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A NOTERPropos d’avant spectac<strong>le</strong> avec Dag Jeanneret, metteur en scèneMardi 14 décembre, 19h00 – Théâtre Char<strong>le</strong>s Dullincontact relations publiquesrp@espacemalraux-chambéry.fr04 79 85 83 30


RADIO CLANDESTINEMémoire des Fosses Ardéatinesd’Ascanio Ce<strong>le</strong>stiniMise en scène Dag JeanneretLes fosses ardéatines, c’est <strong>le</strong> lieu symbolique où toutes <strong>le</strong>s histoires convergent. Enpar<strong>le</strong>r signifie traverser entièrement la trajectoire de Rome au XXe sièc<strong>le</strong>.A<strong>le</strong>ssandro PortelliLe 24 mars 1944, 335 italiens, résistants, juifs, communistes, mais aussi simp<strong>le</strong>spassants, ont été exécutés, en représail<strong>le</strong>s à un attentat de la résistance perpétré laveil<strong>le</strong> au cœur de Rome. Ce massacre est resté dans la mémoire de tous <strong>le</strong>s habitantsde la cité. À partir du drame, Ascanio Ce<strong>le</strong>stini, chef de fi<strong>le</strong> italien de la jeunegénération du teatro-narrazione (théâtre-récit), s’intéresse à la mémoire des faits. Carl’histoire avec un grand H est souvent racontée de façon confuse, <strong>le</strong>s vérités sedéforment, se délitent, chacun se <strong>le</strong>s réapproprie. En Italie, <strong>le</strong> massacre des fossesardéatines fait désormais partie d’un mythe négatif, une histoire racontée à l’envers.Dag Jeanneret laisse la paro<strong>le</strong> à ce texte, grâce à un dispositif sobre et dépouillé. Pasde décor, peu de lumières, un homme seul (formidab<strong>le</strong>ment incarné par <strong>le</strong> comédienRichard Mitou) et son témoin imaginaire (une vieil<strong>le</strong> dame, incarnation du petit peup<strong>le</strong>romain), quelques chaises, un saxophoniste, nous rappel<strong>le</strong>nt que de la simplicité jaillitsouvent la beauté. Radio Clandestine fait alors par<strong>le</strong>r l’histoire et raconte ces jourssombres de façon vive, directe et surtout pas à l’envers. Au fil du récit, au bout del’histoire, sans rattraper <strong>le</strong> temps, se révè<strong>le</strong> <strong>le</strong> destin d’une vil<strong>le</strong> et d’un peup<strong>le</strong>.Avec Richard MitouMusique Gérald ChevillonTraduction Olivier Favier<strong>Espace</strong> scénique Céci<strong>le</strong> MarcLumières Christian Pinaud et Christophe RobinProduction Cie In SituCoproduction sortieOuestTexte paru aux Editions <strong>Espace</strong>s 341


SOMMAIREPrésentation de la pièce………….....…………...……..……………3Une écriture contemporaine pour un fait de l’histoireHistoire : Le massacre des Fosses Ardéatines / Rome, 24 mars 1944Le projet de Dag Janneret……………....……...……………………8Un texte, un acteur, une paro<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s AutresPistes et Perspectives……………………………………………….10Le teatro-narrazione italienRésonnancesBiographies………………………….………………………….…….12Ascario Ce<strong>le</strong>stini, dramaturgeDag Janneret (Cie In Situe), metteur en scèneGérard Mitou, acteurDans la presse……………………….……………………………....142


