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"Les causes et les conséquences du naufrage du pétrolier L'Erika"

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CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIALNote de présentationCe document est établi d’après le proj<strong>et</strong> d’avis susceptible d’être modifié par l’Assembléeplénière. Le texte intégral, de l'avis <strong>et</strong> <strong>du</strong> rapport, est téléchargeable dès sa publication auJournal Officiel, généralement dans le délai d'une semaine après l'Assemblée plénièreSuj<strong>et</strong> :"<strong>Les</strong> <strong>causes</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> conséquences <strong>du</strong><strong>naufrage</strong> <strong>du</strong> pétrolier L'Erika"La prévention des risques <strong>et</strong> <strong>les</strong> conditions de réparationdes dommages <strong>du</strong>s aux pollutions marinesLe fioul qui continue à s’échapper des cuves de l’Erika trois mois après son <strong>naufrage</strong><strong>et</strong> à souiller notre littoral constitue ce qu’il convient maintenant d’appeler unecatastrophe écologique majeure. Le laisser faire <strong>et</strong> le laisser passer ne peuvent plusêtre tolérés dans c<strong>et</strong>te zone atlantique où transite plus de la moitié <strong>du</strong> trafic maritimemondial.<strong>Les</strong> moyens de lutte contre <strong>les</strong> nappes de pétrole apparaissent dérisoires. En mer, lepréf<strong>et</strong> maritime, aux commandes <strong>du</strong> plan POLMAR, a expérimenté avec succès uneméthode de pompage qui devrait être encouragée par l’acquisition de moyensadaptés. En revanche, le plan POLMAR terre, sans pilote unique, a balbutié, hésité,tergiversé pendant des jours <strong>et</strong> des jours sur <strong>les</strong> lieux d’atterrissage des nappes.D’une simulation abusive de la dérive des nappes de fioul aux dysfonctionnementsdans le traitement de la pollution sur le rivage, une impression généraled’improvisation se dégage à chaque stade de l’opération.L’opinion publique a démontré son attachement au patrimoine naturel : <strong>les</strong> bénévo<strong>les</strong>qui se sont levés en masse en témoignent. Pourtant, ce patrimoine, en copropriétéuniverselle, n’a pas la place qu’il requiert dans le droit international. Le préjudiceporté à l’environnement est difficile à estimer financièrement: combien d’euros pourréparer <strong>les</strong> atteintes à la biodiversité marine ? Parce qu’il n’a pas d’équivalentmonétaire, ce préjudice est négligé. Pourtant l’opinion sait pertinemment que certainsdommages occasionnés par des pro<strong>du</strong>its dangereux <strong>et</strong> toxiques sont irréparab<strong>les</strong>.La mise en œuvre des moyens de l’Etat a parfois relevé <strong>du</strong> théâtre de Courteline.Cloisonnement, défense des prés carrés, ont pris le pas sur la mise en communcentralisée des efforts <strong>et</strong> des connaissances de tous. Mais aucune autorité dansnotre pays a en charge la politique de la mer, sa défense, sa promotion économique.L’absence d’études scientifiques de long terme sur le milieu marin, le recensementde ses richesses, l’analyse de son état, se font cruellement sentir.La communication officielle a plus cherché à rassurer qu’à informer sur la natureréelle de la situation.C<strong>et</strong>te catastrophe écologique qui continue d’être <strong>du</strong>rement ressentie dans leur viequotidienne par <strong>les</strong> habitants <strong>du</strong> littoral souillé ne s’achève pas avec l’avis <strong>du</strong> Conseil


économique <strong>et</strong> social. Sur l’ensemble des côtes atlantiques ou méditerranéennes denotre pays une question se pose : serions-nous mieux armés si une telle catastrophese repro<strong>du</strong>isait ?De ce constat d’ensemble se dégage une évidence : la France n’a pas la politique dela mer que justifierait pourtant son considérable patrimoine maritime. En dépit desnombreuses marées noires dont elle a été victime, elle n’a toujours pas réussi à fairereconnaître le principe <strong>du</strong> pollueur-payeur, aux niveaux international <strong>et</strong> européennotamment. Pas plus la responsabilité <strong>du</strong> propriétaire de la cargaison <strong>et</strong> que la miseen œuvre <strong>du</strong> principe de précaution pour se prémunir par la mise en place d’unrecensement général <strong>et</strong> permanent de ses richesses marines <strong>et</strong> littora<strong>les</strong>, n’ont étér<strong>et</strong>enues.