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Opération PiloteRéhabilitationet Tourisme Durableà Kairouan,TunisieLa tradition,les habitantset le tourismeInstitut National du PatrimoineTunisie

Opération PiloteRéhabilitationet Tourisme Durableà Kairouan,TunisieLa tradition,les habitantset le tourismeInstitut National du PatrimoineTunisie


Opération Pilote


Réhabilitationet Tourisme Durableà Kairouan,TunisieLa tradition,les habitantset le tourismeLe présent programmeEst financé par l’union européenneEuromedEuromed heritageAgencia españolaDe cooperación internacionalCol·legi d’aparelladorsI arquitectes tècnics de barcelonaMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA SAUVEGARDEDU PATRIMOINERépublique TunisienneInstitut National du PatrimoineTunisie


Consortium RehabimedResponsable du Project :Xavier CASANOVASMembres :Ministry of Communications and WorksDepartment of Antiquities of CyprusResponsable : Evi FIOURIBureau Culturel de l’Ambassade de laRépublique Arabe d’Egypte en FranceSupreme Council of Antiquities, EgypteResponsables : Mahmoud ISMAÏL et WahidMohamed EL-BARBARYCol·legi d’Aparelladors i Arquitectes Tècnics deBarcelona, EspagneResponsable : Xavier CASANOVASEcole d’Avignon, FranceResponsable : Patrice MOROT-SIRCentre Méditerranéen de l’EnvironnementMarrakech, MarocResponsable : Moulay Abdeslam SAMRAKANDIInstitut National du Patrimoine, TunisieResponsable : Mourad RAMMAHDirecteur :Xavier CASANOVASCoordination Opération Pilote:Mourad RAMMAHArchitecte Opération Pilote:Khaled KAROUITextes :Mourad RAMMAH et Khaled KAROUIEnquêtes:Noureddine LOGHMARIPhotos et images:Équipe RehabiMed, Ahmed GDAH, HarounSAMER et Pol GUILLARDComité scientifique du projet Rehabimed :Brigitte COLIN (UNESCO)Josep GIRALT (IEMed)Paul OLIVER (Oxford Brookes University)Traduction anglaise:ADDENDATraduction espagnole:Anna CAMPENYTraduction arabe:Saïed ALLANIMourad RAMMAHConception graphique :AD Lluís Mestres. Graphic Design: MartaVilches, Jordi RuizSite web :www.rehabimed.net© 2008 Col·legi d’Aparelladors i ArquitectesTècnicsde Barcelona pour le consortium RehabiMedBon Pastor, 5 – 08021 Barcelona, Espagnerehabimed@apabcn.catISBN:84-87104-89-4DL:B-11331/2008RehabiMed incite à la reproduction de cetouvrage ainsi qu’à la diffusion de son contenu,en citant sa source.Le projet a été financé par le programmeEuromed Heritage de l’Union européenneet l’Agencia Española de CooperaciónInternacional (AECI).Les opinions exposées dans le présentdocument ne reflètent pas nécessairement laposition de l’Union européenne ni celle de sesÉtats membres.


Note d’introductionLa Tunisie de l’ère nouvelle, considère –à juste titre – le patrimoine commeun facteur primordial de développement durable à même de préserverl’authenticité des peuples et leur diversité à une époque où les défis de lamondialisation menacent, sans répit, les sociétés, au point de perturber leurmode de vie et de mettre en cause leur cohésion.Le patrimoine fut ainsi l’objet d’une attention particulière et monsieur leprésident de la république a ordonné la création de plusieurs institutionsspécialisées dans la sauvegarde du patrimoine et à la formation de personnelscientifique et technique. D’autre part, les universités tunisiennes ont introduit,dans leurs enseignements, un ensemble de spécialités ayant trait au domainedu patrimoine et plusieurs textes juridiques, à l’exemple du code du patrimoinefurent promulgués afin de préserver l’authenticité de nos villes et nos siteshistoriques traditionnels.Aussi, la Tunisie a consacré tout un mois pour le patrimoine qui englobeplusieurs manifestations (expositions, colloques, conférences…). Tout cet efforta propulsé la Tunisie de l’ère nouvelle parmi les pays arabes et méditerranéensqui ont mené une politique exemplaire dans le domaine de la conservation etde la sauvegarde du patrimoine.Ce succès est, sans doute, à l’origine du choix porté par Rehabimed pour laréalisation d’un projet pilote en Tunisie et plus précisément dans la ville dekairouan qui est classée sur la liste du patrimoine mondial et qui a conservéson cachet traditionnel. La placette Zarrouk, dite Jraba, fut, ainsi, sélectionnéepour la réalisation de ce projet ayant pour thème :” Réhabilitation et tourismedurable”.3


Note d’introductionDe part sa position névralgique au centre de la Médina, puisqu’elle s’ouvre sur latotalité des rues et parcours attenants aux quartiers résidentiels, aux souks et auxmonuments historiques, la place Jraba offre un bel exemple de réhabilitationqui favorise le développement du tourisme culturel et durable.C’est justement le but de ce projet qui œuvre à favoriser la coopération entre lesdeux rives de la méditerranée. Cette mission noble qui instaure un dialogue entreles civilisations humaines permet de découvrir le génie des différents peuples àtravers leur patrimoine matériel et immatériel et d’assurer la compréhension etle dialogue entre les nations.Ainsi, la Tunisie opte-t-elle pour un tourisme culturel ayant des bases solidesancrées dans son substrat social chargé de trois mille ans d’histoire.Je saisis cette occasion pour remercier tous nos experts et spécialistes dupatrimoine et à leur tête monsieur Xavier Casanovas, coordinateur du projetRéhabimed et monsieur Mourad Rammah conservateur de la médina deKairouan qui ont veillé à la réalisation de ce projet. Ils ont pu ainsi conjuguerleurs efforts et coordonner leurs pensées pour aboutir à la réussite de ceprojet, prouvant, par là même, que la coopération entre les hommes, malgré ladifférence des langues, culture ou croyances, ne peut être que bénéfique.Je salue particulièrement la décision du comité du projet Réhabimed de publiercette expérience pour la mettre ainsi à la portée des spécialistes afin d’inspirerd’autres actions qui veilleront à la préservation de nos villes traditionnellesméditerranéennes et en vue d’assurer sa visibilité.Merci pour tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réalisation de ceprojet et à sa réussite, dans toutes ses étapes, depuis sa conception jusqu’à saconcrétisation et sa publication.Mohamed Béji Ben MamiDirecteur général de l’INPTunis, 30 janvier 20084


Sommaire1. Le tourisme culturel1.1 Patrimoine et tourisme culturel. Vers une gestion créative 8du patrimoine2. La ville de Kairouan2.1 Historique 132.2 Kairouan aujourd’hui 152.3 Caractéristiques architecturales de la Médina 162.4 Typologies des maisons 202.5 Modes de construction 232.6 Vocabulaire architectural kairouanais 233. Opération pilote3.1 Les objectifs de RehabiMed 243.2 Le tourisme culturel à Kairouan 253.3 La réhabilitation de la place Jraba 263.4 Séminaire: Réhabilitation et tourisme durable à Kairouan 273.5 La place Jraba 283.5.1 Objet de l’étude 303.5.2 Le projet d’intervention 303.5.3 Méthodologie et mode d’intervention 323.5.4 Les opérations réalisées 333.5.5 Vocation des lieux et plan d’épannelage 353.5.6 Aménagements réalisés 353.5.7 Description des opérations 404. Résultats de l’opération pilote.4.1 Journée de sensibilisation à Kairouan 454.2 Impressions de certaines personnes en relation avec la place 474.3 Inauguration de la place Jraba 495


SommaireManuel pour la réhabilitation de l’architecturetraditionnelle kairouanaise• Restauration des murs et enduits 53• Toiture traditionnelle 54• La chaux traditionnelle 55• Construction des voûtes 56• Fabrication de la brique pleine traditionnelle 57• Taille de la pierre 58• Pavage 59• Encadrement en pierre et menuiserie en bois 60• Installation électrique 61• Pergola traditionnelle 62• Portique en bois 636


1. Le tourisme culturelBosra, SyrieLe tourisme ne joue pas uniquement unrôle économique, il est aussi considérécomme une industrie humaine émanantde l’homme, destinée à l’homme etayant pour vocation de rapprocher lespeuples et de leur inculquer les valeurs detolérance, de concorde et de dialogue.Au cours des années soixante, les effortsdu gouvernement, des investisseurs etdes bailleurs de fonds se sont focalisés surle tourisme balnéaire du fait que la Tunisiedispose d’un littoral de 1300 km de plages,ce qui constituait, à l’époque, un fonds decommerce disponible et à bon marchéet une destination privilégiée pour lesmarchés classiques, en provenance del’Europe Occidentale.A présent et à l’heure des grandesmutations mondiales, il s’est avérénécessaire de varier le produit touristiqueet de dénicher de nouveaux marchéset ce, par la présentation d’un nouveauproduit capable d’attirer les non adeptesde la mer, à savoir, le potentiel culturel,patrimonial et écologique.La Tunisie est riche de trois milles ansd’histoire. Elle a connu, par le passé, demultiples cultures et civilisations qui sesont succédé sur son sol, tout en laissantleurs empreintes, à l’instar des ruinesde Carthage, du Colisée d’El Jem, desmosaïques du Musée du Bardo et des villeshistoriques, des monuments islamiquesde Kairouan, de Tunis, et de Sousse. Toutesces richesses patrimoniales et culturellespermettent à la Tunisie de se doter desatouts qu’il faut pour entrer de plain-pieddans le tourisme d’avenir.Le patrimoine constitue aujourd’hui unélément essentiel de l’offre touristique,qu’il s’agisse de la valorisation dupatrimoine ou de la valorisation avec lepatrimoine.7


1. Le tourisme culturel1.1 Patrimoine et tourisme culturel.Vers une gestion créative dupatrimoine“La capacité de remplir le vide d’une manièreintelligente est le résultat ultime de lacivilisation.”Bertrand RussellUne collaboration spéciale de ManelMiró et Ángeles Montesinos. STOADans l’Europe méditerranéenne, depuis ladécennie des années 90 du siècle dernier, lapréoccupation pour l’usage social des biensculturels a augmenté de manière significative.Il suffit pour s’en convaincre de voir la grandequantité de musées, de monuments et decentres d’interprétation qui ont ouvert leursportes au public ainsi que les nombreuxprojets qui ont été rédigés.En tant que consultants en matière depatrimoine et de tourisme culturel, nousavons très souvent dû répondre à la mêmequestion : Que pouvons-nous faire avecnotre château, avec notre église, avec notremosquée ou notre centre historique ?L’aspect intéressant de la question estque l’on ne nous demande pas commentconserver sinon comment rentabiliserl’investissement réalisé dans la conservation aubénéfice du développement local. En réalité,la principale demande que nous avons eueà combler en rédigeant et en dirigeant desprojets de mise en valeur du patrimoine aété de définir le rôle que les biens culturelsdevaient jouer dans un territoire déterminéet dans notre société. Il s’agit, en effet,d’une société qui met en question sonmodèle de développement traditionnel etqui commence à envisager des modèlesalternatifs basés sur le concept de durabilitéet de respect de l’environnement.Cela signifie que nous, professionnelsdu patrimoine, devrons de plus en plusassumer un rôle de médiateurs sociaux,tout particulièrement si l’on tient comptedu fait que la participation sociale et larecherche de larges consensus entreles habitants deviennent et seront lesclés de la planification des nouveauxscénarios de développement durable etrespectueux de l’environnement que l’oncommence à envisager dans l’ensemblede la Méditerranée.Toutefois, pour que ce processus soitcouronné de succès, deux éléments sontnécessaires :En premier lieu, la formation de nouveauxprofessionnels du patrimoine. Il fautdéfinir, en effet, les nouveaux profilsprofessionnels et concevoir les cyclesde formation correspondants. Il nesuffit plus maintenant de proposer leslicences ou les maîtrises traditionnellesde l’Université qui ont été conçuespour former des chercheurs et desenseignants. La nouvelle réalité exigedes professionnels du patrimoine qui,en plus d’être formés en matière d’art,en histoire, en anthropologie ou enarchéologie, connaissent les techniquesde la planification stratégique, dumarketing culturel, de l’interprétationdu patrimoine, et qui soient capablesde gérer un budget ou de préparer unecandidature pour une subvention dansle cadre d’un programme international.En second lieu, la modernisation de lagestion du patrimoine. Il faut mettre enplace un nouveau cadre théorique pourla mise en valeur du patrimoine basé surles concepts de développement local,de perspective territoriale et d’usagesocial du patrimoine. Mais, il ne suffitpas de s’armer de concepts théoriques,il faut aussi transformer en profondeurla structure administrative actuelle quifavorise une vision archaïque et planede la gestion du patrimoine, alors quel’on a besoin de visions stratégiques etcréatives.La préparation adéquate d’une nouvellegénération de professionnels ainsique l’application de ces concepts demodernisation aux projets de mise en8


