ENTREPRISES EN DIFFICULTEDé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> créance en cas <strong>de</strong> résiliation du bail par le liquidateur(Cass. com., 26 mars 2013, pourvoi n°11-21.060)Par cet arrêt, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation pose le principe selonlequel, lorsque <strong>la</strong> résiliation du bail a été décidée par leliquidateur judiciaire (art. L. 641-12 C. com.), le bailleur quia déc<strong>la</strong>ré sa créance dans le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois à compter <strong>de</strong><strong>la</strong> publication du jugement d’ouverture au BODACCn’encourt pas <strong>la</strong> forclusion, même si ce dé<strong>la</strong>i a expirépostérieurement à celui d’un mois prévu par l’article R. 622-21 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> commerce : « Les cocontractants mentionnésaux articles L. 622-13 et L. 622-14 bénéficient d'un dé<strong>la</strong>id'un mois à compter <strong>de</strong> <strong>la</strong> date <strong>de</strong> <strong>la</strong> résiliation <strong>de</strong> pleindroit ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> notification <strong>de</strong> <strong>la</strong> décision prononçant <strong>la</strong>résiliation pour déc<strong>la</strong>rer au passif <strong>la</strong> créance résultant <strong>de</strong>cette résiliation ».En l'espèce, une société (<strong>la</strong> débitrice) a été mise enliquidation judiciaire le 17 juillet 2008. Le 31 juillet 2008, leliquidateur a notifié à <strong>la</strong> bailleresse <strong>la</strong> résiliation du bailconsenti par cette <strong>de</strong>rnière à <strong>la</strong> débitrice le 12 juin 2003. <strong>La</strong>créance déc<strong>la</strong>rée par <strong>la</strong> bailleresse le 6 octobre 2008 a étérejetée par ordonnance du juge-commissaire en date du 15mars 2010. <strong>La</strong> Cour d'appel <strong>de</strong> Paris a déc<strong>la</strong>ré irrecevable <strong>la</strong>partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration <strong>de</strong> créance re<strong>la</strong>tive aux dommagesintérêts<strong>de</strong>mandés au titre <strong>de</strong> <strong>la</strong> résiliation anticipée du bail.Les juges du fond ont en effet retenu que cette résiliation apris effet le 31 juillet 2008, que le cocontractant disposed'un dé<strong>la</strong>i d'un mois, à compter <strong>de</strong> celle-ci, pour déc<strong>la</strong>rer aupassif <strong>la</strong> créance résultant <strong>de</strong> cette résiliation et qu'à <strong>la</strong> datedu 6 octobre 2008, le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>ration était donc expiré<strong>de</strong>puis le 31 août 2008 .<strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation casse l’arrêt rendu par <strong>la</strong> Cour d’appel.En énonçant le principe précité, elle retient que le jugementd’ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> liquidation judiciaire a fait l’objet d’unepublication au BODACC, le 14 août 2008, et a ainsi ouvertun dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mois au bailleur pour déc<strong>la</strong>rer sa créance.Par conséquent, le créancier n’encourait pas <strong>la</strong> forclusionpour avoir effectué <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration le 6 octobre 2008. <strong>La</strong>Haute Juridiction, en l’espèce, a c<strong>la</strong>irement entenduprotéger le bailleur, conformément à l’intention dulégis<strong>la</strong>teur, en écartant purement et simplementl’application du dé<strong>la</strong>i spécial d’un mois. Cette position sejustifie par <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s juges <strong>de</strong> ne pas désavantager lecréancier, dont le bail a été résilié par le liquidateur, parrapport à <strong>la</strong> « masse » <strong>de</strong>s créanciers. Le dé<strong>la</strong>i d’un moispeut donc être considéré comme un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> faveur accordéaux bailleurs, pour déc<strong>la</strong>rer leur créance au passif.Formalisme <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en revendication(Cass. com., 12 mars 2013, pourvoi n°11-24.729)Une lettre qui n’invitait pas son <strong>de</strong>stinataire à se prononcersur le droit <strong>de</strong> propriété <strong>de</strong> <strong>la</strong> bailleresse sur le bien ne vautpas <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en revendication. Tel est le principe énoncépar <strong>la</strong> Chambre