<strong>Les</strong> propositions que formule la section <strong>du</strong> Cadre de vie seraient d’autant plus faci<strong>les</strong>à m<strong>et</strong>tre en œuvre si un ministre de la mer en avait la responsabilité <strong>et</strong> l’autorité,c’est-à-dire <strong>les</strong> moyens nécessaires.A. fonder la responsabilité environnementale• Confirmer le principe <strong>du</strong> pollueur payeur par un élargissement de laresponsabilité au propriétaire de la cargaison pour <strong>les</strong> hydrocarbures ;Pour <strong>les</strong> autres matières dangereuses transportées parmer, il conviendrait que la France ratifie au plus tôt laConvention HNS.• Relever le plafond <strong>du</strong> FIPOL ;• faire adopter une directive européenne reconnaissant la responsabilitéenvironnementale <strong>et</strong> le principe de précaution ;• m<strong>et</strong>tre en place un observatoire national scientifique permanent de la mer <strong>et</strong><strong>du</strong> littoral ;• organiser la traçabilité des pro<strong>du</strong>its dangereux <strong>et</strong> confier c<strong>et</strong>te mission à labanque de données Equasis ;• préserver <strong>les</strong> filières alimentaires des pro<strong>du</strong>its de la mer en garantissant lasanté des consommateurs en cas de pollution des eaux ;• associer <strong>les</strong> sociétés d’assurance <strong>et</strong> <strong>les</strong> clubs P & I à la prévention desrisques.B. mieux organiser l’intervention des pouvoirs publics lorsque survient lacatastrophe• renforcer le rôle <strong>du</strong> préf<strong>et</strong> maritime notamment face à l’autorité portuaire encas de danger ;• organiser une force européenne de sécurité maritime à partir des moyensexistants dans chacun des Etats membres ;• privilégier l’action en mer ;• mieux coordonner le plan POLMAR terre de façon à éviter toute impressiond’improvisation sur le terrain ;• prévoir <strong>et</strong> organiser l’accueil, l’intervention des bénévo<strong>les</strong>, ainsi que leur suivisanitaire. Sur ce dernier point la plus grande vigilance devra être apportée.


Prévention des risques <strong>et</strong> conditions de réparationDes dommages <strong>du</strong>s aux pollutions marines(contribution relative aux dommages subis par <strong>les</strong> filières alimentaire de la mer,présentée par M. Gilbert CAPP, au nom de la section de l’agriculture <strong>et</strong> del’alimentation)En ce qui concerne <strong>les</strong> conséquences <strong>du</strong> <strong>naufrage</strong> <strong>du</strong> pétrolier l’Erika sur la filièrealimentaire, le Conseil économique <strong>et</strong> social a noté :o Une bonne coordination des services de l’Etat concernés dans lagestion de la crise sanitaire visant à garantir la sécurité <strong>du</strong>consommateur :- des mesures d’urgence ont été prises sur la base des recommandations faites parl’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) : interdiction de lapêche à pied, contrôle renforcé des pro<strong>du</strong>its de la pêche mis sur le marché(interdiction de commercialisation des pro<strong>du</strong>its des zones touchées), non-utilisationde pro<strong>du</strong>its dispersants susceptib<strong>les</strong> de favoriser l’incorporation de micro-particu<strong>les</strong>dans la chaîne alimentaire ;- l’établissement de valeurs guides par l’AFSSA, sur la base des travaux des comitésd’experts, mis en place début janvier, <strong>et</strong> d’analyses sur <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its de la mer(coquillages, poissons, crustacés, céphalopodes), ce qui a permis d’éclairer <strong>les</strong>pouvoirs publics dans leur prise de décision, notamment pour la ferm<strong>et</strong>ure <strong>et</strong>l’ouverture des sites de pro<strong>du</strong>ction.A ce jour, <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> renforcés à tous <strong>les</strong> niveaux des filières (criées, distribution)montrent un impact négligeable sur <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its de la mer.o Un préjudice commercial lourd subi par <strong>les</strong> filières alimentaires dela mer :Si <strong>les</strong> dégâts matériels sont relativement peu importants, l’image des pro<strong>du</strong>its de lamer <strong>et</strong> des cultures marines a particulièrement souffert. Alors que 0,1 % seulementdes surfaces des concessions conchylico<strong>les</strong> ont été fermées administrativement pourdes raisons de santé publique, <strong>les</strong> ventes de coquillages ont chuté de 30 à 70 %. Cemanque à gagner touche toutes <strong>les</strong> entreprises d’amont <strong>et</strong> d’aval.En attendant que ces dommages soient indemnisés par le FIPOL, le Gouvernementa mis en place différentes mesures d’aides dans le cadre <strong>du</strong> plan gouvernementald’urgence, <strong>du</strong> 12 janvier 2000, pour venir en aide aux victimes des tempêtes <strong>et</strong> <strong>du</strong><strong>naufrage</strong> de l’Erika, complété ultérieurement.Afin