PRESENTATION DE LA PIECEUne écriture contemporaine pour un fait de l’histoireAscanio Ce<strong>le</strong>stini s’est inspiré d’un travail d’A<strong>le</strong>ssandro Portelli, universitaire italien, qui,en 1999 publie L’ordine è già stato eseguito 1 , essai d’histoire ora<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> massacre, àRome, des fosses Ardéatines. Délaissant <strong>le</strong> strict récit évènementiel, Portelli s’interrogesur la mémoire des faits, où la vision commune s’identifie par endroits au pirerévisionnisme. Sous couvert de réconciliation nationa<strong>le</strong> et de procès des idéologies,nazis-fascistes et résistants sont désormais renvoyés dos à dos, <strong>le</strong>s seconds, surtoutquand ils sont communistes, commodément identifiés aux horreurs staliniennes. En cesens, <strong>le</strong> travail d’A<strong>le</strong>ssandro Portelli est à l’Italie fasciste ce que <strong>le</strong>s essais de Robert O.Paxton 2 sont à la France de Vichy.« Les Fosses ardéatines ne sont certainement pas ni <strong>le</strong> seul ni <strong>le</strong> pire des massacresnazis. Mais el<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> seul qui ait été accompli en Europe dans une vil<strong>le</strong>, nonseu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> seul perpétré à l’intérieur d’un espace urbain, mais <strong>le</strong> seul qui dansl’hétérogénéité des victimes résume toute la stratification comp<strong>le</strong>xe des histoires d’unemétropo<strong>le</strong>. C’est pourquoi cette affaire a une tel<strong>le</strong> prise sur la mémoire et sur l’identité.Certes, <strong>le</strong>s morts sont tous des hommes ; mais cela ne fait que rendre plus central <strong>le</strong>rô<strong>le</strong> des femmes dans la survivance et la mémoire. Aux fosses ardéatines tout l’espacede la vil<strong>le</strong> et un sièc<strong>le</strong> de son histoire sont rassemblés. C’est <strong>le</strong> lieu symbolique oùtoutes <strong>le</strong>s histoires convergent, et en par<strong>le</strong>r signifie traverser entièrement la trajectoirede Rome au vingtième sièc<strong>le</strong>, « cette vil<strong>le</strong> rebel<strong>le</strong> et jamais domptée » comme dit lavieil<strong>le</strong> chanson communiste. Une Rome si différente du lieu commun, qui a opposé auxnazis une résistance active et passive large et intense, et qui pour cela a été sidurement frappée» écrit A<strong>le</strong>ssandro Portelli. A partir de ce matériau historique etanthropologique Ascanio Ce<strong>le</strong>stini raconte la mémoire de sa vil<strong>le</strong>. Il s’établit ainsi undialogue imaginaire entre un homme et « une toute petite naine », incarnation dupeup<strong>le</strong> romain il<strong>le</strong>ttré mais poétiquement lucide, toute entière absorbée dans sesdifficultés matériel<strong>le</strong>s et si souvent bousculée par <strong>le</strong> vent peu clément de l’histoire.1 L’ordre a déjà été exécuté.2 Robert O. Paxton, (1932-), historien américain spécialiste de la seconde guerre mondia<strong>le</strong> etparticulièrement de la France de Vichy.3


