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Le handicap en questions : - Les Classiques des sciences sociales

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C<strong>en</strong>tre Technique National d'Etu<strong>des</strong> et de Recherchessur les Handicaps et les Inadaptations236 bis, rue de Tolbiac75013 ParisPascale MARTINCatherine PAPIER et Joëlle MEYER<strong>Le</strong> <strong>handicap</strong> <strong>en</strong> <strong>questions</strong> :<strong>des</strong> familles faceà la découverte du <strong>handicap</strong> età l'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fantà domicilePréface de E. Alfred SANDUniversité Libre de Bruxelles - Ecole de Santé PubliqueLaboratoire d'Epidémiologie et de Médecine Sociale808, route de <strong>Le</strong>mik - CP 5951070 Bruxelles - Belgique.


EXTRAIT DU CATALOGUE :CLASSIFICAl'ION FRANCAISE DES TROUBLESMENTAUX DE L'ENFANT ET DE L'ADOLESCENT3ème éditionet CLASSIFICATION INTERNATIONALE DESTROUBLES MENTAUX (Chapitre V de la CIM 10 -OMS)Prés<strong>en</strong>tation Pr. R. Misès et Dr. N. QuemadaADOLESCENTS EN DlFFlCULTEVers une psycho-pédagogie de l'expression picturaleChristine Fabre4 PERSONNES HANDICAPEESDroits et démarchesCamille Hermange - Annie Triomphe - Régine M a r tCLASSIFICATION INTERNATIONALE DESHANDICAPS, DEFICIENCES, INCAPACITES ETDESAVANTAGESUn manuel de classification <strong>des</strong> conséqu<strong>en</strong>ces <strong>des</strong>maladiesCo-édition OMS/INSERM/CTNERHIToute reproduction doit être soumise à l'autorisation du directeur du CTNERHI


Amaury Anthony Armand AurélieBelal Bertrand CarolineCéline Christophe Donan EricJ<strong>en</strong>nqerFrédéric Grégory ZsabelleJérôme JO fJoyJonatlzanJulie Laura Lauranne Laur<strong>en</strong>ce<strong>Le</strong>ila Louis MarieMarie-FranceOlivier Philbpe Redeaon<strong>en</strong>Rosalie Samuel Sandrine Sébasti<strong>en</strong>Chan SoriaStéphanie Thomas Vinc<strong>en</strong>tVirginieZachariaYannicket à lezrrs par<strong>en</strong>ts


interviewées, ainsi que sur le respect accordé aux thèmes spécifiqueschoisis par les par<strong>en</strong>ts et leurs modalités d'expression. Toutefois, les<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s se déroul<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> dans un cadre clairem<strong>en</strong>t défini, celui <strong>des</strong>grands thèmes qui font l'objet de la recherche. La liberté accordéeaux sujets participant à l'étude se traduit ainsi par une grandediversité <strong>des</strong> informations recueillies.L'équipe de recherche a certes réussi à relever le défi. <strong>Le</strong>s aspectsméthodologiques et techniques de la recherche, dont il n'est pasopportun d'ébaucher ici un résumé <strong>en</strong> quelques lignes, sont prés<strong>en</strong>téslonguem<strong>en</strong>t dans l'ouvrage. Il s'agit <strong>en</strong> tout état de cause d'un travailde longue haleine, <strong>en</strong> approches successives, qui ne peut être que lefait d'une équipe bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>traînée et motivée. Il est clair que la mise <strong>en</strong>oeuvre de métho<strong>des</strong> et techniques qualitatives, tout comme il <strong>en</strong> estpour les métho<strong>des</strong> épidémiologiques, est parsemée d'embûches qu'ilfaut lever une à une . . .L'équipe de recherche s'est investie complètem<strong>en</strong>t dans sontravail. L'investissem<strong>en</strong>t porta non seulem<strong>en</strong>t sur l'étape de l'analyse<strong>en</strong> commun <strong>des</strong> récits recueillis, mais il débuta bi<strong>en</strong> plus tôt, dès lamise au point de la méthode et de l'adaptation de l'outil aux exig<strong>en</strong>cesde cette recherche particulière. La dynamique de travail était efficace.A noter que les chercheurs, marquées par leur formation sociologique,ont réussi à éviter l'écueil sinon la t<strong>en</strong>tation de déborder duterrain de la discipline qui leur est familière. Il s'agit bi<strong>en</strong> d'une étu<strong>des</strong>ociologique, mais appliquée à un sujet complexe, de caractèreinterdisciplinaire, incluant <strong>des</strong> aspects médicaux, psychologiques,administratifs - la gestion <strong>des</strong> soins de santé -, éducationnels, etc. !Ainsi l'abord <strong>des</strong> problèmes est délibérém<strong>en</strong>t limité et précis; il gardeun caractère ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sociologique. L'étude comporte quatreactes : l'un est consacré à la découverte du <strong>handicap</strong>, le deuxième àl'exam<strong>en</strong> <strong>des</strong> problèmes auxquels les par<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants atteintsd'une infirmité d'origine cérébrale sont confrontés, le troisièmeprés<strong>en</strong>te l'analyse de lem réponses et ceile <strong>des</strong> ressources internes etexternes dont ils bénéfici<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s élém<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels de ces dernièresconcern<strong>en</strong>t la qualité <strong>des</strong> contacts avec le personnel médical, commeavec les éducateurs spécialisés, ainsi que, bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t, l'aideeffectivem<strong>en</strong>t reçue. <strong>Le</strong> quatrième acte, <strong>en</strong>fin, est consacré ài'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant et <strong>des</strong> familles.


Table <strong>des</strong> matièresPréface .............................................................. 1Remerciem<strong>en</strong>ts ................................................. 7INTRODUCTION ................................................. 9METHODE ET TECHNIQUES .............................. 151. La démarche qualitative<strong>Le</strong> choix de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><strong>Le</strong>s <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s semi-directifs thématiques<strong>Le</strong> guide d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>La personne du narrateur2. La phase technique de recueil <strong>des</strong> doméesLa pré-<strong>en</strong>quêteL'<strong>en</strong>quêteProcédure de recrutem<strong>en</strong>tPrise de contact avec les par<strong>en</strong>tsRéalisation <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s<strong>Le</strong> traitem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s : phase techniqueMatériel disponible : pourquoi tr<strong>en</strong>te-neuf <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ?3. La phase <strong>des</strong>criptive4. La phase, d'analyse "compréh<strong>en</strong>sive"L'analyse thématique <strong>des</strong> récits<strong>Le</strong>s axes thématiquesDESCRIPTION DE LA POPULATION ..................... 411. La structure familiale2. La distribution <strong>des</strong> âges maternel et paternel3. La nationalité <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts4. Niveaux d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t et de formation <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts5. Situation et activité professionnelles <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts6. Logem<strong>en</strong>t et quartier7. L'<strong>en</strong>fant atteint d'I.M.0.C.Comm<strong>en</strong>taires


Première partieTYPOLOGIE DES DIFFICULTES RENCONTREES1. La défici<strong>en</strong>ce, le <strong>handicap</strong> et l'<strong>en</strong>fant ........................ 561. <strong>Le</strong>s capacités d'autonomie de l'<strong>en</strong>fant2. La santé globale de l'<strong>en</strong>fant3. Des manifestations spécifiques de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é4. L'image du corps5. La méconnaissance de la cause6. La projection dans le futur7. Des situations de garde difficiles8. L'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant9. <strong>Le</strong>s interactions affectives <strong>en</strong>tre les par<strong>en</strong>ts et leur <strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>éII. <strong>Le</strong>s interactions conjugales, familiales et <strong>sociales</strong> :espaces de conflits ............................................. 641. <strong>Le</strong>s interactions au sein du couple2. <strong>Le</strong>s interactions avec et au sein de la frairie3. <strong>Le</strong>s interactions avec les grands-par<strong>en</strong>ts4. <strong>Le</strong> regard <strong>des</strong> membres de la par<strong>en</strong>tèle5. <strong>Le</strong> regard <strong>des</strong> autresIII. <strong>Le</strong> par<strong>en</strong>t et la vie familiale domestique ..................... 731. <strong>Le</strong> cumul <strong>des</strong> activités2. La combinaison <strong>des</strong> activités3. <strong>Le</strong>s pério<strong>des</strong> particulièresIV. <strong>Le</strong>s interactions avec les professionnels .................... 781. Des interactions courantes <strong>en</strong>tre par<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fants etprofessionnels de la santé2. Problèmes liés aux processus de découverte familiale etd'annonce médicale du <strong>handicap</strong>3. Des pério<strong>des</strong> particulièresV. Démarches et r<strong>en</strong>contres avec 1' institution ................. 891. <strong>Le</strong> manque de structures ad hoc et/ou d'information2. Des institutions médico-pédagogiques et <strong>des</strong> institutionsd'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ordinaire et spécialisé3. L'institution et la vie quotidi<strong>en</strong>ne


VI. L'accès à l'information et les démarches .................. 931. <strong>Le</strong>s interv<strong>en</strong>tions financières2. <strong>Le</strong>s démarches administratives3. L'impact psychologique <strong>des</strong> démarchesVII. L'aspect financier.. .......................................... 961. <strong>Le</strong>s familles et leurs difficultés financières2. <strong>Le</strong> coût financier du problème de I'<strong>en</strong>fant3. La dynamique "Travail-Arg<strong>en</strong>t"4. Idéal et choix de vieVIII. Des aspects de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t ............................ 991. <strong>Le</strong> logem<strong>en</strong>t2. L'accès à l'infrastructure publique3. <strong>Le</strong>s services de la communeElém<strong>en</strong>ts de synthèse ................................................. 102LE CHAMP DES RESSOURCES FAMILIALES1. <strong>Le</strong>s pot<strong>en</strong>tialités par<strong>en</strong>tales .................................. 1051. <strong>Le</strong>s ressources personnelles2. La vie du couple conjugal et par<strong>en</strong>talII. <strong>Le</strong>s pot<strong>en</strong>tialités de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é ..................... 109III. <strong>Le</strong>s interactions par<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fant .......................... 1121. L'investissem<strong>en</strong>t affectif2. L'investissem<strong>en</strong>t "thérapeutique"3. L'investissem<strong>en</strong>t éducatifIV. <strong>Le</strong>s interactions <strong>en</strong>tre frères et soeurs ...................... 113V. Aspects positifs de la situation de <strong>handicap</strong> ............... 115VI. <strong>Le</strong> réseau familial et social ................................... 1161. <strong>Le</strong>s solidarités familiales2. <strong>Le</strong> réseau relationnelVII. <strong>Le</strong>s apports <strong>des</strong> professionnels de la santé ................. 119


VIII. <strong>Le</strong>s apports <strong>des</strong> institutions .................................. 1221. <strong>Le</strong> rôle positif <strong>des</strong> institutions médico-pédagogiques2. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts et l'institution3. <strong>Le</strong>s autres types d'accueilIX. <strong>Le</strong> statut économique et social de la famille ................ 1251. Des ressources financières2. Des lieux de vie et d'habitatElém<strong>en</strong>ts de synthèse ................................................ 127Deuxième partieDES PROCESSUS D'AJUSTEMENTS FAMILIAUX1. Des stratégies fondam<strong>en</strong>tales ................................ 1351. Compter sur soi2. Se sout<strong>en</strong>ir mutuellem<strong>en</strong>t - Etre tous <strong>en</strong>semble3. Avoir le support d'autruiII. L'<strong>en</strong>fant ... <strong>handicap</strong>é.. ........................:.............1411. <strong>Le</strong> s<strong>en</strong>s de l'acceptation de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é2. <strong>Le</strong> s<strong>en</strong>s de la non-acceptation du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fantIII. Des parcours par<strong>en</strong>taux face à la découverte du <strong>handicap</strong> 1481. Processus de découverte par<strong>en</strong>tale du <strong>handicap</strong>Première : Découvertes par<strong>en</strong>tales précédanttoute annonce médicale du <strong>handicap</strong>: Annonce médicale précédanttout processus de découverte par<strong>en</strong>tale2. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts face à la découverte du <strong>handicap</strong>IV.. .Des ajustem<strong>en</strong>ts familiaux face à la prise <strong>en</strong> charge del'<strong>en</strong>fant à domicile ............................................. 1761.Trait.s majeurs de la prise <strong>en</strong> charge à domicile2. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts face à la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é : la répartition par<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> rôles: Des attitu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>tales prochesut<strong>en</strong>dance : Des attitu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>tales distinctes


POUR NE PAS CONCLURE ...QUELQUES PISTES DE REFLEXIONS ................. 205BIBLIOGRAPHIE ............................................... 211Annexe : Guide d'<strong>en</strong>quête pour <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> semi-directifIndex <strong>des</strong> figures et tableauxFigure 1 : Exemple de génogramme ............................................ 32Figure 2 : Travail d'analyse : étapes et mouvem<strong>en</strong>ts ....................... 39Figure 3 : Organisation <strong>des</strong> familles dans i'espace sociétal ............... 46Figure 4 : Modèle conceptuel : dim<strong>en</strong>sions et articulation ............... 134Figure 5 : Quatre types de stratégies par<strong>en</strong>tales d'ajustem<strong>en</strong>t ............ 136Figure 6 : Trois phases initiales de découverte par<strong>en</strong>tale précédantFigure 7Figure 8l'annonce médicale .................................................... 154: Comparaison chronologique <strong>en</strong>tre les découvertespar<strong>en</strong>tales du <strong>handicap</strong> et les pério<strong>des</strong> d'annonce médicale .. 161: Pério<strong>des</strong> d'annonce médicale précédant toute découvertepar<strong>en</strong>tale .................................................................. 163Tableau 1 : La structure familiale ................................................. 41Tableau 2 : Situation et activité professionnelles <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts .............. 43Tableau 3 : Type de logem<strong>en</strong>t habité ............................................. 44Tableau 4 : Type de quartier habité et situation résid<strong>en</strong>tielle ............... 45Tableau 5 : Distribution <strong>des</strong> âges <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants selon le sexe ................ 47Tableau 6 : Gravité de la défici<strong>en</strong>ce motrice cérébrale ........................ 48Tableau 7 : Situation de l'<strong>en</strong>fant dans la fratrie ................................ 49Tableau 8 : Découvertes par<strong>en</strong>tales et types de naissance ................... 155Tableau 9 : Découvertes par<strong>en</strong>tales et pério<strong>des</strong> d'hospitalisation ......... 156Tableau 10 : Pério<strong>des</strong> d'annonce médicale et types de naissance ............ 164Tableau 11 : Pério<strong>des</strong> d'annonce médicale et pério<strong>des</strong> d'hospitalisation .. 165Tableau 12 : Types de tâches sanitaires profanes : G . Cresson ............. 177


Préface<strong>Le</strong> livre de Pascale Martin, Catherine Papier et Joëlle Meyer jetteun éclairage nouveau sur un sujet tout à la fois préoccupant etfascinant : la prés<strong>en</strong>ce au sein de la famille d'un <strong>en</strong>fant prés<strong>en</strong>tant un<strong>handicap</strong> psychomoteur et le vécu <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>gagés dans lesproblèmes que pos<strong>en</strong>t son développem<strong>en</strong>t et son éducation :démarches thérapeutiques et éducatives <strong>en</strong>treprises pour et avec lui,coopération avec le personnel soignant et les réseaux de souti<strong>en</strong>informels, etc ...L'ouvrage, dont le thème général est sans doute familier à bi<strong>en</strong><strong>des</strong> pratici<strong>en</strong>s, offre une riche moisson d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts, notamm<strong>en</strong>tau personnel soignant, aux pédiatres, infirmières, éducateursspécialisés, psychologues et, bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du, aux par<strong>en</strong>ts concernés.Par ailleurs, <strong>en</strong> raison de l'abord original <strong>des</strong> problèmes, l'ouvrageprés<strong>en</strong>te tout autant d'intérêt pour les chercheurs sci<strong>en</strong>tifiquespréoccupés par un sujet qui comporte à la fois <strong>des</strong> facettes médicales,<strong>sociales</strong> et psychologiques.Il s'agit <strong>en</strong> effet d'un sujet aux dim<strong>en</strong>sions multiples, difficiles àcerner, à analyser, voire à compr<strong>en</strong>dre. Ceci ne concerne passeulem<strong>en</strong>t le grand public, mais aussi - <strong>en</strong> dehors <strong>des</strong> milieuxspécifiquem<strong>en</strong>t chargés de v<strong>en</strong>ir <strong>en</strong> aide aux <strong>en</strong>fants atteints d'un<strong>handicap</strong> et à leurs familles - une proportion sans doute importante<strong>des</strong> autres professionnels de la santé. De plus, il suscite souv<strong>en</strong>t, tantdans la population ,générale que chez le personnel médical, <strong>des</strong>réactions, <strong>des</strong> résonances émotionnelles, marquées d'<strong>en</strong>trée de jeupar l'inquiétude, l'angoisse et parfois par <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> de rejet. Laréalité n'est pas si simple et cet ouvrage le montre bi<strong>en</strong>. A la lecture<strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s avec les familles on est souv<strong>en</strong>t frappé par <strong>des</strong> acc<strong>en</strong>tsmoins lourds, plus positifs. <strong>Le</strong> rôle actif joué par les par<strong>en</strong>tsconfrontés à leurs difficultés <strong>en</strong> offre un exemple éloqu<strong>en</strong>t. Il apparaîtaussi que l'expéri<strong>en</strong>ce de vie <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts se déroule souv<strong>en</strong>t de façonpeu prévisible, selon un rythme cyclique où l'on trouve <strong>en</strong> alternance<strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts de désespoir et <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts d'activité productive,voire de sérénité et de dét<strong>en</strong>te. A ces facettes-là les auteurs ontréservé une att<strong>en</strong>tion toute particulière.


<strong>Le</strong>s auteurs ont donc voulu mettre l'acc<strong>en</strong>t sur les aptitu<strong>des</strong> <strong>des</strong>par<strong>en</strong>ts, sur leurs ressources, leurs capacités à faire face, sur lecoping, pour repr<strong>en</strong>dre un anglicisme familier à beaucoup, ainsi quesur les contributions actives de l'<strong>en</strong>tourage social, la prés<strong>en</strong>ce, lesouti<strong>en</strong> reçu. Elles n'occult<strong>en</strong>t pas pour autant les difficultés et lessouffrances, notamm<strong>en</strong>t celles inhér<strong>en</strong>tes à certaines tâches chaquejour reriouvelées, souv<strong>en</strong>t fatigantes et fastidieuses, auxquelles lespar<strong>en</strong>ts et tout l'<strong>en</strong>tourage de l'<strong>en</strong>fant sont confrontés. Souffrancesliées aussi aux incertitu<strong>des</strong> de l'av<strong>en</strong>ir, celles qui caractéris<strong>en</strong>t ledéveloppem<strong>en</strong>t ultérieur de leur <strong>en</strong>fant, sa santé, son av<strong>en</strong>ir scolaireet professionnel par exemple.Il est <strong>en</strong>core un autre trait marquant de cette étude qu'il me fautsouligner <strong>en</strong> priorité. On y trouve <strong>en</strong> effet, <strong>en</strong> association efficace,féconde, deux élém<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels. D'une part, la parole est donnéeaux par<strong>en</strong>ts ; elle est <strong>en</strong>t<strong>en</strong>due et restituée fidèlem<strong>en</strong>t, quelquefois motpar mot. D'autre part, sur cet apport par<strong>en</strong>tal se greff<strong>en</strong>t <strong>des</strong> analysesclairem<strong>en</strong>t étayées, <strong>des</strong> aperçus plus généraux, <strong>des</strong> vues globales surles problèmes <strong>en</strong>visagés, <strong>des</strong> hypothèses théoriques. Au-delà decela, l'étude met <strong>en</strong> oeuvre <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> de recueil <strong>des</strong> données etd'analyse fort bi<strong>en</strong> adaptées à l'étude <strong>des</strong> thèmes ret<strong>en</strong>us, maisrelativem<strong>en</strong>t peu connues <strong>des</strong> équipes de recherche <strong>en</strong> médecine et <strong>en</strong>santé publique. Au surplus, <strong>en</strong> veillant à adapter leurs métho<strong>des</strong> etleurs outils de recherche aux finalités spécifiques de celle-ci, lesauteurs ont été conduites à les affiner, voire à les développer selon lesnécessités.Mais retournons un instant au début de l'<strong>en</strong>treprise. Elle a pris sondépart il y a de longues années déjà. Aucun pédiatre pratici<strong>en</strong>, aucunmédecin ne peut rester indiffér<strong>en</strong>t aux lour<strong>des</strong> difficultés quiassaill<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts d'<strong>en</strong>fants prés<strong>en</strong>tant une défici<strong>en</strong>ce, un<strong>handicap</strong>, qu'il s'agisse de problèmes liés au développem<strong>en</strong>t de lapsychomotricité, à la santé m<strong>en</strong>tale ou à la croissance ou à la santésomatique. C'est ainsi que le premier <strong>en</strong>fant qui me fut prés<strong>en</strong>té - ilétait profondém<strong>en</strong>t marqué par les séquelles d'une rubéole maternellesurv<strong>en</strong>ue tôt au cours de la grossesse - m'a non seulem<strong>en</strong>t longtempspréoccupé mais aussi r<strong>en</strong>du att<strong>en</strong>tif aux inquiétu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>talesm<strong>en</strong>tionnées plus haut. De plus, et de façon très claire, me sontapparues diverses lacunes <strong>des</strong> activités médicales de l'époque, tant <strong>en</strong>matière de soins dits "curatifs" qu'<strong>en</strong> matière de prév<strong>en</strong>tion. <strong>Le</strong> suivi


de plusieurs autres cas d'<strong>en</strong>fants, les échanges avec les familles ontprolongé cette première expéri<strong>en</strong>ce et <strong>en</strong> ont r<strong>en</strong>forcé l'impact.Deux autres circonstances ont corroboré ces observations <strong>en</strong>corebi<strong>en</strong> éloignées de la recherche sci<strong>en</strong>tifique. J'ai eu, d'une part, leprivilège de r<strong>en</strong>contrer l'une <strong>des</strong> pionnières <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> consacréesaux familles ayant un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, une collègue danoise,Annalise Dupont. De nouvelles perspectives de travail s'offrai<strong>en</strong>talors aux chercheurs. <strong>Le</strong>s moy<strong>en</strong>s disponibles à l'époque s'étai<strong>en</strong>t<strong>en</strong>richis <strong>en</strong> effet au fil <strong>des</strong> années de manière considérable. C'estainsi que fut progressivem<strong>en</strong>t élaboré le projet d'une recherche où lesort de l'<strong>en</strong>fant et de sa famille se trouverait au c<strong>en</strong>tre de l'intérêtd'une équipe pluridisciplinaire.Il a été possible, d'autre part, d'affiner et de préciser le projet. Eneffet, diverses réflexions m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> commun avec <strong>des</strong> amis et <strong>des</strong>collègues, les conseils reçus d'eux fur<strong>en</strong>t particulièrem<strong>en</strong>t bénéfiquesà son développem<strong>en</strong>t. Nos collègues Norman Sartorius et Ass<strong>en</strong>Jabl<strong>en</strong>sky notamm<strong>en</strong>t y ont pris une part importante. Il me fautréitérer ici mes remerciem<strong>en</strong>ts à chacun de ceux, y compris lesfamilles m<strong>en</strong>tionnées plus haut, qui, dès le début, ont contribué àpréparer cette recherche.<strong>Le</strong>s défis auxquels l'équipe de recherche de 1'Ecole de SantéPublique de l'université Libre de Bruxelles a t<strong>en</strong>té de répondr<strong>en</strong>'étai<strong>en</strong>t pas mineurs. Ainsi, par exemple, une étude approfondie <strong>des</strong>familles confrontées aux problèmes posés par les soins, par la prise<strong>en</strong> charge quotidi<strong>en</strong>ne et l'éducation de leur <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é doitrépondre à deux exig<strong>en</strong>ces apparemm<strong>en</strong>t contradictoires. L'une vise àrespecter aussi comp'lètem<strong>en</strong>t que possible l'expéri<strong>en</strong>ce vécue par lespersonnes concernées et son évocation dans le cadre de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>avec le chercheur. <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s correctem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>és à cette fin, sontinévitablem<strong>en</strong>t prolongés! L'autre exig<strong>en</strong>ce, toute aussi rigoureuse, aun caractère sci<strong>en</strong>tifique, stricto s<strong>en</strong>su. Il faut élaborer <strong>en</strong> fin decompte, sur la base de l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> informations recueillies, uneimage globale, cohér<strong>en</strong>te, de la problématique rapportée. Comptet<strong>en</strong>u de ce que les objectifs de l'étude appelai<strong>en</strong>t un tel choix, lesmétho<strong>des</strong> et techniques de travail et d'analyse ret<strong>en</strong>ues par l'équipe serang<strong>en</strong>t dans la catégorie <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> dites qualitatives. L'acc<strong>en</strong>t estmis <strong>en</strong> priorité sur l'écoute complète <strong>des</strong> apports <strong>des</strong> personnes


interviewées, ainsi que sur le respect accordé aux thèmes spécifiqueschoisis par les par<strong>en</strong>ts et leurs modalités d'expression. Toutefois, les<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s se déroul<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> dans un cadre clairem<strong>en</strong>t défini, celui <strong>des</strong>grands thèmes qui font l'objet de la recherche. La liberté accordéeaux sujets participant à l'étude se traduit ainsi par une grandediversité <strong>des</strong> informations recueillies.L'équipe de recherche a certes réussi à relever le défi. <strong>Le</strong>s aspectsméthodologiques et techniques de la recherche, dont il n'est pasopportun d'ébaucher ici un résumé <strong>en</strong> quelques lignes, sont prés<strong>en</strong>téslonguem<strong>en</strong>t dans l'ouvrage. Il s'agit <strong>en</strong> tout état de cause d'un travailde longue haleine, <strong>en</strong> approches successives, qui ne peut être que lefait d'une équipe bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>traînée et motivée. Il est clair que la mise <strong>en</strong>oeuvre de métho<strong>des</strong> et techniques qualitatives, tout comme il <strong>en</strong> estpour les métho<strong>des</strong> épidémiologiques, est parsemée d'embûches qu'ilfaut lever une à une . . .L'équipe de recherche s'est investie complètem<strong>en</strong>t dans sontravail. L'investissem<strong>en</strong>t porta non seulem<strong>en</strong>t sur l'étape de l'analyse<strong>en</strong> commun <strong>des</strong> récits recueillis, mais il débuta bi<strong>en</strong> plus tôt, dès lamise au point de la méthode et de l'adaptation de l'outil aux exig<strong>en</strong>cesde cette recherche particulière. La dynamique de travail était efficace.A noter que les chercheurs, marquées par leur formation sociologique,ont réussi à éviter l'écueil sinon la t<strong>en</strong>tation de déborder duterrain de la discipline qui leur est familière. Il s'agit bi<strong>en</strong> d'une étu<strong>des</strong>ociologique, mais appliquée à un sujet complexe, de caractèreinterdisciplinaire, incluant <strong>des</strong> aspects médicaux, psychologiques,administratifs - la gestion <strong>des</strong> soins de santé -, éducationnels, etc. !Ainsi l'abord <strong>des</strong> problèmes est délibérém<strong>en</strong>t limité et précis; il gardeun caractère ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sociologique. L'étude comporte quatreactes : l'un est consacré à la découverte du <strong>handicap</strong>, le deuxième àl'exam<strong>en</strong> <strong>des</strong> problèmes auxquels les par<strong>en</strong>ts <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants atteintsd'une infirmité d'origine cérébrale sont confrontés, le troisièmeprés<strong>en</strong>te l'analyse de leurs réponses et celle <strong>des</strong> ressources internes etexternes dont ils bénéfici<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s élém<strong>en</strong>ts ess<strong>en</strong>tiels de ces dernièresconcern<strong>en</strong>t la qualité <strong>des</strong> contacts avec le personnel médical, commeavec les éducateurs spécialisés, ainsi que, bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t, l'aideeffectivem<strong>en</strong>t reçue. <strong>Le</strong> quatrième acte, <strong>en</strong>fin, est consacré àl'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant et <strong>des</strong> familles.


En plus de l'intérêt que prés<strong>en</strong>te la mise <strong>en</strong> oeuvre d'une méthodede travail originale à plus d'un titre, la recherche ainsi effectuéeéclaire aussi un important dilemme épistémologique. Dans lesrecherches épidémiologiques consacrées à la santé m<strong>en</strong>tale ou à lapsychiatrie, il est bi<strong>en</strong> évid<strong>en</strong>t que tant le psychiatre et le psychologueque l'épidémiologiste se trouv<strong>en</strong>t continuellem<strong>en</strong>t confrontés à unesorte d'hiatus, à une zone vierge, inexplorée sinon inexplorable, quisépare la perception et les vues du clinici<strong>en</strong> de celles del'épidémiologiste. Face à ce dernier, le clinici<strong>en</strong>, <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>antconnaissance et <strong>en</strong> analysant une étude épidémiologique sur un thèmepsychiatrique, éprouve souv<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de malaise, voire der<strong>en</strong>oncem<strong>en</strong>t à la validité de ses observations. En effet, celles-ci setrouv<strong>en</strong>t quasi inévitablem<strong>en</strong>t exposées au risque d'un traitem<strong>en</strong>tréductionniste, au supplice du lit de Procuste. La m<strong>en</strong>ace apparaît<strong>en</strong>core davantage dès que la recherche porte sur un échantillonnumériquem<strong>en</strong>t important de sujets. L'élaboration réfléchie deformulaires standardisés offre sans doute un début de réponse à cedilemme, mais cela ne résout pas complètem<strong>en</strong>t la difficulté. Quant àl'épidémiologiste, il devra accepter d'élaborer et d'effectuer <strong>des</strong>analyses basées sur <strong>des</strong> informations dont il contrôle mal lapertin<strong>en</strong>ce. Il lui sera souv<strong>en</strong>t difficile de trouver le bon équilibre<strong>en</strong>tre l'importance numérique de l'échantillon étudié et lesinformations relatives à chaque sujet. La prés<strong>en</strong>te étude ne prét<strong>en</strong>dsans doute pas clôturer le débat. Mais elle apporte réellem<strong>en</strong>t unnouvel éclairage de cette zone frontière, à laquelle confin<strong>en</strong>t iciess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t deux disciplines : les sci<strong>en</strong>ces <strong>sociales</strong> etpsychologiques d'une part, l'abord médico-social, l'écoute et la prise<strong>en</strong> charge clinique de l'autre.Cet ouvrage prés<strong>en</strong>te le mérite, répétons-le, d'offrir. au lecteurpratici<strong>en</strong> <strong>des</strong> observations de première main qui lui seront d'unegrande utilité dans son travail quotidi<strong>en</strong>. Il contribuera à mieux faireconnaître les messages que les familles - et indirectem<strong>en</strong>t aussi les<strong>en</strong>fants - souhait<strong>en</strong>t diffuser. 11 fournit un riche matérield'informations et <strong>des</strong> précieuses sources de réflexions notamm<strong>en</strong>taux décideurs, aux personnels et aux gestionnaires de lieux d'accueilet à leur <strong>en</strong>tourage.


Dans un registre différ<strong>en</strong>t, l'ouvrage prés<strong>en</strong>te une analyse d<strong>en</strong>ature ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t sociologique, comportant nombre <strong>des</strong>uggestions et apports, qui invite bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>t<strong>en</strong>du à une autre forme delecture. Elle intéressera non seulem<strong>en</strong>t les personnes précitées, maisaussi les chercheurs sci<strong>en</strong>tifiques travaillant sur ce terrain, ainsi quetous ceux qui sont préoccupés par la mise au point et l'application deméthodblogies de recherche pertin<strong>en</strong>tes nouvelles. <strong>Le</strong>s ouvragesconsacrés à ce type d'approche sont rares <strong>en</strong> effet.Une grande partie <strong>des</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts résultant <strong>des</strong> observationsrecueillies dans cette étude et de leur analyse, bi<strong>en</strong> que c<strong>en</strong>trés sur ledéveloppem<strong>en</strong>t d'<strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és moteurs, s'appliqu<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t, du moins <strong>en</strong> leur principe, à d'autres catégories d'<strong>en</strong>fants<strong>en</strong> difficulté.Nous souhaitons b0~electure à tous !E. Alfred SAND


Remerciem<strong>en</strong>tsNous témoignons notre vive reconnaissance auProfesseur E.A.Sand.S<strong>en</strong>sibilisé depuis toujours aux problèmes humains, MonsieurSand a élaboré et mis au point le projet de l'étude qui a servi <strong>des</strong>ubstrat à ce livre. Grâce à son rôle de promoteur actf dans ladéf<strong>en</strong>se de cette recherche, il a sout<strong>en</strong>u le développem<strong>en</strong>t d'un thèmequi lui t<strong>en</strong>ait à coeur depu& de nombreuses années. Son intérêt tout àla fois personnel et sci<strong>en</strong>tzjïque à 1 'égard de cette problématiquemédico-sociale, a constitué un atout fondam<strong>en</strong>tal et un réel<strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t dans la réalisation de notre travailSa grande conflance, mais aussi sa disponibilité constante et sonrespect <strong>des</strong> rythmes de réflexion et de travail de chacune ont favoriséle déroulem<strong>en</strong>t harmonieux et constructfde l'étude.C'est dans cet esprit d'ouverture, extrêmem<strong>en</strong>t posit f a 1 'égard d<strong>en</strong>otre démarche, qu'il invite, par sa Préface, à l'exploration de cetou vrtzge. Nous l'<strong>en</strong> remercions.Nous adressons nos remerciem<strong>en</strong>tsAu Fonds de la Recherche Sci<strong>en</strong>t@que Médicale qui aJnancé ceprojet et qui a permis surtout, par deux reconductions successives, definaliser 1 'éhrde;Au Laboratoire d Epidémiologie et de Médecine Sociale de llEcolede Santé Publique de l'Université Libre de Bruxelles qui a accueilli larecherche;Aux Institutions et à leurs professionnels ainsi qu'aux médecins etaux kinésithérapeutes que nous avons sollicités. <strong>Le</strong>ur collaboration atoujours été fructueuse et apermk la r<strong>en</strong>contre avec les familles;Aux principaux acteurs de cette étude, les Par<strong>en</strong>ts, qui nous ontconfié leur histoire familiale. <strong>Le</strong>ur accueil chaleureux et leurréceptivité ont favor&é les échanges tout au long de notre travail.


Nous exprimons notre profonde gratitudeAu Bofesseur Claude Javeau qui a porté un regard r&oureux surnotre manuscrit et dont les <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts sont source d'unauth<strong>en</strong>tique réconfort toujours nécessaire dans le parcours derecherche;A Pierre-Yves Thév<strong>en</strong>in, psycho-sociologue, pour sa prés<strong>en</strong>ce etson souti<strong>en</strong> infinis;A chacune <strong>des</strong> personnes qui a <strong>en</strong>richi notre réflexion au cours deces cinq années.Notre p<strong>en</strong>sée s'adresse bi<strong>en</strong> sûrA Corinne Heinix et à Eléna Fourny qui ont assuré, <strong>en</strong>alternance, le secrétariat. Elles ont ofert le meilleur d'elles-mêmes <strong>en</strong>alliant compét<strong>en</strong>ce technique, consci<strong>en</strong>ce professionnelle, humour etesprit d'équipe.


"Si la prés<strong>en</strong>ce et le développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é<strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t un bouleversem<strong>en</strong>t au sein <strong>des</strong> fainillesétudiées, si un certain nombre d'analogies sont repérablesquant aux réactions <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts (éjfet de traumatismespsychiques, bouleversem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> repères éducatvspar<strong>en</strong>taux, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'abandon réel ou supposé de leurprogéniture'par la société), cep<strong>en</strong>dant chaque histoirefamilhle est particulière par la singularité du <strong>handicap</strong> dechaque <strong>en</strong>fant, par les valeurs qui fondai<strong>en</strong>t ces familles,par <strong>des</strong> circonstances extérieures ap aremm<strong>en</strong>tindép<strong>en</strong>dantes du problème du <strong>handicap</strong> ." P Visier, Roy,Mounoud, 1984 : 37)Dans sa prés<strong>en</strong>tation générale, cette étude concerne le vécupar<strong>en</strong>tal face à la découverte d'une infirmité motrice d'originecérébrale et à la prise <strong>en</strong> charge du jeune <strong>en</strong>fant au sein de sa famille.Plus précisém<strong>en</strong>t, nous abordons les processus d'ajustem<strong>en</strong>tsfamiliaux face au <strong>handicap</strong> de S<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> les situant dans le cadre <strong>des</strong>interactions de la, vie quotidi<strong>en</strong>ne. <strong>Le</strong>s interactions <strong>sociales</strong>concern<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts, la fratrie, les grands-par<strong>en</strong>ts, le réseau depar<strong>en</strong>té, les amis, les collègues, les interv<strong>en</strong>ants et professionnels dela santé, ... c'est-à-dire toutes les personnes impliquées dans la viequotidi<strong>en</strong>ne de l'<strong>en</strong>fant. Comme l'exprime Cl. Javeau dont le verbeappuie et récise le s<strong>en</strong>s de notre démarche, "L'horizon du quotidi<strong>en</strong>n'est pas /' comme le voudrait le s<strong>en</strong>s commun), la journée, mais bi<strong>en</strong>la socialité, c 'est-à-dire 1 'ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t concret <strong>des</strong> interactions au seind'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>ts concrets ."(Javeau, 1991 : 38)L'angle d'étude est la famille, dans sa dynamique et samultiplicité. <strong>Le</strong>s réponses apportées par les familles au problème du<strong>handicap</strong> sont multiples; ces familles ont <strong>des</strong> conduites et <strong>des</strong>attitu<strong>des</strong> aussi différ<strong>en</strong>tes que toutes les autres. <strong>Le</strong> fait d'avoir unjeune <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é ne les r<strong>en</strong>d pas plus homogènes <strong>en</strong> tant quegroupe social.En plus, les cheminem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux doiv<strong>en</strong>t être considéréschacun séparém<strong>en</strong>t avant d'être réinterprétés dans le cadre de ladynamique familiale. On ne peut assimiler le vécu du père à celui de


la mère, ou à celui de toute personne concernée par le <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant.L'accompagnem<strong>en</strong>t médical, pédagogique, psychologique etsocial est au c<strong>en</strong>tre de cette problématique. Si, selon R. Salbreux," (. . .) il s'agit d'un essai de réponse, aussi précoce que possible, auxbesoins'de santé et de développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant, dans son milieunaturel de vie (...)" (Salbreux, 1988 : 20), il faut aussi compr<strong>en</strong>dredans cette notion, l'idée d'aide et de souti<strong>en</strong> à l'<strong>en</strong>semble de lafamille. Cet auteur propose dew ori<strong>en</strong>tations c<strong>en</strong>trées l'une, surl'<strong>en</strong>semble <strong>en</strong>fant-famille - "( ... ) <strong>en</strong> raison de la primauté de lafamille comme facteur de lobalisation de l'approche etd'épanouissem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant. " f Salbrew, 1988 : 25) - l'autre, sur lanotion de part<strong>en</strong>ariat <strong>en</strong>tre par<strong>en</strong>ts et professiomels. Et, comme leprécise E. Zucman (1982), selon la prés<strong>en</strong>ce journalière ou non del'<strong>en</strong>fant dans sa famille, selon son âge et son <strong>handicap</strong>, <strong>des</strong>contraintes différ<strong>en</strong>tes interviem<strong>en</strong>t dans toutes les activités de la viequotidi<strong>en</strong>ne et nécessit<strong>en</strong>t <strong>des</strong> adaptations r<strong>en</strong>ouvelées afin derépondre aux besoins spécifiques de l'<strong>en</strong>fant. Ces perspectives serontlargem<strong>en</strong>t étayées tout au long de notre analyse.Face à deux aspects exist<strong>en</strong>tiels bi<strong>en</strong> spécifiques à la découverted'un <strong>handicap</strong> et à l'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant, que sont letraumatisme par<strong>en</strong>tal et la perturbation du projet de vie], se pose laquestion du "comm<strong>en</strong>t faire" : Comm<strong>en</strong>t faire face ? Comm<strong>en</strong>trépondre aux besoins de i'<strong>en</strong>fant ? Comm<strong>en</strong>t gérer les relationsconjugales, au sein de la fratrie, avec l'<strong>en</strong>fant ? Comm<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser lesinteractions avec les professionnels de la santé ?Ces <strong>questions</strong> pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t place dans l'étude <strong>des</strong>ajustem<strong>en</strong>ts familiaux qui se construit sur la base d'uneapproche dialectique <strong>des</strong> forces et <strong>des</strong> problèmes. Quelssont les difficultés et problèmes r<strong>en</strong>contrés par les familles ? Quellessont les pot<strong>en</strong>tialités dont dispos<strong>en</strong>t les familles pour faire face au<strong>handicap</strong> de leur <strong>en</strong>fant ? Quels sont les mo<strong>des</strong> de régulationdéveloppés face au problème ? Quelles sont les logiques et lessystèmes de valeurs qui sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les situations familialesquotidi<strong>en</strong>nes ?Cf. Bibliographie. Plus spécifiquem<strong>en</strong>t ces auteurs : Décant D., Lambert J.L.,Uvy J., Salbreux R., Tornkiewicz S., Visier J.P., Zucrnan E.- 10 -


C'est donc bi<strong>en</strong> dans la perspective de ces interrogations que sesitue cette étude <strong>en</strong> se mettant al'écoute <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> vue de cerner<strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de gestion, <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de représ<strong>en</strong>tation, <strong>des</strong> dynamiquesinteractives.<strong>Le</strong>s thèmes investigués, préalablem<strong>en</strong>t déterminés par l'objectifinitial et maîtrisés grâce au bagage théorique constitué sur laquestion1, sont :* <strong>Le</strong> <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant- découverte de la défici<strong>en</strong>ce- manifestations - signes - symptômes- bilan étiologique- évolution* La dynamique familiale- place et rôle <strong>des</strong> membres de la famille- personnalité <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts- interactions familiales- élém<strong>en</strong>ts du caractère et de la personnalité de l'<strong>en</strong>fant* <strong>Le</strong>s relations extra-familiales- la par<strong>en</strong>tèle- le réseau social (amis, voisins, ...)* <strong>Le</strong>s tâches et activités quotidi<strong>en</strong>nes de la famille* La prise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative- démarches- gestion de l'information- place et rôle <strong>des</strong> institutions d'accueil- interv<strong>en</strong>ants médico-sociaux* <strong>Le</strong> regard social - la société.MARTIN, P.. PAPIER, C. Elém<strong>en</strong>ts de connaissance relatifs à la problématiquedu jeune <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et son miiieu familial.Rapport d'étude F.R.S.M. - E.S.PJU.L.B., Bruxelles, décembre 1989, 90p.MEYER, J. Elém<strong>en</strong>ts de connaissance relatifs à S I.M.O.C.Docum<strong>en</strong>t à usage interne.


<strong>Le</strong>s résultats de cette recherche se structur<strong>en</strong>t autourde quatre grands pôles regroupés deux à deux.La première de cet ouvrage prés<strong>en</strong>te le résultat dudépouillem<strong>en</strong>t systématique <strong>des</strong> récits par<strong>en</strong>taux mettant <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>celes difficultés r<strong>en</strong>contrées par les familles d'une part, et lesressources familiales d'autre part. <strong>Le</strong>s difficultés perçues et lesressources mobilisées par les par<strong>en</strong>ts émerg<strong>en</strong>t du discours par<strong>en</strong>talau mom<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. La prés<strong>en</strong>ce de numéros témoigne de larigueur de l'analyse. Ces numéros réfèr<strong>en</strong>t aux <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s etpermett<strong>en</strong>t de discerner la réam<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> thèmes.La seconde partie, construite sur base de l'analyse préalable <strong>des</strong>difficultés et <strong>des</strong> ressources familiales, s'articule autour de deuxthématiques précises. L'analyse approfondie <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s metrespectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lumière <strong>des</strong> processus par<strong>en</strong>taux dedécouverte de la défici<strong>en</strong>ce et du <strong>handicap</strong> et <strong>des</strong> processusd'ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux face à cette situation. <strong>Le</strong> recours auxexpressions et paroles <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>d l'analyse transpar<strong>en</strong>te à bi<strong>en</strong><strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts et restitue l'int<strong>en</strong>sité <strong>des</strong> vécus par<strong>en</strong>taux.Trois mots clés guid<strong>en</strong>t cette réflexion : Interaction - S<strong>en</strong>s -Pluralité; ces concepts contribu<strong>en</strong>t au développem<strong>en</strong>t d'une analyse<strong>en</strong> termes de dynamique et donc de processus.Au cours du recueil <strong>des</strong> données, l'importance est accordée bi<strong>en</strong>moins à l'événem<strong>en</strong>t qu'au vécu de l'événem<strong>en</strong>t dont l'expressionchange au cours de l'histoire. Ainsi, les données, à la fois objectiveset subjectives, n'ont de s<strong>en</strong>s que replacées dans la trame <strong>des</strong> parcourspar<strong>en</strong>taux. Replaçons ce propos dans la conception du fait social afind'<strong>en</strong> tirer une leçon de méthode : "<strong>Le</strong> "donné social ': lui, s 'annoncetoujours avec une profondeur historique. Un fait social est toujourslà où il est depuis quelque temps - ce temps même qui l'a façoplné etlui a permis de faire s<strong>en</strong>s. Si les corrélations tirées <strong>des</strong> <strong>en</strong>quêtes fontsouv<strong>en</strong>t si peu s<strong>en</strong>s, c'est <strong>en</strong> raison de leur manque d'épaisseurtemporelle. Nées d'int<strong>en</strong>tions éphémères, elles retourn<strong>en</strong>t aussitôt à1 'éphémère, " (Javeau, 1985 : 8)T<strong>en</strong>ir compte de cette "épaisseur temporelle" annonce unepréoccupation méthodologique. En effet, la façon de poser leproblème détermine la démarche d'investigation de la recherche. Uneméthode d'ori<strong>en</strong>tation qualitative a donc été développée visant le


souci de restituer, comme le précise M. Hirschhom,"la réalité socialedans sa dim<strong>en</strong>sion exkt<strong>en</strong>tielle, avec tout le poids du concret, avecl'auth<strong>en</strong>ticité du vécu . " (Hirschhom, 1987 : 42)Afin qu'une meilleure connaissance <strong>des</strong> pratiques et aussi <strong>des</strong>paradigmes sur lesquels repose l'élaboration <strong>des</strong> savoirs soitdéveloppée et théorisée, notamm<strong>en</strong>t dans une perspective derecherche et d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, une att<strong>en</strong>tion particulière a été accordéeaux développem<strong>en</strong>ts méthodologiques. Nous proposons donc deprés<strong>en</strong>ter dans un premier volet quelques réflexions sur la méthode.Cet ouvrage a été structuré de manière à ce que, d'une part, laprogression de la recherche dans ses différ<strong>en</strong>tes étapes, et d'autrepart, l'articulation <strong>des</strong> phases <strong>en</strong>tre elles apparaiss<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t aulecteur : définition de la problématique, élaboration du guided'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, recrutem<strong>en</strong>t, r<strong>en</strong>contre et <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts,<strong>des</strong>cription de la population, élaboration de l'outil d'analyse <strong>des</strong><strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, résultats d'analyse.


IMETHODE ET TECHNIQUES 1"En tant qu'elle est une discipline empirique, lasociologie ne connaît d'autre compréh<strong>en</strong>sion que celle dus<strong>en</strong>s visé subjectivem<strong>en</strong>t par <strong>des</strong> ag<strong>en</strong>ts, au cours d'uneactivité concrète ." (Freund, 1968 : 83)La problématique <strong>en</strong>gagée se situe dans le cadre de l'<strong>en</strong>quête parrécits. Ce type d'<strong>en</strong>quête propose d'investiguer, le plus librem<strong>en</strong>tpossible, une thématique choisie et définie au départ. Il fautcompr<strong>en</strong>dre par "librem<strong>en</strong>t" deux conceptions. La première visel'ori<strong>en</strong>tation méthodologique. L'étude ne se focalise pas sur unevérification d'hypothèses préalablem<strong>en</strong>t formulées ; elle repose surune notion de découverte : "il faut se laisser surpr<strong>en</strong>dre ", dit Cl.Javeau. La seconde, étroitem<strong>en</strong>t liée à "l'esprit" de l'étude, concerneson caractère technique. La procédure de recueil d'informations doitêtre suffisamm<strong>en</strong>t souple afin de permettre au répondant <strong>des</strong>'exprimer le plus ouvertem<strong>en</strong>t possible et d'insister sur les aspectsde son expéri<strong>en</strong>ce qu'il juge important.La méthode qui permet, grâce à la mise <strong>en</strong> place de techniquesappropriées, de cerner un objet d'étude est étroitem<strong>en</strong>t déterminée parcet objet. Ainsi, le débat stérile qui, sans cesse, oppose approchequalitative et approche quantitative, se déplace vers une perspectivebeaucoup plus constructive. Comme le précise M. Hirschhom, dansun article relatif aux articulations de métho<strong>des</strong>, "Il ne s'agitplus dechoisir au nom d'une conception de la réalité sociale telle ou telletechnique, mais de chercher celle qui convi<strong>en</strong>t le mieux à la sakie del'objet que l'on s'est donné ." (Hirschhom, 1987 : 43)1. LA DEMARCHE QUALITATIVEL'intérêt pour la démarche d'ori<strong>en</strong>tation qualitative vise le souci <strong>des</strong>aisir la réalité exist<strong>en</strong>tielle du <strong>handicap</strong> dans et par le discours <strong>des</strong>sujets sur eux-mêmes. Ce projet s'inscrit dans une conception dumonde social et repose sur <strong>des</strong> cadres paradigrnatiques bi<strong>en</strong> précis.L'approche biographique, par exemple, quel que soit son moded'expression - monographie, récit de vie unique, récits d'épiso<strong>des</strong> de


vie cumulés - implique une certaine conception de l'homme et durapport individu / société.De I'ohjet sociolog~que au sujet socialDans l'approche biographique, le vécu individuel est largem<strong>en</strong>tvalorisé. Certes, le vécu d'un fait ne doit pas être confondu avec lerécit du vécu de ce fait. La reconstruction s'opère à deux niveaux,celui du narrateur et celui du chercheur. <strong>Le</strong>s témoignages et les récitssont l'expression subjective de leurs auteurs : "Ainsi, le récit de viedoit être considéré dans sa subjectivité car au plus profond de cettesubjectivité se trouve <strong>en</strong>fhie la réalité sociale et collective incorporéepar le sujet ." (Lalive d'Epinay, 1987 : 204)La subjectivité change ainsi de statut : au lieu de constituer unbiais dont il convi<strong>en</strong>t d'inhiber les effets, elle est réintroduite aucoeur de l'étude puisque c'est à travers elle qu'est saisie la réalitésociale intériorisée par le sujet : " (. ..) tout témoignage porte sa proprevérité : le subjectif est un fait sociologiquem<strong>en</strong>t objectel'affabulation et le m<strong>en</strong>songe sont une part du réel : l'interprétationdu sujet est, <strong>en</strong> elle-même, un élém<strong>en</strong>t intéressant, indisp<strong>en</strong>sable àconna&-e ." (Poirier et al., 1983 : 39)L'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> doit donc permettre de saisir l'Homme dans sonint<strong>en</strong>tionnalité et éviter d'aliéner le sujet, comme le souligne Ch.Lalive d'Epinay (1987), dans les projections préconstruites duchercheur. "En effet, le développem<strong>en</strong>t d'une relation <strong>sociales</strong>'explique égalem<strong>en</strong>t par les int<strong>en</strong>tions que l'être humain y met, lesintérêts qu'il y trouve et le s<strong>en</strong>s dzFér<strong>en</strong>t qu'il lui donne au cours dzltemps ." (Freund, 1968 : 77)<strong>Le</strong>s notions de subjectivité et d'int<strong>en</strong>tionnalité définiss<strong>en</strong>tune position épistémologique. Ces élém<strong>en</strong>ts constitu<strong>en</strong>t lefondem<strong>en</strong>t du cadre conceptuel global et ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t la recherche et lesthéories s'y référant.De l'histoire individuelle à l'histoire socialeSelon la théorie de F. Ferrarotti, la subjectivité peut dev<strong>en</strong>irconnaissance sci<strong>en</strong>tifique, une société peut être lue à travers le récit


iographique d'un seul individu : "Si nous sommes, si tout individuest la réappropriation singulière de l'universel social et hktorhue quiI '<strong>en</strong>toure, nous pouvons connaître le social à partir de la spécificitéirréductible dlunepraxrS individuelle." (Ferrarotti, 1979 : 142)Ces quelques considérations théoriques, mettant <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce lesparadigmes de la subjectivité et de l'int<strong>en</strong>tionnalité, ne sont pas sansconséqu<strong>en</strong>ce dans la pratique de l'<strong>en</strong>quête c'est-à-dire du travailconcret sur le terrain.<strong>Le</strong> narrateur change de statut. Reconnaître le sujet social <strong>en</strong> tantqu'acteur de sa propre histoire réitère, dans la erspective del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, la question du rôle actif de l'interviewé :"?...) le narrateurdu récit de vie est considéré comme un acteur-informateur, un sujetagissant qui informe les chercheurs à partir de sa vision du monde etde savoirs constitués par ses expéri<strong>en</strong>ces, et qu 'il est seul à posséderetà pouvoir transmettre et non comme un objet sociologique a"observer" et à "mesurer"." (Léornant et al., 1991 : 3)<strong>Le</strong> chercheur, quant à lui, se révèle part<strong>en</strong>aire actif l, il n'est pasextérieur au champ de la recherche : "Contrairem<strong>en</strong>t a certainsprincipes qui demand<strong>en</strong>t la "neutralité" du chercheur comme garantiede la valeur sci<strong>en</strong>tzjlque d'un travail <strong>en</strong> sociologie, nous considéronsque le chercheur est impliqué dans le champ d'historicité dunarrateur, ce qui influe sur la construction du récit. " (Léomant etal., 1991 : 5)Dans cette dynamique, l'interaction sociale narrateur-chercheurdevi<strong>en</strong>t source de savoir; elle permet, notamm<strong>en</strong>t par la technique del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> approfondi, la production du récit. <strong>Le</strong>s témoignages et lesrécits naiss<strong>en</strong>t de la situation d'interview :"Au cours <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s,la problématique qui fonde le projet initial <strong>des</strong> chercheurs est sanscesse perturbée et <strong>en</strong>richie par les divers élém<strong>en</strong>ts liés à la situationd'interaction : les récits font apparaître <strong>des</strong> obscurités à élucider dansles <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s suivants ainsi que <strong>des</strong> thématiques qui n 'avai<strong>en</strong>tpas étéreconnues auparavant; mais surtout <strong>des</strong> questionnem<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong>deman<strong>des</strong> d'information sont apportés par les narrateurs; ceux-cidevi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t de ce fait instigateurs de recherche et contribu<strong>en</strong>t àmodper le champ d'investigation et de connaissance . " (Léomant etal., 1991 : 4)Dans cette perspective de recherche, le chercheur s'implique intégralem<strong>en</strong>t dansle travail d'<strong>en</strong>quête.- 17 -


J,e choix de I t e m"En somme, décider de faire usage de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, c'estprimordialem<strong>en</strong>t chokir d'<strong>en</strong>trer <strong>en</strong> contact direct et personnel avec<strong>des</strong> sujets pour obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> données de recherche. C'est considérerqu'il est plus pertin<strong>en</strong>t d'interpeller les individus eu-mêmes qued'observer leur conduite et leur r<strong>en</strong>dem<strong>en</strong>t à certaines tâches oud'obt<strong>en</strong>ir une auto-évaluation à l'aide de divem questionnaires ."(Gauthier, 1990 : 251)<strong>Le</strong>s <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s semi-directifs thématiques<strong>Le</strong>s caractères semi-directif et thématique indiqu<strong>en</strong>t que l'onpropose une certaine ori<strong>en</strong>tation au discours : on ne s'inscrit pastotalem<strong>en</strong>t dans la logique du narrateur et à l'opposé, on ne canalisepas délibérém<strong>en</strong>t et systématiquem<strong>en</strong>t son discours. En outre, laréalisation d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s approfondis est un <strong>des</strong> procédés del'approche biographique,"méthode large et féconde d'étude du vécusocial ". (Poirier et al., 1983 : 205) <strong>Le</strong> "vécu", notion c<strong>en</strong>trale dansnotre recherche, guide le recueil <strong>des</strong> domées. Dans le discours, il està la fois appréh<strong>en</strong>dé au détour <strong>des</strong> opinions, <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong>, à traversl'expression de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, de perceptions, d'émotions et bi<strong>en</strong> sûr<strong>des</strong> significations explicitées.L'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> approfondi respecte cette dim<strong>en</strong>sion subjective. Quantaux données objectives - histoire événem<strong>en</strong>tielle de la famille,chronologie <strong>des</strong> faits -, elles ne pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>s que replacées dans levécu subjectif du répondant. En outre, l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> favorisel'émerg<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes logiques qui régiss<strong>en</strong>t le champ del'action et de la p<strong>en</strong>sée : forces et ressources, problèmes et difficultésn'auront de signification qu'analysés dans la dynamique familiale.<strong>Le</strong> cumul <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ts récits va alors permettre de regrouper <strong>des</strong>pratiques individuelles, <strong>des</strong> <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>ts particuliers, <strong>des</strong> stratégiesde fonctionnem<strong>en</strong>t familial spécifiques. Une analyse de chaquehistoire familiale, doublée d'une analyse globale de l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong>histoires familiales, va t<strong>en</strong>ir compte de l'originalité <strong>des</strong> parcourssinguliers tout <strong>en</strong> les rapportant à un canevas commun. En effet,comme le souligne M. Hirschhom, "On nepeut coder ces donnéesqualitatives comme on le fait dans le cas d'un questionnaire. La


spéczjïcité de chaque discours l'exclut, mais elle n'empêche pas lerecours à <strong>des</strong> comparaisons ." (Hirschhom, 1987 : 41)<strong>Le</strong>s analyses de cont<strong>en</strong>u doiv<strong>en</strong>t nous permettre de développerdiffkr<strong>en</strong>ts cas de figure qui seront organisés autour de variablesjugées pertin<strong>en</strong>tes a posteriori. La constitution de catégoriesthématiques s'élabore, dans un premier temps, à l'aide du guided'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. En effet, ce guide qui systématise les axes de l'étude" ournit le premier cadre catégoriel de l'analyse de cont<strong>en</strong>u ".Joirier et al., 1983 : 149) On insistera sur l'importance que revêt cetoutil d'<strong>en</strong>quête.<strong>Le</strong> guide d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong><strong>Le</strong> guide d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>1 constitue le support thématique del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>2. Il groupe un <strong>en</strong>semble de <strong>questions</strong> relatives aux aspectssuivants :- <strong>des</strong>cription de la famille;- matemité;- vie du couple;- vie quotidi<strong>en</strong>ne familiale;- découverte du <strong>handicap</strong>;- <strong>des</strong>cription : défici<strong>en</strong>ce/ incapacité/ <strong>handicap</strong>;- prise <strong>en</strong> charge thérapeuti.que et éducative de l'<strong>en</strong>fant;- dynamique familiale: interactions <strong>en</strong>tre les membres de la famille;- regard social;- <strong>questions</strong> générales sur le <strong>handicap</strong>.<strong>Le</strong> guide est commun aux membres de l'équipe de recherche. Il aun rôle d'aide-mémoire puisqu'il fournit à l'<strong>en</strong>quêteur les points derepères dont il a besoin pour l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Ce guide thématique permetde viser une certaine complétude. Par ailleurs, utilisé de manièresouple, il laisse une place à la spontanéité du narrateur et à laparticularité de chaque discours. <strong>Le</strong> guide déti<strong>en</strong>t donc une doubleAnnexe : Guide d'<strong>en</strong>quête pour <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> semi-directif."Nous p<strong>en</strong>sons qu'il est impropre de nommer cet outil de recherche'kpestionnaire'; car bi<strong>en</strong> que constitué d'une liste d'interrogations quel'interviewer peut poser au narrateur, il n'obéit pas aux injonctionsméthodologiques du questionnaire d'<strong>en</strong>quête ." (Poirier et al., 1983 : 148)


fonction : " (...) une fonction de cadre (ne pas laisser digresser l<strong>en</strong>arrateur hors du champ de la recherche) et une fonction de précision(demander l'information que le narrateur ne fournit passpontaném<strong>en</strong>t). " (Poirier et al., 1983 : 76)La personne du narrateurR<strong>en</strong>contrer une famille peut se faire par l'intermédiaire dediffér<strong>en</strong>tes personnes : <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants, <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts, et <strong>en</strong>core <strong>des</strong>membres de la par<strong>en</strong>tèle. <strong>Le</strong>s interlocuteurs privilégiés choisis ont étéles par<strong>en</strong>ts. Quatre possibilités se sont prés<strong>en</strong>tées suscitant un<strong>en</strong>semble de remarques : les deux par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>semble; les deux par<strong>en</strong>tsséparém<strong>en</strong>t; le père seul; la mère seule.-. Cette situation a l'avantage de rassemblerautour d'un même propos les deux personnes concernées. Celapermet d'observer la dynamique du couple ; de s<strong>en</strong>tir les points delitiges év<strong>en</strong>tuels et ceux qui particip<strong>en</strong>t de l'harmonie conjugale. Parcontre, certains aspects peuv<strong>en</strong>t être occultés à cause de la prés<strong>en</strong>cedu part<strong>en</strong>aire.-. Ces <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t sous le signedu "double" : double de temps surtout (démarches, <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s,analyses). Du point de vue pratique, cette situation est très lourde; dupoint de vue de l'analyse, elle <strong>en</strong> est <strong>en</strong>richie. Il est <strong>en</strong> effet possibled'établir <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les discours maternel et paternel, de soulever<strong>des</strong> contradictions, de repérer <strong>des</strong> clés pour la recherche dem.significations.Quant aux <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s m<strong>en</strong>és avec seulem<strong>en</strong>t le pèreou la mère de l'<strong>en</strong>fant, on risque de perdre <strong>des</strong> informations <strong>en</strong>matière de vécu du par<strong>en</strong>t abs<strong>en</strong>t. En échange, on peut obt<strong>en</strong>ir, de lapart du narrateur, un <strong>en</strong>semble de données plus confid<strong>en</strong>tielles,riches de significations.Ces différ<strong>en</strong>tes situations d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> mérit<strong>en</strong>t une att<strong>en</strong>tionparticulière, elles ne sont pas anodines. <strong>Le</strong> choix pour l'une oul'autre forme de participation par<strong>en</strong>tale est souv<strong>en</strong>t révélateur de ladynamique conjugale et peut être replacé dans l'histoire de la famille.


2. LA PHASE TECHNIQUE DE RECUEIL DES DONNEES<strong>Le</strong> rôle de la pré-<strong>en</strong>quête est avant tout préparatoire. Dans cetteétude, la pré-<strong>en</strong>quête vise non seulem<strong>en</strong>t à familiariser l'<strong>en</strong>quêteuravec la problématique d'un point de vue théorique, mais surtout àsonder le "vécu de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>". La thématique abordée n'est pasneutre et il est légitime de formuler quelques craintes quant à laréceptivité d'une étude portant sur la défici<strong>en</strong>ce et le <strong>handicap</strong> dunourrisson ou du jeune <strong>en</strong>fant. Face à ces craintes, la premièreapproche de la population concernée a été voulue aussi libre quepossible : les par<strong>en</strong>ts ont été sollicités par la voie du journal de laLigue <strong>des</strong> ~amillesl . La démarche volontaire <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts intéresséspar cette recherche et prêts à communiquer leur expéri<strong>en</strong>ce semblaitadéquate, quel que soit le type de défici<strong>en</strong>ce, quel que soit le milieufamilial.La préoccupation ess<strong>en</strong>tielle était - et est restée d'ailleurs -, dansun souci éthique évid<strong>en</strong>t, que le processus de la révélation du<strong>handicap</strong> soit largem<strong>en</strong>t amorcé. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts devai<strong>en</strong>t être consci<strong>en</strong>tsdu <strong>handicap</strong> de leur <strong>en</strong>fant, condition sine qua non à l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.D'un point de vue déontologique donc, nous voulions nous assurerque la demande d'un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ne constituait ni un harcèlem<strong>en</strong>tsupplém<strong>en</strong>taire, ni une surcharge émotionnelle pour les familles. Lamotivation de plusieurs par<strong>en</strong>ts à communiquer leur parcours nousconforta dans ce s<strong>en</strong>s."Observer", "s'imprégner", "s<strong>en</strong>tir" tel était le but de cette phasepréliminaire du processus d'<strong>en</strong>quête, appelée un peu inadéquatem<strong>en</strong>tpré-<strong>en</strong>quête. Inadéquation terminologique car il y aurait risque deconfusion avec les notions de "pré-test" ou "<strong>en</strong>quête pilote" <strong>en</strong> usagedans les <strong>en</strong>quêtes par questionnaire dont le but est d'évaluer,techniquem<strong>en</strong>t surtout, la validité du questionnaire2. Aux côtésd'autres procédures (analyse bibliographique, visites d'institutions,r<strong>en</strong>contres de personnes ressources), la pré-<strong>en</strong>quête aide àYetite <strong>en</strong>fance <strong>handicap</strong>ée : <strong>des</strong> chercheurs souhait<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>contrer <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts".<strong>Le</strong> Ligueur, 20 janvier 1989.Cette terminologie spécifique est prés<strong>en</strong>tée dans L'<strong>en</strong>quête par questionnoire ,Cl. Javeau, 1992.


"regarder", "terne paradigrnatique pour désigner les divers s<strong>en</strong>s :<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre, respirer, toucher, goûter, etc ." Waveau, 1986 : 123)Cette phase préliminaire a été riche d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts et a surtoutpermis de préciser trois aspects fondam<strong>en</strong>taux. Dans un tout premiertemps, la population concemée par l'étude se prés<strong>en</strong>tait de manièregénérique : la "petite <strong>en</strong>fance <strong>handicap</strong>ée". Tout <strong>en</strong> reconnaissant laspécificité de chaque histoire individuelle, le champ de l'<strong>en</strong>fance setrouvait ainsi réduit à deux volets, celui du <strong>handicap</strong> d'une part, celuide la normalité d'autre part. Cette perspective dualiste est bi<strong>en</strong> viteapparue irrecevable <strong>des</strong> points de vue théorique, méthodologique etanthropologique.Théoriquem<strong>en</strong>t, le <strong>handicap</strong> ne recouvre pas une réalitémonolithique. La dim<strong>en</strong>sion sociale qui caractérise ce conceptintroduit une telle multiplicité de situations qu'il s'avère erroné deram<strong>en</strong>er la réalité sociale à l'alternative nonnalité/pathologie.Méthodologiquem<strong>en</strong>t, plus on élargit le champ d'étude, plus onrestreint la possibilité d'investiguer de manière approfondie lesdiffér<strong>en</strong>tes dim<strong>en</strong>sions d'un phénomène.Anthropologiquem<strong>en</strong>t, la place du sujet, et ici celle de l'<strong>en</strong>fant,doit être restaurée ; il ne faudrait pas aggraver "( ...) les d&$ficultésinhér<strong>en</strong>tes au <strong>handicap</strong> par une attitude d'objectivation barrant laroute à l'<strong>en</strong>fant. La contrainte est du côté du <strong>handicap</strong>, le degré deliberté du côté du sujet. Comme le dit F. Dolto, le piano est abîmémais lepiankte, lu[ est <strong>en</strong>tier. " (Décant, n.d. : 254)L'<strong>en</strong>quête préliminaire a neutralisé les craintes préalablesconcernant les rétic<strong>en</strong>ces <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts à participer à l'étude, nourries<strong>en</strong> fait par le discours alarmiste de certains interv<strong>en</strong>ants. En effet,nous avons r<strong>en</strong>contré <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts disponibles. Différ<strong>en</strong>tesmotivations les animai<strong>en</strong>t : besoin de parler, de "dire son histoire "avec ses problèmes, ses embûches, ses espoirs, ... besoin dedénoncer parfois. Une att<strong>en</strong>tion particulière a dès lors été consacréeaux motivations <strong>des</strong> répondants et au vécu de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, conduisantà une réflexion sur le thème de la recherche <strong>en</strong> tant que formed'interv<strong>en</strong>tion (Martin et al., 1991).Avant de distinguer les différ<strong>en</strong>tes étapes inhér<strong>en</strong>tes au processusde l'<strong>en</strong>quête, précisons la population concernée par l'étude.


