LA DEPORTATION DE LA FAMILLE DRIAY
LA DEPORTATION DE LA FAMILLE DRIAY LA DEPORTATION DE LA FAMILLE DRIAY
36est simplement due au voyage mais qu'en réalité, c’est un trèsbon travailleur. L’officier Allemand change d’avis. La vie deVictor est sauve. Une fois le tri terminé, 250 hommessélectionnés se mettent en route pour le camp d’Auschwitz(Auschwitz I). Arrivée à 3 heures de l’après-midi.Comme il me l’avait indiqué, à son arrivée à Auschwitz I,mon père eut plutôt une bonne impression. En effet, à ladifférence de Birkenau, Auschwitz I est fait de blocks enmaçonnerie en briques rouges, avec jardins de SS ; lesrues sont bien tracées avec trottoir, chausséesempierrées, bref, ce camp relève d’une construction debelle nature. Comme il aimait à la dire, « Auschwitz I, çàa de la gueule ».A l’arrivée, Victor aperçoit même quelques civils, et desbagnards dont certains ont bonne mine. Par la suite, Victorapprendra que ces derniers sont en fait de Polonais et desAllemands, ce qui peut expliquer le pourquoi du comment. Lasuite le ramène à la réalité, Victor est conduit devant lesdouches et tatoué au bras gauche : A 5166. Les bagnards sontfouillés par des Polonais qui se ruent sur tout ce qui peut êtrevolé. Les effets personnels sont définitivement perdus. Toujoursdes coups. Vers 20 heures, les bagnards sont mis nus dans larue, dans une attente interminable. Victor souffre d’un façonterrible. Exténués, rasés totalement, les bagnards peuvent semettre au lit après bien des volées infligées à certains. Lachambre est de 80 lits dans le block de quarantaine, avecquelque 300 ou 400 bagnards, principalement Juifs ou Russes,ce qui donne lieu à des injustices. Victor est avec JacquotCOHEN, dont le frère a été mis à part au moment du contrôle.Beaucoup d’anciens codétenus du camp Malaval sont làégalement. Victor est maintenant propriétaire d'un complet debagnard, d'une chemise et d'un caleçon, chaussé de mauvaissabots et coiffé d’un béret à rayures.En ce jour du 26 Mai 1944, la quarantaine se poursuit, desappels interminables, des injustices pour la répartition de la
37nourriture, des coups et des sanctions sans aucun motifs, desnuits passées au garde-à-vous. Victor essaie de ne pas perdreson équilibre moral et se promet de conserver son sang-froiden tout occasion. Il faut se défier de tout et de tous, des chefsde blocks, des kapos, des proéminents, des Polonais, et mêmedes Juifs. Certains liens ont pu se créer avec les anciensdétenus, Français ou Juifs français. Ces derniers racontent leshorreurs des camps de concentration et Victor commence à serendre compte que seul un miracle lui permettra de s'en sortir.On lui prédit un travail infernal et une mortalité très élevée.Dans les premiers jours, la nourriture lui semble être enquantité suffisante pour survivre. Le soir, il n'y a pas grandchose, mais le midi, on peut arriver à manger pas mal desoupe. Certains, par leur travail, par leur connaissance de lalangue allemande, arrivent à avoir un traitement qui leurpermettent de vivre mieux que les autres. Seulement, le Juif estle plus mal vu et Victor sait qu’il ne pourra compter que sur luimême.Au matin du 2 Juin 1944, le kapo vient chercher les bagnards,comme à un marché d’esclaves. Première sortie du camp, 6heures du matin, défilé avec musique, salut aux SS, çà a de lagueule, le kommando dans lequel Victor est affecté n'est pasmauvais, Victor charrie du sable tout le jour. Midi, bonne soupe,le soir, entrée en musique, appel, pain, coucher.Ce même jour, par le convoi 75, arrivent Elie, Emma, Esther,Jacques, Madeleine et Suzanne DRIAY. Esther, âgée de 32ans, et Jacques, âgé de 22 ans, sont sélectionnés pour letravail. Elie (69 ans), Emma (46 ans), Madeleine (13 ans) etSuzanne (5 ans) sont gazés.Esther m’a raconté que son père Elie, à la sortie du train,semblait avoir compris ce qu’il se passait. Esther, dansses premiers pas sur le quai, avait machinalement lâchéla main de Suzanne pour que celle-ci rejoigne la main desa maman Emma. Ce qui épargna la vie d’Esther et
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36est simplement due au voyage mais qu'en réalité, c’est un trèsbon travailleur. L’officier Allemand change d’avis. La vie deVictor est sauve. Une fois le tri terminé, 250 hommessélectionnés se mettent en route pour le camp d’Auschwitz(Auschwitz I). Arrivée à 3 heures de l’après-midi.Comme il me l’avait indiqué, à son arrivée à Auschwitz I,mon père eut plutôt une bonne impression. En effet, à ladifférence de Birkenau, Auschwitz I est fait de blocks enmaçonnerie en briques rouges, avec jardins de SS ; lesrues sont bien tracées avec trottoir, chausséesempierrées, bref, ce camp relève d’une construction debelle nature. Comme il aimait à la dire, « Auschwitz I, çàa de la gueule ».A l’arrivée, Victor aperçoit même quelques civils, et desbagnards dont certains ont bonne mine. Par la suite, Victorapprendra que ces derniers sont en fait de Polonais et desAllemands, ce qui peut expliquer le pourquoi du comment. Lasuite le ramène à la réalité, Victor est conduit devant lesdouches et tatoué au bras gauche : A 5166. Les bagnards sontfouillés par des Polonais qui se ruent sur tout ce qui peut êtrevolé. Les effets personnels sont définitivement perdus. Toujoursdes coups. Vers 20 heures, les bagnards sont mis nus dans larue, dans une attente interminable. Victor souffre d’un façonterrible. Exténués, rasés totalement, les bagnards peuvent semettre au lit après bien des volées infligées à certains. Lachambre est de 80 lits dans le block de quarantaine, avecquelque 300 ou 400 bagnards, principalement Juifs ou Russes,ce qui donne lieu à des injustices. Victor est avec JacquotCOHEN, dont le frère a été mis à part au moment du contrôle.Beaucoup d’anciens codétenus du camp Malaval sont làégalement. Victor est maintenant propriétaire d'un complet debagnard, d'une chemise et d'un caleçon, chaussé de mauvaissabots et coiffé d’un béret à rayures.En ce jour du 26 Mai 1944, la quarantaine se poursuit, desappels interminables, des injustices pour la répartition de la