commerciale <strong>de</strong> <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation danscet arrêt du 12 mars 2013.En l'espèce, une société (<strong>la</strong> débitrice) a été mise enredressement, puis en liquidation judiciaire, les 16 juin 2009et 13 avril 2010. Le 17 juillet 2009, <strong>la</strong> bailleresse a <strong>de</strong>mandéà <strong>la</strong> débitrice <strong>de</strong> prendre position sur <strong>la</strong> poursuite du contrat<strong>de</strong> location d'un chariot élévateur. Puis, après avoirvainement revendiqué ce bien le 28 avril 2010, a présentéau juge-commissaire une requête en revendication. Parjugement du 26 novembre 2010, le tribunal a infirmél'ordonnance ayant accueilli cette requête pour tardiveté <strong>de</strong><strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. <strong>La</strong> Cour d'appel <strong>de</strong> Besançon infirme cejugement en retenant que « <strong>la</strong> lettre du 17 juillet 2009, outrequ'elle <strong>de</strong>mandait <strong>de</strong> prendre position sur <strong>la</strong> poursuite ducontrat en cours, rappe<strong>la</strong>it que <strong>la</strong> résiliation entraîneraitl'obligation <strong>de</strong> restitution immédiate du matériel loué, etqu'elle a été communiquée, à <strong>la</strong> même date, au mandatairejudiciaire avec <strong>la</strong> même observation, <strong>de</strong> sorte que cettelettre <strong>de</strong>vait s'analyser en une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> revendicationsusceptible d'acquiescement ».<strong>La</strong> Cour régu<strong>la</strong>trice casse l'arrêt d'appel au visa <strong>de</strong>s articlesL. 624-9 et R. 624-13 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> commerce. Elle confirmesa jurispru<strong>de</strong>nce rendue sous l’empire <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi du 25 janvier1985. Ainsi, bien qu’aucun texte impose <strong>de</strong> formalisme à <strong>la</strong><strong>de</strong>man<strong>de</strong> en revendication, celle-ci s’analyse toutefois enune <strong>de</strong>man<strong>de</strong> en justice. Par conséquent, afin <strong>de</strong> pouvoirconsidérer le juge-commissaire comme saisi, <strong>la</strong> lettreenvoyée le 17 juillet 2009 aurait dû contenir une <strong>de</strong>man<strong>de</strong>en revendication précise, invitant son <strong>de</strong>stinataire à seprononcer sur <strong>la</strong> reconnaissance du droit <strong>de</strong> propriété du<strong>de</strong>man<strong>de</strong>ur sur le bien.<strong>La</strong> <strong>Lettre</strong> du Cabinet SIMON ASSOCIES – Avril 2013 – Page 4
CONTRATS CIVILS ET COMMERCIAUXC<strong>la</strong>uses déc<strong>la</strong>rées abusives du fait <strong>de</strong> leur ambiguïté(Cass. civ. 1 ère , 20 mars 2013, pourvoi n°12-14.432)L’article L.132-1 du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation dispose :« dans les contrats conclus entre professionnels et nonprofessionnelsou consommateurs, sont abusives les c<strong>la</strong>usesqui ont pour objet ou pour effet <strong>de</strong> créer, au détriment dunon-professionnel ou du consommateur, un déséquilibresignificatif entre les droits et obligations <strong>de</strong>s parties aucontrat ». En l’espèce, <strong>la</strong> Cour <strong>de</strong> cassation s’est prononcéesur l’éventuel caractère abusif <strong>de</strong> c<strong>la</strong>uses insérées dans lesconditions générales <strong>de</strong> vente et <strong>de</strong> garantie proposées parun constructeur automobile. <strong>La</strong> Cour a considéré que, le faitpour ce <strong>de</strong>rnier d’indiquer, sous <strong>la</strong> rubrique « garantiecontractuelle », <strong>la</strong> disposition « Interventions non couvertespar <strong>la</strong> garantie : les interventions exécutées par <strong>de</strong>sréparateurs qui ne sont pas <strong>de</strong>s concessionnaires ou agents[du réseau] » constitue une c<strong>la</strong>use abusive. En effet, lerapprochement <strong>de</strong> l’intitulé <strong>de</strong> <strong>la</strong> rubrique sous <strong>la</strong>quellefigure <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use et <strong>la</strong> teneur <strong>de</strong> celle-ci a pour effet <strong>de</strong> <strong>la</strong>issercroire au consommateur qu’il est tenu, pour bénéficier <strong>de</strong><strong>la</strong> garantie conventionnelle, <strong>de</strong> recourir à unconcessionnaire ou à un agent du