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Dépistage prénatal<strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autresaneuploïdiesau premier trimestre<strong>de</strong> la grossesseRésuméAgence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong><strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention en santé
<strong>Le</strong> dépistage prénatal<strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autresaneuploïdiesau premier trimestre<strong>de</strong> la grossesseRapport préparé pour l’AETMISpar Alicia FramarinMars 2003
<strong>Le</strong> contenu <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te publication a été rédigé <strong>et</strong> édité parl’Agence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention en santé (AETMIS).Ce document est également offert en format PDF sur le site Web <strong>de</strong> l’Agence.Pour se renseigner sur c<strong>et</strong>te publication outoute autre activité <strong>de</strong> l’AETMIS, s’adresser à :Agence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong><strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention en santé2021, avenue Union, bureau 1040Montréal (Québec) H3A 2S9Téléphone : (514) 873-2563Télécopieur : (514) 873-1369Courriel : a<strong>et</strong>mis@a<strong>et</strong>mis.gouv.qc.cahttp ://www.a<strong>et</strong>mis.gouv.qc.caComment citer ce document :Agence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention en santé (AETMIS).<strong>Le</strong> dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autres aneuploïdies au premier trimestre <strong>de</strong> la grossesse.Rapport préparé par Alicia Framarin.(AETMIS 03-01). Montréal : AETMIS, 2003, xxi-84 p.Dépôt légalBibliothèque nationale <strong>du</strong> Québec, 2003Bibliothèque nationale <strong>du</strong> Canada, 2003ISBN 2-550-40841-1© Gouvernement <strong>du</strong> Québec, 2003La repro<strong>du</strong>ction totale ou partielle <strong>de</strong> ce document est autorisée, à condition que la source soit mentionnée.IILE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE
LA MISSIONL’Agence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention en santé (AETMIS)a pour mission <strong>de</strong> contribuer à améliorer le système <strong>de</strong> santé québécois <strong>et</strong> <strong>de</strong> participerà la mise en œuvre <strong>de</strong> la politique scientifique <strong>du</strong> gouvernement <strong>du</strong> Québec. Pour cefaire, l’Agence conseille <strong>et</strong> appuie le ministre <strong>de</strong> la Santé <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Services sociaux ainsique les déci<strong>de</strong>urs <strong>du</strong> système <strong>de</strong> santé en matière d’évaluation <strong>de</strong>s services <strong>et</strong> <strong>de</strong>stechnologies <strong>de</strong> la santé. L’Agence ém<strong>et</strong> <strong>de</strong>s avis basés sur <strong>de</strong>s rapports scientifiquesévaluant l’intro<strong>du</strong>ction, la diffusion <strong>et</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> la santé, incluantles ai<strong>de</strong>s techniques pour personnes handicapées, ainsi que les modalités <strong>de</strong> dispensation<strong>et</strong> d’organisation <strong>de</strong>s services. <strong>Le</strong>s évaluations tiennent compte <strong>de</strong> multiplesfacteurs dont l’efficacité, la sécurité <strong>et</strong> l’efficience ainsi que les impacts éthiques, sociaux,organisationnels <strong>et</strong> économiques.La DirectionD r Renaldo N. Battista,prési<strong>de</strong>nt <strong>du</strong> Conseil <strong>et</strong> directeur général,mé<strong>de</strong>cin épidémiologue, Université McGill,Montréal<strong>Le</strong> ConseilD r Jeffrey Barkun,professeur agrégé, Département <strong>de</strong> chirurgie,Faculté <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine, Université McGill, <strong>et</strong>chirurgien, Hôpital Royal Victoria, CUSM,MontréalD r Marie-Dominique Beaulieu,mé<strong>de</strong>cin en mé<strong>de</strong>cine familiale, titulaire<strong>de</strong> la Chaire Docteur Sadok Besrour enmé<strong>de</strong>cine familiale, CHUM, <strong>et</strong> chercheur,Unité <strong>de</strong> recherche évaluative, PavillonNotre-Dame, CHUM, MontréalD r Suzanne Claveau,mé<strong>de</strong>cin en microbiologie-infectiologie,L’Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Québec, CHUQ,QuébecM. Roger Jacob,Ingénieur biomédical, chef <strong>du</strong> service <strong>de</strong>la construction, Régie régionale <strong>de</strong> la santé<strong>et</strong> <strong>de</strong>s services sociaux <strong>de</strong> Montréal-Centre,MontréalD r Véronique Déry,mé<strong>de</strong>cin spécialiste en santé publique,directrice scientifiqueM. Jean-Marie R. Lance,économiste, conseiller scientifique principalM me Denise <strong>Le</strong>clerc,docteure en pharmacie, MontréalM me Louise Montreuil,directrice générale adjointe, Direction générale<strong>de</strong>s services à la population, ministère <strong>de</strong> laSanté <strong>et</strong> <strong>de</strong>s Services sociaux, QuébecD r Jean-Marie Moutquin,mé<strong>de</strong>cin spécialiste en gynéco-obstétrique,directeur scientifique, Centre <strong>de</strong> rechercheclinique, CHUS, SherbrookeD r Réginald Na<strong>de</strong>au,mé<strong>de</strong>cin spécialiste en cardiologie,Hôpital <strong>du</strong> Sacré-Cœur, MontréalM. Guy Rocher,sociologue, professeur titulaire, Département <strong>de</strong>sociologie, <strong>et</strong> chercheur, Centre <strong>de</strong> recherche endroit public, Université <strong>de</strong> Montréal, MontréalM. <strong>Le</strong>e So<strong>de</strong>rstrom,économiste, professeur, Département<strong>de</strong>s sciences économiques, UniversitéMcGill, MontréalLA MISSIONIII