de préserver <strong>les</strong> filières alimentaires des pro<strong>du</strong>its de la mer, en garantissant lasanté des consommateurs, le Conseil économique <strong>et</strong> social recommande :- que sur expertise de l’AFSSA, des normes soient établies pour évaluer la toxicité àlong terme des hydrocarbures pouvant entrer dans la chaîne alimentaire ;- qu’une veille soit mise en place par IFREMER pour évaluer <strong>les</strong> eff<strong>et</strong>s de la pollutionsur <strong>les</strong> écosystèmes (zones de pro<strong>du</strong>ction, nurseries, eff<strong>et</strong>s sur le plancton) ;- que dans l’immédiat, aucune prise d’eau pour <strong>les</strong> marais salants ne soit autoriséesans garantie sur <strong>les</strong> concentrations en hydrocarbures ;- que <strong>les</strong> avances de l’Etat sur <strong>les</strong> indemnisations <strong>du</strong> FIPOL soient engagéesrapidement <strong>et</strong> concernent l’ensemble des acteurs touchés économiquement.- que toutes <strong>les</strong> volontés (Etat, collectivités loca<strong>les</strong>, professionnels) convergent pourune restauration de l’image des pro<strong>du</strong>its de la mer.


Normalisation, certification <strong>et</strong> contrôle effectif des navires decommerce de transport de marchandises dangereusesLe 12 décembre 1999, l’Erika, pétrolier battant pavillon maltais, affrété par la sociétéTotalFina, transportant trente mille tonnes de fioul lourd, s’est cassé en deux au largedes côtes sud ouest de la Br<strong>et</strong>agne, entraînant une marée noire portant gravementatteinte à l’intégrité <strong>du</strong> littoral atlantique français.Ce <strong>naufrage</strong> a suscité colère <strong>et</strong> émotion parmi nos concitoyens.Le Conseil économique <strong>et</strong> social a décidé de confier à quatre de ses sectionsl’examen des <strong>causes</strong> <strong>et</strong> des conséquences de ce <strong>naufrage</strong>, selon des ang<strong>les</strong>d’approche multip<strong>les</strong>.Ce <strong>naufrage</strong> présentera sans doute un seul mérite : celui d’avoir accéléré la prise deconscience qu’un certain nombre de dérives <strong>du</strong> transport maritime ne peuvent plus<strong>du</strong>rer.Le trafic maritime international a considérablement crû depuis 25 ans, en raison desnombreux atouts qu’il présente. Il en va ainsi notamment <strong>du</strong> transport deshydrocarbures. Parallèlement, l’âge de la flotte mondiale ne cesse de croître. Il estcouramment admis qu’un navire coulerait tous <strong>les</strong> deux jours : lorsqu’on sait quecertains pro<strong>du</strong>its transportés sont hautement dangereux, <strong>les</strong> risques de catastropheapparaissent ainsi multipliés.Certaines zones peuvent être, à bon droit, réputées dangereuses. En raison del’intensité <strong>du</strong> trafic (300 000 navires par an), la Manche qui s’apparente, de fait, à undétroit constitue une zone particulièrement critique.Le transport maritime est aujourd’hui régi par une réglementation internationalefoisonnante mais dont l’application est exclusivement à la charge des Etats –essentiellement, <strong>du</strong> reste, à celle de l’Etat dit <strong>du</strong> pavillon, qui peut la déléguer auxsociétés de classification. Il existe là une confusion de rô<strong>les</strong> qui, s’additionnant àl’opacité de la chaîne logistique poussée à la caricature dans le cas de l’Erika,favorise l’irresponsabilité <strong>et</strong> le laxisme.Des <strong>causes</strong> essentiel<strong>les</strong> de dysfonctionnement tiennent aux évolutions de la périodeécoulée. De nombreux nouveaux Etats ont voulu créer une flotte marchande aux finsde s’assurer une source de revenus sans disposer des moyens <strong>et</strong> parfois sans lavolonté de faire respecter des règ<strong>les</strong> saines <strong>et</strong> sûres de navigation. Dans le mêm<strong>et</strong>emps, <strong>les</strong> chargeurs <strong>les</strong> plus importants – en particulier, ceux <strong>du</strong> secteur pétrolierconfrontés aux exigences des pays pro<strong>du</strong>cteurs – ont cherché à ré<strong>du</strong>ire leurs coûts ;la concurrence s’est exacerbée. Souvent, le taux de fr<strong>et</strong> constitue la variable surlaquelle on agit de préférence à tout autre. Trop souvent le marché " spot " l’emportesur <strong>les</strong> contrats à terme. Ces tendances se sont développées aux dépens de lasécurité maritime.Tout cela a con<strong>du</strong>it à renforcer le rôle de l’Etat dit <strong>du</strong> port qui peut effectuer la sériedes contrô<strong>les</strong> dévolue aux autorités <strong>du</strong> pavillon, voire adopter une législationunilatérale : <strong>les</strong> Etats-Unis en fournissent un exemple à méditer.


