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L'anthropologie du vivant : objets et méthodes - CNRS - Dynamique ...

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Dialogue interdisciplinaire ? De l’intérêt de l’anthropologie sociale <strong>et</strong> culturelledans l’analyse <strong>du</strong> vieillissement chez les Sénégalais à Marseille.Ceci nous con<strong>du</strong>it à formuler l’hypothèse selon laquelle les Sénégalaisâgés <strong>vivant</strong> à Marseille sont dans une forme de déconnexion institutionnellequi se tra<strong>du</strong>it par un accès limité aux structures de santé. Il semble eneff<strong>et</strong> que, parmi les Sénégalais qui font le choix de rester en France,certains d’entre eux vivent dans des conditions acceptables (dans unemaison <strong>et</strong> sont régulièrement visités par leur famille), tandis que d’autresse r<strong>et</strong>rouvent en situation d’exclusion sociale ou d’isolement. Ainsi, auxproblèmes liés aux mauvaises conditions de logement (hôtels meublés,foyers) <strong>et</strong> au faible niveau de revenus, se superposent d’autres contraintesexacerbées par le vieillissement à savoir une mauvaise santé <strong>et</strong> unisolement dû au détachement <strong>du</strong> monde <strong>du</strong> travail. Ainsi que l’écrivaitE. Temine, commentant l’oeuvre d’A. Sayad parlant de la mystificationde la condition d’émigré : « On y échappe [à la mystification] toutnaturellement lorsque l’on s’établit <strong>du</strong>rablement, lorsque se rompent,les uns après les autres, les liens qui rattachent à la condition d’origine,lorsque les liens familiaux se distendent, tout cela est bien connu…on y échappe aussi plus simplement quand on perd c<strong>et</strong>te conditionde travailleur » (Temine 1999 :272). En eff<strong>et</strong>, au fil <strong>du</strong> temps, surtoutau moment de la r<strong>et</strong>raite, les réseaux de solidarité <strong>et</strong> de sociabilités’effritent parce que basés sur la condition de travailleur <strong>et</strong> un certainpouvoir économique.Pour faire face à l’exclusion <strong>et</strong> à l’isolement, la plupart des Sénégalaiss’investissent dans les associations culturelles <strong>et</strong> religieuses oùdes formes de sociabilités primaires (prise de repas en groupe,organisation de groupes de prières, <strong>et</strong>c.) sont encore maintenues.Cependant, bien que certains soient dans des conditions de viedifficiles en foyer, la plupart des Sénégalais refusent l’idée devivre en maison de r<strong>et</strong>raite. En eff<strong>et</strong>, ces dernières sont perçuescomme déshumanisantes <strong>et</strong> très éloignées de la réalité culturellesénégalaise car renforçant l’image négative <strong>et</strong> l’inutilité <strong>du</strong> vieuxà écarter de la vie sociale. C<strong>et</strong>te image négative de la personneâgée est très éloignée de la perception d’un vieux valorisé,<strong>vivant</strong> en famille <strong>et</strong> bénéficiant d’un statut social privilégié <strong>du</strong>fait de son âge. Ce statut social privilégié est renforcé dans lepays d’origine par le pouvoir économique réel ou supposé <strong>du</strong>migrant.L’anthropologie <strong>du</strong> <strong>vivant</strong> : <strong>obj<strong>et</strong>s</strong> <strong>et</strong> méthodes - 2010En définitive, les modes de vie des Sénégalais âgés à Marseille sontmarqués par une forme de migration alternative <strong>du</strong> fait des allersr<strong>et</strong>ours réguliers entre leur pays d’origine <strong>et</strong> leur société d’accueil.Ils se situent ainsi dans un double registre de références identitaires<strong>et</strong> culturelles : ils sont doublement valorisés au Sénégal par lamigration, signe de réussite sociale <strong>et</strong> par leur pouvoir économiquemais déclassés <strong>et</strong> souvent isolés en France.Références bibliographiquesATTIAS-DONFUT (C.) 2006, L’enracinement. Enquête sur levieillissement des immigrés en France. Armand Colin, Paris, 357 p.CHAPUIS-LUCCIANI (N.), CRENN (C.), SIGNATÉ (A.), HANE (F.),MACIA (E.), COUMÉ (M.), SALIBA-SERRE (B.), BOETSCH (G.),GUEYE (L.) 2008, État de santé <strong>et</strong> mode de vie des Sénégalais âgésComparaison selon leur lieu de vie, rural <strong>et</strong> urbain au Sénégal, <strong>et</strong> urbainen France. Actes <strong>du</strong> Congrès national des Observatoires régionauxde la Santé 2008. « Les inégalités de santé. Nouveaux savoirs,nouveaux enjeux politiques ». www.congresors-inegalitesdesante.frTEMINE (E.) 1999, Comprendre l’immigration. Quelques notes enmémoire d’Abdelmaleek Sayad, un sociologue hors <strong>du</strong> commun.Revue <strong>du</strong> Monde Musulman <strong>et</strong> de la méditerranée, N°85-87 : 265-273.L’auteurFatoumata HANEEnseignante Chercheure- UMR 912 SE4S «Sciences économiques <strong>et</strong> sociales, Sociétés <strong>et</strong> Santé» (Marseille, Dakar)IRD/ ANRS- UMI 3189 «Environnement, Santé, Sociétés» ; <strong>CNRS</strong> (France) - Université Cheikh AntaDiop (Dakar, Sénégal) - <strong>CNRS</strong>T (Ouagadougou, Burkina-Faso) - Université de Bamako(Mali)Assistante à l’Université de Ziguinchor (Sénégal)courriel : hanefatoumata@yahoo.fr89

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