Trois critères de base se sont imposés suite aux <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tstirés <strong>des</strong> recherches bibliographiques, de la r<strong>en</strong>contre avec <strong>des</strong>personnes ressources et de la pré-<strong>en</strong>quête. Est concernée par notreétude toute famille habitant Bruxelles ou le BrabantWallon et dont un <strong>en</strong>fant atteint d'une infirmité motriced'origine cérébrale1 est âgé d'un à six ans et vit dans sonmilieu familial.* : cette tranche d'âge concerne <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants <strong>en</strong>période pré-scolaire c'est-à-dire que les par<strong>en</strong>ts n'ont pas <strong>en</strong>core étéconfrontés avec la problématique de la scolarité obligatoire. L'âgeminimum d'un an correspond à une double préoccupation. Lapremière, fondam<strong>en</strong>tale, se réfère à la notion médicale d'intervallelibre qui concerne la période durant laquelle aucun signe n'apparaîtcliniquem<strong>en</strong>t. Or, lors de la r<strong>en</strong>contre avec les par<strong>en</strong>ts, le processusde révélation de l'I.M.0.C. doit être amorcé et une première prise deconsci<strong>en</strong>ce du problème doit déjà exister. La seconde préoccupationconcerne l'étude proprem<strong>en</strong>t dite : le champ d'investigation pourraitse voir limité si l'<strong>en</strong>fant est trop jeune, les par<strong>en</strong>ts de nourrissonsn'ayant pu <strong>en</strong>core expérim<strong>en</strong>ter un <strong>en</strong>semble de situations telles quela prise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative de l'<strong>en</strong>fant, les relationsavec la fratrie év<strong>en</strong>tuelle, .. .* : selon les neuropédiatres,G. Lyon et Ph. Evrard, "On désigne sous le nom d'infirmité motricecérébrale (I.M.C.) un <strong>en</strong>semble de troubles moteurs non évolut{fi(paralysies, mouvem<strong>en</strong>ts involontaires ou incoordination) quiconstitu<strong>en</strong>t la séquelle de lésions cérébrales datant de la périodeprénatale, de la période périnatale ou <strong>des</strong> premiers mok de la vie ."(Lyon, Evrard, 1987 : 22) <strong>Le</strong> choix de 1'I.M.C. par rapport àd'autres types de défici<strong>en</strong>ce, repose sur les argum<strong>en</strong>ts suivants :1" Difficultés à établir le diagnostic, <strong>en</strong>tre autre, pour les troisraisons mises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce par M. Cahuzac (1977 : 70-71) :"L'état du nourrisson est un état dynamique et non pas statique.<strong>Le</strong>s schémas moteurs seront donc évolutifs et évolutifs rapidem<strong>en</strong>t. Il seradonc indisp<strong>en</strong>sable de suivre une évolution motrice pour décider si elle se faitselon <strong>des</strong> schémas normaux ou suivant <strong>des</strong> schémas pathologiques. (...) IlDans notre lecture sociologique, le fait d'introduire la notion "d'origine" dansl'intitulé I.M.C. permet d'<strong>en</strong>glober une plus grande diversité de défici<strong>en</strong>ces quiont pour origine <strong>des</strong> séquelles cérébrales.- 23 -


existe <strong>des</strong> variations dans cette évolution motrice qui sont d'une partethniques mais d'autre part et c'est ce qui nous intéresse surtout, <strong>des</strong> variationsindividuelles. A partir d'un certain mom<strong>en</strong>t, même i'évolution va êtremodifiée par l'interaction de ll<strong>en</strong>vironnern<strong>en</strong>t.qui va donner à l'<strong>en</strong>fant uneempreinte que l'on pourrait appeler "l'empreinte de i'expéri<strong>en</strong>ce" qui va sesurajouter à celle de la mémoire innée et qui va profondém<strong>en</strong>t modifieri'évolution de l'<strong>en</strong>fant. (...) Il existe égalem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> retards que l'on pourraitappeler "simples" c'est-à-dire <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants dont les possibilités motrices nesont acquises que l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t ou d'une façon trop dissociée, (...)."2" Incertitude du pronostic.3" Rééducation complexe et incertaine pour ce type de défici<strong>en</strong>ce.4" En fonction et <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> trois raisons évoquées plushaut, la révélation du <strong>handicap</strong> est plus progressive ; elle faitl'objet d'annonces successives aux par<strong>en</strong>ts et suscite <strong>des</strong>processus de deuils ou de réajustem<strong>en</strong>ts eux aussi successifs.5" Multiplicité <strong>des</strong> problèmes. Ces <strong>en</strong>fants atteints de lésionscérébrales non évolutives ont un <strong>handicap</strong> définitif qui pose <strong>des</strong>problèmes à la fois médicaux, éducatifs, sociaux et humains.L'I.M.0.C. soulève, notamm<strong>en</strong>t, de profon<strong>des</strong> interrogationsquant à la responsabilité du corps médical, à son rôle face à ladécouverte du problème et à la dynamique <strong>en</strong>tre les nombreuxinterv<strong>en</strong>ants médico-sociaux et les par<strong>en</strong>ts de l'<strong>en</strong>fant.En outre, la réalité de 1'I.M.O.C. conduit à r<strong>en</strong>contrer <strong>des</strong> <strong>en</strong>fantstrès diversem<strong>en</strong>t atteints. Dans ce type de pathologie, les degrés degravité sont divers : hémiparésie, monoplégie, tétraplégie, ... Et danscertains cas, d'autres défici<strong>en</strong>ces telles que la surdité, la défici<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>tale, les malformations cardiaques, ou <strong>en</strong>core les maladiesrespiratoires notamm<strong>en</strong>t peuv<strong>en</strong>t être associées à l'infirmité motrice.* : le type de milieu familial n'a pas été déterminépréalablem<strong>en</strong>t pour <strong>des</strong> raisons ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t techniques. En effet,l'accès difficile aux familles ne permet pas d'exiger qu'ellesrépond<strong>en</strong>t à tel ou tel critère précis de structure ou de niveau socioéconomiquepar exemple. Par contre, l'<strong>en</strong>fant participe <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t àla dynamique familiale quotidie~et ne peut donc être placé <strong>en</strong>institutionl.Parmi les familles r<strong>en</strong>contrées, trois <strong>en</strong>fants sont placés <strong>en</strong> institution maisils r<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t à la maison chaque week-<strong>en</strong>d et <strong>en</strong> période de vacances scolaires.


* : dans un premier temps, habiterBruxelles était un critère de sélection, chaque famille se situantgéographi uern<strong>en</strong>t de manière id<strong>en</strong>tique par rapport à l'infrastmctureexistante 9 crèches spécialisées, hôpitaux universitaires, institutsrnédico-pédago iques, kinésithérapeutes pratiquant les métho<strong>des</strong>Bobath, Pet6, . . f. Cep<strong>en</strong>dant, la population qui nous a été prés<strong>en</strong>téepar certains médecins v<strong>en</strong>ait de province. Nous avons dès lorsreconsidéré notre position et accepté d'ét<strong>en</strong>dre les contacts auBrabant Wallon.Une dernière contrainte réside dans l'usage du français, notresouci étant de toujours situer l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> dans les meilleuresconditions de réalisation. <strong>Le</strong> recours à l'interprète, personneforcém<strong>en</strong>t extérieure à la dynamique familiale, a été exclu <strong>en</strong> raisondu type même de problématique. Toutefois, dans un cas,l'interviewée a proposé l'interv<strong>en</strong>tion d'une tierce personne <strong>en</strong> vuede faciliter la compréh<strong>en</strong>sion de son discours.Procédure de recrutem<strong>en</strong>tConnaître <strong>des</strong> familles ayant un jeune <strong>en</strong>fant porteur d'uneinfirmité motrice d'origine cérébrale nécessite le recours à <strong>des</strong>personnes intermédiaires susceptibles de pouvoir établir un li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tr<strong>en</strong>otre étude et les familles concernées par la question. <strong>Le</strong>sintermédiaires privilégiés ont été pour l'ess<strong>en</strong>tiel <strong>des</strong> professionnelsde la santé (neurologues, pédiatres, kinésithérapeutes). Diversesinstitutions dont plusieurs instituts médico-pédagogiques ont assumécette fonction passerelle <strong>en</strong> assurant une collaboration souv<strong>en</strong>tadéquate.Dans un premier temps, obt<strong>en</strong>ir l'accord <strong>des</strong> divers responsablesde c<strong>en</strong>tres, services hospitaliers ou institutions a nécessité la déf<strong>en</strong>sed'un véritable dossier1 : problématique, objectifs, méthodologie.Aucun problème majeur n'a été r<strong>en</strong>contré dans la mise <strong>en</strong> place de ceréseau de relations. <strong>Le</strong>s modalités de contacts <strong>des</strong> familles ont étédécidées <strong>en</strong> accord avec les intermédiaires. Afin de respecter leprincipe de confid<strong>en</strong>tialité, les noms et adresses <strong>des</strong> familles ne nous<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t remis aux intermédiaires compr<strong>en</strong>ait : les critères de sélection dela population, les objectifs de l'étude, un guide d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, les lettres et<strong>en</strong>veloppes timbrées à remettre aux par<strong>en</strong>ts.


ont pas été communiqués par les institutions; les personnesintermédiaires ont transmis notre demande aux famillescorrespondant aux critères de recrutem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts acceptantsr<strong>en</strong>voyai<strong>en</strong>t une carte'réponse nous permettant alors de les id<strong>en</strong>tifier.<strong>Le</strong> recrutem<strong>en</strong>t s'est opéré <strong>en</strong> deux séqu<strong>en</strong>ces, distantes d'<strong>en</strong>vironsix mois, afin d'étaler dans le temps le nombre <strong>des</strong> réponses et depouvoir r<strong>en</strong>contrer les familles dans un délai relativem<strong>en</strong>t court aprèsle premier contact.Si une collaboration effective et fructueuse a pu être obt<strong>en</strong>ue aprèsquelques <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s p.ersonna1isés avec les responsables etprofessionnels de quinze institutions, il importe de souligner que,dans cinq autres cas, <strong>des</strong> contacts répétés, <strong>des</strong> réunions réitéréesn'ont pu aboutir qu'à un accord de principe. <strong>Le</strong>s "collaborationsverbales" restées sans suite effective ont constitué, dans le cadre durecrutem<strong>en</strong>t, une limitation importante et ce, malgré nos précautions.En effet, ce type de procédure <strong>en</strong>gage une motivation et un bonvouloir certain <strong>des</strong> personnes intermédiaires. En outre, nous avonsessuyé le refus catégorique d'un c<strong>en</strong>tre spécialisé qui ne collaborepas aux travaux de recherche.Prise de contact avec les par<strong>en</strong>tsNous notons l'importance de la dim<strong>en</strong>sion temporelle dans ladynamique de prise de contact. Dès réception du courrier <strong>des</strong>par<strong>en</strong>ts, le contact a été concrétisé, dans la plupart <strong>des</strong> cas, par unappel téléphonique ou une première visite de l'<strong>en</strong>quêtrice. Danscertains cas, on observe une phase paxfois longue <strong>en</strong>tre la réponse, laréalisation effective et la finalisation d'un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Lors de notrepremier contact, nous précisons à nouveau l'objet d'étude, lesobjectifs poursuivis et communiquons quelques informationsconcernant le déroulem<strong>en</strong>t de i'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (temps prévu, possibilité <strong>des</strong>cinder l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> <strong>en</strong> deux temps, <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t). Nous assurons leprincipe de confid<strong>en</strong>tialité et l'anonymat ainsi que l'<strong>en</strong>tière liberté duchoix <strong>des</strong> lieux et heures de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Nous rappelons <strong>en</strong> outre quecelui-ci peut se réaliser avec le père seul, la mère seule, les par<strong>en</strong>ts<strong>en</strong>semble, les par<strong>en</strong>ts séparém<strong>en</strong>t.Ces contacts préliminaires apparemm<strong>en</strong>t administratifs constitu<strong>en</strong>tle germe de la relation future. Ils donn<strong>en</strong>t <strong>des</strong> indications quant auclimat dans lequel l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> va peut-être se dérouler et permett<strong>en</strong>t à


l'<strong>en</strong>quêteur et aux par<strong>en</strong>ts de se situer réciproquem<strong>en</strong>t (possibilités decommunication, culture...). 'Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t le ton att<strong>en</strong>du del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, celui de la confiance et du respect mutuel.Réalisation <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>sLa réalisation <strong>des</strong> quarante-cinq <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s s'est déroulée sur unepériode de plus d'un an et s'est répartie <strong>en</strong>tre les trois <strong>en</strong>quêtrices demanière approximativem<strong>en</strong>t égale. Dans la majorité <strong>des</strong> cas,l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> a eu lieu au domicile familial; dans deux cas seulem<strong>en</strong>t, etpour une raison de conv<strong>en</strong>ance personnelle, le par<strong>en</strong>t a souhaité sedéplacer et l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> s'est réalisé dans nos bureaux. Certains<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont fait l'objet de deux visites, une question dedisponibilité temporelle et/ou une volonté d'approfondissem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>sont les deux principales raisons. Si quelques <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts sontexceptionnellem<strong>en</strong>t courts, la plupart d'<strong>en</strong>tre eux ont une durée d'aumoiris deux heures, certains ont atteint jusqu'à cinq heures.La réalisation <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s s'est déroulée dans un climat générald'attitu<strong>des</strong> appropriées à la relation intervieweur - interviewé : "En.effet, le maniem<strong>en</strong>t adéquat de 1 '<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> non direct~suppose que lechercheur soit rompu à l'écoute verbale et non verbale d'autrui, àl'usage <strong>des</strong> <strong>questions</strong>, à la reformulation, à la conji-ontation, ausil<strong>en</strong>ce, au résumé, au reflet <strong>des</strong> états affect^$, etc., <strong>en</strong> plus B'ai~oiracquis de l'aisance dam les techniques reliées au début et à la fînd'un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ."(Gauthier, 1990 : 262)Afin de privilégier l'écoute, disposition complexe qui s'exprime àla fois verbalem<strong>en</strong>t (souti<strong>en</strong>s vocaux) et par <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> corporelles(regards), nous t<strong>en</strong>ons dans la mesure du possible à ne devoir nirecourir à la prise de notes, ni consulter notre guide d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> demanière trop systématique. L'écoute réceptive permet avant toutde saisir le s<strong>en</strong>s du discours et de s<strong>en</strong>tir affectivem<strong>en</strong>t le climat del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : type de discours, expression de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts profonds,relation de confiance, ... Cette attitude doit permettre de reconsidérerle déroulem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> à chacun de ses instants. Ainsi parexemple, l'<strong>en</strong>quêtrice proposera d'interrompre l'<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t sielle p<strong>en</strong>se que l'interviewé <strong>en</strong> ress<strong>en</strong>t le besoin (confid<strong>en</strong>ces); <strong>des</strong>mom<strong>en</strong>ts de forte émotion seront suivis par <strong>des</strong> épiso<strong>des</strong> à thèmesmoins impliquants. <strong>Le</strong> respect <strong>des</strong> sil<strong>en</strong>ces participe aussi de cettedisposition <strong>en</strong>vers l'autre.


Ce type d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> exige une att<strong>en</strong>tion constante afin de restervigilant aux conditions dans lesquelles se déroule l'échange. Cettequalité doit permettre d'éviter les glissem<strong>en</strong>ts toujours possiblesquant à l'interprétation de notre rôle par les par<strong>en</strong>ts (il s'agit d'uneinvestigation de recherche et non pas d'une aide ou d'un souti<strong>en</strong>thérapeutique). A ce propos, il est padois nécessaire de resituer nosplaces et fonctions auprès de personnes peu familiarisées avec letravail de recherche. Des perturbations év<strong>en</strong>tuelles peuv<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>tsurv<strong>en</strong>ir et conduire le par<strong>en</strong>t à faire diversion ou à interrompremom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, voire à le postposer.La disponibilité est aussi de rigueur; elle conditionnel'atmosphère dans laquelle se déroule l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. L'<strong>en</strong>quêteur nepeut être pressé. La gestion du temps est fonction de soninterlocuteur et non de lui-même. Il doit être prêt à diversesév<strong>en</strong>tualités telles que, par exemple, att<strong>en</strong>dre le retour de l'<strong>en</strong>fant dela crèche si la mère le suggère. La disponibilité rythme, <strong>en</strong> outre, lafin de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : elle permet d'éviter une rupture brutale, autorisequelques échanges informels, offre un temps aux par<strong>en</strong>ts pour poserleurs <strong>questions</strong> év<strong>en</strong>tuelles.Cette attitude méthodologique d'écoute totale etréceptive caractérise bi<strong>en</strong> l'esprit du chercheur "sur le terrain" etrégule la dynamique <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s. La réalisation <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>sconstitue une <strong>des</strong> phases importantes de la recherche puisque toutel'analyse va s'élaborer sur base <strong>des</strong> données recueillies. Ainsi,compte t<strong>en</strong>u de la complexité thématique d'une part, et del'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t affectif et émotionnel qu'induis<strong>en</strong>t certains sujetsd'autre part, le recueil <strong>des</strong> domées exige une compét<strong>en</strong>ce certaine :- capacité de compréh<strong>en</strong>sion empathique;- bonne connaissance du problème1 dans ses subtiles dim<strong>en</strong>sions :révélation ? annonce ? découverte ? prise de consci<strong>en</strong>ce ?- habileté à gérer la relation avec le ou les deux par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>semble.Elaboration d'outils théoriques de référ<strong>en</strong>ce relatifs à la problématique du jeune<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et son milieu familial d'une part, relatifs à 1'I.M.O.C. dansses aspects clinique, pathologique et thérapeutique d'autre part.


La phase de réalisation <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s requiert un effort maximalafin que soi<strong>en</strong>t réunies toutes les conditions favorables <strong>en</strong> vued'assurer la qualité <strong>des</strong> données de recherche1 .trb<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>en</strong>- : e techu-Ca phase technique vise à préparer les données recueillies <strong>en</strong> vuede les analyser. Cette préparation consiste <strong>en</strong> une id<strong>en</strong>tification et uneclasSification <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s; elle correspond, <strong>en</strong> outre, au travail deretranscription <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s <strong>en</strong>registrés et de relecture.<strong>Le</strong>s opérations sont :- l'élaboration d'une fiche signalétique (id<strong>en</strong>tité de la famille et del'<strong>en</strong>fant) ;- l'élaboration d'une fiche explicative prés<strong>en</strong>tant la procédure deprise de contact avec les par<strong>en</strong>ts, les date et lieu de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, letype d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (durée, climat, personnes prés<strong>en</strong>tes etparticipations respectives), <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts d'observation (quartier,habitation, interactions <strong>en</strong>tre personnes prés<strong>en</strong>tes ou par rapport àl'<strong>en</strong>fant, . ..), <strong>des</strong> remarques particulières;- l'attribution d'un numéro d'ordre <strong>en</strong> fonction du classem<strong>en</strong>tchronologique <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, l'inv<strong>en</strong>taire du matériel disponibleau point de vue du fond et de la forme, la classification <strong>des</strong><strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s <strong>en</strong> fonction de l'origine du recrutem<strong>en</strong>t et du par<strong>en</strong>tinterviewé.Tous les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont fait l'objet d'un <strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>t. Ces<strong>en</strong>registrem<strong>en</strong>ts d'une durée totale d'<strong>en</strong>viron c<strong>en</strong>t et quatre heuressont intégralem<strong>en</strong>t retranscrits. La notion d'intégralité signifie quetoute idée, quel que soit son mode d'expression, est restituée le plusfidèlem<strong>en</strong>t possible : les erreurs linguistiques ne sont pas corrigées;les hésitations, interjections sont notées; les sil<strong>en</strong>ces et mom<strong>en</strong>tsd'émotion sont signalés.<strong>Le</strong> docum<strong>en</strong>t ainsi produit par Pa dactylo est vérifié pa~ la personnequi e conduit l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. Cette première lecture att<strong>en</strong>tive vise àcompléter les blancs laissés lors de paroles ou de phrases noncomprises, corrigea les ternes erronés, noter, le cas Gchéant, lesWse <strong>en</strong> charge par Iles chercheurs elles-mêmes du travail d'<strong>en</strong>quête (aucun<strong>en</strong>quêteur extérieur n'a été <strong>en</strong>gagé).- 29 -


sil<strong>en</strong>ces, les changem<strong>en</strong>ts de ton, les <strong>des</strong>criptions gestuelles dupar<strong>en</strong>t observées lors de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.L'id<strong>en</strong>tification, la classification et la préparation <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>ssont les opérations techniques qui clôtur<strong>en</strong>t la phase de recueil <strong>des</strong>données.<strong>en</strong>te-neuf?Comme nous l'avons précisé, le recrutem<strong>en</strong>t s'est opéré <strong>en</strong> deuxséqu<strong>en</strong>ces successives. A l'issue d'une première analyse <strong>des</strong>quarante-cinq <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s réalisés, il ne nous est pas apparu opportund'accroître notre population étant donné l'apparition du phénomènede saturation qui, selon D. Bertaux, fonde la validité del'approche biographique.La saturation peut être définie comme "le phénomène par lequel,passé un certain nombre d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s (biographiques ou non,d'ailleurs), le chercheur ou l'équipe a l'impression de ne plus ri<strong>en</strong>appr<strong>en</strong>dre de nouveau, du moins <strong>en</strong> ce qui concerne l'objetsocwlogique de l'<strong>en</strong>quête." (Bertawc, 1980 : 205)Remarquons toutefois, avec D. Bertaux, que "le chercheur nepeut être assuré d'avoir atteint la saturation que dans la mesure où il aconsciemm<strong>en</strong>t cherché à divers fler au maximum ses informateurs ."(Bertaux, 1980 : 207) Cette diversification est effective tant <strong>en</strong> ce quiconcerne les intermédiaires (institutions d'accueil, instituts médicopédagogiques,médecins hospitaliers, kinésithérapeutes privés,. . .) ,qu'<strong>en</strong> ce qui concerne les familles r<strong>en</strong>contrées, notamm<strong>en</strong>t du pointde vue <strong>des</strong> caractéristiques socio-économiques et <strong>des</strong> types et degrésde gravité du <strong>handicap</strong> (cf. Description de la population).Parmi les quarante-cinq <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s réalisés, trois ont été écartés carles conditions de base n'étai<strong>en</strong>t pas remplies (<strong>en</strong>fant trop âgé, autretype de défici<strong>en</strong>ce). Sur les quarante-deux <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s restants, tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>eufont fait l'objet de l'analyse thématique approfondie. Trois ontété limités à une approche <strong>des</strong>criptive, <strong>des</strong> difficultés à communiquer<strong>en</strong> français ayant restreint l'échange.<strong>Le</strong> plus grand nombre d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont eu lieu avec la mère del'<strong>en</strong>fant (dans quatre cas, familles monopar<strong>en</strong>tales matric<strong>en</strong>triques) .Lorsque l'on considère les couples de par<strong>en</strong>ts, soit tr<strong>en</strong>te-sept


couples, dix-sept <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont eu lieu avec les deux par<strong>en</strong>ts, dixhuitavec la mère seule et deux avec le père seul 1.3. LA PHASE DESCRIPTIVEDans la progression méthodologique, la phase <strong>des</strong>criptivecorrespond au deuxième niveau de lecture <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s. Cettelecture permet, pour chaque <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, de repérer un <strong>en</strong>sembled'élém<strong>en</strong>ts qui contribuènt à prés<strong>en</strong>ter les données de la situationfamiliale et sociale ainsi qu'une <strong>des</strong>cription globale du <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant. Ce premier dépouillem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s vise donc la<strong>des</strong>cription de la population.La situation familiale : le recours au génogramme permet devisualiser de manière globale et rapide la configuration familiale (McGoldrick et Gerson, 1990). Cette représ<strong>en</strong>tation organise une séried'informations telles que les âges <strong>des</strong> père et mère, les li<strong>en</strong>s depar<strong>en</strong>té (mariage, filiation, ruptures conjugales), la taille de la fratrie,le rang, l'âge et le sexe <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants, les év<strong>en</strong>tuels décès, faussescouches. <strong>Le</strong>s personnes vivant sous le même toit sont <strong>en</strong>cerclées depointillés.Entreti<strong>en</strong>s avec les deux par<strong>en</strong>$ : 17par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>semble ........................................ 13par<strong>en</strong>ts séparém<strong>en</strong>t ...................................... 1- un <strong>des</strong> deux par<strong>en</strong>ts n'intervi<strong>en</strong>t pas ou p.... 3Entreti<strong>en</strong>s avec un ar<strong>en</strong> nt seulem<strong>en</strong>t : 25- mère seule ................................................ 22- gère seul .................................................. 3Remaraue :Famiiles bipar<strong>en</strong>tales et recomposées : 37Familles monopar<strong>en</strong>tales matric<strong>en</strong>ttiques (4) et patric<strong>en</strong>trique (1) : 5


A titre d'exemple, représ<strong>en</strong>tons le génogramme de la famille deLuc. Figure 1Luc O est un garçon de 5 ans, aîné d'une fratrie de deux <strong>en</strong>fants (faussecouche<strong>en</strong>tre les deux naissances). Sa petite soeur est de deux ans sacadette. Ses par<strong>en</strong>ts sont séparés, une nouvelle union sans mariage a étécontractée du côté paternel. La mère de Luc, sa soeur, et lui-même viv<strong>en</strong>tsous le même toit. <strong>Le</strong>s deux grands-pères paternel et maternel sont décédés,seules les grands-mères sont toujours vivantes. Du côté maternel, onobserve une fratrie importante alors que du côté patemel, le papa de Luc estfils unique.La situation sociale : afin d'obt<strong>en</strong>ir une <strong>des</strong>cription la plusproche possible de la réalité sociale et économique de la famille, lesdeux branches généalogiques ont été considérées. <strong>Le</strong>s parcourspatemel et maternel ont été dégagés quant aux cursus scolaire etprofessionnel. Des élém<strong>en</strong>ts relatifs à l'origine sociale, aux rev<strong>en</strong>us,au lieu et type d'habitation (logem<strong>en</strong>t, quartier), au confort matériel(téléphone, voiture(s), ...) ont fait l'objet d'une att<strong>en</strong>tion particulièredans cette première phase d'analyse.<strong>Le</strong> <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant : décrire le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fantpasse inévitablem<strong>en</strong>t par l'approche de la phase de découvertemédicale et/ou par<strong>en</strong>tale et de l'étiologie présumée. La complexité decette situation ne permet pas toujours de distinguer d'emblée si leproblème est plutôt d'origine prénatale, périnatale ou postnatale.Tous les indices prés<strong>en</strong>ts dans le discours <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts ont été notés<strong>en</strong> vue d'élaborer une <strong>des</strong>cription la plus rigoureuse possible duproblème de l'<strong>en</strong>fant. La <strong>des</strong>cription du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant n'estdonc pas issue <strong>des</strong> discours et dossiers médicaux; elle repose sur :- une <strong>des</strong>cription où l'on retrouve pêle-mêle <strong>des</strong> signes etmanifestations d'un état somatique, une évaluation <strong>des</strong>possibilités de l'<strong>en</strong>fant, <strong>des</strong> causes diverses;


Avant d'apporter <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts de réponse à ces <strong>questions</strong>,<strong>en</strong>visageons le statut du récit; le récit étant préalablem<strong>en</strong>t défini, par 1.Bertaux-Wiame, <strong>en</strong> ces termes : "Un récit est fait d'événem<strong>en</strong>tspassés dont les s&nij%ations sont re-vkitées au prés<strong>en</strong>t, à travers letravail de la mémoire. C'est une reconstmction de son passé et uneinterprétation de sa vie." (Bertaux-Wiame, 1991 : 10)La part de I'imagjnaire et la part du réel : distinguons lerécit du fait ou de l'événem<strong>en</strong>t et le récit du vécu de ce fait ou de cetévénem<strong>en</strong>t. S'il s'agit du vécu, l'ess<strong>en</strong>tiel réside dans la façond'exprimer; dès lors la question de savoir si le discours relève del'imaginaire ou du réel n!a pas d'objet : "Peu importe, l'ess<strong>en</strong>tiel estqu'il (le narrateur) aitpu exprimer les événem<strong>en</strong>ts de son parcourscomme il lui semble les avoir vécus, comme il avait besoin de lesparler. " (Abels, 1990 : 30)Quant aux faits eux-mêmes, la question se pose un peudifféremm<strong>en</strong>t; il s'agit <strong>en</strong> réalité moins de l'imaginaire que dufonctionnem<strong>en</strong>t de la p<strong>en</strong>sée et moins du réel que du fonctionnem<strong>en</strong>tde la mémoire.*l. Un fait peut être déformé par le simple faitde le p<strong>en</strong>ser. "Je suis une chose quip<strong>en</strong>se, c'est-à-dire qui doute, quiaflrme, qui nie, qui connaît peu de choses, <strong>en</strong> ignore beaucoup, quiaime, qui hait, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et quis<strong>en</strong>t." (Descartes)2 Ainsi par exemple, un acte médical peut êtrep<strong>en</strong>sé par le par<strong>en</strong>t de manière confuse et <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer une analysesubjective et un raisonnem<strong>en</strong>t sci<strong>en</strong>tifiquem<strong>en</strong>t incorrect du narrateur.Dans ce cas, la vérification <strong>des</strong> données permet alors non pas deréfuter le discours mais de compr<strong>en</strong>dre le s<strong>en</strong>s <strong>des</strong> propos relatés :motivations, système d'explications, représ<strong>en</strong>tations, valeurs.v.Un événem<strong>en</strong>t peut être déformé par lamémoire; il n'aura de réalité que celle que la mémoire voudra bi<strong>en</strong> luioffrir. En outre, la mémoire ne répond pas à la logique du raisonnem<strong>en</strong>tsci<strong>en</strong>tifique :"Elle obéit à d'autres logiques que celle de la véritéet de la sci<strong>en</strong>ce. Elle oublie, déforme, transforme, reconstruit le passé<strong>en</strong> fonction <strong>des</strong> exig<strong>en</strong>ces de l'inconsci<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> pressions de l'<strong>en</strong> vironnem<strong>en</strong>t,<strong>des</strong> conditions de production du récit, <strong>des</strong> stratégies depouvoir du locuteur et de l'interviewer, etc. " (de Gaulejac, 1991 : 4)<strong>Le</strong> termep<strong>en</strong>sée est pris dans le s<strong>en</strong>s "activité m<strong>en</strong>tale", "activité de l'esprit".Robert, F., <strong>Le</strong>s termes philosophiques. Alleur. Marabout, 1990, 93 p.


La part du manifeste et la part du lat<strong>en</strong>t : ces deux notionscorrespond<strong>en</strong>t, selon les - propos-de B. Wynants, à "l'axe de lalecture" 1. C'est lors de la lecture, ou plus justem<strong>en</strong>t de l'analyse,que le chercheur est confronté à l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> données à exploiter.Certains discours sont explicites et se laiss<strong>en</strong>t saisir d'emblée;d'autres nécessit<strong>en</strong>t le recours àI m travail sur le texte afin d'<strong>en</strong> saisirle s<strong>en</strong>s. La recherche du s<strong>en</strong>s lat<strong>en</strong>t, dans certains <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ou poucertains thèmes, a nécessité la mise <strong>en</strong> oeuvre d'"un travaild'interprétation collectivevv.'We-créatioif d'une vie ~emémorée tant au niveau driréel que de l'imaginaire, le récit recueilli doit êtreconsidéré comme le produit d'une vie objectivée pour luidonner s<strong>en</strong>s, dans un mom<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t subjectivem<strong>en</strong>tvécu dans le cadre d'une interaction et socicalem<strong>en</strong>tconstruit par le passé, les préoccupations du mom<strong>en</strong>t, lesdésirs d'av<strong>en</strong>ir et les av<strong>en</strong>irs possibles et probables."(Léornant et al., 1991 : 5)I .<strong>des</strong> re&L'analyse thématique approfondie correspond au q u atrièm <strong>en</strong>iveau de lecture <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s. "Au s<strong>en</strong>s classique, le thème estune catégorie sémantique, c'est l'objet du discours. L 'analysethématique recherche méthodiquem<strong>en</strong>t les unités de s<strong>en</strong>s parl'intermédiaire <strong>des</strong> propos t<strong>en</strong>us par le narrateur, relativem<strong>en</strong>t à <strong>des</strong>thèmes . " (Poirier et al., 1983 : 215)Cette phase organise la définition du problème c<strong>en</strong>tral, situe lessources de difficultés relatives à chaque milieu familial, détermine lespot<strong>en</strong>tialités et ressources <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts et structure les stratégiesdéveloppées au sein de la famille <strong>en</strong> vue de faire face à la situationénoncée. Des réseaux de s<strong>en</strong>s se dégag<strong>en</strong>t au fur et à mesure del'analyse faisant émerger les premières hypothèses et lesproblématiques spécifiques.L'auteur distingue l'axe de lecture de l'axe d'énonciation. Cette précisionpermet de ne pas confondre, <strong>en</strong> effet, les notions duelles consci<strong>en</strong>t/nonconsci<strong>en</strong>t, qui relèv<strong>en</strong>t du fait du narrateur. <strong>des</strong> notions manifeste/lat<strong>en</strong>t qui,elles, relèv<strong>en</strong>t de l'analyse du chercheur. (Wynants, 1990 : 170-171)


<strong>Le</strong>s chercheurs qui procèd<strong>en</strong>t à l'analyse <strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t une mise <strong>en</strong>commun de chacun de leurs développem<strong>en</strong>ts afin d'<strong>en</strong> assurer lapertin<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> réajustant leurs compréh<strong>en</strong>sions individuellesl. Cetravail s'appar<strong>en</strong>te de l'interprétation collective :"L'herméneutiquecollective a comme ambition d'être un approfondksem<strong>en</strong>t collectvd'interprétations individuelles nécessairem<strong>en</strong>t partielles. Chaquemembre, du groupe interprétant a sa lecture du récit. L'interprétationconsiste à expliquer les différ<strong>en</strong>tes lectures. Chaque lecture (oucompréh<strong>en</strong>sion) du texte doit être déf<strong>en</strong>due avec tous les argum<strong>en</strong>tspossibles (sauf l'argum<strong>en</strong>t d'autorité ...) jusqu 'ci ce qu 'elle soitév<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t ré? fée par <strong>des</strong> argum<strong>en</strong> fs meilleurs montrant qu 'ell<strong>en</strong>'est pas compatible avec la t<strong>en</strong>eur du texte. L'interprétationcollective doit produire un cons<strong>en</strong>sus (résultant d'argum<strong>en</strong>tsrationnels et non d'une <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te spontanée précompréh<strong>en</strong>sive).L 'intersubjectivité est donc zme garantie contre le rkque de partialitéde certaines lectures. (...) <strong>Le</strong> travail <strong>en</strong> groupe doit permettre dedépasser les subjectivités individuelles." (Molitor, 1990 : 26-27)L'analyse thématique est travaillée par plans successifs.Chaque <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est dépouillé séparém<strong>en</strong>t permettant de mettre <strong>en</strong>évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> thèmes propres à la recherche, de repérer <strong>des</strong> indicationsévénem<strong>en</strong>tielles et <strong>des</strong> réflexions subjectives, d'id<strong>en</strong>tifier <strong>des</strong>notions et expressions clés. Lors de cette analyse singulière, lechercheur est à même de cerner le rôle joué par certaines dim<strong>en</strong>sionstelles que par exemple les relations familiales et <strong>sociales</strong>, le travail dela mère (type d'activité, changem<strong>en</strong>ts d'horaire, arrêt, reprise, ...),l'<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t médical. Il note par ailleurs, dans le discours par<strong>en</strong>tal,les informations qui relèv<strong>en</strong>t de représ<strong>en</strong>tations <strong>sociales</strong>. Ainsi, parexemple, les comportem<strong>en</strong>ts, opinions et propos concernant le corpsmédical permett<strong>en</strong>t d'approcher l'image du "bon médecin". Il établit<strong>des</strong> li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les événem<strong>en</strong>ts et leur vécu, le vécu d'un <strong>des</strong> par<strong>en</strong>tspouvant être très différ<strong>en</strong>t de celui de l'autre. En fait, l'analysesingulière r<strong>en</strong>d compte de l'articulation <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions du récit.Notons le rôle prédominant joué par la personne qui a réalisé l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> : <strong>des</strong>indications supplém<strong>en</strong>taires peuv<strong>en</strong>t être fournies concernant par exemple levécu de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (contact, cadre et dynamique de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>), lacompréh<strong>en</strong>sion de certains aspects (éclaircissem<strong>en</strong>ts, informations autres quedu discours stricto s<strong>en</strong>su, ... ).


Un résumé-synthèse, établi pour chaque récit, définit demanière succincte la problématique familialel.Ensuite, pour r<strong>en</strong>dre possible l'analyse systématique de tousles <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, un cadre est mis au point. Bi<strong>en</strong> que de nombreux traitsprés<strong>en</strong>ts dans le guide d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> soi<strong>en</strong>t repris, ce cadre d'analyseest élaboré à l'issue de l'analyse singulière d'un premier groupe derécits afin de ne pas fixer d'emblée les domées dans <strong>des</strong> catégoriespréconstruites par le chercheur.<strong>Le</strong>s catégories sont ainsi alim<strong>en</strong>tées par les différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s,c'est-à-dire par "l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> données recueillies ou disponibles,sur lesquelles on se propose de travailler." (Poirier et al., 1983 : 217)La catégorie est définie comme étant "une ru briq zr esignvicative ou une classe qui rassemble, sous une notiongénérale, <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts du discours. " (Poirier et al., 1983 : 216)Issue de l'analyse compréh<strong>en</strong>sive, chaque catégorie est constituée deplusieurs thèmes qui recouvr<strong>en</strong>t chacun un <strong>en</strong>semble de dim<strong>en</strong>sions.Organisés dans ces cadres catégoriels, les récits se prêt<strong>en</strong>t à uneanalyse globale. Ainsi, une exploration transversale permet,dans un premier temps, d'établir <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s <strong>en</strong>tre les récits, <strong>des</strong>ouligner les récurr<strong>en</strong>ces et de relever les élém<strong>en</strong>ts singuliers. Dansune seconde phase, le cumul <strong>des</strong> données amène la prés<strong>en</strong>tationd'élém<strong>en</strong>ts de réponses aux hypothèses formulées, la construction defigures théoriques, la structuration de la complexité sociale.Chaque synthèse compr<strong>en</strong>d :1. L'énoncé du problème2. <strong>Le</strong>s sources de difficultés3. <strong>Le</strong>s stratégies développées face à la problématique4. Un double schéma :- découverte du <strong>handicap</strong> et parcours <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts- prise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative5. Des suggestions év<strong>en</strong>tuelles6. Des élém<strong>en</strong>ts de réflexions théoriques.


Cette méthode procède donc par va-et-vi<strong>en</strong>t constants<strong>en</strong>tre :* l'analyse d'.un récit et le développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>catégories;* l'analyse d'un récit singulier et le cumul <strong>des</strong>analyses <strong>des</strong> récits.Nous avons t<strong>en</strong>té de représ<strong>en</strong>ter, sous forme schématique, laprogression du travail d'analyse.<strong>Le</strong>s flèches <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dantes indiqu<strong>en</strong>t le passage <strong>des</strong> donnéesbrutes (le récit ou texte) au cadre catégoriel, grâce aux travaux dedépouillem<strong>en</strong>t, d'"interprétation collective", de structuration.<strong>Le</strong>s flèches asc<strong>en</strong>dantes marqu<strong>en</strong>t les étapes de l'élaboration<strong>des</strong> résultats à l'aide du retour aux synthèses, aux thématiquesdétaillées et aux récits eux-mêmes.Cette figure théorique fige les grands traits de la démarcheadoptée. On n'insistera, cep<strong>en</strong>dant, jamais assez sur cesva-et-vi<strong>en</strong>t constants <strong>en</strong>tre les récits et "l'analyse qu'<strong>en</strong>fait le chercheur", sur la nécessaire imprégnation <strong>des</strong>discours par<strong>en</strong>taux et sur la s<strong>en</strong>sibilité que le chercheurinsuffle dans ses lectures,


Travail d'analyse : étapes et mouvem<strong>en</strong>ts. Figure 2(T = travail)T. de "fiabilité"cmul<strong>des</strong> synthèsesdiffér<strong>en</strong>tes dim<strong>en</strong>sions)


Dans la perspective développée, l'unité d'analyse estl'action. <strong>Le</strong>s catégories représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t et <strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t l'év<strong>en</strong>tail <strong>des</strong>interactions familiales et <strong>sociales</strong>. <strong>Le</strong>s acteurs sont : le coupleconjugal/par<strong>en</strong>tal, l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, la fratrie; les grands-par<strong>en</strong>ts, lapar<strong>en</strong>tèle, les amis et connaissances; les professiomels de la santé etautres interv<strong>en</strong>ants.Deux grands thèmes se superpos<strong>en</strong>t aux catégories et <strong>en</strong>glob<strong>en</strong>t demultiples dim<strong>en</strong>sions :- la : circonstances de lagrossesse, de la naissance, premiers mois de vie de l'<strong>en</strong>fant,observations par<strong>en</strong>tales, discours médicaux, gravité de l'atteinte,visibilité du <strong>handicap</strong>, causes de la défici<strong>en</strong>ce;- 1 s <strong>en</strong> activitéssanitaires, suivi thérapeutique, ai<strong>des</strong> et participations respectives <strong>des</strong>conjoints, gestion temporelle, charge familiale, organisation de la viedomestique.Ces dim<strong>en</strong>sions situ<strong>en</strong>t l'analyse au coeur de la viequotidi<strong>en</strong>ne : "Pour faire bre$ je dirai que le quotidi<strong>en</strong>,c'est ce "social" vu sous l'angle de visée <strong>des</strong> individzlseux-mêmes, de ce qu'il est conv<strong>en</strong>u d'appeler les"acteurs". " (Javeau, 1991 : 38)


IDESCRIPTION DE LA POPULATION 1Cette phase <strong>des</strong>criptive est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t informative. Ellerassemble et organise <strong>des</strong> données extraites <strong>des</strong> discours par<strong>en</strong>taux etparfois de l'observation afin d'id<strong>en</strong>tifier la population étudiée.. .1. Lastructure Tableau 1Nombre d'<strong>en</strong>fantsDeux Trois et +(<strong>Le</strong>faucheur, 1985)Tr<strong>en</strong>te-quatre familles sur 42 sont <strong>des</strong> familles bipar<strong>en</strong>talesd'origine. Près de la moitié <strong>des</strong> familles compt<strong>en</strong>t deux <strong>en</strong>fants.Rappelons, toutefois, une <strong>des</strong> définitions possibles de la notion <strong>des</strong>tructure : "Au s<strong>en</strong>s leplus large, on peut dire qu'il s'agit de déslgnerla manière dont les dz@ér<strong>en</strong>ts élém<strong>en</strong>ts d'un système s'articul<strong>en</strong>t <strong>en</strong>treeux. Lapgure de cette articulation serait alors la structure. <strong>Le</strong> mêmemot est utilké pour désigner d'autres phénomènes, <strong>en</strong>tre autres leréseau d'interactions et de relations <strong>en</strong>tre membres d'un groupe <strong>en</strong>tant qu'ils occup<strong>en</strong>t <strong>des</strong> positions déterminées et jou<strong>en</strong>t <strong>des</strong> rôlesdéterminés." (Javeau, 1986 : 160)


L'âge <strong>des</strong> mères se situe <strong>en</strong>tre 24 et 44 ans; celui <strong>des</strong> pères <strong>en</strong>tre26 et 47 ans. La distribution dans ces deux intervalles estrelativem<strong>en</strong>t unifonne.Près <strong>des</strong> 4/5 <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>contrés sont belges :- par<strong>en</strong>ts belges : 30 couples et 4 mères;- europé<strong>en</strong>s non belges : 2 couples et 1 père;- maghrebins : 3 couples et 1 mère;- cambodgi<strong>en</strong>s : 1 couple de par<strong>en</strong>ts;- sans réponse pour LUI père seul.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts non belges viv<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Belgique depuis moins de dixans. Parmi les par<strong>en</strong>ts de nationalité étrangère que nous avonsr<strong>en</strong>contrés, quatre par<strong>en</strong>ts s'exprimai<strong>en</strong>t avec beaucoup de difficultéset deux ne parlai<strong>en</strong>t pas le français.4. Niveaux d ' e n s e i g n n h<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts se répartiss<strong>en</strong>t comme suit :- <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t primaire : 2 mères / 1 père;- <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire inférieur : 6 mères / 10 pères;- <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t secondaire supérieur : 10 mères / 5 pères;(y compris <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t technique ou professionnel)- <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t supérieur non universitaire ou universitaire :19 mères / 14 pères.Des réponses n'ont pas été obt<strong>en</strong>ues pour 12 par<strong>en</strong>ts. Certainspar<strong>en</strong>ts (3 mères et 4 pères) ont, <strong>en</strong> outre, suivi <strong>des</strong> formationsdiverses (cous du soir, formation professionnelle, . . .) .


6. Logem<strong>en</strong>t etPour ces deux critères, la classification ret<strong>en</strong>ue correspond à celleproposée par M. Graffar (1956).-. Tableau 3Type de logem<strong>en</strong>ttype1Nombre de familles4tYPetypetypeIIIII13196trpevOTotal42"La classifcation du logem<strong>en</strong>t n'estpas basée sur <strong>des</strong> détails <strong>des</strong>criptifs masplutôt sur une impression d'<strong>en</strong>semble où peut se glLsser un élém<strong>en</strong>t subjectif:<strong>Le</strong>s délimitations <strong>des</strong> catkgories ont été rédigées de façon à le réduire autant quepossible. La répartition <strong>des</strong> familles se fait selon qu'elles occup<strong>en</strong>t :1. une maison ou un appartem<strong>en</strong>t luxueux et très spacieux qui offre le plus grandconfort;2. un logem<strong>en</strong>t de catégorie intermédiaire qui sans être aussi luxueux que ceux dela catégorie précéd<strong>en</strong>te, est néanmoins spacieux et confortable;3. un logem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong>, c'est-à-dire une maison, une partie de maison ou unappartem<strong>en</strong>t mo<strong>des</strong>te, bi<strong>en</strong> construit et <strong>en</strong> bon état d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, bi<strong>en</strong> éclairé etaéré, et compr<strong>en</strong>ant au moins une cuisine séparée, une salle d'eau et un W.C.dtstincts;4. un logem<strong>en</strong>t de catégorie intermédiaire <strong>en</strong>tre h classe moy<strong>en</strong>ne et la classe lnplus basse;5 un taudis, c'est-à-dire un logem<strong>en</strong>t impropre à une habitation déc<strong>en</strong>te : unemansarde, un sous-sol insalubre, ou un logem<strong>en</strong>t dépourvu de tout confort oùles personnes qui l'habit<strong>en</strong>t viv<strong>en</strong>t dans le surpeuplem<strong>en</strong>t et .b promiscuité. '"(Graffar, 1956 : 457-458)


_TuDe. Tableau 4Cette classification compte cinq types (Graff ar, 1956 : 458) :1. "quartier résid<strong>en</strong>tiel élégant, où la valeur du terrain et le montant <strong>des</strong> loyerssont élevés; "2. "quartter résid<strong>en</strong>tiel <strong>en</strong>core aisé, dont les rues sont larges, bi<strong>en</strong> aérées, bordéesde matsons confortables et bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>iret<strong>en</strong>ues; "3. "rue commeGante ou étroite anci<strong>en</strong>ne ou de façon générale moins plaisante dhabiter que les rues de la caîégorie 2; "4. "quartier ouvrier, au quartier populeux, ou mal aéré, ou au quartier dont lavaleur est diminuée par la proximite' d'ateliers, d'usines, de gares de chemin defer, etc. ; "5. "quartier de ta& ".Afin d'organiser les familles r<strong>en</strong>contrées dans l'espace sociétal,nous ret<strong>en</strong>ons différ<strong>en</strong>tes espèces de capital - culturel, social,symbolique, économique - à savoir :- le niveau d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ou de formation atteint;- la profession et l'activité exercée;- le iype de logem<strong>en</strong>t et de quartier habité;- l'origine sociale <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts;- le mode de vie dans ses aspects culturel et philosophique;- le niveau de vie, l'état financier global de la famille.


Pour information, l'origine <strong>des</strong> ressources financières sont <strong>des</strong>rev<strong>en</strong>us fixes (rev<strong>en</strong>us professionnels, allocations de chômage et depause carrière, indemnités d'invalidité versées par la mutuelle), <strong>des</strong>droits et apports financiers liés au <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant, ou <strong>en</strong>core<strong>des</strong> apports extérieurs (apports financiers d'origine familiale, p<strong>en</strong>sionalim<strong>en</strong>taire, . ..)Organisation <strong>des</strong> familles dans l'espace sociétal. Figure 3Partant du niveau le moins favorisé vers le niveau le plus favorisé,les quarante-deux familles r<strong>en</strong>contrées se répartiss<strong>en</strong>t comme suit :Nombre def amiiies"le moins favorisé" "le plus favorisé"Face à la rigidité d'une telle schématisation, il n'est pas inutile derappeler la complexité du concept de classe sociale :"La classe sociale n'est pas déflnie par une propriété (...)ni parune somme de propriétés (...)ni davantage par une chaîne depropriéth, toutes ordonnées à partir d'unepropnëté fondam<strong>en</strong>tale (laposition dans les rapports de production) dans une relation de cause àeffet, de conditionnant à conditionné, mais par la structure <strong>des</strong>relations <strong>en</strong>tre toutes les propriétés pertin<strong>en</strong>tes qui confère à chacuned'elles et aux effets qu'elle exerce sur les pratiques, leur valeurpropre. " (Bourdieu, 1979 : 117-1 18)


7. L'<strong>en</strong>fant atteintd'L&O.C,&. Tableau 5<strong>Le</strong>s distributions par niveau d'âge, <strong>des</strong> filles et <strong>des</strong> garçons, nesont pas différ<strong>en</strong>tes.Il existe une grande variété de manifestations pathologiques et unegrande diversité quant à la sévérité du <strong>handicap</strong>. Sur base d'une<strong>des</strong>cription, par les par<strong>en</strong>ts, de la défici<strong>en</strong>ce, mais aussi <strong>des</strong>incapacités et du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant, nous proposons un essai deregroupem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> trois catégories à savoir : léger, moy<strong>en</strong> et lourd.Chaque catégorie est subdivisée <strong>en</strong> "plus" et "moins". <strong>Le</strong>s <strong>en</strong>fantsconcernés par l'étude sont donc situés les uns par rapport aux autres.


En vue d'apprécier la gravité de l'état de l'<strong>en</strong>fant, lescaractéristiques suivantes sont prises <strong>en</strong> compte1 :- capacités d'autonomie : mobilité et manipulatiodpréh<strong>en</strong>sion;- capacités de communication : compréh<strong>en</strong>sion du langage et capacitéd'expression (parole, geste, symboles Bliss );- manifestations associées à 1'I.M.O.C. : défici<strong>en</strong>ce s<strong>en</strong>sorielle,m<strong>en</strong>tale, troubles épileptiques et difficultés caractérielles;- santé globale : troubles du sommeil, problèmes respiratoires oudigestifs, prés<strong>en</strong>ce év<strong>en</strong>tuelle d'autres affections chroniques;- interv<strong>en</strong>tions médicales : interv<strong>en</strong>tions chirurgicales, appareillage;- perspectives thérapeuti ues : diversité de la prise <strong>en</strong> charge(logopède, ostéopathe,' ..?, médications quotidi<strong>en</strong>nes.En outre, I'âge de l'<strong>en</strong>fant au mom<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est considéré;lorsque l'<strong>en</strong>fant est très jeune, il est plus difficile de discerner sonniveau de développem<strong>en</strong>t réel et son évolution à court terme.&,, 1 . Tableau 6Gravité du <strong>handicap</strong>Nombre d'<strong>en</strong>fantsLégerMoy<strong>en</strong>LourdTotal"moins""plus ""moins""plus""moins""plus"5..........................44.........................89.........................1242Selon cette grille d'évaluation, les atteintes <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants serépartiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre six degrés de gravité; remarquons cep<strong>en</strong>dant que lamoitié <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants sont lourdem<strong>en</strong>t <strong>handicap</strong>és.Ces caractéristiques r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t celles reprises dans la "Proposition dkn<strong>en</strong>ouvellegrille d'évaluation du <strong>handicap</strong> " élaborée par A.M. Bégué-Simon etson équipe, Université Paris-Val de Marne, Paris XII, n.d.- 48 -


- <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ordinaire : 11 <strong>en</strong>fants;- classe spéciale dans l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ordinaire : 2 <strong>en</strong>fants;- institut médico-pédagogique : 21 <strong>en</strong>fants externes et 3 internes.Un peu plus de la moitié <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t donc uneinstitution spécialisée. Par ailleurs, cinq <strong>en</strong>fants ne fréqu<strong>en</strong>t<strong>en</strong>taucune institution.Situation. Tableau 7


A l'issue de cette <strong>des</strong>cription, il nous faut insister sur ladiversité, phénomène évoqué dans la partie sur la méthode.La diversité est, ici, de deux ordres :- diversité <strong>des</strong> degrés de gravité de la défici<strong>en</strong>ce / du <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant et diversité <strong>des</strong> âges <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants concernés;- diversité <strong>des</strong> milieux sociaux et économiques <strong>des</strong> familles.Rappelons aussi la diversité <strong>des</strong> types d'institutions qui sont à labase du recrutem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> familles. Un "quadrillage" <strong>des</strong> familles dansla région bruxelloise francophone a été assuré vu la multiplicité <strong>des</strong>pistes suivies. En effet, toutes les institutions interv<strong>en</strong>ant dans lesecteur du <strong>handicap</strong> moteur ont été sollicitées. Remarquons, <strong>en</strong> outre,que même si quelques neuropédiatres nbnt pas favorisé notrer<strong>en</strong>contre avec <strong>des</strong> familles, certains de leurs pati<strong>en</strong>ts nous sontparv<strong>en</strong>us grâce à d'autres institutions.Quant aux famiiles non-participantes, trois familles ont r<strong>en</strong>voyé lacarte réponse <strong>en</strong> spécifiant explicitem<strong>en</strong>t leur refus; pour les autres,parmi lesquelles nous savons que nous pouvons compter un certainnombre de familles immigrées, le courrier est resté sans suite. <strong>Le</strong>sraisons de non-participation qui nous apparaiss<strong>en</strong>t les plus probablessont la trop grande implication émotionnelle, la précocité de ladécouverte du problème de l'<strong>en</strong>fant et l'exist<strong>en</strong>ce de pério<strong>des</strong> decrises. Plusieurs par<strong>en</strong>ts participant à l'<strong>en</strong>quête nous ont confié que,à un autre mom<strong>en</strong>t de leur histoire, ils n'aurai<strong>en</strong>t peut-être pas acceptéde nous r<strong>en</strong>contrer; certains par<strong>en</strong>ts nous ont parlé de leur préparationà l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> (Martin et al., 1991). A ces raisons, propres à notre objetd'étude, vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s'ajouter celles inhér<strong>en</strong>tes à toute recherche, àsavoir le manque de motivation, l'hostilité à l'égard de toute intrusiondans la famille, l'ambival<strong>en</strong>ce ou <strong>en</strong>core l'acceptation implicite qui sesolde par une mise <strong>en</strong> att<strong>en</strong>te et/ou le non-aboutissem<strong>en</strong>t de ladémarche. Il faut préciser qu'après une év<strong>en</strong>tuelle acceptation, lespar<strong>en</strong>ts devai<strong>en</strong>t remplir la carte-réponse et r<strong>en</strong>voyer le courrier àl'équipe de recherche.


La <strong>des</strong>cription <strong>des</strong> familles r<strong>en</strong>contrées constitue l'étape initiale duprocessus d'analyse <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s.Dans un premier temps, la <strong>des</strong>cription offre une connaissancepréalable <strong>des</strong> familles, mise au point indisp<strong>en</strong>sable puisque lesfamilles n'ont pas été sélectionnées sur base de critèresd'id<strong>en</strong>tification socio-économiques définis apriori.Dans un second temps, elle sert l'analyse thématique <strong>en</strong> permettant<strong>des</strong> regroupem<strong>en</strong>ts ou <strong>en</strong> établissant <strong>des</strong> catégories a posteriori,<strong>en</strong> guidant la compréh<strong>en</strong>sion <strong>des</strong> discours, <strong>en</strong> faisant émerger <strong>des</strong>axes de réflexion et <strong>des</strong> hypothèses de travail du corpus <strong>des</strong><strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s.


Première partie" L 'ess<strong>en</strong>tiel <strong>des</strong> "conditions de félicité " de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>reste sans doute inaperçu. En lui offrant une situation decommunication tout à fait exceptionnelle, affranchie <strong>des</strong>contraintes, notamm<strong>en</strong>t temporelles, qui pès<strong>en</strong>t sur laplupart <strong>des</strong> échanges quotidi<strong>en</strong>s, et <strong>en</strong> lui ouvrant <strong>des</strong>alternatives qui l'incit<strong>en</strong>t ou l'autoris<strong>en</strong>t à exprimer <strong>des</strong>malaises, <strong>des</strong> manques ou <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> qu'zl découvre<strong>en</strong> les exprimant, l'<strong>en</strong>quêteur contribue à créer lesconditions de l'apparition d'un discours extra -ordinaire,qui aurait pu ne jamais être t<strong>en</strong>u, et qui, pourtant, étaitdéjà là, att<strong>en</strong>dant ses conditions d'actualisation. "Pierre Bourdieu, 1993.


1 TYPOLOGIE DES DIFFICULTES RENCONTREES 1"Parmi les mult&les désordres et changem<strong>en</strong>ts quiform<strong>en</strong>t la texture de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong>, le sujetsocial ne reti<strong>en</strong>t dans sa vie consci<strong>en</strong>te que ce qu'ilperçoit directem<strong>en</strong>t ou indirectem<strong>en</strong>t, ce qu'il peut sereprés<strong>en</strong>ter."(Amiel<strong>Le</strong>bigre, Gognalons-Nicolet, 1993 : 43)Dans cette première partie de l'analyse, les familles sont abordéessous l'angle <strong>des</strong> difficultés et <strong>des</strong> problèmes r<strong>en</strong>contrés au cours <strong>des</strong>premières années de vie de l'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong>s ternes "difficulté" et"problème" sont compris dans une acception très générale ilsindiqu<strong>en</strong>t l'aspect conflictuel d'un fait, d'un phénomène ou d'unesituation. L'objectif de cette lecture vise une connaissancetransversale <strong>des</strong> tr<strong>en</strong>te-neuf <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s recueillis auprès <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts.<strong>Le</strong>s thèmes abordés sont :- la défici<strong>en</strong>cefie <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant;- les relations au sein de la famille;- l'organisation <strong>des</strong> activités domestiques;- les interactions <strong>sociales</strong> avec les professiomels de la santé;- les relations avec les institutions médico-<strong>sociales</strong> et scolaires;- l'information, les structures et l'infrastructure;- l'aspect matériel et financier.Cette segm<strong>en</strong>tation thématique repose sur la nécessité techniqued'organiser les domées et ne doit <strong>en</strong> aucun cas occulter l'interfér<strong>en</strong>ceet l'imbrication complexe <strong>des</strong> multiples aspects du social dont nousallons t<strong>en</strong>ter de r<strong>en</strong>dre compte.L'analyse porte sur les difficultés et problèmes prés<strong>en</strong>tés, souv<strong>en</strong>t<strong>en</strong> tant que tels, par les par<strong>en</strong>ts. La difficulté évoquée se situe doncdans le vécu subjectif du par<strong>en</strong>t qui l'énonce. Ni le type de difficulté,ni son importance ne sont évalués dans cette analyse. Certainesdifficultés ont été surmontées ou sont <strong>en</strong> voie de l'être, d'autresrest<strong>en</strong>t très actuelles. En outre, le fait que <strong>des</strong> difficultés ne soi<strong>en</strong>tpas évoquées dans certains domaines ne signifie pas pour autant et demanière systématique leur inexist<strong>en</strong>ce. De même, certains aspects


fortem<strong>en</strong>t réitérés peuv<strong>en</strong>t témoigner d'une préoccupation trèsprés<strong>en</strong>te chez le narrateur au mom<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. <strong>Le</strong>s numéros quifigur<strong>en</strong>t dans le texte r<strong>en</strong>voi<strong>en</strong>t au dossier de la famille. Au risqued'alourdir la lecture, la prés<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> numéros (nombre de numérospar thèmes et redondance de numéros à travers différ<strong>en</strong>ts thèmes)indique l'acuité <strong>des</strong> problèmes tant transversalem<strong>en</strong>t pour l'<strong>en</strong>semble<strong>des</strong> familles que singulièrem<strong>en</strong>t pour chaque famille.La typologie qui résulte de cette analyse prés<strong>en</strong>te, de façonarticulée et exhaustive, les données émergeant de l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong><strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s. Précisons toutefois que l'approche développée ne vise pasle repérage systématique et quantifié <strong>des</strong> problèmes mais bi<strong>en</strong>davantage la construction d'un <strong>des</strong> versants de la problématique,sachant que cette typologie <strong>des</strong> difficultés s'accompagne d'uneanalyse <strong>des</strong> ressources familiales.C'est dans une dialectique <strong>des</strong> forces et <strong>des</strong> problèmesque pr<strong>en</strong>d s<strong>en</strong>s l'analyse <strong>des</strong> vécus par<strong>en</strong>taux afind'<strong>en</strong>gager l'approche <strong>des</strong> stratégies et ajustem<strong>en</strong>tsfamiliaux.Globalem<strong>en</strong>t, lorsqu'on observe les familles, on distingue deuxgrands <strong>en</strong>sembles de difficultés :- pour les unes, 1'I.M.O.C. constitue, dans ses dim<strong>en</strong>sions dedéfici<strong>en</strong>ce, d'incapacité et de <strong>handicap</strong>, la seule source dedifficultés (2,3,6,8,9,12,15,16,18,22,23,24,25,26,28,29,30,3134,35,38,39,40);pour les autres, le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant vi<strong>en</strong>t s'inscrire aux côtésd'une situation familiale déjà difficile (1,4,5,7,10,11,13,14,17,19,33,36,37,41,42).En outre, nous signalons le cas particulier d'une famille ayantchoisi l'adoption d'un jeune <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é; le problème n'est doncpas le <strong>handicap</strong> <strong>en</strong> soi mais bi<strong>en</strong> certaines manifestations de l'<strong>en</strong>fant(âgé de deux ans) qui sont liées aux conditions de vie affective etsociale avant l'adoption et aux adaptations qu'implique son arrivéedans la famille adoptive.<strong>Le</strong>s aspects de 1'I.M.O.C qui sont sources de difficultés pour lespar<strong>en</strong>ts, peuv<strong>en</strong>t être groupés <strong>en</strong> plusieurs points.


1. <strong>Le</strong>s c ' m mO '<strong>Le</strong>s problèmes relatifs aux capacités d'autonomie de l'<strong>en</strong>fant sontprés<strong>en</strong>tés par ordre d'importance quant au nombre de fois qu'ilsapparaiss<strong>en</strong>t dans les discours par<strong>en</strong>taux. Ils concern<strong>en</strong>t les actionssuivantes : a) marcher; b) se nourrir; c) s'exprimer-communiquer; d)compr<strong>en</strong>dre - p<strong>en</strong>ser; e) s'asseoir - pr<strong>en</strong>dre.La marche correspond à une préoccupation prés<strong>en</strong>te dans vingtet-un<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s. Selon l'âge de l'<strong>en</strong>fant et le processus d'acquisitionde la marche, les par<strong>en</strong>ts éprouv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> difficultés différ<strong>en</strong>tes. Ainsi,lorsque l'<strong>en</strong>fant ne marche pas, source d'inquiétude pour plusieurspar<strong>en</strong>ts (3,19,31,33,40), trois types de discours ont été repérés dansles <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, l'un c<strong>en</strong>tré sur l'<strong>en</strong>fant qui "ne peut jouer et couriravec ses copains ", l'autre portant davantage sur le vécu par<strong>en</strong>tal etmettant l'acc<strong>en</strong>t sur les représ<strong>en</strong>tations m<strong>en</strong>tales "ne pas voir son<strong>en</strong>fant marcher ", le troisième pointant <strong>des</strong> difficultés plus pratiquestelles que le fait de devoir porter l'<strong>en</strong>fant qui devi<strong>en</strong>t grand et lourd,l'<strong>en</strong>combrem<strong>en</strong>t de l'appareillage, les montée ou <strong>des</strong>c<strong>en</strong>te d'escaliers(3,7,10,11,14,19,23,29,38). Dans ces cas, les manifestations <strong>des</strong>difficultés sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t physiques, notamm<strong>en</strong>t pour les mères(maux de dos et fatigue) et une inquiétude se dégage <strong>des</strong> discourslorsqu'il y a projection dans un futur relativem<strong>en</strong>t proche.Trois familles sont dans une phase d'incertitude quant auxpossibilités de marche de l'<strong>en</strong>fant (17,26,31). <strong>Le</strong> vécu de cettepériode d'att<strong>en</strong>te qui se situe à l'âge "nomal" de la marche est uneépreuve particulièrem<strong>en</strong>t difficile pow le par<strong>en</strong>t confronté à la réalitéde l'incapacité physique de son <strong>en</strong>fant et qui perçoit l'émerg<strong>en</strong>ce dediffér<strong>en</strong>ces : "Il faut <strong>en</strong>caisser le coup" - "qu'il sache pas fairecomme un autre quoi .(...)je l'aurak bi<strong>en</strong> étranglé ".En outre, le processus d'acquisition de la marche peut être long etsource de découragem<strong>en</strong>ts successifs pour les par<strong>en</strong>ts confrontés auxphases de stagnation de l'<strong>en</strong>fant : "C'est tous les jours que tu esconfinté au problème de la marche".Lorsque l'<strong>en</strong>fant marche, le problème de l'équilibre semble êtrerécurr<strong>en</strong>t (1,16,22,35). Cela suppose <strong>des</strong> chutes fréqu<strong>en</strong>tes pourl'<strong>en</strong>fant et un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de "mal au coeur " pour le par<strong>en</strong>t. En outre,cette situation demande beaucoup d'investissem<strong>en</strong>t et oblige lespar<strong>en</strong>ts à toujours prévoir les obstacles.


Ce problème de la marche apparaît donc sous <strong>des</strong> formesdiffér<strong>en</strong>tes selon les situations, mais il est presque toujours vécu demanière très int<strong>en</strong>sive comme l'illustr<strong>en</strong>t ces paroles : "le jour qu 'ilmarche il n'y a plus de problème", dis<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts d'un <strong>en</strong>fant quicumule un <strong>en</strong>semble particulièrem<strong>en</strong>t important de difficultés(pneumonie, hydrocéphalie, hernie, reflux gastrique, ...) et qui àl'âge de deux ans a déjà subi huit anesthésies générales.La question de l'alim<strong>en</strong>tation est évoquée dans douze<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s. Ce problème se pose parfois de manière très aiguë durantles premiers mois de la vie de l'<strong>en</strong>fant (1,7,10,15) et s'inscrit dansun paradoxe qui crée une situation de t<strong>en</strong>sion et d'inquiétudeess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t vécue par les mères : l'<strong>en</strong>fant doit absolum<strong>en</strong>t s<strong>en</strong>ourrir et pr<strong>en</strong>dre du poids, condition à sa survie / l'<strong>en</strong>fant éprouved'énormes difficultés à 'Ifaire passer et garder" cette nourriture. Eneffet, lorsque l'<strong>en</strong>fant est lourdem<strong>en</strong>t <strong>handicap</strong>é, le nourrir reste ungros problème : étouffem<strong>en</strong>ts, déglutition difficile, régurgitation <strong>des</strong>alim<strong>en</strong>ts (6,7,10,12,13,15,38). En outre, selon une mère, la duréejournalière totale de cette activité peut parfois atteindre huit heures.<strong>Le</strong>s changem<strong>en</strong>ts de nourriture, les allergies au lait sont égalem<strong>en</strong>tsources de problèmes pour les par<strong>en</strong>ts (1,26).D'autres dim<strong>en</strong>sions se greff<strong>en</strong>t sur cette question (2,19,29,30) :- le fait de manger "salem<strong>en</strong>t" : <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts éprouv<strong>en</strong>t une gênecertaine ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t vis-à-vis du regard extérieur;- le fait que l'<strong>en</strong>fant ne puisse fermer sa bouche <strong>en</strong> mangeant : unemaman réprimande régulièrem<strong>en</strong>t son <strong>en</strong>fant jusqu'au jour oùcelui-ci réplique "mais maman, là aussi j'ai un problème ";- le fait que l'<strong>en</strong>fant mange peu et reste m<strong>en</strong>u ;- le fait qu'il faille prévoir <strong>des</strong> repas spécialem<strong>en</strong>t pour l'<strong>en</strong>fant lorsde déplacem<strong>en</strong>ts.L'expression et la communication constitu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> sources dedifficultés pour six mères, bi<strong>en</strong> que dans plusieurs autres familles,l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é ne parle pas (1,2,10,11,3 1,36). Ces mèresmett<strong>en</strong>t l'acc<strong>en</strong>t sur le manque de communication ou le frein à unemeilleure communication; l'une d'<strong>en</strong>tre elle note la très grandedifficulté qu'a l'<strong>en</strong>fant à s'exprimer, ce qui conduit le ar<strong>en</strong>t à devoir"se battre" avec l'institution scolaire (classe gardi<strong>en</strong>ne 7 .


