Les chemins historiques du canton de NeuchÃ¢tel - IVS Inventar ...

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Ill. 4 : Jean-Frédéric Ostervald, Carte de encadrées de murs. Ce sont là de véritablesinfrastructures qui, au nordla principauté de Neuchâtel, 1838–1845(détail). Facsimile. Service de protection de la grand-route, possèdent une définitionparticulièrement spectacudes monuments et sites, Neuchâtel.laire : d’est en ouest, on trouve toutd’abord la « Vy Jeannet », à l’intersection du cheminconduisant aux Bayards, suivie de la « Vy Renaud »; auGrand Bourgeau la « Vy Perroud » ouvre à l’opposé sur lechemin menant au Pays de Vaud ; depuis La Croix-Blanche et Meudon, d’autres voies, plus banales, sont restéesanonymes.Arrêtons-nous un instant sur le plan n o 12, qui illustrele bourgeau de Belle-Perche. Au centre du hameau, aulieu dit Sur le Cret, l’espace public s’ouvre à l’intersectionde « La Vy Jeannet » avec « Le Chemin Seigneurial », bordéde maisons et ponctué par une fontaine. Cette dilatationforme « Le bien Commun », terrain appartenant à la « GénéraleCommunauté » des Verrières. Les parcelles privées,pour la plupart longues et étroites, témoignent d’une exploitationintense du sol (ill. 3).Ostervald dessine, Cooper décritUn siècle plus tard, la « Carte de la Principauté deNeuchâtel » de Frédéric-Samuel Ostervald, à l’échelle de1 : 25 000 e , offre de toutes nouvelles perspectives. Ce relevéeffectué entre 1838 et 1845 est non seulement d’unetrès grande précision mais aussi d’une exquise beauté, etsuscite lors de sa publication l’admiration générale. Cettecarte ne se contente pas d’interpréter graphiquement laréalité, elle la dépeint à la façon d’un tableau, avec unusage des ombres qui donne au relief un modelé saisissant.Le choix des couleurs permet de saisir d’un coupd’œil les caractéristiques d’un territoire donné. Aux Verrières,on perçoit bien l’organisation de la commune,avec les maisons, en rouge, égrenées de part et d’autre dela grand-route, qui traverse le vallon dont les prés sontprésentés dans un vert tendre ; les charrières encadrées demurs conduisent jusqu’aux prises et à leurs fermes isoléeset jusqu’à la forêt dont l’épaisseur est suggérée par unvert sombre (ill. 4).A admirer la carte d’Ostervald, on parvient imaginerle paysage saisi par l’écrivain américain James FenimoreCooper lors de son passage aux Verrières, en 1836: « Deschalets d’une forme admirable et d’une exquise propretéétaient semés avec profusion des deux côtés de la route,le chemin lui-même ayant juste la largeur que comportele bon goût. La verdure de la vallée rivalise avec l’émeraude,tandis que les montagnes laissent entrevoir, à traversleur rideau de vapeur, des masses énormes de rocherset de sapins. [...] Les maisons étaient toujours à unecertaine distance de la route, et les montagnards sont siavares de leur sol, qu’on n’apercevait pas un pouce deterre nue, à l’exception d’un sentier pour les piétons,qu’on voyait serpenter, çà et là, de chalet en chalet, à traversla prairie émaillée, de manière à donner à toute lavallée l’aspect d’un immense jardin de plaisance dessinéavec la plus admirable simplicité. »Les cartes historiques constituent un trésor inestimable.Elles sont une source précieuse de renseignements,qui offrent des clés de lecture diverses et parfoisinattendues. Sans oublier le plaisir toujours renouveléde se pencher sur des documents anciens et de constaterque malgré les grands bouleversements intervenus auXX e siècle, le territoire neuchâtelois a conservé sa structureprofonde.BibliographieFernand Loew, Les Verrières, la vie rurale d’une communauté duHaut-Jura au Moyen Age, Neuchâtel, 1954.Jean Courvoisier, Maurice Evard, Michel Girardin, André Pancza,Autour de la carte de la Principauté de Neuchâtel levée aux fraisde Sa Majesté dans les années 1838 à 1845 par J.-F. d’Ostervald,dans : Nouvelle revue neuchâteloise 7, 1985.Madlena Cavelti, Jean-Frédéric d’Ostervald und seine Kartedes Fürstentums Neuenburg von 1838 bis 1845, dans : CartographicaHelvetica 9, 1994.James Fenimore Cooper, Excursions d’une famille américaine enSuisse, Bruxelles, 1837.30Canton de Neuchâtel
Les chemins de vigneDes voies qui dessinent le paysageDepuis des siècles, les coteaux du Littoral ont été façonnés par la vigne. Leréseau des chemins qui parcourent le vignoble, avec toutes leurs composantesarchitecturales, forme l’armature d’un paysage unique. Toute l’ingéniositédu modelage du vignoble repose sur les murs appareillés qui soutiennentles parchets et encadrent la voie. Cette technique qui surélève lavigne de un à deux mètres au-dessus du chemin procure un ensoleillementmaximum aux ceps. Une vue plongeante donne l’impression que des galeriesà ciel ouvert parcourent un labyrinthe végétal.En pays de Neuchâtel, sur les coteaux bien exposésde la rive nord du lac, la présence de la vigne remonteprobablement à l’époque gallo-romaine.Les premiers écrits en font mention en 998 déjà, dansl’acte de fondation du monastère de Bevaix, puis en 1092,à l’occasion de la fondation du prieuré de Corcelles. Duranttout le Moyen Age, le vignoble gagne du terrain surles autres activités agricoles, jusqu’à occuper l’essentieldes terres du Littoral, car il représente une source très importantede profit. D’ailleurs, au milieu du XVII e siècle, leConseil d’Etat s’inquiète de cette situation et ordonnel’arrachage de pieds de vigne pourpermettre d’autres cultures vivrières.Le vin demeure longtemps la seuleexportation de la principauté, transportéeessentiellement par la voie lacustre.Au début du XIX e siècle, levin neuchâtelois est vendu dans lescantons de Berne, Fribourg, Soleure,Lucerne et Argovie, une aire de diffusionguère différente de ce qu’elleétait à la fin du XVI e siècle. La ventede vin constitue l’un des principauxrevenus du prince tout comme celuides grandes familles patriciennesneuchâteloises. Du XVI e au XIX esiècle, le Conseil d’Etat s’est montréférocement protectionniste en la matière, refusant notammentl’amélioration des liaisons routières avec laFrance, susceptibles de favoriser l’importation de vinsconcurrents.Les murs qui cachent le lacLes propriétaires apportent un soin jaloux à leurs vignes,enchâssées dans des enclos, desservies par un réseau extraordinairede chemins. La protection des ceps se faitaux dépens du paysage et nombreux sont ceux qui seplaignent des hauts murs qui empêchent de voir le lac.Ill. 1 : Quadrillage de l’espace dansle paysage viticole traditionneld’AuvernierCanton de Neuchâtel 31
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