réseau pour effectuertoutes les interventions qui seraient exécutées sur sonvéhicule. Une telle c<strong>la</strong>use crée un déséquilibre significatifentre les droits et obligations <strong>de</strong>s parties, au détriment duconsommateur. Il est en <strong>de</strong> même <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use <strong>la</strong>issantcroire à ce <strong>de</strong>rnier que l’utilisation <strong>de</strong> pièces qui ne sontpas d’origine emporte en toute hypothèse exclusion <strong>de</strong> <strong>la</strong>garantie conventionnelle. Le caractère ambigu <strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>usesuffit pour considérer <strong>la</strong> c<strong>la</strong>use comme abusive.L’exercice du droit <strong>de</strong> rétraction(Cass. civ. 1 ère , 20 mars 2013, pourvoi n°12-15.052)En cas <strong>de</strong> vente <strong>de</strong> biens ou fourniture d’une prestation <strong>de</strong>services conclue à distance entre un professionnel et unconsommateur, ce <strong>de</strong>rnier dispose d’un dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> rétractation<strong>de</strong> sept jours pour exercer son droit <strong>de</strong> rétractation, sansavoir à justifier <strong>de</strong> motifs, ni à payer <strong>de</strong> pénalités. Ce droitsouffre néanmoins <strong>de</strong> quelques exceptions, notamment,ainsi que le prévoit l’article L.121-20-2, 3°du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong>consommation, pour les contrats <strong>de</strong> fournitures <strong>de</strong> biensconfectionnés selon les spécifications du consommateur, ounettement personnalisés ou qui, du fait <strong>de</strong> leur nature, nepeuvent être réexpédiés ou sont susceptibles <strong>de</strong> se détériorerou <strong>de</strong> se périmer rapi<strong>de</strong>ment.En l’espèce, <strong>de</strong>ux consommateurs ont acquis à distance <strong>de</strong>uxmotocyclettes auprès d’un professionnel, puis exercent leurdroit <strong>de</strong> rétractation en respectant le dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> sept joursaprès avoir pris livraison <strong>de</strong>s véhicules. Mais n’ayant pasobtenu <strong>la</strong> restitution <strong>de</strong> <strong>la</strong> somme correspondant au prix <strong>de</strong>vente, ils ont exercé une action, le ven<strong>de</strong>ur invoquantl’application <strong>de</strong> l’art. L. 121-20-2, 3°C. consom. <strong>La</strong> CourSuprême a considéré que les motocyclettes avaientuniquement fait l’objet d’une immatricu<strong>la</strong>tion, ce qui n’avaitmodifié ni leur nature, ni leur <strong>de</strong>stination et <strong>de</strong> ce fait, il nes’agissait pas <strong>de</strong> biens « nettement personnalisés »permettant l’exclusion du droit <strong>de</strong> rétractation.L’action en garantie <strong>de</strong>s vices cachés(Cass. civ. 1 ère , 19 mars 2013, pourvoi n°11-26.566)Une société éditrice d’un journal acquiert <strong>de</strong>ux rotatives,dont elle constate ensuite le dysfonctionnement, puisintente une action à l’encontre du ven<strong>de</strong>ur en se préva<strong>la</strong>nt<strong>de</strong> <strong>la</strong> garantie <strong>de</strong>s vices cachés. <strong>La</strong> Cour <strong>de</strong> cassation faitdroit à cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, considérant que les conditionsexigées pour l’application d’une telle garantie sont remplies.Les défauts invoqués par l’acheteur n’étaient pas apparentslors <strong>de</strong> <strong>la</strong> livraison et se sont révélés par <strong>la</strong> suite, engendrantune mauvaise qualité et <strong>de</strong>s retards d’impression.<strong>La</strong> chose vendue était donc impropre à l’usage auquel elleétait <strong>de</strong>stinée. <strong>La</strong> c<strong>la</strong>use limitative <strong>de</strong> responsabilité stipuléepar le ven<strong>de</strong>ur était <strong>de</strong> plus inopposable car, d’une part,l’action en garantie <strong>de</strong>s vices cachés ne donne pas lieu à uneaction en responsabilité contractuelle mais à une action engarantie et, d’autre part, ven<strong>de</strong>ur et acquéreur n’étaient pas<strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> même spécialité, et l’acheteur nedisposait donc pas <strong>de</strong>s compétences techniques nécessairespour déceler le vice affectant <strong>la</strong> chose vendue.<strong>La</strong> <strong>Lettre</strong> du Cabinet SIMON ASSOCIES – Avril 2013 – Page 5