La compréh<strong>en</strong>sion et la p<strong>en</strong>sée sont évoquées par plusieurspar<strong>en</strong>ts qui laiss<strong>en</strong>t, à travers ce thème, se profiler la question du<strong>handicap</strong> m<strong>en</strong>tal (5,7,10,12,36,39) : " (...) si seulem<strong>en</strong>t elle savait cequ'elle pr<strong>en</strong>d et où elle va ! " Selon l'âge de l'<strong>en</strong>fant, la crainte <strong>des</strong>équelles m<strong>en</strong>tales est bi<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>te ou largem<strong>en</strong>t dépassée. Ainsi,une angoisse profonde s'est installée durant les cinq premiers mois,période p<strong>en</strong>dant laquelle la mère a "guetté les réflexes intellectuels"de son <strong>en</strong>fant.La question <strong>des</strong> capacités de compréh<strong>en</strong>sion et de p<strong>en</strong>sée del'<strong>en</strong>fant peut égalem<strong>en</strong>t être abordée sous l'angle de l'inquiétude <strong>des</strong>avoir si l'<strong>en</strong>fant réalise qu'il est <strong>handicap</strong>é et s'il a consci<strong>en</strong>ce de lagravité de son <strong>handicap</strong>. Ce thème, récurr<strong>en</strong>t tout au long d'un<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>, est source d'une profonde angoisse pour la mère : "c'estsurtout ce que luipeutp<strong>en</strong>ser qui est dur ".Ne pouvoir s'asseoir, ne pouvoir pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> main sont deuxinaptitu<strong>des</strong> qui témoign<strong>en</strong>t de la lourdeur du <strong>handicap</strong>. Dans deux<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s les par<strong>en</strong>ts parl<strong>en</strong>t au conditionnel - "si seulem<strong>en</strong>t " - etdémontr<strong>en</strong>t par là-même l'acuité <strong>des</strong> problèmes r<strong>en</strong>contrés (7,lO) ;d'autres gard<strong>en</strong>t le sil<strong>en</strong>ce (33).De manière générale, c'est le manque d'autonomie qui poseproblème aux par<strong>en</strong>ts. La prés<strong>en</strong>ce continuelle auprès de l'<strong>en</strong>fant; lanécessité de toujours s'<strong>en</strong> occuper, l'aider, le surveiller; le besoin detoujours s'adapter, tout revoir, recomm<strong>en</strong>cer, réinv<strong>en</strong>ter ou <strong>en</strong>core lefait de toujours donner, faire à sa place, sont autant de sources degran<strong>des</strong> fatigues et de t<strong>en</strong>sions au sein <strong>des</strong> familles (1,2,3,5,7,9,15,29,41).2. La santé lobal le. de l'<strong>en</strong>fantLa santé précaire de l'<strong>en</strong>fant peut être un <strong>des</strong> aspects qui alourditle <strong>handicap</strong>. En effet, la maladie, surajoutée à la défici<strong>en</strong>ce ou au<strong>handicap</strong>, implique un stress et une t<strong>en</strong>sion supplém<strong>en</strong>taires liés àl'état de maladie lui-même ainsi qu'un surm<strong>en</strong>age dû à la situation demaladie, nécessitant parfois l'hospitalisation fréqu<strong>en</strong>te <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants(4,10,29). Ce problème est ponctué par l'idée de répétition -l'<strong>en</strong>fant est "toujours malade" (1,2,4,6,10,17,26,38)- et de gravité- l'<strong>en</strong>fant étouffe régulièrem<strong>en</strong>t, est sujet à <strong>des</strong> syncopes(7,13,38,41). Une att<strong>en</strong>tion particulière doit être accordée aux crisesd'épilepsie dont le caractère imprévisible, récurr<strong>en</strong>t et spectaculaire


parfois, <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre angoisse et risque de "perte de sang-froid" pour lepar<strong>en</strong>t (3,4,11,28,38,39). D'autres types de problèmes peuv<strong>en</strong>texister : surdosage médicam<strong>en</strong>teux plongeant l'<strong>en</strong>fant dans un étatcomateux (26), convulsions liées à <strong>des</strong> montées impromptues detempérature (41). La découverte continuelle de nouveauxproblèmes ainsi que leur <strong>en</strong>chaînem<strong>en</strong>t constitu<strong>en</strong>t les autresdim<strong>en</strong>sions de cette thématique.L'abs<strong>en</strong>ce d'évolution ou l'évolution l<strong>en</strong>te de l'<strong>en</strong>fant est sourcede questionnem<strong>en</strong>t et d'inquiétude, de même que les retards dont onignore s'ils seront comblés un jour ou s'ils vi<strong>en</strong>dront assombrir letableau (2,3,5,23,26,39)..Replacés dans la dynamique de la vie quotidi<strong>en</strong>ne, certainscomportem<strong>en</strong>ts de l'<strong>en</strong>fant sont sources de t<strong>en</strong>sion et d'énervem<strong>en</strong>tpour les par<strong>en</strong>ts et peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre <strong>des</strong> allures alarmantes. Il s'agitde comportem<strong>en</strong>ts qui apparaiss<strong>en</strong>t le plus souv<strong>en</strong>t par phase et neperdur<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t pas, mais dont le caractère aigu à un mom<strong>en</strong>tdonné constitue un stress pour les par<strong>en</strong>ts.Citons : pleurer int<strong>en</strong>sivem<strong>en</strong>t (10,13,15,17,27,28,35), crier ouhurler (12,13,24,29,36), se laisser tomber "cinquante fois de suitepar terre" (2), être h agité (13,36), se réveiller systématiquem<strong>en</strong>tet à répétition "16 à YP" 7fok toutes les nuits" (13), saliver, baver oumanger "salem<strong>en</strong>t"(2), être incontin<strong>en</strong>t, s'énerver lorsqu'il neparvi<strong>en</strong>t pas à se faire compr<strong>en</strong>dre (9,11,36).Ces diverses manifestations de l'<strong>en</strong>fant conduis<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> étatsd'énervem<strong>en</strong>t et d'épuisem<strong>en</strong>t parfois extrêmes :"C'était elle ou mol;c'était plus possible" (1,2,10,12,13,15,27,28,29,33,36,41).4. L'imag.e du corL'altération du corps est évoquée dans deux familles de manièreextrêmem<strong>en</strong>t singulière : l'altération du corps est "terrible " , "j'auraisdû avoir une dépression terrible", dit la maman d'une petite fille,"gamine superbe, belle, intellig<strong>en</strong>te" qui est très légèrem<strong>en</strong>thémiplégique; la projection dans le futur de l'image du corps, "torduet malfoutu", est vécue comme "imm<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t catastrophique" parla maman d'une autre petite fille lourdem<strong>en</strong>t atteinte d'infirmitémotrice. Face à <strong>des</strong> gravités de défici<strong>en</strong>ce totalem<strong>en</strong>t opposées,


l'int<strong>en</strong>sité du vécu par<strong>en</strong>tal peut être néanmoins fort proche.L'inverse est tout aussi vrai : à gravité égale, l'int<strong>en</strong>sité du vécu peutêtre fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t.Si la cause de la défici<strong>en</strong>ce de l'<strong>en</strong>fant n'apparaît pas toujoursclairem<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> indices exist<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>tl. Pour une famillecep<strong>en</strong>dant, l'origine du <strong>handicap</strong> reste tout à fait inconnue. Ceciplonge les par<strong>en</strong>ts dans un climat d'inquiétude et de stress, sanscesse balancés <strong>en</strong>tre l'espoir d'une guérison et la peur d'une issuef atale2.Lorsque la cause de la défici<strong>en</strong>ce est- mal définie ou ignorée,certaines mères ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de culpabilité tel, qu'ildevi<strong>en</strong>t le noeud principal du problème : "<strong>Le</strong> gros pointd'interrogation, et ça, ça me restera toujours <strong>en</strong> travers parce quej'aurais vraim<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> aimé savoir pourquoi ? Quand ? Et à quelmom<strong>en</strong>t ? " Ce s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de culpabilité maternel est r<strong>en</strong>forcé par lefait que le <strong>handicap</strong> moteur est lié à une lésion cérébrale.Onze par<strong>en</strong>ts évoqu<strong>en</strong>t la question du futur qui se pose à court,moy<strong>en</strong> et long terme (5,6,7,8,10,11,22,24,25,28,29).Souv<strong>en</strong>t porteuses d'un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de peur et sources de difficultésmorales pour les famiiles, les dim<strong>en</strong>sions évoquées concern<strong>en</strong>t :- le fait qu'<strong>en</strong> avançant dans le temps, ce sera de plus <strong>en</strong> plusdifficile (7,10) ou que, face à un regard <strong>des</strong> autres actuel trèspositif à l'égard de l'<strong>en</strong>fant, cela ne perdure pas dans le futur (22);- le fait de faire accepter l'<strong>en</strong>fant avec son <strong>handicap</strong> (28);- le aisque que l'<strong>en</strong>fant ne refuse un jour sa kinésithérapie (5);- la continuité de la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant (11);- le fait de voir se profiler le dilemme du mainti<strong>en</strong> à domicile ou duplacem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> institution (7);- l'intégration scolaire <strong>en</strong> <strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t normal (8);- l'adolesc<strong>en</strong>ce (5,10,25);cf. Parcours par<strong>en</strong>taux face à la découverte du <strong>handicap</strong> de I'<strong>en</strong>fantL'<strong>en</strong>fant est décédé un an aprés notre r<strong>en</strong>contre avec la famille.- 61 -


- la vie s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale, professionnelle de l'<strong>en</strong>fant (5,25);- le fait qu'il "arrive quelque chose" (pronostic de mort précoce) etque les par<strong>en</strong>ts ne soi<strong>en</strong>t pas là (29).Bi<strong>en</strong> que les <strong>en</strong>fants soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core très jeunes, la mort <strong>des</strong> par<strong>en</strong>tsest évoquée, explicitem<strong>en</strong>t, dans deux familles : "Je préfèrerais lapr<strong>en</strong>dre avec moi que de la laisser vivre, si nous on devait mourir ".Toutes ces composantes du <strong>handicap</strong> qui pos<strong>en</strong>t problème sont àsituer dans la problématique personnelle de chaque par<strong>en</strong>t. Ellesdoiv<strong>en</strong>t être p<strong>en</strong>sées <strong>en</strong> t<strong>en</strong>ant compte du système de valeurs, <strong>des</strong>représ<strong>en</strong>tations de la normalité et du vécu du regard <strong>des</strong> autres posésur l'<strong>en</strong>fant et son <strong>handicap</strong>.La défici<strong>en</strong>ce innée ou acquise, la visibilité ou non du <strong>handicap</strong>, lacause génétique ou liée au développem<strong>en</strong>t sont autant d'aspects quifond<strong>en</strong>t l'analyse de cette question.Dans la dynamique de la vie quotidi<strong>en</strong>ne, la situation difficile deloin la plus fréqu<strong>en</strong>te concerne la garde <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants (1,2,4,5,8,9,12,13,17,22,24,28,36,38,39).<strong>Le</strong>s aspects <strong>en</strong> sont :- le coût de la garde, notamm<strong>en</strong>t si il y a besoin d'une personneexpérim<strong>en</strong>tée (2,22,38,39);- le type de garde souhaité : uelques heures par jour pour aider àcertains mom<strong>en</strong>ts forts (97 , quand l'<strong>en</strong>fant est malade (5,8),quand le par<strong>en</strong>t travaille le samedi (17);- le fait du (po1y)<strong>handicap</strong> : trouver et choisir une personnecompét<strong>en</strong>te et dans certains cas, expérim<strong>en</strong>tée, capable d'assumerune surveillance continue et un minimum de prise <strong>en</strong> charge(9,12,17,38);- l'idée même de faire garder l'<strong>en</strong>fant : chez certains par<strong>en</strong>ts,s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de gêne liés à la situation de dép<strong>en</strong>dance et à celled'être toujours quémandeur (demande d'aide à un membre de lafamille ou à un ami) (4,36) et de culpabilité (fait de laisser l'<strong>en</strong>fantchez une gardi<strong>en</strong>ne pour partir quelques jours <strong>en</strong> couple) (24).


8. L'acc- de l'<strong>en</strong>fant<strong>Le</strong> vécu par<strong>en</strong>tal de l'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant -appr<strong>en</strong>tissage, stimulation, thérapie - s'inscrit pour certains par<strong>en</strong>tsdans un climat de conflits intérieurs : les par<strong>en</strong>ts éprouv<strong>en</strong>t la peur de"perdre du temps", de ne pas "<strong>en</strong> faire assez", de ne pas êtresuffisamm<strong>en</strong>t dynamique avec l'<strong>en</strong>fant "jusqu'ou stimuler ? " etlutt<strong>en</strong>t sans cesse pour que l'<strong>en</strong>fant ne reste pas inactif ou <strong>en</strong>corecherch<strong>en</strong>t de nouvelles stimulations, ... (2,3,7,15,26,29,31,39,40,41).Dans cette perspective de l'accompagnem<strong>en</strong>t, certaines situationsprovoqu<strong>en</strong>t de l'agacem<strong>en</strong>t. Ainsi, la prés<strong>en</strong>ce très fréqu<strong>en</strong>te d'unekinésithérapeute au sein de la famille est vécue de manièreparticulièrem<strong>en</strong>t difficile par <strong>des</strong> pères ou mères qui soulign<strong>en</strong>t,néanmoins, la qualité de la relation humaine (2,26,38). Ces par<strong>en</strong>tsress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une intrusion dans l'intimité familiale et doiv<strong>en</strong>t toujourspr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les allées et v<strong>en</strong>ues du thérapeute.Quant aux difficultés d'appr<strong>en</strong>tissage, l'exemple suivant révèleexplicitem<strong>en</strong>t l'état contradictoire dans lequel peuv<strong>en</strong>t se retrouverles par<strong>en</strong>ts : devoir appr<strong>en</strong>dre à l'<strong>en</strong>fant à cracher ses alim<strong>en</strong>ts pourqu'il ne s'étouffe pas et lui désappr<strong>en</strong>dre ce même comportem<strong>en</strong>tlorsque la phase <strong>des</strong> difficultés à déglutir est dépassée (10).Un couple signale qu'il est démuni pour soigner l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é (6). Ce point est énoncé clairem<strong>en</strong>t dans un <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>,mais cette problématique est loin d'être particulière à cette famille. <strong>Le</strong>manque de repères, la confrontation à <strong>des</strong> situations auxquelles onn'est pas habitué (15), mais aussi le caractère atypique d<strong>en</strong>ombreuses manifestations physiologiques du <strong>handicap</strong> notamm<strong>en</strong>t(29,38) et l'aspect parfois "inclassifiable" du problème de l'<strong>en</strong>fant(40) sont autant de dim<strong>en</strong>sions porteuses de difficultés pour lespar<strong>en</strong>ts (et les professiomels de la santé) l .9. -$ctives <strong>en</strong>tre les gar<strong>en</strong>ts et leurPlusieurs mères témoign<strong>en</strong>t, de manière implicite (10) ou, aucontraire, très ouvertem<strong>en</strong>t et consciemm<strong>en</strong>t (12,15,42), de leursdifficultés, passées ou toujours prés<strong>en</strong>tes, à établir un li<strong>en</strong> affectifcf. <strong>Le</strong>s interactions avec les professionnels de la santé- 63 -


avec leur <strong>en</strong>fant. Pour une mère, cette difficulté relationnelle résidedans le fait qu'elle "n'avait ri<strong>en</strong> de ce gosse" et que, privée d'uncontact précoce, l'attachem<strong>en</strong>t à l'<strong>en</strong>fant a nécessité un effortintellectuel : "je devais oeuvrerpour établir ce li<strong>en</strong>, être mère''. Pourune autre, la stimulation nécessaire au développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant aempêché la spontanéité maternelle bloquant ainsi une part <strong>des</strong>échanges affectifs.Sans pour autant altérer la relation affective, ni mettre <strong>en</strong> doute laqualité de cette relation, certains faits sont soulignés comme étant ouayant été source de problèmes pour les mères. Ce sont par exemple,i'image insupportable de. son bébé qui, jour après jour, n'évolue pas(3); l'effort de devoir toujours tout donner car l'<strong>en</strong>fant, extrêmem<strong>en</strong>tdép<strong>en</strong>dant, ne peut ri<strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre de lui-même fût-ce l'amour maternel(29); l'idée que toute p<strong>en</strong>sée à l'égard de ses <strong>en</strong>fants soit colorée <strong>des</strong><strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts d'angoisse, de peur, de crainte (7,25,39).L'interaction <strong>en</strong>tre par<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong>fant n'apparaît pas sous un angleréellem<strong>en</strong>t problématique. Dans un cas seulem<strong>en</strong>t, Ia relationfusionnelle père-<strong>en</strong>fant est source de conflit au sein du couple et dela famille. A l'opposé, certaines mères not<strong>en</strong>t que leur conjointmanifeste peu d'intérêt à l'égard de l'<strong>en</strong>fant ou reste relativem<strong>en</strong>textérieur et distant (5,17,37,39). D'autres <strong>en</strong>core évoqu<strong>en</strong>t unerelation compliquée <strong>en</strong>tre l'<strong>en</strong>fant et le père : s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de peur dupère de ne pouvoir assumer son rôle auprès de l'<strong>en</strong>fant; incapaciténotoire à "savoir s'y pr<strong>en</strong>dre" avec l'<strong>en</strong>fant qui s'énerve.II. LES INTERACTIONS CONJUGALES, FAMILIALESSOCIALES : ESPACES DE CONFLITSETQuel que soit le schéma de prés<strong>en</strong>tation du champ <strong>des</strong> interactionsau sein de la famille, il sera toujours artificiel et insatisfaisantpuisque le propre <strong>des</strong> interactions <strong>sociales</strong> réside dans leurimbrication, leur <strong>en</strong>chevêtrem<strong>en</strong>t. Or, il est difficile de r<strong>en</strong>dre comptede ces logiques complexes sans procéder à une mise <strong>en</strong> ordre par undécoupage thématique.La famille est une configuration d'interactions; les personnes quicompos<strong>en</strong>t l'espace domestique sont avant tout les par<strong>en</strong>ts, l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é et sa fratrie, les grands-par<strong>en</strong>ts, les autres membres de lapar<strong>en</strong>tèle. Et, comme la famille ne vit pas <strong>en</strong> vase clos, lesinteractions avec les autres membres du corps social (voisins,


collègues, ...) sont <strong>en</strong>visagées. Une place toute particulière estrés&& aux interactions av& les professio~els de la santé'.1. -actiw au sein du coraplePlusieurs par<strong>en</strong>ts font part de difficultés conjugales. Deuxcouples sont séparés; les autres évoqu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> .situations parfoist<strong>en</strong>dues (1,3,4,5,10,13,15,17,26,28,37,38,42). Parmi cesd<strong>en</strong>lières, les difficultés'n'ont certes pas toutes la même int<strong>en</strong>sité etne sont pas toujours vécues de manière conflictuelle, loin s'<strong>en</strong> faut.La majorité <strong>des</strong> familles r<strong>en</strong>contrées évoqu<strong>en</strong>t leurs difficultés decouple comme le cours logique d'une vie quotidi<strong>en</strong>ne à deux. <strong>Le</strong>sdifficultés ne sont pas inhér<strong>en</strong>tes à la situation de <strong>handicap</strong> bi<strong>en</strong> quecelle-ci exacerbe <strong>des</strong> t<strong>en</strong>sions souv<strong>en</strong>t préexistantes à l'arrivée del'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. <strong>Le</strong>s types de difficultés énoncées sont :- le manque de contact avec le conjoint (1,5,17,26,28,38,42);- le manque de souti<strong>en</strong>, l'abs<strong>en</strong>ce de l'autre, la distanciation(1,4,5,10,17,37);- le manque d'écoute et de dialogue (1,5,10);'- le manque de compréh<strong>en</strong>sion mutuelle (5,131;- les diverg<strong>en</strong>ces de points de vue, de goûts (1,5,10,17);- les disputes et énervem<strong>en</strong>ts plus fréqu<strong>en</strong>ts (1 3,17,26);- la vie intime perturbée (1,5,17);- les phases dépressives du conjoint (3,4,10,15,39).Un dysfonctio~em<strong>en</strong>t conjugaVfamilia1 apparaît clairem<strong>en</strong>t danstrois foyers.Une rupture év<strong>en</strong>tuelle est évoquée explicitem<strong>en</strong>t par deuxépouses. Ainsi, le discours explicite de l'une d'elles révèle uneincompréh<strong>en</strong>sion mutuelle avec refus de dialogue de la part duconjoint, une més<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te dans la vie commune quotidi<strong>en</strong>ne basée sur<strong>des</strong> "concessions" perman<strong>en</strong>tes, <strong>des</strong> contradictions d'opinion et dechoix, un manque de collaboration du conjoint à la vie domestique etfamiliale, ... Toutes ces dim<strong>en</strong>sions constitu<strong>en</strong>t une chargephysique et m<strong>en</strong>tale telle que cette mère <strong>en</strong> arrive à souhaiter, parmom<strong>en</strong>ts, être seule et n'avoir à compter que sur elle-même. Il seraittoutefois faux et t<strong>en</strong>dancieux de déduire de cet exemple que la simpleaddition de plusieurs de ces aspects ret<strong>en</strong>us dans les discours3. cf. <strong>Le</strong>s interactions avec les professionnels de la santé


par<strong>en</strong>taux suffise à définir la problématique du couple. Seule uneanalyse approfondie <strong>des</strong> ressources et <strong>des</strong> pot<strong>en</strong>tialités familialespeut aider à une compréh<strong>en</strong>sion <strong>des</strong> dynamiques familiales.Un conflit se dégage de l'analyse d'un troisième cas qui révèle unmanque de compréh<strong>en</strong>sion et <strong>des</strong> contradictions au sein du couple,notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière de prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant.Parmi les familles dans lesquelles <strong>des</strong> difficultés conjugales ontété repérées, dans deux cas seulem<strong>en</strong>t les <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s ont eu lieu avecles deux par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>semble. C'est donc ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t le discours dela mère qui a été pris <strong>en</strong> considération et, dans certains cas, l'abs<strong>en</strong>cedu père à l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> est révélatrice <strong>des</strong> difficultés au sein du couple.Envisageons dès à prés<strong>en</strong>t le couple par<strong>en</strong>tal, c'est-à-dire larelation conjugale dans son rapport à l'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong>s aspects quidomin<strong>en</strong>t dans le discours <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> matière de difficultés sontl'incompréh<strong>en</strong>sion mutuelle à l'égard de la situation de <strong>handicap</strong> etl'inégale répartition de la fonction par<strong>en</strong>tale1.Différ<strong>en</strong>ts contextes d'investissem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal se prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t.L'un <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts a une vision claire et objective <strong>des</strong> difficultés del'<strong>en</strong>fant, alors que l'autre ne conçoit pas la réalité du <strong>handicap</strong>.L'opposition <strong>en</strong>tre le "monde du rêve " et celui de la réalité ouvre surl'incompatibilité lorsque l'un <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts ne veut ou ne peut affronterla réalité du <strong>handicap</strong>.L'investissem<strong>en</strong>t affectif différ<strong>en</strong>t <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts à l'égard de l'<strong>en</strong>fantdevi<strong>en</strong>t source de reproches (5,17,39). Dans un cas extrême, larelation fusionnelle d'un par<strong>en</strong>t et la distanciation de l'autreprovoqu<strong>en</strong>t un dysfonctionnem<strong>en</strong>t familial. <strong>Le</strong>s relations père-mère<strong>en</strong>fantétant vécues dans un climat insupportable de compétitions etde jalousies amèn<strong>en</strong>t au placem<strong>en</strong>t institutionnel de l'<strong>en</strong>fant.La prise <strong>en</strong> charge éducative et thérapeutique de l'<strong>en</strong>fant n'est pasinvestie de la même manière par les deux par<strong>en</strong>ts. Selon plusieursmères, le père donne l'impression de se désintéresser de l'<strong>en</strong>fant, defuir ses responsabilités; il semble critique à l'égard <strong>des</strong> actions<strong>en</strong>treprises, ou <strong>en</strong>core, n'accorde pas suffisamm<strong>en</strong>t d'att<strong>en</strong>tion à <strong>des</strong>aspects jugés importants par la mère tels que, par exemple, le "boncf. Deuxième partie : Processus d'ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux face au <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant- 66 -


positionnem<strong>en</strong>t" de l'<strong>en</strong>fant afin qu'il acquière de "meilleureshabitu<strong>des</strong> motrices".L'inégale répartition et le désinvestissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> fonctionspar<strong>en</strong>tales ont <strong>des</strong> répercussions sur le plan <strong>des</strong> interactionsconjugales. Des difficultés se manifest<strong>en</strong>t, de manière passagère ouplus persistante, dans huit familles (1,4,5,13,15,17,37,38). <strong>Le</strong>manque d'aide de la part du conjoint, évoqué par les mères, recouvre<strong>des</strong>, réalités différ<strong>en</strong>tes selon qu'il s'agit d'un manque decontribution active et concrète au quotidi<strong>en</strong> : "parfois c'est trop", oud'un manque de prés<strong>en</strong>ce et de souti<strong>en</strong> moral : "je me bats tous lesjours pour lui faire compr<strong>en</strong>dre que j'ai besoin de son souti<strong>en</strong>". Laprise <strong>en</strong> charge du ménage, d'une part, et la prise <strong>en</strong> charge oul'accompagnem<strong>en</strong>t de I'<strong>en</strong>f ant <strong>handicap</strong>é, d'autre part, sontassumées de manière dominante par les femmes. Lorsque l'on neti<strong>en</strong>t compte que <strong>des</strong> familles qui dis<strong>en</strong>t éprouver <strong>des</strong> difficultés surle plan de la vie quotidi<strong>en</strong>ne, on constate que la prise <strong>en</strong> charge del'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é revi<strong>en</strong>t exclusivem<strong>en</strong>t à la mère dans quatorze cassur dix-huit et la charge du ménage dans douze cas sur dix-huit.2. I<strong>des</strong> J de ta fratrie<strong>Le</strong>s difficultés mises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t cellesr<strong>en</strong>contrées dans la dynamique interactive par<strong>en</strong>ts-fratrie.Tout d'abord il est difficile de gérer les relations au sein de lafratrie et de mesurer les places et rôles <strong>des</strong> autres <strong>en</strong>fants ainsi queleurs responsabilités respectives (5,15,25). Certaines mèreséprouv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> difficultés a être confrontées à leurs propres attitu<strong>des</strong>porteuses de différ<strong>en</strong>ces, voire de préfér<strong>en</strong>ces (15,23,25,28,35,39).Il est <strong>en</strong>suite difficile de "donner à tous", de consacrer du temps àchacun de ses <strong>en</strong>fants, de ne pas léser les frères èt soeurs(4,5,13,15,16,28,29,35) et de s'occuper de l'<strong>en</strong>semble de la fratriesans que cela ne pose de problèmes de jalousies (1,6,8,9,28,35).Il est <strong>en</strong>fin pénible d'être le témoin oculaire de certaines scènes<strong>en</strong>tre <strong>en</strong>fants : brusqueries et impati<strong>en</strong>ce d'une soeur aînée tropdynamique (1,Z); bouscula<strong>des</strong> par les plus grands et chute del'<strong>en</strong>fant dont l'équilibre reste précaire (35); déconsidération,agressivité ou domination fraternelles (16,27,29,36) ou <strong>en</strong>core, et àl'inverse, fait que l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é manifeste de l'agressivité àl'égard <strong>des</strong> autres <strong>en</strong>fants (27).


La notion de "justice éducative"<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts sont confrontés au bouleversem<strong>en</strong>t de leurs repèreséducatifs. <strong>Le</strong>s choix, les décisions, les ori<strong>en</strong>tations éducativesperd<strong>en</strong>t leur s<strong>en</strong>s face à un <strong>en</strong>fant dont le développem<strong>en</strong>t estprofondém<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t de celui de ses frères et soeurs. De nombreuxexemples sont évoqués au détour de scènes quotidi<strong>en</strong>nes(2,5,15,'29). En voici deux : le par<strong>en</strong>t achètera plus facilem<strong>en</strong>t et plusrapidem<strong>en</strong>t un jouet à l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é parce qu'il est adapté à sondéveloppem<strong>en</strong>t moteur du mom<strong>en</strong>t alors que pour l'autre <strong>en</strong>fant, ilatt<strong>en</strong>dra l'occasion de l'anniversaire pour satisfaire une demande; lepar<strong>en</strong>t accepte que l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é pr<strong>en</strong>ne un <strong>des</strong>sert pourvu quecela constitue un acquis de nourriture supplém<strong>en</strong>taire alors que lalogique par<strong>en</strong>tale a toujours été qu'un <strong>des</strong>sert soit la récomp<strong>en</strong>sed'un repas. Ces situations sont source de remise <strong>en</strong> question pour lepar<strong>en</strong>t. La gestion <strong>des</strong> relations au sein de la fratrie passe donc par lacapacité pour le par<strong>en</strong>t à "faire la part <strong>des</strong> choses <strong>en</strong>tre l'<strong>en</strong>fant et le<strong>handicap</strong>".La notion de "protection naturelle"Exiger trop de l'<strong>en</strong>fant ou le surprotéger sous prétexted'incapacités motrices, telle est l'ambiguïté perman<strong>en</strong>te dans laquellese trouv<strong>en</strong>t beaucoup de par<strong>en</strong>ts. Cette ambiguïté est d'autant plusmarquée que tout <strong>en</strong>fant, <strong>handicap</strong>é ou non, cerne les faiblesses <strong>des</strong>es par<strong>en</strong>ts, sait <strong>en</strong> user, parfois <strong>en</strong> abuser ("pouvoir de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é") (10,15). Ce point est d'autant plus difficile à gérer quel'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é nécessite plus de soins et d'att<strong>en</strong>tion que lesautres <strong>en</strong>fants, <strong>en</strong> raison notamm<strong>en</strong>t de son manque d'autonomie.<strong>Le</strong> vécu <strong>des</strong> frères et <strong>des</strong> soeursBi<strong>en</strong> que cet aspect n'ait pas été systématiquem<strong>en</strong>t investigué, <strong>des</strong>interrogations figur<strong>en</strong>t dans les discours par<strong>en</strong>taux concernant lescomportem<strong>en</strong>ts et les attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> frères et <strong>des</strong> soeurs :- "gros chagrins" lors <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> d'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é (4,8,28) ;- angoisses, peur que "ses par<strong>en</strong>ts, grands-par<strong>en</strong>ts, soeur<strong>handicap</strong>é<strong>en</strong>e meur<strong>en</strong>t" (29), peur que les autres frères ou <strong>en</strong>fantsà v<strong>en</strong>ir ne soi<strong>en</strong>t aussi mala<strong>des</strong> (2);- agressivité refoulée (29);


- projection du <strong>handicap</strong> dansle jeu (les poupées toujours mala<strong>des</strong>doiv<strong>en</strong>t avoir de la kinésithérapie) (2) ;- gêne et crainte du regard <strong>des</strong> pairs (1,2,27,29);- manifestations de l'<strong>en</strong>fant qui cherche à attirer l'att<strong>en</strong>tion de sespar<strong>en</strong>ts (l'<strong>en</strong>fant tousse à la maison mais non à l'école) (37);- réaction à la trop grande att<strong>en</strong>tion portée à l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (lesvisites sont "toujours pour lui ! ") (1,2,28,29).3. I:es inwons avec les-De manière générale, les relations <strong>en</strong>tre la famille et les grandspar<strong>en</strong>ts1repos<strong>en</strong>t sur un mode solidaire.Cep<strong>en</strong>dant, <strong>des</strong> situations conflictuelles et <strong>des</strong> tiraillem<strong>en</strong>ts ont<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré, dans certains milieux, une rupture <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s familiaux soitantérieure à la prés<strong>en</strong>ce de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (16,39), soit inscritedans la problématique du <strong>handicap</strong> d'une manière ou d'une autre(incompréh<strong>en</strong>sion et jalousie, conflits d'id<strong>en</strong>tités <strong>en</strong>tre génération,més<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tes personnelles).Quant aux relations <strong>en</strong>tre les conjoints et leurs par<strong>en</strong>ts et beauxpar<strong>en</strong>tsrespectifs, deux groupes de difficultés se dégag<strong>en</strong>t del'analyse. <strong>Le</strong> premier <strong>en</strong>semble concerne l'exist<strong>en</strong>ce de t<strong>en</strong>sions, deconflits, de gêne, de confrontations liés :- à la directivité d'une grand-mèrer<strong>en</strong>vers le ménage de son fils;- aux attitu<strong>des</strong> et paroles ssirnistes v<strong>en</strong>ant mal à propos et vécuescomme culpabilisantes 13,15,26);- aux propos de mise <strong>en</strong> question sur l'éducation et la prise <strong>en</strong>charge de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (10,40);- au fait que les grands-par<strong>en</strong>ts s'occup<strong>en</strong>t moins de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é et lui manifest<strong>en</strong>t peu d'intérêt, n'accept<strong>en</strong>t pas le<strong>handicap</strong>, ou <strong>en</strong>core sont peu compréh<strong>en</strong>sifs ou peu collaborants(1,5,9,22,34,39,41).Grands-mères maternelles 32 5 2Grands-pères maternels 27 9 3Grands-mères paternelles 33 4 2Grands-pères paternels 30 6 3Nombre d'arrière-grands-par<strong>en</strong>ts : 3


Dans les secon<strong>des</strong> situations, les difficultés n'interfèr<strong>en</strong>t pasnégativem<strong>en</strong>t dans la dynamique de solidarité, mais sont à l'originede vécus souv<strong>en</strong>t éprouvants :- situation de "détresse" de grands-par<strong>en</strong>ts face au <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant : pleurs et apitoiem<strong>en</strong>t (6,25,36,37), culpabilité liée à lacrainte de voir resurgir "la faiblesse familiale" (dépression, crainted'un <strong>handicap</strong> m<strong>en</strong>tal) (35,37), inadéquation d'attitu<strong>des</strong> (t<strong>en</strong>ir mall'<strong>en</strong>fint, favoriser l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, ... ) (5,10,29);- état de maladie ou vieillesse <strong>des</strong> grands-par<strong>en</strong>ts (4,26,38);- situation de migration voire d'exil (7,14,33).Ces situations comport<strong>en</strong>t leur lot d'inquiétu<strong>des</strong> et de problèmesqui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t se greffer sur la problématique familiale existante.La phase de la découverte du <strong>handicap</strong> semble particulièrem<strong>en</strong>tsujette à l'émerg<strong>en</strong>ce de problèmes, soit parce que toute la familleassaille les par<strong>en</strong>ts de conseils (28), soit au contraire parce que lesnouvelles sont prises par personnes interposées (S), soit <strong>en</strong>coreparce que <strong>des</strong> suggestions mal<strong>en</strong>contreuses sont faites par un par<strong>en</strong>t,telle cette tante qui incite au placem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant (9). En outre, pourun père, l'attitude <strong>des</strong> proches et membres de la par<strong>en</strong>tèle lors <strong>des</strong>visites à la maternité a été source de difficultés (22) : compassion,sourires et g<strong>en</strong>tillesse <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce de la mère; interrogations,manifestations d'inquiétude à l'égard du père quand il se retrouveseul.Dans deux familles, les par<strong>en</strong>ts ont eu à souffrir de jugem<strong>en</strong>ts oude reproches de la part de membres de la par<strong>en</strong>tèle. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts sonts<strong>en</strong>sibles aux différ<strong>en</strong>ces discriminantes de l'<strong>en</strong>tourage <strong>en</strong>versl'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é : on ne demande pas de ses nouvelles, on nepropose pas de l'emm<strong>en</strong>er, . . . (1 2,26,39,41).Ce dernier point annonce la problématique du regard <strong>des</strong> autres.<strong>Le</strong> regard <strong>des</strong> autres constitue une difficulté souv<strong>en</strong>t quotidi<strong>en</strong>neui se retrouve dans vingt-deux discours maternels et/ou paternels? 1,2,3,5,6,8,9,10,12,15,19,22,25,26,27,29,34,35,36,38,39,41).Seule une minorité de par<strong>en</strong>ts situe le regard <strong>des</strong> autres dans uneperspective positive.


&es regards, ce sont <strong>des</strong> expressions gestuelles et verbales, c'està-direun <strong>en</strong>semble d'attitu<strong>des</strong>, de comportem<strong>en</strong>ts, de paroles, de<strong>questions</strong>, de remarques qui, d'une manière ou d'une autre, sontsource de souffrance pour le par<strong>en</strong>t qui les reçoit. <strong>Le</strong>s autres sont àla fois <strong>des</strong> proches et <strong>des</strong> anonymes extérieurs : conjoint, par<strong>en</strong>ts,amis, collègues, professionnels de l'éducation ou de la santé, g<strong>en</strong>sde la rue. Il y a les autres "<strong>en</strong>fants" et les autres "adultes".<strong>Le</strong> vécu du regard <strong>des</strong> autres<strong>Le</strong> regard <strong>des</strong> autres posé sur l'<strong>en</strong>fant ou sur le <strong>handicap</strong> touchede nombreux par<strong>en</strong>ts (1,2,3,5,6,10,12,19,22,25,26,34,35,36,39,41). <strong>Le</strong>s mères s'exprim<strong>en</strong>t plus fréquemm<strong>en</strong>t que les pères à cesujet; énonçons leurs propos :- aucune remarque d'autrui n'est tolérée, aucun propos de la part decollègues n'est accepté : "Ils sav<strong>en</strong>t que je suk s<strong>en</strong>sible sur cepoint et ne doiv<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> parler" 1; aucun regard un peu "troplong" ou "bizarre" n'est admis (3,6,39);- peur du regard qui "donne l'impression de pitié" (5,41) ;- crainte de "la bêtise <strong>des</strong> g<strong>en</strong>s qui ne compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas que celapeut leur aviver par accid<strong>en</strong>t" ou "qui ont l'air de condamner-",méfiance à l'égard <strong>des</strong> collègues qui <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>des</strong>discussions relatives au "pour ou contre les <strong>handicap</strong>és dans lusociété ! " (5,22);- impression d'être une "cible", exacerbée par le fait de se trouverdans une situation inconfortable qui décl<strong>en</strong>che <strong>des</strong> regards maisn'<strong>en</strong>gage as un geste d'aide; difficulté d'aller au-delà du regard<strong>des</strong> g<strong>en</strong>s P 10);- "mal au coeur" de recevoir <strong>des</strong> remarques d'appar<strong>en</strong>ce anodines,<strong>des</strong> paroles g<strong>en</strong>tilles mais qui signifi<strong>en</strong>t au par<strong>en</strong>t la réalité du<strong>handicap</strong>, <strong>des</strong> <strong>questions</strong> ou interjections incongrues (2,19,35) :"Un grand garçon comme ça qui se laisse <strong>en</strong>core porter pur samaman ! ", "Mais quel âge a-t-il ? ", "Ti<strong>en</strong>s, il ne ... " ;- blessure d'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre certains par<strong>en</strong>ts profiter de l'occasion pourmoraliser leurs <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> évoquant par exemple "les cloches de~ome"~ (22);Seul cas où il s'agit d'un discours paternelEvoquer "les cloches de Rome" signifie faire peur aux <strong>en</strong>fants qui font <strong>des</strong>grimaces : "si les cloches de Rome se mett<strong>en</strong>t a sonner a ce mom<strong>en</strong>t-ld, ellesfigeront ces grimaces sur leur vrSagepour toujours !"


- vécu difficile voire très pénible face à <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> de surprise, derejet, même de dégoût à l'égard d'<strong>en</strong>fants dont le <strong>handicap</strong> estparticulièrem<strong>en</strong>t visible : "c'est leplus dur" (26,41);- peur que l'<strong>en</strong>fant soit perçu comme . "<strong>handicap</strong>é" - "je suistraumatisée à l'idée du regard <strong>des</strong> autres" (25).Dans deux <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, la question du regard social est resituéedans unk problématique sociale plus vaste. Il s'agit de discours t<strong>en</strong>uspar deux pères, par<strong>en</strong>ts d'un <strong>en</strong>fant lourdem<strong>en</strong>t <strong>handicap</strong>é (6,15).L'un reconnaît l'importance du poids du regard social <strong>en</strong> affirmantque "la chose la plus lourde" est la vision que la société,porte sur lespersonnes <strong>handicap</strong>ées, nommées dans d'autres lieux "personnesexceptionnelles". L'autre par<strong>en</strong>t adopte une attitude plus pessimiste<strong>en</strong> regrettant le manque de considération et le manque d'<strong>en</strong>traide àl'égard <strong>des</strong> personnes <strong>handicap</strong>ées dans notre société.<strong>Le</strong>s réactions par<strong>en</strong>tales au regard <strong>des</strong> autresQuatre principaux types de réactions ont pu être id<strong>en</strong>tifiées :l'ambival<strong>en</strong>ce, l'agressivité, le détachem<strong>en</strong>t, la crainte.m. Trois mères sont ambival<strong>en</strong>tes quant à l'attitudequ'elles ont à adopter lorsqu'elles sont confrontées au regard <strong>des</strong>autres. <strong>Le</strong> problème du "savoir-quoi dire ? " concerne diversessituations : les <strong>questions</strong> de la famille (10); les r<strong>en</strong>contres de la viequotidi<strong>en</strong>ne (2); l'échange avec l'institutrice de l'<strong>en</strong>fant (1,25).L'agressivité. <strong>Le</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'injustice profonde, exacerbé par lerefus d'accepter le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant a conduit une mère àdévelopper une s<strong>en</strong>sibilité extrême à l'égard du regard <strong>des</strong> autres. Laréaction d'agressivité qui <strong>en</strong> résulte constitue un problème pour lamère, qui estime que son attitude est parfois inadaptée auxcirconstances (39).<strong>Le</strong>. Certains par<strong>en</strong>ts moins fragilisés par l'attitude<strong>des</strong> autres réagiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant plus de distance. Ainsi, l'exemple dece couple qui se livre, lorsqu'il est dans un supermarché, à faire <strong>des</strong>"petits paris" : le pari consiste à observer les g<strong>en</strong>s afin de voir s'ilsvont se retourner. Ces par<strong>en</strong>ts sont donc très att<strong>en</strong>tifs au regard porté


sur eux et leur <strong>en</strong>fant : "parfois sans scnrpule" - 'Ifont semblant deri<strong>en</strong>" - "regard<strong>en</strong>t"- "monîr<strong>en</strong>tpar$ois" (26) l.La. Certaines mères signal<strong>en</strong>t leur crainte d'un futurparfois proche, lorsque le <strong>handicap</strong> de 1' <strong>en</strong>fant "va se remarquer",lorsque les différ<strong>en</strong>ces vont s'affirmer :"l'idée d'être confrontée auproblème me fait rudem<strong>en</strong>t peur " (2,3,5).L'âge de l'<strong>en</strong>fant joue un rôle important dans le vécu du regardsocial. Certains par<strong>en</strong>ts n'ont pas <strong>en</strong>core eu à souffrir. du regardd'autrui, car l'<strong>en</strong>fant ne porte pas <strong>en</strong>core les signes de la défici<strong>en</strong>cemotrice. L'usage du "buggy major", poussette <strong>des</strong>tinée aux <strong>en</strong>fantsplus âgés qui ne march<strong>en</strong>t pas, est un <strong>des</strong> premiers événem<strong>en</strong>ts quisignale, aux yeux du monde extérieur, la réalité du <strong>handicap</strong>.Pour certains par<strong>en</strong>ts, le regard <strong>des</strong> autres signifie avant toutrisque de souffrance pour l'<strong>en</strong>fant (3,5,10,25,41). Ainsi, le malvécu par<strong>en</strong>tal est ravivé par le vécu difficile de l'<strong>en</strong>fant, qu'il soit réelou pot<strong>en</strong>tiel. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts craign<strong>en</strong>t l'apparition de "complexes" chezl'<strong>en</strong>fant qui perçoit "sa différ<strong>en</strong>ce" dans le regard <strong>des</strong> autres, ilsredout<strong>en</strong>t l'exclusion par les pairs et trembl<strong>en</strong>t à l'idée que l'<strong>en</strong>fantsoit vu, exclusivem<strong>en</strong>t, comme "<strong>handicap</strong>é". <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts dis<strong>en</strong>taussi : "On le vit plus mal qu 'elle".<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts distingu<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t clairem<strong>en</strong>t l'attitude <strong>des</strong> adultesde ceile <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants et adopt<strong>en</strong>t avec ces derniers un comportem<strong>en</strong>t et<strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> plus compréh<strong>en</strong>sives.III. LE PARENT ET LA VIE FAMILIALE DOMESTIQUELa lourdeur de la vie domestique est manifeste dans un peu plusde la moitié <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s (1,2,4,5,7,8,9,12,13,15,17,22,25,26,33,36,37,38,39,40,41).<strong>Le</strong>s termes "horrible", "insupportable", "pompant", "coursefolle", "course infernale", "année épouvantable" sont choisis par lespar<strong>en</strong>ts pour exprimer cette lourdeur de la vie de tous les jours. Demanière générale, les difficultés qui soit perdur<strong>en</strong>t, soit apparaiss<strong>en</strong>tà <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts spécifiques, témoign<strong>en</strong>t d'une surcharge d'activitésess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t pour les mères.Cette attitude par<strong>en</strong>tale rejoint la problématique de l'ajustem<strong>en</strong>t ainsi que cellede la mise <strong>en</strong> place de stratégies visant à faire face, dans ce cas, au regardd'autrui.


<strong>Le</strong>s difficultés r<strong>en</strong>contrées concern<strong>en</strong>t les activités domestiquesjournalières : cumul et combinaison de l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> activités <strong>des</strong>mères au sein du groupe domestique ou à l'extérieur. Des pério<strong>des</strong>particulières, durant lesquelles la surv<strong>en</strong>ued'événem<strong>en</strong>ts tels que lamaladie, l'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant, ... introduis<strong>en</strong>t une rupturedans la continuité <strong>des</strong> rythmes familiaux et <strong>des</strong> préoccupationsquotidi<strong>en</strong>nes...,1. Jde <strong>des</strong> ac-Plusieurs difficultés sont inhér<strong>en</strong>tes au fait que la mère,professionnellem<strong>en</strong>t active, assume de manière déterminantel'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> activités domestiques (1,5,36). <strong>Le</strong> cumul d'un travailextérieur à temps plein, d'une prise <strong>en</strong> charge <strong>des</strong> tâches ménagèreset administratives, d'une prise <strong>en</strong> charge complète <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants, et dela gestion de l'accompagnem<strong>en</strong>t thérapeutique et éducatif de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é constitue un frein dans le déroulem<strong>en</strong>t hannonieux de lavie quotidi<strong>en</strong>ne.Dans cette perspective, la notion de "double carrière" pr<strong>en</strong>d uns<strong>en</strong>s nouveau : il ne s'agit pas ici de couples dont les deux par<strong>en</strong>tsont une activité professionnelle mais bi<strong>en</strong> du cumul, dans Ie chefd'une seule et même personne, la mère, <strong>des</strong> activités domestiques,familiales, professionnelles et <strong>sociales</strong>.Pour deux mères au foyer, les activités concernant l'éducation d<strong>en</strong>ombreux <strong>en</strong>fants <strong>en</strong> bas âge et la prise <strong>en</strong> char e thérapeutiquequotidi<strong>en</strong>ne du jeune <strong>en</strong>fant lourdem<strong>en</strong>t <strong>handicap</strong>é f 7,15) constitu<strong>en</strong>tune surcharge familiale importante. Dans plusieurs autres familles, leproblème du cumul <strong>des</strong> activités apparaît sous une forme moinsaiguë (9,17,25,37,38,39,40,41).Parmi les situations familiales r<strong>en</strong>contrées, une seule reflète unr<strong>en</strong>versem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> rôles traditionnels : la surcharge d'activités estalors ress<strong>en</strong>tie et exprimée par le père. Dans ce discours paternel, lesouhait d'interrompre une activité professio~elle afin de s'occuperdavantage <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants est manifeste (8). Généralem<strong>en</strong>t, ce sont Iesfemmes qui s'exprim<strong>en</strong>t sur ce point lors d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> individuel ou <strong>en</strong>couple.


2. Lp.c-on <strong>des</strong> activites..,L'idée de combinaison <strong>des</strong> activités se distingue de celle decumul; il ne s'agit plus de la surcharge mais <strong>des</strong> difficultés liées àllorgan&ation <strong>des</strong> activités quotidi<strong>en</strong>nes. <strong>Le</strong>ur ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t s'inscritdans l'ag<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t complexe <strong>des</strong> horaires : horaires scolaires <strong>des</strong><strong>en</strong>fants, horaires professionnels <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts, horaires <strong>des</strong> administrationset services publics, horaires de transport de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é et de l'institution, horaires <strong>des</strong> professionnels de la santé,pour ne citer que les plus déterminants dans l'organisation d'unejournée. Plusieurs par<strong>en</strong>ts soulèv<strong>en</strong>t cette question au détour <strong>des</strong>ituations personnelles : travailler de nuit ou le soir (13), devoirconduire ses <strong>en</strong>fants dans leurs écoles res ctives (33), gérer lesr<strong>en</strong>dez-vous avec ou <strong>en</strong>tre les thérapeutes (97. D'autres évoqu<strong>en</strong>t lesmom<strong>en</strong>ts forts de la journée, à savoir le matin <strong>en</strong>tre le lever <strong>des</strong><strong>en</strong>fants et le départ de la maison et surtout le soir où repas, toilette,jeux, devoirs, etc. s'<strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t dans un ordre variable selon lesfamilles mais dans un rythme id<strong>en</strong>tique : "c'est la course" (7,9,13,17,40).La lourdeur de la vie familiale est ou a été liée, dans deuxsituations, à la garde à domicile de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>tsassum<strong>en</strong>t alors la prise <strong>en</strong> charge complète de leur <strong>en</strong>fant, soit parl'alternance rigoureuse <strong>des</strong> prés<strong>en</strong>ces paternelle et maternelle,(possible grâce à <strong>des</strong> horaires de travail extrêmem<strong>en</strong>t modulables),soit par le choix par<strong>en</strong>tal de se consacrer à l'<strong>en</strong>fant "sacrijler sa vie<strong>en</strong>tière à son <strong>en</strong>fantpoly<strong>handicap</strong>é". La prés<strong>en</strong>ce continuelle d'un<strong>en</strong>fant très demandeur de soins exige une organisation rigoureuse<strong>des</strong> activités tant à l'intérieur de la maison qu'à l'extérieur, etreprés<strong>en</strong>te un stress pour ces par<strong>en</strong>ts.L'analyse dynamique <strong>des</strong> familles conduit à considérer différ<strong>en</strong>tsmom<strong>en</strong>ts de la vie familiale et à pointer certaines pério<strong>des</strong>, souv<strong>en</strong>tbi<strong>en</strong> définies par les par<strong>en</strong>ts, - un mois, une année, les deuxpremières années -, qui correspond<strong>en</strong>t à une conc<strong>en</strong>tration deproblèmes à dépasser.


Outre les phases de découverte et plus spécifiquem<strong>en</strong>t d'annoncedu <strong>handicap</strong>i qui ont une répercussio> certaine s& le plan de la viequotidi<strong>en</strong>ne, certains mom<strong>en</strong>ts forts peuv<strong>en</strong>t être repérés dans lesparcours par<strong>en</strong>taux. Ces pério<strong>des</strong> qualifiées de "trou noir", de "groscassage" sont, dans la plupart <strong>des</strong> cas, à mettre <strong>en</strong> relation avec lesprocessus de révélation et de prise de consci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong> dansses multiples dim<strong>en</strong>sions. Elles correspond<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> cléstelles que l'<strong>en</strong>trée de l'<strong>en</strong>fant dans une institution spécialisée dont lavisite constitue un choc psychologique chez certains par<strong>en</strong>ts(5,29,38), la r<strong>en</strong>trée scolaire (type d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, mode d'inté-gration) (34,40)~. Ces mom<strong>en</strong>ts de crise se caractéris<strong>en</strong>t par uneaccumulation de faits qui fragilise le par<strong>en</strong>t et le r<strong>en</strong>d plus vulnérable.Tel est le cas de cette maman qui vit une sorte de "sur<strong>en</strong>chère"d'événem<strong>en</strong>ts très différ<strong>en</strong>ts (perte d'un emploi + première r<strong>en</strong>contred'<strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és lors de la visite d'un c<strong>en</strong>tre de jour + parolemal<strong>en</strong>contreuse d'un pédiatre peu optimiste quant à l'évolutionmotrice de l'<strong>en</strong>fant), et qui s'effondre <strong>en</strong> voyant un petit <strong>en</strong>fantcourir dans la rue.Dans une phase d'<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t ou de précarité de statut (find'étu<strong>des</strong>, pause carrière, chômage, séparation maritale), la surv<strong>en</strong>uede soins ou d'une hospitalisation nécessitant un important coûtfinancier, constitue un autre type d'accumulation problématique(3,6,13,14,17,19,36,37).Durant les pério<strong>des</strong> d'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant, la lourdeur de lavie quotidi<strong>en</strong>ne est largem<strong>en</strong>t acc<strong>en</strong>tuée (2,4,6,8,13,17,26,38,41).Ces pério<strong>des</strong> de crise <strong>en</strong>glob<strong>en</strong>t <strong>des</strong> problèmes à la fois d'ordrepratique (déplacem<strong>en</strong>ts, courses journalières, navettes nécessairesnotamm<strong>en</strong>t pour porter le lait, ...) et d'ordre relationnel. Ainsi, lepartage du temps par<strong>en</strong>tal, surtout maternel, le manque de contacts etde relations avec le conjoint et les autres <strong>en</strong>fants, l'ambival<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre"être à l'hôpital" et "être au foyer" sont sources de fatigue, de stress,de "perte de moral", de culpabilité. <strong>Le</strong> découragem<strong>en</strong>t face auxhospitalisations répétées, l'angoisse liée à la maladie de l'<strong>en</strong>fant,voire dans certaines situations spécifiques, à la décision depoursuivre les soins ou d'arrêter l'acharnem<strong>en</strong>t thérapeutique et laLa problématique de la découverte et de l'annonce du <strong>handicap</strong> est abordée aupoint IV relatif aux interactions avec les professionnels de la santé.cf. Démarches et r<strong>en</strong>contres avec l'institution


crainte du retour à domicile sont d'autres dim<strong>en</strong>sions quicaractéris<strong>en</strong>t le vécu <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> d'hospitalisation.En ce qui concerne le cas d'une famille vivant <strong>en</strong> province,l'hospitalisation est r<strong>en</strong>due plus complexe <strong>en</strong>core, notamm<strong>en</strong>t par lalongueur <strong>des</strong> trajets, la nécessité de trouver un logem<strong>en</strong>t sur placeou un pied à terre, les hébergem<strong>en</strong>ts au sein de la par<strong>en</strong>tèle, .. .Des pério<strong>des</strong> difficiles peuv<strong>en</strong>t aussi correspondre à <strong>des</strong>expkri<strong>en</strong>ces malheureuses telles que, par exemple, le placem<strong>en</strong>t del'<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> institution par décision judiciaire (mère toxicomane),l'investissem<strong>en</strong>t d'espoir dans <strong>des</strong> pratiques paranormales(fipersonnes QU p<strong>en</strong>dulef1); ou au contraire, ài <strong>des</strong> expéri<strong>en</strong>cesheureuses (nouvelles grossesses OU naissances, prés<strong>en</strong>ce d<strong>en</strong>ombreux <strong>en</strong>fants), mais qui alourdiss<strong>en</strong>t La charge familialequotidi<strong>en</strong>ne.<strong>Le</strong> thème de !'organisation de Ba vie domestique familiale se pose,<strong>en</strong> partie, à travers la gestion du temps :- sauvegarder du "temps pour soi" ;- assurer un "temps pour toust1;- doser et répartir le temps <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes activités quij donn<strong>en</strong>t le quotidi<strong>en</strong>;- gérer le temps d'une vie familiale, conjugale et professionnelle.L'approche de la dynamique temporelle dévoile <strong>des</strong> conflitsintérieurs nourris par la culpabilité et la crainte, par exemple, de"voler du temps à l'<strong>en</strong>fant". Ces conflits repos<strong>en</strong>t sur l'ambival<strong>en</strong>cepar<strong>en</strong>tale face à <strong>des</strong> besoins diverg<strong>en</strong>ts tels que souffler, or durantces "pauses de repos ri<strong>en</strong> n'avance", avoir une activitéprofessionnelle, or "impression que ce temps pourrait être mis àprofie autrem<strong>en</strong>t".L'expression de la lourdeur de la vie quotidi<strong>en</strong>ne apparaît, chezles mères ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t, au détour d'un terme clé : la fatigue; termegénérique qui revêt <strong>des</strong> réalités différ<strong>en</strong>tes telles que l'abs<strong>en</strong>ce demom<strong>en</strong>ts de repos, la charge physique, la charge morale, le stresspsychologique. Parmi les tr<strong>en</strong>te-neuf <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s analysés, la notionde fatigue est prés<strong>en</strong>te de manière explicite au moins dans quatorze<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s et pr<strong>en</strong>d tout son s<strong>en</strong>s dans cette affirmation par<strong>en</strong>tale :"Quand on a ça, on ne dort plus la nuit".


IV. LES INTERACTIONS AVEC LES PROFESSIONNELSDe nombreuses familles décriv<strong>en</strong>t <strong>des</strong> situations parfoiscomplexes et <strong>des</strong> vécus couramm<strong>en</strong>t éprouvants avec les thérapeutes.Seules trois familles indiqu<strong>en</strong>t qu'elles n'ont pas r<strong>en</strong>contré de réellesdifficultés avec les professionnels de la santé (14,27,34).1. Des interactions comes <strong>en</strong>tre ~ar<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fants etels de la<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts éprouve. <strong>des</strong> difficultés dans leur communicationavec l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> professionnels, qu'il s'agisse de médecins,généralistes ou spécialistes, de kinésithérapeutes, logopè<strong>des</strong> oupsychologues, Ces difficultés, diffuses ou plus aiguës, sontfréqu<strong>en</strong>tes dans le parcours quotidi<strong>en</strong> de la prise <strong>en</strong> charge del'<strong>en</strong>fant, y compris lors <strong>des</strong> hospitalisations.Plus de la moitié <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts situ<strong>en</strong>t leurs interactions avec lesprofessionnels dans le cadre général d'un manque de dialogue(1,3,4,5,6,8,9,10,12,13,15,16,17,19,22,23,24,25,26,29,30,31,3536,41).Cette notion <strong>en</strong>globe un <strong>en</strong>semble d'aspects :- manque d'écoute;- manque de considération à l'égard de l'<strong>en</strong>fant lorsqu'il estprés<strong>en</strong>t : le médecin ne parle pas a l'<strong>en</strong>fant, ne lui explique pas sonproblème, etc.;- manque de compréh<strong>en</strong>sion et d'att<strong>en</strong>tion concernant "ce que lespar<strong>en</strong>ts viv<strong>en</strong>t vraim<strong>en</strong>t " ;- manque d'échanges : les professionnels ne suggèr<strong>en</strong>t pas, ilsimpos<strong>en</strong>t un modèle thérapeutique ou d'évolution de l'<strong>en</strong>fant;- non-communication d'informations médicales ou plus générales- abs<strong>en</strong>ce d'explications.<strong>Le</strong> sil<strong>en</strong>ce ou le non-dit médical devi<strong>en</strong>t un problèmelorsqu'il est confronté au besoin de savoir <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts. Ces deuxpositions - sil<strong>en</strong>ce médical et besoin de savoir par<strong>en</strong>tal - s'inscriv<strong>en</strong>tdans le cheminem<strong>en</strong>t complexe et long de la recherche de "la vérité" -vérité partielle ou intégrale, quant à l'état réel de l'<strong>en</strong>fant, àl'évolution possible et aux causes de la défici<strong>en</strong>ce notamm<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>désir de savoir "ce qui se passe vraim<strong>en</strong>t pour leur <strong>en</strong>fant", de


nombreux par<strong>en</strong>ts l'exprim<strong>en</strong>t de façon claire et déterminée auxprofessionnels.Au cours <strong>des</strong> phases d'hospitalisation, plusieurs par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>tque la majorité de leurs <strong>questions</strong> sont restées sans réponse,notamm<strong>en</strong>t celies relatives aux exam<strong>en</strong>s médicaux prévus ou réalisés,à l'opération effectuée (6,10,12,16,17,22,28,31). En outre, lesr<strong>en</strong>contres avec le médecin responsable de l'<strong>en</strong>fant sont extrêmem<strong>en</strong>trares, voire impossibles (2,5,12,16,22); du côté <strong>des</strong> infirmières, laloi du sil<strong>en</strong>ce imposé estaussi ress<strong>en</strong>tie (6,16).<strong>Le</strong> non-dit médical est égalem<strong>en</strong>t repérable au cours <strong>des</strong> processusd'annonce et dans les nombreuses interactions qui jalonn<strong>en</strong>t l'accompagnem<strong>en</strong>tthérapeutique de l'<strong>en</strong>fant.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t d'expliquer ce manque de réponse médicale <strong>en</strong>évoquant :- le manque de temps <strong>des</strong> professionnels;- le constat de l'incertitude médicale : "Même si les médecins nesav<strong>en</strong>t pas ... qu'ils le dis<strong>en</strong>t ! ";- la décision professionnelle de ne ri<strong>en</strong> dire : "On veut cachercertaines choses " ou "On ne veut simplem<strong>en</strong>tpas dire, parce quec'est leur façon de travailler".Dans trois situations extrêmes, on note le refus du médecin detransmettre le dossier médical à un autre médecin ou à un par<strong>en</strong>t ayant<strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces médicales. Dans deux cas, les par<strong>en</strong>ts évoqu<strong>en</strong>t lamise au point d'une stratégie afin d'accéder, <strong>en</strong> secret, au dossiermédical dans le but unique de savoir.<strong>Le</strong> dossier. médical représ<strong>en</strong>te, pour certains par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>contrés,l'objet typique du pouvoir médical de maint<strong>en</strong>ir au secret, detransmettre ou non l'information.Plusieurs par<strong>en</strong>ts décriv<strong>en</strong>t qu'ils sont dans un rapport socialdominunt-dominé, qui est sous-t<strong>en</strong>du par le pouvoir lié à la dét<strong>en</strong>tiond'un Savoir (9,12,13,26,35). L'image du médecin, pour un par<strong>en</strong>t,est celle d'un "Patriarche ", gour un autre, celle du "GrandSpécialiste" .Certains par<strong>en</strong>ts s'estim<strong>en</strong>t infantilisés, infériorisés, ou se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tstigmatisés comme "par<strong>en</strong>ts difficiles" lorsqu'ils devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t tropinsistants auprès <strong>des</strong> professionnels. Ils éprouv<strong>en</strong>t un malaise etcraign<strong>en</strong>t de poser les <strong>questions</strong> qui les préoccup<strong>en</strong>t (26,35,36,41) .De telles expéri<strong>en</strong>ces avec les professionnels de la santé provoqu<strong>en</strong>t


fénkralem<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'insatisfaction et un manque de confiance13,24,26,31), am<strong>en</strong>ant parfois <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts à consulter d'autresmédecins ou à effectuer un véritable shopping médical (23,38).Certaines mères ont eu recours à <strong>des</strong> "techniques parallèles". Ellesont contacté notamm<strong>en</strong>t un ou plusieurs radiesthésistes (19,38,39).Pour l'une d'<strong>en</strong>tre elles, cette expéri<strong>en</strong>ce, incluant <strong>des</strong> techniquesparapsychologiques a provoqué un bouleversem<strong>en</strong>t psychologique :doute et confusion personnelle face aux promesses de guérison del'<strong>en</strong>fant. Cet épisode s'est clôturé par la décision maternelle de sedistancer définitivem<strong>en</strong>t de ce g<strong>en</strong>re de pratiques et de les dénonceravec force et mise <strong>en</strong> garde.Dans la prise <strong>en</strong> charge médicale ou thérapeutiqueglobale de l'<strong>en</strong>fant, un groupe de par<strong>en</strong>ts souligne le manque <strong>des</strong>outi<strong>en</strong> ou d'aide morale (4,9,12,17,23,28,36). Certains par<strong>en</strong>tséprouv<strong>en</strong>t un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'abandon face aux décisions à r<strong>en</strong>dre, aumanque de repères (9,28):"Quand on a mk le doigt sur P e <strong>handicap</strong>de votre <strong>en</strong>fant, vous vous retrouvez-là, sans ri<strong>en</strong>, nu ... Vous avezun diagnostic ... etpuispoint". Ils ont le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t que c'est souv<strong>en</strong>tà eux qu'il revi<strong>en</strong>t de provoquer les décisions médicales <strong>en</strong> suggérant<strong>des</strong> choses. <strong>Le</strong>s médecins ne devanc<strong>en</strong>t pas, ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t (9,16,19) :"Aucun indice sur ce qu'on peut att<strong>en</strong>dre, ... ou <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre".L'acharnem<strong>en</strong>t thérapeutique à la naissance est soulevé parcertains par<strong>en</strong>ts. Ceux-ci précis<strong>en</strong>t qu'<strong>en</strong> tant que par<strong>en</strong>ts, ils sontprêts à se battre ... "makpaspour avoir un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é". Ils sedemand<strong>en</strong>t surtout si les médecins, qui sauv<strong>en</strong>t le nouveau-né,<strong>en</strong>visag<strong>en</strong>t aussi, à un mom<strong>en</strong>t donné, le vécu ultérieur <strong>des</strong> par<strong>en</strong>tsavec "cet <strong>en</strong>fant-là" : 'lp<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t-ils à la vie du couple ?, aux coûtsfinanciers ?, etc."Des par<strong>en</strong>ts insist<strong>en</strong>t aussi sur le manque de conseils <strong>des</strong>professionnels relatifs :- à la façon de faire et d'être dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne avec l'<strong>en</strong>fant :soins alim<strong>en</strong>taires, positions adéquates, etc.;- à l'éducation ou aux relations au sein de la fratrie : comm<strong>en</strong>t ne passurprotéger l'<strong>en</strong>fant ou éviter les injustices dans le traitem<strong>en</strong>t de lafratrie ... (16,19);- aux difficultés dans le couple : prises de consci<strong>en</strong>ce différ<strong>en</strong>tes duproblème de l'<strong>en</strong>fant, s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de culpabilité de l'un <strong>des</strong> deuxpar<strong>en</strong>ts, etc.


Certains par<strong>en</strong>ts ont dû chercher, sans aide ni informationpréalable, les métho<strong>des</strong> thérapeutiques adéquates, les thérapeutescompét<strong>en</strong>ts, l'institution ou la crèche qui convi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à l'<strong>en</strong>fant(13,31,36). Lorsque l'organisation <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts est <strong>en</strong>visagée, laréalité de la vie quotidi<strong>en</strong>ne familiale est peu prise <strong>en</strong> compte(2,26,28,30,31,36) :- la fréqu<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> séances de kinésithérapie est ress<strong>en</strong>tie parfoisp4niblem<strong>en</strong>t : disponibilité quotidi<strong>en</strong>ne, coût financier, fatigue;- la disponibilité <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts et les séances thérapeutiques fixées parles professiomels ne s'organis<strong>en</strong>t pas facilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre'elles.Plusieurs thérapeutes sembl<strong>en</strong>t manifester un manque <strong>des</strong>ouplesse et d'ouverture à l'égard d'autres métho<strong>des</strong> ou ori<strong>en</strong>tationsthérapeutiques. Ce comportem<strong>en</strong>t doctrinal induit chez le par<strong>en</strong>t del'insatisfaction qui l'amène soit à changer de professionnel, soit "àpr<strong>en</strong>dre sur lui-même" (15,27,42).Souv<strong>en</strong>t, les par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t qu'ils sont confrontés à l'abs<strong>en</strong>cede coordination <strong>en</strong>tre médecins et/ou <strong>en</strong>tre médecins et paramédicaux(1,2,3,4,16,22,23,31,40). Ils précis<strong>en</strong>t, à ce sujet, leproblème de la transmission d'informations médicales (dossiermédical) <strong>en</strong>tre pratici<strong>en</strong>s d'hôpitaux différ<strong>en</strong>ts ou <strong>en</strong>tre spécialistes etmédecins traitants.Parfois, ces manques d'information et de communicationmédicales oblig<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant à revivre <strong>des</strong> exam<strong>en</strong>s éprouvants quiont déjà été effectués.Dans la même optique, plusieurs par<strong>en</strong>ts déplor<strong>en</strong>t l'ori<strong>en</strong>tation"mosaïque" de la démarche médicale. Cette t<strong>en</strong>dance à l'hyperspécialisationne permet pas une approche globale de I'<strong>en</strong>fant etamène les par<strong>en</strong>ts à devoir fournir <strong>des</strong> précisions médicales, c'est-àdireà jouer un rôle d'intermédiaire qui, par ailleurs, n'est passouv<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> considération (16,29).<strong>Le</strong> cloisonnem<strong>en</strong>t thérapeutique favorise la production d'avisprofessiomels diverg<strong>en</strong>ts relatifs au diagnostic, aux causes de ladéfici<strong>en</strong>ce, aux opérations ou traitem<strong>en</strong>ts, aux approches thérapeutiques.Dès lors, les discours médicaux sont vécus commecontradictoires et provoqu<strong>en</strong>t stress, inquiétu<strong>des</strong> et questionnem<strong>en</strong>tschez les par<strong>en</strong>ts : "qui a rakon ?, quelle est réellem<strong>en</strong>t l'ampleur <strong>des</strong>choses ? " (6,16,19,29,30,31,40).


Plusieurs <strong>questions</strong> posées ou sujets abordés par les thérapeutesont dérouté un <strong>en</strong>semble de par<strong>en</strong>ts, particulièrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> mères(1,11,15,22,29,39) :- <strong>des</strong> <strong>questions</strong> ou observations concernant l'éducation de l'<strong>en</strong>fantou la relation mère-<strong>en</strong>fant ont induit une remise <strong>en</strong> cause et uns<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de culpabilité chez la mère;- le conseil, sans égard, du kinésithérapeute, d'utiliser la "chaiseroulante" qui rappelle et confirme le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant, aprovoqué un choc émotionnel, réveillant la crainte maternelle duregard social;- les réflexions du médecin qui cherche <strong>en</strong> évoquant à haute voix<strong>des</strong> hypothèses sans que celles-ci ne soi<strong>en</strong>t spécialem<strong>en</strong>t fondées,ont constitué une source d'inquiétude importante pour les par<strong>en</strong>tsprés<strong>en</strong>ts à la consultation;- certaines uestions posées ont été interprétées comme "aîîeinte a lavieprivéJ, d'autant plus que les par<strong>en</strong>ts estim<strong>en</strong>t que ce g<strong>en</strong>re de<strong>questions</strong> ne sont pas posées dans les consultations ordinaires.. . . .2. Problèmes Drocwus de découverte famil&$t d'annonce ~~I .*du tliubag1Découverte familiale et manque de reconnaissancemédicalePlus de la moitié <strong>des</strong> familles r<strong>en</strong>contrées ont fait l'expéri<strong>en</strong>ce dela suspicion ou de la découverte du problème du bébé bi<strong>en</strong> avant lareconnaissance médicale du problème. Cette découverte familiale estun processus relativem<strong>en</strong>t long qui peut couvrir plusieurs mois, voireune à deux années.Durant une première phase, la découverte d'un problème in uièteprincipalem<strong>en</strong>t les mères (parfois le père ou une grand-mèr3. <strong>Le</strong>manque de reconnaissance médicale2 du discours maternel constituele principal problème auquel plusieurs mères ont été confrontées.Particulièrem<strong>en</strong>t, lorsqu'elles interpell<strong>en</strong>t, questionn<strong>en</strong>t ou affirm<strong>en</strong>tque "quelque chose ne va pas". En effet, les <strong>des</strong>criptions decf. Deuxième partie : Des patcouts par<strong>en</strong>taux face à la découverte du <strong>handicap</strong>Dans le champ de la découverte médicale, il faut souligner le concept médicald'intervalle libre - période de lat<strong>en</strong>ce durant laquelle ri<strong>en</strong> n'est manifestecliniquem<strong>en</strong>t - qui est bi<strong>en</strong> spécifique à 1'I.M.O.C.


l'interaction mère-pédiatre permett<strong>en</strong>t de déceler le manque de prise<strong>en</strong> compte, par le médecin, <strong>des</strong> indices précoces d'une évolutiondifficile de l'<strong>en</strong>fant :"Il a fallu de nouveau qu'on <strong>en</strong> parle, que ce soitnous qui disions pour la 100ème fois : mais <strong>en</strong>fnce n'est pasnormal" (8,9,12,13,17,18,19,23,24,26,29,31,35,37,40,42).Aux indices évoqués par les par<strong>en</strong>ts, tels que <strong>des</strong> pleurs int<strong>en</strong>sifs,une abs<strong>en</strong>ce de sourire, un regard qui ne suit pas, <strong>des</strong> difficultésalim<strong>en</strong>taires, une abs<strong>en</strong>ce de progrès, <strong>des</strong> "muscles mous", ... ,certains pédiatres répond<strong>en</strong>t <strong>en</strong> termes de prématurité, detempéram<strong>en</strong>t calme ou difficile de l'<strong>en</strong>fant, de léger retard. <strong>Le</strong>smédecins demand<strong>en</strong>t avec insistance aux par<strong>en</strong>ts d'être "pati<strong>en</strong>ts " -"il faut att<strong>en</strong>dre, on va voir .. ." .Certains par<strong>en</strong>ts dénonc<strong>en</strong>t la grande l<strong>en</strong>teur du dépistage médical.<strong>Le</strong>s décalages temporels <strong>en</strong>tre les premières plaintes maternelles, lareconnaissance médicale du problème et le début de la prise <strong>en</strong> chargethérapeutique effective représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t du "temps perdu " (16,17,19,22,31,40).<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts considèr<strong>en</strong>t qu'il est fondam<strong>en</strong>tal d'interv<strong>en</strong>ir le plusprécocem<strong>en</strong>t possible.Conditions problématiques de l'annonce du <strong>handicap</strong>L'expéri<strong>en</strong>ce par<strong>en</strong>tale de l'annonce, c'est <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la "mauvais<strong>en</strong>ouvelle", c'est recevoir l'information de la défici<strong>en</strong>ce de l'<strong>en</strong>fant,qu'il s'agisse d'une première affirmation, d'une confirmation ou detoutes autres paroles médicales qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t préciser et signifier auxpar<strong>en</strong>ts le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant.Nombreux par<strong>en</strong>ts déclar<strong>en</strong>t qu'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre révéler le <strong>handicap</strong> <strong>des</strong>on <strong>en</strong>fant est toujours inhumain et décriv<strong>en</strong>t un bouleversem<strong>en</strong>tpsychologique : désarroi, id<strong>en</strong>tité par<strong>en</strong>tale perturbée, projet de vieébranlé, ... - "Ent<strong>en</strong>dre annoncer le <strong>handicap</strong> d'un <strong>en</strong>fant, c'estfondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t inhumain" - "Tout s'effondre" - "C'est uneépreuve terrible". Quelques par<strong>en</strong>ts reconnaiss<strong>en</strong>t, par ailleurs, quecet événem<strong>en</strong>t affecte aussi émotio~ellem<strong>en</strong>t le médecin (15,16).Du récit de ces expéri<strong>en</strong>ces émerg<strong>en</strong>t <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions dét<strong>en</strong>ninantes;elles sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t la réflexion concernant les conditionsd'annonce médicale avec pour objectif d'éviter un surcroîtd'émotions ou de souffrances par<strong>en</strong>tales.