Dans un tel contexte, la section des Activités pro<strong>du</strong>ctives, de la recherche <strong>et</strong> de latechnologie, chargée d’examiner la normalisation, la certification <strong>et</strong> le contrôle effectifdes navires de commerce transportant des marchandises dangereuses, rappelle sixprincipes de la sécurité maritime :• la mer <strong>et</strong> son environnement constituent un patrimoine universel dont lapréservation appelle une responsabilité internationale ;• la liberté <strong>du</strong> pavillon <strong>et</strong> la responsabilité des Etats dans le respect des règ<strong>les</strong>internationa<strong>les</strong> sont indissociab<strong>les</strong> ;• le taux de fr<strong>et</strong>, résultant <strong>du</strong> libre jeu <strong>du</strong> marché, intègre obligatoirement <strong>les</strong>coûts de la sécurité dans le transport des matières dangereuses ;• la clarté de la chaîne logistique <strong>du</strong> transport <strong>et</strong> la transparence de l’informationnécessaire à l’organisation de la sécurité doivent être assurées ;• la sanction pour manquement à la réglementation doit être toujours pluscoûteuse que le respect de celle-ci ;• un système de responsabilité sans faute doit impliquer l’ensemble desintervenants <strong>du</strong> transport maritime, chacun pour ce qui le concerne ;Elle formule treize propositions visant : L’état des navires1. La double coque solution r<strong>et</strong>enue par <strong>les</strong> Etats-Unis ou une autreconfiguration répondant au même objectif, comme le " E3 ", doivent êtreren<strong>du</strong>es obligatoires dans <strong>les</strong> eaux européennes à partir de 2008.2. <strong>Les</strong> pétroliers âgés de plus de vingt-cinq ans doivent être r<strong>et</strong>irés le plusrapidement possible <strong>du</strong> marché <strong>et</strong> le système des visites renforcées doit êtresystématisé pour ceux des navires ayant plus de quinze ans d’âge. C<strong>et</strong>temesure con<strong>du</strong>ira à supprimer, dès maintenant, tous <strong>les</strong> navires " pré Marpol ".3. A terme, <strong>les</strong> marges de sécurité pour <strong>les</strong> pétroliers doivent être renforcées<strong>et</strong> portées à un degré de plus grande sûr<strong>et</strong>é. Le recours aux outils demanagement comme le code ISM ou <strong>les</strong> normes ISO 9002 (système qualité)devrait être systématisé.4. Aucune dérogation ne devrait être autorisée pour <strong>les</strong> navires faisant <strong>du</strong>cabotage européen. A terme, d’ailleurs, le cabotage européen (90 % <strong>du</strong> traficenregistré dans la ZEE européenne) devrait être réservé à des navires battantpavillons européens. Certification <strong>et</strong> classification5. Un terme doit être mis à la confusion qui existe entre certification <strong>et</strong>classification, ou tout au moins ans la manière dont sont effectuées <strong>les</strong> deuxdémarches.6. Toute société de classification devra obtenir un agrément public,renouvelable après vérification au niveau communautaire. <strong>Les</strong> contrô<strong>les</strong>7. Une véritable chaîne d’information <strong>et</strong> de transparence entre <strong>les</strong> différentsopérateurs <strong>et</strong> autorités responsab<strong>les</strong> doit être mise en place. A c<strong>et</strong> égard, labanque de données Equasis devrait être ren<strong>du</strong>e opérationnelle rapidement <strong>et</strong>contenir des informations régulièrement mises à jour.