AVANT-PROPOSLE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSEEn 1999, le Conseil d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> la santé (CETS), <strong>de</strong>venu par la suitel’Agence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention en santé (AETMIS), publiait unrapport d’évaluation <strong>de</strong>s enjeux <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnostic prénatals <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre <strong>de</strong> la grossesse. Ce rapport, préparé à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>du</strong> ministère <strong>de</strong> la Santé <strong>et</strong> <strong>de</strong>sServices sociaux, concluait, entre autres, que le dépistage prénatal sérique au <strong>de</strong>uxième trimestre est unesolution <strong>de</strong> rechange moins coûteuse <strong>et</strong> plus performante que le diagnostic par amniocentèse chez lesfemmes <strong>de</strong> 35 ans <strong>et</strong> plus, tout comme une option valable pour toutes les femmes enceintes, quel quesoit leur âge.<strong>Le</strong>s progrès scientifiques <strong>et</strong> technologiques se sont succédés <strong>de</strong> façon très rapi<strong>de</strong> dans le champ<strong>du</strong> dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autres anomalies chromosomiques <strong>et</strong> ont entraîné <strong>de</strong>schangements <strong>de</strong> pratique au Québec. C’est la raison pour laquelle l’AETMIS a jugé nécessaire <strong>de</strong> s’interrogersur l’efficacité <strong>du</strong> dépistage prénatal au premier trimestre <strong>de</strong> la grossesse. Ce rapport d’évaluationabor<strong>de</strong> la question <strong>de</strong> l’efficacité <strong>du</strong> dépistage par marqueurs sériques <strong>et</strong> par échographie aupremier trimestre, <strong>et</strong> celle <strong>de</strong>s différents enjeux <strong>de</strong> son implantation dans le contexte québécois.Selon l’AETMIS, bien que l’efficacité théorique <strong>du</strong> dépistage prénatal au premier trimestre <strong>de</strong>la grossesse soit satisfaisante, son efficacité réelle ou pratique reste à démontrer, comme l’indiquent lesnombreuses étu<strong>de</strong>s publiées à c<strong>et</strong> égard. Par ailleurs, on mène actuellement <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s qui comparentl’efficacité <strong>du</strong> dépistage au premier trimestre à celle <strong>du</strong> dépistage au <strong>de</strong>uxième trimestre. À efficacitéégale, les femmes enceintes préfèrent cependant le dépistage au premier trimestre, puisqu’il perm<strong>et</strong> undiagnostic plus précoce. Dans ce rapport, on soulignera aussi l’importance <strong>de</strong> l’information à donneraux femmes afin qu’elles puissent prendre une décision éclairée.En conclusion, compte tenu <strong>de</strong>s données disponibles, l’AETMIS ne recomman<strong>de</strong> pas l’implantation<strong>du</strong> dépistage prénatal au premier trimestre à large échelle au Québec. Cependant, l’Agenceconsidère qu’il faut en évaluer l’efficacité réelle, les coûts <strong>et</strong> les modalités d’implantation par le biais <strong>de</strong>proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> recherche dans <strong>de</strong>s milieux où un service <strong>de</strong> qualité peut être assuré.En diffusant c<strong>et</strong> avis, l’AETMIS souhaite apporter un éclairage optimal aux déci<strong>de</strong>urs concernéspar c<strong>et</strong>te problématique aux différents niveaux <strong>du</strong> réseau québécois <strong>de</strong> la santé.Renaldo N. BattistaPrési<strong>de</strong>nt-directeur généralAVANT-PROPOSV
REMERCIEMENTSCe rapport a été préparé à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’Agence d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>smo<strong>de</strong>s d’intervention en santé (AETMIS) par M me Alicia Framarin, M.D., M. Sc., chercheure consultante.L’Agence souhaite souligner la contribution <strong>de</strong> M me Julie Tranchemontagne <strong>et</strong> <strong>du</strong> D r Wilber Deck,chercheurs consultants <strong>de</strong> l’Agence, qui en ont lu <strong>et</strong> commenté les versions précé<strong>de</strong>ntes.L’Agence tient aussi à remercier les lecteurs externes qui, grâce à leurs nombreux commentaires,ont permis d’améliorer la qualité <strong>et</strong> le contenu <strong>de</strong> ce rapport.D r Ségolène AyméDirecteur <strong>de</strong> recherche, Institut national <strong>de</strong> la santé <strong>et</strong> <strong>de</strong> la recherche médicale (INSERM), ParisM me Lola CartierConseillère en génétique, Centre universitaire <strong>de</strong> santé McGill, MontréalD r Valérie Désil<strong>et</strong>sObstétricienne, directrice clinique, Programme <strong>de</strong> diagnostic prénatal, Université McGill, MontréalD r Jacques MasséMé<strong>de</strong>cin biochimiste, Cité <strong>de</strong> la Santé <strong>de</strong> Laval, LavalD r Jacques L. MichaudMé<strong>de</strong>cin généticien, Service <strong>de</strong> génétique médicale, Hôpital Sainte-Justine, MontréalVILE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE
RÉSUMÉIntro<strong>du</strong>ction<strong>Le</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>, ou trisomie 21, est laplus commune <strong>de</strong>s anomalies chromosomiquesviables. La présentation clinique est variable, mais lephénotype est caractéristique <strong>et</strong> il s’accompagnedans tous les cas d’un certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> r<strong>et</strong>ard mental.Son inci<strong>de</strong>nce dans la population est <strong>de</strong> 1 cas pour770 naissances vivantes, soit 1,3 pour 1 000 naissancesvivantes. L’inci<strong>de</strong>nce augmente avec l’âge <strong>de</strong>la mère, gra<strong>du</strong>ellement jusqu’à l’âge <strong>de</strong> 35 ans, <strong>et</strong>très rapi<strong>de</strong>ment par la suite. Au Québec, commeailleurs dans le mon<strong>de</strong>, on propose aux femmesenceintes âgées <strong>de</strong> 35 ans <strong>et</strong> plus une amniocentèsevisant à diagnostiquer le <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> autresanomalies chromosomiques. Ce programme existe<strong>de</strong>puis 1976. Toutefois, bien que le risque <strong>de</strong> donnernaissance à un enfant atteint <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>soit plus élevé après 35 ans, les accouchements aprèsc<strong>et</strong> âge étant moins nombreux, la plupart <strong>de</strong>s enfantsatteints naissent <strong>de</strong> mères <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 35 ans. Deplus, l’amniocentèse est un examen effractif, quicomporte un risque <strong>de</strong> complications allant jusqu’à laperte iatrogène d’un fœtus non atteint. Dans le butd’améliorer la performance <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnosticprénatals <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autresaneuploïdies, c’est-à-dire <strong>de</strong>s anomalies <strong>du</strong> nombre<strong>de</strong> chromosomes présents, <strong>et</strong> <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le nombred’amniocentèses, plusieurs techniques ont été misesau point. Certaines, comme le dépistage parmarqueurs sériques au <strong>de</strong>uxième trimestre <strong>de</strong> lagrossesse, sont d’usage courant dans plusieurs pays<strong>et</strong> dans d’autres provinces canadiennes.<strong>Le</strong> Conseil d’évaluation <strong>de</strong>s technologies <strong>de</strong> lasanté (CETS), <strong>de</strong>venu par la suite l’Agence d’évaluation<strong>de</strong>s technologies <strong>et</strong> <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’intervention ensanté (AETMIS), a publié en 1999 un rapport d’évaluation<strong>de</strong>s enjeux <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnosticprénatals <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre <strong>de</strong> la grossesse [CETS, 1999]. <strong>Le</strong> rapport <strong>du</strong>CETS conclut que le diagnostic prénatal basé sur l’amniocentèseproposée aux femmes âgées <strong>de</strong> 35 ans <strong>et</strong>plus au moment <strong>de</strong> l’accouchement est coûteux <strong>et</strong> peuperformant comparativement aux possibilités offertespar le dépistage sérique chez la mère au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre. <strong>Le</strong> CETS analysait les enjeux éthiques <strong>du</strong>dépistage prénatal, <strong>et</strong> soulignait dans ses recommandationsque l’offre <strong>du</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>du</strong> diagnostic prénatals<strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>de</strong>vait être assez souplepour pouvoir s’adapter aux nouveaux progrès scientifiques<strong>et</strong> technologiques.D’après la littérature récente <strong>et</strong> les pratiquesactuellement en cours, le dépistage au premiertrimestre est une intervention adoptée dans différentspays. Au Québec, le dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> au premier trimestre est en train <strong>de</strong> serépandre, en l’absence <strong>de</strong> normes claires <strong>et</strong> <strong>de</strong>mécanismes <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> la pratique.Ce document est une recension <strong>de</strong>s documents scientifiquespubliés sur le dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> <strong>et</strong> d’autres aneuploïdies au premiertrimestre <strong>de</strong> la grossesse.<strong>Le</strong>s marqueurs maternels sériques au premiertrimestre<strong>Le</strong>s marqueurs maternels sériques dosés aupremier trimestre, combinés à l’âge maternel, pourraientdétecter entre 56 % <strong>et</strong> 67 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong> (61 % en moyenne), avec 5 % <strong>de</strong>faux positifs. C<strong>et</strong>te performance s’applique seulementaux grossesses à fœtus unique (grossesses uniques).Elle semble comparable à celle <strong>de</strong>s marqueurs <strong>du</strong><strong>de</strong>uxième trimestre, bien que la majorité <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>saient porté sur <strong>de</strong>s femmes enceintes exposées à unrisque élevé <strong>et</strong> ne tiennent pas compte <strong>de</strong>s pertesspontanées entre le premier <strong>et</strong> le <strong>de</strong>uxième trimestre<strong>de</strong> fœtus atteints <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>. Une seuleRÉSUMÉVII
étu<strong>de</strong> ayant comparé le dépistage maternel sériqueau premier trimestre à celui <strong>du</strong> <strong>de</strong>uxième semble indiquerque ce <strong>de</strong>rnier serait supérieur. Ces résultatsdoivent être confirmés par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>envergure, dont au moins <strong>de</strong>ux sont en cours actuellement.À performance égale, le dépistage au premiertrimestre offre la possibilité d’un diagnostic plusprécoce <strong>et</strong> le désavantage d’un diagnostic inutile <strong>de</strong><strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> chez un pourcentage plus élevé<strong>de</strong> femmes. Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, en eff<strong>et</strong>, la grossessese serait interrompue spontanément avant terme.L’échographie pratiquée au premier trimestreL’échographie pratiquée au premier trimestre,entre la 10 e <strong>et</strong> la 14 e semaine <strong>de</strong> grossesse, est <strong>de</strong>stinéeà mesurer la clarté nucale, c’est-à-dire l’espacesous-cutané situé entre la peau <strong>et</strong> la colonne cervicale<strong>du</strong> fœtus. Lorsqu’elle est ≥ 3mm (entre 2,5 <strong>et</strong> 4 mm,selon les étu<strong>de</strong>s) ou qu’elle se situe au-<strong>de</strong>là <strong>du</strong> 95 e centilepour l’âge gestationnel, elle indique un risque élevé<strong>de</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> ou d’autres aneuploïdies. <strong>Le</strong>taux <strong>de</strong> détection moyen est <strong>de</strong> 69 % pour les étu<strong>de</strong>sportant sur <strong>de</strong>s populations à risque élevé, <strong>et</strong> <strong>de</strong> 66 %pour celles portant sur <strong>de</strong>s populations mixtes ounon sélectionnées. <strong>Le</strong> taux <strong>de</strong> détection est <strong>de</strong> 80 %lorsqu’on évalue le risque à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mesure <strong>de</strong> laclarté nucale combinée à l’âge maternel.Comme c’est le cas pour les marqueurssériques, ce taux pourrait être plus bas si on tenaitcompte <strong>de</strong> la prévalence <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> àterme au lieu <strong>de</strong> la prévalence au premier trimestre.<strong>Le</strong>s variations observées entre les étu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> entre lescentres tra<strong>du</strong>isent probablement les difficultés rencontréesdans l’utilisation <strong>de</strong> la mesure <strong>de</strong> la clarté nucaleen <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s centres tertiaires ou <strong>du</strong> contexte expérimental,en l’absence <strong>de</strong> programmes spécifiques<strong>de</strong> formation <strong>et</strong> <strong>de</strong> surveillance <strong>de</strong>s pratiques. Unemesure <strong>de</strong> la clarté nucale est obtenue dans 82 % à100 % <strong>de</strong>s cas. <strong>Le</strong> taux <strong>de</strong> réussite <strong>de</strong> la techniqueéchographique est plus élevé lorsque le temps additionnelnécessaire à la mesure <strong>de</strong> la clarté nucale n’estpas limité; il l’est également dans les étu<strong>de</strong>s où uneéchographie transvaginale fait suite à une mesureinsatisfaisante <strong>de</strong> la clarté nucale obtenue par voieabdominale; il est <strong>de</strong> 100 % lorsqu’on utilise une techniquepar voie vaginale en 3D. <strong>Le</strong> coefficient <strong>de</strong>repro<strong>du</strong>ctibilité se situe entre 0,22 mm <strong>et</strong> 1,04 mmparmi les étu<strong>de</strong>s. Ces variations ont <strong>de</strong>s conséquencesmajeures dans le calcul <strong>du</strong> risque.Afin d’améliorer l’efficacité réelle <strong>de</strong> lamesure <strong>de</strong> la clarté nucale, certaines conditionsdoivent être respectées. Elles sont résumées dans unarticle <strong>de</strong> Nicolai<strong>de</strong>s <strong>et</strong> ses collègues, <strong>et</strong> ellescomprennent, entre autres : 1) une formation pratiqueappropriée <strong>de</strong>s échographistes <strong>et</strong> l’audit <strong>de</strong> leurpratique; 2) la disponibilité d’un matériel <strong>de</strong> bonnequalité, muni <strong>de</strong> curseurs capables d’une précisionàla décimale près; 3) la mesure prise entre 11 <strong>et</strong>13 +6 jours semaines, lorsque le fœtus est en positionneutre; 4) le recours possible à la voie vaginalelorsque la mesure ne peut être obtenue par voieabdominale [Nicolai<strong>de</strong>s <strong>et</strong> al., 2000].Une augmentation <strong>de</strong> la clarté nucale lorsquele caryotype est normal peut évoquer la présenced’autres malformations ou maladies fœtales, particulièrement<strong>de</strong> malformations cardiaques. Par ailleurs,le risque d’avortement spontané dans le cas <strong>de</strong> fœtusayant un caryotype normal augmente proportionnellementà l’augmentation <strong>de</strong> la clarté nucale.<strong>Le</strong> test combiné : combinaison <strong>de</strong>s marqueurssériques <strong>et</strong> échographiques <strong>du</strong> premiertrimestre<strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s menées sur l’utilisation <strong>de</strong> lacombinaison <strong>de</strong>s marqueurs sériques <strong>et</strong> échographiquesau premier trimestre rapportent <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong>VIIILE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE
détection se situant entre 70 % <strong>et</strong> 100 %. Toutefois, à<strong>de</strong> tels taux <strong>de</strong> détection, le test combiné ne perm<strong>et</strong>pas <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire le nombre <strong>de</strong> faux positifs. Deux étu<strong>de</strong>sprospectives <strong>et</strong> multicentriques évaluant la performancecomparative <strong>du</strong> dépistage entre le test combinéeffectué au premier trimestre <strong>et</strong> les marqueurs sériquesdosés au <strong>de</strong>uxième trimestre sont actuellement encours aux États-Unis <strong>et</strong> en Europe.<strong>Le</strong> test intégré (premier <strong>et</strong> <strong>de</strong>uxième trimestres)<strong>Le</strong> test intégré (premier <strong>et</strong> <strong>de</strong>uxième trimestres<strong>de</strong> la grossesse), c’est-à-dire le dosage <strong>de</strong>s marqueurssériques <strong>du</strong> premier trimestre <strong>et</strong> la mesure <strong>de</strong> la clarténucale, suivis <strong>du</strong> dosage <strong>de</strong>s marqueurs sériques <strong>du</strong><strong>de</strong>uxième trimestre avec combinaison <strong>de</strong>s risques,perm<strong>et</strong>trait la détection <strong>de</strong> 85 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong>, avec moins <strong>de</strong> 1 % <strong>de</strong> résultats faux positifs.Ces résultats théoriques dérivent d’une modélisationmathématique, <strong>et</strong> n’ont jamais fait l’obj<strong>et</strong> d’une évaluationclinique publiée effectuée sur une cohorte<strong>de</strong> patientes. Puisqu’il inclut le dosage <strong>de</strong> l’alphafœtoprotéine(AFP), le test intégré perm<strong>et</strong> également ledépistage <strong>de</strong>s malformations ouvertes <strong>du</strong> tube neural.Hormis les performances techniques, il faut soulignerque le dépistage intégré <strong>du</strong>re généralement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux àcinq semaines, ce qui correspond à une longue pério<strong>de</strong>pendant laquelle les femmes enceintes éprouvent beaucoupd’anxiété. En dévoilant les résultats au fur <strong>et</strong> àmesure, on peut résoudre le problème soulevé par c<strong>et</strong>teattente qui se prolonge. On peut ainsi, soit rassurerimmédiatement la future mère, soit interrompre plusprécocement la grossesse. Il faut cependant préciserque c<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> séquentielle est moins précise; enparticulier, elle génère plus <strong>de</strong> faux positifs.