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L'anthropologie du vivant : objets et méthodes - CNRS - Dynamique ...

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Du local au macro-géographique : quelle(s) « population(s)» en anthropobiologie ?L’un des traits culturels le plus étudié dans les populations européennesest sans doute le patronyme. Comme le précise Darlu (2004), le nomrenvoie dans bien des situations à une histoire généalogique parfoisancienne <strong>et</strong> à une aire géographique d’origine. Le patronyme en tantqu’élément de la démographie historique s’avère donc un moyen depénétrer <strong>et</strong> comprendre la complexité des sociétés <strong>et</strong> leur évolution dansle temps <strong>et</strong> dans l’espace.Bowden <strong>et</strong> al. (2008) montrent bien le potentiel des patronymes pouréliminer les bruits de fond résultant des migrations récentes, soulignerdes sous-structures <strong>et</strong> améliorer la compréhension de l’histoire despopulations. Toutefois, l’ancienn<strong>et</strong>é des patronymes varie d’unepopulation à l’autre (King, Jobling 2009). Dans ce cas, on peut rechercherd’autres traits culturelssusceptibles de tra<strong>du</strong>ireun lien de parenté :clans <strong>et</strong>/ou tribus, lieuxde rassemblement deslignées issues d’unmême ancêtre.Il faut toutefoisconsidérer ce traitau cas par cas, parexemple le terme de «tribu » ne représentepas en Asie Centrale(Chaix <strong>et</strong> al. 2006) lamême entité que chezles Bédouins <strong>du</strong> MoyenOrient. On voit bien ladifficulté à généralisersans connaissancespréalables desstructures de parenté<strong>et</strong> des stratégies demariage.Des positions extrêmes :la classification humaine <strong>et</strong> ses limitesL’augmentation <strong>du</strong> nombre de marqueurs utilisables a con<strong>du</strong>itcertains chercheurs à s’intéresser (ou se ré-intéresser) à la possibilitéd’assigner des indivi<strong>du</strong>s à de grands groupes <strong>et</strong> en conséquencede valider de tels groupes « <strong>et</strong>hniques » ou « continentaux ». Laconfusion entre <strong>et</strong>hnies <strong>et</strong> dèmes (Lainé 2000) est alors poussée àson paroxysme dans certains grands proj<strong>et</strong>s internationaux (voir Box9.2. dans Jobling 2004) où les objectifs biomédicaux surpassent lesobjectifs anthropologiques, <strong>et</strong> où la tentation <strong>et</strong>hno-raciale s’officialise(Foucard 2007).Comme le précisent Fan <strong>et</strong> al. (2008), la collecte d’échantillons surune « grande échelle dans différentes régions géologiques <strong>et</strong>/oudifférents groupes <strong>et</strong>hniques vise à extraire des informations desgènes pour comprendre des phénomènes biologiques de l’êtrehumain ainsi que le mécanisme de la pathogénèse ». L’obj<strong>et</strong> d’étudeici n’est plus la « population » mais le génome.Dans ce contexte, la stratégie d’échantillonnage se base sur le fait quela variabilité observée à l’échelle des continents pourrait contenir desinformations sur les pressions de sélection exercées sur différentesparties <strong>du</strong> génome (Calafell 2003). Dans ce cas, la stratégie ne visepas à définir les pourtours d’une population pour décrire la variabilitéqui la compose, mais à « construire » des groupes de telle sorte quedes contours de « population » existent. Le raisonnement est donccirculaire (Hardwood 2008).De telles recherches ont fourni de précieuses informations sur le rôlede la sélection naturelle dans l’évolution de notre espèce, la nature<strong>et</strong> les causes de la variation des taux de recombinaison, l’éten<strong>du</strong>e <strong>et</strong>la nature de la variation au sein <strong>du</strong> génome humaine (Auton 2009 ;Novembre, Di Renzo 2009). Pour autant, s’agissant de l’histoire <strong>du</strong>peuplement humain <strong>et</strong> celle d’une possible classification de l’Homme,il reste nécessaire de garder un certain recul quant à ces premiersrésultats (Larrouy 2008 ; Long <strong>et</strong> al. 2009).3L’anthropologie <strong>du</strong> <strong>vivant</strong> : <strong>obj<strong>et</strong>s</strong> <strong>et</strong> méthodes - 2010 12

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