72 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2007 11 (1), 69–78 Florins A., Kettmann R., Willems L.Membrane plasmiqueCytoplasmeBourgeonVirionADNProvirusARNTraductionARNTranscriptionNucléocapsi<strong>de</strong> incomplèteTraductionNucléoï<strong>de</strong> incompletGlycoprotéines membranairesRécepteurviralNoyauFigure 3. Représentation schématique du cycle <strong>de</strong> réplication dʼun rétrovirus — Schematic representation of the replicativecycle of a retrovirus (Coffin et al., 1997).Lʼinteraction entre les protéines dʼenveloppeprésentes à la surface du virus et leur(s) récepteur(s)cellulaire(s) spécifique(s) déclenche une série dʼévénementsmoléculaires complexes. Ceux-ci aboutissent à lafusion <strong>de</strong>s bicouches lipidiques du virus et <strong>de</strong> la cellule,puis à la libération <strong>de</strong> la nucléocapsi<strong>de</strong> dans le cytoplasmecellulaire (Coffin et al., 1997). Après décapsidation,lʼARN viral est rétrotranscrit en ADN bicaténaire viala transcriptase inverse. Cette copie dʼADN proviralest ensuite transportée dans le noyau et intégrée dans legénome <strong>de</strong> la cellule hôte grâce à lʼintégrase. Sous cetteforme, lʼADN viral est appelé « provirus » et fait partieintégrante du génome cellulaire : il est stable, et peut êtretranscrit grâce à la machinerie <strong>de</strong> la cellule hôte.La transcription du provirus aboutit à la productiondʼune part, dʼARN génomique nécessaire pour laformation <strong>de</strong> nouveaux virus et dʼautre part, dʼARNsmessagers permettant la synthèse <strong>de</strong>s différentesprotéines <strong>de</strong> structure et <strong>de</strong> régulation. La traductiona lieu au niveau <strong>de</strong>s ribosomes cellulaires. Aprèsune étape <strong>de</strong> maturation au niveau du réticulumendoplasmique rugueux, les protéines dʼenveloppesont glycosylées au niveau <strong>de</strong>s vésicules <strong>de</strong>lʼappareil <strong>de</strong> Golgi. Ces glycoprotéines, associées enoligomères (gp51-gp30), sʼinsèrent alors dans lamembrane cellulaire. Des protéines entourent les<strong>de</strong>ux copies dʼARN génomiques pour former <strong>de</strong>snucléocapsi<strong>de</strong>s qui vont progressivement sʼassembleravec les enveloppes virales présentes au niveau <strong>de</strong> lamembrane plasmique. De nouveaux virions quittentalors la cellule hôte en bourgeonnant à travers lamembrane cellulaire. Ayant acquis leur enveloppe phospholipidique,les virions ainsi libérés peuvent infecter <strong>de</strong>nouvelles cellules.
Homéostasie au cours <strong>de</strong> lʼinfection par le BLV 734. PATHOLOGIES ASSOCIÉES AU VIRUS BLV4.1. Espèces et cellules ciblesLʼinfection naturelle par le virus BLV dʼespèces autresque bovine est peu commune. Certains cas ont cependantété décrits chez le capybara (Marin et al., 1982) etle buffle dʼeau (Meas et al., 2000). Expérimentalement,le virus peut être transmis à toute une série dʼanimauxtels que le mouton, la chèvre, le porc, le rat et le lapin(Mammerickx et al., 1981 ; Straub, 1987). <strong>Les</strong>lymphocytes B constituent la cible essentielle du virusBLV (Levy et al., 1987 ; Mirsky et al., 1996).4.2. Transmission du virusLa transmission naturelle du virus se réalise essentiellement<strong>de</strong> manière horizontale. Lʼinfection via la particulevirale seule est inefficace ; elle se réalise plutôtvia <strong>de</strong>s cellules infectées (Mammerickx et al., 1987).Étant donné le tropisme lymphocytaire du BLV, le sangconstitue une source importante <strong>de</strong> contaminations,principalement lors <strong>de</strong> pratiques vétérinaires commelʼécornage, le tatouage et lʼutilisation <strong>de</strong> seringuesinfectées (Wilesmith, 1979). Toutefois, la transmissionpeut également se produire in utero lors <strong>de</strong> lʼaccouchement(passage <strong>de</strong> sang maternel vers le fœtus), ainsique par la prise <strong>de</strong> colostrum et <strong>de</strong> lait (Hasselschwertet al., 1993).4.3. Manifestations cliniques <strong>de</strong> la maladie chez lesbovins<strong>Les</strong> bovins infectés par le BLV peuvent présenter troissta<strong>de</strong>s distincts (Burny et al., 1987) :La phase asymptomatique. Il sʼagit du premier