<strong>Le</strong>s autres métho<strong>de</strong>s en cours <strong>de</strong> développementLa fraction β-core <strong>de</strong> l’hormone gonadotrophinechorionique (hCG, ou human chorionicgonadotropin) <strong>et</strong> le taux d’œstriol urinaire ont étéétudiés en tant que marqueurs urinaires <strong>du</strong> <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre <strong>de</strong> la grossesse. <strong>Le</strong> dosage urinaire <strong>de</strong>l’hCG hyperglycolisée <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’hCG totale entre la11 e <strong>et</strong> la 22 e semaine <strong>de</strong> grossesse perm<strong>et</strong>trait untaux <strong>de</strong> détection <strong>de</strong> 79 % avec 5 % <strong>de</strong> faux positifs.L’avantage <strong>de</strong> ces tests rési<strong>de</strong>rait dans leur capacitéd’être utilisés tant au premier qu’au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre <strong>de</strong> la grossesse. C<strong>et</strong>te métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> dépistageest encore au sta<strong>de</strong> expérimental.Une autre technique prom<strong>et</strong>teuse, maisencore au sta<strong>de</strong> expérimental, est la recherche <strong>de</strong>cellules ou <strong>de</strong> l’ADN <strong>du</strong> fœtus dans le sang maternel.C<strong>et</strong>te technique perm<strong>et</strong>trait non seulement le diagnosticprénatal <strong>de</strong>s maladies fœtales, mais aussi ladétection <strong>de</strong> certaines maladies <strong>de</strong> la mère pendantla grossesse, comme la prééclampsie, ou, après lagrossesse, les maladies auto-immunes.<strong>Le</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s femmes concernant ledépistage <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong><strong>Le</strong>s données publiées révèlent que, lorsqu’ellesont le choix, la majorité <strong>de</strong>s femmes préfèrent ledépistage au premier trimestre <strong>de</strong> la grossesse, puisquela pério<strong>de</strong> d’incertitu<strong>de</strong> est plus courte <strong>et</strong> qu’il leur estpossible d’interrompre la grossesse plus précocement,avant que les mouvements fœtaux <strong>de</strong>viennent perceptibles,<strong>et</strong> avec moins <strong>de</strong> risques <strong>de</strong> complications. <strong>Le</strong>srésultats faux positifs génèrent beaucoup d’anxiétéchez les femmes enceintes, <strong>et</strong> ils con<strong>du</strong>isent à unrecours accru aux techniques effractives <strong>de</strong> diagnostic,telles que l’amniocentèse, avec le risque <strong>de</strong> perteiatrogène d’un fœtus qui n’est pas atteint <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong><strong>de</strong> <strong>Down</strong>. La multiplication <strong>de</strong>s tests a également <strong>de</strong>srépercussions sur les coûts. Un résultat faux positif peutaffecter la décision <strong>de</strong> la femme <strong>de</strong> participer audépistage lors d’une grossesse ultérieure, <strong>et</strong> pourraitégalement con<strong>du</strong>ire à <strong>de</strong>s interruptions volontaires <strong>de</strong>la grossesse <strong>du</strong> fait que la femme ne comprend pasbien la signification <strong>du</strong> test.RÉSUMÉIX
<strong>Le</strong>s résultats faux négatifs risquent d’avoir<strong>de</strong>s conséquences psychologiques chez les parents,lesquels pourraient également éprouver plus <strong>de</strong> difficultésà s’adapter au rôle parental, même plusieursannées après la naissance d’un enfant atteint.Toutefois, très peu d’étu<strong>de</strong>s ont été menées sur lesuj<strong>et</strong>. Par ailleurs, les résultats faux négatifs semblentminer la confiance <strong>du</strong> public envers le dépistage. Siles femmes sont nombreuses à accepter le dépistageprénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>, elles semblent insuffisammentrenseignées pour prendre une décisionéclairée quant à leur participation, au moment venu.Elles accor<strong>de</strong>nt cependant une importance fondamentaleà la qualité <strong>de</strong> ce type d’informations.<strong>Le</strong> point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la santéUne étu<strong>de</strong> finlandaise signale que la plupart<strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, indépendamment <strong>de</strong> leur spécialité,croient que le dépistage sérique <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong><strong>Down</strong> <strong>et</strong> le dépistage échographique <strong>de</strong>s malformationsdoivent être proposés à toutes les femmesenceintes, afin <strong>de</strong> prévenir la naissance d’un enfanthandicapé ou d’offrir aux parents la possibilité <strong>de</strong>mieux se préparer à la naissance d’un enfant atteint,<strong>et</strong> <strong>de</strong> ré<strong>du</strong>ire les coûts associés à la prise en charge<strong>de</strong>s personnes handicapées. Ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong>dépistage étaient déjà pratiqués en Finlan<strong>de</strong> aumoment <strong>de</strong> l’enquête. <strong>Le</strong>s répondants indiquent toutefoisque, à leur avis, ces dépistages comportent <strong>de</strong>uxdésavantages majeurs, à savoir l’angoisse que suscitentchez les femmes les résultats faux positifs <strong>et</strong> lapression qu’on exerce sur elles pour les inciter àavorter à un moment où la grossesse est déjàavancée, ce qui est éprouvant sur le plan affectif. Laplupart <strong>de</strong>s répondants ne croient pas que ledépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> augmenteles attitu<strong>de</strong>s négatives envers les personnes atteintes,mais, pour certains autres, il le pourrait. <strong>Le</strong>s nouvellesmodalités <strong>de</strong> dépistage offrent l’avantage <strong>de</strong> l’accessibilité,d’une meilleure sélection <strong>de</strong>s candidates àl’amniocentèse ainsi qu’une option additionnelle pourles femmes <strong>de</strong> 35 ans <strong>et</strong> plus, peu enclines à se soum<strong>et</strong>treà un test diagnostique effractif.Position <strong>de</strong>s associations professionnelles<strong>et</strong> directives cliniquesL’American College of Obst<strong>et</strong>ricians andGynecologists (ACOG) considérait, en 1999, que ledépistage prénatal <strong>de</strong>s anomalies chromosomiques,cardiaques ou autres, au premier trimestre, en utilisantla mesure <strong>de</strong> la clarté nucale seule ou combinéeaux marqueurs sériques, bien que prom<strong>et</strong>teur, resteencore au sta<strong>de</strong> expérimental. D’une part, la technique<strong>de</strong> mesure <strong>et</strong> la définition même <strong>de</strong> la clarténucale doivent être standardisées <strong>et</strong>, d’autre part, ilfaut attendre que <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s viennent confirmer l’efficacitéréelle <strong>du</strong> dépistage avant d’en recomman<strong>de</strong>rl’utilisation clinique systématique. À ce jour, c<strong>et</strong>teposition n’a pas été modifiée par l’ACOG. En 1999,le Comité <strong>de</strong> génétique <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s obstétriciens<strong>et</strong> gynécologues <strong>du</strong> Canada (SOGC) recommandaitque soient mis sur pied, à travers le pays, <strong>de</strong>sprogrammes <strong>de</strong> dépistage sérique <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong><strong>Down</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong>s malformations <strong>du</strong> tube neural au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre <strong>de</strong> la grossesse, <strong>et</strong> que ces programmessoient assortis <strong>de</strong> mécanismes favorisantla formation continue <strong>de</strong>s professionnels <strong>de</strong> la santé<strong>et</strong> <strong>de</strong>s consommateurs, ainsi que l’évaluation <strong>et</strong> l’assurance<strong>de</strong> la qualité <strong>du</strong> programme.<strong>Le</strong>s lignes directrices canadiennes concernantle diagnostic prénatal établissent que « le dépistage<strong>de</strong>s anomalies chromosomiques basé sur les marqueursbiochimiques ne <strong>de</strong>vrait être envisagé quedans le cadre d’un programme où ce dépistage <strong>et</strong> lediagnostic prénatal peuvent être faits <strong>de</strong> manièreapprofondie <strong>et</strong> comprendre l’interprétation, l’é<strong>du</strong>cationXLE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE
aison <strong>de</strong>s limites méthodologiques <strong>de</strong> laplupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s. Malgré les nombreusesétu<strong>de</strong>s, menées sur plus <strong>de</strong> 150 000 grossesses,l’efficacité réelle ou pratique, surtouten ce qui concerne la mesure <strong>de</strong> la clarténucale dans <strong>de</strong>s conditions non expérimentales,soulève encore <strong>de</strong>s questions.• À ce jour, il est impossible <strong>de</strong> se prononcersur la supériorité <strong>du</strong> dépistage au premier ouau <strong>de</strong>uxième trimestre quant à l’efficacité.• <strong>Le</strong> dépistage prénatal au premier trimestreest déjà disponible au Québec, sous différentesmodalités, tant dans le secteur publicque privé.• <strong>Le</strong> dépistage prénatal effectué au premiertrimestre <strong>de</strong> la grossesse perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> poser lediagnostic plus précocement que celui effectuéau <strong>de</strong>uxième trimestre. Par conséquent, lesfemmes enceintes préfèrent c<strong>et</strong>te approche.• La mise en place <strong>du</strong> dépistage au premiertrimestre nécessite <strong>de</strong>s changements dans lapratique courante <strong>de</strong>s soins prénatals, principalementquant à la semaine <strong>de</strong> grossessecorrespondant à la première visite médicale<strong>de</strong> la femme enceinte, au nombre d’échographiesnécessaires <strong>et</strong> au moment <strong>de</strong> lagrossesse où l’échographie est pratiquée.Certains <strong>de</strong> ces changements sont déjà encours au Québec.• <strong>Le</strong> dépistage prénatal <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>doit s’intégrer à l’ensemble <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>dépistage prénatal <strong>et</strong> prendre en considérationles autres maladies qui pourraient ounon être décelées par les mêmes techniques.Recommandations• L’état actuel <strong>de</strong>s connaissances ne perm<strong>et</strong> pas<strong>de</strong> recomman<strong>de</strong>r l’implantation au Québec<strong>du</strong> dépistage au premier trimestre à unelarge échelle. Toutefois, il est impératif <strong>de</strong>baliser les pratiques actuelles afin <strong>de</strong> s’assurer<strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong>s services offerts. <strong>Le</strong>dépistage au premier trimestre <strong>de</strong>vrait selimiter aux hôpitaux universitaires qui réunissenttoutes les conditions nécessaires