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Numéro 34 - Le libraire

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Libraire d’un jourC A THERINET RUDEAU<strong>Le</strong>s certitudes de Catherine<strong>Le</strong> fait que l’Association des <strong>libraire</strong>s du Québec ait choisi Catherine Trudeau pour être la porte-parole du Prix des <strong>libraire</strong>s du Québec2006 constitue un exemple lumineux des bienfaits des « PPP ». Précisons, avant la levée de boucliers des opposants à une pratique gouvernementalepeu prisée, qu’on fait ici référence à tout autre chose qu’aux partenariats public-privé. Certes, on pourrait dire que Trudeauest « Publique », en ce sens que plusieurs téléspectateurs aiment bien détester son personnage de Line-la-pas-fine dans <strong>Le</strong>s Invincibles.Mais elle est aussi « Privée », le nez enfoui dans un livre, chez elle. Quant au troisième « P », on opte résolument pour « Pimpante ».Par Antoine TanguayUne Pimpante Porte-Parole! Voilà ce quecette lectrice, de son propre aveu « indisciplinée» et « difficile », se révèle au filde l’entretien, au cours duquel serontévoqués tant les premières balades deMartine que les effrois d’adolescence,gracieuseté de Stephen King, jusqu’à lamort de Marilyn Monroe.Mais débutons là où il se doit, soit avec lesditesvirées campagnardes de lacharmante Martine, la bambine qui a soufflérécemment ses cinquante bougies.Pour la future actrice, ces aventuresconstituaient l’occasion de faire un peu detourisme immobile : « Je sais que noussommes de nombreuses générations dejeunes femmes, de jeunes hommes aussi, àavoir de bons souvenirs de Martine. Moi, jeles ai encore, tout comme pour pas maltous mes livres de jeunesse. Martine futmon premier contact avec l’Europe, monpremier voyage. Depuis, il y a toujours eude la place pour la lecture dans ma famille.On recevait beaucoup de livres, mes frèreset moi », se remémore Catherine Trudeau.Ses frères auront d’ailleurs une influencesur ses autres lectures : elle dévoreracomme eux beaucoup de bandes dessinées,notamment Lucky Luke, Astérix, Spirou etFantasio, Snoopy et Garfield, sans oublierl’incontournable Tintin, sorte de vieil amiqu’elle dit « revisiter de temps en temps. »Il est vrai que les périples de Martine trouvaientun complément bienvenu à la soifd’aventures qu’éveille chez ses lecteurs lereporter à la houppe : « J’aime Tintin pourle dépaysement, mais aussipour la beauté de l’écriture,le sens du dramede Hergé, expliqueTrudeau. Un de mes[albums] préférésdemeure Tintinau Tibet. Il y aquelque chosede grandiose quitransparaît decette bande dessinée,somme touteassez simple dans sontrait. »De la ligne claire, on passeaux premiers romans. Làencore, les frères auront leurmot à dire, l’adolescente n’adhérantpas à la « folie »entourant certaines séries à l’eau de rose :« Je n’étais pas une fille qui avait des idolesparmi les chanteurs ou les acteurs »,explique celle qui a jouédans La Loi du cochon et<strong>Le</strong> Survenant. Non, à cessensations à saveur deguimauve, CatherineTrudeau préfère celles,mordantes, que lui procurentMary HigginsClark et sa Nuit durenard, de même queÇa, Christine et Miseryde Stephen King. Elleavoue avoir tourné le dosà une canicule pour sevouer à Misery trois joursdurant dans sa chambre!Décidément, il fautreconsidérer l’apport duroi de l’horreur à l’appétitdes jeunes lecteurs desannées 80 qui, aujourd’hui,forment la générationdes 20-30 ans. Trudeau se souvientd’ailleurs de certains professeurs qui n’appréciaientpas les exposés faits sur les œuvres del’écrivain américain. De cette période, ellegarde néanmoins une volonté de ne pas seborner aux chefs-d’œuvre et de choisir, sanscomplexe, un best-seller. Pendant ses