8. L’engagement effectif de la responsabilité de l’Etat <strong>du</strong> pavillon dans lerespect par ses immatriculés de la réglementation internationale est un objectifà atteindre.9. Une véritable obligation de signalement devra être instituée. A c<strong>et</strong> égard,sans attendre la mise en œuvre <strong>du</strong> système Galiléo, le recours au systèmeGNSS devrait être généralisé.10. Au niveau régional, la prise en charge de ces tâches devra participer <strong>du</strong>champ de compétence de l’Union européenne. La responsabilité financière11. L’armateur devra disposer de garanties couvrant la totalité des risquesdirects <strong>et</strong> indirects. A c<strong>et</strong> égard, la souscription d’une assurance responsabilitéà l’égard des tiers <strong>et</strong> une caution financière doivent être ren<strong>du</strong>es obligatoires.12. La responsabilité de l’affréteur ou <strong>du</strong> chargeur pétrolier devra êtreengagée. Le Conseil économique <strong>et</strong> social prend acte des dispositionsinscrites dans la charte récemment signée à l’initiative <strong>du</strong> Gouvernement. Encas de non respect de ces dispositions <strong>et</strong> en cas de sinistre, la responsabilitéfinancière <strong>du</strong> chargeur <strong>et</strong> de l’affréteur (par l’intermédiaire <strong>du</strong> FIPOL) devraêtre pleinement engagée, au même titre que celle de l’armateur (par le canal<strong>du</strong> CLC).13. Une taxation nouvelle pour services ren<strong>du</strong>s devra être mise en place. Elleperm<strong>et</strong>tra de financer <strong>les</strong> activités d’inspections <strong>et</strong> de contrô<strong>les</strong> menées par<strong>les</strong> Etats.Ces mesures devraient perm<strong>et</strong>tre d’améliorer sensiblement la sécurité <strong>du</strong> transportmaritime.Cependant, elle ne prendront leur véritable dimension que si, à chacun des troisniveaux d’intervention : international, régional <strong>et</strong> national des révisions sonteffectuées.Au niveau international, l’OMI doit réviser son mode de fonctionnement <strong>et</strong> se voirdoté d’un pouvoir de sanction <strong>et</strong> l’utiliser pleinement. Le Conseil économique <strong>et</strong>social invite le Gouvernement à développer ses efforts afin d’obtenir <strong>les</strong> modificationsappropriées <strong>du</strong> rôle <strong>et</strong> des fonctions de c<strong>et</strong>te organisation.L’Union européenne doit m<strong>et</strong>tre en œuvre une véritable politique européenne <strong>du</strong>trafic maritime intégrant des objectifs d’une sécurité renforcée. Approuvant <strong>les</strong>principa<strong>les</strong> propositions avancées par la Commission, le Conseil économique <strong>et</strong>social appelle de ses vœux la création d’une agence maritime européenne dotée depouvoirs. Il engage, enfin, à ce que <strong>les</strong> dispositions communautaires s’imposent àtous ses membres <strong>et</strong> aux candidats à l’entrée. Du respect, vérifié, de l’application deces clauses doit dépendre l’acceptation des candidatures.Le niveau national reste important.Située géographiquement au cœur de l’Union européenne, la France se trouveparticulièrement exposée. Pour con<strong>du</strong>ire une action internationale d’envergure <strong>et</strong>surtout crédible, elle doit affirmer sa présence comme Etat <strong>du</strong> pavillon, enreconquérant, pour sa flotte de commerce un rang plus digne <strong>et</strong> prouver sonefficacité comme Etat <strong>du</strong> port.