1. Le tourisme culturelvaleur du patrimoine permettront defaire face au défi essentiel ainsi qu’à laprincipale menace qui visent actuellementle patrimoine d’architecture traditionnelleméditerranéenne :Le défi. Profiter de la conjoncturefavorable que suppose la croissancede la consommation culturelle pourfavoriser la dotation de ressources pourla récupération ainsi que la mise enadéquation des biens culturels. L’essordu tourisme culturel permet d’envisagerla mise en valeur du patrimoine dansla logique de l’économie de marchéet non plus seulement sur la base decritères essentialistes, corporatistes ouidéologiques. Ceci permettrait, en outre,de favoriser la participation de la sociétécivile (chefs d’entreprises, professionnels,associations, groupes, etc.) à la gestiondes biens culturels, qui cesserait ainsid’être l’exclusivité de l’administrationpublique et de faire le pas nécessaireà un véritable débat démocratique surl’usage des biens culturels.La menace. La menace est double. Enpremier lieu, elle provient de la survivancede modèles de développement baséssur la spéculation et non sur la durabilité,insensibles à la préservation des valeursculturelles et naturelles. En second lieu, elleprovient aussi des attitudes corporatistesSidi Bou Said, Tunisiede certains professionnels du patrimoinequi s’enferment, trop souvent, dans leurstours d’ivoire inaccessibles et oublientque l’une de leurs fonctions essentiellesconsiste à tendre des passerelles entre lepatrimoine et la société.Nous avons rencontré, plus d’une fois,des maires irrités par des excavationsarchéologiques en cours sur le territoirede leur commune. Souvent, la cause decette irritation était le retard apporté à destravaux qui les intéressaient davantageque l’archéologie. En d’autres occasions,cependant, qui sont précisément celles quinous intéressent ici, la cause de l’irritationétait que personne n’avait pris contactavec eux pour leur expliquer l’intérêt deces excavations ni ce qu’il était prévu d’enfaire par la suite, c’est-à-dire que, dans cedeuxième cas, les maires revendiquaientde pouvoir participer au processus demise en valeur du patrimoine de leurmunicipalité, bien au-delà de la simplemise à disposition d’un local dans lequell’équipe de l’excavation pourrait garder ses9


1. Le tourisme cultureloutils et instruments. Cette attitude meten évidence la faible participation qui esthabituellement concédée à la société civilequant à la prise de décisions par rapport auxprojets de mise en valeur du patrimoine.Nous savons tous que les ressourcesconsacrées à l’étude et à la mise envaleur du patrimoine sont limitées. Decette limitation découle la nécessité desélectionner et de choisir où, combien etcomment les ressources seront investies.L’absence de critères clairs pour prendreces décisions, critères sur lesquels on sesera préalablement mis d’accord, ouvrela porte à ce qu’un grand nombre d’entreelles soient prises sur la base de critèrescorporatistes, intéressés ou partisans, endeux mots, peu démocratiques.Pour résoudre de manière démocratiquece conflit d’intérêts, nous pensons quedeux choses sont nécessaires :D’un côté, il y a la généralisation desinstruments de planification de l’usagedes biens culturels, connue dans lemonde anglo-saxon sous l’appellationde plans stratégiques d’interprétationdu patrimoine. Ces plans, à l’instar desplans stratégiques territoriaux, doiventêtre élaborés à partir de la participationcitoyenne et ils ont comme finalité deparvenir à un consensus quant à l’usagedes biens culturels d’un territoiredéterminé. Ce type d’instruments estessentiel pour pouvoir développer despolitiques du patrimoine cohérenteset réalistes dans lesquelles onapportera une réponse à des questionsconcernant les priorités de restauration,le type d’activités proposées en priorité(ou subventionnées), le message quiest donné dans la perspective dupatrimoine, les publics potentiels,le type de patrimoine que doitgérer ou acquérir l’administration,les coutumes ou traditions que l’onsouhaite récupérer, les monuments quideviennent accessibles et la manièredont ils le deviennent, la formulepermettant d’assurer la rentabilité desinvestissements dans le patrimoine, etc.Si ces plans n’existent pas, il sera difficilede juger ou d’évaluer les résultats despropositions qui seront faites.En second lieu, pour faire face auxdérèglements provoqués par le modèleactuel de prise de décisions, il estnécessaire d’articuler un mécanismede participation qui permet auxresponsables politiques et aux agentssociaux d’un territoire déterminé demanifester leurs intérêts et inquiétudespar rapport à la mise en valeur de leurpatrimoine, y compris par rapportaux priorités des thèmes relatifs à larecherche. Pour que ces mécanismessoient opérationnels, ils devront travaillersur la base d’un plan d’interprétation, et,pour définir ce plan, il ne sera pas suffisantde rédiger un projet dans la solituded’un bureau, il faudra aussi rencontrerla population locale et découvrir sesopinions quant au patrimoine.Trop souvent, lorsque l’on envisage lanécessité ou la volonté de mettre envaleur le patrimoine d’un territoire, onpense ipso facto à la création d’un muséeethnographique ou, plus récemment,à la baguette magique des centresd’interprétation.L’une des erreurs les plus communes,lorsqu’il s’agit du thème de la mise envaleur des biens du patrimoine culturel,consiste à centrer le débat sur un bienisolé ou seulement sur l’un des aspectsqu’englobe la gestion de ces biens. Danscertains cas, par exemple, l’accent estmis exclusivement sur la préservation,et dans d’autres, il semble que la seulepréoccupation soit la diffusion.Cette erreur est le résultat de l’absencegénéralisée d’une conception territorialedans la gestion du patrimoine culturel.Sa conséquence la plus grave est qu’enmettant en avant un aspect au détrimentdes autres, on provoque des déséquilibreset des déviations : par exemple, ledéveloppement de la recherchescientifique sans une politique de diffusion10


1. Le tourisme culturelKairouan, TunisieKairouan, Tunisieet de communication avec le public est àl’origine de la conception des institutionspatrimoniales comme autant d’organesscientifiques d’accès très limité. Il seproduit la même chose avec les politiquescentrées exclusivement sur la conservation,qui limitent l’utilisation communautairedu patrimoine et empêchent sondéveloppement. Parallèlement, la diffusion,sans une documentation et une recherchepréalables, fausse la réalité ; et le manquede préservation provoque la destructiondu patrimoine.Face à ces manières de voir « unilatérales »,il est nécessaire de défendre l’idée quele patrimoine doit être compris commeun système complexe dans lequel doitexister un équilibre entre les cinq fonctionsqui synthétisent son usage et son actionsociale, c’est-à-dire la préservation, ladocumentation, l’investigation, l’acquisitionet la diffusion.Dans une perspective territoriale, la miseen valeur du patrimoine ne doit pas êtreenvisagée uniquement entre les quatremurs d’une exposition, mais elle doit êtreouverte à une idée intégrale du paysagequi compterait avec les témoignagesoriginaux et les constructions existantes,c’est-à-dire les lieux de la mémoire.De ce point de vue, le processus deplanification stratégique qui rend possiblele fait qu’une ressource patrimonialese transforme en un moteur dedéveloppement local peut être résumé entrois points principaux qui correspondentà trois moments différents : le premier faitréférence à la situation en vigueur du lieudans lequel on va travailler ; le deuxième,à la définition des objectifs et le troisièmeconsiste à se demander ce qu’il fautfaire pour atteindre ces objectifs. Quelledoit être la stratégie et la conception durésultat final ? Comment y parvenir (planopérationnel) ? Quelles activités de valeurgénérons-nous autour de lui, et comment11


1. Le tourisme culturelen faisons-nous la promotion (plan demarketing) ? Enfin, quelle est sa viabilitééconomique (plan de viabilité)?En premier lieu, il faut aborder les prémissesconsidérées, les premières idées ainsi queles conditions indispensables sur lesquellesse base le travail. Nous analyserons cidessousles trois piliers qui supportent lesprojets traitant du patrimoine et sa visioncomme destination touristique : le publicciblé (À qui nous adressons-nous ?), lemonument en lui-même (Que présentonsnous?) et le contexte dans lequel ilest inséré. Après avoir analysé ces troispiliers, nous définirons les faiblesses dupatrimoine, ses points forts, les menaces etles opportunités qui le concernent du pointde vue touristique afin d’évaluer la manièredont il pourra être adapté et modifié pouraugmenter son avantage concurrentiel.Cette analyse aidera à ébaucher une idéeclaire quant à la manière de séquencer leschangements dans les ressources et dansles infrastructures pour renforcer leurcompétitivité. À la fin de ce processus, ondevra être en mesure de présenter pourle patrimoine et la communauté danslaquelle il s’insère, comme destination,un éventail d’actions stratégiques etopérationnelles destinées à le positionnerdans le marché du tourisme culturel.Enfin, le point de départ de tout projetde mise en valeur du patrimoine consisteà découvrir ses publics possibles. End’autres termes, il réside dans le devoirde le conserver et de le protéger pour lesgénérations futures ainsi que de le fairedécouvrir aux générations actuelles, afinque celles-ci parviennent à établir desliens affectifs avec lui en le respectant eten le soignant.Cependant, pour pouvoir créer dessynergies entre le patrimoine et ses visiteurs(autochtones ou étrangers), il est nécessairede mettre en place des programmesinterprétatifs et muséographiques adaptésaux nécessités et aux expectatives deces derniers. En outre, il faut assurer sarentabilité aussi bien du point de vueéconomique (c’est-à-dire qu’il ne soit pasune charge pour les caisses municipales)que du point de vue social (qu’il favorisele fait que la communauté locale apprécieses avantages et son opportunité).Pour tout cela, nous devons partir desquestions de base : Qui viendra visiterla médina ? Qu’est-ce que ces visiteurss’attendent à y trouver ? Commentpouvons-nous faire en sorte qu’ils enprofitent en la comprenant ?Pour finir, nous aimerions laisser un certainnombre de questions ouvertes au débatet à la réflexion. Un meilleur engagementde la part de la société civile avec laculture de la durabilité est-il nécessaire ?Un meilleur enracinement et un plusgrand engagement de la part des agentséconomiques avec le développement etla conservation de leurs territoires sont-ilsnécessaires ? Une plus grande sensibilitéde la part des responsables politiqueset des professionnels du patrimoineet du tourisme envers la culture de laplanification est-elle nécessaire ?Si la réponse à ces questions estaffirmative, alors c’est le moment de s’enposer une autre: quel type de modèlesorganisationnels et de gestion dupatrimoine doit-on articuler pour intégrerle patrimoine dans les processus deplanification spatiale ? En d’autres termes,comment et à quelle(s) table(s) doivents’asseoir les responsables des biensculturels et de l’aménagement du territoirepour pouvoir réfléchir conjointementd’une manière intégrée et systématiquesur le rôle que peut avoir le patrimoineculturel et naturel dans la société actuelle,une société qui a une de ses principalescontradictions dans le conflit entrel’abus du territoire et l’usage durable etrespectueux de l’environnement.12


