Adieu Raymond PlanteC’est avec consternation et grand regret que le milieu littéraireet culturel québécois a appris le décès soudain deRaymond Plante, emporté par un infarctus dans la nuitdu 14 au 15 février dernier, à l’âge de 58 ans.Véritable pilier de la littérature populaire et de la littératurepour la jeunesse, Plante a publié en trentetroisans de carrière une bonne quarantaine de titrespour des publics divers, dont La Débarque,Novembre, la nuit, <strong>Le</strong> Nomade, <strong>Le</strong> Dernier desraisins, L’Étoile a pleuré rouge et la série des aventuresde Marilou Polaire, sans oublier l’excellentebiographie de son ami comédien Robert Gravel (Surles pistes d’un cheval indompté). Parallèlement à sontravail de romancier, il a collaboré à diverses émissions pour la radio(Premières, Micro-Théâtre et La Feuillaison) et pour la télévision (pour lesjeunes : Pop Citrouille, L’Ingénieux Don Quichotte et Minibus; pour lesadultes : Poussière d’automne, <strong>Le</strong> Cœur au mur ainsi que Du tac au tac).Pédagogue fort apprécié, Raymond Plante a enseigné à l’Université du Québecà Montréal et multiplié les activités d’animation dans les écoles et les bibliothèquesscolaires et publiques. Également très actif dans le milieu de l’édition,Plante a été directeur de collection chez de nombreux éditeurs, dont <strong>Le</strong>s 400coups, où il venait tout juste de fonder la collection « Style libre ».©Alexis K. LaflammeOn se souviendra de…Réunis dans le hall de la Grande Bibliothèque du Québec le lundi 20 février,des parents, amis, collègues et étudiants de Raymond Plante ont fait leursadieux à l’écrivain. Présidée par sa fille Emmanuelle, chroniqueuse à la radio,la cérémonie consistait en des lectures d’extraits de l’œuvre du disparu par desamis, dont les comédiens Jacques L’Heureux et Alexis Martin, l’éditeur SergeThéroux et le romancier et éditeur Robert Soulières. Raymond Plante laissedans le deuil sa femme Renée, leurs deux enfants, et leur première petitefille…sans compter ces générations de lecteurs, lectrices, de téléspectateurset téléspectatrices de tous âges qui auront intérêt à continuer de fréquenteravec plaisir une œuvre riche, chaleureuse, diversifiée et volumineuse.Ils ont mérité leurs lauriersAUTEURS ET ILLUSTRATEURSQUÉBÉCOIS ET CANADIENSAndré Brouillette, Prix Louis-Guillaume pour M’accompagne (DuNoroît).Nicolas Dickner, Prix Anne-Hébertpour Nikolski (Alto).Andrée Poulin, Prix littéraire <strong>Le</strong>Droit - jeunesse pour <strong>Le</strong>sImpatiences de Ping (QuébecAmérique).Michel A. Thérien, Prix littéraire <strong>Le</strong>Droit – poésie pour J’écris à rebours(David).Marie-Andrée Donovan, Prix Émile-Ollivier pour <strong>Le</strong>s Soleils incendiés(David).AUTEURS ET ILLUSTRATEURSÉTRANGERSAlexis Salatko, Prix Jean-Freustiépour Horowitz et mon père (Fayard).Orhan Pamuk, Prix Méditerranéeétranger pour Neige (Gallimard).Anne Godard, Grand Prix RTL-Lirepour L’Inconsolable (Minuit).Yasmina Khadra, Prix des <strong>libraire</strong>s dela Fédération française syndicale deslibrairies pour L’Attentat (Julliard).Hédi Kaddour, Bourse Goncourt dupremier roman pour Waltenberg(Gallimard).François Bégaudeau, Prix France-Culture-Télérama pour Entre lesmurs (Verticales).Lax, Grand Prix RTL de la BD pourL’Aigle sans orteils (Dupuis).Lorenzo Mattoti, Grand Prix duFestival de bande dessinée de Bloispour l’ensemble de son œuvre.Jürgen Habermas, Prix Holberg pourl’ensemble de son œuvre (scienceshumaines et sociales).Xavier Darcos, Prix Louis Pauwelspour L’École de Jules Ferry. 1880-1905 (Hachette).Yann Queffélec, Prix <strong>Le</strong> RomanVersion Femina — <strong>Le</strong> Grand Livredu mois pour Ma première femme(Fayard).Arnaldur Indridason, Prix Cœur-Noirpour La Cité des Jarres (Métaillié).Hilary Spurling, Prix du Livre de l’année2005 remis par le jury desWhitbread Book Awards pour Matissethe Master (Hamish Hamilton), égalementlauréat du Whitbread de labiographie.Festival d’Angoulême 2006 :Gipi, Prix du meilleur album pourNotes pour une histoire de guerre(Actes Sud/BD).Jean-Pierre Gibrat, Prix du meilleurdessin pour Vol du corbeau (Dupuis).