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glossaire des principaux termes utilisés en linguistique énonciative

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PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUEGLOSSAIRE DES PRINCIPAUX TERMES UTILISÉSEN LINGUISTIQUE ÉNONCIATIVETeodora CRISTEA actant(de l’énonciation) acte énonciatif allocutaire allocution assertion cadreénonciatif déictiqueon désigne par le terme « actants de l’énonciation » les part<strong>en</strong>aires discursifs, quipeuv<strong>en</strong>t jouer différ<strong>en</strong>ts rôles: LOCUTEUR, ALLOCUTAIRE, DELOCUTE. Lesactants font partie du DISPOSITIF ENONCIATIF extra-verbal; ils s’oppos<strong>en</strong>t auxactants de l’ENONCE, qui constitu<strong>en</strong>t le dispositif intra-verbal et dont quelques-unspeuv<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>ter <strong>des</strong> actants de l’énonciation.catégorie fondam<strong>en</strong>tale <strong>en</strong> <strong>linguistique</strong> énonciative, l’acte énonciatif est défini commel’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> OPERATIONS méta<strong>linguistique</strong>s sous-jac<strong>en</strong>tes à toute productiond’un ENONCE (ou d’un texte) par un ENONCIATEUR dans une SITUATIONENONCIATIVE déterminée. L’acte énonciatif est repéré par rapport à la situationénonciative dép<strong>en</strong>dant d’un LOCUTEUR et d’un REPERE.ce terme désigne un sujet participant à l’acte de communication considéré dans sondouble statut de RECEPTEUR et de répondant à un ENONCE produit. C’est l’un <strong>des</strong>rôles du DISPOSITIF énonciatif extra-verbal. L’allocutaire ou DESTINATAIREdirect du message peut être singulier ou pluriel, nominal ou anonyme, réel ou fictif.Les lieux d’inscription <strong>linguistique</strong> de l’allocutaire sont: les marques de la deuxièmepersonne (qui peut <strong>en</strong>glober aussi le DELOCUTE: toi et lui=vous ), les appellatifsvocatifs, les impératifs. La prés<strong>en</strong>ce de l’allocutaire se fait s<strong>en</strong>tir dans toute lastructuration de l’ENONCE, qui est construit de telle manière qu’il agisse sur celuiauquel il s’adresse. Parmi d’autres lieux d’inscription de l’allocutaire on peutm<strong>en</strong>tionner aussi le degré d’explicitation <strong>des</strong> informations énoncées, le choix del’appareil stratégique, le cont<strong>en</strong>u de l’ENONCE.la situation d’allocution se définit par le nombre et le statut <strong>des</strong> part<strong>en</strong>aires discursifs.L’acte d’allocution est l’acte par lequel le LOCUTEUR s’adresse à unALLOCUTAIRE.l’assertion est un type de communication institué <strong>en</strong>tre co-énonciateurs qui consiste àfaire dép<strong>en</strong>dre l’ENONCE du verbe locutoire fondam<strong>en</strong>tal dire: (Je te dis que) p.L’assertion est aussi un acte évaluatif de jugem<strong>en</strong>t.les élém<strong>en</strong>ts constitutifs du cadre énonciatif sont: les protagonistes du discours, lescirconstances spatio-temporelles, les conditions générales de la production/ réceptiondu message (canal, contexte socio-historique, contraintes de l’UNIVERS DUDISCOURS). La <strong>linguistique</strong> énonciative étudie les rapports qui s’instaur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trel’ENONCE et le cadre énonciatif dans lequel il s’<strong>en</strong>racine. Dans le discours rapportéil existe deux cadres énonciatifs imbriqués.les déictiques sont les unités <strong>linguistique</strong>s dont le fonctionnem<strong>en</strong>t (sélection etinterprétation) implique une prise <strong>en</strong> considération du rôle <strong>des</strong> ACTANTS del’ENONCE, de l’espace-temps du LOCUTEUR et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t de celui del’ALLOCUTAIRE (v. aussi REPERE). Ces élém<strong>en</strong>ts sont <strong>en</strong>core désignés par lesDialogos 8/2003 59


PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUE<strong>termes</strong> de «prés<strong>en</strong>tatifs» (parce qu’ils s’accompagn<strong>en</strong>t quelquefois d’une opérationd’ost<strong>en</strong>tion), ou d’«embrayeurs» (qui embrai<strong>en</strong>t le message sur la situationénonciative), ou <strong>en</strong>core de «signes indiciels». Les déictiques réfèr<strong>en</strong>t à leur propreINSTANCE énonciative et form<strong>en</strong>t un sous-<strong>en</strong>semble d’unités énonciatives. Lesdéictiques se laiss<strong>en</strong>t diviser <strong>en</strong> plusieurs catégories suivant leur fonctioncommunicative: la source énonciative (les pronoms <strong>des</strong> première et deuxième personnes, lespossessifs <strong>des</strong> personnes du dialogue, les appellatifs du type papa, maman, tonton,etc., ainsi que <strong>des</strong> <strong>termes</strong> dont le s<strong>en</strong>s ne se précise que par référ<strong>en</strong>ce au sujeténonciateur: mon frère, ma sœur, etc); le temps de l’ENONCIATION (<strong>des</strong> substituts adverbiaux tels que maint<strong>en</strong>ant,aujourd’hui, hier, avant-hier, demain, après-demain, ce soir, le prés<strong>en</strong>t <strong>des</strong> verbes,etc.); le lieu de l’énonciation (<strong>des</strong> substituts spatiaux tels que ici, là-bas, etc.) deixis délocutéla deixis est un mode particulier d’actualisation <strong>des</strong> domaines spatial, temporel,personnel par rapport à la SITUATION ENONCIATIVE. Le terme de deixis estpolysémique: il désigne à la fois l’acte de référ<strong>en</strong>ce à l’espace-temps del’ENONCIATION et l’<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> marques qui font référ<strong>en</strong>ce à la situation: lesDEICTIQUES (pronoms personnels, démonstratifs, adverbes de lieu, et de temps,système <strong>des</strong> temps verbaux, etc. ). On distingue trois types ess<strong>en</strong>tiels de deixis:personnelle, spatiale, temporelle, les coordonnées déictiques fondam<strong>en</strong>tales étant moiici-maint<strong>en</strong>ant.A ces types vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s’ajouter <strong>en</strong>core deux catégories dont l’exist<strong>en</strong>c<strong>en</strong>’est reconnue que par certains linguistes: la deixis notionnelle (B. POTTIER) et ladeixis sociale (CH. J. FILLMORE).La deixis spatio-temporelle est étroitem<strong>en</strong>t liée ausystème <strong>des</strong> pronoms personnels et constitue le système <strong>des</strong> REPERES énonciatifs.ce terme désigne le non participant à la relation d’ALLOCUTION. Le non participantest représ<strong>en</strong>table par un pronom de la troisième personne qui, à la différ<strong>en</strong>ce <strong>des</strong>déictiques, a besoin de recevoir un cont<strong>en</strong>u référ<strong>en</strong>tiel précis de déterminationcotextuelle. <strong>des</strong>tinataire (v. aussi ALLOCUTAIRE, ENONCIATAIRE). Dans la sémantique énonciative de O.Ducrot, l’ALLOCUTAIRE est distinct du DESTINATAIRE, qui désigne la personneà laquelle l’acte illocutionnaire est c<strong>en</strong>sé s’adresser. <strong>des</strong>tinateur dispositifénonciatif distance60dans la théorie de la communication, ce terme est synonyme d’EMETTEUR etdésigne la personne qui produit un ENONCE <strong>en</strong> conformité avec les règles du codeet de la mise <strong>en</strong> discours.ce terme désigne l’<strong>en</strong>semble d’élém<strong>en</strong>ts extra- et intra-verbaux déterminés par lescoordonnées énonciatives. On distingue un dispositif énonciatif extra-verbal constituépar la SITUATION D’ALLOCUTION, les caractéristiques <strong>des</strong> part<strong>en</strong>aires discursifs(ACTANTS), les conditions concrètes de la communication, et un dispositifénonciatif intra-verbal constitué par les ACTANTS de l’ENONCE, le verbe et lesdiffér<strong>en</strong>ts types de REPERES.ce concept permet d’appréh<strong>en</strong>der le rapport que le SUJET ENONCIATIF veut établir<strong>en</strong>tre lui et son ENONCE. Si la distance est minimale, le sujet d’énonciation t<strong>en</strong>d às’id<strong>en</strong>tifier au SUJET DE L’ENONCE, ce qui se manifeste par la prés<strong>en</strong>ce explicitede marqueurs spécifiques; c’est la caractéristique ess<strong>en</strong>tielle <strong>des</strong> discoursautobiographiques. Par contre, si la distance est maximale, le sujet d’énonciation t<strong>en</strong>dà dev<strong>en</strong>ir un sujet universaliste, à s’id<strong>en</strong>tifier à d’autres sujets et le discours acquiertun caractère généralisant et objectivant; c’est le cas du discours didactique.Dialogos 8/2003


PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUE emetteur(ou instanceémettrice). énoncé(v. aussi LOCUTEUR< DESTINATEUR< ENONCIATEUR) Ce terme désigne celuiqui produit un énoncé (ou un texte), la source énonciative. Tout comme leRECEPTEUR, il se caractérise par <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces <strong>linguistique</strong>s et para<strong>linguistique</strong>s,idéologiques, culturelles, ainsi que par <strong>des</strong> déterminations psychiques. Tout émetteurest son propre récepteur, comme tout récepteur est un émetteur <strong>en</strong> puissance.le terme d’«énoncé » est, comme la plupart <strong>des</strong> <strong>termes</strong> d’une discipline qui est <strong>en</strong>train de se constituer, surchargé de significations qui, souv<strong>en</strong>t, vari<strong>en</strong>t avecl’ori<strong>en</strong>tation théorique et avec les étapes de développem<strong>en</strong>t de la théorie. Le s<strong>en</strong>s duterme « énoncé » se délimite par une triple série d’oppositions:• Enoncé/vs/ énonciationDans une première étape, « énoncé » s’opposait à ENONCIATION comme le terme« produit » s’oppose à « production », le fabriqué à la fabrication. « L’énonciationdésigne, par opposition à l’énoncé, l’acte de production <strong>linguistique</strong> et non le résultatde cette production. » (B. POTTIER, 1973). Peu à peu, le s<strong>en</strong>s du terme se précise:l’énoncé apparaît ainsi comme le résultat d’un <strong>en</strong>semble d’OPERATIONSénonciatives et prédicatives. Dans une théorie énonciative intégrante comme celle deA. CULIOLI et de J.P. DESCLES, l’énoncé est conçu comme une unité composée parun schéma de LEXIS qui est repéré par rapport à une SITUATION énonciative quidép<strong>en</strong>d d’un LOCUTEUR et d’un REPERE temporel;• Enoncé/vs/ phraseL’énoncé n’est pas du même domaine que la phrase , qui est une unité analysée,abstraite, au moy<strong>en</strong> de laquelle le linguiste r<strong>en</strong>d compte <strong>des</strong> relationsdistributionnelles. Les énoncés sont <strong>des</strong> « échantillons de parole » (J. LYONS, 1970)La phrase apparaît donc comme une <strong>en</strong>tité théorique, un <strong>en</strong>semble d’unités combinéesselon les règles de la syntaxe, prises hors de toute situation de discours; ce que produitle locuteur, ce qu’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d un auditeur ce n’est pas une phrase, mais un énoncéparticulier d’une phrase (O. DUCROT, 1980);• Enoncé /vs/ textePour certains linguistes, l’énoncé est une unité transphrastique: « toute partie dudiscours, t<strong>en</strong>ue par une seule personne, avant et après laquelle il y a sil<strong>en</strong>ce de la partde cette personne ». (Z.S.HARRIS). Ce terme est donc synonyme de ce que