« Je dis à la toute petite…… si vous vou<strong>le</strong>z moi je vais vous la raconter cette histoire. Peut-être queje peux commencer par vous la raconter brièvement, en une minute. Puis,si vous avez un peu de temps, je vous dis aussi la version longue, cel<strong>le</strong>qui dure une semaine.Racontée brièvement, l’histoire est plus ou moins cel<strong>le</strong>-ci : Le 23 mars1944, à quatre heures de l’après-midi, une bombe posée par <strong>le</strong>s partisansromains explose via Rasella, à Rome. Le <strong>le</strong>ndemain, en représail<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>sal<strong>le</strong>mands tuent 335 personnes. Cet évènement est connu sous <strong>le</strong> nom demassacre des fosses ardéatines.Point.Fin de l’histoire.Vous voyez que si je la raconte de cette manière l’histoire dure uneminute ? Peut-être même moins. El<strong>le</strong> dure peut-être dix secondes. Mais siquelqu’un devait la raconter en détail, cette histoire durerait une semaine.Si vous vou<strong>le</strong>z – je dis à la toute petite – je la connais par cœur moi cettehistoire et je peux vous la raconter moi-même. Et puis vous, du temps,vous en avez beaucoup, vu que tous <strong>le</strong>s jours vous restez là à vousmorfondre devant ces panneaux !El<strong>le</strong> dit : « Mais je suis bien obligée, je cherche une maison ! Une maisonà louer. »Je dis : « Ben, si vous cherchez une maison et que vous avez du temps àperdre, vous pouvez bien rester pour écouter mon histoire […] » 3 .Le massacre des fosses ardéatines demeure un sujet controversé de l’histoire italiennenotamment parce qu’il intervient en représail<strong>le</strong>s à un soulèvement armé des partisansromains appelés <strong>le</strong>s GAP 4 . Même si l’attentat de la via Rasella a été reconnu commeun acte légitime de guerre par l’Etat italien en 1945, il reste un sujet sensib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>smémoires italiennes. En effet, la liste des victimes est établie parmi <strong>le</strong>s condamnés àmort de différentes prisons romaines mais aussi plus de deux cents détenus de droitscommun ainsi que des dizaines de juifs concentrés dans un ghetto romain. Il alongtemps été reproché aux partisans des GAP de ne pas s’être eux-mêmes livrés.Pour Ascanio Ce<strong>le</strong>stini ce massacre est « toujours connu à l’envers ». Nombreux sontceux qui prétendent que <strong>le</strong>s nazis, aussitôt après l’action partisane de la via Rasella,ont diffusé pour toute la vil<strong>le</strong> des centaines de communiqués sur <strong>le</strong>s affiches, dans <strong>le</strong>sjournaux, à la radio. Mais puisque <strong>le</strong>s partisans ne se présentaient pas, <strong>le</strong>s nazis ontrépondu à ce si<strong>le</strong>nce en tuant dix Italiens pour chaque al<strong>le</strong>mand mort. « Il s’agit d’unehistoire que tout <strong>le</strong> monde croit connaître, même si el<strong>le</strong> est un grand mensonge : cesont <strong>le</strong>s mêmes Al<strong>le</strong>mands qui l’admettent […] L’histoire de la lutte partisane et de3 In Radio Clandestine, mémoire des fosses ardéatines, Ascanio Ce<strong>le</strong>stini, traduit de l’italien par OlivierFavier, éd. espaces 34, p.114 Les GAP (gruppi di azione patriottica) désignent différents groupes de partisans nés sur l’initiative duparti communiste italien (PCI) sur la base de l’expérience de la résistance française.4


l’occupation nazie à Rome est souvent racontée de façon confuse, mais surtout <strong>le</strong>massacre aux Ardéatines et l’action partisane de la via Rasella font désormais partied’un mythe négatif, d’une histoire qui est racontée à l’envers. J’ai essayé, à partir dulivre d’A<strong>le</strong>ssandro Portelli, de faire par<strong>le</strong>r la partie ora<strong>le</strong> de l’histoire qui raconte cesjours-là de façon vive, directe et pas à l’envers ».5


Histoire : Le massacre des Fosses Ardéatines[Rome – 24 mars 1944]Le 23 mars 1944, une attaque à la bombe dans la via Rasella tue 32 soldats al<strong>le</strong>mands,plus un <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain. En représail<strong>le</strong>s, Karl Hass, avec <strong>le</strong> capitaine Erich Priebke etd'autres officiers, prennent en otage 335 hommes. La liste est établie avec l'aide duchef de la police romaine Caruso. Les premiers quatre otages sont pris dans la prisonde Regina Coeli de Rome parmi <strong>le</strong>s condamnés à mort. Leur nombre n'étant passuffisant, <strong>le</strong>s Al<strong>le</strong>mands prennent en otage plus de 200 détenus de droit commun. Lechiffre de 335 est atteint avec une raf<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> ghetto où des dizaines de Juifs sontarrêtés. Parmi eux, un ado<strong>le</strong>scent de 15 ans. Le jour suivant, <strong>le</strong>s otages sonttransportés aux Fosses ardéatines dans <strong>le</strong> quartier d'Ardeatino, en périphérie de Rome.Hass, Priebke et <strong>le</strong>urs soldats assassinent méthodiquement chacun d'entre eux d'unebal<strong>le</strong> dans la tête (plus de dix otages par soldat al<strong>le</strong>mand). Ce massacre est un desplus importants de l'histoire italienne de la Seconde Guerre mondia<strong>le</strong>.6