à laprestation d’un service <strong>de</strong> qualité <strong>et</strong> quiacceptent <strong>de</strong> se soum<strong>et</strong>tre à un processusd’évaluation. C<strong>et</strong>te évaluation perm<strong>et</strong>tra <strong>de</strong>vérifier, en premier lieu, l’efficacité réelle <strong>de</strong>sdifférentes métho<strong>de</strong>s dans le contexte québécois.Elle <strong>de</strong>vrait également perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>définir les caractéristiques <strong>de</strong> la population <strong>et</strong>celles <strong>du</strong> réseau <strong>de</strong> services, les besoins <strong>de</strong>formation <strong>de</strong>s professionnels sur les techniqueselles-mêmes <strong>et</strong> sur le conseil génétique,la disponibilité <strong>du</strong> matériel approprié<strong>et</strong> les coûts associés au dépistage, dans lecontexte québécois. Elle servira aussi à dégagerles principaux éléments <strong>de</strong> l’élaboration<strong>et</strong> <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> mécanismes <strong>de</strong>contrôle <strong>de</strong> la qualité, dans l’éventualité d’unélargissement <strong>de</strong> la pratique.• <strong>Le</strong>s conclusions <strong>du</strong> rapport <strong>du</strong> CETS, publiéen 1999 <strong>et</strong> portant sur le <strong>de</strong>uxième trimestre,sont toujours valables 1 . La mise en place<strong>du</strong> dépistage au <strong>de</strong>uxième trimestre perm<strong>et</strong>trad’offrir un dépistage sérique à toutes lesfemmes enceintes qui le désirent. Il pourraégalement servir à m<strong>et</strong>tre en place <strong>de</strong>s services<strong>de</strong> conseil génétique qui s’avéreront1. Ces conclusions sont toujours valables, bien que l’analyse économique <strong>du</strong> dépistage prénatal au <strong>de</strong>uxième trimestre n’ait pas étémise à jour, ne constituant pas un objectif <strong>du</strong> présent rapport, <strong>et</strong> que le quadruple marqueur <strong>de</strong>vrait remplacer le triple marqueur.XIILE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE
utiles pour toute autre forme <strong>de</strong> dépistage <strong>et</strong><strong>de</strong> diagnostic prénatals. Au fil <strong>du</strong> temps, ilpourra <strong>de</strong>venir une approche complémentaireau dépistage <strong>du</strong> premier trimestre ouêtre remplacé par ce <strong>de</strong>rnier. <strong>Le</strong>s résultats <strong>de</strong>srecherches en cours perm<strong>et</strong>tront <strong>de</strong> comparerles dépistages au premier trimestre à ceux<strong>du</strong> <strong>de</strong>uxième, ainsi que la pertinence <strong>de</strong> leurutilisation, seuls ou combinés.Comme les résultats <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> SURUSS * (Serum,Urine and Ultrasound Screening Study) étaientpubliés au moment même où nous m<strong>et</strong>tions souspresse ce rapport d’évaluation, il est impératif <strong>de</strong>discuter <strong>de</strong>s conclusions <strong>et</strong> <strong>de</strong>s recommandations <strong>du</strong>présent rapport à la lumière <strong>de</strong> ces résultats.Au chapitre <strong>de</strong>s conclusions, une précision s’ajouteà la <strong>de</strong>uxième :• comme l’efficacité <strong>du</strong> dépistage au premiertrimestre (test combiné) <strong>et</strong> au <strong>de</strong>uxièm<strong>et</strong>rimestre (quadruple test) est comparable,on ne peut pas à ce jour se prononcer surla supériorité <strong>de</strong> l’un ou <strong>de</strong> l’autre.Par ailleurs, ces résultats confirment les recommandations<strong>du</strong> présent rapport d’évaluation en ce quiconcerne principalement :• la pertinence <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre sur pied le dépistageprénatal au <strong>de</strong>uxième trimestre auQuébec; <strong>et</strong>• la nécessité <strong>de</strong> circonscrire, dans unpremier temps, la pratique <strong>du</strong> dépistageau premier trimestre aux centres spécialisésafin d’évaluer son efficacité, sa faisabilité,ses coûts <strong>et</strong> les modalités organisationnellesdans le contexte québécois.De nouvelles connaissances s’ajoutent égalementà la présente évaluation, notamment :• il est important d’évaluer les conditions <strong>de</strong>pratique <strong>de</strong> la mesure <strong>de</strong> la clarté nucale,surtout au chapitre <strong>de</strong> la performanc<strong>et</strong>echnique <strong>de</strong> l’équipement échographique(marques <strong>et</strong> modèles);• certains marqueurs utilisés seuls, principalementla clarté nucale, semblent peuefficaces;• sur le plan pratique, le test intégré seraitefficace, <strong>et</strong> il serait possible d’obtenir unebonne efficacité en utilisant un test intégréavec <strong>de</strong>s marqueurs sériques exclusivement,au premier <strong>et</strong> au <strong>de</strong>uxième trimestres.Toutefois, comme les auteurs le soulignent, les étu<strong>de</strong>sen cours <strong>de</strong>vront confirmer la faisabilité <strong>et</strong> l’acceptabilité<strong>du</strong> test intégré.* Wald NJ, Ro<strong>de</strong>ck C, Hackshaw AK, Walters J, Chitty L, Mackinson AM. First and second trimester antenatal screening for <strong>Down</strong>’s<strong>syndrome</strong>: the results of the Serum, Urine and Ultrasound Screening Study (SURUSS). Health Technol Assess 2003;7(11).RÉSUMÉXIII