l’ondésigne aujourd’hui par le terme “interv<strong>en</strong>tion”. Il ne correspond donc pasobligatoirem<strong>en</strong>t à la phrase, il peut même être constitué de plusieurs phrases ou d’unephrase asyntaxique (phrase incomplète, tronquée, inorganisée). Pour d’autreslinguistes, l’énoncé est un « segm<strong>en</strong>t discursif élém<strong>en</strong>taire » (J.S. ANSCOMBRE, O.DUCROT, 1978). Deux axes se trouv<strong>en</strong>t ainsi impliqués dans la polysémie du mot« énoncé »: l’axe langue/parole et l’axe du rang (dim<strong>en</strong>sion de l’unité <strong>en</strong>visagée).Voici quelques unes <strong>des</strong> définitions proposées pour le terme « énoncé »:Ori<strong>en</strong>tation EnoncéJ. LYONS échantillon de paroleB. POTTIER produit de l’énonciationZ.S. HARRISJ.S. ANSCOMBREO. DUCROTA. CULIOLIJ.P.DESCLESpartie de discours t<strong>en</strong>ue par une seule personnesegm<strong>en</strong>t discursif élém<strong>en</strong>tairerésultat d’un <strong>en</strong>semble d’opérations énonciatives et prédicatives; unité composée d’unschéma de lexis, repéré par rapport à une situation énonciative, à un locuteur, à unrepère temporel et à un événem<strong>en</strong>t auquel l’énoncé réfèreDialogos 8/2003 61


PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUE énonciataire énonciateurc’est un architrait sémantique caractéristique <strong>des</strong> unités <strong>linguistique</strong>s marquantl’inscription de l’un <strong>des</strong> PARAMETRES énonciatifs: protagonistes, circonstancesspatio-temporelles, conditions de la production / réception du message.(v. aussi SUJET D’ENONCIATION). A la source de toute ENONCIATION il y al’énonciateur, celui qui produit l’ENONCE. Tous les événem<strong>en</strong>ts auxquels réfèrel’énoncé sont repérés par rapport à cette source énonciative qu’est l’énonciateur. énonciatif v. ACTE ̉~ , DISPOSITIF ~, FAIT ~ , PARAMETRE ~ énonciation énonciative fait instanceémettrice instanceénonciative instanceréceptrice lexis62le s<strong>en</strong>s du terme « énonciation » s’est constitué par <strong>des</strong> délimitations successives.Dans un premier temps, l’énonciation était définie comme un acte de paroleindividuel, considéré dans sa singularité, comme une prise <strong>en</strong> charge par le SUJET <strong>des</strong>virtualités de la langue. C’est la « mise <strong>en</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t de la langue par un acteindividuel d’utilisation ».( E. BENVENISTE, 1970). Cette définition procède d’uneconception qui rejette l’analyse du discours, <strong>en</strong> ne faisant aucune place à la dim<strong>en</strong>sionsociale de l’activité langagière. Avec l’ext<strong>en</strong>sion du domaine de la <strong>linguistique</strong>énonciative, une nouvelle optique s’impose et l’énonciation est conçue comme unestructure non <strong>linguistique</strong> qui sous-t<strong>en</strong>d la communication. L’objet de la recherchedevi<strong>en</strong>t ainsi le rapport institué <strong>en</strong>tre les instances sociales et l’activité langagière.L’énonciation est opposée à l’ENONCE comme la production s’oppose au produit,mais ces deux <strong>termes</strong> artificiellem<strong>en</strong>t opposés pour autant que l’acte de production nepeut être appréh<strong>en</strong>dé qu’à travers le produit, se rapproch<strong>en</strong>t considérablem<strong>en</strong>t. (C.KERBRAT- ORECCHIONI, 1980). Enonciation et énoncé représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le mêmeobjet considéré sous deux angles différ<strong>en</strong>ts: l’énonciation comme objet événem<strong>en</strong>t etl’énoncé comme objet fabriqué dans lequel le SUJET s’inscrit à tout mom<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>inscrivant <strong>en</strong> même