Le massacre est organisé et exécuté par Herbert Kapp<strong>le</strong>r, à l'époque commandant dela police militaire al<strong>le</strong>mande à Rome assisté de son adjoint <strong>le</strong> capitaine Erich Priebkeainsi que du commandant Karl Hass. Herbert Kapp<strong>le</strong>r est éga<strong>le</strong>ment responsab<strong>le</strong> de lafusillade du Ghetto de Rome d'octobre 1943 et des tortures contre <strong>le</strong>s partisansantifascistes dans la prison de via Tasso.Herbert Kapp<strong>le</strong>r est arrêté par <strong>le</strong>s Anglais à la fin de la guerre, puis remis aux autoritésitaliennes en 1947. Il est condamné à la prison à vie. En 1977, malade du cancer, ilprofite d'une hospitalisation pour s'évader. Il meurt l'année suivante dans sa vil<strong>le</strong> nata<strong>le</strong>,en Al<strong>le</strong>magne.5 6 7Erich Priebke et Karl Hass sont rattrapés sur <strong>le</strong> tard par la justice italienne. Leur procèsa débouché sur un verdict plutôt clément, comme <strong>le</strong> souligne L'Humanité à l'issue duprocès en 1997.5 Herbert Kepp<strong>le</strong>r6 Erich Priebke7 Karl Hass7


LE PROJET DE DAG JEANNERETUn texte, un acteur, une paro<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s Autres« Pour la première fois, en février dernier, grâce autravail du metteur en scène Dag Jeanneret et ducomédien Richard Mitou, <strong>le</strong> théâtre-récit a fait sonentrée en France. Le texte s'appel<strong>le</strong> Radio Clandestine,il a été écrit il y a dix ans par Ascanio Ce<strong>le</strong>stini, je l'aitraduit il y a cinq ans, et pour la première fois, il m'estapparu que son titre était aussi une métaphore de ceque <strong>le</strong> théâtre pourrait être aujourd'hui. Richard entre,seul sur scène, il porte en lui un texte écrit par un autre,une histoire qui par<strong>le</strong> d'un autre pays, une histoire derésistance dans la Rome occupée du temps deRossellini, une histoire qui pourtant fait écho à la nôtre, comme un conte, il était une foisdes hommes qui n'ont pas cédé, d'autres qui ont trahi <strong>le</strong>ur histoire, d'autres qui ontoublié. Et Richard regarde <strong>le</strong> public, fait naître <strong>le</strong>s personnages dont il par<strong>le</strong> autour delui, demande à ce qu'on éclaire un peu <strong>le</strong>s yeux de ceux à qui il s'adresse, tous <strong>le</strong>syeux, parce que son récit, s'il veut qu'on l'entende, il doit <strong>le</strong> porter avec sa voix, avecses gestes, son regard, il n'est plus <strong>le</strong> corps qu'on observe, mais celui qui, à la façond'un artisan, vient donner corps au récit. » 8La création de Radio Clandestine en France constitue donc un moment important à lafois pour l’écriture contemporaine italienne qui se fait reconnaitre à travers un paysageeuropéen mais aussi pour <strong>le</strong> metteur en scène Dag Jeanneret qui s’est toujours attachéà la précision des textes. Il aborde ainsi <strong>le</strong> projet de Radio Clandestine avec <strong>le</strong> souci derespecter <strong>le</strong> genre du teatro narrazione en travaillant à trouver la juste légèreté quipuisse dévoi<strong>le</strong>r la force de cette paro<strong>le</strong>. Il choisit de placer l’acteur Richard Mitou seu<strong>le</strong>n scène pour porter la paro<strong>le</strong> du narrateur, unique rô<strong>le</strong> de la pièce, qui cependantconvoque de nombreuses figures. Un clarinettiste est présent à ses côtés, dans unespace épuré et intime, résonnant discrètement de quelques éclats d’émotion.8 Olivier Favier, traducteur du texte d’Ascanio Ce<strong>le</strong>stini.8


