Les chemins historiques du canton de Neuchâtel - IVS Inventar ...

Ill. 2 : Imposant mur de soutènementrenforcé entre le vignoble et la route villageoisede Cornaux à CressierAinsi en 1782, le professeur Meiners,de Göttingen, proteste contre lesmurs de vigne bordant la route du Vignoble,qui lui donnent l’impressiond’être enfermé dans des murailles. Ilfaut dire que certains murs atteignaientdes hauteurs exagérées, plusde trois mètres, ce qui permet au naturalistefrançais Antoine Fée, depassage en 1829, d’ironiser sur la probité des Neuchâtelois: « Il a fallu que le droit de propriété ait été biensouvent méconnu, pour qu’on se soit décidé à perdre tantde terrain et à dépenser tant d’argent pour bâtir tous cesmurs de clôture. » Les choses ne tardent pas à changer,autant pour des questions d’entretien que pour l’agrémentdes touristes. En 1831, le Messager boîteux rapporte quele gouvernement a donné l’ordre d’abaisser tous les mursau sud de la route qui tend du pont de Thielle à Vaumarcusà la hauteur de 4 pieds et demi, soit environ1,5 m. Cette mesure doit permettre aux routes de sécherplus facilement, et d’être plus agréables pour les gens àpied, qui pourront enfin admirer librement le lac et lesAlpes.L’héritage du terroirMême si l’activité viticole n’a plus la même importanceéconomique pour le Littoral, le terroir du Pinot Noir, duChasselas et de l’Œil de Perdrix demeureun symbole culturel et identitairede premier rang pour les Neuchâtelois.Aujourd’hui, les cheminsde vigne avec leurs murs offrent encoreun cadre de choix à la contemplationdu lac. Se promener à l’intérieurdu réseau, loin de la circulation,permet de voir l’évolution des travauxde la vigne et de spéculer sur laqualité du vin à venir. Du cep nuaprès la taille d’hiver aux couleurs del’automne après les vendanges, le vignoble comme la vuesur le lac et les Alpes accompagne le rythme des saisons.Le vignoble est aussi un biotope extrêmement intéressantpour sa faune et sa flore. Les plantes pionnières et rudérales,soit les espèces qui se développent sur un terrainremanié, sont une importante source de pollen pour lesguêpes et abeilles sauvages. Les murs mis en réseau serventde corridors à la faune de passage tandis que les intersticesoffrent refuge à bon nombre d’insectes et delézards.Actuellement, environ 4000 parchets de vigne s’étirentsur une trentaine de kilomètres entre Vaumarcus etLe Landeron. Toutes ces petites parcelles sont desserviespar des chemins aussi nombreux que variés. Beaucoup detronçons ont conservé leurs murs traditionnels, mais rarementsur une très longue distance (ill. 2). Deux véritablesréseaux de chemins de vigne se distinguent par laqualité et l’abondance des éléments traditionnels, mêmesi on peut déplorer que la plupart des revêtements soientgoudronnés. Le premier réseau est situé entre Hauteriveet Saint-Blaise, en aval de la Vy d’Etra. Le second, plusétendu, se trouve entre Colombier et Cormondrèche. Cesdeux exemples sont une véritable démonstration du savoir-faireséculaire des vignerons.Zoom sur le labyrintheL’architecture des chemins de vigne décline une série dedétails soignés. Les murs qui soutiennent les parcellessont ponctués de petits escaliers qui sont partie intégrantede l’ouvrage. Ailleurs, lorsque la pente s’adoucit et que lechemin suit les courbes de niveau, les murs de soutènementcèdent parfois la place à des murs combinés, sou­Ill. 3 : Entre Colombier et Cormondrèche,un chemin tout en finesse et en courbesà l’intérieur du labyrinthe32Canton de Neuchâtel