2. La ville de Kairouan2.1 HistoriqueFondée en l’an 50 H/670 J.C, pour servirde place d’arme pour la conquêtedu Maghreb, Kairouan profite duprolongement de la résistance berbèrepour se transformer en capitale politiqueet économique de la Tunisie. La villeconnut une période de prospéritééconomique et commerciale et uneépoque d’essor urbain à partir du milieudu VIIème siècle jusqu’au milieu du Xlèmesiècle. Les Aghlabites (800-909 J.C.) ladotèrent de ses plus beaux monuments,la Grande Mosquée (226 H/839 J.C.), laMosquée des trois portes (252 H/866 J.C.)et les Bassins des Aghlabites fondés enl’an 248 H/862 J.C.En 909, les Fatimides s’installèrent àRaqqada qui devint le siège du Califatet leur pouvoir s’étendit du Maghrebjusqu’en Egypte où ils fondèrent le Caire.Les califes fatimides quittèrent alorsla Tunisie et déléguèrent le pouvoir àleurs lieutenants, les Zirides qui firent deKairouan un grand centre de culture etd’art. L’apogée de leur action coïncideavec les invasions hilaliennes (449H/1057 J.C.) qui entraînèrent la désertionde l’Afrique du Nord par la majorité de sapopulation et le déclin du rayonnementde la ville.A l’avènement des Hafsides, la ville a connuune certaine renaissance. Dès le XIIIèmesiècle, la ville fut de nouveau protégéepar des remparts d’une longueur detrois kilomètres mais couvrant à peine ledixième de sa superficie initiale au momentde son apogée. El Mustansir et les princesqui lui avaient succédé se sont occupésparticulièrement de la Grande Mosquée.Ils consolidèrent ses murs et renouvelèrentses plafonds. Mausolées, marabouts etcoupoles furent édifiés par des soufis, desascètes et des hommes de religion quise multiplièrent dans la ville lui offrant uncachet d’une grande spiritualité.13


2. La ville de KairouanQuartier (houmet) el beyLes habitants y affluèrent, des bédouinss’y installèrent. Les mosquées telles quela Mosquée d’Ibn Khayrun et la mosquéeEl Muallak se réanimèrent. Les souks, telle souk des citernes, se réorganisèrent etles Kairouanais s’adaptèrent au contexteenvironnant constitué de champs decéréales et de grandes terres de parcours.La ville se transforma en centre de tannage,de pelleterie et de tissage. Elle devint unmarché commercial qui approvisionnaitl’arrière pays.Les Chabbiyya, chefs d’une principautéqui prit, au XVIème siècle, Kairouan pourcapitale, y installèrent le siège de leurgouvernement (Dar Imara), la Kasba etleurs habitations, autour de la place Jrabadont le souk fut déjà restauré et réaménagéà l’époque hafside. Plus tard, lorsqueMohamed Bey (1676-1697 J.C.) régnapendant 10 ans à Kairouan, les dignitairesde son régime s’installèrent dans cequartier, favorisant son embellissement etsa revalorisation. C’est ainsi que plusieursdes demeures de ce quartier ont gardéla beauté de leur architecture avec desfaçades sculptées et des plafonds peintsselon le style maghrébin.C’est ainsi que le XVIIème et le XVIII èmesiècles constituent une période de stabilitéet de relative prospérité accompagnéesd’un développement du tissu urbainessentiellement dans la partie orientale dela ville, celle qui entoure la Grande Mosquée.Déjà, à la suite de la reconquesta espagnole,une importante communauté andalouses’est installée dans un quartier qui porterale nom de “Khadraouine” par référenceà l’île espagnole El Khadra d’où provientl’essentiel des contingents. Ce quartier sesitue à l’Ouest de la Grande Mosquée et seprolonge jusqu’à la place Jraba.14


2. La ville de KairouanKairouan bénéficia de la sollicitudedes Mouradites et des Husseinites quiremédièrent à la négligence dont la villefut l’objet à l’époque des gouverneursOttomans. Husseïn Ben Ali prodiguaune attention particulière à Kairouan enreconstruisant ses remparts et en édifiantla Médersa Husseïnite. Ses successeurssuivirent son exemple en signe dereconnaissance pour la position prise parla ville lors de la rébellion de Ali Bacha.Au XIX ème siècle, le voyageur Guérinestime la population de Kairouan à 12000habitants. Kairouan garda ainsi, parmiles autres villes de la régence, une placeprépondérante qu’elle ne perdra que sousle protectorat français.2.2. Kairouan aujourd’huiAujourd’hui, Kairouan est le siège d’ungouvernorat. La population de la villedépasse les 125.000 habitants et la villese compose de la médina, entourée deses remparts et des quartiers modernesqui groupent les services administratifs,hôtels et centre commercial. La ville agardé aussi une certaine vocation deville sainte; elle est toujours considéréecomme la capitale spirituelle du pays. Lesfêtes religieuses y revêtent un charmeparticulier et sont célébrées avec éclat.Les nuits du mois de Ramadhan sontmémorables. La ville célèbre, chaqueannée, la cérémonie officielle du Mouled(anniversaire de la naissance du prophète)qui se tient à la Grande Mosquée et aumausolée de Sidi-Saheb, compagnondu prophète. A cette occasion, la villedraine une foule considérable de visiteurstunisiens et étrangers.Kairouan, c’est également la tradition.Cette tradition a aidé à maintenir unsecteur artisanal florissant. Les nombreuxsouks de la ville sont spécialisés parbranches d’activités : souk de la laine,des tisserands, du cuir, des ciseleurs,souk du tapis où on vend encore lestapis à la criée… Ces souks occupentle centre de la médina, mais d’autresactivités artisanales dites salissantessont placées à l’extérieur des rempartscomme celle des Nhaiçia, chaudronniers,étameurs et teinturiers. Mais, l’activitéla plus développée, c’est celle dutapis ; elle occupe une main-d’œuvreessentiellement féminine. Le tapiskairouanais est célèbre dans le mondeentier. La ville développe diverses autresactivités artisanales aussi renommées.C’est le cas des costumes traditionnelstels la jebba, le burnous en pure laine,le hayek (voile féminin), les gants detoilettes, les selles de chevaux, etc…Enfin, Kairouan c’est aussi un art culinaireancestral ; le Makroudh, les différentesvariétés de pain, le beignet au miel, lecouscous à l’agneau ne sont que desexemples révélateurs de la richesse decette cuisine kairouanaise.La Médina de Kairouan constitueun véritable musée vivant d’art etd’architecture arabo-musulmane par sesmonuments (un peu plus d’une centaine),ses souks, ses maisons et ses ruelles quirestent encore un éloquent témoignagede son prestigieux passé.Kairouan avait été surnommée la ville“aux trois cent mosquées”. Malgré lesnombreuses réaffections ou la disparitiond’un bon nombre de ces lieux de culte (ilsne sont plus que 66, actuellement, dont4 mosquées et 62 mesjeds), la Médinade Kairouan est truffée d’anciens petitsoratoires de quartier dont la plupartportent le nom des premiers fondateurs :mesjed Attallah, mesjed Trad, mesjed AbiMaysara, mesjed al-Houbouli, etc ...A ces lieux de culte, s’ajoute unecinquantaine de zaouias : mausolées oùsont enterrés d’illustres personnages dela ville. Vingt quatre monuments ont étéclassés par vagues successives et ce, dèsle début de ce siècle. Les monumentsconstituent les vestiges les plus marquants15


2. La ville de KairouanLa Grande MosquéeLes rempartsde l’école kairouanaise qui a inspiré et aservi de modèle aux édifices construits danstout le bassin occidental de l’Islam pendantplusieurs siècles. Ils font partie intégrantede la Médina et leur sauvegarde passenécessairement par la conservation de leurensemble architectural et urbanistiqueauquel ils sont intimement liés.Cette richesse architecturale expliquele classement, le 9 Décembre 1988,de la Médina de Kairouan sur la listedu patrimoine mondial par l’UNESCOen répondant à cinq des six critèresd’évaluation.2.3 Caractéristiques architecturales dela MédinaLa Médina de Kairouan est un ensembleurbain de forme trapézoïdale, d’unesuperficie de 52 ha, d’une longueurmoyenne de 1000 m et d’une largeurmoyenne de 500 m, dimensions des axesmajeurs de la ville implantés selon desorientations Nord-Sud et Est-Ouest.La Médina présente un axe structurant dedirection Nord-Sud, la rue du 7 Novembre,nettement décentrée vers l’Ouest, reliantles deux portes principales de la ville etdonnant accès aux souks situés au coeurdu tissu urbain. Le tramage des voies dela Médina montre une prédominancenette des voies de direction Est-Ouest (voies longitudinales). Les ruesprincipales présentent des ramificationsdont certaines finissent en impasses.La structure viaire se ramifie de plus enplus que l’on se rapproche de la GrandeMosquée. L’observation du rapport pleinvidedans la Médina de Kairouan montreune dominante absolue du plein, ce quicaractérise les tissus traditionnels de typearabo-musulman. Il s’agit d’un tissu d’unedensité particulièrement importante. Lesvides sont constitués par les patios deslogements, par les rues et les impasses etpar les places et placettes.16


2. La ville de KairouanLes patios sont de taille relativementimportante et représentent la partie la plusperceptible du vide alors que les espacespublics apparaissent particulièrementexigus. Les places, ou du moins lesespaces non construits, sont concentréesdans la périphérie du tissu urbain, au Nordet à l’Est de la ville et dans les alentoursde la Grande Mosquée. A l’intérieur mêmedu tissu, une seule place se distingue aucoeur de la Médina, la place “Jraba”, faisantpartie intégrante des souks.Dans les zones périphériques du tissuurbain, les places présentent l’aspectd’espaces résiduels (pas de fonctionpropre, pas de forme structurée), àl’exception de la place “Ghassela” dontl’ancien rôle de lieu de lavage de peauxde moutons, fait d’elle, aujourd’hui encore,une place publique notoirement connue.Quand au plein, il est constitué deconstructions à rez-de-chaussée ou àR+1 dans des proportions quasi égales.Ce plein est constitué de divers îlots delogements à patios accolés les uns auxautres, structurés autour d’une massecentrale constituée par les souks.La Médina est constituée de plusieurs“houma” (quartiers) tels que “HoumetEljemâa”, “Houmet El Bey”, “HoumetEssdedma...”. Les logements sont soitDar MrabetDar BourasRuelle à arc bouton17


2. La ville de KairouanRue du 7 novembreRue des Trois portesdes “dar”, maisons à patio, avec ou sansétage, accolées les unes aux autres, soitdes “ali”, appartements indépendantssitués au-dessus d’autres logements oude boutiques ou encore de “makhzen”(dépôts).L’habitat représente près de 80% du tissuurbain de la Médina. Pour l’ensemble dela Médina, on dénombre 1340 logementsdont près de 300 comportent unétage (ali). La superficie moyenne deslogements serait de l’ordre de 285 m 2 avecd’énormes patios dont les superficies lesplus courantes varient de 75 à 125 m 2.Artère principale et centre de négocemajeur, le “souk” (couramment appeléla rue du 7 Novembre) relie les deuxprincipales portes de la ville : la porteJalledines et la porte de Tunis. Malgrésa largeur et sa longueur (425 mètresenviron), son irrégularité offre de bellesséquences visuelles et des perspectivesdynamiques changeant sans cesse.Les rues de la Médina ont des largeurscomprises entre 3 et 5m et les constructionsqui les longent sont, généralement, soità rez-de-chaussée, soit à un étage, dansdes proportions pratiquement égales.Les rues sont jalonnées d’événementsarchitecturaux tels que le minaret d’unmesjed, un traitement d’angle, un “Sabat”qui marque souvent la transition entre lesdifférents types de rues et de places. Lesimpasses représentent le lieu de transitionentre l’espace public (la rue) et l’espaceprivé (le logement) et sont considérées18


2. La ville de KairouanMausolée Sidi Sahibcomme étant le prolongement immédiatde la “Driba” ou de la “Skifa” (hall d’entrée).Une impasse peut présenter deux oumême trois coudes et sa largeur estsouvent inférieure à un mètre. Le logementle plus grand se trouve situé au fond del’impasse et devancé par des logementsplus modestes. Cependant, l’implantationsystématique des grandes demeuressur les voies principales constitue unecaractéristique de la Médina de Kairouan.Au cœur de la Médina et au centre detoutes les activités, les souks se présententcomme la plus importante masse du tissuurbain. Perpendiculairement à l’artèreprincipale du 7 Novembre où se tassel’essentiel des boutiques et magasins,se prolongent les souks couverts (soukdes tapis, souk des parfums, souk desblaghgia…), jusqu’à la place Jraba quiabrite les boutiques des tisserands.A l’instar de tous les tissus urbainstraditionnels de type arabo-musulman,la hiérarchisation spatiale qui caractérisel’organisation des différentes composantesurbaines de la Médina, offre auxhabitants et aux visiteurs une granderichesse séquentielle et des perspectivesvisuelles particulièrement animéespar le vocabulaire architectural et leséléments architectoniques utilisés et parla succession des zones d’ombre et delumière. Du point de vue morphologique,la Médina de Kairouan se caractérise parplusieurs aspects originaux :• la séparation spatiale entre les souks etla Grande Mosquée,19


