Le dépistage prénatal du syndrome de Down et d'autres ... - INESSS

Le dépistage prénatal du syndrome de Down et d'autres ... - INESSS Le dépistage prénatal du syndrome de Down et d'autres ... - INESSS

12.07.2015 Views

RÉSUMÉIntroductionLe syndrome de Down, ou trisomie 21, est laplus commune des anomalies chromosomiquesviables. La présentation clinique est variable, mais lephénotype est caractéristique et il s’accompagnedans tous les cas d’un certain degré de retard mental.Son incidence dans la population est de 1 cas pour770 naissances vivantes, soit 1,3 pour 1 000 naissancesvivantes. L’incidence augmente avec l’âge dela mère, graduellement jusqu’à l’âge de 35 ans, ettrès rapidement par la suite. Au Québec, commeailleurs dans le monde, on propose aux femmesenceintes âgées de 35 ans et plus une amniocentèsevisant à diagnostiquer le syndrome de Down et autresanomalies chromosomiques. Ce programme existedepuis 1976. Toutefois, bien que le risque de donnernaissance à un enfant atteint du syndrome de Downsoit plus élevé après 35 ans, les accouchements aprèscet âge étant moins nombreux, la plupart des enfantsatteints naissent de mères de moins de 35 ans. Deplus, l’amniocentèse est un examen effractif, quicomporte un risque de complications allant jusqu’à laperte iatrogène d’un fœtus non atteint. Dans le butd’améliorer la performance du dépistage et du diagnosticprénatals du syndrome de Down et d’autresaneuploïdies, c’est-à-dire des anomalies du nombrede chromosomes présents, et deduire le nombred’amniocentèses, plusieurs techniques ont été misesau point. Certaines, comme le dépistage parmarqueurs sériques au deuxième trimestre de lagrossesse, sont d’usage courant dans plusieurs payset dans d’autres provinces canadiennes.Le Conseil d’évaluation des technologies de lasanté (CETS), devenu par la suite l’Agence d’évaluationdes technologies et des modes d’intervention ensanté (AETMIS), a publié en 1999 un rapport d’évaluationdes enjeux du dépistage et du diagnosticprénatals du syndrome de Down au deuxièmetrimestre de la grossesse [CETS, 1999]. Le rapport duCETS conclut que le diagnostic prénatal basé sur l’amniocentèseproposée aux femmes âgées de 35 ans etplus au moment de l’accouchement est coûteux et peuperformant comparativement aux possibilités offertespar le dépistage sérique chez la mère au deuxièmetrimestre. Le CETS analysait les enjeux éthiques dudépistage prénatal, et soulignait dans ses recommandationsque l’offre du dépistage et du diagnostic prénatalsdu syndrome de Down devait être assez souplepour pouvoir s’adapter aux nouveaux progrès scientifiqueset technologiques.D’après la littérature récente et les pratiquesactuellement en cours, le dépistage au premiertrimestre est une intervention adoptée dans différentspays. Au Québec, le dépistage prénatal du syndromede Down au premier trimestre est en train de serépandre, en l’absence de normes claires et demécanismes de contrôle de la qualité de la pratique.Ce document est une recension des documents scientifiquespubliés sur le dépistage prénatal du syndromede Down et d’autres aneuploïdies au premiertrimestre de la grossesse.Les marqueurs maternels sériques au premiertrimestreLes marqueurs maternels sériques dosés aupremier trimestre, combinés à l’âge maternel, pourraientdétecter entre 56 % et 67 % des cas de syndromede Down (61 % en moyenne), avec 5 % defaux positifs. Cette performance s’applique seulementaux grossesses à fœtus unique (grossesses uniques).Elle semble comparable à celle des marqueurs dudeuxième trimestre, bien que la majorité des étudesaient porté sur des femmes enceintes exposées à unrisque élevé et ne tiennent pas compte des pertesspontanées entre le premier et le deuxième trimestrede fœtus atteints du syndrome de Down. Une seuleRÉSUMÉVII