PISTES ET PERSPECTIVESLe teatro-narrazione italienA partir du milieu des années 1990 émerge en Italie un courant de théâtre nomméteatro-narrazione que l’on peut traduire en français par théâtre de narration ou théâtrerécit,porté par des artistes toujours plus nombreux et des générations variées. Cetteforme théâtra<strong>le</strong> épique replace au cœur du dispositif théâtral l’art de l’acteur-narrateuret l’objet que sa paro<strong>le</strong> et son corps engendrent, <strong>le</strong> récit.« Le théâtre-récit est une forme de guérilla réel<strong>le</strong>, civique et politique, contre <strong>le</strong>bruit ambiant. Dans <strong>le</strong> théâtre-récit, un acteur monte sur scène, seul, il renonceau décor, au costume, au spectac<strong>le</strong> vivant, il décide de raconter une histoire aupublic venu l'écouter. Une histoire diffici<strong>le</strong> souvent, soit parce qu'el<strong>le</strong> touche auxchoses dont il est admis qu'on ne veut pas <strong>le</strong>s entendre, qu'il n'y a pas silongtemps, ici même, il s'est passé ceci et que ceci n'est pas encore tragiqueparce qu'il est bien caché dans la prison du si<strong>le</strong>nce, soit parce qu'el<strong>le</strong> par<strong>le</strong> decela qu'on n'entend plus, qu'il fut un temps pas si lointain où <strong>le</strong>s choses avaientune âme et qu'il en est un autre où <strong>le</strong>s hommes ont vendu la <strong>le</strong>ur. Pour raconterceci ou cela, l'acteur qui jusque là demandait à ne pas voir <strong>le</strong> public pour sedonner en spectac<strong>le</strong> fait soudain un autre voeu, celui de voir <strong>le</strong>s yeux de ceux àqui il s'adresse, tous <strong>le</strong>s yeux, parce que son récit, s'il veut qu'on l'entende, il doit<strong>le</strong> porter avec sa voix, ses gestes, son regard, il n'est plus <strong>le</strong> corps qu'onobserve, mais celui qui, à la façon d'un artisan, vient donner corps au récit. » 9Le teatro-narrazione hérite de nombreux modè<strong>le</strong>s ; il peut en particulier être considérécomme avatar contemporain du théâtre de monologues de Dario Fo, et de son projetculturel politique. Les récits du teatro-narrazione puisent <strong>le</strong>urs racines et <strong>le</strong>urs modesde fonctionnement dans la tradition fabulatoire populaire des conteurs-narrateurs, maisaussi travaillés sur <strong>le</strong> mode de la reconstitution documentaire, assumant une dimensioncivique et politique. Tous <strong>le</strong>s phénomènes d’hybridation générique dont joue <strong>le</strong> teatronarrazionecontribuent à soutenir ce projet civique, et à lui conférer autant d’épaisseurque de richesse.« Le théâtre-récit n'est assurément pas <strong>le</strong> seul moyen de faire du théâtreaujourd'hui. Mais dans son archaïsme même, sa simplicité sereine, son refus duspectac<strong>le</strong>, nul doute qu'il porte une nécessité à laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> public peut répondreaussitôt. Le public est plus mûr qu'on ne l'imagine, et la question n'est pas desavoir s'il est populaire ou non. Chacun porte encore lui l'enfant qui espère qu'onpuisse encore lui raconter la vraie histoire qui <strong>le</strong> fera grandir. Qui vient écouter,ce soir-là, par exemp<strong>le</strong>, Richard raconter sa Radio Clandestine. Et pour surprisqu'il puisse être par cette façon très ancienne mais depuis longtemps inédite defaire du théâtre, chacun donne au récit toute l'attention qu'il exige pour se faireentendre. En écoutant Richard, je me suis pris à rêver de ce qui pourrait être <strong>le</strong>début d'une révolution. Après tout, si ce mot a encore un sens -et pour moi, il ena un, bien entendu- <strong>le</strong> théâtre est un lieu qui pourrait aider à <strong>le</strong> faire exister. Danscette révolution par exemp<strong>le</strong>, des acteurs iraient de ci de là pour raconter deshistoires clandestines, et <strong>le</strong> public pour un soir tiendrait un vrai poisson entre sesmains, <strong>le</strong> poisson ne s'en irait pas, il donnerait enfin son image. De ce soir-là,chacun se souviendrait d'une chose très simp<strong>le</strong>, archaïque et oubliée: que durantune heure et longtemps par la suite, dans la mémoire et dans <strong>le</strong>s mots échangés,on a pu retrouver ce que par<strong>le</strong>r veut dire. » 109 Olivier Favier, traducteur français de Radio Clandestine10 Olivier Favier, traducteur français de radio Clandestine.9