2. La ville de Kairouan• l’importance fonctionnelle et spatialede son axe commercial,• la hiérarchisation partielle de ses voies,la compacité de son tissu.2.4. Typologies des maisonsLa typologie de la maison traditionnellekairouanaise est adaptée au climat, à lastructure familiale, au mode de vie et auxtraditions sociales de la population locale.Cette typologie est sous-tendue par leprincipe fondamental de l’intimité dulogement par rapport à l’espace extérieur.Ce principe est à l’origine de la formeintrovertie du logement traditionnel,se matérialisant par l’organisation dulogement autour d’une cour centrale (lepatio) et une entrée en chicane avec unou plusieurs espaces de transition entre larue et le patio (skifa et driba).La typologie de la maison kairouanaisepeut être subdivisée en trois types delogements correspondant à la hiérarchiedes classes sociales, allant de la grandedemeure à la maison modeste :La grande demeure appartient auxfamilles aristocratiques telles queles Bouras, les Mrabet ... ; la maisonbourgeoise appartient aux grandscommerçants, aux hommes de lettreset de sciences et aux hommes deloi, tels que les Rammeh, les Allani...;la maison modeste correspond aulogement commun du kairouanais.L’organisation est contraire à toutprincipe de ségrégation sociale. Lesgrandes demeures avoisinent lesmaisons modestes. D’une manière assezoriginale, les grandes demeures sontsituées à la périphérie des îlots et leursfaçades donnent directement sur lesrues principales et les places. La richessearchitecturale de leurs façades (nombre,Dar BourasPatio20


2. La ville de Kairouantaille et traitement des ouvertures,utilisation du moucharabieh...) contrasteavec la sobriété des façades presqueaveugles des logements communs quiles jouxtent.La maison kairouanaise est généralementcomposée des éléments suivants :Entrée en chicaneLa chicane d’entrée constitue un ouplusieurs écrans de séparation entre lemonde intérieur et le monde extérieur.Dans les grandes demeures, la “driba” estla première pièce de distribution qu’ondécouvre en ouvrant la porte d’entrée(“beb eddar”) et qui permet l’accès à undeuxième espace de la chicane, la “skifa”, àl’étage “el ali”, au “makhzen” et à la maisondes domestiques.PatioTous les espaces de la maison s’organisentautour d’une cour centrale où se dérouleune grande part des activités familiales.Le patio, dallé généralement de blocs de“sawen”, permet l’aération et l’éclairagedes espaces intérieurs du logement. Lafaçade classique d’un patio, côté chambred’habitation, est constituée d’une portecentrale encadrée, de part et d’autre, pardeux fenêtres selon une compositionsymétrique. Dans l’espace du patio, onretrouve, presque invariablement, laciterne “el mejel” où sont collectées leseaux pluviales, le puits “el bir”, accessibledepuis la cuisine et l’étage, “El âssar”,baguette en bois accrochée à l’une desfaçades du patio, utilisée pour l’essoragedu linge.Trois à quatre pièces d’habitations’organisent autour du patio qui lesdessert directement. Ces pièces peuventêtre de forme simplement rectangulaireou plus élaborées en forme de T, appeléesalors, “mejless”.Le “ mejless” ou “bit ras ed-dar”Orienté généralement Est ou Sud-Est, lemejless constitue la pièce principale dela maison. Il est subdivisé en plusieurssous-espaces : trois alcôves et deuxchambrettes, les “maksouras”. L’alcôvemédiane, appelée “kbou” ou “rutba”, faitusage d’espace de séjour familial. Deuxarcs s’ouvrent sur les alcôves latérales “bithajjem” avec des lits ou “serir”, surmontéspar une “sedda” ou un “mestrak”, utiliséspour le rangement. Le plafond du“mejless”, dans les grandes demeures, esten bois décoré de motifs floraux, tandisque les murs intérieurs sont recouvertspar des carreaux de faïences.Le “ardhi” ou “bit ed diwan”C’est une pièce rectangulaire avec, quelquesfois, une alcôve centrale de moindreimportance que celle de “bit ras ed-dar”. Saforme est particulièrement longitudinale(sa longueur est beaucoup plus importanteque sa largeur). Elle sert de chambre àcoucher mais aussi de pièce de séjour, “bitkaâd”, pour la maîtresse de maison. C’est làoù elle se tient habituellement.“Naouela” ou “dwiria”Ce sont deux synonymes désignant lacuisine et ses annexes, où sont aménagésun coin de préparation ou “oujak”, desplacards à provisions, des toilettes etune salle d’eau (“mathara”). L’éclairageet l’aération de la “dwiria” se font par unlanterneau, ou “madhoua”, situé au niveaude la clé de la voûte croisée qui surplombegénéralement l’espace de préparation.Le “dehliz” et la “matmoura”Pavés généralement de dalles de“chaouat” et éclairés par des ouverturesen biais. Dans le “dehliz” sont entreposéesd’énormes jarres de stockage de denréesalimentaires qui bénéficient d’unetempérature ambiante quasi constantepermettant leur conservation duranttoute l’année. On accède aussi, à partir de21


2. La ville de KairouanLe hriLe mejlessla cour, par un rebord en marbre, à une“matmoura” souterraine où sont stockésles “bharat” (épices) et les graines avant deles monter au “hri”.Le “hri”Il s’agit de plusieurs pièces qui sesuccèdent, situées à l’étage et réservéesau dépôt et au séchage de la laine et des“bharat” et au stockage des graines. “Elhri” est spécifique aux grandes demeureset aux maisons bourgeoises. La hauteursous plafond de cet espace ne dépassepas 2,10 mètres et le plafond est en “oudel ârâr”. L’éclairage et l’aération du “hri”se font à partir de petites ouvertures enforme de meurtrières. Les denrées sontacheminées dans le “hri”par un systèmede poulie (“jarrar”) fixé à une grandeouverture donnant sur le patio.“Ali”Sont ainsi désignés les appartementssitués à l’étage, réservés au maître demaison et aux invités. “El ali” est composéd’une ou de plusieurs pièces et même d’un“mejless aloui”, réservé exclusivement à laretraite du maître. Ce “mejless” est pourvu,dans les grandes demeures, de deuxfenêtres et d’un moucharabieh “gannaria”qui dominent les terrasses avoisinanteset offrent au maître des lieux une vuepanoramique de la ville. Au niveau del’étage, on trouve aussi l’appartement desinvités “bit ou dar eddhiafa” et la maisondes domestiques située à côté du “hri”.22


2. La ville de Kairouansiècle et durant le XVIIIème, nombreusessont les couvertures en bois qui furentmodelées et peintes selon le stylemaghrébin. Pour les maisons modestes,on utilisait couramment le bois degenévrier pour les toitures.2.5 Modes de constructionLes techniques et les matériaux deconstruction traditionnels se présententcomme suit :Les fondations sont réalisées en “nisf”,mélange de gros tessons de briques avecdu sable et de la chaux compressés àl’aide d’une dame en bois. Le “siflani”, sortede cendre provenant des résidus desfours de briques qui entouraient la ville,était placé au niveau des fondations pourassurer l’isolation contre l’humidité.Dans les premières assises du mur, onutilise de la pierre taillée de gros calibre(récupérée des constructions anciennes).La construction se poursuit en briquescuites (ou en nisf ) fabriquées dans lesfours qui entouraient la ville. Les liants sontconstitués d’argile mélangée à de la chaux.Les constructions sont badigeonnées dechaux distillée qui assure la protectionprolongée contre l’humidité.Les premiers types de toitures sontles voûtes d’arêtes ou en berceau etles coupoles sur trompes. Le bois étaitutilisé rarement pour les toitures. Pour laconstruction de la Grande Mosquée, ona eu recours au bois importé de Sicile.Plus tard, le bois de cèdre fut utilisé pourla couverture des parties les plus noblesde la maison, essentiellement pour les“Mejles”. A partir de la fin du XVIIèmeLe mode de construction traditionnelimplique un entretien continu pour laréfection des couvertures en mortier etle badigeonnage à la chaux. Nombreusessont les demeures qui ne disposent pas defondations en pierres. L’emploi de l’argilecomme mortier rend les structures fragileset sensibles à la remontée capillaire.2.6 Vocabulaire architecturalkairouanais :Le répertoire architectural kairouanais sedistingue par les éléments suivants :• Arcs outrepassés et brisés• Coupole sur trompe à tambouroctogonal et à calotte côtelée ouarrondie• Plafonds en bois à solives• Machrabiyas• Voûtes d’arêtes et en berceau• Maisons à cours centrales• Revêtement en plâtre et en céramique23


3. Opération pilotede la valeur du patrimoine architecturaltraditionnel, connaissance acquise grâceau projet précédent, CORPUS.Renforcer l’activité de réhabilitationacquiert un sens particulier dans lamesure où il s’agit d’un sous-secteuravec un grand potentiel économiqueet un indicateur de développementclair. Nous ne pouvons pas oublier qu’enEurope, l’investissement en réhabilitationet entretien des bâtiments occupe 50%de l’activité du secteur de constructionalors que dans les pays du Sud et de l’Estméditerranéens, cette activité n’arrivemême pas à 10%.3.1 Les objectifs de RehabiMedLe projet RehabiMed fait partie duprogramme Euromed Heritage dela Commission européenne. Il s’agitd’un programme culturel, né suite à laConférence Euroméditerranéenne deBarcelone, en 1995, avec le but de créer unespace de collaboration et de paix dansle bassin méditerranéen. Dans ce cadreinternational et grâce à un programmeambitieux, RehabiMed a visé, commeobjectif pour ses actions, le renforcementde l’activité de réhabilitation commefacteur de développement durable, danstous les pays de la Méditerranée. Le pointde départ était une bonne connaissanceLa valeur de ces actions a un double sens,d’un côté, on contribue à améliorer lecadre de vie des habitants et de l’autre,on préserve l’identité historique etculturelle du patrimoine d’architecturetraditionnelle qui prend de la valeur dejour en jour. Il s’agit d’un patrimoinevivant, d’autant plus qu’il abrite plusieursfamilles et se trouve au milieu et au cœurde la ville actuelle. Aussi, il est sous uneforte pression économique et sociale eten même temps, il présente des difficultéspour répondre aux besoins de l’habitatmoderne.L’objectif de RehabiMed est donc, detrouver un chemin et d’établir une24


