30Martigues, les deux frères profitent d’un ralentissent du train ets’échappent ; à cause d’un imbécile, Victor ne profite pas decette occasion, mais convient avec Fechter d’attendre unmoment plus propice pour tenter une évasion. Victor projette desauter du wagon, lorsque le train passera dans une zone qui luiest familière, et pourquoi pas, à proximité de son domicile, auPontet. Fechter est d’accord. Mais à cet endroit, le train rouleenviron à 70 Km/h, et Victor renonce. Par la suite, mon pèrem’a confié que s’il avait imaginé ce qui l’attendait, il aurait sautéà 100 Km/h. A Orange, le train ralentit, un camarade saute, etest tué par une rafale de mitraillette. Le voyage se poursuit.Le 18 Mai 1944, le train roule toujours et s’approche de Paris.Les détenus souffrent terriblement de la soif, et du manque deplace. Victor fait passer une lettre pour ses parents, dansl’espoir insensé que celle-ci arrive à bon port. A 22 heures, letrain arrive à Drancy. Le lieu est sale, mais la nourriture estbonne 3 . Pain, et soupe à volonté. Les premiers contacts avecles autres détenus laissent à penser que les détenus serontenvoyés en ghetto, en France ou en Allemagne, dans lerespect de la légalité internationale. Très tard dans la nuit, lesdétenus se couchent.Le 19 Mai 1944, après une nuit longue de trois heures, lesdétenus sont fouillés, contrôlés, questionnés. Après cetteséance de quarantaine, Victor part pour un building depassage. La nourriture de midi est très correcte, qualité peutêtrerésultante du travail de l’Union des Juifs de France. Vers14 heures, un chef d’escalier appelle Victor, et l’amène dans lacour. Victor reconnaît son frère Jacques. 4 ans et demi que lesdeux frères ne s’étaient pas vus. Victor a 28 ans, Jacques en a22. Jacques l’informe qu’il vient d’être arrêté et qu’il a eu letemps d’avertir leurs parents. Est-ce cet avertissement quipermit à la milice de trouver le reste de la famille ? Ainsi quel’avons évoqué … peut-être.3 Toutes proportions gardées, bien sûr
31De retour en chambre, Victor apprend qu’il sera du transport,pour le lendemain, le 20 Mai, ainsi que certains de sescamarades du camp Malaval. Jacques essaiera de faire desdémarches pour partir avec son frère, mais sans succès. Victorpasse au building des transports. Les murs sont couverts degraffitis datant de 1941. Certaines inscriptions lui rappellent queJo, que sa tante Rachel, ainsi que ses enfants 4 sont partisdepuis deux ans.Dans le courant de l’après-midi, on tond les cheveux deshommes. On distribue du ravitaillement et du linge aux détenus.L’énervement gagne les détenus. Il y a des suicides. Victor voitune femme qui se jette d’une fenêtre. La mise en scènecontinue, les gardes restituent les montres et bijoux àl’exception de l’or, laissant ainsi croire aux détenus, que leurdétention préservera leurs droits. Les détenus doivent donnerleur argent en échange d’un reçu. Les gardiens prétendent quele reçu sera remboursable en Zlotys à l’arrivée. Certainsperdent beaucoup d’argent dans cette histoire. Victor arrive àacheter quatre paquets de cigarettes (ce qui bien fidèle à luimême),avant de donner l’argent restant.Les détenus se couchent vers 4 heures du matin.Le 20 Mai 1944, dans la soirée, mon père prend le train pourAuschwitz.Sont présentés ci-après les documents de Drancy (reçusconcernant Victor, Jacques et Elie).4 Toutes ces personnes sont citées par mon père, au sein de ses écrits, maisme sont totalement inconnues.