étude ayant comparé le dépistage maternel sériqueau premier trimestre à celui du deuxième semble indiquerque ce dernier serait supérieur. Ces résultatsdoivent être confirmés par des études de plus grandeenvergure, dont au moins deux sont en cours actuellement.À performance égale, le dépistage au premiertrimestre offre la possibilité d’un diagnostic plusprécoce et le désavantage d’un diagnostic inutile desyndrome de Down chez un pourcentage plus élevéde femmes. Dans ce dernier cas, en effet, la grossessese serait interrompue spontanément avant terme.L’échographie pratiquée au premier trimestreL’échographie pratiquée au premier trimestre,entre la 10 e et la 14 e semaine de grossesse, est destinéeà mesurer la clarté nucale, c’est-à-dire l’espacesous-cutané situé entre la peau et la colonne cervicaledu fœtus. Lorsqu’elle est ≥ 3mm (entre 2,5 et 4 mm,selon les études) ou qu’elle se situe au-dedu 95 e centilepour l’âge gestationnel, elle indique un risque élevéde syndrome de Down ou d’autres aneuploïdies. Letaux de détection moyen est de 69 % pour les étudesportant sur des populations à risque élevé, et de 66 %pour celles portant sur des populations mixtes ounon sélectionnées. Le taux de détection est de 80 %lorsqu’on évalue le risque à l’aide de la mesure de laclarté nucale combinée à l’âge maternel.Comme c’est le cas pour les marqueurssériques, ce taux pourrait être plus bas si on tenaitcompte de la prévalence du syndrome de Down àterme au lieu de la prévalence au premier trimestre.Les variations observées entre les études et entre lescentres traduisent probablement les difficultés rencontréesdans l’utilisation de la mesure de la clarté nucaleen dehors des centres tertiaires ou du contexte expérimental,en l’absence de programmes spécifiquesde formation et de surveillance des pratiques. Unemesure de la clarté nucale est obtenue dans 82 % à100 % des cas. Le taux de réussite de la techniqueéchographique est plus élevé lorsque le temps additionnelnécessaire à la mesure de la clarté nucale n’estpas limité; il l’est également dans les études où uneéchographie transvaginale fait suite à une mesureinsatisfaisante de la clarté nucale obtenue par voieabdominale; il est de 100 % lorsqu’on utilise une techniquepar voie vaginale en 3D. Le coefficient dereproductibilité se situe entre 0,22 mm et 1,04 mmparmi les études. Ces variations ont des conséquencesmajeures dans le calcul du risque.Afin d’améliorer l’efficacité réelle de lamesure de la clarté nucale, certaines conditionsdoivent être respectées. Elles sont résumées dans unarticle de Nicolaides et ses collègues, et ellescomprennent, entre autres : 1) une formation pratiqueappropriée des échographistes et l’audit de leurpratique; 2) la disponibilité d’un matériel de bonnequalité, muni de curseurs capables d’une précisionàla décimale près; 3) la mesure prise entre 11 et13 +6 jours semaines, lorsque le fœtus est en positionneutre; 4) le recours possible à la voie vaginalelorsque la mesure ne peut être obtenue par voieabdominale [Nicolaides et al., 2000].Une augmentation de la clarté nucale lorsquele caryotype est normal peut évoquer la présenced’autres malformations ou maladies fœtales, particulièrementde malformations cardiaques. Par ailleurs,le risque d’avortement spontané dans le cas de fœtusayant un caryotype normal augmente proportionnellementà l’augmentation de la clarté nucale.Le test combiné : combinaison des marqueurssériques et échographiques du premiertrimestreLes études menées sur l’utilisation de lacombinaison des marqueurs sériques et échographiquesau premier trimestre rapportent des taux deVIIILE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE

RÉSUMÉIntro<strong>du</strong>ction<strong>Le</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>, ou trisomie 21, est laplus commune <strong>de</strong>s anomalies chromosomiquesviables. La présentation clinique est variable, mais lephénotype est caractéristique <strong>et</strong> il s’accompagnedans tous les cas d’un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ard mental.Son inci<strong>de</strong>nce dans la population est <strong>de</strong> 1 cas pour770 naissances vivantes, soit 1,3 pour 1 000 naissancesvivantes. L’inci<strong>de</strong>nce augmente avec l’âge <strong>de</strong>la mère, gra<strong>du</strong>ellement jusqu’à l’âge <strong>de</strong> 35 ans, <strong>et</strong>très rapi<strong>de</strong>ment par la suite. Au Québec, commeailleurs dans le mon<strong>de</strong>, on propose aux femmesenceintes âgées <strong>de</strong> 35 ans <strong>et</strong> plus une amniocentèsevisant à diagnostiquer le <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> autresanomalies chromosomiques. Ce programme existe<strong>de</strong>puis 1976. Toutefois, bien que le risque <strong>de</strong> donnernaissance à un enfant atteint <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>soit plus élevé après 35 ans, les accouchements aprèsc<strong>et</strong> âge étant moins nombreux, la plupart <strong>de</strong>s enfantsatteints naissent <strong>de</strong> mères <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 35 ans. Deplus, l’amniocentèse est un examen effractif, quicomporte un risque <strong>de</strong> complications allant jusqu’à laperte iatrogène d’un fœtus non atteint. Dans le butd’améliorer la performance <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnosticprénatals <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autresaneuploïdies, c’est-à-dire <strong>de</strong>s anomalies <strong>du</strong> nombre<strong>de</strong> chromosomes présents, <strong>et</strong> <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le nombred’amniocentèses, plusieurs techniques ont été misesau point. Certaines, comme le dépistage parmarqueurs sériques au <strong>de</strong>uxième trimestre <strong>de</strong> lagrossesse, sont d’usage courant dans plusieurs pays<strong>et</strong> dans d’autres provinces canadiennes.<strong>Le</strong> Conseil d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> lasanté (CETS), <strong>de</strong>venu par la suite l’Agence d’évaluation<strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention ensanté (AETMIS), a publié en 1999 un rapport d’évaluation<strong>de</strong>s enjeux <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnosticprénatals <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre <strong>de</strong> la grossesse [CETS, 1999]. <strong>Le</strong> rapport <strong>du</strong>CETS conclut que le diagnostic prénatal basé sur l’amniocentèseproposée aux femmes âgées <strong>de</strong> 35 ans <strong>et</strong>plus au moment <strong>de</strong> l’accouchement est coûteux <strong>et</strong> peuperformant comparativement aux possibilités offertespar le dépistage sérique chez la mère au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre. <strong>Le</strong> CETS analysait les enjeux éthiques <strong>du</strong>dépistage prénatal, <strong>et</strong> soulignait dans ses recommandationsque l’offre <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnostic prénatals<strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>de</strong>vait être assez souplepour pouvoir s’adapter aux nouveaux progrès scientifiques<strong>et</strong> technologiques.D’après la littérature récente <strong>et</strong> les pratiquesactuellement en cours, le dépistage au premiertrimestre est une intervention adoptée dans différentspays. Au Québec, le dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> au premier trimestre est en train <strong>de</strong> serépandre, en l’absence <strong>de</strong> normes claires <strong>et</strong> <strong>de</strong>mécanismes <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la pratique.Ce document est une recension <strong>de</strong>s documents scientifiquespubliés sur le dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autres aneuploïdies au premiertrimestre <strong>de</strong> la grossesse.<strong>Le</strong>s marqueurs maternels sériques au premiertrimestre<strong>Le</strong>s marqueurs maternels sériques dosés aupremier trimestre, combinés à l’âge maternel, pourraientdétecter entre 56 % <strong>et</strong> 67 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> (61 % en moyenne), avec 5 % <strong>de</strong>faux positifs. C<strong>et</strong>te performance s’applique seulementaux grossesses à fœtus unique (grossesses uniques).Elle semble comparable à celle <strong>de</strong>s marqueurs <strong>du</strong><strong>de</strong>uxième trimestre, bien que la majorité <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>saient porté sur <strong>de</strong>s femmes enceintes exposées à unrisque élevé <strong>et</strong> ne tiennent pas compte <strong>de</strong>s pertesspontanées entre le premier <strong>et</strong> le <strong>de</strong>uxième trimestre<strong>de</strong> fœtus atteints <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>. Une seuleRÉSUMÉVII

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