42Le destin se présente une nouvelle fois pour modifier le coursdes choses. Le 10 Décembre, le kapo des bombes kommandovient chercher une équipe de bagnards. Jacques se portevolontaire. Victor est de la partie. Si bien qu’un groupe de 30personnes partent ainsi, habillés de neuf, pour laTchécoslovaquie, pour retirer des bombes non éclatées. DeuxSS sont aux commandes. Tout le monde prend le train, etarrive à Techyn. Les bagnards sont mis en cellule, et reçoiventun pain par personne, ainsi que quatre parts de margarine et desaucisson. Un gueuleton inestimable, en faveur de ceux quiavaient été sélectionnés pour ce travail. Vu les risques del’opération, les SS ne s’approchaient pas trop des bagnards, augrand soulagement de ces derniers. Or, Jacques et Victorfaisant preuve de dextérité dans les opérations de déminage –qui pouvait l’imaginer ? -, ils se voient gratifiés d’unravitaillement correct. Le travail en pleine montagne, dans lefroid et la neige, est très dur, mais les bagnards retrouventquelque peu l’atmosphère de l’espoir, de la liberté, par leurprésence en terre tchécoslovaque, et ayant quelques liens avecla population tchèque 7 . Mais, les organismes sont mislourdement à contribution, le travail se fait à mains nues, enbras de chemise, par –25°C, et la terre est gelée.Ayant toujours une personnalité relativement hors du commun,Jacques continue de chanter, de temps à autres, ce qui susciteun certain étonnement de son entourage, et même de la partdes SS.Le 25 Décembre, Auschwitz est bombardé. Le kommando estreconstitué pour enlever les bombes non éclatées. Un froidhorrible. Un travail terrible.Début Janvier 1945, Jacques part en Haute Silésie, pourdéterrer des bombes. Victor, quant à lui, travaille au Bauhof, où7 Mon père me disait que les Tchèques étaient très accueillants. Du reste,l’Histoire montrera que ces derniers ont aidé à la libération de beaucoup deprisonniers.
43il crève de faim et de froid. Mais, à voir ces femmes quicharrient des briques par ce temps, Victor continue à vouloirrester debout.17 Janvier 1945. Ce soir, après l’appel, Victor apprend que lesRusses sont à quelques kilomètres et que le camp risque d’êtreévacué. Effectivement, vers minuit, quelques kommandos sontdésignés pour partir. Victor est dans le coup et va devoir seséparer de Jacques.Ici s’arrête l’histoire que je connais de Jacques, ilsurvécut jusqu’à l’armistice, après être passé par lescamps de Gross-Rozen, Buchenwald et Dachau, à sasortie d’Auschwitz. Esther survécut également à ladéportation, après avoir fait Birkenau – où elle passa 6mois (matricule A 7103) et fit la connaissance de SimoneWEIL -, Bergen-Belsen, et Theresinstadt.Le lendemain, le 18 Janvier, à 10 heures du matin, lesbagnards reçoivent du linge et de la nourriture, et prennent laroute. Certains déportés, dont la maladie les vouaient à mourirdans de brefs délais, ou ayant réussi à se cacher profitant de ladésorganisation générale et dont la chance leur fit éviter lesdernières exécutions sommaires des SS, ont pu échapper àleurs bourreaux et ont été libérés par les Russes fin Janvier.Difficile pourtant de parler de libération, car de ceux qui étaientencore en vie, 80 % allaient mourir dans les jours et semainesà venir. Sur la route de l’évacuation, des files d'évacués civils,des convois militaires. Les bagnards sont étirés sur plusieurskilomètres. Tous les six mètres, un SS à gauche, un autre àdroite, des chiens, les bagnards marchent en file par cinq, sansaucune pause. La marche est très pénible et renduedangereuse par la neige qui est gelée. La nuit est arrivée et lamarche continue. c'est une véritable catastrophe. Les genstombent de fatigue, s’écroulent et sont abattus par les SS. Lesenfants tombent les premiers. Victor tient comme un automate 8 .8 Selon ses propres termes.
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