GLOSSAIREAneuploïdie :anomalie <strong>du</strong> nombre <strong>de</strong> chromosomes présents, <strong>du</strong>e à l’absence d’un chromosomeou à la présence d’un chromosome supplémentaire. <strong>Le</strong> caryotype humain normalcompte 46 chromosomes, soit 22 paires <strong>de</strong> chromosomes somatiques <strong>et</strong> une paire<strong>de</strong> chromosomes sexuels.Avortement :expulsion spontanée ou provoquée <strong>du</strong> fœtus avant la date où il est viable. Dans cerapport, les termes « avortement » <strong>et</strong> « perte fœtale » peuvent parfois être employésindistinctement.Dépistage :on entend par dépistage l’i<strong>de</strong>ntification d’un problème <strong>de</strong> santé chez <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>sapparemment en bonne santé. Dans le contexte particulier <strong>de</strong> ce rapport, le dépistagefait référence aux tests effectués chez les femmes enceintes afin <strong>de</strong> détecter celles quiont un risque élevé <strong>de</strong> porter un enfant atteint <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>. <strong>Le</strong> fait <strong>de</strong> décelerun risque élevé ne confirme pas le diagnostic, mais souligne la nécessité d’avoirrecours à <strong>de</strong>s tests diagnostiques additionnels.Faux négatifs :ensemble <strong>de</strong> cas avec atteinte qui n’ont pas été détectés lors <strong>du</strong> dépistage(voir l’annexe A).Faux positifs :ensemble <strong>de</strong> cas qui ne sont pas atteints, mais qu’on considère à risque élevélors <strong>du</strong> dépistage. <strong>Le</strong> taux <strong>de</strong> faux positifs est le complément <strong>de</strong> la spécificité <strong>du</strong> test(1 – spécificité) (voir l’annexe A).Multiple <strong>de</strong> la médiane (MM) :chez la femme enceinte, concentration d’un marqueur sérique divisée par la valeurmédiane <strong>de</strong> la concentration <strong>du</strong> marqueur chez l’ensemble <strong>de</strong>s femmes enceintes dontl’âge gestationnel est i<strong>de</strong>ntique, <strong>et</strong> après élimination <strong>de</strong>s grossesses caractérisées parune pathologie pouvant affecter les niveaux <strong>de</strong>s marqueurs sériques. Selon le testétudié, une valeur anormale sera déterminée par une fraction (par exemple : 0,5)ou par <strong>de</strong>s multiples (par exemple : 2,0) <strong>de</strong> la valeur médiane.Perte fœtale iatrogène :dans ce rapport, la perte fœtale iatrogène se réfère exclusivement à la perte d’unfœtus non atteint <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>, <strong>et</strong> attribuable à <strong>de</strong>s interventions <strong>de</strong>stinéesà diagnostiquer c<strong>et</strong>te anomalie.XIVLE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE
Phénotype :manifestation apparente <strong>de</strong> la constitution d’un indivi<strong>du</strong> résultant <strong>de</strong> l’interaction entreson bagage génétique <strong>et</strong> son environnement.Risque :dans la présente étu<strong>de</strong>, le risque est le rapport entre le nombre <strong>de</strong> grossesses avec<strong>et</strong> sans atteinte, exprimé sous la forme d’un ratio (par exemple, un risque <strong>de</strong> 1 : 20,soit 1 grossesse avec fœtus atteint pour 20 sans fœtus atteint) ou d’une proportion(par exemple, un risque égal à 1/21, soit 1 grossesse avec fœtus atteint pour21 grossesses).Risque élevé après dépistage :le risque estimé est égal ou supérieur au seuil <strong>de</strong> risque choisi. Dans le cas <strong>du</strong>dépistage <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>, le seuil <strong>de</strong> risque généralement choisi se situeentre 1 : 250 <strong>et</strong> 1 : 385.Seuil <strong>de</strong> risque :valeur à partir <strong>de</strong> laquelle on considère, lors <strong>du</strong> dépistage, que le risque est faibleou élevé.Taux <strong>de</strong> détection :ce taux tra<strong>du</strong>it la sensibilité <strong>du</strong> test, c’est-à-dire sa capacité <strong>de</strong> détecter les suj<strong>et</strong>satteints. Il est étroitement relié au seuil <strong>de</strong> risque choisi <strong>et</strong> au taux <strong>de</strong> faux positifs,mais il est indépendant <strong>de</strong> la prévalence <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong> (voir l’annexe A).Taux <strong>de</strong> faux négatifs :la proportion <strong>de</strong>s grossesses avec atteinte estimées à faible risque lors <strong>du</strong> dépistage.Taux <strong>de</strong> faux positifs :la proportion <strong>de</strong>s grossesses sans atteinte estimées à risque élevé lors <strong>du</strong> dépistage.Ce taux est indépendant <strong>de</strong> la prévalence <strong>du</strong> <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>, <strong>et</strong> il est égal aucomplément <strong>de</strong> la spécificité (1 – spécificité) (voir l’annexe A).Taux <strong>de</strong> réussite :la capacité technique d’obtenir la mesure souhaitée; par exemple, la proportion<strong>de</strong>s suj<strong>et</strong>s chez lesquels une mesure <strong>de</strong> la clarté nucale a pu être obtenue.Trisomie :présence <strong>de</strong> trois chromosomes homologues, plutôt que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux.GLOSSAIREXV
LISTE DES ABRÉVIATIONSAFP : alpha-fœtoprotéineβ-hCG : fraction bêta <strong>de</strong> l’hormone gonadotrophine chorioniqueCN : clarté nucaleFISH : hybridation in situ fluorescente, ou fluorescent in situ hybridizationFMF : F<strong>et</strong>al Medicine FoundationFN : faux négatifsFP : faux positifshCG : hormone gonadotrophine chorionique, ou human chorionic gonadotropinIC : intervalle <strong>de</strong> confianceIVG : interruption volontaire <strong>de</strong> la grossesseMACS : tri cellulaire magnétique, ou magn<strong>et</strong>ic-activated cell sortingMM : multiple <strong>de</strong> la médianePAPP-A : protéine A plasmatique associée à la grossesse, ou pregnancy-associatedplasma protein APCR : amplification en chaîne par polymérase, ou polymerase chain reactionSD : <strong>syndrome</strong> <strong>de</strong> <strong>Down</strong>TA : échographie par voie transabdominaleTS : tests sériquesTV : échographie par voie transvaginaleuE3 : œstriol non conjuguéXVILE DÉPISTAGE PRÉNATAL DU SYNDROME DE DOWN ET D’AUTRES ANEUPLOÏDIESAU PREMIER TRIMESTRE DE LA GROSSESSE