RésonnancesRadio Clandestine du fait qu’il retrace un évènement historique est un spectac<strong>le</strong> aux multip<strong>le</strong>sréférences. L’histoire des fosses ardéatines à été traitée, étudiée à travers <strong>le</strong>s regardsd’historiens mais aussi de documentaristes, cinéastes et auteurs.C’est tout un matériau culturel qui s’offre en résonnance à la pièce Radio Clandestine.L’approche de l’histoire italienne au cœur de la seconde guerre mondia<strong>le</strong> mais aussi sonhistoire contemporaine déterminent <strong>le</strong> contexte de la pièce. Voici ci-dessous une liste nonexhaustive de références mais néanmoins essentiel<strong>le</strong> pour une approche avertie face auspectac<strong>le</strong> de Dag Jeanneret et au texte d’Ascanio Ce<strong>le</strong>stini.Dans la littérature :A<strong>le</strong>ssandro Portelli, L'ordine è già stato eseguito, Donzelli, Roma, 1999Robert Katz, Morte a Roma,1967.Lorenzo Baratter, Le Dolomiti del Terzo Reich. Milano, Mursia, 2005.Ascanio Ce<strong>le</strong>stini, Radio Clandestina. Memoria del<strong>le</strong> Fosse ardeatine. Roma, Donzelli,2005 (testo e DVD; con un'introduzione di A<strong>le</strong>ssandro Portelli).Edgarda Ferri, Uno dei tanti - Orlando Orlandi Posti ucciso al<strong>le</strong> Fosse Ardeatine. Unastoria mai raccontata - Le Scie Mondadori, marzo 2009Au cinéma :Dieci italiani per un tedesco (1962), de Filippo Walter Ratti, avec Gino Cervi, AndreaChecchi, Sergio Fantoni, Ivo Garrani.Rappresaglia, de George Pan Cosmatos, produit par CarloPonti, avec Marcello Mastroianni, Richard Burton, RenzoMontagnani, Delia Boccardo (1973).Tiré du livre Morte a Roma de Robert Katz. Même si, dans cefilm, <strong>le</strong>s faits ont pu être un peu romancés, il offre unereconstruction parfaitement valide des évènements qui ont eulieu Via Rasella et du massacre des fosses ardéatines.La Buona Battaglia - Don Pietro Pappagallo (2006) avec Flavio Insinna.La Storia siamo noi, "Morte a Roma". Un amp<strong>le</strong> documentaire qui retrace avecprécisions l’évènement historique passé Via rasella.10