En ce qui concerne l'espace-temps de l'annonce, deuxsituations particulièrem<strong>en</strong>t difficiles sont précisées : l'une concernel'annonce effectuée quelques heures après l'accouchem<strong>en</strong>t à une mèrequi se trouve <strong>en</strong>core dans un état de fatigue important; l'autre, undébut d'annonce réalisé <strong>en</strong> quelques minutes <strong>en</strong>tre "deux portes"(10, 36).Plusieurs mères désign<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant qu'erreur médicale le fait queleur conjoint n'ait pas été convoqué pour être prés<strong>en</strong>t lors del'annonce (28,36,37). Ces mères mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le "choc" de lanouvelle à porter seule, mais aussi leur rôle difficile d'intermédiairelorsqu'elles doiv<strong>en</strong>t l'annoncer elles-mêmes à leur mari. Dans deuxsituations inverses, les' pères ont dû transmettre l'informationmédicale à leur épouse.La prés<strong>en</strong>ce du couple par<strong>en</strong>tal au mom<strong>en</strong>t de l'annonce garantitprobablem<strong>en</strong>t une information médicale id<strong>en</strong>tique pour les par<strong>en</strong>ts etsurtout reçue et supportée a deux, même si les vécus par<strong>en</strong>taux sontdiffér<strong>en</strong>ts.Certains par<strong>en</strong>ts estim<strong>en</strong>t globalem<strong>en</strong>t que les informationsmédicales reçues sont incomplètes ou évasives : les médecins nes'<strong>en</strong>gag<strong>en</strong>t pas suffisamm<strong>en</strong>t, ne dis<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t la vérité.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts doiv<strong>en</strong>t "rev<strong>en</strong>ir continuellem<strong>en</strong>t à la charge" afind'obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts d'annonce plus précis (3,4,9,10, 12,15,26).Plusieurs témoignages r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t le caractère difficile, mêmeinsupportable, de l'incertitude médicale lorsqu'elle est formuléeou ress<strong>en</strong>tie au cours de l'annonce d'un diagnostic ou dans les choixthérapeutiques (5,9,15,25,26,34). L'incertitude médicale quant à lanature <strong>des</strong> séquelles est particulièrem<strong>en</strong>t pénible à gérer par lespar<strong>en</strong>ts : les séquelles sont-elles physiques ou m<strong>en</strong>tales ? Que va -t-ilsurv<strong>en</strong>ir ? Quelles implications pour l'av<strong>en</strong>ir ? Ces incertitu<strong>des</strong>plac<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts dans un processus perman<strong>en</strong>t d'att<strong>en</strong>te etd'observation du bébé, dans le but de discerner le signe - un regard,un sourire, . . . - qui lèvera l'ambiguïté.Plus généralem<strong>en</strong>t, l'incertitude médicale constitue une sourced'angoisse et de stress par<strong>en</strong>taux au cours <strong>des</strong> phases déteminantesde la croissance de l'<strong>en</strong>fant.Dans les contextes d'annonce et de diagnostic notamm<strong>en</strong>t, lestermes sci<strong>en</strong>tifiques et techniques ou les paroles savantesont constitué un obstacle à une compréh<strong>en</strong>sion correcte (10,12,


22,36) : parler, par exemple, de microcéphalie sans explication peutaboutir à la fixation d'une imagè : "mon <strong>en</strong>fant est uneplante".L'usage imprécis voire erroné de termes courants tels qu'"undrainage provisoire" alors qu'il couvrira plusieurs années, ou <strong>en</strong>core,"un simple retard" induit, dans un premier temps, une sourced'espoir chez le par<strong>en</strong>t - "Un retard.. . cela se rattrape" - et, provoque,par la suite, une réelle déception au vu de l'évolution de l'<strong>en</strong>fant(2,10,15,26).D'autres traits délicats et pénibles ont interféré dans lesinteractions :- le professionnel manque de feeling, de psychologie; son discoursest brusque (5,10,12,15,17,23, 28,30,36, 38);- un "tableau abominable" de l'<strong>en</strong>fant est livré sans aucun élém<strong>en</strong>tpositif; le placem<strong>en</strong>t immédiat de l'<strong>en</strong>fant est conseillé; laproposition d'euthanasie d'un bébé poly<strong>handicap</strong>é est ress<strong>en</strong>tiecomme un harcèlem<strong>en</strong>t médical;- l'abs<strong>en</strong>ce d'accompagnem<strong>en</strong>t psychologique concret ou de souti<strong>en</strong>(4,12,23); . ..les annonces médicales tardives sont incomprises par les par<strong>en</strong>ts(23,24,30) et d'autant plus mal acceptées que, dans certains cas,ces derniers ont appris, ultérieurem<strong>en</strong>t que l'indication duproblème figurait dans le dossier médical dès la naissance;une opposition peut surv<strong>en</strong>ir <strong>en</strong>tre deux "annonces" concernant lemême <strong>en</strong>fant, l'une réalisée par un médecin spécialisé, la secondepar un kinésithérapeute. La notion de rivalité <strong>en</strong>tre médecins etparamédicaux est ici à l'oeuvre : le spécialiste reproche aux par<strong>en</strong>tsd'avoir consulté un "non-médecin" afin d'obt<strong>en</strong>ir un autre avis,qui <strong>en</strong> outre, s'est avéré exact.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts précis<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semble d'erreurs professionnelles.Ils regrett<strong>en</strong>t la néglig<strong>en</strong>ce médicale relative au dépistage deproblèmes du développem<strong>en</strong>t foetal. Il peut s'agir, par exemple,d'une abs<strong>en</strong>ce de détection - "n'avoirpus vu une agénésie du coipscalleux" - ou de la non transmission de l'information - "avoir tu lususpicion de l'exist<strong>en</strong>ce d'un cytomégalovirus <strong>en</strong> début degrossesse".<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> erreurs de diagnostic médical (dansquatre cas), qui induis<strong>en</strong>t <strong>des</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de colère int<strong>en</strong>se :- le médecin annonce "un bébé <strong>en</strong> pleine forme" alors que <strong>des</strong>lésions cérébrales sont observables au scanner;


- <strong>des</strong> confusions apparaiss<strong>en</strong>t dans la communication de résultats <strong>des</strong>canner concernant deux <strong>en</strong>fants;- un diagnostic de "surdité à vie" ... est posé alors qu'il s'agit d'unedifficulté temporak due à un bouchon de cérum<strong>en</strong>;- un assemblage erroné du caryotyp est réalisé dans un c<strong>en</strong>tre degénétique.<strong>Le</strong>s pério<strong>des</strong> d'hospitalisation<strong>Le</strong>s pério<strong>des</strong> d'hospitalisation et les épiso<strong>des</strong> d'exam<strong>en</strong>s médicauxdans le cadre hospitalier sont sources de difficultés pour de nombreuxpar<strong>en</strong>ts; près de la moitié <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants ont été hospitalisés dans unservice de néonatalogie ou de neuropédiatrie (2,3,4,7,9,10,14,15,17,22,25,26,28,31,34,37,38,39). A l'hôpital, les par<strong>en</strong>ts sontconfrontés, comme nous l'avons vu précédemm<strong>en</strong>t, à <strong>des</strong> interactionsdifficiles avec les médecins et spécialistes qui suiv<strong>en</strong>t leur <strong>en</strong>fant.Plusieurs familles évoqu<strong>en</strong>t aussi les savoir-faire et savoir-être <strong>des</strong>infirmières ou stagiaires et l'organisation interne <strong>des</strong> hôpitaux :- <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts signal<strong>en</strong>t qu'ils ont le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'être livrés à euxmêmeset qu'ils n'ont pas accédé facilem<strong>en</strong>t aux informationsrelatives à l'organisation <strong>des</strong> exam<strong>en</strong>s médicaux et de la vie àl'hôpital (2,8,12,17,22,28). En début de séjour, cette difficulté derepérage peut-être r<strong>en</strong>forcée par la crainte de demander <strong>des</strong>r<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>ts aux infirmières;- l'autorité <strong>des</strong> infirmières est ress<strong>en</strong>tie douloureusem<strong>en</strong>tlorsqu'elles interdis<strong>en</strong>t au par<strong>en</strong>t d'être prés<strong>en</strong>t aux exam<strong>en</strong>s quesubit l'<strong>en</strong>fant ou de passer la nuit auprès de l'<strong>en</strong>fant (2,28);- plusieurs par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t une t<strong>en</strong>dance générale <strong>des</strong> auxiliairesmédicaux, <strong>des</strong> assistants et stagiaires à ne pas déranger le médecinresponsable de l'<strong>en</strong>fant, même s'ils le demand<strong>en</strong>t;- certaines erreurs, attribuées à un manque de responsabilitéprofessionnelle au cours <strong>des</strong> soins et dans la surveillance médicalede l'<strong>en</strong>fant, mobilis<strong>en</strong>t plusieurs par<strong>en</strong>ts et provoqu<strong>en</strong>t unscepticisme durable à l'égard de la pratique <strong>des</strong> infirmières etassistants (4,15);- <strong>des</strong> actes posés par les stagiaires ont suscité parfois <strong>des</strong>expéri<strong>en</strong>ces pénibles vu leurs hésitations et manque de savoir-faire(2,29,31);


- les déplacem<strong>en</strong>ts imprévus de l'<strong>en</strong>fant tels qu'un changem<strong>en</strong>t dechambre ou un transfert vers un autre hôpital, afin d'y poursuivre<strong>des</strong> exam<strong>en</strong>s, peuv<strong>en</strong>t susciter <strong>des</strong> émotions int<strong>en</strong>ses lorsque parexemple, non avertis, les par<strong>en</strong>ts trouv<strong>en</strong>t le lit vide (17,22);- la gestion <strong>des</strong> heures de visites ou <strong>des</strong> exam<strong>en</strong>s médicauxcomplique certaines situations familiales et <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre aussi souv<strong>en</strong>tune "perte de temps" (2,6,9,22,26,29,31).<strong>Le</strong>s pério<strong>des</strong> <strong>en</strong>vironnant l'accouchem<strong>en</strong>tL'accouchem<strong>en</strong>t ou la période périnatale sont abordés par onzemères (1,3,5,6,10,13,22,24,25,38,42).Des antécéd<strong>en</strong>ts médicaux ont induit ou acc<strong>en</strong>tué un stress et unclimat psychologique t<strong>en</strong>du chez la mère durant la grossesse ou lapériode <strong>en</strong>vironnant i'accouchem<strong>en</strong>t (1,10,25). <strong>Le</strong>s événem<strong>en</strong>tsévoqués par les mères concern<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t un suivi obstétricalinsatisfaisant ou incomplet au cours de fausses couches précéd<strong>en</strong>tesou au cours de la grossesse : inquiétude matemelle face à l'obligationmédicale d'atteindre huit mois de grossesse à tout prix étant donné<strong>des</strong> antécéd<strong>en</strong>ts de fausses couches, abs<strong>en</strong>ce d'exam<strong>en</strong>s approfondiset d'échographie <strong>en</strong> fin de grossesse, ...Trois phases peuv<strong>en</strong>t être distinguées : la phase de travail quiprécède l'accouchem<strong>en</strong>t, l'accouchem<strong>en</strong>t, le séjour de la mère <strong>en</strong>matemité.Lors de la phase de travail, plusieurs mères décriv<strong>en</strong>t <strong>des</strong>situations d'inquiétude telles, qu'elles ont demandé l'interv<strong>en</strong>tion dugynécologue. Cette demande matemelle, parfois insistante, n'a pasété comûrise; les mères se trouv<strong>en</strong>t confrontées à un ordre médicalpréétabfi et maint<strong>en</strong>u : "ne pas déranger le médecin" (1,3,6,25,35,38).Lors de l'accouchem<strong>en</strong>t, certaines attitu<strong>des</strong> ou actes médicauxposés se sont opposés aux deman<strong>des</strong> maternelles (1,3,5,6,24,25,38). <strong>Le</strong>s mères se souvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t que l'obstétrici<strong>en</strong> ne lesécoutait qu'insuffisamm<strong>en</strong>t ou pas du tout, qu'il ne t<strong>en</strong>ait pas comptede leur demande de césari<strong>en</strong>ne par exemple, ou de ce qu'ellesress<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t dans leur corps. Dans ces circonstances d'interactionslaborieuses, les interv<strong>en</strong>tions obstétricales trop tardives acquièr<strong>en</strong>t le


statut de faute professionnelle ou, du moins, le s<strong>en</strong>s d'une fortesuspicion d'erreur. L'<strong>en</strong>eur médicale est rarem<strong>en</strong>t reconnue par lepratici<strong>en</strong> lui-même. Seul, un gynécologue admettra une erreurd'appréciation commise durant la phase d'accouchem<strong>en</strong>t (césari<strong>en</strong>netardive). <strong>Le</strong>s mères communiqu<strong>en</strong>t leurs ress<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, leur colèreint<strong>en</strong>se, et pour certaines d'<strong>en</strong>tre elles, une colère qui persistetoujours.Plusieurs familles formul<strong>en</strong>t l'int<strong>en</strong>tion de 'Ifaire un procès" aumédecin qu'elles mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cause. Toutefois, ce projet est rarem<strong>en</strong>tconcrétisé, étant donné que d'une part, plusieurs mois sont parfoisnécessaires afin que le problème de l'<strong>en</strong>fant paraisse clairem<strong>en</strong>t (il yaurait alors prescription légale) et d'autre part, cette démarchejudiciaire nécessite beaucoup de temps, d'énergie et de moy<strong>en</strong>sfinanciers (3,5,6). Nous rec<strong>en</strong>sons trois cas de procès <strong>en</strong>gagés ayantpour point de départ une erreur médicale, à savoir : <strong>des</strong> néglig<strong>en</strong>cesdans le suivi médical précédant l'accouchem<strong>en</strong>t, une interv<strong>en</strong>tionobstétricale tardive, une défaillance technique <strong>en</strong>traînant un arrêtcardiaque durant l'opération qu'a subi le bébé dans les trois premiersmois et qui a provoqué <strong>des</strong> séquelles cérébrales.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t compte de ces erreurs <strong>en</strong> signifiant qu'il s'agitd'incompét<strong>en</strong>ce ou d'un manque de responsabilité professionnellegrave. Ils précis<strong>en</strong>t qu'il y a lieu de m<strong>en</strong>er un "procès exemplaire"afin qu'il y ait une remise <strong>en</strong> question au sein du corps médical(responsabilité, disponibilité, écoute, ...). Ces par<strong>en</strong>ts espèr<strong>en</strong>t aussiobt<strong>en</strong>ir un dédommagem<strong>en</strong>t financier qui leur assurerait un meilleurconfort dans la prise <strong>en</strong> charge du jeune <strong>en</strong>fant et <strong>en</strong>suite du jeuneadulte.En référ<strong>en</strong>ce au séjour <strong>en</strong> maternité, une mère précise combi<strong>en</strong>il était pénible pour elle de partager une chambre avec une autremaman qui avait son <strong>en</strong>fant auprès d'elle. Une autre mère évoque ladifficulté à vivre sa première séparation avec son premier <strong>en</strong>fanthospitalisé <strong>en</strong> néonatalogie. Ce dernier aspect est abondamm<strong>en</strong>tdéveloppé dans la littérature sci<strong>en</strong>tifique; il fait notamm<strong>en</strong>t référ<strong>en</strong>ceaux théories bi<strong>en</strong> connues relatives aux interactions précoces mère<strong>en</strong>fant.


V. DEMARCHES ET RENCONTRES AVEC L'INSTITUTIONCe chapitre porte sur les diverses institutions impliquées dans laprise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative de l'<strong>en</strong>fant : crèches, écolesmaternelles, instituts médico-pédagogiques (I.M.P.). 11 couvre à lafois un aspect relationnel et organisationnel : accès aux structures,démarches vis-à-vis <strong>des</strong> institutions et relations avec les professionnelsde ces institutions scolaires ou de ces I.M.P.1. L e ef*de structures ad hoc etlou d &ormat iogDans la moitié <strong>des</strong> familles, les par<strong>en</strong>ts se sont plaints de ne pasavoir trouvé d'école, de crèche ou de c<strong>en</strong>tre d'accueil répondant auxbesoins de leur <strong>en</strong>fant ou d'avoir eu <strong>des</strong> difficultés dans ce s<strong>en</strong>s, leplus souv<strong>en</strong>t par manque d'information sur les possibilités offertes.(1,3,5,7,9,10,11,22,31,40).En effet, l'âge de l'<strong>en</strong>fant, le côté parfois inclassifiable du<strong>handicap</strong>, le projet pédagogique défini par l'école, mais aussil'éloignem<strong>en</strong>t du domicile, sont autant d'élém<strong>en</strong>ts qui peuv<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>dredifficile le fait de trouver l'institution qui pourra assumer une prise <strong>en</strong>charge thérapeutique et éducative adéquate et adaptée aux besoinsréels de l'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t aussi démunis et <strong>en</strong> manqued'information <strong>en</strong> ce qui concerne les structures de soins spécialisés :''personne ne vous dit ce qui exkte sur le marché".De manière concrète, deux mères regrett<strong>en</strong>t de ne pas avoir fait<strong>en</strong>trer, par méconnaissance <strong>des</strong> possibilités, leur <strong>en</strong>fant un an plus tôtdans 1'I.M.P. qu'il fréqu<strong>en</strong>te actuellem<strong>en</strong>t (3,22).Plusieurs par<strong>en</strong>ts souhaitant intégrer leur <strong>en</strong>fant dans unprocessus de scolarité se heurt<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> difficultés d'ori<strong>en</strong>tation etd'admission.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts sont confrontés à l'incohér<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> médecins.Certains prôn<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ordinaire mais continu<strong>en</strong>t àconseiller <strong>des</strong> I.M.P., le plus souv<strong>en</strong>t par manque d'information. Ilspeuv<strong>en</strong>t aussi difficilem<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>seigner le type d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t adéquatou <strong>des</strong> écoles ordinaires qui accepterai<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant (40).


La question de l'adéquation du type d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t estégalem<strong>en</strong>t soulevée par une mère qui regrette que l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>tspécialisé qui convi<strong>en</strong>drait à son <strong>en</strong>fant n'existe pas <strong>en</strong> maternelle(<strong>en</strong>fant hyperkinétique) .<strong>Le</strong>s problèmes d'admission de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é sontabordés par plusieurs par<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong> refus de la part <strong>des</strong> directeursd'inscrire l'<strong>en</strong>fant est parfois manifesté de façon viol<strong>en</strong>te. Ainsi, unI.M.P. n'a pas cons<strong>en</strong>ti l'accès à un <strong>en</strong>fant parce qu'il n'est "pasassez <strong>handicap</strong>é". Son inscription a aussi été refusée par la directiond'une école traditionnelle parce que l'<strong>en</strong>fant est "trop <strong>handicap</strong>é"(manque d'autonomie motrice).<strong>Le</strong>s argum<strong>en</strong>ts évoqués par les autorités scolaires face à l'insertiond'<strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és dans <strong>des</strong> classes normales sont repris par lespar<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> ces termes (3436) :- ces <strong>en</strong>fants peuv<strong>en</strong>t être préjudiciables pour les <strong>en</strong>fants "normau";- les <strong>en</strong>seignants n'ont pas de formation adéquate;- les par<strong>en</strong>ts d'<strong>en</strong>fants non <strong>handicap</strong>és risqu<strong>en</strong>t de poser <strong>des</strong>problèmes.Certaines situations précises se sont prés<strong>en</strong>tées. Des difficultésliées au comportem<strong>en</strong>t hyperkinétique et au manque d'équilibre d'un<strong>en</strong>fant, ainsi que celles relatives à la communication, risqu<strong>en</strong>t deprovoquer une décision pédagogique défavorable pour l'<strong>en</strong>fant.L'incapacité à verbaliser crée <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts d'incompréh<strong>en</strong>sion dansl'interaction <strong>en</strong>tre l'<strong>en</strong>fant et l'<strong>en</strong>seignant. L'hyperkinésie et lemanque de conc<strong>en</strong>tration de l'<strong>en</strong>fant sembl<strong>en</strong>t introduire <strong>des</strong>difficultés dans le bon fonctionnem<strong>en</strong>t de la classe. A courteéchéance, cette situation va <strong>en</strong>traîner le transfert de l'<strong>en</strong>fant dans uneclasse de degré inférieur qui, selon la mère, risque d'inférioriser sonfils. Une véritable "bataille" est m<strong>en</strong>ée par la mère contre cetteori<strong>en</strong>tation éducative qui ne ti<strong>en</strong>t pas compte de la globalité <strong>des</strong>capacités de son <strong>en</strong>fant : intellig<strong>en</strong>ce normale, s<strong>en</strong>sibilité, cornpréh<strong>en</strong>sionexcell<strong>en</strong>te, ... En outre, les difficultés de l'<strong>en</strong>fant concernantson manque d'équilibre nécessit<strong>en</strong>t un minimum d'att<strong>en</strong>tion de la part<strong>des</strong> pairs. A ce propos, la maman évoque l'"intolérance" <strong>des</strong> autres


<strong>en</strong>fants qui, dans les contextes récréatifs, sont relativem<strong>en</strong>t indiffér<strong>en</strong>tset peu collaborants (1) l.Dans une école maternelle de type traditionnel, c'est lechangem<strong>en</strong>t d'attitude pédagogique qui pose problème (changem<strong>en</strong>td'institutrice). Une mère souligne que la nouvelle institutrice"ne s'occupe pas ou mal de l '<strong>en</strong>fant, qu 'elle l'accepte mal et le jug<strong>en</strong>égativem<strong>en</strong>t " (41).La r<strong>en</strong>contre avec l'institution spécialisée est source dedifficultés pour plusieurs par<strong>en</strong>ts. Trois raisons sont avancées :l'image préalable que les par<strong>en</strong>ts ont de l'institution, la prise decontact avec l'institution, la confrontation au <strong>handicap</strong> <strong>des</strong> autres<strong>en</strong>fants.La r<strong>en</strong>contre avec <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants plus atteints que les leurs, même siles par<strong>en</strong>ts s'y étai<strong>en</strong>t préparés, a constitué un choc important. Deuxmères ont eu besoin de temps pour s'habituer à I'<strong>en</strong>viromem<strong>en</strong>t duc<strong>en</strong>tre (5,29), une autre a même r<strong>en</strong>oncé à inscrire son <strong>en</strong>fant dans unI.M.P., alors que sa décision traduisait un besoin de soulager unefatigue extrême (38).Quant à la structure et l'organisation de 1' I.M.P., elles peuv<strong>en</strong>têtre déterminantes dans le choix par<strong>en</strong>tal de l'institution. Ainsi,lorsqu'une institution prés<strong>en</strong>te une allure générale proche del'hôpital, elle est difficilem<strong>en</strong>t acceptée <strong>en</strong> tant que lieu de vieperman<strong>en</strong>t pour l'<strong>en</strong>fant; certains par<strong>en</strong>ts ont souhaité réori<strong>en</strong>terl'<strong>en</strong>fant vers un c<strong>en</strong>tre plus petit et plus convivial. Une mère exprimesa "déprime" et pleure chaque fois que l'<strong>en</strong>fant est conduit au c<strong>en</strong>tre :"ils sont comme <strong>des</strong> animaux <strong>en</strong> cage, ne sort<strong>en</strong>t jamais deZ'imtiitution p<strong>en</strong>dant la période de vacances".3. w o net la vie. .Dans quelques familles <strong>des</strong> car<strong>en</strong>ces dans les suivisthérapeutique et éducatif ou dans les échanges avecl'institution qui accueille l'<strong>en</strong>fant quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t sont évoquées(6,7,27). <strong>Le</strong>s critiques de deux de ces familles s'adress<strong>en</strong>t au mêmeI.M.P. et concern<strong>en</strong>t le peu d'évolution de l'<strong>en</strong>fant, voire même saNotons que pour un autre <strong>en</strong>fant <strong>en</strong> situation scolaire id<strong>en</strong>tique, ces aspects nepos<strong>en</strong>t pas de problèmes et sont <strong>en</strong>visagés dans une optique éducativedavantage intégrante.


égression par rapport aux acquis initiaux. Ces par<strong>en</strong>ts estim<strong>en</strong>t quela prise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative est totalem<strong>en</strong>tinsuffisante : "on laisse l'<strong>en</strong>fant là, dans sa coquille, sans s'<strong>en</strong>occuper " - "on ne met pas <strong>en</strong> pratique /es métho<strong>des</strong> novatricesannoncées".Dans une première famille, les par<strong>en</strong>ts sont incapables demanifester leur insatisfaction et de poser leurs <strong>questions</strong> auxéducateurs ou à l'assistante sociale. Ce manque de communication estsous-t<strong>en</strong>du, notamm<strong>en</strong>t dans ce cas (famille marocaine), par unedistance sociale et culturelle qui amplifie <strong>en</strong>core les lacunes del'institution et complexifie l'accès aux référ<strong>en</strong>ces <strong>sociales</strong> et auxdémarches administratives.Dans la seconde famille, les par<strong>en</strong>ts, bi<strong>en</strong> que consci<strong>en</strong>ts <strong>des</strong>lacunes de l'institution, ne veul<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> changer "par force del'habitude". La mère ne croit pas aux aspects bénéfiques <strong>des</strong>institutions, elle se focalise exclusivem<strong>en</strong>t sur le côté négatif de lasocialité (agressivité <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants); le père, quant à lui, p<strong>en</strong>se que safille a besoin de la stimulation <strong>des</strong> autres <strong>en</strong>fants et prône le mainti<strong>en</strong>dans l'institution.Des échanges avec <strong>des</strong> professionnels au sein d'institutionsse sont révélés être la source de complications : le refus de certainsprofessionnels de considérer la performance de métho<strong>des</strong>thérapeutiques moins connues; le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de la mère d'êtredépossédée de son rôle face aux comportem<strong>en</strong>ts "trop maternants "de kinésithérapeutes ou d'éducatrices; le peu de place laissé auxpar<strong>en</strong>ts dans l'institution.En outre, le moins bon <strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants, du fait d'unediminution du personnel éducatif liée à une baisse <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>tionsministérielles, fait l'objet de plaintes dans deux situations.<strong>Le</strong> passage d'une institution à une autre, les changem<strong>en</strong>tspédagogiques, l'exig<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> suivis, le rythme de vie, ... constitu<strong>en</strong>td'autres difficultés. La fréqu<strong>en</strong>tation d'un I.M.P. à mi-temps n'estpas toujours acceptée par la direction. De même, les nombreuseshospitalisations de l'<strong>en</strong>fant ne permett<strong>en</strong>t pas toujours de répondreaux exig<strong>en</strong>ces administratives de l'I.M.P., qui demande une prés<strong>en</strong>cerégulière de l'<strong>en</strong>fant et met une mère dans une situation d'embarras,devant "inv<strong>en</strong>ter" une nouvelle solution de garde.


<strong>Le</strong>s deux dim<strong>en</strong>sions suivantes sont aussi évoquées commeparticulièrem<strong>en</strong>t conflictuelles :- le fait que l'institution ferme durant les pério<strong>des</strong> de vacancesconstitue un réel problème pour les par<strong>en</strong>ts surtout quand ilstravaill<strong>en</strong>t (7,9) et sav<strong>en</strong>t que les solutions de garde sont trèsdifficiles à trouver;- le transport quotidi<strong>en</strong> <strong>en</strong> "mini-bus", organisé par les institutionsest qualifié de totalem<strong>en</strong>t inadéquat par de nombreux par<strong>en</strong>ts(4,6,7,22,23,31,33),. Ces par<strong>en</strong>ts précis<strong>en</strong>t : le manqued'accompagnateur ou leur inexpéri<strong>en</strong>ce; l'abs<strong>en</strong>ce d'équipem<strong>en</strong>tsspéciaux afin d'installer les <strong>en</strong>fants de façon sécurisante; lalongueur <strong>des</strong> trajets effectués et les horaires peu compatibles avecceux <strong>des</strong> familles; le quadrillage préétabli <strong>des</strong> circuits tel quel'<strong>en</strong>fant qui réside <strong>en</strong> dehors de certaines zones ne peut bénéficierdu service. Cette situation quotidi<strong>en</strong>ne de transport provoque uneforte inquiétude par<strong>en</strong>tale (7,22,23,31); pour cette raison, unefamille est am<strong>en</strong>ée à changer l'<strong>en</strong>fant d'école et un couple depar<strong>en</strong>ts refuse d'utiliser ce service : "S'il arrivait quelgue chose, jepréfère que ce soit moi qui <strong>en</strong> soit responsable".VI. L'ACCES A L'INFORMATION ET LES DEMARCHES<strong>Le</strong> domaine de l'information <strong>en</strong> rapport avec les structures d'aideprécoce et les I.M.P. ainsi que le domaine <strong>des</strong> démarches à effectuerpar les familles <strong>en</strong> cette matière sont abordés <strong>en</strong> complém<strong>en</strong>tarité parles par<strong>en</strong>ts. La grande majorité <strong>des</strong> familles a, <strong>en</strong> effet, évoqué lemanque d'information, la méconnaissance <strong>des</strong> structures d'aideprécoce, la difficulté d'accès à ces structures et la lourdeur <strong>des</strong>démarches administratives (1,2,3,4,5,7,9,10,14,16,22,25,26,29,31,33,37,41,42).1. J,es interne-. .<strong>Le</strong>s interv<strong>en</strong>tions financières sont celles prov<strong>en</strong>ant de l'InstitutNational de l'Assurance Maladie invaliditéi, du Fonds National deReclassem<strong>en</strong>t Social <strong>des</strong> ~andicapés~ et <strong>des</strong> Allocations FamilialesMajorées. Elles recouvr<strong>en</strong>t aussi <strong>des</strong> avantages spéciaux tels que leI.N.A.M.I.F.N.R.S.H.


transport et les réductions pour le téléphone, la taxe automobile, laredevance télévision, etc.Plusieurs familles ont invoqué le fait de ne pas savoir - ou plutôtne pas avoir su à l'époque - quelles démarches <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre :" A quis'adresser ? Où demander ? Que demander ? "Ellest se plaign<strong>en</strong>t du manque d'information quant aux possibilitésexistantes et du manque de c<strong>en</strong>tralisation de cette infonnation.Dans certains cas, heureusem<strong>en</strong>t plus rares, les familles n'ont pu<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>dre les démarches utiles par méconnaissance de l'exist<strong>en</strong>cedu F.N.R.S.H. et <strong>des</strong> droits et avantages financiers. Cet état deméconnaissance est <strong>en</strong>core accru pour les familles immigrées : "je neconnais pas, je ne compr<strong>en</strong>ds pas " (1,3,7,9,10,14.,25,29,3 1,33,36,37,38,42).D'une manière générale, lorsque les par<strong>en</strong>ts sont confrontés aulabyrinthe administratif, ils soulign<strong>en</strong>t le fait que <strong>des</strong> institutionstelles que les hôpitaux ou les I.M.P. ne jou<strong>en</strong>t pas un rôled'interlocuteur efficace. Ces structures ne les aid<strong>en</strong>t pas dans leurcapacité à faire face aux problèmes de cet ordre.<strong>Le</strong> manque d'information a été notamm<strong>en</strong>t ress<strong>en</strong>ti lorsquel'<strong>en</strong>fant a quitté l'hôpital (10,22,28). Des familles reproch<strong>en</strong>t quel'aide n'a été <strong>en</strong>visagée que sous le seul aspect financier,"remboursem<strong>en</strong>t I.N.A.M.I. ", alors que les préoccupations dumom<strong>en</strong>t étai<strong>en</strong>t autres : ori<strong>en</strong>tation et choix d'un I.M.P., typed'éducation, métho<strong>des</strong> thérapeutiques, etc. En fait, les typesd'information et d'aide n'étai<strong>en</strong>t pas adaptés aux att<strong>en</strong>tes par<strong>en</strong>talesdu mom<strong>en</strong>t : "ce n'étaitpas cela qu'on cherchait ".Certains par<strong>en</strong>ts affirm<strong>en</strong>t n'avoir reçu comme information qu'unefeuille "Droits de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é", sans comm<strong>en</strong>taire. En outre,<strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts ont noté l'abs<strong>en</strong>ce de contacts avec l'Office de laNaissance et de l'Enfance alors que cet organisme, précise le par<strong>en</strong>t,a "un rôle de dépistage et d'information" auprès <strong>des</strong> familles ayant unjeune <strong>en</strong>fant.Certaines familles se plaign<strong>en</strong>t de la lourdeur <strong>des</strong> démarchesadministratives auprès <strong>des</strong> divers organismes. Outre une


évocation générale <strong>des</strong> lourdeurs et l<strong>en</strong>teurs administratives, lespar<strong>en</strong>ts précis<strong>en</strong>t :- les nombreuses démarches pour obt<strong>en</strong>ir i'acceptation, parllI.N.A.M.I., du dossier médical; puis l<strong>en</strong>teur ur percevoir lesindemnités (1,3,8,11,13,16,26,28,31,37,38,40~- les longs temps d'att<strong>en</strong>te - ou plus précisém<strong>en</strong>t la disproportion dutemps, lors <strong>des</strong> visites à 1'I.N.A.M.I. : "une heure d'att<strong>en</strong>te pourune consultation d'une minute" (13,16,31,36,37,38);- la "débilité" du système d'évaluation de la gravité du <strong>handicap</strong> :évaluation sur <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> trop courtes ou au départ de critèressans impact réel. <strong>Le</strong>s interv<strong>en</strong>tions financières sont décidées <strong>en</strong>fonction de critères administratifs préétablis et non <strong>en</strong> fonction <strong>des</strong>besoins réels et particuliers de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (38,39). Enoutre, la procédure <strong>des</strong> remboursem<strong>en</strong>ts nécessite le r<strong>en</strong>ouvellem<strong>en</strong>tcontinu de la demande par<strong>en</strong>tale, ce qui représ<strong>en</strong>te unedép<strong>en</strong>se d'énergie, de temps et est souv<strong>en</strong>t source de vexations(31,37,38);- la multiplication <strong>des</strong> démarches et <strong>des</strong> frais suite à la perte dedocum<strong>en</strong>ts par les administrations : <strong>en</strong>voi de recommandés, etc.;- l'aspect "indigeste" et inadéquat <strong>des</strong> formulaires à remplir (22,38);- l'inadéquation <strong>des</strong> heures d'ouverture <strong>des</strong> services.Certaines familles conclu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ces termes : "Il ne sufJt pas detrouver l'information <strong>en</strong> matière de RN. R.S. H., AllocationsFamiliales, I.N.A.M.I. ... ma& il faut sans relâche investiguer ets'investir dans la résolution de ces <strong>questions</strong>" - "De par la loi, nousavons <strong>des</strong> droits, mais <strong>en</strong> réalité on n'a ri<strong>en</strong> directem<strong>en</strong>t, il fautcontinuellem<strong>en</strong>t se battre" (1,4,13,3 1,36).3. m a c t Dsvcholog.iaue <strong>des</strong> d-Des difficultés d'ordre psychologique ont été énoncées parcertains par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> matière de démarches <strong>en</strong>gagées ou à <strong>en</strong>gager(5,23,34,35). Etre inscrit au F.N.R.S.H. ou autres organismesfinanciers, r<strong>en</strong>contrer <strong>des</strong> Associations de par<strong>en</strong>ts ou <strong>en</strong> dev<strong>en</strong>irmembre, ... sont autant de démarches impliquantes pour le couplepar<strong>en</strong>tal ou pour l'un <strong>des</strong> deux par<strong>en</strong>ts.Ainsi, par exemple, ce n'est que sur l'insistance du médecin qui aévoqué le coût <strong>des</strong> soins que la mère s'est décidée à faire lesdémarches nécessaires <strong>en</strong> vue d'obt<strong>en</strong>ir les remboursem<strong>en</strong>ts auxquels


elle avait droit; une autre mère doit "se battre" avec son mari pourqu'il accepte qu'elle s'adresse à l'association ad hoc.Ces démarches particip<strong>en</strong>t d'une reconnaissance du haridicap,sign<strong>en</strong>t la différ<strong>en</strong>ce, "coll<strong>en</strong>t une étiquette" à l'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>tssont "partagés <strong>en</strong>tre <strong>des</strong> désim et <strong>des</strong> besoins contradictoires : le désirque 1 '<strong>en</strong>fant apparaisse aussi normal que possible dans la vie socideest contredit par le besoin d'obt<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> administratives ethumaines, ces ai<strong>des</strong> n'étant obt<strong>en</strong>ues que si le "stigmate" du <strong>handicap</strong>est sufiamm<strong>en</strong>t afimé." (Zucman, 1982 : 74)Pour les par<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong> arriver à accepter puis à réaliser certainesdémarches s'insère dans tout le processus de découverte et de prisede consci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong>.VII. L'ASPECT FINANCIER<strong>Le</strong>s difficultés évoquées par les par<strong>en</strong>ts se traduis<strong>en</strong>t dans le"niveau de vie" de la famille ou au contraire ne l'affect<strong>en</strong>t point. <strong>Le</strong>sdiscours par<strong>en</strong>taux à ce propos concern<strong>en</strong>t de réelles difficultésfinancières ou sont plutôt fonction d'un idéal de vie.Parmi les familles r<strong>en</strong>contrées, dix-neuf familles ne signal<strong>en</strong>taucun problème d'ordre financier, vécu comme tel, même sicertaines constat<strong>en</strong>t qu'un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é <strong>en</strong>traîne <strong>des</strong> frais(2,10,11,12,15,16,18,22,23,25,27,28,29,30,31,34,35,39,40).Neuf familles déclar<strong>en</strong>t ne pas avoir de réelles difficultés mais avoir<strong>des</strong> frais importants et/ou ue plus d'arg<strong>en</strong>t faciliterait la vie àdiffér<strong>en</strong>ts points de vue ? 1,4,5,8,9,24,26,41,42). Onze autresfamilles ont signalé avoir <strong>des</strong> difficultés d'ordre financier plus oumoins importantes (3,6,7,13,14,17,19,33,36,37,38).1. &es fa<strong>des</strong> et leurs difficultés financier=Ces difficultés peuv<strong>en</strong>t précéder la v<strong>en</strong>ue de l'<strong>en</strong>fant (3,19) ouémerger dès sa naissance, notamm<strong>en</strong>t à la suite <strong>des</strong> fraisd'hospitalisation néonatals (6,36). <strong>Le</strong>s difficultés ont été résoluesdans deux cas, lors <strong>des</strong> remboursem<strong>en</strong>ts et de l'obt<strong>en</strong>tion du droitaux Allocations Familiales Majorées.Ces difficultés peuv<strong>en</strong>t être perman<strong>en</strong>tes ou transitoires. Ellessont, dans certains cas, liées au milieu socio-économique mo<strong>des</strong>te ou. .


à <strong>des</strong> situations défavorables dans lesquelles se trouve la famille :pério<strong>des</strong> alternées d'activité prbfessionnelle et de chômage du père,statut professionnel précaire, salaire uni ue du ménage face auxbesoins d'une famille nombreuse (7,14,337 . Dans d'autres familles,ces difficultés résult<strong>en</strong>t d'emprunts financiers importants ayant<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré une situation d'<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t1, ou <strong>en</strong>core de frais liés à unprocès relatif aux erreurs médicales <strong>en</strong> cours d'accouchem<strong>en</strong>t.2. <strong>Le</strong> coût w e rdu w ede l'<strong>en</strong>fantLa question du coût financier qu'implique 1'1.M.O.C. revêtplusieurs dim<strong>en</strong>sions. A ce sujet les par<strong>en</strong>ts évoqu<strong>en</strong>t les sacrificesqu'ils sont am<strong>en</strong>és à faire pour maint<strong>en</strong>ir l'équilibre budgétaire, leschoix qu'ils ont dû opérer par faute de moy<strong>en</strong>s ainsi que les désirsqu'ils aimerai<strong>en</strong>t satisfaire s'ils avai<strong>en</strong>t plus d'arg<strong>en</strong>t.Parmi les frais médicaux, les par<strong>en</strong>ts signal<strong>en</strong>t :- les soins <strong>en</strong> maternité et/ou <strong>en</strong> néonatalogie (3,6);- les médicam<strong>en</strong>ts et visites chez le médecin (4,8,26,38) : "On estplus alarmiste avec un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et on va plus vite chez lemédecin ";- les séances de kinésithérapie (4,7,8,9,17,3 1,38) : dans certainscas, la kinésithérapie est nécessaire plusieurs fois par jour or uneseule séance est remboursée : certains par<strong>en</strong>ts se s<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t limités etsouhaiterai<strong>en</strong>t repr<strong>en</strong>dre <strong>des</strong> séances, accroître leur rythme ou<strong>en</strong>core choisir une hésithérapie mieux adaptée à l'<strong>en</strong>fant;- les soins et besoins spéciaux : une mère n'est pas certaine depouvoir continuer l'hippothérapie qui pourtant donne de très bonsrésultats quant au développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant (1);- le coût élevé <strong>des</strong> poussettes, <strong>des</strong> chaussures spéciales ou dumatériel spécialisé <strong>en</strong> général (13,24,33,39) et le peu d'interv<strong>en</strong>tionfinancière <strong>en</strong> la matière.Plus indirectem<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> frais sont liés à l'aménagem<strong>en</strong>t et auconfort domestique r<strong>en</strong>dus nécessaires par la prés<strong>en</strong>ce de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é : chauffage c<strong>en</strong>tral, machine à laver, séchoir, adaptation dulogem<strong>en</strong>t, porte coulissante, plan incliné (9,13). En outre, leLa dim<strong>en</strong>sion financière colore une grande partie de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> m<strong>en</strong>é avec cespar<strong>en</strong>ts.


téléphone, pourtant indisp<strong>en</strong>sable dans ces situations, a parfois étésupprimé par manque de moy<strong>en</strong>s (6,7). L'achat d'un secondvéhicule, jugé nécessaire compte t<strong>en</strong>u <strong>des</strong> trajets à effectuer et <strong>des</strong>horaires, a été r<strong>en</strong>du obligatoire dans trois cas (9,13,23). Dans cemême ordre d'idée, une famille <strong>en</strong>visagerait l'achat d'une secondevoiture si ses moy<strong>en</strong>s le lui permettai<strong>en</strong>t (1).En matière d'organisation domestique et de loisirs, certainesfamilles aimerai<strong>en</strong>t pouvoir s'offrir :- une aide ménagère <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce ou aux mom<strong>en</strong>ts de crise (1,8);- un baby-sitter afin de pouvoir sortir <strong>en</strong> couple ou avoir <strong>des</strong>activités de lois& avec l'autre <strong>en</strong>fant (24,42);- <strong>des</strong> vacances (42).De nombreux par<strong>en</strong>ts ont évoqué les rapports <strong>en</strong>tre activitéprofessionnelle et dim<strong>en</strong>sion financière. Ils mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le faitqu'ils aurai<strong>en</strong>t une autre attitude à l'égard du travail s'ils pouvai<strong>en</strong>t sele permettre d'un point de vue financier. Plusieurs situations seprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t :- continuer une activité professionnelle qui aide à assumer plus oumoins bi<strong>en</strong> les frais relatifs à la situation (30);- arrêter de travailler : or l'expéri<strong>en</strong>ce d'un con é sans solde s'estrévélée un échec d'un point de vue financier (41 f ;- choisir une période de pause carrière, ce qui <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre uns<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'insécurité lié à la dép<strong>en</strong>dance financière et au risquede "se voir abandonnée sans arg<strong>en</strong>tpar le conjoint";- repr<strong>en</strong>dre un travail à mi-temps pour assumer les fraisqu'<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre la "mauvaise santé" de l'<strong>en</strong>fant (17);- travailler de nuit afin de mieux gagner sa vie <strong>en</strong> vue de résorber delour<strong>des</strong> difficultés financières (13);- arrêter de travailler, par intermitt<strong>en</strong>ce ou durablem<strong>en</strong>t, s'il y avaitplus d'arg<strong>en</strong>t (5,8).Souv<strong>en</strong>t, le double rev<strong>en</strong>u permet de rester <strong>en</strong> équilibre financiermalgré les frais élevés <strong>en</strong>courus.<strong>Le</strong> propos par<strong>en</strong>tal suivant indique le paradoxe auquel se trouv<strong>en</strong>tconfrontées de nombreuses familles : "En général, on <strong>en</strong> au-ivetoujours au problème que quand on a un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et qu'onveut lui assurer une vie déc<strong>en</strong>te, il faut pratiquem<strong>en</strong>t qu'un <strong>des</strong> deru


par<strong>en</strong>ts s'arrête de travailler, mals alors bon, la déc<strong>en</strong>ce et les moy<strong>en</strong>sde pouvoir lui payer certaines choses diminu<strong>en</strong>t aussi ".<strong>Le</strong> manque de moy<strong>en</strong>s financiers <strong>en</strong>traîne dans certains foyers <strong>des</strong>sacrifices :- incapacité d'acquérir une maison qui permettrait à une famille de nepas devoir partager une habitation avec d'autres membres de lapar<strong>en</strong>tèle et de se s<strong>en</strong>tir moins à l'étroit avec un <strong>en</strong>fant lourdem<strong>en</strong>t<strong>handicap</strong>é;- impossibilité de s'<strong>en</strong>gager à construire une maison "c'est uneinjustice car avec un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é on ne pourra jamais ri<strong>en</strong>avoir à nous ";- difficulté à quitter un conjoint avec qui l'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te est compromise.Trois familles ont fait part de leur s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'insécurité sur leplan financier (4,5,8) :- objectivem<strong>en</strong>t et vu à long terme, une mère indique qu'elle n'a pasde problème grave car la famille possède différ<strong>en</strong>ts bi<strong>en</strong>s et a <strong>des</strong>r<strong>en</strong>trées professionnelles. Ce couple éprouve toutefois la difficulté"de ne pouvoir nouer les deux bouts", vu le réc<strong>en</strong>t statutd'indép<strong>en</strong>dant du conjoint et <strong>des</strong> charges incompressiblesrelativem<strong>en</strong>t lour<strong>des</strong>;- crainte de voir surgir de gros problèmes de santé chez l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é ou chez les autres <strong>en</strong>fants auxquels la famille nepourrait faire face;- difficulté à épargner un franc depuis la naissance de l'<strong>en</strong>fant.Dans certaines situations, l'équilibre financier est notamm<strong>en</strong>t dû à<strong>des</strong> apports divers (3,8,3 1,37,38,41) : Allocations FamilialesMajorées, indemnités de maladie obt<strong>en</strong>ues pour l'un <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts ou<strong>en</strong>core aide financière de grands-par<strong>en</strong>ts.VI[[. DES ASPECTS DE L'ENVIRONNEMENTL'aspect de l'<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t qui pose problème à plusieurspar<strong>en</strong>ts est, avant tout, le logem<strong>en</strong>t. Quelques-uns évoqu<strong>en</strong>t aussil'infrastructure publique et les services de la commune.


Quatorze par<strong>en</strong>ts évoqu<strong>en</strong>t l'inadéquation de leur propre logem<strong>en</strong>tress<strong>en</strong>tie actuellem<strong>en</strong>t ou press<strong>en</strong>tie pour dans un très proche av<strong>en</strong>ir.<strong>Le</strong>s raisons avancées sont <strong>des</strong> difficultés d'accès : montée trop fortepour accéder au building <strong>en</strong> voiture, asc<strong>en</strong>seurs, portes étroites,escaliers, ... (3,4,5,10,13,14,19). Ces difficultés sont liées auxincapacités motrices de l'<strong>en</strong>fant que le par<strong>en</strong>t doit porter ou véhiculerdans une voiturette ou chaise roulante. L'exiguïté du logem<strong>en</strong>t estaussi source de problèmes lorsque l'<strong>en</strong>fant doit se déplacer ou mêmelorsqu'il se manifeste par <strong>des</strong> hurlem<strong>en</strong>ts (7,9,12,13,14,17,19,36,37,38).<strong>Le</strong>s familles sont parfois am<strong>en</strong>ées à rep<strong>en</strong>ser la question dulogem<strong>en</strong>t : recherche d'un rez-de-chaussée, rev<strong>en</strong>te de la maison,déménagem<strong>en</strong>t prévu, introduction d'une demande de logem<strong>en</strong>tsocial plus adéquat (3,4,5,14,19,36,37,41).Dans quelques cas, la question du logem<strong>en</strong>t est corrélée à laquestion financière : par exemple, choix d'un appartem<strong>en</strong>t dont lecoût dépasse les moy<strong>en</strong>s de la famille, mais dont la commoditéfacilite la vie avec un <strong>en</strong>fant poly<strong>handicap</strong>é ou <strong>en</strong>core déménagem<strong>en</strong>tdans "du plus mo<strong>des</strong>te".<strong>Le</strong>s difficultés r<strong>en</strong>contrées dans certains lieux publics concern<strong>en</strong>tles problèmes d'accès et le manque d'aide reçue (5,9,13). <strong>Le</strong>sprincipales cibles sont les transports publics.Métro, bus et trains ne sont pas suffisamm<strong>en</strong>t adaptés pourrecevoir <strong>des</strong> personnes ayant <strong>des</strong> difficultés motrices : nécessité derester sur la plate-forme <strong>des</strong> trains, de prév<strong>en</strong>ir à l'avance pourobt<strong>en</strong>ir une aide dans les gares, .. .En outre, recourir aux services <strong>des</strong> bus spéciaux pour <strong>handicap</strong>éscoûte cher.<strong>Le</strong>s autres types d'infrastructure posant problème à certainspar<strong>en</strong>ts sont, notamm<strong>en</strong>t les piscines, les bâtim<strong>en</strong>ts administratifs, lessalles d'att<strong>en</strong>te <strong>des</strong> hôpitaux (2,5,9,13,38).


Des par<strong>en</strong>ts se sont montrés très déçus du peu d'aide fournie parla commune, de la difficulté d'obt<strong>en</strong>ir le souti<strong>en</strong> d'assistantes <strong>sociales</strong>ou d'ai<strong>des</strong>-familiales et du caractère irrégulier et aléatoire de ces ai<strong>des</strong>év<strong>en</strong>tuelles (15,38).Selon certains par<strong>en</strong>ts : "ou bi<strong>en</strong> on ne r<strong>en</strong>tre pas dans lesconditions ou alors c'est trop coûteux".Pour terminer, une observation particulière. Bi<strong>en</strong> que notrepopulation soit constituée exclusivem<strong>en</strong>t de familles vivant àBruxelles ou dans le Brabant wallon, une famille résidant dans laprovince de Luxembourg a participé à l'étude. Des dim<strong>en</strong>sions bi<strong>en</strong>spécifiques ont dès lors pu être repérées qui témoign<strong>en</strong>t du réelisolem<strong>en</strong>t social et culturel de cette province : manque de c<strong>en</strong>tresmédicaux et de services d'aide précoce, abs<strong>en</strong>ce de ludothèques, debibliothèques spécialisées notamm<strong>en</strong>t.


ELEMENTS DE SYNTHESE<strong>Le</strong>s difficultés r<strong>en</strong>contrées par les familles recouvr<strong>en</strong>t <strong>des</strong> réalitéstrès différ<strong>en</strong>tes. Elles sont exprimées dans les discours par<strong>en</strong>taux audétour <strong>des</strong> états de stress, d'inquiétude, d'anxiété, d'énervem<strong>en</strong>t, de"déprime" et surtout de fatigue. Tout <strong>en</strong> favorisant l'émerg<strong>en</strong>ce <strong>des</strong>particularités de chaque famille, l'analyse <strong>des</strong> discours familiauxpermet l'observation de gran<strong>des</strong> t<strong>en</strong>dances dans la surv<strong>en</strong>ue <strong>des</strong>difficultés.La perman<strong>en</strong>ce de la situafion de <strong>handicap</strong>L'1.M.O.C. du jeune <strong>en</strong>fant implique les par<strong>en</strong>ts de façoncontinue, voire définitive. Cette perman<strong>en</strong>ce au cours de la vie estinhér<strong>en</strong>te au processus de révélation qui se manifeste par séqu<strong>en</strong>cescorrespondant, le plus souv<strong>en</strong>t, aux phases d'évolution dites"normales" de l'<strong>en</strong>fant et aux étapes de la vie de tout être humain; cesmom<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors signifier ou rappeler aux par<strong>en</strong>ts que l'<strong>en</strong>fantest <strong>handicap</strong>é. En ce qui concerne l'accompagnem<strong>en</strong>t et la prise <strong>en</strong>charge éducative et thérapeutique de l'<strong>en</strong>fant, l'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>talreste quotidi<strong>en</strong>.<strong>Le</strong>s phénomènes d'accumulation et de r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>tAu problème principal, défini par la plupart <strong>des</strong> familles, et quiconcerne les dim<strong>en</strong>sions spécifiques de 1'I.M.O.C. tant <strong>en</strong> termes dedéfici<strong>en</strong>ce, d'incapacité que de <strong>handicap</strong>, s'adjoign<strong>en</strong>t certainsobstacles liés à la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant. Ces obstacles relèv<strong>en</strong>t,<strong>en</strong>tre autre, de conflits de rôles ou de diverg<strong>en</strong>ces de projets <strong>en</strong>tre lesthérapeutes et les par<strong>en</strong>ts, d'<strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ciés au sein ducouple par<strong>en</strong>tal, ... De façon concomitante, d'autres types deproblèmes non spécialem<strong>en</strong>t inhér<strong>en</strong>ts à la situation de <strong>handicap</strong>s'inscriv<strong>en</strong>t dans les parcours par<strong>en</strong>taux. Ils concern<strong>en</strong>t la dynamiquerelatiomelle <strong>en</strong>tre les conjoints, au sein de la fratrie, avec lapar<strong>en</strong>tèle, avec les amis ou relèv<strong>en</strong>t du milieu professionnel. D'autresdifficultés <strong>en</strong>core sont relatives, par exemple, à <strong>des</strong> situationsfinancières fragiles (<strong>en</strong>dettem<strong>en</strong>t). <strong>Le</strong>s difficultés qui préexist<strong>en</strong>t àl'arrivée de l'<strong>en</strong>fant sont alors amplifiées par le <strong>handicap</strong> qui sesuperpose aux autres problèmes. L'accumulation qui <strong>en</strong> résulteacc<strong>en</strong>tue les états de stress.


Manque d'information et sur<strong>handicap</strong> <strong>des</strong> falnillesimmigrées : deux phénomènes à souligner<strong>Le</strong> manque d'information est perçu <strong>en</strong> termes de frein dans ladynamique par<strong>en</strong>tale d'appréh<strong>en</strong>sion de la situation de <strong>handicap</strong>. <strong>Le</strong>manque d'information intervi<strong>en</strong>t systématiquem<strong>en</strong>t, explicitem<strong>en</strong>t ou<strong>en</strong> filigrane, dans de nombreux registres de difficultés. <strong>Le</strong> manqued'information et la diffusion anarchique de l'information sont <strong>des</strong>thèmes récurr<strong>en</strong>ts et représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un obstacle réel au besoin de savoiret d'agir que ress<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong> problème de l'informationr<strong>en</strong>voie, par ailleurs, à la question de la dét<strong>en</strong>tion du savoir médical etmet <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la confrontation <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts à l'inaccessibilité de cesavoir. 11 se pose aussi <strong>en</strong> matière de services, de structures d'aideprécoce, d'institutions adéquates prêtes à accueillir l'<strong>en</strong>fant.Parmi les familles immigrées r<strong>en</strong>contrées, l'intégration <strong>sociales</strong>e réalise dans <strong>des</strong> conditions matérielles difficiles, voire trèsprécaires, notamm<strong>en</strong>t durant les pério<strong>des</strong> de chômage. La questiondu <strong>handicap</strong> s'inscrit dans la problématique globale de l'intégrationsociale. Ainsi, les par<strong>en</strong>ts rest<strong>en</strong>t confrontés à <strong>des</strong> obstacles presqueinfranchissables dans l'accompagnem<strong>en</strong>t thérapeutique et éducatif deleur <strong>en</strong>fant par manque de repères et de lisibilité sociale : "ne passavoir ou aller". Ces situations indiqu<strong>en</strong>t d'énormes besoins d'aideinstitutionnelle, auxquels devrai<strong>en</strong>t répondre <strong>des</strong> actions <strong>sociales</strong>spécifiques afin de limiter i'ampleur de la mise à l'épreuve sociale deces familles et l'émerg<strong>en</strong>ce d'un "sur<strong>handicap</strong> social né de leurisolem<strong>en</strong>t" (Zucman, 1982 : 125).<strong>Le</strong> <strong>handicap</strong> agit donc comme un révélateur <strong>des</strong>problèmes, non seulem<strong>en</strong>t familiaux, mais aussi sociauxet culturels.L'émerg<strong>en</strong>ce de pério<strong>des</strong> particulièresDans les parcours familiaux, <strong>des</strong> phases particulièrem<strong>en</strong>t aiguës,appelées ''phases de crise", sont apparues. Autour de la découvertefamiliale du <strong>handicap</strong>, l'annonce médicale, par exemple, est vécueavec d'autant plus de difficultés que les discours <strong>des</strong> professionnelsde la santé et les conditions d'annonce sont inadéquats. Au cours del'accompagnem<strong>en</strong>t, <strong>des</strong> prises de consci<strong>en</strong>ce par<strong>en</strong>tales diverg<strong>en</strong>tespeuv<strong>en</strong>t nourrir un climat relationnel peu propice aux échanges et à la


communication. Durant les pério<strong>des</strong> d'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant, lavie familiale souffre du stress psychologique qu'implique l'<strong>en</strong>fantmalade, de la désorganisation domestique quotidi<strong>en</strong>ne, <strong>des</strong>problèmes r<strong>en</strong>contrés' au sein de l'institution hospitalière.Par ailleurs, certains mom<strong>en</strong>ts d'appar<strong>en</strong>ce anodins peuv<strong>en</strong>t êtreeux aussi vécus de manière difficile. Par exemple, lorsque <strong>des</strong>craintes par<strong>en</strong>tales s'affirm<strong>en</strong>t à l'égard du regard <strong>des</strong> autressusceptible de stigmatiser l'<strong>en</strong>fant.Il apparaît que les dialectiques familiales s'inscriv<strong>en</strong>tdans une dynamique d'évolution et de changem<strong>en</strong>t et queles formes d'équilibre familial autour de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é sont spécifiques à chaque famille et doncmultiples dans leur diversité sociologique.Il est clair, <strong>en</strong> outre, que ces familles r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t lesdifficultés quotidi<strong>en</strong>nes que viv<strong>en</strong>t toutes les familles.Dans la compréh<strong>en</strong>sion et dans les mo<strong>des</strong> d'interv<strong>en</strong>tionrelatifs aux problèmes auxquels ces familles sontconfrontées, il semble ess<strong>en</strong>tiel de les resituer dans lecadre dynamique d'une famille "comme les autres".


)LE CHAMP DES RESSOURCES FAMILIALES 1"De plus, <strong>en</strong> laksant ù l'institution médicale la légitimitéde l'interprétation <strong>des</strong> versants psychosociau de lamaladie, on contribue à vider le sujet social de touteemprke sur son dev<strong>en</strong>ir. Dans ce cas, "le social" selimite à <strong>des</strong> variables statistiques (sexe, âgechronologique, niveau d'éducation, profession ...)appauvrissant les dynamiques psycho<strong>sociales</strong> <strong>des</strong>id<strong>en</strong>tités et les ressources de l'individu mobiltsables danssa lutte active contre la rnaladie."(Amiel-<strong>Le</strong>bigre,Gognalons-Nicolet, 1993 : 35)<strong>Le</strong>s ressources, autre versant de la dialectique de l'ajustem<strong>en</strong>tfamilial au <strong>handicap</strong>, sont <strong>en</strong>visagées sous l'angle <strong>des</strong> pot<strong>en</strong>tialités,<strong>des</strong> apports, <strong>des</strong> forces, <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s mis <strong>en</strong> oeuvre par les famillespour vaincre les difficultés, Nous distinguons les ressources ditesinternes, telles celles liées aux id<strong>en</strong>tités (personnelle, sociale) <strong>des</strong>par<strong>en</strong>ts et <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants, aux interactions conjugales et familiales, <strong>des</strong>ressources dites externes relatives à l'exist<strong>en</strong>ce de réseaux de souti<strong>en</strong>familiaux, sociaux et médicaux. <strong>Le</strong>s apports de la situation de<strong>handicap</strong> chapeaut<strong>en</strong>t cette perspective <strong>des</strong>criptive <strong>des</strong> ressourcesfamiliales. La situation socio-économique constitue un autre trait <strong>des</strong>ressources réelles ou pot<strong>en</strong>tielles <strong>des</strong> familles.LES RESSOURCES DITES INTERNES A LA FAMILLE1. LES POTENTIALITES PARENTALES<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t respectivem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong>semble <strong>des</strong>pot<strong>en</strong>tialités qu'ils dis<strong>en</strong>t exploiter pour faire face à la situation de<strong>handicap</strong>.Trois dim<strong>en</strong>sions sont récurr<strong>en</strong>tes et domin<strong>en</strong>t les discours : lapersonnalité, le statut professionnel et la philosophie de vie.


Des élém<strong>en</strong>ts de personnalité sont mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce dans deuxtiers <strong>des</strong> familles.<strong>Le</strong>s traits de caractère énoncés sont la volonté,. le courage,l'optimisme, la solidité, la sérénité, la détermination, l'<strong>en</strong>thousiasmeet la spontanéité. Des attitu<strong>des</strong> développks face au <strong>handicap</strong>, tellesque positiver et relativiser la situation, mettre <strong>en</strong> oeuvre son pot<strong>en</strong>tielénergétique, sa "nature battante" compos<strong>en</strong>t le champ <strong>des</strong>pot<strong>en</strong>tialités par<strong>en</strong>tales et sont à la base de comportem<strong>en</strong>ts actifs :aller de l'avant, réagir, réfléchir et <strong>en</strong>visager <strong>des</strong> solutions, faire <strong>des</strong>choix, chercher <strong>des</strong> supports (1,4,5,7,9,10,12,15,18,19,22,23,25,26,27,28,29,30,31,34,36,37,38,40,41).Des positions par<strong>en</strong>tales témoign<strong>en</strong>t d'une force intérieure et d'untravail sur soi : sortir de la logique de la culpabilité, adopter leprincipe que "pleurer ne sert a ri<strong>en</strong>", décider de ne pas <strong>en</strong> faire undrame, ne plus se poser de <strong>questions</strong>, choisir de vivre normalem<strong>en</strong>t,avoir un regard confiant et développer une certaine dignité humaineface à la dureté de la vie (3,5,7,9,13,15,19,23,24,27,28,33,41).Certains par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t qu'ils sont moinsinfiu<strong>en</strong>çables, moins émotifs qu'auparavant (13,42).La force par<strong>en</strong>tale réside égalem<strong>en</strong>t dans <strong>des</strong> expéri<strong>en</strong>cesprécéd<strong>en</strong>tes. Certains ar<strong>en</strong>ts not<strong>en</strong>t leur habitude à affronter <strong>des</strong>situations difficiles f <strong>en</strong>fance malheureuse, décès <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts,divorce, guerre dans le pays d'origine, ...) (12,14,18,26,28,33,34,41). D'autres puis<strong>en</strong>t leur force dans les leçons reçues auprès deleurs par<strong>en</strong>ts ou grands-par<strong>en</strong>ts de tempéram<strong>en</strong>t volontaire et <strong>en</strong>retir<strong>en</strong>t une philosophie de vie (1,3,5,19,29). Une situation de<strong>handicap</strong>, déjà connue dans la famille ou dans l'<strong>en</strong>tourage, contribueaussi à familiariser les par<strong>en</strong>ts au problème, à dédramatiser "ce quiarrive" (2,10,19,24,27).Une att<strong>en</strong>tion particulière doit être accordée au pot<strong>en</strong>tiel d'action<strong>des</strong> mères. S'<strong>en</strong> ager dans une vie professionnelle, dégager dutemps pour soi 7 15,19,23,24), s'autoriser à p<strong>en</strong>ser à autre chosequ'aux roblèmes du <strong>handicap</strong> (24,41), concrétiser un <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>tsocial P projet de Maison Ouverte ou de crèche, association depar<strong>en</strong>ts, accueil de réfugiés, ...) sont <strong>des</strong> aspects ma'eurs de ladynamique de dépassem<strong>en</strong>t du problème (1,15,27,31,371.


La formation et l'activité professionnelle conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t un<strong>en</strong>semble de capacités à faire face.<strong>Le</strong> fait de posséder une formation médicale a permis à certainspar<strong>en</strong>ts de mieux appréh<strong>en</strong>der la situation sur un plan technique(raisonner médicalem<strong>en</strong>t, compr<strong>en</strong>dre les prescriptions ou exam<strong>en</strong>smédicaux, connaître les termes utilisés, ...) et sur un plan relationnel(se s<strong>en</strong>tir mieux à l'aise avec le corps médical). Parmi les par<strong>en</strong>ts quiaffirm<strong>en</strong>t avoir été aidés par leur métier, on r<strong>en</strong>contre infirmière,accoucheuse, puéricultrice mais égalem<strong>en</strong>t psychologue, .professeurde gymnastique, assistante <strong>en</strong> biologie, d<strong>en</strong>tiste, logopède (1,4,8,9,13,15,22,26,28,34,42).<strong>Le</strong> travail est aussi source d'a ports et d'<strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>ts sur unplan personnel : épanouissem<strong>en</strong>t P 3,9,30), contacts humains, souti<strong>en</strong>psychologique. Il permet de faire diversion, et même, pour un pèreparticulièrem<strong>en</strong>t actif au foyer, de trouver une certaine tranquillité(5,8,10,11,17,23,28,29,36,39,41,42). Dans plusieurs familles, lesfacilités horaires permett<strong>en</strong>t une plus grande dis nibilité et assur<strong>en</strong>tla possibilité de déplacem<strong>en</strong>ts et de relais P" 2,3,13,23,24,26,33,35,41). L'activité professionnelle est égalem<strong>en</strong>t motivée par unbesoin financier (8,11,17,41).Une philosophie de vie guide la démarche par<strong>en</strong>tale.La dim<strong>en</strong>sion religieuse est prés<strong>en</strong>te dans un tiers <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s(1,4,7,8,11,14,16,18,19,25,27,29,33,41). La foi chréti<strong>en</strong>ne oumusulmane apporte aux familles concernées, dans une moindre ouplus grande mesure, souti<strong>en</strong>, espérance, <strong>en</strong>traide ou <strong>en</strong>core introduitune représ<strong>en</strong>tation fataliste mais réconfortante du <strong>handicap</strong> "C'estDieu qui l'a voulu ainsi, on accepte" (7,14):Une mère évoque explicitem<strong>en</strong>t l'importance de la dim<strong>en</strong>sionphilosophique non religieuse dans son parcours et insiste sur lanécessité de faire preuve de raison et de réalisme : "il faut que larakon Z 'emporte" (5).Plusieurs par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t l'importance de principes de vie quiori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t leur action :- vivre au temps prés<strong>en</strong>t, sans faire de projet (4,11,13,15,29,37);- p<strong>en</strong>ser que dans la vie tout passe, chaque jour passe avec sonproblème et sa joie (26,30,41);- naviguer par impressions et ne pas réfléchir outre mesure (22);- p<strong>en</strong>ser que chaque être doit vivre autre chose (12);- avoir promis à son <strong>en</strong>fant qu'il ne sera jamais abandonné (29);


- porter un regard confiant sur la vie; ce regard change alors leregard <strong>des</strong> autres et favorise l'apport positif d'autrui (15);- se raccrocher à une dim<strong>en</strong>sion spirituelle : "sinon on devi<strong>en</strong>tmarteau" (38);- faire preuve d'ouverture et rechercher la vérité : "on a <strong>des</strong> buts eton y travaille tous " (41);- opter pour une logique de vie saine, rester proche de la nature(30), faire du sport (31,42), pr<strong>en</strong>dre <strong>des</strong> vacances afin de seretrouver <strong>en</strong>semble <strong>en</strong> couple ou <strong>en</strong> famille (26,37,41).La notion d'espoir occupe une place certaine dans le discours deplusieurs par<strong>en</strong>ts (espoir que l'<strong>en</strong>fant marche, qu'il guérisse, . . .)(7,13,18,19,26,41).La perception positive du regard <strong>des</strong> autres, <strong>en</strong>courage et surtoutdéculpabilise. Un père, par exemple, exprime l'idée que le regard <strong>des</strong>autres n'est <strong>en</strong> fait que "le regard que l'on a de soi-même commeperception du regard <strong>des</strong> autres"; il s'agit dès lors de construire sapropre image de soi, de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et <strong>des</strong> autres(15,24,29,39).En outre, la référ<strong>en</strong>ce aux valeurs "<strong>en</strong>fant", "couple", "famille"représ<strong>en</strong>te une source d'aide et de souti<strong>en</strong> pour les par<strong>en</strong>ts(1,6,7,13,24,28,31,34,41).La prés<strong>en</strong>ce d'<strong>en</strong>fants conduit à distinguer le couple conjugal ducouple par<strong>en</strong>tal.La valeur conjugale est importante dans la dynamique visant àfaire face au <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant. La dim<strong>en</strong>sion affective est mise <strong>en</strong>évid<strong>en</strong>ce : amour, respect mutuel C1,39), union (29,37), bonheur(23,25,3 1,34). D'autres par<strong>en</strong>ts insist<strong>en</strong>t sur l'échange : dialogue(2), communication (24), organisation partagée (23), solidarité(18,22). De manière plus générale les par<strong>en</strong>ts évoqu<strong>en</strong>t le "bonménage", la "bonne <strong>en</strong>t<strong>en</strong>te". <strong>Le</strong> souti<strong>en</strong> mutuel constitue une aide etun réconfort considérables (6,8,9,26,30,40,41). La réalisation deprojets (2,9,18,29,34), la recherche d'une harmonie dans la vie(8,15), la volonté d'instaurer un climat de bi<strong>en</strong>-être et de confiance,la capacité à se motiver l'un l'autre (30) contribu<strong>en</strong>t à construire uneinteraction conjugale positive.


