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duVoyage - Fondation Groupama Gan pour le Cinéma

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Méliès va emboîter <strong>le</strong> pas car il a tous <strong>le</strong>s atouts <strong>pour</strong> séduire <strong>le</strong> public dans cette période :<br />

L’artiste peut prendre <strong>le</strong> pas sur l’invention et la technique <strong>pour</strong> créer des spectac<strong>le</strong>s cinématographiques.<br />

Le public est au rendez-vous. Son succès s’accroît avec des succès public<br />

comme Le Sacre d’Édouard VII ou encore Le Voyage dans la lune qui font connaître la Star-<br />

Film dans <strong>le</strong> monde entier. S’ensuit un développement économique faramineux avec des<br />

volumes impressionnants (Pathé sort parfois 200 copies <strong>pour</strong> un film).<br />

1905-1907 :<br />

Plagiat et surproduction de films médiocres,<br />

vers la crise de 1907<br />

En 1905, <strong>le</strong>s productions se multiplient devant <strong>le</strong> succès de ces spectac<strong>le</strong>s. La croissance est<br />

spectaculaire, tant en France qu’à l’étranger et en particulier aux Etats-Unis qui viennent<br />

de mettre en place <strong>le</strong> réseau des Nickelodeons (petites sal<strong>le</strong>s de projection pratiquant des<br />

tarifs peu é<strong>le</strong>vés qui se multiplièrent à partir de juin 1905 dans <strong>le</strong> pays <strong>pour</strong> atteindre dès<br />

1906 <strong>le</strong> nombre de 3000 et environ 10000 en 1910) qui booste la croissance américaine et<br />

européenne.<br />

Le cinéma devient une manne, malgré sa récente création et un certain climat d’incertitude<br />

(notamment en raison d’une guerre des brevets aux Etats-Unis).<br />

Les enjeux économiques prennent <strong>le</strong> pas sur <strong>le</strong>s aspects artistiques, au détriment de la<br />

qualité. Les plagiats deviennent monnaie courante, <strong>le</strong>s films sont de plus en plus médiocres.<br />

Et surtout, il n’y pas encore suffisamment d’auteurs <strong>pour</strong> fournir des sujets renouvelés.<br />

Progressivement <strong>le</strong> public se détourne de ce spectac<strong>le</strong> cinématographique et l’industrie toute<br />

nouvel<strong>le</strong> du cinéma subit un revers majeur.<br />

Dans ce contexte de désaffection du public, Méliès résiste bien et continue d’avoir du<br />

succès. Il continue de montrer ses qualités indéniab<strong>le</strong>s d’auteur qui <strong>le</strong> caractérise depuis ses<br />

débuts. Ainsi en 1906, «Les Quat’cents farces du diab<strong>le</strong>» remporteront un vif succès. Il<br />

tiendra mieux que <strong>le</strong>s autres jusqu’à la crise effective de l’année 1907. Dans un secteur<br />

sinistré, Méliès ne renouvel<strong>le</strong> pas son genre, reste attaché coûte que coûte aux féeries : <strong>le</strong><br />

public finit pas se lasser aussi de lui. De plus, Georges Méliès est très endetté car ses films,<br />

conçus comme de vraies spectac<strong>le</strong>s, représentent des budgets colossaux. Il ne résiste pas à<br />

la crise qui frappe en priorité <strong>le</strong>s structures artisana<strong>le</strong>s comme la sienne, fontionnant uniquement<br />

sur ses fonds propres.<br />

Pathé, qui a largement profité de la croissance américaine et tout de même touché par la<br />

récession. Il réagit <strong>le</strong> premier en déclarant dès 1907 qu’il ne va plus vendre mais louer <strong>le</strong>s<br />

films. Et il va renouve<strong>le</strong>r ses sujets en faisant appel à de nouveaux auteurs.<br />

Les sal<strong>le</strong>s de cinéma existent à partir de 1904 mais toujours fortement concurrencées par <strong>le</strong>s<br />

forains. Or en louant <strong>le</strong>s copies, Pathé finit d’achever cette ancienne structure de diffusion<br />

du cinéma et constitue un réseau de sal<strong>le</strong> de diffusion dans toute la France. Pathé invente<br />

un nouveau modè<strong>le</strong> économique qui permettra à l’industrie de sortir de la crise et de se<br />

transformer.<br />

À Paris, Méliès travaillait d’arrache-pied dans ses deux studios de Montreuil <strong>pour</strong> atteindre<br />

<strong>le</strong>s 1000 pieds (300m) de films produits chaque semaine exigés par la MPPC. En 1908, la Star<br />

Film avait plus que triplé sa production par rapport à l’année précédente. Pour redresser ses<br />

finances fragi<strong>le</strong>s, Méliès retourna à la scène, reprenant du service dans <strong>le</strong>s représentations<br />

du Théâtre Robert-Houdin.<br />

72<br />

1909-1913:<br />

Le redémarrage de l’industrie<br />

En février 1909, <strong>le</strong> 2 e Congrès international des éditeurs de films, présidé d’ail<strong>le</strong>urs par<br />

Georges Méliès, adopte <strong>le</strong>s perforations Edison comme un standard international et cette<br />

normalisation va désormais rendre possib<strong>le</strong> la location de films à grande échel<strong>le</strong>.<br />

Les petits producteurs, hors des grandes structures, vont disparaître ou se faire absorber par<br />

<strong>le</strong>s groupes structurés comme Pathé ou Gaumont. Ce sera <strong>le</strong> cas de Méliès: Gaumont devient<br />

son distributeur exclusif à partir de 1909, suivi de Pathé en 1911 et 1912. Il perd tout contrô<strong>le</strong><br />

éditorial sur la longueur et la structure des films<br />

L’industrie du cinéma a complètement changé, sur <strong>le</strong>s bases édictées par la crise de 1907 et<br />

du congrès de 1909. Des auteurs nouveaux voient <strong>le</strong> jour comme Max Linder, Cecil B.De Mil<strong>le</strong>,<br />

D.W.Griffith. De grandes sociétés de production organisent et contrô<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> marché, comme<br />

Pathé ou Gaumont. Aux Etats-Unis, la MPPC imposent des contraintes de production énormes<br />

que seuls <strong>le</strong>s grands studios arrivent à suivre.<br />

En 1913, Méliès est ruiné parce qu’il n’a pas su prendre un virage économique à temps et<br />

sortir de son système artisanal, tout en continuant de produire des films à très gros budgets.<br />

Il ne sait pas non plus renouve<strong>le</strong>r ses sujets dans un contexte artistique qui évolue.<br />

Le dernier film de Méliès, Le Voyage de la Famil<strong>le</strong> Bourrichon fut en fait produit comme tous<br />

<strong>le</strong>s films de 1911 et 1912 sous <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> total de Pathé. Aucun de ses derniers films ne se<br />

vendit bien, <strong>le</strong> public lui-même se lassant de ses féeries. Sa dernière grande production (À la<br />

conquête du pô<strong>le</strong>, 1912) se solde par un grave échec commercial. Méliès doit ainsi beaucoup<br />

d’argent à Pathé. Il est écarté de la production de son dernier film, une comédie dans <strong>le</strong> sty<strong>le</strong><br />

de Max Linder adapté d’une pièce de Labiche, et <strong>pour</strong> aggraver <strong>le</strong>s choses, <strong>le</strong> film ne fut<br />

jamais distribué par Pathé.<br />

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