Étienne Davodeau, Prix du scénariopour Mauvaises gens (Delcourt).Clément Oubrerie (dessin) &Marguerite Abouet (scénario), Prixdu meilleur premier album pour Ayade Yopougon (Gallimard).Jaime Hernandez, Prix du patrimoinepour Locas (Seuil).Juanjo Guarnido (dessin et couleurs)& Juan Diaz Canales (scénario), Prixde la série pour « Blacksad »(Dargaud).<strong>Le</strong>wis Trondheim, Grand Prix de laVille d’Angoulême, remis dans lecadre du Festival.{ }à l’agendaSALON INTERNATIONAL DU LIVRE DE QUÉBEC<strong>Le</strong> Salon international du livre de Québec (SILQ) invite la population de la VieilleCapitale à célébrer le livre et la littérature. On promet des activités variées et une bellebrochette d’auteurs. Théâtre de la remise des prix Adrienne-Choquette de la nouvelle,littéraire des collégiens et Alibis, le SILQ héberge aussi en ses murs le Festival de labande dessinée francophone. Ce « salon dans le salon » accueille plusieurs nomsimportants de la BD d’ici et d’ailleurs, notammentGuarnido, Blain, Loisel et Beaulieu. Du 19 au 23 avrilOù : Centre des congrès de Québec, 1000,boul. René-Lévesque EstCoût d’entrée : 3$ / gratuit pour les moins de 12 anset les plus de 60 ans (le vendredi seulement).Infos : (418) 644-4000 | www.silq.orgJOURNÉE MONDIALE DU LIVRE ET DU DROIT D’AUTEURCélébrée au Québec depuis 1996, la Journée mondiale du livre et du droit d’auteurbat son plein le 23 avril. La 11 e édition de cet événement, auxquels participentlibrairies, bibliothèques, écoles, éditeurs et autres organismes, se déroulera sousl’égide de Dany Laferrière et de Chrystine Brouillet qui, pour la seconde année consécutive,ont accepté d’en être les porte-parole. Il estde tradition d’offrir une rose à ceux qui achètent unlivre ce jour-là.Où : dans plusieurs librairies et autres lieux culturelsInfos : www.jmlda.qc.ca et auprès de votre <strong>libraire</strong>SALON DU LIVRE DE LA CÔTE-NORDSe déroulant sous le thème « On RELIE la Côte », la 22 e édition duSalon du livre de la Côte-Nord est marquée par deux changementsmajeurs : l’endroit et la période de l’année où il a lieu — le printempsplutôt que l’automne. <strong>Le</strong>s maisons d’édition participantessont aussi plus nombreuses et une quarantaine d’auteurs, dont YvesBeauchemin, Larry Hodgson, Sonia Marmen,Jacques Côté, Patrick Senécal et Pierre Morency23 avril seront présents.Où : Cégep de Sept-Îles, 175, rue de la VérendryeCoût : 4 $ (adultes), 2 $ (moins de 18 ans), gratuit(5 ans et moins), gratuit le dimanche (8 ans et moins)Infos : (418) 968-46<strong>34</strong> | www.infotechweb.net/slcn/SALON DU LIVRE DE L’ABITIBI-TÉMISCAMINGUELa poète et romancière Louise Desjardins (Cœurs braisés, Ni vu, ni connu) est laprésidente d’honneur du 30 e Salon du livre de l’Abitibi-Témiscamingue, dont leslogan est « Une vague de mots… Eau là là! ». « L’eau […], explique Nicole Séguin,présidente de l’événement, et toute la gamme desémotions qu’elle provoque s’est imposée à nous […].Ces vagues de mots que sont les livres nous transportenten des lieux parfois insoupçonnés. En effet,Du 27 au 30 avrilDu 25 au 28 maicomme l’eau, l’écriture calme, rassure, inspire, amuse, abreuve, nourrit, séduit […] ».Trente-trois auteurs et quelque soixante-treize exposants seront de la fête.Où : Aréna Frère-Arthur-Bergeron, 27, rue Saint-Gabriel Sud, Ville-MarieCoût d’entrée : 4$Infos : (819) 797-4610 | www.slat.qc.caMARCHÉ FRANCOPHONE DE LA POÉSIEPrésenté par la Maison de la poésie de Montréal, organismefondé en 2000 qui a comme mandat de faire connaître etapprécier la poésie de langue française, la 7 e édition du Marchéfrancophone de la poésie réunit soixante-dix éditeurs, revuisteset associations québécoises, canadiennes-françaises et belges.Quelques éditeurs mexicains sont également présents. Un programmed’activités à l’intention du grand public et des professionnelsponctue les sixjournées de ce rendez-vousinternational de la poésie actuelle.Où : Chapiteau à la Place Gérald-Godin, métroMont-Royal, et différents lieux du Plateau Mont-RoyalCoût d’entrée : gratuitInfos : (514) 526-6251 | www.maisondelapoesie.qc.caDu 30 mai au 4 juinM A I - J U I N 2 0 0 66
