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PLUME D'ANGE.pdf - Eltoto.free.fr

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orbite de malédiction guerroyante et funeste.A dégager! Finies la souf<strong>fr</strong>ance, la sottise. La joie, la lumière débarquent!"André se massait pensivement la tempe, il me fit un sourire ému, m'entraîna dans la cuisine etdevant un café, m'expliqua que moi, sensible, moi, enclin au mysticisme sauvage, moi devaisreconsidérer cette apparition.Le repos... L'air de la campagne... Avec les oiseaux précisément, les vrais!Je me retrouve dans la rue grondante, tenaillant la plume dans ma poche.Que dire? Que faire?"Monsieur l'agent, regardez, c'est une plume d'ange."Il me croit!Aussitôt les tonitruants troupeaux de bagnoles déjà hargneuses s'aplatissent.Des hommes radieux en sortent, auréolés de leurs volants et s'embrassent en sanglotant.Soyons sérieux!Je marchais, je marchais, dévorant les visages. Celui-ci? La petite dame?Et soudain l'idée m'envahit, évidente, éclatante... Abandonnons les hommes!Adressons-nous aux enfants! Eux seuls savent que la foi est plus belle que Dieu.Les enfants... Oui, mais lequel?Je marchais toujours, je marchais encore.Je ne regardais plus la gueule des passants hagards, mais, en moi, des guirlandes de visagesd'enfants, mes chéris, mes féeriques, mes crédules me souriaient.Je marchais, je volais... Le vent de mes pas feuilletait Paris...Pages de pierres, de bitume, de pavés maintenant.Ceux de la rue Saint-Vincent... Les escaliers de Montmartre.Je monte, je descends et me fige devant une école, rue du Mont-Cenis.Quelques femmes attendaient la sortie des gosses.Faussement paternel, j'attends, moi aussi.Les voilà.Ils débouchent de la maternelle par <strong>fr</strong>aîches bouffées, par bouillonnements bariolés.Mon regard papillonne de <strong>fr</strong>imousses en minois, quêtant une révélation.Sur le seuil de l'école, une petite fille s'est arrêtée.Dans la vive lumière d'avril, elle cligne ses petits yeux de jais, un peu bridés, un peu chinois et se les<strong>fr</strong>otte vigoureusement.Puis elle prend son cartable orange, tout rebondi de mathématiques modernes.Alors j'ai suivi la boule brune et bouclée, gravissant derrière elle les escaliers de la Butte.A quelque cent mètres elle pénétra dans un immeuble.Longtemps, je suis resté là, me caressant les dents avec le bec de ma plume.Le lendemain je revins à la sortie de l'école et le surlendemain et les jours qui suivirent.Elle s'appelait Fanny. Mais je ne me décidais pas à l'aborder.Et si je lui faisais peur avec ma bouche sèche, ma sueur sacrée, ma pâleur mortelle, vitale?Alors, qu'est-ce que je fais? Je me tue? Je l'avale, ma plume?Je la plante dans le cul somptueux de ma passion néfaste?Et puis un jeudi, je me suis dit: je lui dis.Les poumons du printemps exhalaient leur première haleine de peste paradisiaque.

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