BIOGRAPHIESAscario Ce<strong>le</strong>stini, dramaturge« Mi chiamo Ascanio Ce<strong>le</strong>stini,figlio di Gaetano Ce<strong>le</strong>stini e Comin Piera.Mio padre rimette a posto i mobili, mobili vecchi o antichÈ nato al Quadraro e da ragazzino l’hanno portato a lavorare sottopadrone in bottega a San Lorenzo.Mia madre è di Tor Pignattara, da giovane faceva la parrucchiera da unoche aveva tagliato i capelli al re d’Italia e a quel tempo ballava il liscio.Quando s’è sposata con mio padre ha smesso di ballare.Quando sono nato io ha smesso di fare la parrucchiera.Mio nonno paterno faceva il carrettiere a Trastevere.Con l’incidente è rimasto grande invalido del lavoro, è andato a lavorareal cinema Iris a Porta Pia.La mattina faceva <strong>le</strong> pulizie, pomeriggio e sera faceva la maschera, lanotte faceva il guardiano.Sua moglie si chiamava Agnese, è nata a Bedero.Io mi ricordo che si costruiva <strong>le</strong> scarpe coi guanti vecchi.Mio nonno materno si chiamava Giovanni e faceva il boscaiolo con Primo Carnera.Mia nonna materna è nata ad Anguillara Sabazia e si chiamava Marianna.La sorella, Fenisia, <strong>le</strong>vava <strong>le</strong> fatturee <strong>le</strong>i raccontava storie di streghe. » 11Acanio Ce<strong>le</strong>stini naît à Rome en 1972.Ses études en littérature et en anthropologie à l’Université de Rome lui font aborder <strong>le</strong>théâtre par une voie parallè<strong>le</strong>. Il se familiarise ainsi avec la commedia dell’arte et l’art dumasque, développant une réel<strong>le</strong> fascination pour la tradition et <strong>le</strong>s techniques du récitoral. Il s’illustre par un travail de témoignages et de rencontres avec « des gensordinaires ». Ses thématiques sont variées mais toujours en étroite relation avec sonItalie nata<strong>le</strong> ou avec l’environnement familial dans <strong>le</strong>quel il a grandi. Il est fréquemmentmetteur en scène et interprète de ses propres pièces (principa<strong>le</strong>ment desmonologues) ; citons : Cicoria (1998), pièce qui a comme sujet l’imaginaire dansl’œuvre de Pasolini, Radio Clandestina (2000) basée sur la nouvel<strong>le</strong> d’A<strong>le</strong>ssandroPortelli liée à la mémoire ora<strong>le</strong> et consacrée au massacre des civils dans <strong>le</strong>s FossesArdéatines en mars 44, Fabbricca (2001), Sacarina (2001) qui conte l’histoire desghettos de Rome et Lodz, durant la seconde guerre mondia<strong>le</strong>, et sa dernière pièce, LesNozze di Antigone.Ascanio Ce<strong>le</strong>stini a reçu en 2002 <strong>le</strong> prix de la critique, décerné par l’Association Nationa<strong>le</strong> desCritiques de théâtre ainsi que <strong>le</strong> Prix Ubu pour ses recherches approfondies de l’Histoire dansses histoire.11 « Je m’appel<strong>le</strong> Ascanio Ce<strong>le</strong>stini, fils de Gaetano Ce<strong>le</strong>stini et Comin Piera. Mon père répare <strong>le</strong>smeub<strong>le</strong>s, vieux ou anciens. Il est né dans <strong>le</strong> quartier du Quadraro et quand il était gosse il a commencépar travail<strong>le</strong>r comme apprenti à San Lorenzo. Ma mère est de Tor Pignattara, el<strong>le</strong> était coiffeuse dansune boutique où on avait coupé <strong>le</strong>s cheveux au roi d’Italie et à l’époque el<strong>le</strong> dansait <strong>le</strong> « Liscio ». Quandel<strong>le</strong> s’est mariée avec mon père el<strong>le</strong> a arrêté de danser. Quand je suis né el<strong>le</strong> a arrêté d’être coiffeuse.Mon grand-père paternel était charretier à Trastevere. Après l’accident il est devenu invalide du travail, i<strong>le</strong>st allé travail<strong>le</strong>r au cinéma Iris à Porta Pia. Le matin il nettoyait, l’après-midi et <strong>le</strong> soir il était masque, etpendant la nuit, il était gardien. Sa femme s’appelait Agnese, el<strong>le</strong> est née à Bedero. Je me rappel<strong>le</strong>qu’el<strong>le</strong> fabriquait ses chaussure s avec de vieux gants. Mon grand-père maternel s’appelait Giovanni et ilétait bûcheron avec Primo Carnera. Ma grand-mère maternel<strong>le</strong> est née à Anguillara Sabazia et el<strong>le</strong>s’appelait Marianna. Sa sœur, Fenisia, en<strong>le</strong>vait <strong>le</strong> mauvais sort et racontait des contes de sorcières ». In.www.ascanioce<strong>le</strong>stini.it11


