Les chemins historiques du canton de Neuchâtel - IVS Inventar ...

Des essences pour tous les étagesLa répartition géographique des essences le long desvoies est avant tout déterminée par l’altitude, la naturedu sol et l’exposition au soleil. Pour simplifier à l’extrême,dans les montagnes, au dessus de 800 m, on trouve àparts égales résineux et feuillus. Dans la première catégorie,les épicéas sont plus nombreux que les sapins etdans la seconde, les érables sont majoritaires comparésaux frênes et aux quelques tilleuls. Les bouleaux sontbien représentés au bord des routes dans les zones detourbières, vers les Ponts-de-Martel ou dans la vallée deLa Brévine par exemple. En dessous de l’étage montagnard,les essences sont de plus en plus nombreuses aufur et à mesure que l’on se rapproche du lac. On trouvealors au bord des routes, en plus des arbres cités précédemment,des chênes, des charmes, des ormes, des marronniers,des platanes, des peupliers ainsi que des arbresde rente comme des cerisiers, des pommiers, des poiriers,des pruniers et des noyers.En lignes ou en alléesQuand l’arbre sort de la forêt, il prend un rôle nouveau,structurant l’espace et créant la dimension verticale. Lesarbres, en ligne simple ou en allée, soulignent le parcoursde la route, procurent de l’ombre en été et en hiver délimitentla bande de roulement sous la neige. Dans lesplaines agricoles de type openfield, où les parcelles nesont plus physiquement séparées les unes des autres, ilsapportent une dimension esthétique incontestable. Dansle canton de Neuchâtel, le Val-de-Ruz, évoqué plus haut,offre la meilleure illustration de la valeur paysagère del’arborisation des routes. En effet dans cette vallée fluvioglaciairetrès plate, déjà profondément marquée par lesaméliorations foncières et la suppression de la plupartdes haies vives, les alignements d’arbres jouent un rôlefondamental, soulignant le modelé discret de la topographie,créant des perspectives et des points de fuite.Sans eux, le paysage perd sa troisième dimension (ill. 3).Sentinelle ou signalLes arbres isolés ou en groupes embellissent égalementles plaines à cultures intensives et les pâturages défrichés.Placés dans une position dominante, visibles loin alentour,ils sont des marqueurs du paysage routier traditionnel(ill. 4). Parfois, le seul témoin encore debout d’uneancienne intersection de voies historiques est un arbre.Ailleurs, les arbres indiquent les points de passage des itinéraireset des cols. Dans le cas de chemins de terre,qu’une intempérie suffit parfois à effacer, ils permettentde suivre plus facilement un tracé approximatif. Autrefoistrès commodes pour les voyageurs et colporteurs, lesgroupements ou les arbres isolés ont contribué au travaild’inventaire des voies historiques, en favorisant un relevéprécis des chemins abandonnés dans les pâturages et lelong des champs.Arbres et voitures, un mariage difficileL’arborisation des routes et des campagnes n’est pas toujoursperçue comme positive. Pour les agriculteurs, lesallées d’arbres constituent un obstacle au passage de véhiculesagricoles toujours plus larges. La mécanisation del’agriculture a déjà provoqué la diminution ou la disparitiondes haies dans les plaines à culture intensive. En réponseà l’appauvrissement biologique et paysager descampagnes, de nombreux programmes de renaturation etde revitalisation sont actuellement à l’étude ou en cours,et il serait utile d’y intégrer les chemins historiques bordésd’arbres et de haies.Des voix se sont également élevées pour dénoncer ledanger de l’arborisation du bord des routes. Ce mouvementcontestataire initié par les motards du départementdu Gers en France a trouvé un écho dans le Val-de-Ruz.Avant d’abattre les arbres criminels, il serait bon de rappeleraux usagers que le code de la route précise trèsIll. 3 : Perspectives et jeux de lumièred’une allée arborée sur les hauteurs duVal-de-Ruz36Canton de Neuchâtel