sta<strong>de</strong><strong>de</strong> la maladie. Pendant cette pério<strong>de</strong>, qui peut êtreconsidérée comme une phase <strong>de</strong> latence, la présencedʼanticorps dirigés contre les protéines virales gp51et p24 constitue une <strong>de</strong>s seules manifestations <strong>de</strong> lʼinfectionpar le BLV (Meiron et al., 1985). Ces animauxséropositifs ne présentent aucun désordre hématologique.Néanmoins, certains auteurs ont observé une augmentationdu nombre <strong>de</strong> lymphocytes T dans le sangcirculant (Williams et al., 1988), alors que dʼautresrapportent une diminution, du moins transitoire, danslʼabondance <strong>de</strong> ces cellules (Taylor et al., 1992). Cetétat aleucémique peut persister durant toute la vie <strong>de</strong>lʼanimal en lʼabsence <strong>de</strong> tout signe clinique.La lymphocytose persistante (LP). Ce sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la maladieconcerne 30 à 35 % <strong>de</strong>s bovins infectés et peut semaintenir pendant <strong>de</strong> nombreuses années. Il se traduitpar une augmentation du nombre <strong>de</strong> lymphocytes Bcirculants. Selon lʼanimal, les lymphocytes B peuventreprésenter 40 à 90 % <strong>de</strong> la population lymphocytairetotale (Burny et al., 1980) (contre 15 à 20 % chez unanimal sain). Environ 30 % <strong>de</strong> ces lymphocytes Bcontiennent le provirus intégré dans leur génome, endivers sites non préférentiels (Kettmann et al., 1980).Au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong>, la charge provirale resterelativement constante. Lʼaccroissement du nombre<strong>de</strong> cellules B chez ces animaux en LP semble résulterdʼune part, <strong>de</strong> la prolifération polyclonale <strong>de</strong>s cellulesB infectées et dʼautre part, <strong>de</strong> la multiplication <strong>de</strong>scellules B non infectées en réponse à une stimulationconstante par <strong>de</strong>s antigènes.La lymphocytose peut se stabiliser pendant <strong>de</strong> trèslongues pério<strong>de</strong>s, mais peut également progresser pouratteindre <strong>de</strong>s valeurs très élevées ou encore disparaîtresubitement.Malgré leur prolifération excessive, les lymphocytesB dʼanimaux en LP ne semblent pas être <strong>de</strong>s cellulestransformées. Néanmoins, certaines anomalies peuventêtre observées pour ces cellules : accroissement <strong>de</strong> lataille, modifications dans la glycosylation <strong>de</strong> certainscomposants membranaires, augmentation du nombredʼimmunoglobulines <strong>de</strong> surface sIgM et du nombredʼantigènes dʼhistocompatibilité <strong>de</strong> classe II (Estebanet al., 1985 ; Williams et al., 1988 ; Fossum et al.,1988).La phase tumorale. Une fraction <strong>de</strong>s bovins infectés(moins <strong>de</strong> 5 %) développe <strong>de</strong>s leucémies, <strong>de</strong>s lymphomesou <strong>de</strong>s lymphosarcomes. Généralement, la phasetumorale survient chez <strong>de</strong>s animaux en lymphocytosepersistante, mais elle peut aussi se développer chez<strong>de</strong>s animaux aleucémiques ne présentant aucun signeclinique (Ferrer et al., 1979). Lorsquʼune lymphocytosese développe au cours <strong>de</strong> cette phase, le nombre<strong>de</strong> lymphocytes circulants peut atteindre <strong>de</strong>s valeursextrêmement élevées (jusquʼà un million par mm³,contre trois à cinq mille chez un animal normal). Enoutre, <strong>de</strong>s lymphoblastes peuvent apparaître dans lacirculation sanguine. <strong>Les</strong> tumeurs sont toujours issuesdʼune cellule lymphoï<strong>de</strong> <strong>de</strong> type B (Burny et al., 1980)et conduisent inexorablement à la mort <strong>de</strong> lʼanimalendéans lʼannée.5. LʼINFECTION EXPÉRIMENTALE DUMOUTON PAR LE BLVLa découverte <strong>de</strong>s virus humains HTLV-1 etHTLV-2 au début <strong>de</strong>s années 1980 (Poiesz et al.,1980 ; Kalyanaraman et al., 1982) a marqué le début<strong>de</strong> lʼintérêt pour le virus BLV comme modèle in vivo<strong>de</strong> rétrovirus responsable <strong>de</strong> leucémies. Le fait que levirus HTLV soit apparenté au BLV (Kettmann et al.,1994) et quʼil présente <strong>de</strong> nombreuses homologiesavec celui-ci a conduit à étudier le virus BLV chez les