Libraire d’un jourC A THERINET RUDEAU<strong>Le</strong>s certitudes de Catherine<strong>Le</strong> fait que l’Association des <strong>libraire</strong>s du Québec ait choisi Catherine Trudeau pour être la porte-parole du Prix des <strong>libraire</strong>s du Québec2006 constitue un exemple lumineux des bienfaits des « PPP ». Précisons, avant la levée de boucliers des opposants à une pratique gouvernementalepeu prisée, qu’on fait ici référence à tout autre chose qu’aux partenariats public-privé. Certes, on pourrait dire que Trudeauest « Publique », en ce sens que plusieurs téléspectateurs aiment bien détester son personnage de Line-la-pas-fine dans <strong>Le</strong>s Invincibles.Mais elle est aussi « Privée », le nez enfoui dans un livre, chez elle. Quant au troisième « P », on opte résolument pour « Pimpante ».Par Antoine TanguayUne Pimpante Porte-Parole! Voilà ce quecette lectrice, de son propre aveu « indisciplinée» et « difficile », se révèle au filde l’entretien, au cours duquel serontévoqués tant les premières balades deMartine que les effrois d’adolescence,gracieuseté de Stephen King, jusqu’à lamort de Marilyn Monroe.Mais débutons là où il se doit, soit avec lesditesvirées campagnardes de lacharmante Martine, la bambine qui a soufflérécemment ses cinquante bougies.Pour la future actrice, ces aventuresconstituaient l’occasion de faire un peu detourisme immobile : « Je sais que noussommes de nombreuses générations dejeunes femmes, de jeunes hommes aussi, àavoir de bons souvenirs de Martine. Moi, jeles ai encore, tout comme pour pas maltous mes livres de jeunesse. Martine futmon premier contact avec l’Europe, monpremier voyage. Depuis, il y a toujours eude la place pour la lecture dans ma famille.On recevait beaucoup de livres, mes frèreset moi », se remémore Catherine Trudeau.Ses frères auront d’ailleurs une influencesur ses autres lectures : elle dévoreracomme eux beaucoup de bandes dessinées,notamment Lucky Luke, Astérix, Spirou etFantasio, Snoopy et Garfield, sans oublierl’incontournable Tintin, sorte de vieil amiqu’elle dit « revisiter de temps en temps. »Il est vrai que les périples de Martine trouvaientun complément bienvenu à la soifd’aventures qu’éveille chez ses lecteurs lereporter à la houppe : « J’aime Tintin pourle dépaysement, mais aussipour la beauté de l’écriture,le sens du dramede Hergé, expliqueTrudeau. Un de mes[albums] préférésdemeure Tintinau Tibet. Il y aquelque chosede grandiose quitransparaît decette bande dessinée,somme touteassez simple dans sontrait. »De la ligne claire, on passeaux premiers romans. Làencore, les frères auront leurmot à dire, l’adolescente n’adhérantpas à la « folie »entourant certaines séries à l’eau de rose :« Je n’étais pas une fille qui avait des idolesparmi les chanteurs ou les acteurs »,explique celle qui a jouédans La Loi du cochon et<strong>Le</strong> Survenant. Non, à cessensations à saveur deguimauve, CatherineTrudeau préfère celles,mordantes, que lui procurentMary HigginsClark et sa Nuit durenard, de même queÇa, Christine et Miseryde Stephen King. Elleavoue avoir tourné le dosà une canicule pour sevouer à Misery trois joursdurant dans sa chambre!Décidément, il fautreconsidérer l’apport duroi de l’horreur à l’appétitdes jeunes lecteurs desannées 80 qui, aujourd’hui,forment la générationdes 20-30 ans. Trudeau se souvientd’ailleurs de certains professeurs qui n’appréciaientpas