3. Opération piloteMéthode qui rendent plus facilel’équilibre entre l’amélioration du cadrede vie des habitants et la préservationdu patrimoine en tenant compte destrois piliers de la durabilité (économique,social et environnemental). Dans cettedémarche, il faudra toujours penser àtous les agents de la réhabilitation et àleur participation (les élus, les décideurs,le grand éventail des professionnelsconcernés et les habitants).La Méthode, proposée par RehabiMed,considère la réhabilitation de l’architecturetraditionnelle dans le cadre d’un processusde revitalisation et de régénération duterritoire, une intervention aussi biensur l’environnement physique que sur lapopulation qu’il héberge, en garantissantson adaptation cohérente aux nécessitésde la vie contemporaine. La réhabilitationdoit être un processus de transformationlent et programmé, avec des objectifs àmoyen et à long terme. D’un point de vueplus technique, la Méthode RehabiMedpropose d’ordonner et de systématiserles étapes du processus de réhabilitation(orientation, diagnostic, stratégie, action etsuivi)en même temps que l’identificationdes outils et des instruments à considérer(techniques, administratifs et légaux) pourleur gestion et leur développement et enmême temps donne des critères pouraider à la réflexion sur les problèmes et lesstratégies à mettre en place pour garantirle succès du processus.Au moment de rédiger le contenu duprojet RehabiMed, en 2001, quatre vecteursde la réhabilitation ont été retenus:Réhabilitation et paysage urbain (Lefkara,Chypre) ; Réhabilitation et artisans (Le Caire,Egypte) ; Réhabilitation et tourisme durable(Kairouan, Tunisie) et Réhabilitation etaction sociale (Marrakech, Maroc).3.2 Le tourisme culturel à KairouanKairouan figure parmi les villes pionnièresdu tourisme culturel en Tunisie. Lamosquée d’Okba a toujours impressionnéles visiteurs, les peintres et écrivainsétrangers. Le plus illustre parmi eux, Guy deMaupassant, écrivait en 1899 : «L’harmonieunique de ce temple vient de la proportionet du nombre de ces fûts légers qui portentl’édifice, l’emplissent, le peuplent, le font cequ’il est, créent sa grâce et sa grandeur. Leurmultitude colorée donne à l’œil l’impressionde l’illimité, tandis que l’étendu peu élevéede l’édifice donne à l’âme une sensation depesanteur.» et Paul Klee, émerveillé parcette ville, écrivit en 1914 : « Kairouan, pasd’impression isolée mais un tout. Une desmille et une nuits, arôme combien pénétrantet enivrant, élucidant à la fois… »D’ailleurs, au moment de l’essor dutourisme international, en Tunisie, au débutdu XXème siècle, Kairouan figurait parmiles destinations et les étapes importantesde l’itinéraire des groupes de touristes serendant en Tunisie. C’est ainsi qu’en 1951,sur 73000 touristes qui ont visité la Tunisie,15000 se sont déplacés à Kairouan. À partirdes années 90 et à la suite de l’éclosiondu tourisme balnéaire et de plages, cettedécadence devint alarmante. C’est ainsique le nombre de touristes se procurantdes billets pour la visite des monumentsde la ville, est passé de 264.000 en 1975 à243.000 en 1995, alors que le nombre destouristes visitant la Tunisie a triplé. Cettesituation alarmante engendrera une prisede conscience de la part des pouvoirspublics qui établirent une stratégieambitieuse pour promouvoir le tourismeculturel à Kairouan et en faire un des piliersdu développement économique de laville. Ainsi, le président de la Républiquea ordonné, lors d’un conseil ministérielconsacré à la région de Kairouan et tenu aumois de juin 2004, de réaliser une étude surle tourisme culturel à Kairouan.Ce contexte favorable justifie que leprojet Réhabimed a choisi de porterl’action pilote consacrée à la Tunisie, surle thème : « Réhabilitation et tourismedurable à Kairouan ». Après concertationavec les autorités régionales et les25


3. Opération pilotereprésentants de plusieurs associations,il a été décidé que l’action pilote seraconsacrée à l’aménagement et à laréhabilitation de la place Jraba.3.3 La réhabilitation de la place JrabaLes centres historiques traversentactuellement une véritable révolution desmodes d’occupation de l’espace urbain.La destruction des mécanismes urbainset architecturaux locaux, accompagnée,aujourd’hui, par une grande pousséedémographique, génère de nouvellessituations parfois alarmantes quinécessitent la mise en place des actions etla définition des stratégies d’interventions,de sauvegarde et de mise en valeur rapideet efficace. Ces actions doivent permettred’introduire un dynamisme fécond,susceptible d’assurer le développementdes nouvelles activités à caractèreéconomique tel que le tourisme. Cesactivités constituent aujourd’hui une dessources importantes à effet positif sur lepatrimoine. De ce fait, une des premièrespriorités serait d’assurer une préservationde ces témoignages et d’initier des actionsde mise en valeur visant la conservation etla revitalisation des ensembles historiques,considérés comme un grand potentieltouristique à exploiter avec beaucoup demesure, de droiture et de prudence.Le caractère culturel et touristique de lamédina de Kairouan et particulièrementde la place Jraba, devra être renforcé.Tenir compte de l’enjeu culturelsignifie sauvegarder les caractéristiquespertinentes du centre historique, espacede rencontre par excellence de toutes lesexpressions culturelles. Ainsi, sauvegarderle caractère architectural des places et desquartiers historiques ne doit pas entraverle développement réel de la ville. Il nefaut pas perdre de vue qu’il s’agit d’uneville vivante, jouant un rôle économiqueet social important qui devra être renforcépar une nouvelle vocation touristique.La conciliation de l’enjeu culturel etéconomique devra se traduire par unintérêt relatif de la mise en forme d’unprogramme d’animation de la place“Jraba”, avec l’impératif d’un espace urbaincompétitif capable d’offrir à ses riverainsdes avantages équivalents à ceux qu’ilspeuvent trouver ailleurs et jouant lerôle de nœud dans le circuit touristiquereliant la porte sud de la ville à la Grande26


3. Opération piloteInauguration du Séminaire Rehabimed Inauguration de l’exposition :”Vivre en Méditerranée”Mosquée. C’est cet impératif qui est à labase de notre projet d’aménagement etde revitalisation. Cette conciliation n’estpas facile à réaliser. Elle est complexe etdélicate et engage une intervention surun tissu ancien chargé d’histoire.Ainsi, donner plus de poids à l’enjeuculturel et touristique peut entraverl’adaptation de la place aux nécessités dela vie quotidienne. À l’inverse, privilégierl’objectif de la revitalisation de la place,sans prendre les précautions et les mesuresde contrôle nécessaires, peut, à terme,dénaturer la place et son environnementimmédiat et finir par défigurer le cadrebâti que l’on cherche à sauvegarder.À ce titre, l’aménagement et la revitalisationde la place Jraba doivent prendre encompte les objectifs d’amélioration ducadre bâti, tout en cherchant à maintenir leniveau d’activité caractéristique d’une placeimportante dans la médina de Kairouan etl’intégrer dans le circuit touristique, parcoursmajeur de développement des nouvellesactivités de la médina de Kairouan.3.4 Séminaire Réhabilitation ettourisme durable à KairouanDu 19 au 26 juin, la ville de Kairouan, atenu un séminaire Rehabimed intitulé :Réhabilitation et tourisme durable. Il s’agitdu 4ème séminaire réalisé par Rehabimed,qui avait pour objectif essentiel l’analyse ainsique la systématisation des interventionsdans le patrimoine traditionnel destinées àla gestion d’un tourisme cohabitant avec lestraditions et permettant un développementdurable et respectueux de l’environnement.Les conférenciers, experts en réhabilitationde l’architecture traditionnelle, ont exposéaussi bien la méthodologie que l’analysedes travaux effectués en Tunisie.Ce séminaire a permis aussi l’élaborationd’une ébauche d’étude relative àl’aménagement de la place Jraba,opération pilote.27


3. Opération piloteLiée au séminaire et à vocation essentiellede sensibilisation de la population,l’exposition: Habiter la Méditerranée a étéorganisée à Kairouan puis elle a circulédans d’autres villes tunisiennes.3.5 La place JrabaLa place “Jraba” constitue une aire historiquequi jouait le rôle de centre commercialcomportant des boutiques de tisserands,de fileurs de laine et de teinturiers.Au début du XX e siècle, elle fut aménagée.Certaines boutiques furent démolies etla place fut agrandie. Depuis, elle s’esttransformée en un nœud qui relie lesprincipales artères au cœur de la médina.Cette zone, objet de notre intervention,couvre une superficie de 1000 m 2 etregroupe des équipements importants :une mosquée, un dispensaire, des souks,la mosquée des Trois Portes et le mausoléeMoulay Taieb.Depuis 1995, toute l’artère reliant la portesud de la médina à la Grande Mosquée etqui constitue un des circuits touristiques lesplus importants de la médina, long de plusde 800 m., a été réhabilitée et aménagée.Ses façades ont été ravalées, les réseauxélectriques et téléphoniques encastrés, lessols pavés, certaines maisons restaurées etune signalisation directionnelle a été miseen place.Seule la place Jraba qui occupe pourtantune position centrale au sein du circuit,Les artisans de la place Jraba28


3. Opération pilotea été épargnée. Mieux encore, un projetde réhabilitation similaire, financé parun prêt de la Banque mondiale, quiconcerne les artères longeant la GrandeMosquée et d’autres zones de la médina,l’a délaissée malgré son importance et saposition stratégique.Cette opération recouvre tous les typesd’interventions susceptibles d’être menéesdans la médina, en ce qui concerne lesaccès, les activités, l’embellissement,l’habitat et l’environnement.Sur la base d’un diagnostic général de laplace et de ses alentours, nous avons fixéles problèmes majeurs qui ont nécessitéune intervention et nous avons procédéà la définition d’un parti d’aménagementque nous avons réussi à mettre enœuvre, ce qui a permis d’assurer unbon fonctionnement de la place et uneamélioration de son aspect esthétiquequi lui ont fait retrouver sa vitalité et sondynamisme d’antan.3.5.1 Objet de l’étudeL’étude de l’aménagement de la placeJraba a pour objet de proposer auxautorités un programme opérationnelpour sa mise en valeur, son aménagementet sa réhabilitation.Les principales tâches sont définiescomme suit :• Évaluation de l’ampleur et de la naturedes problèmes affectant la place.• Identification d’un ensemble d’actionsrequises pour répondre aux différentsproblèmes affectant la place Jraba.• Proposition d’une approche cohérentepour la revitalisation et la mise envaleur de la place.3.5.2 Le projet d’interventionIl s’agit d’intégrer la place dans le circuittouristique de la Médina de Kairouan (deBab Jalladine vers la Grande MosquéeOkba Ibn Nafaa). L’objectif est deconfirmer son rôle d’organe d’articulationentre les différents circuits touristiquesqui traversent la Médina, essentiellementl’itinéraire reliant la Grande Mosquée auxsouks traditionnels.La place Jraba doit servir de pointd’attraction, de halte d’agrément marquéepar la présence d’un café traditionnelexistant, la restauration des boutiques desouvenirs, l’implantation d’un panneausignalétique en céramique qui assurel’orientation des touristes vers les différentsmonuments historiques de la Médina etaussi, l’aménagement des boutiques detissage, de fabrication de gants traditionnelset de confection des costumes traditionnelsafin d’encourager l’artisanat.La stratégie d’aménagement que nousavons adoptée était simple et crédible, demanière à infléchir dans un sens positif,les anticipations, cela afin d’éviter ladégradation qui pourrait dénaturer la placeet faire en sorte qu’elle redevienne un lieuintéressant, un espace potentiel réinvesti denouvelles fonctions capables de revitaliseret de créer un dynamisme galopant.La stratégie que nous avons appliquée,englobe des actions simultanées qui sontdétaillées comme suit :1. L’amélioration de l’accessibilité qui est à labase de la revalorisation du tissu urbain.Les solutions que nous avons adoptéespour l’introduction de la circulationautomobile dans la place sont subtiles.Ce qui a permis d’éviter que la placettesoit incommode pour la circulation,sans pour autant l’isoler. Le jumelage deces deux fonctions nécessite un efforttechnique de conciliation important,qui a permis d’éviter le conflit de lacirculation piétonne et véhiculaire.2. Le contrôle et l’orientation desactivités économiques a permisde garder seulement celles quisont compatibles avec la place afin30


3. Opération piloted’assurer l’amélioration des servicespublics et de l’environnement (eau,assainissement. éclairage, ramassagedes ordures ménagères, etc.)3. L’enrichissement de l’espace urbain estl’une de nos premières préoccupations.En effet, l’objectif de nos actions est depallier à l’appauvrissement esthétiquede la place et de son environnementimmédiat.Nous avons accordé un intérêtparticulier au répertoire esthétiquedes éléments architecturaux quiinterviennent dans la conception desespaces urbains et qui ne doivent pasêtre perturbés, mais complétés parde nouvelles interventions. Chaqueintervention ne doit, en aucun cas,provoquer une rupture ; au contraire,une confrontation directe entre lasituation historique et l’état actuel doitêtre faite. Les nouvelles interventionsseront mesurées par leur intégrationdans la structure existante.4. La conservation du patrimoine enparticulier à travers la restauration,la réutilisation, la valorisation, et laréhabilitation des monuments.5. La mise en place d’une signalétiquepour le circuit touristique.Ces cinq thèmes constituent l’ossatured’une stratégie qui a guidé l’esprit de notreintervention. Ils représentent l’ensembledu programme d’aménagement et derevitalisation de la place Jraba.Par sa position stratégique au milieude la grande artère, allant de Sidi Abidjusqu’à la Grande Mosquée (le grandcircuit touristique de la Médina), la placeJraba est dotée d’un statut exceptionnellui permettant d’occuper une place dechoix dans la définition d’une importantestation touristique.Depuis, l’installation d’équipementsd’agrément, une cafétéria, une grandeterrasse et des zones d’ombres, associés àl’ambiance de la place, encourage l’arrivéedes visiteurs qui, aujourd’hui, profitent dela sérénité de la place qui a été renduepossible par :• La restauration des boutiques.• L’articulation entre le point focal qui estla place Jraba et les différents circuits.• L’élévation du statut de la place pourqu’elle devienne un point d’interaction.• L’encouragement et le développementde l’artisanat.31


