Les chemins historiques du canton de NeuchÃ¢tel - IVS Inventar ...

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Dans le vallon des VerrièresLes cartes racontent l’histoired’un territoireLe pays de Neuchâtel est documenté par de nombreux cartes et plans anciens,qui apportent leur éclairage particulier à l’histoire des voies de communicationainsi qu’à celle des territoires traversés. Le vallon des Verrières,traversé par la grande route de France, en offre un exemple éloquent.Le peuplement de la vallée a sans doute commencéau début du XIII e siècle, comme dans les valléesvoisines. Pour encourager ses sujets à s’établirdans cette région frontière et ainsi assurer son contrôlesur la route de France par le Val-de-Travers, Rollin deNeuchâtel leur accorde en 1337 de généreuses franchises.Les habitants tiraient de la forêt la cire, le miel et la poix.Sur les montagnes, les terres essartées et cultivées sontponctuées de fermes isolées ou de hameaux. Sur le fonddu vallon, près de la grand-route, des villages se sont formés,et ont prospéré grâce au trafic. La carte de la seigneuriede Neuchâtel et Valangin établie par Merveilleuxen 1694 illustre cette primauté du « grand chemin », avecle difficile passage de la Chaîne entre la « Châtellenie deVaux Travers » et la « Mairie des Verrières », protégé par le« corps de garde ». Les cinq communes particulières, oubourgeaux, des Verrières, sont clairement identifiées ;« Belle Perche », « Grand Bourguau » (Grand-Bourgeau) et« Meudon » où se trouve l’église, s’égrènent le long de lavoie (ill. 1). Avec sa définition très expressive de la topographie,cette carte permet de saisir du premier coupd’œil la position des Verrières et son rôle à l’échelle de laseigneurie. Pendant plus de cent ans, jusqu’à la publicationde la « Carte de la Principauté de Neuchâtel » levéeentre 1801 et 1806 par Ostervald, la carte de Merveilleuxsera le seul document reproduisant l’ensemble du territoireneuchâtelois, copiée à maintes reprises, avec toutesses erreurs.Abraham Guyenet ou le soucil du détailEn 1752–1753, Abraham Guyenet effectue le relevé del’ensemble de la « route des Verrières à Neuchâtel ». Le recueilde plans se lit comme une espèce de bande dessinée,qui déroule, morceau par morceau, le ruban de cette voiede toute première importance. C’est un document fascinant,qui fourmille de détails sur la route et sur ses environsimmédiats. Les maisons sont dessinées avec un soinextrême, selon un modèle standard qui ne correspond pasforcément à la réalité. Ce n’est pas cela qui compte, eneffet, mais plutôt leur rapport à la voie. On notera quecertains bâtiments sont implantés directement à front deroute, alors que d’autres en sont séparées par un espacede cour ou par un commun. A Meudon, à la hauteur dutemple, dont l’origine remonte avant 1517, la grandroutedécrivait une boucle, bien perceptible sur les plansIll. 1 : David François de Merveilleux,Carte géographique de la souverainetéde Neufchâtel et Vallangin en Suisse,1694. Mairie des Verrières (détail).Service de protection des monumentset sites, Neuchâtel.28Canton de Neuchâtel
de Guyenet (ill. 2). Ce contour jugé dangereux et presqueimpraticable en hiver fut rectifié en 1855.Les maisons s’égrènent sans grand ordre le long de lavoie, du quartier des Crêts à celui de Meudon. La présencede la route influence tant la forme du bâti que lesactivités qui y trouvent place. Nul doute que les habitantsdes Verrières tiraient des revenus complémentaires intéressantsdu trafic. Au XV e siècle, il est fait mention decharretiers, dont le métier est le Ill. 2 (en haut) : Abraham Guyenet, Plantransport de marchandises, qui en de la route des Verrières à Neuchâtel,hiver sont mises sur des traîneaux. 1752–1753. Meudon (détail). ArchivesJusqu’à l’ouverture de la ligne de d’Etat de Neuchâtel.chemin de fer du Franco-Suisse, en Ill. 3 (en bas) : Abraham Guyenet, Plans1860, le roulage joue un rôle importantdans ce village frontière. (détail). Archives d’Etat de Neuchâtel.des Verrières, 1734. Plan 12, Belle PercheL’activité hôtelière y est égalementintense, avec de nombreux hôtels et auberges. Au XIV esiècle déjà, il est fait mention d’une halte aux Verrières,probablement une auberge, au lieu-dit « chez la Guye », àcôté de laquelle il y avait quatre tavernes où l’on vendaitdu vin. Le quartier de la Croix-Blanche doit son nom àune auberge ainsi nommée, qui existait déjà en 1668.Le même Abraham Guyenet a été chargé d’établir en1734 le cadastre des Verrières, qui couvre l’ensemble duterritoire des Verrières, jusqu’au pâturage le plus isolé.L’image donnée par ces plans sobres et précis, levés à desfins fiscales et notariales, est très différente. La grandrouten’y est qu’un élément parmi tant d’autres et on peuty lire une dimension plus domestique et quotidienne de lavie des habitants des Verrières. Ceux-ci tirent une grandepartie de leurs revenus de l’élevage et ont obtenu audébut du XVII e siècle le droit de tenir deux foires annuelles,puis quatre à la fin du siècle, pour y vendre leurbétail. Les troupeaux vont estiver dans les pâturages gagnéssur les forêts, empruntant de très larges charrièresCanton de Neuchâtel 29
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