EXPOSE DES MOTIFSLa gestion <strong>des</strong> finances publiques congolaises s’effectue actuellement dans un cadre juridique <strong>et</strong>institutionnel totalement inadapté au contexte de la Constitution, adoptée par référendum en février2006, prônant notamment la décentralisation.Sous-tendue par les dispositions de la loi financière n° 83-003 du 23 février 1983, telle que modifiée<strong>et</strong> complétée par l’ordonnance - loi n° 87 - 004 du 10 janvier 1987, c<strong>et</strong>te gestion, qui tient compte decertaines innovations induites par les réformes mises en œuvre depuis 2002 par le Gouvernement,principalement en ce qui concerne les intervenants dans la chaîne de la dépense, le report <strong>des</strong>crédits d’une année sur l’autre <strong>et</strong> les nomenclatures <strong>budgétaires</strong> de dépenses <strong>et</strong> de rec<strong>et</strong>tes, n’estplus en phase avec ladite loi financière.Ainsi l’obsolescence de c<strong>et</strong>te dernière étant indéniable, il est nécessaire de la moderniser pour tenircompte <strong>des</strong> dispositions de la Constitution, formaliser les réformes entamées <strong>et</strong> envisager toutes lesperspectives d’une gestion moderne <strong>des</strong> finances publiques. Tel est l’obj<strong>et</strong> de la présente loi qui secaractérise par <strong>des</strong> innovations majeures développées ci-après.LE CARACTERE DE LA LOILa présente loi a pour obj<strong>et</strong> d’organiser les lois de finances, les budg<strong>et</strong>s <strong>des</strong> Provinces <strong>et</strong> <strong>des</strong> EntitésTerritoriales Décentralisées en définissant les principes généraux de gestion <strong>des</strong> finances publiques<strong>et</strong> d’encadrement de la politique budgétaire.LA BUDGÉTISATION FONDÉE SUR UNE LOGIQUE DE RÉSULTATS AU MOYEN DE BUDGETS -PROGRAMMELa pratique actuelle, non orientée vers une obligation de résultats, est un obstacle à la réalisation<strong>des</strong> objectifs du développement dont ceux de la croissance <strong>et</strong> de la réduction de la pauvr<strong>et</strong>é. Ainsi, larecherche d’une meilleure performance en termes d’efficacité <strong>et</strong> d’efficience étant au centre del’action publique, il est nécessaire de revoir les modalités de la gestion budgétaire au moyen debudg<strong>et</strong> de programmes dans lequel l’allocation <strong>des</strong> crédits <strong>budgétaires</strong> est faite au profit d’actions àmener dans le cadre <strong>des</strong> politiques publiques. Ceci induit une responsabilisation accrue <strong>des</strong> acteurs.Ainsi, les Ministres chargés <strong>des</strong> Finances <strong>et</strong> du Budg<strong>et</strong> ont, chacun en ce qui le concerne, un rôlespécifique dans le dispositif de gestion <strong>des</strong> finances publiques. Le rôle du premier relève de lagestion de la trésorerie <strong>et</strong> de l’organisation <strong>des</strong> services du Trésor, assignataires <strong>des</strong> ordres dedépenses <strong>des</strong> Ministères <strong>et</strong> Institutions. Celui du second relève de la planification de l’engagement<strong>des</strong> dépenses <strong>et</strong> de l’encadrement du contrôle budgétaire.En outre, la qualité d’ordonnateur est conférée aux Ministres <strong>et</strong> responsables d’Institutions dont lesrôles <strong>et</strong> responsabilités se trouvent renforcés en matière d’élaboration <strong>et</strong> de mise en œuvre <strong>des</strong>programmes à exécuter sous leur autorité, <strong>et</strong> de résultats à atteindre conformément aux objectifsassignés <strong>et</strong> aux moyens engagés.L’APPROCHE BUDGETAIRE PLURI ANNUELLEC<strong>et</strong>te approche perm<strong>et</strong> d’une part de traduire la vision du Gouvernement pour les trois années àvenir par un cadrage budgétaire sous-tendant l’élaboration du cadre <strong>des</strong> dépenses à moyen terme<strong>des</strong> Ministères <strong>et</strong> Institutions <strong>et</strong> dont le budg<strong>et</strong> en devient la tranche annuelle.D’autre part, elle perm<strong>et</strong> d’assurer la continuité dans la gestion <strong>des</strong> programmes en préconisant lesautorisations d’engagement pluriannuelles votées en totalité la première année de leur prévision,dont les crédits de paiement correspondant sont ramenés à l’exercice budgétaire.LA PRISE EN COMPTE DE LA DECENTRALISATIONLa présente loi réaffirme la distinction <strong>des</strong> finances du Pouvoir Central, <strong>des</strong> Provinces <strong>et</strong> <strong>des</strong> EntitésTerritoriales Décentralisées. Elle fixe les modalités de répartition <strong>des</strong> rec<strong>et</strong>tes à caractère nationalentre chaque niveau. Elle réitère le principe de légalité <strong>des</strong> impôts, taxes, droits <strong>et</strong> redevances.Elle définit les modalités de consolidation du budg<strong>et</strong> du Pouvoir Central avec ceux <strong>des</strong> Provinces <strong>et</strong>les règles d’intégration <strong>des</strong> budg<strong>et</strong>s <strong>des</strong> Entités Territoriales Décentralisées dans ceux <strong>des</strong> provincesde rattachement. A c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, la présente loi propose un calendrier budgétaire harmonisé avec lescontraintes constitutionnelles.4
LA REDEFINITION DES BUDGETS ANNEXES ET L’INSTAURATION DES COMPTES SPECIAUXLa présente loi définit les budg<strong>et</strong>s annexes comme étant ceux qui r<strong>et</strong>racent les seules opérations decertains services non dotés de la personnalité juridique s’adonnant à titre principal à une activité deproduction de biens ou de prestations de services rémunérés sous forme de redevances.De même, elle donne deux catégories de comptes spéciaux : les comptes d’affectation spécialefinancés au moyen de <strong>ressources</strong> particulières <strong>et</strong> les comptes de concours financiers r<strong>et</strong>raçant lesprêts <strong>et</strong> avances consentis par le Pouvoir Central, les Provinces <strong>et</strong> les Entités TerritorialesDécentralisées.L’UNITÉ DE CAISSE ET L’UNITÉ DE TRÉSORERIELa présente loi prévoit une centralisation <strong>des</strong> fonds publics du Pouvoir Central sur le compte généraldu Trésor ouvert chez le caissier de l’Etat, ce qui perm<strong>et</strong> de créer une véritable unité de caisse <strong>et</strong> d<strong>et</strong>résorerie.De plus, elle fait obligation à chaque Province <strong>et</strong> à chaque Entité Territoriale Décentralisée de nedisposer que d’un seul <strong>et</strong> unique compte ouvert en leur nom à la Banque centrale du Congo. Cela apour but de garantir l’unité de trésorerie indispensable pour conforter les comptables publics dansleur mission <strong>et</strong> favoriser le contrôle.LES DISPOSITIONS TRANSITOIRESLa mise en application <strong>des</strong> dispositions de la loi comportant de nombreuses innovations doit êtrepréparée. Entre autres, la nouvelle approche budgétaire basée sur un concept de programmesassortis d’objectifs à atteindre est complexe <strong>et</strong> non encore connue <strong>des</strong> différents acteurs. Ainsi,contrairement à la coutume qui exige l’entrée en vigueur d’une loi après sa promulgation, une miseen œuvre satisfaisante de la présente loi impose de prévoir les délais pendant lesquels les cadreslégal <strong>et</strong> institutionnel devront être revus afin de les adapter au nouveau contexte créé par lesinnovations susvisées.En substance, l’application efficace <strong>des</strong> principes de base qui sous-tendent le budg<strong>et</strong>,l’introduction du cadrage <strong>des</strong> dépenses à moyen terme, l’assouplissement en matière devirements <strong>et</strong> transferts de crédits découlant de la fongibilité <strong>des</strong> crédits <strong>budgétaires</strong>, laresponsabilité accrue <strong>des</strong> acteurs, le renforcement du contrôle administratif a priori, lerespect <strong>des</strong> calendriers, l’intégration de toutes les rec<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> de toutes les dépenses dans lebudg<strong>et</strong>, tant en élaboration qu’en exécution représentent une heureuse évolution vers un<strong>et</strong>echnique budgétaire mieux adaptée aux exigences du développement.5