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Numéro 34 - Le libraire

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Littérature québécoisele <strong>libraire</strong> CRAQUEMamerlor.Chroniquesautour d’un Q-tipRéjean Bonenfant, Éditionsd’art <strong>Le</strong> Sabord, 62 p., 19,95 $Lire les chroniques de Mamerlor,c’est comme feuilleter un vieil album de photos defamille. Mamerlor et Péraurel (en fait Ma Mère Laureet Père Aurel) se sont mariés en 1925 et ont eu prèsd’une vingtaine d’enfants, qui ont à leur tour vécutoutes sortes d’événements. De la naissance à la morten passant par des questions aussi fondamentales quel’orientation sexuelle et la place des vieux dans lasociété contemporaine, Mamerlor est la compréhensiveobservatrice de l’évolution de ceux qu’elle a tantaimés. Sans prétendre expliquer où va notre monde,les chroniques de Réjean Bonenfant offrent une visiontendre et lucide des différences générationnelles.Josiane Riverin-Coutlée <strong>Le</strong>s BouquinistesTout comme elleLouise Dupré, QuébecAmérique, coll. Mains libres,110 p., 16,95 $Tout comme elle, une premièreaventure théâtrale en 4 actes de 12tableaux chacun, nous fait entrerdans l’univers d’une mère et de safille, dans leurs solitudes et leurs incompréhensionsrespectives. Faire semblant, jouer le jeu plutôt qu’ouvrirleurs bras l’une à l’autre. Finalement, à travers certainsde ses gestes, certaines de ses paroles, la fillereconnaît sa mère. L’acceptation de l’amour-haineprend sa place : la fille veut être différente mais enmême temps, elle désire que sa mère l’aime. C’est lamise au monde d’une femme, dans un texte poétiqueteinté de subjectivité, qui permet à chacun d’en fairesa propre lecture. À la fin du livre, une conversationentre Louise Dupré, l’auteure, et Brigitte Haentjens,qui a assuré la mise en scène du texte avec cinquantecomédiennes sur les planches de l’Usine C en janvier2006, continue de nous éclairer sur le sujet.Marielle Paré MonetJe voudrais medéposer la têteJonathan Harnois,Sémaphore, 95 p., 16,95 $Jeune maison d’édition quis’inscrit en marge des sentiersbattus, les éditions Sémaphorepubliait, il y a de cela quelques mois, le premier romandu jeune auteur Jonathan Harnois. D’une sensibilitédésarmante, le propos de ce petit livre d’à peine centpages concerne un événement aux accents tragiques :le suicide d’un ami. Harnois parvient avec brio à éviterles écueils de ce thème mille fois visité et nous livre unrécit tout en nuances, porté par une plume d’unebeauté douloureuse. Irrigué de délicieuses trouvailleslittéraires, Je voudrais me déposer la tête offre uneintrospection ponctuée d’espoir qui nous mène droitaux confins de l’âme humaine. Empreinte d’une magnifiquepoésie, la langue de Harnois témoigne d’unerare maîtrise. Prometteur! Anne-Pascale Lizotte MonetLa Musique,exactementMicheline Morisset, QuébecAmérique, coll. Littératured’Amérique, 119 p., 16,95 $La musique, comme les parfums,est porteuse de nos plus chers souvenirs… Peut-êtreest-ce tout ce qui reste quand la mémoire s’effrite?Avec une musicalité poétique qui lui est propre,Micheline Morisset nous touche avec cette réflexiontendre sur le vieillissement, la perte de l’innocence etles relations familiales. En harmonie, la fille se remémoreces instants de l’enfance que le « temps nousvole », tandis que la mère voit sa mémoire lui déroberles gens et les saisons. Un propos nostalgique orchestrételle une symphonie sur la mémoire qui déforme,occulte, flanche, révèle avant le grand trou noir. Lasensibilité de l’œuvre est perceptible en sourdine, dansun silence feutré. Si on écoute bien, on peut presqueentendre le vent du large murmurer notre air préféré!Annie Mercier le <strong>libraire</strong>TavernesAlexis Martin, DramaturgesÉditeurs, 80 p., 14,95 $Dans une pièce qui nous montrequ’on n’a pas tout dit du mondedes tavernes, Alexis Martin nousfait entendre les éclats de ce lieuoù la parole se libère. Là, les voixdisent sans inhibition ce qui se noue dans le cœur, secroyant en sécurité dans la langueur de l’alcool : cellesd’un travesti, d’un Juif, d’un homme abusé dans sajeunesse et de nombre d’autres marginaux qui ontbesoin de faire un vacuum dans leur quotidien.Représentant ce lieu qui paraît être le tremplin vers laliberté, mais en réalité est le ressort de toutes solitudes,la pièce met en scène un défilé de personnagesinterprétés par un seul comédien. Il y a une bonnepart de vertige dans ce texte qui va de pair avec uneréflexion sur l’identité. À ce propos, le discours quetient le personnage du Juif sur la souveraineté desQuébécois est perspicace et, par sa lucidité, on ne peutplus savoureux. Drôle et intelligent.Yohan Marcotte Pantoute<strong>Le</strong>s Trois Modesde conservationdes viandesMaxime-Olivier Moutier,Marchand de feuilles,263 p., 21,95 $Déroutant au tout début, le romande Moutier a le mérite de nous accrocher très vite.Voyageant entre l’enfance et la maturité, le narrateur— qu’on sent très proche du romancier — nousoffre une anthropologie du quotidien, décrivant avecdétail l’univers qu’il habite. Pour ce faire, il se transposedans le lecteur à l’aide d’un « vous » très personnelet inclusif qui lui permet de prendre une distanceprotectrice avec une enfance et une adolescence difficiles,partagées entre un père artiste et rêveur et unemère entrepreneuse. Il reprend le « je » lorsqu’il nousfait partager sa vie d’aujourd’hui, jeune père de familleamoureux de la mère de ses enfants. C’est original,urbain (ou banlieusard, dans les passages de jeunesse)et contemporain, comme il se qualifie lui-même. Etc’est un éloge de l’amour qui contraste avec une formede littérature sombre et pessimiste.Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurM A I - J U I N 2 0 0 69

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