A c<strong>et</strong> égard, le Conseil économique <strong>et</strong> social approuve <strong>les</strong> décisions prises en cesens par le Gouvernement. Il salue, en particulier, celle de doubler en deux ans lenombre des inspecteurs <strong>et</strong> souhaite donc la réalisation rapide de la mesureannoncée en février, d’autant plus que l’effort devra être poursuivi pour arriver à desniveaux comparab<strong>les</strong> à ceux de la Grande-Br<strong>et</strong>agne (250 inspecteurs) ou del’Espagne (200).Au-delà, il apparaît indispensable d’harmoniser <strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre pleinement encohérence <strong>les</strong> différentes procé<strong>du</strong>res <strong>et</strong> compétences affectées à la sécuritémaritime, aujourd’hui dispersées dans plus d’une dizaine de départementsministériels. C<strong>et</strong> objectif devrait être atteint au mieux avec la mise en place d’unministère de la Mer de plein exercice, disposant des services <strong>et</strong> des moyensnécessaires. Le ministre concerné pourrait ainsi s’attacher à promouvoir, enpermanence, <strong>les</strong> propositions de la France tant dans <strong>les</strong> instances internationa<strong>les</strong>que régiona<strong>les</strong>.<strong>Les</strong> données socia<strong>les</strong> <strong>et</strong> économiques actuel<strong>les</strong> perm<strong>et</strong>tent de penser que <strong>les</strong> basesde nouvel<strong>les</strong> structurations <strong>et</strong> pratiques <strong>du</strong> transport maritime, en premier lieu desmatières dangereuses, commencent à apparaître. C’est ce que tendent à confirmer<strong>les</strong> décisions prises dans la charte de bonne con<strong>du</strong>ite signée récemment par <strong>les</strong>différentes parties prenantes <strong>du</strong> transport maritime, à l’initiative <strong>du</strong> Gouvernementfrançais. Encore faut-il que <strong>les</strong> engagements pris soient strictement tenus. Le Conseiléconomique <strong>et</strong> social le souhaite vivement.La sécurité <strong>du</strong> transport maritime :prévention, réglementation, application <strong>et</strong> contrôleLa section des économies régiona<strong>les</strong> <strong>et</strong> de l'aménagement <strong>du</strong> territoire a examiné lasécurité <strong>du</strong> transport maritime (plus particulièrement celle <strong>du</strong> transport maritimepétrolier) conformément à la saisine adressée par le Bureau <strong>du</strong> Conseil économique<strong>et</strong> social : Prévention, réglementation, application <strong>et</strong> contrôle.La section a constaté :oqu’il existe une abondante réglementation mais que celle-ci est souventpeu ou pas appliquée ;o que <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> sont nombreux mais pas toujours fiab<strong>les</strong> ;o que <strong>les</strong> conditions de concurrence favorisent <strong>les</strong> navires sous-normes<strong>et</strong> <strong>les</strong> pavillons de complaisance ;oque l’organisation <strong>du</strong> secteur con<strong>du</strong>it à une déresponsabilisation desdifférents acteurs.Le niveau des sinistres reste élevé, le taux des pertes étant fortement corrélé avecl’âge des navires <strong>et</strong> certains pavillons de libre immatriculation.Pour éviter <strong>les</strong> marées noires à répétition, la section a choisi de privilégier laprévention <strong>et</strong> la recherche de l’efficacité des mesures.À partir de c<strong>et</strong>te préoccupation, le Conseil économique <strong>et</strong> social préconise :


oooUne amélioration <strong>et</strong> une harmonisation des réglementationsinternationale <strong>et</strong> européenne, assorties de la mise en place desanctions véritablement dissuasives.Un renforcement <strong>et</strong> surtout une plus grande fiabilité des contrô<strong>les</strong>tant au titre de l’Etat <strong>du</strong> pavillon que de l’Etat <strong>du</strong> port.Ce qui suppose des moyens juridiques, matériels <strong>et</strong> humainspour l’exercice de ces contrô<strong>les</strong>.Une lutte résolue <strong>et</strong> concertée pour arriver à l’élimination desnavires sous-normes <strong>et</strong> pour favoriser un transport maritime dequalité.Cela passe par :o le relèvement substantiel des normes de construction <strong>et</strong> d’entr<strong>et</strong>ienainsi que de la qualité des conditions d’exploitation des navires.o l’organisation de la transparence en ce qui concerne <strong>les</strong> intervenants<strong>du</strong> secteur, l’état <strong>du</strong> navire, la nature des cargaisons (développementde la base européenne de données EQUASIS pour assurer un suividynamique de l’état des navires <strong>et</strong> publier une liste noire des naviresdangereux).o l’extension <strong>du</strong> système de signalement des navires à l’entrée dans <strong>les</strong>eaux européennes dans la perspective d’aller vers une autorisationpréalable d’accès pour <strong>les</strong> transports à risques.o Une action forte de responsabilisation de tous <strong>les</strong> acteurs de lachaîne <strong>du</strong> transport maritime.Outre la transparence des informations (état <strong>du</strong> navire, nature des cargaisons,intervenants…), l’implication financière des acteurs est un instrument indispensablede c<strong>et</strong>te responsabilisation.Pour cela il conviendra :o que <strong>les</strong> procé<strong>du</strong>res <strong>et</strong> niveaux d’indemnisation soient adaptés pourprendre en compte le coût total des conséquences des sinistres ;o que soit instauré un système de responsabilité financière sansfaute impliquant l’ensemble des acteurs <strong>du</strong> transport maritime,chacun pour ce qui le concerne <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant une indemnisation<strong>et</strong> une réparation rapide <strong>et</strong> automatique des sinistres sansattendre la répartition des responsabilités à trancher par <strong>les</strong> juges.o que soit engagée une réflexion pour perm<strong>et</strong>tre aux systèmesd’assurance de jouer un rôle actif dans la prévention des sinistres.D’une façon générale, la section a considéré que <strong>les</strong> premières mesures décidées enFrance (table ronde, comité interministériel de la mer) amorçaient une évolutionpositive qui rejoint ses préoccupations, mais que ces mesures devront êtreconfirmées <strong>et</strong> prolongées au niveau européen <strong>et</strong> international pour donner leur pleineefficacité.Il importe donc que le Conseil économique <strong>et</strong> social suive avec attention aussi bienl’application des mesures déjà prises que <strong>les</strong> directives qui seront proposées <strong>et</strong>adoptées sur ces mêmes suj<strong>et</strong>s.


