Quantification de la croissance à partir des indices dentairesLa diversité des processus observés chez les hominidés fossiles appelleà une plus large compréhension de différents types de croissance <strong>et</strong> deleur probable rôle adaptatif. L’étude des populations actuelles, en plus desa valeur intrinsèque, pourra largement éclaircir ces aspects.Références bibliographiquesBROMAGE (T.G.), DEAN (M.C.) 1985, Re-evaluation of the age at deathof Plio-Pleistocene fossil hominids, Nature 317: 525-528.CUNHA (E.), RAMIREZ ROZZI (F.V.), BERMUDEZ DE CASTRO (J.M.),MARTINON-TORRES (M.), WASTERLAIN (S.N.), SARMIENTO (S.)2004, A new look into enamel hypoplasias: evidence from the Sima delos Huesos Middle Pleistocene site, Am. J. Phys. Anthropol. 125: 220-231.LACRUZ (R.S.), DEAN (M.C.), RAMIREZ ROZZI (F.V.), BROMAGE (T.G.)2008, Megadontia, striae periodicity and patterns of enamel secr<strong>et</strong>ion inPlio-Pleistocene fossil hominins, Journal of Anatomy 213: 148-158.RAMIREZ ROZZI (F.V.) (éd) 1998, Enamel Structure and Development,and its Application in Hominid Evolution and Taxonomy. J. Hum. Evol.(special issue) 35 (4/5).RAMIREZ ROZZI (F.V.), BERMUDEZ DE CASTRO (J.M.) 2004,Surprisingly rapid growth in Neanderthals, Nature 428: 936-939.REID (D.J.), DEAN (M.C.) 2006, Variation in modern human enamelformation times, J. Hum. Evol. 50: 329-346.ROBSON (S.L.), WOOD (B.) 2008, Hominin life history:reconstruction and evolution, J. of Anat. 212: 394-425.SMITH (B.H.) 1989a, Growth and development and its significancefor early hominid behavior, Ossa 14: 63-96.SMITH (B.H.) 1989b, Dental development as a measure of lifehistory in primates, Evolution 43: 683-688.SMITH (B.H.) 1992, Life history and the evolution of humanmaturation, Evol. Anthropol. 1: 134-142.SMITH (B.H.), CRUMMET (T.L.), BRANDT (K.L.) 1994, Ages oferuption of primate te<strong>et</strong>h: a compendium for aging indivi<strong>du</strong>alsand comparing life histories, Yrbk Phys. Anthropol. 37: 177-231.SMITH (T.M.), TAFFOREAU (P.) 2008, New visions of dental tissueresearch: Tooth development, chemistry, and structure, Evol.Anthropol. 17: 213-226.SMITH (T.M.), TAFFOREAU (P.), REID (D.J.), GRUN (R.), EGGINS(S.), BOUTAKIOUT (M.), HUBLIN (J.J.) 2007, Earliest evidence ofmodern human life history in North African early Homo sapiens. Proc.Natl. Acad. Sci. U.S.A. 104: 6128-33.SMITH (T.M.), TOUSSAINT (M.), REID (D.J.), OLEJNICZAK (A.J.),HUBLIN (J.J.) 2007, Rapid dental development in a Middle PaleolithicBelgian Neanderthal, Proc. Natl. Acad. Sci. U.S.A. 104: 20220-20225.TOMPKINS (R.L.) 1996, Relative dental development of UpperPleistocene hominids compared to human population variation. Am.J. Phys. Anthropol. 99: 103–118.L’auteurFernando RAMIREZ ROZZIDirecteur de Recherche au <strong>CNRS</strong>- UPR 2147, « <strong>Dynamique</strong> de l’Evolution Humaine: Indivi<strong>du</strong>s, Populations, Espèces » (Paris,France) - <strong>CNRS</strong>courriel : ramrozzi@yahoo.frtél : 33 1 43 13 56 09L’anthropologie <strong>du</strong> <strong>vivant</strong> : <strong>obj<strong>et</strong>s</strong> <strong>et</strong> méthodes - 201046
Surpoids <strong>et</strong> obésité : une norme bio médicale unique en questionAude BRUS, Gilles BOETSCHMots-clés : surpoids, obésité, variabilité inter populationnelle,norme bio-médicaleDéfinition <strong>du</strong> statut nutritionnel d’un indivi<strong>du</strong>Ces dernières décennies, les pays in<strong>du</strong>strialisés ont connu unealarmante augmentation des prévalences <strong>du</strong> surpoids <strong>et</strong> de l’obésité,tant chez les enfants que chez les a<strong>du</strong>ltes. Ce problème n’estcependant pas exclusivement occidental, les statistiques devenantégalement inquiétantes