strong> dépendance croissante du marché mondial sur 3 paysproducteurs : le Brésil, le Vietnam, et <strong>la</strong> Colombie. Ces trois producteurs représententplus <strong>de</strong> 60% du marché total. Dans le cas où un problème sérieux surviendrait dansl’un <strong>de</strong> ces 3 pays, les répercussions sur le marché seraient immédiates. Ceci a été lecas en 2009 pour les <strong>café</strong>s arabica <strong>la</strong>vés, à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction du volume <strong>de</strong>production en Colombie. Ceci a créé une distorsion dans le prix <strong>de</strong> tous les <strong>café</strong>sarabica <strong>la</strong>vés h<strong>au</strong>t <strong>de</strong> gamme pendant le premier semestre 2009.La crise économique : La croissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> a connu une légère p<strong>au</strong>se fin2008 - début 2009 à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise financière qui a affecté l’ensemble <strong>de</strong> l’économiemondiale. Dans le marché du <strong>café</strong>, cette crise a eu un impact négatif <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>consommation <strong>de</strong>s <strong>café</strong>s h<strong>au</strong>t <strong>de</strong> gamme dans certains marchés traditionnels (EtatsUnis), et un ralentissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance dans certains nouve<strong>au</strong>x marchés (Europe<strong>de</strong> l’Est). Mais dans son ensemble, les spécialistes du marché estiment que <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> reste ferme, et que le t<strong>au</strong>x <strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation mondiale <strong>de</strong><strong>café</strong> sera maintenu à environ 1% par an (par rapport à 2% prévu avant <strong>la</strong> crisefinancière).La forte <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>au</strong> Vietnam <strong>de</strong>puis environ 20 ans, et <strong>la</strong>production brésilienne, qui en 2010 pourrait atteindre 55 à 60 millions <strong>de</strong> sacs, pourrontdonner <strong>de</strong>s perspectives qui, à court terme, ne semblent pas très favorables sur lesmarchés. Mais il est à noter que les prix pratiqués sur les marchés à terme sont restésces 3 <strong>de</strong>rnières années <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus du prix <strong>de</strong> reviens d’un producteur performant. Tousles pays producteurs font face <strong>au</strong>x mêmes problèmes et <strong>au</strong>x mêmes défis.Dans ce contexte, il est important <strong>de</strong> veiller à <strong>la</strong> compétitivité <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>au</strong>Cameroun face <strong>au</strong>x pays producteurs concurrents, notamment le Brésil et le Vietnam.Dans ces pays, <strong>la</strong> forte productivité <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ntations rend le <strong>café</strong> très compétitif. Deplus, on constate que les pays où <strong>la</strong> production <strong>au</strong>gmente sont ceux où les producteursreçoivent entre 80 et 90% du prix FOB du produit. L’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>filière</strong> <strong>au</strong>ra pourprincipal enjeu <strong>la</strong> durabilité d’une reprise <strong>de</strong> <strong>la</strong> production.Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> Conférence Mondiale du Café <strong>au</strong> Brésil en 2005, <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> globale du<strong>café</strong> avait été projetée pour 2015 entre 145 et 150 millions <strong>de</strong> sacs (NKG).L’amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité <strong>au</strong> Cameroun peut profiter <strong>de</strong> cette <strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong>, et en même temps, contribuer sur le p<strong>la</strong>n interne à atteindre le premierobjectif millénaire fixé par les Nations Unies, à savoir <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>au</strong>vreté.Concurrence <strong>de</strong>s <strong>au</strong>tres cultures - produits vivriers et bio fuel :L’<strong>au</strong>gmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mondiale, les changements climatiques qui semanifestent <strong>de</strong> plus en plus, et <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’énergie sont trois paramètressupplémentaires qui nourrissent un certain optimisme quant <strong>au</strong>x prix du <strong>café</strong> pour lesannées à venir. En effet, <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> produits agricoles <strong>au</strong>gmente, alors que lessuperficies cultivables restent pratiquement les mêmes. Une véritable concurrenceexiste entre les différentes cultures qui sollicitent les mêmes terres.Pour <strong>de</strong>s pays tel que le Cameroun, qui disposent <strong>de</strong> ressources et d’un potentielcertains, (terre, e<strong>au</strong>, main d’œuvre, etc.), une production plus élevée comblerait à coupsûr, les sollicitations d’un marché davantage <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> <strong>café</strong>. Dans le mêmetemps, cette situation à priori favorable, ne <strong>de</strong>vrait en <strong>au</strong>cun cas occulter <strong>la</strong>problématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> productivité <strong>de</strong>s exploitations <strong>cameroun</strong>aises.Stratégie <strong>de</strong> Développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>filière</strong> <strong>café</strong> <strong>au</strong> Cameroun pg. 11-