D'autres aspects r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t le couple et chaque personne qui lecompose :- la création d'un espace de mom<strong>en</strong>ts à deux (3,15,37);- le fait de se s<strong>en</strong>tir "bi<strong>en</strong> dans sapeau " rejaillit sur le couple et lafade (8);- aucun reproche n'a été adressé ni à l'un ni à l'autre (26);- les deux par<strong>en</strong>ts ont pu terminer leur formation (42).Parfois, un <strong>des</strong> conjoints souligne le rôle primordial de l'autre.Ainsi, <strong>des</strong> pères reconnaiss<strong>en</strong>t le rôle clé de leur épouse ui mainti<strong>en</strong>tun équilibre familial (8,13), a un pouvoir dynamisant (15 7 ; <strong>des</strong> mèresappréci<strong>en</strong>t le côté apaisant et tempéré (19,25), équilibré (22),déculpabilisant de leur conjoint ainsi que leur vision sereine à l'égarddu regard d'autrui (15,18,35,41).Dans certaines familles, Ba découverte du <strong>handicap</strong> etl'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant ont r<strong>en</strong>forcé une dynamiqueconjugale et par<strong>en</strong>tale positive (22,23,29,39,41) avec, danscertains cas, participation partagée <strong>des</strong> tâches, <strong>des</strong> décisions, de laprise <strong>en</strong> charge du <strong>handicap</strong> ainsi que <strong>des</strong> multiples responsabilitéspar<strong>en</strong>tales (2,3,6,8,14,18,28,29,34,35).La poursuite de projets communs, l'éducation <strong>des</strong> autres <strong>en</strong>fants,I'instauration d'un climat familial de bi<strong>en</strong>-être et de corifiance axé surle dialogue ou la volonté de "vivre normalem<strong>en</strong>t" sont <strong>des</strong>motivations par<strong>en</strong>tales importantes (2,6,8,9,15,16,18,22,23,24,28,29,30,41,42).11. LES POTENTIALITES DE L'ENFANT HANDICAPEDes pot<strong>en</strong>tialités et <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces majeures de l'<strong>en</strong>fant sedistingu<strong>en</strong>t dans l'analyse <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s <strong>en</strong> tant qu'aide, souti<strong>en</strong> etforce pour Ies par<strong>en</strong>ts. Ces pot<strong>en</strong>tialités sont <strong>en</strong> outre favorisées etconsolidées par l'investissem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal, qu'il soit affectif,thérapeutique ou éducatif. L'interaction <strong>en</strong>tre les capacités actuellesou pot<strong>en</strong>tielles de l'<strong>en</strong>fant et le souti<strong>en</strong> qu'elles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t pour lespar<strong>en</strong>ts est fondam<strong>en</strong>tale dans le développem<strong>en</strong>t du s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t depar<strong>en</strong>talité.<strong>Le</strong> "progrès" de l'<strong>en</strong>fant ou sa "bonne évolutionqf sontexprimés par de très nombreux par<strong>en</strong>ts comme étant source deréconfort (1,2,3,4,5,8,9,13,15916,17,19,22,23,25,26,27,28,291


30,34,35,36,37,38,41,42). Ces progrès peuv<strong>en</strong>t être le simple faitue l'<strong>en</strong>fant évolue bi<strong>en</strong> ou qu'une amélioration est observée9 l'<strong>en</strong>fant pleure moins, dort mieux, ...) (1,15,27,28,35,38). Si petitsoit le progrès, il peut être qualifié de "phénoménal" par le par<strong>en</strong>t.Certains progrès concern<strong>en</strong>t la dim<strong>en</strong>sion physique : évolutionmotrice globale ou spécifique, évoquée <strong>en</strong> relation directe avec letravail <strong>des</strong> kinésithérapeutes (1,5,8,17,20,22,26,27,34,35,37);développem<strong>en</strong>t physique généra1,"l '<strong>en</strong> fant grandit bi<strong>en</strong>" (1,7,41);meilleure perception du corps (5); découverte <strong>des</strong> s<strong>en</strong>s,particulièrem<strong>en</strong>t "le toucher " (23,38); capacité d'utiliser un vélo, unevoiturette (3,30).<strong>Le</strong>s progrès relatifs aux capacités relationnelles et d ecommunication apparaiss<strong>en</strong>t aussi dans de nombreux discours(1,3,4,5,8,13,22,23,27,29,30,34,35). Ils port<strong>en</strong>t sur la capacité àparler (5,13,22,34,35,42), à reconnaître <strong>des</strong> personnes proches(<strong>en</strong>fant poly<strong>handicap</strong>é) (29,38) et sur l'acquisition du sourire.<strong>Le</strong> sourire déti<strong>en</strong>t un rôle symbolique important. Il marquel'évolution positive de l'<strong>en</strong>fant ainsi que le développem<strong>en</strong>t de sescompét<strong>en</strong>ces relationnelles. Il signe la reconnaissance et est, pour lepar<strong>en</strong>t qui le reçoit, une gratification d'autant plus forte que, danscertains cas, ce sourire s'est fait longuem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dre. <strong>Le</strong> sourire aaussi une fonction dans le processus de découverte du <strong>handicap</strong> :"aupremier sourire, on sera fixé", dit une neuropédiatre (1,2,15,16,17,22,25,26,28,29,38).<strong>Le</strong>s compét<strong>en</strong>ces affectives et expressives du nourrissonou de l'<strong>en</strong>fant sont source de courage. Moteur dans l'investissem<strong>en</strong>tpar<strong>en</strong>tal, elles aid<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts à dépasser les pério<strong>des</strong> difficiles :l'<strong>en</strong>fant est câlin, souriant; il déti<strong>en</strong>t un "pot<strong>en</strong>tiel d'amour", une joiede vivre; il est toujours de bonne humeur et rit "de bon coeur"(1,2,3,4,5,13,16,17,18,19,22,23,24,25,26,28,29,30,35,37,38).<strong>Le</strong> comportem<strong>en</strong>t soéiable de l'<strong>en</strong>fant avec son <strong>en</strong>tourage, sescapacités à <strong>en</strong>trer <strong>en</strong> relation, à s'intégrer procur<strong>en</strong>t un souti<strong>en</strong>psychologique important (1,3,5,8,18,19,23,26,28,30,37,41) :l'<strong>en</strong>fant est "bi<strong>en</strong> dans sa peau", se débrouille bi<strong>en</strong>, est volontaire,motivé, va de l'avant (1,3,4,30,34,41).La prés<strong>en</strong>ce de l'<strong>en</strong>fant - sa vie - représ<strong>en</strong>te une richesse et uneforce ess<strong>en</strong>tielle pour les par<strong>en</strong>ts (1,6,7,11,1.4,31,34,36,38,39).Cet aspect est lié à la question de la représ<strong>en</strong>tation par<strong>en</strong>tale de


l'<strong>en</strong>fant ainsi qu'à la signification même de la par<strong>en</strong>talité (choix de seconsacrer à l'<strong>en</strong>fant, désir d'être mèrelpère).D'autres aspects sont sources de courage : l'<strong>en</strong>fant, lourdem<strong>en</strong>t<strong>handicap</strong>é, "est facile malgré tout ce qu'il a subi" (26,39,41); l'<strong>en</strong>fant"ne souffre pas" (29,30); l'<strong>en</strong>fant "a une santé de fer" (18,34); "le<strong>handicap</strong> ne se voit pas"(3,13,19,22,23); l'<strong>en</strong>fant "est beau"(5,7,8,24,25,33,39,42); l'<strong>en</strong>fant "n'a pas de <strong>handicap</strong> m<strong>en</strong>tal" . Cedernier point est prés<strong>en</strong>te, avec beaucoup de force, <strong>en</strong> termes d'aideet de soulagem<strong>en</strong>t par certains par<strong>en</strong>ts, sachant que souv<strong>en</strong>t,plusieurs mois d'incertitude médicale ont précédé le constat del'abs<strong>en</strong>ce de défici<strong>en</strong>ce m<strong>en</strong>tale (5,22,35).L'idée de normalité, "d'<strong>en</strong>fant comme les autres <strong>en</strong>fants", aidecertains par<strong>en</strong>ts à surmonter leur problème : l'<strong>en</strong>vie de l'<strong>en</strong>fant de seconsidérer "comme les autres"; ses facultés intellectuelles, sacuriosité, son intérêt, sa possibilité de communiquer normalem<strong>en</strong>tavec l'<strong>en</strong>tourage et sa compréh<strong>en</strong>sion excell<strong>en</strong>te sont autantd'élém<strong>en</strong>ts qui r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t positivem<strong>en</strong>t le vécu par<strong>en</strong>tal (3,5,8,9,10,18,23,25,27,28,34,41).En outre, certaines améliorations sont porteuses d'optimismetelles que, par exemple, la suppression <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, le fait qu'iln'y ait plus d'hospitalisation (4,13), la perspective d'une intégrationdans une école normale (1,8,25,34).Cette question du rôle <strong>des</strong> pot<strong>en</strong>tialités de l'<strong>en</strong>fant est donc à<strong>en</strong>visager sous un angle dynamique, celui de I'interaction constante<strong>en</strong>tre les par<strong>en</strong>ts et leur <strong>en</strong>fant. Du côté par<strong>en</strong>tal, les phases d'espoir,de courage et l'investissem<strong>en</strong>t dans l'accompagnem<strong>en</strong>t thérapeutiquesont extrêmem<strong>en</strong>t liées aux progrès, à l'évolution, aux acquis, auxcapacités de l'<strong>en</strong>fant. Du côté de l'<strong>en</strong>fant, sa motivation à poufsuivreun traitem<strong>en</strong>t, à progresser et sa volonté de vivre et de "s'<strong>en</strong> sortir"r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t le faire face dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne.La reconnaissance par<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> pot<strong>en</strong>tialités del'<strong>en</strong>fant permet et r<strong>en</strong>force <strong>des</strong> interactions réellem<strong>en</strong>tpositives. Ces interactions sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t une continuitédans l'accompagnem<strong>en</strong>t et nourriss<strong>en</strong>t un imaginairepar<strong>en</strong>tal riche et ouvert quant à l'av<strong>en</strong>ir de l'<strong>en</strong>fant.


III. LES INTERACTIONS PARENTS-ENFANTL'analyse <strong>des</strong> interactions par<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fant permet de dégager troisgrands types d'investissem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal : affectif, "thérapeutique",éducatif.Dans la grande majorité <strong>des</strong> situations familiales, les relationspar<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fant sont positives et r<strong>en</strong>forcées par la réceptivité del'<strong>en</strong>fant : échanges réciproques, ponctuels ou plus perman<strong>en</strong>ts(1,2,3,4,5,6,7,8,11,13,15,16,18,22,23,24,25,26,27,28,29,30,31,34,35,38,39,40,41,42).Quelques mères et un père décriv<strong>en</strong>t une attitude affectiveextrêmem<strong>en</strong>t forte à l'égard de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. Elle est exprimée<strong>en</strong> termes "d'attachem<strong>en</strong>t" ou "de li<strong>en</strong> beaucoup plus important"qu'avec un autre <strong>en</strong>fant, <strong>en</strong> termes "d'amour privilégié", "d'amourprioritaire", voire même "departage de souffrance" (7,9,10,14,17,19,25,36,37,38).<strong>Le</strong> désir d'<strong>en</strong>fant est une force personnelle qui souti<strong>en</strong>t dansles capacités à faire face au quotidi<strong>en</strong> : "on a voulu cet <strong>en</strong>fant"(1,9,29,34,38).2. Jd1invest-nt "th' e r m "L'aspect thérapeutique, considéré dans un s<strong>en</strong>s large, concernetout le suivi dont l'objectif vise l'éveil de l'<strong>en</strong>fant et sondéveloppem<strong>en</strong>t psychomoteur. 11<strong>en</strong>globe les stimulations multiples,les recherches de repères et de conseils, la collaboration avec lesprofessionnels, etc.Cet <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t thérapeutique est ess<strong>en</strong>tiel car, d'une part, ilsous-t<strong>en</strong>d un <strong>en</strong>semble de progrès et d'évolutions chez l'<strong>en</strong>fant et,d'autre part, les résultats obt<strong>en</strong>us r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t positivem<strong>en</strong>t lescompét<strong>en</strong>ces par<strong>en</strong>tales et constitu<strong>en</strong>t donc un souti<strong>en</strong> considérable(1,2,3,5,9,16,22,23,25,26,27,28,31,34,35,37,38,39,40,41,42).<strong>Le</strong> suivi courant (kinésithérapie, stimulations quotidi<strong>en</strong>nes,visites médicales de contrôle) est généralem<strong>en</strong>t pris <strong>en</strong> charge par lesmères. <strong>Le</strong>s pères intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plutôt de manière ponctuell<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t lors d'exam<strong>en</strong>s médicaux "extra-ordinaires", de bilans(29,35) ou lorsqu'une décision importante doit être prise, telle uneopération (26,34).


Au cours du cheminem<strong>en</strong>t avec l'<strong>en</strong>fant, les par<strong>en</strong>ts développ<strong>en</strong>t<strong>des</strong> projets ou <strong>des</strong> ori<strong>en</strong>tations prioritaires telles que :- la décision fondam<strong>en</strong>tale de "vivre avec l'<strong>en</strong>fant ","j'aijuré que j<strong>en</strong>e 1 'abandonnerai jamais" (2,6,7,14,27,28,29,36,38);- la volonté d'"être responsable" et de "tout faire" pour cet <strong>en</strong>fant(1,2,6,7,25,26,27,28,37,38,39);- la volonté de favoriser l'autonomie de l'<strong>en</strong>fant et sesappr<strong>en</strong>tissages dans la vie : performance, épanouissem<strong>en</strong>t,socialisation (1,5,8,15,16,19,23,24,25,28,31,34,41,42);- la volonté d'intégrer l'<strong>en</strong>fant dans la famille afin qu'il puissetrouver sa place, son équilibre.<strong>Le</strong> "vivre <strong>en</strong>semble " constitue alors une valeur ess<strong>en</strong>tielle, il y avolonté de s'adapter réciproquem<strong>en</strong>t, de s'habituer l'un à l'autre(habitude = aide), d'emm<strong>en</strong>er l'<strong>en</strong>fant partout avec la famille(2,7,9,12,13,14,18,19,23,24,28,31,39).Parler à l'<strong>en</strong>fant, dialoguer avec lui, reconnaître ses difficultésconstitu<strong>en</strong>t de réels <strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>ts dans l'interaction (1,5,19,28,29,30,35,41). Plusieurs par<strong>en</strong>ts ont le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de ne pas vivredifféremm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> autres par<strong>en</strong>ts et considèr<strong>en</strong>t que leur <strong>en</strong>fant estcomme les autres (1,3,6,8,18,34). Certains par<strong>en</strong>ts exprim<strong>en</strong>t leurdétermination à accepter l'<strong>en</strong>fant tel qu'il est ou à composer avec "lesaspects négatvs" du <strong>handicap</strong> (6,8,29).IV. LES INTERACTIONS ENTRE FRERES ET SOEURS<strong>Le</strong> rang de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é dans la fratrie peut représ<strong>en</strong>terun élém<strong>en</strong>t positif dans l'histoire familiale. Divers cas de figure seprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t selon la place occupée par l'<strong>en</strong>fant.Frère(s)/soeur(s) précède(nt) l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. <strong>Le</strong> faitque l'<strong>en</strong>fant atteint d'un <strong>handicap</strong> ne soit pas le premier a aidécertaines mères. L'expéri<strong>en</strong>ce d'une première naissance sansproblème r<strong>en</strong>d les mères moins anxieuses face au déroulem<strong>en</strong>t de larossesse, de l'accouchem<strong>en</strong>t et les familiarise avec l'<strong>en</strong>fant71,2,4,28). Si le premier <strong>en</strong>fant avait été <strong>handicap</strong>é, les par<strong>en</strong>tsdis<strong>en</strong>t qu'ils aurai<strong>en</strong>t eu peur d'<strong>en</strong> avoir d'autres (8,15,24), qu'ilsaurai<strong>en</strong>t été trop ébranlés :"dépression assurée !" (24,25).


Frère(s)/soeur(s) swi(v<strong>en</strong>)t l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. L'arrivéed'un <strong>en</strong>fant sans problème a aidé plusieurs par<strong>en</strong>ts. Elle a notamm<strong>en</strong>tfamiliarisé un père avec le monde <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants et par là-même facilitéle contact avec l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (5). La naissance d'un bébé estsource de joies pour l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et pour les par<strong>en</strong>ts quiconnaiss<strong>en</strong>t dorénavant le plaisir d'un <strong>en</strong>fant sans problème.Grdssesse <strong>en</strong> cours après l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. Dans unefamille, l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é est le deuxième et la mère est <strong>en</strong>ceinted'un troisième <strong>en</strong>fant. Ce projet de procréation repose surl'argum<strong>en</strong>tation suivante : il manquait "un sourire" aux par<strong>en</strong>ts et unvéritable compagnon de jeu à l'aîné. En outre, ce projet semble aiderla mère à surmonter un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de culpabilité ress<strong>en</strong>ti à l'égard del'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. Ce troisième <strong>en</strong>fant symbolise déjà "1'<strong>en</strong>fantsouhaité pour toute la famille".Dans plusieurs familles, la fratrie constitue une aide pourles par<strong>en</strong>ts.L'investissem<strong>en</strong>t par la fratrie de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é joue un rôlede catalyseur pour les par<strong>en</strong>ts et assure la continuité del'investissem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal. L'att<strong>en</strong>tion portée a l'<strong>en</strong>fant et le relaisassuré par les aînés, dans la mesure de leurs possibilités, sontprés<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> tant qu'aide pratique non négligeable (1,13,14,15,16,19,27,39,41). La dynamique positive au sein de la fratrie estaussi énoncée <strong>en</strong> termes de réconfort. <strong>Le</strong>s "excell<strong>en</strong>tes relations"<strong>en</strong>tre les frères et soeurs (8,12,13,19,27,37,39,41), l'attributiond'une place à l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (7,14,16,35,41), les attitu<strong>des</strong> deprotection, la t<strong>en</strong>dance à déf<strong>en</strong>dre l'<strong>en</strong>fant et le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'êtreconcerné par lui (13,19,37,39) constitu<strong>en</strong>t autant d'apports positifspour les par<strong>en</strong>ts.La prés<strong>en</strong>ce d'un ou de plusieurs <strong>en</strong>fant(s) motive les par<strong>en</strong>ts à"ne pas se laisser aller", "il faut t<strong>en</strong>ir compte de leur prés<strong>en</strong>ce"(4,18,23,24,28); elle est source de joies car, par exemple, les <strong>en</strong>fantstravaill<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à l'école, les par<strong>en</strong>ts ont du plaisir à faire <strong>des</strong> activitésavec eux, . . . (8,24,25,28,33).<strong>Le</strong> thème de la fratrie est <strong>en</strong> outre intéressant, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce quiconcerne la problématique du futur : lorsque les par<strong>en</strong>ts ne seront


plus là ou plus à même d'accompagner l'<strong>en</strong>fant, l'espoir que la fratriepoursuive l'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune adulte est parfois prés<strong>en</strong>t.Dans le cadre d'une vie <strong>en</strong> communauté, on r<strong>en</strong>contre la notion defratrie élargie. Au coeur <strong>des</strong> échanges de la communauté, le statut del'<strong>en</strong>fant est redéfini :"ces <strong>en</strong>fants sont les <strong>en</strong>fants de tout le monde".V. ASPECTS POSITIFS DE LA SITUATION DE HANDICAPPrès de la moitié <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>contrés soulign<strong>en</strong>t que leurexpéri<strong>en</strong>ce de vie avec un <strong>en</strong>fant atteint d'une infirmité motricecérébrale a eu un "effet" positif certain : <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts bénéfiquessont surv<strong>en</strong>us dans leur système de valeurs et dans l'ordre <strong>des</strong>priorités (1,4,15,24,28,29,31,36,37,42).La différ<strong>en</strong>ce acquiert un statut nouveau, elle est intégrée <strong>en</strong> tantqu'une <strong>des</strong> facettes de la réalité du monde. Certaines mères ontdécouvert une capacité insoupçonnée à communiquer autrem<strong>en</strong>t quepar la parole avec leur <strong>en</strong>fant ou à établir aisém<strong>en</strong>t un contact avec<strong>des</strong> adultes <strong>handicap</strong>és (1,4,12).La solidarité devi<strong>en</strong>t une valeur. Nombreux sont les par<strong>en</strong>ts quidis<strong>en</strong>t être plus att<strong>en</strong>tifs aux <strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és <strong>en</strong> général et plusconcernés par ce problème; ils dis<strong>en</strong>t mieux compr<strong>en</strong>dre lesdifficultés et la souffrance <strong>des</strong> autres (1,7,24,36,42). Cette prise deconsci<strong>en</strong>ce sociale aide et favorise les contacts extérieurs, sourcesd'échanges intéressants qui peuv<strong>en</strong>t parfois aboutir à la formationd'un groupe informel de par<strong>en</strong>ts ou d'une association et par là-mêmeêtre à l'origine d'un réseau d'échanges solidaires, d'écoute et <strong>des</strong>outi<strong>en</strong> (1,4,15,28,31,37).L'ordre <strong>des</strong> priorités change. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts dis<strong>en</strong>t qu'ilsrelativis<strong>en</strong>t davantage les événem<strong>en</strong>ts de la vie et l'importanceattribuée jusqu'alors aux "choses matérielles" (23,24,29,3 1,42) : "onva plus vite à l'ess<strong>en</strong>tiel" (4,15).<strong>Le</strong> temps est vécu désormais au prés<strong>en</strong>t : "on vit au jour le jour "(4,29).


LES RESSOURCES DITES EXTERNES A LA FAMILLEVI. LE RESEAU FAMILIAL ETSOCIALLa solidarité familiale est prés<strong>en</strong>te dans de nombreux discours etse concrétise par un apport d'aide pour les par<strong>en</strong>ts du jeune <strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é. <strong>Le</strong>s premiers acteurs concernés sont les grands-par<strong>en</strong>tsde l'<strong>en</strong>fant, désignés à titres divers par un grand nombre de familles.Une disparité importante s'observe, cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong>tre le nombre defois que sont m<strong>en</strong>tionnés les grands-par<strong>en</strong>ts maternels et les grandspar<strong>en</strong>tspaternels (1,2,3,5,6,7,8,10,11,13,14,15,17,18,19,23,24,26,28,29,31,34,35,36,37,42 /2,7,8,13,16,18,22,26,31,39)1.L'interv<strong>en</strong>tion <strong>des</strong> grands-par<strong>en</strong>ts est multiple et couvre lesdomaines de l'aide concrète et du souti<strong>en</strong> moral. L'aide concrèteconcerne <strong>en</strong> priorité la garde et la surveillance <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants de manièregénérale et/ou plus spécialem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant <strong>des</strong> phases de maladie oud'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant. L'aide provi<strong>en</strong>t surtout du côtématernel, les grands-par<strong>en</strong>ts paternels intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans quatrefamilles (1,2,3,5,14,18,19,23,24,28,29,34,36,37/ 8,13,18,22).<strong>Le</strong>s autres formes d'aide sont la prise <strong>en</strong> charge de tâches ménagèresou domestiques (lessive, jardinage ...) (11,13,26,28, 29,34,37,39);l'apport financier et l'aide au point de vue du logem<strong>en</strong>t(2,3,7,31,34,37); la participation aux thérapies ou aux activités del'institution que fréqu<strong>en</strong>te l'<strong>en</strong>fant (10,22,37,42); la réalisation dedémarches administratives (5,16).Dans plusieurs foyers tant <strong>des</strong> côtés maternel que paternel(5,6,7,15,17,18,19,34,35,37 /2,7,13,18,39), le souti<strong>en</strong> moralapparaît <strong>en</strong> termes bénéfiques : réceptivité, écoute, réaction positiveet sérénité à l'égard du <strong>handicap</strong> (6,7,8,42), <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>tnotamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> soulignant les progrès de l'<strong>en</strong>fant (15,26,42), contactprivilégié avec l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (22,31,37). <strong>Le</strong>s grands-par<strong>en</strong>tsreprés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t aussi une référ<strong>en</strong>ce morale, un modèle pour les par<strong>en</strong>ts(1,3,15,16).Ce signe "/" sépare les deux groupes de grands-par<strong>en</strong>ts.


Certains grands-par<strong>en</strong>ts ont joué un rôle dans la découverte du<strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant et ont favorisé par là-même le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t dela prise <strong>en</strong> charge (2). D'autres sont v<strong>en</strong>us s'installer à proximité dudomicile de la famille, réduisant ainsi la distance géographique etfacilitant les apports d'aide (23,29,36). L'aide largem<strong>en</strong>t appréciéeest celle qui permet de restaurer <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts de vie a deux, ousimplem<strong>en</strong>t une situation plus vivable (3,35).L'aide de la par<strong>en</strong>tèle élargie provi<strong>en</strong>t, le plus souv<strong>en</strong>t, de lafratrie <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts et plus particulièrem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> soeurs, soit <strong>des</strong> tantesde l'<strong>en</strong>fant. On observe ici les mêmes disparités que celles évoquéesà propos <strong>des</strong> lignées paternelle et maternelle. <strong>Le</strong>s membres de lapar<strong>en</strong>tèle qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> second lieu sont les amères-grandspar<strong>en</strong>ts(6,42), les parrains et marraines, les cousins de l'<strong>en</strong>fant(4,5,34).<strong>Le</strong>s ai<strong>des</strong> apportées par ces membres du réseau familial sontsimilaires à celles précitées : les deux mêmes aspects domin<strong>en</strong>t, asavoir l'apport moral caractérisé par le souti<strong>en</strong>, la confiance, leréconfort, la compréh<strong>en</strong>sion (3,5,6,10,13,17,18,22,26,28,34,36,39) et l'aide concrète concernant la garde et la surveillance <strong>des</strong><strong>en</strong>fants (2,4,5,10,14,15,18,28,34,36,37,39). Un climat <strong>des</strong>olidarité (29), <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> pratiques diverses (14,28), la fabricationd'un mobilier spécial (4,s) sont d'autres formes d'aide apportée.Plusieurs familles ont pu bénéficier d'un apport "thérapeutique".En effet, certains membres de la par<strong>en</strong>tèle sont eux-mêmesprofessionnels de la santé et ont joué un rôle de conseiller auprès <strong>des</strong>par<strong>en</strong>ts sans pour autant être le thérapeute officiel de l'<strong>en</strong>fant(2,4,5,23,27,31,42). Dans une famille, la seule référ<strong>en</strong>ce à unarrière grand-père paternel déjà décédé au mom<strong>en</strong>t <strong>des</strong> faits, célèbrespécialiste <strong>en</strong> pédiatrie dans un hôpital universitaire, a "ouvert lesportes" à la mère, permettant une meilleure collaboration avec lecorps médical et facilitant l'accès aux soins ainsi qu'à l'information.Dans le processus d'acceptation maternelle de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é,l'attitude d'une <strong>des</strong> soeurs de la mère a constitué un "déclic" dans ladynamique d'attachem<strong>en</strong>t : "Pour moi, ça a été le dé art del'acceptation, c'est elle qui m'a fait aimer mon <strong>en</strong>fant (... f je n'aijamais vu uelqu 'un qui pouvait s'occuper à ce point, bi<strong>en</strong>, de cet<strong>en</strong>fint (...f".


L'<strong>en</strong>tourage extra-familial spécialisé se compose, selon lesfamilles, de comaissances de rofessiomels (2,10), d'amis médecin(4,22,24,25), infirmier (26,42 f , kinésithérapeute (10,15), ou <strong>en</strong>coreavocat (11). L'apport de ce réseau relationnel consiste <strong>en</strong> avis,conseils, informations (4,9,10,11,22,24,25,26), facilitant danscertains cas le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t du processus de la révélation ou de laprise <strong>en</strong> charge thérapeutique. De manière plus spécifique pour unefamille, l'accès au dossier médical a été r<strong>en</strong>du possible parl'<strong>en</strong>tremise d'un ami. <strong>Le</strong>s ai<strong>des</strong> concern<strong>en</strong>t, par ailleurs, lesdémarches (interv<strong>en</strong>tions financières, adoption); la garde <strong>des</strong> <strong>en</strong>fantssurtout lors de week-<strong>en</strong>d ou de pério<strong>des</strong> d'hospitalisation; le souti<strong>en</strong>moral ou psychologique (2,9,10,26,27,42,31).<strong>Le</strong>s apports <strong>des</strong> membres du réseau social élargi concern<strong>en</strong>tvingt-neuf familles (2,3,4,5,8,10,11,12,13,15,17,18,22,23,24,25,26,28,29,30,31,33,35,36,37,38,39,40,41). <strong>Le</strong>s amis apport<strong>en</strong>tréconfort, souti<strong>en</strong>, appui, disponibilité (2,4,5,8,10,13,17,24,25,26,40). Certains offr<strong>en</strong>t un regard positif aux par<strong>en</strong>ts, <strong>en</strong>courag<strong>en</strong>t,relativis<strong>en</strong>t (4,15,24,29,35,37,42). Ils déti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aussi un rôle <strong>en</strong>matière.de garde et de surveillance (5,lO). <strong>Le</strong> fait d'avoir un amiproche lui-même <strong>handicap</strong>é constitue une aide chez un par<strong>en</strong>t.<strong>Le</strong>s autres membres du réseau social sont :- les comaissances qui accept<strong>en</strong>t très positivem<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant (30);- le voisinage pour sa g<strong>en</strong>tillesse, son écoute, son service de gardeponctuelle (17,38);- l'habitat groupé ou la vie communautaire qui assure arde, aidepratique, souti<strong>en</strong> moral, socialisation de l'<strong>en</strong>fant (15,16 f ;- l'<strong>en</strong>tourage professionnel (patron, collègues, cli<strong>en</strong>ts, . . .) ;témoignant empathie et bi<strong>en</strong>veillance (10,17,33,34,39,41);- la femme de ménage ou la fille au pair qui prodigue une aide à lafois pratique et morale (15,18,24).Dans leur parcours, <strong>des</strong> familles ont r<strong>en</strong>contré divers groupem<strong>en</strong>tsou associations : souti<strong>en</strong>-de bénévoles dans la MéthodeDoman, aide d'un groupe informel de par<strong>en</strong>ts d'<strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és,apports de l'association de par<strong>en</strong>ts du c<strong>en</strong>tre spécialisé que fréqu<strong>en</strong>tel'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts soulign<strong>en</strong>t l'importance du souti<strong>en</strong>, mais


égalem<strong>en</strong>t le fait de pouvoir se r<strong>en</strong>dre utile auprès <strong>des</strong> autres par<strong>en</strong>ts(4,13,28,31,37).Certains par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t aussi le rôle bénéfique d'autres typesde souti<strong>en</strong>, tels que notamm<strong>en</strong>t les groupes de prière (4,8).VII. LES APPORTS DES PROFESSIONNELS DE LA SANTELa grande majorité <strong>des</strong> familles indique le rôle important, voiredéterminant, joué par les professiomels de la santé dans le processusd'ajustem<strong>en</strong>t familial au <strong>handicap</strong>. Seules, huit familles parmi tr<strong>en</strong>t<strong>en</strong>eufne ti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t pas, de manière explicite <strong>en</strong> tous cas, un discoursmettant <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l'apport de professionnels de la santé(6,7,9,10,12,14,33,42).<strong>Le</strong>s principaux acteurs de la dynamique de prise <strong>en</strong> charge del'<strong>en</strong>fant dont parl<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts sont le neurologue, le pédiatre, lekinésithérapeute, le logopède, l'orthopédiste, le généraliste - médecintraitant ou médecin de famille -, ainsi que l'infirmière dont le rôle aété, dans certains cas, déterminant lors <strong>des</strong> pério<strong>des</strong> d'hospitalisationde l'<strong>en</strong>fant.<strong>Le</strong> rôle <strong>des</strong> professiomels de la santé se distingue très clairem<strong>en</strong>t<strong>des</strong> autres membres du réseau familial et social par la spécificité deleur interv<strong>en</strong>tion. <strong>Le</strong>s conduites et les attitu<strong>des</strong> adoptées par lesmédecins s'inscriv<strong>en</strong>t surtout dans la dynamique relationnellepar<strong>en</strong>ts/thérapeutes qui préside dans la découverte du <strong>handicap</strong> etdans le suivi thérapeutique. Ces personnes, proches <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts et del'<strong>en</strong>fant, apport<strong>en</strong>t savoir-faire et savoir-être. <strong>Le</strong>urs qualitéshumaines et relationnelles sont évoquées : humanité, écoute,compréh<strong>en</strong>sion, ouverture, échange, communication, disponibilité,souti<strong>en</strong>, réconfort, mise à l'aise, amabilité, douceur, prév<strong>en</strong>ance(2,11,15,28,34,35).Dans les processus de découverte, certains par<strong>en</strong>ts dis<strong>en</strong>tavoir beaucoup apprécié le fait que le médecin a pris <strong>en</strong> considérationleurs craintes et leurs observations permettant par là-même d'<strong>en</strong>gagerla prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant. En outre, avoir pris <strong>des</strong> précautionspour annoncer, n'avoir pas rrtourné autour du pot" et avoir prés<strong>en</strong>téles choses telles qu'elles sont, avoir fait preuve d'une grandecompét<strong>en</strong>ce autour d'une naissance'jprévue à haut risque" par uneinformation claire et rapide de l'échographiste et <strong>des</strong> pédiatres a


favorisé, dans quelques situations, la confiance <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts(1,22,29,35).Certaines conditions de découverte du <strong>handicap</strong> ont permis, dansdeux familles, de faire face : dans un cas, le fait, pour les par<strong>en</strong>ts,d'avoir découvert très progressivem<strong>en</strong>t le <strong>handicap</strong> les a aidés às'habituer à l'<strong>en</strong>fant; dans l'autre cas, le fait d'avoir su les chosestrès tôt - durant la grossesse - a aidé les par<strong>en</strong>ts à se préparer àaccueillir un <strong>en</strong>fant différ<strong>en</strong>t. Bi<strong>en</strong> que les phases de découverte du<strong>handicap</strong> soi<strong>en</strong>t distinctes, ces deux situations prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t un aspectcommun, l'exist<strong>en</strong>ce d'un temps de préparation qui se révèleindisp<strong>en</strong>sable quant aux capacités par<strong>en</strong>tales à faire face au <strong>handicap</strong>.Dans la dynamique de l'accompagnem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal, le rôle duthérapeute est fondam<strong>en</strong>tal. Des actions-ressources sontreconnues positives; elles sont de l'ordre <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong>, du discourset <strong>des</strong> actes. <strong>Le</strong>s points suivants réfèr<strong>en</strong>t à la dynamique relationnellepar<strong>en</strong>tslthérapeutes, mais aussi <strong>en</strong>f antlthérapeute et famille/thérapeute. Ils mett<strong>en</strong>t l'acc<strong>en</strong>t sur le cont<strong>en</strong>u et la qualité del'échange :- donner <strong>des</strong> explications au cours de l'annonce (16,37,41), parexemple <strong>en</strong> ce qui concerne la cause du <strong>handicap</strong> (11,36);- assurer la continuité du suivi après l'annonce (2,34), latransmission du dossier médical (2,31), la recommandation àd'autres spécialistes (15,36), la préparation <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts à unelourde opération de l'<strong>en</strong>fant (41) ;- donner de l'espoir notamm<strong>en</strong>t par rapport à l'évolution de l'<strong>en</strong>fantou r<strong>en</strong>forcer l'attitude de la mère <strong>en</strong> sout<strong>en</strong>ant ses choix (19) ou<strong>en</strong> la libérant d'une culpabilité parfois lourde à supporter (5,39),<strong>en</strong>courager (2) ou rassurer (41);- reconnaître les compét<strong>en</strong>ces <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts dans leur observation del'<strong>en</strong>fant (5) et t<strong>en</strong>ir compte de leurs inquiétu<strong>des</strong> (35);- parler à l'<strong>en</strong>fant, s'adresser à lui directem<strong>en</strong>t (3);- considérer l'<strong>en</strong>semble de la famille, aider à gérer les relations ausein de la fratrie (2) ou la vie avec l'<strong>en</strong>fant "on nous l'a dit etredit, de vivre au jour le jour " (29);- pr<strong>en</strong>dre le temps qu'il faut, répondre aux <strong>questions</strong> et <strong>en</strong>couragerà repr<strong>en</strong>dre contact (2,34,35;41) ou donner <strong>des</strong> conseilsconcernant <strong>des</strong> lectures (2), la pratique de la kinésithérapie (5),l'inscription de l'<strong>en</strong>fant dans un c<strong>en</strong>tre de jour (4);- interv<strong>en</strong>ir à domicile, considéré de façon très positive parplusieurs par<strong>en</strong>ts.


<strong>Le</strong>s attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong> professionnels de la santé fond<strong>en</strong>tune dynamique positive d'échanges et favoris<strong>en</strong>t leslinéam<strong>en</strong>ts d'un part<strong>en</strong>ariat.Lorsqu'un médecin généraliste (médecin traitant) est prés<strong>en</strong>tau sein de la famille (24,28,31,37,41), il y déti<strong>en</strong>t un rôle c<strong>en</strong>tral.On constate qu'il est prés<strong>en</strong>té comme la personne-ressource parexcell<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts appréci<strong>en</strong>t spécifiquem<strong>en</strong>t ses initiatives, saprés<strong>en</strong>ce et sa disponibilité - "répondjour et nuit", "passe volontietsdans la journée" - ainsi que sa franchise : "il le dit lorsqu'unproblème dépasse ses capacités". En outre, sa bonne connaissancede l'<strong>en</strong>fant et <strong>des</strong> membres de la famille lui permet d'interv<strong>en</strong>ir plusefficacem<strong>en</strong>t. Un par<strong>en</strong>t insiste sur son rôle de catalyseur dans leprocessus de prise de consci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong> par le conjoint.Quant à l'apport <strong>des</strong> kinésithérapeutes, la compét<strong>en</strong>ce(2,5,15,27,34,35,37) et l'efficacité (18,30,31) sont particulièrem<strong>en</strong>tmises <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts appréci<strong>en</strong>t les capacités techniques deces professionnels produisant un effet bénéfique sur ledéveloppem<strong>en</strong>t psychomoteur de l'<strong>en</strong>fant qui progresse et évoluepositivem<strong>en</strong>t : "une thérapie qui fait du bi<strong>en</strong>" (22,40). <strong>Le</strong>kinésithérapeute ori<strong>en</strong>te et uide l'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant etrespecte son rythme (1,15 f , prés<strong>en</strong>te un support éducatif (26),conseille de "parler beaucoup avec l'<strong>en</strong>fant our sa compréh<strong>en</strong>sion"(23), décl<strong>en</strong>che le processus de révélation P 19), assure le suivi de larise <strong>en</strong> charge (37,40), informe au sujet <strong>des</strong> institutions d'accueilP1,31,35). La collaboration <strong>des</strong> kinésithérapeutes <strong>en</strong>tre eux et leurouverture d'esprit à l'égard <strong>des</strong> autres métho<strong>des</strong> thérapeutiques sont,<strong>en</strong> outre, largem<strong>en</strong>t appréciées (27,28).Parfois, le kinésithérapeute dépasse largem<strong>en</strong>t son rôle thérapeutique<strong>en</strong> favorisant un souti<strong>en</strong> moral suivi (1,2,5,8,11,15,16,18,23,24,26,27,28,30,34,35,37,40).Lors <strong>des</strong> hospitalisations, l'expéri<strong>en</strong>ce positive <strong>des</strong> par<strong>en</strong>tscompr<strong>en</strong>d plusieurs aspects. <strong>Le</strong>s infirmières permett<strong>en</strong>t aux par<strong>en</strong>tsde se "ressourcer". Un couple fonde sa résistance1 ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>tsur les apports d'une infirmière. Ils insist<strong>en</strong>t sur les notions de véritéCette situation est caractérisée par : longueur de l'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant;nombreuses interv<strong>en</strong>tions chimrgicaIes; s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d'acharnem<strong>en</strong>t thérapeutiqueà certains mom<strong>en</strong>ts; risques de perdre l'<strong>en</strong>fant.


et de souti<strong>en</strong> <strong>en</strong> soulignant leur articulation : "ce qui est trèsimportant, c'est qu'ils te donn<strong>en</strong>t du courage, qu'ils te dis<strong>en</strong>t quec'est la peine et la vérité ! "Notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> service de néonatalogie, de soins int<strong>en</strong>sifs ou depédiatrie (4,34,39), les par<strong>en</strong>ts ont pu profiter d'un climat dedialogue, d'un travail d'équipe, être <strong>en</strong>tourés et associés auxdécisions, <strong>en</strong>couragés; ils se sont s<strong>en</strong>tis suivis et considérés par lepersonnel hospitalier. Particulièrem<strong>en</strong>t pour une mère, le fait d'avoirpu approcher et s'occuper de son <strong>en</strong>fant, à son rythme, a étéfondam<strong>en</strong>tal dans i'établissem<strong>en</strong>t de la relation positive avec le bébé.La recherche de professionnels compét<strong>en</strong>ts participedu processus d'ajustem<strong>en</strong>t familial et se fait au détourd'expéri<strong>en</strong>ces différ<strong>en</strong>tes selon les familles, mais le "bonthérapeute" est toujours, pour les par<strong>en</strong>ts, celui qui allie,aux compét<strong>en</strong>ces techniques, les qualités humainesindisp<strong>en</strong>sables au fondem<strong>en</strong>t de toute relation socialepositive.VIII. LES APPORTS DES INSTITUTIONSVingt-six familles prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>des</strong> as ects bénéfiques del'accompagnem<strong>en</strong>t institutionnel (I.M.P.) P 3,4,9,10,12,13,14,15,17,22,23,24,27,29,31,33,37,38,39), de la contribution d'une gardi<strong>en</strong>neprivée (2,8,9,26,41,42) et de l'intégration de l'<strong>en</strong>fant dansune classe maternelle ordinaire (2,8,35,36,41).Chacune de ces formes de prise <strong>en</strong> charge constitue une ressourcepour les par<strong>en</strong>ts... . . .1. <strong>Le</strong> rôle ~ositif <strong>des</strong> institutions me--nédagoeiaues. .<strong>Le</strong> relais. Parce qu'il favorise un rythme de vie familialequotidi<strong>en</strong> moins stressant, le c<strong>en</strong>tre de jour ou l'internat1 représ<strong>en</strong>teun relais principal (4,9,10,12,15,22,23,24,29,31) : il permet auxpar<strong>en</strong>ts, surtout aux mères, "de souffler", "d'avoir du te~nps" (4,l O),de travailler (10,24) et d'avoir une vie "moins bousculée" (9,101.L'institution apporte une solution au problème de la garde de l'<strong>en</strong>fantp<strong>en</strong>dant les vacances, puis u'il peut être interne durant plus d'unmois s'il le faut vraim<strong>en</strong>t (14Trois situations d'internat.'t .


La possibilité de fréqu<strong>en</strong>ter un c<strong>en</strong>tre à proximité du domicilefamilial a supprimé les difficultés de transport, a diminué la fatigue<strong>des</strong> déplacem<strong>en</strong>ts, a favorisé un rythme de vie familiale plusharmonieux (36).L'appr<strong>en</strong>tissage éducatif globaI. L'action éducative duc<strong>en</strong>tre recouvre plusieurs dim<strong>en</strong>sions : la socialisation; le bi<strong>en</strong>-être,l'épanouissem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant; l'exploration et l'acquisition deconnaissances.Au sein de la classe ou du groupe <strong>des</strong> pairs, "l'<strong>en</strong>fant est bi<strong>en</strong>dans sa peau", "il est heureux", "il se plaît bi<strong>en</strong>" (3,22,23,24,27,31). L'appr<strong>en</strong>tissage quotidi<strong>en</strong> de la vie <strong>en</strong> petit groupeaméliore beaucoup les contacts que l'<strong>en</strong>fant <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ait initialem<strong>en</strong>t. 11se familiarise avec d'autres personnes que la mère, il appr<strong>en</strong>d ladiversité <strong>des</strong> relations avec d'autres adultes et d'autres <strong>en</strong>fantsdiversem<strong>en</strong>t atteints dans leur autonomie motrice (3,22,23,37). Despar<strong>en</strong>ts soulign<strong>en</strong>t deux sources de progrès : l'imitation d'<strong>en</strong>fantsplus avancés et la volonté de dépassem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> processus d'interstimulation<strong>en</strong>tre les <strong>en</strong>fants suscite donc une motivation particulière(3,22). En outre, la vie collective permet d'acquérir une discipline.L'<strong>en</strong>fant est am<strong>en</strong>é à t<strong>en</strong>ir compte de la prés<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> autres (3,37) etest <strong>en</strong> agé dans un horaire, dans une organisation de la journée(15,297. L'aspect du développem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> capacités intellectuelles estimportant :"l'<strong>en</strong>fant appr<strong>en</strong>d". Il est initié à une nouvelle méthode decommunication (~liss)' dans laquelle le par<strong>en</strong>t peut s'inscrire; il faitl'appr<strong>en</strong>tissage de l'outil informatique (3); il s'adonne à d<strong>en</strong>ombreuses activités scolaires telles par exemple celles concernant lesstimulations s<strong>en</strong>sorielles (23,38).<strong>Le</strong> travail thérapeutique et le climat pédagogique. <strong>Le</strong>sprogrès et évolutions liés au suivi thérapeutique pratiqué dans lec<strong>en</strong>tre sont un <strong>en</strong>richissem<strong>en</strong>t pour l'<strong>en</strong>fant et un souti<strong>en</strong> pour lespar<strong>en</strong>ts : développem<strong>en</strong>t de l'autonomie motrice (3,9), utilisationd'un vélo (3), évolution vers la marche (22,23), capacité à dormirseul (29). Des par<strong>en</strong>ts soulign<strong>en</strong>t les compét<strong>en</strong>ces <strong>des</strong> professionnelsde l'institution, notamm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> éducateurs (3,4,9, 29,31). Ceux-cis'intéress<strong>en</strong>t à l'<strong>en</strong>fant ainsi qu'à sa famille (3,10,15,17,23,27,29,31,39). Ils se remett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> question et s'oppos<strong>en</strong>t au simpleCe système symbolique (tableaux d'images) permet un décodage immédiat <strong>des</strong>deman<strong>des</strong> de l'<strong>en</strong>fant qui ne peut accéder à l'expression orale.- 123 -


gardi<strong>en</strong>nage (15). L'aspect agréable et accueillant du c<strong>en</strong>trereprés<strong>en</strong>te un réel <strong>en</strong>couragem<strong>en</strong>t pour une mère qui interprète cet<strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t institutionnel chaleureux - couleurs, jouets pour les<strong>en</strong>fants, ... - <strong>en</strong> tant qu'intérêt porté à l'<strong>en</strong>fant.La fréqu<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> contacts par<strong>en</strong>taux avec l'institution varie selonles familles. <strong>Le</strong>s contacts peuv<strong>en</strong>t être quotidi<strong>en</strong>s (3,23,27,39),hebdomadaires (10,22,17,37), faire l'objet d'un suivi régulier(14,15,22,23,31) ou plus épisodique (4,9,12,13,24,29,33,38). Laqualité <strong>des</strong> contacts et <strong>des</strong> formes d'aide est évoquée par plusieurspar<strong>en</strong>ts : les relations sont estimées globalem<strong>en</strong>t "excell<strong>en</strong>tes" ou"bonnes" sans être explicitées davantage (2,3,10,13,15,24) ; "C'estun c<strong>en</strong>tre exceptionnel " (27) ; "Cette assistante sociale est une perle"(38). Certaines qualités relationnelles sont aussi reconnues : lepersonnel est "rayonnant", "<strong>en</strong>thousiaste" , "pati<strong>en</strong>t" , "dévoué"(1 5,29,3 1). Ces qualités <strong>des</strong> professionnels génèr<strong>en</strong>t parfois uneattitude par<strong>en</strong>tale admirative (15,27,29,31,38).<strong>Le</strong>s contacts positifs avec l'institution sont notamm<strong>en</strong>t liés à lamise au courant du suivi global de l'<strong>en</strong>fant (3,10,22,23,31). <strong>Le</strong>"cahier de li<strong>en</strong> qui circule" quotidi<strong>en</strong>nem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les professiomelset les par<strong>en</strong>ts favorise ce suivi.La place accordée aux par<strong>en</strong>ts dans la vie du c<strong>en</strong>tre est reconnuevalotisante et constitue une source d'aide très importante. Différ<strong>en</strong>tsmo<strong>des</strong> de participation active sont énoncés :- le c<strong>en</strong>tre organise <strong>des</strong> r<strong>en</strong>contres <strong>en</strong>tre par<strong>en</strong>ts, mom<strong>en</strong>tsprivilégiés pour échanger, se connaître, transmettre <strong>des</strong>informations, <strong>des</strong> conseils, aider sur les plans administratifs (14,29,31,33,37,38);- un jour par semaine, le par<strong>en</strong>t peut être prés<strong>en</strong>t dans le c<strong>en</strong>trefavorisant une mise <strong>en</strong> confiance et une meilleure communication(17,22); le c<strong>en</strong>tre permet au par<strong>en</strong>t d'installer l'<strong>en</strong>fant dans laclasse : cet accueil uotidi<strong>en</strong> est ress<strong>en</strong>ti <strong>en</strong> termes de respect durythme du par<strong>en</strong>t (27;- le c<strong>en</strong>tre organise une fête annuelle à l'école : les par<strong>en</strong>ts sont<strong>en</strong>chantés de cette manifestation qui rassemble la famille autour del'<strong>en</strong>fant et l'<strong>en</strong>fant est fier d'être là avec ses par<strong>en</strong>ts (3,lO);- une association de par<strong>en</strong>ts existe au sein de l'institution (31).


Tous ces aspects concour<strong>en</strong>t à r<strong>en</strong>forcer positivem<strong>en</strong>t lecheminem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal. L'appr<strong>en</strong>tissage de l'<strong>en</strong>fant, sonépanouissem<strong>en</strong>t et ses progrès, notamm<strong>en</strong>t grâce au typed'accompagnem<strong>en</strong>t développé dans le c<strong>en</strong>tre, particip<strong>en</strong>t àl'élaboration d'une représ<strong>en</strong>tation positive de l'<strong>en</strong>fant. L'<strong>en</strong>fant estcompét<strong>en</strong>t, il est considéré "comme un <strong>en</strong>fant normal", avec une viescolaire et une vie familiale. L'accueil positif et humain disp<strong>en</strong>sé parle c<strong>en</strong>tre "touche" particulièrem<strong>en</strong>t les mères. Parce que lesprofessionnels s'intéress<strong>en</strong>t à leurs <strong>en</strong>fants et à elles-mêmes, ellestrouv<strong>en</strong>t, dans ces regards chaleureux, courage et souti<strong>en</strong>psychologique réel.3. <strong>Le</strong>s autres t-ypes d'accuDeux autres types d'accueil représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une aide positive :l'<strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t réalisé par les gardi<strong>en</strong>nes privées et par les classesmaternelles dans l'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ordinaire.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts évoqu<strong>en</strong>t une relation de confiance <strong>en</strong>tre eux et lagardi<strong>en</strong>ne privée (41,42) ainsi que l'accompagnem<strong>en</strong>t bénéfique decette personne. Ce relais représ<strong>en</strong>te pour un couple de par<strong>en</strong>ts unepériode clé : ils peuv<strong>en</strong>t réorganiser leur vie, souffler, retrouver unrythme plus vivable (26). En outre, la gardi<strong>en</strong>ne s'intéresse àl'<strong>en</strong>fant, le stimule, "le suit bi<strong>en</strong>" et le prépare à la vie à l'école.Certains <strong>en</strong>fants sont intégrés <strong>en</strong>suite, soit <strong>en</strong> classe maternelle(2,8,41), soit <strong>en</strong> institut médico-pédagogique (9).Du point de vue de l'accueil de l'<strong>en</strong>fant dans les classesmaternelles d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t ordinaire, les par<strong>en</strong>ts ne développ<strong>en</strong>t pasles facettes de ce type d'intégration. Ils émett<strong>en</strong>t lutôt un avis global<strong>en</strong> termes "d'expéri<strong>en</strong>ce positive" (2,8,35,36,414 et m<strong>en</strong>tionn<strong>en</strong>t lefait que ce type d'<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t convi<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> à l'<strong>en</strong>fant ou indiqu<strong>en</strong>tque les "puéricultrices s'occup<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> de l'<strong>en</strong>fant".IX. LE STATUT ECONOMIQUE ET SOCIAL DE LA FAMILLE1. Des ressources financièrpDes par<strong>en</strong>ts indiqu<strong>en</strong>t l'importance <strong>des</strong> ressources financièresdans leur ajustem<strong>en</strong>t à la situation. Une aisance financière globaleconstitue un apport positif pour plusieurs familles : les par<strong>en</strong>tsévoqu<strong>en</strong>t leur situation privilégiée comme étant une <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions


qui favorise la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (22,23,25,27,30,34).Pour d'autres familles, les aspects suivants ont permis d'accéder àun équilibre financier :- le travail <strong>des</strong> deux conjoints (13,18);- la stabilité et la bonne qualité de l'activité professionnelle (30);- l'épargne réalable qui a permis d'assumer les frais hospitaliersélevés


ELEMENTS DE SYNTHESE<strong>Le</strong>s ressources par<strong>en</strong>tales sont réelles ou pot<strong>en</strong>tielles, mobiliséesou mobilisables. Elles concern<strong>en</strong>t toutes les dim<strong>en</strong>sions qui sontinterv<strong>en</strong>ues ou intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t dans les dynamiques d'ajustem<strong>en</strong>tpar<strong>en</strong>tal, tant su. le plan de la découverte du <strong>handicap</strong> que sur le plande l'accompagnem<strong>en</strong>t et de la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant. L'analyse<strong>des</strong> ressources s'articule, de la même façon que celle <strong>des</strong> difficultésr<strong>en</strong>contrees par les familles, dans une perspective interactionniste.L'importance de l'actionAgir, dans la problématique familiale étudiée consiste notamm<strong>en</strong>tà mettre <strong>en</strong> place la dynamique de prise <strong>en</strong> charge thérapeutique etéducative de l'<strong>en</strong>fant. L'action par<strong>en</strong>tale ne se résume cep<strong>en</strong>dant pasà un <strong>en</strong>semble d'activités concrètes et pratiques comme on peut lep<strong>en</strong>ser au premier abord, mais compr<strong>en</strong>d toute une dim<strong>en</strong>sionbeaucoup moins perceptible, celle de l'activité m<strong>en</strong>tale et psychique.Eile s'inscrit dans la dynamique familiale globale. L'id<strong>en</strong>tité sociale,<strong>en</strong> tant que complexe de capitaux mobilisables dans la vie sociale -personnalité, formation et activité professionnelles, philosophie devie, origine culturelle - guide la dynamique d'ajustem<strong>en</strong>t. L'action estperçue <strong>en</strong> termes de pouvoir, celui de faire évoluer positivem<strong>en</strong>t lasituation, de faire progresser l'<strong>en</strong>fant, de r<strong>en</strong>dre la vie quotidi<strong>en</strong>neacceptable. La capacité d'utilisation <strong>des</strong> ressources disponibles, tantpersonnelles, relationnelles qu'institutionnelles, constitue une forceface à la diversité <strong>des</strong> problèmes r<strong>en</strong>contrés.<strong>Le</strong>s apports dominantsDe l'analyse transversale <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, on dégagera quatregran<strong>des</strong> sources d'apports : le couple et la famille, l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é, les solidarités familiales et <strong>sociales</strong> et le champ <strong>des</strong>professionnels de la santé. <strong>Le</strong>s stratégies par<strong>en</strong>tales s'organis<strong>en</strong>t et sestructur<strong>en</strong>t sur base <strong>des</strong> interactions humaines qui se développ<strong>en</strong>t tantà l'intérieur qu'à l'extérieur du cercle domestique. <strong>Le</strong>s ressourcesrnatérielles/financières ont, elles aussi, leur importance.La famille est une valeur c<strong>en</strong>trale dans plusieurs récits. Lacohésion et l'unité domin<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>s relations <strong>en</strong>tre conjoints et avec les


<strong>en</strong>fants sont basées sur l'échange, le souti<strong>en</strong> mutuel et lacomplém<strong>en</strong>tarité. Mais si les motivations paternelles et maternelless'<strong>en</strong>racin<strong>en</strong>t dans la poursuite du projet commun de par<strong>en</strong>talité, levécu <strong>des</strong> pères et celui <strong>des</strong> mères procèd<strong>en</strong>t, par contre, selon lesmilieux familiaux, de logiques id<strong>en</strong>titaires contrastées.L'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é constitue la raison de vivre de nombreuxpar<strong>en</strong>ts. Deux traits remarquables sont à souligner dans le rôle del'<strong>en</strong>fant <strong>en</strong> matière d'ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux à la problématique du<strong>handicap</strong>. <strong>Le</strong> premier est l'amour et l'affection que l'<strong>en</strong>fant offre; lesecond est sa capacité d'évolution. Cette dynamique d'évolutionprogressive sous-t<strong>en</strong>d et nourrit un investissem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal actif etr<strong>en</strong>ouvelé à l'égard de l'<strong>en</strong>fant. La construction <strong>des</strong> interactionspositives par<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fants, r<strong>en</strong>forcées par les réceptivités mutuelles,est à la base <strong>des</strong> processus d'ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux.<strong>Le</strong> flux de solidarité est plutôt vertical que collatéral. <strong>Le</strong>sgrands-par<strong>en</strong>ts maternels sont très prés<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>ur rôle est à la foispratique, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> matière de garde et de surveillance <strong>des</strong><strong>en</strong>fants, et psychologique par l'écoute, la réceptivité et l'aide moralequ'ils disp<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t. En outre, la solidarité est "sexuée". Ce sontess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les femmes, soit les grands-mères ou les tantes del'<strong>en</strong>fant, qui intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t. De nombreuses familles cit<strong>en</strong>t, à <strong>des</strong> titresdivers, les apports <strong>des</strong> membres du réseau social ét<strong>en</strong>du.Lq professionnels de la santé se distingu<strong>en</strong>t très clairem<strong>en</strong>t<strong>des</strong> autres membres du réseau familial et social par le typed'interv<strong>en</strong>tion. <strong>Le</strong>s att<strong>en</strong>tes par<strong>en</strong>tales diverg<strong>en</strong>t selon les pratici<strong>en</strong>smais les qualités humaines et relationnelles sont c<strong>en</strong>trales dans lesdiscours par<strong>en</strong>taux. Au-delà de la compét<strong>en</strong>ce technique, c'est lacompét<strong>en</strong>ce relationnelle et psychologique qui prévaut car, J. Lévyl'indique, il s'agit : "1) de montrer à la mère, a la famille, ce que'peut" I'<strong>en</strong>fant au lieu de ressasser ce qu'il nepeut as ... 2) de faireconfance aux mères : elles ne se tromp<strong>en</strong>t pas (... f 3) de permettreaux par<strong>en</strong>ts de rester ce qu 'ils sont [ ..)". (Lévy, 1989 : 11)L'att<strong>en</strong>te <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts à Tégard <strong>des</strong> professionnels de la santé peut êtreconc<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> un seul terme : Reconnaissance. La reconnaissance<strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces spécifiques du par<strong>en</strong>t et la reconnaissance de lapersonne de I'<strong>en</strong>fant dans son intégrité humaine et non de manièrefragm<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> organes et <strong>en</strong> fonctions, fond<strong>en</strong>t la base de la relationthérapeutique positive.


Un mom<strong>en</strong>t clé : le passage a l'institutionCertains mom<strong>en</strong>ts sont parfois décisifs dans le parcours par<strong>en</strong>tal :tel est le cas, par exemple, du passage de l'<strong>en</strong>fant du domicile àl'institution de jour. Si dans un premier temps, cette perspective estvécue, dans le chef du par<strong>en</strong>t, comme un "abandon", si un chocpsychologique accompagne parfois la première r<strong>en</strong>contre avec lec<strong>en</strong>tre, si l'inscription au c<strong>en</strong>tre spécialisé stigmatise le <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant, les apports de l'institution rest<strong>en</strong>t, néanmoins,fondam<strong>en</strong>taux <strong>en</strong> matière de prise <strong>en</strong> charge spécialisée. D<strong>en</strong>ombreuses familles prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t les aspects bénéfiques del'accompagnem<strong>en</strong>t institutionnel.Des personnes-ressourcesDiffér<strong>en</strong>ts récits mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce, au cours de certaines phases,le rôle déterminant d'une personne, quel que soit son statut, quellesque soi<strong>en</strong>t ses compét<strong>en</strong>ces. Ce peut être le médecin dont l'apport aété fondam<strong>en</strong>tal dans le vécu douloureux de la période <strong>en</strong>tourant ladécouverte de l'infirmité motrice; ce peut être une soeur dont lesavoir-faire et le savoir-être ont décl<strong>en</strong>ché le processus d'attachem<strong>en</strong>tmatemel à l'<strong>en</strong>fant; ce peut être un ami dont l'auth<strong>en</strong>tique prés<strong>en</strong>ce afavorisé le retour vers un épanouissem<strong>en</strong>t matemel personnel; ce peutêtre une infirmière dont le réconfort a permis au par<strong>en</strong>t de dépasserles phases de refus de poursuivre la lutte contre la mort de leur<strong>en</strong>fant. Ce peut être celui - le père, l'ami, le conjoint, le thérapeute -dont la parole a le pouvoir, à elle seule, de r<strong>en</strong>dre la "culpabilitédynamique". Ce peut être, <strong>en</strong>fin, la personne-référ<strong>en</strong>ce prés<strong>en</strong>te dansle souv<strong>en</strong>ir et la mémoire, et dont l'attitude exemplaire reste unmodèle et constitue une puissante force morale.Si la mobilisation <strong>des</strong> ressources par<strong>en</strong>tales reste leprincipe conducteur de l'ajustem<strong>en</strong>t au <strong>handicap</strong>, cetajustem<strong>en</strong>t ne participe ni d'un mouvem<strong>en</strong>t linéaire, nid'un acquis intangible. <strong>Le</strong>s ajustem<strong>en</strong>ts familiaux auxproblèmes de la découverte du <strong>handicap</strong> et de la prise <strong>en</strong>charge de l'<strong>en</strong>fant doiv<strong>en</strong>t être p<strong>en</strong>sés dans la dynamiquetemporelle de phases successives de dépassem<strong>en</strong>t.


Deuxième partie"Il faut que la raison l'emporte"Une maman"L'homme est un point qui vole avec deux gran<strong>des</strong> ailesDont l'une est la p<strong>en</strong>sée et dont l'autre est I'arnozir."Victor Hugo


IDES PROCESSUS D'AJUSTEMENTS FAMILIAUX ('Cette "av<strong>en</strong>ture "personnelle, de couple, cette %v<strong>en</strong>ture "qui <strong>en</strong>globe par<strong>en</strong>ts et <strong>en</strong>fants, ne serait-elle pas celle quitiemhait à reconnaître et à faire reconnaître ce qu'il <strong>en</strong> estde cet <strong>en</strong>fant, de son humanité et, malgré tout, (malgré le<strong>handicap</strong>) de ses ressemblances avec soi ?Dans leurs confrontations duelles avec 1 '<strong>en</strong>fant, lespar<strong>en</strong>ts, individuellem<strong>en</strong>t et <strong>en</strong> couple, vont t<strong>en</strong>ter, toutau long de leur vie de répondre à un doublequestionnem<strong>en</strong>t : cet <strong>en</strong>fant n 'est-il réductible qu'à son<strong>handicap</strong> ? Face a cet <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é comm<strong>en</strong>tpuis -jeme reconnaître ?" (Visier, Mounoud, Roy, 1983 : 83-84)k s processus d'ajustem<strong>en</strong>ts familiaux sont compriscomme le résultat de la r<strong>en</strong>contre dialectique de deux champs, celui<strong>des</strong> difficultés ou problèmes r<strong>en</strong>contrés par les familles et celui <strong>des</strong>ressources par<strong>en</strong>tales.C'est au c<strong>en</strong>tre de cette dialectique que se structur<strong>en</strong>t et seréajust<strong>en</strong>t les stratégies et dispositions par<strong>en</strong>tales fonctionnant <strong>en</strong> tantque "(...)principes générateurs et organisateurs de pratiques et de représ<strong>en</strong>tationsqui peuv<strong>en</strong>t être objectivem<strong>en</strong>t adaptées à leur but sanssupposer la vkée consci<strong>en</strong>te de fins et la maîtrise expresse <strong>des</strong> opérationsnécessairespour les atteindre, (...)." (Bourdieu,l980 : 88)Ces stratégies consci<strong>en</strong>tes ou inconsci<strong>en</strong>tes sont mises <strong>en</strong> oeuvrepar les par<strong>en</strong>ts pour faire face à la situation de <strong>handicap</strong> deleur jeune <strong>en</strong>fant. En effet, selon les multiples problèmes qui sepos<strong>en</strong>t, différ<strong>en</strong>ts recours peuv<strong>en</strong>t être sollicités, différ<strong>en</strong>tesressources peuv<strong>en</strong>t être mobilisées, différ<strong>en</strong>tes stratégies peuv<strong>en</strong>t êtreadoptées.Deux thématiques pos<strong>en</strong>t le problème : la découverte du<strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant et la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é à domicile.Mais, avant d'aborder ces deux thèmes c<strong>en</strong>traux de la secondepartie, précisons l'articulation <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions du modèle conceptuelsur lequel s'élabore notre réflexion.


Figure 4. Modèle conceptuel : dim<strong>en</strong>sions et articulationr--d, ,,-,,,,,-<strong>Le</strong> problème'71 IflIDU JEUNE ENFANT. découverte. diagnostic. ....AUTRES SOURCESDE DIFFICULTES. conjugales. S..L, I-,-- -,-,,,,,I. financières Ir-'---d---- --------<strong>Le</strong>s ressources -71 1' 1 PERSONNELLES 1Dispositions et' pot<strong>en</strong>tialités Interactions Par<strong>en</strong>tèleI conjugales et Réseau socialIIIIIIIIIII/ \ . IAPPORTSAPPORTSI1-NON ttsPE~I~LIsE~lt "SPECIALISES"- I1 Membres de la par<strong>en</strong>tèle ou Professionnels de la santé ,du réseau socialInstitutionsJ' ----,,-,--,-,-,,,-,,,PROCESSUSD'AJUSTEMENT


1. DES STRATEGlES FONDAMENTALESDes stratégies fondam<strong>en</strong>tales émerg<strong>en</strong>t d'une premièreanalyse <strong>des</strong> discours par<strong>en</strong>taux. <strong>Le</strong> caractère fondam<strong>en</strong>tal signifiequ'un processus d'ajustem<strong>en</strong>t transc<strong>en</strong>de les ajustem<strong>en</strong>ts partiels quijalonn<strong>en</strong>t les parcours familiaux. Une logique domine et préside lerécit du ou <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts. Elle se dégage <strong>des</strong> réponses explicites ouimplicites fournies à l'interrogation récurr<strong>en</strong>te tout au long del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et dont l'objectif est de cerner ce qui, <strong>en</strong>vers etcontre tout, aide a faire face, à affronter, à surmonter,non seulem<strong>en</strong>t les problèmes pratiques quotidi<strong>en</strong>s maisaussi le problème ess<strong>en</strong>tiel qui est de voir, jour aprèsjour, son <strong>en</strong>fant <strong>en</strong> situation de <strong>handicap</strong>.Une figure c<strong>en</strong>trale émerge et, avec elle, un principe moteurguide la dynamique familiale.Quatre types de stratégies familiales ont été id<strong>en</strong>tifiés. Cetteorganisation <strong>des</strong> données s'élabore selon un axe défini par leschercheurs et qui, dans ce cas, est celui de la dynamiqueinteractive familiale.Si la typologie organise, elle fige, <strong>en</strong> contrepartie, la réalitécomplexe et mouvante du social. Ainsi importe-t-il de r<strong>en</strong>dre comptede cette complexité <strong>en</strong> distinguant différ<strong>en</strong>ts mom<strong>en</strong>ts dans lesparcours par<strong>en</strong>taux et <strong>en</strong> considérant les glissem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tre les typesret<strong>en</strong>us. Si certaines familles épous<strong>en</strong>t fidèlem<strong>en</strong>t l'une de ces quatrepositions, d'autres évolu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre ces stratégies selon les thématiquesde l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>. En outre, rappelons que le discours du par<strong>en</strong>t esttoujours construit à un mom<strong>en</strong>t précis dans le temps, celui del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.<strong>Le</strong>s quatre types de stratégie id<strong>en</strong>tifiés sont : la stratégiepersonnelle, la stratégie duelle, la stratégie domestique et la stratégieextra -muros.La repose sur une seule personne, souv<strong>en</strong>t lamère. Malgré la perman<strong>en</strong>ce de l'auto-référ<strong>en</strong>ce dont le principe estde "ne compter que SUP. soi-même", cette stratégie du "Je" sestructure selon <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de comportem<strong>en</strong>ts et <strong>des</strong> systèmes devaleurs différ<strong>en</strong>ts selon les personnes.


