Les chemins historiques du canton de Neuchâtel - IVS Inventar ...

nesque de canal Rhin–Rhône, heureusement abandonné.Aujourd’hui, la nature ne s’offre qu’aux marcheurs quifont l’effort de s’immerger dans ce monde insolite, où lessentiers déroulent le spectacle de la nature. Le décor estsonore, visuel et olfactif. La mise en scène est ponctuéede passages au pied de grandes falaises calcaires, demarches taillées dans le roc, d’échelles, de passerelles,d’éperons rocheux contournés ou traversés par une galerie(ill. 3). Quelques vestiges de moulins, de scieries ou decanaux de dérivation rappellent que d’autres représentationsse sont autrefois jouées en ces lieux. La présence dela frontière et le terrain escarpé évoquent des souvenirsdevenus légendaires de contrebande et de braconne. Parfois,lorsqu’en aval de Biaufond le vent vient frapper lafalaise sur le versant français, le chant des Orgues de laMort retentit dans le fond de la gorge.La promenade d’agrément des LocloisA l’extrémité sud-ouest de la ville du Locle, la CombeGirard offre une promenade plus domestique mais pasmoins originale. Vers 1900, la Société d’intérêt public etd’embellissement du Locle aménage plusieurs cheminsdans ce pittoresque vallon, pour mettre en valeur sa clusesauvage des Chaudières et ses murailles cyclopéennes.Des ponts sont jetés sur le Bied, des bancs et des bassinsinstallés pour le confort des promeneurs.Aujourd’hui, la promenade dans ce petit vallon dontles flancs s’élèvent et se resserrent au cours de la montéea conservé tout son charme. De part et d’autre du ruisseaucanalisé, qui débute sa descente par une succes-BibliographieAndré Burger, Jean-Paul Schaer, La vallée du Locle – Oasisjurassienne, Hauterive, 1996.Michel Blant, Le Jura, les paysages, la vie sauvage, les terroirs,Lausanne – Paris, 2001.Claude Bodmer, Développement touristique et protection de lanature, le cas de la vallée franco-suisse du Doubs, Université deNeuchâtel, 1999.Les Gorges de l’Areuse, Ouvrage publié à l’occasion du centièmeanniversaire de la Société des Gorges de l’Areuse, Neuchâtel,1986.Louis Guillaume, Notice historique sur les promenades publiqueset les plantations d’arbres d’agrément dans le cantonde Neuchâtel. Dans : Musée neuchâtelois, 1869–1872.Andreas Hauser, Gilles Barbey, Le Locle, INSA, Inventaire suissed’architecture 1850–1920, publié par la Société d’histoire del’art en Suisse, Berne, 1991.sion de cascades aménagées, deux Ill. 4 : La Combre Girard : sentiers parallèleset ruisseau permanentsentiers forment une boucle (ill. 4).La fonction didactique du parcourslui confère un intérêt supplémentaire. Des panneaux explicatifset le sentier nature du Club jurassien mettent enévidence la géologie et l’hydrographie du lieu, représentativesdu bassin versant sud du Locle. En effet, toutcomme la Combe des Enfers, La Claire, La Jaluse et laCombeta, la Combe Girard possède un cours d’eau de surface,contrairement aux autres combes du Haut Jura calcaire,dont les eaux coulent de façon souterraine pour resurgiren sources vauclusiennes au pied des reliefs.Le canton de Neuchâtel possède encore bien d’autressentiers d’agrément, qui mériteraient chacun une descriptionspécifique. La plupart sont nés au XIX e siècle d’unengouement pour la promenade et l’appréciation de sitesnaturels. Tous ont comme point commun de mettre envaleur le patrimoine paysager et naturel de la région,grâce à des aménagements soignés, que les générationssuccessives se sont efforcées de maintenir et d’enrichir.Espérons que notre civilisation des loisirs saura préserverces sentiers avec la même attention et, surtout, éviter deles encombrer d’équipements inutiles.Canton de Neuchâtel 27