3. Opération pilotepossibilités qu’offre l’espace de notreintervention.3.5.3 Méthodologie et moded’interventionNous avons procédé, pour la réalisationde notre proposition d’aménagement etde réhabilitation des façades de la place“Jraba”, de la manière suivante :Dans une première phase, on a opté pourune analyse détaillée des bâtiments, deshabitations et des équipements donnantsur la place, en tenant compte des liensqui relient ces différentes composanteset leur organisation dans une structured’ensemble. C’est ce qui fait la spécificitéde l’organisation urbaine traditionnelle.L’analyse spécifique de cette partie de lamédina de Kairouan, a été abordée:• Comme un tout qu’il s’agit d’observer,de découper, d’ordonner et derecomposer.• Comme un ensemble d’éléments qu’ils’agit de reconnaître, de rassembler etd’articuler.C’est cette lecture qui nous a permis dedéfinir les liens, les limites et toutes lesDans une première phase, ce lieu, espacede structuration, de stationnement et depassage obligé vers les différents points dela médina de Kairouan, a été soumis à uneévaluation qui nous a permis d’énoncerdes actions efficaces, de proposer dessolutions, de dresser des répertoires,comme l’accentuation d’une composition,l’insertion et l’intégration d’un bâtimentpublic dans un îlot, la mise en relationd’un système de fonctionnement, afin deparvenir à cacher, masquer les béancesdes constructions récentes, de réussir àrétablir l’équilibre perdu et de redonnervie à la place pour lui permettre unevéritable “ résurrection” .Dans une deuxième phase, nousavons essayé d’assimiler les principesd’organisation et de composition desfaçades traditionnelles qui constituentle modèle de référence pour les futuresinterventions.Un diagnostic détaillé de toutes lessituations, qui a permis de proposer desinterventions en vue d’assurer la stabilité etla préservation de l’esthétique, a été réalisé.Les solutions techniques que nous avonsréussi à mettre en œuvre sont compatibles32


3. Opération piloteavec les techniques de constructiontraditionnelles, observées le long denotre parcours d’analyse, de lecture etde compréhension des mécanismes quistructurent l’espace traditionnel de lamédina de Kairouan.Inscrite dans le noyau ancien de Kairouan,la place Jraba est attenante au souk desjerbiens qui porte le même nom et quifut réputé pour ses métiers à tisser lescouvertures kairouanaises en laine, à côtédes gants de toilette de couleur noire.Aujourd’hui, le souk a perdu sa vocationpour se spécialiser dans les produitsartisanaux sollicités par l’activité touristique.Des ateliers de tissage existent actuellementaux abords immédiats de la place.En plus de sa proximité du souk, la placeoccupe un endroit important qui dessertdes monuments phares entre autresla mosquée Ibn Khayroun ou des TroisPortes, à laquelle elle aboutit directement,la zaouia Sidi Abid el Ghariani et BirBarouta… Même la Grande Mosquée n’estqu’à quelques minutes de marche.Une fois dans la place, on distingue undispensaire, des ateliers de tissage, desboutiques de services divers: (coiffeur,vente de légumes, taxiphone, réparationde motos…) et un transformateurd’électricité qui en occupe un point focal.Mis à part un côté, la place est bordéed’édifices dont les façades ne présententaucun intérêt architectural ou historique.L’état dégradé du sol et l’insalubrité dulieu (odeurs nauséabondes et ordures)dénotent d’un état d’abandon, de mauvaiseexploitation et de désordre. Les problèmesrelevés se résument comme suit:• Façades dont le langage architectoniqueest étranger au style local.• Absence de pavage.• Activités commerciales incompatibles.• Activité piétonne et activité véhiculaireentremêlées.• Le transformateur électrique pose,à lui seul, un problème quant àson articulation, sa vocation et sonexpression architecturale “grossière”.Nos observations nous ont conduit àconsidérer les problèmes relevés parcatégorie d’intervention. On distingue lessituations suivantes:Le bâti• Des volumes récents sans véritableintérêt historique et présentantune expression architectoniquepauvre et inesthétique du point devue de la proportion, du style et del’agencement.• Des volumes qui s’intègrent au tissuancien mais qui présentent deséléments architectoniques aussiinadaptés que ceux précités.Le sol• Un sol non pavé et qui ne présentepas de traces qui attestent de sonauthenticité.• La plate forme est non délimitée.Le mobilier urbain• Une signalétique médiocre (écrituresur mur, pancartes métalliques, …)• Absence d’éclairage public• Absence de protections solaires.3.5.4 Les opérations réalisées :Les opérations que nous avons réaliséesont touché les niveaux suivants :Le bâti• Une intervention sur les bâtimentsrécents en procédant à un remodelagedu volume en cas de nécessité et à unenouvelle composition des élémentsarchitectoniques qui sont remplacéspar des éléments ou des prototypes“kairouanais”.• Une intervention qui ne touchepas au volume jugé cohérentmais qui concerne les élémentsarchitectoniques, lesquels ont été33


3. Opération piloteremplacés par les prototypes choisis.D’autres éléments viendront contribuerà l’embellissement des façades.Le sol• L’élaboration d’un plan de pavage,constitué de module, a permis degéométriser et de rendre perceptiblela dimension de la place, d’où unemeilleure distribution et organisationdes activités qui s’y déroulent.• Le plan programme, de même,l’introduction d’un élément architectoniqueen l’occurrence une sculptureinstallée dans la place afin de marquersa centralité.• Outre la circulation, le sol de la placepourrait servir à des activités culturelleset touristiques réunies dans desstructures légères dont les élémentsd’appui sont prévus dans le plan depavage.Le mobilier urbain• Une nouvelle signalétique allant avecl’esprit de la place est proposée.• Des éléments d’éclairage sont insérés defaçon à être discrets tout en procurantune lumière suffisante pour éclairer laplace et la mettre en valeur la nuit.• Des manifestations nocturnes, pourentretenir l’animation touristique, sontprévues telles que la célébration de lafête de la lumière.• Des couvertures qui articulent lesvolumes entourant les petites ruellesd’accès à la place, sont conçues sousforme d’arcs en plein cintre.• Un des deux accès larges est munid’une couverture sous forme d’unepergola constituée de solives en boisà l’image de celle de la grande voiedes souks. L’autre accès est couvertpar un sabbat maçonné et articuléau reste des volumes pour annoncerla place.3.5.5 Vocation des lieux et pland’épannelage :34


3. Opération piloteLa considération des différentes demandesformulées suite à l’élaboration de l’enquêted’évaluation de l’importance de la placeJraba dans la Médina de Kairouan ainsique la prise de conscience de l’intérêt desopérations réalisées pour la réhabilitationde la place, nous ont conduit à proposer lavocation adéquate des espaces réhabilités.Dans un endroit jugé favorable àl’intégration et à l’acceptation d’unenouvelle intervention, nous avons étéamené à chercher à recréer l’ordreesthétique perdu afin de concilier cetensemble urbain avec l’ensemble de laMédina de Kairouan.Ainsi la façade F1, côté souk des tisserandset celle de la partie F3, côté transformateurélectrique, ont été respectivementtransformées dans notre étude, en unesérie de boutiques précédées d’unlong portique et le transformateur a étéremplacé par des boutiques et un panneaude signalisation touristique.Le portique en bois, installé en facedes boutiques, contribue à embellir cetendroit, très mal tenu et à lui donner uneplus value en lui conférant une expressionarchitecturale soutenue, ce qui garantira,à l’avenir, la préservation de l’endroit et legénie du lieu.Certaines activités, comme la réparationdes motos et la vente des légumes,(qui à moins de se soumettre à desrègles d’hygiène et de présentation demarchandises strictes), sont considéréescomme des activités polluantes et exigentune nouvelle affectation.Aussi, dans la perspective d’attribuer à laplace un caractère culturel, on proposed’associer à ses activités un cyber café, unegalerie d’art, sans pour autant dénuderl’endroit de son empreinte populaire. Nousavons donc jugé utile d’y installer les Ouledel Gabsia, spécialistes du “Leblabi” et desvendeurs de beignets.Notre conception de l’endroit peut semblerchimérique, mais nous sommes convaincusde la faisabilité du projet qui, au delà de laconception architecturale, vise à instaurerune conscience collective de l’importancede la place et du tissu ancien, en général.3.5.6 Aménagements réalisésLes actions réalisées sont les suivantes :• Réalisation d’une pergola de 4.50 mde longueur, allant de bout en bout,marquant l’importance du passagemenant au café et aux souks et créantune importante zone d’ombre.• Elimination et démolition dutransformateur afin d’aérer la place etd’assurer la visibilité de la Mosquée desTrois Portes.• Plantation de quatre palmiers et d’unensemble de bougainvilliers pourrenforcer le caractère verdoyant de laplace.• Reprise du type d’occupation de lafaçade du dispensaire par la réalisationd’une belle entrée similaire à celle deMoulay Taeib.• Réalisation d’un module répétitif quistructure l’étendue de la surface dalléede la place.• Mise en place d’une signalétiquedirectionnelle, avec une carte indiquantles principaux points de visite etd’information, relative aux principauxmonuments se trouvant dans la zoneadjacente.• Mise en place d’un trottoir qui longe lapartie sud-est et sud-ouest de la placette.• Proposition d’éléments verticaux pourponctuer l’espace de la place. Ils ont,aussi,servi de support à un éclairageapproprié.• Le bâtiment situé au nord-est (propriétéZouabi) a nécessité un intérêt particulier.La proposition était d’aménager desboutiques à caractère touristique visantl’animation de la place.3.5.7 Description des opérations35


3. Opération pilotePlusieurs dessins et perspectives du projet deréaménagement de la place Jraba36


3. Opération pilote37


3. Opération pilote38


3. Opération pilote39


3. Opération piloteL’élaboration d’un diagnostic détaillé étaitune étape fondamentale pour le bienfondé de toutes les actions engagées.A ce propos, nous avons réussi à localiser lespoints critiques et les situations qui avaientnécessité une intervention parfois mêmerapide et urgente et aussi les objectifsrespectant impérativement les conditionséconomiques et sociales visant la créationd’un dynamisme autour de la place Jraba.Cela avait été possible après l’élaborationd’un plan d’action détaillé explicitantles opérations et les étapes d’exécutionet l’ordre de synchronisation de chaqueaction programmée et réalisée.Cette réflexion relative à l’établissementd’un scénario a permis la définitiondes étapes d’exécution relevant de laparticularité du cadre d’intervention.Etant donné la pression relative au délaid’exécution, nous avons procédé à ladéfinition d’un plan d’action qui a été mis enœuvre par la prise en considération de deuxparties: la première concerne le relevé dutraitement du sol depuis le dallage jusqu’àl’implantation et l’installation du mobilier, ladeuxième focalise son intérêt sur les aspectsrelatifs à la réhabilitation des façades.Le bâtiLe plan ci-dessous, présente et détaille larépartition et la délimitation des parties quisont liées par une logique d’organisation(critère de liaison relié à l’implantation,l’ordonnancement de la façade, sonorientation et son état de conservation).Cette répartition nous a permis d’énumérerquatre zones d’interventions sur le bâti:• Secteur des souks des tisserands : F 1• Secteur du dispensaire : F 2• Secteur mosquée Ibn Khayroun II : F 3• Secteur rue Khadraouin : F 4Les actions réaliséesSecteur des souks des tisserandsCette zone est composée de deux entitésindépendantes séparées par un passagelarge ouvrant sur une placette qui réunit lamajorité des boutiques des tisserands.L’entité est composée d’un rez-dechausséeregroupant quatre boutiquesmal entretenues. Les travaux réalisésconsistent en la reprise de toutes lesmenuiseries qui présentent des signesde dégradation avancés et celles qui nesont pas compatibles avec le langagecaractéristique de la Médina de Kairouan.La reprise partielle des toitures s’avèrenécessaire étant donné les problèmesd’infiltration observés lors de la réalisationet la reprise de l’acrotère. Une galerie enbois permet d’enrichir, par l’introductiond’un nouvel élément de vocabulairearchitectural, l’ensemble de la séquence.Un portique en bois bien décoré a étéinstallé afin d’introduire un nouvel élémentcapable de créer une zone d’ombre etréunir toutes les boutiques.Le grand bâtiment est considéré commeun intrus dans le paysage urbain de la place,puisque sa hauteur exagérée dépasse les15 m et engendre un déséquilibre visuelet une absence d’articulation entre lesdeux entités. L’action réalisée à ce niveauvise le rétablissement de l’équilibre entreles deux volumes. La proposition corrigéeà maintes reprises a abouti à la définitiond’une pergola qui assure la liaison entre lesdeux bâtiments et favorise la création d’unezone d’ombre. Le bâtiment proprementdit a été repris au rez-de-chaussée parla construction d’une amorce de galerie(voir modélisation) qui corrige la présenced’une avancée sur la rue, mal structurée etqui rompt avec le vocabulaire architecturalde la Médina. Au premier étage, untraitement de la modénature réalisé enbriques pleines de Kairouan, a permisd’adoucir l’effet de hauteur et assurer unenouvelle appréciation de ce bâtiment dansle paysage urbain de la place.40