Dag Janneret (Cie In Situ), metteur en scèneComédien puis metteur en scène Dag Jeanneret a jouédans une trentaine de spectac<strong>le</strong>s notamment avecBérangère Bonvoisin et Philippe Clévenot, Philippedelaigue, olivier Maurin, Patrick Haggiag, Christian Esnay,Christian Rist, Alain Béhar, Jean-Marc Bourg, Jean-LouisJacopin, Carlos Witting Denis Lanoy…En janvier 2002 il rejoint <strong>le</strong> col<strong>le</strong>ctif de direction de la Cie InSitu, conventionnée par la Drac Languedoc Roussillondepuis 2002, en résidence au Théâtre de La Cigalière àSérignan entre 2003 et 2005 et aujourd’hui associé à ladirection de SortieOuest, domaine départemental d’art etde culture de Bayssan à Béziers.Il met en scène une douzaine de pièce dont : Le Pain dur de Paul Claudel, Monsieur dePourceaugnac de Molière et Fuck you Eu.ro.pa ! de Nico<strong>le</strong>ta Esinencu co-produits par<strong>le</strong> Théâtre des treize vents CDN de Montpellier. La Dernière Balade de Lucy Jordan deFabrice Melquiot, Cendres de cailloux de Daniel Danis, Partitions de Jean-Yves Picq,Au bout du comptoir, la mer ! de Serge Val<strong>le</strong>tti, Les secrets d’une nuit d’YvesRouquette, Une nuit au jardin d’Emmanuel Dar<strong>le</strong>y.Pour l’opéra lyrique il met en scène au printemps 2004 Le Cirque Volant… rêved’enfants d’après l’œuvre de jean d’Absil et un texte d’Emmanuel Dar<strong>le</strong>y. Puis àl’automne 2006, il crée Le Paradis des chats de Vladimir Kojoukharov à l’Opéra-Comédie de Montpellier et au Théâtre de Carcassonne dans une production de l’opéranational de Montpellier.Richard Mitou, ActeurComédien, metteur en scène, issu desConservatoires nationaux de région deBordeaux et de Montpellier. Il crée la CompagnieGazoline avec Céci<strong>le</strong> Marmouget et GabrielBurnod, en 1996 à Va<strong>le</strong>nce. Parallè<strong>le</strong>ment, il suitune formation d'acteur et de metteur en scène à"L'Atelier volant", atelier de recherche et decréation du Théâtre national de Toulouse sous ladirection de Jacques Nichet. Il joue dans :2009 : Les précieuses ridicu<strong>le</strong>s, m.e.s HervéDartiguelongue.2008 : Le temps est un songe, m.e.s Jean-LouisBenoit2007 : Le Chapeau de pail<strong>le</strong> d’Italie, m.e.s Gilbert Rouvière2004 : Le mariage de figaro, m.e.s Gilbert Rouvière2003 : Woyzeck, m.e.s Jean-Louis HourdinL’œil du Jour, m.e.s Céci<strong>le</strong> Marmouget2002 : La trilogie de la Villégiature, m.e.s jean-Louis Benoit2001 : Mesure pour mesure, m.e.s Jacques NichetComme il vous plaira, m.e.s Christian EsnayLe sportif au lit, m.e.s Richard Mitou et Céci<strong>le</strong> Marmouget.2000 : Le Pain dur, m.e.s Dag Jeanneret.Richard Mitou met éga<strong>le</strong>ment en scène pour <strong>le</strong> théâtre et l’opéra.12


DANS LA PRESSEMidi Libre – vendredi 26 février 201013


Midi Libre – dimanch 28 février 201014

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