les exposés faits sur les œuvres del’écrivain américain. De cette période, ellegarde néanmoins une volonté de ne pas seborner aux chefs-d’œuvre et de choisir, sanscomplexe, un best-seller. Pendant ses études,Catherine Trudeau n’en aura pas que pourles horreurs de King; elle se pliera volontiersà la lecture, obligatoire, des classiques :« C’est à l’école que j’ai découvertKamouraska, qui m’a beaucoup marquée.Comme j’ai toujours aimé la lecture et qu’elle© Robert Etcheverry©Izabel Zimmerétait très encouragée chez moi, j’étaisheureuse de lire des œuvres obligatoires àl’école. J’étais rarement rebutée par ces lectures.Ce n’était surtout pas une punition. »C’est peut-être cette ouverture qui lui faitdire ces sages paroles : « Tant que tu lis etque tu lis un roman pour les bonnes raisons,c’est une bonne chose. Que ce soit pour avoirpeur ou pour voyager, l’important, c’est detrouver le livre qu’on aime. » Voilà pourquoila porte-parole du Prix des <strong>libraire</strong>s duQuébec lit autant Anna Gavalda (Ensemble,c’est tout), Janette Bertrand (Ma vie en troisactes), Musset, Sébastien Japrisot queHubert Aquin, dont elle admire Prochainépisode : « Un roman riche qui va danstoutes les directions. Je relis souvent la premièrepage à des gens à qui je fais part de meslectures préférées. Impossible de ne pas êtrehappé après l’avoir lu; impossible de résisterà une si grande beauté. » Quant à Japrisot, ellen’hésite pas à recommander La Dame dans l’autoavec des lunettes et un fusil, « un polar inoffensif,mais [qu’elle] adore. »Et lorsqu’elle n’est pas entrain de faire la lecturede Prochain épisode àses proches, CatherineTrudeau aime à l’occasiondonner en cadeauCatherine Certitude, untout petit roman de PatrickModiano et Sempé.Quand vient le temps des’offrir une valeur sûre,Trudeau opte de temps àautre pour une biographie.Si elle porte surMarilyn Monroe, c’estencore mieux. Elle conseillel’ouvrage de DonWolfe, Marilyn Monroe.Catherine Trudeau Enquête sur un assassinat.Quant à Elvis, l’autrelégende du XX e siècle, elle possède quelqueslivres de photos sur le chanteur, mais n’a pasencore découvert une biographie convaincante.Trudeau est également très attentive àce qui se mijote du côté de la relève québécoise,et affirme apprécier les écrits deMatthieu Simard, Guillaume Vigneault, MarieHélène Poitras et Stéphane Bourguignon, etpense beaucoup de bien du Scrapbook deNadine Bismuth. Pourtant, même si elle littous azimuts, la comédienne se considèrecomme une lectrice difficile : « Il faut qu’unroman me happe dès le début. Et si j’embarque,je suis un peu sans pitié. Quelquefois, jevais redonner des chances à certainsouvrages. Parfois, c’est simplement une questionde contexte », souligne-t-elle. Etpuisqu’il est question de moment propice à lalecture, Trudeau confie n’être sortie que trèsrécemment d’une période de disette causéepar la fréquentation abusive des livres lors deses études en lettres à l’université : « Mêmesi j’ai découvert énormément de choses, ça atué mon désir de lecture. J’ai perdu le simpleplaisir de lire comme lorsque j’avais 13 ou 14ans. […] Je n’ai pas terminé mes études,d’ailleurs. N’ayant aucun esprit de synthèse,j’ai paniqué, et abandonné mes cours pouraller faire mes auditions! »Un bon choix pour quelqu’un qui allait, un jour,jouer à merveille l’un de ses grands rôles, celuide « PPP ».La Dame dans l’autoavec des lunettes etun fusilSébastien Japrisot,Folio Policier, 320 p.,14,95 $Catherine CertitudePatrick Modiano &Sempé, Folio,99 p., 14,95 $Marilyn Monroe.Enquête surun assassinatDon Wolfe, J’ai Lu,637 p., 16,50 $MiseryStephen King,<strong>Le</strong> Livre de Poche,391 p., 12,95 $La Nuit du renardMary Higgins Clark,<strong>Le</strong> Livre de Poche,221 p., 8,95 $KamouraskaAnne Hébert, Points,246 p., 12,95 $Prochain épisodeHubert Aquin, BQ,290 p., 11,95 $Tintin au TibetHergé, Casterman,62 p., 15,95 $M A I - J U I N 2 0 0 67