3. Opération piloteSecteur du dispensaireL’action programmée consiste à procéderà une nouvelle composition deséléments architectoniques afin de luiconférer une nouvelle image cohérenteet harmonieuse. La démolition de laclôture existante a permis une extensionde l’espace de l’accueil du dispensaire.L’accès, assuré par un grand porched’entrée similaire à celui du mausoléeMoulay Taieb, a pris l’importance d’uneentrée d’un espace public.Secteur mosquée Ibn Khayroun IILa présence du transformateur électriquequi occupait un point stratégique de laplacette sans aucun souci d’articulationavec le tissu urbain, constituait unélément intrus qui défigurait l’ensemblede la place Jraba. Sa démolition a apportéune nouvelle perspective à la placetteet une nouvelle fonctionnalité. Lesboutiques avoisinantes du transformateurétaient désaffectées et leurs toitures sonteffondrées. Tout a été remis en état.La réalisation d’un élément signalétiqueoccupant la place du transformateur apermis de donner une nouvelle allureintégrée à l’esprit général de la place.Secteur rue KhadhraouineLes boutiques, des épiceries qui donnentsur la place, avaient des ouverturesmétalliques étranges et non conformesau langage architectural de la Médina.L’opération réalisée a consisté en leremplacement des menuiseries et lareprise des enduits parfois abîmés sur unegrande partie de la façade.Le solLa place Jraba atteint 1000 m² de surface.Il s’agit d’une plate forme de rencontre etde communication totalement négligéepar l’absence d’une organisation gérantle flux des piétons et des véhicules. Cetespace qui peut constituer une véritablehalte touristique d’agrément et dedélectation, est resté malheureusementdans un état d’abandon total et n’a pasattiré les habitants ou les commerçants,malgré sa position de choix, au milieude la grande artère reliant Sidi Abid à laGrande Mosquée de Kairouan. C’est pourpermettre la remise à niveau et parvenir àeffacer toutes les incommodités précitéesque nous avons réalisé le dallage de laplace, par un module carré séparé par desdalles lissées et rempli de pierres tailléesdures appelées “Jars”. C’est afin de conférerà la place un rôle fédérateur réunissanttous les consommateurs de l’espace de lamédina (résidents et visiteurs) que cetteaction a été entreprise.41


3. Opération piloteFaçade 1Avant les travaux Au cours des travaux Après la finitionFaçade 2Avant les travaux Au cours des travaux Après la finition42


3. Opération piloteFaçade 3Avant les travaux Au cours des travaux Après la finitionFaçade 4Avant les travaux Au cours des travaux Après la finition43


4. Résultats del’opération piloteDésormais, la place Jraba constitue unpassage préféré au sein de la Médina etun élément clé dans le circuit touristiquequi relie les souks à la Grande Mosquée.La place se réanime. Plusieurs boutiquesdélaissées rouvrent leurs portes etreprennent vie pour participer à l’activitééconomique et commerciale de laplacette. Coiffeurs, tisserands, vendeursde tissus se réinstallent de nouveau.Les loyers des boutiques montent etles artisans commencent à espérer. Descontacts sont déjà établis avec les servicesde poste pour établir un bureau postal etde change dans les lieux. Les kairouanaiset les riverains de la placette considèrentdéjà que l’action de la réhabilitation de laplacette Jraba est l’action la plus réussiejamais menée à Kairouan. Les touristescommencent à s’y arrêter et à contemplerla beauté architecturale des lieux.L’action constitue un bel exemplede coopération entre différentesadministrations. Les responsables duministère de la santé ont été très sensiblesà l’opération et ont participé à la réussite duprojet en acceptant les réaménagementsproposés et en participant financièrementau ravalement de la façade du dispensaire.La société de l’électricité a vite réalisé lanécessité d’éliminer le transformateur44


4. Résultats de l’opération piloteSensibilisation des jeunes au projet et concours de peinturequi défigure la placette. Ils ont apportéleur savoir faire technique et ont acceptéde déloger le transformateur dans unlocal qui a été offert par la municipalitéde la ville qui n’a pas cessé d’appuyer leprojet et de sensibiliser la population à lanécessité d’y adhérer.L’ampleur des travaux a été un critèrequi a aussi permis l’encouragement despropriétaires à initier des opérationsmotivées par la nouvelle allure de la placeJraba. La famille Boudidah a saisi cetteoccasion pour achever une surélévationen suivant les conseils de l’équipe duprojet qui a élaboré le dossier technique.La famille Zouabi a confié à l’Associationde la Médina la charge de rénover sapropriété qui donne sur la place, avec desmatériaux traditionnels et en assumantentièrement les frais des travaux. C’estcette synergie d’actions et d’acteurs quifait de l’aménagement de la placetteJraba un exemple de développementdurable dont le patrimoine constituel’élément clé.4.1 Journée de sensibilisation àKairouan. “Sur les pas des grandspeintres”L’activité de sensibilisation réalisée àKairouan s’est développée avec un doubleobjectif : faire découvrir la qualité de ladocumentation graphique sur la villede Kairouan, d’une part, et promouvoiret développer le regard des enfantseux-mêmes sur leur patrimoine et surle tourisme à travers un concours depeinture, d’autre part. Le premier s’est fait àtravers les peintures réalisées par Paul Klee(1879-1940), August Macke (1887-1914)et Louis Moillet (1880-1962), en plus desaffiches publicitaires générées au coursdu XX e siècle. Avec le dossier fourni, lesenfants pouvaient découvrir le regard desartistes étrangers qui effectuaient pourla première fois, en 1914, une visite dansleur pays et peignaient leur ville. Enfin,ils pouvaient accéder à une vision plusinstitutionnelle destinée au futur visiteur.45


4. Résultats de l’opération piloteLa place Jraba, en plein processusde réhabilitation, a été le lieu choisipour développer cette activité, et sonenvironnement le plus immédiat, celuique les enfants devaient concrétiserdans leurs peintures. Pendant les heuresque dura le concours, certains parents,les organisateurs ainsi que des gens quivivent et travaillent aux abords de la placeont collaboré par leur présence et leurscommentaires au développement dela journée. Nous avons tous été surprisqu’à cette heure-là de la journée, lestouristes passant par la place, ont été sipeu nombreux ; et cela nous a confirméune fois de plus que, bien que Kairouansoit une ville mythique qui conservenon seulement la beauté et l’harmoniemais aussi une forte vitalité, les centainesde touristes qui la visitent continuentà effectuer un parcours très partiel. Aucours de leur passage dans la ville, quidure seulement quelques heures, ilsvisitent la Grande Mosquée et participentau rituel de l’achat d’un tapis dans l’un descélèbres bazars. La vision de l’artiste oucelle du pèlerin dans la ville sainte est bienloin, de même que celle du chercheur quivisitait la ville pour la première fois avecle désir de découvrir l’une des enclavesles plus mythiques de l’Islam ainsi qu’unensemble patrimonial enviable.Les peintures des enfants nous ont faitréfléchir de ce point de vue. Eux aussiperçoivent la ville à travers la présencede la Grande Mosquée, qui devientl’élément principal de presque toutesleurs compositions. L’architecturemonumentale a toujours été une prioritéabsolue dans leur échelle de valeurs etle reste du patrimoine traditionnel estsimplement l’environnement. Si l’on évalueen plus la présence du tourisme dansleurs dessins, on parvient à la conclusionque celui-ci est absolument éloignéde la vie quotidienne des enfants et neconstitue pour eux qu’une circonstancetotalement anecdotique. Les résultats del’activité ludico-pédagogique doivent êtrecanalisés, et ils nous obligent à renforcerce type d’activité, afin que les enfants, quiconstituent les futures générations quile géreront, apprennent à apprécier demanière globale le patrimoine traditionnelet l’héritage culturel, pour le transmettrede façon interactive et développer untourisme durable et respectueux del’environnement, dans un futur immédiat.46


4. Résultats de l’opération pilote4.2 Impressions de certainespersonnes en relation avec la placeNoureddine Malouch, 50 ans, inspecteur detourisme.Ce type de projet renforce les projets de labanque mondiale exécutés dans la Médinade Kairouan concernant l’amélioration del’image architecturale et la conservation denotre authenticité et peut faire l’équilibredans le secteur du tourisme et faire revivre lespotentialités de la Médina.Abdellatif Jaouadi, 42 ans, gérant d’un cafédonnant sur la place JrabaJe vois que ce projet va constituer un pas trèsimportant dans la stratégie qui vise à sauvernotre patrimoine architectural et à sauvegarderl’âme de notre médina. J’aime ce style et j’ail’impression que les arcades sont d’origine.Salah Jaouadi, 39 ans, commerçant.Vraiment, il est temps d’entamer ce genre deprojets dans la médina et spécialement sur laplace Jraba qui est l’un des espaces les plusfréquentés. Ce qui est sûr, c’est que l’ambiancesera meilleure et que l’on aboutira à une placeassez organisée.Radhouane Hamzaoui, 48 ans, vendeur depièces de rechange de bicyclettes sur la placeJraba.C’est une bonne idée de s’intéresser à ce genrede coin. Je pense que ce projet va améliorerles conditions de vie dans la place. De plus, celieu deviendra un noyau attractif pour les visitestouristiques et peut être attirera -t-il un peu plusla clientèle.47


4. Résultats de l’opération piloteIbrahim Malouch, 65 ans, ancien président del’arrondissement municipal de la Médina.Quan j’étais le président de l’arrondissementmunicipal de la médina, j’ai essayé d’attirerl’attention afin de réaménager ce site. Lechangement touche plusieurs domaines :économique, social, touristique et culturel.Il faudrait à présent multiplier ce genred’interventions dans toute la Médina deKairouan.Naji Nasraoui, 44 ans, artisan de costumestraditionnels (Jebba) sur la place JrabaJe crois que ce projet va changer l’aspect dela place. Son style me plait beaucoup puisqu’ilreflète notre identité grâce à l’utilisation desmatériaux les plus adéquats. J’aimerais bienque vous implantiez une fontaine au centreainsi que des banquettes tout autour, commeça, on pourra prendre une pause en plein cœurde la place.Mostpha Houssine, 53 ans, Maire de la Médinade Kairouan.Je vois que ce type de projet est très efficace,tout d’abord, il nous aide à résoudre quelquesproblèmes relatifs à la Médina (la circulation, laréhabilitation…) puis, il donne un exemple typeet une image esthétique de notre patrimoine,ce qui nous aide à acquérir de nouveauxvisiteurs sachant que Kairouan sera une capitaleculturelle islamique, en 2009.Bachir Zaitre, 44 ans, artisan de costumestraditionnels (Jebba) sur la place JrabaFranchement, le fait de s’intéresser à laplace Jraba me plait beaucoup. Ce projet vacertainement développer la place et y organiserles mouvements.Ahlem Mehdouani, 27 ans, architected’intérieur.Ces matériaux traditionnels sont les plusadaptés à notre climat, et je crois que ce choixest le résultat d’une réflexion assez approfondie.Je souhaite utiliser la place comme un supportde travail pour les étudiants des beaux arts etd’architecture d’intérieur.48