La met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce un couple. <strong>Le</strong> plusfréquemm<strong>en</strong>t il s'agit du couple conjugal; ce peut être aussi uncouple "mère - grand-mère" par exemple. <strong>Le</strong>s capacités d'ajustem<strong>en</strong>tet d'adaptation se concrétis<strong>en</strong>t <strong>en</strong> écho avec l'autre. La réciprocité etla complicité sont à la base d'un souti<strong>en</strong> continu dans la perspectived'un projet commun.La s t r a t w rassemble tous les membres de lamaisonnée à savoir les par<strong>en</strong>ts et leurs <strong>en</strong>fants, le plus souv<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong>"nous" domine et r<strong>en</strong>d compte d'une force c<strong>en</strong>tripète. La valeur"famille" est dominante, la place <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants est c<strong>en</strong>trale.La se distingue <strong>des</strong> trois types précéd<strong>en</strong>tspar l'importance <strong>des</strong> ressources extérieures à la famille restreinte. <strong>Le</strong>support d'autrui, dont le visage varie, constitue le garant duprocessus d'ajustem<strong>en</strong>t.Figure 5. Quatre types de stratégies par<strong>en</strong>tales d'ajustem<strong>en</strong>tTypes <strong>des</strong>tratégiesElém<strong>en</strong>ts du processus d'ajustem<strong>en</strong>tFIGURE PERCEPTION PRINCIPECENTRALE DOMINANTE MOTEUR1.Personnelle2.Duelie3.Domestique4.Extra-murosLa mère "Je" Comptersur soiUn couple "Toi" Se sout<strong>en</strong>irmutuellem<strong>en</strong>t<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts et "Nous" Etre tousleurs <strong>en</strong>fants<strong>en</strong>sembleLa par<strong>en</strong>tèle, "Elle / Lui" Avoir le suplesautres "Eux" port d'autrui


1. -ter sur soiCette stratégie repose sur la personnalité dominante d'un par<strong>en</strong>t,la mère. Ces mères, qui trouv<strong>en</strong>t leur énergie <strong>en</strong> elles-mêmes pourgérer la situation imposée par le <strong>handicap</strong> de leur <strong>en</strong>fant, secaractéris<strong>en</strong>t par une "nature battante" et un "caractère volontaire".<strong>Le</strong> conjoint apparaît ici, dans le discous <strong>des</strong> mères, comme étant"abs<strong>en</strong>t de la partie" soit que son état psychologique dépressif ou "samaturité d'<strong>en</strong>fant" ne lui permett<strong>en</strong>t pas souv<strong>en</strong>t d'assumer son rôlepaternel dans ses multiples dim<strong>en</strong>sions, soit qu'il s'adonne à <strong>des</strong>activités extérieures telles qu'"il n 'est jamais à la maison ".Cette stratégie maternelle du "compter sur soi" ne signifie pas,pour autant, l'abs<strong>en</strong>ce d'ai<strong>des</strong> extérieures. Au contraire, les mèress'<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t de personnes-ressources telles que <strong>des</strong> amis qui gard<strong>en</strong>tles <strong>en</strong>fants, <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>ants médico-sociaux qui assur<strong>en</strong>t le suivi del'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts qui apport<strong>en</strong>t un souti<strong>en</strong> moral.E.1 "Et quand vous avez ces mom<strong>en</strong>ts d'angoisse qu'estcequi vous aide à surmonter, à faire face ?"M. "Ce n 'est pas le fait de croire <strong>en</strong> Dieu, je nly croispas.Ce n'est pas mon mari, ça c'est sûr.Malheureusem<strong>en</strong>t, je dirais. C'est probablem<strong>en</strong>t le fait <strong>des</strong>e dire que ça va passer, j'essaie de me dire que ça vapasser, bon, j'ai appris aussi. J'essaie de p<strong>en</strong>serpositivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> me disant ... j'essaie de retourner lequotidi<strong>en</strong> <strong>en</strong> positG ... év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t, je téléphone àune de mes cousines."E. "En fait, c'est surtout de l'énergie que vous avez <strong>en</strong>vous ?l'M." Mais de toute façon 1 'aide ne peut pas vous v<strong>en</strong>ir de1 'extérieur, <strong>en</strong>fin, très dsfficilem<strong>en</strong>t parce que les autresont leursproblèmes et de toute façon ils sont étrangem auproblème, ils ne peuv<strong>en</strong>t pas l'rmaginer ... Finalem<strong>en</strong>t ona une énergie qu'on découvre dans ces mom<strong>en</strong>ts-là, on abeaucoup plus d'énergie qu'on ne croyait ... Il fautessayer d'abord de s'<strong>en</strong> sortir et quand ça ne va pas,accepter qu'on a besoin d'aide'!Chaque extrait est précédé d'une initiale : M = mère, P = père, E = <strong>en</strong>quêtrice.Tous les prénoms repris dans les citations sont fictifs.- 137 -


Dans cette partie du discours maternel (non repris intégralem<strong>en</strong>tici), la mère se c<strong>en</strong>tre finalem<strong>en</strong>t sur elle-même <strong>en</strong> tant que premièresource d'énergie à découvrir. Elle n'exclut cep<strong>en</strong>dant pas le recours,à certains mom<strong>en</strong>ts, à diverses formes d'aide tant sur le plan matérielqu'affectif ou psychologique. Une référ<strong>en</strong>ce aux divers thérapeutesest aussi perman<strong>en</strong>te dans l'<strong>en</strong>semble de l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>.La stratégie du "compter sur soi" participe d'une dynamiqued'introspection et de construction de soi qui s'inscrit dans unephilosophie de vie et parfois dans un processus de transmissionintergénératiomelle.E. "Pourriez-vous expliquer ce qui permet de vous <strong>en</strong>sortir ?"M. "Ily a beaucoup de choses, ily a bon le tempéram<strong>en</strong>tcertainem<strong>en</strong>t, le caractère, parce que j'ai été élevéecomme ça, j'avais un père hyper-battant aussi et donc,quoi qu'il arrive, il faut avancer, il faut avoir le sourire, ilfaut trouver les solutions pour remédier à toutes lessituations, mais ça bon, c'est le milieu familial,l'éducation, le tempéram<strong>en</strong>t, mais je crois qu'ily a aussi<strong>en</strong> tout cas pour ma art, une foi. ""c..) Ce sont (aussi 7 <strong>des</strong> personnes clés par le souv<strong>en</strong>iret par ce qu'ils ont été.. ils m 'apport<strong>en</strong>t beaucoup parceque ce sont <strong>des</strong> images que j'ai et qui rest<strong>en</strong>tperman<strong>en</strong>tes. "Enracinée dans une histoire familiale, cette attitude par<strong>en</strong>talepositive à faire face représ<strong>en</strong>te une valeur à transmettre à l'<strong>en</strong>fant :"Moi j'ai dit, je veux qu'il s'<strong>en</strong> sorte, qu'il ait uncaractère suffiamm<strong>en</strong>t trempé pour pou voir faire faceaux situations. "2. Se sou- mutyellem<strong>en</strong>t - Etre tous <strong>en</strong>sembleCes deux stratégies repos<strong>en</strong>t sur l'idée d'union, de communiondans un même état d'esprit. La famille, comme projet et valeurfondam<strong>en</strong>tale, constitue le bastion de la dynamique visant à faire faceà la situation de <strong>handicap</strong>. Selon les façons de vivre la conjugalité et


la par<strong>en</strong>talité, le couple ("Toi") et la famille ("Nous") sont tour àtour valorisés.E. "Qu'est-ce qui vous a aidé à faire face au problème deLuci<strong>en</strong> ?"M."Toi ..."P. "On était deux. On voulait <strong>en</strong> sortir ... "E. "Qu'est-ce qui vous a le plus aidé dans votre capacitéà sumonter ?"M. "La famille. Nous, <strong>en</strong>tre nous"E. "Au s<strong>en</strong>s restreint ?"M. "Oui, oui, juste nous. <strong>Le</strong> seul souti<strong>en</strong> qu'on a, quemoi j'ai ret<strong>en</strong>u. Et les médecins autour de nous ... On atoujours combattu à trois dans le fond.On a toujours ététrès sout<strong>en</strong>us nous trois <strong>en</strong>semble ... On s'est retrouvéseul (après l'annonce du problème de l'<strong>en</strong>fant) mis j<strong>en</strong>e sais pas qui aurait pu nous aider ... A ce mom<strong>en</strong>t làpersonne hein ? (ton interrogateur ori<strong>en</strong>té vers le mari)Onétait nous autres <strong>en</strong>semble et puis c'était tout quoi. Jecrois que nous, nous, notre famille même, ça nous a aidébeaucoup. Nous trois. On a toujours été très liés et çanous a ressoudés <strong>en</strong> plus. '"Dans ce dernier cas, on perçoit clairem<strong>en</strong>t le problèmefondam<strong>en</strong>tal - le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant - auquel personne ne peutremédier, et la logique première d'ajustem<strong>en</strong>t exprimée par l'usagerépété du "Nous". Dans un second temps, cette stratégie du "Nous"se r<strong>en</strong>force avec les apports <strong>des</strong> spécialistes : "les professionnelsautour de nous". Ainsi par exemple, face aux convulsions del'<strong>en</strong>fant, aux opérations à réaliser, c'est l'apport positif du médecinde famille qui domine par son souti<strong>en</strong> et sa prés<strong>en</strong>ce effective.Des traits spécifiques nuanc<strong>en</strong>t et diversifi<strong>en</strong>t les dynamiques <strong>des</strong>olidarité intra-familiale.L'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te mutuelle, le souti<strong>en</strong> moral et le projetcommun : plus que la prise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative del'<strong>en</strong>fant, c'est l'acceptation partagée de la situation qui importe dansla dynamique conjugale et familiale.


M." On a toujours eu <strong>en</strong>vie d'avoir <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants et d'<strong>en</strong>être responsable. "M. "Toujours <strong>en</strong>tre nous deux on fait ça, heureusem<strong>en</strong>tu'on a su faire ça (parler-dialoguer) parce que .., Lui9 conjoint), un jour qu'il était dépressij moi j'avais lemoral, je le remontais ; le l<strong>en</strong>demain c'était moi, et c'étaitlui qui me remontait comme ça on s'est toujours bi<strong>en</strong> ...P. .. . accrochés. "M.et P. "Quand ily <strong>en</strong> a un qui a un coup de cafard, onessaye par tous les moy<strong>en</strong>s nous autres de faire passer.On parle d'autre chose, on se fait passer 1 'un 1 'autrequoi. "<strong>Le</strong>s capacités respectives <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts : être deux à dét<strong>en</strong>irune formation et <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>ces médicales r<strong>en</strong>force les capacités àfaire face aux problèmes posés par le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant.P. "C'est nous qui nous sommes démerdés "E. "Et comm<strong>en</strong>t vous êtes-vous démerdés ?"P."C1est inexplicable, quand j'avais besoin d'uneinformation, j'ai été la chercher là où il fallait, c'est <strong>des</strong>capacités propres à nous, de nous débrouiller c'est vraique ma formation m 'a beaucoup aidé, c'est certain ... "<strong>Le</strong>s apports extérieurs, réseau de par<strong>en</strong>té ou réseau social,structur<strong>en</strong>t et r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t la perman<strong>en</strong>ce du faire face par<strong>en</strong>tal.E. " Votre force vous la t<strong>en</strong>ez d'où ?"M."Vraim<strong>en</strong>t <strong>des</strong> g<strong>en</strong>s autour de moi, pour moi c'estvraim<strong>en</strong>t le plus important, je me dis, si je n'avais pastous les jours, bon quand Brkitte (l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>ée)r<strong>en</strong>tre de la crèche ma mère, ma soeur (<strong>en</strong> visite lors del'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong>) ou n'importe qui, qui est cont<strong>en</strong>t de voirBrigitte et qui ne fait,que confrmer que vraim<strong>en</strong>t cettepetite elle vaut la peine de vivre, eh bi<strong>en</strong>, ... et j'ai cetteconfirmation tous les jours, j'ai cette force que d'autresme donn<strong>en</strong>t. "


<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts cherch<strong>en</strong>t la reconnaissance de l'<strong>en</strong>fant par l'autre.<strong>Le</strong>urs besoins d'être reconnus positivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tant que par<strong>en</strong>ts, <strong>des</strong>ortir d'une logique de la culpabilité, d'obt<strong>en</strong>ir la confirmation que lalutte dans la vie quotidi<strong>en</strong>ne n'est pas vaine, trouv<strong>en</strong>t réponse dansl'interaction avec l'autre, médecin, kinésithérapeute, par<strong>en</strong>t, ami, oules autres, voisins, membres de la société.Dans cette analyse du principe moteur de la dynamique del'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal au <strong>handicap</strong>, il peut paraître surpr<strong>en</strong>ant de nepas avoir accordé une place à l'<strong>en</strong>fant. Deux raisons peuv<strong>en</strong>t êtreavancées. La première est que l'<strong>en</strong>fant atteint d'un <strong>handicap</strong> est aucoeur du problème et qu'il est le premier souti<strong>en</strong> <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts, leurraison de vivre et de se battre. Un volet a été consacré, dans lechamp <strong>des</strong> ressources par<strong>en</strong>tales, aux apports de l'<strong>en</strong>fant dans lesinteractions par<strong>en</strong>tales et familiales. La seconde raison est que p<strong>en</strong>serla place de l'<strong>en</strong>fant dans le processus de l'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal revi<strong>en</strong>tà considérer la dynamique de l'acceptation, processus psychologiquecomplexe dont l'analyse approfondie s'écarte de notre champ deréflexion. Seuls, quelques réseaux de significations sont esquissésdans le cadre de cette lecture sociologique.II. L'ENFANT ... HANDICAPELa problématique d'acceptation du <strong>handicap</strong> recouvre deuxdim<strong>en</strong>sions fondam<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes bi<strong>en</strong> qu'extrêmem<strong>en</strong>tproches : l'acceptation de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é et l'acceptation du<strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant.Cette distinction est au c<strong>en</strong>tre de la révolte de la mère d'Eva :M. "Non non, accepter jamak, moi je n'accepteraijamais, on n'accepte jamah ça, mettez ça hors de votretête ... Il n'y a pas une personne qui accepte, de voir son<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é devant soi toute sa vie ... Cecheminem<strong>en</strong>t ? Qu'est-ce qui a fait ? C'est de voirqu 'elle est aimable ma fille et que moi aussi je parvi<strong>en</strong>s à2 'aimer et ce n 'est qu 'à travers ça qu 'on peut accéder àune adïnksion petit à petit comme ça, mais on n 'acceptejamais ... On me voit bi<strong>en</strong> vivre avec Eva et on se ditti<strong>en</strong>s elle a accepté. ..maW. sachez que tous les jours c'estune lutte, tous les joum je vois ses mouvem<strong>en</strong>ts tordus ettous les jours je vois qu 'elle ne sait ri<strong>en</strong> faire ; mais tous


les jours aussi je vok quand même qu 'elle fait cette petitechose et c'est ça qui me fait. vivre, et c'est ça qui me faitprogresser mak ne me demandez pas comm<strong>en</strong>t elle seradans vingt ans, moi je ne veux pas y p<strong>en</strong>ser ... "Dans cette étude, la question de l'acceptation de l'<strong>en</strong>fant estimplicite puisqu'elle constitue son fondem<strong>en</strong>t : l'accompagnem<strong>en</strong>tfamilial et la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant à domicile. Dans le contextequi nous occupe, la signification de l'acceptation de l'<strong>en</strong>fant reposesur plusieurs principes fondateurs pour les par<strong>en</strong>ts.Tout d'abord, l'<strong>en</strong>fant est une valeur. Cette valeur transparaîtau détour de nombreux discours, elle est exprimée <strong>en</strong> <strong>des</strong> termes lesplus singuliers :E. "Quelles sont les choses importantes pour vous ?"M. "Maude, c'est très important, mes filles c'est le plusimportant, pour moi, c'est vital. "P. "... pour dire ce qui nous a vraim<strong>en</strong>t poussés pourêtre positg ?Moi je p<strong>en</strong>se toujours que du mom<strong>en</strong>t qu'il était sur cettetable, tu t'attaches directem<strong>en</strong>t, tu veuxplus le perdre dèsle mom<strong>en</strong>t ou tu l'as, tu 1 I'aimes, c'est à toi. "P. "Tout me plaît chez Khadija moi je 1 'aime bi<strong>en</strong>, c'estma fille, ckst mon sang. C'est norrnalpukque ton sang,tu cherches toujours après. Si elle a mal, tu as mal. "L'<strong>en</strong>fant est un profond souti<strong>en</strong>. L'<strong>en</strong>fant r<strong>en</strong>force lescapacités par<strong>en</strong>tales à faire face à la vie de tous les jours.M." Parce que je me dis il faut qu'il ait tout et puis, <strong>en</strong>même temps, lui, il ne l'a pas voulu, quoi. Il ne 1 'a pasvoulu, c'est là qu'il faut 1 'aider un maximum. "M. et P." Parce qu'elle nous donne une leçon decourage. '"


M. " Tout bébé c'est une gamine qui a toujours rigolé,souri, très joyeuse, très gaie et vraim<strong>en</strong>t bon, il suflïaitque j'aie le moral à zéro, je la voyak sourire c 'étaitfini,je me dkak "on y arrivera toutes les deux'! "L'<strong>en</strong>fant est un choix et être mère est un devoir. Lamaman de Nicolas a choisi de consacrer sa vie à son <strong>en</strong>fant ; sontemps est <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t "sacrifié" à la prise <strong>en</strong> charge complète de sonfils poly<strong>handicap</strong>é, si bi<strong>en</strong> que chaque activité non directem<strong>en</strong>tc<strong>en</strong>trée sur lui donne l'impression, à cette mère, de "voler du temps àson <strong>en</strong>fant " :" Je fais mon devoir, ce que j'estime être mon devoir,j'essaie de le faire avec le plus de dignité, de consci<strong>en</strong>cepossible. "<strong>Le</strong> s<strong>en</strong>s de l'acceptation de l'<strong>en</strong>fant apparaît bi<strong>en</strong> sûr dansl'évocation <strong>des</strong> échanges affectifs qui sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les relationsmère-<strong>en</strong>fant :" Je le pr<strong>en</strong>ds dans mes bras et je pr<strong>en</strong>ds ses petitesmains dans mes mains et je donne le biberon et après onfait câlin c'est-à-dire que je le garde sur mon v<strong>en</strong>tre oudans mes bras p<strong>en</strong>dant une heure ... c'est tous les soirs. "Cette thématique a aussi soulevé la question du li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le désird'<strong>en</strong>fant et l'acceptation : Du désir d'<strong>en</strong>fant à l'acceptation ?Une idée de s<strong>en</strong>s commun rapidem<strong>en</strong>t échafaudée établirait que :plus l'<strong>en</strong>fant est désiré, plus les par<strong>en</strong>ts éprouverai<strong>en</strong>t <strong>des</strong> difficultésà accepter que cet <strong>en</strong>fant soit <strong>handicap</strong>é, compte t<strong>en</strong>u du fait qu'un<strong>en</strong>fant désiré, hautem<strong>en</strong>t idéalisé, serait d'autant plus décevant qu'ilserait porteur d'une défici<strong>en</strong>ce. <strong>Le</strong>s difficultés à faire le deuil et àinvestir cet <strong>en</strong>fant différ<strong>en</strong>t et inatt<strong>en</strong>du <strong>en</strong> serai<strong>en</strong>t amplifiées.Au vu de l'analyse <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, ce raisonnem<strong>en</strong>t réducteur perdsa pertin<strong>en</strong>ce. Loin de constituer un frein dans la dynamique del'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal, le désir d'<strong>en</strong>fant semble r<strong>en</strong>forcer uninvestissem<strong>en</strong>t positif et constructif sur le plan del'accompagnem<strong>en</strong>t. <strong>Le</strong> désir d'<strong>en</strong>fant est prés<strong>en</strong>t dans le processus"d'acceptation" de plusieurs par<strong>en</strong>ts, qu'il s'agisse <strong>des</strong> pères ou <strong>des</strong>mères.


M."A ce mom<strong>en</strong>t-là (annonce) mon mari réagissait bi<strong>en</strong>,il voyait positiJT c'était un <strong>en</strong>fant voulu et cette idée lesout<strong>en</strong>ait. "Lorsque les par<strong>en</strong>ts insist<strong>en</strong>t sur leur désir d'<strong>en</strong>fant, <strong>des</strong>circonstances particulières sont aussi prés<strong>en</strong>tes : l'âge avancé <strong>des</strong>par<strong>en</strong>ts, les antécéd<strong>en</strong>ts de fausse couche, le recours à la procréationartificielle, .. .Dans sa dynamique visant à faire face, une mère met au premierplan son désir d'<strong>en</strong>fant et la surv<strong>en</strong>ue de cet <strong>en</strong>fant tant att<strong>en</strong>du :"Je crois que je n'aurais jarnuis pu t<strong>en</strong>ir le coup si cet<strong>en</strong>fant n 'avait pas été désiré. C'est un <strong>en</strong>fant désiré quej'att<strong>en</strong>dak depuis <strong>des</strong> années qui était att<strong>en</strong>du par monmari etpar moi Bon, il était Ià et j'étais bi<strong>en</strong> décidée del'accepter quel qu'il soit et quoi qu'il veuille dev<strong>en</strong>ir,j'étais ouverte à tout. Je voulak cet <strong>en</strong>fant pour lui-mêmemak à fond et globalem<strong>en</strong>t. Mais je me dis qu 'un <strong>en</strong>fantqui n'a pas été désiré, qui tombe comme ça dans unefamille et qui pose <strong>des</strong> problèmes comme ça. Tout lemonde se scandalise de voir <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts qui laiss<strong>en</strong>t <strong>des</strong><strong>en</strong>fants dans <strong>des</strong> c<strong>en</strong>tres.Je trouve ça abominablem<strong>en</strong>tcruel pour l'<strong>en</strong>fant mais humainem<strong>en</strong>t parlant, c'estquelque chose de tellem<strong>en</strong>t dur, qui demande une telleabnégation et un tel sacrifice que je ne sais pas si j<strong>en</strong> 'avais pas voulu cet <strong>en</strong>fant, je ne crois pas que j'auraisété capable de le faire non plus. Je ne crois pas, parceque il a vraim<strong>en</strong>t fallu r<strong>en</strong>oncer à tout ce qui me fakait lesplaisirs de la vie. Tout, tout, tout, absolum<strong>en</strong>t tout ! "Une autre mère exprime ce li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre désir d'<strong>en</strong>fant et acceptation :"... de toute façon, moi je vous dis, moi je lui avais faitune promesse que je ne l'abandonnerais jamais, ell<strong>en</strong>'était même pas <strong>en</strong>core née. Parce qu'<strong>en</strong> fait, elle, jel'ai vraim<strong>en</strong>t voulue, mon mari aussi. ... Je crois quec'est un choix : ou bi<strong>en</strong> vous l'acceptez et vous essayezde faire pour que ça tourne bi<strong>en</strong> pour tout le monde, oubi<strong>en</strong> pas et la vie estplus pénible pour tout le monde. "


2. <strong>Le</strong> s<strong>en</strong>s de la non-acc-on du handicibr> de l'<strong>en</strong>fantLa question de l'acceptation du <strong>handicap</strong> ne se pose pasisolém<strong>en</strong>t.D'abord, elle est relative à la culture : le <strong>handicap</strong> est unphénomène social. Ensuite, elle est relative à l'homme : le <strong>handicap</strong>peut être vécu comme une atteinte à l'intégrité humaine. A ces titres,le <strong>handicap</strong> n'exclut ni la souffrance physique, ni la souffrancemorale, et comporte toujours le risque de l'exclusion sociale. C'est<strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s que, pour la plupart <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>contrés, il esthumainem<strong>en</strong>t inacceptable.Pour quelques autres par<strong>en</strong>ts, par contre, l'acceptation du<strong>handicap</strong> est intégrée dans les principes fondateurs d'une éthiquereligieuse d'obédi<strong>en</strong>ce chrétie~e ou musulmane.La question de l'acceptation du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant dép<strong>en</strong>d doncde la représ<strong>en</strong>tation par<strong>en</strong>tale du <strong>handicap</strong> laquelle s'inscrit dansl'histoire de vie personnelle, familiale, culturelle et sociale <strong>des</strong>par<strong>en</strong>ts.Cette question peut être rec<strong>en</strong>trée autour du thème del'accompagnem<strong>en</strong>t : est-il possible de dégager une relation <strong>en</strong>tre levécu du <strong>handicap</strong> et la prise <strong>en</strong> charge thérapeutique et éducative ?<strong>Le</strong> refus du <strong>handicap</strong>-différ<strong>en</strong>ce implique une décision et uneattitude thérapeutique de base chez les par<strong>en</strong>ts; ils décid<strong>en</strong>t de faire,par exemple, "tom les traitem<strong>en</strong>ts" qu'on leur propose :M. "Il y a une chose extrêmem<strong>en</strong>t importante, c'est que j<strong>en</strong>'ai jamais et je n'accepterai jamais, je n 'accepte pas queNoémie soit <strong>handicap</strong>ée, ça c'est un fait certain, c'est unechose que je n'accepte pas, je ne veux pas non plusfermer le yeux et dire que ça n 'existe pas, ce n'est pas ça,mais <strong>en</strong> ce s<strong>en</strong>s que je veux tout faire pour qu'elle <strong>en</strong>sorte. "C'est ainsi que, tout <strong>en</strong> ne croyant pas trop, dans un premiertemps, à l'efficacité de la kinésithérapie, ces par<strong>en</strong>ts ont cep<strong>en</strong>dantaccepté la proposition de traitem<strong>en</strong>t du pédiaîre :" ... puisqu'au départ, on avait dit on fera tout ce qui estnécessaire pour Noémie. "


En outre, ces par<strong>en</strong>ts opt<strong>en</strong>t pour <strong>des</strong> principes éducatifs ori<strong>en</strong>tésvers l'autonomie et l'indép<strong>en</strong>dance :"... nous n'avons jamais considéré Noémie comme<strong>handicap</strong>ée et nous ne 1 'avons jamais prke <strong>en</strong> pitié parceque c'est la pire <strong>des</strong> choses, elle a toujours dû sedébrouiller, tout bébé, ... On a été <strong>en</strong>vers et contre touttoujours, toujours, toujours, quel que soit l'horaire, ... ,fatigués ou pas, on a été, donc on ne l'a jamais prke <strong>en</strong>pitié et il n'estpas question qu'on comm<strong>en</strong>ce maint<strong>en</strong>ant,d'ailleurs je crois qu'avec le caractère qu'elle a, elle nel'accepterait pas. "Dans la dynamique de prise <strong>en</strong> charge, le par<strong>en</strong>t ne nie pas le<strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant. Il le reconnaît mais n'accepte pas que ce<strong>handicap</strong> constitue un frein au développem<strong>en</strong>t physique,psychologique et social de l'<strong>en</strong>fant. C'est lorsque le <strong>handicap</strong> devi<strong>en</strong>tcritère de discrimination et l'<strong>en</strong>fant victime d'un rejet social, qu'unemère réagit de façon énergique :"Et c'est vrai que je n'ai jamais eu de problème etmaint<strong>en</strong>ant que je veux la mettre à l'école, je suisconfrontée à la méchanceté et on vi<strong>en</strong>t me dire que j'aiune petite fille <strong>handicap</strong>ée, qu'on ne peut pas la méhngeravec d'autres <strong>en</strong>fants parce que c'estpréjudiciable pourles autres ... et bi<strong>en</strong> ça, c'est une chose que je n'acceptepas et que je n'accepterai jamais ! Et je me battrai pourqu'il <strong>en</strong> soit autrem<strong>en</strong>f, ça c'est certain ... ! "La maman de Vinciane est consci<strong>en</strong>te du problème mais refuse deparler publiquem<strong>en</strong>t et ouvertem<strong>en</strong>t de <strong>handicap</strong>; elle refuse, elleaussi, de voir sa fille stigmatisée comme "<strong>handicap</strong>ée". Elles'exprime donc <strong>en</strong> disant :''Pour moi elle ne l'est pas (<strong>handicap</strong>ée), non, elle a unproblème ... "ou <strong>en</strong> répondant à une mère qui l'interroge sur le <strong>handicap</strong> de sa fille :


"... mak elle n'est absolum<strong>en</strong>t pas <strong>handicap</strong>ée, elle a unpetitproblème (difficultés motrices de la main et du pied)c'est tout, ça s 'arrangera avec le temps. '"Ce refus du <strong>handicap</strong>, dev<strong>en</strong>u synonyme de différ<strong>en</strong>ce etd'anormalité, mobilise cette mère et ori<strong>en</strong>te ses démarches auprès dediffér<strong>en</strong>ts thérapeutes; ce qui <strong>en</strong>traîne un changem<strong>en</strong>t de thérapeutelorsque les améliorations ne sont pas manifestes et une recherche dediscours thérapeutiques qui r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t l'idée que l'<strong>en</strong>fant progresseOU sera "comme tout le monde".M. 'Ye ne le vokplus (orthopédiste), je vaisy retourner,j'y vak quand j'<strong>en</strong> ai <strong>en</strong>vie, jly suis retournée cet hiver,je crois que je vas y retourner parce que je voudrais bi<strong>en</strong>qu'il revoie sa main, j'aime bi<strong>en</strong> le voirparce que lui medit s'il y a <strong>des</strong> progrès, si ça va mieux . .. "'Y1 m'a dit : mol) je vak le faire (opérer) et votre fille,elle aura un pied comme tout le monde à 100 %, je vousle garantk. "Ici, les résultats de la pratique médicale ont confirmé le discoursdu médecin et par là-même ont consolidé la confiance maternelle àl'égard de ce thérapeute :M.'YJ'ai trouvé un orthopédiste, c'est vraim<strong>en</strong>t un géniece type, je suis ravie de lui, il a fait une opération qui aduré quatre heures ... et elle marche tout à faitnormalem<strong>en</strong>t c'est une opération vraim<strong>en</strong>t merveilleuse. "La démarche thérapeutique et éducative dont un <strong>des</strong> premiersobjectifs est de "neutraliser" ou "réparer" le <strong>handicap</strong> trouve sonorigine, <strong>en</strong> partie, dans l'attitude discriminante d'autrui qui est vécueavec beaucoup de véhém<strong>en</strong>ce par le par<strong>en</strong>t.Ces propos prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l'aspect multiple <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>tales <strong>en</strong>matière d'accompagnem<strong>en</strong>t thérapeutique et éducatif ainsi que lesdiffér<strong>en</strong>ts mo<strong>des</strong> d'investissem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong> contexte de ladécouverte du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant contribue àp<strong>en</strong>ser ces processusd'ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux.


III. DES PARCOURS PARENTAUX FACE A LA DECOUVERTEDU HANDICAP<strong>Le</strong> processus de découverte de l'infirmité motrice d'originecérébrale <strong>en</strong>globe continûm<strong>en</strong>t trois dynamiques complexes quiinterfèr<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre elles : la surv<strong>en</strong>ue d'une défici<strong>en</strong>ce, la découverte du<strong>handicap</strong> par les par<strong>en</strong>ts et l'annonce médicale.La découverte du <strong>handicap</strong> est inhér<strong>en</strong>te au développem<strong>en</strong>t globaldu jeune <strong>en</strong>fant : le <strong>handicap</strong> transparaît par étapes successives quicorrespond<strong>en</strong>t aux sta<strong>des</strong> d'évolution psychomotrice.Dans l'analyse <strong>des</strong> discours par<strong>en</strong>taux, deux thématiquesprédomin<strong>en</strong>t : la découverte par<strong>en</strong>tale du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant, d'unepart, et d'autre part, l'annonce médicale c'est-à-dire "toutes parolesui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t spéczper aux par<strong>en</strong>ts que leur <strong>en</strong>fant est <strong>handicap</strong>é"9 Visier et al., 1983 : 225). Ces deux phénomènes vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t s'inscriredans les dynamiques interactives au sein du couple par<strong>en</strong>tal et <strong>en</strong>treles par<strong>en</strong>ts et les professionnels de la santé.1. m u sde découverteAu cours d'une phase initiale, l'observation de difficultés dansl'évolution du bébé va constituer, pour les par<strong>en</strong>ts, le point d'ancragedu processus de découverte. Ce processus procède d'actes concretssous-t<strong>en</strong>dus par l'activité m<strong>en</strong>tale et psychique1 du par<strong>en</strong>t quirecherche une piste étiologique, qui établit <strong>des</strong> li<strong>en</strong>s avec lesconditions d'accouchem<strong>en</strong>t ou de naissance, qui observe et comparel'<strong>en</strong>fant aux autres <strong>en</strong>fants de l'<strong>en</strong>tourage familier, qui questionne lesprofessiomels de la santé. Qu'il s'agisse du discours maternel faceaux professionnels ou du discours au sein même de la famillerestreinte et, dans quelques cas, au niveau du contexte familialélargi2, ce discours existe et s'élabore au sujet du <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant et autour de lui.II(...) dissocier l'activité m<strong>en</strong>tale de l'activité psychique : l'activité psychiqueattribue aux événem<strong>en</strong>ts qui nous <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t <strong>des</strong> valeurs afectives t.3; l'activitém<strong>en</strong>tale crée <strong>des</strong> représ<strong>en</strong>tations de ces événem<strong>en</strong>ts et établit <strong>en</strong>tre eux <strong>des</strong>liaisons de s<strong>en</strong>s dont le psychkme peut bénéficier (...)" (Decerf, 1987 : 250)La mère qui découvre évoque les difficultés de S<strong>en</strong>fant. Des échanges positifsou diverg<strong>en</strong>ts ont lieu <strong>en</strong>tre les par<strong>en</strong>ts; dans quelques cas, un grand-par<strong>en</strong>t ouun membre de la par<strong>en</strong>tèle peut aussi ponctuellem<strong>en</strong>t participer à la découverte.


<strong>Le</strong> par<strong>en</strong>t "auteur" de la découverte, c'est-à-dire le par<strong>en</strong>t actif et leplus att<strong>en</strong>tif au développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant, est le plus souv<strong>en</strong>t lamère.M. '!A partir du mom<strong>en</strong>t où je voyak qu 'il n 'évoluait pasau niveau moteur, qu'il restait calé à un stade qui n'étaitpas norinul, et bon, ilpleurait beaucoup et je me suis dit -on voyait vraim<strong>en</strong>t que c'était un bébé qui était très maldam sapeau alors que - il était, <strong>en</strong>tre ses crises, il étaittrès souriant : c'est un bébé qui a souri très vite, à deuxmois il souriait, il me reconnaissait, il savait même rireaux éclab, et quand ilpleurait, je me disais vraim<strong>en</strong>t quece n'était pas de la comédie et que c'était vraim<strong>en</strong>tquelque chose qui ... "E. "Est-ce que vous avez eu l'impression que votre<strong>en</strong>fant avait m l ? "M. "Oui, oui, c'estpour ça - mon mar4 lui croyait qu'ilfakait de la comédie, parce que comme le pédiatre disaitqu'il n 'avait ri<strong>en</strong> et qu 'il était plus difficile qu'un autre,qu'il fallait le lakserpleurer. -Alors, la nuit, mon mari medisait "ne te lève plus, laisse-le pleurer" et un jour, j'aiessayé de le laisserpleurer, et il hurlait tellem<strong>en</strong>t que jeme suis levée, et je voyais bi<strong>en</strong> : il s '<strong>en</strong>dormait dans mesbras et tout d'un coup, comme ça, il sautait <strong>en</strong> l'aircomme si il avait une décharge électrique, et ça je me suisdit : ce n'est pas m'<strong>en</strong>fant dpicile ou simplem<strong>en</strong>tcapricieux, c'est vraim<strong>en</strong>t un problème. "La découverte par<strong>en</strong>tale du <strong>handicap</strong> est spécifique à chaquepar<strong>en</strong>t au sein du couple. Des différ<strong>en</strong>ces se marqu<strong>en</strong>t et seremarqu<strong>en</strong>t dans les parcours par<strong>en</strong>taux concernant la relationprécoce à l'<strong>en</strong>fant. Ces différ<strong>en</strong>ces, soit gard<strong>en</strong>t un statut dediffér<strong>en</strong>ces "gérables" et assimilables au coeur du couple, soit, danscertains cas, sont source de diverg<strong>en</strong>ces et sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t alors unepériode brève ou longue de difficultés.


La découverte par<strong>en</strong>tale procède par séqu<strong>en</strong>ces. Troisséqu<strong>en</strong>ces distinctes mais interdép<strong>en</strong>dantes ont été discernées : laséqu<strong>en</strong>ce d'inquiétude, la séqu<strong>en</strong>ce de recherche et la séqu<strong>en</strong>ce deconcrétisation.L'inquiétude : les par<strong>en</strong>ts, plus fréquemm<strong>en</strong>t les mères,remarqu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> manifestations particulières (pleurs int<strong>en</strong>ses, raideurmusculaire, . . .) ou press<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t "quelque chose" sans bi<strong>en</strong>compr<strong>en</strong>dre ce qui se passe chez l'<strong>en</strong>fant. Ces constats induis<strong>en</strong>tassez rapidem<strong>en</strong>t un questionnem<strong>en</strong>t ou une inquiétude. La mère deGilles, par exemple, évoque la progression de sa découverte <strong>des</strong>difficultés :M. '54u début, Gilles était un bébé très facile, bon, ilbuvait régulièrem<strong>en</strong>t, il domtait comme un bébé tout à faitnormal, et puis il a comm<strong>en</strong>cé à être dzj7cile et à pleurercomme ça, sans raison, et je me disais mais <strong>en</strong>fin,comm<strong>en</strong>t ça se fait que ce petit bébé pleure et a l'air d'êtrevraim<strong>en</strong>t mal dans sa peau, j'avais eu un abcès au seinquand je l'ai allaité et j'avak dû arrêter brusquem<strong>en</strong>td'allaiter, après un mois d'allaitem<strong>en</strong>t - et on avait dûpasser tout de suite du lait maternel au lait artflciel - et jem'étais dit est-ce que c'est ça, est-ce qu'il réagit mal aupassage du lait maternel au lait artzjïciel, et j'avaisl'impression qu'il se t<strong>en</strong>dait et que c'était <strong>des</strong> coliques -parce que M. (soeur aînée de Gilles) m'avait fait <strong>des</strong>coliques aussi - alors bon, j'<strong>en</strong> ai parlé au pédiatre, on achangé les laits, ça allait un petit peu - <strong>en</strong>fin j'avaisl'impression que ça allait un petit peu mieux, mais çan 'allaitpas : il continuait toujours à se t<strong>en</strong>dre, à pleurer, etmoi je liais toujours ça au biberon puisque à ce mom<strong>en</strong>t-G, il était <strong>en</strong>core petit et je ne le voyais que p<strong>en</strong>dant que jelui donnais à manger etpuk il retournait au lit, et alors ilpleurait souv<strong>en</strong>t, et il se réveillait quand même souv<strong>en</strong>t lanuit, il était dev<strong>en</strong>u vraim<strong>en</strong>t très d&5cile, et à ce mom<strong>en</strong>tlà,il était quand même souv<strong>en</strong>t malade, il faisait souv<strong>en</strong>t<strong>des</strong> rhumes, <strong>des</strong> otites, etc., et puk à quatre mois j'aicomm<strong>en</strong>cé à me dire qu'il n'évoluaitpas bi<strong>en</strong> au niveaumoteur, bon, il aurait dû ... "E. "Vous remarquiez quoi, par exemple ?"


M. "Mais, qu 'il ne cornm<strong>en</strong>çaitpas à t<strong>en</strong>ir sa tête, qu 'il necomm<strong>en</strong>çait pas à pousser sur ses bras pour se redresser,il avait toujours l'air calé avec ses bras derrière, il nesavait pas ram<strong>en</strong>er ses bras vers l'avant, et souv<strong>en</strong>t, jel'observais dans son lit et je me disais - mais <strong>en</strong>@, il neparvi<strong>en</strong>tpas à ram<strong>en</strong>er ses bras vem l'avant et on voyaitqu'il voulait le faire) et puis bon, il a réussi à se tournerdu v<strong>en</strong>tre sur le dos, alors là je me suk dit bon, peut-êtrequ'il est plus l<strong>en</strong>t."La recherche : les mères cherch<strong>en</strong>t à compr<strong>en</strong>dre, B savoirvraim<strong>en</strong>t ce qui se passe. La recherche active et la compréh<strong>en</strong>sion <strong>des</strong>mères sont nourries par leur savoir au sujet de l'<strong>en</strong>fant. A ce savoirprofane et incontournable, <strong>des</strong> comaissances médicales liées à uneformation professionnelle s'ajout<strong>en</strong>t, qui permett<strong>en</strong>t de repérer plusf acilern<strong>en</strong>t les difficultés de l'<strong>en</strong>fant.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts comm<strong>en</strong>c<strong>en</strong>t à consulter pédiatres et spécialistes.Durant cette période, les médecins t<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t souv<strong>en</strong>t d'apaiser lespar<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> expliquant par exemple que "certains <strong>en</strong>fants sont plusl<strong>en</strong>ts ou plus calmes que d'autres", ou étant donné la prématurité dubébé, que "le retard moteur constaté est normal". Il y a un "nonaffolem<strong>en</strong>t" médical assez généralisé malgré l'empressem<strong>en</strong>t decertains par<strong>en</strong>ts à <strong>en</strong> savoir plus.M. Il..., un bébé : il avait 3 kg 200 - 51 cm - donc c 'étaitun bébé tout à fait bi<strong>en</strong> portant - alors à 5 mois) là ça acomm<strong>en</strong>cé à m 'inquiéter parce qu'il a comm<strong>en</strong>cé à faire<strong>des</strong> crises d'épilepsie <strong>en</strong> fait, il avait un mouvem<strong>en</strong>t <strong>des</strong>on bras, de son oeil et de sa tête toujours du même côté,quifilait vers le côté, et là ça m'a alarmée, je me suis ditque ce n'était pas normal. Donc jusque lày le pédiatr<strong>en</strong>'avait ri<strong>en</strong> remarqué chez Thierry.E "Malgré les slgnes dont vous luiparliez ? ne pas savoirappuyer sur ses mains, etc. ?M."Oul: bon, il dkait que Thiewy était lus l<strong>en</strong>t, et quec'était un garçon et que M. (soeur aînée 7 était peut-êtreplus avancée parce que c'était une fille, c'est souv<strong>en</strong>t ceque les pédiatres dis<strong>en</strong>t dans ces cas-là."La ligne de conduite médicale est qu'"il faut att<strong>en</strong>dre, être pati<strong>en</strong>t".Au cours de cette séqu<strong>en</strong>ce de recherche, la question de la


econnaissance médicale du discours maternel apparaît de façonprédominante. En effet, <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts qui cherch<strong>en</strong>t à savoir setrouv<strong>en</strong>t face à <strong>des</strong> professionnels "qui ne sav<strong>en</strong>t pas", "qui nepeuv<strong>en</strong>tpas <strong>en</strong>core savoir" ou peut-être "qui ne veul<strong>en</strong>tpas direH.lLa concrétisation : cette séqu<strong>en</strong>ce correspond, dans la majorité<strong>des</strong> cas, à la r<strong>en</strong>contre avec un neuropédiatre dans un contextehospitalier. L'hospitalisation ou la consultation spécialisée peutaboutir à un diagnostic ou à une annonce progressive marquéed'incertitude médicale.<strong>Le</strong>s modalités de l'annonce sont variables et suscit<strong>en</strong>t dansnombre de situations <strong>des</strong> difficultés. Dans d'autres cas, uneconfirmation médicale du <strong>handicap</strong> apporte un soulagem<strong>en</strong>t car ellereprés<strong>en</strong>te une reconnaissance médicale tant att<strong>en</strong>due qui permet aussila mise <strong>en</strong> route ou le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t de l'accompagnem<strong>en</strong>tthérapeutique de l'<strong>en</strong>fant (kinésithérapie, admission dans un c<strong>en</strong>trespécialisé, ... ) .Au cours de cette période, les par<strong>en</strong>ts pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t consci<strong>en</strong>ce, nonplus d'un problème, mais bi<strong>en</strong> du fait que l'<strong>en</strong>fant est <strong>handicap</strong>é.Cette prise de consci<strong>en</strong>ce peut être partielle ou plus globale et surtoutapparaître de manière très singulière.M. "Mais je dois dire que moi j'ai tout de suite vul'ampleur - de la nouvelle (annonce médicale), tandis quemon mari, lui n) a pas cru - il n 'a pas réalisé, il n 'a pasvoulu réaliser tout de suite, que son fils avait unproblème. Pour lui Gilles était tout à fait noml, et il nevoyaitpas dans 1 'av<strong>en</strong>ir ce que ça pouvait donner, tandkque moi, bon, je me suis vraim<strong>en</strong>t r<strong>en</strong>due compte tout <strong>des</strong>uite que Gilles n'allait pas évoluer normalem<strong>en</strong>t, etqu'on allait vraim<strong>en</strong>t avoir dur - et mon mari, lui, sepersuadait que Gilles n'avait ri<strong>en</strong> et qu'il allait êtrecomme un <strong>en</strong>fant tout à fait normal. "De ces trois séqu<strong>en</strong>ces transparaît la dynamiqueeffective <strong>en</strong>tre découverte par<strong>en</strong>tale et annonce médicale.cf. <strong>Le</strong> champ <strong>des</strong> interactions <strong>sociales</strong> avec les professionnels de la santé(Typologie <strong>des</strong> difficultés et champ <strong>des</strong> ressources par<strong>en</strong>tales).- 152 -


L'analyse transversale <strong>des</strong> tr<strong>en</strong>te-neuf <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s permet dediscerner deux gran<strong>des</strong> t<strong>en</strong>dances dans les processus dedécouverte par<strong>en</strong>tale du <strong>handicap</strong> : soit la découverte par<strong>en</strong>taleprécède toute annonce médicale du <strong>handicap</strong> (26 situations sur 39);soit une annonce médicale du <strong>handicap</strong> précède la découvertepar<strong>en</strong>tale (12 situations sur 39)l.Ces deux t<strong>en</strong>dances sont analysées successivem<strong>en</strong>t et complétéespar une prés<strong>en</strong>tation <strong>des</strong> données de base relatives à l'accouchem<strong>en</strong>t,à la naissance, et aux hospitalisations. En effet, ces mom<strong>en</strong>ts sontnotamm<strong>en</strong>t à l'origine d'inquiétu<strong>des</strong> maternelles ou intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tdans les hypothèses étiologiques <strong>des</strong> problèmes de l'<strong>en</strong>fant. Ilsconfront<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts à l'annonce médicale du <strong>handicap</strong> et, <strong>en</strong> cela,constitu<strong>en</strong>t donc <strong>des</strong> phases décisives et inoubliables pour lespar<strong>en</strong>ts.Dans cette t<strong>en</strong>dance (26/39), les découvertes par<strong>en</strong>tales peuv<strong>en</strong>têtre structurées sur base de trois critères : le mom<strong>en</strong>t d'ancrage duprocessus de découverte par<strong>en</strong>tale, l'exist<strong>en</strong>ce d'une séqu<strong>en</strong>cedégagée de toute inquiétude par<strong>en</strong>tale ou l'abs<strong>en</strong>ce d'une telleséqu<strong>en</strong>ce et la surv<strong>en</strong>ue ou non d'une période d'hospitalisation del'<strong>en</strong>fant. Ces élém<strong>en</strong>ts définiss<strong>en</strong>t trois phases initiales dedécouverte par<strong>en</strong>tale qui précèd<strong>en</strong>t l'annonce médicale : ladécouverte in utero, la découverte dès la naissance et <strong>en</strong>fin, ladécouverte néonatale, postnatale ou tardive, mais précédée d'unepériode dégagée de toute inquiétude par<strong>en</strong>tale.Dans une famille, la situation d'adoption n'a pas confronté les par<strong>en</strong>ts àl'annonce médicale et au processus de découverte initial tel que décrit et précisédans ce texte.


Figure 6.Trois phases initiales de découverte par<strong>en</strong>taleprécédant l'annonce médicalePhase de découverte+ Hospitalisation dès la+in uteronaissance1Hospitalisation dès laaissancePhase dedécouverte dèsnaissance,y comprisPas d'hospitalisationPhase dedécouvert<strong>en</strong>éonatale,postnatale outardive1 précedéed'une périodedégagée de touteinquiétudepar<strong>en</strong>tale2Hospitalisation dès laaissanceHospitalisation au2ème année de viePas d'hospitalisationNbnatal = avant trois moisPostnatal = <strong>en</strong>tre trois mois et douze moisTardive = après douze moisDans ces situations, aucune difficulté n'est apparue aux par<strong>en</strong>ts autour de lanaissance ou au cours <strong>des</strong> premiers mois de vie de l'<strong>en</strong>fant, même si l'<strong>en</strong>fant aconnu une phase d'hospitalisation <strong>en</strong> néonatalogie.


Ce tableau met <strong>en</strong> relation les découvertes par<strong>en</strong>tales et lesindications concernant les types de naissance.Tableau 8. Découvertes par<strong>en</strong>tales et types de naissancegrossesse gémellaireossesses gémellairest 3 accouchem<strong>en</strong>tsvertespar<strong>en</strong>talesNéonataleTardiveTotal :25* 126Césari<strong>en</strong>nes5dont 3 césari<strong>en</strong>nesdites "à problèmes"1césari<strong>en</strong>ne dite"à problèmesn25PrématUr6 A terme Post-- < 7 m./ ~7 m. terme1 2 2 -1 - - -4 6 14 1* Pas d'information concernant le type de naissance dans un cas.- 155 -


Dans ce tableau, les découvertes par<strong>en</strong>tales sont mises <strong>en</strong> relationavec les pério<strong>des</strong> d'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fant.Tableau 9. Découvertes par<strong>en</strong>tales et pério<strong>des</strong> d'hospitalisationDécouvertespar<strong>en</strong>talesLPério<strong>des</strong> d'hospitalisationNéonatalogie Au cours de Au cours de(y.wmpris la l & année ~ la 2hesejour <strong>en</strong> de vie annéedeviecouveuse)Pasd ' h os pi -talisati<strong>en</strong>In utero1(dwk indeterminée)- --NeonatalePos t -nat-aleTardive8 8 1(duréevariant <strong>en</strong>tre variant <strong>en</strong>tre1 mois 112 et 8 jours et 33 mois 112) mois)- - 11 - -(couveusedurant 2mois 112)24-Total : 2610 8 26La grande majorité <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants ont été hospitalisés (20126) etplusieurs <strong>en</strong>fants ont connu plus d'un séjour hospitalier.


<strong>Le</strong>s trois phases initiales de découverte par<strong>en</strong>taleprécédant l'annonce médicale se caractéris<strong>en</strong>t par lesdéveloppem<strong>en</strong>ts suivants,1. Découverte in uteroDans une seule famille, l'inquiétude maternelle débute in utero(grossesse gémellaire). La mère s<strong>en</strong>t qu'un .<strong>des</strong> foetus "ne bougepas " ou "très peu ". Aucune investigation médicale prénatale n'est<strong>en</strong>gagée étant donné les risques <strong>en</strong>courus par les interv<strong>en</strong>tions inutero et vu les antécéd<strong>en</strong>ts maternels de fausse couche. La naissanceest suivie d'une période d'hospitalisation au cours de laquelle leprocessus maternel de découverte se poursuit.Un processus d'annonce néonatale laisse <strong>en</strong>trevoir un problèm<strong>en</strong>eurologique qui se confirme, pour la mère, vers le huitième mois devie de l'<strong>en</strong>fant.2. Découverte dès la naissance<strong>Le</strong>s récits par<strong>en</strong>taux <strong>des</strong> découvertes néonatales (14126) indiqu<strong>en</strong>tque le processus de découverte trouve son origine dans un complexede circonstances et de situations difficiles relatives :- aux antécéd<strong>en</strong>ts de fausse (s) couche(s) ;- aux conditions de grossesse ayant, par exemple, nécessité unrepos complet ou une hospitalisation maternelle dès le cinquièmemois de grossesse;- aux contextes pénibles de naissance1 : accouchem<strong>en</strong>ts prématurés,avec dans un cas de naissance gémellaire, décès d'un bébé;césari<strong>en</strong>ne difficile; accouchem<strong>en</strong>t précipité et dans de mauvaisesconditions relationnelles <strong>en</strong>tre la mère et l'obstétrici<strong>en</strong>; ou <strong>en</strong>core,contexte de souffrance foetale, anoxie, difficultés respiratoires oucardiaques, hémorragie cérébrale, etc.;- aux problèmes clairem<strong>en</strong>t visibles du nouveau-né dès la naissanceou dans les premiers jours de vie.<strong>Le</strong>s conditions de grossesse, d'accouchem<strong>en</strong>t et de naissance sont décrites defaçon variable et parfois imprécise par les mères, par conséqu<strong>en</strong>t c'est l'aspectglobal et non détaillé qui permet d'établir les catégories décrites.


Ces états de détresse du nouveau-né ont impliqué le plus souv<strong>en</strong>t<strong>des</strong> interv<strong>en</strong>tions <strong>en</strong> service de soins int<strong>en</strong>sifs (intubation,réanimation, . ..) ou <strong>en</strong> néonatalogie.<strong>Le</strong>s découvertes néonatales peuv<strong>en</strong>t être conjuguées avec une ouplusieurs phases d'hospitalisation.Hospitalisation dès la naissance : la phase d'hospitalisation<strong>en</strong> néonatalogie, compr<strong>en</strong>ant parfois une période <strong>en</strong> couveuse,couvre une période d'un mois et demi à trois mois et demi, au coursde laquelle certaines difficultés du nouveau-né s'affirm<strong>en</strong>t aux yeux<strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts, sans être pour autant confirmées par les spécialistes qui<strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant.Pour les huit <strong>en</strong>fants ayant connu une hospitalisation précoce, unseul processus d'annonce médicale néonatale a eu lieu. <strong>Le</strong>sdécouvertes du père et du médecin sont simultanées. Il s'agit d'unesituation de naissance dans laquelle le <strong>handicap</strong> est visible : <strong>des</strong>malformations cervicales accompagn<strong>en</strong>t une paralysie faciale.P. "Je p<strong>en</strong>se que c'était (l'accouchem<strong>en</strong>t) vers 3-4heures, bon moi évidemm<strong>en</strong>t, j'ai tout de suite comprisqu'ily avait quelque chose qui n'allaitpas"E. "Pourquoi avez-vous comprk ça ... qu 'est-ce qui vousa indiquéça ?"P. "Elle avait un <strong>en</strong>céphalocèle qui était bi<strong>en</strong> visible,c'était quand même une petite masse tumorale au niveaudu cervelet, donc j'ai tout de suite compris qu'ily avaitquelque chose qui n 'allaitpas, ça fait un choc, hein ... "En ce qui concerne les autres découvertes par<strong>en</strong>tales néonatales,elles se poursuiv<strong>en</strong>t progressivem<strong>en</strong>t et se r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t après le retourdu nourrisson à la maison.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts continu<strong>en</strong>t de consulter pédiatrek) et neuropédiatre(s)qui procèderont ultérieurem<strong>en</strong>t à <strong>des</strong> annonces postnatales et tardives.Hospitalisation au cours de la première ou deuxièmeannée de vie : les processus maternels de découverte début<strong>en</strong>t à lapériode néonatale. A l'issue du séjour <strong>en</strong> maternité, le nouveau-néaccompagne sa mère à la maison. C'est après quelques mois, que lebébé est hospitalisé, soit parce que <strong>des</strong> convulsions apparaiss<strong>en</strong>t, soitparce que la mère est confrontée à <strong>des</strong> difficultés alim<strong>en</strong>taires(régurgitations importantes), respiratoires (bronchites aiguës ou


chroniques) ou motrices. Face à ces difficultés, les mères demand<strong>en</strong>talors une observation médicale approfondie.Lorsqu'il y a hospitalisation durant la première ou deuxièmeannée de vie de l'<strong>en</strong>fant, <strong>des</strong> éIém<strong>en</strong>ts de diagnostic médicalsont donnés au(x) par<strong>en</strong>t(s) prés<strong>en</strong>t(s) : agénésie du corps calleux,hémiplégie, cytomégalovirus avec <strong>handicap</strong>s associés, . . .Aucune hospitalisation : les deux processus de découvertespar<strong>en</strong>tales concernés ici trouv<strong>en</strong>t aussi leur point d'ancrage dans lapériode <strong>en</strong>vironnant la naissance de l'<strong>en</strong>fant et se poursuiv<strong>en</strong>t lors duretour du nouveau-né à la maison. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts sont confrontés à <strong>des</strong>difficultés d'évolution et à <strong>des</strong> manifestations "bizarres" de l'<strong>en</strong>fant.<strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts consult<strong>en</strong>t plusieurs médecins et spécialistes : c'est "latournée <strong>des</strong> spécialistes". <strong>Le</strong>s annonces médicales ont été,respectivem<strong>en</strong>t, postnatale et tardive.3. Découverte précédée d'une période dégagée de touteinquiétude par<strong>en</strong>taleDans le cadre de ces découvertes néonatale, postnatale ou tardive,le trait principal consiste dans le fait qu'une période dégagée de touteinquiétude précède le processus de découverte du <strong>handicap</strong> (11situations sur 36). Parmi ces parcours, trois situations de naissanceont été exprimées <strong>en</strong> termes de difficultés très importantes :césari<strong>en</strong>ne urg<strong>en</strong>te (<strong>en</strong>fant prématuré et de très petitnaissances difficiles (circulaires, anoxie, détresse respiratoire poids) . Bi<strong>en</strong>que ces naissances ai<strong>en</strong>t été problématiques, les par<strong>en</strong>ts affirm<strong>en</strong>tqu'aucune difficulté n'est apparue au cours <strong>des</strong> premiers mois et qu'iln'ont eu aucune inquiétude quant au développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant .Cette période sans difficulté manifeste chez l'<strong>en</strong>fant couvre unedurée de deux à sixlsept mois et dans un cas, d'une année. Danscette dernière situation, bi<strong>en</strong> que le nouveau-né prématuré ait connuun séjour <strong>en</strong> néonatalogie durant deux mois et demi, les par<strong>en</strong>ts n'ontpas vécu d'inquiétude lorsque l'<strong>en</strong>fant est r<strong>en</strong>tré à la maison :"l'<strong>en</strong>fant était bi<strong>en</strong>". C'est seulem<strong>en</strong>t vers un an que <strong>des</strong> difficultésmotrices (marche) se sont affirmées et ont décl<strong>en</strong>ché le processus dedécouverte par<strong>en</strong>tale. L'annonce médicale du <strong>handicap</strong> moteur a eulieu lorsque l'<strong>en</strong>fant est âgé de deux ans.Dans les huit autres situations, aucune inquiétude ou difficultén'accompagne les conditions de naissance ou le retour à la maison.


Pour l'<strong>en</strong>semble de ces familles, ce n'est qu'au cours de leurpremière ou deuxième année de vie, que les <strong>en</strong>fants connaiss<strong>en</strong>t aumoins une hospitalisation. <strong>Le</strong>s raisons de ces hospitalisationsconcern<strong>en</strong>t la surv<strong>en</strong>ue de fortes convulsions ou l'émerg<strong>en</strong>ce dedifficultés de développem<strong>en</strong>t. Face à ces situations, les mères exig<strong>en</strong>tune période d'observation médicale approfondie. Dans l'<strong>en</strong>semble deces séjours hospitaliers, un diagnostic est amorcé. <strong>Le</strong>s annonces sontdonc postnatales ou tardives et souv<strong>en</strong>t marquées d'incertitudemédicale quant à l'évolution ultérieure de l'<strong>en</strong>fant.Dans un cas particulier, c'est une opération chirurgicale qui est àl'origine d'une défici<strong>en</strong>ce chez l'<strong>en</strong>fant. La découverte maternelle estpost-opératoire : la mère constate que "l'<strong>en</strong>fant ne suit plus <strong>des</strong>yeux", qu'"il n'a plus sa tonicité ". Suit alors une annonce médicalequi révèle <strong>des</strong> séquelles cérébrales comme conséqu<strong>en</strong>ce du chocopératoire (arrêt cardiaque).Dans le dernier cas de figure, les <strong>en</strong>fants n'ont pas connud'hospitalisation et la découverte par<strong>en</strong>tale survi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre le quatrièmeet le septième mois. L'annonce médicale a lieu au cours d'uneconsultation spécialisée. Respectivem<strong>en</strong>t, les annonces sontpostnatales ou tardives. Elles concern<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>handicap</strong>s de gravitésdiffér<strong>en</strong>tes.Dans toutes ces situations familiales, le processus de découverteest amorcé par le par<strong>en</strong>t (séqu<strong>en</strong>ces d'inquiétude et de recherche).L'annonce médicale vi<strong>en</strong>t alors s'inscrire dans ce processus dedécouverte par<strong>en</strong>tale (séqu<strong>en</strong>ce de concrétisation). Selon les cas defigure prés<strong>en</strong>tés, cette annonce peut être néonatale, postnatale ou plustardive, et se prés<strong>en</strong>ter dans le cadre d'une hospitalisation de l'<strong>en</strong>fantou lors de consultations spécialisées.La figure ci-contre prés<strong>en</strong>te le décalage temporel <strong>en</strong>tre le début dela découverte par<strong>en</strong>tale et l'annonce médicale du <strong>handicap</strong>.Dans beaucoup de situations, un décalage temporel important (deplusieurs mois) existe <strong>en</strong>tre le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t de la découvertepar<strong>en</strong>tale de "quelque chose qui ne va pas" et le discours médical quiannonce une défici<strong>en</strong>ce ou une "maladie inconnue".Cet écart <strong>en</strong>tre découverte par<strong>en</strong>tale et annonce médicale estsurtout important dans les situations de découverte néonataleauxquelles correspond<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> annonces postnatales ettardives, d'une part, et d'autre part, dans les situations de


découvertes postnatales auxquelles correspond<strong>en</strong>t <strong>des</strong> annoncesmédicales tardives.Figure 7. Comparaison chronologique <strong>en</strong>tre les découvertespar<strong>en</strong>tales du <strong>handicap</strong> et les pério<strong>des</strong> d'annonce médicale-Dès la naissance : PDès la naissance ou dans lespremiers jours de vie : 14Indéterminée : 3Enûe huit jours et trois mois.- Postnatale : 4Entre trois et douze moisrès douze mois de vie : 1-7


<strong>Le</strong> décalage temporel est inhér<strong>en</strong>t à l'incertitudemédicale. Cette incertitude, propre à l'établissem<strong>en</strong>t detout diagnostic médical, vi<strong>en</strong>t aussi structurer lesinteractions <strong>en</strong>tre les médecins et les par<strong>en</strong>ts.La compréh<strong>en</strong>sion objective de ce décalage repose surle fait que <strong>des</strong> observations, pourtant significatives pourles mères et rapportées <strong>en</strong> tant que telles aux médecins,sont régulièrem<strong>en</strong>t estimées insuffisantes sur le planclinique et n'aid<strong>en</strong>t pas à poser un diagnostic. De plus, laprématurité du jeune <strong>en</strong>fant est souv<strong>en</strong>t avancée par lespédiatres <strong>en</strong> tant que première hypothèse médicalelorsqu'un retard moteur est constaté.Ce décalage temporel acquiert un caractèreproblématique lorsqu'il s'inscrit dans <strong>des</strong> interactions<strong>sociales</strong> marquées notamm<strong>en</strong>t par un manque dereconnaissance : " (...) aucun acte médical impliquant unpati<strong>en</strong>t ne peut être considéré comme insignzpant ou toutà fait ordinaire. Sous leur surface sci<strong>en</strong>izpque, les acteset événem<strong>en</strong>ts médicaux interfèr<strong>en</strong>t avec la conditionhumaine <strong>des</strong> pati<strong>en</strong>ts, de leurs proches et <strong>des</strong>professionnels médicaux eux-mêmes." (Fox, 1988 : 17-18)Cette première t<strong>en</strong>dance circonscrit les situations de découvertepar<strong>en</strong>tale lorsqu'elles précèd<strong>en</strong>t l'amonce médicale du <strong>handicap</strong>.L'approche qui suit prés<strong>en</strong>te les situations dans lesquelles l'annoncemédicale du <strong>handicap</strong> précède le processus de découverte par<strong>en</strong>tale.S- : A-dant tout-mLorsque l'annonce médicale précède toute découvede familiale(12 situations sur 39), elle est le plus souv<strong>en</strong>t néonatale (9/12).Elle débute dès la naissance ou au cours du séjour du nouveau-né <strong>en</strong>néonatalogie ou <strong>en</strong> pédiatrie. Deux autres "temps" d'annonce


médicale sont aussi répertoriés : les annonces aux sta<strong>des</strong> in uteroet postnatal.Précisons que les annonces au stade in utero, au cours d'uneconsultation avec support échographique, révèl<strong>en</strong>t dans un cas, unemicrocéphalie accompagnée d'un pronostic de décès probable del'<strong>en</strong>fant à la naissance, et dans le second cas, un retard decroissance. La seule annonce postnatale rapportée indique l'exist<strong>en</strong>ced'un cytomégalovirus.Figure 8. Pério<strong>des</strong> d'annonce médicale précédant toutedécouverte par<strong>en</strong>taleIn utero 1Pério<strong>des</strong>d'annoncemédicaleavant toutedécouvertepar<strong>en</strong>taleINéonatale. Annonce à la naissance. Annonce autour de la naissance, dans leshuit premiers jours de vie. Annonce <strong>en</strong>tre huit jours et trois moisde viePostnataleQuel que soit le mom<strong>en</strong>t de l'annonce, lorsque l'annoncemédicale précède la découverte par<strong>en</strong>tale, la parole médicale quiévoque ou nomme le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant provoque un effetd'étonnem<strong>en</strong>t total. L'annonce médicale vi<strong>en</strong>t s'inscrire dansl'insoupçonné, l'inconcevable et l'imp<strong>en</strong>sable jusque-là :M."Jusqulà quatre mois, il ne s'était ri<strong>en</strong> passé ... C'estça qui est (un sil<strong>en</strong>ce) <strong>en</strong>Jn, je crok que ça doit être durquand un <strong>en</strong>fant naît anormal, mak quand il a été normulet puk que ça arrive, c'est atroce quoi."<strong>Le</strong>s d0~ées suivantes concern<strong>en</strong>t les conditions d'accouchem<strong>en</strong>tet de naissance ainsi que les pério<strong>des</strong> d'hospitalisation de l'<strong>en</strong>fantdans ces cas (12/39).


Tableau 10. Pério<strong>des</strong> d'annonce médicale et types de naissancePério<strong>des</strong> d'annoncemédicaleIn uteroNéonatale. à la naissance. autour de lanaissance, 8premiers jours. <strong>en</strong>tre 8 jours et 3moisPostnatalePério<strong>des</strong> d'annoncemédicaleNéonatale. autour de lanaissance, 8premiers jours. <strong>en</strong>tre 8 jourset 3 moisTotal : 12Types de naissanceAccouchem<strong>en</strong>ts par voies naturellesPrématuré A t<strong>en</strong>ne Post-terme57m. 27m.- 1 1 -- 1 2 1~chem<strong>en</strong>îs 20 jours plusdits "difficiles" tard- - 1 -grossessegémellaire- - 1 -accouchem<strong>en</strong>tdit "à probièmes"- - 1 -Césari<strong>en</strong>nesPrématuré A terme Post-terme57m. 27m.1 - 1 -cés. dite&S. dite"à problèmes" "à problèmes"1 - - -&S. dite"à problèmes"2 2 7 1


Tableau 11. Pério<strong>des</strong> d'annonce médicale et pério<strong>des</strong>d'hospitalisationNéonatalogie Au cours de


Concernant les situations d'annonce médicale précédant toutedécouverte par<strong>en</strong>tale, l'analyse permet de discerner deux rythmesdiffér<strong>en</strong>ts de découverte matemelle.Une découverte plus immédiate : dans ce cas, l'annoncemédicale induit un processus de découverte du <strong>handicap</strong> relativem<strong>en</strong>t"immédiat" bi<strong>en</strong> que toujours progressif. La phase de déni duproblème de l'<strong>en</strong>fant semble abs<strong>en</strong>te. L'accompagnem<strong>en</strong>t médical del'<strong>en</strong>fant débute dès la naissance, voire in utero dans deux cas.Une découverte plus l<strong>en</strong>te : confrontées à une annoncemedicale brève ("problèmes au cerveau") ou davantage explicitée(évocation d'un décès probable dans un cas de poly<strong>handicap</strong> lourd),certaines mères mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place un mécanisme de dénégation du<strong>handicap</strong> révélé. Elles viv<strong>en</strong>t int<strong>en</strong>sém<strong>en</strong>t cette phase de déni; elles''ne veul<strong>en</strong>t pas savoir " ou "ne peuv<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>core savoir" ou "voir".Lorsque l'une d'<strong>en</strong>tre elles, par exemple, r<strong>en</strong>contre son bébé <strong>en</strong>néonatalogie, elle recherche <strong>des</strong> indices qui pourrai<strong>en</strong>t v<strong>en</strong>ir infirmerl'annonce médicale :M. "<strong>Le</strong> neurologue qui s'occupait de lui à ce moîn<strong>en</strong>t-là(néonatalogie) disait qu'il ne verrait pas, qu'iln'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>draitpas et me dressait un tableau abominable etpuk, le deuxième jour (après la naissance), quand monmari s'estp<strong>en</strong>ché sur le petit, il (le mari) s'est mis <strong>en</strong>trele soleil et le petit et le petit a fait '@aa"mimique de lamère) <strong>en</strong> clignant <strong>des</strong> yeux. Alors, il m'a été dr;ffileaprès cela de croire que mon <strong>en</strong>fant n 'étaitpas s<strong>en</strong>sible àla lumière ... "C'est après le retour de l'<strong>en</strong>fant à la maison que la découvertematemelle débute vraim<strong>en</strong>t : "<strong>Le</strong> temps pour compr<strong>en</strong>dre, le tempspour admettre dont on ne peut faire l'économie." (Décant, 1985)Pour la mère, l'annonce médicale se concrétise progressivem<strong>en</strong>t.Dans certains cas, la mère pr<strong>en</strong>d l'initiative d'aborder à nouveaul'annonce avec le spécialiste afin de la compléter, afin de mieuxcompr<strong>en</strong>dre ce qui se passe. Cette amorce de découverte par<strong>en</strong>taledonne accès à une phase de recherche active. C'est aussi dans cetancrage que le processus de prise de consci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong> se met<strong>en</strong> place progressivem<strong>en</strong>t.