<strong>Les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> d'emploi des marinsde la marine marchandeLe Bureau <strong>du</strong> Conseil économique <strong>et</strong> social a souhaité que, dans le cadre destravaux sur <strong>les</strong> <strong>causes</strong> <strong>et</strong> <strong>les</strong> conséquences <strong>du</strong> <strong>naufrage</strong> de l’Erika, soient examinées<strong>les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> d’emploi des marins de la marine marchande.En eff<strong>et</strong>, si le <strong>naufrage</strong> de l’Erika n’a, heureusement, fait aucune victime dansl’équipage, il apparaît que, d’une façon générale, <strong>les</strong> conséquences matériel<strong>les</strong>(pollution, environnement…) r<strong>et</strong>iennent plus l’attention que <strong>les</strong> pertes en vieshumaines <strong>et</strong> <strong>les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> de vie.Or, selon <strong>les</strong> informations de l’OIT, sur trente ans, 10°000 navires ont sombré <strong>et</strong>, sur<strong>les</strong> dix dernières années, 130 000 marins ont disparu. De novembre 1994 à octobre1996, date de la dernière session maritime de l’OIT, 180 navires de plus de 500tonnes brutes ont sombré <strong>et</strong> 1 200 disparus été per<strong>du</strong>s en mer.1. I – UN BILAN PARTICULIèREMENT sévère<strong>Les</strong> pertes en vies humaines sont particulièrement importantes <strong>et</strong> le facteur humainest, à l’évidence, délibérément négligé.Il est incontestable que des efforts ont été entrepris par des organisationsinternationa<strong>les</strong> (Organisation Maritime Internationale, Organisation Internationale <strong>du</strong>Travail…) pour améliorer, par de nouvel<strong>les</strong> normes techniques ou socia<strong>les</strong>, lasécurité <strong>du</strong> transport maritime.Cependant, <strong>les</strong> ratifications indispensab<strong>les</strong> à l’application de ces normes ne sont passystématiquement intervenues <strong>et</strong>, il arrive même que des Etats ayant ratifié cesconventions négligent de <strong>les</strong> faire appliquer. <strong>Les</strong> Etats qui accordent aux armateursleur pavillon (<strong>les</strong> Etats <strong>du</strong> pavillon) n’exercent pas, loin s’en faut, toutes <strong>les</strong>responsabilités qui leur incombent.Dans ces conditions, le soin de prendre <strong>les</strong> dispositions nécessaires à l’applicationdes conventions internationa<strong>les</strong> est, de plus en plus souvent, laissé aux Etats <strong>du</strong>port. De surcroît, il apparaît que le respect des normes socia<strong>les</strong> minima<strong>les</strong> tel<strong>les</strong>qu’el<strong>les</strong> sont pourtant définies par des accords internationaux <strong>et</strong> <strong>les</strong> directives del’Union européenne ne font pas l’obj<strong>et</strong> d’inspections aussi formel<strong>les</strong> que le sont <strong>les</strong>inspections techniques.Dans ce contexte, <strong>les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> d’emploi des marins sont au cœur d’unprocessus de dérégulation <strong>et</strong> sont utilisées comme un avantage concurrentielévident.Le marché <strong>du</strong> transport maritime international s’appuie donc sur une logique demoins-disant social caractérisée par le recours aux pavillons de complaisance ou" pavillons sous-normes " qui comme le rappelait Patrick Chaum<strong>et</strong>te, doyen de lafaculté de droit de Nantes, lors de son audition sont, en fait, toujours des pavillonssous-normes socia<strong>les</strong> ".2 - PROPOSITIONS2.1 – Ratifier <strong>les</strong> conventions de l’OITIl est vrai que la France est en tête des pays ayant ratifié <strong>les</strong> conventions de l’OIT.Aussi doit-elle ratifier, dans <strong>les</strong> meilleurs délais, cel<strong>les</strong> qui ne l’ont pas encore été enprenant <strong>les</strong> engagements nécessaires à leur application dans <strong>les</strong> DOM <strong>et</strong> <strong>les</strong> TOM(donc, dans <strong>les</strong> Terres Austra<strong>les</strong> <strong>et</strong> Antarctiques Françaises).