4. Résultats de l’opération piloteVisite de M. Ministre de la Culture et de la sauvegarde du patrimoine au monument commémoratif de l’opération et à l’exposition montée à cet effet.4.3 Inauguration de la place JrabaUne fois tous les travaux d’aménagementet de réhabilitation de la place Jrabaterminés, des actions de visibilité furentmenées. Dépliants, affiches, cartespostales, calendriers et surtout uneexposition pour expliquer les travaux ontété préparés et imprimés au cours dumois de janvier 2008.Le samedi 9 février 2008, M. Mohamedal-Aziz Ibn Achour Ministre de la Cultureet de la Sauvegarde du Patrimoine qui adéjà donné le signal au mois de janvier2007 pour le commencement des travauxd’aménagement, a honoré le projet enprésidant la cérémonie d’inauguration.Cet événement a marqué un pointculminant dans les travaux de l’OpérationPilote qui se sont déroulés tout au long del’année 2007.La cérémonie a été organisée par l’InstitutNational du Patrimoine et l’Association deSauvegarde de la Médina de Kairouan.Etaient présents à cette activité, M. YassineBarbouch préfet de Kairouan, le maire dela ville, M. Mustapha Houcine ainsi queM. Xavier Casanovas, coordinateur duprojet RehabiMed et les représentantsdes ministères impliqués dans ledomaine du patrimoine, du logementet de l’équipement, des représentantsdu gouvernement tunisien et plusieurscitoyens kairouaunais et notables duquartier.Lors de la cérémonie d’inauguration, leMinistre de la Culture, M. Mohamed al-Aziz Ibn Achour, a fait part de sa pleinesatisfaction pour l’approche de sauvegardesuivie dans la réalisation du projet et sonrespect pour le répertoire architectural etdécoratif kairouanais. Après la visite dela placette, il s’est attardé sur l’expositionprésentée par M. Mourad Rammahconservateur de la Médina de Kairouanet coordinateur du projet RehabiMeden Tunisie. Cette exposition retrace les49


4. Résultats de l’opération piloteLes habitants du quartier ont participé aux actes d’inauguration et se sont intéressés à l’évolution des travaux.différentes étapes de l’exécution duprojet, et montre l’évolution des travauxet ses résultats et comment RehabiMeds’est donné comme objectif de changerun espace urbain traditionnel pour letransformer en un noyau d’articulationdes flux touristiques afin de faciliter lacirculation des visiteurs et les aider àmieux explorer la richesse du tissu urbainde la Médina. Cependant, le but n’étaitpas seulement d’embellir cet endroitpour les touristes, mais il s’agit aussi decréer un endroit de convivialité, de reposet de plaisir pour les habitants ainsi quede mettre en valeur leur patrimoinematériel et immatériel a l’exemple desartisans qui se trouvent autour de la placeJraba. Monsieur le ministre a appelé àassurer la visibilité du projet et a œuvrerà la bonne diffusion de cette expériencepour servir d’exemple pour les autres villestunisiennes et méditerranéennes.La Presse nationale s’est fait l’écho del’événement, le journal le temps écrit : « leprojet RehabiMed œuvre à l’aménagementde la place Jraba à Kairouan afin decontribuer au développement durable etrenforcer le rôle touristique de la place ».Le journal Assabeh a titré, en arabe : «le projet de la réhabilitation de la placeJraba à Kairouan contribue à l’attractiontouristique ». Archibat, la plus importanterevue maghrébine qui s’intéresse audomaine de l’architecture a publié toutun article sur l’action.50


Manuel pour laréhabilitationde l’architecturetraditionnellekairouanaise51


Restauration des murs et enduitAprès la consolidation des murs, on décape l’enduit pour restaurer les zones affectées. Après avoir terminécette phase, on lave le mur pour que l’enduit se colle bien sur ce dernier. La bonne manipulation de cettetâche peut retarder le phénomène de dégradation en cas d’une infiltration d’eau ou d’une remontéecapillaire.· Avant les travaux· Reprise de l’appareillage des deuxparements pour des raisons deconsolidation et de stabilité· Contrôle de la verticalité· Allure du parement extérieur du murconstitué de succession d’assises enbriques pleines· Arrosage avec de l’eau de la surfacerecevant la première couche d’enduit· Pose de la première couche d’enduit· Dressage à la truelle de la deuxièmecouche d’enduit· Arrosage et lissage de la surface de finitionafin de recevoir la couche de badigeon· Allure extérieure du mur après lebadigeonnage à la chaux naturelle53


Toiture traditionnelleLa toiture traditionnelle, soit en bois de genévrier ou en solive/volige, explique l’interaction entre homme/milieu, entre le maître maçon kairouanais et son environnement. Elle demande un entretien périodique.· Avant les travaux· Préparation du support de la toiture· Pose des solives· Les solives et les voliges après pose· Mise en place d’une couche de tessons debriques pleines· Pose d’une deuxième couche de mortier· Pose d’une troisième couche de mortieranti-infiltration· Aspect final de la terrasse· Drainage de l’eau pluviale54


La chaux traditionnelleLa technique de confection de la chaux exige une connaissance approfondie respectant la provenancede la pierre, la cuisson, l’extinction et la technique de fermentation depuis l’arrosage jusqu’au malaxage ettamisage.· Calibrage des pierres afin de lespositionner en procédant à unappareillage constituant la forme globaledu foyer· Mise en place des pierres calcaires dans lefour· Récupération de la chaux après cuissondes pierres calcaires· Séparation des pierres et de la poudre dechaux naturelle· Mise en sacs pour la vente· Extinction de la chaux après malaxageavec de l’eau· Fermentation de la chaux durant unepériode allant jusqu’à trois mois· Confection du mortier de chaux,constituée de lait de chaux+sable tamisé+volume d’eau nécessaire au malaxage· La chaux utilisée pour le badigeonnage55


Fabrication de la brique pleinetraditionnelleLa qualité de la brique pleine traditionnelle dépend du choix de l’argile, de déchet animal, du la salinité del’eau et de la nature du combustible.La préparation de la pâte, la période du séchage et la durée de la cuisson sont les étapes nécessaires pour lafabrication de la brique traditionnelle. L’ensemble de ces trois phases peut durer de 21 à 30 jours.· Choix de l’argile· Introduction du déchet animal· Malaxage d’argile +eau +déchet animal· Façonnage des briques avec un moule· Séchage des briques à l’air libre durantune période allant jusqu’à six jours· Mise en place des briques dans le four· Cuisson des briques· Séparation des briques de mauvaisequalité souvent qui ne répondent pas auxmêmes caractéristiques de cuisson· Polissage des briques57


Taille de la pierreLe façonnage de la pierre nécessaire pour le dallage est une opération très lourde et coûteuse. Elle nécessitedes efforts considérables pour la manipulation des gros blocs de pierres depuis la carrière, l’usine defaçonnage, jusqu’à la mise en place· Transfert du bloc de pierres pour débitage· Façonnage du bloc pierre selon lesépaisseurs indiquées· Marquage de la surface lissée par le monolame et ajustage du bloc pour faciliter lamanipulation· Façonnage du bloc à l’aide d’un marteauet d’un burin selon les dimensionsindiquées· Installation pour réglage de l’épaisseur· Travaux de finition : boucharde et sablepour le polissage· Polissage de la surface par le frottementdu grain de sable· Sculpture des motifs· Stockage des blocs de dallage finis pour lamise en place58


PavageLe dallage de la place Jraba est composé d’un module carré répétitif délimité par une bande lissée remplieà l’intérieur par des pierres (dhars) de 15 cm d’épaisseur. Le dallage adopté est une technique traditionnelle,aujourd’hui abandonnée au profil d’un procédé industrialisé souvent, qui n’est pas compatible avecl’authenticité de la Médina de Kairouan.· Selon sa position et ses dimensions,l’ouvrier procède au tri du bloc de dallage· Ajustage des dalles de pierres lissées àla surface supérieure et composant lesmodules carrés· Technique de mise en place des blocs depierres de remplissage· Mise en place des dalles lissées composantle module carré· Délimitation des emprises plantées àl’aide de gros blocs de pierres· Confection du mortier de remplissage desjoints et recherche de couleur· Remplissage des joints du mortier deciment avec le sable (première couche)· Remplissage des joints du mortier deciment blanc avec le sable (deuxièmecouche)· Pavage après la finition59


Encadrement en pierreet menuiserie en boisL’encadrement des portes et des fenêtres est une composante décorative constituant l’expression identitairede l’architecture traditionnelle de la Médina.La mise en place des encadrements en pierres, des menuiseries en bois et du fer forgé nécessite laconnaissance et la maîtrise d’une technique et d’un savoir faire complexe.· Mise en place des encadrements en pierrede la niche adossée à Dar Zouabi· Mise en place du linteau en pierrede l’encadrement de la fenêtre dudispensaire· Contrôle de la verticalité du jambage etalignement du linteau en pierre· Remplissage en brique de la partie cachéede l’encadrement· Travail de menuiserie et nettoyage du ferforgé· Porte d’entrée sculptée· Fixation de la porte contre le mur avecmanchon métallique vissé à la menuiserieet scellé au mur· Application de couche de peinture deprotection· Allure de la porte et de la fenêtre après lestravaux de finition60


Installation électriqueDans notre projet, les anciens réseaux souterrains et la partie encastrée dans les murs ont été totalementrénovés, les câbles camouflés sans oublier le déplacement du transformateur.· Ouverture de la tranché· Liaison entre les câbles souterrains et lescâbles installés dans les murs· Installation des câbles souterrains· Protection des câbles par une couche desable· Substitution des anciens câbles dutransformateur· La boite de visite· Ouverture des tranchées dans les murs· Installation des tuyaux· Fermeture de la tranché61


Pergola traditionnelleLes pergolas en bois constituent la solution adoptée dans la Médina pour créer des zones d’ombre etd’agrément. Cet élément est devenu une composante caractéristique de l’architecture traditionnelle.· Allure découverte du passage allant dessouks des tisserands à la place· Mise en place des madriers· Fixation des portiques en bois (de 4,50 mde longueur) dans des trous de 30cm deprofondeur· Fixation d’une planche sur la partiesupérieure des solives permettant ladéfinition d’une pente nécessaire pourl’évacuation de l’eau· Pénétration de toute la structure de lapergola à l’intérieur du mur afin d’éviterl’infiltration de l’eau· Mise en forme des panneaux en plastiqueassurant la protection du bois desinfiltrations d’eau· Mise en place d’une couverture favorisantla présence d’une importante zoned’ombre· Travaux de peinture et de finition· Vue générale après la finition62


Portique en boisLe portique en bois est une solution architecturale adoptée aussi pour favoriser des zones d’ombres. Elle estsouvent reliée à des espaces à caractère commercial.· Confection des composantes en bois duportique : chapiteau, fût de colonne…· Mise en place et fixation avec un mortierde ciment et des blocs de pierres,des poteaux en bois et contrôle de laverticalité· Pose et fixation sur les chapiteaux en boisde la partie supérieure de la pergola· Enfoncement des traverses dans des trousde 20 cm de profondeur· Pose des traverses sur la partie aériennedu portique· Fixation des traverses avec des clous· Fixation d’une planche qui définit la pentenécessaire pour l’évacuation de l’eau· Travaux de peinture et de finition· Intégration de la boutique et du portiquedans la nouvelle ambiance de l’ensemblede la place63


Opération PiloteLe présent programmeEst financé par l’union européenneEuromedEuromed heritageAgencia españolaDe cooperación internacionalCol·legi d’aparelladorsI arquitectes tècnics de barcelonaMINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA SAUVEGARDEDU PATRIMOINERépublique TunisienneInstitut National du PatrimoineTunisiewww.rehabimed.net4

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