dans de nombreux pays dits « émergents »,où il a par exemple été constaté que les prévalences <strong>du</strong> surpoids chezles jeunes femmes étaient supérieures à celles de la sous nutrition(Mendez <strong>et</strong> al. 2005). Ce phénomène est d’ailleurs observé autantdans les régions rurales que dans les zones urbaines. L’OrganisationMondiale de la Santé (1998) classifie désormais l’obésité parmi lesmaladies épidémiques. C<strong>et</strong>te maladie chronique est devenue unenjeu majeur en santé publique car elle est associée à des risques demorbidité <strong>et</strong> de mortalité élevés avec d’importants enjeux en termesde financements sanitaires.Afin de facilement repérer les indivi<strong>du</strong>s à risques <strong>et</strong> mesurerl’éten<strong>du</strong>e de l’épidémie, l’OMS a proposé en 1995 une classificationétablie à partir de l’Indice de Masse Corporelle (IMC). Desvaleurs-seuils perm<strong>et</strong>tent de répartir les suj<strong>et</strong>s en trois grandsgroupes: les indivi<strong>du</strong>s en insuffisance pondérale (IMC inférieurà 18,5 kg/m²), ceux qui sont dans la « norme » (IMC entre 18,5<strong>et</strong> 24,9 kg/m²), <strong>et</strong> ceux qui présentent une surcharge pondérale(surpoids si IMC entre 25 <strong>et</strong> 29,9 kg/m² <strong>et</strong> obésité au-delà de30 kg/m²). Ces recommandations sont applicables sur tous lesindivi<strong>du</strong>s a<strong>du</strong>ltes quels que soient le genre, l’âge <strong>et</strong> l’originegéographique.Construction d’une norme clinique quantitativeen questionNous pouvons nous interroger sur la pertinence de la normeappliquée, <strong>et</strong> notamment sur la méthodologie de sa constructionscientifique.L’obésité est médicalement définie comme une accumulationexcessive <strong>et</strong> anormale de réserves adipeuses, dépassant 25% <strong>du</strong>poids chez les hommes <strong>et</strong> 30% chez les femmes. C<strong>et</strong> excédent degraisses est associé à une augmentation des facteurs de risquessanitaires (Basdevant 2004). Diverses méthodes perm<strong>et</strong>tentd’évaluer le pourcentage de masse grasse corporelle d’un indivi<strong>du</strong>: l’absorption biphotonique à rayons X (ou DEXA), des techniquesd’imagerie médicale (tomodensitométrie ou imagerie par résonnancemagnétique), impédancemétrie,… Cependant, toutes sont assezcoûteuses <strong>et</strong> entraînent une logistique lourde <strong>et</strong> sont donc difficilementapplicables sur le terrain sur de grands échantillons.Le consensus s’est alors accordé sur l’utilisation de l’IMC. C<strong>et</strong>indice, conçu initialement par Quêtel<strong>et</strong> en Belgique en 1835(Quêtel<strong>et</strong> 1835), a été r<strong>et</strong>enu car c’est un rapport défini à partir demesures simples, fiables <strong>et</strong> repro<strong>du</strong>ctibles, de plus, bien corrélé àl’adiposité (Garrow, Webster 1985). Il est cependant reconnu quec<strong>et</strong> outil présente plusieurs limites. Il ne perm<strong>et</strong> pas, par exemple,de connaître la répartition des graisses, notamment le pourcentagede graisse abdominale, pourtant significativement impliqué dans lesrisques de maladies chroniques ultérieures (OMS 1995).La détermination des limites définissant surpoids <strong>et</strong> obésité estpar ailleurs issue d’études épidémiologiques qui s’intéressaientaux associations observables entre l’IMC <strong>et</strong> l’augmentation de laprévalence de maladies chroniques telles que des cardiopathiesou le diabète. Ces études, menées uniquement auprès de cohortesL’anthropologie <strong>du</strong> <strong>vivant</strong> : <strong>obj<strong>et</strong>s</strong> <strong>et</strong> méthodes - 201047