Le Conseil économique <strong>et</strong> social propose que la France prenne l’initiative d’unecampagne internationale de ratification <strong>et</strong> organise un colloque européen sur le statut<strong>du</strong> marin.En matière de législation française, dans un souci de clarté <strong>et</strong> de simplification, leConseil économique <strong>et</strong> social suggère le regroupement, au sein <strong>du</strong> code <strong>du</strong> travail,de toutes <strong>les</strong> dispositions relatives aux marins.Par ailleurs, considérant le maniement difficile des conventions internationa<strong>les</strong>relatives aux gens de mer, le Conseil économique <strong>et</strong> social suggère l’élaborationd’une convention maritime unique regroupant l’ensemble des normes socia<strong>les</strong>minima<strong>les</strong> existantes <strong>et</strong> garantissant leur application à tous <strong>les</strong> pavillons.<strong>Les</strong> Etats membres de l’Union européenne devrait apporter leur concours à c<strong>et</strong>teinitiative2.2 – Affirmer la primauté de la réglementation communautaireLe Conseil économique <strong>et</strong> social considère que la réglementation communautaireplus complète <strong>et</strong> plus exigeante doit prendre le pas sur le Mémoran<strong>du</strong>m de Paris cequi impose une ratification rapide des conventions en instance <strong>et</strong> la transposition, auplus vite, des directives communautaires existantes2.3 – Renforcer <strong>les</strong> systèmes d’inspection.Le Conseil économique <strong>et</strong> social considère qu’il est indispensable de coordonner <strong>les</strong>techniques <strong>et</strong> <strong>les</strong> méthodes d’inspection au niveau européen de façon à éviter toutedistorsion de concurrence entre <strong>les</strong> ports européens.La France qui vient de se doter au plan juridique d’une véritable inspection <strong>du</strong> travailmaritime doit non seulement procéder aux nominations nécessaires pour la rendreeffective mais aussi faire coopérer, au plan pratique, <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> techniques desécurité <strong>et</strong> <strong>les</strong> contrô<strong>les</strong> portant sur <strong>les</strong> normes socia<strong>les</strong>.L’intégration des informations sur le respect des normes socia<strong>les</strong> dans <strong>les</strong> banquesde données publiques sur <strong>les</strong> navires aux côtés des normes techniques serait denature à faire prendre en compte <strong>les</strong> conditions de travail <strong>et</strong> d’emploi des marins ensoulignant <strong>les</strong> infractions ou manquements constatés.Le Conseil économique <strong>et</strong> social estime nécessaire que la communautéinternationale se dote de moyens adaptés pour lutter contre <strong>les</strong> atteintes aux normessocia<strong>les</strong> dont l’ampleur <strong>et</strong> la gravité affectent chaque jour la sécurité <strong>du</strong> transportmaritime. Il préconise <strong>les</strong> dispositions suivantes :o imposer la compétence des tribunaux de l’Etat <strong>du</strong> port ;o garantir le paiement des salaries au moyen d’un système d’assurancerendant solidairement responsabilisant l’ensemble de la chaînelogistique (armateur, affréteur, société de recrutement <strong>et</strong> deplacement…) ;o exercer le droit d’immobilisation des navires.2.4 – Traiter <strong>les</strong> situations de crise (marins impayés, navires abandonnés…)Le Conseil économique <strong>et</strong> social considère qu’il faut perm<strong>et</strong>tre juridiquement à l’Etat<strong>du</strong> pavillon ou aux Etats <strong>du</strong> port de se substituer à l’armateur défaillant pour rapatrier<strong>les</strong> marins <strong>et</strong> recouvrer ultérieurement <strong>les</strong> frais. C<strong>et</strong>te opération devrait être facilitéepar la mise en place <strong>du</strong> système d’assurance précédemment évoqué.Sur le point d’exercer la présidence de l’Union européenne, la France se doit deprendre des initiatives propres à favoriser l’amélioration des conditions de travail <strong>et</strong>de vie des équipages quelle que soit leur nationalité <strong>et</strong>, par la même, contribuer àfaire progresser la sécurité <strong>du</strong> transport maritime.

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