L'écart temporel <strong>en</strong>tre l'annonce médicale et la prise de consci<strong>en</strong>cedu <strong>handicap</strong> est d'autant plus important qu'un processus déf<strong>en</strong>sif(phase de déni) est mis <strong>en</strong> place par le par<strong>en</strong>t.La question de la précocité de l'annonce médicale est importante etcomplexe. La plupart <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts n'ayant pas vécu une annonceprécoce formul<strong>en</strong>t l'idée qu'ils aurai<strong>en</strong>t préféré être avisés le plus tôtpossible du <strong>handicap</strong>. Certaines annonces très précoces sembl<strong>en</strong>tavoir favorisé l'amorce du processus de prise de consci<strong>en</strong>cepar<strong>en</strong>tale, dans certains cas, et avoir abrégé quelque peu, dansd'autres situations, la phase de déni lorsqu'elle est apparue.2. <strong>Le</strong>s par<strong>en</strong>ts face à la découverte du IhandicaiJQuelle que soit la t<strong>en</strong>dance de la découverte par<strong>en</strong>tale (précédantou suivant l'annonce), l'annonce médicale du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant estun phénomène qui survi<strong>en</strong>t dans tous les parcours par<strong>en</strong>taux.<strong>Le</strong> discours médical qui annonce installe la défici<strong>en</strong>ce ou le<strong>handicap</strong> dans la réalité : c'est une épreuve de réalitéincontestablem<strong>en</strong>t difficile, voire traumatisante pour lespar<strong>en</strong>ts. En effet, le mom<strong>en</strong>t d'annonce médicale provoque un<strong>en</strong>semble de réactions et de s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts forts et complexes et fait s<strong>en</strong>sde manière différ<strong>en</strong>te pour chaque par<strong>en</strong>t, selon son histoirepersonnelle.L'annonce médicale fait d'autant plus viol<strong>en</strong>ce parfois, qu'elleprécède toute découverte par<strong>en</strong>tale, comme l'exprim<strong>en</strong>t de manièremétaphorique ces deux extraits :P." C..) vous savez alors quand on a l'<strong>handicap</strong> qui a étéannoncé, ça remonte à quatre ans, c'est un coup demassue hein"M. " (..), il (le conjoint) rn 'a dit : j'ai reçu la claque dema vie !"Resituées dans leur contexte, ces dernières paroles nous indiqu<strong>en</strong>tcombi<strong>en</strong> le vécu maternel et le vécu paternel de l'annonce diverg<strong>en</strong>t :M. "C'est surtout au mom<strong>en</strong>t ou il est allé a l'école, parcequ '<strong>en</strong> fait, pour lui (le père), quand on avait l'<strong>en</strong>fant, Ia,il (le père) ne remarquait même pas l'<strong>handicap</strong> ni ri<strong>en</strong> dutout. Lui, il a toujoum cru à la prématurité et tout ce que


les médecins disai<strong>en</strong>t, il a cm à ça ! Quand moi je disakc'est pas vrai, ily a quelque chose, il ne voulait pas mecroire, il disait "mais non", il ne le croyaitpas. Et il estr<strong>en</strong>tré à l'école et même quand l'école lui a dit, sur lemom<strong>en</strong>t même il est resté ... et Ià, je crois que ça lui afaitun choc parce que quand on lui a dit il fera pas ça, il ferapas ça, il est resté paf ... et de ce jour-là, il n 'était pluscomme avant, il (le père) ne parlait plus. "E." Et il ne vous <strong>en</strong> apasparlé ? "M. "Oui, ça il m'a dit, il m'a dit ?'ai reçu la claque de mavie !" La façon dont on lui a - <strong>en</strong>fin, la façon - ça faisaitlongtemps, c 'était deux ans après, pour moi, c'était pas,ça devait se dire. Pour moi, c'était une chose qui devaitse dire. "E.'%ur vous, c'était une conflrmafion <strong>en</strong> quelque sorte"M." Oui, mais pour mon maripas, lui, ça il m'a dit : j'aireçu la claque de ma vie!"Ces mom<strong>en</strong>ts sont particuliers à chaque par<strong>en</strong>t selon sontempéram<strong>en</strong>t, ses ressources personnelles, selon aussi qu'il est"auteur" ou non de la découverte <strong>des</strong> difficultés de l'<strong>en</strong>fant. Dans unpremier mouvem<strong>en</strong>t, le par<strong>en</strong>t qui s'est distancé de la découverte, ouqui ne s'est pas inscrit dans ce processus, vit une.phase d'annulationdu <strong>handicap</strong>. Il s'agit de mécanismes psychiques de déf<strong>en</strong>separticulièrem<strong>en</strong>t actifs dans la période qui succède l'annonce : le déni,le refus de voir ou de connaître le <strong>handicap</strong>. Cette phase peut aussis'accompagner de la recherche d'une faute médicale. Par contre, lepar<strong>en</strong>t "auteur" de la découverte ne semble pas vivre une phase dedénégation. En ce qui le concerne, l'épreuve de l'annonce représ<strong>en</strong>tedavantage une confirmation <strong>des</strong> difficultés observées et concrétise lepoint d'ancrage d'un processus de prise de consci<strong>en</strong>ce.Par prise de consci<strong>en</strong>ce par<strong>en</strong>tale du <strong>handicap</strong>, il faut considérer :"la découverte par les par<strong>en</strong>ts que leur <strong>en</strong>fant est difér<strong>en</strong>t de ce qu'ikprojetai<strong>en</strong>t, et ue cette dzTér<strong>en</strong>ce est étiquetée <strong>handicap</strong>." (Visier etal., 1983 : 25.57D. Décant précise bi<strong>en</strong> qu' "C..) <strong>en</strong> tant que bébé v<strong>en</strong>ant aumonde, le bébé avec un <strong>handicap</strong> arrive au monde danseune histoirepaternelle et maternelle donnée, avec ses sgnpants, sa généalogie,l'imaginaire qui a présidé au désir qui 1 'a fait être conçu, sa naissanceet le remaniem<strong>en</strong>t oedipi<strong>en</strong> que le couple doit, de toute façon, subir


pourpasser de deluc à trois ou d'une famille de 'h "personnes à 'ln+1 ': A cet égard, le <strong>handicap</strong> dont il est porteur n'est que l'occasionde grossir à la loupe, par la viol<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> affects et <strong>des</strong> événem<strong>en</strong>tsqui survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t, ce qui est nécessairem<strong>en</strong>t remis <strong>en</strong> jeu dans leremaniem<strong>en</strong>t dynamique normal de la psyché maternelle et paternellelors d'une naissance. " (Décant, n.d., 231-232)Faire le deuil de l'<strong>en</strong>fant imaginaire signifie passer de l'<strong>en</strong>fantdésiré et rêvé à l'<strong>en</strong>fant qui est là avec une différ<strong>en</strong>ce nommée<strong>handicap</strong>. <strong>Le</strong> processus de deuil suppose une succession de mom<strong>en</strong>tsqui ori<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t très progressivem<strong>en</strong>t chaque par<strong>en</strong>t, voire le couplepar<strong>en</strong>tal, vers un imaginaire positif et une restauration de la relationpar<strong>en</strong>t-<strong>en</strong>fant car, "du fait d'un équipem<strong>en</strong>t de base dzJ4ér<strong>en</strong>t chezl'<strong>en</strong>fant, on assiste à un dysfonctionnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> images chez lespar<strong>en</strong>ts, ébranlant vivem<strong>en</strong>t leur id<strong>en</strong>tité." (Visier, n.d. : 8)M. ""Vous savez, ily a un problème, il est microcéphale"(paroles de la pédiatre). Moi, je ne connaissais même pas-ce terme, donc il serait <strong>handicap</strong>é m<strong>en</strong>tal très profond, jedevrais le mettre dans un institut spécial, <strong>en</strong>fn, il étaitcomme une plante. Elle (la pédiatre) m 'a laksée commeça .,."Quel que soit le mom<strong>en</strong>t de la découverte, tous les par<strong>en</strong>ts viv<strong>en</strong>tune phase de questionnem<strong>en</strong>t :'lpourquoi nous ?", '~ourquoi moi ?':'~ourquoi mon <strong>en</strong>fant ? "Ces <strong>questions</strong> exist<strong>en</strong>tielles mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce <strong>des</strong> ruptures dansles dynamiques id<strong>en</strong>titaires individuelles et par<strong>en</strong>tales et par là-mêmerappell<strong>en</strong>t la thématique de l'acceptation de l'<strong>en</strong>fant et du <strong>handicap</strong>.Tout ce processus d'ajustem<strong>en</strong>t psychique et relationnel quimobilise s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts et ressources par<strong>en</strong>tales est explicité dans lareconstmction de chaque histoire familiale. En effet, l'interactionprivilégiée qu'offre la situation d'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> favorise cette disposition àdire.Des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts maternels de révolte et d'injustice apparaiss<strong>en</strong>tavec force et peuv<strong>en</strong>t perdurer. La mère de Juli<strong>en</strong> exprime, demanière nuancée, sa révolte à l'égard <strong>des</strong> médecins :


E. "A un mom<strong>en</strong>t donné vous m 'aviez dit que vous aviezeu <strong>des</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de révolte par rapport aux actes dugynécologue, de la pédiatre, est-ce que vos s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tsont évolués ?"M. "Disons que c'est moins a chaud, moins à v$ maisles s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts rest<strong>en</strong>t les mêmes, je crois que je riîleraitoujours et que, bon, c'est comme ça, c'est comme ça,1 'erreur est humaine, c'est vrai, ma& c'est malheureuxqu'à cause d'une erreur (césarieme refusée à la mèrealors que le foetus prés<strong>en</strong>tait <strong>des</strong> circulaires ... ), ily a <strong>des</strong>conséqu<strong>en</strong>ces de vie d'abord pour lui, bon pour nousc'est vrai que ça change un petit peu aussi notre mode devie, mais pour lui d'abord et à ce niveau-là, je crois queje resterai révoltée, bon, c'est comme après un accid<strong>en</strong>t,si vous avez un accid<strong>en</strong>t vous dites ''Ah, s'il ny avait paseu ceci, cela, cela, cela ... ça ne serait pas arrivé" maisc'est là, c'est là, c'est vrai, il faut faire face, je ne vaispas me mettre a pleurer sur la situation parce que c'estcomme ça, il faut donner un maximum pour <strong>en</strong> sortir,mais quelque part vous vous dites quand même que vousavez <strong>en</strong>vie de dire "merde" quoi vk-a-vis de tout ça et dedire si ce n 'étaitpas arrivé, il n'y aurait pas eu tout ça nonplus ..."E. ''Et qu'est-ce qui vous aide à faire face dans la vie detous les jours ?"M. "C'est hi, je crok ... "E "C'est lui, c'est Juli<strong>en</strong> et de quelle manière ?"M. "Parce que je me dis : il faut qu'il ait tout et puis <strong>en</strong>même temps, lui, il ne l'a pas voulu quoi. Il ne 1 'a pasvoulu, c'est là, il faut l'aider un maximum."E "Et ça vous aide à vous battre ?"M. "Oui, c'est ça. " (beaucoup d'émotion dans la voix)Des s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts de culpabilité et <strong>des</strong> états dépressifs peuv<strong>en</strong>t aussisurv<strong>en</strong>ir dans les pério<strong>des</strong> qui suiv<strong>en</strong>t l'annonce et motiver, parexemple, une quête étiologique :E. ''A partir du mom<strong>en</strong>t ou on vous a fait paft clairem<strong>en</strong>tdu problème de votre petite fille, qu 'est-ce qui a changé -àpartir du mom<strong>en</strong>t oU on vous a dit les choses ?"


M. "Tout, tout a changé, pour moi - mon mari, bon, ilBit énormém<strong>en</strong>t la responsabilité, <strong>en</strong>core maint<strong>en</strong>ant"E. "Vous voulez dire quoi, par 1à ?"M. "Ah, b<strong>en</strong>, il culpabilise beaucoup, du fait que sasoeur est <strong>handicap</strong>ée, il A demandé, on a fait faire <strong>des</strong>exam<strong>en</strong>s génétiques"E. "Il y a longtemps ? "M. "Non, <strong>en</strong> fait, on les a faits au mois de juin. Il se faitqu'ils ont d'abord faitfaire les exam<strong>en</strong>s à tout le restantde la famille et je trouvais un petit peu anormal qu'ils n<strong>en</strong>ous les ai<strong>en</strong>t pm fait faire à nous, alors j'ai demandépour qu'ik nous les fus<strong>en</strong>t faire, si mon mari peut êtrerassuré de ce côté-ld <strong>en</strong> se disant qu'il ny avait ri<strong>en</strong> <strong>des</strong>on côté, il souffrirait moins ... "Cette recherche par<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> causes recouvre plusieurs types dedémaches qui peuv<strong>en</strong>t interférer <strong>en</strong>tre eues :- <strong>des</strong> résultats d'analyses génétiques;- <strong>des</strong> connaissances médicales que déti<strong>en</strong>t lie par<strong>en</strong>t grâce à saformation professionnelle;- un discours médical relatif aux causes du <strong>handicap</strong>, celles-ci sontparfois précises ou rest<strong>en</strong>t hypothétiques ou <strong>en</strong>core inconnues :E. "Est-ce que vozas avez une idée <strong>des</strong> causes ?"M. "Non, on cherche toujours . . . On réfléchit un petit peuà tout ce qui s'est passé p<strong>en</strong>dant la grossesse puisqueapparemm<strong>en</strong>t, le Professeur dit que ça s'est passé autroisième mois de gestation ... Mais pourquoi ? On ditpavok que ça peut arriver par une abs<strong>en</strong>ce d'ovgénationdu cerveau, peut-être une Faction de seconde, mak il nya jamak ri<strong>en</strong> eu, jamak, jamak. "La recherche <strong>des</strong> causes se transforme parfois <strong>en</strong> une recherched'un responsable :E. "Comm<strong>en</strong>t ils (les grands-par<strong>en</strong>ts maternels) ont réagiuand ils ont apprk que vous aviez déjà accouché7 accouchem<strong>en</strong>t très prématuré) ?-M. "Euh, la première chose qui était, ils ont comm<strong>en</strong>cé acrier sur mon mari et tout ça, soi-disant que c'était safaute, qu'il aurait mieux fait d'un peu plus m'aider, au


lieu de me laisser faire tout toute seule, parce qu'onchauffe <strong>en</strong>core au charbon hein, et il voulait jamaismonter les sacs, ça se fait, je continuais à remonter tousles sacs jusqu'ici, je devais faire mes courses toute seule,quand je nettoyais, je devais tout retirer moi-même, ilvoulait jamais m 'aider, ... J'espère que ça lui aura servide leçon pour Ia prochaine fok. "E. "Et vous p<strong>en</strong>sez que ça a à voir ?"M. "Je sais pas, mak fallait justem<strong>en</strong>t que le jour d'avant,avant que je suis r<strong>en</strong>trée <strong>en</strong> clini ue pour accoucher,j'avais nettoyé tout l'appartem<strong>en</strong>t. !$"D'autres causes prés<strong>en</strong>tées indiqu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> traits explicatifsimprégnés d'événem<strong>en</strong>ts de la vie quotidieme ou de conseils etd'avis <strong>des</strong> proches :M. "C'est parce que moi, les personnes d'un certain âgeque je connais, qui sav<strong>en</strong>t que j'ai accouché, 'tah!c'est lafaute de la pilule, t'ais pas att<strong>en</strong>du assez longtemps."Bi<strong>en</strong> que les médecins, ik dis<strong>en</strong>t que c'estpas vrai, fautbi<strong>en</strong> que ça arrive de quelque chose hein, on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dbeaucoup de prématurés maint<strong>en</strong>ant hein ... Et <strong>en</strong> général,c'est presque toutes <strong>des</strong> femmes qui ont pris la pilule. "E. "Et vous, vous p<strong>en</strong>sez que . .. "M. "Moi maint<strong>en</strong>ant, comme tout le monde me dit c'est àcause de la pilule, le médecin dit que c'est pas vrai, maismême si ce serait vral; j'sais pas si lui va le dire. Moi, jep<strong>en</strong>se plutôt que c'est à cause de la chute que j'ai faite,comme j'avais quand même trois c<strong>en</strong>timètres d'ouvertureà cinq mois, là le médecin dit aussi que c'est pas ça,comm<strong>en</strong>t j'aurak accouché à cinq mois et demi."E. "B<strong>en</strong> oui, et si, ça vous inquiète de p<strong>en</strong>ser à tout çasans savoir trop quoi et, ... "M. "Oui, parce que je me dirais, si on saurait de quoi çaprovi<strong>en</strong>t, on saurait quoi pour le deuxième. Tandis quemaint<strong>en</strong>ant, je vais être là, aussi longtemps que je vaispas être six mois et demi passé, moi je vais, je vais plussavoir bouger, j'vais pas oser bouger d& peur qu'ilm 'arrive quelque chose au prochain. "


Dans une autre situation, même si les causes ne sembl<strong>en</strong>t pasavoir été abordées par les médecins, il est indisp<strong>en</strong>sable, pour lamère, de s'expliquer la cause du <strong>handicap</strong>. Cette mère est aussi trèsréceptive aux avis prodigués dans son <strong>en</strong>tourage :M. "Donc, je suis retournée chez le même gynécologue etil m'a dit. "on va vous suivre de plus près du fait quevous avez fait une fausse couche. Alors moi j'ai faitconfiance une deuxième fok, de toute façon, une faussecouche, ça peut arriver à tout le monde, je ne pouvais paslui <strong>en</strong> vouloir ! Alom, j'étais <strong>en</strong>ceinte et il m'a dit "vousv<strong>en</strong>ez tous les quinze jours à la consultation" au lieud'une fols par mois, normulem<strong>en</strong>t. Alors j'allais tous lesquinze jours et tout allait bi<strong>en</strong> jusqu 'à cinq mois et demià cinq mois et demi - mais moi, j'allais bi<strong>en</strong>, je ne s<strong>en</strong>tatsri<strong>en</strong>, j'allak bi<strong>en</strong>. -je vais chez lui, il fait la consultationnormale et il me dit "vous allez bi<strong>en</strong> ?" et je lui dit "oui,je vais très bi<strong>en</strong> !" Il dit "parce que vous avez uneouverture d'un c<strong>en</strong>timètre, vous devez r<strong>en</strong>trer tout <strong>des</strong>uite à l'hôpital, on va vous faire un cerclage". A cinqmok et demi, ilpamlf qu'on ne peutplus faire ça !"E. "Qu 'est ce que c'est un cerclage ?"M. "C'est fermer le col avec une tige <strong>en</strong> métal, pouréviter de perdre l'<strong>en</strong>fant. Mais ilparaît que ça ne peut passe faire après trois mois, on fait ça <strong>en</strong>tre un mois et demiet trois mois. Mais ça, je ne le savais pas au mom<strong>en</strong>tmême, c'est bi<strong>en</strong> dommage, autrem<strong>en</strong>t .., Donc, il m 'afait r<strong>en</strong>trer, il m'a fait le cerclage, le l<strong>en</strong>demain je suissortie de clinique"E. "Donc, on abordait le problème de la cause. Je p<strong>en</strong>seme souv<strong>en</strong>ir qu 'on a parlé de 1 'accouchem<strong>en</strong>t. Qu'il(l'<strong>en</strong>fant) a manqué d'oxygène à l'accouchem<strong>en</strong>t. Est-cequ'on a évoqué d'autres causes ? Lu prématurité ? "M. "Oui, disons, moi j'ai un ... oui, la prématurité, maisdkons que moi j'ai un problème donc la béance du col9donc à partir d'un certain poids, j'ai le col qui s'ouvre.Et je crois que si le médecin -parce que je connais <strong>des</strong>personnes qui ont eu la même chose que moi - donc àcinq mois et demi, le médecin m'aurait dit "vous r<strong>en</strong>trez<strong>en</strong> clinique, vous restez couchée jusqu 'à neuf mois, ... "ou même je l'aurais peut être eu plus tôt, mais .. . il serait


v<strong>en</strong>u plus tard dans de bonnes conditions. En fait,1 'erreur, c'est le cerclage. La première erreur, c'est lecerclage .. . "La recherche étiologique est parfois évincée, non sansambival<strong>en</strong>ce, par le par<strong>en</strong>t étant donné les implications présuméesd'une telle découverte sur le plan <strong>des</strong> responsabilités. En effet,découvrir la "cause du <strong>handicap</strong>" pourrait révéler l'erreur d'unepersonne ou raviver un s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de culpabilité maternelle.M.' '... Mais c'est un fait que mon gynéco après a dit : tuveux qu'on isole les germes pour avoir vraim<strong>en</strong>t lapreuve ? Et au fond, ... A la limite ça m'est un peu égalquoi. C'est vrai que sinon ce serait pour culpabiliser,pour <strong>en</strong> vouloir à toutes sortes d'autres médecins, tandkque d'ici si c'est moi qui ai donné le virus, et bi<strong>en</strong>fianchem<strong>en</strong>t, je ne peux que m'<strong>en</strong> vouloir à moi, et bon.Je n'ai pas <strong>en</strong>vie. Parce que c'est vrai si je sais, que jesuis moi la cause, <strong>en</strong>core <strong>en</strong> plus de tous ces erinuis, jetrouve que j'ai assez à porter, si <strong>en</strong> plus de ça, je dok<strong>en</strong>core me culpabiliser. ..toute ma vie,Jlûte , non, donc jepréfèrz ne pas savoir exactem<strong>en</strong>t quoi.Dans un dernier extrait, la logique du discours maternel reflète lacomplexité de la recherche étiologique et soulève la question du projetde procréation :M. "On s'est vraim<strong>en</strong>t retourné l'esprit, essayé dechercher ce qui avait pu se passer, mais on ne saitvraim<strong>en</strong>tpas. Parce que le neurobgue a dit que ça devaitêtre ça, j'<strong>en</strong> ai parlé à mon médecin traitant qui m 'a dit"que vraim<strong>en</strong>t une syncope (<strong>en</strong> fin de grossesse), ilfallait que ce soit une grosse syncope, p<strong>en</strong>dant plusieursminutes" et ça n 'a pas été le cas, pour qu 'ily ait vraim<strong>en</strong>tune lésion cérébrale, donc ce n 'est même pas dit que c'estça. Je crois qu'on ne saura jamais, à la limite, je medemande si ce n 'estpas mieur de ne pas le savoir - <strong>en</strong>fin"E ''VOUS pouvez m 'expliquer ça ?"M. "Parce que si on savait a quoi c'était dû, peut-êtrequ'on s'<strong>en</strong> voudrait, ou qu'on regretterait ce qui s'estpassé, ou qu'on <strong>en</strong> voudrait à quelqu'un - bon, et ça,


mon mas il croit que c'est à la nuksance, alors qu 'il nlya vraim<strong>en</strong>t ri<strong>en</strong> eu à la naksance - lui il croit que c'est lemédecin qui a fait une faute, parce qu'if veut quequelqu'un soit <strong>en</strong> faute. Mak moi, je suk persuadée quece n 'est pas à la naksance que ça s'est passé, et bon, jeme dk si on ne le sait pas, dans un s<strong>en</strong>s, c'est mieux.Bi<strong>en</strong> que le neurologue avait dit que si je voulais <strong>en</strong>coreavoir d'autres <strong>en</strong>fants, c'était quand même important <strong>des</strong>avoir la came de ce qui s 'était passé, et c'est vrai que. .. "E. "Et vous souhaitez avoir d'autres <strong>en</strong>fants ?"M. "Ah non ! Non, non justem<strong>en</strong>t à cause de ça, je medrS, on ne sait jamak que ça se reproduise et les médecinsn 'ontpas été catégoriques <strong>en</strong> dkant : 'ta ne se reproduiraplus" donc on ne sait jamais quand même que ça sereproduise, et bon, je n'aurais pas une grossesse sereine,donc c'est déjà une chose à éviter. Mak je me dk :peutêtreque j '<strong>en</strong> adopterai, ça, on verra, "Dans l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> parcours par<strong>en</strong>taux, les phases dedécouverte du <strong>handicap</strong> du jeune <strong>en</strong>fant, les mécanismesde déf<strong>en</strong>se et les processus de prises de consci<strong>en</strong>ces'inscriv<strong>en</strong>t dans <strong>des</strong> dynamiques conjugales de base :- celles qui développ<strong>en</strong>t <strong>des</strong> r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>ts positifs del'union conjugale ou par<strong>en</strong>tale;- celles qui sont marquées par <strong>des</strong> phases temporaires dedifficultés, voire de diverg<strong>en</strong>ces, au sein du couple etévolu<strong>en</strong>t vers un dépassem<strong>en</strong>t positif;- celles qui, exacerbées par <strong>des</strong> problèmes précédant lav<strong>en</strong>ue de l'<strong>en</strong>fant, aboutiss<strong>en</strong>t a une év<strong>en</strong>tuelleprocédure de séparation.<strong>Le</strong>s parcours par<strong>en</strong>taux ne sont donc jamaissystématiques et sont rarem<strong>en</strong>t exempts de complexité.


IV. DES AJUSTEMENTS FAMILIAUX FACE A LA PRISE ENCHARGE DE L'ENFANT A DOMICILEA <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts, mais assurém<strong>en</strong>t dès la phased'annonce médicale, un processus de prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é se structure au coeur de la famille. Aussi, le mainti<strong>en</strong> del'<strong>en</strong>fant à domicile amène une redéfinition <strong>des</strong> activités, du temps etde l'espace <strong>en</strong> fonction de ses besoins spécifiques et décl<strong>en</strong>che lamise <strong>en</strong> oeuvre d'un projet thérapeutique et éducatif. C'est au sein<strong>des</strong> interactions conjugales que cette question s'inscrit.La prise <strong>en</strong> charge à domicile, par le ou les par<strong>en</strong>te), d'un jeune<strong>en</strong>fant atteint dlI.M.O.C. compr<strong>en</strong>d un <strong>en</strong>semble d'activités. Cesactivités particip<strong>en</strong>t de ce que G. Cresson a nommé <strong>Le</strong> travailsanitaire profane. (Cresson, 1991) Elles couvr<strong>en</strong>t, principalem<strong>en</strong>t,les soins quotidi<strong>en</strong>s de base, l'éveil s<strong>en</strong>sori-moteur, le suivi éducatifet thérapeutique.La multiplicité <strong>des</strong> activités de prise <strong>en</strong> charge concernel'organisation, la réalisation concrète, le contrôle.Ce travail de prise <strong>en</strong> charge recouvre, selon les familles, <strong>des</strong>réalités très différ<strong>en</strong>tes, pouvant aller <strong>des</strong> soins quotidi<strong>en</strong>s disp<strong>en</strong>sésà l'<strong>en</strong>fant dans une perspective plutôt "fataliste" à un investissem<strong>en</strong>thyperactif qui dépasse la sphère familiale :M. Ir... il faut dire que ce qu'ily a, c'est que malgré toutCarole nous amène énormém<strong>en</strong>t au niveau publicrelationssi je puis dire et je suis am<strong>en</strong>ée a r<strong>en</strong>contrerplein de g<strong>en</strong>s qui sont sympa ... "En outre, les activités ne sont pas toutes liées de manièreintrinsèque à l'I.M.O.C. Nombreuses sont celles qui concern<strong>en</strong>tl'<strong>en</strong>fant lui-même : son développem<strong>en</strong>t, son éveil, ses désirs, ou<strong>en</strong>core les soins disp<strong>en</strong>sés, les choix de garde, ...Nous avons choisi d'organiser ces multiples activités familiales <strong>en</strong>nous référant au modèle théorique élaboré par G. Cresson. <strong>Le</strong>recours à une structuration par types d'activités permet de r<strong>en</strong>drecompte de toute la diversification <strong>des</strong> activités quotidi<strong>en</strong>nes évoquéespar les par<strong>en</strong>ts.


Considérons les différ<strong>en</strong>tes catégories établies et définies5:l'auteur, synthétisées dans le tableau suivant (Cresson, 1991 : 254Tableau 12. Types de tâches sanitaires profanes(selon le domaine et les ressources)Donner les soinsExterne(Contribuer à)créer les relationset l'ambiancepropices au bi<strong>en</strong>être,à la sécurité,etc. à l'extérieurde la familleRechercher lesinformations nonmédicales sur lesnuisances, lesmoy<strong>en</strong>s dedéf<strong>en</strong>se, ...Agir sur les plansprofessionnel,politique, amical,etc. pour unemeilleure santé(sécurité, etc.)Contrôleet ajustem<strong>en</strong>tSurveillance, supervision, prise de décision, choix <strong>des</strong>ressources et domaines d'interv<strong>en</strong>tion à privilégierDécision de consultation OU non d'un médecin, etc.


Cette proposition d'un classem<strong>en</strong>t analytique <strong>en</strong> deux axes, celui<strong>des</strong> domaines d'activité et celui <strong>des</strong> ressources mises <strong>en</strong> oeuvre,constitue donc la référ<strong>en</strong>ce théorique d'organisation <strong>des</strong> donnéesrelatives à la prise <strong>en</strong> charge du jeune <strong>en</strong>fant à domicile."<strong>Le</strong> premier axe, celui <strong>des</strong> domaines d'activités, permet de distinguer troiszones conc<strong>en</strong>triques : le 'Ifamilial': le aramé médical" et lt"extra-familial" et unezone transversale : "contrôle et ajustem<strong>en</strong>t" L..).Par 'Yamilial", j'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>ds ici ce qui relève du travail ménager et éducatif; maisaussi du relationnel à l'intérieur du ménage.Par aramé médical'^ je déslgne ici tout ce qui pourrait être effectué par unsolgnantparaprofessionnel, une infirmière, une nurse ou une aide-ineière (iln'est pas exclu que ces activités puiss<strong>en</strong>t être effectuées aussi par un médecin,même si ce n'est pas la référ<strong>en</strong>ce la plus fréqu<strong>en</strong>te). Il s'agit au fond <strong>des</strong> activitésdont on reconnaît le plus facilem<strong>en</strong>t le li<strong>en</strong> avec la santé, parce qu'ellesressembl<strong>en</strong>t leplus aux activités <strong>des</strong> professionneb.Par "externe", je déslgne ici tout ce qui concerne les institutions autres que lesfamilles; à chaque fois qu'assurer le bi<strong>en</strong>-être, la sécurité, la santé d'un prochedemande qu'on agisse sur les instances extérieures à la famille (l'école, lacommune, etc.), c'est dans ce registre qu'on se place.Enfin, le dernier domaine transversal, "contrôle et ajustemerrt", regroupetoutes les activités de supervision, de surveillance, lorsqu'ilfaut décider sur quelregistre interv<strong>en</strong>ir, lorsqu'il faut réajuster objectifs et moy<strong>en</strong>s, ou décider <strong>des</strong>ressources à privilégier.<strong>Le</strong> second axe est celui <strong>des</strong> ressources <strong>en</strong>gagées - ii titre principal - dans chacune<strong>des</strong> tâches ou séries de thches. (11 est clair qu'il s'agit d'une dktinction ana&t@ue,dans la réalité les trois ressources sont impliquées de façon jointe.) L..) :1'"afSectr~ concerne les s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts au s<strong>en</strong>s hvge (il fauty compr<strong>en</strong>dre aussi le"relationnel'% l'expression <strong>des</strong> s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>ts, la création ou l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> de li<strong>en</strong>s (...);le "cognitif" fait référ<strong>en</strong>ce aux connaissances recherchées ou mobilisées; le'Ipratique" concerne l'aspect le plus matériel, le plus visible <strong>des</strong> tâches : ilimplique un certain nombre de gestes, de savoirfaire. c'est ce qu'on désigne leplus immédiatem<strong>en</strong>t comme un travail ..."(Cresson, 1991 : 253)."Tout ce qui concourt à rassurer les <strong>en</strong>fants sur leurs réellespossibilités, à les persuader de l'amour qu'on leur porte, et par là àleur permettre un développem<strong>en</strong>t physique et psychique harmonieux,ressort de cette première catégorie. "(Cresson, 199 1 : 25 5)L'analyse <strong>des</strong> interactions par<strong>en</strong>ts-<strong>en</strong>fants a mis <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce cesdim<strong>en</strong>sions de l'investissem<strong>en</strong>t éducatif et affectif de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é <strong>en</strong> termes de ressources de base.


Dégager <strong>des</strong> principes éducatifs dans l'optiqued'<strong>en</strong>courager le meilleur développem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant tout <strong>en</strong> favorisantses propres aspirations :M."On doit comm<strong>en</strong>cer très tôt à les obliger à êtreautonomes, qu'ils sach<strong>en</strong>t s'<strong>en</strong> sortir le moins inalpossible, essayer de les armer. "P. ".. . il est <strong>en</strong>core un peu petit (frère de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é), mais il aime beaucoup le judo. Je ne lepousse pas, il vi<strong>en</strong>t de lui-même, il a d'autres activités etalors j'ai discuté un petit peu avec lui pour savoir si c'estbi<strong>en</strong> son goût et c'est vrai que c'est bi<strong>en</strong> son goût :je nele ménage pas, donc il a une activité comme tout lemonde, c'est ce qu'il aime ... Jacqueline (l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é) comprke, on essayera de respecter ses désirsdans la mesure <strong>des</strong> possibilités où Ià ils peu v<strong>en</strong>t le mieuxs'exprimer, c 'est important. "R<strong>en</strong>contrer les intérêts de l'<strong>en</strong>fant, susciter sa curiosité et<strong>en</strong>richir la relation :M. "Dès qu'on lui parle, il est très intéressé et il adore lamusique et moi, j'aime beaucoup la musique, bi<strong>en</strong> qu<strong>en</strong>'étant pas musici<strong>en</strong>ne, ... et que très vite il s'estintéressé aux livres et que je m) intéresse beaucoup. "Parler a l'<strong>en</strong>fant de son problème <strong>en</strong> vue de le familiariseravec son <strong>handicap</strong> :M.".Je n'acc<strong>en</strong>tuepas trop ... mais quand je vois que çane va pas ou qu 'il est fâché, je lui dis : tu ne peux pas<strong>en</strong>core le faire maint<strong>en</strong>ant. Parfois il a une crise decolère, par exemple s'il laisse tomber un jouet et que sopzpère le rainasse sans dzficulté, alors je dis toi, c'est y lusdzflcile, tuy arriveras aussi, mais tu as eu une blessure ala tête ... Il ne faut pas le laisser sans réponse. "


Instaurer une dynamique positive au sein de la fratrie etgérer ces relations affectives :P. ''Elle (<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>ée) aura son mot a dire et çac'est plus gai, moralem<strong>en</strong>t parlant, c'est beaucoup plusgai. Quand on fera <strong>des</strong> équ@es, les trois filles contre lestrois garçons, quand on fera les jeux, elle sera là, elle nese cont<strong>en</strong>tera pas de regarder et d'écouter, elle aura sonmot à dire et ça je crok que c'est sympa pour tout lemonde. "P. "Si Pol est dans les bras, lui (petit frère) veut êtredans les bras aussi et Géraldine (<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>ée) estjalouse aussi <strong>en</strong> fait, de son frère ... On lui explique quebon il a aussi le droit d'avoir cet amour et on la laisse unpetit peu parce que bon, elle est râleuse, elle hurle ... elledoit aussi connaîhe sa position vis-à-vis <strong>des</strong> autres et nepas <strong>en</strong> faire une privilégiée parce qu' elle a sesproblèmes, il ne faudraitpas que ça tourne à une formede tyrannie ou une fonne de chantage, ça nous y faisonsatt<strong>en</strong>tion ""Dans les soins aux proches sont mobilisées toute une série deconnaissances qui n'ont ri<strong>en</strong> de sci<strong>en</strong>tflue ni de médical, même sielles se grefS<strong>en</strong>t sur <strong>des</strong> considérations sci<strong>en</strong>tzjïques. C.) Cesconnaksances ont bi<strong>en</strong> dû être recherchées, assimiléesJ confiontées àd'autres, et c'est là ue se situe le travail à proprem<strong>en</strong>t parler. "(Cresson, 1991 : 255 'fLa recherche d'informations, de docum<strong>en</strong>tations, d'avis, depoints de référ<strong>en</strong>ce afin d'obt<strong>en</strong>ir une meilleure compréh<strong>en</strong>sion duproblème de l'<strong>en</strong>fant est visée dans cette catégorie. Ces activitéscorrespond<strong>en</strong>t à la phase de découverte familiale et peuv<strong>en</strong>t sepoursuivre. Cette recherche de connaissance, de compréh<strong>en</strong>sion parla famille même emprunte <strong>des</strong> pistes diverses.


Etablissem<strong>en</strong>t de points de repères propres y compris lacomparaison avec d'autres <strong>en</strong>fants :M. et P. "C'était vraim<strong>en</strong>t parce que nous on étaitderrière (le pédiatre), parce que nous avons déjà eu unaîné, parce que nous on se r<strong>en</strong>dait compte qu'il y avaitquelque chose qui n'allait pas chez notre <strong>en</strong>fant, parcequ'on a de la persévérance et qu'on ne se cont<strong>en</strong>te pas dece qu'on nous dit, parce qu'on a <strong>en</strong>core un jugem<strong>en</strong>tcritique par rapport à ce qu'on nous dit ... "Adhésion au savoir d'une personne-ressource telle que, parexemple, une grand-mère :M. 'Lle n'ai jamais ait ça (imaginer ce que fera ou seral'<strong>en</strong>fant plus taid f peut-être parce que je suis d'unefamille de quatre <strong>en</strong>fants et que maman m'a toujours ditqu'ils ont <strong>des</strong> caractères très di#iér<strong>en</strong>ts et on a un <strong>en</strong>fantparce qu'on le désire mais ça vous échappe totalem<strong>en</strong>t,c'est une personnalité tout à fait dzyér<strong>en</strong>te donc il ne fautpas l'imaginer et vouloir le mettre dans un tiroir. "Recherche de référ<strong>en</strong>ces, d'expéri<strong>en</strong>ces similaires au sein delectures :M. "... j'adore lire et j'ai toujours lu <strong>des</strong> histoires sur <strong>des</strong><strong>en</strong>fants malheureux, <strong>handicap</strong>és; c'est peut-être ça quim'a aidée aussi ... <strong>des</strong> vécus, <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants qui vont <strong>en</strong>clinique, les injustices dans les hôpitaux, ... ça m'a peutêtre aidée. Je dois dire même à l'hôpital, quand <strong>des</strong> foisj'avais <strong>des</strong> relations avec les médecins, je me disais, c 'estcomme j'ai lu, c'était la même chose.""L'ess<strong>en</strong>tiel du travail ménager peut s'inscrire dans cettecatégorie. " (Cresson, 1991 : 256)Rassemblons ici le travail domestique qui compr<strong>en</strong>d tout à la foisles soins quotidi<strong>en</strong>s de base disp<strong>en</strong>sés à l'<strong>en</strong>fant (toilette et repas),l'aménagem<strong>en</strong>t de la maison, les démarches administratives diverses(Mutuelles et autres organismes d'aide financière). A la dim<strong>en</strong>sion


objective du faire s'intègr<strong>en</strong>t les dim<strong>en</strong>sions interactive et subjective<strong>des</strong> vécus.Donner à manger à l'<strong>en</strong>fant est une tâche particulièrem<strong>en</strong>tfastidieuse :M. "Surtout les repas, ça a été afleux, chaque fois ellepr<strong>en</strong>ait une heure par repas, donc ça faisait cinq heuresou quand elle dev<strong>en</strong>ait un peu plus grande, quatre heuresde repas où j'essayais de mettre une cuill6re, ce biberon... à chaque fois, elle avait à peine bu, waB ça vomissaittout et hop on devait recomm<strong>en</strong>cer."M. :"<strong>Le</strong>sjours où elle est ici, je suis plus fatkuée, parcequ'il faut comm<strong>en</strong>cer à lui donner, à manger à elle, L..)le temps qu 'elle déjeune, il lui faut lh20, il est déjà passédix heures, il faut vite faire à manger pour ceux quir<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t à midi."Faire <strong>des</strong> démarches : de nombreuses familles sereconnaitront dans ce "parcours du combattant" :M. "En juillet, j'ai averti 1 'E;ducation Nationale que, lepremier septembre, je leur té fiphone. Puk je téléphone àONAFTS ... mi-octobre, ri<strong>en</strong>. J'att<strong>en</strong>ds. Je téléphonevers le vingt, ils me dis<strong>en</strong>t. ... Je retéléphone àltEducation Nationale. En novembre, toujours ri<strong>en</strong> ... Jeme fâche, je retéléphone. En décembre, j'ai vraim<strong>en</strong>t vurouge, Eà j'ai dit maint<strong>en</strong>ant je veux le chef de service.Alors je dis c'est la dernière fois que je téléphone parceque sinon vous allez recevoir une lettre recommandéeavec accusé de réceptioa "Entrepr<strong>en</strong>dre <strong>des</strong> travaux d'aménagem<strong>en</strong>t dans la maison <strong>en</strong>vue de répondre aux besoins spécifiques de l'<strong>en</strong>fant :P.'.l'ai dû agrandir la cour, sinon on ne savqitpas allerdans le jardin parce qu'il ni avait que deux dalles quifakai<strong>en</strong>t le tour de la maison quoi mak alom la petitecomme c'était directem<strong>en</strong>t dans l'herbe, ne savait jamakaller dans le jardin avec son trotteur ... Et maint<strong>en</strong>ant on


va devoir, on est occupé à changer les portes parce quece système de portes coulissantes qu'on avait optéd'abord, ne sera pas eflcace vu qu 'elle ne passera pasavec sa chake roulante. '"Il est question ici de la gestion <strong>des</strong> relations à caractère médical etsocial. Ces activités par<strong>en</strong>tales concern<strong>en</strong>t les échanges avec l'<strong>en</strong>fant<strong>en</strong> li<strong>en</strong> avec le <strong>handicap</strong> ou les interactions avec les professiomels dela santé.Surveiller l'<strong>en</strong>fant continûm<strong>en</strong>t et, parfois, comme seule unemère inquiète et att<strong>en</strong>tive peut le faire :NI. "La nuit, elle dort à côté de moi, moi je sais que je lasurveille la nuit ... J'ai un sommeil très léger. Parexemple, lui va se lever (le mari), parfois je nel'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>drai pas ; mais si la petite se retourne, je suisréveillée, je suis debout. Ils (médecins) ont essayé de mefaire pr<strong>en</strong>dre un calmant, un relaxant. Bon, j 'ai donnitoute la journée. Moi, je ne peux pas pr<strong>en</strong>dre demédicam<strong>en</strong>ts et je ne veux pas <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>dre. Parce que jeme dis que s'il lui arrivait quelque chose alors que moi jeronjle à côté d'elle ça, c'est pas nomal."Expliquer à l'<strong>en</strong>fant le traitem<strong>en</strong>t et le réconforter :M. "Oui, elle a toujours pris ses médicam<strong>en</strong>ts. -"C'estbon maman ? - B<strong>en</strong> non, c'est pas bon ! ... m'<strong>en</strong>fin tudois" et ... ;je lui explique et elle les pr<strong>en</strong>d. <strong>Le</strong> tout estde bi<strong>en</strong> lui expliquer. J'ai toujours diî ça au médecin.Parce qu 'elZe avaitpeur même pour une radio. Certainsmédecins le compr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t mais d'autres, ... bon c'est un<strong>en</strong>fant. Et bi<strong>en</strong> alors, elle se débat, elle a peur. Quandjeleur demandais, "ma& pr<strong>en</strong>ez votre temps, expliquezlui".Et c 'étaif superbe, même toute petite. L 'âge n'a pasd'importance. Toute petite on a toujours expliqué."


"Par ailleurs, je classe dans cette catégorie d'activités tout ce quiconcourt à <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir de bonnes relations avec les professionnels <strong>des</strong>soins." (Cresson, 1991 : 256)<strong>Le</strong>s relations avec les professiomels port<strong>en</strong>t sur l'établissem<strong>en</strong>tde li<strong>en</strong>s avec les thérapeutes, la mise <strong>en</strong> contact <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>ants<strong>en</strong>tre eux, les interv<strong>en</strong>tions diverses <strong>en</strong> matière de prise de décisionset de choix dans le processus de prise <strong>en</strong> charge, ...<strong>Le</strong> rôle du par<strong>en</strong>t dans la dynamique avec les professiomels de lasanté est souv<strong>en</strong>t nécessaire (selon les capacités et motivationspar<strong>en</strong>tales). Lorsque cette action par<strong>en</strong>tale a lieu, elle représ<strong>en</strong>te alorsun véritable travail de coordination dont l'aspect stressant n'est pas ànégliger :M. " <strong>Le</strong> problème, c'est quand on a beaucoup demédecins, ils ne sontpas toujoum d'accord <strong>en</strong>tre eux etc'est ça qui m'énerve. C'est toujours les par<strong>en</strong>ts quidoiv<strong>en</strong>t faire se r<strong>en</strong>contrer, concilier les choses, rapporterce qu'un di& ce que l'autre dit, pu& vous répétez <strong>en</strong> vostermes, c'est compris avec <strong>en</strong>core un peu de différ<strong>en</strong>ces,ce qui fait que c 'estpalJ'ois très embêtant. "La mobilisation de connaissances ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t médicalesconsiste <strong>en</strong> différ<strong>en</strong>tes activités. Au cours <strong>des</strong> phases de découvertefamiliale du <strong>handicap</strong> par exemple, l'élaboration d'un diagnosticprofane, l'observation <strong>des</strong> symptômes, ... , constitu<strong>en</strong>t <strong>des</strong> activitéspar<strong>en</strong>tales spécifiques. La recherche d'informations, de conseils,d'avis concernant les divers aspects du problème (cause de ladéfici<strong>en</strong>ce, type de <strong>handicap</strong>, adéquation <strong>des</strong> métho<strong>des</strong> dekinésithérapie, ... ), permet la mise <strong>en</strong> place de nouveaux repèreséducatifs et facilite l'ori<strong>en</strong>tation thérapeutique <strong>en</strong> vue d'une meilleureparticipation au travail et à la relation avec les thérapeutes (familiaritéavec le jargon médical, appr<strong>en</strong>tissage et usage de nouveaux termestechniques, . . .) .M. et P. "On s'est tout de suite fort docum<strong>en</strong>té, on acherché <strong>des</strong> bouquins pour essayer d'<strong>en</strong> sa'voir un peuplus. On a acheté <strong>des</strong> bouquins sur la stimulationprécoce. On essaye d'être assez att<strong>en</strong>tva sa stimulation,à son développem<strong>en</strong>t. "


Grâce aux informations collectées, ce couple peut ainsi mieuxcompr<strong>en</strong>dre et exprimer <strong>des</strong> avis :"Actuellem<strong>en</strong>t, les ipsa ythmies qui guériss<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> sontgénéralem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> ipsarythmies de causes inconnues ... Ily a <strong>des</strong> ipsarythmies dont on connaît les causes, maisalors c'est souv<strong>en</strong>t qu'il y a séquelle cérébrale visible.Celles dont l'origine est connue, fatalem<strong>en</strong>t, le pronosticde guérison est moins optimiste pukqu'il y a séquellesvkibles. "La référ<strong>en</strong>ce aux connaissances médicales peut s'inscrire dans laformation professionnelle du par<strong>en</strong>t. Lorsque les par<strong>en</strong>ts sont euxmêmeskinésithérapeutes, logopè<strong>des</strong>, ... , ils sont rarem<strong>en</strong>t lesthérapeutes effectifs de leur <strong>en</strong>fant; leur formation leur permetcep<strong>en</strong>dant de faire <strong>des</strong> choix, pr<strong>en</strong>dre <strong>des</strong> décisions, se poser <strong>des</strong><strong>questions</strong>.Face aux "montées defièvre" récurr<strong>en</strong>tes de Patrice, la mère a priscontact avec la pédiatre à plusieurs reprises et suivi ses conseils tout<strong>en</strong> s'interrogeant sur la nécessité de poursuivre le traitem<strong>en</strong>t indiqué :M. "P<strong>en</strong>dant un week-<strong>en</strong>d <strong>en</strong>tier j'ai tergiversé poursavoir est-ce que je continue l'homéopathie ou pas ?"Une mère infirmière raconte :'Y1 a fait de la logopédie depuis septembre l'annéepassée. Non, un petit peu avant on a comm<strong>en</strong>cé au moisd'août mais je trouve que cela n'a pas tellem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong>fonctionné dans le s<strong>en</strong>s qu'elle (la lagopède) utilise unsystème de ... elle met <strong>en</strong> application l'attitudecorporelle, mais elle laissait trop faire ... elle le laissaitgrimper, mais <strong>en</strong> plus on fakait ça dans le contexte où ilavait la kiné. Ce qui pour lui c'était d~fficile de faire undécalage <strong>en</strong>tre les deux. Avant que je me r<strong>en</strong>de compte decela, on a mis quand même quelques séances et jetrouvais que cela ne m'apportaitpas ... elle répétait toutce qu'il disait mais moi je fais ça tout le temps à lamaison aussi pour finir je trouvais que c'était une pertede temps. "


Un couple dont la mère est aussi infirmière évoque :M. 'Robin, il avait juste la mahdie de membrane hyaline(Syndrome de la membrane hya1ine)ou quelque chosecomme ça. C'est une maladie de poumon chez les <strong>en</strong>fantssouv<strong>en</strong>t avant sept mois de naissance (né avant septmois). "P. "Et le risque qu'il y avait avec l'oxygène pour lesyeux "M. "Ah oui, parce qu'il avait une forte dose d'oxygène,il risquait aussi d'être aveugle"P. "Zk (médecins) dkai<strong>en</strong>t un nom de médicam<strong>en</strong>t, bonon va le chercher ... "M. "Mais quelqu'un qui n'est pas infirmière qui n 'a pasle livre <strong>des</strong> médicam<strong>en</strong>ts, moi j'ai le mi<strong>en</strong>, ... jecherchais hi dedans. "P. "Elle cherchait le médicam<strong>en</strong>t ... "Ces deux dim<strong>en</strong>sions font état de la prise <strong>en</strong> charge du suivithérapeutique de l'<strong>en</strong>fant. Elles concern<strong>en</strong>t, soit directem<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant,soit le contact avec les thérapeutes de l'<strong>en</strong>fant. Cet aspect,particulièrem<strong>en</strong>t développé dans l'étude, aborde :- le suivi du traitem<strong>en</strong>t à la maison (prise de médicam<strong>en</strong>ts, usaged'appareillages divers, . ..) ;- l'aide dans le positionnem<strong>en</strong>t correct <strong>des</strong> membres afin d'<strong>en</strong>gagerde bonnes habitu<strong>des</strong> motrices;- les stimulations psychomotrices régulières dans le contexte d'unprogramme actif de kinésithérapie (Bobath, Delacato, ...);- les recherches d'un c<strong>en</strong>tre de jour et les visites d'institutions;- les recherches et choix de thérapeutes compét<strong>en</strong>ts;- les consultations et exam<strong>en</strong>s médicaux multiples avec l'<strong>en</strong>fant;- les recherches <strong>en</strong> vue de la réalisation d'un appareillage.Ret<strong>en</strong>ons, parmi l'<strong>en</strong>semble de ces tâches réalisées par lespar<strong>en</strong>ts, le rôle maternel d'aide saignante.Voici comm<strong>en</strong>t la mère d' Ariane collabore avec le péûiatre :"Parce que du fait qu'elle a fait 39 de fièvre, elleconvulse très vite. Suite à son problème d'opération dans


la tête, elle convulsait. Au départ elle convulsait à 38,38.5, elle était partie <strong>en</strong> convulsion. Alors donc on lasurveillait très fort. <strong>Le</strong> médecin est v<strong>en</strong>u le mardi soir,bon il n 'a ri<strong>en</strong> vu, il me dit : ça c'est <strong>en</strong>core un virus. Ilfaudra surveiller. La nuit <strong>en</strong> effet, il est rev<strong>en</strong>u. On s'estbattu p<strong>en</strong>dant deux heures pour faire <strong>des</strong>c<strong>en</strong>dre cettetempérature. Elle n 'a pas convulsé. "Quant à la mère de François, elle réalise, avec beaucoup decompét<strong>en</strong>ce l'aide respiratoire à son fils :M. "J'ai dû louer un appareil aussi pour 1 'aspirer hein,maint<strong>en</strong>ant je ne 1 'ai plus, donc une pompe pour aspii-elavec<strong>des</strong> son<strong>des</strong>, on m'avait appris à l'hôpital cornrn<strong>en</strong>tje devais les utiliser ... alors par son nez on <strong>en</strong>fonçait lasonde le plus bas possible, et on ressortait toutes lesglaires qu'il y avait dedans . ."E. "et il ne disait ri<strong>en</strong>, vous saviez faire facilem<strong>en</strong>t ?M. "Oui, je fakak ça toute seule, il se laissait mieux fairepar moi que quand la kiné devait le faire. Quand la kinédevait le faire, je devais le t<strong>en</strong>ir avec, et quand je lefaisak moi, je le t<strong>en</strong>ais toute seule"E. "Oui, ça ne doit pas être évid<strong>en</strong>t quand rnêrne ... "M. "Oh, je faisais ça avec les yeux f<strong>en</strong>nés ... (...) Ca<strong>des</strong>c<strong>en</strong>d par la gorge hein, ily a juste dans le nez que, àcertains mom<strong>en</strong>ts que ça reste accroché alors il faut unpetit peu soulever la sonde."E" Et ça ne le blesse pas, ça n'irrite pas ? "M.'Y'aijamais eu d'accid<strong>en</strong>t avec, que <strong>des</strong> fok la kirzé lefaisait, elle avait du sang avec, mais quand moi je lui aifait, j'ai jamais eu de sang, ri<strong>en</strong> du tout. "Face à la problématique du <strong>handicap</strong>, certains aspects pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>tparfois <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions qui impliqu<strong>en</strong>t profondém<strong>en</strong>t les par<strong>en</strong>ts : telest le cas lorsque la mère de Jean-Pierre recherche un c<strong>en</strong>tre de jourpour son fils :M. "... alors, j'ai pris contact avec l'institution et ilsm'ont dit "vous pouvez v<strong>en</strong>ir un ou deux jours à l'essaiet <strong>en</strong> fait je suis très cont<strong>en</strong>te. Il me semble que luimêmeest soulagé et apparemm<strong>en</strong>t, moi, j'ai été très


perturbée quandj'avak vkité avec mon mari <strong>en</strong> juin avecSébasti<strong>en</strong> (l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é), parce qu 'évidemm<strong>en</strong>t, ily a <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants qui sont beaucoup plus atteints, qui ont<strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts désordonnés, qui sont <strong>en</strong> chaiseroulante, etc. J'ai mi% deux jours à m '<strong>en</strong> remettre, alorsque je rny étais préparée, j'ai quand même mis deuxjoun parce que c'est quand même un choc et cette fois-cije n'ai plus eu ce choc, mais Sébasti<strong>en</strong>, apparemm<strong>en</strong>t çane lui pose pas de problème du tout, il est au contrairefasciné par les fauteuils électriques. ""La santé <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants - comme aussi celle <strong>des</strong> adultes - ne dép<strong>en</strong>dpas seulem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> conditions familiales ni du paramédical C..).Ainsi il est tout à faitpertin<strong>en</strong>t de rangerparmi les tâches sanitairestoutes celles qui contribu<strong>en</strong>t à créer les (bonnes) rehtionspropices àl'épanouksem<strong>en</strong>t, au bi<strong>en</strong>-être de chacun." (Cresson, 1991 : 259)Participer aux fêtes du c<strong>en</strong>tre fréqu<strong>en</strong>té représ<strong>en</strong>te un exemple.M. "Bon, ily a eu la fancy-fair à (l'institution), ily a mamère qui est v<strong>en</strong>ue, mon frère, ma soeur, ma tante estv<strong>en</strong>ue avec ses <strong>en</strong>fants, on était à une dizaine ri<strong>en</strong> qu<strong>en</strong>ous, mais le petit voit la famille à son école et moi jecrok que c 'est important pour lui il était fir à 1 'école.""Ici on recherche, ou utilise, <strong>des</strong> informations qui ne soi<strong>en</strong>t nimédicales, ni familiales, pour améliorer les conditions de bi<strong>en</strong>-être."(Cresson, 1991 : 259)En dehors du réseau <strong>des</strong> thérapeutes de l'<strong>en</strong>fant, les par<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>quête de savoir port<strong>en</strong>t leur intérêt sur diverses manifestations :participation à <strong>des</strong> colloques ou journées d'étu<strong>des</strong> sur le <strong>handicap</strong>,participation aux réunions organisées par l'institution que fréqu<strong>en</strong>tel'<strong>en</strong>fant. Ces activités cognitives répond<strong>en</strong>t à la fois au besoin <strong>des</strong>avoir et à celui de donner <strong>en</strong> faisant part de sa propre ex&i<strong>en</strong>ce.


Des par<strong>en</strong>ts concrétis<strong>en</strong>t leurs projets <strong>en</strong> <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ant certainesréalisations telies que :- l'organisation de r<strong>en</strong>contres amicales <strong>en</strong>tre par<strong>en</strong>ts s<strong>en</strong>sibilisés parle <strong>handicap</strong> d'un <strong>en</strong>fant;- la création d'un lieu de r<strong>en</strong>contre pour les par<strong>en</strong>ts concernés;- la création d'une crèche équipée qui accueille <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants atteintsde <strong>handicap</strong> moteur;- le développem<strong>en</strong>t d'un réseau de garde."Il s'agit ici d'une supra-catégorie qui est d'une autre nature queles précéd<strong>en</strong>tes. Cette fois, on décide <strong>des</strong> mesures a pr<strong>en</strong>dre, <strong>en</strong>t<strong>en</strong>ant compte de toutes les ressources disponibles ; on choisit surquelterrain interv<strong>en</strong>ir (; ..). On supervise aussi bi<strong>en</strong> l'évolution <strong>des</strong>sym tômes que le travail <strong>des</strong> professionnek. " (Cresson, 1991 : 259-260 yOn retrouve donc dans cette catégorie de "supervision" et de"surveillance" toute la question de la découverte du <strong>handicap</strong>, d'unepart, et celle de l'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant, d'autre part :surveillance <strong>des</strong> premiers signes lors de la période de suspicion,contrôle <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes manifestations de l'<strong>en</strong>fant, telles que parexemple les crises d'épilepsie, les pleurs int<strong>en</strong>ses, ... Ce travailpar<strong>en</strong>tal s'inscrit, <strong>en</strong> outre, dans la dynamique relationnelle par<strong>en</strong>ts /professiomels de la santé. Cette dim<strong>en</strong>sion transparaît, <strong>en</strong> filigrane,dans les différ<strong>en</strong>ts extraits prés<strong>en</strong>tés dans les catégories précéd<strong>en</strong>tes:Cette catégorie met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce le fait que "la surveillanceimplique un certain nombre de passages, de relais <strong>en</strong>tre profanes etprofessionnek;. " (Cresson, 1991 : 260)Un premier relais peut être constitué par les professiomels oumembres de la famille compét<strong>en</strong>ts dans certains domaines :E. "Comm<strong>en</strong>t est-ce que ça se passe quand il y a <strong>des</strong>déckions importantes qui sont à pr<strong>en</strong>dre ? "M. "En règle générale, je les pr<strong>en</strong>ds. Et je dois dire quemon frère est lic<strong>en</strong>cié <strong>en</strong> kiné et mon beau-frère estjustem<strong>en</strong>t spécialiste <strong>en</strong> médecine physique etréadaptation, donc ça tombait bi<strong>en</strong>, je leur ai téléphoné


directem<strong>en</strong>t, ik m'ont dit : Méthode Bobath, tu fonces, ilfaut rééduquer le plus vite possible, plus on comm<strong>en</strong>cetôt, meilleurs sont les résultats . Ce qui fait que j'avaistrois conseils de trois personnes différ<strong>en</strong>tes qui medisai<strong>en</strong>t la même chose . .. "Dans le cadre théorique de cette typologie - comme de toute autred'ailleurs - le retour à la parole <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts restitue la singularité et ladiversité <strong>des</strong> vécus. Tout <strong>en</strong> structurant l'organisation générale ducorpus <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s, la typologie se "nourrit" de l'histoire dechaque famille, de chaque par<strong>en</strong>t. Grâce à ce va-et-vi<strong>en</strong>t constant<strong>en</strong>tre la construction théorique et la signification <strong>des</strong> vécus s'élaborel'analyse qualitative.La typologie prés<strong>en</strong>tée ordonne et met <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong>multiples activités qui particip<strong>en</strong>t du travail sanitaire profane.N'ayant pas investigué la question de savoir si ces activités étai<strong>en</strong>tvécues <strong>en</strong> termes de "travail", nous nous limiterons ici à deuxremarques. La première est celle de sout<strong>en</strong>ir la t<strong>en</strong>dance qui souligneque le travail sanitaire profane est, comme le démontre G. Cresson,"une activité volontiers passée sous sil<strong>en</strong>ce, euphémisée, r<strong>en</strong>dueinvisible auxyeux mêmes de celles et ceux qui l'accompliss<strong>en</strong>t. "lE. "Et ça vous demande beaucoup d'énergie de gérer toutç, ? "P. "Non, je cru& que bi<strong>en</strong> sûr ça demande toujours del'énergie mais je crois que à la limite c'est inné, c'estnormal, ça doit être comme ça etpus autrem<strong>en</strong>t, ... "La seconde remarque r<strong>en</strong>force l'idée que le travail sanitaireprofane atteint un degré de visibilité, surtout, lorsqu'il y a surcharge.Dans plusieurs familles, la surcharge d'activités est vécuejournellem<strong>en</strong>t de manière très aiguë; dans d'autres foyers, ce sont<strong>des</strong> pério<strong>des</strong> précises telles que les phases d'hospitalisation, lesmom<strong>en</strong>ts forts de la journée (matin et soir) qui pos<strong>en</strong>t un problèmesur le plan de la gestion <strong>des</strong> tâches et <strong>des</strong> activités domestiques dansleurs multiples dim<strong>en</strong>sions. Une grande majorité* de mèress'exprim<strong>en</strong>t sur ce point. Seul, un père fait état de ses difficultés àCompte r<strong>en</strong>du de thèse <strong>Le</strong> travail sanitaire profane dans la famille. Analysesociologique. La lettre du G.D.R., Sociologie de la famille. <strong>Le</strong>ttre no 8, 1992.


maîtriser les différ<strong>en</strong>tes facettes de la vie familiale. Trois couplesévoqu<strong>en</strong>t conjointem<strong>en</strong>t leurs difficultés à pr<strong>en</strong>dre tous les aspects dela vie domestique <strong>en</strong> charge.Deux phénomènes mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évid<strong>en</strong>ce la spécificité de la prise <strong>en</strong>charge à domicile du jeune <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é.<strong>Le</strong> premier concerne l'amplification du travail journalierlié aux besoins spécifiques et aux difficultés de l'<strong>en</strong>fant. Afin de fairepart de la charge familiale que requiert la prés<strong>en</strong>ce d'un <strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é à domicile, plusieurs par<strong>en</strong>ts compar<strong>en</strong>t la lourdeur de cetravail à celle de la prise <strong>en</strong> charge habituelle de deux, voire trois<strong>en</strong>fants.E. " Et vous voulez <strong>en</strong>core avoir d'autres <strong>en</strong>fants ?"P. ''Je ne crois pas, parce qu'avec Ania, c'est le même(la même chose que si j'avais) beaucoup d'<strong>en</strong>fants. "Si une étude budget-temps cerne de manière rigoureuse le volumetemporel de l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> activités montrant une nette différ<strong>en</strong>ceselon qu'il y a prés<strong>en</strong>ce ou non d'un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é au sein d'unefamillel, notre étude basée sur les récits par<strong>en</strong>taux introduit une autredim<strong>en</strong>sion à ce phénomène, à savoir l'expression du vécu de cesactivités. La différ<strong>en</strong>ce est inhér<strong>en</strong>te, lorsqu'il y a <strong>handicap</strong>, au stressprovoqué par <strong>des</strong> activités qui, dans un contexte courant, serai<strong>en</strong>tanodines.<strong>Le</strong> second phénomène spécifique à la question del'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant atteint d'infirmité motriced'origine cérébrale réside dans la perman<strong>en</strong>ce et l'acuité dustress inhér<strong>en</strong>t à la problématique de la défici<strong>en</strong>ce et du <strong>handicap</strong> del'<strong>en</strong>fant.La prise du repas est exemplaire :M. "Cette espèce de t<strong>en</strong>sion, il fallait la faire manger, sesrepas ça pr<strong>en</strong>ait une ampleur inimaginable et alors detemps à autre je dis à B. (soeur de la mère) je te la laisseun quart d'heure, je n'<strong>en</strong> peux plus, allez aide-moi etCommunication de A. Triomphe, Poly<strong>handicap</strong> : aspects économiques.Journées organisées par le service de neuropédiatrie "<strong>Le</strong> poly<strong>handicap</strong>",Hôpital Saint Vinc<strong>en</strong>t de Paul, Paris, Juin 1992.


alors je vais pr<strong>en</strong>dre l'air un quart d'heure, il fallaitdécanter, je rev<strong>en</strong>ak et je disais, courage elle a pris troiscuillères c'est toujours ça, allez je veux bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>coredonner les trois autres ... "<strong>Le</strong> suivi médical s'inscrit dans cette même logique :P. "Mak c'est tout ça hein, avec N. (neurologue) pour latête, P. (pédiatre) pour toute la pédiatrie, la kiné quivi<strong>en</strong>t, alors aller à J. (c<strong>en</strong>tre hospitalier) pour ses yeux "M. "La psychologue ... "P. "Mais au début tu devi<strong>en</strong>s fou, la première année ... "M. "Tous les r<strong>en</strong>dez-vous. "M. "Tous les jours, il y a quelque chose. Tous les joursil reçoit soit la logo, soit la kiné. En plus, avec troisgosses, c'est déjà une consultation à 1'0. N. E.. C'estpompant. "Ces deux phénomènes - amplification <strong>des</strong> activités etperman<strong>en</strong>ce et acuité du stress lié à la situation de<strong>handicap</strong> - vari<strong>en</strong>t avec la gravité de l'atteinte et lesphases d'évolution de l'<strong>en</strong>fant. Cet aspect du stressquotidi<strong>en</strong> ne doit pas être confondu avec le vécu du<strong>handicap</strong>, qui lui participe du champ <strong>des</strong> représ<strong>en</strong>tations<strong>sociales</strong> et n'est pas lié, de manière systématique, à lagravité du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant comme nous I'avonsévoqué par ailleurs.Ces traits de la prise <strong>en</strong> charge étant spécifiés, nous abordons ladynamique de gestion de la prise <strong>en</strong> charge au sein du couplepar<strong>en</strong>tal sous l'angle de la répartition <strong>des</strong> rôles conjugaux.2. Jfaceàe de l'<strong>en</strong>fant<strong>Le</strong>s activités familiales domestiques ne form<strong>en</strong>t pas un blocmonolithique. Deux aspects principaux sont distingués :l'organisation et l'accomplissem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> tâches ménagères etl'éducation suivie <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants. Dans les familles où vit un jeune<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, l'accompagnem<strong>en</strong>t éducatif et thérapeutique de cet


<strong>en</strong>fant constitue un aspect supplém<strong>en</strong>taire et s'inscrit pleinem<strong>en</strong>t dansla répartition par<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> rôles.La répartition par<strong>en</strong>tale <strong>des</strong> rôles familiaux peut correspondre auxformes générales suivantes :Repartition d m : c'est la distribution traditionnelle selonlaquelle la mère reste au foyer <strong>en</strong> <strong>en</strong> ayant la charge intégrale et lepère assure la survie de la famille par son activité professionnelle.: cette répartition correspond à la visionmoderne de la famille, les deux par<strong>en</strong>ts ont une activitéprofessio~ellet partag<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> activités domestiques.=ti<strong>en</strong> i n e & : cette situation est celle de la "doublecarrière" féminine au s<strong>en</strong>s d'un cumul, dans le chef de la mère,d'une activité professionnelle et d'un travail domestique.Globalem<strong>en</strong>t, dans la moitié <strong>des</strong> familles r<strong>en</strong>contrées, la prise <strong>en</strong>charge concrète et active revi<strong>en</strong>t de manière prédominante à la mère.<strong>Le</strong>s raisons <strong>en</strong> sont diverses : le conjoint a un travail qui l'absorbe<strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t ou n'a pas les facilités horaires de son épouse, ildésinvestit son rôle par<strong>en</strong>tal ou connaît <strong>des</strong> phases dépressives quil'empêch<strong>en</strong>t d'être un part<strong>en</strong>aire actif, ou <strong>en</strong>core, la tradition fait quela femme gère tout ce qui est relatif aux <strong>en</strong>fants et au ménage.Dans l'autre moitié <strong>des</strong> familles, il s'agit, soit d'une aide partielledu conjoint dans une minorité de cas (apports épisodiques ouspécifiques), soit le plus souv<strong>en</strong>t, d'un partage relativem<strong>en</strong>t équilibré<strong>en</strong>tre les apports <strong>des</strong> deux par<strong>en</strong>ts. En effet, un tiers <strong>des</strong> par<strong>en</strong>tsdis<strong>en</strong>t assumer <strong>en</strong>semble l'accompagnem<strong>en</strong>t de I'<strong>en</strong>fant.Parmi les familles r<strong>en</strong>contrées, presque tous les hommes ont uneactivité professio~elle (38139 - une seule situation de chômage).Quant aux femmes, certaines sont professionnellem<strong>en</strong>t actives(23139) et d'autres sont au foyer (pause carrière, "mère au foyer",chômage) (16139).La thématique du projet thérapeutique introduit un <strong>en</strong>semblede nuances dans l'étude de la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant et étay<strong>en</strong>otamm<strong>en</strong>t la compréh<strong>en</strong>sion de la dynamique interactive au sein ducouple. Une remarque s'impose concernant l'investissem<strong>en</strong>t respectif<strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts. Il ne faudrait pas, <strong>en</strong> effet, confondre prise <strong>en</strong> chargethérapeutique et investissem<strong>en</strong>t affectif ou att<strong>en</strong>tion portée à l'<strong>en</strong>fant.<strong>Le</strong> projet thérapeutique peut être défini par l'ori<strong>en</strong>tation qu'a lepar<strong>en</strong>t quant au développem<strong>en</strong>t psychomoteur de l'<strong>en</strong>fant.


L'exist<strong>en</strong>ce d'un projet thérapeutique guide la prise <strong>en</strong> charge. <strong>Le</strong>spar<strong>en</strong>ts accompliss<strong>en</strong>t et poursuiv<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semble d'actions. <strong>Le</strong>urénergie, leur fermeté, leur int<strong>en</strong>tion déterminée, leur attitude att<strong>en</strong>tive,leur vigilance sont <strong>des</strong> traits dominants dans la dynamique de prise <strong>en</strong>charge concrète.<strong>Le</strong> projet thérapeutique peut aussi être abs<strong>en</strong>t : l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>éest alors soit assimilé aux autres <strong>en</strong>fants et ne fait pas l'objet d'unaccompagnem<strong>en</strong>t thérapeutique spécifique, soit remis complètem<strong>en</strong>t<strong>en</strong>tre les mains <strong>des</strong> professionnels du c<strong>en</strong>tre spécialisé. C'estnotamm<strong>en</strong>t le cas lorsque la mère de Mathieu refuse de s'investirdans la recherche d'un pédiatre privé :E. "Du point de vue médical, vous avez un pédiatreprécis ou bi<strong>en</strong> c'est l'école qui s'<strong>en</strong> occupe ?"M. "Et bi<strong>en</strong> c'est l'école quis '<strong>en</strong> occupe. Mais on nousa dit qu 'on devait avoir un pédiatre, mais moi je ne voispas l'intérêtparce qu'il est quand même à l'école ... Ona eu un r<strong>en</strong>dez-vous chez le médecin à l'école et il disait"vous devez pr<strong>en</strong>dre un pédiatre" et moi je lui ai dit"mais pourquoi <strong>en</strong>fin ?"je trouve ça bête ... Alors moiça, je ne compr<strong>en</strong>ds pas parce qu 'elle insistait, insistaitelle dit "vous devez avoir un médecin" ça je necompr<strong>en</strong>ds pas. Parce que si c'est grave ou si c'esturg<strong>en</strong>t, je vais à la clinique, et si c'est pas grave je luidonne une aspirine, j'att<strong>en</strong>ds jusqu 'au lundi pour qu'ilsoit consulté à l'école quoi ! "L'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant dans ses dim<strong>en</strong>sions affective,éducative et thérapeutique varie d'une famille à l'autre et d'un par<strong>en</strong>tà l'autre; il correspond aux représ<strong>en</strong>tations par<strong>en</strong>tales ainsi qu'auxmo<strong>des</strong> d'investissem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant.Deux gran<strong>des</strong> t<strong>en</strong>dances se <strong>des</strong>sin<strong>en</strong>t quant aux attitu<strong>des</strong> <strong>des</strong>mères et <strong>des</strong> pères au sein du couple face à l'accompagnem<strong>en</strong>t dujeune <strong>en</strong>fant : <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>tales proches et <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong>par<strong>en</strong>tales distinctes. La notion d'attitude indique bi<strong>en</strong> que nousne nous situons pas exclusivem<strong>en</strong>t dans le registre <strong>des</strong>comportem<strong>en</strong>ts, soit <strong>des</strong> actes posés, mais égalem<strong>en</strong>t sur le plan <strong>des</strong>dispositions m<strong>en</strong>tales et <strong>des</strong> int<strong>en</strong>tions.Ces attitu<strong>des</strong> révèl<strong>en</strong>t <strong>des</strong> processus d'ajustem<strong>en</strong>tspar<strong>en</strong>taux.