temps l’ENONCIATAIRE dans ce qu’il dit, puisque dès qu’ilcomm<strong>en</strong>ce à parler il implante l’autre devant lui. L’énonciation est définie alorscomme le surgissem<strong>en</strong>t du sujet dans son énoncé et elle peut être saisie à travers lestraces (lieux d’inscription de la subjectivité) qu’elle laisse dans l’énoncé.v. INSTANCE ~ , OPERATION~énonciatif (v. aussi ENONCIATEME, SUBJECTIVEME). Les faits énonciatifs sontles traces <strong>linguistique</strong>s de la prés<strong>en</strong>ce du LOCUTEUR dans son ENONCE, les lieuxd’inscription de la subjectivité dans le langage. Parmi les faits énonciatifs on peutret<strong>en</strong>ir la DEIXIS, la MODALITE, les relations intersubjectives de toutes sortes.(v. EMETTEUR). C’est la source énonciative.(ou instance du discours). C’est l’acte de parole par lequel le SUJET énonciateuractualise les virtualités de la langue <strong>en</strong> parole. Dans le discours rapporté on opère avecdeux instances énonciatives: l’instance passée et la dernière instance énonciative(instance prés<strong>en</strong>te).v. RECEPTEURdans la théorie énonciative de A. CULIOLI et de J.P. DESCLES, la lexis est unschéma relationnel élém<strong>en</strong>taire pris comme axiome, un modèle abstrait de la structureprédicative minimale, antérieure aux OPERATIONS ENONCIATIVES. Elle estdéfinie comme le cont<strong>en</strong>u d’une proposition non assertée sur laquelle porterontdiverses opérations et à laquelle est associée une famille d’énoncés. Ce schéma videDialogos 8/2003


PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUEest instancié, c’est-à-dire rempli par <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts lexicaux, qui seront <strong>en</strong>suite soumis à<strong>des</strong> opérations de quantification, de qualification et d’assignation de temps-aspectmodalité. <strong>linguistique</strong>énonciative(ou del’énonciation) locuteur modalisation modalitéaprès une <strong>linguistique</strong> de la p<strong>en</strong>sée (ou du JE) et une <strong>linguistique</strong> de la communication(ou du JE et du TU conçue comme un tête à tête idéal), la <strong>linguistique</strong> de l’énonciationse donne comme principal objectif l’analyse de la production et de la compréh<strong>en</strong>siond’un ENONCE produit par un ENONCIATEUR face à un ENONCIATAIRE dansune situation déterminée. (J.P.DESCLES, 1974) L’énonciation a été longtemps exclue<strong>des</strong> préoccupations <strong>des</strong> linguistes <strong>en</strong> vertu du postulat de l’imman<strong>en</strong>ce du fait<strong>linguistique</strong>. Elle s’est constituée comme une discipline ayant son propre objet derecherche, son propre métalangage et une problématique spécifique à partir <strong>des</strong> annéessoixante. Dans un article programmatique publié dans la revue Langages <strong>en</strong> 1970,« L‘appareil formel de l’énonciation », E. BENVENISTE a tracé une frontière <strong>en</strong>trel’emploi <strong>des</strong> formes de la langue et l’emploi de la langue. Les développem<strong>en</strong>tsultérieurs de la théorie de l’énonciation ont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce certaines limites <strong>des</strong>principes formulés par E. BENVENISTE, <strong>en</strong> premier lieu le fait que la <strong>linguistique</strong>énonciative y est conçue comme une sorte de prolongem<strong>en</strong>t de la <strong>linguistique</strong> de lalangue et que l’énonciation apparaît comme un épiphénomène qui intervi<strong>en</strong>t d’unemanière plus ou moins facultative. Les deux ori<strong>en</strong>tations majeures qui ont marquél’évolution <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> énonciatives se distingu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre elles par l’ext<strong>en</strong>sion accordéeà l’objet de la recherche: l’inscription du sujet ou bi<strong>en</strong> l’inscription de la situation danstoute sa complexité. Dans le premier cas, on parle de <strong>linguistique</strong> énonciativerestreinte, le trait sémantique pertin<strong>en</strong>t étant le SUBJECTIVEME; dans le second, de<strong>linguistique</strong> énonciative ét<strong>en</strong>due, le trait pertin<strong>en</strong>t étant l’ENONCIATEME (C.KERBRAT-ORECCHIONI, 1980). En pr<strong>en</strong>ant <strong>en</strong> compte les ACTANTS, laSITUATION, les circonstances spatio-temporelles de la production, les contraintes del’UNIVERS DU DISCOURS, cette <strong>linguistique</strong> débouche sur l’analyse du discours.D’autres développem<strong>en</strong>ts <strong>linguistique</strong>s se donn<strong>en</strong>t pour objet la sémantiqueénonciative (O. DUCROT) ou la syntaxe énonciative dans une vision intégrante,conçue comme un système pragmatico-syntaxique qui exclut le lexique et lesdéterminations affectives et sociales <strong>des</strong> participants discursifs (A. CULIOLI).(v. DESTINATEUR, EMETTEUR, ENONCIATEUR). Dans certaines ori<strong>en</strong>tationsthéoriques, le locuteur est défini comme l’ENONCIATEUR de la dernièreINSTANCE ENONCIATIVE.Dans un énoncé à la première personne et au prés<strong>en</strong>t del’indicatif: Je dis, il y a id<strong>en</strong>tification du locuteur et de l’énonciateur, tandis que dansun énoncé rapporté Pierre a dit qu’il ne pourrait pas v<strong>en</strong>ir, il y a distinction <strong>en</strong>tre lelocuteur (source implicite: Je dis que) et l’énonciateur Pierre, source explicite d’unACTE d’énonciation passé.la modalisation est une catégorie énonciative qui désigne la prise <strong>en</strong> charge critique <strong>des</strong>on ENONCE par son propre ENONCIATEUR. La modalisation implique aussil’explicitation <strong>des</strong> relations intersubjectives (modalités d’énonciation). On peutdistinguer cinq fonctions modales: expliciter le rapport <strong>en</strong>tre l’assertion et la réalitéasserté, expliciter l’attitude de l’énonciateur à l’égard du fait ( événem<strong>en</strong>t, état dechoses) évoqué par l’énoncé, expliciter les relations interpersonnelles ettransactionnelles de l’énonciateur avec le(s) ENONCIATAIRE(S), expliciter l’attitudede l’énonciateur à l’égard de la hiérarchie informationnelle <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts constitutifsde l’énoncé (mise <strong>en</strong> topicalisation).c’est la manifestation <strong>linguistique</strong> <strong>des</strong> opérations de MODALISATION.Dialogos 8/2003 63


PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUE opérationénonciative. paramètresénonciatifsles opérations énonciatives de quantification, de qualification, d’assignation <strong>des</strong>catégories de temps- aspect – modalité form<strong>en</strong>t avec les opérations prédicatives un<strong>en</strong>semble qui se trouve à la base de la production de l’ENONCE.les paramètres propres à l’énonciation sont les SUJETS ENONCIATEURS, laSITUATION ENONCIATIVE, dont la source est l’ENONCIATEUR, les REPERESspatio-temporels de l’ENONCIATION, l’événem<strong>en</strong>t auquel réfère l’ENONCE. récepteur (ou instance réceptrice) (v.aussi ALLOCUTAIRE, DESTINATAIRE,ENONCIATAIRE). On appelle récepteur celui qui reçoit et interprète un message. Lerécepteur se caractérise par un <strong>en</strong>semble de compét<strong>en</strong>ces <strong>linguistique</strong>s etpara<strong>linguistique</strong>s (mimo-gestuelles), idéologiques, culturelles (<strong>en</strong>cyclopédiques), ainsique par <strong>des</strong> déterminations psychiques. L’instance réceptrice connaît plusieursdistinctions suivant que le