études,Catherine Trudeau n’en aura pas que pourles horreurs de King; elle se pliera volontiersà la lecture, obligatoire, des classiques :« C’est à l’école que j’ai découvertKamouraska, qui m’a beaucoup marquée.Comme j’ai toujours aimé la lecture et qu’elle© Robert Etcheverry©Izabel Zimmerétait très encouragée chez moi, j’étaisheureuse de lire des œuvres obligatoires àl’école. J’étais rarement rebutée par ces lectures.Ce n’était surtout pas une punition. »C’est peut-être cette ouverture qui lui faitdire ces sages paroles : « Tant que tu lis etque tu lis un roman pour les bonnes raisons,c’est une bonne chose. Que ce soit pour avoirpeur ou pour voyager, l’important, c’est detrouver le livre qu’on aime. » Voilà pourquoila porte-parole du Prix des <strong>libraire</strong>s duQuébec lit autant Anna Gavalda (Ensemble,c’est tout), Janette Bertrand (Ma vie en troisactes), Musset, Sébastien Japrisot queHubert Aquin, dont elle admire Prochainépisode : « Un roman riche qui va danstoutes les directions. Je relis souvent la premièrepage à des gens à qui je fais part de meslectures préférées. Impossible de ne pas êtrehappé après l’avoir lu; impossible de résisterà une si grande beauté. » Quant à Japrisot, ellen’hésite pas à recommander La Dame dans l’autoavec des lunettes et un fusil, « un polar inoffensif,mais [qu’elle] adore. »Et lorsqu’elle n’est pas entrain de faire la lecturede Prochain épisode àses proches, CatherineTrudeau aime à l’occasiondonner en cadeauCatherine Certitude, untout petit roman de PatrickModiano et Sempé.Quand vient le temps des’offrir une valeur sûre,Trudeau opte de temps àautre pour une biographie.Si elle porte surMarilyn Monroe, c’estencore mieux. Elle conseillel’ouvrage de DonWolfe, Marilyn Monroe.Catherine Trudeau Enquête sur un assassinat.Quant à Elvis, l’autrelégende du XX e siècle, elle possède quelqueslivres de photos sur le chanteur, mais n’a pasencore découvert une biographie convaincante.Trudeau est également très attentive àce qui se mijote du côté de la relève québécoise,et affirme apprécier les écrits deMatthieu Simard, Guillaume Vigneault, MarieHélène Poitras et Stéphane Bourguignon, etpense beaucoup de bien du Scrapbook deNadine Bismuth. Pourtant, même si elle littous azimuts, la comédienne se considèrecomme une lectrice difficile : « Il faut qu’unroman me happe dès le début. Et si j’embarque,je suis un peu sans pitié. Quelquefois, jevais redonner des chances à certainsouvrages. Parfois, c’est simplement une questionde contexte », souligne-t-elle. Etpuisqu’il est question de moment propice à lalecture, Trudeau confie n’être sortie que trèsrécemment d’une période de disette causéepar la fréquentation abusive des livres lors deses études en lettres à l’université : « Mêmesi j’ai découvert énormément de choses, ça atué mon désir de lecture. J’ai perdu le simpleplaisir de lire comme lorsque j’avais 13 ou 14ans. […] Je n’ai pas terminé mes études,d’ailleurs. N’ayant aucun esprit de synthèse,j’ai paniqué, et abandonné mes cours pouraller faire mes auditions! »Un bon choix pour quelqu’un qui allait, un jour,jouer à merveille l’un de ses grands rôles, celuide « PPP ».La Dame dans l’autoavec des lunettes etun fusilSébastien Japrisot,Folio Policier, 320 p.,14,95 $Catherine CertitudePatrick Modiano &Sempé, Folio,99 p., 14,95 $Marilyn Monroe.Enquête surun assassinatDon Wolfe, J’ai Lu,637 p., 16,50 $MiseryStephen King,<strong>Le</strong> Livre de Poche,391 p., 12,95 $La Nuit du renardMary Higgins Clark,<strong>Le</strong> Livre de Poche,221 p., 8,95 $KamouraskaAnne Hébert, Points,246 p., 12,95 $Prochain épisodeHubert Aquin, BQ,290 p., 11,95 $Tintin au TibetHergé, Casterman,62 p., 15,95 $M A I - J U I N 2 0 0 67

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