La majorité <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts r<strong>en</strong>contrés développ<strong>en</strong>t <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> trèssimilaires à l'égard de la prise <strong>en</strong> charge thérapeutique de leur <strong>en</strong>fantet fond<strong>en</strong>t un projet commun clairem<strong>en</strong>t explicité tel que le bi<strong>en</strong>-êtrephysique et psychologique de l'<strong>en</strong>fant, son autonomie motrice, sondéveloppem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tal.Certains par<strong>en</strong>ts inscriv<strong>en</strong>t leur projet thérapeutique dans laperspective du "dev<strong>en</strong>ir comme les autres". Celle-ci constitue lemoteur de la prise <strong>en</strong> charge tout <strong>en</strong> recouvrant <strong>des</strong> significationsdiffér<strong>en</strong>tes telles que, par exemple, "gommer" le <strong>handicap</strong> de I'<strong>en</strong>fantdm une optique réparatrice, ou <strong>en</strong>core faire <strong>en</strong> sorte que le <strong>handicap</strong>ne constitue pas un frein à l'intégration sociale de l'<strong>en</strong>fant et à sonautonomie.Cette dynamique d'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal repose sur le souti<strong>en</strong>mutuel <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts qui partag<strong>en</strong>t la même ori<strong>en</strong>tation. Néanmoins,<strong>des</strong> difficultés dans les relations conjugales peuv<strong>en</strong>t surv<strong>en</strong>ir. Parfoisantérieures à la v<strong>en</strong>ue de l'<strong>en</strong>fant, elles sont alors r<strong>en</strong>forcées par lestress inhér<strong>en</strong>t à la situation de <strong>handicap</strong> et peuv<strong>en</strong>t pr<strong>en</strong>dre la formede t<strong>en</strong>sions, de reproches, de "coups de gueule", et être liées à uneplus grande susceptibilité ou <strong>en</strong>core à une incompréh<strong>en</strong>siunponctuelle due à une perte de sang-froid dans <strong>des</strong> circonstancespassagères de crises. Ainsi, un couple de par<strong>en</strong>ts dont le projetcommun s'organise sur la base d'une relation strictem<strong>en</strong>t égalitaire,tant sur le plan de la répartition <strong>des</strong> tâches domestiques que sur celuidu partage <strong>des</strong> responsabilités à l'égard de l'<strong>en</strong>fant est confronté à unrythme de vie tel que les disputes devi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t plus fréqu<strong>en</strong>tes. Ladécision qui permet un dépassem<strong>en</strong>t et un nouvel équilibre au sein ducouple concerne le recours aux soins d'une gardi<strong>en</strong>ne privée.Jusqu'alors, les par<strong>en</strong>ts s'estimai<strong>en</strong>t seuls compét<strong>en</strong>ts dans ladynamique de prise <strong>en</strong> charge du jeune <strong>en</strong>fant.Ces difficultés ne mett<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong> cause l'union conjugale maisnourriss<strong>en</strong>t, à certains mom<strong>en</strong>ts de la vie du couple, un climat plusconflictuel. Cep<strong>en</strong>dant, la proximité dans l'action thérapeutique,r<strong>en</strong>forcée par un investissem<strong>en</strong>t affectif de l'<strong>en</strong>fant, participede l'ajustem<strong>en</strong>t conjugal <strong>en</strong> constituant, pour chaque par<strong>en</strong>t, uneforce et un souti<strong>en</strong> psychologique.


Certains par<strong>en</strong>ts développ<strong>en</strong>t une représ<strong>en</strong>tation fataliste dumonde :P. "C'était malheureux que ce soit arrivé, quoi mais onne savait pas y changer grand chose ... Qu'est-ce que tuveux, c'est <strong>des</strong> choses tristes mais c'est comme ça ...c'est la vie. On ne peutpas tout avoir dans la vie ... Zlya <strong>des</strong> pauvres, il y a <strong>des</strong> riches, il y a <strong>des</strong> mala<strong>des</strong>, il y<strong>en</strong> a qui ont une bonne santé, il y a de tout, tout, .. ."Ces représ<strong>en</strong>tations fatalistes, lorsqu'elles sont partagées par lesdeux conjoints, fond<strong>en</strong>t les bases du processus d'ajustem<strong>en</strong>tpar<strong>en</strong>tal.Dans ces quelques familles, les moy<strong>en</strong>s d'action sont, parailleurs, extrêmem<strong>en</strong>t limités. <strong>Le</strong>ur situation socio-économiqueprécaire constitue un frein dans la dynamique par<strong>en</strong>taled'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant, elle ne facilite pas l'accès àl'information et n' aide pas à <strong>en</strong>gager un processus continu de prise<strong>en</strong> charge. La représ<strong>en</strong>tation fataliste reflète un décalage <strong>en</strong>tre lesouhait d'agir et le passage à l'acte (disposition de moy<strong>en</strong>s et mise <strong>en</strong>oeuvre de ressources).Ces attitu<strong>des</strong> sont donc à analyser dans le. contexte générald'appart<strong>en</strong>ance à un groupe social. Ces conditions matériellesd'exist<strong>en</strong>ce ne détermin<strong>en</strong>t pas causalem<strong>en</strong>t le "rapport aux choses",mais particip<strong>en</strong>t à l'inscription de l'individu dans une dynamiquesociale, ici initialem<strong>en</strong>t défavorable.En outre, le système de valeurs varie d'un groupe social à l'autreet définit <strong>des</strong> logiques d'action et de représ<strong>en</strong>tation. Pour certainspar<strong>en</strong>ts, même si le projet thérapeutique est abs<strong>en</strong>t, même si lalogique thérapeutique active manque, l'investissem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>talexiste, il est avant tout affectif et repose notamm<strong>en</strong>t sur les notionsd'habitude et d'espoir :M. "On l'a toujoursprke comme elle était "E. "Comm<strong>en</strong>t est-ce que vous vivez ça ? "P. "On a déjà prk l'habitude hein ! "M. et P. "On garde toujours l'espoir qqu 'elle fasse <strong>des</strong>progrès ... Nous on ne p<strong>en</strong>se pas qu'elle ne fera jamaisd'efforts. "


Seconde t<strong>en</strong>dance :;L'attitude fataliste trouve parfois son origine dans <strong>des</strong> convictionsreligieuses :M. "Nous, on dit ça : Karim c 'éîait déjà inarqué. Allah ila déjà marqué Karim, il doit être né comme ça, il doit pasmarcher, il doit pas parler, il doit par exemple pas allerdans une école normale, alors nous, au plus on faitatt<strong>en</strong>tion pour Karim, Allah c'est plus qu'il va aidernous .''Dans cette représ<strong>en</strong>tation du monde, l'acceptation du <strong>handicap</strong>s'amorce et constitue un point d'ancrage du processus d'ajustem<strong>en</strong>tface à l'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant.Dans plusieurs familles, l'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal se structure àtravers un <strong>en</strong>semble d'attitu<strong>des</strong> distinctes <strong>en</strong>tre les deux par<strong>en</strong>ts. <strong>Le</strong>ssituations de loin les plus fréqu<strong>en</strong>tes reflèt<strong>en</strong>t l'inégale répartition <strong>des</strong>rôles et <strong>des</strong> responsabilités par<strong>en</strong>tales fondée sur une prise <strong>en</strong> chargematernelle prédominante de l'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant.Dans certains cas, les situations familiales mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> relation deuxconjoints extrêmem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>ts dans leur perception de la situationde <strong>handicap</strong>. L'appar<strong>en</strong>te passivité <strong>des</strong> pères, plus justem<strong>en</strong>t, la prisede distance paternelle à l'égard du <strong>handicap</strong> ou même de l'<strong>en</strong>fant,s'oppose à une attitude forte et déterminée <strong>des</strong> mères <strong>en</strong> matièred'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é. <strong>Le</strong> statut professionnel <strong>des</strong>mères reti<strong>en</strong>t notre att<strong>en</strong>tion puisqu'il s'agit, pou la plupart d'<strong>en</strong>treelles, de femmes dotées d'une formation universitaire ou parauniversitaire,ou ayant trait au domaine paramédical (architecte,histori<strong>en</strong>ne, journaliste, infirmière, logopède).Dans un premier <strong>en</strong>semble, la répartition différ<strong>en</strong>te et inégale<strong>des</strong> rôles conjugaux face à la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é nes'inscrit pas sur un mode problématique ou conflictuel. Elle procèded'un choix conjugal et relève d'un cons<strong>en</strong>sus <strong>en</strong>tre les par<strong>en</strong>ts.L'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te conjugale constitue une ressource et une valeur importantespour ces par<strong>en</strong>ts.


Ainsi, par exemple, pour une famille, avoir <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants relèved'un choix presque exclusivem<strong>en</strong>t maternel et repose sur unephilosophie de vie que le conjoint accepte :M. "Il (le conjoint) n'est jamais là, il est toujours àson travail; le mom<strong>en</strong>t ou il r<strong>en</strong>tre tout de suite il foncevers elle, il n'a qu'une idée c'est l'apprivoiser ... iln'a pas vraim<strong>en</strong>t le temps de s'<strong>en</strong> occuper, de joueravec elle, de l'aider à se réalker elle-même, .. ."Dans ces situations, l'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal repose sur <strong>des</strong> stratégiesmaternelles. Ces mères ne valoris<strong>en</strong>t pas toujours le conjoint ni nefavoris<strong>en</strong>t un rapprochem<strong>en</strong>t dans la dynamique de prise <strong>en</strong> charge :M. "Mon mari est très maladroit. Moralité, 1 'habiller,il n'a jamais su le faire, lui donner le bain, if n'ajamais su le faire, il a tout le temps peur de le laissertomber. Connaissant sa maiadresse il vit dans uneangoisse constante."Dans un deuxième <strong>en</strong>semble, les différ<strong>en</strong>ces qui semanifest<strong>en</strong>t au sein du couple par<strong>en</strong>tal sont plutôt vécues <strong>en</strong> termesde non partage et altèr<strong>en</strong>t la qualité <strong>des</strong> relations conjugales. Ellespr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t l'allure de diverg<strong>en</strong>ces et sont parfois source de désaccord.Ces diverg<strong>en</strong>ces peuv<strong>en</strong>t être liées à <strong>des</strong> niveaux d'exig<strong>en</strong>cediffér<strong>en</strong>ts sur le plan thérapeutique. On remarque par exemple que lesmères ont t<strong>en</strong>dance à manifester plus d'exig<strong>en</strong>ces et une plus grandevigilance à l'égard de l'<strong>en</strong>fant que leur conjoint, et ce d'autant plusqu'elles dispos<strong>en</strong>t d'une formation professionnelle médicale ou paramédicale:M. "Je crois qu'il y a une différ<strong>en</strong>ce du fait que j'aitout le temps <strong>en</strong> charge Pierre donc, je m 'occupe de luid'une manière beaucoup plus constante que lui (leconjoint), et que je suis att<strong>en</strong>tive à plus de choses, déjà<strong>en</strong> tant que femme on est déjà plus att<strong>en</strong>tive à <strong>des</strong> tasde petits détails vis-à-vis de son <strong>en</strong>fant, et qu'on parlede pas mal de trucs, mais <strong>en</strong> plus, avec le Bobath plusatt<strong>en</strong>tive aussi à ses mouvem<strong>en</strong>ts, à ce qu'ilpeut faireou ne pas faire, plus dans ce s<strong>en</strong>s là. Au niveaulogopédie aussi bon, les exercices à faire, ou lui faire


dire <strong>des</strong> choses, mon mari ne p<strong>en</strong>se pasnécessairem<strong>en</strong>t a le dire, je lui dk a ce mom<strong>en</strong>t-là makbon, ..."E. "Avez-vous le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t d%n partage avec votreconjoint ?"M. "Un partage, oui et non, dans le s<strong>en</strong>s où il n'estpas souv<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t, il n) a pas ce partage, maisdisons qu'<strong>en</strong> théorie le partage serait Ià, mais ... "Ces diverg<strong>en</strong>ces peuv<strong>en</strong>t aussi être le résultat d'un décalageimportant dans la prise de consci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant. Cedécalage temporel, parfois très important, a <strong>des</strong> répercussions sur ladynamique de la prise <strong>en</strong> charge et sur la dynamique, plus générale,de la vie conjugale : lorsqu'un conjoint n'est pas à même dereconnaitre la réalité de la situation de <strong>handicap</strong> ou la refuse,l'accompagnem<strong>en</strong>t thérapeutique et éducatif de l'<strong>en</strong>fant peut êtreress<strong>en</strong>ti <strong>en</strong> termes de charge physique, morale et m<strong>en</strong>tale lourde àporter :M. "Je me bats tous les jours, avec lui quasim<strong>en</strong>t, pouressayer de lui faire compr<strong>en</strong>dre que j'ai besoin de sonsouti<strong>en</strong>. "Dans cette dernière situation, la mère recourt au souti<strong>en</strong> de sapropre mère et fait de cette collusion la base de l'ajustem<strong>en</strong>t maternelet familial :M. ''Je considère ça (le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant) comme monproblème puisque je suis toute seule a l'assutner à partmes par<strong>en</strong>ts qui m'aid<strong>en</strong>t énormém<strong>en</strong>t ... Maman vi<strong>en</strong>ttoujours avec moi (consultations) parce qu 'elle aime bi<strong>en</strong>être au courant aussi mais lui (le conjoint) jamais, il n'ajamais pris un jour de congé pour v<strong>en</strong>ir à aucuntraitem<strong>en</strong>t ni à la clinique ... "E. "Et du point de vue de la kiné, ça sepasse comm<strong>en</strong>t ?Vous êtesprés<strong>en</strong>te, de quelle manière cela sepasse ?"M. "Ah out je suis toujours prés<strong>en</strong>te, bon on partage d<strong>en</strong>ouveau le travail avec ma maman qui m'aideénormém<strong>en</strong>t. Elle va faire <strong>des</strong> séances de kiné ici à laclinique le mardl; et le jeudi à l'hydrothérapie, c'est


maman qui y va, et moi je vais chez la kiné privée lelundi et le mercredi. "Dans un troisième <strong>en</strong>semble, l'attitude discordante <strong>des</strong> par<strong>en</strong>tsest vécue sur un mode problématique. Ces situations se caractéris<strong>en</strong>tpar une distance paternelle et LUI investissem<strong>en</strong>t actif de la part <strong>des</strong>mères. Des difficultés sur le plan de la vie conjugale émerg<strong>en</strong>t et lanotion de rupture familiale se profile dans certains discours.Une mère souffre de l'attitude, ress<strong>en</strong>tie comme affectivem<strong>en</strong>tdistante, de son conjoint, de son abs<strong>en</strong>ce dans la dynamique del'accompagnem<strong>en</strong>t et de son incompét<strong>en</strong>ce dans la prise <strong>en</strong> charge detâches élém<strong>en</strong>taires teiles que le bain, le biberon, etc. :M. "Il s '<strong>en</strong> fiche . .. ça (avoir un <strong>en</strong>fant) ne lui fait ri<strong>en</strong>du tout. "Ce vécu maternel est pondéré par l'explication suivante qui révèletoute la complexité <strong>des</strong> dynamiques conjugales. Au retour d'unecourse brève, la mère appr<strong>en</strong>d que son mari a donné le biberon àl'<strong>en</strong>fant :M. "Quand je suk arrivée le petit avait déjà eu sonbiberon, j'étak là et je ne savais plus ri<strong>en</strong>, ri<strong>en</strong> qui sortaitquoi. Je ne savais plus quoi dire, j'étais tellem<strong>en</strong>tétonnée, il m'a répondu : il était tellem<strong>en</strong>t occupé àpleurer, j'allais pas le lakser pleurer 6..)"E. "Et si vous étiez là et qu'il avait voulu donner lebiberon vous auriez accepté ?"M. "J'<strong>en</strong> sais ri<strong>en</strong>, ça se peut qu 'il m 'avait dit je vais ledonner, je dirais non, moi je lui donne, parce que j'aitellem<strong>en</strong>t l'habitude."M. "J'ai confiance qu'<strong>en</strong> moi-même quand je le porte;quand mon mari le porte, je ti<strong>en</strong>s mon mari ... j'aiconfiance qu'<strong>en</strong> moi."Une autre mère dont le principe de vie se c<strong>en</strong>tre sur l'action vitdifficilem<strong>en</strong>t l'attitude fataliste de son mari à l'égard <strong>des</strong> démarchesqu'elle <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d dans le processus de prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant :"de toutefaçon ça ne sert à ri<strong>en</strong>", dit le père qui, par ailleurs, refusela réalité du <strong>handicap</strong> :


E. "Outre le <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant avez-vous d'autresdzflcultés auxquelles vous devez faire face ? "M. "Oui. <strong>Le</strong>s problèmes d'arg<strong>en</strong>t, c'est pas drôle.Bon, le problème, c'est le conjoint."M. "C'est très pénible parce que je me suis heurtée àun mur."<strong>Le</strong>s difficultés conjugales trouv<strong>en</strong>t notamm<strong>en</strong>t leur origine dans ledécalage par<strong>en</strong>tal, déjà précisé antérieurem<strong>en</strong>t, quant à la prise deconsci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong> dans toutes ses dim<strong>en</strong>sions. La chargem<strong>en</strong>tale se surajoute dans ces cas à un contexte général de prise <strong>en</strong>charge prédominante par la mère de la vie domestique familiale.<strong>Le</strong>s attitu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>tales, surtout lorsqu'elles sont distinctes,vécues sur un mode problématique ou non, s'inscriv<strong>en</strong>t toujoursdans la complexité psychologique <strong>des</strong> échanges <strong>en</strong>tre conjoints,r<strong>en</strong>forcée par le caractère parfois paradoxal du discours :M."Généralem<strong>en</strong>t je lui <strong>en</strong> parle avant mais madécision est déjà prise ! Pour les scanners, je ne lui <strong>en</strong>parle pas, je saispar$aitem<strong>en</strong>t que je ne vak pas lui <strong>en</strong>parler, parce qu'il va râler et dire de toute façon ça nesert à ri<strong>en</strong> .. ."L'accompagnem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal de l'<strong>en</strong>fant procède de lamise <strong>en</strong> place de stratégies consci<strong>en</strong>tes ou inconsci<strong>en</strong>tes,<strong>en</strong> vue de faire face à la situation de <strong>handicap</strong>. Inscritdans la totalité du p<strong>en</strong>ser et de l'agir, l'accompagnem<strong>en</strong>tse distingue de la prise <strong>en</strong> charge qui, elle, se réfère àl'aspect concret et au caractère parfois pesant, voireaccablant de la vie quotidi<strong>en</strong>ne. La prise <strong>en</strong> charge àdomicile de l'<strong>en</strong>fant dont les besoins spécifiquesinhér<strong>en</strong>ts à la situation de <strong>handicap</strong> exig<strong>en</strong>t <strong>des</strong> activitésmultiples se caractérise par une amplification du tavaildomestique. Cette dernière s'inscrit, par ailleurs, dansun contexte de conditions inhabituelles dans les échangesquotidi<strong>en</strong>s avec l'<strong>en</strong>fant.Largem<strong>en</strong>t ancrée dans l'histoire sociale <strong>des</strong>représ<strong>en</strong>tations <strong>des</strong> rôles masculins et féminins, la


épartition au sein du couple <strong>des</strong> activités domestiques etde la prise <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant interfère dans leprocessus d'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal c'est-à-dire dans lescapacités à faire face <strong>des</strong> familles. D'autres dim<strong>en</strong>sions ydéti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une place certaine : les processus de prise deconsci<strong>en</strong>ce du <strong>handicap</strong> et les processus d'acceptation ouplutôt d'admission du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant.<strong>Le</strong>s ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux se structur<strong>en</strong>t alors à travers un<strong>en</strong>semble d'attitu<strong>des</strong> par<strong>en</strong>tales proches ou discordantes quant àl'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant et à sa prise <strong>en</strong> charge concrète.Dans un même mouvem<strong>en</strong>t, le <strong>handicap</strong> révèle et r<strong>en</strong>forcela dynamique du couple conjugal et donc les processusd'ajustem<strong>en</strong>ts : "<strong>Le</strong>s remaniem<strong>en</strong>ts de l'équilibre familial originalmais souv<strong>en</strong>t fragile font de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é le révélateur <strong>des</strong>interactions familiales pré-existantes (confit ou solidarité du couple)et non pas leur ag<strong>en</strong>t provocateur, comme il est dit <strong>en</strong>core tropsouv<strong>en</strong>t. " (Zucman, 1982 : 43)En conclusion, les processus de découverte du<strong>handicap</strong> et d'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant indiqu<strong>en</strong>tl'émerg<strong>en</strong>ce de logiques complexes, à la foispersonnelles et <strong>sociales</strong>. Ces logiques contribu<strong>en</strong>t àp<strong>en</strong>ser le concept d'ajustem<strong>en</strong>t.Quatre logiques complexes se dégag<strong>en</strong>t de notre analyse :La logique de la rationalité est sans doute celle qui seprés<strong>en</strong>te de manière la plus explicite. Chaque problème est id<strong>en</strong>tifié,nommé, afin d'<strong>en</strong> <strong>en</strong>visager la résolution par une recherche active etconstruite de solutions. Des ressources exist<strong>en</strong>t et sont mobilisées defaçon optimale <strong>en</strong> vue de dépasser les difficultés r<strong>en</strong>contrées par lafamille. La mise <strong>en</strong> valeur de toutes les pot<strong>en</strong>tialités de la famille et du'réseau familial et social constitue l'ancrage du processusd'ajustem<strong>en</strong>t.Cette dynamique est r<strong>en</strong>forcée par la référ<strong>en</strong>ce aux professiomelsde la santé dont les apports sont spécifiques à la prise <strong>en</strong> charge du<strong>handicap</strong>.La logique de la comp<strong>en</strong>sation repose sur la recherche deressources intermédiaires, car certains apports fondam<strong>en</strong>taux


manqu<strong>en</strong>t. Un risque de fragilisation se profile alors; il est, soitinhibé si les autres apports pot<strong>en</strong>tiels sont mobilisés efficacem<strong>en</strong>t,soit exacerbé si d'autres événem<strong>en</strong>ts vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t complexifier lasituation. C'est dans ce contexte, par exemple, que l'on souligneral'importance d'une relation solidaire interg<strong>en</strong>ératiomelle lorsquel'<strong>en</strong>t<strong>en</strong>te conjugale est abs<strong>en</strong>te.La référ<strong>en</strong>ce aux professionnels de la santé doit être, dans cetteperspective, égalem<strong>en</strong>t mise <strong>en</strong> exergue.La logique de l'évid<strong>en</strong>ce se caractérise par le fait que lesévénem<strong>en</strong>ts de la vie s'impos<strong>en</strong>t à l'esprit sans conteste.L'ajustem<strong>en</strong>t par<strong>en</strong>tal se fonde sur une approche simple ou plus exactem<strong>en</strong>tnon problématique de la surv<strong>en</strong>ue du <strong>handicap</strong> de l'<strong>en</strong>fant :"On l'a, on l'aime". <strong>Le</strong>s ressources affectives et familialesprédomin<strong>en</strong>t et souti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un investissem<strong>en</strong>t perman<strong>en</strong>t.Cette logique est aussi marquée par le peu de recours auxressources extérieures notamm<strong>en</strong>t aux professionnels de la santé.La logique de la <strong>des</strong>tinée est caractérisée par une mobilisationde ressources ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t familiales et religieuses. L'ajustem<strong>en</strong>tpar<strong>en</strong>tal s'inscrit dans un contexte d'isolem<strong>en</strong>t social qui peut induireun repli familial.Ces logiques nous sembl<strong>en</strong>t pouvoir indiquer <strong>des</strong>pistes pour une conceptualisation du processusd'ajustem<strong>en</strong>t; elles reflèt<strong>en</strong>t <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> possibles <strong>des</strong>tructuration et de fonctionnem<strong>en</strong>t personnels,conjugaux, familiaux face à tout événem<strong>en</strong>t de la vie.Nous insisterons sur le caractère non linéaire del'ajustem<strong>en</strong>t et plus précisém<strong>en</strong>t sur le mouvem<strong>en</strong>tess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t dialectique <strong>des</strong> ressources.


POUR NE PAS CONCLURE ...QUELQUES PISTES DE REFLEXIONSL'essai d'une réponse sociologique à la question de savoir ce quipermet, dans une famille, de faire face à la découverte du <strong>handicap</strong>et à l'accompagnem<strong>en</strong>t du jeune <strong>en</strong>fant, s'élabore sur base <strong>des</strong> récitspar<strong>en</strong>taux. Cette perspective de recherche d'ori<strong>en</strong>tation qualitativeapporte une pierre à l'édifice de la comprélz<strong>en</strong>sion <strong>des</strong>processus complexes d'ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux.L'analyse du corpus <strong>des</strong> tr<strong>en</strong>te-neuf <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s prés<strong>en</strong>te, dans unpremier temps, une construction typologique <strong>des</strong> difficultésr<strong>en</strong>contrées par les familles. Cette typologie organise les difficultésselon qu'elles concern<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, les relations conjugaleset par<strong>en</strong>tales, le réseau familial, social et thérapeutique. <strong>Le</strong>sdifficultés ne sont pas abordées de manière monolithique. Inscritesdans la dynamique de vie sociale <strong>des</strong> familles, elles sont perman<strong>en</strong>tesou susviem<strong>en</strong>t par phases et se révèl<strong>en</strong>t de manière singulière danschaque famille.Dans un second temps, <strong>des</strong> ressources familiales sont mises <strong>en</strong>évid<strong>en</strong>ce : les dispositions personnelles <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts, les li<strong>en</strong>s conjugaux,les solidarités familiales et <strong>sociales</strong>, l'apport <strong>des</strong> thérapeutes etbi<strong>en</strong> sûr, les pot<strong>en</strong>tialités de l'<strong>en</strong>fant. <strong>Le</strong>s ressources ne sont pasimmuables. Elles se développ<strong>en</strong>t, se transform<strong>en</strong>t, se r<strong>en</strong>forc<strong>en</strong>t tout<strong>en</strong> se structurant dans le contexte social et culturel : histoire familiale,appart<strong>en</strong>ance sociale, systèmes de valeurs et de représ<strong>en</strong>tations.Dans un troisième temps, l'analyse aborde la problématique <strong>des</strong>ajustem<strong>en</strong>ts par<strong>en</strong>taux qui repos<strong>en</strong>t sur <strong>des</strong> mouvem<strong>en</strong>ts dialectiques<strong>en</strong>tre les difficultés et les ressources.L'ajustem<strong>en</strong>t se concrétise par <strong>des</strong> équilibres familiaux successifset progressifs ne correspondant pas à une évolution linéaire. Ceséquilibres ne sont pas acquis une fois pour toutes, et nous amèn<strong>en</strong>t àp<strong>en</strong>ser l'ajustem<strong>en</strong>t familial <strong>en</strong> termes deprocessus.


<strong>Le</strong>s processus d'ajustem<strong>en</strong>ts à la situation de <strong>handicap</strong> du jeune<strong>en</strong>fant se réalis<strong>en</strong>t à partir de logiques de p<strong>en</strong>sée et d'action,de dispositions qui sous-t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t, comme nous l'avons souligné,<strong>des</strong> stratégies fondam<strong>en</strong>tales.<strong>Le</strong>s processus d'ajustem<strong>en</strong>ts n'ont de valeur sociologique queresitués dans les contextes d'interactions familiales qui lesproduis<strong>en</strong>t. Ces interactions se structur<strong>en</strong>t au sein <strong>des</strong> rapportssociaux, qu'il s'agisse de rapports sociaux conjugaux, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong>matière de répartition <strong>des</strong> rôles par<strong>en</strong>taux et domestiques, ou derapports sociaux de 'kavoir" qui color<strong>en</strong>t, par exemple, les échangesavec les professiomels de la santé.Dans la compréh<strong>en</strong>sion <strong>des</strong> phénomènes comme dans les mo<strong>des</strong>d'interv<strong>en</strong>tion relatifs aux problèmes auxquels les familles sontconfrontées, il semble ess<strong>en</strong>tiel de considérer les familles avec un<strong>en</strong>fant prés<strong>en</strong>tant un <strong>handicap</strong> dans la perspective defamiiies commeles autres.On distinguera donc clairem<strong>en</strong>t, bi<strong>en</strong> qu'elles soi<strong>en</strong>t étroitem<strong>en</strong>timbriquées, trois spécificités : la première, liée au statut d'<strong>en</strong>fant; ladeuxième, à la situation de <strong>handicap</strong>; la troisième, à l'infirmitémotrice d'origine cérébrale.Cette distinction / imbrication mérite d'être soulignée et doit êtrereconnue, notamm<strong>en</strong>t dans les interv<strong>en</strong>tions <strong>des</strong> professionnels,sinon les dispositions qui pourrai<strong>en</strong>t être prises à l'égard <strong>des</strong> familleset <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants risquerai<strong>en</strong>t, ou bi<strong>en</strong> de réduire les différ<strong>en</strong>ces au pointde nier les spécificités, ou bi<strong>en</strong> de tout ram<strong>en</strong>er à la question du<strong>handicap</strong>, au risque d'alim<strong>en</strong>ter un processus de stigmatisationsociale.La pluralité <strong>des</strong> trajectoires familiales est un faitsocial. Appr<strong>en</strong>dre à voir, à reconnaître et à t<strong>en</strong>ir comptede cette réalité sociologique constitue l'ancrage principalde toute action avec les familles.


<strong>Le</strong>s propositions suivantes ont pour objectif ess<strong>en</strong>tiel d'ouvrir unespace de réflexions générales qui intéresse l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>ants,qu'ils soi<strong>en</strong>t professionnels de la santé ou de l'éducation, carbi<strong>en</strong> <strong>des</strong> obstacles survi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core sur le chemin qui va de lathéorie à la pratique.%es par<strong>en</strong>ts eux aussi désir<strong>en</strong>t être actifs dans les perspectives dechangem<strong>en</strong>t, particulièrem<strong>en</strong>t lorsqu'elles concern<strong>en</strong>t le projetd'accompagnem<strong>en</strong>t de l'<strong>en</strong>fant ou l'amélioration de la communicationavec les médecins et les paramédicaux.Cette amélioration passe nécessairem<strong>en</strong>t par la reconnaissance del'autre <strong>en</strong> tant que part<strong>en</strong>aire à part <strong>en</strong>tière.Vers <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>tions professionnelles précoces, plztsadéquates et plus humainesEcouterIl semble ess<strong>en</strong>tiel que les professionnels mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> place unvéritable travail d'écoute à l'égard <strong>des</strong> par<strong>en</strong>ts et de l'<strong>en</strong>fant. Cetteperspective d'écoute dépasse le s<strong>en</strong>s commun d'une amélioration dela relation de confiance, pour s'inscrire au coeur même de la pratiquethérapeutique. En effet, l'utilisation d'informations privilégiéesconcernant l'<strong>en</strong>fant et son milieu de vie (structure familiale, systèmede valeurs, mode de vie, ...) et une réelle considération de lasignijïcation <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> et <strong>des</strong> rôles par<strong>en</strong>taux permettrai<strong>en</strong>t unmeilleur ajustem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> traitem<strong>en</strong>ts médicaux ou paramédicaux auryîhme et à la s<strong>en</strong>sibilité de l'<strong>en</strong>fant, d'une part, et d'autre part, <strong>des</strong>réponses et <strong>des</strong> disponibilités professionnelles plus adaptées auxsituations et aux ressources par<strong>en</strong>tales prés<strong>en</strong>tes.Sout<strong>en</strong>ir, accompagnerAfin d'amplifier le souti<strong>en</strong> apporté par les professionnels auxpar<strong>en</strong>ts dans la phase d'annonce médicale de la défici<strong>en</strong>ce du bébé, ettout au long du parcours thérapeutique de l'<strong>en</strong>fant, les ori<strong>en</strong>tationssuivantes pourrai<strong>en</strong>t être <strong>en</strong>visagées.L'_comDagJlem<strong>en</strong>t. Après leur avoir livré <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>tsd'annonce d'une défici<strong>en</strong>ce ou d'un problème, ne jamais laisser partirles par<strong>en</strong>ts sans avoir pris le temps de parler de la vie et <strong>des</strong> compét<strong>en</strong>cesdu bébé car :"Plus que d' "annonce" c'est bi<strong>en</strong> d' "accueil"


qu'il s'agit" (Lévy, 1991 : 141); d'amorcer un projet thérapeutique;de proposer la possibilité d'un accompagnem<strong>en</strong>t individuel oufamilial, psychologique ou social.L'accomoagnem<strong>en</strong>t. R<strong>en</strong>contrer unepersonne spécialisée moins impliquée que la famille permettrait auxpar<strong>en</strong>ts de parler, d'exprimer <strong>des</strong> émotions, <strong>des</strong> incompréh<strong>en</strong>sions,de la colère, ... ; de cerner plus clairem<strong>en</strong>t les problèmes quisurvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> évitant certaines confusions (notamm<strong>en</strong>t sous-t<strong>en</strong>duespar les "bons conseils" <strong>des</strong> proches); d'accéder progressivem<strong>en</strong>t à"une prise de distance" pers0nneU.e.Lorsque l'<strong>en</strong>fant est hospitalisé (néonatalogie, pédiatrie), unaccompagnem<strong>en</strong>t systématique pourrait favoriser les repérages danscet <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t inhabituel, faciliter l'organisation <strong>des</strong> r<strong>en</strong>contresavec les médecins, ... , et am<strong>en</strong>er les par<strong>en</strong>ts à compr<strong>en</strong>dre suffisamm<strong>en</strong>tles appareils et les moy<strong>en</strong>s techniques qui <strong>en</strong>tour<strong>en</strong>t le bébé.Dans les c<strong>en</strong>tres hospitaliers, notamm<strong>en</strong>t universitaires, et lesstructures d'éducation spécialisée, un lieu d'écoute perman<strong>en</strong>t <strong>des</strong>tinéaux par<strong>en</strong>ts, leur permettrait de trouver un souti<strong>en</strong> psychologique <strong>en</strong>période d'incertitude ou de crise. Ces institutions thérapeutiques etéducatives serai<strong>en</strong>t alors <strong>des</strong> lieux privilégiés de~communication tantavec <strong>des</strong> professionnels, qu'avec d'autres par<strong>en</strong>ts.Même si la souffrance de la fratrie n'est pas apparue <strong>en</strong> tant quetelle dans notre population, nous avons <strong>des</strong> raisons de p<strong>en</strong>ser que,dans certaines situations familiales, la fratrie vit une souffrance réellequi reste sil<strong>en</strong>cieuse afin de ne pas perturber les par<strong>en</strong>ts, déjà assezaccablés. Cette souffrance devrait être reconnue, par exemple <strong>en</strong>élargissant davantage l'approche de l'accompagnem<strong>en</strong>t professionnelà l'<strong>en</strong>semble de la famille si nécessaire.RelayerFavoriser la création de relais, ce qui permettrait aux par<strong>en</strong>ts depouvoir compter de manière ponctuelle ou inopinée sur une aide"sans devoirprévoir" : pouvoir déposer l'<strong>en</strong>fant à garder durant deuxou trois heures sans inquiétude quant aux soins qui lui serontprodigués ou pouvoir compter sur une personne qui vi<strong>en</strong>ne à domiciles'occuper de l'<strong>en</strong>fant afin de permettre aux par<strong>en</strong>ts de souffler.


CoordonnerAfin d'éviter le cloisonnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>tes disciplinesmédicales ou paramédicales et d'assurer une meilleure coordinationdu travail de l'<strong>en</strong>semble <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>ants qui r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant àdomicile ou dans l'institution éducative, <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts de mise <strong>en</strong>commun pourrai<strong>en</strong>t être organisés. Au-delà du travail thérapeutiquespécifique à chaque interv<strong>en</strong>ant (médecin, kinésithérapeute, thérapeutefamilial ou psychologue) et de la transmission d'informations,cette r<strong>en</strong>contre pourrait coordonner de façon intégrée "ce qui amve àla famille" dans une perspective d'action complém<strong>en</strong>taire et efficace.Former, s<strong>en</strong>sibiliserNous ne pourrons amorcer ici la vaste problématique de laformation <strong>des</strong> professionnels de la médecine. Nous indiqueronsseulem<strong>en</strong>t quelques-unes <strong>des</strong> dim<strong>en</strong>sions proposées par R.C. Fox.<strong>Le</strong>s médecins et les infirmières "( ..) ne peuv<strong>en</strong>t aborder leur travaildans un état de "nudité aflective': sans "vêtem<strong>en</strong>ts" protecteurs.Afin de bi<strong>en</strong> accomplir leur tâche, il leur est indisp<strong>en</strong>sable de semunir de cette 'Iprotection " intellectuelle et émotive qui leurpermet depr<strong>en</strong>dre du recul. Mak, idéalem<strong>en</strong>t, ces couches protectrices qu'ilsacquièr<strong>en</strong>t progressivem<strong>en</strong>t devrai<strong>en</strong>t être poreuses et pei-rnéables.En efSet, si les professionnels médicaux se r<strong>en</strong>ferm<strong>en</strong>t trop, leurcapacité de compr<strong>en</strong>dre ce que peut sknzper être malade et être unpati<strong>en</strong>t serait gravem<strong>en</strong>t restreinte. '(..)Existe-t-il <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s adéquats pour former <strong>des</strong> professionnelsde la médecine à affronter continuellem<strong>en</strong>t et conscieinin<strong>en</strong>t lesprofon<strong>des</strong> réalités de la maladie; <strong>des</strong> moy<strong>en</strong>s qui <strong>en</strong>richirai<strong>en</strong>t laqualité humaine <strong>des</strong> soins délivrés sans compromettre l'équilibrepsychique du personnel médical ? Dans ce domaine, nous manquonsde recherche sociale et pédagogique ainsi que d'expérim<strong>en</strong>tationsci<strong>en</strong>tzjique. " (Fox, 1988 : 77-78)Quelles que soi<strong>en</strong>t les règles et les lois <strong>en</strong> vigueur,quels que soi<strong>en</strong>t les créneaux de formation <strong>des</strong>professionnels, l'échange avec les par<strong>en</strong>ts ne peut <strong>en</strong>aucun cas faire l'économie d'une att<strong>en</strong>tion réceptivebasée sur l'écoute, la communication et la compréh<strong>en</strong>sionempathique, attitu<strong>des</strong> professionnelles définies commeess<strong>en</strong>tielles par les par<strong>en</strong>ts.


Bi<strong>en</strong> que l'<strong>en</strong>semble de ces propositions structurées ne prét<strong>en</strong>depas à l'exhaustivité, elles peuv<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant constituer un cadreinitial de référ<strong>en</strong>ces. Ces propositions ont pour objectif fondam<strong>en</strong>talde catalyser <strong>des</strong> ori<strong>en</strong>tations d'analyse et d'amélioration de lacommunication <strong>des</strong> professiomels avec les par<strong>en</strong>ts et de stimuler <strong>des</strong>initiatives d'actions concrètes dans les domaines del'accompagnem<strong>en</strong>t familial et de l'information, afin de dépasserquelque peu le décalage existant <strong>en</strong>tre les att<strong>en</strong>tes par<strong>en</strong>tales et l'aide<strong>des</strong> professionnels et <strong>des</strong> institutions spécialisées.Si réellem<strong>en</strong>t, dans tous les domaines, on favorisait unes<strong>en</strong>sibilisation et une compréh<strong>en</strong>sion plus ét<strong>en</strong>due et plus profonde<strong>des</strong> problématiques familiales qui se développ<strong>en</strong>t autour de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é, alors la perspective du travailler <strong>en</strong>semble, <strong>en</strong>core bi<strong>en</strong>trop confinée dans <strong>des</strong> démarches professio~elles personnelles,aurait quelque chance d'accéder à un certain degré de réalité.La problématique du <strong>handicap</strong> pose la question du rôle de lafamille dans le processus de gestion de la santé. La famille-doit êtrereconnue comme acteur social à part <strong>en</strong>tière, et <strong>des</strong> synergies doiv<strong>en</strong>têtre mises <strong>en</strong> place où les rôles <strong>des</strong> uns et <strong>des</strong> autres sont clairem<strong>en</strong>tdéfinis. Des <strong>en</strong>jeux politiques, économiques et sociaux se profil<strong>en</strong>talors.La réponse au défi & l'accompagnem<strong>en</strong>t <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és àdomicile résultera d'une collaboration <strong>en</strong>tre les familles et lesproféssionnels, mais égalem<strong>en</strong>t avec l'<strong>en</strong>semble de la société.


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1 ANNEXE : GUIDE D 'ENOUETE POUR ENTRETIEN SEMI-DIRECTIF 3Ce guide est un support technique à l'<strong>en</strong>treti<strong>en</strong> et nonun questionnaire. Tel que prés<strong>en</strong>té ci-après, il a constituéla base commune <strong>des</strong> <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>s thématiques m<strong>en</strong>és parles trois chercheurs. Son intérêt méthodologique estabordé dans le chapitre : Méthode et techniques; <strong>des</strong>exemples de son application sont fournis tout au long dela seconde partie de l'ouvrage.. .1. -ion de la famille1. Comm<strong>en</strong>t se compose votre famille ?- Par<strong>en</strong>ts : âge - nationalité - lieu de naissance - état civil- Fratrie : nombre d'<strong>en</strong>fants - âge - activités- Enfant <strong>handicap</strong>é : sexe, date de naissance, ...- D'autres personnes viv<strong>en</strong>t-eues sous le même toit ?2. Origine sociale :- Que faisai<strong>en</strong>t vos par<strong>en</strong>ts respectifs ?- Quel g<strong>en</strong>re de vie ont eu vos par<strong>en</strong>ts ?- <strong>Le</strong>s avez-vous <strong>en</strong>me ?- Frères et soeurs ?- Où habit<strong>en</strong>t-ils ?3. Parcours professionnel : (les deux conjoints)- Pouvez-vous nous donner une idée générale de votre parcoursprofessionnel ? profession actuelle ? pério<strong>des</strong> de travail/chômage ? (vécu)type de travail ? (mobilité professionnelle) arrêt - reprise : pourquoi ?- Quels diplômes l formations ?4. Logem<strong>en</strong>t :- Depuis quand vivez-vous ici ? Déménagem<strong>en</strong>ts ?- Logem<strong>en</strong>t adapté à votre famille ?- <strong>Le</strong> logem<strong>en</strong>t sera-t-il adapté à votre <strong>en</strong>fant ? Aménagem<strong>en</strong>ts év<strong>en</strong>tuels ?- La situation du logem<strong>en</strong>t vous convi<strong>en</strong>t-elle ?5. Déplacem<strong>en</strong>t : comm<strong>en</strong>t ? voiture(s) ?6. Finances :- De combi<strong>en</strong> d'arg<strong>en</strong>t disposez-vous par mois pour vivre ? (<strong>en</strong>semble <strong>des</strong>ressourceslnombre de personnes)- Dans quelle tranche de rev<strong>en</strong>u vous situez-vous ?- Qu'est-ce qui, par rapport à votre <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é, coûte cher ?


7. Santé :- Etes-vous <strong>en</strong> bonne santé; les <strong>en</strong>fants; les grands-par<strong>en</strong>ts, ... ?- Avez-vous été souv<strong>en</strong>t malade ? Que signifie pour vous être malade ?- Si problème($ de santé actuellem<strong>en</strong>t : comm<strong>en</strong>t vous <strong>en</strong> sortez-vous ?- Avez-vous <strong>des</strong> troubles de santé <strong>en</strong> relation avec la p-és<strong>en</strong>ce de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é ? Vous s<strong>en</strong>tez-vous (particulièrem<strong>en</strong>t) fatigué(e) ? (expliquer)- Vos nuits sont-elles bonnes ? (expliquer)- Etes-vous actuellem<strong>en</strong>t sous traitem<strong>en</strong>t médical ? <strong>Le</strong>quel ? Pourquoi ?Résumé :Dans tout ce qu'on vi<strong>en</strong>t d'aborder, qu'est-ce qui vous a aidé - vous aide ? Qu'est-cequi a été positif, vous a permis de faire face à la situation avec votre <strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é ? Qu'est-ce qui vous a posé problème ou a constitué un obstacle ?Qu'est-ce qui aurait pu vous aider ? (services /ressources extérieures)De quoi auriez-vous eu besoin ?. .II. w eet le rôle du pière1. Envisagiez-vous d'avoir un (<strong>des</strong>) <strong>en</strong>fant(s) ?- Aviez-vous planifié vos grossesses ? contraception ?- Désir d'<strong>en</strong>fant(s) ?2. Comm<strong>en</strong>t avez-vous réagi lorsque vous vous êtes r<strong>en</strong>due, compte que vousatt<strong>en</strong>diez un bébé ? Comm<strong>en</strong>t a réagi le conjoint lorsqu'il l'a appris ?(comparer avec les autres naissances)3. Comm<strong>en</strong>t s'est déroulée la grossesse point de vue santé. point de vuepsychologique ? (raconter) (comparer avec les autres grossesses)4. Avez-vous eu un suivi médical ?- Première consultation prénatale à quel mom<strong>en</strong>t ? Ou ?- Rythme <strong>des</strong> consultations ? Echographies ?- Autres exam<strong>en</strong>s : amnioc<strong>en</strong>tèse, ...- Gymnastique prénatale ? recherche d'informations ?(cerner s'il s'agit d'une grossesse à risque)Si problème p<strong>en</strong>dant la grossesse :- Diagnostic ? Circonstances ?- Conseil génétique ? Quels conseils ?- Prise de décision ? Qui - quand -conséqu<strong>en</strong>ces ? (raconter)5. Envisagez-vous d'avoir d'autres <strong>en</strong>fants ?(cerner le rôle de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é dans le projet de procréation)


III... .r e v udu handicaD1. Pouniez-vous nous raconter comm<strong>en</strong>t s'est déroulé votre accouchem<strong>en</strong>t ?- Vécu de la naissance (réactions - émotions)- Qui était prés<strong>en</strong>t ? Rôle de chacun ?- Déroulem<strong>en</strong>t de l'accouchem<strong>en</strong>t (césari<strong>en</strong>ne, provoqué, à terme, ... )- Est-ce que tout s'est déroulé comme vous le souhaitiez ? (expliquer)2. Comm<strong>en</strong>t s'est déroulé votre séjour à la maternité ? (raconter)- Quel hôpital ? quel accueil ? durée du séjour ? visites ?- Allaitem<strong>en</strong>t /biberon ? (comparer avec les autres <strong>en</strong>fants)3. Comm<strong>en</strong>t s'est déroulé votre retour à la maison ? Hospitalisation év<strong>en</strong>tuelle del'<strong>en</strong>fant ? (raconter)4. Quand le problème est-il apparu ? Comm<strong>en</strong>t ? Qui s'<strong>en</strong> est aperçu ?5. Annonce : Vécu par<strong>en</strong>tal (raconter)- A quel mom<strong>en</strong>t ?- Que vous a-t-on dit à propos de l'état physique du bébé ? (raconter)- Qui vous a parlé ? dans quelles circonstances ? (lieu - personne)- A-t-on donné un pronostic ?- Que disiez-vous ? Que p<strong>en</strong>siez-vous ?- Avez-vous reçu <strong>des</strong> informations ? <strong>Le</strong>squelles ? De qui ?- Avez-vous été voir d'autres spécialistes ?- Comm<strong>en</strong>t auriez-vous souhaité qu'on vous prés<strong>en</strong>te le problème ?6. <strong>Le</strong>s causes- Connaissez-vous les causes du problème ? Vous <strong>en</strong> a-t-on parlé ?Qu'a-t-on dit ? Qui vous <strong>en</strong> a parlé ? (différ<strong>en</strong>ts spécialistes)- P<strong>en</strong>sez-vous que ça puisse être dû à autre chose ? Quelles sont, selonvous, les causes du problème ? (cerner les représ<strong>en</strong>tations)- Comm<strong>en</strong>t vivez-vous le fait que vous avez un <strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é ?(raconter)- Comm<strong>en</strong>t se comporte votre famille ? votre belle famille ?(cerner l'évolution)- Avez-vous l'occasion d'<strong>en</strong> parler avec eux ? (cerner les relationsinter-familiales)Résumé :Comm<strong>en</strong>t avez-vous vécu cette période ? Qu'est-ce qui vous a sout<strong>en</strong>u ? Qu'est-cequi vous a posé problème ? De quoi auriez-vous eu besoin ?


.IV. DescriDtinn . . P: D-nce-. .,1. Comm<strong>en</strong>t se caractérise le problème de votre <strong>en</strong>fant ? Pouvez-vous décrire lestroubles qu'il a et comm<strong>en</strong>t ils se manifest<strong>en</strong>t ? (expliquer)2. Description du problème :- Comm<strong>en</strong>t se caractérise le problème de votre <strong>en</strong>fant ? Signes et indices.- <strong>Le</strong> médecin a-t-il nommé le problème ?- Quelles sont les fonctions atteintes et les troubles associés ?Symptômes - troubles - manifestations(degré de gravité) / (att<strong>en</strong>tion à l'âge de l'<strong>en</strong>fant ).Troubles psychomoteurs et motricité : l'<strong>en</strong>fant ti<strong>en</strong>t-il sa tête ?s'assoit-il seul ? peut-il se lever, se coucher seul ? a-t-il <strong>des</strong> problèmesorthopédiques ? l'<strong>en</strong>fant marche-t-il ? marche-t-il avec un appareillage ?peut-il se déplacer <strong>en</strong> fauteuil roulant ? est-il couché ? s'habille-t-il seul ?mange-t-il seul ? toilette, bain ?Troubles du langage (expression orale); difficultés de compréh<strong>en</strong>sionTroubles auditifsTroubles de la vueTroubles cardiaquesEpilepsie / comitialité (fréqu<strong>en</strong>ce)Troubles respiratoiresTroubles de croissance, de nutritionTroubles du sommeilDifficultés de propreté (incontin<strong>en</strong>ce, ... )Défici<strong>en</strong>ce m<strong>en</strong>tale (t<strong>en</strong>ter d'apprécier le de& de défici<strong>en</strong>ce)Troubles du comportem<strong>en</strong>t - affectivité - émotivité (troubles deconc<strong>en</strong>tration, instabilité psychomotrice, agressivité, apathie, colère,pleurs, autres)Troubles de la perception (perception du corps et du schéma corporel,perception de l'espace, autres)Du point de vue cognitif, qu'est-il capable de reconnaître, decompr<strong>en</strong>dre, d'appr<strong>en</strong>dre ?Point de vue relationnel, jeux ?Point de vue global : comm<strong>en</strong>t l'<strong>en</strong>fant se débrouille-t-il avec son<strong>handicap</strong> ?Votre <strong>en</strong>fant souffre-t-il ?3) Y a-t-il eu <strong>des</strong> interv<strong>en</strong>tions chirurgicales ? Quand ? <strong>Le</strong>squelies ? Y <strong>en</strong> a-t-il<strong>en</strong> prévision ?4) L'<strong>en</strong>fant a-t-il besoin d'ai<strong>des</strong> techniques (appareillage) ?5) Du point de vue thérapeutique, par qui votre <strong>en</strong>fant est-il suivi actuellem<strong>en</strong>t(médecin, kiné, spécialiste, ... ) ?


6) Quel âge avait l'<strong>en</strong>fant quand vous avez pris consci<strong>en</strong>ce de son <strong>handicap</strong> dansses différ<strong>en</strong>tes dim<strong>en</strong>sions ?Résumé :Qu'est-ce qui vous a facilité la vie ? Qu'est-ce qui a été, est vraim<strong>en</strong>t positif ?Qu'est-ce qui vous a aidé ? Qu'est-ce qui a été, est le plus lourd, le plus pénible ?Qu'est-ce qui vous pèse le plus, vous pose le plus de problèmes ? De quoi auriezvousbesoin ?V. Vie qu&dmne. .: et g&.e <strong>en</strong> charge de l'<strong>en</strong>fant1. Pourriez-vous me raconter votre journée d'hier ?- Tâches quotidi<strong>en</strong>nes : qui fait quoi ? Personnes extérieures ? (cerner leréseau social-relations d'aide); "baby-sitting", garderie, ... ; ménage, ...- Comm<strong>en</strong>t se pass<strong>en</strong>t les repas ?- Quels sont les mom<strong>en</strong>ts forts de la journée ?- Cerner <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts spécifiques à l'<strong>en</strong>fant : crèche / école ? Où ?Comm<strong>en</strong>t ? Problèmes ?- Comm<strong>en</strong>t se déroul<strong>en</strong>t les différ<strong>en</strong>tes activités : bain, habillage, ... ?Thérapies (horaires); visites médicales ?2. Pourriez-vous nous raconter comm<strong>en</strong>t se déroule un dimanche ?3. Pourriez-vous nous parler de vos activités de loisirs, de vos vacances ?- Y a-t-iI <strong>des</strong> activités que vous faisiez et ne pouvez plus faire ? (cernerles changem<strong>en</strong>ts depuis la naissance de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é)- Quand vous aller <strong>en</strong> ville ou au parc, avec votre <strong>en</strong>fant, comm<strong>en</strong>t celase passe-t-il ?- Comm<strong>en</strong>t avez-vous l'impression que les g<strong>en</strong>s réagiss<strong>en</strong>t ?4. Temps libre :- Avez-vous du temps pour vous-même ? En pr<strong>en</strong>ez-vous ? Queress<strong>en</strong>tez-vous ? Pourriez-vous partir 8/10 jours vous reposer ? A quiconfieriez-vous votre <strong>en</strong>fant ?(cerner le rôle que la mère/ le père s'attribue)5. Institution de jour / crèche / scolarité :- Est-ce que l'<strong>en</strong>fant fréqu<strong>en</strong>te une crèche, école maternelle ou autreinstitution ? (cerner si cursus normal ou spécialisé) Laquelle ? Depuisquand ? Pourquoi ? Pourquoi pas ?- Comm<strong>en</strong>t cela se passe-t-il ? Apports positifs ? Difficultés ?(raconter)- En quoi consiste la prise <strong>en</strong> charge ?


6. Soins - prise <strong>en</strong> charge de I'<strong>en</strong>fant :- Pouvez-vous parler de tout ce qui concerne l'aspect médical, soins, suivithérapeutique ? Qui a w l'<strong>en</strong>fant dans un tout premier temps ? Que vousa-t-on dit ou conseiilé ? Y a-t-il eu <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts ? Avez-vousr<strong>en</strong>contré différ<strong>en</strong>ts interv<strong>en</strong>ants ? Pourquoi ? (cerner les gran<strong>des</strong> lignes dusuivi thérapeutique et la chronologie <strong>des</strong> thérapies)- Actuellem<strong>en</strong>t, quel suivi ? (horaires; durée, lieu) Y a-t-il <strong>des</strong>problèmes posés par les thérapies ? (expliquer) Comm<strong>en</strong>t y remédiezvous? A quels résultats arrive-t-on ? Comm<strong>en</strong>t faites-vous pour trouver<strong>des</strong> thérapeutes ou <strong>des</strong> avis différ<strong>en</strong>ts ? Avez-vous accordé plusd'importance à un type de traitem<strong>en</strong>t ?- Avez-vous déjà dû faire appel à <strong>des</strong> ai<strong>des</strong> extérieures autres que lafamille ? Quel type d'aide ? Pourquoi ? Circonstances ? (nursing, gardeou surveillance, halte garderie, ... )- Bénéficiez-vous de certaines ai<strong>des</strong> financières du fait que vous avez un<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é (F.N.R.S.H., Allocations Familiales Majorées,mutuelle, autres) Avez vous <strong>des</strong> problèmes d'ordre financier ?Comm<strong>en</strong>t faites-vous pour <strong>en</strong> sortir du point de vue financier ? (cerneri'importance de cette aide)D'une manière générale quel g<strong>en</strong>re d'aide vous a été le plus utile ?- Qui accompagne l'<strong>en</strong>fant généralem<strong>en</strong>t dans ce parcours thérapeutique ?(distinguer les différ<strong>en</strong>ts thérapeutes) Comm<strong>en</strong>t se déroul<strong>en</strong>t les séancesavec le thérapeute ? <strong>Le</strong> thérapeute vous explique-t-il ce qu'il fait ? Etvous, lui donnez-vous <strong>des</strong> informations ? Lorsque vous participez seul(e)avec l'<strong>en</strong>fant, communiquez-vous les informations reçues <strong>des</strong>professionnels à votre conjoint(e) ? Dans quelle mesure participez-vous àla thérapie ? Cela vous satisfait-il ? Comm<strong>en</strong>t vous s<strong>en</strong>tez-vous <strong>en</strong> tantque par<strong>en</strong>t face au thérapeute; pour vous, c'est quoi un "bon thérapeute"?un "bon médecin" ? Qu'att<strong>en</strong>dez-vous <strong>des</strong> différ<strong>en</strong>ts thérapeutes ?- Et l'<strong>en</strong>fant : quel contact a-t-il avec les thérapeutes ?Accepte-t-il facilem<strong>en</strong>t les traitem<strong>en</strong>ts ? Comm<strong>en</strong>t réagit-il à la thérapieet aux thérapeutes ? <strong>Le</strong> thérapeute vous fait-il voir l'<strong>en</strong>fant de manièrediffér<strong>en</strong>te ?- Lorsque <strong>des</strong> décisions sont à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> ce qui concerne le traitem<strong>en</strong>t,comm<strong>en</strong>t sont-elles prises ? (expliquer - cerner le rôle du pèrelde lamère / de la famille / du thérapeute) Donnez-vous vos idées, vospréfér<strong>en</strong>ces ? Vous les demande-t-on ? En ti<strong>en</strong>t-on compte ? Qui décidefinalem<strong>en</strong>t ? Y a-t-il eu parfois <strong>des</strong> désaccords ? A quel sujet ? Comm<strong>en</strong>tces désaccords év<strong>en</strong>tuels ont-ils été dépassés ?


Résumé :Dans tout ce que l'on vi<strong>en</strong>t de dire concernant la vie de tous les jours et la prise <strong>en</strong>charge, qu'est-ce qui vous a aidé et sout<strong>en</strong>u ? Posé un problème ou perturbé ? Y a-t-il <strong>des</strong> besoins non satisfaits ?VI. -quefamiliale..1. Pouvez-vous parler de la relation que vous avez avec votre <strong>en</strong>fant ? Que vousaviez lorsqu'il était bébé ? Y a-t-il <strong>des</strong> choses qui vous plais<strong>en</strong>t beaucoup; quivous déplais<strong>en</strong>t; qui vous ont perturbé(e), chagriné(e) ?(distinguer le passé du prés<strong>en</strong>t)2. Comm<strong>en</strong>t vivez-vous le fait que votre <strong>en</strong>fant soit différ<strong>en</strong>t <strong>des</strong> autres ?3. Qu'est-ce qui vous dérange le plus dans son <strong>handicap</strong> ou qui vous pose le plusde problèmes ? Qu'est-ce qui vous plaît le plus ?4. Avez-vous <strong>des</strong> craintes - <strong>des</strong> angoisses ? (cerner le passé, le prés<strong>en</strong>t)5. Parlez-vous à votre <strong>en</strong>fant de sa différ<strong>en</strong>ce, de son problème ? Et lui, vousquestionne-t-il ? Comm<strong>en</strong>t ? Dans quelles circonstances ? (expliquer) Evoquezvousvos peines, vos soucis, vos joies devant lui ? Et lui, a-t-il consci<strong>en</strong>ce de sadiffér<strong>en</strong>ce ? Comm<strong>en</strong>t se perçoit-il ?6. Y a-t-il eu <strong>des</strong> changem<strong>en</strong>ts dans l'image que vous avez de votre <strong>en</strong>fant ?Qu'est-ce qui a joué dans ces changem<strong>en</strong>ts ? (raconter)7. Comm<strong>en</strong>t vivez-vous le regard <strong>des</strong> autres ? (expliquer)Relation - mère oar ranoort a. t1 <strong>en</strong>fênt et la pj.j. <strong>en</strong> r1. Qui pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> charge (pèrelmère) 1' éducation <strong>des</strong> <strong>en</strong>fants; la gestion duménage; les démarches relatives à l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é ?2. Qui s'occupe de l'<strong>en</strong>fant ? (raconter)3. Comm<strong>en</strong>t réagissez-vous lorsque <strong>des</strong> problèmes se pos<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> général, et parrapport à l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é <strong>en</strong> particulier ?4. De quelle façon partagez-vous les décisions ? (investiguer) Avez-vous les<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de partager toutes les responsabilités : s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de partage ou chacunpour soi ?


5. De manière générale, réagissez-vous de façon semblable ou différ<strong>en</strong>te ?Comm<strong>en</strong>t se déroul<strong>en</strong>t les échanges <strong>en</strong>tre vous ?6. Avez-vous l'impression d'avoir personnellem<strong>en</strong>t changé au couts du temps ?Dans quel s<strong>en</strong>s ? A cause de quoi ? Y a-t-il eu <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts où vous voyiez leschoses de manière tout à fait différ<strong>en</strong>te ?7. Votre vie à vous deux a-t-elle changé ?1. Qui sont vos autres <strong>en</strong>fants ? (cerner leur personnalité) Quelles sont lesrelations que vos autres <strong>en</strong>fants ont <strong>en</strong>tre eux et plus particulièrem<strong>en</strong>t avec l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é ? (cerner la dynamique de la fratrie)2. Avez-vous r<strong>en</strong>contré <strong>des</strong> problèmes précis <strong>en</strong>tre vos autres <strong>en</strong>fants et l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é ? (jalousie, agressivité, ...) Vous arrive-t-il d'interv<strong>en</strong>ir dans lesrelations ? Dans quelles circonstances ? (exemples) Comm<strong>en</strong>t cela se passe pourvous ? (cerner les images par<strong>en</strong>tales par rapport aux <strong>en</strong>fants)3. <strong>Le</strong>s autres <strong>en</strong>fants ont-ils <strong>des</strong> responsabilités ? Comm<strong>en</strong>t le viv<strong>en</strong>t-ils ? Lafratrie apporte-t-elie une aide ?4. P<strong>en</strong>sez-vous que les frères et soeurs ont déjà eu à souffrir <strong>des</strong> réactions de leur<strong>en</strong>tourage à l'égard de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é ? (investiguer + exemples)5. P<strong>en</strong>sez-vous que la fratrie joue un rôle dans l'image que i'<strong>en</strong>fant a de lui-même(et vice versa) ?6. Vous posez-vous <strong>des</strong> <strong>questions</strong> sur le dev<strong>en</strong>ir de votre <strong>en</strong>fant ? Vous posezvous<strong>des</strong> <strong>questions</strong> sur le dev<strong>en</strong>ir de vos autres <strong>en</strong>fants ? La v<strong>en</strong>ue de l'<strong>en</strong>fant<strong>handicap</strong>é a-t-elle changé quelque chose par rapport au dev<strong>en</strong>ir <strong>des</strong> autres <strong>en</strong>fants ?7. Comm<strong>en</strong>t voyez-vous l'av<strong>en</strong>ir de votre couple, votre av<strong>en</strong>ir personnel ?(représ<strong>en</strong>tations du futur)1. Comm<strong>en</strong>t se pass<strong>en</strong>t vos relations avec vos par<strong>en</strong>ts; vos beaux par<strong>en</strong>ts ?(cerner avant et après la naissance de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é)2. Quel rôle ont-ils ? Quelle aide ? (secours / source de t<strong>en</strong>sion) Cela correspond-ilà vos att<strong>en</strong>tes ? (expliquer)


Ai<strong>des</strong> extérieur=1. Recherchez-vous le contact avec <strong>des</strong> personnes extérieures à votre famille ?Dans quelies circonstances ? Pour répondre à quel besoin ? (investiguer avant -après la naissance de l'<strong>en</strong>fant <strong>handicap</strong>é)2. Bénéficiez-vous d'aide(s) extérieure(s) ? <strong>Le</strong>squelles ? Depuis longtemps ?3. Appart<strong>en</strong>ez-vous à une association ou à un groupe particulier ? Avez-vousconnaissance de cettaines associations de par<strong>en</strong>ts d'<strong>en</strong>fants <strong>handicap</strong>és ?Appart<strong>en</strong>ez-vous à une telle association ? Depuis quand ? Suite à quellescirconstances ? Quelles motivations ?Que vous apporte votre appart<strong>en</strong>ance à une association ?4. Ress<strong>en</strong>tez-vous le besoin d'être aidé(e) psychologiquem<strong>en</strong>t ou moralem<strong>en</strong>t ?(fréqu<strong>en</strong>ce) Que faites-vous alors ?Résumé :Pour tout ce qui concerne le vécu de votre famille avec l'<strong>en</strong>fant, qu'est-ce qui a étépositif, qui vous a aidé ? qui vous a posé problème ? Quels sont vos besoins <strong>en</strong>la matière ?VII. ReDrés<strong>en</strong>tations s o w1. Que signifie pour vous être par<strong>en</strong>t ? (raconter)2. P<strong>en</strong>dant votre grossesse, comm<strong>en</strong>t imaginiez-vous votre <strong>en</strong>fant ? Comm<strong>en</strong>t yp<strong>en</strong>siez-vous ?3. Avant la naissance de l'<strong>en</strong>fant, que représ<strong>en</strong>tait pour vous l'idée d'avoir un<strong>en</strong>fant différ<strong>en</strong>t ?4. Imaginiez-vous une vie possible avec un <strong>en</strong>fant différ<strong>en</strong>t ?5. Est-ce que le fait que votre <strong>en</strong>fant soit un garçon ou une fille est important ?6. Dans les différ<strong>en</strong>ts aspects que comporte une vie, quels sont ceux qui compt<strong>en</strong>tle plus pour vous ? Etait-ce la même chose avant la naissance de l'<strong>en</strong>fant ?Certaines facettes de votre vie ont-elles pris plus ou moins d'importance ?<strong>Le</strong>squelles ? Pourquoi ?7. Avez-vous le s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t de vivre différemm<strong>en</strong>t <strong>des</strong> autres par<strong>en</strong>ts ? Pourquoi ?Changem<strong>en</strong>t ? (expliquer)


8. Toute exist<strong>en</strong>ce est une r<strong>en</strong>contre d'obstacles, quels étai<strong>en</strong>t, quels sont ceux quevous avez r<strong>en</strong>contrés avec votre <strong>en</strong>fant ?9. Comm<strong>en</strong>t faites-vous pour répondre au jour le jour au(x) problème(s) de votre<strong>en</strong>fant ? Au quotidi<strong>en</strong>, connaissez-vous <strong>des</strong> mom<strong>en</strong>ts difficiles, où ça ne vas pas ?(expliquer) Que faites-vous ?10. Avez-vous fait <strong>des</strong> choses concrètes qui vous ont permis de mieux vivre lasituation ? (expliquer)11. Avez-vous d'autres sources de difficultés auxquelles vous devez faire face ?(avant / après naissance de l'<strong>en</strong>fant)12. Esta que le fait d'avoir eu i'expén<strong>en</strong>ce d'élever d'autres <strong>en</strong>fants vous a aidé ?13. Est-ce que <strong>des</strong> élém<strong>en</strong>ts d'ordre religieux, moral et philosophique ont joué unrôle dans la façon dont vous vivez votre situation ? Est-ce que vous vous êtesposé <strong>des</strong> <strong>questions</strong> d'ordre religieux, moral ou philosophique suite à cetteexpéri<strong>en</strong>ce ?Résumé :Dans l'<strong>en</strong>semble, comm<strong>en</strong>t avez-vous l'impression de vous débrouiller ? Qu'est-cequi vous a fortem<strong>en</strong>t aidé ?De quoi auriez-vous grandem<strong>en</strong>t besoin ?VIII. Ouestions . .sur le handican1. Que p<strong>en</strong>sez-vous de la place que la société atrribue aux <strong>en</strong>fants et aux adultes<strong>handicap</strong>és ?2. Que p<strong>en</strong>sez-vous de l'image que la presse, la radio ou la T.V. diffus<strong>en</strong>t <strong>des</strong>personnes <strong>handicap</strong>ées ?3. Que p<strong>en</strong>sez-vous de la médecine actuelle; de ses performances techniques;de la formation <strong>des</strong> médecins; du personnel soignant ? (c<strong>en</strong>trer sur le <strong>handicap</strong>)IX. Souhaiteriez-vous évoquer un autre aspect ou nous faire partd'une réflexion ou d'une remarque ?X. Que p<strong>en</strong>sez-vous de cet <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> ?


<strong>Le</strong> C<strong>en</strong>tre Technique National dlEtu<strong>des</strong> et de Recherches sur lesHandicaps et les Inadaptations (CTNERHI), association de Loi 1901,remercie vivem<strong>en</strong>t tous les organismes qui, par leur participationfinancière, lui permett<strong>en</strong>t d'accomplir ses missions et notamm<strong>en</strong>t :- Ministère <strong>des</strong> Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville- Caisse Nationale d'Assurance Maladie <strong>des</strong> Travailleurs Salariés(CNAMTS)- Mutualité Sociale Agricole (MSA)Edité par le CTNERHITirage par la division ReprographieDépot légal : Novembre 1993ISBN 2- 8771 0-077-4ISSN 0223-4696CPPAP 60.1 19<strong>Le</strong> Directeur : Annick DEVEAU

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