récepteur est un <strong>des</strong>tinataire visé ou non, prévu ou non parle LOCUTEUR (C. KERBRAT-ORECCHIONI, 1980):RécepteurAllocutaireNon allocutaireRécepteur visé prévu par L non prévu par LDestinataire auditeur récepteurs<strong>des</strong>tinataire additionnelsindirect (aléatoires)(témoin)Une autre distinction est fondée sur la capacité du récepteur de répondre ou sur sa prés<strong>en</strong>ce / abs<strong>en</strong>cephysique dans la situation de communication:Contiguïté spatialeprés<strong>en</strong>ceabs<strong>en</strong>ceParticipation verbaleLoqu<strong>en</strong>t +Echange oral quotidi<strong>en</strong>Non loqu<strong>en</strong>t +Confér<strong>en</strong>ce magistrale+conversation téléphonique+communication écrite repèreénonciatif situationd’énonciation subjectivème64tout ENONCE se constitue à partir d’une SITUATION D’ENONCIATION quicomporte parmi ses catégories constitutives <strong>des</strong> repères spatio-temporelsd’énonciation ( le hic et nunc de l’énonciation).tout ENONCE est structuré par référ<strong>en</strong>ce à une situation déterminée créée parl’ENONCIATEUR au mom<strong>en</strong>t où il parle. L’EMETTEUR et le RECEPTEUR fontpartie intégrante de la situation énonciative qui intègre aussi une partie du référ<strong>en</strong>t.Dans la théorie pragmatico-syntaxique de A. CULIOLI et de J.P. DESCLES, lasituation est une variable d’énonciation. On y distingue trois types de situations: Sit 0 –origine énonciative; Sit 1 – situation de locution; Sit 2 – situation événem<strong>en</strong>tielle:(Je dis) Paul a dit qu’il t’avait écritSit 0 Sit 1 Sit 2les subjectivèmes constitu<strong>en</strong>t une sous-catégorie d’ENONCIATEMES qui désign<strong>en</strong>t letrait sémantique caractéristique <strong>des</strong> faits subjectifs, le surgissem<strong>en</strong>t (l’émerg<strong>en</strong>ce) duSUJET dans son ENONCE. Il existe plusieurs catégories de subjectivèmes: affectifs,évaluatifs, modalisateurs, axiologiques.Dialogos 8/2003


PREMIÈRE ASSISE THÉORIQUE sujetd’énonciation t<strong>en</strong>sion transpar<strong>en</strong>ce /opacité universdu discours(v. aussi ENONCIATEUR, LOCUTEUR). Le sujet d’énonciation est à la source detoute ENONCIATION. C’est une <strong>des</strong> composantes du DISPOSITIF énonciatif extraverbal,s’opposant ainsi au sujet de l’énoncé, qui fait partie du dispositif énonciatifintra-verbal. Dans les énoncés à la première personne, il y a coïncid<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le sujetd’énonciation et le sujet d’énoncé.ce concept exprime la relation qui s’établit <strong>en</strong>tre le SUJET ENONCIATEUR et leRECEPTEUR par l’intermédiaire du discours. Le discours t<strong>en</strong>du essaie d’agir sur leDESTINATAIRE.ce concept bipolaire évoque la prés<strong>en</strong>ce ou l’effacem<strong>en</strong>t du SUJET ENONCIATEURpar rapport à son ENONCE et au RECEPTEUR. Si le discours est transpar<strong>en</strong>t, lerécepteur s’id<strong>en</strong>tifie au sujet énonciateur – source du message – et il pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> comptel’énoncé; c’est le propre du discours didactique, <strong>des</strong> s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ces, <strong>des</strong> proverbes, etc. A ladiffér<strong>en</strong>ce du discours transpar<strong>en</strong>t (d’opacité minimale), le discours opaque impliqueun récepteur qui se substitue au sujet d’énonciation:il exige de la part du récepteurd’assumer sa propre subjectivité; c’est le cas du discours lyrique.l’univers du discours intègre la situation de communication et les contraintes de g<strong>en</strong>re(stylistico-thématiques). L’ENONCIATION est créatrice d’un univers de discours.Dialogos 8/2003 65

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